Le Conflit (200) Balkans (34)

Dès la fin de la Campagne de Grèce (1949/50) on réfléchit à la future contre-offensive même si à cette époque on ignore quand elle sera déclenchée et même si elle sera déclenchée car le front occidental est bien plus important en terme stratégique.

Certains vont rappeler l’exemple de la première guerre mondiale où l’offensive du Vardar va provoquer par ricochet la défaite de l’Allemagne mais comparaison n’est pas raison.

L’état-major du Groupe d’Arrmées Alliées des Balkans/Allied Balkanic Armies Group (GAAB/ABAG) va réfléchir à une offensive majeure dès l’été 1950 non sans être saisis de vertige devant les difficiultés en terme de terrain, d’appui et de logistique.

Ici pas de plaines pour des offensives massives mais des montagnes, des plateaux et pour ne rien arranger un Golfe à franchir avec tous les risques que comporte une opération amphibie.

Fort heureusement entre l’été 1950 et le déclenchement de l’opération ANVIL, il y aura l’opération AVALANCHE et le franchissement de La Seine ce qui sera riche de leçons à intégrer à la planification de l’opération ENCLUME.

Comme on ne fait pour le moment que réfléchir, on ne s’interdit rien y compris des manœuvres de grand style comme un débarquement près de Thessalonique, une offensive dans l’isthme de Corinthe et même un débarquement sur la côte albanaise ! Pas étonnant que cette offensive ait été officieusement baptisée TRIDENT par ses concepteurs.

Très vite cependant des plans plus modestes et plus raisonables vont être imaginés, le plus évident _attaque dans l’isthme de Corinthe et franchissement du Golfe de Corinthe_ sera vite privilégié.

Pas moins de quinze avant-projets vont être étudiés. Comme nous l’avons vu plus haut, on ne se refuse rien y compris l’arrivée de divisions et de moyens supplémentaires. Ces différents plans ont pour nom de code une lettre de l’alphabet grec en l’occurence Alpha, Gamma, Delta, Epsilon, Zeta, Theta, Kappa, Omicron, Pi, Rho, Sigma, Upsilon, Phi, Khi et Omega.

Sur ces quinze avant projets, neuf (Alpha, Epsilon, Omicron, Rho, Sigma, Upsilon, Phi, Khi et Omega) prévoyaient un affrontement dans l’isthme de Corinthe et dans le Golfe de Corinthe selon des modalités différentes imposant plutôt un axe ou un autre de progression.

C’est ainsi que ALPHA OMICRON SIGMA et OMEGA prévoyaient une offensive frontale menée par les britanniques et les sud-africains dans l’isthme de Corinthe pendant que les grecs mèneraient des raids de diversion dans les Golfes de Patras et de Corinthe.

Les autres (EPSILON RHO UPSILON PHI KHI) prévoyaient en revanche un franchissement en force du Golfe de Corinthe avec une diversion, un maintien sous pression des troupes italiennes défendant l’isthme de Corinthe.

Les six autres sont plus hétérodoxes. Le projet GAMMA («Trident») prévoyait un débarquement à Thessalonique, une offensive dans l’isthme de Corinthe à J+1 et un débarquement sur la côte albanaise à J+2. Ensuite il sera toujours de décider quel axe privilégier.

Ce projet bien que très séduisant fût rapidement abandonné en raison des craintes concernant la coordination des offensives mais aussi la nécessité d’amener plusieurs divisions supplémentaires sur un front secondaire.

Le projet DELTA prévoyait un débarquement au nord d’Athènes avec un mouvement tournant vers l’Albanie pour couper de leurs arrières les troupes de l’Axe déployées en Grèce.

Ici c’est la crainte d’une résistance germano-italienne acharnée avec des pertes trop importantes au risque de déstabiliser tout le dispositif allié. Même si le Heeresgruppe E est affaiblit, on craint même la perte du Péloponnèse voir de la Crète (ce qui est à mon sens hautement exagéré)

Le projet ZETA prévoyait qu’une force amphibie débarque dans le Golfe de Corinthe pour s’emparer tout de suite à J+2/3 d’Athènes et faire s’effondrer le front italo-allemand. Pendant ce temps, sur le front de Corinthe, les troupes alliées seront chargées de faire pression pour empêcher le repli des troupes sur Athènes.

