Le Conflit (220) Balkans (54)

Après l’opération SWORD, les combats avaient continué mais avec une intensité moindre, des attaques locales pour améliorer une position en vue d’une nouvelle offensive majeure, la future SWORD II.

Quand l’année 1954 commence le front suit une ligne qui passe au sud de Belgrade, traverse le nord de la Bosnie et arrive à Zadar qui est encore aux mains des allemands et des croates.

Des navires tentent d’utiliser ce port pour amener des renforts mais très vite la puissance aérienne alliée en fait une annexe de l’enfer en provoquant de nombreux naufrages de navires qui réduisent l’accès à ce port qui c’est certain ne sera plus italien à venir.

Pour ne rien arranger l’artillerie alliée bombarde à satiété les quais, les entrepôts, les grues rendant difficile pour ne pas dire impossible le chargement et le déchargement des navires.

Et comme si cela ne suffisait pas, les dockers croates ne font guère preuve de zèle pour leur travail malgré les menaces et les exécutions sommaires. Certains tenteront d’en faire des actes de résistance mais cela ne pouvait que susciter le scepticisme ou la colère du camp d’en face.

La 1ère Armée Yougoslave attaque à nouveau le 3 janvier et deux jours plus tard la ville de Zadar, l’ancienne Zara italienne tombe aux mains des troupes de Pierre II. La ville est sans surprise ravagée, le port embouteillé par les épaves de navires coulés plus ou moins volontairement. Il faudra près de dix ans aux yougoslaves et à leurs alliés pour reconstruire la ville.

Le 4 janvier 1954 l’armée de l’air yougoslave est endeuillée par la mort du capitaine Ezra Simonovic qui est abattu au dessus de Zagreb à bord de son Arsenal VG-52. La veille il venait de remporter sa trente-deuxième victoire confirmée auxquelles on peut ajouter huit probables.

Le jour de sa mort il venait de bombarder l’aérodrome de Zagreb quand son avion explosa ne lui laissant aucune chance. Encore aujourd’hui on ignore la cause de cette mort tragique. Certains ont même parlé d’un attentat commis par des oustachis infiltrés au sein de l’armée de l’air yougoslave mais sans aucune preuve.

En Bosnie les grecs montrent leur maitrise du combat en montagne et en zone difficile faisant face à des unités croates et hongroises à la motivation vacillante surtout pour les premiers nommés qui se demandent si cela vaut bien la peine de continuer à se battre.

En réalité les croates savent parfaitement qu’ils n’ont aucune pitié à attendre leurs adversaires notamment de la 1ère armée yougoslave (1. jugoslovenske armije), plusieurs exactions étant signalées avec des soldats croates sommairement exécutés et des troupiers yougoslaves abattus après une «tentative d’évasion».

Le gouvernement yougoslave soucieux de l’après guerre tentera bien d’appeler à la modération mais face à un torrent de haine que peuvent peser des mots et des bons sentiments ? Rien ou si peu de choses.

Le 17 janvier 1954 la ville de Belgrade est secouée par une série d’explosions dans les lieux stratégiques de la ville. Des bombes posées sur des ponts, dans des postes de combat occupés par les forces collaborationistes serbes, sur des sites de production d’énergie, sur des aiguillages de chemin de fer explosent.

Les troupes serbes et hongroises sont également assaillies par des petits groupes très mobiles et bien armés qui fixent puis se replient quand l’adversité devient trop forte.

Le pire est cependant à venir pour les unités de l’Axe. Des centaines de corolles kaki apparaissent dans le ciel. Ce sont des parachutistes canadiens qui doivent porter aide et assistance aux maquisards royalistes qui dominent la région.

L’opération minutieusement préparée est une réussite : peu de dispersion, regroupement rapide et très vite un dispositif combinant paras canucks et maquisards.

Les canadiens ne sont pas seuls. Le Bataillon Sacré grec, le 10ème commando interallié et le Corps Franc des Balkans (CFB) sont également de la partie pour couvrir les flancs du dispositif et surtout semer la discorde chez l’ennemi.

Quatre groupes combinés bien soutenus par l’artillerie lourde et par l’aviation alliée encerclent puis pénétrent dans la ville.

Le 1er groupe était composé de maquisards royalistes, de parachutistes canadiens et du Bataillon Sacré, le 2ème groupe était composé de maquisards, de parachutistes canadiens mais aussi des 1er, 3ème, 5ème et 7ème commandos (NdA soit respectivement des britanniques pour les deux premiers, des grecs et des yougoslaves du 10ème commando interallié, le 3ème groupe était composé de maquisards, de parachutistes canadiens et des 2ème, 4ème et 6ème commandos (NdA des français , des polonais et des sud-africains) alors que le 4ème groupe était composé de maquisards, de parachutistes canadiens et du CFB.

Les unités serbes ou plutôt ce qu’il en reste se débandent très vite mais les hongrois tentent de tenir la ville avant de choisir la voie la plus sage à savoir le repli vers le nord.

