4-Le programme naval de 1941 et ses suites : un effort sans nul précédent (3)

B-Le programme naval du 14 mai 1941 et les tranches de construction suivantes

En 1924, le ministre de la marine Georges Leygues avait échoué à faire accepter un véritable statut naval à des parlementaires réticents à laisser les coudées franches aux marins. En 1941, son successeur, Jules Belley est bien décidé à faire accepter à la Chambre des Députés, un programme naval s’étalant sur plusieurs années avec des tranches bien définies.

Après trois jours de négociations, compromis et promesses diverses, le programme naval présenté par l’amiral Darlan est voté à une écrasante majorité par les députés avec 455 voix pour et 152 contre. Ce programme prévoit ainsi cinq tranches de construction, les tranches 1941, 1942,1943,1944 et 1945.

La tranche 1941 prévoit ainsi la construction des unités suivantes :

-Un croiseur léger de classe De Grasse de 8000 tonnes. La marine nationale souhaite moins remplacer les Duguay-Trouin affectés aux théâtres d’opérations secondaire que renforcer sa capacité de combat contre la marine italienne voir la marine allemande.

La classe Atlanta à inspiré le projet CLAA français

-Un croiseur léger antiaérien (navire-amiral de l’Escadre Légère du Nord) de 7500 tonnes. Un temps, il fût envisagé la commande de quatre croiseurs antiaériens à la place des trois autres De Grasse mais au final, un seul CLAA fût commandé pour servir de navire de commandement à l’ELN chargée de verrouiller le Pas de Calais et de soutenir la Belgique et les Pays Bas.

Plan général d’un torpilleur type Le Hardi

-Quatre torpilleurs d’escadre de classe Intrepide (Le Hardi modifié) de 1732 tonnes chacun soit environ 6928 tonnes. Les Le Hardi sont mieux adaptés que les Bourrasque et les Adroit à l’escorte des nouveaux navires de ligne et les porte-avions mais leur DCA et leur rayon d’action laisse à désirer d’où les améliorations qui donnent naissance à la classe Intrepide.

-Deux torpilleurs légers de classe Le Fier de 1100 tonnes chacun soit environ 2200 tonnes. Ces deux navires sont destinés compléter les quatorze premiers navires déjà commandés et en cours de construction afin de permettre de mettre sur pied des divisions homogènes de quatre navires. Ces navires seront baptisés Le Béarnais et Le Catalan.

-Quatre corvettes de type Flower anglais soit un déplacement total de 3800 tonnes.

-Quatre remorqueurs médians de 750cv soit 1600 tonnes

Soit un total de 30028 tonnes

La tranche 1942 prévoit la construction des unités suivantes :

-Un croiseur léger de classe De Grasse de 8000 tonnes qui doit permettre à terme de former une division de trois croiseurs soit une formidable puissance de feu (27 canons de 152mm).

-Trois contre-torpilleurs de classe Bruix de 2900 tonnes chacun soit un total de 8700 tonnes. Si les quatre Marceau sont destinés numériquement à compléter les Mogador et les Volta et que les Bayard sont destinés à remplacer les Jaguar, ces trois navires doivent remplacer nombre pour nombre trois contre-torpilleurs de classe Guépard.

-Trois torpilleurs d’escadre de classe Intrépide mod. de 1732 tonnes chacun soit environ 5196 tonnes. Ces trois navires doivent commencer à remplacer les torpilleurs d’escadre les plus anciens sachant que la marine estime avoir besoin de trente-six torpilleurs d’escadre pour l’escorte des grandes unités de surface (trois porte-avions d’escadre et treize cuirassés) ce qui laisse encore vingt navires à construire.

-Six vedettes lance-torpilles commandées en Grande Bretagne aux chantiers Vosper soit environ 300 tonnes.

-Quatre canonnières fluviales de 700 tw destinés à la flottille du Rhin soit un total de 2800 tonnes

-Quatre remorqueurs de 750cv soit 1600 tonnes

Soit un total de 26196 tonnes

La tranche 1943 prévoit la construction des unités suivantes :

-Deux cuirassés de classe Alsace soit 90000 tonnes. A l’origine, ces deux cuirassés devaient remplacer le Lorraine et renforcer la ligne de bataille mais ce dernier à été refondus pour servir d’escorteurs de porte-avions, les cuirassés baptisés Flandre et Bourgogne vont renforcer la ligne de bataille de la Royale

Le HMS Colossus identique aux deux porte-avions légers français

-Deux porte-avions légers de classe Alienor d’Aquitaine commandés en Grande Bretagne soit 34000 tonnes. Ce projet privé de la firme Vickers à intéressé la marine nationale avant même la Royal Navy. Ces deux navires (non encore baptisés en mai 1941) doivent à la fois remplacer le Commandant Teste mais également renforcer les FNFEO.

-Un croiseur léger de classe De Grasse de 8000 tonnes. Ce sixième et dernier croiseur léger de classe De Grasse doit permettre avec les croiseurs financés aux tranches 1941 et 1942 de constituer une division de trois croiseurs.

-Trois contre-torpilleurs de classe Bruix  de 2900 tonnes soit un total de 8700 tonnes. Ces trois navires doivent remplacer les trois derniers contre-torpilleurs de classe Guépard et former une division de trois navires.

-Trois torpilleurs d’escadre de classe Intrépide mod. de 1732 tonnes chacun soit environ 5196 tonnes. Ces navires doivent remplacer trois autres torpilleurs de classe Bourrasque.

-Trois sous-marins de grande croisière type Rolland Morillot/La Praya soit 5400 tonnes baptisés Ile d’Oleron Ile de Brehat Ile d’Aix

-Deux pétroliers caboteurs de 2500 tonnes chacun baptisés Rance et Lèze

-Quatre canonnières fluviales de 600 tonnes destinés à l’Indochine et construites par l’Arsenal d’Indochine à Saïgon

-Quatre remorqueurs médians de 750cv soit 1600 tonnes

soit un total de 152396 tonnes

La tranche 1944 prévoit la construction des unités suivantes :

-Un porte-avions de 20000 tonnes. Il doit numériquement remplacer le vieux Béarn. Il semble acquis que son design sera différent des Joffre pour lesquels certains officiers émettent des réserves importantes. L’attaché naval français à Washington aurait pu ainsi acquérir les plans austere des Yorktown et des Essex. A l’heure du vote (mai 1941), le design n’est pas arrêté.

-Six torpilleurs d’escadre de classe Intrépide mod. de 1732 tonnes soit environ 10392 tonnes. Ces six navires doivent remplacer les six derniers Bourrasque.

-Quatre torpilleurs légers de type Le Fier mod. de 1250 tonnes  chacun soit environ 5000 tonnes. Ils doivent remplacer les Melpomène qui à la mise en service des Le Fier doivent être transformés en patrouilleurs stationnaires, perdant leur canon de 100mm arrière et leur affût lance-torpilles.

-Six corvettes de type Flower anglais soit un déplacement total de 5400 tonnes. Ces navires sont destinés à compléter les aviso-dragueurs pour l’escorte des convois.

-Six vedettes lance-torpilles commandées en Grande Bretagne aux chantiers Vosper soit environ 300 tonnes.

-Deux pétroliers rapides de type La Seine soit un tonnage global d’environ 50000 tonnes. Ils doivent compléter les quatre navires déjà prévus et doivent comme eux être gréés pour le ravitaillement en mer à couple et à flèche.

-Deux cargos rapides de type Oranie soit un tonnage global d’environ 16000 tonnes. Ces deux navires doivent assurer le ravitaillement au mouillage des navires français en munitions quand ils sont éloignés d’une base. Ceux basés en Méditerranée doivent aussi ravitailler les dépôts d’Afrique du Nord depuis la métropole. La possibilité d’actions amphibies devraient voir l’engagement de cargos de ce type.

-Deux pétroliers caboteurs de 2500 tonnes baptisés Ardèche et Blavet

-Quatre remorqueurs de 750cv soit 1600 tonnes

soit un total de 113992 tonnes

La tranche 1945 prévoit la construction des unités suivantes :

-Quatre torpilleurs d’escadre de classe Intrépide mod. de 1732 tonnes chacun soit un total de  6928 tonnes. Ces quatre navires vont remplacer nombre pour nombre les quatre premiers torpilleurs de classe L’Adroit.

-Quatre torpilleurs légers de type Le Fier mod.  de 1250 tonnes chacun soit environ 5000 tonnes. Ces navires doivent remplacer les Melpomène et épauler les Le Fier dans leur mission de combat de surface de jour comme de nuit.

-Six sous-marins type Rolland Morillot de 1800 tonnes chacun soit 10800 tonnes, sous-marins baptisés Mayotte Nouvelle Calédonie Tromelin Wallis et Futuna Clipperton et St Pierre et Miquelon

-Deux sous-marins spéciaux de 1600 tonnes chacun. Ces deux sous-marins doivent servir de navires expérimentaux à la fois sur le plan technique et sur le plan tactique. Ils vont être armés par le GASM

-Deux cargos rapides de type Oranie soit un tonnage global d’environ 16000 tonnes qui doivent mener des missions de ravitaillement et de transport.

