«Jutland Méditerranéen»
17 mars 1950 une date devenue aussi célèbre que le 31 mai 1916. Clairement la Bataille du Golfe de Zanthe est le «Jutland Méditerranéen» car les deux marines ont subit des pertes sensibles mais surtout par la suite la Regia Marina restera au port sauf à de rares exceptions, traumatisée par cette sortie massive et peu à peu immobilisée par un manque chronique de carburant.
Les combats commencent en réalité la veille quand les premiers sous-marins italiens sont repérés alors qu’ils tentaient de repérer les navires ennemies pour anticiper leur arrivée et surtout pour affaiblir la flotte ennemie avant le contact direct.
Le Perla est le premier à mordre la poussière le 15 mars 1950. Il est surpris par un Supermarine Walrus du squadron 202 basé à Malte. L’hydravion britannique allait faire demi-tour après la fin d’une patrouille maritime quand il repère au radar un périscope. Il passe aussitôt à l’attaque, larguant trois charges de profondeur. Aussitôt un sinistre bouillonnement et une tache huileuse qui ne signifiait qu’une chose : la destruction d’un sous-marin et la mort de son équipage.
Le Volfranio est victime de navires de surface le 16 mars 1950, le contre-torpilleur Albatros qui s’était lancé dans une mission en voltigeur surprend le sous-marin en surface. Il ouvre aussitôt le feu, un obus de 130mm perfore le kiosque empêchant le sous-marin de plonger.
Le commandant italien prend la décision de combattre en surface avec le canon de 100mm sur le pont. Un obus touche l’Albatros mais les dégâts sont limités. La riposte du contre-torpilleur est foudroyante. Six obus de 130mm envoient le sous-marin par le fond, une poignée de survivants étant récupérée par les français.
Le Capitano Tarantini est le troisième sous-marin italien à mordre la poussière à la veille de la bataille. Il est victime des torpilles du Vendémiaire. Après plusieurs heures de traque, le sous-marin français parvient à se placer en bonne position, à lancer quatre torpilles. Si une anguille tombe au fond, les trois autres font mouche ne laissant aucune chance au sous-marin italien.
Ces premiers affrontements privent le haut-commandement italien d’informations supplémentaires car la destruction des trois submersibles est significative : l’ennemi est là et surtout la destruction du Volframo par l’Albatros prouve qu’une force de surface «significative» est déjà là.
Des reconnaissances aériennes sont menées par la Regia Aeronautica mais son impact est limité en raison de problèmes de coordination et de coopération avec la Regia Marina et il ne faut compter sur la Luftwaffe qui entre le soutien de ses troupes et l’éclairage des navires italiens à vite choisie. Des avions allemands interviendront bien dans la bataille mais de manière trop limitée pour avoir un impact digne de ce nom.
De leur côté les sous-marins alliés se sont également déployés dans une vaste zone pour former une sorte de barrage qui doit en théorie empêcher la flotte italienne à pénétrer en mer Egée. Plusieurs attaques sont menées mais aucune ne se termine par la destruction de navires italiens.
Les dix-sept submersibles français et britanniques vont ensuite pister de loin les navires italiens avant de recevoir l’ordre une fois la bataille engagée de rester à proximité des bases italiennes pour si besoin achever des éclopés tentant cahin caha de rentrer dans son port pour réparer.
Là encore les résultats seront décevant, nombre de sous-marins devant abandonner leur mission pour revenir vers le Peloponnèse et la Crète pour se ravitailler et quand certains reviendront en position la bataille sera terminée, les navires italiens échappés.
Certains n’y parviendront jamais. Trois sous-marins alliés sont ainsi perdus. Le sous-marin mouilleur de mines HMS Porpoise est victime le 17 mars 1950 par l’explosion d’une mine qu’il devait mouiller devant Tarente.
Le Porquerolles est perdu entre le 14 et le 18 mars 1950 (cause inconnue car l’épave n’à jamais été retrouvée) alors que le Tromelin à été surpris par un hydravion italien qui après avoir coulé le sous-marin français s’écrasa en mer visiblement suite à une panne mécanique.
