Mitteleuropa Balkans (166) Grèce (10)

La Grèce dans les guerres balkaniques

En bref….

Au début du 20ème siècle la poudrière des Balkans n’à jamais aussi bien porté son nom avec de nombreuses tensions entre états chrétiens et l’empire ottoman mais aussi entre états chrétiens qui se querellent entre eux.

Avant le conflit on assiste à une préparation diplomatico-militaire entre les nations européennes mais cette alliance est biaisée par des intérêts clairement divergents entre les participants de la Ligue Balkanique.

C’est ainsi que si les bulgares, les serbes et les monténégrins mettent en place en commun leurs plans de guerre, ils n’invitent pas les grecs. Normalement les serbes et les monténégrins doivent attaquer dans le Sandjak, les bulgares et les serbes en Macédoine et en Thrace.

Face à ce déploiement de force important l’empire ottoman sera handicapé par l’incapacité de sa marine à couvrir le passage en Europe de troupes stationnées en Asie Mineure et dans la partie arabe de l’empire.

Trois états-majors sont ainsi mis sur pied pour gérer les fronts multiples à venir : le QG de Thrace installé à Constantinople pour faire face aux bulgares, le QG de l’Ouest à Salonique pour faire face aux grecs et enfin celui du Vardar à Skopje pour faire face à l’armée serbe.

La première guerre balkanique à lieu du 8 octobre 1912 au 30 mai 1913. Elle oppose les signataires de la Ligue Balkanique (Bulgarie, Serbie, Grèce et Monténégro) à l’Empire ottoman et se termine par une victoire éclatante des pays européens contre une Sublime Porte qui mérite plus que jamais son statut d’homme malade de l’Europe. Il faut dire que 350000 ottomans affrontent 600000 bulgares, 220000 serbes, 115000 grecs et 35000 monténégrins.

La deuxième guerre balkanique qui à lieu du 29 juin au 10 août 1913 oppose la Bulgarie à ses anciens alliés (mais aussi à l’empire ottoman) suite à des désaccords sur le partage des dépouilles ottomanes. Environ 500000 bulgares affrontent 348000 serbes, 330000 roumains, 255000 turcs, 148000 grecs et 12800 monténégrins.

Les bulgares prennent l’initiative des opérations mais les serbes et les grecs repoussent cette attaque.

Les serbes et les grecs attaquent à l’ouest et au sud, la Roumanie attaque au nord et l’empire ottoman en Thrace pour reconquérir Andrinople. Ce conflit allait se terminer par un armistice suivit du traité de Bucarest qui allait voir la Bulgarie s’en sortir à très bon compte.

La Grèce et les guerres balkaniques

Dans cette partie je ne vais pas détailler le recit de ces deux conflits qui annoncent le premier conflit mondial mais je vais essayer de me focaliser sur les événements qui concernent la Grèce et pas les autres pays.

Durant le premier conflit, la Grèce combat essentiellement sur deux fronts : le front de Thessalie et de Macédoine à l’est, le front de l’Epire à l’ouest. Si les troupes terrestres grecques font mieux que se défendre c’est surtout la marine héllène qui va jouer un rôle capital en prenant et en conservant le contrôle de la mer Egée empêchant les ottomans de se transférer entre l’Asie mineure et l’Europe des troupes.

Qui dit conflit dit armée. Les armées des Etats balkaniques sont équipées et organisées à l’européenne, à l’occidentale avec des armes fournies essentiellement par la firme allemande Krupp et par la firme française Schneider. L’artillerie des différentes armées est plutôt moderne mais l’infanterie puisée essentiellement dans la paysannerie en dehors de sa solidité et sa rusticité semble inférieure à des infanteries de pays plus développés.

De son côté l’armée ottomane avait été reformée et réentrainée fin 19ème par les allemands ce qui porta ses fruits durant la guerre greco-ottomane de 1897. Elle connait alors une période de déclin et les réformes menées par les «Jeunes Turcs» à partir de 1908 n’ont pas encore porté leurs fruits.

De plus l’armée régulière ou nizam est certes bien équipée bien entrainée mais hélas peu nombreuse à la différence de la réserve ou redif mal équipée mal entrainée et même peu sure car recrutée dans des ethnies et des nationalités qui n’ont rien à gagner à mourir pour la Sublime Porte.

L’armée grecque aligne 25000 hommes en temps de paix et peut compter sur 110000 hommes après mobilisation.

Elle comprend initialement quatre divisions d’infanterie (avec un régiment d’artillerie à trois groupes de trois batteries de quatre canons soit 36 canons de 75mm Schneider-Danglis modèle 1906/09), six bataillons d’infanterie légère les fameux evzones, trois régiments de cavalerie, deux régiments d’artillerie de montagne et un bataillon d’artillerie lourde.

L’Armée de Thessalie sous le commandement du diadoque (prince héritier) Constantin concentrée autour de Larissa comprend les 1ère, 2ème, 3ème 4ème division, 5ème, 6ème et 7ème divisions, une brigade de cavalerie, quatre bataillons d’evzones, deux compagnies du génie, deux compagnies télégraphiques, un bataillon d’artillerie de garnison, trois compagnies de brancardiers, huit hôpitaux de campagne, deux bataillons de la garde nationale et les services de QG.

Cela représente 100000 hommes, 23000 chevaux et animaux de bât, 3500 véhicules et 70 mitrailleuses.

L’Armée d’Epire placée sous le commandement du général Konstaninos Sapountzakis déployée à l’est d’Arta est nettement plus faible avec quatre bataillons d’evzones, un régiment d’infanterie à trois bataillons, un bataillon de garde nationale, une compagnie de cavalerie, un bataillon d’artillerie de campagne, un bataillon d’artillerie de bât et les services de QG soit 10500 hommes, 4200 chevaux et animaux de bat et 400 véhicules.

On note également la présence d’une Armée de l’intérieur avec 17000 hommes, 2900 chevaux et animaux de bat et 1800 véhicules qui sert de réserve.

La Grèce possède une poignée d’avions utilisée pour la reconnaissance et l’observation et surtout d’une puissante marine avec un cuirassé (Averoff), seize destroyers et 19 torpilleurs qui va couper en deux le dispositif ottoman et empêcher Constantinople de faire passer des troupes d’Asie en Europe.

Le 29 septembre 1912 Athènes décrète la mobilisation générale. Les classes 1910 et 1911 récemment libérées sont rappelées, les réservistes des classes 1893 à 1909 sont mobilisées. La Crète qui n’appartient pas officiellement à la Grèce mobilise des troupes tout comme des volontaires étrangers notamment une brigade commandée par Riccioti Garibaldi le fils de. On trouve également 77 unités crétoises, 44 unités épirotes et 9 unités macédoniennes.

La Grèce rentre en guerre le 17 octobre 1912. L’Armée de Thessalie à pour objectif la conquête de Thessalonique ville également visée par les bulgares et dans une moindre mesure les serbes. Les militaires préféraient s’emparer de Bitola pour s’emparer de toute la Macédoine. De son côté l’Armée d’Epire à pour objectif majeure la ville d’Ioannina.

L’Armée de Thessalie pénètre dans la région éponyme divisée en deux colonnes. Des irréguliers débarquent en Chalcidique dans le Golfe de Ierissos.

Le 18 octobre, la colonne ouest franchit le col de Meluna, s’emparant des villes d’Elassona et de Deskati. La colonne est marche elle sur Petra. Les ottomans qui s’attendaient à une attaque sur Elassona ont laissé les cols sans défense.

La première véritable bataille à lieu les 21 et 22 octobre. C’est la Bataille du col de Sarantaporo, cinq divisions grecque affrontant deux divisions ottomanes. Les grecs semblent mettre en place un siège le 21 mais en réalité attaquent le lendemain, attaque victorieuse avec 187 morts et 1027 blessés côté grec, 700 tués et 700 prisonniers côté ottoman.

Cela ouvre aux grecs la route de la Macédoine. Les ottomans battent en retraite mais les grecs épuisés ne peuvent se lancer à leur poursuite et ainsi transformer la retraite en déroute. De plus le manque d’éclaireurs rendait les grecs plus prudents, l’armée héllène manquant de renseignements sur l’état réel des forces ottomanes.

L’effort de guerre grec est alors parasité par les querelles entre les militaires et les politiques. Le diadoque Constantin voulu marcher sur Bitola mais son père le roi Georges 1er lui fait comprendre que le plus important c’était de s’emparer de Thessalonique. Constantin s’incline et transfera sa rancoeur sur Venizelos selon le cliché classique du «bon roi entouré de mauvais conseillers».

La ville de Servia tombe le 22 octobre, celle de Kozani le 23 et le 26 l’armée grecque force les cols du Vernion sur la route entre Kozani et Béroia. Le 28 c’est la ville de Katerini qui tombe, deux divisions atteignant la ville de Béroia, une autre le village de Perdikas.

