24-Armée de l’air (22)

SNCAO CAO-700

CAO-700

CAO-700

Le CAO-700 est issu du programme A20 de 1937 correspondant à des projets de bombardiers lourds multimoteurs à cinq hommes d’équipage destinées à compléter les bimoteurs Amiot 351 et Lioré et Olivier Léo 451.

Cet avion reprenait le fuselage de l’hydravion torpilleur Loire-Nieuport LN-10 (resté à l’état de prototype après avoir perdu la compétition l’opposant au Bloch MB-481), de nouvelles ailes et les mêmes moteurs que le Léo 451.

Construit tout en métal, cet élégant quadrimoteur à ailes hautes disposait d’un équipage de cinq hommes avec un pilote et un copilote installés en tandem à l’avant, un bombardier à l’avant dans un emplacement vitré, un canonnier à l’arrière et le radio installé dans la partie inférieure du fuselage.

Le premier prototype effectua son premier vol le 4 septembre 1940 suivit d’un second aux performances améliorées le 2 janvier 1941. 40 appareils furent commandés en juin 1941 et livrés entre octobre 1941 et juin 1942, équipant le 2ème groupe de la 27ème EBL basée à Tunis avec 27 appareils en ligne.

Trois appareils furent dérivés de ce quadrimoteur robuste et endurant. La première fût une version de reconnaissance maritime destinée à l’aéronavale, version baptisée CAO-700M et la seconde version était un appareil de transport baptisé CAO-720 dont deux exemplaires furent construits, l’un pour le président de la République et le second pour le chef d’état-major des armées.

La troisième version était un autre bombardier, une variante améliorée du CAO-700. Baptisé CAO-710, ce bombardier quadrimoteur effectua son premier vol en août 1942 et fût commandé à trente exemplaires, tous livrés entre octobre 1942 et février 1943, équipant le 3ème groupe de la 27ème EBL en compagnie de l’escadrille spéciale équipée d’Amiot 415 hexamoteurs.

Par rapport au CAO-700, le CAO-710 disposait de moteurs plus puissants (des moteurs de 1320ch contre 1100ch) et un armement défensif renforcé.

Outre l’équipement des escadrilles 1 et 2 (18 appareils) du 3ème groupe de la 27ème EBL (la 3ème escadrille disposant des Amiot 415), le CAO-710 devait à terme remplacer le CAO-700 lors du rééquipement des unités après la perte des avions au combat et comme pour son devancier, une version de reconnaissance maritime CAO-710M était prévue.

 Caractéristiques Techniques du CAO-700

Type : bombardier quadrimoteur

Poids : à vide 11375kg maximale 18000kg

Dimensions : Envergure 24.92m Longueur 27.90m Hauteur : 4.80m

Motorisation : quatre moteurs radiaux Gnôme et Rhône 14 N-19 14 cylindres en étoile refroidis par air et développant 1140ch au décollage et entrainant des hélices tripales

Performances : vitesse maximale 540 km/h à 5300m Autonomie 1950km Plafond opérationnel 12700m

Armement : une mitrailleuse MAC 34 de 7.5mm dans le nez vitré servie par le bombardier-navigateur (1200 cartouches), un canon de 20mm en tourelle SAMM à l’arrière avec 75 coups et deux mitrailleuses de 7.5mm alimentées à 3000 cartouches dans le poste inférieur arrière.

Une soute à bombe dans le fuselage pour 1500kg de bombes plus des soutes dans les ailes avec deux bombes de250kg chacune.

Equipage : pilote et copilote installés en tandem dans le poste supérieur, un bombardier-navigateur dans le nez vitré, un canonnier dans la tourelle arrière et un radio dans le poste inférieur arrière

Caractéristiques Techniques du CAO-710

Type : bombardier quadrimoteur

Poids : à vide 11522kg maximale 18500kg

Dimensions : Envergure 24.92m Longueur 27.90m Hauteur : 4.80m

Motorisation : quatre moteurs radiaux Gnôme et Rhône 14 R-4/5 14 cylindres en étoile refroidis par air et développant 1320ch au décollage et entrainant des hélices tripales

Performances : vitesse maximale 560 km/h à 5300m Autonomie 1950km Plafond opérationnel 12700m

Armement : deux mitrailleuses MAC 34 de 7.5mm dans le nez vitré servie par le bombardier-navigateur (1800 cartouches), un canon de 20mm en tourelle SAMM à l’arrière avec 75 coups _parfois remplacé par deux mitrailleuses de 7.5mm avec 1200 cartouches_ et deux mitrailleuses de 7.5mm alimentées à 3000 cartouches dans le poste inférieur arrière.

