6-Cuirassés et croiseurs de bataille (15)

G-Projets inaboutis

Cuirassés type CR3

A l’origine, les deux (puis quatre) cuirassés de classe Alsace devaient remplacer les trois Bretagne dont le désarmement était prévu pour 1942 (Bretagne), 1944 (Lorraine) et 1945 (Provence) mais la décision de les transformer en escorteurs de porte-avions prolongea leur carrière et offrant aux Alsace une place dans la ligne de bataille.

En dépit d’une reconstruction complète, les Bretagne devaient être remplacés d’où le lancement dès 1943 du programme CR3 (Cuirassé Rapide de troisième génération, la première étant composé de classe Richelieu et Gascogne, la seconde de la classe Alsace). Ce programme prévoyait l’intégration d’un grand nombre d’améliorations comme une possible propulsion par moteurs diesels, une coque soudée, de nouveaux radars……… .

En ce qui concerne les caractéristiques techniques générales, le premier projet daté de janvier 1944 prévoyait un navire de 50900 tonnes de déplacement standard (54780 tonnes à pleine charge), une vitesse de 33 noeuds et un armement composé de 12 canons de 380mm en quatre tourelles triples, 16 canons de 130mm en huit tourelles doubles, 32 canons de 37mm en huit affûts quadruples et 24 canons de 25mm en douze affûts doubles tandis qu’à la place d’hydravions, on prévoyait l’utilisation d’autogires.

Un second projet daté de mars 1944 prévoyait un navire de 52000 tonnes de déplacement standard (55080 pleine charge) 31 noeuds et un armement composé de 12 canons de 380mm en quatre tourelles triples, 24 canons de 130mm en douze tourelles doubles, 32 canons de 37mm en huit affûts quadruples et 24 canons de 25mm en douze affûts doubles avec toujours deux autogires à la place d’hydravions.

La découverte de la nature réelle des Yamato (canons de 460mm au lieu des 406mm initialement envisagés) et les problèmes rencontrés avec les nouveaux obus super-lourd de 380mm entraina le dévellopement d’une troisième variante.

Apparue en septembre 1944, cette variante mesurait 272m de long, 37.50m de large et tirant d’eau de 11.50m  déplaçait 47000 tonnes (standard) et 52000 tonnes à pleine charge,   une vitesse limitée à 29.5 noeuds, une coque entièrement soudée (les deux variantes précédentes gardaient une partie rivée) et un armement composé de 9 canons de 406mm d’origine britannique (ce qui économisait le délai de dévellopement) en trois tourelles triples, 24 canons de 130mm en douze tourelles doubles, 32 canons de 37mm en huit affûts quadruples et 24 canons de 25mm en douze affûts doubles avec toujours deux autogires à la place d’hydravions.

Bien que formellement accepté par le ministre de la Marine en février 1945, ce projet ne pouvait pas être concrétisé avant au moins deux ou trois années le temps que soient livrées les canons britanniques et mises au point les nouvelles techniques de construction sans parler de la disponibilité des cales et du personnel nécessaire à sa mise en œuvre. Il faut attendre 1948 pour que les deux premiers soient mis sur cale.

Dans un premier temps la construction progresse à vitesse réduite et est même suspendue au moment du début de la guerre. Elle va reprendre en profitant de la perte du Lorraine puis ultérieurement du Clemenceau.

-Le Languedoc est mis sur cale à l’Arsenal de Brest (forme n°11) le 14 mai 1948 lancé le 23 mars 1950 et mis en service au printemps 1951.

-Le Moselle est mis sur cale aux Ateliers et Chantiers de Saint-Nazaire-Penhoët le 15 août 1948 lancé le 4 septembre 1950 et mis en service en octobre 1951

Le troisième CR3 qui aurait du être mis sur cale après le lancement du Languedoc (survenu en mars 1950) ne le sera jamais, la marine connaissant des problèmes d’effectifs et ne voulant pas construire des navires qu’elle ne pourrait mettre en œuvre sereinement.

Caractéristiques Techniques de la classe Languedoc

Déplacement : standard 47500 tonnes pleine charge 51000 tonnes

Dimensions : longueur hors tout 272m largeur 37.50m tirant d’eau 11.50m

Propulsion :  4 turbines à engrenages Parson réparties en une salle des machines avant et une salle des machines arrières, alimentées par six chaudières Sural dévellopant 170000ch et entrainant quatre hélices

Performances :  vitesse maximale : 29.5 noeuds distance franchissable : 8400 miles nautiques à 15 noeuds 2900 miles nautiques à 28 noeuds.

Protection : ceinture principale 390mm bulkhead avant 355mm bulkhead au dessus du pont blindé intermédiaire 235mm

pont blindé supérieur au dessus des soutes à munitions 190mm pont blindé supérieur au dessus des machines 170mm pont blindé intermédiaire 50/70mm (100mm au dessus des hélices et 150mm au dessus des lignes d’arbre)

Bloc passerelle : face avant et latérales 360mm arrière 280mm toit 170mm tube de communication 160mm
Tourelles triples de 406mm : face avant 430mm faces latérales 300mm toit 170 à 195mm face arrière 270mm (T.I) et 260mm (T.II) barbettes au dessus du PBS 405mm barbettes en dessous du PBS 80mm

Tourelles de l’artillerie secondaire : face avant 130mm côtés et toit 70mm face arrière 60mm barbette 100mm

Electronique : un radar de veille aérienne, un radar de veille surface, deux radars de conduite de tir pour l’artillerie principale, deux radars pour la conduite de l’artillerie secondaire

Armement : neuf canons de 406mm Mark IV répartis en trois tourelles triples (deux avant et une arrière), 24 canons de 130mm en douze tourelles doubles installées latéralement, 28 canons de 37mm groupés en quatre affûts quadruples ACAQ modèle 1941  et six  affûts doubles ACAD modèle 1935   et 12 canons de 25mm Hotchkiss modèle 1939-40 en six affûts doubles

Aviation : une catapulte et un hangar sous la poupe avec deux à quatre hydravions Dewoitine HD-731

Equipage : 1780 officiers et marins
Croiseurs de bataille type CB2

Bien que classés comme cuirassés ou navires de lignes, les Dunkerque pouvaient être considérés comme des croiseurs de bataille notamment en raison d’une protection plus faible que les nouveaux cuirassés rapides.

En 1943, plusieurs officiers de marine proposèrent la construction de nouveaux croiseurs de bataille ou «éclaireurs d’escadre». Ils souhaitaient que la France se dote en remplacement des Lorraine de trois ou quatre éclaireurs d’escadre qui auraient formée une escadre autonome chargée de l’éclairage de la flotte.

Ouverts aux nouvelles idées, l’amiral Esteva, chef d’état-major de la marine demanda une étude complète au STCN qui rendit sa copie en novembre 1943.

La première variante prévoit un navire de 30000 tonnes à pleine charge, 220m de long sur 32m de large et un tirant d’eau de 9m, une vitesse maximale de 30 noeuds et un armement composé de 9 canons de 330mm en trois tourelles triples (pour gagner du temps ce sont celles des Alsace adaptées) 12 canons de 130mm en six tourelles doubles, 24 canons de 37mm en six affûts quadruples et 12 canons de 25mm en six affûts doubles.

Une seconde variante prévoit un navire de 25000 tonnes, 32 noeuds, 8 canons de 330mm en quatre tourelles doubles, 10 canons de 130mm en cinq tourelles doubles et 24 canons de 37mm en douze affûts doubles, les dimensions restant les mêmes.

La troisième variante  prévoit un navire de 27000 tonnes filant 29 noeuds avec des moteurs diesels et un armement composé de trois tourelles triples de 330mm (deux avant et une arrière) 12 canons de 130mm en six tourelles doubles, 24 canons de 37mm en six affûts quadruples et 16 canons de 25mm en huit affûts doubles, les dimensions restant les mêmes.

A la différence du programme CR3, l’amiral Esteva ne donna pas suite à cette étude et les noms avancés pour ces navires (Bordeaux Perpignan Nice Bayonne) ne sont que des supputations de passionnés sans aucune base réelle.

Croiseurs garde-côtes et monitors

L’entre-deux-guerre fût marquée par une augmentation des tensions entre la France et le Siam à propos du Cambodge dont le royaume thaï revendiquait un quart du territoire au nom de pseudo-prétentions historiques.

Cette tension poussa le royaume de Siam à acquérir du matériel militaire moderne comme des chasseurs Curtiss H-75 ou encore deux cuirassés garde-côtes et deux croiseurs légers dérivés des Capitani Romani italiens.

La France soucieuse de défendre sa principale colonie de la région renforça ses moyens militaires en construisant de fortifications de campagne et en envoyant à Saïgon du matériel qui en 1948 était déclassé en Europe mais tout à fait valable face à l’armée siamoise.

La présence de deux cuirassés garde-côtes au sein de la marine siamoise poussa la France à étudier l’acquisition de ce type de navires fort populaires au sein des marines scandinaves. Le calendrier et le budget serré ne permettait pas d’imaginer des projets audacieux et innovants.

Le premier projet baptisé CS (Cuirassé Spécial) numéro 1 prévoit la réutilisation de tourelles de 305mm issus des Courbet.  Sur une coque de 124m, le projet CS1 voit l’installation de deux tourelles doubles de 305mm, de 6 à 8 canons de 90 ou de 100mm sous masques simples ou en tourelles doubles et d’une DCA légère composées de canons de 37 et de 25mm. La vitesse envisagé serait de 20 noeuds.

Le deuxième projet baptisé CS2 prévoit l’installation sur une coque de 105m d’une tourelle double de 305mm, de deux tourelles doubles de 152mm modèle 1944 sur la plage arrière et d’une DCA légère composées de canons de 37 et de 25mm. La vitesse serait alors de 24 noeuds.

Aucun de ces deux projets ne vit finalement le jour, la présence d’un croiseur lourd, d’un croiseur léger et d’un porte-avions léger étant estimé suffisant pour dissuader la marine siamoise de tenter quoi que ce soit contre l’Indochine. Elle pousse même les FNEO à mettre sur pied une attaque surprise de type raid aéronaval.

Parallèlement à ces deux projets, les Ateliers et Chantiers de Provence de Port-Bouc proposèrent la construction d’un ou plusieurs monitors.  Le projet CS3 prévoit l’installation d’une tourelle double de 340 ou de 380mm, d’une douzaine de canons de 90 ou de 100mm et d’une DCA légère.

L’inconvénient de ce projet c’est que la tourelle double de 380mm serait à développer, l’hypothèse la plus probable en cas de construction est donc la tourelle double de 340mm, trois étant disponibles immédiatement. Comme pour les cuirassés garde-côtes, le projet CS3 ne dépassa pas le stade de la planche à dessin.

6-Cuirassés et croiseurs de bataille (14)

Le Bourgogne

Blason historique de la Bourgogne

La construction du quatrième et dernier cuirassé de classe Alsace est attribuée à l’Arsenal de Brest qui avait déjà construit le Normandie.

Les travaux préparatoires commencent à l’automne 1944 et la mise sur cale à lieu le 16 mars 1945 dans la forme n°10 au Laninon.

Les travaux sont menés rapidement, la guerre étant jugée chaque jour plus proche. Le Bourgogne est ainsi mis à flot le 9 mars 1947 et amarré au quai d’armement pour recevoir son artillerie, ses systèmes radars, son appareil propulsif.

Il est armé pour essais le 10 octobre 1947 et après des essais au point fixe en rade-abri du 12 au 15 octobre 1947 avant des essais à la mer raccourcis du 20 octobre au 5 décembre 1947.

Le 7 décembre 1947, il appareille pour Dakar afin d’entrainer ses canonniers. La traversée jusqu’à la capitale de l’AOF étant considérée comme sa traversée de longue durée, le cuirassé faisant escale au mouillage à Quiberon le 8 décembre, au Verdon le 11 décembre, à Casablanca du 12 au 14 décembre avant d’arriver à Dakar le 16 décembre 1947.

L’Ecole à feu commence le lendemain et dure plus de quinze jours jusqu’au 5 janvier 1948. Il passe ensuite au bassin à Dakar pour de menus travaux (7-20 janvier 1948). Après des essais à la mer du 21 au 24 janvier, le cuirassé quitte Dakar le 27 janvier direction Mers-El-Kebir où il arrive le 3 février 1948. La commission supérieure d’armement qui avait embarqué à Dakar prononce un avis favorable à son admission au service actif le 12 février 1948.

Le 15 février 1948, le cuirassé Bourgogne est admis au service actif, affecté à la 4ème escadre, étant placé hors-rang.

Le Bourgogne sort en mer pour entrainement du 10 au 17 février pour une école à feux en compagnie du Lannes, le cuirassé et le torpilleur d’escadre étant rallié le dernier jour par l’Augereau qui est admis au service actif au retour des trois navires à Mers-El-Kébir le 18 février 1948.

Le Bourgogne et ses deux torpilleurs d’escadre sortent pour un entrainement défense aérienne à la mer du 25 février au 5 mars puis pour un entrainement au combat antisurface du 10 au 22 mars, le cuirassé ralliant dès le 23 mars Bizerte pour un passage au bassin du 24 mars au 12 avril. Il sort ensuite pour essais du 13 au 16 avril puis pour remise en condition du 18 au 28 avril 1948.

Le 1er mai 1948, le cuirassé Bourgogne quitte Bizerte pour un déploiement dans l’Océan Indien, franchissant le canal de Suez les 3 et 4 mai avant de rallier Djibouti le 8 mai 1948 puis d’effectuer une première sortie d’entrainement du 10 au 15 mai. Il manoeuvre ensuite avec le croiseur léger Primauguet et l’aviso colonial Savorgnan de Brazza avant une escale commune à Mascate du 17 au 21 mai.

Le Bourgogne et ses deux torpilleurs Lannes et Augereau repartent alors en Méditerranée, faisant escale à Port Saïd le 28 mai, franchissant le canal de Suez le 30 mai et rentrant à Mers-El-Kébir le 5 juin. Lors d’une sortie en mer du 12 au 16 juin, une délégation de la ville de Dijon menée par son maire Paul Bur est à bord du cuirassé pour célébrer le parrainage du cuirassé par l’ancienne capitale de la province de Bourgogne.

Le cuirassé est indisponible pour entretien et permissions de l’équipage du 17 au 30 juin avant un exercice ASM avec le sous-marin La Favorite du 1er au 9 juillet, une escale à Alger du 10 au 15, un entrainement à la défense aérienne à la mer du 16 au 24 juillet et une autre escale à Alger du 25 au 30 juillet, le cuirassé rentrant avec ses deux torpilleurs à Mers-El-Kébir le 1er août 1948.

Le Bourgogne est à nouveau à la mer pour une école à feux du 8 au 18 août, faisant escale à Alger du 19 au 22 août avant de rallier Mers-El-Kébir le 23 août.

Le 24 août, il passe au régime de guerre tout comme ses deux escorteurs, les trois navires sortant pour entrainement du 25 août au 2 septembre, rentrant à Mers-El-Kébir le 3 septembre mais se tenant près à appareiller dans les plus brefs délais ce qu’il fera dès le 5 septembre 1948 dans la soirée à l’annonce des bombardements allemands sur le Danemark et la Norvège pour couvrir les approches d’Oran vers l’ouest.

Schéma définitif de la classe Alsace. En rouge les tourelles doubles de 130mm et en violet, les affûts ACAD et ACAQ de 37mm

Caractéristiques techniques de la classe Alsace

Déplacement : standard ou officiel 40000 tonnes en charge normale 42100 tonnes à pleine charge 47000 tonnes

Dimensions : longueur hors tout 252m longueur entre perpendiculaire 246.75m largeur hors tout 35m tirant d’eau en charge normale 9.75m (11.20m en tirant d’eau à charge maximale)

Propulsion : 4 turbines à engrenages Parson réparties en une salle des machines avant et une salle des machines arrières, alimentées par six chaudières Sural dévellopant 170000ch et entrainant quatre hélices

Performances :  vitesse maximale : 32 noeuds distance franchissable : 9500 miles nautiques à 15 noeuds 3450 miles nautiques à 30 noeuds.

Protection : ceinture principale 375mm bulkhead avant 355mm bulkhead au dessus du pont blindé intermédiaire 233mm

pont blindé supérieur au dessus des soutes à munitions 180mm pont blindé supérieur au dessus des machines 170mm pont blindé intermédiaire 50/70mm (100mm au dessus des hélices et 150mm au dessus des lignes d’arbre)

Bloc passerelle : face avant et latérales 360mm arrière 280mm toit 170mm tube de communication 160mm

Tourelles triples de 380mm : face avant 430mm faces latérales 300mm toit 170 à 195mm face arrière 270mm (T.I) et 260mm (T.II) barbettes au dessus du PBS 405mm barbettes en dessous du PBS 80mm

Tourelles de l’artillerie secondaire : face avant 130mm côtés et toit 70mm face arrière 60mm barbette 100mm

Electronique : un radar de veille aérienne, un radar de veille surface, deux radars de conduite de tir pour l’artillerie principale, deux radars pour la conduite de l’artillerie secondaire

Aviation : une catapulte et un hangar à la poupe

Armement : 9 canons de 380mm en trois tourelles triples (deux avant et une arrière), 24 canons de 130mm en douze tourelles doubles installées latéralement, 28 canons de 37mm groupés en quatre affûts quadruples ACAQ modèle 1941  et six  affûts doubles ACAD modèle 1935   et 12 canons de 25mm Hotchkiss modèle 1939-40 en six affûts doubles

Pour l’anecdote, les tourelles de 380mm ont été baptisés du nom de villes :

Alsace : tourelle I Colmar tourelle II Mulhouse tourelle III Haguenau

Normandie : tourelle I Le Havre tourelle II Caen tourelle III Cherbourg

Flandre : tourelle I Cassel tourelle II Douai tourelle III Hazebrouck

Bourgogne : tourelle I Beaune tourelle II Besançon Tourelle III Maçon

Equipage : 1750 officiers et marins

6-Cuirassés et croiseurs de bataille (13)

Le Flandre

Blason de la Flandre

C’est à la tranche 1943 du programme naval voté en 1941 qu’est financée la construction des deux derniers cuirassés de classe Alsace, cuirassés qui reprennent pour le premier l’un des noms de cuirassés morts-nés de la classe Normandie à savoir le Flandre alors que son sister-ship est baptisé Bourgogne

Si le Flandre resté inachevé à été construit à l’Arsenal de Brest, son descendant des années 1940 est commandé aux Ateliers et Chantiers de Saint Nazaire-Penhoët qui ont déjà construit le Jean Bart, le Gascogne et surtout l’Alsace.

Les travaux préparatoires commencent peu après le lancement du cuirassé Alsace en novembre 1943.

La mise sur cale à lieu le 7 janvier 1944 sur la cale n°1 qui à vu passer notamment le paquebot Normandie, le croiseur de bataille Strasbourg et le porte-avions Joffre. Occupés avec l’armement de l’Alsace, les chantiers de Penhoët construisent assez lentement le cuirassé jusqu’au mois d’août 1944 où tout s’accélère.

Le cuirassé est lancé le 2 janvier 1946, un lancement délicat puisque la coque connait une gite aussi anormale qu’inexpliquée qui oblige les ouvriers du chantier à avancer le lancement d’une vingtaine de minutes et de voir la coque s’élancée alors que le préfet maritime entame son discours…….. . Le navire glisse lentement sur la cale mais se rétablit parfaitement en entrant dans l’eau.

Le navire est remorqué au quai d’armement pour entamer l’aménagement des superstructures et l’installation de l’armement qu’il s’agisse des imposants canons de 380mm ou ceux plus légers de 130mm. Il passe ensuite dans la forme Joubert pour recevoir gouvernails et hélices et subir quelques travaux de peintures sous la flottaison.

Le Flandre est armé pour essais le 25 mars 1947, toujours sous la responsabilité du chantier constructeur qui effectue une première campagne d’essais au point fixe (27-31 mars) puis en mer du 2 au 8 avril qui confirme le bon respect des termes contractuels.

Le 10 avril 1947, le cuirassé est remis solenellement à la marine nationale et appareille le même jour pour Brest où il arrive le surlendemain, une violente tempête l’ayant obligé à mouiller par précautions en baie de Douarnenez.

Les essais officiels ont lieu du 20 avril au 25 mai avant un passage au bassin n°11 du Laninon (inauguré en 1946 juste à côté du bassin n°8) du 26 mai au 18 juin pour démontages et modifications avant une nouvelle phase d’essais à la mer du 19 juin au 4 juillet 1947.

Il appareille de Brest le 22 juillet 1947 pour sa traversée longue durée. Il fait escale à Jacksonville en Floride du 28 juillet au 1er août, à Nassau aux Bermudes du 3 au 7 août, Pointe à Pitre du 9 au 12 août,Fort de France de 13 au 17 août, Port of Spain du 20 au 25 août,  Caracas du 27 au 31 août.

Le 1er septembre 1947, le cuirassé Flandre appareille pour Dakar où il arrive le 6 septembre. Il est échoué dans le bassin de radoub pour quelques menues réparations, étant remis à flot le 21 septembre 1947.

Il effectue un entrainement à Rufisque du 25 septembre au 9 novembre 1947 avant une escale à Dakar du 10 au 17 novembre avant de reprendre la mer le 21 novembre après un exercice de combat de nuit. Il fait escale à Casablanca le 24 novembre où il embarque la commission supérieure d’armement qui va évaluer le navire durant son transit jusqu’à Toulon, le cuirassé arrivant à destination le 29 novembre 1947. La Commission supérieure d’armement donne un avis favorable à l’admission au service actif le 1er décembre 1947.

Le 7 décembre 1947, le cuirassé Flandre est admis au service actif au sein de la Flotte de la Méditerranée, au sein du Groupement de Ligne de la 2ème escadre formant la 5ème DL avec son sister-ship l’Alsace.

Le Flandre sort pour une école à feux du 5 au 12 décembre, faisant escale à Nice du 13 au 17 décembre avant un entrainement à la défense aérienne à la mer du 18 au 24 décembre, rentrant à temps à Toulon pour les fêtes de fin d’année.

Le dernier né des cuirassés français sort pour entrainement aviation du 4 au 10 janvier avant un mouillage en baie d’Ajaccio du 11 au 15 janvier suivit d’un entrainement au combat antisurface du 16 au 24 janvier, le cuirassé et ses deux torpilleurs d’escadre faisant escale à Marseille du 25 au 30 janvier et rentrant à Toulon le 5 février après une école  feux du 1er au 4.

Il appareille le 12 février 1948 pour Tunis où il arrive le 16 février afin de participer à une opération de relation publique mais le surlendemain 18 février, de violentes émeutes éclatent à Beyrouth pour réclamer l’indépendance promise lors de la mise en place du mandat SDN.

Le cuirassé Flandre appareille en urgence le 19 février avec à bord 600 soldats, essentiellement des zouaves et des tirailleurs sénégalais pour la capitale du Liban mandataire, arrivant sur place le 22 février.

Il met ses troupes à terre le jour même pour sécuriser la ville pendant que les troupes déployées sur zone mènent des opérations de police. Le cuirassé patrouille au large des côtes et le 24 février doit tirer avec son artillerie secondaire pour dégager une patrouille motorisée tombée dans une embuscade (25 obus de 130mm tirés).

La révolte s’apaise à partir de la mi-mars 1948, le Liban et la Syrie obtenant l’indépendance promise pour 1943 mais les troupes françaises restent sur place en vertu d’un accord de défense signé le lendemain de la proclamation de l’indépendance le 17 mars 1948 et qui prévoit une rénégociation de la présence des troupes françaises sur place d’ici quinze ans, troupes qui occupent une station navale à Beyrouth, plusieurs garnisons terrestres et trois bases aériennes : Rayak, Damas-Mezzé, et Beyrouth.

Le cuirassé reste sur zone jusqu’au 24 mars 1948 avant de rentrer directement sur Toulon où il arrive le 29 mars. Il sort à nouveau pour entrainement du 5 au 12 avril pour une école à feux puis du 17 au 27 avril pour un entrainement au combat antisurface, le cuirassé mouillant ensuite aux salins d’Hyères du 28 avril au 3 mai, rentrant le lendemain 4 mai à Toulon.

Le cuirassé sort pour entrainement à la défense aérienne à la mer du 10 au 24 mai avant une escale à Bastia du 25 au 30 mai, rentrant à Toulon le 1er juin 1948.

Le cuirassé Flandre sort pour entrainement aviation du 2 au 10 juin puis pour un entrainement au combat antisurface du 12 au 24 juin après un ravitaillement à la mer auprès du ravitailleur Adour le 11 juin. Il rentre à Toulon le 28 juin après une escale à Nice du 25 au 27 juin.

Le 4 juillet 1948, il appareille pour Calais afin de célébrer son parrainage par la ville de Lille _sa ville marraine depuis septembre 1947_, faisant escale à Gibraltar le 8 juillet, à Brest le 12 juillet (où il doit débarquer deux marins victime d’une crise d’appendicite), au Havre le 13 juillet avant d’arriver à Calais le 14 juillet pour une semaine de festivités jusqu’au 21 juillet quand il appareille pour Toulon, faisant escale à Brest le 23 juillet, à Gibraltar le 27 juillet, à Ajaccio le 30 avant de rentrer à Toulon le lendemain 31 juillet 1948.

Il est indisponible pour entretien et permissions de l’équipage du 1er au 15 août, sortant pour essais du 16 au 18 août puis pour remise en condition à l’effectif de guerre du 20 au 30 août, mouillant aux salins d’hyères du 31 août au 3 septembre et rentrant à Toulon le lendemain 4 septembre.

6-Cuirassés et croiseurs de bataille (12)

Le Normandie

Blason du Duché de Normandie

En matière d’infrastructures d’entretien, la marine nationale à toujours été handicapée par l’absence de formes de radoub suffisamment grandes, l’obligeant à des «subterfuges» pour se dôter de cuirassés tenant la comparaison avec l’étranger comme le choix audacieux de la tourelle quadruple pour les cuirassés de classe Normandie.

Avec la construction des quatre premiers «35000 tonnes», les infrastructures françaises étaient à bout que l’on se rappelle de la façon dont l’Arsenal de Brest à construit les Richelieu et Clemenceau : une partie dans la forme 4 du Salou et l’assemblage finale dans les formes du Laninon.

Cette dernière atteignait également ces limites obligeant la France à investir massivement au risque de se voir déclasser dans la course aux cuirassés engagés depuis la décision italienne de 1934.

L’Arsenal de Brest est le principal site concerné par cet investissement. En 1938, d’importants travaux sont engagés pour augmenter les capacités de l’Arsenal de Brest. Une forme n°10 est aménagée au Laninon juste à côte du bassin n°8. Il mesure 360m de long sur 58m de large avec un tirant d’eau de 13m, largement suffisant pour accueillir un cuirassé de classe Alsace.

Cette forme est inaugurée en 1942 à 275m de long mais prolongée à 300m en 1948 quand la guerre éclata, stoppant une nouvelle extension qui devait porter cette forme à 360m de long. Le dévellopement de la préfabrication (ou du moins la volonté de) entraina le renforcement des capacités de levage de la forme qui sera équipée de quatre grues de 25 tonnes puis d’un portique de 150 tonnes.

A proximité de la forme n°10, un vrai complexe industriel est aménagée avec de nouveaux ateliers, de nouveaux magasins et deux plans inclinés, un de 220m et un autre de 175m pour la construction mais également pour le carénage d’unités légères.

