Du 20 au 24 août 1949 à lieu la célébrissime Bataille de Reims, une bataille qui fait les délices des historiens mais aussi des romanciers qui y trouvent une matière inépuisable puisqu’aux combats s’ajoutent un aspect religieux (les polonais se sentent en croisade contre les païens portant la svastika) et surnaturel avec miracles et autres phénomènes inexpliqués dans la cathédrale de Reims qui était déjà célèbre pour avoir abrité tous les sacres de nos rois (à l’exception d’Henri IV sacré à Reims, de Louis XVII mort en prison et de Louis XVIII trop malade pour supporter l’interminable cérémonial).
A ce jour on compte pas moins de seize romans traitant totalement ou partiellement de cette bataille de quatre jours. Même le général Villeneuve en fait une scène marquante de son roman Les Immortels du Rhin (Prix Nobel de Litterature en 1966).
Côté français cette bataille s’inscrit dans le repli méthodique sur La Seine. La consigne est toujours la même : gagner le plus de temps possible et limer les crocs du loup allemand pour le faire moins tranchant, moins violent et moins virulent et ainsi l’empêcher de franchir La Seine au risque de déstabiliser l’ensemble du dispositif allié.
Côté allemand, il s’agit d’enfin obtenir un avantage décisif que les allemands croyaient avoir obtenu en perçant en Champagne le 18. Malheureusement pour eux, ils ont connu ce que les alliés ont souvent connu pendant le premier conflit mondial : la percée obtenue n’à pas été exploitée suffisamment rapidement et le front s’est reformé obligeant à une nouvelle opération d’ampleur avec le risque d’augmenter encore des pertes déjà importantes (on estime qu’à la fin août 13% des effectifs allemands engagés au 10 mai sont hors de combat entre les tués, les blessés et les prisonniers).
La défense de la ville du sacre est assuré par deux corps d’armée, les 7ème et 23ème Corps d’Armée, deux unités qui ont souffert lors des combats menés respectivement pour la défense de Verdun et de Nancy. Ils sont encore loin d’être anéantis et vont à nouveau s’illustrer au combat.
Somua S-45
Ils vont également bénéficier du soutien d’un corps motomécanique, le 3ème Corps de Cavalerie qui s’était illustré à Verdun sans pour autant empêcher cette autre ville symboliquement très forte. Les hommes de cette unité ont donc à cœur se racheter et effacer cet échec qui est cependant loin d’être déshonorant.
A ces trois corps d’armée vont s’ajouter des moyens fournis par la 3ème Armée et par la Réserve Générale même si ces deux entités ont elles aussi souffert des combats depuis le 22 juin 1949.
C’est ainsi que son déployés deux bataillons de chars de combat, les 3ème et 21ème BCC équipés respectivement de Renault R-35 et d’AMX-44, le 34ème Régiment Légère d’Artillerie (34ème RLA) avec trois groupes de 75mm, le 185ème RALT avec quatre groupes de 155L GPF-T mais aussi des unités repliées de la Ligne Maginot (128ème RIF 152ème RAP 164ème RIP 153ème RAP) (NdA ailleurs il y eut des unités repliées de la «Muraille de France» mais elles opéraient en groupement rarement en unités constituées).
Dans le camp d’en face les allemands vont engager deux corps d’armée, les 2. et 23.ArmeeKorps, des unités qui combattent non stop depuis le 22 juin ce qui à nécessité comme côté français la relève de certaines unités éprouvées.
Ces unités sont mises au repos à l’arrière du front mais ne se tournent pas les pouces pour autant puisqu’elles doivent recompléter leurs effectifs et récupérer du matériel, des armes et des munitions en vue d’une future opération. Certaines unités déclaraient même préférer la première ligne avec ses risques et ses dangers plutôt que la mise au repos où elles estimaient travailler plus qu’au combat !
C’est ainsi que les 66. et 69.ID sont mises au repos et remplacées par les 273 et 275.ID ce qui nous donne un deuxième corps d’armée composé de la 68.ID, de la 275.ID et de la 11. Panzerdivision S.S alors que le 23ème Corps d’Armée allemand était composé de la 64.ID, de la 6ème division S.S et de la 273.ID. Des moyens supplémentaires du génie et de l’artillerie sont également déployés.
Les premiers combats pour Reims ont lieu à partir du 20 août. Il s’agit de quelques escarmouches au sol entre unités de reconnaissance qui comme souvent se tombent dessus quasiment par hasard.
En levant les yeux ces unités (GRCA et GRDI d’un côté Aufklärung Abteilungen de l’autre) ont peut être pu voir les premiers combats aériens, les unités de chasse des deux camps cherchant à crever l’œil indiscret que constituent les unités de reconnaissance aérienne. Ce sera ensuite les unités de bombardement et d’assaut qui seront l’objet des sollicitudes des Groupes de Chasse et des Jagdgruppen.
Dans l’après midi du 20, les unités d’artillerie lourde des deux camps ouvrent le feu, se livrant à un duel féroce. Plusieurs dépôts de munitions explosent provoquent de terribles pertes tant du côté allemand que du côté français.
Cela prépare côté allemand une première attaque lancée par la 64.ID appuyée une partie de la 6. S.S Division. Couverts par l’artillerie, l’aviation et des canons d’assaut, les Landser bousculent sérieusement la 36ème DI qui plie mais ne rompt pas grâce à l’intervention providentielle du 1er GRDI polonais et surtout des chars du 3ème C.C.
Les allemands qui pensaient les alliés démunis de chars dans le secteur déchantent et doivent se replier pour un nouvel assaut le lendemain 21 août 1949. les français n’en profitent pas car ils se contentent de se replier en bon ordre sur Reims.
Pour le lendemain, ordre est donné au 3ème Corps de Cavalerie de lancer un nouvel assaut «massif» pour tenir en respect les allemands pendant trois à cinq jours histoire de permettre aux unités alliées encore déployées à l’est de Reims de se replier en bon ordre c’est-à-dire non seulement en restant sous la forme d’unités constituées mais aussi avec le maximum d’armes, de véhicules et de munitions.
On ne pratique cependant pas l’acharnement thérapeutique et dès qu’un véhicule tombe en panne et ne peut être évacué rapidement il est saboté le plus possible (les allemands dans une étude menée après la Campagne de France remarquerons «qu’à partir de la mi-août les véhicules capturés étaient quasiment tous inutilisables. L’ennemi prenait bien soin de les saboter pour rendre leur récupération inutile ou illusoire. Ce n’était pas le cas avant…..»).
Ce plan est contrecarré par les allemands qui attaquent dès l’aube avec toutes leurs unités dans l’espoir de s’emparer en un claquement de doigt de la ville.
Cela est un échec mais un échec relatif et si les français tiennent solidement la ville c’est que les allemands ne peuvent engager tous leurs moyens en raison des attaques répétées du 3ème Corps de Cavalerie (3ème C.C) qui allègent la pression sur les troupes franco-polonaises.
Les combats sont d’une incroyable intensité, la consommation de munitions atteint des niveaux qu’aucun belligérant n’aurait pu imaginer avant guerre. On verra à plusieurs reprises des combats à l’arme blanche, des fusils utilisés comme matraques et même des pierres lancées contre l’ennemi à défaut de grenades !
Louis-Auguste Marmottin
Les bâtiments sont pris et repris cinq, dix, quinze fois ! La gare de Reims est prise et reprises à douze reprises ! La cathédrale devient le théâtre de combats d’une violence inouie, violence qui s’explique par le caractère de croisade conféré à cet affrontement par l’archevêque de Reims Louis-Auguste Marmottin.
Ce dernier n’hésitera pas à sortir de son abri pour donner l’absolution et les derniers sacrements aux mourants qu’ils soient français, polonais ou allemands. Il sera d’ailleurs blessé à deux reprises mais légèrement. Il restera durant toute l’occupation à Reims au grand dam des autorités allemandes.
Après trois jours d’intenses combats, les divisions alliées que ce soit celles du 7ème ou du 23ème CA sont éreintées. Si sur le papier les unités sont toujours là, en pratique ces deux corps d’armée n’ont plus que la moitié de leurs capacités d’origine. On envisage un temps de faire monter un nouveau corps d’armée de la Réserve Stratégique avant d’y renoncer devant le manque de mordant des allemands qui sont comme les alliés sur la corde raide.
Si les 7ème et 23ème CA doivent se replier, le 3ème C.C qui à laissé des plumes doit encore s’employer encore et toujours pour permettre un repli en bon ordre sur La Seine qui devient un «nouveau limes séparant la civilisation des barbares» (bon d’accord c’est exagéré mais ces propos ont été tenu probablement dans la fièvre des combats) en compagnie du 2ème CAC.
-14 PZL P.24A et 26 P.24C livrés par la Pologne avant une production sous licence de 20 P.24A/C et 30 P.24G soit un total de 90 exemplaires. Une partie est encore en service en septembre 1948 au sein de deux groupes puis un seul à la fin du conflit alors que l’appareil était totalement obsolète.
-Avia B.534 : appareils retirés du service en 1944 faute de pièces détachées
-Curtiss H-75 : 72 appareils ex-français ayant appartenus aux Groupes de Chasse français déployés au Levant. 48 appareils en ligne et 24 en réserve. Deux groupes sont équipés de cet appareil.
-Morane-Saulnier MS-410 : 92 appareils acquis mais seulement 64 en ligne. Deux groupes de chasse turcs volent sur cet appareil
-Hawker Hurricane : quatre groupes de chasse équipés
-Supermarine Spitfire : deux groupes de chasse équipés
-Curtiss P-40 : deux groupes de chasse équipés
-Focke-Wulf Fw-190 : deux groupes de chasse équipés
-Republic P-47 Thunderbolt : deux groupes de chasse équipés
Bristol Beaufighter
-Bristol Beaufighter : deux groupes de chasse
Bombardement
-Vultée V-11 : un groupe
Le Vultee V-11 est un avion d’attaque au sol monomoteur triplace issu du V-1. Avec le V-12 il à été exporté mais n’à pas été utilisé par l’USAAC qui ne donna pas suite au programme du YA-19.
Effectuant son premier vol le 17 septembre 1935 il à été produit à 224 exemplaires entre 1936 et 1940, étant mis en service à partir de 1937. Il à été utilisé par la Turquie (41 exemplaires), par la Chine, par le Brésil et par l’URSS.
La Turquie possédait encore un groupe de Vultee V-11 en service en septembre 1948, groupe opérant sur les côtes de la mer égéenne. Plusieurs appareils sont perdus que ce soit par accident ou abattus suite à des méprises de la part de chasseurs de l’Axe ou des alliés ou plus embarrassant par la chasse turque. Il restait une poignée d’appareils en mai 1954 et leur carrière d’après guerre à été pour le moins éphémère.
Le Vultee V-11 est un monomoteur monoplan triplace de conception et de fabrication américaine pesant 4736kg au décollage, mesurant 11.53m de long pour 15.24m d’envergure et 3.05m de haut.
Motorisé par un Pratt & Whitney R-1830-17 Twin Wasp de 1200ch, il pouvait voler à 370km/h, pouvait franchir 2174km et voler à une altitude maximale de 6250m.
L’armement se composait de quatre mitrailleuses de 7.7mm dans les ailes, une mitrailleuse de 7.7mm ventrale et une autre en poste arrière, 500kg de bombes.
-Martin B.10 : un groupe
-Bristol Blenheim : deux groupes
-Bristol Beaufort : un groupe
-Heinkel He-111 : deux groupes
Martin Baltimore
-Martin 187 Baltimore : deux groupes
-Martin B-26 Marauder : un groupe
-Consolidated B-24 Giant : un groupe
-Consolidated B-32 Dominator : un groupe
-Short Stirling : un groupe
Reconnaissance et Coopération
-Avro Anson : un groupe
-Polikarpov Po-2 : un groupe mixte avec des R-5
-Polikarpov R-5 : un groupe mixte avec des Po-2
Westland Lysander
-Westland Lysander : deux groupes
-De Havilland Mosquito : deux groupes
-Bloch MB-176 : deux groupes
-Heinkel He-111 : un groupe
Transport et Entrainement
-Miles Master et Magister
-Beechcraft model 18
-Airspeed AS.10
-Gotha Go-145 produit sous licence
Focke-Wulf Fw-44 Stieglitz
-Focke-Wulf Fw-44
-Focke-Wulf Fw-58 Weihe
-Le Nuri Demirağ Nu D.36 est un avion d’entrainement biplan biplace de conception et de construction turque.
C’était un appareil de 650kg à vide et 1000kg en charge, mesurant 7.3m de long pour 9.74m d’envergure et 2.44m de haut. Propulsé par un Walter Gemma de 150ch entrainant une hélice bipale, il pouvait voler à 182km/h, franchir 500km et voler à une altitude maximale de 3350m.
-Le TKH-2 est un avion d’entrainement à l’acrobatie de conception et de fabrication turque. Ayant effectué son premier vol en 1944 il n’à été produit qu’à six exemplaires. Ces appareils ont été utilisés jusqu’en 1954 puis envoyés à la ferraille.
Le THK-2 était un monoplan monomoteur pesant 490kg à vide et 660kg en charge, mesurant 6.98m de long pour 8m d’envergure et 2.08m de hauteur. Propulsé par un moteur De Havilland Gipsy Major de 135ch, il pouvait atteindre la vitesse maximale de 265km/h, franchir 700km et voler à une altitude maximale de 6000m.
Le SNC-1 est la version embarquée du Curtiss-Wright CW-22
-Le Curtiss-Wright CW-22 est un avion d’entrainement avancé de conception et de fabrication américaine. Monoplan biplace, il effectua son premier vol en 1940, il à été mis en service en 1942, étant produit à 442 exemplaires.
Issu du CW-19 et du chasseur CW-21, le CW-22 fût également développé en une version navale baptisée SNC-1. L’appareil à été exporté aux Indes Néerlandaises mais aussi en Turquie avec cinquante exemplaires. L’appareil à été également utilisé par la Bolivie, par la force aérienne des volontaires birmans, le Japon (appareils néerlandais capturés), le Pérou, l’Inde Britannique, l’Uruguay et les Etats-Unis.
Le Curtiss-Wright CW-22 pesait 1718kg en charge, mesurant 8.23m de long pour 10.67m d’envergure et 3.02m de hauteur. Motorisé par un Wright R-975-28 de 450ch entrainant une hélice bipale, il pouvait atteindre la vitesse maximale de 319km/h, franchissait 1260km et voler à une altitude de 6600m. Il était armé d’une mitrailleuse de 7.62mm fixe vers l’avant et une autre à l’arrière.
-22 Fairey Battle initialement commandés par la Pologne utilisés essentiellement pour l’entrainement
En quelques années, la technologie aéronautique à fait un bon de géant en passant de l’association bois/toile à l’utilisation d’acier et de différents alliages légers. Cette évolution permettait d’augmenter les performances mais avait l’inconvénient d’augmenter le niveau technique nécessaire pour les ouvriers et surtout des matériaux stratégiques dont la fourniture pourrait être perturbée par le conflit.
D’où l’idée de construire des avions en bois et de revenir ainsi aux origines de l’aviation où le bois et la toile étaient prépondérantes. Cela avait l’avantage du moins sur le papier de produire des avions performants surtout si les moteurs sont puissants même si en 1939 la puissance n’était pas le point fort des moteurs français.
