Arrière plan politique et culturel (4)

D-Janus géopolitique : France contre Allemagne 1940-48

 

Ce titre de l’ouvrage de référence de Fabrice d’Almeida caractérise parfaitement la situation de la France et de l’Allemagne qui entre la fin de la guerre de Pologne et le début du second conflit mondial, entre le 15 décembre 1939 et le 5 septembre 1948 connaissent des trajectoires diametralement opposés, deux courbes qui se croisent.

En septembre 1939, l’Allemagne d’Adolf Hitler semble invincible, volant de succès en succès, profitant de la faiblesse de démocraties parlementaires en crise. La guerre qui éclate semble devoir trancher dans le vif entre la prédominance de la démocratie ou le triomphe définitif du modèle autoritaire qui domine déjà en Europe centrale et orientale.

 Or non seulement la guerre de Pologne ne résout rien mais l’attentat de la Brasserie du 9 novembre 1939 semble provoquer un renversement complet de la situation, comme si l’Allemagne et la France étaient un Janus, deux faces d’une même chose.

L’Allemagne s’enfonce dans la médiocrité puis dans la guerre civile perdant quatre à cinq années dans sa préparation à la guerre alors que la France elle mène un réarmement massif, redevenant la première armée d’Europe, l’une des mieux équipées et des mieux préparées au conflit qui s’annonce.

Sure de sa force, la France du PSF, la France de la Révolution Nationale peut se permettre une politique extérieure ambitieuse en Europe comme dans le reste du monde.

Lavant la honte de Munich, elle relance la Petite Entente avec la Grèce et la Yougoslavie mais échoue à faire de même avec la Hongrie alors que la Roumanie et la Turquie semble mener un double-jeu, menant une politique de bascule entre Paris et Berlin.

Sur le plan colonial, elle maintient fermement et férocement son autorité, réprimant dans le sang les révoltes des colonisés mais prépare déjà à pas feutré une évolution de l’Empire en s’inspirant sans se l’avouer du Commonwealth.

Ce projet d’Union Française voit la suppression du travail forcé et du code de l’indigenat. L’émergence d’élites indigènes est encouragée, des assemblées consultatives préparant toute une génération de politiciens africains à la vie politique et parlementaire.

La citoyenneté française est accordé à de nombreuses familles et pas simplement au compte-goutte  mais c’est encore trop pour certains colons ou pour les pied-noirs d’Algérie qui s’opposent avec succès à la réforme Jeanneney (meilleur représentation politique de la population musulmane, citoyenneté française pour certains musulmans d’Algérie) en 1946 en bloquant les ports d’Algérie.

Cet affrontement franco-allemand n’est pas simplement politique, il est aussi sportif et culturel avec d’un côté la Propaganda Staffel et de l’autre l’Office Français de la Propagance Extérieure (OFPE) créé en juin 1942 pour coordonner la guerre psychologique face à l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste.

Jean Zay

A sa tête, un ancien socialiste rallié au PSF, Jean Zay. Ce choix est tout sauf innocent. Brillant administrateur, il est surtout l’auteur d’un pamphlet intitulé «De la propagande de Goebbels» publié en novembre 1940 et qui démonte les techniques du maitre es-propagande du IIIème Reich à tel point que dans son journal, à la date du 5 décembre, Joseph Goebbels écrit :

Joseph Goebbels

Aujourd’hui, la valise diplomatique de notre ambassade à Paris nous à transmis un livre du juif Jean Zay sur mon oeuvre, mon travail. Je dois l’avouer que pour un juif, il ne manque pas d’intelligence. Redoutable est cet homme, le plus dangereux pour notre action de propagande. Je frémis à l’idée de ne trouver une parade à son action destructrice.

Cet ouvrage passe quasi-inaperçu parmi le grand public mais n’échappe pas au chef du PSF, le colonel François de La Rocque qui reçoit longuement celui qui est encore membre de la SFIO à l’époque.

A la suite de plusieurs entrevues, déçu par la SFIO, il se rapproche du PSF au point d’adhérer en mars 1941, suscitant la haine de ses anciens camarades de parti. A Guy Mollet qui lui reproche d’avoir abandonné ses convictions, il répond.

 Je n’ai pas abandonné mes convictions de liberté, de démocratie et de justice sociale. Je suis persuadé que le PSF est le seul parti à pouvoir sauver la France d’un nouveau conflit mondial et régénérer ce pays.

Quand est créé l’OFPE chargé de coordonner l’action d’influence à l’étranger en Europe et dans le Monde, le président Tardieu et le président du conseil Paul Reynaud pensent à lui.

L’ancien ministre de l’Instruction Publique du Front Populaire hésite puis finit par accepter, déployant à sa tête une énergie et un enthousiasme communicatif, faisant enrager Goebbels qui ira jusqu’à demander à l’Abwehr de le faire assassiner .

On ignore cependant encore aujourd’hui si l’Abwehr est bien à l’origine de l’attentat manqué contre le directeur de l’OPFE à Berne le 4 mai 1947 (voiture piégée, quatre morts dont le chauffeur de Jean Zay, ce dernier n’étant que légèrement blessé), les archives du service longtemps dirigé par l’amiral Canaris ayant disparu dans la confusion de la fin du conflit si archives il y eut.

L’action de l’OPFE est aussi variée que le financement de missions archéologique en Grèce et au Moyen Orient, la délivrance de bourses pour des étudiants européens brillants, l’organisation de tournées d’artistes et d’intellectuels français, d’expositions, tout pour favoriser le rayonnement de la France.

André Malraux, premier ministre de la Culture

Ce rayonnement passe aussi par le développement d’une politique culturelle nationale ambitieuse avec la création en mars 1942 d’un Ministère de la Culture confié à André Malraux.