Ces installations sont toutes inaugurées en 1944 et sont complétées par une forme n°11 qui est aménagée à proximité du bassin n°8. Inaugurée en 1946, ses dimensions sont similaires à celle de la forme n°10 avec une longueur portée à 320m. .

A l’origine, l’Arsenal de Brest devait être chargé de la construction du premier cuirassé de classe Province (le futur Alsace) mais des raisons de disponibilité on fait que le premier «45000 tonnes» à été construit à Saint Nazaire. L’Arsenal de Brest va donc être chargé de la construction de son sister-ship baptisé Normandie.

L’usinage commence en mars 1942 et les premiers éléments de la coque sont mis en place dans la forme n°10 du Laninon le 18 juin 1942.

Les travaux avancent relativement lentement dans un premier temps en raison de l’armement du cuirassé Clemenceau qui est considéré comme prioritaire par rapport à la construction d’un nouveau cuirassé. Ce n’est qu’à partir de novembre 1942 que les travaux s’accélèrent véritablement pour aboutir à la mise à flot du cuirassé le 18 mai 1944, le cuirassé étant alors achevé à environ 52%.

Le Normandie est armé pour essais le 16 novembre 1945, transféré directement à la marine nationale le 25 novembre. Mouillé en rade-abri, le Normandie effectue une campagne d’essais au point fixe du 27 novembre au 12 décembre notamment un spectacle fascinant, le pointage des canons de l’artillerie principale.

Le Normandie effectue une première sortie à la mer en mer d’Iroise du 20 au 31 décembre avant une période d’entretien et de modifications à flot du 1er au 17 janvier. Il effectue deux campagnes d’essais du 25 janvier au 12 février et du 15 au 25 février 1946 quand il repasse au bassin pour des démontages et des modifications et ce du 26 février au 17 mars 1946. Il effectue alors une troisième et dernière campagne d’essais à la mer du 22 mars au 12 mai 1946.

Après un court passage au bassin du 13 au 21 mai 1946, le cuirassé appareille pour une école à feu à Rufisque le 28 mai, arrivant à Dakar le 3 juin et entrainant des canonniers encore novices pour la plupart du 5 au 24 juin 1946.

Le 27 juin 1946, il appareille de Dakar avec l’aide de deux remorqueurs mais une aussière se prend dans ses hélices et le cuirassé doit passer au bassin pour de menues réparations et ce jusqu’au 4 juillet 1946.

Il quitte la capitale de l’Afrique Occidentale Française le 6 juillet 1946 pour sa traversée de longue durée, un trajet méditerranéen bien qu’à terme il soit prévu que le Normandie soit affecté à la Flotte de l’Atlantique.

Il fait escale à Casablanca le 9 juillet 1946, franchit le détroit de Gibraltar le 11 juillet, fait escale à Tanger du 13 au 15 juillet, à Mers-El-Kebir du 18 au 21 juillet, à Alger du 23 au 30 juillet, Tunis du 2 au 7 août, La Valette (Malte) du 8 au 12 août, Palma de Majorque du 13 au 17 août, Gibraltar du 19 au 22 août, franchissant le détroit le même jour.

L’escale suivante à Cadix du 23 au 26 août voit le Général Franco en déplacement dans la ville visiter le navire, soulignant l’amitié franco-espagnole et la lutte commune de Paris et de Madrid contre le bolchévisme non sans susciter l’embarras de Paris qui cherche à se concilier Moscou qui comprend bien vite que Paris n’est pas sur la même longueur d’onde que le Caudillo à pris ses désirs pour des réalités.

Le cuirassé repart le lendemain, 27 août 1946, faisant escale à Lisbonne du 28 au 31 août (pour ménager la susceptibilité du Portugal de Salazar qui à toujours une relation ambivalente avec son puissant voisin oriental) avant de rentrer directement sur Brest où il arrive le 4 septembre 1946 après plus de trois mois loin de son futur porte d’attache.

Le Normandie aurait du être mis en service au mois d’octobre mais le 20 septembre, il est victime d’un incendie qui provoque des dégâts assez sérieux, nécessitant une période de réparations du 23 septembre au 15 octobre avant essais à la mer du 16 au 23 octobre avant un stage de remise en condition du 24 octobre au 12 novembre avant une Ecole à feu à Rufisque du 17 novembre au 5 décembre.

Après une escale à Dakar du 6 au 12 décembre, il reprend la mer, faisant escale ensuite à Casablanca du 16 au 21 décembre, à Lisbonne du 24 au 30 décembre, à Bordeaux du 31 décembre au 6 janvier avant de rentrer à Brest le 8 janvier 1947 à l’aube.

Alors qu’il n’est toujours pas officiellement en service (problèmes administratifs), le cuirassé quitte Brest le 12 janvier pour gagner Rouen où il arrive le 15 janvier. Il signe la charte de parrainage entre la ville et le cuirassé, rentrant à Brest le 18 janvier avec une délégation de sa ville marraine qui rentrera de Brest en train.

Le 21 janvier 1947, le cuirassé Normandie est admis au service actif au sein de la Flotte de l’Atlantique. Il est placé hors rang au sein de la 1ère Escadre  de la flotte de l’Atlantique.

Ce GL est pour le moins hétérogène puisqu’il comprend les cuirassés Jean Bart, Gascogne et Lorraine, ce dernier étant le plus souvent détaché auprès du porte-avions Painlevé.

Le cuirassé Normandie appareille de Brest le 25 janvier pour un exercice de défense aérienne à la mer jusqu’au 9 février quand le cuirassé fait escale à Cherbourg jusqu’au 13 février. Reprennant la mer, il subit un entrainement au combat antisurface du 14 au 21 février avant une nouvelle escale au Havre du 22 au 27 février 1947, rentrant à Brest le 28 février.

Le cuirassé sort à nouveau du 1er au 12 mars, effectuant un entrainement aviation, soutenu par le ravitailleur La Charente, le cuirassé le navire de soutien et les deux torpilleurs d’escadre faisant escale à Saint Nazaire du 13 au 18 mars 1947. La petite force navale reprend la mer le 19 mars, s’entraine au combat antisurface jusqu’au 25 mars avant une nouvelle escale à La Pallice du 26 mars au 2 avril. Ils rentrent tous à Brest le 4 avril 1947.

Le cuirassé Normandie reprend la mer le 12 avril pour entrainer son détachement aviation (deux Dewoitine HD-731) jusqu’au 21 avril quand il mouille à l’entrée du port de Saint Malo jusqu’au 25 avril 1947. Il rentre à Brest le lendemain 26 avril.

Du 1er au 8 mai 1947, le cuirassé participe à l’entrainement des défenses côtières du secteur de Brest qui comme ailleurs ont été largement modernisées.

Le cuirassé Normandie appareille le 15 mai en compagnie du cuirassé Jean Bart, du croiseur lourd Foch, du croiseur léger Gloire, de trois contre-torpilleurs de la 3ème DCT (Bugeaud Du Chayla Dupetit-Thouars), dessous-marins Casabianca, Rolland Morillot et La Guadeloupe et du PRE La Seine direction Greenock où la division occasionnelle baptisée Force G arrive le 21 mai.

Elle reprend la mer le 24 mai 1947 et arrive à Scapa Flow le 28 mai où elle retrouve le cuirassé King George V et Vanguard (classe Hood, des Lion améliorés), le porte-avions Malta, les croiseurs légers Southampton et Gloucester et six destroyers.

Les deux escadres s’entrainent du 1er au 21 juin avec des attaques escadres contre escadres, des exercices de lutte ASM, de défense aérienne à la mer, de raids amphibies, de tir contre la terre…………. .

Les deux groupes font escale ensemble à Aberdeen du 23 au 27 juin puis à Newcastle du 29 juin au 1er juillet, Douvres du 4 au 7 juillet, Cherbourg du 10 au 13 juillet et Brest du 17 au 22 juillet 1947, date à laquelle les navires anglais rentrent au pays.

Le cuirassé Normandie est indisponible du 22 juillet au 12 août avant de reprendre son service, effectuant ses essais du 13 au 15 août puis pour remise en condition du 17 au 31 août, le cuirassé et les deux torpilleurs d’escadre rentrant à Brest le lendemain 1er septembre 1947.

Le cuirassé Normandie sort à nouveau pour une école à feux du 8 au 18 septembre puis pour entrainement au combat antisurface du 24 septembre au 2 octobre,faisant escale à Rouen du 3 au 7 octobre, à Cherbourg du 9 au 12 octobre avant de rallier Brest le lendemain 13 octobre 1947. Il participe ensuite à un entrainement aviation au profit de ses hydravions embarqués du 18 au 27 octobre, rentrant à Brest le lendemain 28 octobre 1947.

Le cuirassé ressort une dernière fois du 2 au 21 novembre pour un important exercice aéronaval en compagnie du porte-avions d’escadre Painlevé et du porte-avions léger Alienor d’Aquitaine en stage de mise en condition à l’époque (il doit être ensuite affecté aux Forces Navales Françaises en Extrême Orient FNFEO). Cet exercice voit le cuirassé couvrir alternativement les deux porte-avions pendant que le porte-avions non escorté tente d’attaquer le porte-avions et le cuirassé. On voit également l’aviation à terre simuler des attaques aériennes à la torpille, à la bombe et même les premiers essais à la roquette air-sol.

A l’issue de cet exercice, le Normandie subit son premier petit carénage du 2 décembre 1947 au 14 février 1948 avant des essais à la mer du 17 au 20 février puis un stage de remise en condition du 22 février au 18 mars, stage rendu nécessaire à la fois par les deux mois d’immobilisation mais également par le renouvelement de l’équipage (30% de nouveaux embarqués).

Il aurait du ensuite participer à la cinquième édition de l’exercice Entente Cordiale mais sa participation est au final annulé en raison d’une indisponibilité accidentelle (problèmes de chaudières et de diesels-alternateurs) du 20 avril au 8 mai 1948. Après des essais concluant du 9 au 12 mai, le cuirassé est déclaré de nouveau disponible le 13 mai 1948.

Il sort pour un entrainement à la défense aérienne à la mer du 15 au 21 mai avant une escale à Lorient du 22 au 25 mai avant un exercice de combat antisurface du 26 au 31  mai, rentrant à Brest le lendemain 1er juin.

Le 4 juin 1948, il quitte Brest avec à son bord 25 tonnes d’or de la Banque de France. Escorté par deux torpilleurs d’escadre, il navigue en silence radio et tous feux éteints, à vitesse élevée (27 noeuds de moyenne) direction Halifax où il arrive le 8 juin. Cet or est destiné à garantir des achats aux Etats-Unis et au Canada.

L’or est aussitôt débarqué et le cuirassé repart pour Brest où il rentre le 12 juin. Le cuirassé Normandie effectuera deux autres voyages, le premier du 20 au 29 juin avec 10 tonnes d’or et le second du 4 au 12 juillet avec 9 tonnes d’or de la Banque de France mais également 5 tonnes de la Banque de Belgique.

Le cuirassé Normandie est indisponible pour entretien et permissions de l’équipage du 14 juillet au 4 août, sortant pour essais du 5 au 7 août puis pour remise en condition du 9 au 23 août, date à laquelle il passe aux effectifs de guerre avec rappel des réservistes.

Le cuirassé Normandie sort pour entrainement du 25 au 30 août et la seconde du 1er au 5 septembre.

Alors qu’ils se trouvaient en mer au large d’Ouessant, le cuirassé et ses deux torpilleurs apprennent l’attaque allemande sur le Danemark et la Norvège. Aussitôt, les trois navires rentrent à Brest, se ravitaillent en carburant, munitions, vivres et équipements grand froid puis reprennent aussitôt la mer, direction Rosyth où ils doivent renforcer la Home Fleet conformément aux accords passés avant-guerre. Ils doivent être rejoints par le groupe de combat du Painlevé accompagné du PRE La Seine.

6-Cuirassés et croiseurs de bataille (11)

F-Cuirassés classe Alsace

Avant-propos

L’un des projets initiaux des cuirassés de classe Alsace : douze canons de 380mm en trois tourelles quadruples

 

Le Traité de Londres du 25 mars 1936 limitait le déplacement des cuirassés à 35000 tonnes et un calibre maximum de 356mm. Cependant une clause imposée par l’US Navy permettait d’armer les cuirassés de canons de 406mm au cas où les japonais ne signeraient le traité.

L’US Navy invoqua cette clause le 31 mars 1937 permettant aux North Carolina d’être armés de neuf canons de 406mm à la place des 12 canons de 356mm.

Au printemps 1938, un protocole franco-américano-anglais permettait la construction de cuirassés de 45000 tonnes. La France était cependant gênée par l’absence d’infrastructures pour construire et entretenir de tels géants des mers.

La découverte des cuirassés de type H de la Kriegsmarine de 56000 tonnes (même si le 2ème bureau l’estimait à seulement 40000 tonnes) poussa l’amiral Darlan à demander l’étude de nouveaux cuirassés au STCN le 20 juillet 1939 et de nouveaux canons de 400,406 et 420mm à la Direction des Armes Navales (DAN).A la fin de 1939, le STCN dessina différentes études pour des navires de 40000, 42500 et 45000 tonnes (déplacement standard).

Le projet A dessinait un navire de 252m de long sur 35m de large, un déplacement de 40000 tonnes standard, une vitesse de 31 noeuds et un armement composé de 9 canons de 380mm en trois tourelles triples (deux avant et une arrière), 9 canons de 152mm en trois tourelles triples (une avant et deux arrières, installées derrière les tourelles II et III de 380mm), de 16 canons de 100mm en huit tourelles doubles groupées deux par deux et installées latéralement plus une DCA légère composée de canons de 37 et de 25mm.

Le projet B dessinait un navire de 256m de long sur 35.5m de large, un déplacement de 42500 tonnes standard, une vitesse de 31 noeuds et un armement composé de 9 canons de 406mm en trois tourelles triples (deux avant et une arrière), 9 canons de 152mm en trois tourelles triples (une avant et deux arrières, installées derrière les tourelles II et III de 406mm), de 16 canons de 100mm en huit tourelles doubles groupées deux par deux et installées latéralement plus une DCA légère composée de canons de 37 et de 25mm.

Le projet C dessinait un navire de 265m de long sur 35.5m de large, un déplacement de 45000 tonnes standard, une vitesse de 32 noeuds et un armement composé de 12 canons de 380mm en trois tourelles quadruples (deux avant et une arrière), 9 canons de 152mm en trois tourelles triples (une avant et deux arrière, derrière les tourelles II et III de 380mm), 24 canons de 100mm en douze tourelles doubles installées latéralement plus une DCA légère composée de canons de 37 et de 25mm.

Le projet A resta rapidement le seul en piste car le projet C était trop gros pour les infrastructures françaises et le projet B introduisait un quatrième calibre d’artillerie principale après le 340 des Bretagne, le 330 des Dunkerque et le 380 des Richelieu.

Les deux premiers navires sont commandés comme nous avons pu le voir par le décret-loi du 1er avril 1940, leur construction étant attribuée pour le premier aux chantiers navals de Penhoët et celle du deuxième à l’Arsenal de Brest qui à pour l’occasion s’est dôté d’une forme n°10 et d’une forme n°11 aptes à recevoir de tels «monstres».

Quatre noms sont proposés pour baptisés ces deux premiers cuirassés : Alsace Normandie Flandre et Bourgogne. Le ministre de la marine Jules Belley choisit les deux premiers en dépit des réserves de certains de ces conseillers pour le second nom déjà porté par un paquebot de la CGT.

L’annonce par l’Italie en 1941 de la construction de deux Littorio améliorés entraine le financement par la tranche 1943 du programme naval de deux nouveaux cuirassés de classe Alsace qui sont baptisés Flandre et Bourgogne, la construction du premier étant attribué aux Ateliers et Chantiers  de Saint Nazaire-Penhoët et celle du second à l’Arsenal de Brest.

A noter que l’inaptitude des canons de 152mm à tirer antiaérien poussa le STCN à revenir sur l’armement secondaire des nouveaux cuirassés qui aux canons de 152 et de 100mm initialement envisagés allaient embarquer 20 canons de 130mm en cinq tourelles doubles et une DCA légère composée de vingt-huit canons de 37mm en quatre affûts quadruples ACAQ modèle 1943  et six affûts doubles ACAD modèle 1935 et de douze canons de 25mm en affûts doubles.

Les installations d’hydraviation sont maintenues avec une catapulte à la poupe et un hangar pour deux hydravions type Dewoitine HD-731, nombre qui peut être doublé en cas de guerre.

L’Alsace

En temps de paix, la tourelle II de 380mm portait fièrement le blason de l’Alsace

La commande du premier cuirassé du décret du 1er avril 1940 est passé auprès des Ateliers et Chantiers Navals de Saint Nazaire-Penhöet le 27 juin 1940 et baptisé le 5 septembre 1940 par décret du ministre de la Marine.

Le 20 avril 1941, le porte-avions Joffre est lancé en présence des plus hautes autorités de l’Etat. Il est remorqué au quai d’armement et la cale n°1 préparée pour recevoir le cuirassé Alsace.

-L’Alsace est officiellement mis sur cale le 16 juin 1941 avec la pose des premiers éléments du fond du navire. La construction est menée à un bon rythme _préfabrication et soudure oblige_, l’Alsace est lancé le 22 février 1943 après vingt-mois de travaux et remorqué au quai d’armement pour recevoir son artillerie, ses équipements radars avant de passer dans la forme Joubert pour recevoir notamment ses hélices.

Il est armé pour essais le 7 août 1944 mais toujours sous la responsabilité du chantier constructeur pour des premiers tests destinés à valider les dispositions contractuelles. Les essais ont lieu du 12 au 17 août 1944 avant que le cuirassé ne soit remis à la marine nationale le 27 août 1944.

Le cuirassé Alsace appareille de Saint-Nazaire le 5 septembre direction Brest où il arrive le lendemain. Il échoué le 8 septembre dans le bassin n°10 pour des travaux complémentaires et différents réglages.

Remis à flot le 21 septembre, il entame ses essais officiels le 25 septembre pour près de deux mois jusqu’au 18 novembre. Il est ainsi à la mer du 25 septembre au 3 octobre, du 7 au 15 octobre, du 18 au 23 octobre, du 24 octobre au 5 novembre (avec plusieurs ravitaillement à la mer), du 8 au 12 novembre et enfin du 14 au 18 novembre.

Après un nouveau passage au bassin n°10 du 22 novembre au 7 décembre 1944, le cuirassé appareille pour de nouveaux essais à la mer du 15 au 24 décembre 1944 avant de passer les fêtes de fin d’année à Brest.

Le 4 janvier 1945, il appareille de Brest pour Dakar afin de mener sa première école à feu à Rufisque. Il arrive sur place le 8 janvier 1945, l’école à feux ayant lieu du 9 au 25 janvier 1945 avant que le cuirassé ne rentre en métropole, arrivant à Brest le 31 janvier 1945, passant au bassin jusqu’au 9 février.

Il effectue alors sa traversée longue durée en Amérique du Nord. Il quitte Brest le 12 février pour Halifax où il arrive le 17 février, étant ouvert au public jusqu’au 21 février, le gouverneur général du Canada, Sir Alexander Cambridge, comte d’Athon et oncle du roi George VI visitant le navire le 20 février.

Reprennant la mer, le cuirassé fait successivement escale à Boston du 23 au 25 février, New York du 27 février au 1er mars, Philadelphie du 3 au 6 mars, Washington du 8 au 12 mars et enfin Norfolk du 15 au 19 mars avant de rentrer à Brest le 25 mars. Il passe au bassin du 26 mars au 4 avril 1945.

Le 7 avril 1945, le cuirassé Alsace est admis au service actif au sein de la Flotte de la Méditerranée avec Toulon pour base.

Avant de gagner la Mare Nostrum, le dernier fleuron de la marine nationale va participer à l’exercice franco-britannique Entente Cordiale. Les 14 et 15 avril, il sort avec ses torpilleurs d’escadre Basque et Forbin (classe L’Adroit) qui vont l’escorte en attendant la mise en service de navires plus modernes.

L’Alsace appareille ainsi de Brest le 16 avril 1945 en compagnie du cuirassé Gascogne, du porte-avions Painlevé, de trois contre-torpilleurs de la 6ème DCT (Vautour Milan Epervier), de  six torpilleurs d’escadre (Basque, Forbin, Dague, Durandal, Arquebuse Cimeterre), des sous-marins Ajax Pasteur Antiope Sibylle ainsi que du pétrolier-ravitailleur La Seine.

La force N fait escale à Liverpool du 25 au 28 avril puis à Greenock du 30 avril au 3 mai où il retrouve la force M composée du porte-avions Victorious, du cuirassé Anson, des croiseurs légers Dido et Southampton, de quatre destroyers et de quatre sous-marins.

L’exercice «Entente Cordiale 1945» commence le 5 mai par un affrontement aéronaval entre Painlevé et le Victorious jusqu’au 7 mai avant une série d’écoles à feu et d’entrainement au combat antisurface du 8 au 10 mai. Après un entrainement anti-sous-marin le 11 mai, les navires français et anglais sont engagés le 13 mai dans un exercice de défense aérienne à la mer.

Les deux escadres se séparent le 17 mai 1945 après une revue navale à Rosyth. Les navires français font ensuite escale à Dunkerque du 19 au 22 mai, Cherbourg du 24 au 26 mai avant de rentrer à Brest le 27 mai dans la soirée.

Le cuirassé quitte Brest le 1er juin 1945, fait escale au mouillage à Bayonne du 5 au 8 juin, franchit le détroit de Gibraltar le 11 juin, fait escale à Ajaccio le 14 juin avant d’arriver à Toulon le 15 juin 1945.

Il est affecté au Groupement de Ligne de la Flotte de la Méditerranée. Placé hors rang, il en devient le navire-amiral quelques jours plus tard.

Il sort pour entrainement dans le golfe du Lion du 21 juin au 4 juillet avant une escale à Marseille du 5 au 12 juillet. Après un ravitaillement auprès du PRE La Saône, le cuirassé et ses deux torpilleurs d’escorte subissent un entrainement de défense aérienne à la mer du 14 au 25 juillet, rentrant à Toulon le 1er août après une escale à Nice du 26 au 30 juillet 1945.

Après une période d’indisponibilité (permissions de l’équipage) du 2 au 22 août, le cuirassé Alsace sort pour essais du 23 au 27 août avant remise en condition au large du cap Corse du 28 août au 12 septembre, rentrant à Toulon le 13 septembre 1945.

Le 17 septembre 1945, le cuirassé Alsace appareille de Toulon avec ses deux anges-gardiens pour une école à feu à Rufisque, fait escale à Mers-El-Kébir du 19 au 22 septembre, franchit le détroit de Gibraltar le 24 septembre avant d’arriver à Dakar le 28 septembre 1945.

Le cuirassé effectue une première école à feux du 30 septembre au 9 octobre avant de manoeuvrer avec ses torpilleurs d’escadre dans un exercice de combat après que ces torpilleurs eurent manoeuvrer de leur côté avec lancement de torpilles et entrainement au tir antiaérien.

Après un ravitaillement à Dakar le 10 octobre 1945, le cuirassé Alsace et ses torpilleurs effectuent une nouvelle école à feu du 11 au 31 octobre avant une nouvelle escale à Dakar du 1er au 5 novembre 1945.

Ils reprennent la mer le 6 novembre, font escale à Port Etienne du 7 au 10 novembre, à Casablanca du 12 au 16 novembre avant de rentrer à Toulon le 22 novembre 1945 à l’aube.

Après une période d’entretien à flot du 23 novembre au 4 décembre, le cuirassé sort pour essais du 5 au 8 décembre avant de mouiller aux salins d’hyères du 9 au 13 décembre, date à laquelle il reprend la mer pour entrainement.

C’est ainsi que du 14 au 19 décembre, le cuirassé est en entrainement aviation pour son détachement embarqué (deux Dewoitine HD-731) avant d’enchainer par un entrainement de défense aérienne à la mer du 20 au 27 décembre avant de rentrer à Toulon le 28 décembre 1945.

L’Alsace sort pour la première fois en 1946 du 5 au 15 janvier pour un entrainement à la lutte ASM, le cuirassé utilisant ses hydravions pour couvrir ses deux torpilleurs d’escorte chargés de traquer les sous-marins L’Astrée et La Favorite. Après une escale à Ajaccio du 16 au 20 janvier, le cuirassé rentre à Toulon le lendemain 21 janvier 1946.

En 1946, la France et l’URSS en dépit de régimes politiques diamétralement opposés se rapprochent, inquiets de la montée en puissance de l’Allemagne qui à retrouvé les accents menaçants de l’époque hitlérienne.

Pour célébrer ce rapprochement, une escadre russe rend visite à la flotte de la Méditerranée à Toulon, renouant avec la visite de l’escadre tsariste en octobre 1893.

Le 4 février 1946 arrive dans le port varois le cuirassé Sovietskaya Ukrainia, le croiseur lourd Kirov et quatre destroyers. Ils sont ouverts au public du 5 au 8 février avant de repartir le 15 février après des exercices avec la marine française.

Le cuirassé Alsace sort pour entrainement au combat de nuit du 18 au 25 février avant une escale à Nice du 26 février au 1er mars. Rentré à Toulon le 3 mars, il subit un entrainement de défense aérienne à la mer du 5 au 15 mars avant de rentrer à Toulon le 16 mars 1946.

Quelques semaines après la visite de l’escadre soviétique à Toulon, la France rend la pareille à l’URSS. Le cuirassé Alsace appareille le 20 mars 1946 en compagnie du croiseur lourd Saint Louis, des torpilleurs d’escadre Mameluk et Casque, des sous-marins La Réunion et L’Ile d’Oleron du pétrolier ravitailleur Liamone.

La petite force navale fait escale à Bizerte le 23 mars, en baie de la Sude le 26 mars, franchit le détroit des Dardanelles le 29 mars, le Bosphore le lendemain 30 mars avant de mettre cap sur Sebastopol où la petite escadre arrive le 4 avril 1946.

Elle va participer à des exercices avec la marine soviétique du 7 au 25 avril 1946 avant de faire escale en Turquie, à Trabzon du 27 au 30 avril et Istanbul du 2 au 5 mai. Il retrouve la Méditerranée, fait escale au Pirée du 8 au 11 mai, à Haïfa du 12 au 14 mai, Bizerte du 16 au 19 mai avant de rentrer à Toulon le 21 mai 1946 après deux mois loin du port.

L’Alsace subit un petit carénage à Toulon du 25 mai au 4 juillet 1946 avant des essais du 5 au 8 juillet puis pour remise en condition du 10 au 24 juillet. Il est ensuite à Rufisque pour une école à feu, quittant Toulon le 27 juillet pour Dakar où il arrive le 2 août. Il s’entraine au polygone de Rufisque du 4 au 25 août 1946 avant de rentrer à Toulon le 2 septembre 1946.

Le cuirassé Alsace sort à nouveau pour un entrainement antisurface du 7 au 15 septembre avant une escale à Marseille du 16 au 20 septembre au cours de laquelle est signée la charte de parrainage entre le cuirassé et une délégation de la ville de Colmar.

Reprennant la mer le 21 septembre, il subit un entrainement de défense aérienne à la mer jusqu’au 30 septembre, rentrant à Toulon  le 5 octobre après un mouillage aux salins d’Hyères du 1er au 4 octobre. Il sort pour un entrainement aviation du 8 au 12 octobre au profit de son détachement embarqué, rentrant à Toulon le 14 octobre à l’aube.

