Grande-Bretagne (8) Géopolitique (3)

Et avec les alliés ? Et avec les neutres ?

France

-Avec la France, les relations ont toujours été empreintes d’une certaine méfiance. Au traité de Versailles en 1919, Lloyd George s’oppose aux prétentions de Clemenceau. Cette position continue durant les années vingt et le début des années trente.

-Faute de volonté mais de moyens, Paris est obligé de suivre Londres dans sa politique funeste d’apaisement.

-Dans les années quarante, l’arrivée au pouvoir du PSF entraine un rééquilibrage entre Paris et Londres, beaucoup de malentendus sont aplanis, une nouvelle Entente Cordiale voit le jour destinée à maintenir la paix en Europe au prix éventuel d’une guerre contre l’Allemagne.

-Coopération politique, économique et militaire intense. Le 4 juin 1947, à lieu une réunion entre le général Villeneuve, commandant en chef des armées et le général Brooke, chef d’état-major impérial. C’est une réunion préparatoire pour prévoir la guerre qui menace chaque jour davantage.

-Cette réunion ne fait que confirmer une politique plus ancienne de coopération militaire avec fourniture de renseignements et de matériels comme des chars français contre des radars et des sonars.

-L’accord de Windsor est signé le 7 juin 1947 et politiquement entériné par une visite d’Etat du président de la République Française, Paul Reynaud reçu par le premier ministre Clément Atlee et par le roi George VI.

-Cet accord prévoit une fois la guerre déclarée la mise en place d’un état major combiné franco-britannique installé au château de Vincennes avec un généralissime français ou anglais (le général Villeneuve occupant ce poste en septembre 1948) et un adjoint de l’autre nationalité.

Cet état-major devra coordonner les opérations menés en Europe mais également sur les autres théâtres d’opérations.

Les zones de coopération géographique sont clairement identifiées notamment sur le plan naval. La Grande Bretagne reçoit l’autorité sur la mer du Nord, la Manche et l’Atlantique Nord alors que la France à autorité sur le Golfe de Gascogne, la zone Antilles-Guyane, l’Océan Indien et surtout la Méditerranée.

Sur le plan naval, chaque zone est dirigée par un état-major bi-national à dominante française ou anglaise avec des officiers liaison du pays non dominant et des pays alliés, essentiellement issus des Dominions (Australie, Nouvelle Zélande, Canada, Afrique du Sud) en attendant le basculement de certains neutres (Grèce, Norvège, Turquie……). Une stratégie d’ensemble est clairement définie pour faire face à chaque adversaire.

Etats-Unis

-Relations cordiales entre Londres et Washington ce qui n’exclut pas les tensions liées notamment aux limitations des armements navals.

-Les commandes britanniques et françaises permettent d’enclencher le réarmement des Etats-Unis et de réduire le chômage, chômage qui était reparti à la hausse en 1938 en dépit des mesures interventionnistes du New Deal.

Charles Linbergh

Charles Linbergh

-Cela change à partir de 1944 avec l’élection du président Linbergh. Ce républicain farouche isolationniste refuse de se laisser entrainer dans une future guerre européenne.

Ses sympathies pour le nazisme inquiètent et le projet d’une alliance germano-américaine est redoutée dans les chancelleries même si la révélation d’un accord informel en septembre 1945 se révéla être un mensonge monté de toutes pièces par un journaliste new-yorkais, Angus Mack, journaliste en mal de notoriété.

-Les relations entre Londres et Washington deviennent un poil plus fraiches mais restent cordiales. Il faudra attendre la montée des tensions à partir du printemps 1948 pour voir le président Linbergh se rapprocher des alliés même si souhaitant sa réélection, le premier homme à avoir officiellement traverser l’Atlantique en avion doit rester prudent.

URSS

-Relations inexistantes en raison d’un très fort anti-communisme régnant parmi les élites politiques britanniques et notamment chez les conservateurs.

-La Pologne est le principal point d’achoppement, l’URSS s’étant partagé le territoire polonais avec l’Allemagne. De plus, le gouvernement britannique avait reconnu le gouvernement polonais exil qui réclamait la libération du territoire dans ses frontières de 1939.

-La dénonciation du pacte germano-soviétique en avril 1945 permet de renouer des relations a minima entre les deux pays.