-Deux remorqueurs de 750cv soit un total de 800 tonnes

soit un total de 39128 tonnes

C-Les tranches 1946 1947 et 1948 : toujours plus

En juillet 1944, peu après les élections législatives (toujours favorables au PSF), le ministre de la marine, Jules de Marensche présente un nouveau programme naval couvrant les tranches 1946/1947/1948/1949/1950, espérant un vote rapide.

Les députés refusent de voter un programme naval, estimant le précédent loin d’être achevé. On se retrouve ainsi dans la situation de 1924 quand la Chambre des Députés refusa de voter le statut naval, préférant des tranches annuelles.

Si le programme naval de 1941 était destiné à augmenter le tonnage de la flotte (plus que pour renouveler les navires les plus anciens), les tranches navales à venir sont destiné à remplacer les navires dépassés ou usés.

La tranche 1946 finance ainsi la construction des unités suivantes :

-Un croiseur lourd type Saint Louis modifié de 15000 tonnes. Il est commandé pour contrer la commande par l’Italie d’un nouveau croiseur lourd après les trois croiseurs commandés en riposte à la commande des Saint Louis

-Un croiseur léger type C6 de 8000 tonnes. Il doit remplacer numériquement le Lamotte-Picquet (désarmé en 1946). Son armement devrait être différent des De Grasse soit des canons de 130mm pour en faire un nouveau CLAA ou des canons de 152mm plus modernes que ceux des De Grasse.

-Quatre torpilleurs de classe Intrepide Mod.  de 1800 tonnes chacun soit un total de 7200 tonnes qui doivent remplacer quatre autres torpilleurs de classe L’Adroit.

-Quatre torpilleurs légers de classe Le Fier mod. de 1250 tonnes chacun soit un total de 5000 tonnes, navires qui doivent remplacer les quatre derniers Melpomène.

-Un ravitailleur de sous-marin de 8000 tonnes, l’Atlantide

-Quatre dragueurs de mines océaniques de 800 tonnes commandés aux Etats Unis soit un total de 3200 tonnes

soit un total de 46100 tonnes

La tranche 1947 finance la construction des unités suivantes :

-Un cuirassé de type Province amélioré (47000 tonnes), le futur Languedoc

-Six contre-torpilleurs de type Bruix destinés à augmenter le tonnage de la flotte de 2900 tonnes chacun soit un total de 17400 tonnes

-Quatre sous-marins océaniques de type Rolland Morillot modifiés soit un total de 7200 tonnes. Les modifications sont ou seront issus des essais menés par le GASM.

-Quatre dragueurs de mines océaniques de 800 tonnes commandés aux Etats Unis en raison de la saturation des chantiers français.

-Deux cargos rapides de type Oranie soit un tonnage global d’environ 16000 tonnes qui doivent mener des missions de ravitaillement et de transport.

Soit un total de 90800 tonnes

La tranche 1948 (qui se révéla in fine être la dernière du temps de paix) finance la construction des unités suivantes :

-Deux croiseurs légers type C6 de 8000 tonnes destinées à remplacer les deux unités survivantes de la classe Duguay-Trouin

-Quatre torpilleurs d’escadre type Intrépide Mod. de 1950 tonnes commandés aux Etats Unis en raison de la saturation des chantiers français.

-Quatre dragueurs de mines océaniques de 800 tonnes commandés aux Etats Unis en raison de la saturation des chantiers français.

Soit un total de 27000 tonnes

3-Industries et infrastructures (3)

E-Les chantiers de construction navale

A la fin des années trente et au début des années quarante, la perspective d’importantes commandes poussent les industriels français à investir dans les infrastructures.

Les formes de construction et les cales sont agrandies, d’autres sont construites, les ateliers sont modernisés avec notamment une quasi-généralisation de la soudure pour les navires construits à partir de 1941/42, le rivetage étant cependant conservé pour certaines parties sensibles comme la fixation du (ou des) gouvernail(s).

 L’industrie de la sidérurgie dévellope de hauts-fourneaux hors de portée des bombardiers allemands comme à Port de Bouc ou Arzew et surtout tente de fournir des aciers de meilleur qualité, en plus grande quantité, plus rapidement et à un coût raisonnable ce qui représente parfois une véritable quadrature du cercle.

D’ici à 1948, tous les chantiers de construction navale français vont participer à l’effort de guerre avec parfois certaines spécialisation comme Dubigeon à Nantes qui va essentiellement construire des sous-marins ou La Ciotat qui va construire contre-torpilleurs et croiseurs.

-Les Ateliers et Chantiers de France (ACF) sont implantés à Dunkerque à proximité du port de commerce. Ils se distinguent des autres chantiers français en lançant des navires quasiment achevés ce qui explique qu’une fois le lancement réalisé, l’armement est particulièrement rapide.

En 1940, les ACF disposent de quatre cales de construction, toutes longues de 180m. Une cinquième cale est inaugurée en septembre 1943. Mesurant 220m, elle va permettre aux chantiers dunkerquois de pouvoir construire des croiseurs lourds de type Saint Louis.

Une forme de radoub est également mise en chantier mais les travaux interrompus par la guerre ne furent pas repris après la fin du conflit, la forme servant de simple bassin de mouillage pour l’armement de navires.

-Le port du Havre dispose de trois chantiers de construction navale, les Ateliers et Chantiers du Havre ou ACH, les Forges et Chantiers de la Méditerranée qui dispose d’un chantier installé au «Havre de Grâce» _du nom sous lequel était connu la ville lors de sa création par François 1er_, le troisième chantier étant celui de la société Augustin Normand spécialisée dans les sous-marins et la «poussière navale», ce chantier étant le pionnier français des torpilleurs.

Les ACH (fondés en 1905) disposent en 1940 de quatre cales, la n°1 de 250m de long, la n°2 de 190m et les n°3 et 4 de 150m de long, bénéficiant dans le port de commerce, une forme pour l’armement des navires construits (longueur 319m largeur 38m tirant d’eau 8m. En 1948, elle à été agrandie à 350m et approfondie à 12m ce qui lui permet de caréner des cuirassés de type Alsace bien qu’elle soit surtout utilisée pour les paquebots Normandie et Bretagne).

En 1944, une cale n°5 de 200m est inaugurée tandis que les cales n°3 et 4 sont allongées à 190m. Un projet de bassin couvert n’aboutit finalement pas.

Les FCM disposent en 1940 dans le grand port normand de trois cale, la n°1 de 175m, les n°2 et 3 de 150m. En 1948 quand éclate la seconde guerre mondiale, la cale n°1 à été prolongée passant de 175 à 215m, la cale n°2 à 180m et la cale n°3 à 170m faute de place. Un bassin d’armement devait être construit mais on lui à finalement substitué un dock flottant de 220m et 30000 tonnes, dock flottant construit aux États-Unis et livré en 1943.

-Les chantiers Augustin Normand disposent en 1940 de trois cales de 120m. Faute de place, le chantier se contente de moderniser son outil de travail. En 1946, les chantiers Auguste Normand deviennent une filiale des ACH qui échouent cependant à s’emparer du site havrais des FCM.

Les Ateliers et Chantiers de Seine Inférieure (Worms & Cie) avec un ravitailleur rapide de classe Adour

-Les Ateliers et Chantiers de Seine Inférieure (Worms & Cie) installés au Trait construisent essentiellement des sous-marins bien que des pétroliers soient également commandés à ce chantier bien outillé.

En 1940, les ACSM disposent de huit cales, la n°1 et n°8 mesurant 170m, les n°2, 3 et 4 140m et les n°5, 6 et 7 plus spécifiquement consacrées aux sous-marins, 115m. En 1948, les installations de préfabrication sont  modernisées, les capacités de levage augmentées mais les cales faute de place ne sont pas agrandies.

-Les Chantiers Navals Français (CNF) sont implantés à Caen sur la Seine. Ce chantier dispose en 1940 de deux cales, la n°1 de 140m et la n°2 de 100m. En 1948, une troisième cale de 120m s’est ajoutée aux deux susnommées pour ce chantier qui construit surtout des navires marchands et assez peu de navires militaires.

L’Estuaire de la Loire peut être considéré comme la région phare de la construction navale en France avec pas moins de quatre compagnies de construction navale à Nantes et Saint Nazaire.

Plan des anciens chantiers Dubigeon avec les cales entourées en rouge

-Les Anciens Chantiers Dubigeon sont installés à quelques kilomètres du centre-ville de Nantes dans le quartier de Chantenay qui était jusqu’en 1908 une commune indépendante. Ce chantier  dispose en 1940 de quatre cales de construction orientées perpendiculairement à la Loire.

Les n°1 et 2 mesurent 150m de long et les n°3 et 4 115m de long. En 1948, les cales n°1 et 2 mesurent 180m de long alors que les cales 3 et 4 ont été agrandies également passant de 115 à 140m de long.

-Les Ateliers et Chantiers de Bretagne (ACB) sont installés à la Prairie aux Ducs sur l’île Saint-Anne en plein centre-ville de Nantes. En 1940, ce chantier dispose de trois cales de construction, la n°1 de 180m et les n°2 et 3 de 150m de long chacune plus un dock flottant de 150m de 9000 tonnes.

Faute de place, seuls les ateliers et les capacités de levage sont augmentées.