L’auteur de la Condition Humaine, qui s’engagea aux côtés des républicains durant la guerre d’Espagne mène une politique active en liaison avec Jean Zay, leurs politiques formant deux faces d’une même pièce.

L’accès aux musées est favorisé au profit du plus grand nombre tout comme l’accès aux bibliothèques publiques. Des commandes publiques favorisent l’épanouissement de sculpteurs, de peintres et d’architectes français.

C’est cependant dans le domaine du cinéma que l’action du ministre est la plus marquante. Il encourage la mise sur pied d’un Festival International du Film qui connait sa première édition à Cannes en 1943 après une première tentative avortée en 1939.

Les studios de la Victorine à Nice et ceux des Roches-Noires près d’Alger n’ont rien à envier avec les Studios de la Cinecitta à Rome, ceux de Pinewood en Angleterre ou ceux de Babelsberg à Berlin et permettent la réalisation de nombreux chefs d’oeuvres du cinéma français comme l’Assassin habite au 21 d’Henri George Clouzot  mais également d’actualités cinématographiques.

Le 17 septembre 1945 sort au cinéma Napoléon le Grand, une fresque épique de 4H30 retraçant l’histoire de Napoléon Bonaparte et de Napoléon 1er. Les scènes de bataille voit l’engagement en costumes d’époque de 25000 figurants, essentiellement des soldats de l’armée française.

Abel Gance

Réalisé par Abel Gance déjà auteur d’une fresque épique en 1927, il répond au Das König de Friedrich von Wilhelm consacré à Frederic le Grand et sorti début 1943.

Ce film consacré au vainqueur d’Austerlitz sort aux Etats-Unis en pleine guerre en 1952. Dans un cinéma de Cincinatti, un petit garçon de six ans assiste fasciné à cette saga épique, un petit garçon appelé Steven Spielberg.

Bien plus tard, le réalisateur de Rencontre du troisième type confiera avoir voulu devenir réalisateur en admirant cette fresque épique. Il travaillera d’ailleurs sur un biopic consacré à Napoléon avant d’estimer que cela serait un crime contre les chefs d’oeuvre de M. Gance qu’il rencontra en 1976, cinq ans avant la mort de ce dernier.

Le contexte politique agité explique qu’à partir de 1945, de nombreux films historiques sortent sur les écrans français, des films dont les thèmes sont puisés dans les batailles de la Révolution française mais également de la Renaissance.

Étrangement, le Moyen Age n’est guère mis en valeur et si un film est consacré à Marignan, on cherchera vainement un film sur Crecy et Azincourt.

La France baigne alors dans une ambiance d’un patriotisme échevelée, d’un nationalisme brûlant et brillant au grand dam des internationalistes du PCF ou des pacifistes qui rêvent des États-Unis d’Europe.

Un événement symbolise le mieux cette ambiance : les funérailles nationales du maréchal Pétain décédé à l’âge de 90 ans le 7 mai 1946.

Dès l’origine, le président Reynaud décide de faire de cet événement tragique un moment de communion patriotique et nationaliste.

Les archives démontreront que dès le premier AVC du vainqueur de Verdun en janvier, le président Reynaud avait demandé à André Malraux de préparer quelque chose de «grand, de beau, à la auteur de ce grand homme».

En dépit des réserves de sa veuve, décision est prise de l’enterrer à l’ossuaire de Douamont au milieu des poilus morts pour la France comme il l’à souhaité.

Une récente biographie consacré à Eugénie Pétain révèle les dessous moins glorieux de ces réserve. Point de crainte d’instrumentalisation et de récupération politique mais la jalousie possessive d’une vieille femme acariâtre et profondément méchante comme l’avouera à la fin de sa vie son confesseur.

La cérémonie à lieu le 17 mai 1946 avec un office religieux à Notre Dame de Paris, une cérémonie flamboyante suivit d’une prise d’armes dans la cours des Invalides où les drapeaux des régiments ayant participé à la bataille de Verdun s’inclinent devant le cercueil du grand homme qu’il s’agisse des régiments dissous ou des régiments encore en activité.

Le cercueil est ensuite transféré à l’aérodrome de Villacoublay où le cercueil est embarqué à bord d’un Amiot 370 de transport direction l’aérodrome de Bar-le-Duc où il arrive en début de soirée. Le cercueil est monté sur une allonge d’artillerie et tractée par seize chevaux.

En pleine nuit, le cercueil va parcourir en six heures les 56km de la Voie Sacrée au milieu de flambeaux portés par des anciens combattants de cette terrible bataille de dix mois. A Verdun, le cercueil porté par douze pupilles de la nation, fils de soldats morts à Verdun et déposé dans la cathédrale Notre-Dame.

L’ossuaire de Douaumont où repose encore aujourd’hui le maréchal Pétain

Les 18 et 19 mai, le public se recueille une dernière fois sur le cercueil du vainqueur de Verdun qui est ensuite transféré à l’ossuaire de Douaumont au milieu des hommes qui ont combattu pour lui et contre lui puisque des soldats allemands y reposent également.

Jean Borotra alors joueur émérite de Tennis

Le sport joue également un rôle clé dans le relèvement voulu par le PSF dans la cadre de la Révolution Nationale. Faisant fi des accusations de cryptocommuniste ou de crypto-fascisme, le ministre des sports Jean Borotra développe l’enseignement du sport à l’école dans le but évident de préparer la jeunesse de France à un conflit qui devient chaque jour de moins en moins imprévisible.

Le sport professionnel n’échappe pas à cette attention. En dépit des préventions de certains attachés à l’amateurisme, la loi d’orientation sur le sport votée par la Chambre des Députés le 15 mars 1942 favorise le développement du football, la division I à seize clubs bénéficie des largesses des grandes entreprises encouragées à soutenir ces clubs.