Une soute à bombe dans le fuselage pour 1500kg de bombes plus des soutes dans les ailes avec deux bombes de250kg chacune.

Equipage : pilote et copilote installés en tandem dans le poste supérieur, un bombardier-navigateur dans le nez vitré, un canonnier dans la tourelle arrière et un radio dans le poste inférieur arrière

Consolidated modèle 32F Géant

Consolidated modèle 32F Géant

Consolidated modèle 32F Géant

Le Consolidated modèle 32F Géant (Model 32 Giant en V.O) à pour origine une demande de l’USAAC à la firme Consolidated de produire sous licence, un avion de son concurrent Boeing, le B-17.

Après avoir visité les usines Boeing de Seattle, le président de la firme de San Diego Reuben Fleet décida de dévelloper son propre bombardier lourd et en janvier 1939, l’USAAC officialisa la proposition de Consolidated (proposition C-212). En mars, un contrat est signé pour un prototype à livrer avant la fin de l’année.

Avant même que le prototype ne décolle, la France plaça une lettre d’intention de commande de 120 appareils pour remplacer les Farman F-222, seuls bombardiers lourds en service à l’époque dans le cadre d’un programme classé Bn7 (Bombardier Nocturne 7 places).

Le prototype du futur Géant prit son envol pour la première fois le 9 décembre 1939 et après des essais réussis, la France transforma sa lettre d’intention de commande en commande ferme pour 120 appareils.

Les appareils livrés entre janvier 1941 et juin 1943 vont équiper la 15ème Escadre de Bombardiers Lourds basée à Caen-Carpiquet (1er groupe) Avord (2ème groupe) et Compiègne (3ème groupe), capable à la fois de frapper l’Allemagne mais également d’être à l’abri de représailles allemandes qu’il s’agisse d’un raid aérien ou d’un coup main audacieux mené par les hommes du Branburger Regiment.

La 15ème EBL est organisée en trois groupes de vingt-sept appareils eux même subdivisés en trois escadrilles de neufs appareils. La 15ème EBL dispose donc en ligne de 81 appareils, les 39 autres étant stockés et servant de volant de fonctionnement.

En septembre 1948, il reste 114 appareils disponibles, six appareils ayant été perdus au cours d’accidents dont un mortel quand un avion de la 1ère escadrille du 3ème groupe s’écrasa dans les Ardennes belges ne laissant aucun survivant.

Caractéristiques Techniques du Consolidated modèle 32F Géant

Type : bombardier quadrimoteur multiplaces

Poids : à vide 16590kg en charge25000kg maximal au décollage 29500kg

Dimensions : Envergure 33.50m Longueur 20.6m Hauteur 5.5m

Motorisation : quatre moteurs radiaux Pratt & Whitney R-1830-35 de 1200ch chacun

Performances : vitesse maximale 470 km/h vitesse de croisière 346 km/h Distance franchissable 3400km (6000km en convoyage) Plafond opérationnel 8500m

Armement : 10 mitrailleuses Browning de 13.2mm répartis en quatre tourelles (une de nez, une dorsale, une ventrale et une de queue) et deux postes de tirs latéraux. 1200 à 3600kg de bombes

Equipage : dix hommes avec un pilote, un copilote, un bombardier-navigateur, un opérateur radio et six mitrailleurs

Les prototypes de bombardiers et les projets d’acquisition

Dans cette partie, j’ai décidé de rassembler tous les prototypes de bombardiers réalisés par la France au moment du réarmement ainsi que les projets d’acquisition de bombardiers à l’étranger notamment aux Etats Unis.

Les projets du réarmement

-Le Bloch MB-135, premier bombardier quadrimoteur de la firme de Courbevoie ne fût pas construit en raison du choix de l’armée de l’air de limiter le nombre de modèles en service. Son premier vol eut lieu le 12 janvier 1939 et après l’abandon de sa fabrication en série, il fût utilisé par le CEMA (Centre d’Essais du Matériel Aérien) de Villacoublay comme avion de tests embarqués.

