Le Conflit (91) Europe Occidentale (57)

Et les gros dans tout cela ? L’état des grandes unités motomécaniques françaises au moment d’HUBERTUS

Le 10 mai 1949 les forces motomécaniques françaises avaient fière allure avec six divisions cuirassées et huit divisions légères mécaniques rien que pour le territoire métropolitain. Toutes mises à part la 6ème DLM étaient concentrées dans le Nord-Est. Toutes prêtes à foncer en Allemagne.

Quatre mois plus tard hélas les «gros frères» (Divisions Cuirassées) et les «lévriers» (DLM) n’ont pu trainer leurs chenilles sur le sol allemand mais ont combattu bravement dans les plaines belges et sur la terre de France.

Ils ont subit de lourdes pertes mais ont acquis une expérience inestimable et surtout ont bien limé les crocs des différents Panzerkorps.

Au moment de l’opération HUBERTUS, les unités motomécaniques françaises sont regroupés en deux grands ensembles, le 1er Corps de Cavalerie Motomécanique (1er CCM) qui regroupe ce qu’il reste du 3ème C.C et du 2ème CAC et le 2ème Corps de Cavalerie Motomécanique (2ème CCM) issu de la fusion des 1er et 2ème Corps de Cavalerie.

Ces deux CCM sont des unités de marche qui doivent céder la place à de nouvelles entitées une fois le front stabilisé à une date encore incertaine. Déjà dans les bureaux d’état-major, on multiplie les notes, on se déchire sur les noms, sur la composition, disputes qui paraissent futiles quand le sort de la France est en jeu.

A noter que pour une raison de propagande le 1er CAC est restée indépendant et n’à pas intégré l’un des deux CCM.

Justement à quoi ressemble les unités motomécaniques au moment de l’opération HUBERTUS:

-1er Corps de Cavalerie Motomécanique (1er CCM) :

Le 1er CCM regroupe comme nous le savons les restes du 3ème C.C et du 2ème CAC qui après avoir combattu à l’est se sont repliés au sud de La Seine, occupant une position à cheval entre les GA n°1 et GA n°2 pour pouvoir être engagé rapidement à l’ouest et à l’est de Paris en fonction de la menace. Il est placé sous l’autorité directe du chef d’état-major de l’armée de terre.

Les deux GRCA (37ème et 39ème GRCA) ont été dissous de facto faute de véhicules et en raison du manque d’hommes.

Comme le 1er CCM ne peut agir sans unité d’éclairage, décision est prise de recréer un groupement de marche d’éclairage avec des personnels issus des deux GRCA. Il prend le nom «provisoire» de 76ème GRCA (37+39) avec douze AMX-42 et douze AM modèle 1940P.

Le 122ème RALT est choisit comme régiment d’appui pour le 1er CCM, le 339ème RATTT étant provisoirement mis en sommeil.

La 2ème Division Cuirassée est reconstituée sur un modèle allégée avec moins de chars, moins d’infanterie et moins d’artillerie. Il ne dispose plus que de deux bataillons de chars moyens (14ème 27ème BCC), un bataillon de chars lourds (8ème BCC) et un bataillon de chasseurs portés (6ème BCP) sans oublier un régiment d’artillerie le 309ème RAAP réduit à deux groupes, un régiment d’éclairage, le 9ème Régiment de Cuirassiers réduit à deux escadres, des unités d’appui et de soutien.

Cela signifie donc que les 15ème BCC et 17ème BCP ont été dissous, une dissolution à titre provisoire mais on sait que parfois le provisoire peut durer.

La 4ème Division Cuirassée dispose elle de deux bataillons de chars moyens (19ème 44ème BCC), un bataillon de chars lourds (46ème BCC) , deux bataillons de chasseurs portés (11ème 12ème BCP), un régiment d’artillerie le 322ème RAAP réduit à deux groupes au lieu de trois, un régiment de découverte le 12ème Régiment de Cuirassiers réduit à deux escadrons, des unités d’appui et de soutien.

Cela signifie donc que le 47ème BCC à été dissous là aussi à titre provisoire.

La 6ème Division Cuirassée dispose d’un bataillon de chars moyens (57ème BCC), d’un bataillon de chars lourds (54ème BCC), de deux bataillons de chasseurs portés (14ème 18ème BCP), un régiment d’artillerie le 349ème RAAP réduit à deux groupes, un régiment de découverte le 14ème Régiment de Cuirassiers réduit à deux escadrons, des unités d’appui et de soutien.

Cela signifie donc que les 55ème et 56ème BCC ont été dissous là aussi à titre provisoire.

Cet affaiblissement s’explique par les pertes mais aussi par la volonté de préparer la renaissance de l’armée dès que les teutons se lasseront. Le personnel des unités dissoutes quand elles ne sont pas affectées à de nouvelles unités sont chargées de préparer la nouvelle génération des «lévriers» (surnom attribués aux hommes des DLM) et des «gros frères» (surnom attribué aux Divisions Cuirassés, surnom dont ces hommes sont particulièrement fiers car faisant référence aux cuirassiers de la Grande Armée).

La 2ème DLM est reformée sur un modèle réduit avec un régiment de découverte le 8ème Régiment de Cuirassiers réduit à deux escadrons au lieu de trois, un régiment de chars (13ème Régiment de Dragons) et un régiment de dragons portés le 6ème RDP, un régiment d’artillerie le 71ème RADLM réduit à deux groupes, des unités de soutien.

Cela signifie donc que le 1er RDP et le 29ème Régiment de Dragons sont dissous.

La 4ème DLM est reformée avec un régiment de découverte le 5ème Régiment de Cuirassiers réduit à deux escadrons au lieu de trois, un régiment de chars (18ème Régiment de Chasseurs à Cheval) et un régiment de dragons portés le 3ème RDP, un régiment d’artillerie le 73ème RADLM à deux groupes au lieu de trois, des unités d’appui et de soutien.

Cela signifie donc que le 8ème Régiment de Dragons et le 7ème RDP sont dissous.

La 8ème DLM est reformée avec un régiment de découverte le 3ème Régiment de Cuirassiers réduit à deux escadrons au lieu de trois, un régiment de chars (2ème Régiment de Hussards) et un régiment de dragons portés le 14ème RDP, un régiment d’artillerie le 77ème RADLM à deux groupes au lieu de trois, des unités d’appui et de soutien.

Cela signfie donc que le 3ème Régiment de Chasseurs à Cheval et le 13ème Régiment de Dragons Portés ont été dissous.

-2ème Corps de Cavalerie Motomécanique (2ème CCM)

Ce 2ème CCM est issu de la fusion des 1er et 2ème Corps de Cavalerie qui ont été successivement engagés en Belgique puis en France subissant des pertes assez sensibles.

Le 635ème RP (1er C.C/35ème CA) est dissous, ces éléments ralliant le 636ème RP (2ème C.C/36ème CA) qui avait été réduit à un seul bataillon. Avec l’arrivée des hommes de feu le 635ème RP le régiment repasse à deux bataillons.

Les deux GRCA ont survécu mais sont affaiblis. Ils vont former le 71ème GRCA (35 + 36) avec des Hotchkiss H-39 (douze), des AMX-42 (huit) et seize AM modèle 1940P. Comme pour le 1er CCM ce groupement est un groupement de marche qui doit donc normalement disparaître au moment de la reconstitution des unités dès que le tempo des opérations le permettra.

Les 329ème et 359ème RATTT sont maintenus avec leurs deux groupes de 105mm après qu’on eut envisagé de les regrouper en un seul régiment.

Les 1ère et 5ème DLM ont été reconstituées sous un modèle allégé après son engagement en Belgique. Modèle allégé et modifié en essayant de tirer les leçons des premières opérations.

C’est ainsi que le régiment de découverte jadis un régiment sur roues devient un régiment mixte avec des AM modèle 1940P et les FCM-44 qui appartenaient auparavant aux groupes de reconnaissance des BLM. Ce choix ne fait pas l’unanimité, certains craignant qu’on associe les inconvénients de deux types de véhicules plutôt que les avantages. Les deux régiments en question étant le 6ème Régiment de Cuirassiers pour la 1ère DLM et le 11ème Régiment de Cuirassiers pour la 5ème DLM.

Les BLM sont réorganisées avec toujours un régiment de chars aux effectifs souvent allégés que ce soit le 4ème Régiment de Cuirassiers ou le 18ème Régiment de Dragons, des dragons portés qui perdent leurs chars légers pour devenir de véritables fantassins portés que ce soit le 4ème ou le 15ème RDP, , l’escadron de canons d’assaut est toujours là mais les escadrons antiaériens et antichars sont fusionnés. A noter que les W15TCC à canons de 47mm sont remplacés par des W17TCC à canon de 75mm. Le 74ème RADLM est toujours là.

Même chose pour la 5ème DLM avec ses deux régiments de chars (6ème Régiment de Dragons 4ème Régiment de Hussards), ses deux régiments de dragons portés (2ème et 8ème RDP) sans oublier du 72ème RADLM

Les 3ème et 7ème DLM subissent des changements légèrement différents en raison d’un engagement plus tardif et de décisions antérieures au conflit.

Le régiment de découverte regroupe automitrailleuses puissantes et chars légers des groupes de reconnaissance, les deux régiments de dragons portés sont réduits à deux bataillons sans chars légers, le régiment d’artillerie n’aligne plus que deux groupes de 75mm en raison du manque d’obusiers de 105mm.

Les escadrons de canons d’assaut, antichars et antiaériens restent indépendants mais sont affaiblis pour la 3ème alors que la 7ème DLM dispose d’escadrons de canons d’assaut indépendants et des escadrons mixtes antichars/antiaériens.

A noter que la 7ème DLM passe sur Somua S-45 en remplacement des S-40 (NdA le personnel avait commencé sa formation en août 1948 mais le déclenchement du conflit avait entrainé une suspension de la transformation pour des raisons évidentes).

Contrairement donc aux Divisions Cuirassées, les DLM n’ont pas dissous d’unités ce qui signifie qu’on trouve toujours au sein de la 3ème DLM le 1er Régiment de Hussards comme régiment de découverte, les 1er et 8ème Régiments de Chasseurs à Cheval comme régiments de chars, les 5ème et 19ème RDP comme régiments de dragons portés et le 75ème RADLM comme régiment d’artillerie divisionnaire.

La 7ème DLM dispose toujours du 1er Régiment de Cuirassiers comme régiment de découverte, les 3ème RH et 5ème RD comme régiments de chars, les 11ème et 12ème RDP comme régiments de dragons portés et enfin le 76ème RADLM comme régiment d’artillerie divisionnaire.

1er Corps d’Armée Cuirassé (1er CAC)

Après son engagement en Champagne, le 1er CAC s’est replié vers le sud en couvrant le repli général des troupes alliés. Il à été assez sérieusement affaiblit et pourtant il n’à pas été amalgamé avec les DLM pour une raison probablement de propagande. Inutile de préciser que cette décision à été mal vue par les autres «chevalier du moteur» et que pour le 1er CAC cela contribua à augmenter leur confiance en eux voir leur orgueil.

Au moment où l’opération HUBERTUS est lancée, le 1er Corps d’Armée Cuirassé dispose des moyens et des capacités suivantes :

-Le 638ème Régiment de Pionniers (638ème RP) à subit des pertes assez sensibles mais reste une unité opérationnelle, menant comme toujours un indispensable travail de l’ombre pour aménager les routes, des protections pour les chars. A l’occasion ils faisaient le coup de feu contre l’ennemi ce qui imposa le renforcement de leur armement non sans quelques officiers imbéciles ne trouvent cet armement trop important !

-Le 38ème Groupement de Reconnaissance de Corps d’Armée (38ème GRCA) entre en guerre avec des Hotchkiss H-39 et des automitrailleuses de découverte, équipement provisoire puisque les projets prévoyaient des AMX-42 et des AMP. Le rééquipement va se faire à la mi-juin et début octobre l’unité dispose de douze AMX-42 et de douze AM modèle 1940P.

-Le 119ème Régiment d’Artillerie Lourde à Tracteurs (119ème RALT) à été réduit à un groupe de 105mm et un groupe de 155mm en raison de la pertes de plusieurs pièces plus ou moins bien sabotées, ces canons étant copieusement photographiés par les allemands.

A noter que le personnel en surnombre est renvoyé à l’arrière pour soit former de nouveaux RALT (depuis le 1er octobre 1948 tous les RAL doivent devenir des RALA _Régiments d’Artillerie Lourde Automobile_ ou des RALT) ou pour recompléter des régiments qui sont en déficit de personnel pour servir leurs pièces.

-La 1ère Division Cuirassée disposait à l’origine de 71 FCM-42 (quarante-cinq pour le régiment de découverte et vingt-six pour les deux groupes de reconnaissance), de 90 Renault G-1R et de 68 ARL-44 soit un total de 229 chars.

A l’issue du repli sur La Seine on procède à une première réorganisation mais une réorganisation qui faute de temps se fait à minima.

A rebours d’une volonté d’autonomisation des Brigades Cuirassées, ces dernières perdent leurs GR qui sont regroupés sous l’autorité du 7ème Régiment de Cuirassiers pour en partie compenser les pertes puisqu’au moment d’Hubertus on ne compte plus que 49 FCM-42 (trois escadrons de quinze, un char pour chaque chef d’escadron et un char pour le chef de corps). Le régiment de découverte conserve ses fusiliers motocyclistes mais perd ses chasseurs portés.

Le 25ème BCC n’aligne plus que vingt-huit Renault G-1R, le 26ème BCC vingt-quatre Renault G-1R, le 28ème BCC vingt ARL-44 et le 37ème BCC vingt-huit ARL-44 soit un total de 100 chars pour un maximum théorique de 158.

Les chasseurs portés sont toujours là sur leurs Lorraine 39L et ne subissent guère d’autres modifications que la récupération des chasseurs portés jadis intégrés au sein du régiment de découverte.

Certes l’expérience des combats à montré l’intérêt de posséder une petite unité d’infanterie au sein d’une unité de reconnaissance (pour occuper un village commandant un pont, un gué ou un passage obligé) mais ce RETEX est balayé par la nécessité de remplumer des unités d’infanterie qui ont souffert.

Le groupe de canons d’assaut est toujours là et si il était question à l’origine de remplacer les canons d’assaut par des canons automoteurs, le RETEX à provoqué un intense débat qui pourrait permettre de sauver les cousins français du Sturmgeschütz.

Les escadrons antichars et antiaériens fusionnent mais leur équipement ne change pas à savoir des Lorraine 39L disposant soit un d’un canon antichar de 47mm ou d’un bitube de 25mm sous bouclier.

Cela s’explique par le débat concernant le canon d’assaut et la possibilité d’intégrer un véhicule polyvalent canon d’assaut/chasseur de chars et le fait que l’automoteur antiaérien de 37mm jugé plus efficace contre des avions allemands mieux protégés n’est pas encore prêt essentiellement pour des questions d’évacuation des fumées dans une tourelle fermée.

-Le 305ème Régiment d’Artillerie AutoPortée (305ème RAAP) dispose toujours d’obusiers automoteurs de 105mm qui ont fait preuve de leur efficacité tant sur le plan de la puissance que de la réactivité. Deux groupes sont encore présent, le troisième groupe étant placé en réserve, devant recevoir de nouveaux Renault R 40 Au 105 B légèrement améliorés par rapport au modèle d’origine (blindage plus épais, moteur plus puissant notamment).

La 1ère Division Cuirassée n’aligne donc plus que 149 chars sur les 229 présents à l’origine.

-La 3ème Division Cuirassée est réorganisée selon un modèle identique mais ces moyens sont plus faibles. Par exemple le 10ème Régiment de Cuirassiers son régiment de découverte ne dispose plus que de deux escadrons de chars légers FCM-42 soit trente chars auxquels il faut ajouter les chars des commandants et celui du chef de corps soit un total de trente-trois chars et malgré la récupération des chars des GR.

Le 42ème BCC aligne trente Renault G-1R au lieu de quarante-cinq, le 45ème BCC vingt-deux au lieu de quarante-cinq, le 41ème BCC vingt ARL-44 alors que le 49ème BCC aligne vingt-quatre ARL-44 soit un total de 96 chars de combat au lieu de 158.