La capitale yougoslave est officiellement libérée le 19 janvier 1954. Une semaine plus tard le roi Pierre II rentrera triomphalement dans sa capitale près de cinq ans après avoir du l’abandonner sous la poussée des unités hongroises et allemandes.

Tout n’est cependant fini car d’autres villes sont encore sous le contrôle des croates, des allemands et des hongrois. Les combats sont toujours aussi violents mais comme depuis un moment déjà le temps joue en faveur des alliés.

Le 30 janvier 1954 l’opération SWORD II est déclenchée. C’est l’ultime offensive menée sur le font balkanique. Aucun plan compliqué : on perce et on avance vers le nord dans l’espoir de déboucher pourquoi pas en Allemagne. Ce ne sera pas le cas mais l’Autriche c’est pas mal non….. .

Les unités au repos remontent en ligne que ce soit les unités aériennes et terrestres. Les troupes de l’Axe tentent un baroud d’honneur pour qu’on ne puisse pas dire qu’ils se sont rendus aux premiers coups de feu.

Novi Sad la ville de la Voïvodine tombe aux mains des britanniques et des sud-africains le 7 février 1954, les troupes hongroises se repliant sur la frontière laissant le champ libre aux troupes du Commonwealth.

La ville de Banja Luka tombe le 10 février 1954, Rijeka le 18 février, Zagreb le 21 février, Lubjana le 27 février, les dernières troupes de l’Axe qu’elles soient croates ou allemandes capitulent le 4 mars 1954.

Si les soldats allemands sont envoyés dans des camps de prisonniers en attendant que l’on décide de leur sort (quelques mois ou années de détention sauf certains qui convaincus de crimes de guerre seront jugés et pour certains exécutés) pour les croates et les slovènes leur sort est nettement moins enviable.

Travaux exténuants, sévices, exécutions sommaires. Bref des mois et des années de haine recuite qui aboutirent à un certain nombre d’exactions. Pierre II et son gouvernement tenteront bien de calmer la fureur vengeresse de leurs troupes au nom de la nécessité de reconstruire le pays.

Malgré la bonne volonté du fils d’Alexandre 1er, l’impact de ces déclarations sera limité à la fois parce que les soldats voulaient venger leurs camarades et leurs familles mais aussi parce que les unités de combat avaient été renforcés par des maquisards et des partisans qui devenaient des soldats du moins officiellement.

Quand les armes se taisent enfin dans les Balkans, la situation dans ces régions est apocalyptique avec des territoires ravagés, des populations décimées. Les yougoslaves et les grecs l’ont emporté avec le soutien allié mais à quel prix !

Les pays sont divisés entre communistes et royalistes (Yougoslavie), entre communistes, républicains et royalistes (Grèce). Paul 1er et Pierre II sont revenus au pouvoir rien ne semble fait pour maintenir ad vitam aeternam une forme monarchique de gouvernement.

En attendant les troupes alliées qu’elles soient grecques, britanniques ou sud-africaines vont rester sur place jusqu’à l’été voir jusqu’à l’automne.

Il s’agit de nettoyer les territoires de quelques unités isolées et d’un mélange de déserteurs et de bandits de grands chemins.

Il s’agissait également de s’occuper des personnes déplacées, de retrouver les charniers, d’enterrer les corps après identification dans de véritables cimetières. On tenta également de trouver les coupables pour les traduire en justice mais beaucoup de crime restèrent «légalement» impunis.

Il fallut également nettoyer le terrain de ses mines et de ses pièges. Relancer l’agriculture et l’industrie.

Les alliés firent le maximum même si le réaménagement du territoire était orienté vers leurs propres besoins. Néanmoins réaménager des routes, déminer les champs et les forêts, construire des ponts et des dépôts c’était des choses utiles pour la paix.

Quand les dernières troupes alliées quittent la Yougoslavie en octobre 1954 la situation est stabilisée à défaut d’avoir été totalement transformée.

Au moins sur le plan économique et sécuritaire car sur le plan militaire les communistes tout en jouant le jeu politique préparer une offensive pour transformer le royaume en régime communiste.

Quant à la Grèce la guerre civile couve mais le gouvernement royaliste est confiant se sachant soutenus par les alliés (qui lui fournissent des armes) et disposant d’une armée motivée et aguerrie.

Les soldats sous les drapeaux depuis 1948/49 sont rapidement démobilisés. Certains ne vont pas rentrer en Grèce. En effet nombre d’entre-eux ont vu leur famille décimée par la guerre. Voilà pourquoi beaucoup vont rallier la France (où faute de reconversion civile ils s’engageront dans la Légion Etrangère) ou les Etats-Unis pour si possible construire une nouvelle vie.

Pour les plus jeunes, pour ceux voulant continuer dans l’armée il faudra continuer à ferailler parfois contre d’anciens camarades de combat.

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