Allemagne (29) Aéronavale (1)

AERONAVALE

Avant-Propos

-Durant le premier conflit mondial, la Kaiserliche Marine à utilisé des avions, des hydravions et des dirigeables pour éclairer la flotte, les avions et les hydravions disposant de bâtiments base, des navires auxiliaires et non de véritables navires de combat mis à part le croiseur léger Stuttgart capable de filer à 24 noeuds et donc de suivre cuirassés et croiseurs de bataille.
-Le traité de Versailles interdit à la marine allemande de posséder des avions et des hydravions même si cette interdiction comme les autres fût rapidement contournée.
-L’arrivée au pouvoir des nazis aurait du permettre à l’aéronavale allemande d’atteindre un niveau correct, comparable à notre Aviation navale et à la Fleet Air Arm (FAA) britannique.

Hélas, elle se heurta à plusieurs problèmes dont un de taille, le Gros Hermann Goering, le chef de la Luftwafe (entre autres titres) qui considère que «tout ce qui vole m’appartient» et s’oppose avec la dernière énergie à la constitution d’une aéronavale autonome.

Résultat, la Marineflieger ne dispose en septembre 1939 que de quelques hydravions de reconnaissance, de patrouille maritime au sein d’unités isolées.

La perspective de la construction des porte-avions permet aux aviateurs de la marine allemande d’espérer un changement de situation même si les groupes aériens devaient dépendre de la Luftwafe.

La guerre civile est une heureuse surprise pour la Marineflieger rebaptisée Kriegsmarine FliegerKorps (KFK) en 1944.

-Herman Goering est éliminé et la Luftwafe doit faire profil bas. La marine ayant choisit dès l’origine le «bon camp», elle bénéficie de nombreuses largesses et l’amiral Raeder ne se prive pas de récupérer toute autorité sur l’aviation amenée à opérer en mer à savoir les unités d’hydraviation, d’aviation basée à terre ainsi que des quatre groupes embarqués (Tragergruppe).

-Si l’hydraviation et les groupes embarqués lui appartenait en propre depuis septembre 1942, l’aviation basée à terre dépendait encore de la Luftwafe, situation qui perdura jusqu’en septembre 1945 quand le KFK regroupe tous les avions et hydravions.

En septembre 1948, le KFK dispose de quatre groupes embarqués, de quatre Geschwader basés à terre composés d’avions de patrouille maritime/assaut aéromaritime et de deux groupes d’hydraviation (un pour la Baltique et un pour la mer du Nord). On trouve également quelques unités expérimentales d’autogyres, d’essais et d’expérimentation.

Organisation du Kriegsmarine FliegerKorps (KFK)

Introduction

-En septembre 1939, la Kriegsmarine dispose d’un petit commandement appelé Marineflieger qui regroupe sous l’autorité du Führer der Seelufstreitkräfte (commandant des forces aériennes à la mer) des unités isolées, des hydravions et quelques avions en l’occurence ceux du Tragergruppe 186 appelé à servir à bord du Graf Zeppelin.

Représentation du porte-avions Graf Zeppelin à la mer

Représentation du porte-avions Graf Zeppelin à la mer

-Les unités existantes en septembre 1939 se sont toutes transformées en neuf ans. A l’exception des staffel du Tragergruppe 186 encore existant, toutes ont été démantelées pour former de nouvelles unités en prelevant le personnel compétant (pilotes, administratif et rampants)

-Neuf ans plus tard en septembre 1948, la situation s’est donc radicalement transformée. Non seulement la marine à toute autorité sur son aviation (autorité administrative et opérationelle) mais le KFK _nouveau nom du Marineflieger_ est nettement plus musclé que son devancier avec quatre groupes aériens embarqués (contre cinq pour la France mais seulement deux peuvent être déployés en mer du Nord), quatre escadres (Geschwader) destinés à l’action aéromaritime depuis la terre et deux groupes d’hydraviation regroupant les hydravions embarqués et basés à terre.