Les deux bataillons de chasseurs portés sont toujours là, leurs effectifs remplumés par la récupération de l’escadron présent initialement au sein du régiment de découverte.

L’escadron de canons d’assaut est quasiment à plein effectif et si les escadrons antichars et antiaériens ont été matériellement et humainement affaiblis ils n’ont pas été fusionnés.

Le 319ème RAAP est toujours là et possède même ses trois groupes de Renault R 40 Au 105 B, le 1er Groupe ayant même reçu des véhicules neufs.

La 3ème Division Cuirassée ne dispose plus que de 129 chars sur 229 !

-La 5ème Division Cuirassée dispose d’un régiment de découverte le 13ème Régiment de Cuirassiers avec trois escadrons de douze FCM-42 soit trente-six chars légers auxquels il faut ajouter trois chars dit de commandement soit trente-neuf chars au lieu de soixante et onze au total au début de la Campagne de France (quarante-cinq pour le RD, vingt-six pour les GR pour rappel).

A cela s’ajoute les chars de combat en l’occurrence soixante-douze Renault G-1R (trente-deux pour le 51ème BCC et quarante pour le 53ème BCC) et cinquante ARL-44 (trente pour le 50ème BCC et vingt pour le 52ème BCC) soit un total de 122 chars sur un maximum théorique de 158.

Les deux bataillons de chasseurs portés ont été remplumés par les hommes de l’escadron (dissous) du régiment de découverte.

L’escadron de canon d’assaut de chaque brigade cuirassée est toujours là tout comme les escadrons antichars et antiaériens qui sont maintenus sous une forme indépendante.

Le 339ème RAAP dispose de deux groupes de Renault R 40 Au 105 B.

La 5ème Division Cuirassée dispose de 161 chars sur 229.

Au final donc le 1er CAC dispose de 439 chars au sein des trois divisions cuirassées (sur un maximum théorique de 687) plus douze chars légers pour le 38ème GRCA.

Et les anglais dans tout cela ? Le BEF en réserve

Officiellement les français et les britanniques sont unis pour bouter les allemands hors de France et du Benelux.

Officieusement et malgré une certaine anglophilie du «Général Tornade» on assiste à des tiraillements entre français et britanniques, moins en première ligne où les Furieux comprennent que les Tommies sont dignes de leurs ainés du premier conflit mondial que dans les états-majors et dans le monde politique.

En gros les français reprochent aux britanniques de penser davantage à évacuer qu’à combattre ce qui est très injuste d’autant que deux corps d’armée ont été placés sous commandement français bien loin des ports pouvant leur permettre de retrouver la mère patrie.

Côté britannique on estime que l’on confie aux troupes du Commonwealth des missions périlleuses sans qu’elles en aient les moyens.

Il y à donc parfois des aigreurs, des moments de tension entre Paris et Londres mais cela ne dure jamais longtemps.

Même le placement du BEF en Réserve Stratégique est globalement accepté par les français, les britanniques annonçant à leurs alliés que l’aviation et la marine assureront un appui massif et que les troupes au sol les moins entamées pourront vite monter en ligne pour soutenir les unités françaises en première ligne.

Justement au moment d’HUBERTUS à quoi ressemble la British Expeditionnary Force (BEF) (qui doit devenir à terme le British Expeditionnaries Armies Group BEAG ou dans la langue de Molière «Groupe d’Armées Expéditionnaires Britanniques»).

Après avoir combattu sur La Seine et après avoir été évacué vers l’ouest et le sud, les hommes et le matériel sont regroupés loin du front dans différents camps pour repos, régénération et préparation à de futurs combats sans que l’on sache si ils seront défensifs (repousser une tentative allemande) ou offensifs (contre-offensive générale).

Signe de la fraternité d’arme franco-britannique certains Tommies se porteront volontaires pour servir aux côtés de leurs frères français en première ligne.

D’autres n’hésiteront pas à déserter pour s’engager dans la Légion Etrangère ! Si avec ça cela ne torpille pas cette volonté britannique de ne pas combattre et d’utiliser le «sang français» je sais pas ce qu’il faut. Bon vous me direz certains britanniques accusaient le général Villeneuve de trop ménager le «sang français» au profit du «sang britannique» ce qui était tout aussi idiot.

A la mi-septembre, les Tommies se regroupent dans les camps situés dans la région d’Orléans. Il faut regrouper les hommes par unités (certaines unités ont pratiqué l’amalgame en récupérant tous les hommes disponibles), faire le point sur l’armement disponible et sur les manques. Bref réorganiser et rééquiper.

Très vite le général Villeneuve demande au général Hancock, commandant du BEF de conserver une division immédiatement disponible au cas où….. .

La brigade antiaérienne qui avait perdu l’essentiel de son matériel est regroupé à Orléans, récupérant de nouvelles pièces (canons de 40 et de 94mm). L’unité va très vite faire mouvement vers le nord pour renforcer le nouveau limes séparant la civilisation de la barbarie.

Les deux régiments antichars d’origine avaient fini par former un régiment antichar de marche. A l’arrière les deux régiments antichars sont recréés avec de nouveaux canons antichars, toujours des 6 pouces (très efficaces contre les Panzer III et IV) et des 17 pouces (qui ne laissaient aucune chance même au Tigre).

Le régiment de cavalerie est reconstitué mais il n’est pas encore opérationnel quand les allemands déclenchent HUBERTUS.

La 44th «Home Counties» Division à conservé jusqu’au bout sa cohésion opérationnelle. Repliée sur le Cotentin, elle est désignée par le général Hancock comme ready reserve division. En clair elle sera la première division britannique à être engagée si les allemands ne laissent pas le temps aux britanniques de réorganiser leurs forces armées.

La 1st Canadian Division est elle hors service. De quasiment tous les combats depuis le 10 mai elle à besoin d’une sérieuse remise à niveau en attendant d’intégrer une Armée Canadienne en France distincte du BEF mais restant sous commandement britannique.

Même chose pour les 2nd et 3rd Canadian Division qui ont été très entamées par les combats à Rouen et au Havre. Les survivants sont évacués sur la Grande-Bretagne et pour eux la Campagne de France c’est fini.

Les deux divisions du 2nd British Corps (2nd & 3rd Infantry Division) avaient mises en réserve au sud de la Somme. Elles sont ultérieurement remontées en ligne, combattant jusqu’à La Seine, traversant le fleuve non sans mal pour rejoindre la zone de regroupement et ainsi se préparer à reprendre la lutte.

Le 3rd British Corps (3rd BC) à lui souffert des combats puisque la 50th Northumberland Division s’est littéralement désintégrée en combattant à Rouen et au Havre. La division est virtuellement dissoute et à cette époque se pose clairement la question de savoir si elle doit être reconstituée.

La 6th Infantry Division à combattu jusqu’au bout avant de franchir le fleuve dans la nuit du 26 au 27 septembre, quelques volontaires acceptant de se sacrifier pour donner le change aux allemands qui réagissent férocement mais trop tardivement pour empêcher le dit franchissement.

La 46th North Middland Division qui avait bénéficié d’une période de repos au sud de La Somme est à nouveau engagée mais parvient à combattre en ordre jusqu’à ce que les nécessités de l’évacuation impose une séparation des hommes.

Enfin le 1st British Armoured Corps (1st BAC) à subit des pertes sensibles notamment en ce qui concerne la 1st Armoured Division (UK) qui à laissé beaucoup de plumes, des grosses plumes puisqu’il s’il s’agissait essentiellement de chars Cromwell et Churchill difficilement évacuables.

Dans la mesure du possible les véhicules étaient soigneusement sabotés mais ce n’était pas toujours possible et si les films de propagande allemands ont montré un certain nombre de ces chars paradant en Allemagne, peu ont été revus par la suite avec la Balkenkreuz faute de pièces détachées.

Comme à chaque fois dans ces moments là, les hommes sont prioritaires sur les véhicules mais on verra tout de même quelques chars être évacués sur la rive sud de La Seine. La plupart nécessitant une sérieuse remise en état ils seront soit réformés pour être utilisés comme réservoir de pièces détachées ou seront utilisés pour l’entrainement, cédant la place à des véhicules neufs.

Au final seules trois divisions britanniques (44th «Home Counties» Division, 6th Infantry Division et 46th North Middland) seront considérées comme employables en cas de besoin. Elles sont d’ailleurs regroupées sous l’autorité d’un 1st British Corps (1st BC) (Provisionnal) (1ère Corps d’Armée Britannique Provisoire).

Le Conflit (82) Europe Occidentale (48)

Les Alpes s’embrasent ou presque

Si durant la Guerre de Pologne l’Italie est restée neutre, en revanche dès le début du second conflit mondial l’Italie doit s’engager en partie parce que la France et la Grande-Bretagne ont très vite mordu les mollets du Duce.

Es-ce à dire que les alliés voulaient à tout prix ouvrir un deuxième front ? Non probablement pas mais ils voulaient éviter de laisser les italiens en situation de confort.

Après avoir occupé la Sardaigne (octobre 1948-février 1949), les alliés vont se charger de neutraliser l’actuelle Libye à l’été 1949.

Entre-temps la situation sur les Alpes se tend. Durant la Campagne de France (1949), la 5ème Armée dite Armée des Alpes reçoit l’ordre de maintenir la pression sur le dispositif italien, les alliés craignant que comme du temps de la Triplice des divisions italiennes ne soient déployées sur le Rhin. On sait aujourd’hui que les allemands n’ont jamais eu l’intention de demander l’aide de leur «allié» italien mais bien entendu nous nous connaissons la fin de l’histoire.

Les consignes données à l’Armée des Alpes sont donc de maintenir la pression avec les unités d’artillerie lourde qui doivent si besoin est neutraliser leurs homologues italiennes, les Sections d’Eclaireurs Skieurs (SES) qui doivent mener des patrouilles offensives pour titiller les unités de la Guardia Alla Frontera (GAF) et les unités aériennes même si le théâtre d’opérations est contraignant pour les avions de l’époque.

Pourquoi cela n’à pas dégénéré ? Probablement parce que les italiens redoutent un bain de sang pour franchir la Ligne Maginot Alpine et les français parce qu’ils ne cherchent pas encore à envahir l’Italie, ayant déjà fort à faire avec les allemands.

Cela reste donc au niveau de la basse intensité avec des escarmouches, des duels d’artillerie lourde et quelques combats aériens. Dans l’ensemble les français prennent le dessus sans que l’on sache si les italiens y sont vraiment allés à fond.

Rappelons rapidement les unités de la Ligne Maginot Alpine (seules engagées, les unités de campagne restant l’arme au pied si l’on peut dire) :

-Secteur Fortifié de Savoie :

-16ème DBAF (16ème Demi-Brigade Alpine de Forteresse) avec les 10ème et 11ème Bataillons Alpins de Forteresse (10ème et 11ème BAF) et le 6ème Bataillon de Chasseurs de Montagne (6ème BCM)

-30ème DBAF : 70ème et 71ème BAF 8ème BCM

-les 2ème et 3ème Compagnies du 440ème Régiment de Pionniers (II/440ème RP et III/440ème RP)

-4 groupes du 164ème RAP (deux groupes de 75mm, un groupe de 155mm et un groupe antichar mixte disposant de canons antichars de 47 et de 75mm).

-214ème Bataillon du Génie de Forteresse (214ème BGF)

-Secteur Fortifié du Dauphiné :

-75ème DBAF : 72ème, 82ème et 92ème BAF

-157ème DBAF : 73ème, 83ème et 102ème BAF

-4ème et 5ème compagnies du 440ème RP

-154ème RAP (deux groupes de 75mm, un groupe de 105mm et un groupe de 155mm)

-162ème RAP (un groupe d’ouvrages, deux groupes à trois batteries _une batterie de 75mm, une batterie de 105mm et une batterie de 155mm)

-216ème Bataillon du Génie de Forteresse (216ème BGF)

-Secteur Fortifié des Alpes Maritimes (SFAM)

-40ème DBAF : 74ème, 75ème et 84ème BAF

-58ème DBAF : 76ème, 86ème et 96ème BAF

-61ème DBAF : 94ème, 95ème et 97ème BAF

-450ème Régiment de Pionniers (450ème RP)

-157ème RAP (un groupe mixte 105/155mm, un groupe de 75mm, un groupe antichar et deux groupes armant les forts)

-158ème RAP (un groupe lourd disposant de canons de 220mm modèle 1917, un groupe de 155mm, deux groupes de 75mm et un groupe antichar)

-167ème RAP (un groupe de 155mm et deux groupes de 75mm)

-251ème Bataillon du Génie de Forteresse (251ème BGF)

Durant l’automne 1948 français et italiens se regardent en chiens de faïence. La guerre à certes éclaté en Méditerranée, la Sardaigne est tombée aux mains de ces «diables de français» mais sur le massif alpin c’est plutôt la veillée d’armes.

Durant l’hiver 1948-49 c’est encore plus calme, la faute cette fois aux conditions météos. Si les SES multiplient les patrouilles pour garder le contrôle du terrain, les italiens eux brillent par leur absence, restant confinés dans leurs bunkers du Valle Alpino l’équivalent italien de la Ligne Maginot.

Avec l’opération MERKUR cela commence clairement à changer. En effet les conditions météos s’améliorent mais surtout les français craignent que les italiens n’attaquent également sur les Alpes soit pour fixer les unités du GA n°3 voir pour envahir le sud de la France en liaison avec une offensive allemande dans le nord-est. Certains jouent même à se faire peur en craignant également une offensive espagnole dans les Pyrenées !

En réalité les italiens n’ont jamais eu l’intention de se lancer dans une offensive générale dans le massif alpin. Tout juste des plans de prise de gage ont été étudiés mais jamais exécutés. Il faut rappeler que si des plans ont été dressés par la France ils n’ont jamais été exécutés sauf en guise de diversion pour une autre opération.

Au printemps 1949 (mars-mai 1949), les escarmouches vont se multiplier, les italiens voulant montrer aux chasseurs alpins qu’ils connaissaient aussi bien la guerre en montagne.

Ces incidents avaient des scenarii différents à chaque fois ou presque. Soit c’était les SES qui venaient provoquer les italiens engageant le combat jusqu’au pied des fortifications italiennes ou c’était les italiens qui venaient quasiment au contact des ouvrages de la Ligne Maginot avant d’être repoussés par les mitrailleuses et les canons des ouvrages voir en étant pourchassés par les SES.

De nombreux incidents ou combats limités ont lieu entre septembre 1948 et juin 1949. Tous les BAF sont concernés. En revanche les unités de campagne ne sont pas concernés directement, le haut-commandement de la 5ème Armée préférant garder ces unités pour repousser une offensive italienne ou attaquer et déboucher dans la plaine du Pô tel un Bonaparte du nouveau siècle.

En face les principaux engagés étaient ceux des GAF (Guardia Alla Frontera Gardes-Frontières) mais il y avait aussi les Alpini (notamment la 4ème Division Alpine «Cuneense») et des unités de ligne.

Comme le dira le lieutenant Roger Frison-Roche du 71ème BAF «En face il y avait du très bon, du médiocre et du très mauvais».

Parfois l’artillerie des différents RAP (Régiments d’Artillerie de Position) est engagée soit pour permettre à une SES de se dégager ou pour repousser une attaque italienne plus intense que les autres. A plusieurs reprises certaines attaques seront si intenses que le haut-commandement français pensera à une offensive italienne de grande ampleur. Ces alertes ne durent cependant pas.

Par exemple le 10ème BAF connait l’engagement les 14 et 24 octobre, le 8 novembre, le 12 décembre 1948, le 15 janvier 1949, les 2 et 18 février mais aussi le 4 mars 1949.

Le 11ème BAF connait davantage d’engagement puisque le JMO de l’unité relève des combats plus ou moins violents, plus ou moins longs les 13, 15 et 27 octobre 1948, les 5, 7,15,16, 21 et 27 novembre, les 5 et 10 décembre 1948, les 8 et 12 janvier 1949, les 2, 10, 17 et 21 février 1949.

Le 6ème BCM ne chôme pas non plus, ses SES et ses unités «régulières» étant engagées les 10,11,21, 24 et 30 octobre 1948, les 4,5,8,10,15 et 21 novembre 1948, les 2 et 10 décembre 1948, le 21 janvier 1949, les 8 et 12 février 1949, les 2 et 17 mars 1949, le 30 avril et le 5 mai 1949.