Ce projet à été rejeté car il aurait fallu que les italiens fassent une haie d’honneur aux troupes alliées. De plus les deux Golfes sont assez étroits et probablement largement minés. Il est donc peu intelligent d’y faire pénétrer des navires de haute mer.

Le projet THETA prévoyait un débarquement sur la rive nord du Golfe de Patras pour foncer vers le nord pendant qu’un autre débarquement aurait lieu dans le Golfe de Saronique à l’ouest d’Athènes, les deux axes devant se retrouver dans le nord de la Grèce à la frontière albanaise. Un plan que n’auraient pas renié les allemands…… . Là c’est la crainte qu’une pince soit entravée qui à provoqué le rejet du plan malgré ses avantages évidents.

Le projet KAPPA prévoyait un débarquement à l’est de Thessalonique et un autre dans le sud de l’Albanie pendant que des coups de main seraient menés dans le Golfe de Patras, l’isthme de Corinthe et différentes îles de la mer Egée. Là son rejet à été motivé par la dispersion des forces et la crainte que trop faibles elles ne puissent ni percer ni avancer.

Le projet PI prévoyait un franchissement en force du Golfe de Patras et de l’isthme de Corinthe avec un assaut aéroporté pour créer un tapis pour faciliter la progression des troupes terrestres. Ce projet manqua de peu d’aboutir avant qu’on abandonne le projet de «tapis aéroporté» qui aurait donné une sorte d’opération PHENIX avant l’heure.

Un conseil interallié est organisé au Caire le 17 mars 1952 avec des répresentants gouvernementaux des différents pays avec également l’état-major du GAAB. Le fait que ni le premier ministre britannique ni le président du conseil français n’aient fait le déplacement sera fort mal perçu tant par les grecs que par les yougoslaves.

Il s’agit de décider quand et où attaquer. Pour calmer la blessure d’amour propre des grecs, on confirme leur rôle central dans la future opération ANVIL, les troupes du Commonwealth n’étant là qu’en appui et en soutien.

Le plan définitif est enteriné durant ce conseil interallié. Un axe majeur à travers les Golfes de Patras et de Corinthe avec un axe secondaire à travers l’isthme de Corinthe et un coup de main sur l’île d’Eubée. Le nom de code est choisit : ANVIL de préférence à SNOW ou à HELLRAISER.

La priorité sera donnée à la libération d’Athènes mais en revanche la suite reste floue, rien n’est encore acté entre une progression en direction de la Macédoine ou une autre en direction de l’Albanie. Nul doute que les futures opérations enclenchées contre l’Italie (DRAGON HUSKY en attendant SKYLOCK) auront un impact sur la progression dans les Balkans.

Des diversions sont envisagées en direction de Corfou, de Lemnos et de Thessalonique mais comme nous le verrons elles ferons rapidement pschitt….. .

Le Conflit (186) Balkans (20)

-En Scandinavie, la Norvège et le Danemark sont devenus des forteresses, des Festung au profit des allemands. Des bases aériennes, des bases navales, des casernes sont construites, des navires vont et viennent pour notamment s’attaquer aux convois ravitaillant l’URSS en armes, en munitions, pièces détachées, fournitures diverses et variées.

-Sur le front occidental, le front à été gélé depuis l’échec de l’opération NIBELUNGEN. Les allemands se sont mis en position défensive sur La Seine et les contreforts du Morvan jusqu’à la frontière suisse. Les alliés eux préparent la future opération AVALANCHE qui va être déclenchée au mois de juin.

-En Asie-Pacifique, la guerre à éclaté au mois de mars. Les japonais progressent partout et remportent de nombreuses victoires mais pour un prix bien plus élevé qu’escompté. En effet les alliés résistent bien mieux que prévu par les japonais.