-Devant la menace allemande, on étudie une coopération militaire et navale mais cela ne dépasse pas le stade des notes sans accord concret, la faute à une méfiance réciproque, la paranoïa du régime stalinien s’opposa à la crainte du bolchévisme dans les élites politiques britanniques.

Espagne et Portugal

-Intérêt commun de la France et de la Grande-Bretagne de laisser la péninsule ibérique en dehors du conflit en les dissuadant de s’allier à l’Allemagne et à l’Italie. La France s’évite l’ouverture d’un troisième front et la Grande-Bretagne rend plus facile le contrôle de la Méditerranée.

-Pressions diplomatiques associée à une aide économique pour permettre le développement du Portugal et la reconstruction d’une Espagne dévastée par une guerre de près de trois ans (juillet 1936-mars 1939).

-Des plans sont néanmoins dressés au cas où notamment la saisie des possessions coloniales de l’Espagne (Maroc espagnol, Guinée espagnole, Canaries), des îles Baléares et pour le Portugal, l’occupation des colonies africaines (Cap Vert, Guinée portugaise, Sao Tome et Principe, Angola, Mozambique) ainsi que ses possessions insulaires, Madère et les Açores.

-Des opérations contre les métropoles sont également envisagées mais vues comme compliquées en raison d’un terrain difficile et d’infrastructures ravagées (Espagne) ou quasi-inexistantes (Portugal) sans oublier le précédent historique de Napoléon qui s’englua dans une guérilla qui lui coûta cher.

Turquie

-Relations diplomatiques normales entre Londres et Ankara, pas de différents coloniaux entre les deux pays. L’action de la Grande-Bretagne en Turquie se limite à une action de propagande, diplomatique, culturelle et économique avec une aide au développement ainsi que la fourniture d’armes pour moderniser l’armée turque qui souhaite faire pièce à une URSS jugée menaçante, URSS qui fidèle à la tradition russe lorgne vers les mers chaudes.

Les autres puissances neutres

-Suisse : relations normales aucune aménité entre Londres et Berne, la neutralité de la Confédération Helvétique étant bien commode pour servir d’intermédiaire avec des pays avec qui on à pas de relations diplomatiques en bonne et due forme.

-Pays Scandinaves : Relations normales avec ces pays, puissances secondaires mais dont le positionnement stratégique est utile pour encercler l’Allemagne, la corseter. La Grande-Bretagne envisage ainsi une alliance poussée avec le Danemark et la Norvège avec le déploiement de troupes mais Oslo et Copenhague refusent de déroger à leur sacro-sainte neutralité.

En cas de menace allemande, il faudra attendre que Berlin face le premier pas avant d’envisager l’envoi de troupes, d’avions et de navires.

Quand à la Suède et à la Finlande, la première à des liens économiques très étroits avec l’Allemagne alors que la seconde envisage de prendre sa revanche sur l’URSS et pense s’appuyer davantage sur l’Allemagne que sur les alliés pour obtenir armes, conseillers militaires voir un appui sous la forme de troupes combattantes.

-Irlande : Les relations entre Dublin et Londres sont fraiches surtout depuis 1937 et l’indépendance complète de la partie sud de l’île, devenue la République d’Irlande en remplacement de l’Etat Libre d’Irlande (équivalent d’un dominion).

Elles sont d’autant plus fraiches que Dublin n’exclut pas de parvenir à la réunification de l’île en annexant les six comtés qui forment l’Irlande du Nord ou Ulster pour les loyalistes.

Si un conflit armé est exclu, cet objectif qui explique la tolérance du gouvernement irlandais vis à vis de l’IRA rend compliquées les relations entre irlandais et britanniques.

Des plans sont néanmoins dressés pour occuper le pays en cas de basculement de la verte Eirin dans le camp allemand ou en cas de menace allemande directe sur le pays, le positionnement de l’Irlande en faisant un tremplin rêvé pour mener une guerre au commerce dans l’Atlantique.

Comme ces deux menaces sont faibles voir inexistantes, ces plans ressemblent plus à des exercices de simulation (wargames) qu’à des plans de bataille en bonne et due forme.

Le plan le plus abouti (dont la publication dans le Times en 1974 provoqua une crise diplomatique entre Dublin et Londres dont les relations étaient déjà malmenées avec les Troubles en Irlande du Nord) prévoyait la saisie des ports de l’île comme Dublin, Galway et Cork, une opération aéroportée sur l’aéroport de Dublin suivit d’un raid motorisé mené depuis l’Ulster.