Marcel Saupin (1872-1963)

L’Etat et les municipalités favorisent les fusions et l’émergence de clubs professionnels comme le F.C Nantes créé en septembre 1943 et qui sans la suspension du championnat décidée en août 1948 aurait entamé la saison 1948-49 en D1.

Il faudra attendre 1955-56 et le retour d’un championnat digne de ce nom (durant le conflit, des poules régionales ont été organisées pour pallier à la désorganisation des transports) pour le club entame sous la direction de José Arribas sa carrière en D1.

 Des infrastructures modernes sont également construites, des stades dignes des meilleures réalisations étrangères.

Quatre ans après le mondial en France, le monde du football se retrouve au Brésil pour le quatrième mondial. Seize équipes y participent avec onze pays européens (Italie France Suède Roumanie Suisse Allemagne Hongrie Pays-Bas Norvège Belgique Yougoslavie), trois pays sud-américains (Brésil Argentine Uruguay) et deux pays asiatiques (Indes Néerlandaises Japon).

Ces seize pays sont répartis entre quatre poules de quatre équipes. La France se retrouve dans le groupe B avec l’Allemagne, la Belgique et les Indes Néérlandaises. Si le match contre la future Indonésie est une formalité (9-0), les deux matchs suivants sont plus compliqués avec un nul contre la Belgique (1-1) et une défaite contre l’Allemagne (2-1). Résultat : la France est éliminée au premier tour.

Cette défaite est vue comme une humiliation et pour le mondial 1946 en Angleterre, la FFF reçoit l’ordre de mettre le paquet pour permettre à la France d’aligner en Angleterre une équipe compétitive.

Seize pays vont y participer : dix pays européens (Angleterre Ecosse France Italie Suède Roumanie Allemagne Pays Bas Belgique Yougoslavie), quatre pays sud-américains (Brésil Argentine Uruguay Chili) un pays d’Amérique du Nord (Etats Unis) et un pays d’Asie (Japon).

La France se retrouve dans le Groupe C en compagnie de l’Argentine, des Etats-Unis et des Pays Bas, un groupe à sa portée. Elle fait match nul contre l’Argentine à Wembley (1-1), l’emporte contre les Pays Bas à Old Trafford (3-1) puis contre les Etats Unis à Goodison Park à Liverpool (2-0).

Qualifié pour les quarts de finale, elle affronte l’Italie qu’elle défait 2-1 et tombe en demi-finale contre l’Ecosse. Le XI du chardon l’emporte 2-1 en prolongations à Wembley avant d’être battu par la Brésil en finale.

La coupe du monde 1950 devait avoir lieu en Argentine mais entre-temps, le conflit à éclaté ce qui annula cette sixième édition ainsi que la septième prévue en Allemagne en 1954.

Le sport c’est aussi les jeux olympiques. Trois olympiades ont encore lieu avant le déclenchement du second conflit mondial.

Pour les jeux d’été, les JO de 1940 ont lieu à Helsinki en remplacement de Tokyo initialement prévu mais qui avait été sanctionné pour avoir envahit la Chine en 1937. Dans la capitale finlandaise, la France va s’illustrer remportant 23 médailles (8 d’or, 9 d’argent et 6 de bronze) soit quatre de plus par rapport à Berlin quatre ans plus tôt.

Ceux de 1944 sont organisés à Londres comme en 1908. Cette fois la France est moins à la fête avec seulement 16 médailles (5 en or, 7 d’argent et 4 de bronze) mais elle va rectifier le tir à Rome en 1948 avec 27 médailles (10 d’or, 8 d’argent et 9 de bronze). Les jeux de 1952 prévus à New York sont annulés mais la «Big Apple» obtiendra ceux de 1956.

En ce qui concerne les jeux d’hiver, ceux de 1940 ont été organisés à Garmisch-Partenkirschen comme en 1936 mais cela s’explique par le retrait de l’organisation attribuée à Sapporo en raison de l’invasion de la Chine par le Japon.

Ceux de 1944 ont lieu à Cortina d’Ampezzo et ceux de 1948 ont lieu à Saint Moritz. Ceux de 1952 devaient avoir lieu à Oslo mais ils sont annulés par le second conflit mondial mais la capitale norvégienne obtiendra ceux de 1956.

Arrière plan politique et culturel (3)

C-Réforme constitutionnelle et marche à la guerre (1940-1948)

 La campagne électorale au délà du traditionnel clivage droite/gauche avait généralement opposé les pacifistes partisan d’un accord avec l’Allemagne pour rétablir définitivement la paix (quitte à sacrifier la Pologne) et les bellicistes conscient que la paix est encore fragile et que tout ou tard, la France et l’Allemagne devront s’affronter pour la troisième fois en moins d’un siècle après 1870 et 1914.

La victoire du PSF marque le triomphe des bellicistes. Certes, les hommes du colonel de La Rocque ne sont pas prêts à chercher la guerre à tout prix (beaucoup de cadres dirigeants et même les simples militants sont d’anciens combattants encore traumatisés par la boucherie de 14-18) mais ils sont lucides : la question n’est pas de savoir si la guerre éclatera mais quand.

 

André Tardieu

Bien que le Parti Social Français (PSF) soit le premier parti à la Chambre, c’est un membre du Centre Républicain, André Tardieu qui est investit Président du Conseil par 470 voix contre 137.

Partisan d’un renforcement du pouvoir exécutif, il propose aux chambres une modification des lois constitutionnelles de 1875 qui prévoit un renforcement du pouvoir exécutif, l’établissement du référendum et le rétablissement de la pratique de la dissolution pour aboutir à une Chambre plus docile.