Le 15 octobre 1946, des violentes émeutes touchent la ville de Philipeville et sa région, le meurtre d’une famille pied-noir ayant provoqué des représailles vis à vis des autochtones et un cercle infernal d’exactions et de représailles

Le cuirassé quitte Toulon en urgence le 18 octobre avec à son bord plus de 400 gendarmes mobiles qu’il débarque le lendemain 19 octobre avant d’opérer au large du port, menaçant la ville de tirs contre la terre.

Le cuirassé mouille au large du port le 24 octobre après la fin d’émeutes qui ont fait plus de 130 morts chez les pieds-noirs comme chez les autochtones. Le cuirassé rembarque les gendarmes mobiles le 26 octobre et rentre à Toulon le lendemain 27 octobre.

Le cuirassé Alsace est en entretien à flot du 28 octobre au 12 novembre avant de sortir pour essais du 13 au 18 novembre avant un stage de remise en condition du 19 au 30 novembre. Après s’être ravitaillé à Toulon le 1er décembre, le cuirassé quitte Toulon le 2 décembre pour Dakar où il arrive le 10 décembre 1946. Son école à feux à lieu du 11 au 26 décembre avant de mettre cap sur Toulon où il arrive le 2 janvier 1947.

Après plusieurs sorties pour instruction des écoles installées à Toulon (4-8 et 17-21 janvier, 14-18 février), le cuirassé appareille pour Malte le 12 mars 1947 en compagnie du porte-avions Joffre du croiseur lourd Henri IV, des croiseurs légers De Grasse et Jean de Vienne, de trois contre-torpilleurs de la 12ème DCT (Desaix Kleber Marceau), de quatre torpilleurs d’escadre, de trois sous-marins Nivôse Floréal Ile de Brehat et de deux pétroliers les Elorn et Liamone, arrivant sur l’île le 15 mars. Tous ces navires avaient auparavant manoeuvrés ensemble du 3 au 10 mars pour parfaire leurs automatismes.

Cette escadre baptisée Force T va participer à des exercices avec la Mediterranean Fleet sur le modèle des exercices Entente Cordiale qui engage la flotte de l’Atlantique et la Home Fleet. Cet exercice est baptisé «Cordial Agreement» en guise de clin d’oeil Pour cette première, la flotte britannique de la Méditerranée à mobilisé les cuirassés Nelson et Rodney, le porte-avions Indomitable, les croiseurs légers Belfast et Newcastle, six destroyers et quatre sous-marins.

L’exercice commence par un exercice à terre le 16 mars pour s’accorder sur les règles lors des exercices et faire travailler la théorique. Les choses sérieuses commence le lendemain 17 mars par un exercice de lutte ASM.

Les sous-marins anglais et français vont ainsi tenter des attaques contre les navires français anglais selon plusieurs scénarios : soit des attaques contre des navires naviguant seuls ou des groupes occasionnels par exemple celui formé par les porte-avions Joffre et Indomitable, le cuirassé Alsace, les croiseurs légers De Grasse Jean Vienne et Belfast et plusieurs destroyers.

Le 18 mars, c’est un exercice de défense aérienne à la mer avec le matin, les deux groupes nationaux attaqués par des chasseurs bombardiers Supermarine Spitfire et des bombardiers torpilleurs Bristol Beaufort basés à Malte mais l’après midi, la force navale britannique attaque avec des bombardiers en piqué Douglas Dauntless et des avions torpilleurs Fairey Albacore les navires français.

Les 19 et 20 mars, c’est un combat d’escadre qui oppose la force T à son homologue britannique, à tour de rôle les deux forces cherchant à défendre Malte d’un raid amphibie.

Le 21 mars, les deux escadres gagnent la Tunisie, des îlots désertiques de la côte tunisienne servant de cible aux canons de 406,380, 203,152,130 et 120mm dans un bruyant concert sans parler des avions embarqués qui utilisent bombes et roquettes.

Les trois cuirassés, les deux porte-avions, les quatre croiseurs légers, le croiseur lourd, les neuf destroyers, les pétroliers et les sous-marins font ensuite escale à Bizerte où ils sont passés en revue par le résident général en Tunisie avant de se séparer le lendemain 22 mars, les navires français rentrant à Toulon le 24 mars 1947 au matin  sauf le Jean de Vienne resté à Bizerte son port d’attache.

Après une période d’entretien à flot du 30 mars au 6 avril, le cuirassé Alsace appareille pour faire le tour de la Corse, une réponse à un discours de Mussolini du 5 avril revendiquant la Corse comme appartenant à la nation italienne.

Le cuirassé appareille le 8 avril à l’aube en compagnie de deux torpilleurs d’escadre, fait escale à Bastia du 9 au 12 avril, mouille dans le Golfe de Saint Florent du 13 au 16 avril, Ile Rousse les 17 et 18 avril, Calvi du 19 au 21 avril, Cargèse du 23 au 26 avril, Ajaccio du 27 avril au 1er mai, Propriani les 2 et 3 mai, Bonifacio du 5 au 7 mai et Porto Vecchio à partir du 8 mai 1947.

Le 10 mai alors qu’il allait appareiller pour Bastia, l’Alsace est victime d’une avarie majeure de propulsion, l’immobilisant dans un port bien entendu pas outillé pour ce travail. Cette immobilisation forcée est mise à profit par l’équipage du cuirassé.

La compagnie de débarquement est mise à terre pour des manoeuvres avec les unités de l’armée de terre en Corse et des officiers supérieurs et des officiers mariniers du cuirassé participent aux périodes de rafraichissement des officiers de réserve du département.

Le cuirassé est prit en charge par le remorqueur de haute mer Centaure le 15 mai avec un équipage réduit de 60% (les seuls marins indispensables) escorté par deux torpilleurs d’escadre.

Il arrive à Bizerte le 20 mai 1947 et immédiatement mis au bassin pour changement de deux lignes d’arbre et des hélices. Remis à flot le 5 juin, il est en essais du 7 au 10 juin avec un stage de remise en condition du 12 au 26 juin avant de rentrer à Toulon le 29 juin 1947.

Ce tour de Corse censé contrer les prétentions italiennes s’est donc terminé en queue de poisson ce que ne manquera pas de souligner la propagande italienne.

Réponse du berger à la bergère, le cuirassé Alsace effectue un nouveau tour de Corse cette fois sans problèmes, faisant escale à l’Ile Rousse du 12 au 15 juillet, Calvi du 17 au 20 juillet, Cargèse du 21 au 23 juillet, Ajaccio du 25 au 27 juillet, Bonifacio du 28 au 30 juillet, Porto Vecchio du 2 au 5 août, Bastia du 7 au 12 août avant de rentrer à Toulon le 14 août.

Après une période d’indisponibilité du 15 août au 22 septembre, le cuirassé reprend la mer pour essais du 23 au 27 septembre avant un stage de remise en condition dans le Golfe du Lion du 28 septembre au 13 octobre 1947.

Le 16 octobre, le cuirassé quitte Toulon, fait escale à Mers-El-Kébir du 18 au 22 octobre, franchit le détroit de Gibraltar le 24 octobre, relâche à Casablanca du 25 au 28 octobre avant d’arriver à Dakar le 2 novembre 1947.

L’Ecole à feux à Rufisque à lieu du 5 novembre au 2 décembre avant une nouvelle escale à Dakar du 2 au 6 décembre. Il reprend la mer le 7 décembre, fait escale à Casablanca du 11 au 15 décembre, franchit le détroit de Gibraltar le 16 décembre avant de rentrer à Toulon le 23 décembre, restant à quai jusqu’à la fin de l’année.

Le 7 décembre 1947, l’Alsace forme une nouvelle 5ème DL en compagnie de son sister-ship Flandre

Le cuirassé Alsace sort pour entrainement au combat antisurface du 5 au 11 janvier, rentrant à Toulon le 18 janvier après un mouillage aux salins d’Hyères du 12 au 17 janvier 1948.

Le cuirassé Alsace est en petit carénage du du 20 janvier au 4 juin 1948 à l’Arsenal de Sidi-Abdallah, passant au bassin du 20 janvier au 12 mai 1948 avant des travaux à quai, le cuirassé effectuant ses essais à la mer du 7 au 10 juin avant un stage de remise en condition du 12 au 26 juin 1946. Le cuirassé et les deux torpilleurs d’escadre rentrant à Toulon le 29 juin 1948.

Le cuirassé Alsace sort pour une école à feux du 6 au 16 juillet, rentrant à Toulon le 17 juillet 1948 avant d’enchainer par un entrainement de défense aérienne à la mer du 21 au 29 juillet, rentrant à Toulon le lendemain 30 juillet 1948. Il participe à des manoeuvres aéronavales en compagnie du porte-avions Joffre du 4 au 20 août 1948.

L’Alsace passe au régime de guerre le 21 août, sortant pour amarriner ses réservistes du 22 au 29 août, rentrant à Toulon le lendemain 30 août, restant à quai jusqu’au 5 septembre 1948 quand il appareille pour sa première sortie de guerre, une mission de présence entre Corse et continent.

6-Cuirassés et croiseurs de bataille (10)

Le Gascogne

Schéma originel du Gascogne

Avant propos

L’annonce de la construction des cuirassés Roma et Impero entraina naturellement une riposte de la marine nationale qui passa commande dans la tranche 1938bis de deux nouveaux cuirassés rapides appelés famillièrement «35000 tonnes» pour leur tonnage théorique.

La France se distinguait par une architecture originale. Les différentes marines séparaient leur batterie principale avec généralement deux tourelles à l’avant et une troisième à l’arrière mais la Royale avait choisit avec les Dunkerque de concentrer la batterie principale à l’avant avec deux tourelles quadruples, disposition reprise sur les Richelieu.

Néanmoins le 19 mars 1938, parallèlement au choix de la variante A2 pour le futur Clémenceau, le vice-amiral Darlan choisit la variante B3ter pour un quatrième «35000 tonnes». Ce nouveau design marquait une rupture par rapport aux trois navires précédents puisqu’une tourelle quadruple était installée à l’avant et la seconde à l’arrière.

L’armement secondaire était également modifié : trois tourelles triples de 152mm (deux à l’avant derrière la tourelle I de 380mm et la troisième derrière la tourelle II de 380mm) et pour la DCA, huit tourelles doubles de 100mm modèle 1937 installés latéralement par groupes de deux latéralement à l’avant et à l’arrière.

La DCA légère était également composée de six affûts doubles ACAD modèle 1935 de 37mm installés par deux groupes de deux à l’avant de part et d’autres de la tourelle II de 152mm, les deux dernières étant installés un pont au dessus des groupes arrières de 100mm. Trente six mitrailleuses de 13.2mm étaient également embarquées en neuf affûts quadruples

Les installations aéronautiques étaient d’abord prévues au milieu du navire avec un hangar et deux catapultes mais au final une seule catapulte fût installée à la poupe avec un hangar sous le pont blindé. Le Gascogne aurait été le premier cuirassé à embarquer le Farman NC420, un bimoteur chargé de remplacer le Loire 130.

Avant même la mise sur cale ce design évolua. Si au final on décida de conserver les installations aéronautiques (tout en abandonnant le NC420 qui se révéla raté notamment en raison de moteurs viciés), l’armement secondaire évolua avec le remplacement des canons de 152mm et de 100mm par dix tourelles doubles de 130mm à double usage, la DCA légère devant se composer de douze canons de 37mm en six affûts doubles ACAD modèle 1935 et de vingt canons de 25mm en dix affûts doubles modèle 1940.

Construction et carrière opérationnelle

-Le Gascogne est mis sur cale dans la forme Caquot aux Ateliers et Chantiers de la Loire le 15 septembre 1940. Les travaux sont menés avec célérité par les  ACL et les Ateliers et Chantiers de Saint Nazaire-Penhoët quand ce dernier à des ouvriers disponibles, cette étroite coopération aboutissant à une fusion en 1947 donnant naissance aux Ateliers et Chantiers de l’Atlantique (ACA) bien que les deux chantiers conservent leur autonomie, la guerre ayant entravé le processus de fusion complète et irrémédiable.

Le navire est mis à flot le 14 avril 1942 alors achevé à 56%. L’achèvement à lieu à flot dans la forme Caquot puis dans la forme Joubert après son armement pour essais.

Le Gascogne est armé pour essais le 12 septembre 1943, il est alors toujours sous la responsabilité de son chantier constructeur, le noyau d’équipage de la marine nationale n’étant qu’en position d’observateur pour un premier cycle d’essais au large de Saint Nazaire du 16 septembre au 4 octobre 1943.

Le cuirassé est solenellement remis à la marine nationale le 6 octobre 1943 et appareille lendemain pour Brest où il arrive le 8 octobre dans la matinée. Il subit des travaux à flot avant d’être échoué au bassin du 21 décembre 1943 au 20 janvier 1944 pour des modifications diverses sur ses gouvernails, ses arbres et ses hélices.

Il subit ensuite ses essais officiels du 25 janvier au 15 mars 1944 avant d’être à nouveau échoué dans le bassin n°9 le 17 mars.

Remis à flot le 9 avril 1944, il appareille pour une école à feu à Rufisque le 11 avril 1944, arrivant à Dakar le 17 avril 1944. Les canonniers du Gascogne s’en donnent à coeur joie jusqu’au 14 mai 1944 quand il appareille pour Brest, arrivant à destination le 19 mai 1944.

Il repasse au bassin n°10 libéré par le lancement la veille du cuirassé Normandie (classe Alsace) où il est immobilisé jusqu’au 5 juin pour réparations et modifications diverses. Après une campagne d’essais de vitesse sur la base des Glénans du 7 au 13 juin, le cuirassé appareille pour sa traversée de longue durée.

Il quitte Brest le 15 juin en compagnie de deux torpilleurs d’escadre, fait escale à Cherbourg le 17 juin, sur l’île de Wight le 19 juin, au Havre du 21 au 24 juin et à Dunkerque du 25 au 28 juin avant de regagner Brest où il arrive le 1er juillet 1944.

Le cuirassé passe devant la commission supérieure d’armement du 3 au 6 juillet 1944, faisant escale au Verdon du 7 au 9 juillet avant de rentrer à Brest le 11 juillet 1944.

Le 12 juillet 1944, le cuirassé Gascogne est admis au service actif au sein de la Flotte de l’Atlantique, formant la 2ème DL en compagnie du cuirassé Jean Bart.

Sa première sortie opérationnelle à lieu du 13 au 21 juillet, un exercice d’entrainement en mer d »Iroise avec une école à feu, le cuirassé tirant 48 obus de 380mm et 120 obus de 130mm. Il rentre à Brest le lendemain 22 juillet.

Le 27 juillet 1944, le cuirassé Gascogne tout en restant intégré à la 2ème DL devient navire-amiral de la Flotte de l’Atlantique.

Du 30 juillet au 5 août 1944, le cuirassé Gascogne sort pour entrainement aviation au profit de ses Dewoitine HD-731 en mer d’Iroise avant une escale à Cherbourg du 6 au 13 août. Le cuirassé reprend la mer pour un entrainement à la défense aérienne à la mer du 14 au 22 août avant une nouvelle escale à Calais du 23 au 30 août. Il rentre à Brest le 3 septembre après avoir subit son premier ravitaillement à la mer auprès du pétrolier-ravitailleur La Seine.

Le 7 septembre 1944, le cuirassé Gascogne quitte Brest pour gagner Bordeaux, s’amarrant au quai des Chartrons, en plein coeur du centre-ville de la cité du sud-ouest.

Arrivé sur place le 9 septembre, il est le théâtre de festivités pour célébrer la signature de la charte de parrainage entre le cuirassé et la ville de Bordeaux.

Une délégation de la ville dirigée par son maire, Adrien Marquet embarque sur le cuirassé pour le voyage retour jusqu’à Brest où le cuirassé rentre le 12 septembre 1944, à temps pour participer à un grand exercice commun avec l’armée de l’air.

Cet exercice baptisé «Prométhée» qui à lieu du 20 septembre au 15 octobre voit par exemple le porte-avions Painlevé lancer des raids sur les bases de l’armée de l’air dans la région pendant que cette dernière lance des raids d’avions torpilleurs sur la flotte. Des exercices ASM (avec pour plastron les sous-marins Pasteur et Ajax) et de défense aérienne à la mer ont également lieu.

Le cuirassé rentre à Brest le 17 octobre mais est victime d’une indisponibilité accidentelle du 20 octobre au 15 novembre en raison d’un problème sur une chaudière.

Il effectue ensuite quelques essais à la mer du 17 au 21 novembre pour vérifier le bon fonctionnement des solutions techniques et amariner le personnel nouvellement embarqué. C’est ensuite un stage de remise en condition du 23 novembre au 12 décembre complété par une école à feux à Rufisque du 17 au 30 décembre, rentrant à Brest le 5 janvier 1945.

Le cuirassé Gascogne sort pour entrainement du 12 au 24 janvier 1945 puis enchaine par un entrainement au combat de nuit avec tirs réels du 2 au 9 février avant de gagner Cherbourg pour une escale du 10 au 16 février.

Il reprend ensuite la mer pour un exercice de défense aérienne à la mer du 17 au 27 février avant une escale à Plymouth du 28 février au 5 mars avant de rentrer à Brest le 7 mars 1945.

Le cuirassé sort à nouveau pour entrainement en mer d’Iroise du 8 au 22 mars, étant ravitaillé à plusieurs reprises par le ravitailleur rapide La Charente. Après une escale à La Rochelle du 24 au 31 mars, le cuirassé rentre à Brest le 2 avril 1945

Au printemps 1944, les marines britanniques et françaises avaient réalisé un exercice commun en mer du Nord. En 1945, il est décidé de renouveler l’expérience toujours en Ecosse même si l’édition 1946 doit avoir lieu dans le Golfe de Gascogne.

Le Gascogne appareille ainsi le 16 avril 1945 en compagnie du cuirassé Alsace, du porte-avions Painlevé, des contre-torpilleurs de la 6ème DCT (Vautour Milan Epervier), de six torpilleurs d’escadre (Durandal Dague Arquebuse Cimetere Forbin Basque), de quatre sous-marins (Ajax Pasteur Sibylle et Antiope) et du pétrolier ravitailleur La Seine.

La force N fait escale à Liverpool du 25 au 28 avril puis à Greenock du 30 avril au 3 mai où il retrouve la force M composée du porte-avions Victorious, du cuirassé Anson, des croiseurs légers Dido et Southampton, de quatre destroyers et de quatre sous-marins.

L’exercice «Entente Cordiale 1945» commence le 5 mai 1945 au large des Shetlands avec d’abord un affrontement aéronaval entre le Painlevé et le Victorious, les Latécoère Laté 299 «torpillant» le Victorious mais les Fairey Albacore rendent vengent leur porte-avions en «coulant» le Painlevé (7 mai).

Les porte-avions couvrent ensuite du 8 au 10 mai les cuirassés français et anglais qui effectuent des écoles à feu, les destroyers et les torpilleurs repoussent une attaque menée par les croiseurs légers et les contre-torpilleurs.

Le 11 mai, des sous-marins britanniques et des sous-marins français tentent d’attaquer les deux escadres au large de Scapa Flow, torpillant le Victorious et le Gascogne. Le 13 mai, les deux escadres sont attaquées par des avions du Coastal Command dans un exercice de défense aérienne à la mer jusqu’au 15 mai 1945.

Les deux escadres se séparent le 17 mai 1945 après une revue navale à Rosyth. Les navires français font ensuite escale à Dunkerque du 19 au 22 mai, Cherbourg du 24 au 26 mai avant de rentrer à Brest le 27 mai dans la soirée.

Après une période d’indisponibilité du 28 mai au 17 juin 1945, le cuirassé sort pour essais du 18 au 20 juin puis pour remise en condition du 22 juin au 6 juillet,  les trois navires faisant escale à Saint Nazaire du 7 au 11 juillet, au Verdon du 12 au 15 juillet avant de rentrer à Brest le lendemain 16 juillet 1945.

Le Gascogne sortent à nouveau pour entrainement du 20 au 27 juillet avant de rallier Brest pour ravitailler le 28 juillet. Le cuirassé et ses torpilleurs d’escorte repartent dès le lendemain 29 juillet, font escale à Lisbonne du 31 juillet au 2 août avant de rallier Dakar le 5 août pour une école à feux à  Rufisque.

Après une école à feu à Rufisque du 8 août au 5 septembre, le Gascogne et ses torpilleurs d’escorte quittent Dakar le 6 septembre, se ravitaillent à Casablanca le 9 septembre avant de rallier Saint Nazaire le 12 septembre  1945.

le cuirassé retourne à Saint Nazaire pour subir un petit carénage dans la forme Joubert, travaux qui l’immobilise du 15 septembre 1945 au 14 février 1946. Il effectue ces essais à la mer du 17 au 20 février avant un stage de remise en condition du 22 février au 10 mars, rentrant à Brest le lendemain 11 mars 1946.

Le cuirassé Gascogne sort à nouveau pour entrainement du 19 au 27 mars, faisant escale à Bordeaux du 28 mars au 3 avril avant de rentrer à Brest le 4 avril 1946.

Le 8 avril 1946 arrive à Brest une escadre britannique destinée à l’exercice «Entente Cordiale 1946», escadre composée du cuirassé Howe, du croiseur lourd Kent, des croiseurs légers antiaériens Dido et Bellona, de six destroyers et de trois sous-marins.

La Flotte de l’Atlantique engage elle le porte-avions Painlevé qui sort tout juste d’un petit carénage, le cuirassé Gascogne, le croiseur lourd Foch, les contre-torpilleurs de la 3ème DCT (Bugeaud du Chayla Dupetit-Thouars classe Bayard), six torpilleurs d’escadre ((Arquebuse Cimeterre Durandal Dague Intrepide et Téméraire)) et quatre sous-marins, les Rolland Morillot  Ile de France  Kerguelen  et La Guadeloupe.

L’exercice commence le 10 avril 1946 par un exercice de lutte ASM, les sous-marins français tentant de couler leurs homologues britanniques avant de faire alliance pour attaquer l’escadre franco-anglaise au mouillage dans la baie de Douarnenez.

Le 12 avril, le porte-avions Painlevé lance des raids contre l’escadre britannique en mer au large d’Ouessant dans un scénario voyant la force de l’amiral Kenton assiéger Brest délivrée par une escadre française. Le lendemain 13 avril, les deux escadres réunies simulent une démonstration navale devant le Goulet, l’artillerie côtière ouvrant le feu contre les navires français et anglais couvert par le porte-avions.

Les 14 et 15 avril, les deux escadres réunies participent à un exercice de défense aérienne à la mer où ils doivent repousser l’attaque d’avions basés à terre.

Le 17 avril, les deux forces navales appareillent pour Rufisque afin d’effectuer une école à feu commune. Les deux escadres sont rassemblées dans la rade de Brest avant d’appareiller sans les sous-marins qui restent à Brest.

Le cuirassé Gascogne ouvre la marche suivit par le croiseur lourd Foch et son homologue britannique le Kent, le porte-avions Painlevé, le cuirassé Howe suivis par les trois contre-torpilleurs, les six torpilleurs d’escadre, les croiseurs légers antiaériens et les six destroyers britanniques.

En mer, les deux forces se séparent pour former deux groupes occasionels bi-nationaux. Le premier sous commandement français regroupe le cuirassé Gascogne, le porte-avions Painlevé, le croiseur lourd Kent, quatre torpilleurs d’escadre et deux destroyers alors que le second sous commandement anglais regroupe le cuirassé Howe, le croiseur lourd Foch, les croiseurs légers antiaériens Dido et Bellona, les trois contre-torpilleurs, quatre destroyers et deux torpilleurs d’escadre.

Ces deux forces vont manoeuvrer ensemble durant le transit jusqu’à Dakar où elles arrivent le 22 avril. Le groupe Gascogne est le premier à utiliser les installations du polygone de Rufisque du 23 avril au 14 mai avant de laisser la place au groupe Howe du 15 au 31 mai, le groupe Gascogne durant ce laps de temps manoeuvrant entre Dakar et Port Etienne.

Les deux forces navales appareillent le 2 juin, font route ensemble jusqu’aux aterrages immédiats de Brest où les navires anglais quittent leurs homologues français et rentrent dans leurs ports respectifs, les navires français retrouvant la Rade-Abri le 7 juin 1946.

Le cuirassé Gascogne quitte Brest le 10 juin pour Cherbourg où il va subir un grand carénage dans la forme du Hornet. Il y est échoué le 13 juin 1946 et va y rester près de huit mois jusqu’au 5 février 1947 quand il quitte la forme pour être amarré en grande rade pour des travaux complémentaires.

Les travaux ont lieu à flot du 6 février au 14 mars quand le cuirassé est armé pour essais. Les essais à la mer perturbé par une météo exécrable ont lieu du 15 au 18 mars avant remise en condition du 20 mars au 2 avril, le cuirassé et ses deux torpilleurs d’escadre ralliant Brest le lendemain 3 avril 1947.

Il quitte son port d’attache le 10 avril 1947 pour un stage de tir à Rufisque, le cuirassé faisant escale à Casablanca du 15 au 18 avril avant de gagner Dakar où il arrive le 22 avril 1947. L’entrainement au tir à lieu du 24 avril au 19 mai, le Gascogne faisant escale à Dakar du 20 au 27 mai et rentrant à Brest le 3 juin 1947 dans la matinée.

Du 10 au 17 juin, le cuirassé Gascogne sort pour entrainement de son détachement aviation, les  deux Dewoitine HD-731 étant catapultés et récupérés, effectuant de simples vols d’entrainement (notamment pour les pilotes novices) mais également des simulations de recherche ASM, de recherche d’objectifs et de guidage de tir au cours de plusieurs écoles à feux.

Après un ravitaillement à la mer le 18 juin mené par le pétrolier-ravitailleur Var, le cuirassé et ses deux gardes du corps effectuent un nouvel entrainement aviation du 19 au 26 juin mais au profit des Dewoitine HD-780 basés à Lanvéoc-Poulmic avant une escale à Cherbourg du 27 juin au 1er juillet 1947.

Reprennant la mer le 2 juillet, le cuirassé sert de plastron aux défenses côtières du secteur de Cherbourg jusqu’au 8 juillet quand il mouille à Guernesey dans les îles anglo-normandes du 9 au 13 juillet, rentrant à Brest pour notre fête nationale.

Le Gascogne est indisponible pour entretien et permissions de l’équipage du 15 juillet au 5 août, sortant pour essais du 6 au 9 août puis pour remise en condition du 11 au 25 août, le cuirassé et ses deux torpilleurs d’escorte rentrant à Brest le lendemain 26 août 1947.

Le Gascogne quitte Brest le 5 septembre pour une escale à Cherbourg du 6 au 13 septembre puis au Havre du 14 au 20 septembre et enfin à Dunkerque du 21 au 25 septembre,  le tout dans une grande opération de propagande destinée à vendre des emprunts du réarmement. Le cuirassé rentre à Brest le 27 septembre 1947.

Le 3 octobre 1947, le cuirassé Gascogne quitte Brest en compagnie du ravitailleur rapide Lot et de ses deux torpilleurs d’escadre pour un entrainement au large de Dakar. Durant le transit sans escale jusqu’à la capitale de l’AOF, les deux torpilleurs vont protéger le ravitailleur contre le cuirassé simulant un raider allemand en maraude.