Cela n’empêche pas Tokyo de s’emparer de Hong Kong, de Wake, des Philippines, de l’Indochine en attendant de conquérir complètement la Malaisie et les Indes Néerlandaises.

Malgré leurs tentatives ultérieures notamment vis à vis de la Nouvelle-Calédonie ils n’iront guère plus loin et se rendront vite compte que conquérir un empire aussi vaste impose également de sérieuses servitudes défensives.

-Les alliés français et britanniques font comprendre aux gouvernements grecs et yougoslaves que le front balkanique est et restera un front secondaire et un front de «déception», la priorité étant donnée logiquement au front occidental.

-Les gouvernements grecs et yougoslaves installés respectivement à Héraklion et à Jerusalem (puis au Caire) sont conscients mais espéraient une reprise plus rapide des combats majeurs sur le front balkanique.

-Outre la naturelle priorité à un front plus proche, les alliés vont être très vite excédés par les querelles politiques et pichrocolines qui minent l’effort de guerre de ces deux gouvernements.

Certes la personnalité du roi Paul 1er va vite calmer les diviseurs mais côté yougoslave en dépit des efforts du prince Paul et de Pierre II, la division va être patente, une division non seulement politique mais aussi par nationalité. Autant dire rien qui ne donne envie à Paris et à Londres d’en faire plus pour ce front.
-Ces querelles ont un clair impact sur la remontée en puissance des forces armées grecques et surtout yougoslaves.

Si l’Armée Grecque Libre va être opérationnelle dès l’automne 1951, l’armée royale yougoslave libre ne le sera que bien plus tard en raison de ces «foutues querelles de nationalité» qui pousseront certains à démissionner pour soit travailler dans les SR en soutien des maquis voir à s’engager dans la Légion Etrangère.

Le Conflit (185) Balkans (19)

La Bataille du Golfe de Zanthe est clairement une victoire alliée, la marine italienne à subit de lourdes pertes, des pertes dont elle ne se remit jamais. Autant dire que les partisans de cet engagement massif ce sont au mieux faits discrets ou ont été envoyés dans un bureau où le téléphone ne sonnait jamais.

Les alliés notamment ont subit des pertes sensibles, enfin les alliés surtout les français qui ont perdu en mer Ionienne un cuirassé, un porte-avions, deux contre-torpilleurs et un torpilleur d’escadre ce qui est tout sauf négligeable.

Cela marque la fin de la Campagne de Grèce (1949-50) avec une situation ambivalente qui ne satisfait vraiment personne encore que les alliés s’en sortent bien en conservant le contrôle de l’île de Zant(h)e, la presqu’île du Péloponnèse et la Crète. A cela s’ajoute la conquête du Dodécanèse qui forme une chaine difficilement franchissable par l’Axe.

En revanche certains rétorquent que la défense ferme des Cyclades aurait permis de former un triangle mortel pour l’Axe mais on ne peut refaire le match.

L’Axe en revanche est dans une position difficile avec un ennemi qui bien qu’affaiblit représente toujours une menace pour l’effort de guerre germano-italo-bulgare. Clairement les comptes ne sont pas bons.

L’objectif initial de MARITSA à savoir d’éliminer la menace alliée et de sécuriser le flanc méridional de la future opération BARBAROSSA n’à pas été atteint.

Pire la présence alliée dans le Peloponnèse fait craindre le pire pour des installations sensibles en Bulgarie et en Roumanie tandis que l’Italie pourrait être tentée de freiner son engagement au sein de la «croisade antibolchevique».

Certains à Berlin vont militer pour un report d’un an de l’invasion de l’URSS le temps de régler la question des Balkans mais cette solution a priori logique et prudente va se heurter à plusieurs problèmes.

Le premier c’est le fait de devoir renoncer à une opération qui obsède les dirigeants nazis depuis 1933 ! Nul doute que si la Guerre de Pologne avait duré, la question de l’invasion de l’URSS se serait clairement posée.