 

Albert Lebrun

Ce projet est violement combattu par la gauche et même par le président Lebrun réélu en mai 1939 pour un nouveau mandat de sept ans soit jusqu’en avril 1946.

Le président du conseil passe outre et suite un vote des deux assemblées, organise le 22 septembre 1940 un référendum consultatif. La question est la suivante «Approuvez vous la réforme constitutionnelle proposée ce jour ?».

La participation est élevée (86%) et le oui l’emporte largement avec 57% des voix contre 43% pour le non. Les résultats conduisent le président Lebrun à démissionner (25 septembre 1940). C’est le président du Sénat, Jules Jeanneney qui assure l’intérim.

La réforme constitutionnelle est validée par une loi organique votée le 7 octobre 1940. Le président de la République reste élu pour sept ans mais par un collège électoral élargi avec les députés, les sénateurs, les conseillers généraux et des représentants des conseils municipaux soit environ 75000 personnes. Il nomme le président du conseil qui bénéficie de pouvoirs élargis par rapport à la Chambre des Députés, l’investiture devenant pour ainsi dire facultative.

Le président sur proposition du Président du Conseil peut dissoudre la Chambre des Députés et peut consulter le peuple par référendum sur des questions d’intérêt national. On assiste au début de la décentralisation avec le regroupement des départements en provinces.

Ces dernières sont des regroupements de départements. Ces derniers continuent d’exister mais leurs pouvoirs sont assez limités, la majorité des pouvoirs appartient au préfet de région, nommé par Paris sous réserve de l’accord d’une Assemblée Provinciale élue au suffrage indirect (grands électeurs seulement à savoir des maires, des députés et des conseillers généraux).

 

départements et provinces de France

C’est une loi du 15 novembre 1940 qui trace le contours des dix-sept provinces métropolitaines :

-Province de Bretagne (Nantes) : Loire Inférieure (Atlantique à partir de 1944), Ile et Vilaine, Morbihan, Côtes du Nord et Finistère

-Province du Poitou (Poitiers) : Vendée, Charentes et Charentes-Maritime, Deux Sèvres, Vienne et Haute Vienne

-Province d’Aquitaine (Bordeaux) : Gironde, Dordogne, Lot et Garonne, Landes et Pyrénnées-Atlantique

-Province d’Occitanie (Toulouse) : Lot Aveyron Tarn et Garonne, Tarn, Gers, Haute-Garonne, Hautes-Pyrennées et Ariège.

-Province du Languedoc (Montpelier) : Pyrenées orientales, Lozère, Hérault, Gard et Aude

-Province de Provence (Marseille) : Corse, Bouches du Rhône, Var, Alpes Maritimes, Vaucluse, Hautes Alpes Alpes de Haute Provence

-Province Alpine (Grenoble) : Isère, Ain, la Savoie et la Haute Savoie

-Province de Bourgogne (Dijon) : Yonne, Nièvre, Côte d’Or, Saône et Loire, Jura et Doubs

-Province d’Alsace (Strasbourg) : Haut-Rhin, Bas-Rhin et Territoire de Belfort

-Province de Lorraine (Metz) : Meuse, Meurthe et Moselle, Moselle, Vosges

-Province de Champagne (Chalons sur Marne) : Ardennes, Marne, Aube et Haute Marne

-Province de Flandre-Picardie (Lille) : Nord, Pas de Calais, Somme, Aisne, Oise

-Province d’Ile de France (Paris) : Seine, Seine et Oise et Seine et Marne

-Province de Normandie (Rouen) Seine Inférieure (Maritime à partir de 1944), Eure, Eure et Loire, Orne, Manche et Calvados

-Province du Val de Loire (Tours) Mayenne, Sarthe, Loir et Cher, Loiret, Indre, Indre et Loire, Cher, Maine et Loire

-Province d’Auvergne (Clermont-Ferrand) : Creuse, Allier, Puy de Dôme, Corrèze, Cantal Haute-Loire

-Province du val de Rhône (Lyon) : Loire, Rhône, Ardèche et Drôme

En ce qui concerne l’Algérie, aucun changement, elle est toujours divisée en cinq départements : Alger, Oran, Constantine, Bône et les Territoires du Sud, chaque département dirigé par un préfet qui est subordonné au gouverneur général installé à Alger. Aucun changement non plus concernant les Antilles, l’AEF et l’AOF jusqu’en 1945 quand les Antilles et la Réunion reçoivent le statut de généralité à mi-chemin entre le département et la province.

Les élections présidentielles selon la loi du 7 octobre 1940 ont lieu comme prévu soixante jours après le vote de la loi soit le 5 janvier 1941. André Tardieu est élu avec 41000 voix contre 25700 pour le radical Camille Chautemps et 8300 voix pour Maurice Thorez, le candidat uni de la gauche.

 

Paul Reynaud

Le nouveau président nomme à la Présidence du Conseil, Paul Reynaud qui occupait le poste de ministre des Finances dans le gouvernement sortant.

C’est donc un changement dans la continuité dans la politique générale avec le sacrifice du sacro-saint équilibre budgétaire et une politique de réarmement massif, promettant que «les sacrifices des français ne seront pas vains, les français bénéficieront une fois la paix revenue,des fruits de la Révolution Nationale» (discours d’investiture du président du conseil le 12 janvier 1941)

La durée hebdomadaire du travail est donc portée à 48h, la loi des 40h étant abrogée, l’industrie d’armement et de la construction navale bénéficie même d’une dérogation pour permettre aux ouvriers de travailler 60h par semaine.