Le 29 octobre 1912 la ville de Naoussa est prise sans combat, la population s’étant révoltée et avait chassé la garnison ottomane.

Le 30 octobre 1912 les villes d’Edessa et de Gidas (aujourd’hui Alexandreia) sont prises. Après les combats autour de Servia, la 5ème division est envoyée vers le nord et la ville de Florina pour préparer une éventuelle avancée vers Bitola.

Le 27 octobre, la ville de Ptolemaida est prise suivit trois jours plus tard de la ville d’Amyntaio. Suite à une contre-attaque ottomane, la division doit se replier en désordre vers le sud-est.

Les 1er et 2 novembre 1912 à lieu la Bataille de Grannitsa. Les grecs mobilisent 80000 hommes face aux 25000 soldats ottomans. Les grecs ont 1200 tués contre 1960 pour les ottomans. Cette sanglante bataille permet aux grecs d’avancer vers l’est direction Thessalonique. Les ottomans avaient détruit le pont routier sur le Vardar mais étonnamment pas le pont ferroviaire.

Le 4 novembre la ville de Nigrita est prise. Le 6 novembre 1912 la ville de Siatista est prise sans combats par le 4ème bataillon d’evzones. Une contre-attaque ottomane est repoussée.

Le 8 novembre 1912 les grecs rentrent à Thessalonique après la rédition négociée de la garnison ottomane. Après de laborieuses négociations, les grecs acceptent que des troupes bulgares s’installent à Thessalonique pour se reposer. Cette course greco-bulgare pour Thessalonique à permis aux ottomans de se replier en bon ordre et préserver l’avenir.

Constantin décide de s’emparer de Bitola. Le 12 novembre, la 6ème division s’empare d’Edessa, la ville de Kelle est prise par le 1er régiment de cavalerie et un bataillon d’evzone le 20 novembre. Le 23 novembre c’est la ville de Kastoria qui tombe alors que le 20 décembre 1912 c’est la ville de Korista qui est prise.

Sur le front d’Epire il est initialement question de rester sur la défensif mais dès le 18 octobre on décide de passer à l’attaque. La ville de Filippiada est prise le 24. Les (maigres) moyens sont divisés en deux colonnes, une avançant vers le nord et Ioannina l’autre devant longer le Golfe Ambracique et descendre vers le sud-ouest et Preveza. Cette dernière colonne connait une forte résistance.

Le 2 novembre 1912 la ville et le fort de Nicopolis sont prises par la 2ème colonne (une compagnie d’infanterie et un peloton de cavalerie). Preveza est prise le lendemain mais la capture de Ioaninna fût plus longue.

Il faut dire que la noix est très dure à casser avec deux divisions d’infanterie et 90 canons de gros calibre. Le 5 novembre le port de Chemarra situé au nord-ouest de Ioaninna est prise pour tenter de perturber le ravitaillement de la garnison ottomane. Le 13 novembre c’est la ville de Metsovo qui est prise suivie le 7 décembre par les villes d’Aghioi et de Saranta mais cette dernière doit être évacuée dès le 10 décembre.

Les grecs assiègent Ioannina mais sont bloqués tout comme les bulgares à Andrinople et les monténégrins à Scutari.

La Grèce ne signe pas l’armistice de Chataldzha et les combats se poursuivent durant tout l’hiver 1912/13. Le siège est compliquée car le blocus n’est pas totalement étanche, les soldats ottomans étant toujours ravitaillés.

En janvier 1913 trois divisions d’infanterie supplémentaires arrivent portant les effectifs à 28000 hommes avec 80 canons et 6 avions. La situation logistique grecque est précaire (mauvais temps, ravitaillement difficile). Les ottomans sont dans une situation délicate avec des habitants hostiles. Le siège est marqué par des duels d’artillerie et par la prise et la perte de fortins.

Le 23 janvier 1913 le diadoque Constantin remplace le général Sapountzakis. Le futur roi concentre ses moyens, ménage ses forces et peut lancer une offensive le 5 mars, offensive décisive car la ville se rend le lendemain.

Leskavik est prise le 7 mars (elle sera rétrocédée à l’Albanie) et Klisoura dès le 3 mars. Konitsa est prise le 5 mars, Neochori et Philiates le 9 mars, Argyrokastro et Delvino le 15 mars, Tepelen le 17 mars. L’avancée est stoppée le 2 avril, l’Italie et l’Autriche-Hongrie refusant que la Grèce ne contrôle l’accès à l’Adriatique.

La marine grecque appuie les attaques terrestres grecques, serbes et bulgares. Le 16 novembre 1912 l’île d’Ikaria est conquise. L’île de Tenedos est prise le 20 octobre 1912 et Lemnos avec son précieux port de Moudros le 28 octobre. Le 31, les grecs débarquent à Thasos, Agios Efostratios et Imbros et le 1er novembre c’est l’île de Samothrace qui est prise. Le port de Smyrne est bloqué. Le 22 c’est Psara qui est prise.

Le 14 novembre 1912 le mont Athos est conquis par les grecs. Le 21 décembre 1912 c’est l’île de Lesbos qui est prise. Le 3 janvier 1913 l’île de Chios est occupée. Le 14 mars 1913 l’île de Samos est prise et annexée à la Grèce.

Il y à deux batailles navales majeures, la Bataille d’Eli le 16 décembre 1912 et la Bataille de Lemnos le 18 janvier 1913.

A cette époque commencent les négociations entre alliés pour se partager les territoires européens de l’empire ottoman. Les premières tensions apparaissent. Les négociations ont lieu également avec l’empire ottoman et les Grandes Puissances.

En avril et mai 1913, la Grèce et la Serbie négocient un traité d’alliance. La Serbie obtenait Monastir, la Bulgarie Andrinople et la Grèce Thessalonique.

Le 18 mars 1913 Georges 1er est assassiné par un anarchiste à Thessalonique. Son fils Constantin immensément populaire devient Constantin 1er et non Constantin XII comme l’aurait souhaité certains grecs pour faire le lien avec Constantin XI Paléologue, le dernier empereur byzantin.

A l’époque on craint une guerre entre la Grèce et l’Italie car le Dodécanèse récemment conquis par les italiens réclamait son incorporation à la Grèce (ce qui sera chose faite en 1950 après l’opération CATAPULT).

La France soutient la Grèce car l’Italie est membre de la Triplice. La Russie refuse de voir la Bulgarie s’approcher trop de Constantinople.

Le Traité de Londres est signé le 30 mai 1913. Tous les territoires ottomans à l’est de la ligne Aimos/Medée passent aux vainqueurs qui doivent se partager les dépouilles.

L’empire ottoman renonçait également à la Crète et aux îles de la Mer Egée. La création de l’Albanie frustrait les objectifs serbes (fénètre sur l’Adriatique) et grecs (conquête de l’Epire du Nord, région à peuplement héllenophone).

La Deuxième guerre balkanique ne va pas tarder à éclater. La pomme de discorde majeure est la ville de Thessalonique. La Serbie et la Grèce ont signé un accord militaire le 12 mai 1913 prévoyant pour la partage des territoires une attitude commune face à la Bulgarie. On note des incidents militaires dès l’hiver 1912/1913.

Très vite des troupes serbes et grecques sont redéployées. Les grecs et les serbes ont moins souffert que les bulgares et doivent surtout défendre des territoires conquis à la différence des bulgares.

121000 soldats grecs sous le commandement direct de Constantin 1er doivent affronter les 36000 hommes de la 2ème Armée bulgare.

Les bulgares attaquent dans la nuit du 29 au 30 juin 1913. Le 30, les grecs chassent les troupes bulgares encore présentes à Thessalonique, des unités pauvrement équipées qui n’avaient aucune chance de tenir face à une attaque grecque décidée.

Du 30 juin au 4 juillet à lieu la Bataille de Kilkis-Lachanas. C’est une victoire grecque décisive avec de lourdes pertes côté bulgare. Le moral est très atteint du côté des troupes de Ferdinand 1er. Les bulgares abandonnent Serves et Drama. La victoire est célébrée par une médaille représentant d’un côté Constantin 1er et de l’autre l’empereur byzantin Basile II dit le Bulgaroctone (le «tueur de bulgares» NdA mon empereur byzantin préféré).

Le 6 juillet 1913 à lieu la Bataille de Dojran, une nouvelle victoire grecque qui entraine une retraite générale des forces bulgares le lendemain. Le 10 juillet la ville de Stromnitsa est prise et le même jour le fleuve Strymon est franchit, la ville de Sidivokastro est prise. Serves est prise le 11 juillet 1913.

La ville de Kato Neurokopi est prise le 19 juillet suivie de Xanthi le 25 juillet. Entre-temps le 23 juillet les grecs pénètrent en territoire bulgare par les gorges de Kresna. Épuisées les troupes grecques s’arrêterent le lendemain. Komotoene est prise le 27 juillet 1913.