Le 17 mars 1950 la marine italienne à donc perdu plusieurs sous-marins et peut penser que l’ennemi l’attend de pied ferme. Pourtant à bord des navires le moral est bon. Pour la première fois depuis le début du conflit, la Regia Marina va engager des forces massives, en gros faire tapis comme on dit au poker.
Le déploiement tactique est classique. Derrière les sous-marins encore présents, on trouve les croiseurs légers et les croiseurs lourds qui doivent ratisser la zone la plus large possible tout en se soutenant mutuellement pour éviter un isolement fatal.
Les cuirassés sont loin derrière pour profiter de la portée supérieure de leur artillerie principale et les deux porte-avions qui doivent à la fois couvrir les «gros», offrir une capacité de reconnaissance et une capacité de frappe à longue distance.
De leur côté les alliés ont choisit un dispositif semblable avec les sous-marins et les croiseurs accompagnés de contre-torpilleur qui doivent ratisser la Mer Ionienne à la recherche de la flotte italienne pour les attirer vers des groupements lourds intégrant cuirassés et porte-avions dans un ensemble plus cohérent que les italiens qui avaient séparé «gros» et «ponts plats». A noter que des contre-torpilleurs et des croiseurs sont présents pour assurer la protection rapprochée des porte-avions.
C’est ainsi qu’on trouve tout d’abord le Groupe Ouest placé sous commandement britannique avec comme navire-amiral le HMS Hawke qui prend sous son commandement, le croiseur lourd français Suffren, les croiseurs légers Jean de Vienne et De Grasse ainsi que les contre-torpilleurs Albatros et L’Audacieux.
Le Groupe Centre placé sous commandement français avec comme navire-amiral le croiseur lourd Saint Louis accompagné d’un autre croiseur lourd français le Charles Martel, du croiseur léger Guichen et des contre-torpilleurs Gerfaut et Volta.
Le Groupe Est placé sous commandement britannique avec le HMS Raleigh, un croiseur lourd accompagné de deux croiseurs légers, les HMS Uganda et Gambetta et de deux contre-torpilleurs, les Chevalier-Paul et Maillé-Brezé.
En arrière encore on trouve quatre porte-avions qui sont accompagnés de destroyers, de croiseurs et de contre-torpilleurs mais aussi des cuirassés. Certains officiers se montrent sceptiques sur l’idée de combiner cuirassés et porte-avions. Eh oui encore….. .
Trois groupes de combat ont été mis sur pied, des groupes baptisés MERCURE PLATINE et ACIER qui se répartissent les cuirassés, les porte-avions et autres navires de combat. Si les groupes Mercure et Acier sont en première ligne, le groupe Platine se tenant en retrait pour se porter en soutien de l’un des deux groupes.
Le Groupe Mercure comprend les cuirassés Flandre (navire-amiral), Nelson et Prince of Wales , le porte-avions Ark Royal, le croiseur léger antiaérien Bonaventure plus des torpilleurs d’escadre et des destroyers.
Le Groupe Acier comprend les cuirassés Barham, Valiant et Bretagne, les porte-avions Indomitable et Commandant Teste, le croiseur léger antiaérien Hermione, le contre-torpilleur Le Fantasque, des destroyers et des torpilleurs d’escadre.
Le Groupe Platine comprend lui les cuirassés Bourgogne et Provence, le porte-avions Joffre, le croiseur léger Newfoundland, des destroyers et des torpilleurs d’escadre.
Quand on voit le déploiement de moyens côté allié on peut se demander si les italiens avaient une chance de l’emporter.
Bien entendu à l’époque les italiens ne savaient pas qu’ils auraient des forces bien supérieures en face et qui si ils avaient été mis au courant, nul doute que ce plan audacieux aurait vite été rangé dans un tiroir pour être ressorti uniquement par les historiens et les amateurs d’uchronie.