Une société baptisée Arsenal de l’Aéronautique est créée pour dévelloper des avions de ce type, des avions qui sont désignés VG en référence aux noms des ingénieurs dirigeant cette nouvelle entreprise à savoir Michel Vernisse et Jean Galtier.
Après un Arsenal VG-20, le duo Vernisse/Galtier va mettre au point une lignée de remarquables chasseurs qui nait avec le VG-30 qui ne dépassa pas le stade du prototype alors que le VG-31 ne voit pas le jour et que le VG-32 apparu après le VG-33 ne dépassera pas non plus le stade du prototype.
Le premier appareil produit de série sera l’Arsenal VG-33 qui effectue son vol inaugural le 25 avril 1939. Cet appareil répondait à un programme de 1937 destiné à remplacer le Morane-Saulnier MS-406 qui à l’époque effectuait à peine ses premiers vols mais à l’époque comme nous le savons, la conception des avions ressemblait à une partie d’échecs, il fallait jouer avec deux ou trois coups d’avance.
Le futur VG-33 n’est pas le seul appareil en course puisqu’on trouve également le Dewoitine D-520, le CAO-200 et le Morane-Saulnier MS-450 mais ces deux derniers ne dépasseront pas à l’état de prototype moins en raison de performances insuffisantes que dans la volonté de l’armée de l’air de rationnaliser sa flotte, rationalisation qui allait s’accroitre durant le conflit.
Plusieurs commandes sont passées mais elles sont souvent réduites. C’est ainsi que si initialement il était prévu 720 Arsenal VG-33, au final seulement 450 exemplaires furent livrés dont seulement 216 appareils en ligne pour équiper un total de huit groupes de chasse, deux escadres complètes les 1ère et 2ème EC et la 14ème EC avec seulement deux groupes, son troisième groupe disposant d’Arsenal VG-36.
Comme nous l’avons vu, le VG-33 fût le premier appareil produit en série à la différence des autres projets. Cette situation concerne également le VG-34 (cellule de VG-33 avec un Hispano-Suiza 12Y-45) mais aussi le VG-35 qui avec un moteur Hispano-Suiza de 1100ch annonce le VG-36 dont le prototype effectue son vol inaugural le 25 mai 1940.
Trois groupes de chasse (un groupe de la 14ème Escadre _GC III/14 et deux groupes de la 15ème Escadre GC I/15 et GC II/15) ainsi que six Escadrilles Régionales de Chasse (ERC) vont ainsi être équipés, l’Armée de l’Air ayant au total reçu 300 VG-36 (153 avions en ligne et le reste en réserve).
Après le VG-36, d’autres projets furent étudiés mais n’ont pas débouché sur une production en série comme le VG-37 avec un moteur en ligne Hispano-Suiza de 1000ch et le VG-38 propulsé par un Hispano-Suiza 77 suralimenté par deux compresseurs Brown Boveri.
C’est finalement l’Arsenal VG-39 qui allait être produit en série, un appareil dont la silhouette est plus fine pour certains plus élégante que ces devanciers, un choix qui est peut être esthétique («Un bel avion est un avion qui vole bien» disait Marcel Bloch) mais qui à été surtout rendue nécessaire par l’installation d’un Hispano-Suiza 89ter de 1280ch.
A noter qu’il s’en ait fallu de peu pour que le VG-39 ne soit propulsé par un moteur en ligne américain Allison mais pour des raisons tout autant politiques que techniques cela ne sera pas le cas.
Le vol inaugural du prototype à lieu le 30 mai 1940 mais la production ne sera lancée qu’en septembre 1941. Sept groupes de chasse vont ainsi voler sur ce splendide appareil qui dispute au Dewoitine D-551 et au Bloch MB-157 le titre de meilleur chasseur français en septembre 1948.
Quand le second conflit mondial éclate, 237 VG-39 sont en ligne, 240 en réserve et 15 utilisés pour entrainement, essais et formations des mécaniciens soit un total de 492 appareils.
Au VG-39 succède logiquement l’Arsenal VG-40. C’est une évolution du VG-39 initialement baptisée VG-39bis qui se distinguait des premiers VG-39 par un moteur plus puissant (1650ch au lieu de 1250) et la possibilité de changer les ailes, des ailes avec un armement différent (un modèle avec six mitrailleuses de 7.5mm, un second avec huit mitrailleuses de ce calibre et le troisième modèle _le plus utilisé_ avec deux canons de 20mm et trois mitrailleuse de 7.5mm).
L’Armée de l’Air passe ainsi commande de 250 VG-40 en juin 1948 pour une guerre que l’on préssent iminente mais quand le conflit éclate en septembre 1948, moins d’une dizaine d’appareils à été produite, appareils qui doivent être utilisés pour mettre sur pied de nouvelles unités dont certaines étaient composées de pilotes tchèques,polonais voir venant de pays neutres comme l’Irlande, la Suisse et la Suède et engagés à la Légion Etrangère. On trouvait même d’anciens pilotes de l’armée de l’air de la république espagnole.
Au final ce sont 2400 Arsenal VG-40 qui ont été produits, l’appareil ayant été choisit pour devenir le chasseur standard de l’Armée de l’Air au grand dam de Bloch et de Dewoitine qui néanmoins parviendront à proposer leurs modèle une fois le conflit terminé. En attendant ils participèrent à la production de l’appareil de leur concurrent.
Tout en produisant l’Arsenal VG-40, le bureau d’études de l’Arsenal de l’Aéronautique étudiait des améliorations avec des moteurs toujours plus puissants, des cellules toujours plus fines avec un armement orienté à la fois vers la chasse et la chasse-bombardement avec notamment l’utilisation de roquettes air-sol.
Tous ces projets n’aboutissent pas à une production en série. C’est ainsi que les VG-42 et VG-43 ne dépassent le stade de l’étude sur la planche à dessin (car n’apportant pas une plu-value importante par rapport au VG-40) mais les VG-44 et VG-45 atteignent le stade du prototype. Les tests réalisés vont permettre d’améliorer le VG-40 dans des modèles bis et ter avant que décision soit prise de produire un nouveau modèle en série.
Ce modèle sera baptisé Arsenal VG-52. Toujours propulsé par un moteur en ligne (un prototype à moteur radial n’à pas donné satisfaction alors que c’était la configuration initialement privilégiée) il effectue son premier vol le 17 janvier 1952.
L’appareil se comporte remarquablement. Son pilote, le sergent-chef Jean Matcheski (vingt-cinq victoires homologuées) raconta dans ses mémoires qu’il aurait aimé que le vol ne s’arrête jamais tant les sensations étaient délicieuses. Au sol aux ingénieurs il déclara simplement «Merci messieurs vous m’avez offert la plus belle émotion de ma vie de pilote».
La production en série est rapidement décidée. Comme de nombreux éléments sont communs avec le VG-40, la production des deux modèles se chevauchent ce qui explique qu’entre les livres le nombre d’Arsenal VG-52 Phenix (NdA le 1er juin 1952 le Ministère de l’Air à annoncé que les appareils recevrait une désignation pour «fortifier le moral des troupes») produits varie.
Selon les archives officielles du Ministère de la Production Aéronautique, 1250 Arsenal VG-52 Phenix ont été produits entre mai 1952 et juin 1955.
La Grèce avait initialement choisit le Hawker Fury II comme chasseur monomoteur. Suite à des retards de livraison de la part des britanniques, le gouvernement grec accepte la proposition français de céder des Arsenal VG-40 pour équiper la 23ème escadrille de chasse.
Vingt appareils vont équiper l’unité auxquels il faut ajouter dix appareils destinés à l’entrainement et aux essais. L’unité est opérationnelle sur le VG-40 début 1951 et assure tout d’abord la protection d’Heraklion où est installé le gouvernement grec en exil.
Si les allemands vont tenter quelques bombardements notamment de nuit la majorité des interceptions concernent des avions de reconnaissance qui sont promptement envoyés en mer Egée.
La 23. Mira Doixes passe ensuite sur le continent dans le Péloponnèse (juillet 1952) pour préparer la future offensive (ANVIL) en menant essentiellement des missions de chasse-bombardement en utilisant les armes du bord (quatre canons de 20mm et trois mitrailleuses de 7.5mm), des bombes et des roquettes.
Quand l’opération est déclenchée l’unité doit obtenir la supériorité aérienne au dessus du Golfe de Patras ce qu’elle obtient face à des pilotes italiennes passablement démotivés. Une fois celle-ci obtenu les VG-40 grecs vont servir de chasseurs-bombardiers, passant d’un terrain à l’autre pour coller au plus près du front et réduire le délai d’intervention et/ou multiplier les sorties dans la journée.
L’unité est transformée sur VG-52 Phenix en juin 1952 après avoir utilisé 37 VG-40. Ce choix s’explique à la fois par la diminution du nombre d’appareils disponibles mais aussi pour récompenser la bravoure des pilotes grecs, cinq des dix meilleurs as de l’Elleniki Vassiliki Aeroporia ayant servit au sein de cette unité.
Le VG-52 Phenix va ensuite participer à la guerre civile grecque en servant d’appareils de lutte anti-guerilla. Ils ont été retirés du service en 1961 et envoyés à la ferraille sauf deux préservés dans des musées.
Motorisation : un moteur en ligne Hispano-Suiza 89ter douze cylindres en ligne dévellopant 1250ch et entrainant une hélice Chauvière tripale de 3.75m de diamètre
Performances : vitesse maximale 624 km/h à 7000m Autonomie maximale 1200km Plafond pratique 11200m
Armement : un canon Hispano-Suiza HS 404 de 20mm tirant à travers le moteur avec soixante coups et quatre mitrailleuses de 7.5mm MAC modèle 1934 M.39 alimentée à 500 coups chacune
Hawker Fury II
Dès mars 1937 alors que le Hurricane est à peine en service, les bureaux d’études commencent à étudier son successeur. Un an plus tard un appel d’offres est lancé mais l’appareil qui en est issu le Hawker Typhoon se révélera un chasseur moyen mais redoutable chasseur-bombardier. Tout est à refaire mais le Hawker Tempest, un appareil issu du premier est davantage un chasseur-bombardier qu’un chasseur de supériorité aérienne.
Le bureau d’études Hawker ne se découragea et lança fin 1943 les travaux d’un Tempest Light Fighter, un véritable chasseur de supériorité aérienne, un intercepteur et non un chasseur-bombardier même si au final l’appareil pouvait être utilisé pour ce rôle.
Un appel d’offres est lancé officiellement en mai 1944 pour un chasseur destiné à succédé au Hawker Hurricane, le «Hurri» étant progressivement déclassé dans des missions de chasse-bombardement où il excella.
Tout comme les américains avec le Grumman F8F Bearcat, les britanniques décident de développer le chasseur le plus léger possible autour du moteur le plus puissant. Cela donnait un chasseur rapide, maniable mais dont la puissance pouvait déconcerter les jeunes pilotes.
Deux prototypes sont commandés en septembre 1944, le vol inaugural du premier ayant lieu le 17 janvier 1945. Le deuxième effectue son premier vol le 04 mars 1945.
Le premier appareil de série effectue son vol inaugural le 17 septembre 1947. La production est lancée début 1948, les premiers appareils étant livrés en juin 1948 mais pas suffisamment rapidement pour permettre à des squadrons de la RAF d’être opérationnels quand le second conflit mondial éclate.
Le Hawker Fury II (pour le distinguer d’un biplan du début des années trente) est officiellement mis en service dans la RAF en novembre 1948. Il ne tarde pas à équiper des forces aériennes étrangères d’abord celle des Dominions puis très vite des forces aériennes en exil comme le Pays-Bas, la Norvège ou encore la Grèce.
Comme nous l’avons vu plus haut le Fury II aurait du être l’unique chasseur monomoteur de l’armée de l’air grecque reconstituée mais en raison de retards de livraison, la Grèce avait accepté qu’une unité soit équipée d’Arsenal VG-40.
En ce qui concerne le Fury II, deux escadrilles vont voler sur cet appareil en l’occurrence les 21. et 22. Mira Doixes précédemment équipée de Grumman G-36A. Ces deux unités opérationnelles respectivement en septembre 1951 et février 1952 vont d’abord opérer depuis la Crète avant de passer sur le continent en vue de l’opération ANVIL.
A la différence de la 23ème escadrille évoluant au dessus du golfe de Patras les deux escadrilles volant sur le successeur du Hurricane vont d avantage opérer face aux avions allemands au dessus de l’isthme de Corinthe.
Les combats sont rudes mais fort heureusement pour les pilotes grecs la majorité des Experten faisaient face aux pilotes russes sur le front de l’est ou aux pilotes alliés sur le front français.
A l’issue de l’opération ANVIL sur les quarante appareils en ligne au début de l’opération il n’en reste plus que vingt-huit et si sept ont bien été détruits par l’ennemi (trois par la DCA et quatre lors de combats aériens) les autres ont été endommagés au décollage ou à l’atterrissage puis réformés.
Remplacés par des appareils neufs ils vont participer à l’opération SLEDGEHAMMER puis ultérieurement à l’opération SWORD. Au fur et à mesure que les semaines passaient les combats aériens se faisaient rares mais en revanche les missions d’appui aérien rapproché (Close Support) devenaient de plus en plus fréquentes la résistance de l’ennemi ne cessant de se raidir au fur et à mesure que les frontières de l’Allemagne se rapprochaient.
Les 21ème et 22ème escadrilles vont terminer la guerre en Slovénie, opérant au dessus de l’Autriche et de l’Allemagne, appuyant les troupes grecques mais aussi les autres unités alliées.
Les unités sont rapatriées en Grèce en août 1954 et très vite les Fury II vont être engagés dans la guerre civile grecque contre la guerilla communiste. Le chasseur britannique est retiré du service en 1963 remplacé par des avions plus modernes, des avions à réaction mais ceci est une autre histoire.
Motorisation : un moteur radial Bristol Centaurus 18 dévellopant une puissance totale de 2480ch et entrainant une hélice quadripale
Performances : vitesse maximale à 5485m 740 km/h plafond opérationel : 10910m distance franchissable avec les seuls réservoirs internes : 1127kg
Armement : 4 canons de 20mm dans les ailes et jusqu’à 907kg de charges extérieures qu’il s’agisse de bombes, de roquettes ou de mines.
Bristol Beaufighter
Le Bristol type 156 Beaufighter est un bimoteur conçu initialement pour la chasse lourde mais qui allait être utilisé également pour la chasse-bombardement, la chasse de nuit mais aussi le bombardement et le torpillage.
Issu du bombardier-torpilleur Bristol Beaufort, il devait initialement servir d’appareil intérimaire en attendant que le Westland Whirlwind soit fiabilisé mais les britanniques peut être charmés par la «mort sifflotante» _le surnom donné au Beau’ par les japonais_ abandonnèrent le Whirlwind en dépit de performances prometteuses mais hélas pour lui avec de nombreux problèmes à résoudre.