Le 5 juin 1941, Guillaume II décède à Berlin après dix-huit mois de pouvoir, un «pouvoir» très limité puisque la réalité du pouvoir appartenait au Triumvirat Borman-Himmler-Goering qui reste au pouvoir avec le Kronprinz comme nouvelle marionnette.

Cette mort ne rassure guère les chancelleries occidentales qui voyaient dans le vieil empereur, un antidote à l’aventurisme des plébéiens nazis d’autant que le Kronprinz est bien moins hostile que son père à l’idéologie nazie et surtout bien plus influençable.

«C’est une tête légère, influençable et vaniteuse, adoptant l’avis de celui qui à parlé le dernier, incapable de trancher et de décider. Bref tout le contraire de son père.» (Edouard Daladier Mémoires Tallandier 1957)

La France en première ligne en cas de conflit avec l’Allemagne décide d’accélérer encore son réarmement. L’économie largement modernisée (ou en voie de l’être) et une planification qui parvint à un compromis entre le libéralisme capitaliste et les plans quinquennaux mis en valeur sur les bord de la Volga ou dans les plaines d’Ukraine.

Le 15 septembre 1941, une nouvelle loi militaire est votée. Elle porte le service militaire à 28 mois voir 36 pour certaines spécialités mais limite la réserve opérationnelle à 50 ans pour rajeunir l’encadrement et obtenir une armée aussi dynamique que son nouveau chef d’état-major, le général Villeneuve âgé de 57 ans qui à succédé à Gamelin âgé de 68 ans en juin 1940.

 

le général Villeneuve ici en tenue de commandant en chef des forces armées européennes (FAE) en 1960 peu avant son décès

Surnommé «Général Tornade» pour son énergie, le nouveau chef d’état-major des armées va imposer sa patte ce qui sera source de conflits feutrés (ou non) avec les généraux les plus conservateurs (Giraud, Weygand) mais également l’amiral Darlan chef d’état-major de la marine de 1936 à 1942 et le général d’aviation Joseph Vuillemin, la diplomatie n’étant pas le fort de Pierre Harcourt de Villeneuve.

Cavalier puis muté dans l’infanterie, ayant commandé au front durant le premier conflit mondial, il avait pourtant stagné dans l’immédiat après guerre. Protégé du général Estienne, il défend farouchement la mécanisation et la motorisation, vantant l’idée d’un couple char-aviation autour duquel l’armée devait s’organiser.

Traumatisé comme beaucoup par les boucheries du premier conflit mondial, il veut frapper vite et fort un ennemi potentiel pour éviter de s’enliser dans un conflit interminable

Quand la défensive devient la philosophie à la mode, sa carrière stagne et il ne devient général de brigade qu’à l’àge de 51 ans en 1934. Général de division en 1937, il bénéficie de la protection de Paul Reynaud qui l’impose en juin 1940 comme nouveau chef d’état major de l’Armée.

Le contraste est saisissant avec Gamelin, un bon général certes mais prudent et réservé. Tout le contraire avec son successeur, un colosse fort en gueule dont les colères homériques font trembler les murs du château de Vincennes qui en ont pourtant vu en plusieurs siècles d’histoire. Il épuise ses collaborateurs qui pourtant lui restent fidèle car il est aussi exigeant avec eux qu’avec lui même.

Il accentue encore la mécanisation et la modernisation de l’armée de terre (la seule sur laquelle il à une autorité pleine et entière via un partisan de ses thèses _une créature diront les mauvaises langues_, le général de Ganelon), la réforme totalement .

Il allège notamment la Ligne Maginot qui retrouve sa fonction de bouclier alors qu’elle avait tendance à absorber les unités comme une éponge, perdant sa fonction initiale qui était d’économiser le nombre d’unités de combat.

La presse anglo-saxonne sous le charme _il parlait couramment anglais, sa deuxième épouse étant américaine_ après une tournée en Grande Bretagne et aux Etats-Unis au printemps 1944 le surnommera ainsi le «Patton français» pour son énergie et son mauvais caractère, les deux hommes se rencontrant et liant une amitié qui se révéla fructueuse dans les circonstances dramatiques du second conflit mondial, amitié d’autant plus forte qu’ils entretenaient de mauvaises relations avec le général Bernard Montgomery.

Le 14 mars 1944, le président Tardieu doit démissionner suite à une attaque cérébrale dont les séquelles l’emporteront à Menton le 15 septembre 1945 (il sera enterré au cimetière du Père Lachaise).

Le nouveau président du Sénat, Léon Lauvray assume un interim jusqu’au 14 mai 1945 quand est organisé un nouveau scrutin présidentiel qui voit l’élection de Paul Reynaud par 42500 voix contre 26900 voix pour Edouard Daladier et 5600 voix pour Pierre Cot.

 

Paul Ramadier

Le nouveau président de la République nomme au poste de Président du Conseil, Paul Ramadier, un ancien socialiste rallié au PSF qui mène une politique autoritaire, accentuant encore davantage la politique déjà menée par le PSF.

Les élections législatives du 30 avril et du 7 mai sont une confirmation de l’emprise du Parti Social Français (PSF) qui augmente son groupe parlementaire avec 298 députés au détriment du Parti Radical avec 80 députés et la Fédération des Républicains Indépendants avec 100 députés soit un total de  478 députés, la gauche disposant de 129 députés avec 45 pour le PCF et 84 pour la SFIO.

Cette XVIIIème législature poursuit la politique de la précédente mais prépare déjà l’après guerre en autorisant le vote des femmes et préparant ce qu’on appellera l’Etat providence bien que l’application de la majorité des mesures soit reporté à des circonstances plus favorables.

Le contexte n’est en effet guère favorable à la générosité puisque le 8 mars 1943, les S.S ont mené un coup d’Etat. Le Kronprinz soupçonné de vouloir s’entendre avec Paris et Londres est expulsé du territoire allemand. Exilé au Canada, il mouru en 1951 des suites d’une crise cardiaque.