Alors que le soleil se lève les combats vont se déclencher mais rien ne va se passer comme prévu comme c’est souvent le cas au combat où la première victime c’est le plan.
Les italiens espéraient utiliser leurs croiseurs pour attirer la flotte ennemie à portée des canons des cuirassés pour trancher le nœud gordien. Et les deux porte-avions dans tout ça ? Bah ils sont censés achever les éclopés ennemis.
En réalité la détection par un sous-marin italien de nombreux navires alliés, le haut-commandement hésite à engager ses forces. Après tout on ne pourrait pas lui reprocher d’éviter un massacre….. .
Finalement la marine italienne choisit de s’engager à fond dans cette bataille. Les deux porte-avions italiens se mettent face au vent pour lancer en une vague (!) quasiment tous leurs avions de chasse, de bombardement en piqué et de torpillage.
Leur objectif : les croiseurs et les contre-torpilleurs ennemis pour crever les yeux de l’ennemi et faciliter l’engagement des cuirassés.
En réalité rien ne va se passer comme prévu. Manquant d’expérience, les pilotes italiens se perdent, les chasseurs perdent de vue les avions torpilleurs, les avions torpilleurs perdant la vue des bombardiers en piqué. Bien vite, c’est «chacun fait ce qu’il peut».
Le moindre navire ennemi va être attaqué mais certains vont être plus frappés que d’autres, les alliés perdant plusieurs navires légers mais surtout le porte-avions Joffre qui est visé par des bombardiers en piqué et des avions torpilleurs enfin ceux qui ne ce sont pas perdus, qui n’ont pas fini au fond de la Méditerranée faute de carburant voir qui n’ont pas succombé à la chasse ou la DCA ennemie.
Le premier porte-avions français construit comme tel (le Béarn était un cuirassé transformé) est surpris et malgré une DCA déchainée, encaisse deux bombes et deux torpilles. Le navire reste à flot rongé par les incendies.
Par chance une bonne partie du groupe aérien avait décollé pour frapper la flotte italienne ce qui limite les pertes immédates. D’ailleurs dans un premier temps les incendies et les avaries sont maitrisées ce qui rend les marins français optimistes.
Malheureusement peu de temps après une voie d’eau s’ouvre suivit d’une deuxième qui rend la situation désespérée. Les pilotes revenant de leurs frappes doivent se détourner vers le Commandant Teste quand ils le peuvent, certains se posant sur l’eau faute de carburant.
Le Joffre finit par sombrer en fin de matinée. Autant dire que sa perte sera soigneusement étudiée pour les futurs porte-avions afin d’améliorer la protection et éviter une perte après «seulement» deux bombes et deux torpilles.
Le porte-avions Joffre n’est pas le seul navire à être perdu sous les coups des avions embarqués italiens.
C’est ainsi que le torpilleur d’escadre Lancier encaisse une bombe de 500kg. Explosant sur une plate-forme lance-torpilles, il est coupé en deux, coulant rapidement.
Même chose pour le HMS Garland qui encaisse une bombe de 250kg qui provoque l’explosion des grenades ASM. Par sympathie les torpilles explosent également ce qui ne laisse aucune chance de survie au destroyer type G. Hélas fort peu de marins survivent à cette apocalypse.
Le contre-torpilleur Albatros est lui aussi victime de bombardiers en piqué italiens. Non seulement les appareils larguent leurs projectiles mais l’un d’eux désemparé par la DCA s’y écrase. Le contre-torpilleur explose et disparaît dans une gigantesque boule de feu. Quelques survivants seront récupérés par le croiseur léger De Grasse qui limita les dégâts en revendiquant la destruction de six appareils ennemis (trois accordés).
D’autres navires sont endommagés mais peuvent rester en ligne que ce soit le Chevalier Paul (une bombe), le HMS Hawke (éclats de bombe) ou encore le iHMS Raleigh (une bombe qui détruit la catapulte).