Le 70ème BAF est engagé les 7 et 12 octobre 1948, les 16 et 21 novembre, les 4,9,13, 21 et 23 décembre, les 4,9 et 16 janvier 1949, les 1,3,10,17 février et enfin le 1er mars 1949. Ensuite le secteur se calme.

Le 71ème BAF est engagé les 21,24 et 28 octobre, les 4, 7, 12,19,23 et 25 novembre, les 3,10,18 et 30 décembre, les 7 et 14 janvier 1949, les 9 et 18 février 1949, le 12 mars, le 4 avril et le 5 mai 1949.

Le 8ème BCM est engagé les 25 et 30 octobre, les 1er, 2,17 et 24 novembre, les 3 et 13 décembre 1948, les 14 et 30 janvier 1949, 11 et 18 février, 30 mars, 7 et 19 avril, 8 et 18 mai, 2 juin 1949.

Si les six BAF du Secteur Fortifié de Savoie sont assez fortement engagés, ceux du Dauphiné ne chôment pas vraiment jugez plutôt :

-Le 72ème BAF connait ainsi des engagements les 19 et 29 octobre, les 3, 12,21 et 30 novembre, les 1et et 11 décembre 1948, les 13 et 23 janvier 1949, les 9 et 19 février, les 1er, 11, 22 et 30 mars, les 12 avril et 1er mai.

-Le 82ème BAF est engagé contre les italiens les 13 et 24 octobre, les 9 et 12 novembre, les 3 et 23 décembre 1948, les 15 et 30 janvier 1949, les 12 et 25 février, les 11 et 15 mars 1949.

-Le 92ème BAF est engagé pour la première fois le 17 octobre 1948 quand une patrouille d’éclaireurs-skieurs échangent des coups de feu contre une patrouille italienne venue tâter le dispositif. Ce premier engagement est suivit par de nombreux autres le 30 octobre, les 7, 15 et 25 novembre, le 9 décembre, les 12 et 23 janvier 1949, les 4 et 14 février, les 7 et 17 mars, le 21 avril, les 5, 15 et 30 mai 1949.

-Le 73ème BAF connait son baptême du feu le 6 octobre 1948 avec là encore un affrontement entre patrouilles, affrontement qui entraine le déclenchement par le 154ème RAP d’un tir de barrage qui calme pour un temps les ardeurs italiennes puisque l’escarmouche suivante à lieu le 11 octobre.

Il connait ensuite l’odeur de la poudre et le stress des combats les 15, 21, 25 et 30 octobre 1948, le 4 novembre, le 21 décembre 1948, les 3, 12 et 30 janvier 1949, les 7, 17 et 27 février, les 9, 13 et 23 mars, les 4, 8,14 et 30 avril ainsi que le 9 mai 1949.

-Le 83ème BAF est engagé les 8, 10,21 et 30 octobre, les 4,14 et 30 novembre, le 12 décembre 1948, les 4 et 14 janvier 1949, le 22 février, les 3, 15 et 20 mars ainsi que le 8 avril.

-Le 102ème BAF est lui engagé les 21 et 27 octobre, les 8 et 24 novembre, les 1er et 11 décembre 1948, le 4 janvier 1949, le 14 février, le 13 mars, le 8 et le 29 avril 1949.

Les six BAF du Secteur Fortifié des Alpes-Maritimes (SFAM) sont également engagés dans ces séries d’escarmouches qui laissent morts et blessés de chaque côté et qui sont tout sauf des parties de plaisir.

C’est ainsi que le 74ème BAF est engagé le 14 et le 24 octobre, les 1er, 7 et 13 novembre, les 9 et 18 décembre 1948, le 23 janvier 1949, les 7, 19 et 28 février, les 17, 23 et 27 mars 1949.

Le 75ème BAF connait le combat pour la première fois le 19 octobre 1948. Il est à nouveau sur la brèche les 21 et 24 octobre, les 2, 8 et 19 novembre, le 7 décembre 1948, les 17 et 21 janvier 1949, le 12 février, le 9 mars, les 2 et 21 avril ainsi que le 5 mai 1949.

Le 84ème BAF est engagé les 9 et 27 octobre, les 4 et 11 novembre, le 2 décembre 1948, le 19 janvier 1949, les 7 et 11 février, les 3, 13 et 22 mars, les 9 et 15 avril ainsi que le 1er mai.

Le 76ème BAF est engagé les 7, 12, 24 et 30 octobre, 4 et 14 novembre, 2, 7,9 et 14 décembre 1948, les 7 et 27 janvier 1949, les 7, 9, 13 et 14 février, les 3, 12 et 30 mars,, les 4 et 19 avril, les 4, 14 et 22 mai 1949.

Le 86ème BAF connait son baptême du feu le 11 octobre. Il est engagé à nouveau les 19, 25 et 30 octobre, les 7 et 9 novembre, le 12 décembre 1948, les 5 et 15 janvier 1949, les 5,11,20 et 21 février, les 5 et 11 mars 1949, le 20 avril et le 3 mai 1949.

Le 96ème BAF est engagé les 11, 15 et 22 octobre, les 4 et 7 novembre, les 1er et 30 décembre 1948, le 4 janvier 1949, le 12 février, les 4, 15 et 25 mars ainsi que le 4 avril 1949.

Des duels d’artillerie lourde ont lieu, le Fort du Chaberton perdant deux tourelles de 149mm sous les coups de mortiers de 280mm Schneider du 172ème RALGP (le «cuirassé des nuages» continuera à tirer régulièrement jusqu’à sa neutralisation définitive lors de l’opération ARCOLE déclenchée le 15 août 1951, le fort restant un poste d’observation). D’autres positions sont neutralisées et côté français on signale quelques pertes mais dans l’ensemble la Ligne Maginot Alpine est pour ainsi dire intacte.

Dans le ciel les avions françaises et italiens vont s’affronter. Le GRAVIA-VA et les GAO de la 5ème Armée vont lancer des opérations de reconnaissance et quelques missions de bombardement pour perturber le renforcement du front italien. Cela va entrainer l’intervention de la chasse italienne et quelques combats perrmettant à certains pilotes de devenir des as.

Le Groupement d’Aviation de la 5ème Armée était le plus petit des GRAVIA en raison d’une menace jugée plus faible qu’ailleurs. Il comprend les éléments suivants :

-16ème Escadre de Chasse : trois groupes de chasse avec vingt-sept Arsenal VG-39 et neuf Bréguet Br700C2 chacun soit 108 chasseurs.

-33ème Escadre de Bombardement Léger : trois groupes de bombardement volant sur Douglas DB-7D soit 81 bombardiers légers

-Un Groupe de Reconnaissance, le GR I/39 volant sur trente-six Bloch MB-176.

A ces 225 appareils vont s’ajouter les appareils des trois GAO de la 5ème Armée en l’occurrence le GAO-513 (huit Bloch MB-175, douze Dewoitine D-720 et quinze ANF-Les Mureaux ANF-123), le GAO-529 (huit Bloch MB-176, douze Dewoitine D-720 et quinze ANF-Les Mureaux ANF-123) et le GAO-530 (huit Bloch MB-176, douze Dewoitine D-720 et quinze ANF-Les Mureaux ANF-123) soit un total de 105 appareils.

En face la Regia Aeronautica aligne une division de chasse (la 2ème avec des Macchi C-205, Macchi C-202 et des Savoia-Marchetti SM-91), deux divisions de bombardement (4ème et 6ème avec des Fiat BR-20, des CANT Z-1017 et Z-1018, des CANSA FC-20) et un groupe indépendant de reconnaissance volant sur Savoia-Marchetti SM-89 Lupo II.

Les combats aériens n’ont rien à voir avec l’intensité de ceux au dessus de la Scandinavie, restant au niveau des escarmouches comme si les deux belligérants se testaient.

Les pertes sont d’ailleurs limitées, l’Italie admettant la perte d’une vingtaine d’appareils (essentiellement des chasseurs) alors que côté français on admet mezzo voce la perte de huit Arsenal VG-39, de quatre Bréguet Br700C2, de six Douglas DB-7D et de neuf Bloch MB-176, appareils vite remplacés par des appareils issus des stocks ce qui peut paraître curieux quand on sait que certaines unités du Nord-Est était en déficit.

Durant la Bataille de France, les Alpes restèrent relativement calmes même si les français restèrent attentifs, craignant que Rome ne profite de la situation pour s’emparer d’une partie du massif alpin ou pour suivre la propagande fasciste «récupérer le duché de Savoie et le Comté de Nice».

Même quand certaines unités vont être redéployées sur La Seine, les italiens n’en profitèrent pas soit parce qu’ils ne le voulaient pas ou parce que tout simplement ils ne pouvaient pas.

Et si l’Espagne s’en mêlait ?

A la fin de la guerre d’Espagne, le Maréchal Pétain avait été nommé ambassadeur de France auprès du nouveau gouvernement espagnol dirigé par le général Franco. Son objectif principal : éviter que l’Espagne ne s’allie avec l’Italie et l’Allemagne pour imposer à Paris une guerre sur trois fronts.

Très vite la France est rassurée. Franco qui connait l’état d’épuisement de son pays, qui est encore peu sur de son pouvoir (la preuve la répression extraordinairement féroce contre les anciens républicains) n’à aucunement l’intention de se lancer dans une nouvelle guerre.

La Guerre de Pologne s’interrompt très vite et ne dégénère pas en guerre mondiale. Tout est réglé ?

Pas vraiment car un autre facteur entre en jeu en l’occurence la volonté des républicains de reprendre le pouvoir à Madrid. La guerilla reprend à partir de mars 1944, des maquis communistes, socialistes et anarchistes multipliant attentats et assassinats.

Comme souvent dans cette situation ils frappent en Espagne avant de se replier en France où ils bénéficient du soutien plus ou moins volontaire de la diaspora espagnole présente dans le Sud-Ouest.

Excédé le Caudillo menace d’accorder à l’armée et à la Guardia Civil un droit de poursuite en clair ignorer la frontière franco-espagnole au risque d’entrainer un nouveau conflit majeur. La France qui n’à aucunement l’intention d’entrer en guerre contre l’Espagne décide de réagir.

Le dispositif militaire est renforcé avec la renaissance des unités de chasseurs pyrénéens qui faute de combat majeur dans leur région d’origine n’ont jamais acquis l’aura des chasseurs alpins. Par la suite une division tchécoslovaque et une division d’infanterie de montagne sont mises sur pied.

Parallèlement la gendarmerie multiplie les enquêtes en liaison avec la Surêté pour géner le soutien aux maquis espagnols menés par la diaspora espagnole. Rassuré, Franco par des canaux parallèles rassure Paris : il n’entrainera pas en guerre à condition que Paris mette le prix.

Alors pourquoi au moment de la mobilisation déployer autant de moyens militaires ? Probablement pour donner le change aux allemands et permettre à Franco de continuer à faire croire à Berlin qu’il pourrait entrer en guerre.

Ces moyens militaires sont regroupés au sein du Détachement d’Armées du Sud-Ouest (DASO) qui succède à l’ancien Détachement d’Armées des Pyrénées (DAP). Ce DASO comprend les moyens suivants :

-Etat-Major à Pau

-Secteur opérationnel de l’Adour

Ce SO doit devenir le 40ème Corps d’Armée (40ème CA) en cas de conflit avec l’Espagne. Avec un état-major installé à Bayonne, il comprend la 2ème Division d’Infanterie Tchécoslovaque (2ème DIT), la 1ère Demi-Brigade de Chasseurs Pyréenéens (1ère DBCPyr), le 7ème Régiment de Mitrailleurs, le 1er Groupe du 36ème Régiment d’Artillerie Légère et le 1er Bataillon du Génie de Montagne

-Secteur opérationnel de Geronne

Ce SO doit devenir le 41ème Corps d’Armée (41ème CA) en cas de conflit avec l’Espagne. Avec un état-major installé à Tarbes il comprend la 2ème Demi-Brigade de Chasseurs Pyrénéens (2ème DBCPyr), le 11ème Régiment de Mitrailleurs, le 2ème Bataillon du Génie de Montagne et le 2ème Groupe du 36ème Régiment d’Artillerie Légère.

-Secteur opérationnel du Roussillon

Ce SO doit devenir le 42ème Corps d’Armée (42ème CA) en cas de conflit avec l’Espagne. Avec un état-major à Perpignan, il comprend la 31ème Division d’Infanterie Alpine (31ème DIAlp), la 3ème Demi-Brigade de Chasseurs Pyrénéens (3ème DBCPyr), le 10ème Bataillon de Chasseurs Pyrénéens, le 14ème Régiment de Mitrailleurs, le 3ème Groupe du 36ème Régiment d’Artillerie légère et le 3ème Bataillon du Génie de Montagne.

Quand le second conflit mondial éclate, la France déploie donc des moyens important sur le massif pyrénéen. En face l’armée espagnole déploie des effectifs non négligeables sur la frontière pour à la fois donner le change aux allemands mais aussi parce que les guerillas anarchistes, communistes et socialistes étaient de plus en plus remuantes, probablement persuadées que ce conflit allait favoriser leur cause.

Quelques incidents de frontière sont à signaler mais il s’agissait plus d’erreurs d’orientation, d’incompréhensions, de quiproquos que d’une volonté de provoquer un incident qui aurait entrainé un conflit plus ou moins limité.

Très vite le DASO multiplie des opérations anti-guerilla contre les républicains espagnols. Elle empêche les mouvements de groupes armés et n’hésite pas à désarmer les guerilleros. On menace même certains de les renvoyer en Espagne !

Ces opérations rassurent les espagnols qui vont monayer tellement cher leur soutien à l’Allemagne que Berlin à très vite compris que cela ne servait à rien.

Le gouvernement républicain en exil installé au Mexique annonce officiellement la fin de la lutte armée en mai 1949. Si les socialistes acceptent, les communistes et les anarchistes vont continuer jusqu’au printemps 1952 quand les derniers maquis sont neutralisés dans le Val d’Aran.

Depuis longtemps le DASO à perdu de sa substance, certaines unités ayant rallié La Seine pour renforcer la défense de cette «barrière naturelle».

Néanmoins jusqu’à la fin du conflit la France va rester vigilante sur sa frontière méridionale même si avec le temps une certaine coopération va naitre entre Paris et Madrid pour éviter qu’un incident malheureux n’entraine un conflit.

Italie (59) Regio Esercito (9)

Mais pardi que deviennent Alpini et Bersaglieri ?

Comme je me suis focalisé sur les troupes alpines et les «chasseurs à pieds» comme fil rouge de l’évolution du Regio Esercito Italiano il est temps de montrer leur évolution après le premier conflit mondial.

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Tenue des Alpini

A l’origine les Alpini devaient servir sur place à la fois comme troupes territoriales (dans le sens de tenir le terrain) mais également de troupes d’intervention (défense active et même offensive).

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24-Armée de l’air (14)

D-Les avions de l’armée de l’air (2) : les chasseurs bimoteurs

Avant-propos

L’écrasante majorité des premiers aéroplanes militaires étaient des monomoteurs mais quelques uns arboraient fièrement deux voir quatre moteurs, les multimoteurs étant généralement des avions de reconnaissance et des bombardiers car à cette époque il semblait inconcevable d’utiliser un bimoteur encore moins un quadrimoteur comme chasseur, les pilotes de chasse chevauchant les monomoteurs étant considérés comme les chevaliers des temps modernes.

L’évolution de l’aviation en décida autrement. Les progrès techniques phénoménaux réalisé par les engins plus lourds que l’air rendit possible l’utilisation de bombardiers pour vaincre l’ennemi. De véritable escadres de bombardiers devaient pilonner les villes et pousser l’ennemi à la capitulation.

Parmi les théoriciens du bombardement sur les villes ennemies figurait un général italien, Giulio Douhet qui publia en 1921 Il Dominio dell’aria (la maitrise de l’air) qui vante les mérites du bombardement stratégique, vu comme l’arme absolue sans que personne ne puisse s’y opposer.

Cette école fit des émules en Grande Bretagne, aux Etats Unis et dans une moindre mesure en France et en Allemagne, les deux principaux rivaux européens hésitant beaucoup avant de se lancer dans la constitution d’une force de bombardement stratégique.