Arrivé à Dakar le 9 octobre, le cuirassé et ses torpilleurs d’escadre commencent leur cycle d’entrainement par un entrainement DAM au profit notamment des unités de l’armée de l’air présents sur place (stationnés à Dakar-Bel Air) du 11 au 17 octobre avant une relâche à Dakar jusqu’au 19 octobre.

Du 20 au 30 octobre, le cuirassé et ses deux torpilleurs d’escadre effectuent une importante Ecole à feu, se ravitaillant par trois fois auprès du Lot. Après une escale à Dakar du 31 octobre au 3 novembre, le cuirassé et les deux torpilleurs effectuent un entrainement au combat et au tir de nuit du 4 au 11 novembre. Repartant le lendemain de Dakar, ils rentrent à Brest le 17 novembre 1947

Entre-temps, le 15 novembre 1947, la décision à été prise d’affecter le cuirassé Jean Bart à la 4ème Escadre ce qui entraine de facto et de jure la dissolution de la 2ème DL, le Gascogne redevenant cuirassé hors rang, navire-amiral de la Flotte de l’Atlantique.

Après une période d’entretien à flot du 18 au 30 novembre, le cuirassé navire-amiral de la flotte de l’Atlantique sort pour essais du 1er au 5 décembre avant de gagner Bordeaux, sa ville marraine pour une escale du 6 au 13 décembre.

Reprennant la mer le lendemain 14 décembre, il se ravitaille auprès du pétrolier-ravitailleur La Seine et traverse l’Atlantique, direction les Antilles. Il arrive à Fort de France le 21 décembre pour cinq jours d’escale jusqu’au 26 décembre avant un exercice avec l’aviso colonial Bougainville du 27 décembre au 2 janvier 1948.

Aprè ravitaillement auprès du PRE La Seine le 3 janvier, le cuirassé fait escale à La Havanne du 4 au 10 janvier, à Miami du 12 au 17 janvier, à Charleston du 19 au 23 janvier, à Norfolk du 26 janvier au 2 février avant de retraverser l’Atlantique pour rentrer à Brest le 7 février 1948.

Le Gascogne sort à nouveau du 15 au 22 février pour un exercice ASM en mer d’Iroise, servant de cible au sous-marin Le Centaure appuyé par les avions de l’armée de l’air basés à terre alors que le cuirassé pouvait compter sur ses deux torpilleurs d’escadre équipés d’un ASDIC et de grenades ASM sans compter des hydravions qu’il s’agisse des deux Dewoitine HD-731 embarqués ou des hydravions de patrouille basés à Lanvéoc.

Après un ravitaillement auprès du PRE La Seine le 23 février, le cuirassé enchaine par un entrainement de défense aérienne à la mer du 24 février au 5 mars avant une escale à Saint Nazaire du 6 au 12 mars. Il rentre à Brest le 14 mars 1948.

Le cuirassé Gascogne sort à nouveau pour entrainement aviation du 17 au 25 mars, entrainement destiné comme toujours à son détachement aviation et à la flottille 17C d’hydravions de chasse basée à Lanvéoc-Poulmic.

Après une escale à Saint Malo du 26 au 31 mars, le cuirassé reprend l’entrainement, entrainement consacré au combat de nuit du 1er au 7 avril puis au bombardement littoral avec des tirs simulés sur Brest du 8 au 13 avril. Il rentre à Brest le 15 avril 1948 à l’aube.

Devant participer à la cinquième édition de l’exercice «Entente Cordiale», le cuirassé Gascogne appareille en compagnie du porte-avions Painlevé, du cuirassé Lorraine avec six torpilleurs d’escadre, les sous-marins Ile de Ré et Ile d’Yeux plus le ravitailleur Lot de Brest le 25 avril 1948, fait escale à Dunkerque le 28 avril où le rejoint le croiseur léger antiaérien Waldeck Rousseau, navire-amiral de l’Escadre Légère du Nord.

La force P ainsi assemblée rejoint Rosyth le 3 mai où elle retrouve le cuirassé Howe, le porte-avions Victorious et quatre destroyers.

L’exercice commence le 5 mai par un exercice de défense aérienne à la mer suivit le lendemain par un exercice anti-sous-marin avant des raids amphibies contre la base de Rosyth le 7 mai et enfin un exercice DAM le 9 mai. Le 10 mai, l’exercice se termine par un affrontement entre l’escadre britannique défendant les côtes et l’escadre française tentant de forcer le passage en direction du sud.

Le 11 mai 1948, la princesse Elisabeth âgée de 22 ans visite le cuirassé Gascogne et le porte-avions Painlevé au nom de son père George VI retenu à Londres pour d’autres impératifs. L’héritière du trone d’Angleterre effectue son discours en français, langue qu’elle maitrise parfaitement. Elle est accompagnée de son mari, le Prince Philippe Duc d’Edimburg.

L’escadre française reprend la mer en compagnie du croiseur léger antiaérien, des torpilleurs d’escadre et des deux sous-marins pour rentrer à Brest moins le Waldeck Rousseau qui s’arrête à Dunkerque le 14 mai. Les autres navires rentrent à Brest le 16 mai 1948.

Le Gascogne subit un petit carénage du 20 mai au 4 juillet avec passage au bassin à Brest du 25 mai au 12 juin.  Il sort pour essais du 5 au 10 juillet puis pour remise en condition du 12 au 26 juillet 1948.

Le navire-amiral de la Flotte de l’Atlantique quitte Brest le 3 août pour Dakar où il arrive le 10 août pour une école à feux du 11 au 22 août, quittant Dakar dès le 23 août pour rallier Brest le 30 août et passer aussitôt au régime de guerre et effectuant une sortie au large de Brest du 2 au 4 septembre, rentrant à son port d’attache quand la guerre éclate.

Caractéristiques Techniques du cuirassé Gascogne

Déplacement : standard 35000 tonnes charge normale 40567 tonnes charge maximale 44438 tonnes

Dimensions :  longueur : (hors tout) 247.80m (entre perpendiculaires) 242m largeur : 33.08m tirant d’eau : (charge normale) 9.14m (charge maximale) 9.82m

Propulsion :  4 turbines à engrenages Parson réparties en une salle des machines avant et une salle des machines arrières, alimentées par six chaudières Sural réparties en une salle des chaudières avant et une salle des chaudières arrière dévellopant 155000ch et entrainant quatre hélices quadripales

Le Gascogne est équipé de quatre turbogénérateurs de 1500 kW, trois diesels alternateurs de 1000 kW et deux moteurs diesels d’urgence de 140 kW. La quantité de mazout est 5866 tonnes

Performances :  Vitesse maximale :  32 noeuds distance franchissable de 9700 miles nautiques à 15 noeuds et de 3500 miles nautiques à 30 noeuds.

Protection : ceinture blindée 320mm; pont blindé supérieur au dessus des soutes à munitions 170mm PBS au dessus de l’appareil propulsif 150mm; pont blindé intermédiaire 40mm; tour de commandement 280 à 310mm; tourelles quadruples (face avant) 250mm; tourelles de 130mm (face avant) 155mm (côtés) 85 à 135mm (toit) 85mm (arrière) 55mm barbette : 150mm.

Electronique : un radar de veille aérienne, un radar de veille surface, deux radars de conduite de tir plus différents télémètres

Armement : 8 canons de 380mm modèle 1935 en deux tourelles quadruples (une avant et une arrière) 20 canons de 130mm modèle 1932 en dix tourelles doubles (deux à l’avant entre la tourelle de 380mm et le bloc-passerelle; deux arrières et six latérales) 12 canons de 37mm en six affûts doubles ACAD modèle 1935 et 16 canons de 25mm en huit affûts doubles.

Aviation : une catapulte à la poupe et un hangar pour deux hydravions d’observation

Equipage : 1600 officiers et marins 

6-Cuirassés et croiseurs de bataille (9)

Le Clemenceau

Le projet initial du Clemenceau

Comme nous avons pu le voir, à l’annonce de la construction des Richelieu et des Jean Bart, l’Italie riposta en annonçant la construction de deux autres cuirassés de type Littorio baptisés Roma et Impero. La France passa ensuite commande de deux autres cuirassés à la tranche 1938bis mais seul le premier baptisé Clemenceau sera un type Richelieu.

Le 2 décembre 1937, le chef d’état major de la marine nationale, le vice-amiral Darlan demanda au Service Techniques des Constructions Navales (STCN), une étude pour les nouveaux cuirassés.

Le STCN dessina trois catégories d’études appelées «A» «B» et «C», les variantes A étant armées de deux tourelles quadruples de 380mm concentrées à l’avant, les variantes B étant armées de deux tourelles quadruples de 380mm (une avant et une arrière) et les variantes C de trois tourelles triples de 380mm.

Le 19 mars 1938, le vice-amiral Darlan sélectionna la variante A2 pour le troisième cuirassé de classe Clemenceau. Il s’agissait d’un navire armé de deux tourelles quadruples de 380mm concentrées à l’avant, de quatre tourelles triples de 152mm (deux arrières axiales et deux latérales juste en arrière du bloc passerelle), de six affûts doubles de 100mm modèle 1937 et une DCA légère devant être composé de six affûts doubles ACAD (Affût Contre-Avions Double) modèle 1935 et neuf affûts quadruples de 13.2mm. Les installations d’aviation étaient identiques à celles du Richelieu.

-Le Clémenceau est mis sur cale dans la forme n°4 du Salou le 17 janvier 1939, jour où la coque du Richelieu à été mise à flot.

Les travaux sont suspendus le 28 septembre 1939 en raison de la mobilisation générale qui perturbe l’Arsenal de Brest et la nécessité d’accélerer l’achèvement du Richelieu. Les travaux reprirent le 6 décembre 1939 mais ne s’accélèrent qu’à partir du printemps 1940 quand le gros du travail sur le Richelieu était achevé.

L’élément central de la coque est mis à flot le 17 décembre 1940 et aussitôt remorqué et échoué dans le bassin n°9 du Laninon pour recevoir les éléments avant et arrière sans parler des travaux sur le bloc-passerelle.

Le Clemenceau est mis à flot le 15 septembre 1941 alors achevé à environ 75%. Mouillé en rade-abri, il reçoit son armement et certains équipements radars.

A la différence des Richelieu et Jean Bart qui disposent un temps d’un armement secondaire mixte avec des canons de 152 et de 100mm, le Clemenceau dispose dès son achèvement de dix tourelles doubles de 130mm à double usage.

Il va également recevoir certains des premiers affûts ACAD modèle 1935 en l’occurence six et douze canons de 25mm Hochkiss modèle 1939/40 en six affûts doubles.

Il est armé pour essais le 12 septembre 1942. Après des essais au point fixe du 15 au 27 septembre, il repasse au bassin du 29 septembre au 4 octobre 1942 avant d’entamer ses premiers esssais à la mer, une première campagne de trois semaines ayant lieu sur la base des Glénans et dans le Golfe de Gascogne (7-28 octobre 1942).

Après des travaux au mouillage jusqu’au 5 novembre, il effectue une deuxième campagne d’essais à la mer du 7 au 22 novembre 1942 avant une nouvelle période au bassin du 28 novembre 1942 au 15 janvier 1943.

Le 18 janvier 1943, il appareille  pour une école à feu à Rufisque. Il arrive à Dakar le 25 janvier et entame dès le lendemain son école à feu, école qui dure jusqu’au 21 février 1943.

Il repart de Dakar le 23 février pour rentrer à Brest le 28 février 1943. Il passe au bassin pour travaux du 2 au 25 mars 1943. La clôture d’armement est prononcée le 8 avril 1943 et le Clemenceau appareille pour sa traversée de longue durée.

Il quitte Brest le 15 avril, fait escale au Verdon le 20 avril, à Lisbonne du 22 au 27 avril, le président du conseil Antonio de Oliveira Salazar visitant le navire le 23 avril, le président de la République le général Oscar Carmona faisant de même le lendemain.

Le cuirassé après ravitaillement auprès d’un pétrolier affrété traverse l’Atlantique à bonne vitesse (25 noeuds de moyenne), arrivant à Rio de Janeiro le 4 mai après huit jours de mer. Mouillé dans la baie de Rio, il est ouvert au public du 5 au 8 mai avant de reprendre la mer, manoeuvrant pendant trois jours avec la marine brésilienne avant de mettre cap sur Buenos Aires, le navire faisant escale dans l’estuaire du Rio de la Plata du 13 au 18 mai.

Le 19 mai _jour prévu de son appareillage pour Dakar_, une violente tempête éclate et secoue rudement le Clemenceau malgré ses 40000 tonnes bien tassées. Plusieurs amarres se rompent et le navire s’échoue sur un banc de sable. Le navire se remet à flot naturellement. Passant au bassin à Buenos Aires, les dégâts sont limités et ne remettent pas en cause la suite de sa TLD. Le cuirassé appareille de Buenos Aires le 23 mai 1943 pour une semaine de manoeuvres avec la marine argentine notamment le cuirassé Rivadivia (qui sera désarmé en 1944) avant de traverser l’Atlantique à partir du 30 mai et arriver à Dakar le 8 juin 1943.

Il passe au bassin pour réparer les avaries causées par l’échouage de Buenos Aires du 10 au 24 juin (légère déformation du bordé) avant de reprendre la mer le 27 juin direction Casablanca où il arrive le 4 juillet 1943 pour cinq jours d’escale. Reprennant la mer le 9 juillet, il arrive à Toulon le 13 juillet.

Ouvert au public à Toulon du 14 au 21 juillet, le cuirassé est indisponible pour des travaux complémentaires du 22 juillet au 12 août, sortant pour d’ultimes essais de navigation et de tir du 13 au 27 août, rentrant à Toulon le lendemain 28 août. A noter que durant cette sortie, il est accompagné de ses torpilleurs d’escadre Rapière et Hallebarde

La commission d’armement sort à bord du cuirassé du 30 août au 7 septembre puis du 9 au 14 septembre, donnant un avis favorable à son admission au service actif.

Le 15 septembre 1943, le cuirassé Clémenceau est admis au service actif au sein de la Flotte de la Méditerranée formant la 3ème DL avec son sister-ship Richelieu.

Cette division est intégrée au Groupement de Ligne de la 2ème escadre composé également de la 1ère DL (croiseurs de bataille Dunkerque et Strasbourg).

La première sortie opérationnelle du nouveau cuirassé français à lieu du 16 au 24 septembre, une série d’exercices destinés à roder l’équipage encore novice du cuirassé. Après une escale à Bastia du 24 au 28 septembre, le cuirassé subit un entrainement de défense aérienne à la mer du 29 septembre au 9 octobre. Après une escale à Nice du 10 au 15 octobre, le cuirassé rentre à Toulon le 17 octobre dans la soirée.

Le Clemenceau quitte à nouveau Toulon le 21 octobre pour les salins d’Hyères où il mouille du 22 au 27 octobre avant de rentrer à Toulon le lendemain, 28 octobre 1943.

Le Richelieu et le Clemenceau sortent pour entrainement le 2 novembre 1943. Il ne sont pas seuls, appareillant avec le contre-torpilleur Marceau, la 5ème DCT composé des contre-torpilleurs  Aigle Albatros Gerfaut et le ravitailleur rapide L’Adour. La petite escadre manoeuvre dans le Golfe du Lion jusqu’au 12 novembre quand les cuirassés, leurs torpilleurs d’escorte, les contre-torpilleurs et le ravitailleur font escale à Marseille jusqu’au 18 novembre.

Du 19 au 27 novembre, les contre-torpilleurs tentent d’intercepter les cuirassés qui protégeaient le ravitailleur avant un ravitaillement à la mer le 28 novembre. Après un exercice de défense aérienne à la mer du 29 novembre au 4 décembre, les cuirassés font escale à Ajaccio avec leurs torpilleurs, le ravitailleur à Calvi et les contre-torpilleurs à l’Ile-Rousse et ce du 5 au 11 décembre. Ils rentrent tous à Toulon le 13 décembre 1943.

Le Clemenceau sort pour entrainement en compagnie de ses deux torpilleurs d’escadre, les Rapière et Hallebarde du 17 au 23 décembre et du 26 au 30 décembre, rentrant à Toulon le 31 décembre, à temps pour fêter le passage à la nouvelle année à quai à Toulon.

Alors que le Richelieu est en grand carénage à Brest, le Clemenceau va s’entrainer intensivement, le plus souvent en solitaire mais avec parfois d’autres unités de la 2ème escadre.

Le 2 janvier 1944 est signée la charte de parrainage entre la ville de la Roche sur Yon _préfecture du département de la Vendée_ et le cuirassé, Georges Clemenceau étant issu de ce département.

Après une sortie au large de Toulon du 4 au 12 janvier 1944, le Clemenceau quitte Toulon le 15 janvier 1944 pour une Ecole à feu Rufisque. Il fait escale à Mers-El-Kébir du 17 au 21 janvier, débarquement du matériel envoyé par la DCAN de Toulon à son établissement de Mers-El-Kébir.

Reprennant la mer, il franchit le détroit de Gibraltar le 24 janvier et fait escale à Casablanca du 25 au 28 janvier, appareillant ce jour pour Dakar où il arrive le 1er février 1944. Ayant connu plusieurs problèmes techniques, il est mis au bassin du 2 au 17 février pour inspection et réparations.

Remis à flot, il subit une période d’essais à la mer du 18 au 21 février 1944 avant de reprendre l’entrainement. Après un entrainement de base du 22 février au 2 mars, le cuirassé réalise son Ecole à feu du 4 mars au 2 avril.

Après une nouvelle escale à Dakar du 3 au 7 avril 1944, le cuirassé et ses deux torpilleurs d’escadre appareillent pour rentrer à Toulon mais par petites étapes comme on disait au Grand Siècle puisqu’ils font escale à Port-Etienne du 8 au 12 avril, à Casablanca du 14 au 20 avril, à Gibraltar du 21 au 25 avril, à Mers-El-Kébir du 28 avril au 2 mai avant de rentrer à Toulon le 4 mai 1944.

Après une période d’entretien à flot du 5 mai au 7 juin, le Clemenceau sort pour essais du 8 au 12 juin avant remise en condition avec ses torpilleurs d’escadre du 14 au 30 juin 1944.

Le cuirassé et ses torpilleurs d’escadre sortent le 5 juillet 1944 pour un exercice en compagnie de la 1ère Division de Torpilleurs composés des torpilleurs léger Le Fier L’Agile L’Entreprenant et Le Farouche.

Après un exercice de navigation de combat jusqu’au 12 juillet, le cuirassé et ses torpilleurs d’escorte quittent seuls la rade de Villefranche pour échapper aux torpilleurs légers qui tentent de les intercepter entre le Continent et le Cap Corse, cet exercice ayant lieu du 13 au 19 juillet avant une escale à Bastia du 20 au 24 juillet.

Le cuirassé et les six torpilleurs gagnent Ajaccio le 26 juillet où ils retrouvent la 10ème DCT composée des contre-torpilleurs Le Terrible Le Triomphant et L’Indomptable, division appartenant à la 4ème Escadre et donc venus de Mers-El-Kébir.

Du 27 juillet au 4 août, le cuirassé et les deux torpilleurs d’escadre couvrent l’attaque des torpilleurs légers contre les contre-torpilleurs simulant des navires rapides tentant de gagner Toulon avant que le cuirassé ne change de camp pour la revanche du 6 au 13 août. Après une escale à Mers-El-Kébir du 15 au 21 août, le cuirassé et les six torpilleurs appareillent pour rentrer à Toulon le 23 août 1944.

Après une période d’indisponibilité du 24 août au 12 septembre 1944, le Clemenceau sort pour essais du 13 au 17 septembre avant remise en condition du 18 septembre au 5 octobre, rentrant à Toulon le 13 octobre après une escale à Nice du 6 au 11 octobre.

Le Clemenceau sort pour entrainement aviation du 15 au 22 octobre, effectuant soixante-quatre catapultages et autant de récupération de ses deux Dewoitine HD-731.

Rentré à Toulon le 23 octobre, le cuirassé sort pour un entrainement au combat de nuit du 27 octobre au 3 novembre avant une escale à Nice du 4 au 11 novembre, la compagnie de débarquement du cuirassé défilant dans la ville à l’occasion de la commémoration de l’Armistice.

Il reprend la mer le 12 novembre pour un exercice de défense aérienne à la mer jusqu’au 20 novembre destiné à entrainer les cannoniers du cuirassé, les équipes de lutte contre les avaries mais également les unités de l’armée de l’air basées en Corse. Après une escale à Ajaccio du 21 au 25 novembre, le cuirassé rentre à Toulon le 27 novembre 1944.

Le Clemenceau et ses torpilleurs d’escadre Rapière et Hallebarde sortent pour un entrainement ASM du 6 au 15 décembre 1944.

Les sous-marins Fresnel et Acheron  avaient appareillé le 5 décembre pour tenter d’intercepter le cuirassé et les torpilleurs d’escadre qui devaient se rendre à Bizerte en évitant l’interception. Les sous-marins pouvaient compter sur les avions et les hydravions de l’armée de l’air basés en Afrique du Nord alors que le cuirassé ne pouvait user que de ses deux Dewoitine HD-731.

Le cuirassé arrive à Bizerte le 16 décembre  pour quelques jours d’escale. Il repart le 20 décembre pour rentrer à Toulon le 23 décembre et rester à quai jusqu’à la fin de l’année.

Le Clemenceau sort pour la première fois de l’année 1945 par une école à feux du 7 au 17 janvier puis après une escale à Nice du 18 au 21 janvier s’entraine au combat antisurface du 22 janvier au 2 février,date de son retour à Toulon.

Après ravitaillement à Toulon le 11 février, le Clemenceau part le lendemain avec ses deux torpilleurs d’escadre pour Rufisque et une école à feux.

Il fait escale à Casablanca du 16 au 18 février avant de gagner Dakar où il arrive le 22 février. Son entrainement au tir à lieu du 24 février au 12 mars. Quittant Dakar le 13 mars, le Clemenceau et ses deux anges gardiens rentrent à Toulon le 21 mars après une escale de ravitaillement à Mers-El-Kébit le 19 mars 1945.

Le Clemenceau sort du 24 mars au 8 avril 1945 en compagnie de son sister-ship Richelieu et de la 6ème DC pour un entrainement combiné dans le Golfe du Lion avec entrainement au combat de nuit et exercice de défense aérienne à la mer, exercices qui sont suivis d’une escale à Marseille du 9 au 12 avril. Reprennant la mer, ils s’entrainent au combat antisurface du 13 au 22 avril avant de rentrer à Toulon le 27 avril après une escale à Bastia du 23 au 26 avril 1945.

Le Clemenceau sort  nouveau pour une école  feux du 4 au 14 mai avant de rentrer à Toulon pour préparer un nouvel exercice mais victime d’une avarie, il est indisponible du 16 mai au 7 juin

Après son indisponibilité accidentelle (avarie de chaudière), le Clemenceau sort pour essais du 8 au 12 juin avant d’aller mouiller aux salins d’Hyères du 13 au 17 juin. Reprennant la mer le lendemain 18 juin, le cuirassé se ravitaille en route auprès du pétrolier-ravitailleur Liamone et cingle en direction de Bizerte où il fait escale du 22 au 27 juin, mouillant au milieu du lac.

Reprennant la mer, il fait escale à Sfax du 28 juin au 2 juillet avant de traverser la Méditerranée orientale en direction de Beyrouth où il arrive le 7 juillet, accompagné de ses deux torpilleurs d’escadre et du pétrolier-ravitailleur La Mayenne.

Le cuirassé et ses deux torpilleurs manoeuvrent en compagnie de l’aviso-colonial La Grandière, navire-amiral de la DNL. Du 9 au 15 juillet, les quatre navires subissent un entrainement DAM avant de se ravitailler auprès de La Mayenne qui ses soutes vides cingla vers Haïfa en compagnie de la Grandière pour recompléter ses soutes.

Durant cet intermède (16 au 20 juillet), le cuirassé et les deux torpilleurs s’entrainèrent au combat de nuit avant de retrouver le pétrolier-ravitailleur et l’aviso pour un ravitaillement à la mer le 21 juillet suivit par un exercice de combat antisurface du 22 au 31 juillet.

Le Clemenceau fait ensuite escale à Alexandrie du 1er au 8 août, rentrant à Toulon le 18 août après escale à Bizerte du 12 au 15 août 1945. Il est indisponible (permissions de l’équipage) jusqu’au 4 septembre 1945.

Il sort pour essais et entrainement du 8 au 21 septembre avant d’enchainer par une Ecole à feu à Rufisque. Pour cela, il ne regagne pas Toulon, étant ravitaillé par le pétrolier-ravitailleur La Saône qui va l’accompagné jusqu’à Dakar.

Les quatre navires franchissent le détroit de Gibraltar le 27 septembre et arrivent à Dakar sans aucune escale le 3 octobre 1945. Après une semaine d’escale pour remettre le navire en état _la mer ayant causé quelques dégâts_, le cuirassé effectue une première école à feux du 11 au 21 octobre suivit d’une nouvelles escale de représentation à Dakar du 22 au 25 octobre.

Il reprend la mer le lendemain, effectuant un exercice DAM du 26 octobre au 4 novembre avant un ravitaillement à la mer au prèst de La Saône le 5 novembre. Du 6 au 10 novembre, le cuirassé et ses torpilleurs s’entrainent au combat de nuit avant de rentrer à Dakar pour les commémorations du 11 novembre 1945.

Le cuirassé et ses torpilleurs d’escortent effectuent une deuxième Ecole à feux du 12 au 27 novembre avant de regagner Dakar pour une ultime escale jusqu’au 1er décembre 1945 date de son appareillage de Dakar pour rentrer à Toulon. Il fait escale à Casablanca du 4 au 7 décembre, rentrant à son port d’attache le 11 décembre 1945.

Après une période d’entretien à flot du 12 au 25 décembre, le Clemenceau sort pour essais du 26 au 31 décembre 1945, attendant la nouvelle année pour reprendre l’entrainement.

La première sortie de l’année à lieu du 5 au 15 janvier 1946, un entrainement à la navigation de combat suivit par un mouillage aux salins d’Hyères du 16 au 22 janvier. Il rentre à Toulon le lendemain 23 janvier.

Le Clemenceau quitte à nouveau Toulon le 27 janvier 1946 pour un entrainement aviation. Du 27 janvier au 5 février, il entraine ses deux Dewoitine HD-731. Il gagne ensuite Ajaccio pour une escale du 6 au 9 février 1946. Il reprend la mer pour une école à feux du 10 au 21 février avant de rallier Toulon le lendemain 22 février 1946. Il va alors se préparer à un premier déploiement outre-mer

Le cuirassé Clemenceau appareille de Toulon le 14 mars 1946 pour l’Océan Indien, accompagné par deux torpilleurs d’escadre, retrouvant le Colbert _venu de Brest_ au sud de la Sardaigne, le cuirassé fait escale à Bizerte le 19 mars à Alexandrie le 22 mars, franchit le canal de Suez les 23 et 24 mars et arrive à Djibouti le 29 mars, mouillant à l’extérieur du port en raison de son tirant d’eau important.

Il y retrouve le croiseur lourd Tourville et l’aviso colonial Savorgnan de Brazza mais point le Lamotte-Picquet qui est victime d’une très grave avarie de propulsion le 12 janvier 1946 (deux chaudières ont explosé faisant huit morts, les turbines ont été soumises à des surpression et les lignes d’arbre désaxées font vibrer le navire), si grave qu’il à été désarmé le 2 février 1946.