Inutile de préciser que la Royal Navy aurait établit un solide blocus de l’île avec ou sans le concours de la marine française.

Grande-Bretagne (7) Géopolitique (2)

Ennemis potentiels

Allemagne

-Les relations anglo-allemandes ont oscillées  entre compréhension et hostilité, une partie de l’opinion publique pousse à une alliance avec l’Allemagne mais cette idée échoue en raison de la rivalité navale opposant la Royal Navy et la Kaiserliche Marine.

-Après le premier conflit mondial, la Grande-Bretagne semble davantage préoccupée de la puissance de la France (« le problème des anglais c’est qu’ils ne savent pas que Napoléon est mort » disait Paul Cambon) que de maintenir l’Allemagne dans un état l’empêchant de nuire à ses voisins.

-Elle se montre compréhensive pour le paiement des réparations qui sont au final abandonnées. Cela précède la funeste politiquement d’Apeasement, le maintien de la paix à tout prix.

-Après la guerre de Pologne, la politique britannique se montre plus rigoureuse vis à vis de Berlin qui devient plus qu’un ennemi potentiel, un ennemi probable.

-Durant la guerre civile, Londres comme Paris comptent les points, refusant de prendre trop ouvertement parti pour l’un des triumvirs.

-La guerre civile terminée, les relations diplomatiques reprennent entre Londres et Berlin, des relations peu amènes, une sorte de guerre froide entre les deux pays, les services secrets des deux pays se livrant une guerre clandestine féroce dont on distingue mal la vigueur, beaucoup d’archives restant encore inaccessibles aux chercheurs et au grand public.

-Des plans sont dressés pour préparer une guerre jugée inévitable à moyen terme. L’envoi de forces sur le continent est acté avec un corps expéditionnaire (douze divisions, dix DIM et deux DB) plus quatre divisions placées sous commandement français. Ces forces sont à vocation offensive et défensive.

-Pour les opérations aériennes, la Royal Air Force croit dans les vertus du bombardement stratégique contre les industries voir contre les villes dans le cadre d’une stratégie de terreur.

-Pour les opérations navales, l’objectif de la Royal Navy est de contrôler la mer du Nord et si possible de bloquer les détroits danois. Des négociations pour déployer des forces au Danemark échouent devant la volonté de Copenhague de garder sa neutralité et surtout de ne pas provoquer son puissant voisin méridional. Situation équivalente avec la Norvège persuadée que comme en 1914, sa neutralité sera un bouclier suffisant.

-Des plans de mouillage de mines, de blocus et d’opérations amphibies sont dressés. Pour cette dernière catégorie, les côtes baltes sont privilégiées dans l’espoir d’atteindre Berlin le plus rapidement possible.

Devant les problèmes logistiques voir le scepticisme de ceux qui ne croient pas dans les opérations amphibies (l’exemple des Dardanelles est encore dans toutes les têtes), des plans moins ambitieux sont dressés comme un débarquement sur les côtes du Jutland où la saisie de têtes de pont sur les côtes de la mer du Nord pour faciliter la progression des forces attaquant depuis le Benelux.

Italie

-Les relations sont moins conflictuelles qu’avec l’Allemagne même si la guerre d’Ethiopie (3 octobre 1935-9 mai 1936) faillit dégénérer en un conflit entre les deux pays, le commandant Lyster proposant un raid d’avions torpilleurs sur la base italienne de Tarente.

-Rivalités coloniales avec quelques incidents sur la frontière libyo-egyptienne ainsi qu’entre la Somalie italienne et le Somaliland britannique.

-La France ayant la haute main sur les opérations en Méditerranée, la Mediterranean Fleet devra coordonner ses opérations avec celles de notre Flotte de la Méditerranée qui dispose de deux escadres (2ème escadre à Toulon, 4ème escadre à Mers-El-Kébir avec dix cuirassés _deux anciens et huit modernes_) et d’une escadre légère, la 6ème EL stationnée à Bizerte.

Des navires britanniques opéreront sous commandement français, la France ayant obtenu le commandement supérieur dans la Mare Nostrum.

-Les opérations doivent couper les lignes de communication entre l’Italie et l’Afrique Septentrionale Italienne (ASI actuelle Libye), préserver Malte puis porter les combats en Sardaigne et en Sicile voir en Italie péninsulaire.