Les frappes aériennes franco-britanniques vont provoquer de sérieux dégâts parmi la flotte italienne qu’ils soient directs ou indirects.
A la différence des italiens, les franco-britanniques vont garder une partie de leurs moyens aériens pour protéger la flotte contre une intervention aérienne qu’elle soit italienne ou allemande.
Le cuirassé Impero est touché par les Douglas Dauntless du HMS Ark Royal qui placent trois bombes de 454kg. Le navire de ligne italienne est sérieusement endommagé mais toujours à flot et son artillerie principale possède encore six de ses neuf canons de 381mm, la tourelle II ayant été détruite par une bombe perforante imposant également le noyage des soutes.
Le cuirassé Francesco Caracciolo est endommagé par une torpille lancée par un Latécoère Laté 299-5 mais échappe à plusieurs bombes. Ce ne sera que partie remise.
Le porte-avions Italia est endommagé par deux bombes de 250kg largués par les Loire-Nieuport LN-420 du Joffre mais les équipes de lutte contre les avaries parviennent à limiter les dégâts et le porte-avions reste opérationnel pouvant récupérer ses appareils pour les réarmer et les renvoyer au combat.
Son sister-ship Don Juan de Austria à moins de chance, étant sérieusement endommagé par trois bombes.
Il reste à flot mais est dans l’impossibilité de récupérer, de réarmer et de renvoyer ses avions. Il reçoit l’ordre de servir de leurre pour les alliés ce qui n’à pas du plaire beaucoup à l’équipage qui avait le sentiment d’aller au sacrifice pour pas grande chose.
D’autres unités plus légères sont coulées ou suffisamment endommagées pour perdre une bonne si ce n’est toute capacité opérationnelle.
Le cacciatorpidiniere Lampo est surpris par un Loire-Nieuport LN-420 du Commandant Teste qui place une bombe de 250kg qui coupe le navire en deux.
Le Castelfidardo est touché par une bombe de 250kg qui l’endommage sérieusement mais pas mortellement, son commandant espérant pouvoir le ramener dans un port pour au moins sauver son équipage.
Naviguant à six nœuds, l’anabase se termine mal car une voie d’eau s’ouvre entrainant le naufrage du navire.
Le Calafini encaisse lui une torpille et une bombe, ayant été pris pour un croiseur lourd (sic) ! Avec un tel traitement difficile de survivre. Le navire perd d’abord sa proue puis sa poupe avant que l’élément central ne finisse par sombrer. Cela à néanmoins permis à de nombreux marins de survivre.
Le Libeccio encaisse deux bombes de Fairey Barracuda venus du HMS Indomitable qui ne lui laisse aucune chance. Les marins italiens ont l’amère consolation d’avoir abattu trois avions britanniques, les pilotes se trouvant avec les marins transalpins. Après un temps de méfiance, les marins et les pilotes vont se serrer les coudes le temps qu’ils soient récupérés par des navires italiens, les marins rejoignant l’Italie et un hôpital, les pilotes un camp de prisonnier.
Le Lanciere est le dernier cacciatorpidiniere italien à succomber sous les bombes et les torpilles françaises et britanniques encaissant deux bombes de 227kg largués par des Fairey Barracuda.
Ironie de l’histoire, le torpilleur d’escadre Lancier de la marine nationale à aussi été coulé et lui aussi par l’aviation !
D’autres navires italiens sont endommagés mais peuvent rester en ligne avec des capacités militaires crédibles. Le croiseur léger antiaérien Etna perd une tourelle de 135mm (tourelle II supérieure avant) et le Tireno encaisse une torpille qui emporte une partie de l’étrave mais des travaux d’urgence permettent au croiseur léger de rester en ligne.
Les deux adversaires sont groggys. Tels deux boxeurs qui se rendent coup pour coup, les italiens et les franco-britanniques hésitent sur la tactique à suivre. Continuer ou se replier ? Attaquer à fond ou de manière mesurée ?