Face à ces escadres de bombardiers volant toujours plus haut et toujours plus vite, la DCA et la chasse semblaient démunis. Les monomoteurs majoritairement biplans étaient souvent trop lents en vitesse horizontale et en vitesse ascensionnelle pour intercepter les bombardiers avant l’attaque.

Émerge ainsi l’idée d’un chasseur bimoteur. Les avantages de cette solution étaient que deux moteurs augmentaient la puissance propulsive et donc la vitesse (à condition d’éviter toute surcharge pondérale c’est entendu), l’autonomie et l’armement, la destruction d’un bombardier nécessitant plus que l’armement standard des chasseurs de l’époque (deux à quatre mitrailleuses de faible calibre).

Fokker G1

Fokker G1

Les principaux pays vont ainsi s’équiper de chasseurs bimoteurs appelés aux Pays Bas Jachtkruiser (Fokker G-1 un temps évalué par la France) ou en Allemagne Zersöster, le Messerschmitt Me110 en état le principal représentant alors que de l’autre côté du channel, le Westland Whirlwind, le Bristol Beaufigther et plus tard les De Havilland Mosquito et Hornet offrirent à la RAF une floppée de chasseurs bimoteurs.

La France n’est pas en reste dévellopant le Potez 630 comme multiplace de chasse destiné à la fois à la chasse de nuit mais également l’escorte et le commandement des unités de chasse.

En septembre 1939, le Potez 630 et son dérivé 631 équipent les cinq uniques escadrilles de chasseurs multimoteurs, quatre pour la chasse de nuit et une pour la chasse de jour.

Ces unités sont les véritables parents pauvres de l’armée de l’air avec pour ne rien arranger, une monture loin d’être parfaite.

Comme le vilain petit canard, les unités de chasse multimoteurs et la chasse de nuit connaissent une véritable métamorphose avec en septembre 1948 pas moins de quarante-huit escadrilles répartis au sein des seize escadres de chasse plus quatre escadres de chasse de nuit à trois groupes de trois escadrilles de 9 appareils soit un total de 324 appareils, deux escadres étant stationnées dans le nord-est, une troisième dans le sud-est et une quatrième en Afrique du Nord.
Sur le plan de l’équipement, le Potez 630 et ses différents dérivés ont cédés la place à des avions nettement plus performants comme le Hanriot NC-600 pour la chasse de nuit, le Bréguet Br700C2 _rejeton de la prolifique famille Bréguet Br690_ et le Lockheed H-322 plus connu sous sa désignation américaine : le P-38 Ligthning pour la chasse de jour sans parler d’appareils prometteurs encore au statut de prototype quand le second conflit mondial éclate.

En septembre 1948, l’armée de l’air dispose d’un total de quatre-vingt quatre escadrilles déployée en métropole et en Afrique du Nord plus trois escadrilles de chasse de nuit en Indochine avec trente-six Hanriot NC-600 soit un total de 87 escadrilles et 783 appareils. En comptant les appareils de réserve, 1174 appareils de chasse multiplace ont été produits repartis entre 526 Hanriot NC-600, 216 P-38 et 432 Bréguet Br700C2

Ces unités de chasse multiplace vont donc être équipées de trois appareils : le Hanriot NC-600, le Lockeed H-322 et le Bréguet Br700C2. Le premier va monopoliser les escadrilles de chasse de nuit (ECN) alors que les deux autres se partageront les unités de chasse multiplaces de jour.

Potez 631

Potez 631 en vol

Potez 631 en vol

En octobre 1934, l’armée de l’air lança un appel d’offre pour un «multiplace léger de défense» chargé de mission de chasse de nuit et d’escorte en configuration biplace et de commandement de la chasse en configuration triplace.

Cet appareil qui devait compléter les chasseurs du programme C1 (Bloch MB150 puis de ses dérivé et Morane Saulnier MS406) devaient filer à 450 km/h à 4000m, altitude qui devait être atteinte en moins de quinze minutes, une autonomie de 4 heures avec une vitesse de croisière de 320 km/h.

Plusieurs constructeurs proposèrent leurs projets que ce soit Hanriot avec son H-220 qui allait devenir le NC-600 après les nationalisations, le Loire-Nieuport LN-20, le Romano 110 et le Bréguet 690.

Le prototype du Potez 630 effectua son premier vol le 25 avril 1936. Equipé de moteurs Hispano, ce premier prototype fût suivit par un deuxième prototype désigné Potez 631 avec des moteurs Gnôme et Rhône qui effectua son premier vol le 15 mars 1937 avant d’être confié au Centre d’Essais du Matériel Aérien (CEMA) en novembre.

Monoplans à aile cantiveler, au fuselage de forme ovale et à la dérive double, ces deux avions se distinguaient par leur motorisation et par la prise d’air du carburateur situé au dessus pour le 630 et en dessous pour le 631.

Après dix prototypes destinés à définir les différents version du bimoteur, 80 Potez 630 triplaces de chasse ou C3 furent commandés, sortant d’usine à partir du mois de février et pris en compte par l’Armée de l’Air entre mai et août 1938.

Utilisés comme chasseurs de nuit et comme appareils de commandement de la chasse, les Potez 630 n’auront qu’une carrière éphémère en raison de problèmes de moteurs récurents. Retirés des unités de première ligne en octobre, ils ne furent plus utilisés que comme avions d’entrainement.

Le Potez 631 eut plus de chance, équipant une flottille de l’aéronavale et cinq escadrilles de chasse de l’armée de l’air (quatre de chasse de nuit et une de chasse de jour). Plus de 200 exemplaires de ce chasseur vont être produits, certains se retrouvant en Corse et à Djibouti.

L’arrivée du Bréguet Br700C2 à partir d’août 1941 scella le glas du Potez 631 qui voyait ses heures comptées. Relégué uniquement à l’entrainement à partir de janvier 1942, il est officiellement retiré du service en septembre 1942 et la majorité des appareils usés par un service intensif sont feraillées.

Caractéristiques Techniques du Potez 631

Type : bimoteur triplace de chasse (C3)

Poids : à vide 2450kg maximale : 4500kg

Dimensions : Envergure : 16.00m Longueur : 11.07m Hauteur : 3.62m

Motorisation : deux moteurs Gnome-Rhône 14 M6/7 à 14 cylindres en étoile refroidis par air et développant 700cv entrainant une hélice Gnome Rhône

Performances : Vitesse maximale : 443 km/h à 4500m Distance franchissable maximale : 1220km Plafond pratique : 9000m

Armement : deux canons de 20mm Hispano Suiza HS 9 ou HS 404 de 20mm sous le fuselage tirant en chasse, une mitrailleuse MAC 34 de 7.5mm en poste arrière et certains deux affûts doubles de 7.5mm (un sous chaque aile).

Hanriot NC-600

L'élégant Hanriot NC-600

L’élégant Hanriot NC-600

Dans le cadre du programme d’octobre 1934 réclamant un multiplace de défense, la firme Hanriot présenta au Salon de l’Aviation en 1936 un bimoteur baptisé H-220. Modifié avant même son premier vol (empennage bi-dérive) et devenu le H-220-1, il effectua son premier vol le 2 septembre 1937 mais fût détruit en février 1938.

Un nouvel appareil baptisé H-220-2 puis NC-600 après les nationalisations (la firme Hanriot intégrant la Société Nationale de Construction Aéronautique du Centre ou SNCAC) effectua son premier vol le 15 mai 1940.

Un temps, il fût menacé par l’hétérodoxe SNCASE SE-100 mais au final sa production en série est décidé pour équiper les escadres de chasse de nuit. Un deuxième prototype modifié (cockpit différent) effectua son premier vol le 15 septembre 1940.

Testés intensivement les deux prototypes furent épaulés dans cette tache par quatre appareils de pré-série commandés en janvier et livrés en mars. Ses performances étaient remarquables notamment en terme de maniabilité, un duel simulé contre un Dewoitine D-520 du GC III/3 basé à Beauvais se terminant par la victoire du NC-600.

Après avoir un temps envisagé d’équiper certaines ECMJ (Escadrilles de Chasse Multiplaces de Jour) avec cet appareil, l’armée de l’air décide finalement de le réserver à la chasse de nuit soit un total de trente-six escadrilles et de 324 appareils de première ligne.

Une première commande de 72 appareils est passée en juin 1941 pour équiper huit escadrilles de chasse de nuit, les appareils étant livrés entre septembre 1941 et mars 1942 soit une cadence de douze appareils par mois.

La deuxième commande est passée dès le mois de janvier 1942 pour à nouveau 72 appareils qui sont livrés entre avril et octobre 1942, de quoi donc équiper huit nouvelles escadrilles de chasse de nuit.

La troisième commande est passée au mois de mars 1942 et pour augmenter les cadences, Hanriot ou plutôt la SNCAC décide de mettre sur pied une deuxième chaine de montage à Clermont Ferrand. Les 72 appareils commandés _tous fabriqués à Bourges_ sont livrés entre novembre 1942 et mars 1943 pour équiper huit escadrilles de chasse de nuit.

La quatrième commande passée en juin 1942 voit l’armée de l’air commander 72 appareils pour équiper huit escadrilles de chasse de nuit, les appareils _les premiers produits à Clermont Ferrand_ sont livrés entre septembre 1942 et mars 1943.

La cinquième commandée passée en septembre 1942 voit l’armée de l’air commander 36 appareils (et la marine 24 avions pour l’escadrille 3C précédemment équipée de Potez 631) pour équiper les quatre dernières escadrilles de chasse de nuit, les soixante appareils étant livrés par les chaines de montage de Bourges et de Clermont Ferrand entre avril et septembre 1943.

La sixième commande est destinée à créer une réserve d’attrition fixée à 50% soit 162 appareils. Les 40 appareils commandés sont construits uniquement à Clermont Ferrand (Bourges produisant d’autres appareils notamment le Br700C2) et livrés entre juin et novembre 1944.

La septième commande de 40 appareils est honorée entre décembre 1944 et mai 1945, la huitième commande de 40 appareils l’est entre juin et décembre 1946 et la neuvième commande de 42 appareils est livrée à l’armée de l’air entre janvier et juin 1947.

L’armée ayant décidé de déployer un GCC multimoteurs en Indochine, 36 Hanriot NC-600 supplémentaires sont commandés en mars 1947 et livrés entre juin et octobre 1947, 27 appareils sont prévus pour être mis en ligne et 9 en réserve en Indochine. Contrairement à leurs cousins de métropole, les NC-600 indochinois doivent opérer aussi bien de jour que de nuit.

Une ultime commande est passée en janvier 1948 pour 54 bimoteurs destinés à alimenter des stocks jugés toujours insuffisants par l’armée de l’air, ces appareils étant livrés entre février et août 1948.

L’armée de l’air à donc reçu un total de 526 Hanriot NC-600 mais en septembre 1948, il n’en reste plus que 512, 14 appareils ayant été perdus par accident ou réformés à cause d’une usure prononcée liée à une utilisation intensive mais qui parfois révélait une construction baclée que l’armée de l’air mis sur le compte d’ouvriers mal formés et les industriels sur la pression intense de l’Armée de l’Air pour disposer toujours plus vite des appareils commandés.

A noter qu’une version embarquée baptisée NC-650 fût mise au point pour la marine qui envisageait d’embarquer deux chasseurs de ce type à bord de ces porte-avions. De nombreux problèmes techniques et un changement de priorité scella le destin du NC-650 qui resta donc à l’état de prototype.

En ce qui concerne les unités de chasse de nuit, les quatre escadrilles de chasse de nuit existantes sont transformées en escadres de chasse de nuit. La ECN 1/13 devient la 24ème Escadre de Chasse (de Nuit) en janvier 1942, la ECN 2/13 devient la 25ème Escadre de Chasse (de Nuit) en septembre 1942, la ECN 3/13 devient la 26ème Escadre de Chasse (de Nuit) en mai 1943 et la ECN 4/14 devient la 27ème Escadre de Chasse (de Nuit) en janvier 1944.

Les 24ème et 25ème Escadre couvrent le Nord-Est, la 26ème Escadre couvre le Sud-Est et la 27ème Escadre l’Afrique du Nord.

Caractéristiques Techniques du Hanriot NC-600

Type : chasseur bimoteur biplace

Masse : 3995kg en charge

Dimensions : envergure 12.80m hauteur 3.40m longueur 8.80m

Motorisation : deux moteurs radiaux Gnôme & Rhône 14M00/05 14 cylindres en étoile de 990ch

Performances : vitesse maximale 564 km/h à 8000m Autonomie : 1100km Plafond : 8500m

Armement : deux canons de 20mm HS-404 et quatre mitrailleuses de 7.5mm dans le nez, deux mitrailleuses de 7.5mm dans le poste arrière et une mitrailleuse en poste ventral orienté vers l’arrière actionnée par le pilote

24-Armée de l’air (3)

Les commandements opérationnels

Les commandements opérationnels sont inspirés des Command de la Royal Air Force (R.A.F), l’armée de l’air britannique.

Ces commandements sont chargés de préparer opérationnellement parlant les différentes unités en l’occurence des escadres regroupant trois ou quatre groupes de quatre escadrilles soit un total de 108 ou 144 appareils par escadre.

Commandement de la Défense Aérienne du Territoire (CDAT)

Ce commandement regroupe les unités de chasse diurne et nocturne ainsi que la Défense Antiaérienne du Territoire (DAT), des batteries légères et lourdes;

Pour la chasse, le CDAT dispose de quatre unités différentes :

-Pour la couverture des unités de combat, l’escorte des bombardiers et la destruction des bombardiers ennemies, l’armée de l’air dispose en septembre 1948 de quarante-huit groupes de chasse à quatre escadrilles (trois monomoteurs et un de bimoteurs) répartis en seize escadres, concentrées essentiellement dans le Nord-Est et l’Est du territoire (onze escadres soit 1188 chasseurs), trois escadres couvrant le Sud-Est (324 appareils), une dans le Sud-Ouest (108 appareils) et une dernière pour couvrir l’Afrique du Nord (108 appareils).

Le bombardier hexamoteur Focke-Wulf Ta-400, une débauche de moyens pour des résultats médiocres

Le bombardier hexamoteur Focke-Wulf Ta-400, une débauche de moyens pour des résultats médiocres

Les quarante-huit groupes de chasse alignent un total de 1728 chasseurs. A cela s’ajoute un groupe d’interception équipé de vingt-sept Dewoitine D-555, un intercepteur-escorteur lourd pour contrer les bombardiers hexamoteurs allemands Focke-Wulf Ta-400.

-Ce commandement dispose également d’unités de chasse de nuit pour assurer la défense nocturne du territoire est assurée par quatre escadres de chasse nocturne à trois groupes de trois escadrilles de 9 appareils soit un total de 324 appareils, deux escadres étant stationnées dans le nord-est, une troisième dans le sud-est et une quatrième en Afrique du Nord.

-La défense locale est assurée par des Escadrilles Régionales de Chasse soit douze escadrilles régionales de chasse équipées de douze appareils soit un total de 144 appareils en métropole plus deux autres au Maroc et deux autres en Algérie soit un total de 192 avions.
-Enfin, dans les colonies et assimilés, nous trouvons des Groupes Régionaux/Coloniaux de Chasse (GRC ou GCC) voir d’escadrilles pour les territoires les plus modestes et où les menaces ennemies sont très limitées.

La Corse dispose d’un GRC (Groupe Régional de Chasse) à quatre escadrilles de neuf appareils soit 36 chasseurs monomoteurs répartis entre Solenzara avec deux escadrilles et Campo del Oro près d’Ajaccio avec deux autres escadrilles. Les mandats du Liban et de Syrie disposent d’un GCC à quatre escadrilles de neuf appareils soit 36 chasseurs.

L’AOF (Afrique Occidentale Française) dispose d’un GCC à quatre escadrilles de neuf appareils soit un total de 36 chasseurs. L’AEF (Afrique Equatoriale Française) dispose d’un GCC à trois escadrilles de neuf appareils soit un total de 27 chasseurs.

Madagascar dispose d’une escadrille indépendante de chasse basée à Antannarive équipée de douze appareils. La Martinique, la Guadeloupe et la Guyane disposent chacun d’une escadrille de douze appareils.

Pour l’AOF, l’AEF, Madagascar les Antilles, ces unités ont un rôle de souveraineté plus qu’autre chose et si les zones restent calmes, ces unités pourraient être redéployées dans des zones plus conflictuelles.