Le 29 juillet 1913 les grecs attaquent dans les gorges de Kresna mais cela manque de tourner à la catastrophe. Ce qui sauve les grecs (qui manquent de subir le même sort que les romains à Cannes face à Hannibal) c’est l’attaque roumaine qui menaçait Sofia.

Les Balkans après le traité de Bucarest (1913)

Le Traité de Bucarest signé le 10 août 1913 voit la Bulgarie conserver une fenêtre sur la mer Egée avec le petit port de Dedeagac, le port majeur de Kavala allant à la grèce. La souveraineté grecque sur la Crète est enfin reconnue. Un traité greco-ottoman est signé à Athènes le 14 novembre 1913.

Durant ces conflits la Grèce à perdu 5169 morts (première guerre balkanique) et 2563 morts (deuxième guerre balkanique), 23502 et 19307 blessés.

La superficie augmente de 70% (64786 à 108606km²) et la population passe de 2.6 à 4.3 millions d’habitants.

La Grèce récupère la Macédoine avec les villes de Thessalonique, Beroia, Edessa et Kavala mais ne peut récupérer l’Epire du Nord confiée au nouvel état albanais. Des échanges de population ont lieu.

Des problèmes politiques ne tardent pas à éclater, les «Vieux grecs» ne considérant pas les nouveaux grecs comme des frères véritables ce qui limite la portée de la Grande Idée. Pas étonnant que Thessalonique ait servit de base de reconquête à Elefthérios Venizelos après qu’il eut été chassé du pouvoir en 1915.

Mitteleuropa Balkans (157) Grèce (1)

UNE AUTRE SECONDE GUERRE MONDIALE

T.11 MITTELEUROPA ET BALKANS

VOLUME 5 : GRECE

Le drapeau du Royaume de Grèce de 1863 à 1924

AVANT-PROPOS

Le 22 mai 2020 j’ai commencé le tome 11 de ma gigantesque que dis-je de ma monumentale, de ma vertigineuse uchronie qui après dix tomes (T1 France T2 Allemagne T3 Grande-Bretagne T4 Etats-Unis T5 Japon T6 Italie T7 URSS T8 Dominions T9 Benelux T10 Scandinavie) comprend 8395 pages !

Le 14 janvier 2021 j’ai terminé la Yougoslavie (Tome 11 vol.4) portant le total de pages écrites à 9385 pages (NdA quand je vous dis que je vais dépasser les 10000 pages…..)

Ce Tome 11 est le dernier des tomes concernant des nations belligérantes puisque le Tome 12 sera consacré aux nations neutres.

Ce Tome 11 disposera de six volumes, le premier consacré à la Hongrie, le deuxième consacré à la Bulgarie, le troisième consacré à la Roumanie, le quatrième à la Yougoslavie, le cinquième à la Grèce et enfin le sixième à l’Etat indépendant de Slovaquie apparu au printemps 1939 suite au démantèlement de ce qui restait de la Tchécoslovaquie. Comme pour le tome 10 il y aura des nations alliées et des nations ayant appartenu à l’Axe.

L’organisation sera différente selon les volumes. Si le volume 1 ne possédait pas de partie marine, si le volume 6 consacré à la Slovaquie n’en possèdera pas non plus (et pour cause !), les volumes 2 à 5 consacré respectivement à la Bulgarie, à la Roumanie, à la Yougoslavie et à la Grèce posséderont une partie consacrée à la marine qui fera suite à la partie traditionnelle consacrée à l’histoire générale.

La troisième partie sera consacrée à l’armée de terre avec d’abord une partie sur l’histoire militaire du pays, une partie sur l’organisation générales et des plus ou moins grandes unités et enfin une partie sur l’armement et les véhicules. Je terminerai par une partie consacrée à l’armée de l’air, son histoire, son organisation et son équipement.

Après cette partie consacrée au plan général revenons un peu sur l’histoire avec un grand H. J’ai eu du mal à définir l’étendue géographique qui est nettement moins évidente que celles des deux derniers tomes (Scandinavie, Benelux). J’ai finalement choisit «Mitteleuropa et Balkans» soit en français «Europe du milieu et Balkans».

Tout comme le terme Scandinavie il est peut être inapproprié pour les puristes mais je pense que c’est pas mal (j’avais un temps pensé à «Europe danubienne et balkanique» mais cela ne me satisfaisait pas totalement).

Mis à part peut être la Grèce (et encore !) ces pays ont un point commun celle d’avoir été gravement impactés par la première guerre mondiale et les traités qui y ont mis fin.

Nous avons d’abord les pays vaincus comme la Hongrie et la Bulgarie qui ont souffert de traités particulièrement musclés notamment le pays des magyars qui passa du statut de puissance majeure au sein d’une double-monarchie austro-hongroise au statut d’une puissance de second ordre enclavée en Europe centrale. La Bulgarie avait du également rendre des comptes aux alliés occidentaux pour s’être alliée aux empires centraux.

La Yougoslavie était elle un des états issus de l’éclatement de l’empire austro-hongrois en compagnie de la Tchécoslovaquie et partiellement de la Pologne. De cet état tchécoslovaque naquit au printemps 1939 un état slovaque souverain, une souveraineté biaisée par le fait que Bratislava devait tout à l’Allemagne.

La Roumanie et la Grèce en revanche avaient appartenu au camp des vainqueurs même si leur participation à la première guerre mondiale à été plutôt limitée, Bucarest livrant une prestation catastrophique et ne devant son salut qu’à une preste assistance alliée (et surtout française) alors qu’Athènes fût engagée contrainte et forcée dans le conflit, sa participation étant parasitée par un conflit entre un premier ministre pro-allié (Venizelos) et un roi pro-allemand (Constantin 1er).

Eleftherios Venizelos

Dans l’immédiat après guerre cette région est traversée par de vigoureuses secousses entre Blancs et Rouges, entre pro-allemands et pro-alliés.

C’est aussi le théâtre d’une lutte d’influence où la France tente de nouer un réseau d’alliance pour contre une réémergence de la menace allemande et pour tendre un cordon sanitaire contre la Russie bolchevique. Pas étonnant que ces différents pays aient connu pour la plupart des régimes autoritaires souvent réactionnaires parfois fascisants.

C’est l’acte de naissance de la Petite Entente. Les français n’en sont pourtant pas à l’origine puisque son origine remonte au 14 août 1920 quand la Tchécoslovaquie, la Roumanie et le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes _Yougoslavie à partir de 1929_ signent un accord d’assitance pour se prémunir de la menace hongroise, Budapest n’ayant jamais accepté le traité du Trianon le 4 mai 1920.

Cette alliance est renforcée par des accords bilatéraux entre la Roumanie et la Tchécoslovaquie (23 avril 1921), entre la Roumanie et le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes (7 juin 1921) et entre le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes et la Tchécoslovaquie (31 août 1921). La Petite Entente entend garantir, par la force si besoin, les traités de paix.

Cette alliance est cependant imparfaite et incomplète puisque ne prenant pas en compte les autres menaces que ce soit l’URSS (vis à vis de la Roumanie), l’Italie (vis à vis de la Yougoslavie) ou encore l’Allemagne et la Pologne (vis à vis de la Tchécoslovaquie).

Suite aux accords de Locarno, la France signe des alliances militaires avec Prague (16 octobre 1925), avec Bucarest (10 juin 1926) et Belgrade (novembre 1926).

Suite aux renoncements français de la fin des années trente, ces pays vont davantage se tourner vers l’Allemagne.

Nul doute que si la guerre de Pologne était devenu un conflit mondial nul doute que cette région aurait durablement échappé aux alliés. Son arrêt brutal en décembre 1939 permet à Paris et à Londres de remettre l’ouvrage sur le métier.

Plus facile à dire qu’à faire puisque si la réputation dégringole par l’ascenseur, elle remonte par l’escalier. Il faudra du temps, de la patience, du doigté et un soupçon de chance pour rendre la région moins hostile aux alliés.

C’est ainsi que des accords formels de coopération et d’assistance militaires sont signés avec la Yougoslavie et la Grèce, le premier étant signé à Belgrade le 14 septembre 1945 et le second à Athènes le 8 octobre 1946. Des tentatives vis à vis de la Hongrie, de la Roumanie et de la Bulgarie se heurtent à une telle inertie qu’elle équivaut à une fin de non recevoir.

Cette relance est donc limitée mais s’accompagne d’une coopération politique et militaire avec notamment la livraison de matériel militaire moderne ainsi que l’envoi comme dans les années vingt de missions militaires, le général Gamelin dirigeant celle en Yougoslavie et le général Georges celle envoyée en Grèce. L’envoi de généraux ayant été aux manettes de l’armée française est très apprécié par les gouvernements concernés qui y voient une profonde marque de respect.