Les deux commandements doivent déjà rameuter leurs troupes, faire le point et décider quels ordres donner.
Après l’aviation, les croiseurs et les contre-torpilleurs vont s’affronter pendant que les cuirassés vont se préparer à donner le coup de grâce. L’aviation embarquée doit être réarmée pour être engagée si besoin à nouveau. Quant aux sous-marins ils doivent davantage servir de capteur de renseignement et doivent achever les éclopés.
Chaque groupe de combat vont s’affronter en début d’après midi (grosso modo de 13.15 à 15.45), trois affrontements séparés, les trois groupes étant trop occupés pour se porter mutuellement assistance comme ce qui était initialement prévu et envisagé.
Paradoxalement cette phase commence par l’intervention de l’aviation embarquée franco-britannique, l’aviation embarquée italienne étant trop affaiblie pour intervenir de manière durable, seulement quelques avions décollant de l’Italia mais sont vite balayés par les D-790, les Bloch MB-159 et les Seafire Mk V.
Le Francesco Carraciolo encaisse quatre bombes mais seulement deux explosent. Le cuirassé italien est sérieusement endommagé mais il conserve des capacités militaires. De toute façon les italiens ont choisit de combattre jusqu’au bout.
Le croiseur lourd Gorizia est sérieusement endommagé par trois bombes. Son maintien à flot tient même selon les survivants du miracle. Autant dire que sa capacité militaire est réduite à néant.
Les alliés vont courir à la curée pour envoyer par le fond ce navire de premier rang. C’est le contre-torpilleur L’Audacieux qui repère le croiseur italien fumant à 8 nœuds au radar. Il ouvre aussitôt le feu au canon de 130mm encadrant le navire mais n’ayant visiblement aucun coup au but malgré les revendications ultérieures de l’équipage.
Le croiseur léger De Grasse est le premier à vraiment toucher le Gorizia. Deux obus de 152mm détruisent la passerelle décimant les officiers du navire (du moins ceux encore en vie). Le Jean de Vienne tente de viser le croiseur lourd italiens mais il est pris pour cible par le Luigi Cadorna qui tente de sauver son navire-amiral. Deux obus de 152mm italiens endommagent le croiseur léger qui doit se replier pour éteindre les incendies avant de revenir en ligne.
Le croiseur lourd Suffren est également engagé touchant dès la première salve l’Armando Diaz qui se tient prudement à distance.
Le HMS Hawke rentre ensuite dans la partie pour soutenir les navires français. S’en suivent des affrontements confus et contradictoires ce qui explique que le récit de cette bataille est parfois difficile et que certains livres se contredisent.
Le Gorizia est le premier à succomber. Après les deux obus de 152mm du De Grasse, le croiseur lourd transalpin encaisse deux obus de 203mm du HMS Hawke pendant que des obus de 130mm de l’Audacieux, de 152mm du De Grasse et de 203mm du Suffren encadrent un navire devenue une épave fumante et flottante. Le navire est achevé par une torpille lancée par l’Audacieux.
Le Luigi Cadorna qui avait arrosé d’obus les navires alliés, endommageant plusieurs reçoit très vite la monnaie de sa pièce. Il est littéralement matraqué par les croiseurs et le contre-torpilleur du Groupe Ouest, encaissant selon les études les plus précises huit obus de 152mm, six de 203mm, sept de 130mm et enfin pour terminer le tout une torpille.
Autant dire que l’épave retrouvée en 1965 n’était pas vraiment un spot de plongée agréable (sans compter que mine de rien il s’agit d’une tombe de guerre).
Les autres navires italiens sont plus à la fête si l’on peut dire puisqu’ils survivent à cette bataille, le commandant de l’Armando Diaz (touché par deux obus de 130mm et un de 152mm) plus ancien officier dans le grade le plus élevé prenant la décision de se replier non pas vers les autres groupes de croiseurs mais vers les cuirassés.