Le second c’est que tout ou presque est prêt et que transférer plusieurs divisions de Pologne ou encore de Roumanie pourrait pousser Staline à lancer une attaque préventive avec toutes les conséquences que cela peut entrainer.

Enfin il y à le front occidental. Les combats sont toujours en cours (l’opération NIBELUNGEN doit commencer au mois de mai) et quelque soit les résultats de la dernière opération, à terme les alliés vont contre-attaquer et pourraient le faire très vite.

Voilà pourquoi dès la fin du mois de mars, le Heeresgruppe E reçoit l’ordre de se placer en position défensive et de préparer un comité d’accueil pour empêcher une contre-attaque allié. Nombre d’officiers allemands qui ont connu la première guerre mondiale n’ont pas oublié que c’est l’offensive du Vardar qui à entrainé la défaite de l’Allemagne.

De leur côté les alliés vont faire pareil, transformant donc le Peloponnèse en gigantesque forteresse ou le moindre espace était occupé par un dépôt, un aérodrome, une caserne. Les côtes se hérissent de canons qu’ils soient navals ou antiaériens, des champs de mines colossaux doivent empêcher les navires italiens de menacer les lignes de communication alliées.

Sur le plan des pertes, elles ont été lourdes chez les grecs et les alliés, un peu moins au sein des forces de l’Axe.

Selon une étude menée après guerre, 25% des soldats ont été tués par des éclats de bombes et d’obus, 45% par balles, 15% par des pièges, 5% par des armes blanches et 5% de causes diverses (maladies, accidents, complications post-opératoires).

De nombreux soldats yougoslaves et grecs ont pu être évacués en direction d’abord de la Crète puis de l’Egypte et de la Libye où des camps vont permettre la remise sur pied d’armées dignes de ce nom.

On espère une remontée en puissance rapide mais si ce sera le cas côté grec en revanche côté yougoslave ce sera un calvaire pour les instructeurs alliés qui pestèrent contre ces yougoslaves qui pour reprendre une formule célèbre «n’avaient rien appris et n’avaient rien oublié».

Sur le plan tactique, aucune nouvelle leçon n’à été tirée. Les classiques identifés depuis le début du conflit se sont confirmées, en l’occurence la nécessité vitale de contrôler l’espace aérien, l’efficacité de l’artillerie en phase offensive comme défensive et les difficultés des chars à opérer seuls sans l’infanterie.

Comme durant le premier conflit mondial, les Balkans restent un cauchemar pour les opérations avec un relief empêchant toute manœuvre de grand style (mais privilégiant le «grignotage» et l’infiltration) et compliquant sérieusement la logistique alors qu’une armée moderne en est plus que jamais dépendante.

Clairement en ce printemps 1950 le temps joue pour les alliés. Ils se doutent que l’Axe ne pourra pas lancer un nouvel effort avant longtemps et eux peuvent rester sur la défensive aussi longtemps que les pressions politiques (essentiellement grecques et yougoslaves) le permette.

Autre conséquence de cette campagne abrasive : les débuts de la résistance à l’occupation étrangère.

On l’avait vu, dès les premières semaines d’occupation, la Yougoslavie avait été secouée par des mouvements insurrectionnels plus ou moins politisés et dont les actions mal conçues et mal coordonnées avaient eut un impact inversement proportionnel à la dureté de la répression qu’elle soit italienne, allemande, hongroise ou bulgare. A cela s’ajoutait la division politique entre royalistes et communistes, les deux camps se combattant autant qu’ils combattaient l’ennemi.

En Grèce c’est la même chose. Des soldats egarés ne voulant ou ne pouvant évacuer, des jeunes garçons trop jeunes pour être mobilisées, des femmes, des enfants, des vieillards.

Ces maquisards sont très vite très idéologisés, très politisés. On trouve des maquis républicains, des maquis royalistes et des maquis communistes. Ces maquis sont assez faibles et de plus se querellent et se jalousent entre-eux.

On verra ainsi parfois des maquis royalistes signer une trève avec les italiens pour pouvoir régler son compte à un maquis communiste ou républicain !