Poids : 5840kg à vide et 11484kg en charge Envergure : 21.28m Longueur : 15.44m Hauteur : 3.90m Motorisation : Quatre Gnôme-Rhône 14 M6/7 à 14 cylindres en étoile et refroidis par air et développant 700ch au décollage Vitesse maximale : 500 km/h à 5000m Autonomie maximale 2000km Plafond pratique : 9940m Armement : une mitrailleuse de 7.5mm dans le nez, une autre en position ventrale et un canon de 20mm en position dorsale. 1350Kg de bombes en soute.

-Le SNCAC NC 150 est un projet de bombardier à haute altitude entièrement pressurisé même si les deux premiers prototypes étaient non préssurisés. Le premier prototype effectua son premier vol le 11 mai 1939 avec des moteurs Hispano-Suiza suralimentés par un compresseur placé au dessus de la soute à bombe. Le deuxième prototype effectua son premier vol le 8 septembre 1939 et le troisième préssurisé le 14 mars 1940.

En dépit de performances prometteuses, le projet ne fût pas poursuivit tout comme des versions non préssurisées baptisées NC 152 et NC 153. Les trois prototypes comme le Bloch MB-135 continuèrent à voler depuis le CEMA de Villacoublay comme avion d’essais, la SNCAC continua à dévelloper des projets de bombardiers à haute performances.

Poids en charge 10077kg Envergure :21.86m Longueur 17.60m Hauteur : nc Motorisation : deux Hispano-Suiza 12 Y32-33 développant 955ch à 9000m chacun et suralimentés par un compresseur entrainé par un HS 12 Xirs de 690ch Vitesse maximale : 600 km/h à 8000m Autonomie 2200km Plafond : 11500m Armement : un canon de 20mm Hispano-Suiza en poste de tir dorsal, une mitrailleuse de 7.5mm en gondole ventrale et une autre dans la pointe avant. 1350Kg de bombes en soute.

-Comme nous l’avons vu dans la partie consacrée à l’Amiot 351, la firme fondée par Felix Amiot en avait tiré un avion de raid, l’Amiot 370, avion aux dimensions équivalentes à l’Amiot 351 même si la forme était différente.

Partant de cet appareil optimiser pour avoir les performances les plus élévés possibles, l’équipe chargée de sa conception en tira plusieurs variantes militaires :

-Un bombardier rapide, l’Amiot 371

-Un avion de reconnaissance, l’Amiot 372

-Un avion de liaison rapide, l’Amiot 373

Six appareils furent produits _deux de chaque variante_, sortant des chaines entre septembre 1945 et mars 1946. Ne voulant pas perturber sa montée en puissance, l’armée de l’air décide de repousser l’acquisition immédiate de cet appareil, les premiers appareils de série étant commandés en septembre 1948 à une époque où avait été décidé le dévellopement d’une variante quadrimoteur baptisée Amiot 374.

-L’Amiot 371 était un très élégant bimoteur à ailes médianes propulsées par deux moteurs Hispano-Suiza 12Z-1 de 1800ch. Par rapport à l’Amiot 370, il conservait une dérive double héritée de son ancètre, l’Amiot 351.

Sur le plan des performances, są vitesse de pointe approchait les 600 km/h ce qui en faisait une proie difficile à rattraper pour les chasseurs allemands.

L’armement défensif avait été renforcé avec deux mitrailleuses dans le poste avant, deux mitrailleuses dans une tourelle dorsale, deux mitrailleuses dans un poste ventral et une mitrailleuse dans la queue de l’appareil. La charge de bombes est portée à 1500kg de bombes.

L’équipage se compose d’un bombardier-navigateur installé dans le nez vitré, d’un pilote et d’un copilote installé sous une verrière, le copilote manœuvrant par une télécommande, la mitrailleuse de queue, un mitrailleur est installé dans la tourelle dorsale et le radio sert les mitrailleuses ventrales.

L’Amiot 371 effectue son premier vol le 8 octobre 1945 et est commandé à 81 exemplaires le 7 septembre 1948, la sortie des premiers appareils étant espéré pour la fin du mois de novembre au plus tard.

L’Amiot 371 était accompagné d’un grand frère, l’Amiot 374, un bombardier qui reprenait le fuselage du 371 avec des ailes modifiées pour quatre moteurs Hispano-Suiza 12Z de 1800ch. Le prototype est commandé le 5 septembre 1948 mais sa réalisation est suspendue dès le lendemain en attendant d’y voir plus clair dans le déroulement du conflit.