Situation en septembre 1939 et évolution

Quand éclate la guerre de Pologne, le Marineflieger dispose des unités suivantes :

!heinkel He115B

!heinkel He115B

-1. (M)/KuFlGr 106 stationnée à Nordenay avec des hydravions Heinkel He60 puis rapidement des Heinkel He 115

-2. (F)KüFlGr 106 stationnée à Nordenay avec des Dornier Do18

-3. (Mz) 106 stationnée à Nordenay avec des Heinkel He59

-1. (M)KuFlGr 306 stationnée à Nordenay avec pour équipement des Heinkel He60

-1. (M)KuFlGr 406 stationné à List sur l’île de Sylt avec pour équipement des Heinkel He60 et He115

-2. (F)KuFlGr 406 stationné à List sur l’île de Sylt avec pour équipement des Dornier Do18

-3.(Mz)/406 stationné à List sur l’île de Sylt avec pour équipement des Heinkel He59

-1. (M)KuFlGr 506 stationné à Dievenow en Poméranie et équipé d’Heinkel He60

-2. (F)KuFlGr 506 stationné à Dievenow en Poméranie avec pour équipement des Dornier Do18

-3. (Mz)506 stationné à Dievenow en Poméranie avec pour équipement des Heinkel He59

Dornier Do18

Dornier Do18

-2. (F)KuFlGr 606 stationné à Dievenow en Poméranie avec pour équipement des Dornier Do18

-1. (M)/KüFiGr 706 stationné à Kamp avec pour équipement le Heinkel He60

-3.(Mz)/706 stationné à Kamp avec pour équipement le Heinkel He59
-1/Bordfliegergruppe 196 stationné à Wilhelhmshaven dispose des hydravions Heinkel He60, des Heinkel He114 remplacés rapidement par des Arado Ar196. Les hydravions de cette unité sont destinés à embarquer sur les Panzerschiffe

-5/Bordfliegergruppe 196 stationné à Kiel-Holteneau dispose d’hydravions Heinkel He60 et de Heinkel He114

-4.St/TRG 186 (Tragergruppe 186) stationné à Kiel-Holteneau avec pour équipement des Heinkel He60 et des Junkers Ju87

-5.J/TRG 186 (Tragergruppe 186) stationné à Kiel-Holteneau avec pour équipement des Bf109C et T

-6.J/TRG 186 (Tragergruppe 186) stationné à Kiel-Holteneau avec pour équipement des Bf109C et T

La réorganisation de septembre 1942 voit la création d’un véritable état-major de l’aéronavale stationné à Wilhelhmshaven appelé OberKommando der Marineflieger OKMf devenu ultérieurement OberKommando der KFK. Il à autorité sur deux commandements régionaux, le premier couvrant la Baltique et le second la mer du Nord.

Chaque commandement à sous son autorité des escadres (Geschwader) regroupant elles mêmes des groupes (Gruppe) formés d’escadrilles (Staffel)

Ces escadres sont soit des entités spécialisées ou à multi-spécialités comme les Tragergruppe, les groupes aériens embarqués des quatre porte-avions que possède la Kriegsmarine en septembre 1948.

Allemagne (9) porte-avions

PORTE-AVIONS

Avant-Propos
-Allemagne longtemps rétive à l’aviation embarquée en raison d’une géographie peu propice à la mise en œuvre de porte-avions, l’absence de colonies et de routes commerciales à protéger sans oublier une mentalité continentale, peu à l’aise avec l’Océan.
-Quelques tentatives durant le premier conflit mondial mais la Kaiserliche Marine est bien en retard par rapport aux autres belligérants.

-Le réarmement naval engagé au début des années trente relance la question du porte-avions.

-Principal obstacle : la Luftwafe et son commandant, Goering qui par un impérieux « Tout ce qui vole m’appartient » bloque longtemps tout constitution d’une aéronavale autonome. Il faudra attendre son élimination politique et physique pour que l’aéronavale embarquée devienne au pays de Goethe une réalité tangible et concrète.

-Une fois l’ordre rétablit, la Kriegsmarine décide de développer son outil aéronaval moins en raison de besoins évidents qu’en raison du développement des aéronavales britanniques et françaises.
-Devant combattre sous un ciel disputé, l’utilité du porte-avions devient évidente pour couvrir la flotte de ligne mais également pour attaquer les cuirassés et les croiseurs de bataille ennemis.
-Quatre porte-avions, deux d’escadre et deux légers, projets de conversion de paquebots et de navires marchands pour fournir des porte-avions austere.
Les différents porte-avions allemands

Porte-avions classe Graf Zeppelin

Représentation du porte-avions Graf Zeppelin à la mer

Représentation du porte-avions Graf Zeppelin à la mer avec un Ju-87C à l’appontage

-Le projet est dévellopé à partir de 1934, l’accès est mis sur la rapidité et un armement antisurface conséquent pour pouvoir affronter des croiseurs.