-Les Ateliers et Chantiers de la Loire (ACL) sont installés à proximité des ACB à tel point qu’il est parfois bien difficile de séparer les deux chantiers qui travaillent d’ailleurs souvent ensemble. En 1940, les ACL disposent à Nantes d’une cale de 170m et de trois de 150m.

En 1948, les ACL disposent toujours de ces trois cales mais également d’une forme couverte de 180m de long utilisée pour les sous-marins et l’armement des navires lancés notamment la mise en place des hélices.

-Les ACL disposent également d’un site de construction navale à Saint-Nazaire, un site plus important puisqu’il à construit par exemple le croiseur de bataille Strasbourg. Il dispose d’une cale de 270m de long, de deux cales de 230m de long et de deux autres de 180m.

En 1948, ces cales ne sont pas agrandies mais simplement modernisées avec notamment une modernisation des capacités de levage. Un projet d’une nouvelle grande cale de plus de 300m était cependant dans les cartons mais repoussé par le début de la guerre.

-A ses côtés, un autre chantier est implanté, les Ateliers et Chantiers de Saint Nazaire-Penhoët. Il dispose en 1948 d’une cale de 370m, d’une cale de 340m, d’une cale de 270m et deux cales de 180m, l’armement des navires se faisant souvent dans la Forme Joubert située à proximité.

Bordeaux réputée pour être une ville bourgeoise est également une ville où la conscience ouvrière est fortement ancrée notamment grâce aux chantiers navals implantés sur les rives de la Garonne.

 On trouve ainsi sur la rive gauche les Ateliers et Chantiers Maritimes du Sud-Ouest & de Bacalan réunis. Ces derniers disposent d’une forme de construction de 210m (surtout utilisée pour l’armement des navires) et de trois cales de 150m qui sont prolongées à 190m, les travaux d’extension se poursuivant durant la construction des navires.

Sur la rive droite, nous trouvons la Société des Ateliers et Chantiers de la Gironde qui disposent en 1940 de trois cales de 190m. En 1948, ces trois cales sont toujours là mais elles sont complétées par une forme de 200m.

-La côté méditerranéenne n’est pas exclue par la construction navale. Elle dispose de trois grand chantiers de construction navale. Le plus important est installé à La Seyne sur Mer en face de Toulon. Il s’agit du chantier des Forges et Chantiers de la Méditerranée (FCM) qui dispose de quatre cales, les n°1 et n°2 de 200m et les n°3 et 4 de 175m. Ces installations sont modernisées et complétées par un dock flottant de 200m et de 25000 tonnes.

Au débouché de l’Etang de Berre sur la commune de Port-de-Bouc , nous trouvons les Ateliers et Chantiers de Provence (ACP) qui disposent de six cales : deux cales de 190m (n°1 et n°2), deux cales de 175m (n°3 et 4) et deux cales de 150m (n°5 et 6), cales simplement modernisés en 1948 mais un dock flottant à été commandé aux Etats-Unis et livré en 1947. Mesurant 200m, il peut accueillir des navires de 25000 tonnes.

Enfin, le dernier chantier de la façade méditerranéenne est situé à La Ciotat. La Société Provençale de Construction Navale (SPCN) dispose en 1940 d’une forme de construction de 275m (parfois utilisée pour les radoubs de navires civils et militaires)et de quatre cales de 240m pouvant construire les plus grands navires de la marine nationale à l’exception des cuirassés.

En 1948, la SPCN est devenue la Société Anonyme des Chantiers Navals de la Ciotat (SACNC) et dispose d’installations modernisées avec notamment des capacités de levage plus importantes.

 -Sur la Saône, un chantier naval spécialisé dans les sous-marins existe à savoir le chantier Schneider de Chalons-sur-Saône avec quatre cales de 120m. En raison d’un tirant d’eau important et d’un fleuve dont la profondeur est parfois limité, les sous-marins sont armés à l’Arsenal de Toulon.

Quand éclate le second conflit mondial, l’industrie navale française dispose d’une importante capacité de construction avec dix cales de moins de 150m, trente-neuf entre 150 et 220m et dix de plus de 220m.

Plus important encore, les ateliers et les capacités de levage ont été modernisés augmentant la rapidité de construction qui voit l’introduction de la préfabrication durant les années précédent le conflit.

A ces grands chantiers hauturiers s’ajoutent un petit nombre de chantiers spécialisés dans les constructions fluviales et la poussière navale.

Citons le chantier Ziegler à Dunkerque qui dispose d’une cale de 100m et d’un slipway de 75m, ce chantier travaillant parfois comme sous-traitant des ACF.

A Boulogne, la Socarenam dispose de deux cales de 75m, se spécialisant dans la construction des remorqueurs et d’un grand nombre de navires appartenant à la catégorie de la battelerie portuaire.

A Lorient, nous trouvons dans l’emprise du port de commerce, les chantiers Leroux qui disposent d’une cale couverte de 100m

 A La Rochelle, les chantiers Garand disposent d’une cale de 75m et d’un slipway de 50m.

3-Industries et infrastructures (2)

B-L’industrie aéronautique

Les principaux constructeurs français

La France à été l’un des pays pionniers dans le domaine de l’aviation, s’appuyant sur plusieurs constructeurs.

Bien qu’elle ait produit un grand nombre d’appareils durant le premier conflit mondial, notre industrie aéronautique est longtemps restée dans un état proche de l’artisanat tendant vers le semi-artisanal.

Les usines étaient bien incapables de produire à un niveau industriel à savoir vite et en grandes quantités. Voilà pourquoi, elle était bien incapable de répondre aux différents plans de réarmement qui accusaient un grand nombre de retards avec des avions dépassés dès leur mise en service.

Géographiquement parlant, les principaux constructeurs aéronautiques étaient répartis sur tout le territoire national mais avec une certaine concentration dans la région parisienne.

-La firme Amiot (officiellement Société d’Emboutissage et de Constructions Mécaniques SECM-Amiot) fondée par Felix Amiot en 1916 avec une première usine à Colombes.

D’autres usines étaient situées à Cherbourg, à Boulogne-Billancourt et au Bourget. Ultérieurement, une usine est implantée à Casablanca pour l’assemblage de l’hexamoteur Amiot 415.

-La firme ANF-Les Mureaux disposait d’une usine aux Mureaux dans le département de Seine et Oise.

-La firme Bloch (officiellement «Avions Marcel Bloch») dispose de trois usines. Si celle de Chateauroux-Déols est chargée des chasseurs, celles de Courbevoie et de Villacoublay est destinée aux multimoteurs.

-La firme Bréguet disposait d’une usine à Villacoublay (ensuite transférée à l’Arsenal de l’Aéronautique), au Havre et à Bouguenais.

-La firme Dewoitine dispose d’une usine à Toussus le Noble près de Toulouse et d’une usine à Marseille-Marignane

-La firme Farman dispose de deux usines à Boulogne-Billancourt et à Suresne

-La firme Gourdou-Lesseure dispose d’une usine sur l’Etang de Berre qui est intégrée à Bloch puis à la SNCAM

-La firme Hanriot dispose d’une usine à Bourges

-La firme Latécoère dispose d’usines à Toulouse, Montaudran et Anglet ultérieurement cédées à Bréguet, la firme disposant alors d’une usine à Toulouse pour les avions et d’une à Biscarosse pour les hydravions.

-La firme Lioré et Olivier disposait avant les nationalisations d’usines à Argenteuil, Clichy et Rochefort sur mer

-La firme Loire-Nieuport disposait d’une usine à Saint Nazaire qui produisait aussi bien des avions et des hydravions ainsi que d’une autre à Issy-Les Moulineaux.

-La firme Morane-Saulnier disposait d’usines à Puteaux et à Tarbes

-La firme Potez _la plus connue à l’étranger_ dispose d’une usine à Levallois et d’une autre à Meaulte pour les avions, d’une usine à Sartouville et d’une autre à Berre pour les hydravions.

 Les nationalisations du Front Populaire : un mal pour un bien

Le 11 août 1936, la loi portant sur la nationalisation des industries aéronautiques est votée. Elle répond à la fois à des motivations idéologiques mais aussi la volonté de rationnaliser l’outil industriel, le moderniser et en accroitre les capacités.

-L’Arsenal de l’Aéronautique issu des nationalisations dispose d’une usine à Villacoublay (ayant appartenu à Bréguet) pour produire les chasseurs type VG-33 et suivants. Une deuxième usine à été également construit à Chatillon-sous-Bagneux.

Six grandes entreprises nationales à base géographique (même si cette base est parfois étrange) sont ainsi créées, cassant ainsi les structures des entreprises.

C’est ce qui explique les difficultés de production jusqu’au début de 1940 et l’accroissement des retards de livraison mais peu à peu, l’industrie aéronautique française ainsi restructurée donnant la pleine mesure de ses possibilités en produisant à des cadences qu’envieraient certains pays ennemis et alliés.

-La Société Nationale des Constructions Aéronautiques du Centre (SNCAC) regroupe les usines Hanriot de Bourges, Farman de Boulogne Billancourt et Suresne, Bloch de Chateauroux-Deols. Une quatrième usine fût ultérieurement intégrée à la SNCAC, une usine située à Clermont Ferrand.