Le vol inaugural à lieu le 17 juillet 1939 et avant même ce vol 300 appareils sont commandés (si ça c’est pas de la confiance), un deuxième prototype décolle le 14 mars 1940 mais cette version à moteur en ligne Merlin sera vite abandonnée car l’appareil était sous-motorisé et instable en clair dangereux.
Deux autres prototypes décollent pour la première fois les 4 juin et 12 août 1940 d’abord pour la chasse lourde et la chasse-bombardement. L’appareil est mis en service en 1941.
Initialement la Grèce avait prévu huit escadrilles de chasse, six équipées de monomoteurs (NdA probablement six escadrilles de Fury II encore qu’aucun texte n’à été retrouvé dans les archives pour le confirmer ou l’infirmer) et deux de bimoteurs sans que le modèle soit initialement spécifié.
Finalement le manque de moyens obligea le gouvernement grec à limiter ses ambitions à quatre escadrilles de chasse, trois de monomoteurs et une de bimoteurs. Cette escadrille de bimoteurs sera la 24. Mira Dioxes qui passe du Bloch MB-151 au Bristol Beaufighter ce qui explique que l’unité n’allait être opérationnelle qu’en mai 1952.
Ces bimoteurs sont d’abord stationnés en Crète, menant des missions de chasse lourde mais aussi de chasse de nuit. Les appareils vont rallier le continent après la libération d’Athènes en décembre 1952.
L’unité stationnée au nord de la capitale grecque va opérer sur Beaufighter jusqu’en août 1953 quand l’escadrille reçoit ses De Havilland Hornet avec lesquels elle va combattre jusqu’à la fin du conflit au dessus de la Yougoslavie.
Caractéristiques Techniques du Bristol type 156 Beaufighter
Type : chasseur lourd bimoteur
Masse : à vide 6623kg maximale au décollage 9798kg
Motorisation : deux moteurs radiaux Bristol Hercules XVI de 1670ch
Performances : vitesse maximale 536 km/h à 4755m Distance franchissable 2382km plafond pratique 8075m
Armement : quatre canons de 20mm à l’avant, six mitrailleuses de 7.7mm dans les ailes une mitrailleuse de 7.7mm dans le poste arrière
Equipage : deux hommes
De Havilland Hornet
Le De Havilland DH.103 Hornet est un élégant chasseur bimoteur monoplace, un descendant du Mosquito. Il à été conçu pour remplacer également le Beaufighter qui bien qu’efficace vieillissait et risquait d’être déclassé par de nouveaux appareils allemands voir japonais.
La mise au point du Hornet (frelon) est lancé en septembre 1944, l’Air Ministry demandant un chasseur bimoteur à long rayon d’action pour pouvoir par exemple opérer dans le Pacifique et en Insulinde où les distances sont non seulement gigantesque mais où la géographie de type insulaire et archipélagique rend délicat le déploiement de puissantes forces aériennes.
Quatre compagnies proposent leurs projets : Fairey, Hawker,De Havilland et Boulton-Paul mais seuls Fairey et De Havilland iront jusqu’à la réalisation du prototype, le ministère de l’Air britannique passant commande de deux prototypes de chaque modèle en l’occurrence le Fairey Goshawk et donc le De Havilland Hornet.
Les quatre prototypes sont livrés au printemps 1945. Dès cette époque, la France s’intéresse à cet élégant appareil de la perfide albion pour remplacer les Bréguet Br700C2 et les Lockheed H-322 à moyen terme.
Les deux premiers décollent respectivement les 7 juin et 21 septembre 1945, les deux derniers respectivement les 21 mai et 8 août 1945. En septembre 1946 le Hornet est choisit pour être produit en série mais deux ans après celle-ci pour des raisons industrielles n’à pas encore commencée.
Il faudra donc attendre le second conflit mondial pour que cet élégant bimoteur ne sorte des usines britanniques pour équiper notamment l’armée de l’air grecque.
Cette dernière le sélectionna au détriment du Bréguet Br700C2 et du Lockheed P-38 Lightning pour remplacer le Beaufighter en passe d’être déclassé.
Le 24. Mira Dioxes est ainsi transformée sur l’appareil en août 1953. A l’époque elle est stationnée en Albanie. Elle va être utilisée comme unité de chasse lourde, de chasse-bombardement et de chasse de nuit.
Quand elle ne soutenait pas les troupes au sol, l’escadrille traquait les rares avions allemands et croates qui s’aventuraient dans le secteur essentiellement de nuit pour diminuer leur vulnérabilité.
Le conflit en Europe terminée, la 24ème escadrille de chasse rentre au pays s’installant à Thessalonique pour à la fois lutter contre la guérilla communiste mais aussi pour dissuader la Bulgarie communiste d’aider les partisans grecs en menant une offensive conventionnelle pour récupérer par exemple une fenêtre maritime sur la mer Egée.
Les Hornet sont restés en service dans l’armée de l’air grecque jusqu’en 1967 quand ils sont retirés du service et remplacés par des appareils plus modernes à c’est-à-dire à réaction mais ceci est une autre histoire.
Caractéristiques Techniques
Type : Chasseur bimoteur monoplace
Masse à vide : (à vide) 6033kg (à pleine charge) 8886kg (maximale au décollage) 9480kg
En quelques années, la technologie aéronautique à fait un bon de géant en passant de l’association bois/toile à l’utilisation d’acier et de différents alliages légers. Cette évolution permettait d’augmenter les performances mais avait l’inconvénient d’augmenter le niveau technique nécessaire pour les ouvriers et surtout des matériaux stratégiques dont la fourniture pourrait être perturbée par le conflit.
D’où l’idée de construire des avions en bois et de revenir ainsi aux origines de l’aviation. Cela avait l’avantage du moins sur le papier de produire des avions performants surtout si les moteurs sont puissants même si en 1939 la puissance n’était pas le point fort des moteurs français, la faute notamment un sous-investissement des motoristes hexagonaux qui dilapidèrent en quelques années l’avance acquise durant le premier conflit mondial.
Une société baptisée Arsenal de l’Aéronautique est créée pour développer des avions de ce type, des avions qui sont désignés VG en référence aux noms des ingénieurs dirigeant cette nouvelle entreprise à savoir Michel Vernisse et Jean Galtier.
Après l’Arsenal VG-20, le duo Vernisse/Galtier va mettre au point une lignée de remarquables chasseurs qui nait avec le VG-30 qui ne dépassa pas le stade du prototype alors que le VG-31 ne voit pas le jour et que le VG-32 apparu après le VG-33 ne dépassera pas non plus le stade du prototype.
Le premier appareil produit de série sera l’Arsenal VG-33 qui effectue son vol inaugural le 25 avril 1939. Cet appareil répondait à un programme de 1937 destiné à remplacer le Morane-Saulnier MS-406 qui à l’époque effectuait à peine ses premiers vols mais à l’époque, la conception des avions ressemblait à une partie d’échecs, il fallait jouer avec deux ou trois coups d’avance.
Le futur VG-33 n’est pas le seul appareil en course puisqu’on trouve également le Dewoitine D-520, le CAO-200 et le Morane-Saulnier MS-450 mais ces deux derniers ne dépasseront pas à l’état de prototype moins en raison de performances insuffisantes que dans la volonté de l’armée de l’air de rationnaliser sa flotte, rationalisation qui allait s’accroitre durant le conflit.
Plusieurs commandes sont passées mais elles sont souvent réduites. C’est ainsi que si initialement il était prévu 720 Arsenal VG-33, au final seulement 450 exemplaires furent livrés dont seulement 216 appareils en ligne pour équiper un total de huit groupes de chasse, deux escadres complètes les 1ère et 2ème EC et la 14ème EC avec deux groupes, son troisième groupe disposant d’Arsenal VG-36.
Comme nous l’avons vu, le VG-33 fût le premier appareil produit en série à la différence des autres projets. Cette situation concerne également le VG-34 (cellule de VG-33 avec un Hispano-Suiza 12Y-45) mais aussi le VG-35 qui avec un moteur Hispano-Suiza de 1100ch annonce le VG-36 dont le prototype effectue son vol inaugural le 25 mai 1940.
Trois groupes de chasse (un groupe de la 14ème Escadre _le GC III/14_ et deux groupes de la 15ème Escadre _GC I/15 et GC II/15_) ainsi que six Escadrilles Régionales de Chasse (ERC) vont ainsi être équipés, l’Armée de l’Air ayant au total reçu 300 VG-36 (153 avions en ligne et le reste en réserve).
Après le VG-36, d’autres projets furent étudiés mais n’ont pas débouché sur une production en série comme le VG-37 avec un moteur en ligne Hispano-Suiza de 1000ch et le VG-38 propulsé par un Hispano-Suiza 77 suralimenté par deux compresseurs Brown Boveri.
C’est finalement l’Arsenal VG-39 qui va être produit en série, un appareil dont la silhouette est plus fine pour certains plus élégante que ces devanciers, un choix qui est peut être esthétique («Un bel avion est un avion qui vole bien» disait Marcel Bloch) mais qui à été rendu nécessaire par l’installation d’un Hispano-Suiza 89ter de 1280ch.
A noter qu’il s’en ait fallu de peu pour que le VG-39 ne soit propulsé par un moteur en ligne américain Allison. Le vol inaugural du prototype à lieu le 30 mai 1940 mais la production ne sera lancée qu’en septembre 1941. Sept groupes de chasse vont ainsi voler sur ce splendide appareil qui dispute au Dewoitine D-551 et au Bloch MB-157 le titre de meilleur chasseur français en service en septembre 1948.
Quand le second conflit mondial éclate, 237 VG-39 sont en ligne, 240 en réserve et 15 utilisés pour entrainement, essais, formation des mécaniciens soit un total de 492 appareils.
Au VG-39 succède logiquement l’Arsenal VG-40. C’est une évolution du VG-39 initialement baptisée VG-39bis qui se distinguait des premiers VG-39 par un moteur plus puissant (1650ch au lieu de 1250) et la possibilité de changer les ailes, des ailes avec un armement différent (un modèle avec six mitrailleuses de 7.5mm, un second avec huit mitrailleuses de ce calibre et le troisième modèle _le plus utilisé_ avec deux canons de 20mm et trois mitrailleuse de 7.5mm).
L’Armée de l’Air passe ainsi commande de 250 VG-40 en juin 1948 pour une guerre que l’on pressent imminente mais quand le conflit éclate en septembre 1948, moins d’une dizaine d’appareils à été produite, appareils utilisés pour mettre sur pied de nouvelles unités dont certaines étaient composées de pilotes tchèques, polonais voir venant de pays neutres comme l’Irlande, la Suisse et la Suède et engagés à la Légion Etrangère.
Au final ce sont 2400 Arsenal VG-40 qui ont été produits, l’appareil ayant été choisit pour devenir le chasseur standard de l’Armée de l’Air au grand dam de Bloch et de Dewoitine qui néanmoins parviendront à proposer leurs modèle une fois le conflit terminé.
Tout en produisant l’Arsenal VG-40, le bureau d’études de l’Arsenal de l’Aéronautique étudiait des améliorations avec des moteurs toujours plus puissants, des cellules toujours plus fines avec un armement orienté à la fois vers la chasse et la chasse-bombardement avec notamment l’utilisation de roquettes air-sol.
Tous ces projets n’aboutissent pas à une production en série. C’est ainsi que les VG-42 et VG-43 ne dépassent le stade de l’étude sur la planche à dessin (car n’apportant pas une plus-value importante par rapport au VG-40) mais les VG-44 et VG-45 atteignent le stade du prototype. Les tests réalisés vont permettre d’améliorer le VG-40 dans des modèles bis et ter avant que décision soit prise de produire un nouveau modèle en série.
Ce modèle sera baptisé Arsenal VG-52. Toujours propulsé par un moteur en ligne (un prototype à moteur radial n’à pas donné satisfaction alors que c’était la configuration initialement privilégiée) il effectue son premier vol le 17 janvier 1952.
L’appareil se comporte remarquablement. Son pilote, le sergent-chef Jean Matcheski (vingt-cinq victoires homologuées) raconta dans ses mémoires qu’il aurait aimé que le vol ne s’arrête jamais tant les sensations étaient délicieuses. Au sol aux ingénieurs il déclara simplement «Merci messieurs vous m’avez offert la plus belle émotion de ma vie de pilote».
La production en série est rapidement décidée. Comme de nombreux éléments sont communs avec le VG-40, la production des deux modèles se chevauchent ce qui explique qu’entre les livres le nombre d’Arsenal VG-52 Phenix (NdA le 1er juin 1952 le Ministère de l’Air à annoncé que les appareils recevrait une désignation pour «fortifier le moral des troupes») produits varie.
Selon les archives officielles du Ministère de la Production Aéronautique, 1250 Arsenal VG-52 Phenix ont été produits entre mai 1952 et juin 1955 quand cesse la production.
La Yougoslavie s’intéresse à l’Arsenal VG-40 avant même le début du second conflit mondial mais ne donne pas suite à une demande d’information effectuée le 14 juin 1948 par l’attaché de l’air de l’Ambassade de Yougoslavie à Paris qui avait assisté à une démonstration de l’appareil au mois de mars précédent.
Il faudra donc attendre la reconstitution d’une armée de l’air pour que l’Arsenal VG-40 vole frappé des cocardes yougoslaves. C’est cependant l’aéronavale qui va être la première à mettre en œuvre l’appareil d’une unité baptisée escadron de chasse n°1 «Liberté» (1. eskadrilla lovci «sloboda») va disposer de douze chasseurs qui vont rallier la Crète pour couvrir le port de la Sude contre les avions de reconnaissance et de bombardement ennemis.
Elle va ensuite opérer depuis le Péloponnèse (octobre 1952 à mai 1953), Corfou (avec des VG-52 parmi les premiers de série) enfin le Monténégro au mois de mars 1954. L’unité à subit des pertes assez sensible et au final l’aéronavale yougoslave à reçu trente Arsenal VG-40 et vingt Arsenal VG-52. Quand la guerre se termine en avril 1954, l’unité qui venait de rallier le Monténégro volait sur douze VG-52 mais avait conservé huit VG-40.
Les VG-40 et VG-52 de l’aéronavale yougoslave étaient toujours en service en 1958 quand les communistes renversent le roi Pierre II. Si certains appareils vont rallier les communistes d’autres font défection pour rallier l’Italie ce qui explique qu’un VG-40 ait été préservé à Brindisi et qu’un VG-52 trone fièrement dans l’entrée du musée de la guerre d’Athènes.
L’armée de l’air yougoslave va être un gros utilisateur du duo VG-40/VG-52. Elle le choisit l’Arsenal VG-40 comme chasseur monomoteur standard de préférence au Supermarine Spitfire, au Hawker Fury II ou encore au P-51 Mustang.
Les pilotes yougoslaves qu’il soient vétérans de la Campagne de Yougoslavie ou novices encore en formation au moment de l’opération MARITSA sont regroupés à Meknès où la France formait ses pilotes de chasse.
Pas moins de quatre groupes de vingt-sept appareils vont être équipés de cet appareil, les 1er, 4ème, 5ème et 8ème groupe de chasse soit 108 appareils en ligne. Ces groupes sont progressivement opérationnel et vont rallier la Crète puis le Péloponnèse pour des missions de chasse et de chasse-bombardement à l’aide de bombes et de roquettes.
