Le Conflit (91) Europe Occidentale (57)

Et les gros dans tout cela ? L’état des grandes unités motomécaniques françaises au moment d’HUBERTUS

Le 10 mai 1949 les forces motomécaniques françaises avaient fière allure avec six divisions cuirassées et huit divisions légères mécaniques rien que pour le territoire métropolitain. Toutes mises à part la 6ème DLM étaient concentrées dans le Nord-Est. Toutes prêtes à foncer en Allemagne.

Quatre mois plus tard hélas les «gros frères» (Divisions Cuirassées) et les «lévriers» (DLM) n’ont pu trainer leurs chenilles sur le sol allemand mais ont combattu bravement dans les plaines belges et sur la terre de France.

Ils ont subit de lourdes pertes mais ont acquis une expérience inestimable et surtout ont bien limé les crocs des différents Panzerkorps.

Au moment de l’opération HUBERTUS, les unités motomécaniques françaises sont regroupés en deux grands ensembles, le 1er Corps de Cavalerie Motomécanique (1er CCM) qui regroupe ce qu’il reste du 3ème C.C et du 2ème CAC et le 2ème Corps de Cavalerie Motomécanique (2ème CCM) issu de la fusion des 1er et 2ème Corps de Cavalerie.

Ces deux CCM sont des unités de marche qui doivent céder la place à de nouvelles entitées une fois le front stabilisé à une date encore incertaine. Déjà dans les bureaux d’état-major, on multiplie les notes, on se déchire sur les noms, sur la composition, disputes qui paraissent futiles quand le sort de la France est en jeu.

A noter que pour une raison de propagande le 1er CAC est restée indépendant et n’à pas intégré l’un des deux CCM.

Justement à quoi ressemble les unités motomécaniques au moment de l’opération HUBERTUS:

-1er Corps de Cavalerie Motomécanique (1er CCM) :

Le 1er CCM regroupe comme nous le savons les restes du 3ème C.C et du 2ème CAC qui après avoir combattu à l’est se sont repliés au sud de La Seine, occupant une position à cheval entre les GA n°1 et GA n°2 pour pouvoir être engagé rapidement à l’ouest et à l’est de Paris en fonction de la menace. Il est placé sous l’autorité directe du chef d’état-major de l’armée de terre.

Les deux GRCA (37ème et 39ème GRCA) ont été dissous de facto faute de véhicules et en raison du manque d’hommes.

Comme le 1er CCM ne peut agir sans unité d’éclairage, décision est prise de recréer un groupement de marche d’éclairage avec des personnels issus des deux GRCA. Il prend le nom «provisoire» de 76ème GRCA (37+39) avec douze AMX-42 et douze AM modèle 1940P.

Le 122ème RALT est choisit comme régiment d’appui pour le 1er CCM, le 339ème RATTT étant provisoirement mis en sommeil.

La 2ème Division Cuirassée est reconstituée sur un modèle allégée avec moins de chars, moins d’infanterie et moins d’artillerie. Il ne dispose plus que de deux bataillons de chars moyens (14ème 27ème BCC), un bataillon de chars lourds (8ème BCC) et un bataillon de chasseurs portés (6ème BCP) sans oublier un régiment d’artillerie le 309ème RAAP réduit à deux groupes, un régiment d’éclairage, le 9ème Régiment de Cuirassiers réduit à deux escadres, des unités d’appui et de soutien.

Cela signifie donc que les 15ème BCC et 17ème BCP ont été dissous, une dissolution à titre provisoire mais on sait que parfois le provisoire peut durer.

La 4ème Division Cuirassée dispose elle de deux bataillons de chars moyens (19ème 44ème BCC), un bataillon de chars lourds (46ème BCC) , deux bataillons de chasseurs portés (11ème 12ème BCP), un régiment d’artillerie le 322ème RAAP réduit à deux groupes au lieu de trois, un régiment de découverte le 12ème Régiment de Cuirassiers réduit à deux escadrons, des unités d’appui et de soutien.

Cela signifie donc que le 47ème BCC à été dissous là aussi à titre provisoire.

La 6ème Division Cuirassée dispose d’un bataillon de chars moyens (57ème BCC), d’un bataillon de chars lourds (54ème BCC), de deux bataillons de chasseurs portés (14ème 18ème BCP), un régiment d’artillerie le 349ème RAAP réduit à deux groupes, un régiment de découverte le 14ème Régiment de Cuirassiers réduit à deux escadrons, des unités d’appui et de soutien.