-Sur le plan plus opérationnel, on prévoit la conquête de la Libye italienne par une attaque venue de Tunisie et une seconde venue d’Égypte. Des campagnes de mouillage de mines sont prévues pour paralyser le trafic maritime italien et gêner les mouvements de sa flotte.

Sont également prévues des opérations sous-marines massives, des raids aéro-maritimes par l’aviation navale basée à terre voir une campagne de bombardement stratégique notamment contre l’industrie italienne.

Japon

-En 1902, un traité d’alliance est signé entre la Grande-Bretagne et le Japon. Ce traité entre une puissance majeure et une puissance émergente répond au besoin d’une alliance de revers contre la Russie alors que les relations sont incertaines avec Londres (et ce jusqu’en 1907) et tendues avec Tokyo au point qu’une guerre opposera Petrograd et Tokyo en 1904-05 pour le contrôle de la Mandchourie.

-Ce traité est dénoncé en 1922. Au cours de la conférence sur la limitation des armements navals à Washington, la Grande-Bretagne sacrifie son alliance avec le Japon à son entente politique, culturelle, civilisationnelle avec les Etats-Unis obtenant la parité alors que le Japon ne peut obtenir que la dernière place sur le «podium».

-Face à la montée du nationalisme nippon et de la pression croissante de l’armée (notamment la faction issue de l’armée du Kwantung), les relations se tendent avec la Grande-Bretagne.

-Si la métropole est hors d’atteinte de l’armée et de la marine japonaise, les colonies de Singapour, de Malaisie, de Birmanie voir d’Inde sont menacées par le Japon.

-Regorgeant de ressources (pétrole, fer, caoutchouc….), ils sont indispensables pour permettre de faire fonctionner la machine de guerre nippone.

-Pas de plans offensifs mais des plans défensifs pour protéger les colonies même si comme la France, la Grande-Bretagne ne se fait pas beaucoup d’illusions sur sa capacité à défendre ses colonies comme la machine de guerre nippone.

-Outre le déploiement d’une force navale que l’on espère dissuasive (trois cuirassés et deux porte-avions), les forces armées sont rééquipées et mieux entrainées tout comme les forces aériennes avec des avions plus modernes et un entrainement plus poussé.

-Pour freiner l’avancée nippone, outre des missions d’interdiction navale et le bombardement des zones arrières comme la Chine du Nord depuis l’Indochine française ou la Thaïlande, on prévoit d’utiliser les sous-marins et les mouillages de mines.

Grande-Bretagne (6) Géopolitique (1)

GÉOPOLITIQUE

Relations avec les dominions

-La Grande-Bretagne qui possédait le premier empire colonial du monde fit toujours preuve de pragmatisme avec différents statuts dont celui de dominion, un statut à mi-chemin entre l’indépendance et la colonie.

-Les dominions sont essentiellement des colonies de peuplement blanc à savoir l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Canada et l’Afrique du Sud mais également Terre-Neuve et l’Etat libre d’Irlande.

-Indépendants en pratique, ces états étaient corsetés par une série de disposition permettant à Londres de s’ingérer dans leurs affaires intérieures.

-Ces dispositions deviennent caduques suite à la déclaration Balfour de 1926 puis au statut de Westminster en 1931 qui marque la naissance officielle du Commonwealth of Nations, établi comme une association d’États indépendants et souverains, « librement associés » et égaux, dont l’adhésion reposait sur une allégeance commune à la couronne britannique.

-En 1934, Terre-Neuve redevient une colonie dirigée par Londres avant de devenir en 1948, peu avant le conflit, une nouvelle province du Canada, premier dominion créé en 1867, le roi George VI étant représenté par un gouverneur général.

-Trois ans plus tard, en 1937, l’Etat Libre d’Irlande devient suite à un référendum la République d’Irlande, cessant tout relation d’allégeance à la couronne britannique, adoptant une posture neutraliste.

-Sur le plan des relations entre Londres et ses dominions, elles sont ambiguës, certains dominions notamment l’Australie menacée par le bellicisme japonais doutant de la volonté de Londres de défendre ses anciennes colonies.

-Cela impose à Londres de muscler son dispositif en Asie du Sud-Est avec la modernisation de la base navale de Singapour et l’aménagement d’une base tactique à Kuching sur l’île de Borneo qui relaie une base implantée à Alor Setar. Les moyens navals sont renforcés, trois cuirassés et deux porte-avions d’escadre sont déployés pour dissuader le Japon.