-Travail d’autant plus considérable que l’Allemagne n’à pu bénéficier d’essais menés à bord des navires pionniers que sont les Béarn, Furious, Langley et autres Hosho. Le Japon transmet de précieuses informations à son allié allemand.

-Le KMS Graf Zeppelin (Flugzeugträger A) est mis sur cale aux chantiers navals Deutsche Werke de Kiel le 28 décembre 1936 et lancé lé 8 décembre 1938 en présence d’Hitler et de Goering. Il est mis en service en le 23 février 1941.
Il intègre le BdL qui devint ultérieurement à la Hochseeflot, hors rang, en soutien des différentes escadres. La mise en service de son sister-ship Peter Strasser (septembre 1943) permet l’activation de la Flugzeugträger Division der Hochseeflot.

Cette FDH devient la Erste Flugzeugträger Division der Hochseeflot quand sont mis en service les porte-avions Lutzen et Bautzen qui forment une Zweite Flugzeugträger Division bien qu’elle soit intégrée au BdA (Befehshaber der Auflkärungsstreitkräfte _commandement des navires éclaireurs_) en compagnie des croiseurs lourds et légers.

Pour l’opération Weserübung, il est engagé à Trondheim en compagnie notamment du cuirassé Hindenburg et du croiseur lourd Tegetthoff.

-Le KMS Peter Strasser est mis sur cale aux chantiers navals Germaniawerft de Kiel le 8 septembre 1938 lancé le le 1er septembre 1941 et mis en service le 7 septembre 1943. Comme son sister-ship, il est stationné en Baltique à Swinnenmunde.

Dans le cadre de l’opération Weserübung, le porte-avions et deux destroyers d’escorte Z.37 et Z.38 gagnent la Baltique pour dissuader la marine soviétique d’intervenir.
Il effectue donc des ronds dans l’eau au large de Dantzig et de Memel jusqu’au 12 octobre 1948 quand il va accompagner en mer du Nord le cuirassé Tirpitz qui venait d’achever son grand carénage qui l’avait empêcher de participer aux premières opérations du second conflit mondial.
Caractéristiques Techniques

Déplacement : standard 31000 tonnes pleine charge 33500 tonnes

Dimensions : Longueur (hors tout) 257.50m avec l’étrave droite et 262.50m avec l’étrave Atlantique (Atlantikbüg) Largeur (hors tout) 31.50m Tirant d’Eau : 7.30m lège et 8.50m à pleine charge

Propulsion : Quatre turbines à vapeur Brown-Boveri alimentées en vapeur par seize chaudières La Mont (70 kg/cm² et 450°) dévellopant une puissance totale de 200000ch et entrainant 4 hélices.

Deux propulseurs retractables Voith-Schneider installés à l’étrave permettant de propulser le navire à 3 ou 4 noeuds ce qui facilite les manoeuvres portuaires et permet de maintenir le navire en position durant les opérations aériennes.

Performances : vitesse maximale 35 noeuds distance franchissable : 8000 miles à 19 noeuds

Protection : Ceinture blindée de 135m de long et de 4m de haut d’une épaisseur maximale de 100mm réduite à 80mm sur les côtés. Pont blindé de 60mm, pont d’envol protégé par 20mm sauf autour de l’ascenseur arrière (22mm) de l’ascenseur central (38mm) et de l’ascenseur avant (25mm).

Le local barre est protégé par des plaques verticales de 60 à 80mm et des plaques horizontales de 60mmn et les Voith Schneider sont protégés par 20mm de blindage.

Au final la protection pèse 5000 tonnes soit 1/6 du navire.

Armement : 16 canons de 150mm SK C/28 en huit casemates doubles installés à tribord avant, tribord arrière, babord avant et babord arrière; 12 canons de 105mm antiaériens SKC/33 en six tourelles doubles installés devant et derrière l’ilôt; 22 canons de 37mm en onze affûts doubles et 28 canons de 20mm en sept affûts quadruples.
Installations Aéronautiques :

-Pont d’envol de 242m de long sur 30m de large

-Hangar supérieur de 185m de long sur 16m de large et 2.80m de haut

-Hangar inférieur de 172m de long sur 16m de large et 2.51m de haut

-Deux catapultes pneumatiques installés à l’avant. Alimentées par des bouteilles d’air comprimée, chaque catapulte ne peut lancer que 9 appareils avant que les bouteilles ne doivent être remplies ce qui prend cinquante minutes.