Les pertes vont être lourdes et le manque de pilotes va entrainer la dissolution du 5ème groupe de chasse qui n’allait jamais voler sur son successeur l’Arsenal VG-52. Cet appareil va équiper les trois groupes de chasse de jour mais aussi les 3ème et 8ème groupes de chasse-bombardement, la transformation entamée en juillet 1953 s’achevant en avril 1954 au moment où la guerre se termine. Le VG-52 va donc équiper cinq groupes de vingt-sept appareils soit un total 135 appareils, leur carrière se révélant riche mais moins intense que celle de son prédécesseur.
L’Arsenal VG-40 et l’Arsenal VG-52 vont rester en service une fois la guerre terminée, l’appareil étant toujours opérationnel en 1958 quand la royauté est renversée par les communistes qui vont faire durer les VG-52 jusqu’en 1962 quand ils sont retirés du service et pour beaucoup envoyés à la casse.
Motorisation : un moteur en ligne Hispano-Suiza 89ter douze cylindres en ligne dévellopant 1250ch et entrainant une hélice Chauvière tripale de 3.75m de diamètre
Performances : vitesse maximale 624 km/h à 7000m Autonomie maximale 1200km Plafond pratique 11200m
Armement : un canon Hispano-Suiza HS 404 de 20mm tirant à travers le moteur avec soixante coups et quatre mitrailleuses de 7.5mm MAC modèle 1934 M 39 alimentée à 500 coups chacune
Hawker Tempest
A l’époque l’aviation évoluait tellement vite qu’un appareil mis en service n’était pas dépassé mais en voie de déclassement. Il fallait donc mettre au point un avion comme on joue aux échecs avec toujours deux coups d’avance.
Dès la fin des années trente les britanniques se préoccupent du successeur du Hawker Hurricane pourtant tout juste en en service.
C’est l’acte de naissance du Hawker Typhoon mais si cet appareil était un bon appareil il était davantage à l’aise à basse altitude ce qui n’était le mieux indiqué pour un chasseur de supériorité aérienne qui doit être à l’aise à moyenne voir à haute altitude où peuvent se dérouler les combats aériens.
Suite à ces performances décevantes, la firme Hawker décida de dévelloper une version améliorée initialement baptisée Typhoon II avant de recevoir la nouvelle désignation de Tempest.
Ce n’était pourtant pas gagné d’avance puisqu’il y eut un projet concurrent baptisé Tornado mais après la construction de deux prototypes et de six appareils de pré-série le projet fût annulé en raison des insolubles problèmes rencontrés par le moteur Rolls Royce Vulture, moteur qui condamna également le Westland Whirlwind et l’Avro Manchester.
Le premier prototype du Tempest décolle pour la première fois le 14 octobre 1942 suivit d’un second le 4 janvier 1943. Les essais se passent bien et l’appareil peut être mis en service début 1944 au sein de la RAF.
Jusqu’en 1949 les deux appareils sont produits en même temps mais après la sortie des derniers Typhoon en juin, le Tempest reste le seul en ligne mais pour peu de temps car en mars 1951 il est remplacé sur les chaines de montage par le Fury II, le vrai remplaçant du Hurricane comme chasseur de supériorité aérienne.
La Yougoslavie soucieuse de ne pas trop dépendre de la France choisit le Tempest pour équiper trois groupes de chasse-bombardement, les 3ème, 7ème et 8ème groupes de chasse-bombardement soit 81 appareils en ligne, les appareils étant livrés aux yougoslaves entre mars et septembre 1950 à Ismaila en Egypte où les trois groupes sont mis sur pied.
Opérationnels en novembre 1950, il vont se séparer, le 3ème groupe ralliant le Dodécanèse, le 7ème groupe la Crète et le 8ème groupe le Péloponnèse. Le 3ème groupe oriente surtout son action contre la navigation de l’Axe, les allemands occupant les Cyclades. Avec des bombes et des roquettes, ils traquaient caïques, pontons et escorteurs, un véritable jeu du chat et de la souris.
Le 7ème groupe menait des missions similaires mais le 8ème étant davantage chargé de missions d’interdiction et d’appui-feu au profit des troupes alliés qui tenaient solidement la péninsule péloponnésienne.
Ces unités vont participer aux différentes offensives alliées en Grèce mais à partir de juillet 1953 ils vont être progressivement remplacés par des Arsenal VG-52 plus modernes. Le 7ème groupe n’à pas cette chance puisqu’en raison de la pénurie de pilotes, il est dissous avant rééquipement. Les derniers Tempest sont retirés du service actif en février 1954 soit quasiment à la fin de la guerre.
Entre-temps les trois groupes ont été rassemblés en Grèce continentale avant d’être à nouveau dispersés en Albanie (3ème groupe), dans le Vardar macédonien (7ème) et dans la région de Thessalonique (8ème groupe). Un Tempest à été préservé à Belgrade.
Caractéristiques Techniques du Hawker Tempest Mk I
Type : monoplace monoplan de chasse-bombardement
Masse : à vide 4195kg en charge 5176kg maximale au décollage 6190kg
Motorisation : un moteur en ligne Napier Sabre II de 2180ch entrainant une hélice quadripale
Performances : vitesse maximale 695 km/h à 5608m distance franchissable 1190km (2462km avec des réservoirs largables) plafond opérationnel 11125m
Armement : quatre canons de 20mm Hispano Mk II avec 200 obus par canon deux bombes de 500 ou de 1000 livres ou 8 roquettes de 76.2mm RP-3.
Ikarus IK-5
Durant l’entre-deux-guerre la puissance croissante des bombardiers inquiéta de plus en plus état-majors et gouvernements qui cherchèrent la parade la mieux adaptée à cette menace.
Parmi les parades appliquées figure le chasseur bimoteur dont les qualités étaient l’autonomie et l’armement plus que la vitesse et la maniabilité, facteurs que les cibles potentielles et probables (bombardiers) ne justifiait pas.
Rogozarski R-313
Les yougoslaves développèrent ainsi un bimoteur le Rogorzarski R-313 mais cet appareil n’allait pas équiper les unités de chasse de l’armée de l’air royale yougoslave mais les unités de reconnaissance et de bombardement, le bimoteur ayant été conçu comme un appareil polyvalent.
Il faut attendre le lancement du programme de l’IK-7 pour qu’un programme de chasseur bimoteur efficace soit lancé. C’est l’acte de naissance de l’IK-5 qui ironie de l’histoire allait donner naissance à une variante de reconnaissance baptisée IK-5R.
Le programme est lancé officiellement en octobre 1942, l’armée de l’air royale yougoslave passant commande de trois prototypes en janvier 1943, prototypes se distinguant par la motorisation, deux à moteurs en ligne (Hispano-Suiza pour le n°1, Rolls-Royce pour le n°2) et un à moteur radial (BMW-801 pour le n°3). Ils effectuent leur vol inaugural respectivement le 14 septembre, le 2 octobre et le 21 décembre 1943.
Les tests menés éliminent rapidement le n°3 laissant les n°1 et n°2 en course. Le n°1 est finalement choisit pour être la version produite en série de l’appareil même si quelques ingénieurs continueront de travailler sur une version propulsée par des moteurs Rolls-Royce en cas de besoin.
L’appareil est un élégant bimoteur à ailes basses, train rétractable, double-dérive, l’équipage composée de deux ou trois hommes (deux pour la version chasse trois pour la version de reconnaissance) est abritée dans un cockpit commun avec un verrière monobloc ce qui lui donne un faux air de Messerschmitt Me-110.
Le premier appareil de série effectue son premier vol le 17 novembre 1944. A part un léger problème d’échauffement, le vol se passe bien et l’appareil bientôt accepté par la VKJV.
Les commandes sont cependant limitées puisque seulement trente-deux appareils vont être commandés appareils livrés entre juin 1945 et février 1946.
Dix-huit appareils seulement étaient en ligne, neuf au sein du 5ème régiment (3ème brigade aérienne) en compagnie de dix-huit Ikarus IK-3 et neuf au sein du 9ème régiment (4ème brigade aérienne) en compagnie de dix-huit Hawker Hurricane.
La faiblesse des commandes fait dire à certain que l’investisment n’en valait pas vraiment la chandelle.
Les appareils en ligne en juillet 1949 vont participer à la Campagne de Yougoslavie. Ils vont mener des patrouilles d’interception mais aussi des missions de chasse-bombardement. Les pertes sont lourdes sur les dix-huit appareils en ligne, douze sont détruits auxquels il faut ajouter vingt des trente-deux appareils de réserve, soit trente-deux appareils irrémédiablement détruits sur cinquante en ligne.
Sur les dix-huit appareils restants, la plupart était en mauvais état. De plus les stocks de pièces détachées étaient très bas. Voilà pourquoi les appareils capturés par les allemands, les italiens et les hongrois ont pour la plupart finit à la casse après quelques vols d’évaluation au grand dam des croates qui avaient espéré récupérer ces appareils.
Motorisation : deux moteurs en ligne Hispano-Suiza de 1685ch entrainant une hélice tripale à pas variable
Performances : vitesse maximale 575km/h au niveau de la mer distance franchissable 1700km plafond opérationnel 8000m
Armement : deux canons de 20mm Hispano-Suiza HS.404 avec 80 obus et deux mitrailleuses Browning-FN de 7.92mm avec 1200 cartouches chacune dans le nez, quatre mitrailleuses Browning-FN de 7.92mm avec 900 cartouches chacune dans les ailes et une mitrailleuse Browning-FN de 7.92mm avec 800 cartouches. Embarquement possible de 1000kg de bombes ou de roquettes.
Bréguet Br700C2
Bréguet Br700C2, l’un des chasseurs biplaces de l’armée de l’air
Le Bréguet Br700C2 est un chasseur lourd bimoteur de conception et de fabrication française qui répond au besoin d’un «multiplace de défense» capable aussi bien de protéger le pays contre des escadres de bombardiers que d’escorter des bombardiers amis, les missions de chasse-bombardement et de chasse de nuit que ces appareils pratiqueront durant la guerre sont certes envisagées mais sont loin d’être prioritaires.
Un programme pour un avion de ce type est lancé en 1934, programme remporté par le Potez 630 face au Romano 110, au Loire-Nieuport 20, à l’Hanriot H-220 et enfin le Bréguet Br690.
Ce dernier était plus lourd que ses concurrents car la firme Bréguet envisageait de dévelloper une famille complète d’appareils pour répondre à un concept bientôt abandonné, le concept BCR (Bombardement Combat Reconnaissance) qui donna naissance à des appareils bons à rien et mauvais en tout (Amiot 143, Bloch MB-131, Potez 452…..).
Le premier vol du Bréguet Br690 n’à lieu que le 23 mars 1938 mais il ne sera pas commandé en série. Il va donc donner naissance à une famille complète d’avions d’assaut, de bombardement en piqué, de reconnaissance tactique (sans parler de projets non aboutis) et de chasse lourde sous la forme du Bréguet Br697.
Là encore ce modèle (qui effectue son premier vol le 19 octobre 1939) n’est pas produit directement en série. Véritable démonstrateur de technologie, il va donner naissance au Bréguet Br700C2 (chasseur biplace).
Le prototype du Bréguet Br700C2 décolle pour la première fois le 4 mars 1940. Par rapport au -697, il dispose d’ailes agrandies, de moteurs plus puissants et un armement renforcé. Un deuxième prototype décolle pour la première fois le 8 juin 1940, la production en série étant lancée en septembre 1940 d’abord au Havre puis au Havre et à Bourges.
Des commandes sont régulièrement passées pour armer les unités de chasse lourde et constituer un volant de fonctionnement, les autorités militaires françaises ne voulant pas se retrouver dans la même situation qu’en 1914 en manquant d’armes et de munitions alors que le conflit se met à durer bien plus longtemps que prévu.
En septembre 1948, sur les 432 Bréguet Br700C2 construits, on n’en trouve plus que 420 appareils, 12 ayant été perdus par accident dont 4 mortels. A cette époque une version améliorée était sur le point d’entrer en production ainsi que peut être une variante monoplace, le Bréguet Br750, version qui ne sera pas produite, l’armée de l’air choisissant le Farman Frelon, version francisée du De Havilland DH.103 Hornet.
De Havilland Sea Hornet en vol. Le Hornet est la version terrestre de ce biplace
La Yougoslavie va être équipé de cet élégant biplace suite à la décision de recréer des unités de chasse lourde en l’occurence deux groupes mais seul le 2ème groupe de chasse allait voler sur cet appareil.
L’unité est opérationnelle en juin 1950 et les vingt-sept bimoteurs vont rallier en vol d’abord l’île de Malte pour protéger l’île-forteresse des quelques raids aériens germano-italiens et ce jusqu’en mars 1951 quand l’unité est redéployée en Crète pour mener des missions de défense aérienne mais aussi de chasse-bombardement à l’aide de bombes et de roquettes.
Ces appareils vont subir des pertes sensibles ce qui explique en partie leur remplacement à l’automne 1953 par de nouveaux De Havilland Hornet, unifiant ainsi l’équipement des unités de chasse lourde.
Motorisation : deux Gnôme-Rhône 14N de 1200ch entrainant des hélices tripales Ratier
Performances : vitesse maximale 595 km/h à 6000m distance franchissable1350km Plafond maximal 8500m
Armement : deux canons de 20mm Hispano-Suiza HS-404 alimenté à 90 coups chacun et deux mitrailleuses de 7.5mm MAC 34 modifié 39 alimentée chacune à 900 cartouches le tout concentré dans le nez et deux mitrailleuses de 7.5mm MAC 34 modifié 39 dans le poste arrière avec un total de 1500 cartouches.
Equipage : un pilote et un mitrailleur
De Havilland Hornet
Le De Havilland DH.103 Hornet est un élégant chasseur bimoteur monoplace, un descendant du Mosquito. Il à été conçu pour remplacer également le Beaufighter qui bien qu’efficace vieillissait et risquait d’être déclassé par de nouveaux appareils allemands voir japonais.
La mise au point du Hornet (frelon) est lancé en septembre 1944, l’Air Ministry demandant un chasseur bimoteur à long rayon d’action pour pouvoir par exemple opérer dans le Pacifique et en Insulinde où les distances sont non seulement gigantesques mais où la géographie de type insulaire et archipélagique rend délicat le déploiement de puissantes forces aériennes.
Quatre compagnies proposent leurs projets : Fairey, Hawker,De Havilland et Boulton-Paul mais seuls Fairey et De Havilland iront jusqu’à la réalisation du prototype, le ministère de l’Air britannique passant commande de deux prototypes de chaque modèle en l’occurrence le Fairey Goshawk et donc le De Havilland Hornet.
Les quatre prototypes sont livrés au printemps 1945. Dès cette époque, la France s’intéresse à cet élégant appareil de la perfide albion pour remplacer les Bréguet Br700C2 et les Lockheed H-322 à moyen terme.
Les deux premiers décollent respectivement les 7 juin et 21 septembre 1945, les deux derniers respectivement les 21 mai et 8 août 1945. En septembre 1946 le Hornet est choisit pour être produit en série mais deux ans après celle-ci pour des raisons industrielles n’à pas encore commencée.