Quand la guerre s’annonce inévitable à très court terme la région concernée par ce tome se partage entre pays pro-alliés mais sans excès (Yougoslavie, Grèce), des pays clairement pro-allemands (Hongrie, Slovaquie, Roumanie) et une Bulgarie qui accepte de se faire courtiser par les deux camps tout en veillant à ne pas se mettre à dos la Russie qui bien que communiste est toujours considérée par nombre de bulgares comma la Troisième Rome, protectrice des slaves.

Quand la seconde guerre mondiale éclate le 5 septembre 1948 ces différents pays mobilisent mais ne s’engagent pas directement dans le conflit. Question de temps dirions nous…… .

***

Ce volume 5 concerne donc la Grèce que l’on peut considérer sans trop se tromper comme le ou du moins l’un des berceaux de la civilisation européenne.

Des civilisations brillantes se succèdent jusqu’à la conquête romaine qu’il s’agisse de la thalassocratie athénienne, de la militariste sparte (qui continue de fasciner aujourd’hui, les faibles sources permettant à chacun de projeter ses fantasmes sur la cité lacédémonienne), de Thèbes et son ordre oblique et que dire bien entendu de la Macédoine de Philippe II et d’Alexandre le Grand.

Après la conquête romaine si le monde grec perd son indépendance, elle garde son influence culturelle et même politique, l’empire romain voyant son centre de gravité basculer peu à peu vers l’Orient.

Conséquence en 330 Constantin implante une nouvelle capitale sur le site de la colonie grecque de Byzance, Constantinople.

L’empire se scinde définitivement en deux en 395 et si en 476 l’Empire Romain d’Occident disparaît, en Orient il va perdurer jusqu’en 1453 et sa chute définitive sous les coups de boutoirs des ottomans.

Les grecs vont connaître une longue période de domination ottomane, plus de trois siècles avant de retrouver son indépendance au cours du XIXème siècle après une longue guerre d’indépendance.

Une dynastie bavaroise est choisie pour diriger le pays ce qui à l’époque ne choque personne ou presque.

Othon 1er, le premier roi de la Grèce indépendante

Le pays qui est loin d’avoir atteint ses frontières actuelles (A l’époque il ne couvre que le Péloponnèse et l’Attique) va tenter de regrouper tous les hellénophones sous sa souveraineté. Si le roi Othon 1er parvient à créer une administration centralisée et à transformer Athènes en ville et capitale moderne, il ne parvient pas à réaliser tous ces projets en raison de problèmes financiers constants (lourd endettement vis à vis de la France, de la Grande-Bretagne et de la Russie) et de relations conflictuelles avec l’empire ottoman.

De nombreuses querelles intérieures empêchent la Grèce de sortir de près de quatre siècle de marasme pour devenir un état moderne et respecté. En 1862 le roi Othon 1er est renversé et remplacé par un prince de la maison de Danemark, la dynastie restant au pouvoir jusqu’à la fin des années soixante quand elle sera renversée par un coup d’état militaire qui à sa chute laissera la place à une république, toujours en place aujourd’hui.

La Grèce parvient peu à peu à agrandir son territoire en récupérant des territoires auprès de la Sublime Porte notamment la Grèce ou la Macédoine.

Durant le premier conflit mondial, la Grèce songe d’abord à rester neutre mais va être forcée de s’impliquer dans le premier conflit mondial. Aux combats sur le front balkanique s’ajoute une guerre civile entre les partisans du roi Constantin 1er et ceux du premier ministre Elefthérios Venizelos.

Constantin 1er

Dans l’immédiat après guerre, la Grèce va tenter de réaliser la Megale Idae (La Grande Idée) à savoir de regrouper dans un même état toutes les populations de langue et de culture grecque. Athènes espère profiter de la défaite de l’empire ottoman mais la guerre greco-turque de 1921/22 tourne à la catastrophe, la Grèce enterrant définitivement ses rêves expansionnistes et devant gérer l’arrivée de plusieurs millions de réfugiés suite à un échange de population avec la Turquie de Mustapha Kemal.

Cette crise provoqua la chute de la monarchie en 1924 et une expérience républicaine qui se termine en 1935 par une restauration bientôt supplantée dans les faits par la dictature de Metaxas qui tel un despote éclairé tente de sortir la Grèce de sa léthargie et de la moderniser alors que les menaces s’accumulent tout autour du pays. Nul ne peut dire ce qui se serait passé si il n’était pas mort en 1941 dans des circonstances suspectes.

Durant la Pax Armada la Grèce doit faire à une politique étrangère italienne agressive ce qui la pousse à se rapprocher mais sans excès des alliés, signant un accord de coopération militaire avec la France mais cet accord que les militaires grecs espéraient fructueux ne donnera pas les fruits escomptés sans que l’on sache si le problème est venu du côté français ou du côté grec.

En septembre 1948 la Grèce proclame sa non-belligérance. Elle annonce qu’elle prendra toutes les mesures pour préserver son territoires des opérations menées par les différents belligérants.

Des incidents vont opposer les grecs aux italiens et parfois aux alliés mais sans que cela dégénére en conflit armé et ouvert. Ce n’est que partie remise puisque le 5 mai 1949 l’Italie envahit la Grèce selon les modalités prévues par l’opération CAESAR mais cette opération censée être une promenade militaire se transforme en déroute, les grecs bien aidés par les britanniques et les français refoulant les italiens en Albanie.

ES-ce que cela signifie qu’Athènes à fait le plus dur ? Hélas pour la Grèce non puisque le 7 juillet 1949 les allemands lancent l’opération MARITSA, envahissant la Yougoslavie qui malgré une résistance formidable doit s’avouer vaincu à l’automne.

Cela à au moins permis à la Grèce de renforcer son dispositif et nul doute que si les troupes de l’Axe n’ont pu s’emparer du Péloponnèse c’est aussi parce que les yougoslaves ont résisté plusieurs mois et non quelques jours.

La Grèce est partiellement occupée mais le gouvernement grec échappe aux affres de l’exil, quittant simplement Athènes pour la Crète et Héraklion. Mieux même l’opération CATAPULT permet au gouvernement grec de récupérer de nouveaux territoires sous la forme des îles du Dodécannèse.

Après avoir reconstituée une armée et une armée de l’air, après avoir préservé sa marine, le gouvernement grec pèse de tout son poids pour faire du front balkanique non pas un front majeur mais autre chose qu’un front de fixation.

Il obtiendra gain de cause avec une série d’offensives qui permettront de libérer un territoire meurtrit par une occupation particulièrement sévère des italiens, des allemands et des bulgares, les combats provoquant in fine une famine biblique qui allait ramener la Grèce à un niveau socio-économique particulièrement bas.

Pour ne rien arranger, le second conflit mondial fait place à une guerre civile qui commence dès 1955 et s’achève en 1959 par la défaite des communistes grecs qui ne purent bénéficier du soutien soviétique.

Mitteleuropa Balkans (132) Yougoslavie (20)

L’armée de terre yougoslave durant le second conflit mondial

Anticipation, préparation et mobilisation

La guerre de Pologne terminée, l’armée yougoslave à pu évaluer dans un contexte réel, dans un contexte de «stress opérationnel» ses atouts et ses manques. Inutile de préciser que les seconds l’emporte sur les premiers.

Un effort important doit être mené pour améliorer les capacités de l’armée yougoslave. Il ne s’agit pas uniquement d’acheter de nouvelles armes mais d’améliorer les capacités tactiques et stratégiques. Il s’agit également d’améliorer la représentativité des autres nationales dans les hautes sphères de l’armée.

Ce dernier effort mal considéré par les serbes donnera quelques résultats et c’est ainsi qu’en juillet 1949 au moment du déclenchement de l’opération MARITSA, sur les 175 généraux on comptera 124 serbes, 32 croates et 19 slovènes.

Cette modernisation ne peut se faire sans aide extérieure. Vu le contexte la logique aurait voulu que l’Allemagne soit la puissance tutélaire pour améliorer l’entrainement et l’équipement de la Jugoslovenska Vosjka.

Seulement voilà Berlin doit ménager son allié italien (que Berlin méprise pourtant et en qui il n’à guère confiance) et surtout la guerre civile allemande rend délicat tout investissement majeur.

Le Hotchkiss H-39

La France va en profiter et le 14 septembre 1945 un accord de coopération et d’assistance militaire est signé entre la République Française et le Royaume de Yougoslavie. Outre la fourniture d’armes modernes (fournitures symbolisées par les Hotchkiss H-39 et les Lioré et Olivier Léo 451) la France dépêche en Yougoslavie la MMFY (Mission Militaire Française en Yougoslavie) dirigée par le général Gamelin.

Ce dernier va transmettre les dernières conceptions tactiques d’une armée française en plein renouveau ce qui est ironique car en poste comme chef d’état-major des armées, il n’à pas fait preuve du même zèle moderniste que son successeur, le général Villeneuve.

Cette mission militaire va former et informer, va également servir d’officine de renseignement. Son travail ne sera pas toujours apprécié, plusieurs attentats étant déjoués par la police yougoslave.