Le Clemenceau reprend la mer avec le Tourville, le Colbert, l’aviso colonial et les deux torpilleurs d’escadre et fait escale à Aden du 2 au 4 avril avant de reprendre la mer direction Diego Suarez où la petite force navale arrive le 7 avril 1946, la traversée étant l’occasion de manoeuvrer pour entrainer les équipages.

Les deux torpilleurs se séparent alors du groupe et gagne La Réunion, faisant escale à Port-des-Galets du 9 au 11 avril puis à l’Ile Maurice du 14 au 17 avril, retrouvant en mer le cuirassé et les deux croiseurs lourd le 18 avril.

Un temps, il fût envisagé de rentrer à Toulon par le cap de Bonne Espérance et le détroit de Gibraltar mais au final, il est décidé de rapatrier la coque de l’ex-croiseur léger Lamotte-Picquet en métropole et comme le plus court chemin passe par le canal de Suez……… .

Le Tourville fait brièvement escale le 25 avril pour ravitailler, laissant la force navale venue de métropole passer 24h de plus soit jusqu’au 26 avril. Ils franchissent le canal de Suez le 3 mai avec le Colbert (qui rentrera ensuite à Brest dans la foulée) remorquant la coque du Lamotte-Picquet, faisant escale à Bizerte le 8 mai puis rentre à Toulon le 13 mai 1946. Le Tourville lui était rentré à Diego-Suarez le 2 mai 1946.

Le Clemenceau est indisponible du 17 mai au 7 juin 1946 pour entretien et permissions de l’équipage, sortant pour essais du 8 au 10 juin et stage de remise en condition du 11 au 30 juin.

Après une escale de ravitaillement à Toulon le 1er juillet, le Clemenceau se rend dans l’Atlantique pour exercice en compagnie de ses deux torpilleurs et du pétrolier ravitailleur Liamone, la série d’exercices ayant lieu du 5 au 15 juillet avant une escale à Lisbonne du 16 au 21 juillet.

Reprennant la mer le 22 juillet, le cuirassé manoeuvre dans le Golfe de Gascogne dans un exercice anti-sous-marin avec le sous-marin Ouessant et ce du 24 juillet au 4 août quand le cuirassé franchit le goulet et retrouve son berceau, son chantier constructeur en l’occurence Brest pour une longue escale au cours de laquelle il est ouvert au public.

Il reprend la mer le 13 août 1946, subit un entrainement de défense aérienne à la mer du 14 au 22 août avant une escale au Verdon, le port maritime de Bordeaux du 23 au 26 août. Il relâche ensuite à Gibraltar du 29 août au 2 septembre avant de rentrer à Toulon le 5 septembre 1946.

Du 8 au 30 septembre 1946, il participe au stage de remise en condition de son sister-ship Richelieu avant d’appareiller le 2 octobre pour Dakar pour une école à feu en compagnie de son grand frère. Les deux cuirassés se tirent joyeusement la bourre du 9 au 21 octobre 1946 avant de rentrer à Toulon le 29 octobre 1946.

Si le Richelieu est en petit carénage du 5 novembre 1946 au 9 janvier 1947, le Clemenceau reste en service jusqu’à la disponibilité de son ainé, effective le 2 février 1947.

Le Richelieu en petit carénage, le Clemenceau va rester déployé dans le bassin occidental de la Méditerranée, une façon de faire pression sur l’Italie. Il n’en oublie pas pour autant l’entrainement enchainant les exercices.

Le Clemenceau est ainsi en mer pour un entrainement au combat de nuit du 7 au 10 novembre, un entrainement à la défense aérienne à la mer du 12 au 21 novembre, un entrainement au combat antisurface du 24 novembre au 4 décembre et un entrainement aviation du 7 au 17 décembre avant de passer la fin de l’année à Toulon (18 au 21 décembre, 25 au 31 décembre) et aux salins d’Hyères (21 au 24 décembre). Le cuirassé Clemenceau sort pour la première fois de l’année 1947 du 2 au 7 janvier pour un entrainement de base suivit par un ravitaillement à la mer auprès du PRE (Pétrolier-Ravitailleur d’Escadre) La Saône le 8 janvier.

Les soutes pleines, il enchaine par un exercice de défense aérienne à la mer du 9 au 13 janvier puis des simulations de bombardement littoral contre les défenses du secteur de Toulon du 14 au 22 janvier. Il termine ce cycle d’entrainement par un entrainement aviation du 24 janvier au 5 février avant de rentrer à Toulon le lendemain, 6 février 1947.

Le Richelieu étant de nouveau disponible, le Clemenceau débarque ses munitions et est échoué au bassin Vauban n°8 le 12 février 1947 pour entamer son premier grand carénage.

Echoué au bassin jusqu’au 16 octobre 1947, le cuirassé subit d’abord une remise en état complète avec grattage, sablage et peinture de la coque, changement des hélices, retubage et rebriquage des chaudières, changements des pièces de turbines défectueuses.

Les deux catapultes sont débarquées, démontées, inspectées et remontées, les locaux-vie sont remis en état, l’électronique du bord amélioré mais assez peu de modifications concernent l’armement, le renforcement de la DCA légère un temps envisagé n’est pas jugé prioritaire.

Remis à flot le 16 octobre, le Clemenceau subit une période complémentaire de travaux à quai du 17 octobre au 16 novembre. Armé pour essais le 17 novembre, il sort pour roder le nouveau matériel du 18 au 27 novembre 1947 avant de réaliser sa remise en condition opérationnelle du 30 novembre au 12 décembre, mouillant aux salins d’Hyères du 13 au 20 décembre avant de rentrer à Toulon le 21 décembre 1947.

Il commence l’année 1948 comme il avait terminé l’année 1947 par un entrainement de base dans le golfe du Lion du 4 au 15 janvier. Après s’être ravitaillé à Toulon le 16 janvier, il quitte le Var le 17 janvier, fait escale à Mers-El-Kébir du 19 au 22 janvier, à Casablanca du 25 au 30 janvier avant d’arriver à Dakar le 4 février 1948.

L’Ecole à feux du Clemenceau à lieu du 7 au 12 février quand elle est interrompue par une avarie d’une tourelle de 380mm (la I). Après travaux menés par l’établissement DCAN de Dakar du 13 au 20 février, l’Ecole à feux peut reprendre sans problèmes le 21 février, s’achevant le 14 mars quand le cuirassé s’amarre dans le port de Dakar pour une escale  du 15 au 22 mars.

Le cuirassé et ses deux torpilleurs d’escadre quittent Dakar le 23 mars, font escale à Gibraltar du 28 mars au 2 avril avant de rentrer à Toulon le 5 avril 1948.

Le Clemenceau sort à nouveau pour entrainement du 10 au 21 avril, mouillant à Ajaccio pour entrainer la flottille 24C basée à Aspretto du 22 au 27 avril. L’entrainement aviation à lieu du 28 avril au 7 mai avant que le cuirassé ne gagne Bizerte où il fait escale du 8 au 15 mai.

Reprennant la mer le lendemain 16 mai, le cuirassé effectue une croisière de présence en Méditerranée orientale, croisière marquée par une escale à Iskenderun du 21 au 25 mai, à Lattaquié du 27 mai au 2 juin, Beyrouth du 3 au 7 juin, Haïfa du 9 au 12 juin, Alexandrie du 14 au 17 juin, Bizerte du 20 au 24 juin avant de rentrer à Toulon le 28 juin 1948.

Après une période d’indisponibilité pour entretien à flot et permissions de l’équipage du 29 juin  au 19 juillet 1948, le cuirassé sort pour essais du 20 au 23 juillet avant de reprendre l’entrainement courant dans le Golfe du Lion du 25 juillet au 8 août 1948.

Rentrés à Toulon le 9 août 1948, le Clémenceau et ses deux torpilleurs d’escorte passent au régime de guerre le 15 août puis sortent pour entrainement du 16 au 23 août puis du 26 août au 2 septembre, étant à quai aux appontements du Milhaud un certain 5 septembre 1948.

Caractéristiques Techniques de la classe Richelieu

Richelieu

Déplacement : standard officiel 35000 tonnes standard réel 37250 tonnes charge normale 40927 tonnes  pleine charge 44698 tonnes

Dimensions : longueur (hors tout) 247.85m (entre perpendiculaires) 242.00m largeur : 33.08m tirant d’eau (charge normale) 9.22m (pleine charge) 9.90m

Propulsion : 4 turbines à engrenages Parson réparties en une salle des machines avant et une salle des machines arrières, alimentées par six chaudières Sural dévellopant 155000ch et entrainant quatre hélices

Performances :  vitesse maximale : 32 noeuds distance franchissable : 9500 miles nautiques à 15 noeuds 3450 miles nautiques à 30 noeuds.

Protection : ceinture principale 330mm bulkhead avant 355mm bulkhead au dessus du pont blindé intermédiaire 233mm pont blindé supérieur au dessus des soutes à munitions 170mm pont blindé supérieur au dessus des machines 150mm pont blindé intermédiaire 40/50mm (100mm au dessus des hélices et 150mm au dessus des lignes d’arbre)

Bloc passerelle : face avant et latérales 340mm arrière 280mm toit 170mm tube de communication 160mm

Tourelles quadruples de 380mm : face avant 430mm faces latérales 300mm toit 170 à 195mm face arrière 270mm (T.I) et 260mm (T.II) barbettes au dessus du PBS 405mm barbettes en dessous du PBS 80mm

Tourelles de l’artillerie secondaire : face avant 130mm côtés et toit 70mm face arrière 60mm barbette 100mm

Electronique : un radar de veille aérienne, un radar de veille surface, deux radars de conduite de tir

Armement : 8 canons de 380mm modèle 1935 en deux tourelles quadruples concentrées à l’avant, 20 canons de 130mm modèle 1932 en dix tourelles doubles modèle 1936 (six latérales, quatre axiales), 12 canons de 37mm en six affûts doubles ACAD modèle 1935 et 16 canons de 25mm Hotchkiss modèle 1939-40 en huit affûts doubles

Aviation : deux catapultes à la poupes pour deux à quatre hydravions

Equipage : 1569 officiers et marins

Jean Bart

Déplacement : standard 42806 tonnes charge normale 46500 tonnes pleine charge 48950 tonnes

Dimensions : longueur (hors tout) 247.85m (entre perpendiculaires) 242.00m largeur : 35.54m tirant d’eau (charge normale) 10.04m (pleine charge) 10.69m

Propulsion : 4 turbines à engrenages Parson réparties en une salle des machines avant et une salle des machines arrières, alimentées par six chaudières Sural réparties en une salle des chaudières avant et une salle des chaudières arrière dévellopant 155000ch et entrainant quatre hélices quadripales

Performances :  vitesse maximale : 32 noeuds distance franchissable : 9500 miles nautiques à 15 noeuds 3450 miles nautiques à 30 noeuds.

Protection : ceinture principale 330mm bulkhead avant 355mm bulkhead au dessus du pont blindé intermédiaire 233mm pont blindé supérieur au dessus des soutes à munitions 170mm pont blindé supérieur au dessus des machines 150mm pont blindé intermédiaire 40/50mm (100mm au dessus des hélices et 150mm au dessus des lignes d’arbre)

Bloc passerelle : face avant et latérales 340mm arrière 280mm toit 170mm tube de communication 160mm

Tourelles quadruples de 380mm : face avant 430mm faces latérales 300mm toit 170 à 195mm face arrière 270mm (T.I) et 260mm (T.II) barbettes au dessus du PBS 405mm barbettes en dessous du PBS 80mm

Tourelles de l’artillerie secondaire : face avant 130mm côtés et toit 70mm face arrière 60mm barbette 100mm

Electronique : un radar de veille aérienne, un radar de veille surface, deux radars de conduite de tir

Armement : 8 canons de 380mm modèle 1935 en deux tourelles quadruples concentrées à l’avant, 20 canons de 130mm modèle 1932 en dix tourelles doubles modèle 1936 (six latérales, quatre axiales), 12 canons de 37mm en six affûts doubles ACAD modèle 1935 et 16 canons de 25mm en huit affûts doubles

Aviation : deux catapultes pour deux (temps de paix) à quatre hydravions (temps de guerre)

Equipage : 1569 officiers et marins

Clemenceau

Déplacement : standard 35000 tonnes charge normale 40750 tonnes pleine charge 44800 tonnes

Dimensions : longueur : (hors tout) 247.80m (entre perpendiculaires) 242m largeur : 33.08m tirant d’eau : (charge normale) 9.18m (charge maximale) 9.92m

Propulsion :  4 turbines à engrenages Parson réparties en une salle des machines avant et une salle des machines arrières, alimentées par six chaudières Sural réparties en une salle des chaudières avant et une salle des chaudières arrière dévellopant 155000ch et entrainant quatre hélices quadripales

Performances : vitesse maximale : 32 noeuds distance franchissable : 9500 miles nautiques à 15 noeuds 3450 miles nautiques à 30 noeuds.

Protection : ceinture principale 330mm bulkhead avant 355mm bulkhead au dessus du pont blindé intermédiaire 233mm pont blindé supérieur au dessus des soutes à munitions 170mm pont blindé supérieur au dessus des machines 150mm pont blindé intermédiaire 40/50mm (100mm au dessus des hélices et 150mm au dessus des lignes d’arbre)

Bloc passerelle : face avant et latérales 340mm arrière 280mm toit 170mm tube de communication 160mm

Tourelles quadruples de 380mm : face avant 430mm faces latérales 300mm toit 170 à 195mm face arrière 270mm (T.I) et 260mm (T.II) barbettes au dessus du PBS 405mm barbettes en dessous du PBS 80mm

Tourelles de l’artillerie secondaire : face avant 130mm côtés et toit 70mm face arrière 60mm barbette 100mm

Electronique : un radar de veille aérienne, un radar de veille surface, deux radars de conduite de tir

Armement : 8 canons de 380mm modèle 1935 en deux tourelles quadruples concentrées à l’avant, 20 canons de 130mm modèle 1932 en dix tourelles doubles modèle 1936 (six latérales, quatre axiales), 12 canons de 37mm en six affûts doubles ACAD modèle 1935 et 16 canons de 25mm en huit affûts doubles

Aviation : aucune installation prévue dans un premier temps mais au final, il reçoit les mêmes installations que ses sister-ship même si elles sont moins bien intégrées et moins bien abouties.

Equipage : 1569 officiers et marins

6-Cuirassés et croiseurs de bataille (8)

Le Jean Bart

Le cuirassé Jean Bart à la mer

-Le Jean Bart est mis sur cale aux Ateliers et Chantiers de la Loire (ACL) de Saint Nazaire le 12 décembre 1936 dans la forme Caquot rapidement connue sous le nom de forme Jean Bart. Comme pour le Richelieu, la construction du Jean Bart est menée sans priorité jusqu’au printemps 1939 quand elle s’accélère permettant la mise à flot du navire le 6 mars 1940.

Mise à l’eau du cuirassé Jean Bart

L’armement du navire va prendre près de huit mois jusqu’au 17 février 1941 quand il jette l’ancre dans l’estuaire de la Loire au moment de sa prise d’armement pour essais datée officiellement du 19 février. Il effectue une première campagne d’essais à la mer du 20 au 27 février 1941 avant quelques travaux dans la forme Joubert du 3 au 15 mars.

Après une deuxième campagne d’essais à la mer sous la responsabilité du chantier constructeur du 17 au 29 mars, le cuirassé est sollenement remis à la marine nationale le 3 avril 1941 et appareille le lendemain 4 avril pour Brest où il arrive le 6 avril 1941.

Le navire est échoué le jour même de son arrivé au bassin n°8 du Laninon, ayant pour voisin son sister-ship Clemenceau alors en construction. Les ouvriers en profitent pour améliorer la peinture, pour améliorer la fixation des lignes d’arbre et des hélices, pour calibrer les radars………. . Il est remis à flot le 4 mai 1941.

Il effectue une troisième campagne d’essais cette fois sous le contrôle de la marine nationale du 9 au 21 mai avec plusieurs écoles à feu en baie de Douarnenez pour l’artillerie légère (canons de 152mm, canons de 100mm et DCA légère).

Après une période de travaux à flot en rade-abri du 23 mai au 15 juin, le cuirassé appareille pour sa première école à feu à Rufisque. Quittant Brest le 17 juin 1941, il arrive à Rufisque le 25 juin où il est immobilisé pour avaries sur ses tourelles d’artillerie principale, avaries qui l’immobilise jusqu’au 12 juillet.

Le temps n’à cependant pas été perdu puisqu’au mouillage, les servants des canons de 152mm, de 100 et de 37mm (modèle 1933) ainsi que des mitrailleuses de 13.2mm en ont profité pour régler leurs armes notamment par rapport aux radars installés à Brest.

Les deux tourelles retrouvent de la voix le 14 juillet et l’école à feu à lieu du 15 juillet au 17 août sans véritables incidents. Après une escale à Dakar du 18 au 22 août, le Jean Bart rentre à Brest le 27 août pour quelques travaux aux bassins avant sa traversée de longue durée.

Le Jean Bart appareille pour Halifax le 12 septembre, arrivant à destination le 18 septembre pour une escale de trois jours jusqu’au 21 septembre. Le cuirassé fait ensuite escale à Norfolk du 24 au 27 septembre, Washington du 30 septembre au 2 octobre, Miami du 8 au 12 octobre, La Havane du 15 au 17 octobre, La Guaira au Vénézuela du 21 au 24 octobre, Dakar du 27 au 31 octobre, Casablanca du 1er au 3 novembre avant de rentrer à Brest le 7 novembre. Il est indisponible pour travaux à flot du 11 novembre au 21 décembre 1941.

Le 14 janvier 1942, le cuirassé Jean Bart est admis au service actif, affecté à la Flotte de l’Atlantique (1ère Escadre) où il est placé hors rang.

Le Jean Bart quitte Brest le 20 janvier pour entrainement dans le Golfe de Gascogne jusqu’au 8 février quand il arrive à Saint Nazaire, retrouvant son port constructeur pour une escale jusqu’au 15 février.

Il reprend la mer pour un exercice de défense aérienne du 16 au 24 février avant une escale à Hendaye du 25 février au 2 mars. Il est de retour à Brest le 4 mars et subit une période d’entretien à flot jusqu’au 12 avril. Il sort pour essais du 13 au 20 avril avant remise en condition en Manche du 21 avril au 4 mai, faisant escale à Plymouth du 5 au 11 mai avant de rentrer le lendemain à Brest.

Le 15 mai 1942, le cuirassé Jean Bart quitte Brest pour une nouvelle école à feu à Rufisque. Arrivé à Dakar le 21 mai, il entraine ses cannoniers et in fine tout son équipage du 24 mai au 15 juin, quittant Dakar le 17 juin pour rentrer à Brest le 23 juin 1942. Indisponible du 24 juin au 15 juillet (entretien à flot et permissions de l’équipage), le Jean Bart sort pour essais du 16 au 21 juillet puis pour remise en condition du 24 juillet au 12 août.

Le 15 août 1942, la ville de Calais devient ville-marraine du cuirassé, Dunkerque _ville natale de Jean Bart_ ayant déjà le croiseur de bataille éponyme comme filleul.

Il reprend l’entrainement collectif le 17 août par un entrainement à la défense aérienne à la mer jusqu’au 30 août quand il fait escale au Havre jusqu’au 4 septembre. Rentré à Brest le 6 septembre, il effectue un entrainement au combat de nuit du 9 au 15 septembre avant une nouvelle escale normande mais à Cherbourg du 16 au 21 septembre 1942.

Le 28 septembre 1942, il quitte Brest en compagnie de ses torpilleurs d’escadre L’Opiniâtre et l’Aventurier pour un exercice en Manche mené en compagnie de la 8ème DCT. Composée des contre-torpilleurs Kersaint et Cassard, elle est la principale unité de l’Escadre Légère du Nord (ELN).

Le cuirassé, les torpilleurs d’escadre et les contre-torpilleurs manoeuvrent ensemble du 29 septembre au 5 octobre, se séparant le 9 octobre après une escale commune à Cherbourg. Le Jean Bart et ses deux torpilleurs rentrent à Brest le lendemain 10 octobre.

Après un entrainement au combat de nuit du 12 au 15 octobre, le Jean Bart et ses torpilleurs quittent Brest le 17 octobre, participant à un exercice binational en compagnie de la Royal Navy et ce du 20 octobre au 4 novembre, premice aux futurs exercices «Entente Cordiale».

Au cours d’une escale à Rosyth du 5 au 8 novembre, le cuirassé à l’honneur et le privilège de recevoir la visite du roi George VI et de son épouse, la reine Elisabeth. . Le cuirassé est de retour à Brest le 10 novembre 1942.

Après avoir participé aux commémorations de l’armistice de 1918, le cuirassé appareille le 12 novembre pour un nouvel exercice dans le golfe de Gascogne, exercice à dominante antiaérienne avec des attaques simulées de l’armée de l’air, les aviateurs revendiquant avoir coulé deux fois le cuirassé qui «encaissa» quatre torpilles et six bombes. Le Jean Bart fait ensuite escale au Verdon du 16 au 18 novembre et à Saint-Nazaire les 18 et 19 novembre avant de rentrer à Brest le 20 novembre 1942.

Le Jean Bart sort à nouveau pour entrainement du 27 novembre au 2 décembre, tentant d’échapper au sous-marin Agosta, protégé par ses torpilleurs d’escadre et des hydravions basés à terre. Il rentre à Brest le 6 décembre après une escale à Quiberon (au mouillage) du 3 au 5 décembre 1942.

Il termine sa première année de service actif par un exercice de défense aérienne à la mer du 10 au 17 décembre avant un exercice de combat de nuit du 19 au 25 décembre. Il rentre à Brest le 26 décembre, restant à quai jusqu’à la fin de l’année.

Le cuirassé reprend la mer pour des essais de vitesse du 4 au 8 janvier 1943 avant d’appareiller pour Dunkerque, la ville natale de Jean Bart le 10 janvier. Il fait escale à Cherbourg le 12 janvier, au Havre le 14 janvier avant d’arriver à Dunkerque le lendemain 15 janvier.

Il reste amarré dans le grand port du département du Nord jusqu’au 22 janvier avant d’appareiller pour Douvres où il arrive le 23 janvier. Il y dépose M. Alexandre VanKerck, nouvel ambassadeur de France en Grande Bretagne qui avait effectué son service militaire à bord de l’ancien Jean Bart de 1920 à 1922. Il quitte Douvres le 25 janvier et rentre à Brest le 29 janvier 1943.

Après une période d’entretien à flot du 4 au 15 février, le Jean Bart part pour une croisière en Amérique Centrale, croisière dont l’idée à germé après le succès de la croisière en Amerique du Sud menée par le Richelieu et la DNF l’année précédente.

Le cuirassé accompagné par les torpilleurs d’escadre Opiniâtre et Aventurier  et par le pétrolier Var appareillent de Brest le 20 février 1943, traversant l’Atlantique direction Jacksonville aux Etats Unis où il arrive le 28 février 1943, faisant une courte escale jusqu’au 2 mars avant de repartir direction La Havane où il arrive le 5 mars, passant trois jours avant d’appareiller pour Kingston (Jamaïque) faisant escale dans la colonnie britannique du 9 au 14 mars.

Reprennant la mer le 15 mars, le Jean Bart, les deux torpilleurs d’escadre et le pétrolier arrivent à Veracruz le 21 mars où ils font escale jusqu’au 25 mars quand il reprend la mer, direction Colon (Panama).

Arrivé le 27 mars, il reste mouillé à proximité de l’entrée du canal jusqu’au 2 avril quand il reprend la mer pour rentrer en métropole, faisant une escale de ravitaillement à Fort de France les 8 et 9 avril avant de rentrer à Brest le 16 avril 1943.

Après une période d’indisponibilité du 20 avril au 7 mai 1943, il reprend la mer pour un exercice de défense aérienne à la mer dans le golfe de Gascogne du 9 au 20 mai 1943 avant de rentrer à Brest le 25 mai 1943.

Le Jean Bart sort à nouveau pour une école à feux du 2 au 10 juin, faisant escale à Saint Nazaire du 11 au 15 juin avant un entrainement au combat antisurface du 16 au 23 juin, rentrant à Brest le lendemain 24 juin 1943.

Le Jean Bart est en petit carénage du 4 juillet au 20 décembre 1943. Echoué dans le bassin n°8 du Laninon, il bénéficie de travaux d’entretien de son appareil propulsif, de grattage et de peinture de la coque et surtout de modifications de l’armement, recevant dix tourelles doubles de 130mm (six latérales et quatre axiales à l’arrière), La DCA légère se composant désormais de douze canons de 37mm en six affûts doubles ACAD modèle 1935 et seize canons de 25mm Hotchkiss modèle 1939-40 en huit affûts doubles.

Après des essais à la mer du 3 au 10 janvier 1944, il effectue sa remise en condition avec d’abord une phase menée dans le golfe de Gascogne du 11 au 21 janvier.

Après un ravitaillement au Verdon le 22 janvier, le cuirassé et ses deux torpilleurs d’escadre mettent cap sur Dakar où ils arrivent le 27 janvier. Il effectue une école à feu à Rufisque du 28 janvier au 10 février, étant de nouveau disponible le 13 février 1944, formant la 2ème Division de Ligne avec le cuirassé Gascogne récément mis en service bien qu’il ne rentre à Brest que le 17 février.

Le Jean Bart sort à nouveau pour entrainement à la défense aérienne à la mer du 25 février au 3 mars avant une escale à Cherbourg du 4 au 7 mars. Il s’entraine au combat de nuit du 8 au 18 mars, rentrant à Brest le 25 mars après une escale au Havre du 19 au 24 mars.

Le 4 avril 1944, il appareille de Brest direction Portsmouth la grande base britannique. Il n’est pas seul puisque l’accompagne le croiseur léger Georges Leygues, les trois contre-torpilleurs de la 1ère DCT ( Jaguar Chacal Léopard) et ses deux torpilleurs d’escadre L’Opiniâtre et l’Aventurier.

La petite force navale appelée force Y arrive dans la grande base navale britannique le lendemain 5 avril pour une opération publique d’une semaine où les navires français (et dit-on leurs équipages) ont connu un grand succès.

La force repart le 13 avril, fait escale à Douvres du 15 au 17 puis à Newcastle du 22 au 25 avril, escale improvisée en raison d’un problème mécanique sur plusieurs navires de la force Y.

Les réparations assurées par l’équipage et les ouvriers de plusieurs chantiers de la Tyne terminées, les navires français font escale à Rosyth pour ravitaillement avant de cingler direction Scapa Flow où ils arrivent le 30 avril 1944.

La force Y retrouve alors une partie de la Home Fleet en l’occurence le porte-avions HMS Illustrious, le cuirassé HMS Lion, le croiseur lourd HMS London et huit destroyers, formant la force X. Les force X et Y reprennent la mer le 3 mai 1944 pour quinze jours d’exercices intensifs en mer du Nord et plus précisément au large de l’Ecosse.

Les navires de la Royale et de la Royal Navy vont ainsi simuler un classique combat d’escadre, répéter les procédures de défense aérienne à la mer et de défense anti-sous-marine avant plusieurs écoles à feu sur des ilôts désertiques de la côte écossaise.

Après une escale à Greenock dans l’estuaire de la Clyde du 21 au 26 mai, la force Y reprend la mer pour rentrer à Brest le 30 mai. Après une période d’entretien à flot du 1er juin au 5 juillet, il sort pour essais du 6 au 10 juillet avant remise en condition du 15 juillet au 2 août.