Cela signifie donc que les 55ème et 56ème BCC ont été dissous là aussi à titre provisoire.

Cet affaiblissement s’explique par les pertes mais aussi par la volonté de préparer la renaissance de l’armée dès que les teutons se lasseront. Le personnel des unités dissoutes quand elles ne sont pas affectées à de nouvelles unités sont chargées de préparer la nouvelle génération des «lévriers» (surnom attribués aux hommes des DLM) et des «gros frères» (surnom attribué aux Divisions Cuirassés, surnom dont ces hommes sont particulièrement fiers car faisant référence aux cuirassiers de la Grande Armée).

La 2ème DLM est reformée sur un modèle réduit avec un régiment de découverte le 8ème Régiment de Cuirassiers réduit à deux escadrons au lieu de trois, un régiment de chars (13ème Régiment de Dragons) et un régiment de dragons portés le 6ème RDP, un régiment d’artillerie le 71ème RADLM réduit à deux groupes, des unités de soutien.

Cela signifie donc que le 1er RDP et le 29ème Régiment de Dragons sont dissous.

La 4ème DLM est reformée avec un régiment de découverte le 5ème Régiment de Cuirassiers réduit à deux escadrons au lieu de trois, un régiment de chars (18ème Régiment de Chasseurs à Cheval) et un régiment de dragons portés le 3ème RDP, un régiment d’artillerie le 73ème RADLM à deux groupes au lieu de trois, des unités d’appui et de soutien.

Cela signifie donc que le 8ème Régiment de Dragons et le 7ème RDP sont dissous.

La 8ème DLM est reformée avec un régiment de découverte le 3ème Régiment de Cuirassiers réduit à deux escadrons au lieu de trois, un régiment de chars (2ème Régiment de Hussards) et un régiment de dragons portés le 14ème RDP, un régiment d’artillerie le 77ème RADLM à deux groupes au lieu de trois, des unités d’appui et de soutien.

Cela signfie donc que le 3ème Régiment de Chasseurs à Cheval et le 13ème Régiment de Dragons Portés ont été dissous.

-2ème Corps de Cavalerie Motomécanique (2ème CCM)

Ce 2ème CCM est issu de la fusion des 1er et 2ème Corps de Cavalerie qui ont été successivement engagés en Belgique puis en France subissant des pertes assez sensibles.

Le 635ème RP (1er C.C/35ème CA) est dissous, ces éléments ralliant le 636ème RP (2ème C.C/36ème CA) qui avait été réduit à un seul bataillon. Avec l’arrivée des hommes de feu le 635ème RP le régiment repasse à deux bataillons.

Les deux GRCA ont survécu mais sont affaiblis. Ils vont former le 71ème GRCA (35 + 36) avec des Hotchkiss H-39 (douze), des AMX-42 (huit) et seize AM modèle 1940P. Comme pour le 1er CCM ce groupement est un groupement de marche qui doit donc normalement disparaître au moment de la reconstitution des unités dès que le tempo des opérations le permettra.

Les 329ème et 359ème RATTT sont maintenus avec leurs deux groupes de 105mm après qu’on eut envisagé de les regrouper en un seul régiment.

Les 1ère et 5ème DLM ont été reconstituées sous un modèle allégé après son engagement en Belgique. Modèle allégé et modifié en essayant de tirer les leçons des premières opérations.

C’est ainsi que le régiment de découverte jadis un régiment sur roues devient un régiment mixte avec des AM modèle 1940P et les FCM-44 qui appartenaient auparavant aux groupes de reconnaissance des BLM. Ce choix ne fait pas l’unanimité, certains craignant qu’on associe les inconvénients de deux types de véhicules plutôt que les avantages. Les deux régiments en question étant le 6ème Régiment de Cuirassiers pour la 1ère DLM et le 11ème Régiment de Cuirassiers pour la 5ème DLM.