-Dix Brins d’arrêts

-Trois ascenseurs axiaux

Groupe aérien : à l’origine 50 appareils dont 10 chasseurs Messerchmit Me109T, 20 bombardiers en piqué Junkers Ju87C et 20 avions torpilleurs Fieseler Fi167.
Ultérieurement, le groupe est porté à 52 appareils avec 24 chasseurs Me 109T, de 16 bombardiers en piqué Junkers Ju-87C et de 12 avions-torpilleurs Fieseler Fi167 soit un total de 52 appareils.
Avant le déclenchement du second conflit mondial, les Me-109T sont remplacés par des Focke-Wulf Fw 195 _version embarquée du Fw 190_ alors que les Ju-87C et le Fi167 sont toujours en service.
Equipage : 1720 officiers et marins pour la conduite du navire et 306 hommes pour le groupe aérien soit un total de 2026 hommes
Porte-avions légers classe Lutzen

Les Lutzen sont l'équivalent allemand des Colossus franco-britanniques (ici le HMS Colossus) à la différence que les navires allemands sont construits selon des normes militaires

Les Lutzen sont l’équivalent allemand des Colossus franco-britanniques (ici le HMS Colossus) à la différence que les navires allemands sont construits selon des normes militaires

-Les allemands se demandent quels porte-avions pour compléter les Graf Zeppelin. Une redite des Graf Zeppelin et Peter Strasser était rejetée, il fallait imaginer un porte-avions plus léger.
-Plusieurs projets furent concurrents : une version allégée des Graf Zeppelin, des porte-avions légers de défense aérienne embarquant uniquement des chasseurs et des porte-avions légers semblables aux Colossus/Alienor d’Aquitaine même si là il s’agit de vrais navires militaires.
Plusieurs projets s’opposèrent pour ces deux porte-avions légers. Les archives ayant été en partie perdues , il est difficile de connaître tout du projet mais ce qui est certain c’est que trois projets majeurs eurent un temps les faveurs des architectes et des opérationnels allemands :
-Le troisième projet est choisit, les navires baptisés Lutzen et Bautzen disposant d’une coque inspirée des croiseurs lourds classe Graf Spee avec une architecture américaine minorée par une étrave fermée.
-Le KMS Lutzen est mis sur cale aux chantiers navals Dantziger Werft le 8 septembre 1945 lancé le 14 mars 1947 et mis en service le 8 mars 1948. Il est stationné à Kiel en compagnie de son sister-ship.Pour l’opération Weserübung, il couvre la force d’assaut chargée de la prise de la petite ville de Bodo.
-Le KMS Bautzen est mis sur cale aux chantiers navals Germaniawerft de Kiel le 15 septembre 1945 lancé le 4 avril 1947 et mis en service le 1er juin 1948 à Kiel son port d’attache ainsi que celui Lutzen.

Dans le cadre de l’opération Weserübung, le Bautzen doit participer à la couverture du flanc sud de la Norvège et plus précisément de la force d’assaut chargée de la conquête de Bergen.
Caractéristiques techniques des porte-avions légers classe Lutzen

Déplacement : standard 15000 tonnes pleine charge 18000 tonnes

Dimensions : longueur 210m largeur (flottaison) 24.00m tirant d’eau (en charge) 8.02m

Propulsion : turbines à engrenages alimentées par quatre chaudières Brown-Boveri dévellopant une puissance totale de 52000ch et entrainant deux hélices

Performances : vitesse maximale 27 noeuds distance franchissable 12000 miles nautiques à 14 noeuds

Armement : 32 canons de 37mm en seize affûts doubles et 24 canons de 20mm en douze affûts doubles

Installations aéronautiques et Groupe aérien :

-Une catapulte à l’avant

-Deux ascenseurs axiaux

-Hangar de 135.63×15.84×5.33m

-Dix brins d’arrêt.