Le triumvirat Borman-Himmler-Goering se fissure après qu’Himmler se soit proclamé Führer avec Reynhard Heydrich comme chancelier.

Goering est limogé de son poste de maréchal de l’air et commandant en chef de la Luftwafe alors que Borman parvient un temps à conserver la direction du NSDAP avant de se réfugier à Munich imité par Goering qui s’installe à Bonn.

Les germes de la guerre civile sont semés, germes qui éclatent au mois de septembre 1943 qui vont ensanglanter l’Allemagne jusqu’en mai 1945. Borman capturé dans une ferme proche de Salzbourg est exécuté après une parodie de procès le 7 mai 1945 à la prison de Plotenzee à Berlin alors que Goering avait été tué dans le bombardement de Bonn le 4 décembre 1944.

La France comprend que les temps difficiles s’annonce. Les premières mesures d’Himmler concernent d’ailleurs l’armée qui bénéficie des largesses du nouveau régime, nouveau régime où Heydrich va imposer son emprise, les facultés intellectuelles du chef de la S.S, Himmler étant assez limitées.

En septembre 1946, un réseau d’espionnage allemand est démantelé en France. Dirigé par l’Abwehr de l’amiral Wilhelm Canaris, il conduisait jusqu’au cabinet du ministre de la Guerre, Edouard Daladier qui doit démissionner puisque son conseiller diplomatique, David Guillaume était un agent allemand sous le nom de code de «Gunther».

Le président Reynaud et le président du Conseil Ramadier lui offrent cependant un exil doré puisqu’il est nommé Ambassadeur de France à Washington où il doit convaincre Charles Linbergh, président depuis 1944 et sa victoire sur Roosevelt de soutenir les alliés en cas de guerre avec l’Allemagne ce qui n’est pas chose aisée tant sont évidents les penchants pacifistes et pro-nazis du premier homme à avoir traversé l’Atlantique en avion.

Les élections du 25 avril et du 2  mai 1948 marquent un relatif changement de configuration politique. Si le PSF reste le premier parti à la Chambre des Députés, il perd près de trente députés passant de 298 à 260 députés, le parti Radical passe de 80 à 75 députés et le Mouvement Républicain Populaire (nouveau nom de la FRI) passe de 100 à 80 députés soit un total 415 députés, la gauche disposant donc de 208 députés répartis entre la SFIO (120) et le PCF (88).

Au pouvoir depuis huit ans, le PSF est usé par la gestion quotidienne de la France. L’économie en pleine expansion est encore florissante, portée par le réarmement mais la question de l’endettement et de la faiblesse du franc inquiète les épargnants.

Seules les tensions extérieures semblent avoir évité au PSF une défaite électorale majeure et sans le déclenchement du second conflit mondial, qui sait si aux élections de 1952, les français auraient envoyé une nouvelle majorité.

Le 5 septembre 1948, des raids aériens allemands sur le Danemark et la Norvège marque le début de la Deuxième Guerre Mondiale. Aussitôt Paris et Londres déclarent la guerre à l’Allemagne et décide d’apporter leur concours à la Norvège qui semble vouloir résister sous la direction d’un roi énergique, Haakon VII.

 

Haakon VII roi de Norvège

Arrière plan politique et culturel (2)

B-Du Front Populaire à la Révolution Nationale (1936-40)

Les émeutes du 6 février 1934 ont été un catalyseur important au sein de la vie politique française puisqu’il provoque l’union de la Gauche et la radicalisation de la droite parlementaire qui se rapproche des positions de l’Extrême Droite, aguillonnée par les «réussites» des régimes fascistes et nazis.

Les élections législatives ont lieu dans un contexte houleux et difficile. Le premier tour à lieu le 26 avril et le deuxième tour le 3 mai, aboutissant à une majorité de gauche puisque la gauche dispose de 286 députés contre 224 députés pour la droite. C’est le début du Front Populaire qui suscita de nombreuses expérances mais beaucoup de déceptions.

Les grèves de mai-juin 1936 font craindre chez le patronat une révolution de type Bolchévique ce qui explique son empressement à négocier les accords de Matignon signés le 7 juin 1936 qui mettent notamment en place deux semaines de congés payés. Une politique de grands travaux et des nationalisations est également mise en place.

Le Front Populaire à moins de succès en matière de politique coloniale (échec du projet Blum-Violette accordant la nationalité française à des notables algériens) en dépit de la réforme profonde du code de l’indigénat.

Léom Blum

En fait, le Front Populaire va connaître les pires difficultés en terme de politique étrangère notamment avec la guerre d’Espagne. Si les communistes sont favorables à l’intervention directe pour soutenir la IIème République, les radicaux sont opposés. Léon Blum, président du Conseil tergiverse, alternant entre un soutien discret et une stricte neutralité.

 Le contexte international se tendant, le Front Populaire abandonne rapidement son ambitieuse  politique sociale au profit des prémisses d’une politique de réarmement avec notamment un premier programme de 14 milliards de francs dès le 7 septembre 1936.

Le premier gouvernement Blum tombe le 21 juin 1937 remplacé par un gouvernement Chautemps qui tombe à son tour le 10 mars 1938 suite au refus de la Chambre des Députés de lui accorder les pleins pouvoirs pour résoudre les problèmes de la France. Léon Blum est alors rappelé mais il échoue à former une majorité stable et son gouvernement reste éphémère (13 mars-8 avril 1938).

Edouard Daladier

Le 12 avril 1938, le «Taureau du Vaucluse», Edouard Daladier, député radical du Vaucluse est investit comme Président du Conseil. Il veut «remettre la France au travail» marquant la fin du Front Populaire.