Les navires alliés plus ou moins endommagés gardent leur distance craignant une attaque à la torpille, crainte d’autant plus forte que les navires usés et endommagés ne répondraient pas forcément bien à des ordres brutaux et à des manœuvres brutales. Décision est prise de lancer quelques bordées pour maintenir la pression sur les italiens.
De toute façon les cuirassés arrivent et les croiseurs doivent soutenir leur tir en empêchant par exemple les cuirassés ennemis d’engager leur artillerie secondaire contre les navires de lignes amis.
La situation semble de prime abord meilleure pour les italiens du Groupe Centre qui sont les premiers à ouvrir le feu. Le contre-torpilleur Gerfaut est désemparé par les obus du Luigi di Savoia Duca Degli Abruzzi, l’unité de classe Aigle encaissant très vite quatre obus de 152mm entrainant une multitude d’incendies et d’explosions qui vont provoquer le naufrage du navire.
Le Gerfaut est vite vengé par le Volta qui à très vite répéré le croiseur léger italien. Il se met en position pour lancer ses torpilles mais le croiseur italien repère cette manœuvre et place deux obus de 152mm sur le puissant contre-torpilleur (huit canons de 130mm !).
Il en faut plus pour le sister-ship de l’infortuné Mogador qui lance ses torpilles (six au total) et ouvre le feu de toute son artillerie. Deux torpilles frappent le croiseur léger qui doit stopper et cesser son tir.
Comme le dira plus tard le directeur de tir du Guichen «Ce fût comme tirer des rats dans un tonneau». C’est bien simple tous les obus ou presque vont au but que ce soit ceux les obus de 130mm du Volta, les obus de 152mm du Guichen et même deux obus de 203mm du Charles Martel. Le croiseur léger italien qui n’à pas démérité coule rapidement mais signe qui ne trompe les quelques survivants seront très bien traités sur les navires ont ils vont trouver refuge.
Les italiens ne possèdent plus que trois croiseurs au sein du Groupe Centre, deux lourds (Ragusa Napoli) et un léger (Scipione Africano). Tous vont être endommagés mais aucun ne va sombrer, se repliant sur les cuirassés italiens avant de tenter tant bien que mal de rejoindre un port sur en évitant les mines, les avions et les sous-marins.
Le Ragusa encaisse deux obus de 203mm du Saint Louis et deux obus de 152mm du Guichen mais leur impact est limité, le navire restant capable de se mouveoir et restant capable d’utiliser une bonne partie de son artillerie dont la précision va calmer les témérités des français puisqu’un obus de 203mm frrappe le Charles Martel et un autre le Saint-Louis.
Le Napoli est touché par deux obus de 152mm du Guichen et un obus de 203mm du Charles Martel. Il doit se replier sur Brindisi, y parvenant non sans recevoir une torpille du HMS Upholder ce qui va entrainer son immobilisation pour réparations jusqu’à la fin de l’année
Le Scipione Africano va encaisser lui seulement un obus de 130mm du Volta qui va entrainer la destruction de la tourelle III de 135mm mais rien de plus. Autant dire à comparer aux autres des broutilles.
Reste enfin l’affrontements entre les deux groupes orientaux qui protègent les flancs de leurs dispositifs militaires respectifs.
Numériquement parlant les alliés ont la supériorité numérique avec cinq navires contre trois mais côté allié on trouve on trouve deux contre-torpilleurs, deux croiseurs légers et un croiseur lourd alors que côté italien on trouve un croiseur lourd et deux croiseurs légers ce qui peut faire la différence (ou pas).
Les affrontements sont confus, le temps se dégradant au moment où les premiers coups de canons sont échangés et malgré la présence de radars, les coups au but sont peu nombreux. Cela explique peut être pourquoi aucun navire n’est coulé.
Le Bolzano est endommagé par un obus de 203mm du HMS Raleigh et par deux obus de 130mm du Maillé-Brézé mais reste opérationnel pour la fin de la bataille.