Très vite le gouvernement d’Heraklion tapera du poing sur la table en appelant à une coopération «pleine et entière» mais entre la décision politique et le terrain il y aura toujours un décalage.

Avec le temps, il y aura moins de combats fratricides mais quelle différence avec par un exemple un soutien retiré à un maquis rival engagé dans une opération contre les italiens, les allemands et les bulgares ? Je laisse à chacun le soin de trancher…. .

Il faudra attendre l’encadrement des maquis par les SR et les unités commandos alliées ainsi que les préparatifs de l’opération ANVIL pour que ces combats aussi meurtriers que stupides cessent.

Il faut dire que les alliés avaient deux leviers importants : de l’argent _utile pour acheter des complicités locales_ et surtout des armes modernes. Un manque de coopération, un peu d’indiscipline et ces deux robinets étaient promptement fermés.

Face à cette résistance, l’Axe et le gouvernement de Soriotis vont réagir avec patience et habileté pour éviter que la situation ne s’envenime trop vite.

Non bien sur je plaisante, ils vont multiplier les opérations de nettoyage de sinistre mémoire, croyant qu’en terrorisant la population on obtiendrait sa soumission docile. Monumentale erreur comme dirait l’autre…. .

Un état-major phosphore en permanence. On gère une opération et on prépare la suite. Bref cela ne s’arrête jamais. L’état-major du Groupe d’Armées Alliées des Balkans (GAAB) imagine donc de futures opérations pour reprendre la lutte sur son théâtre d’opérations.

On ne s’interdit rien y compris des manœuvres de grand style comme un débarquement près de Thessalonique, une offensive dans l’isthme de Corinthe et même un débarquement sur la côte albanaise ! Pas étonnant que cette offensive ait été officieusement baptisée TRIDENT par ses concepteurs.

Très vite cependant des plans plus modestes et plus raisonnables vont être imaginés, le plus évident _attaque dans l’isthme de Corinthe et franchissement du Golfe de Corinthe_ sera vite privilégié.

Es-ce à dire que les alliés vont contre-attaquer immédiatement ? Non bien entendu et ce au grand dam des gouvernements grecs et yougoslaves qui vont protester mezzo voce contre cet état de fait.

Pas moins de quinze avant-projets vont être étudiés. Comme nous l’avons vu plus haut, on ne se refuse rien y compris l’arrivée de divisions et de moyens supplémentaires. Ces différents plans ont pour nom de code une lettre de l’alphabet grec en l’occurrence Alpha, Gamma, Delta, Epsilon, Zeta, Theta, Kappa, Omicron, Pi, Rho, Sigma, Upsilon, Phi, Khi et Omega.

Sur ces quinze avant projets, neuf (Alpha, Epsilon, Omicron, Rho, Sigma, Upsilon, Phi, Khi et Omega) prévoyaient un affrontement dans l’isthme de Corinthe et dans le Golfe de Corinthe selon des modalités différentes imposant plutôt un axe ou un autre de progression.

Les six autres sont plus hétérodoxes. Le projet GAMMA («Trident») prévoyait un débarquement à Thessalonique, une offensive dans l’isthme de Corinthe à J+1 et un débarquement sur la côte albanaise à J+2. Ensuite il sera toujours de décider quel axe privilégier.

Le projet DELTA prévoyait un débarquement au nord d’Athènes avec un mouvement tournant vers l’Albanie pour couper de leurs arrières les troupes de l’Axe déployées en Grèce.

Le projet ZETA prévoyait qu’une force amphibie ne débarque dans le Golfe de Corinthe pour s’emparer tout de suite à J+2/3 d’Athènes et faire s’effondrer le front italo-allemand. Pendant ce temps, sur le front de Corinthe, les troupes alliées seront chargées de faire pression pour empêcher le repli des troupes sur Athènes.

Le projet THETA prévoyait un débarquement sur la rive nord du Golfe de Patras pour foncer vers le nord pendant qu’un autre débarquement aurait lieu dans le Golfe de Saronique à l’ouest d’Athènes, les deux axes devant se retrouver dans le nord de la Grèce à la frontière albanaise. Un plan que n’auraient pas renié les allemands…… .