-La  Société Nationale des Constructions Aéronautiques du Nord (SNCAN) regroupe les usines Potez de Meaulte, CAMS (groupe Potez) de Sartrouville, ANF-Les Mureaux des Mureaux, Amiot de Cherbourg, de Colombes, de Villacoublay, du Bourget et Bréguet du Havre.

-La Société Nationale des Constructions Aéronautiques de l’Ouest (SNCAO) regroupe les usines Bréguet de Bouguenais et de Villacoublay, Loire-Nieuport de Saint Nazaire et d’Issy-Les Moulineaux

-La Société Nationale des Constructions Aéronautiques de l’Est (SNCASE) regroupe les usines Lioré et Olivier d’Argenteuil et de Clichy, Potez de Berre, C.A.M.S de Vitrolles, Romano de Cannes-la-Brocca et S.P.CA (Société Provencale de Constructions Aéronautiques) de Marseille-Marignane.

-La  Société Nationale des Constructions Aéronautiques du Sud-Ouest (SNCASO) réunit les usines Blériot de Suresnes, Bloch de Villacoublay et Courbevoie, S.A.S.O. de Bordeaux-Mérignac, U.C.A. de Bordeaux-Bègles, S.A.B. de Bordeaux-Bacalan et Lioré et Olivier de Rochefort.

-La  Société Nationale des Constructions Aéronautiques du Midi (SNCAM) réunit les usines Dewoitine de Toussus le Noble et Marseille-Marignane, Morane-Saulnier de Tarbes et de Puteaux

D’autres compagnies restent cependant partiellement ou totalement en dehors des nationalisations comme Latécoère et Bréguet qui récupère des usines ayant appartenu au premier.

C-Les industries d’armement

Les arsenaux d’Etat

Sous le nom générique de Manufactures d’Armes, sont regroupés différents sites approvisionnement en armes légères et moyennes l’armée de terre, l’armée de l’air et la marine sans oublier les munitions.

-Manufacture d’Armes de Saint Etienne (MAS) : fusils et pistolets mitrailleurs

-Manufacture d’Armes de Bayonne (MAB) pistolets et revolvers

-Manufacture d’Armes de Chatelleraut (MAC) : fusil mitrailleur et mitrailleuses

-Manufacture d’Armes de Tulle (MAT) pistolets mitrailleurs

 -L’Etablissement de Bourges est chargé de la production de pièces d’artillerie

 -L’Etablissement de Tarbes est chargé de la production de pièces d’artillerie notamment les dernières pièces d’artillerie lourdes sur voie ferrées

 -L’Atelier d’Issy les Moulineaux (AMX) est chargé de l’étude et de la production de véhicules blindés notamment de chars

 En 1944, la Manufacture d’Armes d’Alger (MAA) est créée pour augmenter les capacités de production et disposer d’une base industrielle à l’abri des bombardements allemands.

On trouve également des établissements relevant de la marine comme l’établissement de Ruelle spécialisé dans l’artillerie légère et moyenne ou encore l’établissement de Saint-Tropez connu pour son excellence dans le domaine des torpilles et des armes anti-sous-marines.

 Les manufacturiers privés

L’industrie d’armement est en partie publique et en partie privée. C’est notamment le cas pour la production des véhicules de combat et des pièces d’artillerie.

Pour les pièces d’artillerie, nous trouvons par exemple les Forges de la Marine et Homécourt plus connu sous le nom de Saint Chamond, la fonderie du Creusot et  les établissements Schneider.

 En ce qui concerne les véhicules blindés, citons la société Somua _filiale de Schneider_, la société Renault, les sociétés Hotchkiss et Panhard, les Forges et Chantiers de la Méditerranée.

D-Les commandes à l’étranger

Les commandes concernent surtout l’aviation. Des commandes sont passées aux Pays Bas et à l’Italie mais c’est surtout les Etats-Unis qui sont concernés puisque les commandes envisagées en direction de l’Italie seront au final annulées et celles en direction des Pays Bas se limiteront à quelques chasseurs dont l’armée de l’air ne sut que faire, les Koolhoven FK.58 qui finirent stockés.

Les craintes de voir l’industrie nationale manquer de temps pour fournir les appareils nécessaires poussa la France à se tourner vers les Etats Unis pour commander en quantités massives des avions, des moteurs et les pièces détachées nécessaires. Si la plupart des commandes furent honorées, un certain nombre furent au final annulées.

Dans le domaine des chasseurs, la plupart des commandes furent honorées notamment celles concernant le Curtiss H-75, le Curtiss H-81, le Lockeed L-322 et le Grumman G-36A, certaines furent annulées ou non concrétisées comme celle concernant 170 Bell 14 (P-39A Airacobra), le Curtiss H-81A et le Curtiss H-86.

En ce qui concerne les bombardiers, les commandes sont toutes honorées en ce qui concerne les bimoteurs de bombardement légers (Douglas DB-7 Martin 167F et Martin 187F) et lourds (Consolidated 32)  mais en ce qui concerne les avions d’assaut, la plupart des commandes sont au final annulées comme celles concernant les bombardiers en piqué embarqués Curtiss CW-77,  les Douglas A-17 (que l’USAAC put conserver), les Vultee V-72 Vengeance ou le Brewster 340 Buccaneer.

 Les autres commandes concernant des hydravions Catalina et les avions d’entrainement sont toutes honorées.

3-Industries et infrastructures

3-Industrie et Infrastructures

Considérations préliminaires

A la différence de certains belligerants comme la Grande Bretagne, les Arsenaux et les Chantiers Navals n’ont quasiment pas construit de navires durant le premier conflit mondial, tout juste des canonnières et des navires répondant au concept de «poussière navale»

C’est ainsi que la construction des cuirassés de classe Normandie fût stoppée, celles des Lyon jamais entreprise tout comme celui des éclaireurs d’escadre censés répondrent aux besoins criants de la flotte en croiseurs légers.

Résultat en 1918, la flotte est dans un état lamentable, ces navires usés ou obsolètes, ses équipages démoralisés.

L’œuvre de redressement menée par Georges Leygues et plus généralement par la IIIème République à permis à la France de disposer en septembre 1939 d’une flotte assez équilibrée mais dont les tares mis en évidence plus haut auraient pu se révéler préjudiciables si la Guerre de Pologne s’était prolongée au délà de quelques mois.

Ces tares sont en partie dues à l’industrie française. La France manque en effet de formes de construction de grande taille et surtout d’entreprises suffisamment grandes pour travailler vite et bien, la plupart des entreprises étant encore dans les années vingt semi-artisanales.

La sidérurgie française produit trop peu d’acier de qualité, les fabricants de moteurs produisent des équipements anémiques et fragiles.

Les choses commencent à changer à la fin des années trente, une vraie politique d’industrialisation de guerre se met en place pour satisfaire les besoins colossaux d’une marine (et plus généralement d’une armée) qui doit se préparer à un conflit mondial.

A-Infrastructures

Routes

Depuis le XVIIIème siècle, la France s’est échinée à améliorer son réseau d’infrastructure routière qui reprenait le plus souvent la trame hérité de la conquête romaine. La création de l’École Royale des Ponts et Chaussées en 1747 qui suivait celle du corps des ponts et chaussés en 1717 permis à la France de se doter des meilleures routes d’Europe ce dont témoignaient tous les voyageurs étrangers.

Cette politique est poursuivie au 19ème siècle et va passer la vitesse supérieure à partir de 1943 avec la construction des premières autoroutes sur le modèle des autobahn allemandes et des autostrada italiennes.

La première autoroute française va relier Paris à Lille sur 211km. Les travaux commencent en 1944 et s’achèvent début 1948. L’autoroute pour rallier Paris au Havre (225km), l’autoroute n°2 est inaugurée en 1948. L’autoroute n°3 relie Paris à Strasbourg (488 km) et l’autoroute n°4 Paris à Orléans (112km) mais ces travaux lancés respectivement en 1946 et 1947 sont loin d’être achevés en septembre 1948…… .

Les autres routes type départementales et nationales sont pour certaines modernisées afin de faciliter le mouvement des troupes. Vous ne serez pas étonnés d’apprendre que les travaux concernent surtout les routes menant aux frontières du nord-est. Ces travaux concernent surtout une amélioration de l’enrobé, des fossés plus grands sans oublier le renforcement des ponts sur les coupures humides.

Ports : plus grands et mieux outillés

Améliorer les infrastructures dans une France se préparant à la guerre pour préserver la paix c’est aussi se pencher sur les ports maritimes. Pour cela un plan ambitieux est lancé en 1943 pour augmenter leur capacité et surtout la vitesse du chargement et du déchargement.

Le but final est double. Doper l’économie en favorisant importations (de l’Empire ou de l’étranger) et exportations et pour la défense nationale favoriser les transports d’hommes, de matériel et de véhicules.

Ce dernier point concerne surtout les ports méditerranéens et d’Afrique du Nord mais concerne également les ports de la Manche et de la Mer du Nord (envoi en France de forces britanniques et leur soutien logistique) ainsi que ceux de la façade Atlantique qui pourraient recevoir du matériel venu des Etats-Unis, des troupes venues de l’AOF et du Maroc voir même comme en 1917/18, des forces américains.