Neville Chamberlain de retour de Munich persuadé d’avoir préservé la paix

Conscient de la menace posée par Hitler à la paix en Europe, il ne signe qu’à contrecoeur les accords de Munich sous la forte pression britannique, Neville Chamberlain étant persuadé de pouvoir s’entendre avec Hitler.

Edouard Daladier est toujours président du conseil quand le 3 septembre 1939, la France et la Grande Bretagne entrent en guerre contre l’Allemagne suite à l’invasion de la Pologne deux jours plus tôt.

Ce qu’il reste de la Brugenbraü après l’attentat du 9 novembre 1939

Le 9 novembre 1939 alors que la France et la Grande Bretagne sont enfoncés dans la léthargie de la drôle de guerre (phoney war pour nos amis anglo-saxons), une violente explosion secoue la Taverne de la Brasserie à Munich où les caciques du parti nazi célèbrent le putsch manqué de 1923.

Les secours relèvent un total de quinze cadavres dont celui du chancelier allemand et Führer, Adolf Hitler. La mort de celui qui à plongé l’Europe dans la guerre secoue les chancelleries occidentales qui craignent le vide causé par cet assassinat.

Georg Elser

L’auteur est un ébéniste allemand, Georg Elser qui est arrêté à la frontière française trois jours plus tard. Torturé, il avoue l’assassinat d’Hitler. Il est jugé par un tribunal spécial et exécuté le 4 janvier 1940.

Un triumvirat Borman-Himmler-Goering remplace Hitler dont les funérailles le 16 novembre sont l’occasion de violentes émeutes antisemites dans de grandes villes allemandes et une émigration massive en direction du Danemark, des Pays Bas, de la Belgique, de la France et de la Suisse.

Guillaume II avec à sa droite le Kronprinz et à sa gauche son petit-fils Wilhelm qui devint un officier de char émerite

Ce triumvirat rappelle le vieux Kaiser Guillaume II de son exil néerlandais pour servir de vitrine plus rassurante aux alliés (elle est d’autant plus rassurante qu’il est de notoriété publique que Guillaume II n’à qu’aversion pour les nazis à la différence de son fils, le Kronprinz plus influencable).

 Encore aujourd’hui, les historiens débattent pour savoir comment Guillaume II à accepté de revenir au pouvoir. Volonté d’éviter une nouvelle guerre fatale à l’Allemagne ? Nostalgie d’un pouvoir passé ? Abus de faiblesse d’un vieillard (80 ans en 1939) ?

Le débat fait d’autant plus rage que les descendants de Guillaume II refusent encore aujourd’hui en 2012 de rendre public la correspondance et les papiers du Kaiser entre 1939 et son décès.

Le 15 décembre 1939, il annonce la suspension du conflit et propose la réunion d’une conférence pour décider du sort de la Pologne. La France et la Grande Bretagne envoient des délégations de second niveau à Coblence où doit avoir lieu la Conférence.

 L’échec des discussions (27-30 décembre 1939) entraine la fin de l’espoir d’une sortie négociée de la Guerre de Pologne. L’Europe s’enfonce dans une sorte de paix armée, comparable à la future guerre froide.

 Le 31 décembre 1939, le président du conseil Edouard Daladier et le premier ministre britannique, Neville Chamberlain reconnaissent le gouvernement provisoire polonais qui s’installe à Nantes.

Pour les gens qui connaissent cette belle ville de Nantes, un parlement provisoire tient session à l’opéra Graslin, la présidence s’installant au château des Ducs de Bretagne alors que le gouvernement occupe plusieurs immeubles de l’île Feydeau et du centre-ville de Nantes.

En France, la vie politique française se tend de plus en plus au fur et à mesure que les élections de mai 1940 approchent.

 A gauche, le PCF dissous en septembre 1939 est reconstitué en avril 1940  et met la pression sur la SFIO en cas de nouvelle victoires aux législatives. Le parti Radical choisit comme à son habitude de ne pas choisir, adoptant une position centriste.

le colonel François de la Rocque, chef du Parti Social Français (PSF)

L’épouvantail de ce scrutin est cependant le Parti Social Français (PSF). Issu des Croix de Feu dissoutes en juin 1936, ce parti de droite conservatrice réputé fasciste (mais réputé seulement) est le premier mouvement de masse en France.

La campagne se déroule dans un climat délètère, les affrontements entre le service d’ordre du PCF et les «Dispos» du PSF sont légions, provoquant de nombreux blessés et même trois morts lors d’un grand meeting du PSF à Courbevoie le 24 avril 1940 (deux communistes et un militant PSF tués au cours d’un échange de coups de feu).

Les élections qui ont lieu le 28 avril et le 5 mai sont une redite de la «Chambre Bleue Horizon» de 1919 avec une raz de marée de la droite. Sur les 607 députés, le PSF remporte près de 275 députés qui lui permet de former une coalition conservatrice avec le parti Radical (120 députés) et la Fédération des Républicains Indépendants (80 députés) soit une majorité très confortable de 475 sièges (la majorité absolue étant fixée à 304). La gauche est laminée, le PCF n’ayant que 45 députés contre 72 quatre ans plus tôt alors que la SFIO plafonne à 87 sièges contre 149 au printemps 1936.

C’est le début de ce que les historiens ont appelé la «Révolution Nationale». Ses partisans n’hésitant pas à s’appeler «gaullistes» en référence «A nos ancètres les gaulois» qui n’avaient peur de rien à part que «le ciel leur tombe sur la tête». 