Le 3 août, il quitte Brest pour une école à feu à Rufisque, arrivant à Dakar le 8 août. L’Ecole à feu à lieu du 10 au 27 août avant une nouvelle escale à Dakar du 28 août au 1er septembre. Après un nouvel exercice de combat du 2 au 10 septembre, il quitte l’Afrique noire, faisant escale à Casablanca du 14 au 19 septembre, à Lisbonne du 21 au 25 septembre, à Bordeaux du 27 au 30 septembre, rentrant à Brest le lendemain 1er octobre 1944.

Il est à nouveau en mer pour un exercice de défense aérienne à la mer du 7 au 16 octobre avant une escale à Saint Nazaire du 17 au 22 octobre. Il ressort pour un exercice de combat de nuit en compagnie de la 6ème DCT (Vautour Milan Epervier) du 23 octobre au 4 novembre quand le cuirassé et les contre-torpilleurs rentrent à Brest.

Le Jean Bart sort à nouveau en mer d’Iroise pour entrainement du 10 au 15 novembre puis du 18 au 27 novembre. Après une indisponibilité accidentelle du 28 novembre au 7 décembre, le cuirassé sort pour essais du 8 au 11 décembre avant remise en condition du 13 au 26 décembre 1944.

Le 5 janvier 1945, le Jean Bart appareille de Brest pour une croisière dans le Golfe de Gascogne en compagnie du croiseur lourd Dupleix venu de Toulon et de deux torpilleurs d’escadre.

La force occasionnelle fait escale à Quiberon le 9 janvier, à Saint-Nazaire du 12 au 14 janvier, à La Pallice du 16 au 18 janvier, au Verdon du 21 au 23 janvier et enfin à Biaritz du 25 au 28 janvier. La division rentre à Brest le 5 février, Le Dupleix repartant le lendemain pour Toulon où il arrive le 12 février 1945.

Le Jean Bart débarque à flot ses munitions et vidange ses soutes avant d’être échoué dans le bassin n°8 du Laninon le 19 février 1945 pour subir son premier grand carénage. Comme à chaque fois la coque est grattée et repeinte, les hélices changées, les chaudières retubées, certaines ailettes de turbine remplacées. Les soutes sont curées et des travaux de peinture sont menés. En ce qui concerne l’armement, certaines pièces usées sont retubées, l’électronique est révisée…………. .

Le passage au bassin s’achève le 23 novembre 1945 et des travaux complémentaires sont menés à flot du du 23 novembre au 30 décembre 1945, étant armé pour essais le 5 janvier 1946, sortant du 5 au 12 janvier puis pour remise en condition dans le Golfe de Gascogne du 14 au 31 janvier 1946.

Déclaré disponible le 3 février 1946, le cuirassé sort avec ses deux torpilleurs d’escadre pour entrainement du 7 au 20 février, faisant escale à Saint Nazaire du 21 au 25 février avant un nouvel entrainement du 26 février au 15 mars, date à laquelle les trois navires rentrent à Brest.

Victime d’une avarie de chaudière, le Jean Bart est indisponible du 17 mars au 1er avril, sortant pour essais et remise en condition du 2 au 10 avril 1946.

Il appareille le 12 avril 1946 avec deux torpilleurs d’escadre pour une école à feu à Rufisque. Arrivé à Dakar le 17 avril 1946, il doit mettre à terre sa compagnie de débarquement (120 hommes) pour soutenir la police locale alors que des émeutes secouent la ville. Le calme revient quelques jours plus tard et l’Ecole à feu peu se dérouler sans incidents du 24 avril au 5 mai 1946 avant un retour à Brest le 12 mai.

Il quitte son port d’attache le 15 mai, fait escale au Havre du 18 au 20 mai avant d’arriver à Dunkerque le 21 mai et d’y rester jusqu’au 2 juin 1946, connaissant un vrai succès populaire lors de son ouverture au public. Après une escale à Ostende en Belgique du 4 au 6 juin, le cuirassé rentre à Brest le 11 juin 1946.

Indisponible du 15 juin au 7 juillet pour entretien et permissions de l’équipage, le Jean Bart sort pour essais du 8 au 11 juillet avant de reprende la mer le 18 juillet pour entrainement. C’est ainsi que le 20 juillet des avions du Painlevé simulent des attaques contre le cuirassé.

Le Jean Bart s’entraine encore à la défense aérienne à la mer du 22 juillet au 3 août avec mission pour la DCA de repousser les attaques des Bloch MB-175T et des Lioré et Olivier Léo 456 de la marine mais également d’avions de l’armée de l’air qui s’abattaient sur le cuirassé comme de véritables nuées.

Un entrainement de très haute intensité jugé excessif par certains officiers, officiers qui durent procéder à des révisions déchirantes après les premiers affrontements en mer de Norvège et en Méditerranée.

Après une escale à Lorient du 4 au 11 août, le cuirassé sort pour entrainement au combat de nuit du 12 au 16 août avant de mouiller au pied de la citadelle de Quiberon jusqu’au 17 août quand il reprend la mer pour un nouvel entrainement DAM avec les avions du Painlevé qui faute de plate-forme (le Painlevé était alors en grand carénage) avaient décollé de la terre ferme. Cet exercice terminé, le cuirassé rentre à Brest le 20 août 1946.

Le Jean Bart quitte Brest le 27 août pour un entrainement en solitaire dans l’Atlantique Sud en compagnie notamment de la marine brésilienne. Le cuirassé fait escale à Dakar du 31 août au 2 septembre avant une Ecole à feu à Rufisque du 3 au 12 septembre.

Traversant l’Atlantique, le Jean Bart arrive à Rio de Janeiro le 27 septembre après treize jours de traversée. Le cuirassé bien plus moderne que ces homologues brésiliens fait forte impression chez les officiers brésiliens qui se montrent curieux à tel point que circulera dans les milieux autorisés la rumeur d’une commande d’un cuirassé semblable par la marine auriverde.

L’exercice «Tricolor» à lieu du 30 septembre au 15 octobre, le Jean Bart participe à toutes les phases de l’exercice qu’il s’agisse de simulation de bombardement littoral, d’écoles à feux en mer, de défense aérienne à la mer, de lutte ASM, d’escorte et d’attaque de convois.

Le succès de cet exercice poussera le gouvernement brésilien à proposer à la France un exercice plus ambitieux. Les négociations aboutissant au printemps 1948 pour un exercice planifié pour octobre 1948. On sait ce qu’il en advint…….. .

Pour la bonne bouche, la France avait prévu d’y envoyer une véritable flotte pompeusement appelée «Flotte de l’Atlantique Sud» avec le porte-avions Painlevé, les cuirassés Lorraine et Jean Bart, deux divisions de contre-torpilleurs, un croiseur léger, des torpilleurs d’escadre, des sous-marins.

Quittant le Brésil le 16 octobre, la France ménage la susceptibilité argentine en faisant escale à Buenos Aires du 19 au 25 octobre avant de rentrer en France, faisant escale à Dakar du 2 au 5 novembre, à Lisbonne du 8 au 12 novembre, escale marquée par une émouvante cérémonie au monument au mort du parc Edouard VII le 11 novembre, cérémonie au cours de laquelle un détachement de la marine portugaise, du Jean Bart et des torpilleurs d’escadre L’Opiniâtre et L’Aventurier rendit les honneurs militaires. Le Jean Bart rentre ensuite à Brest le 15 novembre 1946.

Le Jean Bart sort encore deux fois, du 21 au 27 novembre et du 30 novembre au 5 décembre pour des sorties dites de routine au large de Brest et dans le Golfe de Gascogne.

Après un petit carénage du 15 décembre 1946 au 24 mars 1947, le cuirassé effectue un stage de remise en condition du 27 mars au 15 avril et une école à feu à Rufisque du 20 avril au 5 mai 1947 avant de rentrer à Brest le 10 mai 1947.

Il participe ensuite à la quatrième édition de l’exercice «Entente Cordiale» avec la marine britannique. Le cuirassé Jean Bart appareille le 15 mai en compagnie du cuirassé Normandie, du croiseur lourd Foch, du croiseur léger Gloire et des trois contre-torpilleurs de la  de la 3ème DCT (Bugeaud Du Chayla Dupetit-Thouars), les quatre torpilleurs d’escadre L’Opiniâtre L’Aventurier Sabre Claymore, les trois sous-marins Casabianca,  Rolland Morillot et La Guadeloupe et le PRE La Seine direction Greenock où la division occasionnelle baptisée Force G arrive le 21 mai.

Elle reprend la mer le 24 mai 1947 et arrive à Scapa Flow le 28 mai où elle retrouve les cuirassés King George V et Vanguard (classe Hood, des Lion améliorés), le porte-avions lourd Malta, les croiseurs légers Southampton et Gloucester et six destroyers.

Les deux escadres s’entrainent du 1er au 21 juin avec des attaques escadres contre escadres, des exercices de lutte ASM, de défense aérienne à la mer, de raids amphibies, de tir contre la terre…………. .

Les deux groupes font escale ensemble à Aberdeen du 23 au 27 juin puis à Newcastle du 29 juin au 1er juillet, Douvres du 4 au 7 juillet, Cherbourg du 10 au 13 juillet et Brest du 17 au 22 juillet 1947, date à laquelle les navires anglais rentrent au pays.

Le Jean Bart est indisponible du 22 juillet au 21 août (entretien et permissions d’été) avant essais du 22 au 25 août puis de reprendre l’entrainement. Après un entrainement individuel du 29 août au 5 septembre, le cuirassé appareille avec deux torpilleurs d’escadre pour la Méditerranée le 12 septembre, franchissant le détroit de Gibraltar le 18 septembre et arrivant à Mers-El-Kebir le 25 septembre.

Ce déploiement répond à une montée de tension entre la France et l’Italie à propos notamment de la Tunisie et des émeutes contre la communauté italienne, Rome accusant Paris de laisser faire voir d’être à l’origine de ce «pogrom» qui fit quatre morts. Le Jean Bart appareille de Mers-El-Kebir le 30 septembre 1947 et arrive à Bizerte le 5 octobre, mouillant au milieu du lac du 7 au 10 octobre 1947. Initialement, il était prévu que ce déploiement soit temporaire mais devant le renforcement de la flotte italienne à Tarente, il est décidé d’intégrer le Jean Bart à la 4ème Escadre. Cette décision prise le 15 novembre 1947 entraine la dissolution de la 2ème DL, le Gascogne devenant cuirassé hors rang.

Le Jean Bart est affecté officiellement à la 4ème escadre le 2 décembre 1947 et en devient le navire-amiral. Il est placé hors rang.

Il reprend la mer le 4 janvier 1948 pour des manoeuvres en Méditerranée orientale avec la Mediterranean Fleet jusqu’à la fin du mois et une escale à Alexandrie du 31 janvier au 5 février 1948. Il est de retour à Mers-El-Kebir le 12 février et indisponible du 15 février au 2 mars avant de gagner Toulon pour un petit carénage du 12 mars au 16 juin 1948.

Il quitte Toulon le 18 juin, fait escale à Mers-El-Kebir les 23 et 24 juin pour charger ses munitions avant de reprendre la mer le 25 juin pour Dakar où il arrive le 2 juillet 1948.

Il effectue une Ecole à feu au polygone de Rufisque du 4 au 12 juillet avant de rentrer à Mers-El-Kebir le 17 juillet et de ne reprendre la mer que pour des sorties locales jusqu’en septembre 1948, plus précisément du 21 au 27 juillet, du 4 au 12 août et du 16 au 21 août.

Le 22 août 1948, il passe au régime de guerre avec amélioration de la discrétion visuelle et incorporation de réservistes et reste en alerte à Mers-El-Kébir, sortant tout de même du 30 août au 2 septembre.

Le 5 septembre 1948, il était en alerte à 6h, prêt à appareiller pour soutenir le croiseur de bataille Strasbourg.

6-Cuirassés et croiseurs de bataille (7)

D-Cuirassés classe Richelieu

Des «35000 tonnes» pour la marine nationale

Comme je l’ai mentionné dans l’introduction, la marine nationale à été reconstruite dans l’optique d’un conflit méditerranéen contre l’Italie de Mussolini qui revendiquait la Savoie, le comté de Nice, la Corse, la Tunisie et Djibouti.

Les deux pays se marquèrent à la culotte, construisant une flotte réglée sur l’autre, l’apparition d’un navire chez l’un délenchant aussitôt la riposte chez l’autre. Les deux pays se dôtèrent ainsi d’unités légères très rapides et peu endurantes, bien armées mais peu protégées.

Comme la France, l’Italie fût autorisée à construire deux cuirassés durant la «battleship holiday» pour remplacer notament le Leonardo da Vinci qui avait explosé en 1916 et qui relevé n’avait jamais été réparé. Elle fût autorisé également à reconstruire ses cuirassés de type Cavour, travaux qui seront réalisés dans les années trente.

La Regia Marina fût comme la Royale soucieuse de ne pas gâcher ce contingent de 70000 tonnes et de nombreux projets se succédèrent. Le projet le plus abouti fût un cuirassé rapide de 23000 tonnes filant à 28/29 noeuds armé de six canons de 381mm en trois tourelles doubles.

Rapidement, les demandes supplémentaires des amiraux italiens (vitesse plus importante, protection renforcée, armement principal de six canons jugé trop faible) rendit ce projet intenable. L’apparition du Dunkerque _réponse française au Deutschland_ poussa les italiens à réagir.

Le cuirassé Littorio fût à l’origine de la construction des trois Richelieu

Après la reconstruction des Conte di Cavour en octobre 1933, les italiens décidèrent de voir les choses en grand et le 11 juin 1934, l’agence de presse Stefani annonça la construction de deux cuirassés de 35000 tonnes.

Ces navires baptisés Littorio et Vittorio Veneto furent mis sur cale le 28 octobre 1934 respectivement aux chantiers Ansaldo de Gênes et aux Chantiers Réunis de l’Adriatique de Trieste lancés respectivement le 22 août et le 25 juillet 1937 et admis au service actif  respectivement le 6 mai et le 28 avril 1940.

C’était d’élégants navires déplaçant 35000 tonnes, mesurant 237m de long sur 32.9m de large plus un tirant d’eau de 10.5m, une vitesse maximale de 30 noeuds et un armement composé de 9 canons de 381mm en trois tourelles triples (deux avant et une arrière), 12 canons de 152mm en quatre tourelles triples, 12 canons de 90mm antiaériens en affûts simples et 20 canons de 37mm (8 affûts doubles et 4 affûts simples).

La réponse française fût immédiate. Le 26 juillet 1934 soit deux semaines après que les caractéristiques des cuirassés italiens fussent rendues publiques et seulement huit jours après la mise en chantier du Strasbourg (qui sera mis sur cale en novembre), le Conseil Supérieur de la Marine démandèrent que le STCN étudie un nouveau modèle de cuirassé suivant quelques lignes directrices :

-Déplacement de 35000 tonnes

-Un armement principal composé de huit ou neuf canons d’un calibre de 380 à 406mm

-Un armement secondaire polyvalent

-Une protection composée d’une ceinture blindée de 360mm, d’un pont blindé supérieur 160mm, d’un pont blindé intermédiaire de 40mm et d’une protection sous marin semblable à celle des Dunkerque

-Vitesse de 29.5/30 noeuds

Le design original des cuirassés de classe Richelieu

Le 27 novembre 1934, le STCN présenta au Conseil Supérieur de la Marine six projets qui avaient pour point commun leur déplacement standard (35000 tonnes), leurs dimensions (247m de long sur 33m de large), une ceinture blindée de 360mm et des ponts blindés de 160 et 40mm d’épaisseur et le calibre de l’armement principal : 380mm et celui de l’armement secondaire : 130mm.

Le Conseil Supérieur de la Marine sélectionna le projet 1 le 14 avril 1935 mais à peine sélectionné ce projet fût modifié non pas au niveau de l’armement principal mais au niveau de l’armement secondaire, l’artillerie de 130mm étant jugée trop faible pour un cuirassé de ce tonnage.

Après une configuration mixte (canons de 130mm plus dédiés au combat antisurface et canons de 75mm antiaériens), on poursuivit sur la voie de l’armement secondaire polyvalent avec cinq tourelles triples de 152mm et une DCA légère qui devait être composée de 12 canons de 37mm en six affûts doubles ACAD modèle 1935 (Affût Contre-Avions Double).

Les plans définitifs furent soumis et acceptés par le ministre de la Marine François Pietri le 14 août 1935, le parlement ayant voté le 30 mars 1935 une nouvelle tranche du statut naval de 1924 (non voté mais servant de cadre directeur) prévoyant la construction de deux cuirassés de 35000 tonnes baptisés Richelieu et Jean Bart et de deux torpilleurs d’escadre de type Le Hardi, les Fleuret et Epée.

A la suite de l’annonce de la construction des Richelieu et des Jean Bart (construction attribuée respectivement à l’Arsenal de Brest et aux ACL de Saint Nazaire), l’Italie riposta par la commande en 1938 de deux nouveaux Littorio, des navires baptisés Roma et Impero. La réponse française ne se fit par attendre, la Royale obtenant la commande de deux autres cuirassés rapides à la tranche 1938 bis mais seul le premier baptisé Clemenceau sera un Richelieu, le quatrième baptisé Gascogne sera d’un modèle différent et au final unique.

Le Richelieu

Le cuirassé Richelieu à Dakar en 1940 lors de ses premiers tirs d’artillerie à Rufisque

-Le Richelieu connu à l’origine sous le numéro de PN196 est mis en chantier dans le bassin n°4 au Salou le 22 octobre 1935 à peine trois semaines après que la coque du Dunkerque eut été mise à l’eau depuis cette forme.

Les travaux sont menés sans priorité jusqu’au début 1937 en raison de problèmes sociaux (grèves) et de la mauvaise volonté britannique, nos amis d’outre-manche ne «sachant toujours pas que Napoléon est mort» (Paul Cambon). Les travaux s’accélèrent alors.

Le 17 janvier 1939 au matin, l’élément de coque principal quitte le bassin du Salou après avoir pris contact avec l’élément liquide la veille. La cérémonie terminée, le bassin est vidé et les tains nettoyés pour permettre la mise sur cale du troisième cuirassé de la classe (financé à la tranche 1938bis) et baptisé Clémenceau.

Le Richelieu est rééchoué dans le bassin n°8 et les éléments de coque avant et arrière sont soudés à la partie principale de la coque. Le navire est mis à flot le 15 janvier 1940 et armé pour essais le 25 mars 1940.

Les essais à la mer ont lieu du 30 mars au 15 avril 1940 avant un passage au bassin pour démontages et modifications jusqu’au 4 mai 1940 quand il reprend la mer pour un deuxième phase d’essais à la mer jusqu’au 25 mai 1940.

Le 8 juin 1940, le cuirassé appareille pour le polygone de Rufisque, jettant l’ancre à l’extérieur du port de Dakar (en travaux mais encore trop étroit pour accueillir un tel mastodonte).

Il effectue une importante école à feu jusqu’au 15 juillet, tirant 160 obus de 380mm contre la terre et en mer et 450 obus de 152mm contre la mer et la terre, le tir antiaérien se révéla impossible.

A noter qu’à l’époque, le polygone de Rufisque (toujours utilisé par la France en 2011 même si son emprise à été largement réduite) est loin d’être prêt. Tout juste a-t-on aménagé des cibles de tirs ainsi que des postes de sécurité pour empêcher des civils de s’installer. Ce n’est qu’en 1944 que ce complexe de tir unique sera pleinement opérationnel.

Il repart de Dakar le 18 juillet 1940 et arrive à Brest le 27 juillet. Devant l’impossibilité de modifier rapidement les canons de 152mm, l’Amirauté décide de prendre des décisions radicales en débarquant les tourelles latérales de 152mm pour les remplacer par six affûts doubles de 100mm en provenant du cuirassé Lorraine (quatre) et de la batterie du Niolon à Marseille (deux) en attendant que suffisamment de canons de 130mm soient disponible pour remplacer les canons de 100 et de 152mm.

Le Richelieu est au bassin n°8 pour travaux du 4 août au 18 novembre 1940 pour démontages, modifications, peinture ainsi que l’installation du nouvel armement secondaire redevenu mixte par la force des choses. Il effectue ensuite ses essais à la mer jusqu’à la fin de l’année.

Le 4 janvier 1941, il appareille pour sa traversée de longue durée, faisant escale à Cherbourg du 7 au 9 janvier, au Havre du 11 au 13, à Dunkerque du 15 au 17, à Anvers du 19 au 21, à Rotterdam du 23 au 25 janvier, à Bergen du 28 janvier au 2 février, à Aberdeeen du 5 au 8 février, à Douvres du 13 au 15 février, à Southampton du 19 au 21 février avant un retour à Brest le 23 février 1941.

Après quelques menus travaux, l’avitaillement en carburant et en munitions, le Richelieu quitte Brest le 1er mars 1941 pour rejoindre son port d’attache : Toulon. Il fait escale à Bordeaux du 2 au 4 mars, à Lisbonne du 5 au 7 mars, Casablanca du 9 au 11 mars avant d’arriver à Toulon le 14 mars.

Le 15 mars 1941, le Richelieu est admis au service actif, affecté à la Flotte de la Méditerranée avec Toulon pour port-base.

En attendant l’admission au service actif du Clemenceau (avec lequel il formera la 3ème DL), le Richelieu intègre le Groupement de Ligne de la 2ème escadre de la Flotte de la Méditerranée, groupement qui se compose également à l’époque de la 1ère DL (croiseurs de bataille Dunkerque et Strasbourg) et de la 5ème DL (cuirassés Provence et Lorraine).

La première sortie du nouveau fleuron de la flotte de ligne française à lieu du 21 au 28 mars pour un entrainement au combat antisurface, le Richelieu effectuant une spectaculaire école à feu dont les photos et le film sont souvent utilisées pour montrer la puissance de notre marine d’avant guerre. Il fait escale à Bastia du 29 mars au 5 avril, à Ajaccio du 6 au 10 avril avant de rentrer à Toulon le lendemain 11 avril 1941.

Le Richelieu sort à nouveau pour un entrainement de son détachement aviation du 20 au 27 avril, mouillant aux salins d’Hyères du 28 avril au 3 mai avant d’enchainer par un entrainement de défense aérienne à la mer du 4 au 11 mai. Il rentre à Toulon le 17 mai après une escale à Marseille du 12 au 16 mai 1941.

Après une période d’entretien à flot du 17 mai au 12 juin, le cuirassé sort pour essais du 13 au 18 juin avant un stage de remise en condition du 20 juin au 2 juillet, le cuirassé faisant escale à Bastia du 3 au 7 juillet et à Nice du 8 au 11 juillet, rentrant au port le lendemain 12 juillet

Le 14 juillet 1941, il participe à une revue navale au large de Toulon, le président Tardieu passant en revue les unités de la 2ème Escadre en rade des Vignettes à bord du cuirassé.

Le 20 juillet 1941, le Richelieu quitte Toulon en compagnie de ses torpilleurs d’escadre Corsaire et Flibustier pour une école à feux au large de Rufisque. Les trois navires font escale à Casablanca du 20 au 23 juillet avant d’arriver à Dakar le 27 juillet, l’école à feux occupant les trois navires du 28 juillet au 12 août avant que le cuirassé et les deux torpilleurs ne quittent Dakar le 14 août, se ravitaillant à Casablanca le 18 août avant de rentrer à Toulon le 22 août.

Le Richelieu est indisponible pour entretien et permissions de l’équipage du 23 août au 5 octobre,sortant pour essais du 6 au 9 octobre avant remise en condition du 11 au 25 octobre, le cuirassé et ses deux torpilleurs d’escadre faisant escale à Nice du 26 au 30 octobre puis à Marseille du 1er au 4 novembre, rentrant à Toulon le lendemain 5 novembre 1941.

Le Richelieu sort en compagnie de ses torpilleurs d’escadre pour une école à feux du 12 au 19 novembre, ses canons de 380mm donnant de la voix tout comme les canons de 152mm et les canons de 100mm.

Après une escale à Marseille du 20 au 24 novembre, le cuirassé cingle vers l’Afrique du Nord, faisant escale à Alger du 25 au 28 novembre, à Bône du 29 novembre au 2 décembre, à Tunis du 4 au 7 décembre, à La Valette du 9 au 12 décembre, à Bastia du 14 au 17 décembre avant de rentrer à Toulon le lendemain 18 décembre et de préparer une longue croisière en Amérique Latine.

Le 7 janvier 1942, il appareille pour une mission de représentation en Amérique du Sud, territoire où l’influence française était présente mais était également rudemment concurrencée par celles de l’Italie et de l’Allemagne, Paris craignant que Rio de Janeiro, Buenos Aires ou Santiago ne basculent dans le camp de l’Allemagne ou de l’Italie.

Pour montrer le pavillon de façon convainquante, la France rassemble un groupe occasionel composé du cuirassé Richelieu, du croiseur léger Jean de Vienne (venu pour l’occasion de Bizerte), des torpilleurs d’escadre Corsaire et Flibustier et du pétrolier Elorn, chargé de ravitailler les navires de combat.

La Division Navale Française (DNF) quitte Toulon le 7 janvier 1942 sous le commandement du contre-amiral François de Penvers, faisant escale à Casablanca le 13 janvier avant de traverser l’Atlantique, arrivant à Rio de Janeiro le 21 janvier. Ouverts au public, les cinq navires remportent un très grand succès auprès des brésiliens qu’il s’agisse de simples visites ou de réceptions.

La DNF repart le 28 janvier direction Montevideo où elle fait escale du 29 janvier au 5 février 1942 avant de gagner le même jour Buenos Aires où la division reste mouillée jusqu’au 17 février 1942 quand elle appareille pour Valparaiso au Chili, arrivant à destination le 1er mars après une escale de deux jours les 20 et 21 février à Port Stanley, l’Elorn connaissant quelques ennuis mécaniques.

La DNF fait escale dans la principale base chilienne du 17 au 29 mars 1942 avant une brève escale à Callao au Pérou du 30 mars au 2 avril puis à Guyaquil (Equateur) du 5 au 7 avril.

Elle franchit le canal de Panama le 9 avril et après une escale de ravitaillement à Fort de France les 14 et 15 avril, elle rentre à Toulon le 25 avril, le Jean de Vienne rentrant ensuite à Bizerte le 28 avril 1942. La DNF est dissoute le lendemain. Le Richelieu passe au bassin du 5 mai au 22 juin pour se remettre d’un tel périple.

Néanmoins, les ingénieurs du STCN sont satisfaits que le cuirassé n’à connu aucune grave avarie durant cette circumnavigation autour du sous-continent sud-américain surtout que durant plusieurs périodes assez longues, le contre-amiral De Penvers à lâché les chevaux pour voir ce que le cuirassé avait dans le ventre, des pointes à 33 noeuds sont ainsi enregistrées au large de Valparaiso..

Il sort pour essais du 23 juin au 2 juillet avant un stage de remise en condition du 3 au 21 juillet. Il est indisponible pour permissions d’été jusqu’au 17 août. Il reprend la mer pour entrainement du 18 au 30 août et du 2 au 12 septembre 1942.

Durant cette dernière sortie, une délégation de la ville de Luçon sort à bord du navire, la ville vendéenne étant devenue marraine du cuirassé, Armand Jean du Plessis de Richelieu ayant été évêque de Luçon.

Après s’être ravitaillé en carburant à Toulon le 13 septembre, il quitte le Var le lendemain, 14 septembre pour Rufisque et un nouvel entrainement au tir. Il fait escale à Casablanca du 18 au 23 septembre, manquant d’aborder un paquebot espagnol lors de sa manoeuvre de sortie du port.