Groupe aérien : dix-huit Messerschmitt Me-109T, six Junkers Ju-87C et huit Fieseler Fi169 soit un total de trente-deux appareils

Equipage : 42 officiers et 777 officiers mariniers et quartiers maitres et matelots pour la conduite du navire et environ 200 hommes pour le groupe aérien soit un total de 1019 hommes
Projets non aboutis avant guerre et études théoriques

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Schéma du projet original de Kleinen Flugzeugträger

Schéma du projet original de Kleinen Flugzeugträger

-Reprise du projet des Kleinen Flugzeugträger de 6000 tonnes qui devient les Neue Kleinen Flugzeugtrager avec une DCA légère et un groupe aérien composé de chasseurs et d’avions d’assaut. Six à douze navires sont envisagés.
-La construction de dérivés des Lutzen est également étudiée.

-Les projets suivants sont plus hypothétiques, plus fumeux dirons-nous avec des porte-avions d’escadre de 58000 tonnes (avec pont blindé de 100mm soit 24mm de plus que les Illustrious !), un groupe aérien de 100 appareils mais également des hybrides combinant aviation embarquée et des canons lourds de 203 ou de 280mm.

-Outre les constructions neuves, la conversion de paquebots et de navires marchands en porte-avions à été envisagée, une solution à moindre coût et espérée plus rapide que la construction d’un navire dédié. Les projets les plus sérieux concernent les paquebots Gneiseneau Postdam et Europa.

paquebot Gneisenau

paquebot Gneisenau

-Quand éclate la seconde guerre mondiale, les paquebots Europa, Gneiseneau et Postdam sont réquisitionnés par la marine allemande.

Le premier est transformé en navire-hôpital et rallie Oslo le 13 septembre 1948 où ancré dans le port, il va accueillir les blessés allemands et certains prisonniers alliés gravement blessés alors que les deux autres transformés en transport de troupes vont rallier Trondheim pour le premier et Bergen pour le second.

Si le Gneiseneau parvient à destination et y débarque ses 12000 hommes d’une division d’infanterie, le Postdam est torpillé par un sous-marin britannique. Le temps clément et la lenteur du naufrage explique que sur les 9000 hommes embarqués, seulement 125 ont été tués et 250 portés disparus.

Allemagne (3) : Histoire de la Kriegsmarine

KRIEGSMARINE : UNE BREVE HISTOIRE

Dans cette partie, je vais parler de l’histoire de la marine allemande jusqu’en septembre 1948. Bien que j’ai promis de faire synthétique et concis, il me semble important de parler de l’histoire de la marine allemande y compris de la Kaiserliche Marine. Rassurez-vous je vais rester concis sans entrer dans des détails rendant la lecture indigeste.

La Kaiserliche Marine

-Etat récent, puissance continentale, la marine allemande reste longtemps d’une puissance modeste, une force destinée essentiellement à la défense côtière.

-La Kaiserliche Marine est officiellement créée en 1871 quand est proclamé le Deuxième Empire Allemand dans la galerie des glaces du château de Versailles. Elle succède à la marine de la Confédération d’Allemagne du Nord créée en 1867 à partir de la marine prusienne.

-Bismarck ayant une politique européenne, isolant la France, il ne peut se permettre de braquer la Grande-Bretagne avec une politique d’expansion navale et coloniale.

-Le nouvel empereur Guillaume II rêve d’expansion coloniale, d’une politique mondiale (Weltpolitik) souhaite dévelloper une puissante marine, le petit-fils de Victoria se reconnaissant bien là.

Le GrossAmiral Tirpitz qui mit en musique les volontés navales de Guillaume II

Le GrossAmiral Tirpitz qui mit en musique les volontés navales de Guillaume II

-Cela entraine le départ de Bismarck en 1890, laissant le champ libre à Guillaume II et à l’amiral Tirpitz qui en ministre de la Marine va mettre en musique les volontés du Kaiser.

-Partant de rien, les deux hommes vont offrir à l’Allemagne une puissante flotte de haute mer (Hochseeflote) certes inférieure à la Home Fleet de la Royal Navy qui peut poser des problèmes dans le cadre d’une stratégie de Fleet-in-Being ou flotte en attente, une flotte dont sa seule présence obligera la marine plus puissante à maintenir une vigilance telle qu’elle sera limitée ou corsetée dans ses choix tactiques et stratégiques.

-La Kaiserliche Marine connait une guerre contrastée avec des affrontements indécis avec la marine britannique. Seuls les sous-marins font craindre le pire à la Grande-Bretagne au bord de l’étranglement au prix de l’entrée en guerre des Etats-Unis suis à la guerre sous-marine à outrance.