-Ce renforcement des positions en Asie du Sud-Est est commun à toutes les puissances coloniales de la région qu’il s’agisse des Etats-Unis aux Philippines (indépendantes en mars 1945), des Pays-Bas aux Indes Néerlandaises et de la France en Indochine.

-Ce renforcement concerne également la Royal Air Force (qui va déployer des bombardiers lourds en Extrême-Orient) et la Royal Army.

Si pour cette dernière relativement peu de troupes métropolitaines rejoignent Singapour, la Malaisie, l’Inde ou la Birmanie, les troupes de recrutement local sont nettement mieux formées et équipées. Ils vont former le socle des futures armées de l’indépendance promise à moyen terme.

Grande-Bretagne (5) Politique (5)

La Pax Armada (1940-1948)

-La fin prématurée de la guerre de Pologne semble valider la politique d’apeasement mais en réalité si le conflit s’est terminé c’est par un élément extérieur à l’action politique de la Grande-Bretagne.

-Neville Chamberlain contesté démissionne le 14 mars 1940, lassé, usé et en proie à la maladie qui l’emportera quelques mois plus tard. Pour lui succéder, le roi George VI fait appel à un homme à poigne, le premier lord de l’Amirauté, Winston Churchill.

George VI en grande tenue de Field Marshal

George VI en grande tenue de Field Marshal

-Ce dernier est partisan d’une reprise de la guerre contre l’Allemagne pour dit-il libérer la Pologne de la tyrannie nazie et de la tyrannie communiste.

-Ce projet est contré par les conservateurs comme par les libéraux et les travaillistes. A plusieurs reprises, des votes de confiance menace de le renverser mais faute de candidat de consensus, le «Bouledogue» reste Prime Minister.

-Aux élections générales de septembre 1940, les conservateurs emportent la majorité des sièges, le programme de Churchill conciliant un réarmement jugé nécessaire par les plus lucides mais une attitude ferme mais réaliste vis à vis de l’Allemagne.

-Churchill reste donc premier ministre. Il accentue le réarmement de la Grande-Bretagne et se rapproche de la France, les rapports Paris et Londres devenant plus équilibrés voir à l’avantage de Paris. Le temps où la France était la remorque de sa « gouvernante anglaise » est bel et bien révolu.

-En dépit d’un bilan flatteur, en septembre 1944, les travaillistes l’emportent, une majorité relative qui leur impose une alliance avec les libéraux. Clément Atlee devient premier ministre.

Clement Atlee

Clement Atlee

-Son alliance avec le « Centre » lui impose un certain nombre de contraintes insupportables pour une partie du parti travailliste qui fait scission en mars 1946, fondant l’Independant Labour Party qui ambitionne de dépasser le Labour mais cette créature chétive va se perdre dans des querelles intestines jusqu’à s’auto-dissoudre en septembre 1947.

-Alors que les tensions s’accumulent en Europe, les travaillistes décident avec l’accord du roi George VI de provoquer des élections anticipées au printemps 1948. Alors que la guerre menace chaque jour un peu plus, les travaillistes proposent un programme social très généreux à l’opposé des conservateurs et de l’inusable Winston Churchill.

-A la surprise de beaucoup d’observateurs, ce sont les conservateurs qui l’emportent, les Tories ayant joué sur le contexte international et sur les ambiguïtés du projet économique du Labour.

Winston Churchill redevient premier ministre, un homme à poigne idéal pour les contextes troublés.

-Dès le mois d’août, la Grande-Bretagne accélère ses préparatifs en liaison avec la France, préparant l’envoi sur le continent d’un corps expéditionnaire, envoi facilité par la présence d’une division britannique (1st Infantry Division) à Lille, division qui va préparer les logements, les zones d’entrainement pour les divisions du nouveau BEF.

-Dans les airs, le Fighter Command montre une garde vigilante, les avions du Bomber Command et du Coastal Command se préparant à frapper les ports et la navigation allemande.

-Quand à la Royal Navy, elle regroupe ses forces à Rosyth,Chatham et et Scapa Flow, rêvant d’une nouvelle bataille du Jutland, en espérant anéantir d’un seul coup la Kriegsmarine.