L’Indochine dispose à l’origine d’un groupe de chasse colonial (GCC) à quatre escadrilles de neuf appareils, dispersé entre Saïgon (deux), Hanoï (une) et Haïphong (une) soit 36 appareils, le nombre augmentera sensiblement entre 1945 et 1948 à tel point que quand le conflit éclatera en Europe, l’Indochine disposera de trois GCC, un couvrant la conurbation Hanoï-Haïphong, un second couvrant la région de Cam-Ranh et une troisième couvrant Saïgon. Un GCC de nuit est créé en septembre 1947 à Than-Son-Nut avec 27 appareils type Hanriot NC-600.

Quand la France entre en guerre, l’armée de l’air dispose de 2541 chasseurs dont une majorité stationnée en métropole sans oublier les apports tchèques et polonais que nous étudierons dans l’ordre de bataille de l’armée de l’air.

-La Défense Antiaérienne du Territoire (D.A.T) est organisée en Zones de Défense Antiaérienne dont le tracé est calqué sur celui des ZAM. Au niveau de chaque province, un district de défense antiaérienne regroupe les moyens avec des batteries fixes et mobiles.

Les batteries fixes sont déployées autour de Paris, autour des grands ports (Le Havre, Dunkerque, Nantes et Saint-Nazaire, Bordeaux, Marseille….) et pour protéger certaines installations industrielles sensibles. On trouve également plusieurs batteries mobiles avec pièces tractées.

Des projets de trains antiaériens envisagés n’ont finalement pas vus le jour même si les études ont été menées suffisamment loin pour qu’en quelques jours ou quelques semaines, des trains antiaériens puissent voir le jour.

Commandement des Forces Aériennes Tactiques (CFAT)

Ce commandement regroupe l’aviation d’assaut et les unités de bombardement léger et moyens pour assurer l’appui-feu des troupes au sol, l’appui-tactique par la destruction des arrières immédiats (plots logistiques, postes de commandement……) et le bombardement de l’industrie et des axes de communication (routes, ponts, voies ferrées). Pour cela ce commandement regroupe les moyens suivants :

Avion d'assaut Bréguet Br693

Avion d’assaut Bréguet Br693

-Cinq escadres de bombardement d’assaut soit quinze groupes et quarante-cinq escadrilles soit un total de 405 appareils type Bréguet 693/695/696, la majorité de ces groupes étant stationnés en Métropole, une escadre soit trois groupes étant stationnée en Tunisie et une escadre soit trois groupes en Indochine, laissant neuf groupes et vingt-sept escadrilles soit 243 appareils en métropole.

-Deux escadres de bombardement en piqué soit huit groupes et ving-quatre escadrilles soit un total de 216 appareils répartis à égalité entre les monomoteurs LN-430 (108 appareils) et bimoteurs Bréguet Br698 (108 appareils), toutes stationnées en Métropole jusqu’en juin 1948.

En juillet 1948, deux groupes sont retirés de Métropole soit six escadrilles et 54 appareils sont envoyés en Indochine, un groupe étant équipé de Bréguet 698 et un groupe étant équipé de Loire-Nieuport LN-430. La mobilisation devant normalement permettre de reconstituer ces groupes en métropole.

-Quatre groupes indépendants d’appui rapproché soit un total de 108 bimoteurs Potez 640, tous étant stationnés en Métropole.

-Sept escadres de bombardement léger soit vingt et un groupes et soixante-trois escadrilles soit un total de 567 appareils américains type Douglas DB-7/Martin 167/Martin 187. Trois escadres sont stationnées en métropole, une au Maroc, une en Algérie, une en Tunisie et une au Levant.

Bombardier moyen Amiot 351

Bombardier moyen Amiot 351

-Douze escadres de bombardement moyen soit trente-six groupes et cent-huit escadrilles soit un total de 972 bombardiers type Lioré et Olivier Léo 451 et Amiot 351 ainsi que tous leurs dérivés. Huit escadres sont déployées en Métropole, deux en Tunisie, une au Levant et une en Indochine.

On compte également un groupe indépendant de bombardement à haute altitude,une escadrille indépendante en Guyane (huit puis douze appareils), une en Martinique (douze appareils) et à Djibouti (un groupe de vingt-sept appareils).

Commandement du Bombardement Lourd (CBL)

Ce commandement est l’homologue du Bomber Command et regroupe les unités de bombardiers lourds chargés de frappes stratégiques contre l’Allemagne, l’Italie voir l’Espagne, le Portugal et le Japon (même si avant septembre 1948, aucun bombardier lourd n’était stationné sur un territoire mettant le Japon à portée).

Le CBL chargé du bombardement stratégique et du bombardement lourd dispose trois escadres de 81 appareils chacuns répartis en trois groupes à trois escadrilles de neuf appareils soit un total en ligne de 243 appareils de différents types, la première escadre étant basée dans le nord-est, la deuxième dans le sud-est et la troisième en Tunisie.

L’armée de l’air aligne en septembre 1948, un total de 2454 bombardiers d’assaut, en piqué, avions d’appui rapproché, bombardiers légers, moyens et lourds.

23-Armée de terre Ligne Maginot (18)

Les ouvrages de campagne et organisation en profondeur du front alpin

A la différence du front Nord-Est, la fortification de campagne du front alpin représente une grande unicité, probablement en raison de l’unité du commandement. Les types d’ouvrages sont donc peu nombreux.

Les ouvrages de campagne et organisation en profondeur du front alpin (1) : les avant postes

Dès juin 1930 alors que la construction des ouvrages puissants est loin d’avoir été terminée, l’armée des Alpes décide de construire en avant de ces ouvrages (dont la puissance n’à rien à envier à ceux du Nord-Est) une série d’avant-postes, certains se situant sur la frontière même.

Avant Poste (AP) du Col des Fourches dans le Secteur Fortifié des Alpes Maritimes (SFAM)

Avant Poste (AP) du Col des Fourches dans le Secteur Fortifié du Dauphiné (SF Dauphiné)

Si dans le Nord-Est, une partie du territoire n’est pas couvert par les ouvrages et donc théoriquement abandonnée à l’ennemi, on ne peut se le permettre dans les Alpes où reprendre le terrain perdu est extrêmement délicat.

Ces avant-postes sont de véritables ouvrages en modèle réduit avec deux entrées, un observatoire et des blocs de combat équipés de mitrailleuses et de fusils-mitrailleurs. Ces avant-postes sont généralement entourés d’organisations annexes comme des gaines de communication semi-enterrées, des abris en tôle métro et des emplacements pour tromblon VB et mortiers.

Ces avant-postes disposent d’équipement spécifiques qu’il s’agisse de portes blindées, de créneaux et de tremies spécialement adaptées à ces avant postes qui bénéficie aussi de cloches démontables type Saint Jacques.

A noter que de vieux ouvrages datant d’avant 1914 ont été réutilisés comme avant-postes qu’ils aient été modernisés ou non (la Redoute Ruinée, la Turra, les Acles, Viraysse).

Les ouvrages de campagne et organisation en profondeur du front alpin (2) : les abris alpins

Comme sur le front Nord-Est, la CORF à prévu la construction d’abris passifs et actifs, abris dont la réalisation à souvent été confiée à la Main d’Oeuvre Militaire (MOM). En plus de ces abris, d’autres ont été réalisés par les troupes alpines, des abris en tole métro recouverts de pierres sèches ou de béton, avec des entrées en béton ou en brique.

Les ouvrages de campagne et organisation en profondeur du front alpin (3) : les casemates complémentaires

Sous ce terme, je regroupe plusieurs types d’ouvrages construits après la mobilisation générale de septembre 1939.

-Sur la Ligne Principale de Résistance (LPR), on réalise de petits blocs appelés blocs Briançon qui se compose d’une entrée et d’un créneau pour fusil mitrailleur ou mitrailleuse dans le sous-secteur de Briançon et dans le SF Alpes Maritimes où ils sont appelés «blocs briançonnais»

-Dans le SF Savoie est organisée une une seconde position à l’aide de petits blockays construits dans les Vallées alors que dans le SFAM sont construits des casemates type STG allégés.

-Dans le SF Rhône sont construits des petits blockhaus le long de la frontière suisse pour verrouiller les différents axes de pénétration.

Ces petits blockhaus sont sont de deux type : blockhaus type Briançon pour mitrailleuse ou
FM et le blockhaus modèle 1936 à un créneau équipé soit d’un canon antichar de 25mm ou d’une mitrailleuse.

L’armement de ces différents casemates est fourni par les troupes de campagne qu’il s’agisse des canons de 25mm, des mitrailleuses ou des fusils mitrailleuses.

L’armement antichar est quasiment absent probablement en raison d’un terrain défavorable à l’engagement des chars. On note la présence de deux canons de 47mm au casemate du Tunnel près de Fort-l’écluse et de six casemates de la seconde position dans le SFAM.

 L’organisation en profondeur du front alpin

Le front alpin est organisé en trois lignes de défense successives :

-Les avant-postes sont constitués de vieux ouvrages ou d’organisation bétonnées réalisées à partir de 1930 par la Main d’Oeuvre Militaire (MOM)

-La Ligne Principale de Résistance (LPR) est matérialisée par la ligne d’ouvrages conçue
par la CORF, les travaux étant réalisés par des entreprises civiles et par la MOM.

-La Seconde position reposant sur des ouvrages anciens et/ou des casemates allégées, le plus souvent réalisées à partir de septembre 1939.

Les ouvrages sont couverts par des réseaux de barbelés mais ces réseaux sont plus étroits que dans le Nord-Est et ils se contentent de couvrir les ouvrages sans former un réseau continu.

En ce qui concerne les réseaux de rails antichars, ils sont peu nombreux en raison d’un terrain généralement peu propice à l’emploi de blindés. Il est néamoins prévu la réalisation de 25 barrages de route soit une longueur totale de 9km, barrages de route qui nécessite l’implantation sur les côtés de rails quand naturellement le terrain le permet.

Un seul fossé antichar à également été réalisé, au niveau de Bourg-Saint Maurice pour barrer la vallée de l’Isère à hauteur des PO de Châtelard et de la Cave-à-Canon.

En ce qui concerne le barrage des routes, on assiste à la mise en place d’un barrage rapide de type mobile couvert par un blockhaus de défense équipé d’un canon antichar et d’un ou plusieurs jumelages de mitrailleuses avec trois exemples de barrages réalisés et de véritables barrières antichars dont vingt-cinq exemplaires ont été réalisés.

Il faut également s’assurer que l’ennemi (sous-entendu italien) n’utilisera pas les tunnels ferroviaires des Alpes pour déboucher en France. En 1939, trois tunnels existent : le tunnel du Fréjus en Maurienne, la ligne Nice-Conni passant par le col de Tende dans la Roya et la ligne Nice-Vintimille sur le littoral.

Si la défense du tunnel du Fréjus est assuré par le fort du Replanton, la défense de la ligne Nice-Coni est prévue dès la construction avec l’aménagement de chambres de destruction dans les ouvrages d’art et de casemates de protection aux débouchés des tunnels construits à proximité de la frontière, soit dans le parement même du tunnel, soit sous une casemate de protection isolée voire les deux.

Durant la guerre de Pologne, la défense des lignes Nice-Coni et Nice-Ventimille est renforcée par la mise en place dans les tunnels de Berghe et de Cap-Martin d’un casemate de défense qui couvre une grille et une porte blindée percée de créneaux pour fusil.

Pour être totalement exaustif et complet, signalons également la présence d’un fossé sur l’ouvrage de la Roche-Lacroix, l’ouvrage Maginot reprennant le site d’une ancienne batterie et celui d’un mur d’escarpe à l’ouvrage du Rimplas, le premier ouvrage de la ligne Maginot dont les travaux ont commencé (et ce en 1928). Certains ouvrages vulnérables à des attaques depuis la route par «véhicules explosifs» sont entourés de grilles.

Quelques tourelles démontables sont également présentes sur le front alpin soit en remplacement d’ouvrages non réalisés soit pour battre des axes secondaires qui ne justifient pas la construction de casemates en béton.

Comme sur le Nord-Est, les arrières de la position doivent répondre à une double fonction : donner de la profondeur à l’ensemble et desservir les organisation existantes.

Pour deesservir les ouvrages, les ouvrages alpins disposent d’une série de routes stratégiques desservant notamment les grands cols. Le CORF va construire lui aussi de nombreuses routes pour desservir les ouvrages et ce dès la construction des ouvrages.

C’est ainsi que dans le SFAM, des routes récentes ont dû être doublées par des routes militaires car leur tracé les mettait aux vues adverses.

Parmi les réalisations spécifiques les plus importantes, citons la route stratégique du Monte-Grosso longue de 14km qui a dû être réalisée de toutes pièces, et celle du Restefond prolongée jusqu’au col de la Bonette. Toutes ces routes sont au gabarit militaire avec renforcement des lacets par des murs en pierre maçonnées, garages de croisement et parapets.

Chiuses, des casemates construites dans la roche

Chiuses, des casemates construites dans la roche

On trouve également une particularité, les chiuses, des batteries-cavernes creusées à même la roche pour barrer les vallées de la Tinée et de la Vésubie, les chiuses de Bauma-Négra et de Saint-Jean-de-la-Rivière. La modernisation de ces ouvrages n’est pas menée à son terme et restent en position secondaire pour couvrir les arrières.

Les casernements

Il existe trois types de casernements pour les hommes servant les ouvrages de la Ligne Maginot Alpine :

-Les casernements urbains : Les villes, les localités n’étant pas si éloignées que cela des
ouvrages, les hommes peuvent être abrités dans des casernes existantes comme à Bourg- Saint-Maurice; Modane; Briançon; Barcelonette et Sospel. Un casernement particulier à Jaussiers-La Condamine dessert les ouvrages de l’Ubaye.

-Les casernements alpins d’altitude : On trouve essentiellement des casernements le plus souvent en pierres sèches réalisés à la fin du 19ème siècle et réutilisés dans le cadre de la CORF. Des casernements spécifiques ont également été réalisés aux endroits où il y en avait pas : Charmaix près du Lavoir, Monte-Grosso et Col-de-Brouis.

-Les casernements légers : Comme dans le Nord-Est, il existe également des «camps légers» comprenant des chalets en bois construits à proximité des entrées. Parfois sont utilisés des bâtiments existants, des tentes ou même les baraquements des ouvriers.

23-Armée de terre Ligne Maginot (15)

D-Les travaux complémentaires (1936-1948)

Avant-propos

Le 1er janvier 1936, la Commission d’Organisation des Régions Fortifiées (CORF) est dissoute, laissant aux différentes régions militaires le soin de compléter ou d’organiser les défenses de leur zone de compétence.

Cela va poser des problèmes de coordination avec une différence parfois assez sensible entre les différentes régions. Néanmoins la mise en place ultérieure de la Commission d’étude des Zones Fortifiées (CEZF) va limiter les dégâts en rationnalisant les travaux sans que la CEZF dirigée par le général Belhague _ancien commandant de la CORF_ n’ait les pouvoirs de la créatrice de la Ligne Maginot.

L’organisation des fronts fortifiés puissants

Pour ce qui est des fronts construits par la CORF qu’ils s’agissent des Anciens ou des Nouveaux Fronts, la dissolution de cette dernière ne pose pas énormément de problèmes. Le gros du travail à été réalisé et les travaux menés à partir de 1936 sont plus destinés à affiner les différentes lignes de défense et à donner de la profondeur à la position.

Les moyens vont être cependant nettement plus réduits. Exit les entreprises spécialisées et les budgets «assez» confortables de la CORF au profit de budgets nettement plus réduits, la construction des ouvrages étant assurée par la MOM (Main d’Oeuvre Militaire).

Autre différence d’importance par rapport aux ouvrages de la CORF, les blockhaus, casemates et autres ouvrages construits ne doivent pas être occupés par des troupes spécialisés comme les Régiments d’Infanterie de Forteresse mais par des troupes de campagne.

canon-de-65mm-modc3a8le-1902

En ce qui concerne l’armement, on note le recours à d’anciens canons de marine, le canon de 47mm modèle 1885 et son descendant le modèle 1902 ainsi que le canon de 65mm modèle 1885/91 et son descendant le modèle 1902, des pièces dont la Royale n’à plus l’usage mais qui peuvent faire office de canons antichars même si naturellement, ils n’ont pas été conçus pour cette mission. Si le 47mm pourra prendre place dans des blockhaus, l’encombrement de la pièce de 65mm imposera son installation dans des cuves bétonnées.