Arrivé à Dakar le 27 septembre, il mouille dans le bassin principal du port jusqu’au 1er octobre, entamant alors son entrainement au tir, entrainement de près de trois semaines jusqu’au 23 octobre avec le tir de 92 obus de 380mm, de 240 obus de 100mm et de 180 obus de 152mm sans oublier la DCA légère qui s’entraine face aux avions de l’armée de l’air.

Après une nouvelle escale à Dakar du 24 au 31 octobre, le fleuron de la flotte appareille le lendemain 1er novembre pour une nouvelle escale à Casablanca du 5 au 8 novembre puis une seconde escale à Gibraltar du 9 au 12 novembre. Il quitte le Rocher le lendemain 13 novembre pour rentrer à Toulon le 17 novembre 1942.

Il sort à nouveau pour entrainement du 27 novembre au 7 décembre, faisant escale à Nice du 8 au 12 décembre avant un entrainement à la navigation et au combat de nuit jusqu’au 17 décembre quand il arrive à Bastia pour une escale qui s’achève le 22 décembre quand il appareille pour rentrer à Toulon le lendemain 23 décembre et rester à quai jusqu’à la fin de l’année.

Le cuirassé subit un petit carénage du 12 janvier au 18 mai 1943, passant au bassin à Toulon du 20 janvier au 14 avril (bassin Vauban n°8). Il débarque toute son artillerie secondaire (six affûts doubles de 100mm et trois tourelles triples de 152mm) et toute sa DCA légère, recevant en remplacement  des canons de 100 et de 152mm, dix tourelles doubles de 130mm modèle 1936.

Ces tourelles sont installées en trois groupe : un groupe axial de quatre tourelles à l’arrière et deux groupes latéraux de trois tourelles. La DCA légère se compose désormais de douze canons de 37mm en six affûts doubles de 37mm ACAD modèle 1935 et seize canons de 25mm Hotchkiss modèle 1939-40 en huit affûts doubles.

A l’origine, sur les Richelieu, deux affûts devaient été installés latéralement entre les deux tourelles de 380mm tandis que les quatre autres auraient été installées entre les tourelles de 152mm latérales.

L’installation de trois tourelles doubles de 130mm entraine une modification de leur installation sur un passerelle un pont au dessus. Les affûts doubles de 25mm sont installés sur le bloc-passerelle et derrière le pare-lame.   Des radars sont montés et les installations d’hydraviation sont modernisées avec une catapulte plus puissante. Il sort pour essais du 21 au 27 mai au large de Toulon avant une escale à Marseille du 28 mai au 1er juin.

Il est indisponible pour entretien et permissions de l’équipage du 2 au 30 juin, sortant pour essais du 1er au 3 juillet et pour remise en condition du 5 au 19 juillet, date de son retour à Toulon. Le Richelieu est à nouveau à la mer pour entrainement du 26 juillet au 4 août, du 11 au 20 août et du 27 août au 12 septembre au large de Toulon alternant écoles à feux, exercices de défense aérienne à la mer et de combat antisurface.

Le cuirassé sort pour entrainement du 21 au 30 septembre 1943 avant une escale à Alger du 1er au 5 octobre. Reprennant la mer, il subit un entrainement à la défense aérienne à la mer du 6 au 15 octobre avant une escale à Tunis du 16 au 21 octobre. Il rentre à Toulon le surlendemain 23 octobre 1943.

Le Richelieu et le Clemenceau sortent pour entrainement le 2 novembre 1943. Il ne sont pas seuls, appareillant avec les torpilleurs Corsaire Flibustier Rapière Hallebarde, le contre-torpilleur Marceau, les contre-torpilleurs  Aigle Albatros Gerfaut de la 5ème DCT et le ravitailleur rapide Adour.

La petite escadre manoeuvre dans le Golfe du Lion jusqu’au 12 novembre quand les cuirassés, leurs torpilleurs d’escorte, les contre-torpilleurs et le ravitailleur font escale à Marseille jusqu’au 18 novembre.

Du 19 au 27 novembre, les contre-torpilleurs tentent d’intercepter le cuirassé qui protégeait le ravitailleur avant un ravitaillement à la mer le 28 novembre. Après un exercice de défense aérienne à la mer du 29 novembre au 4 décembre, le cuirassé fait escale à Ajaccio, le ravitailleur à Calvi et les contre-torpilleurs à l’Ile-Rousse et ce du 5 au 11 décembre. Ils rentrent tous à Toulon le 13 décembre 1943. Il sort à nouveau pour entrainement en solitaire du 20 au 26 décembre 1943 puis du 4 au 9 janvier 1944.

Le 15 janvier 1944, il décharge ses munitions et appareille pour Brest afin de subir son premier grand carénage, marquant ainsi son retour dans son chantier constructeur près de quatre ans après son départ.

Arrivant le 22 janvier, il échoué dans le bassin n°8 du Laninon le 24 janvier et immobilisé jusqu’au 2 octobre 1944 quand il quitte le bassin n°8 pour être remorqué dans la rade-abri pour des travaux complémentaires.

Durant ce premier grand carénage, la coque est grattée, sablée et repeinte, les hélices sont remplacées, les turbines inspectées et remise en état, les chaudières retubées. Les locaux-vie sont entièrement remis en état, des radars installés, les installations d’hydraviation un temps menacées sont maintenues étant vues comme un complément au radar.

Il est armé pour essais le 18 novembre 1944, subissant ses essais à la mer du 21 novembre au 3 décembre avant une période de modification à Brest jusqu’au 12 décembre quand le cuirassé reprend la mer pour sa remise en condition qui à lieu dans le Golfe de Gascogne jusqu’au 24 décembre, passant la fin d’année à Brest.

Il reprend la mer le 2 janvier 1945 pour remise en condition au large de l’Afrique Occidentale Française (AOF).

Arrivé à Dakar le 7 janvier, il est en escale jusqu’au 11 janvier quand commence une très intense remise en condition qui commence par une première école à feu jusqu’au 22 janvier quand il passe au bassin jusqu’au 27 janvier pour inspection et réparations.

Remis à flot, il subit des essais de pure formalité jusqu’au 30 janvier quand il reprend son entrainement par un entrainement aviation du 1er au 12 février, multipliant lancement et récupération de ses Dewoitine HD-731 qui affrontent les avions de l’Aviation Navale et de l’armée de l’air.

Après une deuxième école à feu du 15 au 27 février, le cuirassé quitte l’AOF le 1er mars 1945, fait escale à Casablanca du 4 au 7 mars avant de gagner Toulon le 14 mars 1945.

Le Richelieu sort à nouveau du 24 mars au 8 avril en compagnie de son sister-ship Clemenceau et de la 6ème DC pour un entrainement combiné dans le Golfe du Lion avec entrainement au combat de nuit et exercice de défense aérienne à la mer avant une escale à Marseille du 9 au 12 avril.

Reprennant la mer, elles s’entrainent au combat antisurface du 13 au 22 avril avant de rentrer à Toulon le 27 avril après une escale à Bastia du 23 au 26 avril 1945. Il sort à nouveau pour entrainement en solitaire (même si il est accompagné par ses deux torpilleurs d’escorte) du 30 avril au 7 mai 1945.

Le Richelieu participe à un exercice de défense aérienne à la mer au large du Cap Corse du 17 au 22 mai 1945 en compagnie du porte-avions Joffre qui simula des raids d’avions torpilleurs Latécoère Laté 299 contre le cuirassé et ses deux torpilleurs d’escadre, appuyés également par des bimoteurs Lioré et Olivier Léo 451 basés à Calvi-Sainte Catherine. Il rentre à Toulon le 23 mai pour se ravitailler.

Il effectue ensuite une tournée de représentation en Afrique du Nord, appareillant de Toulon le 24 mai, direction Casablanca où il arrive le 29 mai. Son escale de trois jours se prolonge jusqu’au 5 juin en raison de problèmes de chaudières. Il repart le lendemain, 6 juin 1945, direction Tanger où sa présence est peu goûtée par les autorités espagnoles.

Tanger est certes une ville internationale mais enclavée dans le Maroc Espagnol. A l’annonce d’une manifestation phalagangiste contre la venue du cuirassé, le commandant du Richelieu menace de mettre à terre sa compagnie de débarquement ce qui à un effet dissuasif à moins que cela ne soit les canons de 380mm pointés sur la base de l’armée de terre espagnole toute proche……… .

Après deux jours dans le port de la ville internationale, le Richelieu reprend la mer le 9 juin, arrivant à Mers-El-Kebir le 13 juin pour trois jours au mouillage. Il est à Alger du 17 au 21 juin, à Philippeville du 23 au 26 juin, Bizerte du 30 juin au 4 juillet avant de rentrer en métropole, faisant une brève escale à Ajaccio le 9 juillet avant de rentrer à Toulon le lendemain, 10 juillet.

Il est indisponible (entretien et permissions d’été de l’équipage) du 15 juillet au 27 août avant de sortir pour essais du 28 au 31 août et pour remise en condition du 2 au 12 septembre en compagnie de ses torpilleurs d’escadre Corsaire et Flibustier.

Après une escale à Bastia du 13 au 17 septembre, il reprend la mer pour un entrainement au combat de nuit du 18 au 23 septembre puis après ravitaillement auprès de l’Adour, un entrainement à la défense aérienne du mer du 24 septembre au 4 octobre, rentrant à Toulon le 10 octobre après une escale à Nice du 5 au 9 octobre.

Le Richelieu quitte Toulon le 15 octobre 1945 pour un nouvel entrainement en Méditerranée occidentale, accompagnée cette fois par le croiseur léger Chateaurenault (classe De Grasse) et la 5ème DCT (Aigle Albatros Gerfaut)

Tout commence par un entrainement DAM (Défense Aérienne à la Mer) jusqu’au 21 octobre, le cuirassé, le croiseur léger et les contre-torpilleurs étant assaillis par l’aviation basée à terre. Après un ravitaillement à Ajaccio-Aspretto les 22 et 23 octobre, les cinq navires effectuent un entrainement au combat de nuit du 24 au 30 octobre avant une escale à Marseille du 31 octobre au 2 novembre.

Reprennant la mer, ils s’entrainent à la lutte ASM, les contre-torpilleurs assurant un ratissage au large du cap Corse contre les sous-marins Venus Iris Pallas de la 15ème DSM qui tentaient du 3 au 10 novembre une embuscade contre le cuirassé et le croiseur léger qui participent à la traque en utilisant leurs hydravions. Après une escale à Nice du 11 au 15 novembre, le Richelieu, le Chateaurenault et la 5ème DCT rentrent à Toulon le 17 novembre 1945.

Le premier «35000 tonnes» de la Royale sort à nouveau pour entrainement du 25 au 30 novembre pour servir de plastron de luxe aux défenses côtières du secteur de Toulon notamment la batterie du cap Cépet récémment modernisée.

Après un rapide passage à Toulon pour ravitailler, le Richelieu repart le 2 décembre 1945 pour un exercice baptisé «Austerlitz» en compagnie du croiseur léger De Grasse.

Le cuirassé et le croiseur s’entrainent d’abord au combat de nuit du 2 au 9 décembre puis après ravitaillement auprès du pétrolier Sèvre (ex-Nivôse), les deux navires vont manoeuvrer au large du Maroc, de part et d’autre des Colonnes d’Hercules et ce du 13 au 21 décembre. Après une escale à Casablanca du 22 au 25 décembre, les deux navires rentrent à Toulon le 27 décembre 1945.

Le Richelieu effectue une sortie d’entrainement avec ses deux torpilleurs d’escadre du 2 au 9 janvier avant de subir un petit carénage du 17 janvier au 8 février 1946.

Après des essais à la mer du 9 au 12 février, le Richelieu embarque à Toulon l’amiral Ollive, nouveau Grand Amiral de la flotte (il à succédé à l’amiral Esteva en poste de 1942 à 1945 mais qui à démissionné pour raison de santé) et son état-major pour une inspection des capacités du porte-avions Joffre.

Le porte-avions manoeuvre accompagné par le cuirassé Richelieu mais également par le cuirassé Provence _le garde du corps du porte-avions_ du 18 au 23 février, l’amiral de la flotte passant à bord du porte-avions les 21 et 22 février avant de remonter à bord du cuirassé pour une conférence au sommet en Grande Bretagne.

Durant ces cinq jours, il à assisté à des exercices de défense aérienne à la mer, de lancement et d’appontage, de simulations de bombardements en piqué, de torpillage et de lutte ASM. Il à même décollé et apponté à bord d’un CAO-600. Le cuirassé après un bref ravitaillement à Toulon, appareille le 24 février, franchit le détroit de Gibraltar le 1er mars, fait escale à Brest le 6 mars avant d’arriver à Southampton le 8 mars puis de prendre le train en direction de Londres afin de converser avec les autorités de la Royal Navy.

Le cuirassé reprend la mer le 9 mars 1946, fait escale sur l’île de Wight le 11, à Douvres le 13 mars, à Chatham le 15 mars où il rembarque l’amiral Ollive et son état-major qu’il débarque au Havre le 19 mars 1946.

Le cuirassé rentre ensuite à Toulon, faisant escale à Cherbourg du 25 au 27 mars, à Saint-Nazaire  du 29 mars au 1er avril 1946, à bordeaux du 2 au 6 avril, à Casablanca du 8 au 13 avril avant d’arriver à Toulon le 15 avril.

Après une période d’indisponibilité jusqu’au 30 avril, le Richelieu sort pour essais du 2 au 7 mai avant remise en condition en compagnie du croiseur léger Guichen du 9 au 23 mai. Ils rentrent tous les deux à Toulon le 27 mai après une escale à Nice du 24 au 26 mai 1946.

Le Richelieu sort pour entrainement aviation du 1er au 12 juin avant une escale à Alger du 13 au 18 juin, enchainant par un exercice de défense aérienne à la mer du 19 au 27 juin, faisant escale à Ajaccio du 28 juin au 2 juillet avant de rentrer à Toulon à l’aube le 4 juillet 1946.

Le Richelieu est indisponible pour entretien et permissions de l’équipage du 5 au 26 juillet, sortant pour essais du 27 au 30 juillet et pour remise en condition du 1er au 16 août, en même temps que ses torpilleurs d’escadre, les trois navires rentrant à Toulon le lendemain 17 août.

Après une nouvelle période d’entretien à flot du 22 août au 2 septembre, il sort pour essais à la mer du 3 au 7 septembre avant un stage de remise en condition du 8 au 30 septembre 1946 en compagnie de son sister-ship Clemenceau.

Les deux cuirassés et leurs quatre torpilleurs d’escadre quittent Toulon le 1er octobre, font escale à Casablanca du 4 au 6 octobre avant d’arriver à Dakar le 9 octobre pour  une nouvelle école à feu à Rufisque du 9 au 21 octobre 1946. Après une escale à Dakar jusqu’au 23 octobre, le Richelieu rentre à Toulon le 28 octobre 1946.

Après une période d’indisponibilité jusqu’au 10 novembre, le Richelieu sort pour essais du 12 au 17 novembre avant une remise en condition du 19 novembre au 2 décembre. Le Richelieu sort à nouveau pour entrainement du 7 au 18 décembre et du 21 au 28 décembre, passant la fin de l’année à quai à Toulon.

Il commence l’année 1947 par un entrainement aviation du 5 au 15 janvier avant une escale à Nice du 16 au 20 janvier. Il ressort pour un entrainement à la défense aérienne à la mer du 21 au 31 janvier, rentrant à Toulon le lendemain 1er février.

Le 5 février 1947, des émeutes anti-françaises frappent la ville d’Iskenderun, l’ancienne Alexandretta du temps de la domination française faisant quatre morts. La marine nationale décide d’effectuer une démonstration de force pour mettre la pression sur le gouvernement turc qui se montrera d’abord réticent à réprimer ses émeutes.

Le Richelieu appareille en compagnie du porte-avions Joffre, du cuirassé Provence et de cinq torpilleurs d’escadre le 7 février 1947 (Le Richelieu étant accompagné du seul Flibustier, le Corsaire étant en grand carénage), arrivant sur zone le 12 février et y restant jusqu’au 27 février pour de nombreux exercices. Après une escale à Beyrouth du 28 février au 3 mars 1947, il rentre à Toulon le 7 mars 1947. Après une période d’entretien à flot du 8 mars au 4 avril, le Richelieu sort pour essais du 5 au 9 avril avant un stage de remise en condition en compagnie du croiseur léger Chateaurenault et du torpilleur d’escadre Corsaire du 12 au 30 avril 1947.

Le Richelieu et le Corsaire sont rejoints à Nice le 1er mai par le Flibustier qui «remplace» le Chateaurenault qui est rentré à Toulon dès le 1er mai pour un grand carénage. Après trois jours d’escale jusqu’au 4 mai, le Richelieu, le Corsaire et le Flibustier sortent pour remise en condition du Flibustier du 5 au 21 mai 1947, les trois navires rentrant le lendemain 22 mai à Toulon.

Le Richelieu quitte Toulon le 30 mai pour une Ecole à feu à Rufisque en compagnie de ses deux torpilleurs d’escadre. Les trois navires font escale à Casablanca du 3 au 7 juin avant d’arriver à Dakar le  11 juin 1947.

L’Ecole à feu à lieu du 13 juin au 1er juillet, le cuirassé tirant des obus de 380mm et de 130mm sans parler de sa DCA légère qui se montra efficace aussi dans le tir antisurface, les torpilleurs d’escadre eux tirant des obus de 130mm, des obus de 37mm ainsi que plusieurs torpilles.

Le Richelieu et ses deux torpilleurs d’escadre quittent Dakar le 2 juillet, font escale à Casablanca du 5 au 7 juillet avant de rallier Toulon le 11 juillet 1947.

Il participe le 14 juillet 1947 à une revue navale en présence du président de la République, Paul Reynaud qu’il enmène ensuite en Algérie, appareillant de Toulon le 15 juillet direction Alger où il arrive le 17 juillet. Il est ouvert au public jusqu’au 23 juillet 1947 quand il rembarque le président de la République pour le ramener à Toulon le 25 juillet.

Après une période d’indisponibilité du 2 août au 14 septembre 1947 pour les permissions d’été, le cuirassé appareille pour une école à feu à Rufisque, quittant Toulon le 16 septembre, faisant escale à Casablanca le 20 septembre pour se ravitailler avant d’arriver à Dakar le 23 septembre.

L’Ecole à feu commence le 25 septembre mais le 27 septembre, le canon de 380mm II (tourelle I) explose tuant ou blessant les servants de la demi-tourelle (bilan final : 9 morts et 24 blessés graves).

Le cuirassé regagne Dakar le 29 septembre où les corps sont débarqués et transportés en France. Les restes du canon sont enlevés et la brèche obturée. L’enquête montrera que les gargousses utilisées étaient défectueuses, générant une pression trop importante pour les canons.

Le cuirassé arrive à Brest le 7 octobre 1947 et est en travaux jusqu’au 17 décembre, ce terrible accident étant mis à profit pour un passage au bassin pour changer les hélices, retuber les chaudières, améliorer la conduite de tir et le champ de tir de l’artillerie légère antiaérienne. Le Richelieu est en essais à la mer du 19 au 31 décembre avant d’appareiller pour Toulon le 4 janvier 1948, rentrant dans son port d’attache le 12 janvier 1948.

Le Richelieu quitte Toulon le 21 janvier pour un entrainement au combat de nuit jusqu’au 29 janvier quand le cuirassé jette l’ancre à l’entrée du port de Bastia pour une escale jusqu’au 4 février. Il reprend la mer pour un entrainement à la défense aérienne à la mer au large du cap Corse du 5 au 17 février 1948. Il rentre à Toulon le 23 février après une escale à Nice du 18 au 22 février.

Il sort à nouveau le 2 mars 1948 en compagnie de la 6ème DC (croiseurs légers De Grasse Chateaurenault Guichen), de la 9ème DCT composé des contre-torpilleurs Le Fantasque L’Audacieux et Le Malin et du pétrolier Elorn.

La petite mais puissante escadre commence par un entrainement à la défense aérienne à la mer du 2 au 12 mars avant une escale à Nice du 13 au 17 mars. Le Richelieu appareille le premier dans la nuit du 17 au 18 mars avec pour mission de rallier Alger en échappant aux croiseurs légers et aux contre-torpilleurs (L’Elorn lui gagne Mers-El-Kébir pour recompléter ses soutes et servir de base mobile de ravitaillement).

Au cours de six joutes successives (18-21 mars, 23-26 mars, 28-30 mars, 1er au 4 avril, 6 au 9 avril et 11 au 15 avril), le Richelieu est intercepté à trois reprises mais coulé une fois sous les coups des torpilles et des obus des croiseurs et contre-torpilleurs.

Après une escale de ravitaillement auprès de l’Elorn à Mers-El-Kébir du 17 au 22 avril, le cuirassé accompagné des contre-torpilleurs appareille pour un exercice à double détente contre les croiseurs légers qui devaient rallier Bizerte. L’exercice qui à lieu du 24 avril au 4 mai et se termine par une escale à Bizerte du 5 au 12 mai 1948. Tous les navires rentrent à Toulon le 15 mai 1948.

Après une période d’entretien à flot du 18 mai au 12 juin, le Richelieu sort pour essais du 13 au 17 juin avant un stage de remise en condition du 18 au 30 juin. Le 3 juillet 1948, il quitte Toulon pour une nouvelle Ecole à feu à Rufisque.

Après une escale à Casablanca du 7 au 10 juillet, le cuirassé arrive à Dakar le 14 juillet. L’Ecole à feu à lieu du 17 au 30 juillet. Après une nouvelle escale à Dakar du 31 juillet au 3 août, il reprend la mer avec ses torpilleurs d’escadre et rentre à Toulon le 12 août 1948.

Le 20 août, le cuirassé Richelieu est armé aux effectifs de guerre, recevant une peinture plus discrète avec des consignes de discrétion lumineuse maximale. Il sort pour amarriner les réservistes et les rappelés du 21 au 30 août, faisant escale à Nice du 31 août au 3 septembre, rentrant à Toulon le 4 septembre 1948.

Alors qu’il devait sortir pour une école à feux destiné notamment à tester de nouveaux obus super-lourds, l’annonce de l’attaque allemande sur le Danemark et la Norvège entraine l’annulation de l’essai, le cuirassé recomplétant ses soutes en carburant, vivres et munitions et se tenant prêt à appareiller en cas de menace italienne, le Richelieu étant en alerte à 6h.

6-Cuirassés et croiseurs de bataille (6)

Le Strasbourg

Le croiseur de bataille Strasbourg

-Le Strasbourg est mis sur cale sur la cale n°1 des ateliers et chantiers de Sain Nazaire-Penhoët le 25 novembre 1934. Lancé le 12 décembre 1936, il est remorqué au quai d’armement où il reçoit son appareil propulsif, son armement…… .

Le 15 juin 1938, il quitte son chantier constructeur pour Brest, effectuant durant le transit quelques essais de vitesse; arrivant ainsi à destination le lendemain 16 juin 1938. Il reprit la mer le 21 juin 1938 pour une première journée d’essais officiels avant un passage au bassin du 22 au 30 juin 1938.

Les essais officiels occupèrent le Strasbourg tout l’été, les canons du croiseur de bataille tonnant pour la première fois au large d’Ouessant les 24 et 25 août 1938. après un deuxième passage au bassin du 15 septembre au 15 décembre 1938 pour inspection et modifications diverses, le Strasbourg repris ses essais qui furent brusqués en raison de la détérioration de la situation internationale.

Le 24 avril 1939, le Strasbourg est admis au service actif au sein de l’escadre de l’Atlantique formant avec son sister-ship le Dunkerque, la 1ère division de ligne (1ère DL).

Le 20 juin 1939, la marine française se réorganisa et l’escadre de l’Atlantique devint la 1ère escadre formant avec la 5ème escadre, la Flotte de l’Atlantique. Cette 5ème escadre est composée des cuirassés Courbet et Paris dédiés à l’instruction, le croiseur léger mouilleur de mines Emile Bertin et des torpilleurs.

La guerre se précisant, les amirautés britanniques et françaises se coordonèrent en décidant du partage des zones de responsabilité. La marine française reçut pour mission de protéger le trafic commercial allié entre le Golfe de Guinée et la Manche.

Cette mission était du ressort des Forces Maritimes de l’Ouest (F.M.O) mais il fallait prévoir une force capable de traquer les raiders que les allemands n’allaient pas manquer d’envoyer. C’est la mission de la Force de Raid que le Strasbourg intègre en compagnie du Dunkerque.

Le Strasbourg reste déployé dans l’Atlantique jusqu’en janvier 1940 quand on prend la décision d’affecter les deux cuirassés français les plus modernes en Méditerranée et c’est ainsi que le 20 janvier 1940, le Strasbourg appareille en compagnie du Dunkerque pour Toulon.

Les deux croiseurs de bataille font escale à Casablanca le 25 janvier, à Oran le 27 janvier où les deux navires sont ouverts au public avant d’appareiller pour Toulon le 28 janvier, arrivant dans le grand port varois le 1er février 1940.

Le Strasbourg effectue de nombreux exercices pour parfaire sa condition opérationnelle qu’il s’agit d’écoles à feu, d’exercices de défense aérienne à la mer, d’alerte anti-sous-marine.

Pendant que son sister-ship effectue une longue tournée en Méditerranée orientale, le Strasbourg reste dans les attérages immédiats de Toulon, des mouvements de troupes italiennes à la frontière laissant craindre une possible attaque surprise qui se saurait de toute façon heurtée aux ouvrages alpins de la Ligne Maginot.

Le Strasbourg est néanmoins indisponible du 10 juillet au 1er août pour entretien et permissions de l’équipage, sortant pour essais du 3 au 6 août puis pour remise en condition du 8 au 20 août, rentrant à Toulon le lendemain 21 août 1940.

Le 22 août, les torpilleurs d’escadre Fleuret et Lansquenet arrivent à Toulon. Ces deux torpilleurs de classe Le Hardi sont chargés de la protection du croiseur de bataille. Le Strasbourg qui sort avec eux du 23 août au 7 septembre 1940, faisant escale à Marseille du 8 au 12 avant de rentrer à Toulon le lendemain 13 septembre 1940.

Alors que le Dunkerque reste en Méditerranée occidentale, le Strasbourg effectue une tournée en Amérique du Nord. Il appareille de Toulon le 8 janvier 1941, fait escale à Gibraltar du 12 au 14 janvier, à Lisbonne du 16 au 20 janvier et au Verdon du 23 au 25 janvier avant de traverser l’Atlantique direction New York où il arrive le 2 février 1941.

Il reste jusqu’au 6 février quand il appareille pour Boston où il reste du 7 au 10 février. C’est ensuite une escale à Halifax du 12 au 15 février avant un mouillage du 17 au 20 février au large de Saint Pierre et Miquelon. Il traverse ensuite l’Atlantique direction Brest où il arrive le 27 février 1941.

Il repart le 3 mars, faisant escale au Ferrol le 8 mars, Casablanca le 12 mars avant de rentrer à Toulon le 17 mars 1941. Il subit un petit carénage jusqu’à la fin du mois de mai avant de reprendre son service normal au sein de la Flotte de la Méditerranée.

Il est ainsi échoué dans le bassin Vauban n°7 du 20 mars au 4 mai 1941 pour des travaux d’inspection et d’entretien courant avant des travaux à quai du 4 au 21 mai suivis d’essais à la mer du 23 au 30 mai et une remise en condition du 4 au 12 juin 1941.