Le SMS Bayern

Le SMS Bayern

-Les cuirassés et les croiseurs de bataille allemands ont bientôt des aussières en béton ce qui influe gravement sur le moral des marins qui travaillés par la propagande bolchevique se mutinent précipitant la défaite de l’Allemagne et l’abdication de Guillaume II.

B-Le sabordage de Scapa Flow et la Reichmarine (1919-1935)

L’armistice est signé le 8 novembre 1918 et entre en vigueur trois jours plus tard le 11. Se pose alors la question de l’avenir de la marine allemande dont les plus beaux fleurons sont provisoirement internés à Scapa Flow dans les Orcades en attendant que son sort final soit tranché.

-Apprenant la livraison de la flotte aux alliés, l’amiral Reuter donne l’ordre de saborder la flotte en profitant de l’absence de la Home Fleet en manoeuvres. Ainsi finit la Kaiserliche Marine.

B-De la Vorlaüfige ReichsMarine à la Kriegsmarine (1919-1935)

-A la Kaiserliche Marine, succède dès le 16 avril 1919, la Vorlaüfige Reichsmarine ou marine provisoire, composée des rares unités que les alliés acceptent de laisser en Allemagne. Autant dire des navires sans aucune valeur militaire.

-Le traité de Versailles limite la marine à 15000 hommes dont 1500 officiers avec seulement huit vieux pré-dreadnought, huit croiseurs légers, seize contre-torpilleurs et seize torpilleurs.

-L’aéronautique navale est interdite tout comme les sous-marins et les navires de plus de 10000 tonnes armés de canons supérieurs à 280mm.

-Le 31 mars 1921, la Vorlaüfige Reichsmarine cède la place à la Reichsmarine qui doit faire avec des moyens réduits. Ainsi sur les huit pré-dreadnought accordés seulement six pourront être utilisés, six sur huit croiseurs légers, seize contre-torpilleurs, seize torpilleurs, trente-sept dragueurs de mines et différents navires auxiliaires.

-La Reichsmarine commence son dédéveloppement partir de 1928 sous l’impulsion de l’amiral Raeder. L’objectif est d’obtenir une marine capable de jouer le rôle d’une Fleet-in-Being pour forcer la France à infléchir sa politique.

-La mise en service du Deutschland, un cuirassé rapide peu protégé mais très endurant avec sa propulsion diesel provoque la stupeur dans les marines étrangères et est indirectement à l’origine de la course aux 35000 tonnes.

Le cuirassé de poche KMS Deutschland en 1936

Le cuirassé de poche KMS Deutschland en 1936

-Plan d’armement décidé en 1932, un plan officiel pour remplacer les unités existantes et un plan clandestin d’expansion qui prévoyait la construction de nouvelles unités entre 1936 et 1943.

-Après l’arrivée des nazis au pouvoir, un nouveau plan d’expansion sur cinq ans est proposé,le plan X un plan nettement plus ambitieux avec cinq cuirassés de poche, deux croiseurs porte-avions, cinq croiseurs lourds, un croiseur léger, vingt-deux contre-torpilleurs, dix-huit torpilleurs et vingt-deux sous-marins.

-Le 21 mai 1935, la Reichsmarine (marine du Reich) devient la Kriegsmarine (marine de guerre), un changement de nom qui en dit long.

C-Dévellopement et opérations : La Kriegsmarine (1935-1939)

-Le développement de la Kriegsmarine est favorise par l’accord naval anglo-allemand (Anglo-German Naval Agreement/Deutsch-britisches Flottenabkomen) signé le 18 juin 1935 qui officialise le développement de la marine allemande.

-Cet accord permet à la Kriegsmarine d’avoir un tonnage global équivalent à 35% de celui de la Royal Navy et 45% pour les sous-marins.

-Aux trois Deutschland succède deux croiseurs de bataille, les Scharnhorst et Gneiseneau armés de trois tourelles triples de 280mm en attendant la disponibilité des tourelles doubles de 380mm.

-31 décembre 1936 : le traité de Washington expire, libérant tout le monde des limitations imposées en février 1922 même si l’Allemagne n’était pas officiellement concernée.

-Plusieurs tranches de construction pour faciliter la montée en puissance avec trois cuirassés, deux porte-avions, trois croiseurs lourds, six contre-torpilleurs, dix-huit torpilleurs, quarante-six sous-marins, des navires légers et des navires auxiliaires.