Le Gabriele d’Annunzio encaisse un obus de 152mm du HMS Uganda et un autre du Gambetta mais les dégâts sont très limités.
Le Tireno lui est touché par quatre obus de 130mm et deux obus de 152mm qui ravagent les superstructures ce qui oblige le navire à se replier vers un port pour être réparé.
De l’autre côté quelle situation ? Le Chevalier Paul endommagé par l’aviation embarquée italienne encaisse un obus de 152mm l’obligeant lui aussi à quitter la «ligne de front» pour rallier la Crète afin d’être réparé. Pour lui la Bataille du Golfe de Zanthe est terminé, les réparations nécessitant six semaines avant que le navire soit à nouveau opérationnel.
Le Maillé-Brézé est touché par les éclats d’un obus de 203mm qui l’oblige à larguer toutes ses grenades ASM pour éviter une explosion dévastatrice qui aurait pu rappeler le sort de son devancier de classe Vauquelin victime de l’explosion d’une torpille à Toulon en 1940.
Le HMS Uganda est touché par deux obus de 152mm du Gabriele d’Annunzio ce qui détruit la tourelle III et impose le noyage des soutes. Résultat le croiseur léger de classe Crown Colony voit sa batterie réduite à six tubes de 152mm avec un stock de munitions amputé grosso modo d’un tiers.
Le Gambetta est touché par un obus de 203mm qui détruit son hangar hydravion et la catapulte, déclenchant un incendie qui est heureusement vite maitrisé.
Le croiseur lourd HMS Raleigh encaisse deux obus de 152mm et un obus de 203mm mais le croiseur de classe Admiral à la peau épaisse et les dégâts sont in fine limités.
Enfin le troisième Acte ! Les gros, les puissants, les cuirassés vont entrer en action. Depuis le début de la bataille ils ne se sont pas tournés les pouces. Ils se sont préparés vérifiant le matériel, cherchant des pistes au radar ou à la télémétrie, préparant également la lutte contre les incendies, les avaries et préparant l’infirmerie à recevoir d’éventuels blessés.
Ils ont également lancé leurs hydravions qu’il s’agisse côté britannique Supermarine Walrus et côté français des Dewoitine HD-731. Ces appareils vont tenter de répérer les navires italiens, informer leurs navires porteurs de leur position mais aussi récupérer des naufragés soit directement (les pilotes devant être attachés sur les ailes) ou en guidant des navires sur d’infortunés marins et aviateurs.
La force de combat principale alliée se trouvait au début en trois groupes comme nous l’avons vu plus haut. Suite à l’engagement des croiseurs et des contre-torpilleurs, décision est prise de modifier cette organisation.
Les cuirassés vont opérer en deux colonnes, les porte-avions et leur escorte devant couvrir ces deux colonnes, assurer leur éclairage et leur appui. Les croiseurs et les contre-torpilleurs vont couvrir les flancs.
La colonne occidentale comprend dans l’ordre le cuirassé français Flandre, les cuirassés britanniques HMS Nelson et HMS Prince of Wales et enfin le cuirassé Provence qui bien qu’endommagé par l’aviation italienne était toujours là bien décidé à venger son protégé.
La colonne orientale comprend les cuirassés britanniques HMS Barham et HMS Valiant ainsi que les cuirassés français Bourgogne et Bretagne, ce dernier ayant été détaché du porte-avions Commandant Teste pour augmenter la puissance de feu de l’escadre alliée.
En face les italiens sont également en ligne avec d’avant en arrière le Francesco Caracciolo, le Littorio, l’Impero et le Caio Duilio.
Les italiens vont tenter de barrer le T à des forces adversaires largement supérieures. De leur côté les alliés qui savent leurs forces supérieures veulent tenter une prise en tenaille.
En clair la colonne occidentale doit mettre cap à gauche et la colonne orientale doit mettre cap à droite, les cuirassés devant alors détruire les cuirassés ennemis en ne laissant personne passer.