Au total, la marine à cédé à l’armée de terre un total de 509 «vieux canons» répartis entre 321 canons de 47mm modèle 1885, 113 canons de 47mm modèle 1902, 45 canons de 65mm modèle 1885/91 et 30 canons de 65mm modèle 1902. Ces canons vont être répartis entre différentes régions militaires (Nda Il s’agit des régions militaires avant le redécoupage de 1941 qui fera coïncider les Régions Militaires et les Provinces) :

-La 2ème région militaire (Amiens) reçoit vingt canons de 47mm modèle 1885 et 5 canons de 65mm modèle 1902

-La 6ème région militaire (Metz) reçoit 68 canons de 47mm modèle 1885, 81 canons de 47mm modèle 1902 et 25 canons de 65mm modèle 1902

-La 20ème région militaire (Nancy) qui reçoit pas moins de 60 canons de 47mm modèle 1885, 30 canons de 47mm modèle 1902 et 45 canons de 65mm modèle 1888-91

-La 7ème région militaire (Besançon) reçoit 93 canons de 47mm modèle 1885 et 2 canons de 47mm modèle 1902

-La 14ème région militaire (Lyon) reçoit 26 canons de 47mm modèle 1885

-La 15ème région militaire (Marseille) reçoit 34 canons de 47mm modèle 1885

-La Tunisie reçoit 20 canons de 47mm modèle 1885.

Pour ce qui est des constructions, la décentralisation au niveau des régions militaires va naturellement provoquer une série de différences dans les constructions, chaque région militaire définissant ses instructions et ses priorités.

Entrée d'un Blockhaus modèle 1935 RFM (Région Fortifiée de Metz)

Entrée d’un Blockhaus modèle 1935 RFM (Région Fortifiée de Metz)

Le génie de la RF Metz (général Grenet) édite deux instructions pour la construction des «Blockhaus MOM», celle du 3 mai 1935 (blockhaus double pour mitrailleuses ou canon de 37mm, blockhaus double avec canon de 47mm de marine, observatoire avec un abri et le PC bétonné) et celle du 16 mars 1936 (blockhaus simple de flanquement, emplacements des tourelles démontables, casemate Pamart, les observatoires et l’abri PC).

-Le premier modèle de blockhaus «messin» est le blockhaus modèle 1935 type RFM (Région Fortifié de Metz) qui comporte un créneau frontal pour un canon de 47mm (angle de tir : 45°) et un ou deux créneaux pour mitrailleuses agissant en flanquement.

Il en à été construit un total de 72 exemplaires de ces blockhaus capable de résister à des
coups directs de 105mm.

-Lui succède un blockhaus modèle 1936 comportant en échelons refusés, deux créneaux pour 47mm antichar et pour mitrailleuses. Il à ainsi été produit à 73 exemplaires, certains pouvant résister à des obus de 155mm et d’autres à des obus de 105mm.

-Sauf quelques exceptions dans le SD de Marville, le modèle 1936 sera le dernier blockhaus à deux créneaux. Il est remplacé par le blockhaus modèle 1936 pour canon antichar ou pour mitrailleuses, blockhaus dont les plans sont établis par le STG.

Cela à évidement l’inconvénient de dissocier les blocs dont un sur deux se révéléra inefficace surtout si l’ennemi n’emploi pas de chars et même dans ce domaine, le choix initial du canon de 37mm TR 16 se révéléra malcommode et seule l’installation ultérieure de canons de 47mm plus modernes rendra ses ouvrages efficaces dans cette mission.

-Enfin on trouvera encore plus économique que le blockhaus décrit ci-dessus avec les boucliers AC25. Ces boucliers sont composés de trois pans épousant la forme du bouclier du canon de 25mm, on trouve l’embrasure pour la pièce et une ou deux embrasures pour FM.

-La Région Fortifiée de Metz étant chargée de la fortification du SD (Secteur Défensif) de Marville, elle va mettre au point deux autres types de blockhaus.

Le premier appelé blockhaus modèle 1937 type RFM à créneaux décrochés pour une mitrailleuse et un canon de 25mm agissant en flanquement et un blockhaus à action frontale pour deux mitrailleuses.

-Pour équiper le Secteur Fortifié de Faulquemont d’un minimum d’artillerie, la RF Metz met au point une casemate d’artillerie destinée à recevoir deux canons de 75mm modèle 1897 et protéger ainsi sous béton des pièces de campagne.

Les huit casemates d’artillerie construites sur ce modèle (deux dans le SD Marville, trois dans le SF Fauquelmont et deux dans le SF Boulay) dispose d’une tourelle démontable pour mitrailleuse et d’un sous-sol.

-Ce modèle de casemate d’artillerie va inspirer la Région Fortifiée de la Lauter qui fait construire deux casemates légères d’artillerie (une à Windstein et la seconde au Biensberg) recevant chacune deux canons de 75mm modèle 1897. Le SF de la Sarre va disposer de quatre casemates légères d’artillerie recevant chacun un canon de 75mm modèle 1897.

-Il ne faut pas oublier les organisations annexes. Celles réalisés par la RF Metz sont souvent destinées à remplacer des constructions CORF dont la réalisation à été reportée en 2ème cycle, report équivalant à une annulation avec la dissolution de la CORF.

-Les abris poste de commandement sont ainsi composées de tôles métro protégés par une façade rectiligne en béton armé à façace pseudo-bastionnée. En fonction de leur importance, ils disposent de six (PC régimentaires), quatre (PC de bataillon) ou deux (PC de compagnie) alvéoles.

-On trouve également des cuves pour canons de 47mm et de 65mm, positions qui servent avec leurs vieux mais efficaces canons des positions de verrous arrière. Les munitions sont stockées à proximité, des hangars en bois servant à abriter le personnel, abris remplacés en 1948 par des abris légers en tôle métro à l’efficacité limitée pour ne pas dire douteuse.

Tourelle démontable pour mitrailleuse Hotchkiss

Tourelle démontable pour mitrailleuse Hotchkiss

-On trouve également des emplacements pour tourelles démontables. On en trouve trois modèles, le modèle 1935 et le modèle 1937 équipés d’une mitrailleuse Hotchkiss de 8mm (remplacée ultérieurement par une mitrailleuse de 7.5mm) et le modèle 1942 équipée d’un canon de 25mm modèle 1937, 495 tourelles modèle 1937, 250 tourelles modèle 1937 et 300 modèle 1942 ont été produits, étant déployés dans le Nord-Est, dans les Alpes et en Tunisie.

-Plusieurs types d’observatoires ont été réalisés, le plus surprenant étant probablement le modèle voyant l’enterrement d’un char TSF dans une gaine de béton, couplés le plus souvent à un abri bétonné.

Le renforcement des fronts puissants ne pose pas de problèmes, il s’agit de compléter une construction linéaire et d’organiser l’arrière. La situation est différente au nord de Charleville-Mézières où pour des raisons politiques (ne pas mécontenter l’allié belge) aucune réalisation aussi puissante que les ouvrages du Nord-Est n’à été réalisée.

Il est alors prévu de construire des ouvrages fortifiés uniquement lors de l’entrée en guerre, des constructions tactiques destinés à accompagner l’entrée en Belgique des troupes françaises et leur offrir une position préparée en cas de repli.

La menace allemande rend cette conception obsolète surtout qu’à partir de 1936, la Belgique rétablit sa neutralité d’avant 1914 ce qui rend nécessaire la construction de blockhaus et de casemates dès le temps de paix.

L’absence d’autorité coordinatrice comparable à la CORF va provoquer non pas une saine stimulation dans les réalisations mais plutôt une organisation anarchique où la conception d’une région militaire allait en contradiction avec sa voisine. La reprise en main ultérieure par le STG puis par la CEZF limitera les plus gros défauts sans les éliminer vraiment totalement.

23-Armée de terre Ligne Maginot (14)

Les armes du béton : mitrailleuses, canons, fusils-mitrailleurs, mortiers et lance-bombes

Le béton c’est bien, avec du cuirassement c’est mieux mais sans armement, cela ne sert à rien, un obstacle non battu par les feux ne va ralentir l’ennemi que quelques minutes, quelques heures tout au plus.

La Ligne Maginot va donc recevoir un armement puissant même si la non réalisation des canons de 145mm (portée : 30km) va réduire la puissance de la Muraille de France.

Cette puissance ne devant surtout pas être amoindrie, il est décidé de l’équiper d’un armement spécifique pour éviter ce qui c’était passé en 1915 à savoir le désarmement des forts notamment de Verdun qui avait mis en difficulté l’armée française en 1916 lors de l’offensive de février.

L’armement peut être divisé en deux catégories : l’artillerie chargée de missions d’interdiction lointaine et l’infanterie chargée de missions de défense rapprochée, au contact direct avec l’ennemi.

 Les matériels d’artillerie (1) : les matériels de 75mm

En ce qui concerne ce calibre historique de l’artillerie française avec le fameux «75» de 1897, on trouve un total de huit modèles pour casemates et tourelles dont deux réservés aux fortifications du Nord Est.

-Le premier modèle est un canon-obusier modèle 1929 qui dont le tube est dérivé du canon de 75mm modèle 1897 avec un berceau auquel il est relié par un frein de tir et un récupérateur.

Au Nord-Est, ce matériel équipe cinq casemates de flanquement (quatre à trois pièces et une à deux pièces) alors que le Sud-Est dispose de douze pièces et que la Corse dispose de quatre pièces.

La portée maximale à +40° est de 12900m (11000m à +30°) avec une cadence de tir de douze coups à la minute en tir normal, de 24 en tir accéléré, des tests ayant permis une cadence de 36 coups à la minute en séries d’une dizaine de coups.

Portée maximale : 12100m Cadence de tir : douze coups à la minute Longueur du tube : 2.721m Pointage : en direction 45° de chaque côté et en site de -8° à +40° (limité à 30° pour certains casemates)

-Le second modèle est un obusier de 75mm modèle 1932. C’est un matériel à tir rapide et court recul destiné à armer certaines casemates de flanquement. Par rapport au précédent, le tube est raccourci de 30cm ce qui réduit la volée à 0.45m contre 1.50m. Vingt-trois matériels sont livrés entre mars 1933 et mai 1934. Les performances sont semblables à celle du matériel précédent.

Portée maximale : 11900m Cadence de tir : douze coups à la minute Longueur du tube : 2.421m Pointage : en direction 45° de chaque côté et en site de -9° à +40° (limité à 30° pour certains casemates)

-Le troisième modèle est un obusier de 75mm modèle 1932R. Il s’agit d’un matériel à tir rapide et court recul destiné à équiper initialement les coffres flanquants des ouvrages de la fortification permanente puis certains blocs de flanquement.

Il se compose d’un tube de 75mm modèle 1905 raccourci avec une culasse Nordenfeld. Comme les coffres de flanquement ont été abandonnés, seuls neufs matériels vont être livrés pour équiper les ouvrages de Billig, du Hackenberg et du Hochwald.

Il aurait du remplacer le mortier de 75mm modèle 1931 de portée insuffisante. Dans les autres ouvrages (Soetrich, Mont-des-Welches et Schoenenbourg), les casemates prévus ont été remplacés par des tourelles.

Portée maximale : 9200m Cadence de tir : douze coups à la minute Longueur du tube : 1.555m Pointage : en direction 45° de chaque côté et en site de -3° à +35°

-Le quatrième matériel est l’un des deux réservés aux fortifications Maginot implantés dans les Alpes. Il s’agit du canon-obusier modèle 1933 destiné à équiper certains casemates en terrain rocheux.

Considéré comme une excellente arme, il est destiné à équiper les casemates d’action frontale et ne présente aucune volée vulnérable à un coup ennemi. Pour ce qui est de ses caractéristiques techniques, elles sont identiques au modèle 1932 exception faite de sa portée qui est de 12000m.

-Le deuxième matériel spécifique aux ouvrages du Sud-Est est le mortier de 75mm modèle 1931. Construit par l’Atelier de Puteaux, il dispose d’un tube très court tourillonnant à la bouche et monté sur un affût poutre. Trente exemplaires de ce matériel destiné à battre les défilements aux abords des ouvrages. Un projet de mortier sous tourelle à été abandonné et remplacé _uniquement en Alsace-Lorraine_ par les tourelles de 75mm modèle 1932R.

Portée maximale : 5900m Cadence de tir : douze coups à la minute Longueur du tube : 1.371m Pointage : en direction 45° de chaque côté et en site de -5° à +35°

-Le canon-obusier de 75mm modèle 1933 sous tourelle est en fait un canon-obusier modèle 1929 raccourci de 30cm et utilisé en jumelage de deux tubes avec des caractéristiques techniques identiques. Au total vingt et un tourelles ont été installées, seize dans le Nord-Est et cinq dans le Sud-Est.

Portée : 11900m Cadence de tir : 26 coups par minute par tourelle Longueur du tube : 2,421m Pointage en direction : 360° en site -2° à +40°

-Le canon-obusier de 75mm modèle 1932R en tourelle est identique à son homologue en casemate. Vingt-quatre canons en douze tourelles ont été installés dans le Nord-Est

-Le canon-obusier de 75mm modèle 1905R est une version modifiée/modernisée de ces tourelles installées sur les forts de la génération précédente. Une seule tourelle à été installée, tourelle dont l’angle de tir est passé de +12°45′ à +30°.

Portée : 8200m Cadence de tir : 20 coups par minute par tourelle Longueur du tube : 1.555m Pointage en direction : 360° en site 0° à +30°

Pour ce qui est de munitions, on trouve des obus explosifs, des obus de rupture, des obus à balles ou encore des boites à mitraille. Généralement, la proportion est de 25% d’obus à balles, 70% d’obus explosifs, 3% d’obus de rupture et 2% de boites à mitrailles.

Les matériels d’artillerie (2) : matériels de 135 et de 81mm

Tourelle de 135mm à éclipse

Tourelle de 135mm à éclipse

-Le lance-bombes de 135mm modèle 1932 est une arme spécifiquement étudié pour la fortification pour être utilisé indifférement sous casemate ou sous tourelle. Il se compose d’un tube très court de 1.145m avec une culasse à coin, à déplacement horizontal, l’ouverture étant automatique et l’affût est à sélette.

Ce système ayant été long à mettre au point, il à été installé sur la Ligne Maginot à seulement quarante-trois exemplaires, neuf en casemates (7 dans le Nord-Est et 2 dans le Sud-Est) et trente-quatre en tourelles (32 dans le Nord-Est et 2 dans le Sud-Est).

Portée : 5600m Cadence ce tir : 6 coups/min (casemate) et 2 coups/min (tourelle) Longueur
du tube : 1.145m Pointage : en direction 360° en tourelle 45° en casemate 0 à +40° en site
pour les lance-bombes en casemate et +9° à +45° pour les lance-bombes en tourelle

-Comme les différentes pièces de 75mm, le mortier de 81mm modèle 1932 est dérivé d’une  arme existante en l’occurence le mortier Stokes-Brandt modèle 1927-31. Son tube est cependant lisse avec une portée limitée à 3600m.

Cette arme va être utilisée sous casemate à 86 exemplaires, seulement dix-huit pièces pour le Nord-Est et soixante-huit pour le Sud-Est et sous tourelle à 42 exemplaires en vingt et une tourelles confiées uniquement aux ouvrages du Nord-Est.

mortier de 81mm modèle 1932  jadis installé dans la Ligne Maginot

mortier de 81mm modèle 1932 jadis installé dans la Ligne Maginot

Portée : 3600m Cadence ce tir : 13 coups/minute (casemate) et 26 coups/minute (tourelle, treize par tube) Longueur du tube : 1.575m Pointage : en direction 360° en tourelle 45° en casemate en site 45° (site fixe)

Si les ouvrages du Nord-Est sont équipés de matériels neufs, les ouvrages du Sud-Est, dans les Alpes ont bénéficié de l’appui de matériels anciens issus des forts du 19ème siècle comme le canon de 95mm modèle 1888 sous casemate (portée : 7000m 45° en direction 40° en site) et le canon de 155mm modèle 1877 monté sous tourelle Mougin ou sous casemates.