Les linéaires de quai sont augmentés et les quais mieux outillés avec des grues plus puissantes. Les ports qui n’étaient encore connectés avec la ou les gares les plus proches le sont.

Des grands travaux sont également menés pour favoriser les liaisons avec ce qu’on appelle pas encore l’hinterland.

Le meilleur exemple est celui du port de Nantes-Saint Nazaire qui double la ligne de chemin de fer entre la capitale de la province de Bretagne et la ville nouvelle créée sous Napoléon III.

Le canal de la Martinière (aussi connu sous le nom de Canal Maritime de la Basse Loire) qui permettait à des navires de remonter du Pellerin à Frossay (15km) en évitant l’ensablement de la Loire (qu’on espère résoudre en comblant plusieurs bras à Nantes, faisant perdre à cette dernière le titre de «Venise de l’ouest») est remis en service après avoir été déclassé après le premier conflit mondial servant notamment de cimetière pour les voiliers désarmés.

Ce canal est remis en service pour la batellerie fluviale permettant à des marchandises de Saint Nazaire de rallier Nantes ou inversement que des marchandises conditionnées ou produites à Nantes soient acheminées à Saint Nazaire pour être exportées.

De grands projets qu’on pourrait par anticipation appelés «industrialo-portuaires» sont également menés, des terminaux pétroliers étant construits à Donges, au Verdon et Fos sur Mer.

Le transport maritime de passagers étant encore le plus important pour traverser l’Atlantique et des travaux sont menés pour améliorer les infrastructures. Le port du Havre étend sa gare maritime pour pouvoir accueillir le paquebot Bretagne de la Compagnie Générale Transatlantique tout comme Cherbourg.

Sur la façade atlantique, le port de Saint-Nazaire réaménage sa gare maritime pour une ligne Saint Nazaire-Fort de France.

En Méditerranée, il existe des lignes Marseille-Bastia, Marseille-Ajaccio, Marseille-Alger, Marseille-Tunis, Marseille-Tanger et Port-Vendres-Oran. Un projet de ligne transméditerranéenne Casablanca-Alger-Tunis-Beyrouth n’à pas le temps de voir le jour avant guerre.

NdA : plus d’informations sur les ports dans la partie consacrée à la marine marchande.

Dewoitine D-338

Aéroports

Dès la fin du premier conflit mondial, le transport aérien de passagers se dévellope même si il s’agit encore d’un moyen de transport réservé aux plus riches. Cela n’empêche pas la France de construire ses premiers aéroports civils qui seront naturellement amenés en cas de guerre à être utilisés par l’armée de l’air quand ce n’est pas déjà le cas.

Le premier aéroport de France est celui du Bourget qui est le premier à disposer d’une véritable piste en dur, utilisable par tous les temps. C’est sur ce site qu’est implantée la direction de la compagnie Air France.

En province, d’autres aéroports voit le jour, parfois pour ne pas dire souvent pour faciliter la production des usines aéronautiques. Il est d’ailleurs souvent difficile de faire dans ces cas là la différences entre un aérodrome militaire et un aérodrome civil.

On trouve ainsi l’aéroport de Nantes Chateau-Bougon utilisé par l’usine de la SNCAO (anciennement Bréguet), Lille-Lesquin, Lyon-Satolas, Marseille-Marignane, Bordeaux-Merignac (à proximité des usines ex-Bloch) et Alger-Maison Blanche, l’un des éléments d’un complexe qui comprendra à terme un aérodrome de l’armée de l’air et une base aéronavale.

La compagnie Air France à la monopole des liaisons aériennes au départ de la France. En 1942, Les principaux avions de la compagnie nationale sont les trois Dewoitine D-333, les trente et un Dewoitine D-338, les cinq Dewoitine D-342 et les dix-sept Bloch MB-220 (deux revendus ultérieurement par la marine).

SNCASO SO-30P « Bretagne »

Cette flotte est régulièrement renouvelée et en 1948, elle dispose de 31 Dewoitine D-338, 5 Dewoitine D-342 et vingt SNCAO SO-30P pour remplacer les Bloch MB-220. Une partie de ces avions pourraient être réquisitionnés par l’armée de l’air, le conflit interrompant un certain nombre de traversées.

Voies ferrées

En 1938, les différentes compagnies privées ont cédé la place à la Société Nationale des Chemins de fer Français (SNCF) et le gouvernement conservateur ne revient pas sur cette réforme emblématique du Front Populaire.

Peu de travaux sont menés en métropole, le maillage de la France étant extrêmement serré. On préféré moderniser le matériel roulant et les infrastructures fixes notamment les gares de triage pour favoriser le transport de matériel (et en temps de guerre de véhicules et de munitions).

Le seul grand projet c’est le Transmaghrebin destiné à rallier la Tunisie au Maroc pour favoriser le dévellopement économique de l’Afrique du Nord. Les premières études de ce projet sont lancées en 1941 et les travaux commencent en 1943.

S’appuyant sur la ligne existante Casablanca-Oran-Alger-Constantine-Tunis, elle est doublée puis prolongée jusqu’à Sfax et Gabès. Les travaux sont pour ainsi dire achevés en 1947. Le reste du réseau est adapté à cette nouvelle ligne. Les gares sont modernisées tout comme le matériel roulant qui n’à rien à envié à celui en métropole.

Secrètement, des plans sont dressés pour qu’en cas de conquête de la Libye italienne, cette voie ferrée ne se prolonge jusqu’à Tripoli, Benghazi voir pour le plus rêveur jusqu’à Alexandrie.

 

Arrière plan politique et culturel (4)

D-Janus géopolitique : France contre Allemagne 1940-48

 

Ce titre de l’ouvrage de référence de Fabrice d’Almeida caractérise parfaitement la situation de la France et de l’Allemagne qui entre la fin de la guerre de Pologne et le début du second conflit mondial, entre le 15 décembre 1939 et le 5 septembre 1948 connaissent des trajectoires diametralement opposés, deux courbes qui se croisent.

En septembre 1939, l’Allemagne d’Adolf Hitler semble invincible, volant de succès en succès, profitant de la faiblesse de démocraties parlementaires en crise. La guerre qui éclate semble devoir trancher dans le vif entre la prédominance de la démocratie ou le triomphe définitif du modèle autoritaire qui domine déjà en Europe centrale et orientale.

 Or non seulement la guerre de Pologne ne résout rien mais l’attentat de la Brasserie du 9 novembre 1939 semble provoquer un renversement complet de la situation, comme si l’Allemagne et la France étaient un Janus, deux faces d’une même chose.

L’Allemagne s’enfonce dans la médiocrité puis dans la guerre civile perdant quatre à cinq années dans sa préparation à la guerre alors que la France elle mène un réarmement massif, redevenant la première armée d’Europe, l’une des mieux équipées et des mieux préparées au conflit qui s’annonce.

Sure de sa force, la France du PSF, la France de la Révolution Nationale peut se permettre une politique extérieure ambitieuse en Europe comme dans le reste du monde.

Lavant la honte de Munich, elle relance la Petite Entente avec la Grèce et la Yougoslavie mais échoue à faire de même avec la Hongrie alors que la Roumanie et la Turquie semble mener un double-jeu, menant une politique de bascule entre Paris et Berlin.

Sur le plan colonial, elle maintient fermement et férocement son autorité, réprimant dans le sang les révoltes des colonisés mais prépare déjà à pas feutré une évolution de l’Empire en s’inspirant sans se l’avouer du Commonwealth.

Ce projet d’Union Française voit la suppression du travail forcé et du code de l’indigenat. L’émergence d’élites indigènes est encouragée, des assemblées consultatives préparant toute une génération de politiciens africains à la vie politique et parlementaire.

La citoyenneté française est accordé à de nombreuses familles et pas simplement au compte-goutte  mais c’est encore trop pour certains colons ou pour les pied-noirs d’Algérie qui s’opposent avec succès à la réforme Jeanneney (meilleur représentation politique de la population musulmane, citoyenneté française pour certains musulmans d’Algérie) en 1946 en bloquant les ports d’Algérie.

Cet affrontement franco-allemand n’est pas simplement politique, il est aussi sportif et culturel avec d’un côté la Propaganda Staffel et de l’autre l’Office Français de la Propagance Extérieure (OFPE) créé en juin 1942 pour coordonner la guerre psychologique face à l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste.

Jean Zay

A sa tête, un ancien socialiste rallié au PSF, Jean Zay. Ce choix est tout sauf innocent. Brillant administrateur, il est surtout l’auteur d’un pamphlet intitulé «De la propagande de Goebbels» publié en novembre 1940 et qui démonte les techniques du maitre es-propagande du IIIème Reich à tel point que dans son journal, à la date du 5 décembre, Joseph Goebbels écrit :

Joseph Goebbels

Aujourd’hui, la valise diplomatique de notre ambassade à Paris nous à transmis un livre du juif Jean Zay sur mon oeuvre, mon travail. Je dois l’avouer que pour un juif, il ne manque pas d’intelligence. Redoutable est cet homme, le plus dangereux pour notre action de propagande. Je frémis à l’idée de ne trouver une parade à son action destructrice.

Cet ouvrage passe quasi-inaperçu parmi le grand public mais n’échappe pas au chef du PSF, le colonel François de La Rocque qui reçoit longuement celui qui est encore membre de la SFIO à l’époque.