Rien ne va se passer comme prévu, le bel ordonancement imaginer dans les état-majors va voler en éclat dès les premiers échanges de tir.
Dans une météo compliquée _vent, grains_ les différents cuirassés tentent de porter un coup décisif.
Cela commence mal pour les alliés. Le cuirassé Flandre encaisse très vite deux obus de 406mm qui le prive d’une bonne partie de sa capacité offensive. Il ne se laisse pas faire mais son tir est très imprécis. Il encaisse trois autres obus de 381mm venant de l’Impero. Le navire finit par couler après de longues heures d’agonie, le navire sombrant au sud de la Crète.
Le Francesco Caracciolo déjà endommagé par des bombes est sérieusement endommagé par des obus de 203mm du Saint Louis. Le navire va-t-il coulé ? Eh bien non ! L’explosion de l’Impero va le sauver in extremis.
Le sister-ship du Littorio est très vite pris pour cible par de nombreux cuirassés. Déjà endommagé par trois bombes de 454kg, il va encaisser successivement un obus de 406mm du HMS Nelson, un obus de 381mm du Valiant, deux obus de 356mm du Prince of Wales, un obus de 406mm du Nelson et deux obus de 381mm du Valiant.
Ravagé, le «35000 tonnes» chavire puis avant de sombrer explose, des débris s’élévant à plusieurs centaines de mètre, certains retombant sur les cuirassés alliés ! Fort peu de survivants sont ainsi récupérés et beaucoup gravement blessés décéderont à bord des navires alliés.
Les autres cuirassés italiens échappent à la destruction en se réfugiant derrière un grain. Malgré le radar équipant les cuirassés, ils vont s’échapper et rallier les ports italiens pour être réparés.
En revanche le Don Juan de Austria n’aura pas cette chance. Ne pouvant plus mettre en œuvre ses avions, il servait de leurre pour attirer des navires ennemis. A son corps défendant, il va parfaitement réussir.
Le Suffren est le premier à le repérer au radar. A 12000m, il ouvre le feu avec son artillerie principale, plaçant dès la première salve quatre obus de 203mm, provoquant une série d’incendies qui vont attirer d’autres navires à la curée. Le HMS Newfoundland place trois obus de 152mm et le HMS Bonaventure six obus de 133mm. Ravagé, le navire commence à s’incliner sur tribord.
Le tir est suspendu quand il devient évident que les italiens évacuent le navire. Les rescapés sont récupérés et le Quintino Sella s’éloigne rapidement. Les alliés chevaleresquement s’abstiennent de tirer, permettant au destroyer de s’éloigner vers un port sur.
L’épave du porte-avions est finalement achevé par les torpilles du croiseur léger De Grasse, le «8000 tonnes» plaçant trois torpilles qui vont achever l’agonie du porte-avions italien.
Le croiseur léger antiaérien Etna succombe lui aussi. Il est victime des croiseurs français et britanniques. Il se défend courageusement mais est victime des obus de 152mm du Jean de Vienne et de 203mm du HMS Hawke _respectivement quatre et six obus_ . Le navire disparaît dans une gigantesque gerbe de feu et de flammes, ne laissant guère de chance à ses marins.
Les navires qui survivent à la bataille sont tous plus ou moins endommagés et surtout particulièrement usés. Cela explique pourquoi les opérations navales dans les semaines qui vont suivre vont être assez timides.
Seuls les sous-marins vont être pleinement engagés pour maintenir la pression sur les lignes de communication de l’Axe en attaquant au canon et à la torpille. Ils vont également mener des coups de main en soutenant des commandos.
Les différents pôles d’entretien _Alexandrie, Bizerte, La Sude et Chypre pour les alliés_ sont surchargés pour réparer des navires sérieusement endommagés et remettre en état de combattre les navires usés par les opérations.
Voilà pourquoi certains travaux non urgents vont être remis à plus tard pour permettre aux navires de reprendre la mer au cas où les italiens voudraient remettre ça ce qui très vite apparaissait de moins en mois probable.