Le projet KAPPA prévoyait un débarquement à l’est de Thessalonique et un autre dans le sud de l’Albanie pendant que des coups de main seraient menés dans le Golfe de Patras, l’isthme de Corinthe et différentes îles de la mer Egée.

Le projet PI prévoyait un franchissement en force du Golfe de Patras et de l’isthme de Corinthe avec un assaut aéroporté pour créer un tapis pour faciliter la progression des troupes terrestres.

Le Conflit (168) Balkans (2)

Carte topographique de la péninsule balkanique

-L’Italie considère la péninsule balkanique comme sa chasse gardée au delà même de la question des terres irrédentes qui ont entrainé l’Italie dans la première guerre mondiale contre l’Autriche-Hongrie.

-Les différents états issus de l’implosion de la Double-Monarchie, la Bulgarie, la Roumanie et la Grèce se querellent, la question des frontières reste brûlante tout comme celle des minorités qui sont autant de leviers d’influence que de déstabilisation.

Ante Pavelic, le leader des oustachis.

-En effet il existe également des tensions internes entre minorités et majorités. L’Italie est ainsi le protecteur du mouvement Oustachi, le mouvement nationaliste croate même si les relations entre Mussolini et Ante Pavelic sont devenues orageuses (notamment suite à l’accord avec la Yougoslavie en date du 25 mars 1937), le futur Povglanik saura s’en souvenir en temps utiles.

A Belgrade, le roi Alexandre 1er jusqu’à son assasinat en 1934 à Marseille mène une politique de «yougoslavisation» en s’attaquant aux nationalismes slovènes, croates, bosniaques et même serbe en dépit du fait qu’il soit lui même serbe.

Les tensions sont telles qu’on craint une implosion du pays. Son fils Pierre II et son oncle, le prince Paul sont plus libéraux. Les plus extrémistes sont vent debout mais les «personnes de bonne volonté» sont prêtes à donner sa chance au jeune roi.

Sur le plan militaire, on essaye d’ouvrir l’accès aux plus hauts grades aux autres nationalités ce qui fait qu’en septembre 1948 sur les 175 généraux de l’armée royale on compte 124 serbes, 32 croates et 19 slovènes.

-Longtemps les différents pays s’inquiètent davantage d’un «revanchisme hongrois» ce qui explique les différents accords formant la Petite Entente.

Un premier accord est signé entre la Tchécoslovaquie, la Roumanie et la Yougoslavie dès le 14 août 1920 suivis d’accords bilatéraux entre la Roumanie et la Tchécoslovaquie (23 avril 1921), entre la Roumanie et la Yougoslavie (7 juin 1921) et entre la Yougoslavie et la Tchécoslovaquie (31 août 1921).

-La France accorde son «parrainage» en signant une alliance militaire avec la Tchécoslovaquie (16 octobre 1925), la Roumanie (10 juin 1926) et la Yougoslavie (novembre 1926).

-Cette Petite Entente s’effondre à la fin des années trente au cours des différents crises (Anschluss, Sudètes….), l’alliance française est totalement démonétisée. Autant dire que durant la Pax Armada les diplomates françaises vont avoir du boulot et vont faire preuve de patience et d’humilité.

Le 22 août 1938 les Accords de Bled sont signés entre la Hongrie et la Petite Entente (Tchécoslovaquie, Roumanie et Yougoslavie) pour apaiser la situation. C’est un pacte de non-agression et surtout cela valide le réarmement clandestin de Budapest qui depuis longtemps ne respectait plus les clauses militaires du traité de Trianon.

Entre 1938 et 1941 la Hongrie augmente sérieusement son territoire grâce au démantèlement de la Tchécoslovaquie et aux deux accords de Vienne.

Le 7 septembre 1940, la Bulgarie récupère au détriment de la Roumanie la Dobroudja du Sud. En 1941, Sofia adhère au Pacte Tripartite.