La RAF va mettre en service l’appareil au printemps 1949 soit quatre ans après le vol du prototype ce qui est plutôt long à l’époque (mais courant à notre époque où les delais de développement sont de plus en plus longs).
La Yougoslavie va recevoir cet appareil pour équiper son 6ème groupe de chasse lourde soit vingt-sept appareils en ligne auxquels il faut ajouter des appareils destinés à l’entrainement. L’unité est opérationnelle à l’automne 1950. Elle assure la protection de la Crète, base arrière capitale pour le dispositif allié en Méditerranée orientale. Elle va mener aussi bien des missions de chasse lourde, que de chasse de nuit ou de chasse-bombardement.
En mai 1951 l’unité rallie le Dodécanèse pour une mission de chasse-bombardement en direction des Cyclades occupées par les allemands. En septembre 1952 le groupe rallie le continent pour appuyer l’offensive en direction de l’Attique, assurant tout aussi des missions de chasse lourde que de chasse-bombardement, les moyens aériens ennemis étaient encore importants dans le secteur.
L’unité qui va recevoir au total quarante-deux appareils va opérer avec une autre unité de chasse lourde qui comme nous l’avons vu va être ultérieurement équipée du même appareil. Ces chasseurs lourds vont rapidement opérer au dessus de la Yougoslavie menant des raids de harcèlement loin derrière le front pour perturber davantage le dispositif ennemi.
Les deux unités terminent la guerre dans le sud de la Serbie. Elles vont participer dans l’immédiat après guerre à des opérations de nettoyage et aux premières opérations contre une guerilla communiste bien décidée à renverser le roi, chose qu’ils parviendront à réaliser en 1958. Les Hornet yougoslaves ont été retirés du service en 1960 et hélas tous ferraillés.
Caractéristiques Techniques
Type : Chasseur bimoteur monoplace
Masse à vide : (à vide) 6033kg (à pleine charge) 8886kg (maximale au décollage) 9480kg
Bréguet Br700C2, l’un des chasseurs biplaces de l’armée de l’air
En 1934, l’armée de l’air avait lancé un programme pour un «multiplace de défense» programme pour lequel le Potez 630 avait été sélectionné et décliné en différentes variantes. Face à la création de l’entreprise de Meaulte, d’autres constructeurs avaient fait choux blanc comme Romano avec son Romano 110, Loire-Nieuport avec son Loire-Nieuport 20, Hanriot avec son H-220 et enfin le Bréguet Br690.
Ce dernier était plus lourd que ces concurrents (1.5 tonnes de plus) en raison d’un choix audacieux de la maison Bréguet à savoir un triplace de chasse pouvant être décliné en versions spécialisées répondant au concept BCR (Bombardement Combat Reconnaissance) avec la maniabilité d’un chasseur.
Cet élégant bimoteur à aile médiane et double dérive officiellement commandé le 26 mars 1937 effectua son premier vol le 23 mars 1938 en raison d’une pénurie de moteurs et de la priorité donné aux Potez.
Le Bréguet Br690 ne fût pas commandé en série mais il donna naissance à une famille de complète d’avions d’assaut, de bombardement en piqué, de reconnaissance tactique (sans parler de projets non aboutis) et de chasse lourde sous la forme du Bréguet Br697.
Le prototype de ce chasseur biplace effectua son premier vol le 19 octobre 1939 mais il n’était pas prévu de leur produire tel quel, il s’agissait plus d’un démonstrateur de technologies produit à partir du 17ème exemplaire de série du Bréguet Br691.
Le prototype du Bréguet Br700C2 effectua son premier vol le 4 mars 1940. Par rapport au Br697, le Br700C2 avait des ailes agrandies, des moteurs plus puissants et un armement qui l’était tout autant.
Les essais se poursuivirent avec les deux prototypes (le Br700C2 n°2 avait décollé pour la première fois le 8 juin 1940) jusqu’en septembre 1940 quand il est décidé de le produire en série à l’usine Bréguet du Havre, l’objectif étant d’équiper trente-deux escadrilles soit 288 appareils en ligne plus 144 en réserve d’attrition ce qui donne un total de 432 appareils.
La première commande officielle est passée en mars 1941 pour 36 appareils de quoi équiper quatre escadrilles de chasse multiplace de jour. Les appareils sont livrés entre août et décembre 1941.
La deuxième commande est adressée à SNCAN _dont dépendait l’usine havraise de Bréguet_ en mars 1942 pour 36 appareils qui sont livrés entre mai et septembre 1942.
La troisième commande est passée entre l’armée de l’air et la SNCAN en septembre 1942 pour 36 appareils qui sont livrés entre octobre 1942 et avril 1943.
La quatrième commande est passée en mars 1943 et les 36 appareils commandés sont livrés entre avril et septembre 1943.
La cinquième commande passée en juillet 1943 pour 36 appareils est honorée entre août 1943 et janvier 1944 alors que la sixième commandée passée en décembre 1943 pour 36 appareils l’est entre février et juin 1944.
A noter qu’à partir de cette sixième commande, l’usine Bréguet de Bourges assiste celle du Havre pour accélérer la production de ce remarquable bimoteur de chasse
La septième commande passée en mai 1944 est la dernière pour équiper les unités en ligne avec 72 Bréguet Br700C2 qui sont livrés entre juillet 1944 et mai 1945.
La huitième commande passée en avril 1945 est destinée à la réserve d’attrition, quarante-huit appareils qui sont livrés entre juin 1945 et février 1946.
La neuvième commande passée en janvier 1946 permet la fourniture à l’armée de l’air de quarante-huit appareils qui sont livrés entre mars 1946 et janvier 1947.
Une ultime commande de réserve est passée en septembre 1947 pour quarante-huit appareils qui sont livrés entre novembre 1947 et juillet 1948.
Sur le plan de l’organisation, le Bréguet Br700C2 équipe 32 escadrilles multiplaces de chasse de jour à raison d’une escadrille par Groupe de Chasse en l’occurence les Groupes de Chasse de la 1ère, de la 3ème, de la 5ème, de la 7ème, de la 9ème, de la 14ème, de la 15ème, de la 16ème, de la 17ème et de la 18ème Escadre de Chasse, la 19ème disposant de deux escadrilles de Bréguet Br700C2 (GC I/19 et III/19) et une escadrille de Lockeed H-322 Eclair (GC II/19).
En septembre 1948, sur les 432 Bréguet Br700C2 construit, on n’en trouve plus que 420 appareils, 12 ayant été perdus par accident dont 4 mortels.
Alors que la guerre commençait, une version améliorée du Bréguet Br700 allait entrer en production, version se caractérisant par des moteurs plus puissants, un fuselage redessiné et un armement renforcé avec dans le nez deux canons de 30mm et quatre mitrailleuses de 7.5mm, deux armes de même calibre dans le poste arrière et une mitrailleuse en poste arrière inférieure dirigée par le pilote à l’aide d’une pédale.
Citons également le Bréguet Br750, une version monoplace du Br700C2 destiné à répondre à une demande de l’armée de l’air pour un chasseur bimoteur monoplace (Confère la partie prototypes).
Motorisation : deux Gnôme-Rhône 14N de 1200ch entrainant des hélices tripales Ratier
Performances : vitesse maximale 595 km/h à 6000m distance franchissable1350km Plafond maximal 8500m
Armement : deux canons de 20mm Hispano-Suiza HS-404 alimenté à 90 coups chacun et deux mitrailleuses de 7.5mm MAC 34 modifié 39 alimentée chacune à 900 cartouches le tout concentré dans le nez et deux mitrailleuses de 7.5mm MAC 34 modifié 39 dans le poste arrière avec un total de 1500 cartouches.
Equipage : un pilote et un mitrailleur
Lockheed H-322 Eclair
Lockheed H-322 Eclair
Comme tous les pays, les américains furent préoccupés dans les années trente par la menace des bombardiers ennemis même si la géographie rendait peu probable une attaque aérienne contre New York ou Los Angeles.
Cela n’empêcha pas l’USAAC (United Stades Army Air Corps) de dévelloper un intercepteur pouvant intervenir à haute altitude contre les bombardiers ennemis. Si beaucoup d’avions se ressemblent, le Lockheed P-38 à une vrai «gueule» avec un fuselage bipoutre, une double dérive _prolongement direct des nacelles moteurs et un fuselage extrêmement court.
Effectuant son premier vol le 27 janvier 1939, le XP-38 répondait à la demande X-608 de l’USAAC publiée en février 1937 réclamant un intercepteur pouvant opérer à haute altitude. La firme de Burbanks fût la seule en liste, le Vultee XP-105 ne dépassa pas le stade de la planche à dessin.
Si le prototype fût perdu peu après, l’USAAC fût suffisamment impressionné pour commander treize appareils de pré-série connus sous le nom de YP-38 (27 avril 1939), appareils qui ne furent près qu’à l’automne 1940 en raison d’une surcharge de Lockeed.
Dès l’apparition de cet insolite chasseur, l’armée de l’air se montra intéressée et décida de passer une commande commune avec la Grande-Bretagne. 800 appareils pourraient être commandés dont 417 pour la France.
La France ayant également choisit le Bréguet Br700C2, cette commande fût finalement réduite à 230 exemplaires, officiellement commandée en septembre 1940.
Les appareils étaient fabriqués à Lawrence en Californie, rejoignaient en vol Halifax au Canada où ils étaient pris en charge par des pilotes français qui les testaient avant qu’ils ne soient démontés, mis en caisse pour traverser l’Atlantique en cargo.
Arrivés au Havre, les caisses étaient transférés à l’aérodrome de Caen-Carpiquet où ils sont remontés par des ouvriers de la SNCAN aidés d’une équipe d’ingénieurs américains de son constructeur.
Les premiers appareils arrivent en France en mars 1941 et pris en main par l’armée de l’air en mai 1941. La cadence est d’abord faible avec quatre appareils livrés de juillet à octobre 1941 soit douze appareils en service.
Elle augmente progressivement avec six appareils livrés entre novembre 1941 à juin 1942 soit soixante appareils livrés en quinze mois.
La cadence va se stabiliser à huit appareils par mois ce qui explique que la commande va être honorée en avril 1944.
Le Lockeed H-322 Eclair va équiper un total de seize escadrilles multimoteurs de chasse de jour et rapidement, fera taire les sceptiques sur un chasseur bimoteur monoplace. Aux 144 appareils en ligne, s’ajoute 72 stockés comme volant de fonctionnement et 14 utilisés pour des tests techniques et tactiques pouvant être mobilisés comme appareils actifs.
Sur le plan opérationnel, il va équiper les ECMJ des Groupes de Chasse des 2ème, 4ème, 6ème, 8ème et 10ème Escadres ainsi qu’une escadrille du GC II/19 intégré donc à la 19ème Escadre de Chasse.
Caractéristiques Techniques du Lockeed H-322 Eclair
Motorisation : deux moteurs en ligne Allison V-1710 de 1600ch chacun
Performances : Vitesse maximale 650 km/h Plafond opérationnel 12000m Rayon d’action : 725 à 4185km en fonction de la configuration
Armement : deux canons de 20mm Hispano-Suiza alimentées à 80 coups chacun et quatre mitrailleuses de 7.5mm MAC modèle 1934 M.39 alimentées à 650 cartouches chacune. 500Kg de charge militaire sous les ailes.
Les prototypes de chasseurs bimoteurs
Comme pour la catégorie des chasseurs monomoteurs, on trouve des avions qui ne dépassèrent pas le stade du prototype avec un appareil unique ou un duo d’avions isolés sans parler des projets n’ayant pas dépassé le stade de l’intention :
-Dans le cadre du programme ayant donné naissance au Potez 630 et 631, on trouve les infortunés Romano 110, Loire-Nieuport LN-20 et Bréguet 690 bien que ce dernier soit à l’origine d’une prolifique famille.
-Le Potez 630 décliné en de nombreuses versions à eu certains projets qui ne se sont pas concrétisés comme le biplace de chasse de nuit Potez 632 (désignation attribuée à une version biplace de bombardement limité au seul prototype), le Potez 635 un biplace de chasse de nuit jamais construit, un biplace de chasse, le Potez 636 qui aurait pu être construit sous licence en Tchecoslovaquie et enfin le Potez 63-12, un triplace de chasse propulsé par des moteurs Pratt & Whitney.
-L’utilisation du bimoteur monoplace Lockeed H-322 et surtout są réussite poussa l’armée de l’air à préparer l’avenir en choisissant cette configuration pour le remplacement des NC-600 et Br700C2 même si ce remplacement n’était pas une priorité absolue.
Un appel à projet est lancé en novembre 1945 et en mai 1946, cinq projets sont présentés : le Hanriot NC-675, le Dewoitine D-775, le Bloch MB-740, le Bréguet Br750 et le Farman F-275 Frelon.
De Havilland Hornet. Farman en tira une version francisée
Ce dernier n’était autre qu’une version francisée du De Havilland Hornet dont Farman avait obtenu la licence de fabrication et en avait assuré la ”francisation” (armement, instruments de navigation).
Chaque constructeur reçoit l’ordre de livrer quatre prototypes pour une évaluation approfondie et logiquement Farman est le premier constructeur à livrer ses quatre prototypes en septembre 1946, Hanriot suivant avec un dérivé monoplace du NC-600 en octobre, Dewoitine livrant un bimoteur à configuration bipoutre en décembre 1946, Bloch livrant ses appareils en février 1947 et Bréguet en juillet 1947.
Un groupe d’évaluation est créé en septembre 1947 et les évaluations débouchèrent en mars 1948 sur la préselection du Dewoitine D-775, du Bloch MB-740 et du Farman F-275. Les évaluations se poursuivirent mais en septembre 1948, aucune décision ferme avait été prise même si le F-275 avait semble-t-il les faveurs de l’armée de l’air.
Quand la guerre éclata, les différents prototypes furent regroupés dans une escadrille spéciale appelée à mener des opérations réelles pour un test grandeur nature.
Le 23 juin 1939, le Dewoitine D-550 effectua son premier vol. Cet appareil était destiné à remporter le record de vitesse mais entre-temps, le Messerchmitt Me-209 avait porté le record à une vitesse hors de portée du Dewoitine D-550.
Cet effort ne fût pas perdu pour l’armée de l’air puisque de cet appareil de record, la firme Dewoitine en ressorti le D-551, un chasseur moderne et racé aux performances bien supérieures aux D-520 et capable de rendre la monnaie de są pièce aux nouvelles versions du Me109, »Friedrich” et »Gustav”. Les trois prototypes effectuent leur premier vol respectivement le 15 octobre, le 5 novembre et le 13 novembre 1940.
Les essais furent suffisamment prometteur pour pousser l’armée de l’air à passer commande de ce nouvel appareil produit au sein de la SNCAM à Marseille-Marignane ce qui facilitait la prise en charge des appareils par les unités de convoyage voir les unités opérationnelles.
Cependant en raison d’une (relative) pénurie de pilotes et d’une croissance importante, l’acquisition de cet appareil fût repoussée sine die le temps que l’armée de l’air absorbe les autres appareils. Une petite série de seize appareils est commandée pour permettre d’approfondir les tests et d’accélérer la future mise en service.
C’est en janvier 1943 que l’armée de l’air passe commande de 81 appareils pour équiper les trois groupes de la 19ème Escadre de Chasse. Les appareils sont livrés entre juin 1943 et mars 1944.