Elle quitte le pays à l’été 1948 alors que les tensions deviennent telles en Europe que le conflit n’est qu’une question de semaine. Il y à aussi la réaffectation d’officiers à des postes plus opérationnels.

Pierre II, le général Mongomery et Winston Churchill

Le 30 août 1948 le roi de Yougoslavie Pierre II ordonne la mobilisation générale. Il s’agit d’éviter une attaque surprise alors que des mouvements de troupes italiens laissent craindre une attaque du Regio Esercito.

Elle se passe bien. Le plan de mobilisation de 1930 révisé à plusieurs reprises (la dernière fois en 1947 sous l’impulsion de la MMFY) se déroule avec fort peu d’incidents y compris dans des zones jugées problématiques comme la Slovénie et surtout la Croatie. Les déserteurs et les insoumis sont peu nombreux. Clairement la politique libérale de Pierre II a porté ses fruits en donnant envie aux croates et aux slovènes d’eux-aussi mourir pour Belgrade ce qui n’était bien entendu pas si évident auparavant.

Pierre II est officiellement commandant en chef de l’Armée yougoslave. Son oncle Paul l’ancien régent est inspecteur général, commandant en chef officieux de l’armée ce qui va poser problème avec le titulaire du poste, le général Dusan Simovic car les deux ne sont pas d’accord sur la stratégie à suivre.

A l’issue de la mobilisation (considérée comme achevée le 5 octobre 1948) l’armée de terre yougoslave aligne vingt-huit divisions d’infanterie, deux divisions d’infanterie de montagne, trois divisions de cavalerie, une brigade mécanisée ainsi que des unités de forteresse, de garde-frontières, d’artillerie (lourde et antiaérienne) et du génie.

Les frontières yougoslaves sont couvertes par des positions fortifiées. Loin d’être une Ligne Maginot Slave, ces positions sont des fortifications de campagne comparables sans la standardisation à celles aménagées par le CEZF en France durant la Pax Armada.

On trouve des blockhaus armés de canons et de mitrailleuses, des blockhaus permettant d’abriter des pièces d’artillerie, des abris pour l’infanterie, des tranchées, des champs de mines et des barbelés.

Il s’agit de freiner l’ennemi et d’éviter les percées ennemies. Des officiers yougoslaves seront informés sur les premières leçons de la Campagne de France sur l’importance de la profondeur, sur le concept du hérisson mais ces leçons ne seront que très partiellement appliquées en raison du manque de temps et surtout du manque d’unités motomécaniques pour éviter que les troupes yougoslaves ne s’enferrent dans une défensive stérile.

Sur le plan stratégique la Yougoslavie tente de convaincre Athènes, Paris et Londres de déployer des troupes mais c’est un échec.

Les grecs ne veulent pas sacrifier la défense du territoire national contre une aventure militaire dans le Vardar, les français et les britanniques sans le dire ouvertement doute de la capacité des troupes yougoslaves à tenir suffisamment longtemps pour permettre l’envoi d’un corps expéditionnaire.

Ordre de Bataille de l’armée yougoslave (juillet 1949)

1er Groupe d’Armées : couverture de la frontière italo-yougoslave et la frontière yougoslavo-allemande (ex-autrichienne)

Il comprend une 1ère Armée avec trois divisions d’infanterie (1ère, 7ème et 10ème DI), des unités d’artillerie lourde, une unité de reconnaissance aérienne détachée par l’armée de l’air, des unités de soutien.

La 2ème Armée dispose de trois divisions d’infanterie (17ème, 24ème et 30ème DI), de l’artillerie lourde, une unité de reconnaissance aérienne et des unités de soutien.

Deux Grandes Unités dépendent de l’état-major du groupe d’armées à savoir la 1ère division de cavalerie et la 1ère division d’infanterie de montagne.

2ème Groupe d’Armées : Il couvre la frontière avec la Hongrie ainsi que les accès à la capitale Belgrade.

Il comprend la 4ème Armée (27ème, 40ème et 42ème DI, de l’artillerie lourde, une unité de reconnaissance aérienne et des unités de soutien) ainsi que la 7ème Armée (32ème, 36ème et 38ème DI, de l’artillerie lourde, une unité de reconnaissance aérienne et des unités de soutien) mais aussi des unités de réserve générale à savoir la 3ème division de cavalerie et la 2ème division d’infanterie de montagne.

3ème Groupe d’Armées : Il couvre l’Albanie en cas d’attaque venue du petit royaume annexé par l’Italie en 1939.

Ce groupe d’armées comprend la 3ème Armée (13ème, 15ème et 25ème DI, unités d’artillerie lourde, de reconnaissance aérienne et de soutien) et la 8ème Armée (ex-3ème Armée territoriale) avec trois divisions d’infanterie (5ème, 20ème et 46ème DI) et les unités d’appui et de soutien habituelles.

La Réserve Générale comprend des unités d’appui, de soutien ainsi que la 22ème DI.

La 5ème Armée indépendante couvre les frontières avec la Roumanie et la Bulgarie. Elle comprend quatre divisions d’infanterie (8ème, 9ème, 34ème et 50ème) ainsi que la 2ème division de cavalerie.

La 6ème Armée indépendante déployée à cheval sur la Serbie et la Bosnie-Herzegovine est une réserve opérationnelle immédiate pour soutenir principalement les 1er et 2ème GA. Elle comprend trois divisions d’infanterie (3ème, 14ème et 49ème DI) ainsi que trois régiments de cavalerie indépendants (49ème, 75ème et 94ème).

La Réserve Stratégique comprend les 4ème et 6ème DI mais aussi la 1ère brigade mécanisée.

Ordre de bataille des armées ennemies

Le Panzer IV à été engagé en Yougoslavie

L’Allemagne déploie trois divisions blindées (1.PzD, 5.PzD et 12. PzD), la 1ère division de montagne (1. Gerbirgsjager Division), la 3ème division de chasseurs parachutistes (3. Fallschirmjäger Division) et sept divisions d’infanterie (3ème, 9ème, 14ème,25ème, 31ème,35ème DI, 5. Leichte Division).

Soldats italiens en Yougoslavie

L’Italie déploie la 2ème Armée avec le 5ème Corps d’Armée (3ème division alpine «Iulia» et 5ème DI «Cosseria»), le 7ème Corps d’Armée (14ème DI «Isonzo» et 17ème DI «Pavia») plus des unités de réserve générale avec la 47ème DI «Bari» et la 48ème DI «Taro».

La Hongrie engage sa 3ème Armée avec le 1er Corps d’Armée (16ème DI, 21ème DI, 25ème DI), le 2ème Corps d’Armée (17ème, 22ème et 26ème DI) et le 3ème Corps d’Armée (18ème, 24ème et 27ème DI).

L’armée yougoslave au combat

Dès le début de la campagne de Yougoslavie le haut-commandement choisit une défense élastique en s’appuyant sur les fortifications de campagne, les coupures humides et différents points hauts. Cette défense élastique aurait mérité de s’appuyer sur de puissantes unités motomécaniques pour contre-attaquer, pour user les pointes ennemies mais la Yougoslavie n’avait pas les moyens de ses ambitions.

Pour compenser le manque d’unités motomécaniques, le haut-commandement yougoslave mobilise ses unités de tcheniks, des unités de guérilla censées en cas d’occupation étrangère de provoquer le désordre et la discorde chez l’ennemi. Durant l’opération MARITSA, ils vont se laisser dépasser par l’ennemi pour attaquer la logistique et les militaires isolés. Ces attaques à l’impact militaire limité vont provoquer le retour de la peur du franc-tireur chez les soldats allemands pour le plus grand malheur des populations civiles, victimes collatérales du conflit.

L’Opération Maritsa est déclenchée le 7 juillet 1949 quand les allemands déclenchent le feu de Wotan avec des frappes aériennes et des tirs massifs de l’artillerie. Des parachutistes sont largués sur l’arrière du front mais leur impact est limité en raison de mauvaises conditions météo et d’un comité d’accueil parfois musclé. Cela fait regretter à certains officiers que le projet de larguer la division sur Zagreb ait été abandonné.

A la grande satisfaction du haut-commandement yougoslave (à majorité serbe rappelons-le) les troupes croates et slovènes ne se débandent pas toutes au premier choc. Il y à bien entendu des mouvements de panique, quelques mutineries et quelques cas de fraternisation mais ils sont limités.

Les italiens attaquent quelques heures plus tard. Pas (encore) de grandes manœuvres mais des bombardements aériens, des frappes d’artillerie et des reconnaissances armées que les yougoslaves contrent avec férocité et brutalité.

Les hongrois attaquent sans ardeur le lendemain 8 juillet 1949. Ils s’attendent à être accueillis en libérateurs par la minorité hongroise de Voïvodine mais ce n’est pas le cas. Après trois jours de flottement les hongrois se ressaisissent.

Très vite les troupes yougoslaves doivent se replier sur la Bosnie, ses montagnes, ses fleuves et ses forêts.