Les commandes et les intentions d’achat aux Etats-Unis

Comme nous l’avons vu à propose notamment du Curtiss H-75 ou du Douglas DB-7 pour ne citer qu’eux, la France acheta massivement des avions à la fin des années trente et du début des années quarante pour obtenir le plus rapidement possible des avions modernes et permettre ainsi à l’industrie française de monter en puissance une fois les nationalisations et la modernisation des ateliers digérées.

Dans le domaine des bombardiers, la France à ainsi acquis des bombardiers légers Douglas DB-7 , Glenn-Martin 167F et 187F ainsi que des bombardiers lourds Consolidated model 32 Giant.

D’autres modèles de bombardiers auraient pu être acquis si la guerre s’était poursuivie, des intentions de commande apparues dans les frimas de l’automne disparurent à l’hiver sans pour autant réapparaître au printemps.

C’est le cas de bombardiers en piqué, le Brewster 340 (plus connu sous le nom de SBC2A Buccaneer) qui aurait pu être commandé à 230 exemplaires et le Vultee V-72 (aussi connu sous le nom d’A-31 Vengeance) qui aurait pu être commandé à 300 exemplaires mais lettres d’intention d’attache du 15 octobre et du 2 novembre ne se concrétisèrent pas.

Durant les années suivant la guerre de Pologne, la dépendance vis à vis de l’industrie américaine se fait moins forte et si les commandes françaises se raréfient, le travail nécessaire va occuper l’industrie aéronautique jusqu’en 1943/44, permettant une première montée en puissance qui facilitera la mobilisation industrielle consécutive à l’attaque japonaise.

Passé 1944, peu de commandes sont passées, l’industrie française pouvant absorber les commandes massives de l’armée de l’air qui connait une montée en puissance spectaculaire tant sur le plan quantitatif que sur le plan qualitatif.

Cela n’empêche pas les services officiels français de regarder ce que font les américains pour anticiper d’éventuelles commandes. C’est notamment dans le domaine des bombardiers que la mission de l’Air installée à Washington est attentive, recevant régulièrement des documents promotionnels des constructeurs américains.

Pour anticiper le remplacement des Douglas DB-7 et des Glenn-Martin 167/187F, elle évalue deux avions : le North American NA-40 (aussi connu sous le nom de B-25) et le Martin model 179 (aussi connu sous le nom de B-26) et choisit le second, envoyant une lettre d’intentions de commande pour 600 appareils le 14 août 1948, lettre qui ne c’était pas encore transformée en commande ferme au 5 septembre 1948.

Sans que cela ait été validé par un document officiel, il est probable que d’autres model 32F Giant devraient être commandés voir même d’autres modèles de bombardiers lourds américains moins à cause de la moins bonne qualité des bombardiers français que de la crainte de voir les usines bombardées ou occupées par l’ennemi.

24-Armée de l’air (14)

D-Les avions de l’armée de l’air (2) : les chasseurs bimoteurs

Avant-propos

L’écrasante majorité des premiers aéroplanes militaires étaient des monomoteurs mais quelques uns arboraient fièrement deux voir quatre moteurs, les multimoteurs étant généralement des avions de reconnaissance et des bombardiers car à cette époque il semblait inconcevable d’utiliser un bimoteur encore moins un quadrimoteur comme chasseur, les pilotes de chasse chevauchant les monomoteurs étant considérés comme les chevaliers des temps modernes.

L’évolution de l’aviation en décida autrement. Les progrès techniques phénoménaux réalisé par les engins plus lourds que l’air rendit possible l’utilisation de bombardiers pour vaincre l’ennemi. De véritable escadres de bombardiers devaient pilonner les villes et pousser l’ennemi à la capitulation.

Parmi les théoriciens du bombardement sur les villes ennemies figurait un général italien, Giulio Douhet qui publia en 1921 Il Dominio dell’aria (la maitrise de l’air) qui vante les mérites du bombardement stratégique, vu comme l’arme absolue sans que personne ne puisse s’y opposer.

Cette école fit des émules en Grande Bretagne, aux Etats Unis et dans une moindre mesure en France et en Allemagne, les deux principaux rivaux européens hésitant beaucoup avant de se lancer dans la constitution d’une force de bombardement stratégique.