Grande-Bretagne (4) Politique (4)

Une abdication et la politique «d’apeasement» (1936-1940)

-Comme les opinions publiques des autres pays européens, l’opinion publique britannique est traumatisée par le premier conflit mondial qui plus que jamais doit être la «Der des Der»

-Aussi quand les nazis arrivent au pouvoir et commencer à montrer leurs muscles, les différents gouvernements britanniques préfèrent jouer l’apaisement plutôt que de risquer une épreuve de force qui risquerait de conduire l’Europe à un nouveau conflit dramatique.

-Dès 1935, un accord naval anglo-allemand est signé, validant le réarmement de la marine allemande à un niveau qui ne peut menacer la supériorité britannique mais qui pourrait à terme poser des problèmes.

-Les clauses du traité de Versailles sont dénoncées les unes après les autres par Hitler mais le gouvernement britannique se contente de protestations verbales vues par les allemands comme autant de preuves de faiblesse. C’est la tristement célèbre politiquement de l’apeasement incarnée par le premier ministre Neville Chamberlain.

-En août 1938, seulement six mois après l’Anschluss, l’Allemagne jette son regard menaçant sur la région des Sudètes, l’ouest de la Tchécoslovaquie, une région peuplée d’une importante minorité de langue allemande qui n’avait jamais appartenu à l’Allemagne mais qui jusqu’en 1918 était sous souveraineté austro-hongroise.

-La guerre semble proche mais est évitée par une nouvelle reculade de Paris et de Londres qui au mépris d’accords avec Prague participe à un premier dépeçage.

Edouard Daladier en 1924

Edouard Daladier en 1924

Si Daladier semble sans illusions («Les cons si ils savaient» à la foule l’acclamant à son retour au Bourget), Chamberlain prétend avoir «amené la paix pour notre temps» ce qui lui vaut cette saillie sarcastique de Churchill «Vous aviez le choix entre le déshonneur et la guerre, vous aurez le déshonneur et vous aurez la guerre» ce qui se produit un an plus tard avec la guerre de Pologne.

-Ce conflit se termine brutalement par l’assassinat d’Hitler le 9 novembre 1939, le conflit se terminant officiellement le 15 décembre 1939 quand le vieux kaiser Guillaume II rappelé d’exil par le triumvirat Himmler-Goering-Borman annonce la fin du conflit.

Martin Borman

Martin Borman

-Reste à régler le sort de la Pologne partagée au titre du pacte germano-soviétique entre Berlin et Moscou.

-L’ancien Kaiser propose la réunion d’une conférence internationale à Coblence pour décider du sort final de la patrie de Chopin.

-Cette conférence organisée du 27 au 30 décembre 1939 fût une conférence pour la forme car avant toute discussion sérieuse sur les frontières ou d’éventuelles réparations, les alliés exigent l’évacuation du territoire polonais de toutes les forces étrangères, le maintien de l’ordre devant être assuré par une force internationale composée de soldats espagnols, irlandais, argentins et suédois.

-Suite à l’échec de cette conférence, Paris et Londres reconnaissent officiellement le gouvernement polonais en exil, gouvernement installé à Nantes.

Grande-Bretagne (2) Politique (1)

HISTOIRE POLITIQUE DE LA GRANDE-BRETAGNE

La marche à la guerre et le premier conflit mondial

Victoria de Grande-Bretagne régna de 1837 à 1901

Victoria de Grande-Bretagne régna de 1837 à 1901

-La mort de la reine Victoria le 22 janvier 1901 marque la fin d’une époque. Avec un règne de soixante-trois ans, beaucoup d’anglais n’ont connue qu’elle comme souverain, son fils Edouard lui succède sous le nom d’Edouard VII à l’age avancé de cinquante-neuf ans.

Edouard VII Roi de Grande-Bretagne et d'Irlande de 1901 à 1910

Edouard VII Roi de Grande-Bretagne et d’Irlande de 1901 à 1910 ici représenté dans sa tenue de couronnement

-L’entrée dans le vingtième siècle est marqué par un grand optimisme. Les nouvelles inventions, la puissance de la Grande-Bretagne à son zénith (Britannia Rules the wave) incite les sujets de Sa Gracieuse Majesté à espérer un avenir radieux.

Britannia rules the wave

Britannia rules the wave

-Sur le plan de la politique intérieure, la démocratisation se poursuit. En 1900, le parti travailliste (Labour Party) est formé annonçant un prochain bouleversement du bipartisme réglée depuis près d’un demi-siècle entre conservateurs et libéraux, entre tories et whigs.