Ces tranches construites sont les prémices d’un plan nettement plus ambitieux. Baptisé Plan Z, il doit doter l’Allemagne d’une marine océanique dont la puissance n’aurait rien à envier à celle de la défunte Kaiserliche Marine.

-Genèse chaotique de ce plan d’expansion : plusieurs hypothèses et une multiplication des classes de navires, des objectifs contradictoires (marine de guerre de course ou Fleet-in-Being) expliquant ce cafouillage.

-La première version de décembre 1938 prévoit six cuirassés type H (H, J,K,L,M et N, le I étant sauté pour éviter la confusion avec le chiffre romain), douze cuirassés de poche améliorés(Verbessertes Panzerschiff), deux porte-avions de 12000 tonnes, seize croiseurs légers, vingt-deux croiseurs-éclaireurs, trente-huit contre-torpilleurs, quatre-vingt dix torpilleurs, deux-cent quarante-neuf sous-marins, soixante-quinze vedettes lance-torpilles, dix mouilleurs de mines, cent-douze dragueurs de mines, quarante-huit R-Boot, deux bâtiments-base pour dragueurs de mines et douze escorteurs.

-Deuxième mouture en janvier 1939 avec une accélération du calendrier, le remplacement des cuirassés de poche par des croiseurs de bataille, la réduction à douze du nombre de croiseurs légers, la suspension des croiseurs éclaireurs et l’augmentation du nombre de sous-marins à 291.

-Si cette mouture avait été adopté, la marine allemande aurait disposé de seize navires de ligne (six type H, deux Bismarck, deux Scharnhorst à canons de 380mm, trois croiseurs de bataille type O et trois cuirassés de poche), quatre porte-avions, cinq croiseurs lourds, douze croiseurs légers (plus six options pour remplacer les croiseurs légers existants), vingt-deux croiseurs éclaireurs, soixante-huit contre-torpilleurs, quatre-vingt dix torpilleurs, 291 sous-marins, 85 vedettes lance-torpilles, 10 mouilleurs de mines, 112 dragueurs de mines type M, 48 R-Boote, 12 canonnières, 10 escorteurs type F et 8 avisos coloniaux, douze bâtiments-base spécialisés.

-La guerre de Pologne surprend la marine de guerre allemande en pleine croissance. Heureusement le conflit est bref et la menace navale polonaise inexistante, la majorité des navires modernes ralliant la Grande Bretagne et constituant l’embryon d’une marine polonaise libre sous commandement britannique.

-Pour ce bref conflit (1er septembre-15 décembre 1939), la Kriegsmarine engage ses sous-marins et ses raiders dans l’Atlantique ainsi que des moyens non négligeables en mer Baltique à savoir trois croiseurs légers, sept destroyers, huit vedettes lance-torpilles, des unités de soutien et deux vieux pré-dreadnought modernisés, les cuirassés Schliesen et Schleswig-Holstein.

-Aucun affrontement de surface, les navires allemands menacés par les sous-marins et les mines servant de force de bombardement. La campagne s’achève dès le 2 octobre pour la Kriegsmarine.

-Ailleurs, elle coule porte-avions HMS Courageous et le paquebot Athena mais perd le cuirassé Admiral Graf Spee sabordé le 17 décembre 1939, deux jours après la fin du conflit, les alliés ayant refusé un sauf-conduit au navire refugié à Montevideo.

D-Le plan Z définitif et la montée en puissance de la Kriegsmarine (1941-1948)

-Le Plan Z définitif est validé en juin 1941, les tranches 1938/39 et 1939/40 du plan originel sont néanmoins maintenues

-Tranche 1938/39 : un cuirassé type H (J), trois croiseurs légers (N/O/P), six contre-torpilleurs, trois torpilleurs, 33 sous-marins, quatre vedettes lance-torpilles, six avisos-dragueurs type M, huit R-Boote, deux navires-dépôts pour U-Boot et deux brise-glace.

-Tranche 1939/40 : un cuirassé type H (K), un croiseur de bataille type O (O), deux croiseurs légers (Q et R), dix contre-torpilleurs, trois torpilleurs, 33 sous-marins, 31 vedettes lance-torpilles, huit aviso-dragueurs, huit R-Boote et un navire-dépôt pour sous-marins.