Les BLM sont réorganisées avec toujours un régiment de chars aux effectifs souvent allégés que ce soit le 4ème Régiment de Cuirassiers ou le 18ème Régiment de Dragons, des dragons portés qui perdent leurs chars légers pour devenir de véritables fantassins portés que ce soit le 4ème ou le 15ème RDP, , l’escadron de canons d’assaut est toujours là mais les escadrons antiaériens et antichars sont fusionnés. A noter que les W15TCC à canons de 47mm sont remplacés par des W17TCC à canon de 75mm. Le 74ème RADLM est toujours là.

Même chose pour la 5ème DLM avec ses deux régiments de chars (6ème Régiment de Dragons 4ème Régiment de Hussards), ses deux régiments de dragons portés (2ème et 8ème RDP) sans oublier du 72ème RADLM

Les 3ème et 7ème DLM subissent des changements légèrement différents en raison d’un engagement plus tardif et de décisions antérieures au conflit.

Le régiment de découverte regroupe automitrailleuses puissantes et chars légers des groupes de reconnaissance, les deux régiments de dragons portés sont réduits à deux bataillons sans chars légers, le régiment d’artillerie n’aligne plus que deux groupes de 75mm en raison du manque d’obusiers de 105mm.

Les escadrons de canons d’assaut, antichars et antiaériens restent indépendants mais sont affaiblis pour la 3ème alors que la 7ème DLM dispose d’escadrons de canons d’assaut indépendants et des escadrons mixtes antichars/antiaériens.

A noter que la 7ème DLM passe sur Somua S-45 en remplacement des S-40 (NdA le personnel avait commencé sa formation en août 1948 mais le déclenchement du conflit avait entrainé une suspension de la transformation pour des raisons évidentes).

Contrairement donc aux Divisions Cuirassées, les DLM n’ont pas dissous d’unités ce qui signifie qu’on trouve toujours au sein de la 3ème DLM le 1er Régiment de Hussards comme régiment de découverte, les 1er et 8ème Régiments de Chasseurs à Cheval comme régiments de chars, les 5ème et 19ème RDP comme régiments de dragons portés et le 75ème RADLM comme régiment d’artillerie divisionnaire.

La 7ème DLM dispose toujours du 1er Régiment de Cuirassiers comme régiment de découverte, les 3ème RH et 5ème RD comme régiments de chars, les 11ème et 12ème RDP comme régiments de dragons portés et enfin le 76ème RADLM comme régiment d’artillerie divisionnaire.

1er Corps d’Armée Cuirassé (1er CAC)

Après son engagement en Champagne, le 1er CAC s’est replié vers le sud en couvrant le repli général des troupes alliés. Il à été assez sérieusement affaiblit et pourtant il n’à pas été amalgamé avec les DLM pour une raison probablement de propagande. Inutile de préciser que cette décision à été mal vue par les autres «chevalier du moteur» et que pour le 1er CAC cela contribua à augmenter leur confiance en eux voir leur orgueil.

Au moment où l’opération HUBERTUS est lancée, le 1er Corps d’Armée Cuirassé dispose des moyens et des capacités suivantes :

-Le 638ème Régiment de Pionniers (638ème RP) à subit des pertes assez sensibles mais reste une unité opérationnelle, menant comme toujours un indispensable travail de l’ombre pour aménager les routes, des protections pour les chars. A l’occasion ils faisaient le coup de feu contre l’ennemi ce qui imposa le renforcement de leur armement non sans quelques officiers imbéciles ne trouvent cet armement trop important !

-Le 38ème Groupement de Reconnaissance de Corps d’Armée (38ème GRCA) entre en guerre avec des Hotchkiss H-39 et des automitrailleuses de découverte, équipement provisoire puisque les projets prévoyaient des AMX-42 et des AMP. Le rééquipement va se faire à la mi-juin et début octobre l’unité dispose de douze AMX-42 et de douze AM modèle 1940P.

-Le 119ème Régiment d’Artillerie Lourde à Tracteurs (119ème RALT) à été réduit à un groupe de 105mm et un groupe de 155mm en raison de la pertes de plusieurs pièces plus ou moins bien sabotées, ces canons étant copieusement photographiés par les allemands.

A noter que le personnel en surnombre est renvoyé à l’arrière pour soit former de nouveaux RALT (depuis le 1er octobre 1948 tous les RAL doivent devenir des RALA _Régiments d’Artillerie Lourde Automobile_ ou des RALT) ou pour recompléter des régiments qui sont en déficit de personnel pour servir leurs pièces.