A la suite de plusieurs entrevues, déçu par la SFIO, il se rapproche du PSF au point d’adhérer en mars 1941, suscitant la haine de ses anciens camarades de parti. A Guy Mollet qui lui reproche d’avoir abandonné ses convictions, il répond.

 Je n’ai pas abandonné mes convictions de liberté, de démocratie et de justice sociale. Je suis persuadé que le PSF est le seul parti à pouvoir sauver la France d’un nouveau conflit mondial et régénérer ce pays.

Quand est créé l’OFPE chargé de coordonner l’action d’influence à l’étranger en Europe et dans le Monde, le président Tardieu et le président du conseil Paul Reynaud pensent à lui.

L’ancien ministre de l’Instruction Publique du Front Populaire hésite puis finit par accepter, déployant à sa tête une énergie et un enthousiasme communicatif, faisant enrager Goebbels qui ira jusqu’à demander à l’Abwehr de le faire assassiner .

On ignore cependant encore aujourd’hui si l’Abwehr est bien à l’origine de l’attentat manqué contre le directeur de l’OPFE à Berne le 4 mai 1947 (voiture piégée, quatre morts dont le chauffeur de Jean Zay, ce dernier n’étant que légèrement blessé), les archives du service longtemps dirigé par l’amiral Canaris ayant disparu dans la confusion de la fin du conflit si archives il y eut.

L’action de l’OPFE est aussi variée que le financement de missions archéologique en Grèce et au Moyen Orient, la délivrance de bourses pour des étudiants européens brillants, l’organisation de tournées d’artistes et d’intellectuels français, d’expositions, tout pour favoriser le rayonnement de la France.

André Malraux, premier ministre de la Culture

Ce rayonnement passe aussi par le développement d’une politique culturelle nationale ambitieuse avec la création en mars 1942 d’un Ministère de la Culture confié à André Malraux.

L’auteur de la Condition Humaine, qui s’engagea aux côtés des républicains durant la guerre d’Espagne mène une politique active en liaison avec Jean Zay, leurs politiques formant deux faces d’une même pièce.

L’accès aux musées est favorisé au profit du plus grand nombre tout comme l’accès aux bibliothèques publiques. Des commandes publiques favorisent l’épanouissement de sculpteurs, de peintres et d’architectes français.

C’est cependant dans le domaine du cinéma que l’action du ministre est la plus marquante. Il encourage la mise sur pied d’un Festival International du Film qui connait sa première édition à Cannes en 1943 après une première tentative avortée en 1939.

Les studios de la Victorine à Nice et ceux des Roches-Noires près d’Alger n’ont rien à envier avec les Studios de la Cinecitta à Rome, ceux de Pinewood en Angleterre ou ceux de Babelsberg à Berlin et permettent la réalisation de nombreux chefs d’oeuvres du cinéma français comme l’Assassin habite au 21 d’Henri George Clouzot  mais également d’actualités cinématographiques.

Le 17 septembre 1945 sort au cinéma Napoléon le Grand, une fresque épique de 4H30 retraçant l’histoire de Napoléon Bonaparte et de Napoléon 1er. Les scènes de bataille voit l’engagement en costumes d’époque de 25000 figurants, essentiellement des soldats de l’armée française.

Abel Gance

Réalisé par Abel Gance déjà auteur d’une fresque épique en 1927, il répond au Das König de Friedrich von Wilhelm consacré à Frederic le Grand et sorti début 1943.

Ce film consacré au vainqueur d’Austerlitz sort aux Etats-Unis en pleine guerre en 1952. Dans un cinéma de Cincinatti, un petit garçon de six ans assiste fasciné à cette saga épique, un petit garçon appelé Steven Spielberg.

Bien plus tard, le réalisateur de Rencontre du troisième type confiera avoir voulu devenir réalisateur en admirant cette fresque épique. Il travaillera d’ailleurs sur un biopic consacré à Napoléon avant d’estimer que cela serait un crime contre les chefs d’oeuvre de M. Gance qu’il rencontra en 1976, cinq ans avant la mort de ce dernier.

Le contexte politique agité explique qu’à partir de 1945, de nombreux films historiques sortent sur les écrans français, des films dont les thèmes sont puisés dans les batailles de la Révolution française mais également de la Renaissance.

Étrangement, le Moyen Age n’est guère mis en valeur et si un film est consacré à Marignan, on cherchera vainement un film sur Crecy et Azincourt.

La France baigne alors dans une ambiance d’un patriotisme échevelée, d’un nationalisme brûlant et brillant au grand dam des internationalistes du PCF ou des pacifistes qui rêvent des États-Unis d’Europe.

Un événement symbolise le mieux cette ambiance : les funérailles nationales du maréchal Pétain décédé à l’âge de 90 ans le 7 mai 1946.

Dès l’origine, le président Reynaud décide de faire de cet événement tragique un moment de communion patriotique et nationaliste.

Les archives démontreront que dès le premier AVC du vainqueur de Verdun en janvier, le président Reynaud avait demandé à André Malraux de préparer quelque chose de «grand, de beau, à la auteur de ce grand homme».

En dépit des réserves de sa veuve, décision est prise de l’enterrer à l’ossuaire de Douamont au milieu des poilus morts pour la France comme il l’à souhaité.

Une récente biographie consacré à Eugénie Pétain révèle les dessous moins glorieux de ces réserve. Point de crainte d’instrumentalisation et de récupération politique mais la jalousie possessive d’une vieille femme acariâtre et profondément méchante comme l’avouera à la fin de sa vie son confesseur.

La cérémonie à lieu le 17 mai 1946 avec un office religieux à Notre Dame de Paris, une cérémonie flamboyante suivit d’une prise d’armes dans la cours des Invalides où les drapeaux des régiments ayant participé à la bataille de Verdun s’inclinent devant le cercueil du grand homme qu’il s’agisse des régiments dissous ou des régiments encore en activité.

Le cercueil est ensuite transféré à l’aérodrome de Villacoublay où le cercueil est embarqué à bord d’un Amiot 370 de transport direction l’aérodrome de Bar-le-Duc où il arrive en début de soirée. Le cercueil est monté sur une allonge d’artillerie et tractée par seize chevaux.

En pleine nuit, le cercueil va parcourir en six heures les 56km de la Voie Sacrée au milieu de flambeaux portés par des anciens combattants de cette terrible bataille de dix mois. A Verdun, le cercueil porté par douze pupilles de la nation, fils de soldats morts à Verdun et déposé dans la cathédrale Notre-Dame.

L’ossuaire de Douaumont où repose encore aujourd’hui le maréchal Pétain

Les 18 et 19 mai, le public se recueille une dernière fois sur le cercueil du vainqueur de Verdun qui est ensuite transféré à l’ossuaire de Douaumont au milieu des hommes qui ont combattu pour lui et contre lui puisque des soldats allemands y reposent également.

Jean Borotra alors joueur émérite de Tennis

Le sport joue également un rôle clé dans le relèvement voulu par le PSF dans la cadre de la Révolution Nationale. Faisant fi des accusations de cryptocommuniste ou de crypto-fascisme, le ministre des sports Jean Borotra développe l’enseignement du sport à l’école dans le but évident de préparer la jeunesse de France à un conflit qui devient chaque jour de moins en moins imprévisible.

Le sport professionnel n’échappe pas à cette attention. En dépit des préventions de certains attachés à l’amateurisme, la loi d’orientation sur le sport votée par la Chambre des Députés le 15 mars 1942 favorise le développement du football, la division I à seize clubs bénéficie des largesses des grandes entreprises encouragées à soutenir ces clubs.

Marcel Saupin (1872-1963)

L’Etat et les municipalités favorisent les fusions et l’émergence de clubs professionnels comme le F.C Nantes créé en septembre 1943 et qui sans la suspension du championnat décidée en août 1948 aurait entamé la saison 1948-49 en D1.

Il faudra attendre 1955-56 et le retour d’un championnat digne de ce nom (durant le conflit, des poules régionales ont été organisées pour pallier à la désorganisation des transports) pour le club entame sous la direction de José Arribas sa carrière en D1.

 Des infrastructures modernes sont également construites, des stades dignes des meilleures réalisations étrangères.

Quatre ans après le mondial en France, le monde du football se retrouve au Brésil pour le quatrième mondial. Seize équipes y participent avec onze pays européens (Italie France Suède Roumanie Suisse Allemagne Hongrie Pays-Bas Norvège Belgique Yougoslavie), trois pays sud-américains (Brésil Argentine Uruguay) et deux pays asiatiques (Indes Néerlandaises Japon).

Ces seize pays sont répartis entre quatre poules de quatre équipes. La France se retrouve dans le groupe B avec l’Allemagne, la Belgique et les Indes Néérlandaises. Si le match contre la future Indonésie est une formalité (9-0), les deux matchs suivants sont plus compliqués avec un nul contre la Belgique (1-1) et une défaite contre l’Allemagne (2-1). Résultat : la France est éliminée au premier tour.

Cette défaite est vue comme une humiliation et pour le mondial 1946 en Angleterre, la FFF reçoit l’ordre de mettre le paquet pour permettre à la France d’aligner en Angleterre une équipe compétitive.