Cette première commande est suivie d’une seconde passée en janvier 1944 pour constituer un volant de réserve, les soixante-cinq appareils en question étant livrés entre mai et décembre 1944.
Alors que la flotte en ligne est de 158 appareils (quatre appareils perdus et non remplacés), la ligne est suspendue jusqu’au printemps 1946 quand il est décidé de rééquiper trois ERC avec des D-551 en l’occurence les ERC 500, 502 et 504 qui reçurent leurs appareils respectivement en juin, septembre et décembre 1946.
La flotte de D-551 à donc été portée à 212 appareils (117 en ligne et 95 en réserve) auxquels il faut ajouter les D-551 commandés par la marine pour assurer la protection de ses bases en l’occurence soixante-douze appareils sans compter są version embarquée, la D-795 commandée elle à 112 exemplaires portant la production totale à 396 exemplaires.
Suite au déclenchement du second conflit mondial, en septembre 1948, décision est prise de relancer la production du D-551 pour remplacer à terme le D-520. 500 exemplaires sont ainsi commandés, une version améliorée du D-551 sans qu’une nouvelle dénomination soit adoptée pour cet appareil qui doit être le nouveau chasseur standard de l’armée de l’air en compagnie du VG-40.
Armement : un canon de 20mm Hispano-Suiza HS-404 dans le noyeu de l’hélice alimentée à soixante obus tirant dans l’axe de l’hélice et trois mitrailleuses de 7.5mm MAC34 dans chaque aile avec 750 coups chacune.
Dewoitine D-555
Tous les chasseurs de l’armée de l’air en service en septembre 1948 équipent plusieurs groupes, de trois pour l’Arsenal VG-33 à neuf pour le Dewoitine D-520. Il existe pourtant un groupe de chasse qui dispose d’un appareil mis en oeuvre par aucune autre unité.
Ce groupe c’est le GC I/20 créé en juin 1946 avec une seule et unique mission : abattre les monstrueux Focke-Wulf Ta-400, un bombardier hexamoteur capable d’atteindre le continent américain depuis l’Allemagne.
Pour cela, il lui fallait un avion spécialement adapté qui ne devait pas forcément être rapide mais disposer d’un bon taux de montée et surtout d’un puissant armement pour affronter des bombardiers bien protégés.
Bloch, Amiot, Caudron et Dewoitine proposèrent des projets mais seule cette dernière alla au bout en réalisant deux prototypes dont le premier décolla le 17 juin 1944 suivit d’un second le 2 septembre……. 1945.
Pourquoi un tel délai ? Deux raisons s’imposent à nous : la première ce sont les informations contradictoires sur le nouvel appareil (certains n’hésitant pas à parler d’un bluff orchestré par la propagande allemande) et la seconde plus prosaïque c’est la question du moteur.
Faute de moteur en ligne suffisamment puissant pour propulser l’avion, la firme installée à Marignane choisit pour le D-555 n°1 un Rolls-Royce Merlin 130 de 2100ch suscitant de nombreuses critiques sur «l’atteinte à l’indépendance nationale».
Emile Dewoitine compris qu’un moteur étranger pouvait bloquer l’acquisition de cet appareil (bien que des appareils américains et des moteurs made in USA étaient largement utilisées par l’armée de l’air) chercha un moteur français puissant.
Après avoir essayé deux moteurs Hispano-Suiza 89ter (un à l’avant et un derrière le pilote relié à une même hélice), il trouva dans le SNM Diamant de 2500ch, 12 cylindres en V inversé, le moteur idéal.
Le D-555 n°2 équipé d’un moteur français effectua son premier vol le 2 septembre 1945 et les tests continuèrent y compris avec le prototype n°1 remotorisé avec le moteur créé par Hans Pieltstick ,un ingénieur allemand de confession juive, chassé d’Allemagne par l’arrivée des nazis au pouvoir.
Entre temps, les informations concernant le Ta-400 ayant été confirmées, l’armée de l’air débloqua des crédits pour équiper un Groupe Spécial d’Interception de Dewoitine D-555.
Quatre appareils de pré-série sont commandés en septembre 1945 et livrés entre novembre 1945 et janvier 1946, ce delai s’expliquant par la surcharge des usines Dewoitine.
Une commande de série est finalement passée en juin 1946 pour quarante appareils dont vingt-sept pour un groupe de chasse, le seul à être équipé de cet appareil. Les livraisons sont assurés entre septembre 1946 et juin 1947.
La version de série de l’appareil était quasiment identique au prototype avec néanmoins un système d’injection eau-methanol pour augmenter les performances du moteur (système qui endommageait le moteur ce qui limitait son utilisation aux interceptions en temps de guerre), un blindage du cockpit amélioré, une verrière bulle et un armement renforcé.
Aux deux canons de 20mm et quatre mitrailleuses des prototypes, les appareils de série préférant trois canons de 20mm (un dans le capot-moteur, deux dans les ailes) et six mitrailleuses (trois dans chaque aile) ce qui n’était pas de trop face aux dix canons de 20mm MG-151 du bombardier allemand.
Le D-555 évoluant durant la guerre avec une version bis à l’armement composé de trois canons Hispano-Suiza de 30mm et quatre mitrailleuses de 13.2mm dans les ailes puis d’une version ter avec quatre canons de 30mm dans les ailes.
Motorisation : moteur en ligne SNM (Société Nazairienne de Moteurs) Diamant 12 cylindres en V inversé dévellopant 2500ch à 10000m (2700ch avec le système eau-methanol)
Armement : trois canons de 20mm à 70 coups chacun et six mitrailleuses de 7.5mm Mac modèle 1934 M.39 alimentées à 950 coups chacune
Bloch MB-700
Bloch MB-700. Faute de carrière sous les couleurs françaises, il fût utilisé par la Pologne et la Tchécoslovaquie
Le Bloch MB-700 était l’un des candidats du programme de 1936 de chasseur léger construit en matériaux non stratégiques comme le VG-30 (qui allait donner naissance au VG-33) et le Caudron C.713 (qui allait donner naissance C.714).
Le prototype du MB-700 effectua son premier vol le 30 avril 1940 à une époque où l’armée de l’air avait décidé de rationnaliser son parc en limitant le nombre d’appareils à construire.
C’est donc une banale histoire de logistique qui stoppa net le dévellopement du MB-700 qui aurait du donner naissance au MB-720, version embarquée du précédent.
Il aurait du donc finir comme le CR.760 ou le CAO-200 sans l’intervention du gouvernement polonais qui cherchait un chasseur pour équiper ses deux escadres de chasse.
Ces deux escadres de chasse disposaient chacune de quatre groupes à quatre escadrilles de neuf appareils soit un total de trente-deux escadrilles et de 288 chasseurs.
Elle décida d’équiper une escadre de chasse (144 appareils) de ce chasseur testé à l’automne 1940 par des pilotes polonais qui donnèrent leur satsifecit à son acquisition, l’avion bénéficiant de bonnes performances et qui plus est avait l’avantage de ne pas être commandé par l’armée de l’air.
Le 4 février 1942, la Force Aérienne Polonaise Libre (FAPL) (Darmowe Polskie Sily Powietrzne) commanda 250 exemplaires de cet appareil pour équiper są 1ère Escadre de Chasse (la 2ème devant être équipée de Supermarine Spitfire ou Szabla [Sabre]).
Les premiers appareils de série baptisés MB-700P Blysk (Eclair) furent livrés au Dépôt d’Instruction de l’Aviation Polonaise (DIAP) de Lyon-Bron en juin 1942, les appareils étant convoyés depuis Chateauroux-Déols par des pilotes de la SNCASO, les derniers avions de la commande étant livrés en septembre 1943.
Un premier groupe, le GC ” Varsovie” (GC I/21 pour l’armée de l’air) fût déclaré opérationnel en septembre 1942 suivit du GC ”Cracovie” (GC II/21) en janvier 1943, du GC ”Poznan” (GC III/21) en septembre 1943 et enfin du GC ”Lublin” (GC IV/21) en juin 1944.
Bon appareil de chasse, le Bloch MB-700 était cependant amené à être remplacé par un avion plus moderne au printemps 1949 mais la guerre provoqua le gel des rééquipements et c’est sur cet agile petit chasseur que les pilotes polonais allaient en découdre contre leurs homologues allemands.
L’aviation polonaise libre ne fût pas la seule force aérienne alliée à le mettre en oeuvre. La 22ème Escadre de Chasse entièrement composée de pilotes tchèques et placée pour emploi sous la direction de l’armée de l’air. Cette 22ème Escadre disposait de trois groupes à quatre escadrilles de neuf appareils soit un total de 108 chasseurs MB-700CS Blesk (Foudre) plus 54 appareils de réserve.
Les appareils sont commandés en juin 1943 et livrés entre octobre 1943 et juillet 1944 pour équiper le GC «Cechy» (Bohème) (GC I/22 pour l’armée de l’air), le GC «Rus» (Ruthènie) (GC II/22 pour l’armée de l’air), le GC «Karpathy» (Carpathes) (GC III/22 pour l’armée de l’air) et le GC «Tatras» (Monts Tatras) (GC IV/22).
Comme pour leurs homologues polonais, le Bloch MB-700 aurait remplacé si le conflit n’avait pas éclaté en septembre 1948.
Le prototype du MB-700 eut une destinée singulière puisqu’il fût transformée en version embarquée concrétisant le projet MB-720 conçu pour la marine dans le cadre du programme A-80. Il va participer à l’évaluation lancée par la marine néerlandaise pour le futur chasseur embarqué sur son porte-avions Willem van Oranje (Guillaume d’Orange).
Opposé au Supermarine Seafire et au Grumman Hellcat, le MB-720 se comporte honorablement mais la Koningklijke Marine préfère le chasseur américain.
Le MB-720 à été ramené en France, stocké sur la BAN d’Orly et retrouvé miraculeusement dans un hangar abandonné de tous en 1973, restauré et exposé depuis au musée de l’Air et de l’Espace du Bourget.
Armement : deux canons de 20mm Hispano-Suiza HS-404 avec 60 obus et deux mitrailleuses MAC 34 de 7.5mm avec 500 cartouches chacune, armement concentré dans les ailes.
Nous l’avons vu, la genèse du MB-152 à été non seulement douloureuse et difficile mais qui plus est à donné naissance à un avion médiocre. Son successeur immédiat, le Bloch MB-155 corrigeait une partie des défauts mais ce n’était qu’un appareil correct amené à décliner rapidement.
Alors que jusque là, les moteurs français avaient été réputés pour leur manque de puissance et une fiabilité médiocre, les efforts des principaux motoristes que sont Hispano-Suiza et Gnôme-Rhône aboutit chez ce dernier à la mise au point du Meteor un moteur de 1700ch.
Ce moteur aurait du être installé dans une cellule de MB-155 donnant naissance au MB-156 mais le mariage de cette cellule et de ce moteur obligeait à de profondes modifications à tel point que pour tirer toute la quintescence du Gnôme-Rhône Meteor 14R, il fût décidé de concevoir une nouvelle cellule donnant naissance au MB-157.
Le MB-157 effectua son premier vol depuis l’aérodrome de Villacoublay le 14 septembre 1940 suivit d’un deuxième prototype le 2 octobre et de quatre appareils de pré-série pour accélérer le dévellopement d’un chasseur remarquable tant par sa silhouette que par ses performances.
L’armée de l’air était très intéressée mais ne passa commande qu’en septembre 1941 pour rééquiper les 8ème et 9ème Escadres de Chasse alors en plein rééquipement avec le MB-155, un dérivé amélioré du MB-152 unanimement considéré comme un appareil de transition.
Les premiers appareils de série sortirent des usines en mars 1942 à un rythme modéré en raison notamment de l’activité très importante des usines Bloch.
La première commande de 54 appareils fût ainsi honorée entre mars et septembre 1942, la deuxième_toujours de 54 appareils_ entre octobre 1942 et avril 1943, la troisième entre mai et novembre 1943, la quatrième entre décembre 1943 et mai 1944, la cinquième entre juin et décembre 1944 et la sixième entre janvier et juin 1945 soit un total de 324 appareils, la moitié en ligne et le reste stocké comme volant de fonctionnement.
A partir de septembre 1946, les groupes de chasse des escadres étant largement équipés ou ré-équipés d’appareils modernes, les ERC bénéficient des attentions de l’EMAA pour recevoir des appareils modernes, mettant fin aux railleries de certains pilotes des escadres vis à vis des ERC.
Le Bloch MB-157 va ainsi équiper les ERC 506, 508 et 510 soit un total de 36 appareils, des appareils neufs qui sont suivis de douze appareils de réserve portant la production totale du Bloch MB-157 à 372 appareils, les appareils destinés aux ERC ayant été livrés entre novembre 1946 et juillet 1947.
Quand éclate le second conflit mondial en septembre 1948, toutes les unités équipées de MB-157 le sont toujours mais l’attrition à réduit le stock de 162 à 148 appareils, les ERC ayant perdu elles quatre appareils réduisant leur réserve à huit appareils et la flotte globale tout statut confondu à 354 avions, de quoi voir venir avec le conflit qui s’annonce.
Caractéristiques Techniques du Bloch MB-157
Type : chasseur monoplace monoplan
Poids : masse à vide 2350kg maximale au décollage 3200kg
Dimensions : envergure 10,70 m; longueur 9,70 m; hauteur
Motorisation : un moteur radial Gnome-Rhône Meteor 14R de 1700ch entraînant une hélice tripale
Performances : Vitesse maximale : 740 km/h Distance franchissable : 1 095 km
Armement : 2 canons Hispano-Suiza HS-404 de 20 mm dans les ailes avec soixante obus chacun et 4 mitrailleuses de 7,5 mm MAC modèle 1934 M.39 _deux par aile_ avec 600 cartouches par arme.
Le Bloch MB-159 est une version étroitement dérivée du MB-157 avec un armement et un moteur plus puissant. Il effectua son premier vol le 4 décembre 1942 suivit d’un deuxième prototype le 16 janvier 1943.
Le développement fût rapide et dès le mois de juin 1943, l’armée de l’air passa une commande globale de 324 appareils pour équiper six groupes de chasse et constituer un volant de réserve de 100%.
Le premier avion de série effectue son premier vol le 14 août 1943 et la première tranche de 54 appareils est livrée entre septembre 1943 et mars 1944 pour équiper les GC I/17 et II/17.
La deuxième tranche de la commande est livrée entre avril et octobre 1944 pour équiper le GC III/17 et le GC I/18. La troisième tranche de la commande est livrée novembre 1944 et avril 1945 pour équiper les GC II/18 et les GC III/18.
Les trois premières tranches (162 appareils) ont servit à équiper les unités en ligne, les trois autres tranches vont servir à constituer un stock important d’avions. La quatrième tranche est livrée entre mai et novembre 1945, la cinquième entre décembre 1945 et mai 1946 et enfin la sixième et dernière tranche entre juin et décembre 1946.
324 Bloch MB-159 ont été produits et livrés à l’armée de l’air auxquels il faut ajouter sa variante embarquée, la MB-159M (soixante appareils livrés entre janvier et mai 1946).