-Les tranches précédentes prévoyaient la construction de trois cuirassés, deux croiseurs de bataille, trois cuirassés de poche (dont un déjà perdu dans l’Atlantique Sud), cinq croiseurs lourds (un revendu à la Russie au titre du pacte germano-soviétique), sept croiseurs légers, vingt-huit contre-torpilleurs, trente-trois torpilleurs et quatre-vingt deux sous-marins.

Les deux tranches du plan Z initial ajoute deux cuirassés, un croiseur de bataille, cinq croiseurs légers, seize contre-torpilleurs, six torpilleurs, soixante-six sous-marins, trente-cinq vedettes lance-torpilles, quatorze avisos-dragueurs et quatorze R-Boot, trois navires-dépôt et deux brise-glace.

-La Tranche 1940/41 finance la construction d’un cuirassé type H (L), un croiseur de bataille type O (P), un croiseur léger, six contre-torpilleurs, six torpilleurs, neuf aviso-dragueurs type M et deux pétroliers-ravitailleurs.

-La tranche 1941/42 prévoit la construction d’un croiseur de bataille type O (Q), d’un croiseur lourd, d’un porte-avions léger, de quatre contre-torpilleurs, de six torpilleurs, de neuf aviso-dragueurs type M, de douze sous-marins, de onze vedettes lance-torpilles et d’un ravitailleur.

-La tranche 1942/43 finance la construction d’un cuirassé type H Mod. (M), d’un porte-avions léger, de deux croiseurs légers antiaériens, de quatre contre-torpilleurs, de six contre-torpilleurs et de neuf aviso-dragueurs de mines type M.

-La Tranche 1943/44 prévoit la construction d’un croiseur de bataille type O (R), d’un croiseur lourd, de deux torpilleurs, de douze sous-marins, de douze escorteurs et d’un pétrolier.

-La Tranche 1944/45 finance la construction de deux cuirassés type H Mod. et O), d’un croiseur lourd, de deux croiseurs légers antiaériens, de deux torpilleurs légers, de six sous-marins et d’un ravitailleur.

-La Tranche 1945/46 planifie la construction d’un cuirassé type H Mod. (P), d’un croiseur lourd, de deux croiseurs légers antiaériens, de quatre contre-torpilleurs, de six torpilleurs, de douze escorteurs (Neue Geleitboote) et de huit aviso-dragueurs type M.

-Pour lisser les constructions, on abandonne l’idée de planifier de nouvelles tranches couvrant les années 1946/47 et 1947/48. Non seulement ces navires ne seront pas en service au moment du déclenchement du conflit mais la guerre civile à perturbé les approvisionnements et ralentit les constructions.

Au final, le plan Z doit donner le visage suivant à la Kriegsmarine

-Dix cuirassés (deux classe Bismarck, quatre type H et quatre type H modifiés) mais seulement six sont en service, les quatre derniers sont en construction à différents stades d’achèvement quand éclate le second conflit mondial.

-Six croiseurs de bataille (deux de type Scharnhorst et quatre type O)

-Quatre porte-avions

-Dix croiseurs lourds (deux anciens cuirassés de poche et huit croiseurs lourds)

-Quatorze croiseurs légers (cinq croiseurs légers déjà en service en 1939, six de classe Berlin et trois croiseurs légers antiaériens plus trois en construction)

-Cinquante cinq contre-torpilleurs et huit en achèvement à flot

-Quarante-trois torpilleurs et huit en construction

-Cent soixante-dix huit sous-marins

-Soixante-quatre vedettes lance-torpilles (S-Boot)

-Vingt-sept dragueurs de mines plus huit autres en construction quand éclate le second conflit mondial

-Quarante-huit R-Boote

-Vingt-quatre chalutiers armés répartis en quatre flottilles de six navires

-Douze escorteurs (Neue Geleitboote) plus douze en construction ou en achèvement à flot

-Vingt-quatre chalutiers armés de 496 tonnes en quatre flottilles de six

-Sept Geleitboote utilisés comme auxiliaires

-Treize ravitailleurs de différents types

-Trois pétroliers ravitailleurs

– deux tenders pour les flottilles de sous-marins

-deux gardes-pêches,

-quatorze bâtiments de barrage,

-quatre bâtiments hydrographiques et différents auxiliaires et bâtiments d’expérimentation.

-Différents navires amphibies financés hors plan Z avec des LSM, des ferry Siebel et des MarineFährPr (MFP), des pontons automoteurs.