Seize pays vont y participer : dix pays européens (Angleterre Ecosse France Italie Suède Roumanie Allemagne Pays Bas Belgique Yougoslavie), quatre pays sud-américains (Brésil Argentine Uruguay Chili) un pays d’Amérique du Nord (Etats Unis) et un pays d’Asie (Japon).

La France se retrouve dans le Groupe C en compagnie de l’Argentine, des Etats-Unis et des Pays Bas, un groupe à sa portée. Elle fait match nul contre l’Argentine à Wembley (1-1), l’emporte contre les Pays Bas à Old Trafford (3-1) puis contre les Etats Unis à Goodison Park à Liverpool (2-0).

Qualifié pour les quarts de finale, elle affronte l’Italie qu’elle défait 2-1 et tombe en demi-finale contre l’Ecosse. Le XI du chardon l’emporte 2-1 en prolongations à Wembley avant d’être battu par la Brésil en finale.

La coupe du monde 1950 devait avoir lieu en Argentine mais entre-temps, le conflit à éclaté ce qui annula cette sixième édition ainsi que la septième prévue en Allemagne en 1954.

Le sport c’est aussi les jeux olympiques. Trois olympiades ont encore lieu avant le déclenchement du second conflit mondial.

Pour les jeux d’été, les JO de 1940 ont lieu à Helsinki en remplacement de Tokyo initialement prévu mais qui avait été sanctionné pour avoir envahit la Chine en 1937. Dans la capitale finlandaise, la France va s’illustrer remportant 23 médailles (8 d’or, 9 d’argent et 6 de bronze) soit quatre de plus par rapport à Berlin quatre ans plus tôt.

Ceux de 1944 sont organisés à Londres comme en 1908. Cette fois la France est moins à la fête avec seulement 16 médailles (5 en or, 7 d’argent et 4 de bronze) mais elle va rectifier le tir à Rome en 1948 avec 27 médailles (10 d’or, 8 d’argent et 9 de bronze). Les jeux de 1952 prévus à New York sont annulés mais la «Big Apple» obtiendra ceux de 1956.

En ce qui concerne les jeux d’hiver, ceux de 1940 ont été organisés à Garmisch-Partenkirschen comme en 1936 mais cela s’explique par le retrait de l’organisation attribuée à Sapporo en raison de l’invasion de la Chine par le Japon.

Ceux de 1944 ont lieu à Cortina d’Ampezzo et ceux de 1948 ont lieu à Saint Moritz. Ceux de 1952 devaient avoir lieu à Oslo mais ils sont annulés par le second conflit mondial mais la capitale norvégienne obtiendra ceux de 1956.

Arrière plan politique et culturel (3)

C-Réforme constitutionnelle et marche à la guerre (1940-1948)

 La campagne électorale au délà du traditionnel clivage droite/gauche avait généralement opposé les pacifistes partisan d’un accord avec l’Allemagne pour rétablir définitivement la paix (quitte à sacrifier la Pologne) et les bellicistes conscient que la paix est encore fragile et que tout ou tard, la France et l’Allemagne devront s’affronter pour la troisième fois en moins d’un siècle après 1870 et 1914.

La victoire du PSF marque le triomphe des bellicistes. Certes, les hommes du colonel de La Rocque ne sont pas prêts à chercher la guerre à tout prix (beaucoup de cadres dirigeants et même les simples militants sont d’anciens combattants encore traumatisés par la boucherie de 14-18) mais ils sont lucides : la question n’est pas de savoir si la guerre éclatera mais quand.

 

André Tardieu

Bien que le Parti Social Français (PSF) soit le premier parti à la Chambre, c’est un membre du Centre Républicain, André Tardieu qui est investit Président du Conseil par 470 voix contre 137.

Partisan d’un renforcement du pouvoir exécutif, il propose aux chambres une modification des lois constitutionnelles de 1875 qui prévoit un renforcement du pouvoir exécutif, l’établissement du référendum et le rétablissement de la pratique de la dissolution pour aboutir à une Chambre plus docile.

 

Albert Lebrun

Ce projet est violement combattu par la gauche et même par le président Lebrun réélu en mai 1939 pour un nouveau mandat de sept ans soit jusqu’en avril 1946.

Le président du conseil passe outre et suite un vote des deux assemblées, organise le 22 septembre 1940 un référendum consultatif. La question est la suivante «Approuvez vous la réforme constitutionnelle proposée ce jour ?».

La participation est élevée (86%) et le oui l’emporte largement avec 57% des voix contre 43% pour le non. Les résultats conduisent le président Lebrun à démissionner (25 septembre 1940). C’est le président du Sénat, Jules Jeanneney qui assure l’intérim.

La réforme constitutionnelle est validée par une loi organique votée le 7 octobre 1940. Le président de la République reste élu pour sept ans mais par un collège électoral élargi avec les députés, les sénateurs, les conseillers généraux et des représentants des conseils municipaux soit environ 75000 personnes. Il nomme le président du conseil qui bénéficie de pouvoirs élargis par rapport à la Chambre des Députés, l’investiture devenant pour ainsi dire facultative.

Le président sur proposition du Président du Conseil peut dissoudre la Chambre des Députés et peut consulter le peuple par référendum sur des questions d’intérêt national. On assiste au début de la décentralisation avec le regroupement des départements en provinces.

Ces dernières sont des regroupements de départements. Ces derniers continuent d’exister mais leurs pouvoirs sont assez limités, la majorité des pouvoirs appartient au préfet de région, nommé par Paris sous réserve de l’accord d’une Assemblée Provinciale élue au suffrage indirect (grands électeurs seulement à savoir des maires, des députés et des conseillers généraux).

 

départements et provinces de France

C’est une loi du 15 novembre 1940 qui trace le contours des dix-sept provinces métropolitaines :

-Province de Bretagne (Nantes) : Loire Inférieure (Atlantique à partir de 1944), Ile et Vilaine, Morbihan, Côtes du Nord et Finistère

-Province du Poitou (Poitiers) : Vendée, Charentes et Charentes-Maritime, Deux Sèvres, Vienne et Haute Vienne

-Province d’Aquitaine (Bordeaux) : Gironde, Dordogne, Lot et Garonne, Landes et Pyrénnées-Atlantique

-Province d’Occitanie (Toulouse) : Lot Aveyron Tarn et Garonne, Tarn, Gers, Haute-Garonne, Hautes-Pyrennées et Ariège.

-Province du Languedoc (Montpelier) : Pyrenées orientales, Lozère, Hérault, Gard et Aude

-Province de Provence (Marseille) : Corse, Bouches du Rhône, Var, Alpes Maritimes, Vaucluse, Hautes Alpes Alpes de Haute Provence

-Province Alpine (Grenoble) : Isère, Ain, la Savoie et la Haute Savoie

-Province de Bourgogne (Dijon) : Yonne, Nièvre, Côte d’Or, Saône et Loire, Jura et Doubs

-Province d’Alsace (Strasbourg) : Haut-Rhin, Bas-Rhin et Territoire de Belfort

-Province de Lorraine (Metz) : Meuse, Meurthe et Moselle, Moselle, Vosges

-Province de Champagne (Chalons sur Marne) : Ardennes, Marne, Aube et Haute Marne

-Province de Flandre-Picardie (Lille) : Nord, Pas de Calais, Somme, Aisne, Oise

-Province d’Ile de France (Paris) : Seine, Seine et Oise et Seine et Marne

-Province de Normandie (Rouen) Seine Inférieure (Maritime à partir de 1944), Eure, Eure et Loire, Orne, Manche et Calvados

-Province du Val de Loire (Tours) Mayenne, Sarthe, Loir et Cher, Loiret, Indre, Indre et Loire, Cher, Maine et Loire

-Province d’Auvergne (Clermont-Ferrand) : Creuse, Allier, Puy de Dôme, Corrèze, Cantal Haute-Loire

-Province du val de Rhône (Lyon) : Loire, Rhône, Ardèche et Drôme

En ce qui concerne l’Algérie, aucun changement, elle est toujours divisée en cinq départements : Alger, Oran, Constantine, Bône et les Territoires du Sud, chaque département dirigé par un préfet qui est subordonné au gouverneur général installé à Alger. Aucun changement non plus concernant les Antilles, l’AEF et l’AOF jusqu’en 1945 quand les Antilles et la Réunion reçoivent le statut de généralité à mi-chemin entre le département et la province.

Les élections présidentielles selon la loi du 7 octobre 1940 ont lieu comme prévu soixante jours après le vote de la loi soit le 5 janvier 1941. André Tardieu est élu avec 41000 voix contre 25700 pour le radical Camille Chautemps et 8300 voix pour Maurice Thorez, le candidat uni de la gauche.

 

Paul Reynaud

Le nouveau président nomme à la Présidence du Conseil, Paul Reynaud qui occupait le poste de ministre des Finances dans le gouvernement sortant.

C’est donc un changement dans la continuité dans la politique générale avec le sacrifice du sacro-saint équilibre budgétaire et une politique de réarmement massif, promettant que «les sacrifices des français ne seront pas vains, les français bénéficieront une fois la paix revenue,des fruits de la Révolution Nationale» (discours d’investiture du président du conseil le 12 janvier 1941)

La durée hebdomadaire du travail est donc portée à 48h, la loi des 40h étant abrogée, l’industrie d’armement et de la construction navale bénéficie même d’une dérogation pour permettre aux ouvriers de travailler 60h par semaine.