-En 1940, la Roumanie perd à nouveau des territoires cette fois au détriment de l’URSS qui récupère la Bessarabie et la Bucovine du Nord. Autant dire que l’alliance allemande laisse un arrière-goût amer à Bucarest. «Tout ça pour ça» dirons nombre de roumains…… . Seuls ceux fascinés par le fascisme et le nazisme n’y trouvent rien à redire mais là on est au niveau de l’aveuglement pur et simple.

-Entre Rome et Athènes, les relations sont tendues et houleuses. Ce n’est qu’une question de temps avant que le conflit n’éclate.

-Cela n’empêche pas les différents pays de signer des accords de défense et d’assistance mutuelle mais ces accords sont pleins de sous-entendus.

-La Guerre de Pologne est un électrochoc pour la France qui cesse sa politique de renoncement pour retrouver une politique nettement plus musclée. La France est de retour dans le concert des nations.

-Elle cherche à retrouver une alliance de revers contre une Allemagne toujours menaçante. Elle mène une offensive de séduction en direction de la Hongrie, de la Bulgarie, de la Roumanie, de la Yougoslavie et de la Grèce.

C’est un échec vis à vis de Budapest et de Bucarest (malgré une certaine francophilie des élites roumaines), une déception vis à vis de Sofia. En revanche, la France remporte la tombola en signant des accords de défense avec la Yougoslavie et la Grèce, le premier étant signé le 14 septembre 1945 et le second le 8 octobre 1946.

Le général Gamelin, ancien commandant en chef des armées alliées durant la Guerre de Pologne et commandant de la MMFY

Des missions militaires (MMFY dirigée par le général Gamelin et MMFG dirigée par le général Georges) sont mises en places et envoyées sur place pour réformer, réentraîner et proposer des équipements français aux différentes armées avec un succès inégal.

Côté hongrois, un pacte d’assistance militaire mutuelle est signé entre Budapest et Berlin pour le meilleur et surtout pour le pire (8 octobre 1947).

-En 1948, on trouve des pays pro-alliés sans excès (Yougoslavie et Grèce), des pays clairement pro-allemands (Hongrie Slovaquie et Roumanie). La Bulgarie est courtisée par les deux camps et essaye de ne pas se mettre à dos la Russie qui bien que communiste est toujours vue comme la Troisième Rome, la protectrice des slaves.

-La France envisage d’intervenir dans les Balkans en soutien de la Yougoslavie et de la Grèce mais entre des plans et des moyens il y à un gouffre. Certes en juin 1948 est créée la 11ème DLI pour intervenir dans la péninsule balkanique mais cette division ne sera jamais opérationnelle, le déclenchement de la seconde guerre mondiale entrainera la création d’une DLI de Marche en combinant moyens de la 1ère DLI et de la 11ème DLI.

-Des plans sont étudiés mais aucun n’est vraiment confirmé. On se heurte à la fois à des problèmes logistiques, des problèmes de réactivité et une méfiance chez les grecs et les yougoslaves.

-Le plan le plus aboutit même si il restait au niveau du document de travail prévoyait dé débarquer une ou plusieurs divisions à Corfou et Céphalonie pour bloquer le canal d’Otrante via l’action de la marine et de l’aviation. Les divisions seraient ensuite envoyées en Epire pour une offensive commune en direction de l’Albanie.

-En revanche en ce qui concerne la Yougoslavie, la MMFY avait proposé de créer un «réduit national» dans le Vardar macédonien avec trois divisions françaises (voir des divisions alliées) mais cette volonté se heurtait aux réticences grecques de laisser passer des divisions françaises pour aller combattre aux côtés des yougoslaves.

-Côté yougoslave, on craint une attaque surprise menée par l’Italie en liaison avec un soulèvement mené par le mouvement Oustachi. On renforce la protection des frontières par une série de lignes fortifiées tout en surveillant les mouvements nationalistes croates.

-Côté grec, la menace principale est italienne, Athènes craignant une offensive depuis l’Albanie occupée et annexée depuis avril 1939. On craint également des «descentes» sur les îles grecques notamment depuis le Dodécanèse qui est occupé par les italiens depuis 1912.