-En 1911, la chambre des Lords refuse de voter le budget. Une véritable crise politique aboutit au Parliament Act qui réduit considérablement les pouvoirs de la chambre haute au profit des Communes, la chambre basse du parlement britannique.

-Les Tories sont au pouvoir de 1902 à 1905 avant de céder la place aux libéraux qui vont conserver le pouvoir de 1905 à 1922.

-Le début du vingtième siècle est marqué en Europe par une série de crises qui auraient pu déboucher sur un conflit majeur bien avant la première guerre mondiale.

-La crise de Tanger en 1905 et d’Agadir en 1911 permet de mettre à l’épreuve l’Entente Cordiale entre la Grande-Bretagne et la France. Plus qu’un accord d’alliance en bonne et due forme, il s’agit d’une série d’accords qui aplanissent des différents coloniaux entre les deux pays.

-Un accord similaire est passé entre la Grande-Bretagne et la Russie en 1907 ce qui consolide un véritable système d’alliance, la Triple Entente entre la France, la Russie _liés par un accord en 1893_ et donc la Grande-Bretagne.

-Cette alliance qui paraît naturelle aujourd’hui ne l’était pas forcément sur le papier, une partie de l’opinion britannique aurait souhaite une alliance avec l’Allemagne dirigée par un petit-fils de la reine Victoria, Guillaume II. Les ambitions coloniales et navales de Berlin ont tué dans l’œuf toute tentative de rapprochement.

-Le 6 mai 1910 après neuf ans de règne, Edouard VII meurt. Son fils cadet lui succède sous le nom de George V. Débute un règne de vingt-six ans.

George V régna de 1910 à 1936

George V régna de 1910 à 1936

-Les différentes alliances mais également la menace allemande sur Anvers entraine la Grande-Bretagne dans le premier conflit mondial. Une guerre censée être fraiche et joyeuse mais qui va devenir une immonde boucherie.

-Le volontariat est d’abord privilégié mais en 1916 devant les besoins colossaux, la conscription est mise sur pied sur toute le territoire du Royaume Uni à l’exception de l’Irlande probablement pour éviter une explosion dans un pays secoué par un mouvement indépendantiste, l’IRA qui réclame l’indépendance de l’Irlande, chose à laquelle s’oppose Londres et les loyalistes, les irlandais de confession protestante. Une insurrection à Dublin à Pâques 1916, montre l’urgence de régler la question irlandaise.

-Le 17 juillet 1917 par une proclamation royale, George V décide de changer le nom de la dynastie de Saxe-Cobourg-Gotha en Windsor, les membres de la famille royale britannique renonçant à leurs titres et possessions allemandes, une façon d’apaiser les critiques des patriotes et des nationalistes britanniques.

-Au printemps 1918, la conscription est étendue à l’Irlande en dépit du fait que de nombreux volontaires s’étaient engagés spontanément dans les régiments irlandais, subissant des pertes sérieuses (ce qui explique que les insurgés de Pâques 1916 furent très mal vus à l’époque et considérés comme des traitres). Cette décision bien que non appliquée entraine une grève générale le 23 avril 1918.

-La Grande-Bretagne termine le conflit épuisée avec près d’un million de morts. Ce conflit marque la fin d’une époque. Le déclin du pays s’accentue notamment sur le plan naval où l’orgueilleuse Home Fleet ne va pas tarder à être déclassée par les marines américaines et japonaises.

-Outre les pertes humaines, il y à les pertes économiques et financières, la Grande-Bretagne jusqu’au conflit créditeur du monde devint débiteur notamment vis à vis des Etats-Unis, les intérêts représentant l’équivalent de 40% du budget national.

De plus l’apport des dominions en hommes et en matériel changea les rapports entre l’Australie, la Nouvelle-Zélande et le Canada ainsi qu’avec ses colonies, aboutissant en 1931 à la création du Commonwealth avec des apports plus équilibrés entre Londres, ses anciennes colonies et ses colonies.

Cartes des Empires Coloniaux en 1914

Cartes des Empires Coloniaux en 1914

L’Empire britannique d’ailleurs s’agrandit sous la forme de mandats sur d’anciennes colonies turques et allemandes (Palestine, Transjordanie une partie de Cameroun et du Togo, le Tanganyika).