Les grandes villes tombent les unes après les autres. Lubjana est prise par les allemands dès le 10, les yougoslaves après avoir disputé les accès immédiats à la ville mais avoir renoncé à un combat urbain très aléatoire et surtout dévoreur d’hommes et de munitions ce que l’armée yougoslave possède en quantité limité.

Zagreb est prise le 14 juillet 1949. Dès le lendemain les oustachis d’Ante Pavelic proclame l’indépendance du pays. La majorité des unités croates mettent bas les armes, d’autres sont désarmées mais d’autres cachent leur origine pour continuer le combat.

La capitale yougoslave Belgrade tombe le 17 juillet. Les hongrois qui rentrent les premiers constatent un spectacle désolation en raison des violents bombardements aériens allemands, bombardements de terreur et non à vocation militaire.

Les troupes yougoslaves continuent de se battre avec férocité et acharnement mais elles sont au bord de l’épuisement et de la rupture.

Marchant la nuit et combattant le jour, elles ne peuvent imposer leur rythme à des troupes allemands plus fringantes encore que la très, la trop légère logistique allemande associée aux destructions va provoquer un ralentissement du tempo opérationnel évitant aux yougoslaves un effondrement plus rapide.

Le 9 août 1949 les hongrois et les bulgares font leur jonction. Les troupes de Sofia n’ont pas participé aux opérations de combat mais vont rapidement occuper les terres bulgarophones, une occupation très dure que fera regretter parait-il aux habitants le joug serbe voir pour les plus anciens le joug ottoman.

De leur côté les allemands se sont arrêtés dans le sud de la Serbie laissant aux italiens le Monténégro que Rome considère comme faisant partie de sa chasse gardée.

A l’automne 1949 les dernières troupes yougoslaves encore en état de se battre se replient sur la Grèce.

Si certaines encore disciplinées vont combattre, nombre d’entre-elles n’ont plus d’unité militaire que le nom et vont rapidement être évacués vers la Crète puis vers l’Egypte pour entamer le long et lent processus de reconstruction d’une armée yougoslave digne de ce nom.

Renaissance et libération

Le gouvernement yougoslave réfugié à Jerusalem puis au Caire se préoccupe très vite à la fois de reconstituer une armée crédible et de convaincre les alliés de reprendre la lutte dans les Balkans d’en faire sinon le front principal du moins un front important dans la stratégie générale des alliés.

Ils vont échouer sur les deux plans. Non seulement les alliés n’ont pas l’intention de déployer des forces importantes mais juste les forces nécessaires à tenir le front mais la reconstitution de l’armée va se heurter à un manque de moyens, des querelles de personnes, des querelles politiques et idéologiques.

Certains officiers yougoslaves écœurés vont préférer démissionner pour intégrer la Légion Etrangère ou opérer au profit des SR alliés au soutien des maquisards royalistes et des partisans communistes.

Le front grec avant le déclenchement de l’opération ANVIL. En voyant la carte on se dit qu’Athènes va être vite reprise. En réalité il faudra près de deux mois de violents combats pour y parvenir avec des dégâts considérables pour ce phare de la civilisation occidentale.

La Campagne de Grèce qui fait suite à la Campagne de Yougoslavie. Elle s’achève à l’orée du printemps 1950, les historiens fixant traditionnellement sa date au 17 mars et la bataille du golfe de Zanthe où cuirassés et porte-avions des deux camps s’étripent joyeusement.

Les Balkans avant le début de la contre-offensive alliée

Si les alliés contrôlent le Dodécanèse (capturé lors de l’opération CATAPULT), la Crète et la Péloponnèse, l’Axe domine la Grèce continentale, la Céphalonie et les Cyclades. Le front se fige, les deux belligérants épuisés sont incapables de prendre le dessus. Des attaques locales sont menées tout comme des raids commandos pour maintenir la pression mais pas d’offensive avec un grand O.

Il faudra attendre l’automne 1952 pour que les alliés se décident à repasser à l’offensive. C’est l’opération Anvil déclenchée le 21 septembre 1952 mais les yougoslaves ne sont pas encore engagés faute d’unités suffisamment équipées et suffisamment entrainées.

On trouve la 8th Army (UK) avec deux corps d’armées, un corps d’armée britannique (deux DI et unr DB) et un corps d’armée sud-africain (deux DI), la 10th Army (UK) avec un corps d’armée sud-africain (une DI et une DB) et deux corps d’armée britanniques (deux DI chacun) et l’Armée Grecque de Liberation (AGL) qui dispose de trois corps d’armée à deux divisions (deux CA à deux DI et un CA avec une DB et une DI).

Après de violents combats, la capitale Athènes est reprise le 17 décembre 1952. La ville est dévastée y compris l’Acropole. Symboliquement c’est le bataillon sacré _une unité para-commando_ qui hisse sur l’Acropole le drapeau grec qu’un evzone avait retiré au nez et à la barbe des allemands.

Le territoire grec est entièrement libéré ou presque en février 1953. Des unités alliées effectuent des incursions en Albanie et en Macédoine mais elles sont trop faibles pour se maintenir.

Le basculement italien du printemps 1953 favorise l’avancée alliée, l’Albanie étant occupée quasiment sans combats.

Le 19 mai 1953, les alliés lancent l’opération Sledgehammer avec enfin l’engagement de troupes yougoslaves. La 1ère Armée Yougoslave dispose de deux corps d’armées à deux DI, le 1er CA avec les 8ème et les 13ème DI ainsi que le 2ème CA avec les 5ème et 27ème DI + la 1ère division blindée yougoslave rééquipée par les américains avec Greyhound, Chaffee et Sherman. Les numéros des divisions ont été choisis pour célébrer la mémoire des divisions qui s’étaient illustrées durant l’opération MARITSA.

Les débuts sont médiocres non par manque de volonté mais par une volonté de trop bien faire, l’agressivité des troupes yougoslaves générant des pertes assez lourdes. Il faudra un peu de temps pour corriger le tir.

Outre la 1ère Armée Yougoslave, d’autres unités vont participer à cette Campagne des Balkans. On trouve notamment une compagnie commando, la 7ème compagnie du 10ème commando interallié qui intègre également des commandos britanniques, français, polonais, grecs et même sud-africains.

Cette compagnie va opérer dans des raids contre l’arrière du front, vont mener des opérations homo contre certains chefs collabos ou d’anciens résistants retournés par les allemands et les italiens.

Ils vont être les premiers soldats yougoslaves à reprendre officiellement la lutte et pénétrer sur le territoire yougoslave.

Un bataillon parachutiste est formé en juin 1953 mais il n’est engagé que comme infanterie traditionnelle et non comme unité aéroportée.

A l’été 1953 le front suit une ligne qui passe au nord de Durres (le port reste sous le feu de l’artillerie allemande), traverse le centre de la Macédoine et longe la frontière bulgaro-grecque.

Le 9 novembre 1953 alors que l’automne est exceptionnellement clément les alliés relancent les opérations avec l’opération Sword.

Les yougoslaves sont en pointe de l’offensive aux côtés des grecs, les britanniques et les sud-africains étant en retrait pour éviter de s’aliéner les populations locales pas vraiment enclines à échanger une domination étrangère contre une autre.

Cette opération voit la libération de la totalité du territoire albanais, du Monténégro et du sud de la Serbie.

Sarajevo tombe le 23 novembre, Split le 25, Nis le 7 décembre 1953. En revanche un coup de main mal planifié et mal exécuté en direction de Belgrade échoue le 17 décembre 1953.

A l’orée de 1954, le front passe au sud de Belgrade (50 à 75km selon les endroits), traverse le nord de la Bosnie et atteint le sud de Zadar. Cette dernière ville est prise dès le 5 janvier 1954, le port saisi quasiment intact permet un ravitaillement plus rapide des troupes alliées.

Le 17 janvier 1954 les alliés lancent une audacieuse opération, l’opération Welcome/Bienvenue qui voit la brigade parachutiste canadienne être larguée près de Belgrade pour favoriser l’action des maquisards royalistes qui dominent dans cette région alors qu’en Bosnie et dans le sud de la Serbie les communistes sont davantage maitres du jeu.

Parachutiste canadien

Les paras canucks s’emparent des cibles stratégiques en liaison avec les combattants de l’ombre et d’autres unités commandos alliées (bataillon sacré, 10ème commando interallié, corps franc des Balkans).

Les allemands qui savent leur position intenable se content de mener des combats retardateurs pour replier le maximum d’hommes et de matériel en vue d’une contre-offensive qui n’aura jamais lieu. La capitale de la Yougoslavie tombe le 20 janvier 1954.

Tout le territoire yougoslave est libéré à la fin du mois de février et le 4 mars 1954 les dernières troupes ennemies capitulent. Si les allemands sont bien traités, leurs supplétifs qu’ils soient monténégrins, slovènes, croates ou serbes sont souvent massacrés dans des conditions atroces.