Le Strasbourg sort pour entrainement DAM du 15 au 22 juin puis pour un entrainement au combat de nuit du 25 au 30 juin, rentrant à Toulon le 4 juillet après une escale à Nice du 1er au 3 juillet.

Après une petite sortie d’entrainement de routine du 7 au 12 juillet, le croiseur de bataille mouille en rade des Vignettes pour participer à la revue navale du 14 juillet 1941.

Après une période d’indisponibilité du 15 juillet au 12 août, le Strasbourg sort pour essais du 13 au 18 août avant remise en condition dans le Golfe du Lion du 20 août au 2 septembre. Après s’être ravitaillé en carburant et en munitions, le croiseur de bataille quitte Toulon pour Dakar.

Il fait escale à Casablanca du 6 au 9 septembre avant d’arriver dans la capitale de l’AOF le 14 septembre 1941.

L’Ecole à feux à lieu du 16 septembre au 4 octobre avant une nouvelle escale à Dakar du 5 au 10 octobre. Il quitte Dakar le lendemain 11 octobre, relâche à Casablanca du 14 au 18 octobre avant de rentrer à Toulon le 22 octobre 1941.

Le croiseur de bataille Strasbourg quittant Toulon en 1941

Le Strasbourg sort pour un entrainement de son détachement aviation du 1er au 8 novembre, faisant escale à Nice du 9 au 12 novembre 1941, rentrant à Toulon le lendemain 13 novembre. Il sort à nouveau pour entrainement au large de Toulon du 20 au 27 novembre et du 4 au 12 décembre, avant de se préparer à subir un petit carénage.

Du 17 décembre 1941 au 12 mai 1942, il est immobilisé au bassin Vauban n°7 pour subir les mêmes travaux que le Dunkerque :  il débarque la totalité de sa DCA légère et reçoit enfin la DCA prévue à l’origine à savoir cinq affûts doubles ACAD modèle 1935 de 37mm qui sont installés pour deux d’entre-eux de part et d’autre de la tourelle II de 330mm, deux autres au niveau de la cheminée et un cinquième derrière la tourelle quadruple axiale de 130mm. Il reçoit également douze canons de 25mm Hotchkiss modèle 1939-40 en six affûts doubles ainsi qu’un détecteur électromagnétique est installé.

 Comme à chaque passage au bassin, la coque est grattée et repeinte, les hélices inspectées, les chaudières et les turbines remise en état.

Il subit ses essais à la mer du 13 au 20 mai 1942 avant des travaux à flot de complément du 21 mai au 2 juin et une nouvelle phase d’essais du 4 au 12 juin. Il subit ensuite une intense remise à condition, sortant du 17 au 26 juin et du 28 juin au 4 juillet 1942 date à laquelle il est de nouveau déclaré disponible.

Le 15 juillet 1942, le Strasbourg quitte Toulon en compagnie de ses deux torpilleurs d’escadre d’escorte Fleuret et Lansquenet, fait escale à Ajaccio du 16 au 18 juillet, à Mers-El-Kébir du 19 au 22 juillet, à Casablanca du 25 au 28 juillet avant de gagner Dakar où il arrive le 2 août. Il effectue une école à feux intense du 4 au 18 août avant une escale à Dakar du 19 au 21 août.

Le Strasbourg et ses deux torpilleurs d’escadre subissent un entrainement de défense aérienne à la mer du 22 août au 4 septembre avant une ultime escale à Dakar du 5 au 10 septembre.

Le lendemain 11 septembre 1942, le croiseur de bataille et les deux torpilleurs d’escadre quittent la capitale de l’AOF, relâchent à Casablanca du 15 au 18 septembre avant de cingler en direction de Toulon où il arrive le 22 septembre 1942.

Après une période d’indisponibilité (entretien et permissions de l’équipage) du 23 septembre au 12 octobre, le croiseur de bataille sort pour essais du 13 au 20 octobre avant remise en condition du 21 au 31 octobre, étant jugé de nouveau pleinement opérationnel le 2 novembre 1942.

Le 7 novembre 1942, une délégation de la ville de Strasbourg dirigée par son maire Charles Frey arrive à Toulon pour signer la charte de parrainage du croiseur de bataille. La délégation sort avec le croiseur de bataille du 8 au 12 novembre, le Strasbourg faisant escale à Marseille du 13 au 17 novembre, à Bastia du 18 au 23 novembre et à Nice du 24 au 30 novembre avant de rentrer à Toulon le lendemain 1er décembre 1942.

Le croiseur de bataille termine l’année par deux petites sorties dans le golfe du Lion du 8 au 13 décembre et du 16 au 24 décembre, passant la fin de l’année à quai à Toulon.

 Après une période d’entretien à flot (catapulte, tourelles de 330 et de 130mm) du 1er au 17 janvier, le Strasbourg sort pour essais du 18 au 21 janvier avant un entrainement de base du 22 au 30 janvier 1943.

Le Strasbourg sort à nouveau pour entrainement du 3 au 12 février au profit de son détachement aviation toujours équipé de Loire 130. Après une escale à Marseille du 13 au 18 février, le croiseur de bataille reprend la mer pour un entrainement au combat de nuit du 19 au 22 février avant une nouvelle escale cette fois à la Ciotat du 23 au 27 février. Il rentre à Toulon le lendemain 28 février 1943.

Après une période d’indisponibilité accidentelle du 3 mars au 12 avril 1943, le Strasbourg sort pour essais du 14 au 19 avril avant une remise en condition au large des côtes orientales de la Corse du 21 avril au 5 mai, mouillant à Porto-Vecchio du 6 au 11 mai. Il rentre à Toulon le 13 mai 1943.

Il quitte le Var le 18 mai 1943 pour une école à feu à Rufisque, faisant escale à Casablanca du 23 au 28 mai avant d’arriver à Dakar le 2 juin 1943.

L’Ecole à feu à lieu du 6 au 27 juin avant une escale de relâche du 28 juin au 2 juillet avant un entrainement à la défense aérienne à la mer du 3 au 10 juillet 1943. Il fait escale à Dakar du 11 au 13 juillet avant un entrainement au combat antisurface du 15 au 27 juillet.

Après une dernière escale à Dakar du 28 juillet au 2 août, le croiseur de bataille et les deux torpilleurs d’escadre font escale à Casablanca du 6 au 10 août avant de rentrer à Toulon le 14 août 1943.

Après une période d’indisponibilité pour entretien et permissions de l’équipage du 15 août au 21 septembre, le Strasbourg sort pour une campagne d’essais prévue pour durer une semaine du 22 au 29 septembre mais le 25 septembre, victime d’une avarie de chaudière, il doit rentrer à Toulon pour quelques jours de réparations.

Reprennant la mer le 1er octobre, il effectue des essais sans problèmes particulièrs jusqu’au 8 octobre quand il mouille aux salins d’Hyères jusqu’au 12 octobre. Il subit une remise en condition dans le Golfe du Lion du 13 au 30 octobre puis au large du cap Corse du 2 au 9 novembre 1943.

Le croiseur de bataille Strasbourg sort pour un entrainement au combat antisurface avec école à feu du 15 au 25 novembre, entrainement suivit par une escale à Alger du 26 novembre au 2 décembre avant un retour à Toulon le lendemain 3 décembre 1943.

Il sort à nouveau pour un entrainement de défense aérienne à la mer du 10 au 17 décembre et un entrainement aviation du 21 au 25 décembre avec deux Dewoitine HD-731 qui en septembre 1943 ont remplacé les deux Loire 130 précédement embarqués.

Ces deux entrainements sont entrecoupé par une escale à Marseille du 18 au 20 décembre 1943. Rentré à Toulon le 26 décembre, il termine l’année au mouillage en grande rade.

Il sort pour la première fois de l’année du 4 au 10 janvier 1944 pour un entrainement aviation au profit de ses Dewoitine HD-731.

Après une escale à Ajaccio du 11 au 16 janvier, le croiseur de bataille et ses deux torpilleurs d’escadre reprennent la mer pour un entrainement au combat antisurface du 17 au 25 janvier avant une nouvelle escale à Bastia du 26 au 31 janvier avant de rentrer à Toulon le lendemain 1er février 1944.

Le Strasbourg sort pour un nouvel entrainement de défense aérienne à la mer du 8 au 17 février, entrainement suivit d’une escale à Barcelone du 18 au 24 février avant un nouvel entrainement au combat antisurface, le croiseur de bataille servant du 25 février au 3 mars de plastron à ses deux torpilleurs d’escadre pour des exercices de tir d’artillerie et de lancement de torpilles. Les trois navires se ravitaillent ensuite auprès du pétrolier Elorn le 4 mars avant de rentrer à Toulon le 5 mars 1944.

Après une période d’entretien à flot du 6 au 25 mars, le Strasbourg sort pour essais du 26 au 30 mars avant de reprendre son activité opérationnelle par un entrainement au combat antisurface du 31 mars au 7 avril. Il rentre à Toulon le 12 avril après une escale à Nice du 8 au 11 avril 1944.

Le Strasbourg quitte Toulon le 17 avril pour un entrainement aviation jusqu’au 25 avril avec comme chaque fois lancements, récupérations, lancement de bombes et mitraillages. Après une escale à Ajaccio du 26 au 29 avril, le croiseur de bataille rentre à Toulon le 30 avril 1944.

Le 7 mai 1944, le Strasbourg accompagné de ses deux torpilleurs d’escadre quitte Toulon pour l’Afrique afin d’effectuer un important cycle d’entrainement. Il se ravitaille à Mers-El-Kébir le 9 mai, franchit le détroit de Gibraltar le 11 mai puis relâche à Casablanca du 12 au 14 mai, date à laquelle il met cap sur Dakar où  il arrive le 18 mai 1944.

Le Strasbourg commence son école à feux dès le lendemain, tirant plusieurs centaines d’obus de 330 et de 130mm et ce du 19 au 30 mai avant de faire relâche à Dakar du 31 mai au 2 juin. Il enchaine par un exercice de défense aérienne à la mer du 3 au 8 juin puis par une nouvelle école à feux du 9 au 16 juin.

Le 17 juin 1944, le croiseur de bataille appareille de Dakar pour rentrer à Toulon. Il est alors victime d’une perte totale de propulsion, une avarie rarissime puisque les chaudières privées de mazout cessent de produire de la vapeur et donc d’entrainer les turbines.

Celles-ci entrainent encore un temps les lignes d’arbre qui avant même d’être découplées endommage gravement la coque du croiseur du bataille qui s’échoue, assez sérieusement endommagé. L’équipage du croiseur de bataille réagit avec un grand sang-froid. Les voies d’eau sont colmatées et les compartiments innondés sont asséchés.

Les moyens du port de Dakar sont insuffisants pour déséchouer un tel navire et un remorqueur de haute mer, l’Hippopotame est envoyé de Lorient pour déséchouer le navire et que le pétrolier Bourgogne de la Société Française de Transport Pétrolier est affrété en urgence pour vidanger les soutes et ainsi alléger le navire (le mazout ainsi récupéré sera ramené à Lorient).

Après des travaux titanesques, le navire est remis à flot le 3 juillet et échoué dans le grand bassin du port de Dakar pour des travaux nécessaires à sa longue traversée jusqu’à Bizerte où sa remise en état est prévue, remise en état qui ne fait qu’avancer un grand carénage prévu initialement pour juillet 1945.

Remis à flot le 12 juillet 1944, il quitte Dakar à la remorque le 15 juillet, direction la Tunisie, un très long parcours sous haute surveillance, le Strasbourg arrivant à Bizerte le 2 août 1944 et est  échoué au bassin n°2 de l’Arsenal de Sidi-Abdallah deux jours plus tard.

Les travaux l’immobilise jusqu’au 15 août 1945 quand il est enfin remis à flot après avoir subit une remise en état complète, une modernisation de ses capacités qu’il s’agisse de sa DCA (deux affûts doubles de 25mm supplémentaires) ou de son électronique. Après une période de travaux à quai jusqu’au 21 septembre, il sort pour essais du 22 au 27 septembre avant sa remise en condition.

Du 30 septembre au 15 octobre 1945, le croiseur de bataille Strasbourg s’entraine avec son sister-ship Dunkerque, les quatre torpilleurs d’escadre, la 6ème DC (De Grasse Chateaurenault Guichen) et de la 2ème DCT composé des modernes et puissants Bayard Du Guesclin Turenne.

Après une escale à Mers-El-Kébir du 16 au 20 octobre, les deux croiseurs de bataille, les quatre torpilleurs d’escadre, les croiseurs De Grasse et Guichen et les trois contre-torpilleurs gagnent Dakar le 25 octobre pour une école à feu à Rufisque du 26 octobre au 12 novembre, rentrant tous à Toulon le 19 novembre 1945.

Le 25 novembre, le croiseur de bataille Strasbourg sort pour un entrainement de défense aérienne à la mer jusqu’au 2 décembre, faisant escale à Nice du 3 au 10 décembre avant de rentrer à Toulon le 12 décembre et rester à quai jusqu’à la fin de l’année.

La première sortie de l’année 1946 voit le Strasbourg et le Dunkerque effectuer un entrainement au combat de nuit du 8 au 17 janvier avant de mouiller au large de Port Vendres du 18 au 23 janvier pour une amicale pression vis à vis de l’Espagne qui venait de réaliser en Catalogne, les plus importantes manoeuvres militaires depuis la victoire des nationalistes dans la guerre d’Espagne. Ils rentrent à Toulon le 25 janvier 1946.

Le Strasbourg sort à nouveau du 2 au 10 février 1946 en compagnie de ces torpilleurs d’escadre et du croiseur léger De Grasse pour un exercice commun de défense aérienne à la mer, les quatre navires faisant ensuite escale à Marseille du 12 au 19 février avant un nouvel exercice de combat antisurface du 20 au 27 février. Après une escale à Bastia du 28 février au 2 mars, les deux navires rentrent à Toulon le lendemain, 3 mars, le De Grasse devant alors rentrer en grand carénage.

Le 4 mars 1946, décision est prise de redéployer la 1ère DL à Mers-El-Kébir. Le 12 mars 1946, les croiseurs de bataille Dunkerque et Strasbourg appareillent de Toulon pour rallier leur nouvelle base nord-africaine en compagnie donc du Le Hardi de L’Epée, du Lansquenet et du Fleuret. La petite escadre fait d’ailleurs escale à Ajaccio du 13 au 15 mars avant de reprendre la mer le lendemain 16 mars dans la soirée pour arriver à Mers-El-Kébir le 17 mars 1946.

Le Strasbourg ressort avec le Dunkerque du 22 au 31 mars 1946 pour un exercice de combat entre l’Algérie et la Sardaigne avant une escale à Tunis du 1er au 6 avril suivit d’un exercice de défense aérienne à la mer du 7 au 17 avril, les deux croiseurs de bataille rentrant à Mers-El-Kébir le 20 avril 1946 comme toujours suivis par leurs torpilleurs d’escadre chargés de leur escorte.

Le 29 avril 1946, la 1ère Division de Ligne quitte Mers-El-Kébir en compagnie de leurs torpilleurs d’escadre, du croiseur léger Latouche-Tréville et de la 10ème DCT composés des contre-torpilleurs Le Terrible Le Triomphant et L’Indomptable.

La petite escadre mouille au large de Tanger du 1er au 4 mai puis est à Casablanca du 6 au 9 mai avant d’entamer un exercice au large des Canaries du 11 au 23 mai. Après une escale de ravitaillement à Casablanca les 24 et 25 mai, le Strasbourg prend la tête des contre-torpilleurs pour affronter le Dunkerque et le Latouche-Tréville du 26 mai au 2 juin. La petite escadre fait escale à Dakar du 3 au 7 juin avant une école à feu à Rufisque du 8 au 24 juin, la petite escadre rentrant à Mers-El-Kébir le 3 juillet 1946.

Après une période d’indisponibilité du 4 au 17 juillet, il sort pour essais du 18 au 21 juillet avant un entrainement combiné en compagnie de son sister-ship du 23 juillet au 7 août. Après une escale à Tunis du 8 au 14 août, les deux croiseurs de bataille rentrent à Mers-El-Kébir le 16 août 1946.

Le 17 août 1946, le croiseur de bataille Strasbourg appareille de Mers-El-Kebir en compagnie de ses torpilleurs d’escadre Le Fleuret et Lansquenet et du pétrolier-ravitailleur La Baïse pour une tournée dans les Caraïbes.

La jonction avec les croiseurs Suffren et Chateaurenault venus de Toulon se fait le 19 août au large de l’Espagne, la petite escadre manoeuvrant ensemble avant de faire une première escale à Casablanca le 24 août avant de traverser d’une traite l’Atlantique, arrivant à Fort de France le 2 septembre 1946.

Il fait escale à Pointe à Pitre du 7 au 12 septembre, Kingston (Jamaïque) du 14 au 17 septembre, Veracruz (Mexique) du 19 au 22 septembre, La Nouvelle Orléans du 25 au 28 septembre, Miami du 30 septembre au 3 octobre 1946 avant de traverser l’Atlantique faisant escale à Dakar le 7 octobre 1946 avant de rentrer à Mers-El-Kebir le 12 octobre 1946.

Il est indisponible jusqu’au 5 décembre avant de sortir pour essais du 7 au 12 décembre suivit d’une remise en condition du 14 au 26 décembre 1946.

Le Strasbourg sort pour entrainement à partir du 7 janvier 1947 en compagnie de ses deux torpilleurs d’escadre Fleuret et Lansquenet. Après une école à feux du 7 au 18 janvier, les trois navires font escale à Alger du 19 au 24 janvier avant un entrainement à la défense aérienne à la mer du 25 janvier au 5 février, faisant escale à Tunis du 6 au 10 février avant un entrainement au combat antisurface du 11 au 22 février, les trois navires rentrant à Mers-El-Kébir le lendemain 23 février 1947.

Le Strasbourg sort à nouveau pour entrainement en compagnie de ses torpilleurs d’escadre du 2 au 12 mars et du 20 mars au 4 avril, les trois navires faisant escale à Bizerte du 5 au 12 avril avant de rentrer à Mers-El-Kébir le 14 avril 1947.

Le 27 avril 1947, il quitte l’Algérie direction Marseille où il arrive 29 avril. Mouillé au large du Vieux Port, il embarque M. Le Tillien, nouveau gouverneur général de l’Algérie et le conduit à Alger le 1er mai 1947. Le croiseur de bataille est ouvert au public du 1er au 7 mai avant de rentrer à Mers-El-Kébir le 8 mai 1947.

Le Strasbourg sort du 13 au 21 mai pour un entrainement de défense aérienne à la mer avant de faire escale à Tunis du 22 au 30 mai. Il reprend la mer le lendemain 31 mai pour entrainer les défenses côtières du secteur de Bizerte et ce du 31 mai au 7 juin. Après un ravitaillement à Bizerte le 8 juin, il rentre à Mers-El-Kébir le 10 juin 1947. Le Strasbourg effectue encore deux petites sorties pour entrainement de base soit du 15 au 19 juin et du 21 au 27 juin.

Le 30 juin 1947, il quitte Mers-El-Kébir seul, direction Bizerte où il arrive le 2 juin pour subir un petit carénage. Il est mis au sec dans le bassin n°2 de l’Arsenal de Sidi-Abdallah du 4 juillet au 5 septembre 1947, subissant une phase de travaux à quai avant de sortir pour essais du 15 au 22 septembre.

Du 27 septembre au 2 octobre 1947, la 1ère DL sort en compagnie de la 8ème DC qui avec l’arrivée du Condé avait atteint son format définitif. Les deux divisions vont effectuer un exercice de combat antisurface avant une escale à Ajaccio du 3 au 7 octobre.

Le Strasbourg, le Dunkerque _toujours accompagnés de leurs torpilleurs d’escadre, les Lansquenet Fleuret Le Hardi L’Epée_ et les trois croiseurs légers reprennent la mer le 8 octobre, retrouvant en mer la 6ème DC au grand complet.

Le Strasbourg prend la tête de la 6ème DC (parti Rouge) alors que le Dunkerque devient le chef de la 8ème DC (parti Bleu) pour un exercice à double dérente jusqu’au 18 octobre avant une escale commune à Tunis du 19 au 25 octobre 1947. La 6ème DC rentre ensuite à Toulon  alors que la 1ère DL et le 8ème DC rentrent à Mers-El-Kebir le 27 octobre 1947.

Après une période d’entretien à flot du 30 octobre au 12 novembre 1947, le Strasbourg sort pour essais du 14 au 21 novembre avant remise en condition du 23 novembre au 4 décembre. Il ressort pour un nouvel entrainement du 7 au 17 décembre avant de rester au port jusqu’à la fin de l’année.

Le Strasbourg quitte Mers-El-Kébir le 5 janvier pour une école à feu à Rufisque, faisant escale à Casablanca du 9 au 12 janvier avant d’arriver à Dakar le 16 janvier 1948.

L’Ecole à feu l’occupe du 18 janvier au 4 février avant une nouvelle escale à Dakar du 6 au 12 février quand le croiseur de bataille reprend la mer pour rentrer à Mers-El-Kébir, faisant escale à Casablanca du 16 au 20 février avant de retrouver ses pénattes le 24 février 1948.

Après une courte période d’indisponibilité du 25 février au 7 mars 1948, le croiseur de bataille Strasbourg sort pour essais du 8 au 12 mars avant de reprendre l’entrainement du 14 mars au 1er avril, rentrant à Mers-El-Kébir le 4 avril 1948. A noter que du 22 mars au 1er avril, il va s’entrainer avec le Dunkerque et la 4ème DCT.

Le Strasbourg sort pour un entrainement de son détachement aviation du 11 au 17 avril puis après une escale à Alger du 18 au 22 avril, subit un entrainement de défense aérienne à la mer du 23 au 30 avril, rentrant à Mers-El-Kébir le 5 mai après une escale à Tunis du 1er au 4 mai 1948.

Il participe ensuite à un entrainement avec le porte-avions Commandant Teste du 15 mai au 20 juin 1948 en compagnie du cuirassé Bretagne mais également de six torpilleurs d’escadre et de trois contre-torpilleurs de la 11ème DCT, les puissants Mogador Volta et Hoche soit 24 canons de 130mm !

Au cours de ce cycle d’entrainement, les navires ne rentrèrent pas au port, se ravitaillant à la mer soutenus par les pétroliers Mékong et Tarn qui multiplièrent les rotations entre la force navale toujours mouvante et Bizerte pour recharger les soutes.

Le programme était chargé pour ne pas dire copieux avec un exercice de défense aérienne à la mer d’une force navale, la lutte ASM, le raid antisurface au cours duquel le Strasbourg et le Commandant Teste attaquèrent les contre-torpilleurs au canon et avec l’aviation embarqué avant que les contre-torpilleurs et les torpilleurs d’escadre ne tentent d’attaquer les deux gros (Strasbourg et Bretagne).

La force navale occasionnelle exécuta également des tirs contre la terre sur des ilôts inhabités du territoire tunisien pour simuler un assaut amphibie.

Tout se termina par un exercice d’escorte de convois composé de deux pétroliers et de deux cargos escortés par les trois contre-torpilleurs et un torpilleur à l’arrière; le porte-avions, le cuirassé et le croiseur de bataille plus les trois torpilleurs restant formant un groupe de couverture. Le convoi est ainsi attaqué par des sous-marins et des avions basés à terre.

La force navale rentre à Bizerte le 21 juin et si les contre-torpilleurs restent en Tunisie puisque Bizerte est leur port d’attache, le croiseur de bataille, le cuirassé, le porte-avions et les six torpilleurs d’escadre plus le Tarn rentrent à Mers-El-Kebir le 28 juin 1948.

Après une période d’indisponibilité du 29 juin au 12 juillet, le croiseur de bataille sort pour essais du 13 au 17 juillet avant remise en condition du 18 au 28 juillet. Il sort ensuite pour exercices au large des côtes d’Algérie, du 2 au 7 août et du 12 au 19 août.

Le 21 août 1948, il passe au régime de guerre avec le rappel des réservistes et sort à nouveau du 22 au 30 août et du 1er au 5 septembre 1948, apprennant au port l’attaque allemande contre le Danemark et la Norvège.

Le Strasbourg reçoit l’ordre d’appareiller de prendre position dans le sud de la Sardaigne ce qu’il fait dans la soirée du 5, coordonnant son action avec le groupe du combat du porte-avions Commandant Teste lui aussi à la mer. En cas de besoin, il pourrait recevoir le soutien du cuirassé Jean Bart en alerte à Mers-el-Kébir.

Schéma général de la classe Dunkerque

Caracteristiques Techniques de la classe Dunkerque

Déplacement : standard : 26500 tonnes (Dunkerque) 27300 tonnes (Strasbourg) normal : 30750 tonnes (Dunkerque) 31570 tonnes (Strasbourg) pleine charge : 35500 tonnes (Dunkerque) 36380 tonnes (Strasbourg)

Dimensions : Longueur (hors tout) 215.14m pour le Dunkerque 215.50m pour le Strasbourg (entre perpendiculaires) 209.00m Largeur : 31.10m Tirant d’eau (charge normale) 8.57m (8.73m pour le Strasbourg) (pleine charge) 9.71m (9.89m pour le Dunkerque)

Propulsion : Quatre groupes de turbines à engrenages Parson alimentées par six chaudières de type suralimentées Indret (construites sous licence Penhoët pour le Strasbourg) dévellopant une puissance totale de 107000ch et actionnant quatre hélices tripales.

Performances : Les performances concractuelles donnent une vitesse de 29.5 noeuds et une distance franchissable maximale de 7850 miles nautiques à 15 noeuds et de 2450 miles nautiques à 28 noeuds.

Protection : Ceinture principale : 225mm (283mm pour le Strasbourg) Bulkhead avant : 210mm (228mm pour le Strasbourg) Bulkhead arrière : 180mm au dessus du pont blindé intermédiaire 150mm en dessous (210 et 150mm pour le Strasbourg) Pont blindé supérieur (au dessus des soutes) 125mm (au dessus des machines) 115mm Pont blindé intermédiaire : 40mm (50mm pour le Strasbourg) Pont blindé au dessus des hélices : 100mm Tour de commandement : Avant et côtés : 270mm Arrière : 220mm Toit: 150 à 130mm  Tubes de communications : 160mm

Tourelle de 330mm : face avant : 330mm (360mm pour le Strasbourg) côtés : 250mm  toit : 150mm (160mm pour le Strasbourg) arrière : 345 mm (tourelle I) et 335mm (tourelle II) pour le Dunkerque; 352mm et 342mm pour le Strasbourg Barbettes au dessus du pont blindé supérieur : 310mm (340mm pour le Strasbourg) 50mm en dessous

Tourelles de 130mm : face avant : 135mm  côtés : 90mm toit : 90mm barbette : 120mm

Armement : 8 canons de 330mm modèle 1931 en deux tourelles quadruples. 16 canons de 130mm modèle 1932 en trois tourelles quadruples et deux tourelles doubles. 12 canons de 37mm en six affûts doubles ACAD  modèle 1935 et 16 canons de 25mm Hotchkiss modèle 1925 en huiy affûts doubles.

Aviation : une catapulte à la poupe pour deux à quatre hydravions type Loire 130 puis Dewoitine HD 731. Des chasseurs Dewoitine HD-780 pouvaient être aussi embarqués si le besoin s’en fait sentir

Equipage : Dunkerque : 1381 hommes Strasbourg 1302 hommes