Le 5 juin 1941, Guillaume II décède à Berlin après dix-huit mois de pouvoir, un «pouvoir» très limité puisque la réalité du pouvoir appartenait au Triumvirat Borman-Himmler-Goering qui reste au pouvoir avec le Kronprinz comme nouvelle marionnette.

Cette mort ne rassure guère les chancelleries occidentales qui voyaient dans le vieil empereur, un antidote à l’aventurisme des plébéiens nazis d’autant que le Kronprinz est bien moins hostile que son père à l’idéologie nazie et surtout bien plus influençable.

«C’est une tête légère, influençable et vaniteuse, adoptant l’avis de celui qui à parlé le dernier, incapable de trancher et de décider. Bref tout le contraire de son père.» (Edouard Daladier Mémoires Tallandier 1957)

La France en première ligne en cas de conflit avec l’Allemagne décide d’accélérer encore son réarmement. L’économie largement modernisée (ou en voie de l’être) et une planification qui parvint à un compromis entre le libéralisme capitaliste et les plans quinquennaux mis en valeur sur les bord de la Volga ou dans les plaines d’Ukraine.

Le 15 septembre 1941, une nouvelle loi militaire est votée. Elle porte le service militaire à 28 mois voir 36 pour certaines spécialités mais limite la réserve opérationnelle à 50 ans pour rajeunir l’encadrement et obtenir une armée aussi dynamique que son nouveau chef d’état-major, le général Villeneuve âgé de 57 ans qui à succédé à Gamelin âgé de 68 ans en juin 1940.

 

le général Villeneuve ici en tenue de commandant en chef des forces armées européennes (FAE) en 1960 peu avant son décès

Surnommé «Général Tornade» pour son énergie, le nouveau chef d’état-major des armées va imposer sa patte ce qui sera source de conflits feutrés (ou non) avec les généraux les plus conservateurs (Giraud, Weygand) mais également l’amiral Darlan chef d’état-major de la marine de 1936 à 1942 et le général d’aviation Joseph Vuillemin, la diplomatie n’étant pas le fort de Pierre Harcourt de Villeneuve.

Cavalier puis muté dans l’infanterie, ayant commandé au front durant le premier conflit mondial, il avait pourtant stagné dans l’immédiat après guerre. Protégé du général Estienne, il défend farouchement la mécanisation et la motorisation, vantant l’idée d’un couple char-aviation autour duquel l’armée devait s’organiser.

Traumatisé comme beaucoup par les boucheries du premier conflit mondial, il veut frapper vite et fort un ennemi potentiel pour éviter de s’enliser dans un conflit interminable

Quand la défensive devient la philosophie à la mode, sa carrière stagne et il ne devient général de brigade qu’à l’àge de 51 ans en 1934. Général de division en 1937, il bénéficie de la protection de Paul Reynaud qui l’impose en juin 1940 comme nouveau chef d’état major de l’Armée.

Le contraste est saisissant avec Gamelin, un bon général certes mais prudent et réservé. Tout le contraire avec son successeur, un colosse fort en gueule dont les colères homériques font trembler les murs du château de Vincennes qui en ont pourtant vu en plusieurs siècles d’histoire. Il épuise ses collaborateurs qui pourtant lui restent fidèle car il est aussi exigeant avec eux qu’avec lui même.

Il accentue encore la mécanisation et la modernisation de l’armée de terre (la seule sur laquelle il à une autorité pleine et entière via un partisan de ses thèses _une créature diront les mauvaises langues_, le général de Ganelon), la réforme totalement .

Il allège notamment la Ligne Maginot qui retrouve sa fonction de bouclier alors qu’elle avait tendance à absorber les unités comme une éponge, perdant sa fonction initiale qui était d’économiser le nombre d’unités de combat.

La presse anglo-saxonne sous le charme _il parlait couramment anglais, sa deuxième épouse étant américaine_ après une tournée en Grande Bretagne et aux Etats-Unis au printemps 1944 le surnommera ainsi le «Patton français» pour son énergie et son mauvais caractère, les deux hommes se rencontrant et liant une amitié qui se révéla fructueuse dans les circonstances dramatiques du second conflit mondial, amitié d’autant plus forte qu’ils entretenaient de mauvaises relations avec le général Bernard Montgomery.

Le 14 mars 1944, le président Tardieu doit démissionner suite à une attaque cérébrale dont les séquelles l’emporteront à Menton le 15 septembre 1945 (il sera enterré au cimetière du Père Lachaise).

Le nouveau président du Sénat, Léon Lauvray assume un interim jusqu’au 14 mai 1945 quand est organisé un nouveau scrutin présidentiel qui voit l’élection de Paul Reynaud par 42500 voix contre 26900 voix pour Edouard Daladier et 5600 voix pour Pierre Cot.

 

Paul Ramadier

Le nouveau président de la République nomme au poste de Président du Conseil, Paul Ramadier, un ancien socialiste rallié au PSF qui mène une politique autoritaire, accentuant encore davantage la politique déjà menée par le PSF.

Les élections législatives du 30 avril et du 7 mai sont une confirmation de l’emprise du Parti Social Français (PSF) qui augmente son groupe parlementaire avec 298 députés au détriment du Parti Radical avec 80 députés et la Fédération des Républicains Indépendants avec 100 députés soit un total de  478 députés, la gauche disposant de 129 députés avec 45 pour le PCF et 84 pour la SFIO.

Cette XVIIIème législature poursuit la politique de la précédente mais prépare déjà l’après guerre en autorisant le vote des femmes et préparant ce qu’on appellera l’Etat providence bien que l’application de la majorité des mesures soit reporté à des circonstances plus favorables.

Le contexte n’est en effet guère favorable à la générosité puisque le 8 mars 1943, les S.S ont mené un coup d’Etat. Le Kronprinz soupçonné de vouloir s’entendre avec Paris et Londres est expulsé du territoire allemand. Exilé au Canada, il mouru en 1951 des suites d’une crise cardiaque.

Le triumvirat Borman-Himmler-Goering se fissure après qu’Himmler se soit proclamé Führer avec Reynhard Heydrich comme chancelier.

Goering est limogé de son poste de maréchal de l’air et commandant en chef de la Luftwafe alors que Borman parvient un temps à conserver la direction du NSDAP avant de se réfugier à Munich imité par Goering qui s’installe à Bonn.

Les germes de la guerre civile sont semés, germes qui éclatent au mois de septembre 1943 qui vont ensanglanter l’Allemagne jusqu’en mai 1945. Borman capturé dans une ferme proche de Salzbourg est exécuté après une parodie de procès le 7 mai 1945 à la prison de Plotenzee à Berlin alors que Goering avait été tué dans le bombardement de Bonn le 4 décembre 1944.

La France comprend que les temps difficiles s’annonce. Les premières mesures d’Himmler concernent d’ailleurs l’armée qui bénéficie des largesses du nouveau régime, nouveau régime où Heydrich va imposer son emprise, les facultés intellectuelles du chef de la S.S, Himmler étant assez limitées.

En septembre 1946, un réseau d’espionnage allemand est démantelé en France. Dirigé par l’Abwehr de l’amiral Wilhelm Canaris, il conduisait jusqu’au cabinet du ministre de la Guerre, Edouard Daladier qui doit démissionner puisque son conseiller diplomatique, David Guillaume était un agent allemand sous le nom de code de «Gunther».

Le président Reynaud et le président du Conseil Ramadier lui offrent cependant un exil doré puisqu’il est nommé Ambassadeur de France à Washington où il doit convaincre Charles Linbergh, président depuis 1944 et sa victoire sur Roosevelt de soutenir les alliés en cas de guerre avec l’Allemagne ce qui n’est pas chose aisée tant sont évidents les penchants pacifistes et pro-nazis du premier homme à avoir traversé l’Atlantique en avion.

Les élections du 25 avril et du 2  mai 1948 marquent un relatif changement de configuration politique. Si le PSF reste le premier parti à la Chambre des Députés, il perd près de trente députés passant de 298 à 260 députés, le parti Radical passe de 80 à 75 députés et le Mouvement Républicain Populaire (nouveau nom de la FRI) passe de 100 à 80 députés soit un total 415 députés, la gauche disposant donc de 208 députés répartis entre la SFIO (120) et le PCF (88).

Au pouvoir depuis huit ans, le PSF est usé par la gestion quotidienne de la France. L’économie en pleine expansion est encore florissante, portée par le réarmement mais la question de l’endettement et de la faiblesse du franc inquiète les épargnants.

Seules les tensions extérieures semblent avoir évité au PSF une défaite électorale majeure et sans le déclenchement du second conflit mondial, qui sait si aux élections de 1952, les français auraient envoyé une nouvelle majorité.

Le 5 septembre 1948, des raids aériens allemands sur le Danemark et la Norvège marque le début de la Deuxième Guerre Mondiale. Aussitôt Paris et Londres déclarent la guerre à l’Allemagne et décide d’apporter leur concours à la Norvège qui semble vouloir résister sous la direction d’un roi énergique, Haakon VII.

 

Haakon VII roi de Norvège