Caractéristiques Techniques du Bloch MB-159
Type : chasseur monoplace monoplan
Poids : masse à vide 2400kg maximale au décollage 3230kg
Dimensions : envergure 10,70 m; longueur 9,70 m; hauteur
Motorisation : un moteur radial Gnome-Rhône Meteor 14R de 1800ch entraînant une hélice tripale Performances : Vitesse maximale : 740 km/h Distance franchissable : 1 095 km
Armement : 2 canons de 20 mm Hispano-Suiza HS-404 dans les ailes et 6 mitrailleuses de 7,5 mm MAC modèle 1934 M.39 (deux au dessus du capot moteur et quatre dans les ailes), chaque canon disposant de 64 obus et chaque mitrailleuse de 600 cartouches.
Caudron CR.714
Caudron CR-714
En 1934, l’armée de l’air avait lancé un programme de chasseur monoplace (programme C1) avec deux sous-catégories dont une catégorie légère qui regroupait des avions propulsés par des moteurs de 400 ou 500ch.
Cela nécessitait des avions très légers et la firme Caudron eut l’idée d’adapter l’un de ses avions de course en chasseur léger, le poids modique de l’appareil devant (en théorie) compenser la faiblesse du moteur.
Le Caudron C.710 qui effectua son premier vol le 18 juillet 1936 fût rejeté par l’armée de l’air en raison d’un moteur trop faible et en dépit d’un armement puissant (deux canons de 20mm).
Après être revenue à ses premières amours avec des avions de course (C.711 et C.712), la firme Caudron replongea à nouveau dans le projet d’un chasseur léger sous la forme du C.713 Cyclone muni d’un train retractable et d’une dérive modifiée, un appareil dont le seul client fût l’URSS qui en acheta trois.
Le 6 juillet 1938, le Caudron C.714 effectua son premier vol et l’armée de l’air ne tarda pas à passer commande avec 20 exemplaires plus 180 options (5 novembre 1938) moins en raison de ses performances que d’une facilité de construction et du fait que son moteur n’était utilisé par aucun autre chasseur en production.
La production en série fût lancée à l’été 1939 mais les premiers tests se révélèrent fort décevants à tel point que la production fût arrêtée après le 90ème exemplaire, l’armée de l’air préférant mettre son destin entre les mains de l’Arsenal VG-33.
Aucun CR.714C1 (désignation de série du C.714) ne fût pas utilisé par l’armée de l’air opérationnellement parlant, étant utilisés pour l’entrainement.
La Finlande reçut 54 exemplaires et l’armée de l’air de la Pologne libre 20 appareils utilisés au sein d’un groupe de chasse, le GC I/21 (ex-GC I/145) en attendant la disponibilité du Bloch MB-700, le chasseur choisit par la Pologne pour équiper ses unités de chasse.
Après l’échec du C.714, les projets C.760 et C.770 pourtant prometteurs ne dépassèrent pas le stade des prototypes (NdA plus d’informations dans la partie idoine).
Motorisation : un moteur Renault 12R03 12 cylindres en V inversé de 450ch refroidi par air entraînant une hélice tripale Ratier de 2.16m de diamètre
Performances : vitesse maximale 486 km/h autonomie maximale 900 km Plafond pratique 9100m
Armement : quatre mitrailleuses MAC modèle 1934 M39 de 7.5mm alimentées à 300 coups chacune
Curtiss H-81
Curtiss H-81
Comme nous l’avons vu plus haut, les Etats-Unis sont devenus le fournisseur de l’aviation française et notamment en matière de chasse. Le Curtiss H-75 était un bon appareil mais appelé comme beaucoup à être rapidement dépassé.
Voyant loin, l’armée de l’air se renseigna sur un chasseur américain plus moderne. Le 14 octobre 1938, le prototype du Curtiss XP-40 effectua son premier vol. Il s’agissait en réalité du P-36 n°10 modifié avec notamment un moteur en ligne au lieu d’un moteur à refroidissement par air.
Cherchant toujours plus d’appareils modernes, la France passa commande le 5 octobre 1939 de 100 Curtiss H-81, commande portée à 185 puis à 230 exemplaires, les 100 premiers n’ayant pas de blindage ni de réservoir auto-obturant, installés à partir du n°101.
Le premier «French Warhawk» effectue son premier vol le 15 juin 1940, les cents premiers appareils étant livrés entre juillet 1940 et mai 1941, appareils stockés comme réserve en attendant que soit décidée quand et quelle unité sera ré-équipée.
Les autres appareils (eux équipés avec blindage et réservoir auto-obturant) sont livrés entre juillet 1941 et mai 1943.
C’est en juin 1942 que le Warhawk fait officiellement son entrée au sein de l’armée de l’air en ré-équipant le GC I/4 précédemment équipé de H-75 qui est totalement transformé en septembre de la même année. Il est suivit par le GC II/4 entre octobre et décembre 1942, par le GC I/5 entre janvier et mars 1943 et le GC II/5 entre avril et juin 1943.
Entre juillet et septembre 1943, deux autres groupes sont créés, les GC III/4 et III/5 pour unifier la composition des 4ème et 5ème EC portant le total à 162 appareils sur les 230 appareils de la première commande qui avait été suivit d’une deuxième commande de 238 appareils portant les commandes totales à 468 appareils.
Cette commande est passée en janvier 1943 et les 238 appareils sont livrés entre juin 1943 et juillet 1945.
Entre octobre 1943 et septembre 1944, les GC I/11 et II/11 déployés au Liban et en Syrie troquent leurs Curtiss H-75 par des Curtiss H-81 supérieurs à tout ce que les pays de la région pouvaient aligner (G-36A pour la Grèce, MS-410 pour la Turquie).
Ces appareils étaient toujours en service en septembre 1948 bien que leur remplacement ait été planifié notamment par le VG-40 voir un nouvel appareil américain.
Quand éclate le second conflit mondial, la France disposait de 234 appareils en ligne répartis en huit Groupes de Chasse (six en métropole à trois escadrilles, deux au Levant à quatre escadrilles) plus 164 appareils en réserve, 70 appareils ayant été perdus, un taux d’attrition très élevé à comparer avec les autres chasseurs de l’époque.
Caractéristiques Techniques du Curtiss P-40
Type : chasseur monoplace monomoteur
Poids : à vide 2880kg en charge 3760kg maximale au décollage 4000kg
Motorisation : un moteur en ligne Allison V-1710-39 de 1150ch
Performances : vitesse maximale 580 km/h vitesse de croisière 435 km/h distance franchissable 1100km plafond opérationnel 8800m
Armement : six mitrailleuses de 7.5mm (trois dans chaque aile) avec 700 cartouches chacune. Le H-81 pouvait embarquer un réservoir supplémentaire sous le fuselage ou 1000kg de bombes (généralement une de 500kg sous le fuselage et deux de 250kg sous les ailes)
Le Dewoitine D-520 était un excellent appareil mais il avait le «défaut» d’être fabriqué en métal, des matériaux stratégiques dont la fourniture pourrait être perturbé par le conflit.
D’où l’idée de construire des avions en bois et de revenir ainsi aux origines de l’aviation où le bois et la toile étaient prépondérant.
Outre la facilité à se procurer le bois nécessaire, elle nécessitait une main d’oeuvre moins qualifiée et les avions plus légers que leurs équivalents métals pouvaient se contenter de moteurs moins puissants et dieu sait que la puissance n’était pas le point fort des moteurs français de l’époque.
Une société baptisée «Arsenal de l’Aéronautique» avait été chargée d’étudier en profondeur ce concept, études menée sous la houlette d’un duo d’ingénieurs, Michel Vernisse et Jean Galtier dont sont issus les initiales VG.
Après un premier essais avec le VG-20, les deux ingénieurs mirent au point le VG-30, un chasseur jugé suffisamment prometteur pour pouvoir être produit en série avec une commande de deux cent exemplaires mais aucun VG-30 ne sortit des chaines, la priorité ayant été donné à des variantes jugées plus prometteuses.
Si le VG-31 ne fût jamais réalisé, le VG-32 apparu après le VG-33 car propulsé par un moteur américain, ne dépassa pas le stade du prototype.
Le VG-33 fût le premier appareil dont la conception fût menée à son terme, effectuant son premier vol le 25 avril 1939.
Il répondait à un programme lancé en 1937 destiné à pourvoir au remplacement du MS-406 qui à l’époque effectuait à peine ses premiers vols mais à l’époque, la conception des avions ressemblait à une partie d’échecs, il fallait jouer avec deux ou trois coups d’avance.
A ce programme répondirent le Dewoitine D-520, l’Arsenal VG-33, le CAO-200 et le Morane Saulnier MS-450 mais seuls les deux premiers furent construits, les deux autres restant à l’état de prototype moins en raison de performances insuffisantes que dans la volonté de l’armée de l’air de rationnaliser sa flotte.
Propulsé par un moteur en ligne Hispano-Suiza 12 Y-31 de 860ch, le VG-33 atteignait pourtant la vitesse de 558 km/h à 5200m soit une marge de 30 km/h avec le D-520 pourtant propulsé par un moteur plus puissant, prouesse permise par un mode de construction particulière en l’occurence une cellule en bois et contreplaqué marouflé (bois recouvert de toile vernie et peinte), seul le capot moteur étant construit en métal.
La première commande de série est passée le 12 septembre 1939 pour 220 exemplaires pour des machines devant être livrées entre janvier et avril 1940, un calendrier pour le moins optimiste puisqu’au printemps 1940 (chiffres arrêtés au 1er juin 1940), seulement dix avions bons de guerre avaient acceptés par l’armée de l’air auxquelles s’ajoutaient cinquante appareils prêts à voler mais pas encore recettés.
En mars 1940, 500 exemplaires furent commandés portant le total d’appareils à construire à 720 mais ce chiffre fût bien vite réduit à 450 exemplaires avec 216 appareils en ligne, un nombre équivalent stockés comme volant de fonctionnement et 18 utilisés pour des essais d’armement et pour la patrouille d’Etampes, une patrouille acrobatique de l’armée de l’air qui disposa de sept appareils, les derniers livrés en septembre 1942.
Sur le plan opérationnel, l’Arsenal VG-33 va équiper un total de huit groupes de chasse, deux escadres complètes les 1ère et 2ème EC et la 14ème EC avec deux groupes.
Si les GC I/1 et II/1 ainsi que les GC I/2 et II/2 étaient équipés de MS-406 et transformés sur le nouveau fleuron de la chasse française (juin 1940 à mars 1942), les GC III/1 et GC III/2 sont des créations ex-nihilo (respectivement en avril et mai 1942) tout comme les trois groupes de la 14ème Escadre, les GC I/14 et II/14 étant équipés de VG-33, les GC III/14 recevant le VG-36, les trois Groupes de Chasse de la 14ème Escadre ayant été créés en mars, en mai et en juillet 1942.
Ces huit groupes de chasse étant encore équipés de cet appareil en septembre 1948, un appareil qui avait encore toute sa place sur le théâtre d’opérations européen.
Motorisation : un moteur en ligne Hispano-Suiza 12 Y-31 douze cylindres en ligne dévellopant 860ch et entrainant une hélice Chauvière tripale de 3.75m de diamètre
Performances : vitesse maximale 558 km/h à 5200m Autonomie maximale 1200km Plafond pratique 10900m
Armement : un canon Hispano-Suiza HS 404 de 20mm tirant à travers le moteur avec soixante coups et quatre mitrailleuses de 7.5mm MAC modèle 1934 M 39 alimentée à 500 coups chacune
Arsenal VG-36
Arsenal VG-36
Dès la conception du VG-30, ses concepteurs envisagèrent de tirer toute une famille de chasseurs propulsés par différents modèles de moteurs, une façon de sécuriser le dévellopement de l’appareil et de se prémunir contre la défaillance d’un fournisseur de moteurs qu’il soit français ou américain.
Nous venons de voir que le VG-31 n’avait pas été construit et que le VG-32 était resté à l’état de prototype.
Ce fût également le cas du VG-34, un appareil combinant une cellule de VG-33 avec un moteur Hispano-Suiza 12Y-45 de 910cv et du VG-35, une version restée à l’état de projet qui aurait vu le dernier rejeton de la famille VG-30 recevoir un Hispano-Suiza de 1100ch finalement installé dans le VG-36.
Le prototype du VG-36 effectua son premier vol le 25 mai 1940 depuis l’aérodrome de Villacoublay où l’Arsenal de l’Aéronautique disposait d’une usine. Par rapport au VG-33, le VG-36 se distinguait par un radiateur ventral plus petit et par la partie arrière du fuselage réhaussée.
Cette version fût jugée suffisamment bonne pour être produite en série et équiper au final trois groupes de chasse, un au sein de la 14ème Escadre, le GC III/14 créé en juillet 1942 et deux groupes de la 15ème Escadre, les GC I/15 et II/15 créés en janvier et mars 1943.
Outre les 81 appareils en ligne au sein des GC, nous trouvons six Escadrilles Régionales de Chasse (ERC), les ERC 501, 503, 505, 507, 509 et 511 soit un total de soixante-douze appareils portant le nombre d’avions en ligne à 153 auxquels il faut ajouter un nombre équivalent d’appareils en réserve soit un total de 300 Arsenal VG-36 produits et disponibles en septembre 1948.
Motorisation : un moteur en ligne Hispano-Suiza 12 Y-51 douze cylindres en ligne dévellopant 1100ch et entrainant une hélice Chauvière tripale de 3.75m de diamètre
Performances : vitesse maximale 590 km/h à 7000m Autonomie maximale 1200km Plafond pratique 10900m
Armement : un canon Hispano-Suiza HS 404 de 20mm tirant à travers le moteur avec soixante coups et quatre mitrailleuses de 7.5mm MAC modèle 1934 M 39 alimentée à 500 coups chacune
Arsenal VG-39
Comparaison en l’Arsenal VG-36 (haut) et l’Arsenal VG-39 (bas)
Suite au VG-36 que nous venons de voir, il était envisagé deux nouveaux descendants au VG-30 : le VG-37 équipé d’un Hispano-Suiza de 1000cv (en somme une sorte de version intermédiaire entre le VG-33 et le VG-36) et le VG-38 équipé d’un Hispano-Suiza 77 suralimenté au moyen de deux compresseurs Brown Boveri.
C’est finalement le VG-39 qui fût dévellopé jusqu’à la production en série. C’est un appareil plus long et plus fin que ses prédecesseurs, l’installation de l’Hispano-Suiza 89ter de 1280cv ayant imposé cette modification de silhouette.
Ce moteur étant très demandé par les avionneurs, l’Arsenal VG-39 faillit être propulsé par un moteur américain de la firme Allison mais au final cet appareil fût 100% français. Le prototype effectua son premier vol en mai 1940 mais la production en série ne demarra qu’en septembre 1941 pour équiper pas moins de sept groupes de chasse répartis ainsi :
-La 10ème Escadre de Chasse déployée en Afrique du Nord et plus précisément en Tunisie dispose de trois groupes équipés de cet avion, recevant ses appareils entre janvier 1942 et mars 1943.