Les matériels d’infanterie

Le flanquement par feux d’infanterie et la défense rapprochée des ouvrages dévolus aux armements d’infanterie vont, en raison de l’évolution des menaces, se scinder en deux : antipersonnel et antichar.

-En ce qui concerne l’armement antipersonnel, on trouve d’abord le fusil-mitrailleur de 7.5mm modèle 1924/29. Fabriqué par la Manufacture d’Armes de Chatelleraut (MAC), ce fusil-mitrailleur qui à succédé au calamiteux Chauchat va armer les cloches GFM, les caponnières de défense rapprochée, les portes blindées et les blockaus de défense intérieure monté sur créneaux (type A) ou sur rotules (type B) dans les cloches ou les créneaux sous bétons ou encore sur un collier pour les créneaux de porte.

Calibre : 7.5mm Longueur du canon : 50cm Portée pratique : 600m Cadence de tir : 500
coups par minute (200 dans la pratique) Alimentation : chargeurs droits de vingt coups

-La mitrailleuse MAC 31 de 7.5mm est montée en jumelages, des jumelages dit Reibel du nom du général ayant fait adopter cet équipement (16 octobre 1930). Il équipe les cloches de mitrailleuses, les tourelles et les créneaux sous béton, les ouvrages puissants du Nord-Est disposant de 61 tourelles.

Calibre : 7.5mm Longueur du canon : 60cm Portée pratique : 1200m (600m en tir rasant) Cadence de tir : 500 coups par minute Alimentation : chargeurs camenbert de 150 coups

L’action de ces armes à tir tendu est complétée par diverses armes spécialement étudiées pour couvrir les défilements ou les angles morts : les goulottes et les mortiers.

goulotte lance-grenades pour la défense des fossés diamants

goulotte lance-grenades pour la défense des fossés diamants

-La goulotte lance-grenades est destinée à assurer la défense des fossés diamants qui couvrent l’arrière des ouvrages. Les premiers ouvrages sont équipés d’un créneau de pied pour fusil-mitrailleur mais rapidement, une solution moins couteuse est adoptée à savoir un tube d’un mètres de long incliné à 45° qui permet d’envoyer dans le fossé une grenade F1 à bouchon allumeur modèle 1916B

-Il était prévu également un mortier de 60mm modèle 1931 installé dans une cloche lance grenades mais en 1940, ce système est loin d’être au point et seuls les ouvrages CEZF seront équipés de cette arme destinée à battre les angles morts aux abords du bloc.

 Calibre : 60mm Portée : 200 à 1700m Cadence de tir : 15 coups/minute Alimentation : une noria permet de livrer au mortier 25 coups à la minute Angle de tir : +55° à +90° Poids du projectile : 1.1kg

-A la différence du précédent, le mortier de 50mm modèle 1935 à lui équiper les «vieux ouvrages» de la ligne Maginot. Il à ainsi été produit à 1600 exemplaires dont seulement quatorze installés hors cloche, neuf pour la défense des fossés (Nord-Est) et cinq en flanquement de position (Sud-Est).

Calibre : 50mm Longueur du tube : 45cm Poids du matériel : 11kg Portée maximale : 695m
(+20° site fixe) Cadence de tir : 10 à 15 coups par minute

A l’origine, il n’était pas prévu d’armement antichar mais dès 1931, l’évolution des menaces implique l’installation d’obstacles et d’armes spécifiquement conçues pour contrer les blindés.

Cette mise en place ne se fit pas sans mal car la seul façon d’équiper les blocs d’infanterie d’armes antichar était de se priver d’un jumelage de mitrailleuses ce qui réduisait sensiblement la puissance de feu des blocs.

On à donc adopté une position pragmatique avec une alternance selon les besoins entre un canon et des mitrailleuses. Monté sur rails fixés au toit , le canon pouvait tirer depuis l’un des deux créneaux après effacement du jumelage de mitrailleuses.

Deux canons vont être utilisés dans cette position. Le premier est le canon antichar de 47mm modèle 1934. Ce canon de 50 calibres tirait des obus de 1.67kg ou de 2kg (boulets de marine modèle 1902…..) à une distance maximale utile de 1000m où il peut perforer 56mm de blindage (les premiers Panzer III avaient 15mm de blindage) à raison de vingt coups par minute. Il peut pointer en hauteur de -15° à +10° et en direction sur 45° à droite et à gauche.

Le second est le canon antichar de 37mm modèle 1934. Ce canon de 47 calibres tirait des obus de 0.9kg (boulets modèle 1936) à une distance maximale utile de 1000m où il peut perforer 30 à 40mm de blindage à raison de 20 coups par minute. Il peut pointer en hauteur de -15° à +10° et en direction sur 45° à droite et à gauche.

Les canons antichars de 47 et de 37mm sont destinés à équiper des chambres de tir pour le tir en flanquement mais ne répond pas à la problématique de défense antichar depuis les organes dépourvus de chambre de tir et pour le tir frontal.

On décide d’équiper la Ligne Maginot de canons antichars de 25mm Hotchkiss modèle 1934 en modifiants certains cuirassements pour qu’ils puissent recevoir une version adaptée à la forteresse de ce canon de 25mm déjà adopté par les unités de campagne.

En ce qui concerne les cloches, outre la modification des cloches JM (Jumelage de Mitrailleuses), on trouve des cloches spécifiques appelés cloches AM (Arme Mixte).

En ce qui concerne les tourelles, certaines tourelles d’avant 1914 seron modifiées tout comme d’autres tourelles de mitrailleuses. D’autres seront conçus spéciacelement combinant canon de 25mm et mortiers de 50mm.

Le canon de 25mm modèle 1934 était un canon ayant un tube allant de 1.00m (tourelles et cloches avec mitrailleuses) à 1.50m (tourelle AM) en passant par 1.18m pour les cloches AM. Il tire des projectiles de 0.320kg à une distance maximale allant de 500 (cloche) à 800m (tourelle AM).

Au total, les ouvrages de la ligne Maginot (non comptés ceux de la CEZF) vont disposer de douze tourelles à armes mixtes (toutes dans le Nord-Est) et sept tourelles à une arme mixte + mortier de 50mm, elles aussi toutes présentes dans le Nord-Est.

Enfin signalons la présence de mitrailleuses de 13.2mm Hotchkiss modèle 1930 dans les ouvrages des Basse-Vosges ou du Rhin dont on peut douter de l’efficacité antichar sauf contre des véhicules légers.

 

mitrailleuse de 13.2mm Hotchkiss modèle 1930

mitrailleuse de 13.2mm Hotchkiss modèle 1930

23-Armée de terre Ligne Maginot (12)

Une ligne Maginot particulière : la Ligne Maginot alpine

La fortification alpine reprend une grande partie des formes architecturales dévellopées pour sa grande soeur du Nord-Est mais le terrain, les conditions climatiques obligent à de naturelles adaptations.

Les organisations d’intervalles

Une seule casemate type CORF _l’annexe de Saint Antoine_ est réalisée tout simplement car ce type d’ouvrage ne se justifie pas. Le plus souvent les ouvrages de flanquement d’infanterie sont intégrés dans les ouvrages. On trouve également une casemate cuirassée appelée officiellement «petit ouvrage» à Saint Ours Bas qui dispose pas moins de trois cloches pour mitrailleuses et de deux cloches GFM.

Cloche pour Jumelage de mitrailleuses (JM)

Cloche pour Jumelage de mitrailleuses (JM)

Plus encore que dans le Nord-Est, la question des abris est crucial. La topographie de la frontière Sud-Est impose des abris-caverne. Ces abris se subdivisent entre des abris défensifs totalement passifs et les abris actifs ou ouvrages d’infanterie destinés à abriter des troupes, des abris équipés d’un organe actif.

La réalisation des observatoires est également prévue mais la préférence donnée aux observatoires de campagne fait que seuls trois observatoires seront réalisés en temps de paix dont deux dans le Secteur Fortifié des Alpes Maritimes (SFAM) sur les treize prévus dans les plans initiaux.

Les ouvrages

Qu’ils soient d’infanterie, mixtes ou d’artillerie, tous les ouvrages des Alpes sauf Saint-Ours Bas comportent une organisation souterraine et des organes de surface (blocs).

Contrairement aux ouvrages d’infanterie du Nord-Est qui doivent assurer une mission de flanquement, les ouvrages d’infanterie des Alpes doivent assurer plutôt le barrage des vallées et l’interdiction des cols.

Peu d’ouvrages de la ligne Maginot alpine ressemblent aux ouvrages du nord-est, le plus approchant, celui de Granges-Communes aurait été identique si le bloc d’entrée avait été réalisé.

Les blocs-casemates d’infanterie

Très peu d’ouvrages des Alpes comportent des blocs-casemates d’infanterie type Nord-Est avec chambre de tir à deux créneaux pour jumelage et un ou plusieurd cloches tout simplement parce que la mission des ouvrages fortifiés de la ligne Maginot alpine est de barrer des axes. On trouve plutôt ce type d’ouvrage :

-des blocs pour mitrailleuses à un, deux ou trois casemates agissant en flanquement ou en action frontale.

-des blos à action multidirectionnelle comportant des jumelages de mitrailleuses ou de FM, des jumelages d’armes mixtes (remplacés dans la pratique par des JM) et des FM (PO de seconde génération)

-des blocs-casemates cuirassées équipées de cloches JM (bloc 2 de Granges-Communes)

-des blocs composés d’une simple cloche GFM ou observatoire par éléments.
Les blocs d’artillerie

Dans les Alpes, le manque de place conjugué avec la superposition des axes de tir amène les concepteurs des dits ouvrages à concentrer sous un même bloc des armes de nature différente, donnant un aspect particulier aux ouvrages.

La notice du 31 août 1931 définit la configuration des casemates d’artillerie des Alpes qui doivent être de deux types : le casemate de flanquement et le casemate d’action fronale. Il se présente sous une forme compacte avec deux canons de 75mm (au lieu de trois dans le Nord-Est).

En pratique, peu de casemates pour 75 en pays de montagne seront réalisés, la CORF préférant plutôt «alpiniser» les casemates de flanquement du Nord-Est. Aucun casemate d’action frontale ne sera construit avec des canons-obusiers modèle 1929 et une poignée de casemates de ce type équipés de canons de 75mm modèle 1931 seront réalisés.

mortier de 81mm modèle 1932  jadis installé dans la Ligne Maginot

mortier de 81mm modèle 1932 jadis installé dans la Ligne Maginot

En raison du manque de place donc, la majorité ces casemates d’artillerie des Alpes vont regrouper dans un même bloc jusqu’à deux canons de 75mm et deux mortiers de 81mm, faisant donc cohabiter des armes à tir tendu et des armes à tir courbe.

Ces blocs multidirectionnels peuvent se ranger en deux catégories : les casemates de flanquement dont il existera au final un seul exemplaire, le bloc 2 de Roquebrune (SFAM) combinant un mortier de 75mm modèle 1931 et un de 81mm, aucun casemate ne combinant dans cette catégorie une arme à tir tendu et un matériel à tir courbe. Les casemates de flanquement type Nord-Est allégé seront eux plus nombreux.

Les casemates d’action frontale vont être paradoxalement les plus difficiles à mettre au point alors que logiquement, cela aurait du être le contraire. Les tourelles de 75mm étant réservés à des ouvrages précis et l’embrasure frontale étant exclue, il à fallut innover pour trouver une solution efficace.

Chronologiquement, on trouve successivement la casemate sous roc, le bloc de barrage, la casemate cuirassée et la casemate défilée.

Les premiers nommés sont souvent situés dans de vieux forts remaniés, des embrasures largement ouvertes pour laisser place à un canon de 75mm de campagne. Certains plus élaborés étaient armés d’un canon-obusier de 75mm modèle 1933.

Le bloc de barrage appelé aussi casemate bétonnée d’action frontale n’à été construit qu’à deux exemplaires à chaque fois dans le Secteur Fortifié des Alpes Maritimes. Le canon de 75mm est ainsi accompagné de mitrailleuses et de mortiers de 81mm.

Le bloc de barrage n’ayant pas donné satisfaction, il est remplacé par la casemate cuirassée pouvant recevoir soit un mortier de 75mm modèle 1931 ou un modèle 1933.

Ailleurs, le bloc de barrage est remplacé par la casemate défilée installée à contre-pente le dissimulant à la vue de l’ennemi avec le prix modique d’un petit nombre d’angles morts.

On à également trouvé trace d’un projet de casemate d’action frontale à deux obusiers de 75mm modèle 1933 et deux mortiers de 81mm pour l’ouvrage de Flaut sans réalisation concrète à la différence des blocs-casemates équipés uniquement de mortiers de 81mm.

Les autres blocs

-La Ligne Maginot alpine dispose de blocs mixtes qui comme leur nom l’indique regroupe de l’artillerie et des armes d’infanterie en raison d’un terrain exigu et parfois difficile à aménager. Le bloc 2 du Janus dispose par exemple de deux jumelages pour mitrailleuses et deux mortiers de 81mm.

-Si le Nord-Est permet la généralisation de la tourelle, ce n’est pas le cas dans les Alpes ce qui explique la rareté des blocs-tourelles installés uniquement sur des sites optimaux. On en trouve ainsi quatre (deux au Mont-Agel et deux au Monte Grosso soit un total de trois tourelles de 75mm et une tourelle de 135mm), deux autres devant être réalisés mais abandonnés pour des raisons budgétaires.

Tourelle de 135mm à éclipse

Tourelle de 135mm à éclipse

-Comme pour le cas des blocs-tourelles, les blocs casemates-tourelles sont peu nombreux sur le front des Alpes avec deux exemples, le Bloc 5 de Roche-la-Croix (une tourelle de 75mm modèle 1933 associé à un casemate de flanquement modèle 1931 combinant deux canons de 75mm modèle 1931 et deux mortiers de 81mm) et le Bloc 3 de l’Agaisen (une tourelle de 75mm modèle 1933 et un bloc de deux 81mm).

-C’est la note du 15 avril 1930 qui indique les types d’observatoires destinés à la fortification alpine, trois types d’observatoires doivent être construits :

-des observatoires cuirassés pour l’observation et le service des engins de feux sous tourelle ou sous casemate agissant frontalement. Ces observatoires sont équipés soit d’une cloche VDP, soit d’une cloche GFM ou des deux.

-des observatoires bétonnés pour le service des engins de feux agissant en flanquement, ces observatoires sont équipés de créneaux bétonnés installés le plus souvent dans les casemates d’artillerie.

-des cloches de guetteurs pour la surveillance des abords et le service des armes de défense rapprochée.

En fait peu d’ouvrages sont dotés d’observatoires spécifiques et, dans la plupart des cas, les cloches observatoires sont intégrés dans un bloc d’ouvrage.

Les ouvrages mixtes alpins (artillerie et infanterie)

Comme leurs homologues du Nord-Est, les ouvrages mixtes de la ligne Maginot alpine peuvent disposer de plusieurs types, plusieurs modèles d’entrée, une entrée en plain-pied (la plus courante), une entrée en puits ou encore une entrée en plan inclinée. Certains ouvrages ont deux entrées et d’autres une entrée mixte, ces dernières se distinguant dans les Alpes par la présence d’un pont levis et parfois d’un téléphérique.

A la différence des ouvrages du Nord-Est, les ouvrages alpins bénéfécient de la protection de la roche et les locaux soutterains sont généralement établis de plain-pied avec l’entrée, un plus évident pour le ravitaillement. Avec des galeries réduites, la distinction «zone avant/zone arrière» est nettement plus ténue.

Si les ouvrages alpins disposent comme en Lorraine et en Alsace d’usines de production électriques, les soutes à munitions sont de dimensions plus réduites et surtout il n’existe pas de soute à munitions centrales (magasin M1).

Plus encore que dans le Nord-Est, la nécessaire concentration des organes s’impose en raison d’un sol souvent difficile à creuser et le faible dévellopement des ouvrages qui fait cohabiter oeuvre vives et blocs de combat.

Caractéristiques des ouvrages de Corse et de Tunisie

Les casemates d’Infanterie de Corse

Pour ce qui est des casemates de première génération (1932-33), il s’agit de casemates type CORF allégés à un ou deux étages. Ces casemates sont équipés de jumelages de mitrailleuses, de fusils-mitrailleurs sous créneau, d’une cloche GFM (et quelques fois d’une cloche mitrailleuse) mais sans armement antichar.