L’armée yougoslave va passer l’été à tenter de ramener l’ordre et la sécurité sur le territoire national non sans mal en raison de problèmes avec certains irréguliers qui avaient clairement pris goût à la clandestinité et à l’illégalité. De véritables opérations militaires doivent être menées non sans regrettables dérapages.

Quand le second conflit mondial se termine l’armée royale yougoslave qui a intégré de nouvelles recrues au fur et à mesure de son avancée sur le territoire du royaume de Pierre II aligne six divisions d’infanterie (quatre divisions d’infanterie vue plus haut et deux divisions d’infanterie légère, les 4ème et 7ème DLI), une division blindée, des unités commandos, de l’artillerie et du génie.

C’est une armée expérimentée, habile mais déjà travaillé par les dissensions entre royalistes et communistes, divisions qui remplacent souvent les divisions nationales de l’avant-guerre mais ceci est une autre histoire.

Mitteleuropa Balkans (119) Yougoslavie (7)

Résistance et collaboration

Quasi immédiatement une résistance militaire tout comme une collaboration se met en place sur le territoire de l’ancien royaume de Yougoslavie. Les mouvements de résistance sont d’abord le fait de soldats isolés et ne pouvant rejoindre la Grèce pour continuer la guerre, de recrues pas encore incorporées voir d’exemptés pour raisons médicales et qui se retrouvaient des envies de combat et de lutte.

Dans le camp d’en face c’est souvent des choix opportunistes. Combien de destins ont basculé dans un camp ou dans un autre pour une décision prise un soir, pour un refus quelconque, pour une volonté de vengeance et ou une volonté d’effacer des humiliations passées ?

Il serait cependant artificiel de tracer une frontière étanche entre résistants et collaborateurs, entre héros et salauds. Il y eut parfois sur le terrain des accords locaux aux mépris des hiérarchies, certains groupes royalistes signant une trêve avec les italiens pour permettre aux troupes de Mussolini de s’en prendre aux partisans.

Etendard du mouvement Tchetniks avec les inscriptions Pour le roi et la patrie ; La liberté ou la mort.

Inversément on verra certains groupes communistes renoncer à soutenir les royalistes lors d’opérations contre les italiens, les allemands, les croates, les hongrois ou les bulgares.

Comme le dira un agent britannique conseillant les royalistes «Les Balkans c’était pire qu’un panier de crabes».

Le Monténégro est placé sous l’autorité des italiens sous la forme d’un Gouvernorat du Monténégro (Governatorato di Montenegro), une première étape vers une indépendance du Monténégro sous un protectorat italien mais ce projet sera sans arrêt repoussé en raison d’un soulèvement des monténégrins dès le printemps 1950.

Cela avait pourtant bien commencé avec la mise en place en novembre 1949 d’un gouvernement provisoire monténégrin. Ce dernier était composé par les Verts qui avaient échoué dans leur soulèvement en 1919 face aux Blancs. Ce gouvernement ne fût jamais reconnu par les monténégrins comme autre chose qu’une marionnette des italiens.

Rome ne faisait d’ailleurs pas vraiment confiance à ses alliés monténégrins pour maintenir l’ordre ce qui impliquait le maintien de moyens militaires et sécuritaires importants dans l’ancien royaume de Nicolas 1er.

Après le basculement italien dans le camp allié en avril 1953 les allemands occupent le Monténégro mais pour peu de temps car en novembre l’offensive alliée nom de code SWORD les obligent à se replier sur la Serbie.

Bien que l’idée d’indépendance ait été durablement déconsidérée par l’occupation germano-italienne, un gouvernement provisoire monténégrin est mis en place le 7 décembre 1953 à Cetinje mais ce gouvernement est rapidement désavoué par les alliés qui font comprendre aux rares monténégrins partisans de l’indépendance et non-compromis avec les italiens que l’avenir du pays était au sein d’une Yougoslavie unifiée, purgée des scories et des failles d’avant guerre.

Les autorités yougoslaves ne parviennent à s’installer sur place qu’en mars 1954 et comme les troupes alliées étaient plus préoccupées par leurs opérations que par le maintien de l’ordre l’insécurité à été longtemps endémique avec des bandits de grand chemin et surtout de multiples réglements de compte pas toujours motivés par des questions politiques.

En ce qui concerne la Serbie, elle est officiellement dirigée par un gouvernement dirigé par le général Nedic qui jusqu’à l’automne 1940 avait été ministre de la Guerre. En réalité le cœur du royaume de la Yougoslavie était dirigé par un gouverneur militaire qui commandait également les forces d’occupation déployées en Serbie.

La Macédoine était occupée comme nous l’avons vu par les bulgares. Cette occupation sera particulièrement rude ce qui fit déchanter nombre de bulgarophones qui se demandaient pourquoi avoir échangé une tyrannie contre une autre…… .

La libération

Dès son installation au Caire, le gouvernement yougoslave en exil espère une offensive des alliés pour reconquérir le royaume perdu. Très vite Pierre II et ses ministres comprennent que ce n’est pas la priorité des alliés qui concentrent leurs efforts sur le front occidental qui balafre à nouveau la France trente-cinq ans après l’échec de la course à la mer.

Plusieurs dizaines de milliers de militaires et de civils yougoslaves ont réussi à se replier sur la Grèce qui est frappée à son tour par les troupes germano-italiennes.

Pour éviter tout encombrement, les troupes yougoslaves qui ne constituent plus des unités constituées et les civils sont rapidement évacuées sur la Crète puis vers le Levant ou vers l’Egypte.

Quelques navires sont attaqués et coulés par des avions et des sous-marins italiens mais dans l’ensemble le gouvernement yougoslave est parvenu à préserver l’avenir en se donnant les moyens au moins humains de reconstituer une armée.

Plus facile à dire qu’à faire. En effet si les hommes sont là l’argent manque et même avec de l’argent, Belgrade va être dépendant des alliés pour recevoir les armes, les véhicules et les avions nécessaires à la reconstitution d’une armée qui doit faire autre chose que la figuration.

Il faudra du temps, de la patience et quelques pressions/menaces pour qu’une armée yougoslave digne de ce nom soit reconstituée.

Certains militaires écœurés par les querelles pichrocolines préférons soit se porter volontaires pour des opérations en soutien de la résistance ou alors s’engager dans la Légion Etrangère. Autant le dire tout de suite les autorités françaises ne faisaient rien ni pour décourager l’engagement des yougoslaves ni pour l’encourager.

Avant de parler de la reconquête et de la libération du territoire yougoslave rappelons le contexte balkanique.

Situation militaire à la fin de la campagne de Grèce

La Campagne de Grèce s’achève en mars 1950 sur une situation ambigüe. Après la bataille du Golfe de Zanthe survenu le 17 mars, le front se fige. Les alliés contrôlent les Dodécanèse (conquis lors de l’opération CATAPULT), conservent la Crète et le Péloponnèse alors que l’Axe contrôle le reste de la Grèce continentale, l’île de Céphalonie et les Cyclades.

Les deux belligérants sont comme des boxeurs K.O groggys. Ils sont incapables de prendre le dessus, l’Axe parce qu’il à d’autres projets (invasion de l’URSS) et les alliés parce qu’ils ont pour préoccupation essentielle le front occidental.

Le front balkanique se fige. Finies les grandes opérations et place aux attaques locales pour rectifier le front en vue de l’offensive avec un grand O.

Comme jadis durant le premier conflit mondial on assiste à des duels d’artillerie. Des commandos opèrent contre des objectifs stratégiques ou simplement pour semer la discorde chez l’ennemi.

La marine et l’aviation étaient aussi de la partie pour empêcher l’ennemi de dormir au sens propre comme au sens figuré. Si les grosses unités n’attendaient que la grande bataille pour se sauter à la gorge, les unités légères _croiseurs, destroyers, torpilleurs, sous-marins, vedettes lance-torpilles_ étaient de toutes les opérations.

C’était des bombardements navals, l’attaque de convois ennemis, la pose de mines, le soutien aux opérations commandos.

Si sur le plan aérien l’Axe va longtemps disputer le ciel balkanique sur le plan naval en revanche les alliés vont être rapidement plus à leur aises, la faute à une marine italienne qui fût peu à peu paralysée dans ses ports par le manque de carburant et une prudence dictée non pas par de la couardise mais par la certitude que le remplacement des navires perdus serait impossible.

La situation change en 1952. Les alliés sont parvenus à coordonner leur action de soutien aux différents groupes de résistants et surtout la situation sur les autres fronts les autorise à engager une série d’offensives dans les Balkans. Sans que cela soit dit officiellement il s’agit comme l’écrira dans ses mémoires le général Villeneuve de «serrer la main des soviétiques le plus à l’est possible du Rhin».

Naturellement les alliés n’ont pas attendu 1952 pour dresser les plans. Ceux-ci ont évolué avec le temps, certaines options très audacieuses (débarquement en Albanie et offensive en Grèce, double débarquement dans les Pouilles et en Dalmatie) étant abandonnées au profit d’options plus sures mais également plus attendues.