-La 15ème Escadre de Chasse dispose d’un groupe équipé d’Arsenal VG-39, groupe équipé entre avril et juin 1943
-La 16ème Escadre de Chasse dispose de trois groupes équipé de cet avion, les trois groupes recevant leur monture entre septembre 1943 et novembre 1944.
On trouve également quatre Escadrilles Régionales de Chasse (ERC) équipées de cet avion, les ERC 512 et 514 déployées au Maroc ainsi que les ERC 513 et 515 déployées en Algérie, escadrilles équipées entre janvier et juillet 1947.
Au final, un total de 237 Arsenal VG-39 sont en ligne en septembre 1948 plus 240 en réserve et 15 utilisés pour entrainement, essais et formations des mécaniciens soit un total de 492 appareils.
Quand éclate le second conflit mondial en septembre 1948, le VG-39 est toujours en service mais la reprise de sa production un temps envisagée ne fût pas réalisée, l’armée de l’air préféra une version améliorée baptisée VG-39bis puis VG-40, un appareil en apparence identique mais propulsé par un moteur plus puissant (1650ch) et disposant d’ailes interchangeables permettant de varier l’armement avec trois versions : une avec six mitrailleuses, une deuxième avec huit mitrailleuses et une troisième avec deux canons de 20mm et trois mitrailleuses.
250 VG-40 sont ainsi commandés en juin 1948 pour une guerre que l’on préssent iminente mais quand le conflit éclate en septembre 1948, seulement une poignée d’appareils est sortie des chaines et réceptionnés par l’armée de l’air qui les utilisa pour mettre sur pied de nouvelles unités dont certaines étaient composées de pilotes tchèques,polonais voir venant de pays neutres comme l’Irlande, la Suisse et la Suède et engagés à la Légion Etrangère.
Motorisation : un moteur en ligne Hispano-Suiza 89ter douze cylindres en ligne dévellopant 1250ch et entrainant une hélice Chauvière tripale de 3.75m de diamètre
Performances : vitesse maximale 624 km/h à 7000m Autonomie maximale 1200km Plafond pratique 11200m
Armement : un canon Hispano-Suiza HS 404 de 20mm tirant à travers le moteur avec soixante coups et quatre mitrailleuses de 7.5mm MAC modèle 1934 M 39 alimentée à 500 coups chacune
C-Les avions de l’armée de l’air (1) : les chasseurs monomoteurs
Préambule
Quand la France entre en guerre en septembre 1939, la chasse française se compose d’appareils assez anciens, le plus récent étant le Morane-Saulnier MS-406 qui avait forte impression lors de son apparition mais qui comme beaucoup d’avions de l’époque (et pas seulement français) avait été vite dépassé par une technologie qui brûlait les étapes de l’évolution technique à une vitesse folle.
Des appareils modernes étaient dans les tuyaux et à divers stades du dévellopement (Dewoitine D-520, Arsenal VG-33 et dérivés) mais leur arrivée en ligne était encore loin d’être acquise ce qui fait dire à un pilote anonyme que si «nous avions du nous battre contre les allemands avec ces avions c’est comme si un boxeur avait du affronter Marcel Cerdan avec une main attachée dans le dos».
Fort heureusement, la guerre de Pologne s’est terminée avant que les allemands n’attaquent à l’ouest ce qui permis à la chasse française de croître en quantité et en qualité avec des appareils dont la modernité et la qualité n’avait rien à envier à leurs homologues allemands.
Curtiss H-75 en vol
Au printemps 1940, la chasse française aligne en métropole et en Afrique du Nord vingt-sept groupes de chasse équipés de Curtiss H-75 pour quatre d’entre-eux, de Bloch MB-152 pour huit d’entre-eux, de Dewoitine D-520 pour deux groupes et enfin de Morane-Saulnier MS-406 pour les treize autres.
Huit ans et demi plus tard, la situation est sans commune mesure, c’est le jour et la nuit. Non seulement le nombre de groupes de chasse est passé de vingt-sept à quarante-huit mais les appareils en service sont le nec plus ultra de la technologie française de l’époque :
Curtiss H-81
-Six groupes équipés de Curtiss H-81, successeur du Curtiss H-75 et plus connu sous son nom américain de P-40 Warhawk répartis entre les 4ème et 5ème Escadre de chasse
-Neuf groupes équipés de Dewoitine D-520 répartis entre les 3ème, 6ème et 7ème Escadre
Arsenal VG-33
-Huit groupes équipés d’Arsenal VG-33 répartis entre les 1ère et 2ème Escadre pour six d’entre-eux, les deux autres équipant une nouvelle escadre la 14ème Escadre de Chasse avec un troisième groupe équipé de VG-36
-Trois groupes équipés d’Arsenal VG-36 répartis entre la 14ème Escadre (un groupe) et la 15ème Escadre (deux groupes en compagnie d’un groupe équipé de VG-39)
-Sept groupes équipés de VG-39 répartis entre la 10ème Escadre (trois groupes), la 15ème Escadre (un groupe) la 16ème Escadre de Chasse (trois groupes)
Dewoitine D-551 encore non peint
-Trois groupes équipés de Dewoitine D-551 équipant la 19ème Escadre de Chasse
-Six groupes équipés de Bloch MB-157 répartis entre les 8ème et 9ème Escadres de Chasse
-Six groupes équipé de Bloch MB-159 répartis entre les 17ème et 18ème Escadres de Chasse
A ces Groupes de Chasse s’ajoute également seize Escadrilles Régionales de Chasse longtemps équipées d’appareils anciens mais qui en septembre 1948 disposent d’Arsenal VG-36 pour six d’entre-elles, de Dewoitine D-551 pour trois et de Bloch MB-157 pour trois autres, l’Arsenal VG-39 équipant les quatre ERC stationnées en Afrique du Nord (deux au Maroc et deux en Algérie).
Le Groupe Régional de Chasse (GRC) de Corse dispose de trente-six chasseurs Dewoitine D-520 répartis en quatre escadrilles de neuf appareils.
On doit également ajouter un Groupe de Chasse Indépendant équipé de l’intercepteur/escorteur lourd Dewoitine D-555 et des unités de chasse de l’Empire. Quand le second conflit mondial, la «chasse coloniale» affiche le visage suivant :
-Au Levant, dans les mandats du Liban et de Syrie, on trouve deux groupes de chasse équipés de Curtiss H-81 qui ont remplacés les H-75 précédemment en service.
-Dans l’Afrique Equatoriale Française (AEF), nous trouvons un Groupe de Chasse équipé de vingt-sept Bloch MB-155.
-L’Afrique Occidentale Française (AOF) dispose d’un Groupe de Chasse équipé de trente-six Morane-Saulnier MS-410 version améliorée du MS-406
-Les escadrilles indépendantes de Martinique, de Guadeloupe, de Guyane et de Madagascar disposent chacune de douze appareils en l’occurrence des Morane-Saulnier MS-410, version améliorée du MS-406.
-Les trois Groupes Coloniaux de Chasse déployés en Indochine sont équipés de Dewoitine D-520.
Les commandements opérationnels sont inspirés des Command de la Royal Air Force (R.A.F), l’armée de l’air britannique.
Ces commandements sont chargés de préparer opérationnellement parlant les différentes unités en l’occurence des escadres regroupant trois ou quatre groupes de quatre escadrilles soit un total de 108 ou 144 appareils par escadre.
Commandement de la Défense Aérienne du Territoire (CDAT)
Ce commandement regroupe les unités de chasse diurne et nocturne ainsi que la Défense Antiaérienne du Territoire (DAT), des batteries légères et lourdes;
Pour la chasse, le CDAT dispose de quatre unités différentes :
-Pour la couverture des unités de combat, l’escorte des bombardiers et la destruction des bombardiers ennemies, l’armée de l’air dispose en septembre 1948 de quarante-huit groupes de chasse à quatre escadrilles (trois monomoteurs et un de bimoteurs) répartis en seize escadres, concentrées essentiellement dans le Nord-Est et l’Est du territoire (onze escadres soit 1188 chasseurs), trois escadres couvrant le Sud-Est (324 appareils), une dans le Sud-Ouest (108 appareils) et une dernière pour couvrir l’Afrique du Nord (108 appareils).
Le bombardier hexamoteur Focke-Wulf Ta-400, une débauche de moyens pour des résultats médiocres
Les quarante-huit groupes de chasse alignent un total de 1728 chasseurs. A cela s’ajoute un groupe d’interception équipé de vingt-sept Dewoitine D-555, un intercepteur-escorteur lourd pour contrer les bombardiers hexamoteurs allemands Focke-Wulf Ta-400.
-Ce commandement dispose également d’unités de chasse de nuit pour assurer la défense nocturne du territoire est assurée par quatre escadres de chasse nocturne à trois groupes de trois escadrilles de 9 appareils soit un total de 324 appareils, deux escadres étant stationnées dans le nord-est, une troisième dans le sud-est et une quatrième en Afrique du Nord.
-La défense locale est assurée par des Escadrilles Régionales de Chasse soit douze escadrilles régionales de chasse équipées de douze appareils soit un total de 144 appareils en métropole plus deux autres au Maroc et deux autres en Algérie soit un total de 192 avions.
-Enfin, dans les colonies et assimilés, nous trouvons des Groupes Régionaux/Coloniaux de Chasse (GRC ou GCC) voir d’escadrilles pour les territoires les plus modestes et où les menaces ennemies sont très limitées.
La Corse dispose d’un GRC (Groupe Régional de Chasse) à quatre escadrilles de neuf appareils soit 36 chasseurs monomoteurs répartis entre Solenzara avec deux escadrilles et Campo del Oro près d’Ajaccio avec deux autres escadrilles. Les mandats du Liban et de Syrie disposent d’un GCC à quatre escadrilles de neuf appareils soit 36 chasseurs.
L’AOF (Afrique Occidentale Française) dispose d’un GCC à quatre escadrilles de neuf appareils soit un total de 36 chasseurs. L’AEF (Afrique Equatoriale Française) dispose d’un GCC à trois escadrilles de neuf appareils soit un total de 27 chasseurs.
Madagascar dispose d’une escadrille indépendante de chasse basée à Antannarive équipée de douze appareils. La Martinique, la Guadeloupe et la Guyane disposent chacun d’une escadrille de douze appareils.
Pour l’AOF, l’AEF, Madagascar les Antilles, ces unités ont un rôle de souveraineté plus qu’autre chose et si les zones restent calmes, ces unités pourraient être redéployées dans des zones plus conflictuelles.
L’Indochine dispose à l’origine d’un groupe de chasse colonial (GCC) à quatre escadrilles de neuf appareils, dispersé entre Saïgon (deux), Hanoï (une) et Haïphong (une) soit 36 appareils, le nombre augmentera sensiblement entre 1945 et 1948 à tel point que quand le conflit éclatera en Europe, l’Indochine disposera de trois GCC, un couvrant la conurbation Hanoï-Haïphong, un second couvrant la région de Cam-Ranh et une troisième couvrant Saïgon. Un GCC de nuit est créé en septembre 1947 à Than-Son-Nut avec 27 appareils type Hanriot NC-600.
Quand la France entre en guerre, l’armée de l’air dispose de 2541 chasseurs dont une majorité stationnée en métropole sans oublier les apports tchèques et polonais que nous étudierons dans l’ordre de bataille de l’armée de l’air.
-La Défense Antiaérienne du Territoire (D.A.T) est organisée en Zones de Défense Antiaérienne dont le tracé est calqué sur celui des ZAM. Au niveau de chaque province, un district de défense antiaérienne regroupe les moyens avec des batteries fixes et mobiles.
Les batteries fixes sont déployées autour de Paris, autour des grands ports (Le Havre, Dunkerque, Nantes et Saint-Nazaire, Bordeaux, Marseille….) et pour protéger certaines installations industrielles sensibles. On trouve également plusieurs batteries mobiles avec pièces tractées.
Des projets de trains antiaériens envisagés n’ont finalement pas vus le jour même si les études ont été menées suffisamment loin pour qu’en quelques jours ou quelques semaines, des trains antiaériens puissent voir le jour.
Commandement des Forces Aériennes Tactiques (CFAT)
Ce commandement regroupe l’aviation d’assaut et les unités de bombardement léger et moyens pour assurer l’appui-feu des troupes au sol, l’appui-tactique par la destruction des arrières immédiats (plots logistiques, postes de commandement……) et le bombardement de l’industrie et des axes de communication (routes, ponts, voies ferrées). Pour cela ce commandement regroupe les moyens suivants :
Avion d’assaut Bréguet Br693
-Cinq escadres de bombardement d’assaut soit quinze groupes et quarante-cinq escadrilles soit un total de 405 appareils type Bréguet 693/695/696, la majorité de ces groupes étant stationnés en Métropole, une escadre soit trois groupes étant stationnée en Tunisie et une escadre soit trois groupes en Indochine, laissant neuf groupes et vingt-sept escadrilles soit 243 appareils en métropole.
-Deux escadres de bombardement en piqué soit huit groupes et ving-quatre escadrilles soit un total de 216 appareils répartis à égalité entre les monomoteurs LN-430 (108 appareils) et bimoteurs Bréguet Br698 (108 appareils), toutes stationnées en Métropole jusqu’en juin 1948.
En juillet 1948, deux groupes sont retirés de Métropole soit six escadrilles et 54 appareils sont envoyés en Indochine, un groupe étant équipé de Bréguet 698 et un groupe étant équipé de Loire-Nieuport LN-430. La mobilisation devant normalement permettre de reconstituer ces groupes en métropole.
-Quatre groupes indépendants d’appui rapproché soit un total de 108 bimoteurs Potez 640, tous étant stationnés en Métropole.
-Sept escadres de bombardement léger soit vingt et un groupes et soixante-trois escadrilles soit un total de 567 appareils américains type Douglas DB-7/Martin 167/Martin 187. Trois escadres sont stationnées en métropole, une au Maroc, une en Algérie, une en Tunisie et une au Levant.
Bombardier moyen Amiot 351
-Douze escadres de bombardement moyen soit trente-six groupes et cent-huit escadrilles soit un total de 972 bombardiers type Lioré et Olivier Léo 451 et Amiot 351 ainsi que tous leurs dérivés. Huit escadres sont déployées en Métropole, deux en Tunisie, une au Levant et une en Indochine.
On compte également un groupe indépendant de bombardement à haute altitude,une escadrille indépendante en Guyane (huit puis douze appareils), une en Martinique (douze appareils) et à Djibouti (un groupe de vingt-sept appareils).
Commandement du Bombardement Lourd (CBL)
Ce commandement est l’homologue du Bomber Command et regroupe les unités de bombardiers lourds chargés de frappes stratégiques contre l’Allemagne, l’Italie voir l’Espagne, le Portugal et le Japon (même si avant septembre 1948, aucun bombardier lourd n’était stationné sur un territoire mettant le Japon à portée).
Le CBL chargé du bombardement stratégique et du bombardement lourd dispose trois escadres de 81 appareils chacuns répartis en trois groupes à trois escadrilles de neuf appareils soit un total en ligne de 243 appareils de différents types, la première escadre étant basée dans le nord-est, la deuxième dans le sud-est et la troisième en Tunisie.
L’armée de l’air aligne en septembre 1948, un total de 2454 bombardiers d’assaut, en piqué, avions d’appui rapproché, bombardiers légers, moyens et lourds.