Pour les casemates de seconde génération (1939-40), il s’agit d’un compromis entre la casemate CORF et le blockaus double STG dont il reprend la forme générale. Chaque chambre de tir dispose de deux créneaux équipés de jumelages de mitrailleuses et d’un canon de 47mm antichar. Ces casemates sont à niveau unique. Les deux casemates reçoivent seulement fin 1940 une cloche GFM type B.

Pour ce qui est des blockaus, il s’agit de simples blocs carrés armés d’une mitrailleuse Hotchkiss 8mm puis Darne de 7.5mm pour assurer le flanquement des casemates doubles de Saint Florent et de Bastia.

Les casemates d’artillerie de Corse

Trois casemates d’artillerie ont été réalisés, un double à Santa Manza et deux simples, le premier à L’Arena et le second à Saint Cyprien. Deux des quatre canons-obusiers de 75mm modèle 1929 sont issus du bloc de flanquement nord non construit au Barbonnet. Ils ne disposent pas de cloche mais d’un créneau d’observation par direction.

Les abris de Corse

Des abris sont construits à Pertusato par la Main d’Oeuvre Militaire en 1932-33 sur le modèle d’abris cavernes simplifiés comportant deux entrées, deux galeries parallèles protégées par six mètres de roc. Chacun des trois abris peuvent abriter soixante-dix hommes.

Particularités des organisations fortifiées de Tunisie

La Ligne Mareth est organisée en points d’appuis avec un total de quarante-neuf PA, vingt-huit sur la LPR (Ligne Principale de Résistance) et vingt-un sur la ligne d’arrêt. . La physionomie varie en fonction de l’emplacement des points d’appui : plaine ou montagne.

L’essentiel des constructions bétonnées ont été construites entre 1936 et 1939 et se décomposent en plusieurs types :

-La casemate d’infanterie ressemble fortement à une casemate STG (Service Technique du Génie qui à repris le flambeau de la CORF le 1er janvier 1936) allégée à deux créneaux de mitrailleuses en échelon refusé. L’épaisseur des murs le met à l »abri d’un coup isolé de 105 mm.

-Le poste commandement (PC) se présente sous deux formes soit comme PC de surface comme dans l’Oued Gouabasia ou comme PC-caverne type A10.

-La casemate/PC ressemble aux casemates du Rhin, combinant comme son nom l’indique un poste de commandement et une casemate de mitrailleuses, l’épaisseur de ses murs étant similaire à celle des murs des casemates d’infanterie.

-La casemate ou plate-forme pour 47M est une plate-forme bétonnée ressemblant aux cuves aménagées dans le Nord-Est pour un canon de 65mm dôtée d’un toit en tôle et accolée à un abri pour le personnel.

-La casemate à canon de 75mm est conçue pour abriter un canon de 75mm de marine. Elle se présente sous la forme d’un bloc carré ressemblant au blockaus modèle 1936 pour canon antichar. Dix casemates de ce type ont été construits.

23-Armée de terre Ligne Maginot (8)

La démobilisation et ses suites : situation des unités de la ligne Maginot en septembre 1941

Comme nous l’avons vu plus haut, ce n’est qu’à partir de l’été 1940 et surtout de l’automne 1940 que la démobilisation commence à atteindre une certaine ampleur. La Ligne Maginot et ses dépendances corses et tunisiennes n’échappent pas à la règle.

Ainsi en septembre 1941, le dispositif opérationnel de défense des frontières affiche le visage suivant, un visage qui n’évoluera qu’à la marge jusqu’à la deuxième mobilisation générale celle de septembre 1948.

Nord-Est

Le Secteur Fortifié des Flandres (SFF) dispose d’un seul régiment de travailleurs, le 221ème RT (ex-221ème RRT) chargé d’entretenir les fortifications de campagne qui doivent être armés par des troupes de campagne de passage, le projet de transformer un RRT en RIF n’ayant pas aboutit.

canon de 75mm modèle 1897 équipé de pneumatiques

canon de 75mm modèle 1897 équipé de pneumatiques

Ce secteur dispose également d’unités d’artillerie (10ème et 11ème batteries du I/161ème RAP équipés de canons de 75mm modèle 1897 désormais montés sur pneumatiques), de génie (174ème bataillon de sapeurs mineurs), de transmissions et de travailleurs (éléments du 101ème détachement de destruction des transmissions, les 9ème et 15ème compagnies de travailleurs espagnols ainsi que la 253ème compagnie française de travailleurs).

-Après de laborieuses négociations, les britanniques acceptent de maintenir sur le sol français la 1st Infantry Division qui à donc la charge du SF de Lille, bénéficiant de l’aide du 16ème régiment régional de travailleurs (16ème RRT) devenu en 1944, 16ème régiment de travailleurs, régiment chargé des travaux d’entretien et de consolidation des fortifications.

-Le Secteur Fortifié de l’Escaut dispose d’un régiment d’infanterie de forteresse, le 54ème RIF, un régiment de mobilisation qui va être pérennisé pour renforcer le SFE qui dispose également d’un régiment régional de travailleur, le 17ème RRT devenu 17ème régiment de travailleurs.

Canon de 120mm De Bange modèle 1878

Canon de 120mm De Bange modèle 1878

Ce secteur dispose également d’un groupe d’un régiment d’artillerie de position, le 1er groupe du 161ème RAP équipé à l’origine de 8 canons de 75mm modèle 1897, 8 canons de 120L modèle 1878, de 4 canons de 105L modèle 1913 et 8 canons de 155L modèle 1877.

Cet équipement hétéroclite est homogénéisé avec 16 canons de 75mm modèle 1897 en deux batteries et une batterie équipée de huit canons de 105L modèle 1913, eux aussi montés sur un train de roulement moderne.

Le SFE dispose également d’une unité du génie en l’occurrence la 1ère compagnie du 212ème bataillon de sapeurs-mineurs.

Le Secteur Fortifié de Maubeuge devenu la 101ème DIF en mars 1940 est une unité importante puisqu’elle aligne deux régiments d’infanterie de forteresse, les 84ème et 87ème RIF, deux régiments régionaux de travailleurs, les 18ème et 19ème RRT ainsi que le 1er bataillon de mitrailleurs.

La 101ème DIF est dissoute le 27 juillet 1940, ressuscitant le Secteur Fortifié de Maubeuge qui comme les autres secteurs réduit la voilure. Ainsi, il ne conserve qu’un régiment d’infanterie de forteresse, le 84ème RIF, le 87ème RIF étant dissous. Le 1er bataillon de mitrailleurs reste en ligne tout comme le 18ème régiment régional de travailleurs, devenu le 18ème régiment de travailleurs, le 19ème RRT étant dissous.

En ce qui concerne l’artillerie, seul est maintenu le 2ème groupe du 161ème RAP, groupe équipé de 16 canons de 75mm modèle 1897 (deux batteries) et une batterie de 8 canons de 105mm modèle 1913 (une batterie), les autres pièces étant précieusement stockées au cas où.

Le génie est présent avec quatre compagnies formant le 226ème bataillon (1ère compagnie de sapeurs mineurs, 81ème et 82ème compagnies de transmission et le 21ème parc du génie).

On trouve en 1939-40 dans l’ancienne emprise de la 9ème armée, le 41ème CAF (Corps d’Armée de Forteresse) et la 102ème DIF anciennement Secteur Défensif des Ardennes.

Ces deux entités fusionnent en septembre 1940 sous le nom de Secteur Fortifié des Ardennes qui dispose d’unités de soutien destinés à préparer la mobilisation des unités (parc d’artillerie n°41, 1ère compagnie de sapeurs mineurs du 141ème bataillon de génie de forteresse, ce dernier disposant également des 81ème et 82ème compagnies de transmission et du 83ème détachement colombophile) et comme vous allez voir ci-dessous d’unités de combat.

Le bras armée du SFArdennes est composé de la 42ème demi-brigade de mitrailleurs coloniaux (la 52ème DBMC est elle dissoute), du 148ème RIF (un régiment de mobilisation maintenu) du 160ème RAP et des unités du génie et de soutien (227ème bataillon du génie de forteresse avec la 1ère compagnie de sapeurs-mineurs, la 81ème compagnie de télégraphiste et la 82ème compagnie radio).

Le Secteur Fortifié de Montmédy dispose à la mobilisation de septembre 1939 de quatre régiments d’infanterie de forteresse, les 147ème 136ème 155ème et 132ème, du 4ème bataillon de mitrailleurs, d’un groupe d’artillerie de position (le I/169ème RAP équipé de deux batteries de 155L modèle 1918, une batterie de 120L de Bange et six batteries de canons de 105L modèle 1913), le 99ème Régiment d’Artillerie Mobile de Forteresse Hippomobile équipé de canons de 75mm modèle 1897 ainsi que des unités du génie et de soutien.

Le génie déploie le 211ème bataillon de sapeurs mineurs auquel sont rattachés la 81ème compagnie télégraphiste et la 82ème compagnie radio.

Le 155ème RIF un «vieux régiment de forteresse» est maintenu tout comme les 132ème et 147ème RIF, un régiment de mobilisation qui est pérennisé. Le 4ème bataillon de mitrailleurs est dissous mais le 1er groupe du 169ème RAP est maintenu

Maintenu en ligne après la démobilisation, le 169ème RAP est réorganisé en 1942 avec deux groupes, un premier groupe équipé d’une batterie de 155mm et deux batteries de 105mm et un deuxième groupe avec deux batteries d’ouvrages, une pour les forts de Verdun et un autre pour les casemates du SF Montmedy et une batterie de 105mm.

A la mobilisation d’août 1948, une batterie de douze canons de 47mm modèle 1937 est intégrée au régiment pour renforcer la défense antichar du secteur. Le 99ème RAMFH est lui dissous. La situation des unités du génie ne change pas.

Dans l’ancien secteur de la troisième armée on trouve le 42ème CAF, le SF de Thionville et le SF du Boulay. A l’issue de la démobilisation, la situation est la suivante :

Le SF de Crusnes (anciennement 42ème CAF) dispose à l’issue de la démobilisation du 149ème RIF (les deux autres régiments sont dissous) associé au seul 46ème RAMF, le 152ème RAP régiment de mobilisation étant mis en sommeil

On oublie pas les unités habituelles de génie, d’intendance et de transmission représentées notamment les 1ère et 2ème compagnie du 142ème bataillon du génie de forteresse, bataillon qui engerbe également la 81ème compagnie télégraphiste, la 82ème compagnie radio et le 83ème détachement colombophile.

Le Secteur Fortifié de Thionville dispose à l’issue de la démobilisation de deux régiments d’infanterie de forteresse, les 167ème et 169ème RIF, le premier étant un régiment d’active et le second un régiment de mobilisation pérennisé. Ils sont appuyés par le 151ème RAP resté seul régiment en activité dans le secteur, le 70ème RAMF ayant été dissous après avoir transféré ses deux groupes de 75mm au 151ème RAP.

Le génie déploie dans ce secteur le 203ème bataillon du génie de forteresse qui dispose de deux compagnies de génie (1ère et 2ème), la 81ème compagnie télégraphiste et la 82ème compagnie radio.

Le Secteur Fortifié du Boulay dispose à l’issue de la démobilisation de deux régiments d’infanterie de forteresse, les 162ème RIF et 160ème RIF associé au 23ème RAMF, seul régiment d’artillerie maintenu avec deux groupes de 75mm, un groupe de 155C, un groupe issu du 153ème RAP équipé de canons de 105 et de 155mm et mis en sommeil lors de cette démobilisation.

Le génie y déploie le 202ème bataillon du génie de forteresse qui prend sous son aile également une compagnie télégraphiste et une compagnie radio.
Le Secteur Fortifié de Faulquemont dispose en septembre 1940 de l’unique 146ème RIF, le 156ème RIF ayant été dissous et appuyé par deux régiments d’artillerie, les 163ème RAP et 39ème RAMF. Le génie dispose lui du 201ème bataillon de génie de forteresse qui prend sous son aile une compagnie télégraphiste et une compagnie radio.

Le SF de la Sarre dispose lui d’un régiment d’infanterie de forteresse, le 133ème RIF, d’un régiment de mitrailleurs d’infanterie de forteresse, le 69ème et d’un régiment de mitrailleurs d’infanterie coloniale, le 41ème RMIC.

Ils sont appuyés par le 166ème RAP qui compense l’absence dans ce secteur d’ouvrages d’artillerie.

Un temps le 49ème RAMRF aurait du être maintenu lui aussi mais il est finalement dissous tout comme le 5ème bataillon de mitrailleurs alors que le 208ème bataillon du génie de forteresse reste en position.

Le Secteur Fortifié de Rorbach maintient à l’issue de la démobilisation les deux RIF d’active du secteur en l’occurrence les 37ème et 153ème RIF, l’entretien et le renforcement des ouvrages étant assuré par la 7ème compagnie du 400ème régiment de pionniers.

Ces unités sont appuyés par le 59ème RAMF qui à été renforcé par le 1er groupe du défunt 150ème RAP (canons de 155L et de 145L) sans oublier les unités de génie et de soutien (207ème bataillon du génie de forteresse, une compagnie radio, une compagnie télégraphiste).

Après s’être un temps appelé 43ème CAF, le Secteur Fortifié des Vosges reprend à l’été 1940 sa dénomination initiale. Là aussi, le dispositif est retaillé avec comme unités présentes dans le secteur le 154ème RIF, la 5ème compagnie du 400ème régiment de pionniers, le 168ème RAP et le 143ème bataillon du génie de forteresse.

Le Secteur Fortifié d’Haguenau dispose à l’issue de la démobilisation de deux régiments d’infanterie de forteresse, le 22ème RIF (active) et le 68ème RIF, un régiment de mobilisation maintenu sous les drapeaux. Ces deux régiments sont appuyés par la 6ème compagnie du 400ème régiment de Pionniers. Ces trois unités d’infanterie sont appuyés par le 156ème RAP et par des unités du génie, de transmission et de soutien (notamment le 206ème bataillon du génie de forteresse).

Le Secteur Fortifié du Bas-Rhin (temporairement 103ème DIF) dispose à l’issue de la démobilisation des 70ème et 172ème RIF (le premier étant un régiment de mobilisation), du 155ème RAP et de diverses unités du génie, de transmissions et de soutien logistique.

Le Secteur Fortifié de Colmar (temporairement 104ème DIF) dispose en septembre 1941 d’un régiment d’infanterie de forteresse le 42ème RIF, du 1er groupe du 170ème RAP et des unités du génie notamment la 1ère compagnie du 229ème BGF.

Le Secteur Fortifié de Mulhouse (un temps 105ème DIF) aligne le 10ème RIF (un régiment créé lors de la mobilisation de septembre 1939 et maintenu après la démobilisation), le 2ème groupe du 159ème RAP ainsi que les unités du génie et de soutien comme la 1ère compagnie du 230ème bataillon de génie de forteresse.

Le Secteur Fortifié d’Altkirch dispose du 171ème RIF, des IIIème et IVème Groupe du 159ème RAP plus des unités du génie et de soutien comme la 1ère compagnie du 205ème bataillon du génie de forteresse.
Le Secteur Fortifié de Montbeliard dispose du 12ème RIF un régiment de mobilisation affecté durant la guerre de Pologne au Secteur Fortifié d’Altkirch puis transféré en Franche-Comté en remplacement de deux bataillons de chasseurs pyrénéens dissous. Ce régiment est appuyé par le VIIème groupe du 159ème RAP plus des unités du génie et de soutien.

La Région Fortifié de Belfort (un temps connue sous le nom de 44ème CAF) dispose du 371ème RI (un régiment d’infanterie classique) et des Vème et VIème groupes du 159ème RAP.

Le 45ème CAF qui couvrait le Jura est dissous sans être remplacé ce qui laisse dubitatif bien des observateurs. Cet impair sera corrigé seulement au printemps 1944 quand deux bataillons alpins de forteresse supplémentaires, les 81ème et 91ème seront créés pour couvrir le massif jurassien avec pour appui un groupe d’artillerie du 159ème RAP ainsi que des unités de génie et de soutien logisique.