Face à ces escadres de bombardiers volant toujours plus haut et toujours plus vite, la DCA et la chasse semblaient démunis. Les monomoteurs majoritairement biplans étaient souvent trop lents en vitesse horizontale et en vitesse ascensionnelle pour intercepter les bombardiers avant l’attaque.

Émerge ainsi l’idée d’un chasseur bimoteur. Les avantages de cette solution étaient que deux moteurs augmentaient la puissance propulsive et donc la vitesse (à condition d’éviter toute surcharge pondérale c’est entendu), l’autonomie et l’armement, la destruction d’un bombardier nécessitant plus que l’armement standard des chasseurs de l’époque (deux à quatre mitrailleuses de faible calibre).

Fokker G1

Fokker G1

Les principaux pays vont ainsi s’équiper de chasseurs bimoteurs appelés aux Pays Bas Jachtkruiser (Fokker G-1 un temps évalué par la France) ou en Allemagne Zersöster, le Messerschmitt Me110 en état le principal représentant alors que de l’autre côté du channel, le Westland Whirlwind, le Bristol Beaufigther et plus tard les De Havilland Mosquito et Hornet offrirent à la RAF une floppée de chasseurs bimoteurs.

La France n’est pas en reste dévellopant le Potez 630 comme multiplace de chasse destiné à la fois à la chasse de nuit mais également l’escorte et le commandement des unités de chasse.

En septembre 1939, le Potez 630 et son dérivé 631 équipent les cinq uniques escadrilles de chasseurs multimoteurs, quatre pour la chasse de nuit et une pour la chasse de jour.

Ces unités sont les véritables parents pauvres de l’armée de l’air avec pour ne rien arranger, une monture loin d’être parfaite.

Comme le vilain petit canard, les unités de chasse multimoteurs et la chasse de nuit connaissent une véritable métamorphose avec en septembre 1948 pas moins de quarante-huit escadrilles répartis au sein des seize escadres de chasse plus quatre escadres de chasse de nuit à trois groupes de trois escadrilles de 9 appareils soit un total de 324 appareils, deux escadres étant stationnées dans le nord-est, une troisième dans le sud-est et une quatrième en Afrique du Nord.
Sur le plan de l’équipement, le Potez 630 et ses différents dérivés ont cédés la place à des avions nettement plus performants comme le Hanriot NC-600 pour la chasse de nuit, le Bréguet Br700C2 _rejeton de la prolifique famille Bréguet Br690_ et le Lockheed H-322 plus connu sous sa désignation américaine : le P-38 Ligthning pour la chasse de jour sans parler d’appareils prometteurs encore au statut de prototype quand le second conflit mondial éclate.

En septembre 1948, l’armée de l’air dispose d’un total de quatre-vingt quatre escadrilles déployée en métropole et en Afrique du Nord plus trois escadrilles de chasse de nuit en Indochine avec trente-six Hanriot NC-600 soit un total de 87 escadrilles et 783 appareils. En comptant les appareils de réserve, 1174 appareils de chasse multiplace ont été produits repartis entre 526 Hanriot NC-600, 216 P-38 et 432 Bréguet Br700C2

Ces unités de chasse multiplace vont donc être équipées de trois appareils : le Hanriot NC-600, le Lockeed H-322 et le Bréguet Br700C2. Le premier va monopoliser les escadrilles de chasse de nuit (ECN) alors que les deux autres se partageront les unités de chasse multiplaces de jour.

Potez 631

Potez 631 en vol

Potez 631 en vol

En octobre 1934, l’armée de l’air lança un appel d’offre pour un «multiplace léger de défense» chargé de mission de chasse de nuit et d’escorte en configuration biplace et de commandement de la chasse en configuration triplace.

Cet appareil qui devait compléter les chasseurs du programme C1 (Bloch MB150 puis de ses dérivé et Morane Saulnier MS406) devaient filer à 450 km/h à 4000m, altitude qui devait être atteinte en moins de quinze minutes, une autonomie de 4 heures avec une vitesse de croisière de 320 km/h.

Plusieurs constructeurs proposèrent leurs projets que ce soit Hanriot avec son H-220 qui allait devenir le NC-600 après les nationalisations, le Loire-Nieuport LN-20, le Romano 110 et le Bréguet 690.