Arrière plan politique et culturel

A-Du Bleu Horizon au Rose pâle 1919-1936

 Depuis le 4 septembre 1870, la France est une république, la Troisième du nom. Elle était pourtant à l’origine provisoire, le temps que les monarchistes se mettent d’accord sur le nom du futur roi puisque deux branches des Bourbon se disputaient la couronne : les Orléans et les Bourbons.

Le comte de Paris, prétendant orléaniste au trône de France

Les premiers représentés par le Comte de Paris s’effacent en 1872 devant le comte de Chambord, Henri, petit fils de Charles X. Ce dernier légitimiste refuse d’accepter le drapeau tricolore ne reconnaissant que le drapeau blanc de ses ancêtres. Le rêve d’une restauration monarchique va s’évanouir et la République va s’imposer avec le vote en 1875 des Lois Constitutionnelles.

Henri, duc de Bordeaux et comte de Chambord.

Les 16 et 30 novembre 1919 ont lieu en France les premières élections après la première guerre mondiale dans un contexte d’une France saignée à blanc par la «der des ders» gagnée par un profond courant pacifiste.

A l’issue des élections, une nette majorité de droite domine le Palais Bourbon. Sur les 613 députés élus, une nette majorité penche vers la droite et le centre droit (Alliance Démocratique 93 députés Action Républicaine et Sociale 46 députés Parti Républicain Démocratique et Social 61 députés Union Républicaine Démocratique 183 députés et Indépendants 29 députés) avec 412 députés, la gauche n’ayant que 180 députés (SFIO 68 députés Républicains socialistes 26 députés Parti Radical 86 députés), le solde étant représenté par 21 non-inscrits.

 Cette Chambre «Bleue Horizon» (44% des députés sont anciens combattants) se montre particulièrement hostile à l’Allemagne, réclamant une application stricte des traités. On remarque que c’est sous cette majorité jusqu’en 1924 que la France se montre la plus intransigeante vis à vis de la République de Weimar.

 Les 11 et 25 mai 1924 à lieu le deuxième scrutin législatif de l’après guerre. Le Cartel des Gauches l’emporte sur le Bloc National majoritaire au scrutin précédent. Sur les 581 députés (soit une majorité absolue de 291), le Cartel des Gauches dispose de 353 députés (PCF 26 députés, SFIO 104 députés, Républicains socialistes 44 députés, Parti Radical 139 députés Gauche Radicale 40 députés) contre 199 députés pour la droite (Alliance Démocratique 81 députés Démocrates 14 députés Union Républicaine Démocratique 104 députés) et 29 non-inscrits.

 La même année, le président Alexandre Millerand voulant un renforcement du pouvoir exécutif est poussée à la démission par le Cartel des Gauches mais son candidat Paul Painlevé est battu par le candidat de la «droite», Gaston Doumergue, élu donc pour sept ans (1924-1931).

 La 13ème législature (1924-1928) est marquée par la politique pacifiste d’Aristide Briand qui cherche à se rapprocher de l’Allemagne de Weimar représentée par Gustav Streseman. Cette politique est assez mal vécue par l’opinion et les députés qui n’ont pas digéré la première guerre mondiale et surtout les difficultés de Berlin à payer les réparations du traité de Versailles.

 Les 22 et 29 avril 1928 ont lieu de nouvelles élections législatives. Le Cartel des Gauches est battu et le Palais Bourbon penche de nouveau à droite avec 305 députés de droite et non-inscrits contre 299 députés à gauche. Ce sont les dernières élections de la prospérité puisque le monde est secoué par une nouvelle crise économique à partir d’octobre 1929 et le Krach de Wall Street. La France n’est touché qu’en 1931 mais les effets sont plus diffus et la reprise plus longue à émerger.

« Le beau Sacha » fit trembler la république sur ses bases

Le tout dans un contexte d’instabilité et de crise politique, la multiplicité des scandales politico-financiers (symbolisés par l’affaire Stavisky) dévellope l’antiparlementarisme symbolisé par les Ligue qui aspirent à un régime fort plus ou moins fascisant selon leurs chefs.

 Au président Doumergue succède le président Paul Doumer élu le 13 mai 1931. Il symbolise plus que tous les sacrifices de la France durant le premier conflit mondial puisqu’il à perdu quatre fils durant la guerre, cette perte joua un rôle non négligeable dans son élévation à la présidence de la République.

Son mandat sera bref puisqu’il est assassiné le 7 mai 1932 par un exalté russe, Paul Gorgulov dont les motivations restent incertaines et confuses. Il est remplacé le 10 mai 1932 par le président du Sénat, Albert Lebrun.

C’est dans ce contexte qu’ont lieu les élections législatives de 1932 (1er et 8 mai) qui voit l’arrivée au pouvoir d’un deuxième «Cartel des Gauches» encore plus instable que le premier alors qu’il aurait fallut une majorité solide avec 354 députés de «gauche» et 253 députés du «centre» et de la «droite» sur un total de 607 députés.

6 février 1934. Les ligues affrontent les forces de l’ordre place de la Concorde à deux pas du Palais Bourbon

C’est sous cette XVème législature qu’à lieu la plus sérieuse crise de la IIIème République à savoir les émeutes du 6 février 1934 causées par les Ligues qui manifestent contre la République et semblent prêtes au coup de force contre le Palais Bourbon. Après la dispersion, de violents affrontements ont lieu entre manifestants et gendarmes mobiles provoquant la mort selon les sources de 15 à 50 personnes.

La une du Populaire _journal de la SFIO_ du 7 février 1934

 La gauche y voit une tentative de coup d’état fasciste dans un contexte propice (les nazis ont prit le pouvoir en début d’année, les fascistes italiens imposent leur idéologie au délà des Alpes…..) et se rassemble avec la création du Front Populaire (SFIO, PCF et Radicaux) en vue des élections législatives d’avril-mai1936.