C’est donc une offensive plus classique depuis la presqu’ile du Péloponèse que les alliés reprennent le combat le 21 septembre 1952 c’est l’opération ANVIL (enclume) qui a pour objectif de libérer la Grèce mais de Yougoslavie il n’est point en question.

De troupes yougoslaves non plus d’ailleurs car l’armée yougoslave reconstituée n’est pas encore prête au grand dam des alliés qui n’en peuvent plus des querelles entre serbes et croates, entre slovènes et serbes.

Dès le 15 septembre des frappes aériennes et des bombardements navals sont menés ainsi que des raids commandos notamment contre le port de Thessalonique qui est sérieusement endommagé.

Les alliés engagent de gros moyens avec tout d’abord deux armées britanniques, la 8ème Armée disposant d’un corps d’armée britannique avec deux divisions d’infanterie et une division blindée et d’un corps sud-africain à deux divisions d’infanterie alors que la 10ème Armée dispose d’un corps d’armée sud-africain (une division d’infanterie et une division blindée) et de deux corps d’armées britanniques (deux divisions d’infanterie chacun).

L’Armée Grecque de Libération dispose de trois corps d’armée à deux divisions, deux corps d’armées à deux divisions d’infanterie et un corps d’armée disposant d’une division blindée et d’une division d’infanterie.

Les combats sont âpres et violents mais le 17 décembre 1952 non sans émotion, le drapeau grec flotte à nouveau sur l’Acropole. C’est une unité para-commando appelée le bataillon sacré qui s’empara de ce lieu mythique de la culture européen et qui leva le drapeau national. Symboliquement les drapeaux britanniques, sud-africains, français et américains sont hissés un cran en dessous.

Les combats se poursuivent jusqu’à la fin de l’année mais à une échelle moindre. C’est plus que de simples opérations de nettoyage mais pas des attaques massives. C’est ainsi que la quasi-totalité du territoire grecque est libéré en février 1953. Quelques unités alliées parviennent en Albanie et en Macédoine mais sont souvent incapables de s’y maintenir.

Il faut attendre le mois de mai pour qu’enfin les alliés relancent une offensive majeure. Le 19 mai 1953, le front balkanique se soulève à nouveau. C’est le jour J de l’opération SLEDGEHAMMER, jour J qui fait suite à plusieurs jours de préparation avec des bombardements aériens, une préparation d’artillerie rapide et sur certains secteurs par des bombardements navals. Des raids commandos sont menés pour renseigner, appuyer et éliminer.

Cette opération voit enfin l’engagement de troupes yougoslaves. Aux unités déjà présentes durant l’opération Anvil vont s’ajouter celles de la 1ère Armée Yougoslave qui comprend deux corps d’armée à deux divisions d’infanterie plus une division blindée placé sous le commandement directe de l’armée.

Celle-ci est mise en avant dans les opérations et dans la propagande alliée mais sur les terrains les résultats sont médiocres.

A l’été 1953 le front suit grosso modo une ligne Durres (le port est cependant toujours sous le feu de l’artillerie allemande) centre de la Macédoine et frontière bulgaro grecque.

Comme après l’opération ANVIL, les combats qui suivent l’opération SLEDGEHAMMER vont peu à peu décroitre en intensité car d’autres fronts deviennent ou redeviennent prioritaires. C’est ainsi que la 10ème Armée britannique quitte le front balkanique pour aller relever des unités sur le front italien.

Cela réduit donc le nombre d’unités alliées sur le front mais ce n’est pas un problème outre mesure en raison de l’affaiblissement du Heeresgruppe E et de problèmes logistique qui ne permet pas de mener des offensives grande style ce qui perturbe certains officiers venus du front occidental qui doivent vite s’adapter ou disparaitre.

Le 9 novembre 1953 phase 3 de l’offensive alliée sur le front balkanique. Comme à chaque fois on l’espère décisive. C’est l’opération SWORD, une offensive qui permet la libération des derniers arpents de l’Albanie, du Monténégro et du sud de la Serbie.

Si les bulgares combattent durement et sans esprit de recul, les allemands se contentent d’échanger un peu d’espace contre beaucoup de temps. Ils mènent un combat défensif habile, alternant replis et contre-attaque brutales pour déstabiliser l’ennemi et gagner le temps nécessaire à la destruction des infrastructures. Déjà que la région était notoirement connue pour être sous-équipée en matière de routes, de ponts et autres infrastructures de transport alors avec les destructions allemandes….. .

Les grandes villes de Serbie, de Bosnie et de Croatie tombent les unes après les autres. C’est ainsi que Sarajevo tombe le 23 novembre, Split le 25, Nis le 27 mais une tentative de coup de main sur Belgrade échoue le 17 décembre 1953.

Quand nait l’année 1954 le front suite une ligne qui passe au sud de Belgrade, traverse le nord de la Bosnie et arrive jusqu’à la ville de Zadar qui est prise le 5 janvier 1954.

Ce n’est qu’une question de temps avant que le front balkanique ne craque. Le 17 janvier 1954 c’est le coup de grâce avec l’opération WELCOME/BIENVENUE, le largage de la brigade parachutiste canadienne sur Belgrade pour faciliter l’avancée des alliés et de la résistance yougoslave.

Si en Bosnie et dans le sud de la Serbie, les partisans communistes sont dominants dans la région de Belgrade ce sont les maquisards royalistes qui sont en situation de quasi-monopole. Un soulèvement des maquisards associé à des sabotages urbains et le largage des paras canucks finissent par convaincre les allemands de se replier et d’abandonner sans combats la capitale yougoslave qui est libérée le 20 janvier 1954. L’ensemble du territoire yougoslave est libéré à la fin du mois de février, deux mois avant la fin du conflit.

Après des débuts laborieux, l’Armée Yougoslave s’est clairement ressaisie. Elle était placée en pointe mais bien appuyée par les britanniques, les sud-africains et les grecs. Des partisans et des maquisards vont également remplumer des unités régulière non sans problèmes de discipline et de comportement.

Les dernières troupes ennemies capitulent officiellement en Yougoslavie le 4 mars 1954. Si les allemands sont emprisonnés dans de relatives bonnes conditions, les collaborateurs slovènes, croates, bosniens et serbes subissent une vengeance à la hauteur de la haine qu’ils ont suscitée.

Il faudra plusieurs mois pour que le gouvernement royaliste ne parvienne à rétablir un semblant d’ordre et d’autorité.

Les communistes qui ont joué un rôle crucial refusent la main tendue de Pierre II pour participer à un gouvernement commun et reprenne le chemin des maquis, se préparant à une nouvelle guerre contre les royalistes, guerre qui aboutira en 1958 au renversement de la monarchie et à la mise sur pied d’un régime qu’on appellera bientôt «national-communiste».

Dominions (47) Afrique du Sud (12)

L’Armée sud-africaine dans le second conflit mondial

Situation en septembre 1948

Quand l’Allemagne attaque la Norvège et le Danemark, la Grande-Bretagne et la France lui déclare immédiatement la guerre entraînant quasi-automatiquement l’entrée en guerre des dominions dans le camp allié.

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Dominions (39) Afrique du Sud (4)

L’Afrique du Sud dans le second conflit mondial (1948-1954)

Mobilisation

Pretoria comme Ottawa refuse la conscription très impopulaire dans les opinions anglo-saxonnes car liées aux boucheries du premier conflit mondial. Cela ne pose cependant pas de problèmes, les volontaires ne manquent pas aussi bien chez les blancs que chez ceux que les afrikaners appellent les natives ou les coloured.

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Italie (64) Regio Esercito (14)

Le Regio Esercito Italiano dans le second conflit mondial (3) Les différentes opérations

Avant-propos

Quand le second conflit mondial éclate, l’Italie est de loin le belligérant le moins bien préparé à un conflit qui s’annonce long et compliqué. Les raisons sont nombreuses, des raisons structurelles comme des choix douteux du régime fasciste qui semble avoir fini par croire sa propre propagande, une sorte d’auto-intoxication.

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Italie (48) Bases Navales (3)

Base Navale de Leros (Dodécanèse)

En guise d’historique ces quelques phrases

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Italie (16) Regia Marina (6)

La marine italienne dans le second conflit mondial : des coups d’éclat et une longue descente aux enfers

Comme nous venons de le voir, la marine italienne est sur le papier puissante mais comme nous l’avons vu les faiblesses présentes en 1939/40 n’ont pas toutes été gommées soit par manque de moyens ou par «aveuglement».

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Italie (10) Géopolitique & R.I (1)

GEOPOLITIQUE DE L’ITALIE

Réflexions géopolitiques

Si la Méditerranée n’est plus le cœur du monde depuis le 15ème siècle elle reste une zone stratégique pour le commerce, pour la circulation des hommes et des marchandises.

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