Le prototype du Potez 630 effectua son premier vol le 25 avril 1936. Equipé de moteurs Hispano, ce premier prototype fût suivit par un deuxième prototype désigné Potez 631 avec des moteurs Gnôme et Rhône qui effectua son premier vol le 15 mars 1937 avant d’être confié au Centre d’Essais du Matériel Aérien (CEMA) en novembre.

Monoplans à aile cantiveler, au fuselage de forme ovale et à la dérive double, ces deux avions se distinguaient par leur motorisation et par la prise d’air du carburateur situé au dessus pour le 630 et en dessous pour le 631.

Après dix prototypes destinés à définir les différents version du bimoteur, 80 Potez 630 triplaces de chasse ou C3 furent commandés, sortant d’usine à partir du mois de février et pris en compte par l’Armée de l’Air entre mai et août 1938.

Utilisés comme chasseurs de nuit et comme appareils de commandement de la chasse, les Potez 630 n’auront qu’une carrière éphémère en raison de problèmes de moteurs récurents. Retirés des unités de première ligne en octobre, ils ne furent plus utilisés que comme avions d’entrainement.

Le Potez 631 eut plus de chance, équipant une flottille de l’aéronavale et cinq escadrilles de chasse de l’armée de l’air (quatre de chasse de nuit et une de chasse de jour). Plus de 200 exemplaires de ce chasseur vont être produits, certains se retrouvant en Corse et à Djibouti.

L’arrivée du Bréguet Br700C2 à partir d’août 1941 scella le glas du Potez 631 qui voyait ses heures comptées. Relégué uniquement à l’entrainement à partir de janvier 1942, il est officiellement retiré du service en septembre 1942 et la majorité des appareils usés par un service intensif sont feraillées.

Caractéristiques Techniques du Potez 631

Type : bimoteur triplace de chasse (C3)

Poids : à vide 2450kg maximale : 4500kg

Dimensions : Envergure : 16.00m Longueur : 11.07m Hauteur : 3.62m

Motorisation : deux moteurs Gnome-Rhône 14 M6/7 à 14 cylindres en étoile refroidis par air et développant 700cv entrainant une hélice Gnome Rhône

Performances : Vitesse maximale : 443 km/h à 4500m Distance franchissable maximale : 1220km Plafond pratique : 9000m

Armement : deux canons de 20mm Hispano Suiza HS 9 ou HS 404 de 20mm sous le fuselage tirant en chasse, une mitrailleuse MAC 34 de 7.5mm en poste arrière et certains deux affûts doubles de 7.5mm (un sous chaque aile).

Hanriot NC-600

L'élégant Hanriot NC-600

L’élégant Hanriot NC-600

Dans le cadre du programme d’octobre 1934 réclamant un multiplace de défense, la firme Hanriot présenta au Salon de l’Aviation en 1936 un bimoteur baptisé H-220. Modifié avant même son premier vol (empennage bi-dérive) et devenu le H-220-1, il effectua son premier vol le 2 septembre 1937 mais fût détruit en février 1938.

Un nouvel appareil baptisé H-220-2 puis NC-600 après les nationalisations (la firme Hanriot intégrant la Société Nationale de Construction Aéronautique du Centre ou SNCAC) effectua son premier vol le 15 mai 1940.

Un temps, il fût menacé par l’hétérodoxe SNCASE SE-100 mais au final sa production en série est décidé pour équiper les escadres de chasse de nuit. Un deuxième prototype modifié (cockpit différent) effectua son premier vol le 15 septembre 1940.

Testés intensivement les deux prototypes furent épaulés dans cette tache par quatre appareils de pré-série commandés en janvier et livrés en mars. Ses performances étaient remarquables notamment en terme de maniabilité, un duel simulé contre un Dewoitine D-520 du GC III/3 basé à Beauvais se terminant par la victoire du NC-600.

Après avoir un temps envisagé d’équiper certaines ECMJ (Escadrilles de Chasse Multiplaces de Jour) avec cet appareil, l’armée de l’air décide finalement de le réserver à la chasse de nuit soit un total de trente-six escadrilles et de 324 appareils de première ligne.

Une première commande de 72 appareils est passée en juin 1941 pour équiper huit escadrilles de chasse de nuit, les appareils étant livrés entre septembre 1941 et mars 1942 soit une cadence de douze appareils par mois.

La deuxième commande est passée dès le mois de janvier 1942 pour à nouveau 72 appareils qui sont livrés entre avril et octobre 1942, de quoi donc équiper huit nouvelles escadrilles de chasse de nuit.