-Côté bulgare, on craint davantage un «coup de Jarnac» des roumains plutôt qu’une invasion yougoslave ou grecque. Ambiance…… .

-Dès le 30 août 1948, la Yougoslavie décrète la mobilisation générale, craignant de ne pas être prête à faire face à une attaque italienne surprise et brusquée. La mobilisation sera achevée le 5 octobre 1948.

-Le 5 septembre 1948, Athènes se déclare en état de non-belligérance, un statut plus souple que celui de la neutralité. La Grèce ne va décréter la mobilisation générale que le 30 octobre 1948, une mobilisation chaotique puisqu’elle ne va s’achever que deux mois plus tard !

-Entre septembre 1948 et mai 1949, les Balkans sont secoués par des escarmouches frontalières entre pays rivaux mais parfois entre pays censés être alliés !

C’est notamment le cas entre la Hongrie et la Roumanie. Le 10 septembre 1948, une patrouille de soldats roumains pénètre _officiellement par erreur_ sur le territoire hongrois pour retrouver des déserteurs. Des gardes-frontières hongrois ouvrent le feu. Les soldats roumains se replient et donnent l’alerte.

Es-ce le début d’un conflit hungaro-roumain ? Des mouvements de troupe sont signalés, des échanges d’artillerie voir des combats aériens ont lieu mais très vite la désescalade est enclenchée notamment grâce à l’Allemagne qui n’à aucun intérêt à voir ses alliés se déchirer.

Une bande démilitarisée de 500m est tracée de part et d’autre de la frontière où seuls les gardes-frontières hongrois d’un côté et les douaniers roumains de l’autre peuvent rentrer.

Il n’y aura pas d’incidents majeurs durant le reste du conflit mais une profonde méfiance au point que les allemands veilleront à ne pas installer côte à côté des troupes magyares et roumaines.

La Hongrie mobilise son armée et va mettre sur pied vingt-sept divisions d’infanterie et un corps rapide.

-La région est traversée par de multiples tensions au point qu’en septembre 1948 la Bulgarie maintien les conscrits libérables et rappel des réservistes. En revanche elle se garde bien de décréter la mobilisation générale (ce sera le cas le 14 janvier 1949 via un décret royal de Boris III).

-Les incidents sont également aériens. L’armée de l’air bulgare enregistre par exemple 14 incidents en septembre, 27 en octobre, 32 en novembre et 56 en décembre ! Il s’agit généralement d’avions de reconnaissance cherchant à en savoir davantage sur le dispositif militaire bulgare.

Un appareil yougoslave est perdu (abattu) le 7 novembre 1948, un appareil turc le 15 novembre 1948. Fort heureusement la plupart du temps les chasseurs bulgares se contentent de tirs de semonce et de raccompagner les avions «égarés» vers leur pays d’origine.

Pour éviter qu’un incident ne dégénère en conflit ouvert, les différents pays s’engagent à informer les autres des vols d’entrainement pour éviter tout quiproquo. Cela n’empêche pas de nouveaux vols de reconnaissance mais le nombre d’incidents diminue considérablement, la Bulgarie relevant seulement 12 incidents en janvier et 8 en février.

-De nombreux incidents ont lieu entre la Grèce et l’Italie. Il s’agit essentiellement d’incidents terrestres entre patrouilles qui se montrent régulièrement sur la frontière. Des combats brutaux qui font des victimes des deux côtés. Parfois l’artillerie s’en mêle et si cela ne dégénère pas en conflit ouvert c’est que les deux pays n’y ont pas intérêt, pas encore du moins.

On signale quelques combats aériens et quelques escarmouches navales avec des échanges de tir entre navires italiens «égarés» dans les eaux grecques et batteries côtières mais sans pertes des deux côtés, un officier grec confirmera après guerre que les consignes étaient d’encadrer les navires et non de les toucher….. . Cela confirme que si Athènes et Rome voulaient trancher le nœud gordien ils ne voulaient pas le faire maintenant et surtout pas n’importe comment.