La troisième commande est passée au mois de mars 1942 et pour augmenter les cadences, Hanriot ou plutôt la SNCAC décide de mettre sur pied une deuxième chaine de montage à Clermont Ferrand. Les 72 appareils commandés _tous fabriqués à Bourges_ sont livrés entre novembre 1942 et mars 1943 pour équiper huit escadrilles de chasse de nuit.

La quatrième commande passée en juin 1942 voit l’armée de l’air commander 72 appareils pour équiper huit escadrilles de chasse de nuit, les appareils _les premiers produits à Clermont Ferrand_ sont livrés entre septembre 1942 et mars 1943.

La cinquième commandée passée en septembre 1942 voit l’armée de l’air commander 36 appareils (et la marine 24 avions pour l’escadrille 3C précédemment équipée de Potez 631) pour équiper les quatre dernières escadrilles de chasse de nuit, les soixante appareils étant livrés par les chaines de montage de Bourges et de Clermont Ferrand entre avril et septembre 1943.

La sixième commande est destinée à créer une réserve d’attrition fixée à 50% soit 162 appareils. Les 40 appareils commandés sont construits uniquement à Clermont Ferrand (Bourges produisant d’autres appareils notamment le Br700C2) et livrés entre juin et novembre 1944.

La septième commande de 40 appareils est honorée entre décembre 1944 et mai 1945, la huitième commande de 40 appareils l’est entre juin et décembre 1946 et la neuvième commande de 42 appareils est livrée à l’armée de l’air entre janvier et juin 1947.

L’armée ayant décidé de déployer un GCC multimoteurs en Indochine, 36 Hanriot NC-600 supplémentaires sont commandés en mars 1947 et livrés entre juin et octobre 1947, 27 appareils sont prévus pour être mis en ligne et 9 en réserve en Indochine. Contrairement à leurs cousins de métropole, les NC-600 indochinois doivent opérer aussi bien de jour que de nuit.

Une ultime commande est passée en janvier 1948 pour 54 bimoteurs destinés à alimenter des stocks jugés toujours insuffisants par l’armée de l’air, ces appareils étant livrés entre février et août 1948.

L’armée de l’air à donc reçu un total de 526 Hanriot NC-600 mais en septembre 1948, il n’en reste plus que 512, 14 appareils ayant été perdus par accident ou réformés à cause d’une usure prononcée liée à une utilisation intensive mais qui parfois révélait une construction baclée que l’armée de l’air mis sur le compte d’ouvriers mal formés et les industriels sur la pression intense de l’Armée de l’Air pour disposer toujours plus vite des appareils commandés.

A noter qu’une version embarquée baptisée NC-650 fût mise au point pour la marine qui envisageait d’embarquer deux chasseurs de ce type à bord de ces porte-avions. De nombreux problèmes techniques et un changement de priorité scella le destin du NC-650 qui resta donc à l’état de prototype.

En ce qui concerne les unités de chasse de nuit, les quatre escadrilles de chasse de nuit existantes sont transformées en escadres de chasse de nuit. La ECN 1/13 devient la 24ème Escadre de Chasse (de Nuit) en janvier 1942, la ECN 2/13 devient la 25ème Escadre de Chasse (de Nuit) en septembre 1942, la ECN 3/13 devient la 26ème Escadre de Chasse (de Nuit) en mai 1943 et la ECN 4/14 devient la 27ème Escadre de Chasse (de Nuit) en janvier 1944.

Les 24ème et 25ème Escadre couvrent le Nord-Est, la 26ème Escadre couvre le Sud-Est et la 27ème Escadre l’Afrique du Nord.

Caractéristiques Techniques du Hanriot NC-600

Type : chasseur bimoteur biplace

Masse : 3995kg en charge

Dimensions : envergure 12.80m hauteur 3.40m longueur 8.80m

Motorisation : deux moteurs radiaux Gnôme & Rhône 14M00/05 14 cylindres en étoile de 990ch

Performances : vitesse maximale 564 km/h à 8000m Autonomie : 1100km Plafond : 8500m

Armement : deux canons de 20mm HS-404 et quatre mitrailleuses de 7.5mm dans le nez, deux mitrailleuses de 7.5mm dans le poste arrière et une mitrailleuse en poste ventral orienté vers l’arrière actionnée par le pilote