-La 1ère Division Cuirassée disposait à l’origine de 71 FCM-42 (quarante-cinq pour le régiment de découverte et vingt-six pour les deux groupes de reconnaissance), de 90 Renault G-1R et de 68 ARL-44 soit un total de 229 chars.

A l’issue du repli sur La Seine on procède à une première réorganisation mais une réorganisation qui faute de temps se fait à minima.

A rebours d’une volonté d’autonomisation des Brigades Cuirassées, ces dernières perdent leurs GR qui sont regroupés sous l’autorité du 7ème Régiment de Cuirassiers pour en partie compenser les pertes puisqu’au moment d’Hubertus on ne compte plus que 49 FCM-42 (trois escadrons de quinze, un char pour chaque chef d’escadron et un char pour le chef de corps). Le régiment de découverte conserve ses fusiliers motocyclistes mais perd ses chasseurs portés.

Le 25ème BCC n’aligne plus que vingt-huit Renault G-1R, le 26ème BCC vingt-quatre Renault G-1R, le 28ème BCC vingt ARL-44 et le 37ème BCC vingt-huit ARL-44 soit un total de 100 chars pour un maximum théorique de 158.

Les chasseurs portés sont toujours là sur leurs Lorraine 39L et ne subissent guère d’autres modifications que la récupération des chasseurs portés jadis intégrés au sein du régiment de découverte.

Certes l’expérience des combats à montré l’intérêt de posséder une petite unité d’infanterie au sein d’une unité de reconnaissance (pour occuper un village commandant un pont, un gué ou un passage obligé) mais ce RETEX est balayé par la nécessité de remplumer des unités d’infanterie qui ont souffert.

Le groupe de canons d’assaut est toujours là et si il était question à l’origine de remplacer les canons d’assaut par des canons automoteurs, le RETEX à provoqué un intense débat qui pourrait permettre de sauver les cousins français du Sturmgeschütz.

Les escadrons antichars et antiaériens fusionnent mais leur équipement ne change pas à savoir des Lorraine 39L disposant soit un d’un canon antichar de 47mm ou d’un bitube de 25mm sous bouclier.

Cela s’explique par le débat concernant le canon d’assaut et la possibilité d’intégrer un véhicule polyvalent canon d’assaut/chasseur de chars et le fait que l’automoteur antiaérien de 37mm jugé plus efficace contre des avions allemands mieux protégés n’est pas encore prêt essentiellement pour des questions d’évacuation des fumées dans une tourelle fermée.

-Le 305ème Régiment d’Artillerie AutoPortée (305ème RAAP) dispose toujours d’obusiers automoteurs de 105mm qui ont fait preuve de leur efficacité tant sur le plan de la puissance que de la réactivité. Deux groupes sont encore présent, le troisième groupe étant placé en réserve, devant recevoir de nouveaux Renault R 40 Au 105 B légèrement améliorés par rapport au modèle d’origine (blindage plus épais, moteur plus puissant notamment).

La 1ère Division Cuirassée n’aligne donc plus que 149 chars sur les 229 présents à l’origine.

-La 3ème Division Cuirassée est réorganisée selon un modèle identique mais ces moyens sont plus faibles. Par exemple le 10ème Régiment de Cuirassiers son régiment de découverte ne dispose plus que de deux escadrons de chars légers FCM-42 soit trente chars auxquels il faut ajouter les chars des commandants et celui du chef de corps soit un total de trente-trois chars et malgré la récupération des chars des GR.

Le 42ème BCC aligne trente Renault G-1R au lieu de quarante-cinq, le 45ème BCC vingt-deux au lieu de quarante-cinq, le 41ème BCC vingt ARL-44 alors que le 49ème BCC aligne vingt-quatre ARL-44 soit un total de 96 chars de combat au lieu de 158.

Les deux bataillons de chasseurs portés sont toujours là, leurs effectifs remplumés par la récupération de l’escadron présent initialement au sein du régiment de découverte.

L’escadron de canons d’assaut est quasiment à plein effectif et si les escadrons antichars et antiaériens ont été matériellement et humainement affaiblis ils n’ont pas été fusionnés.

Le 319ème RAAP est toujours là et possède même ses trois groupes de Renault R 40 Au 105 B, le 1er Groupe ayant même reçu des véhicules neufs.

La 3ème Division Cuirassée ne dispose plus que de 129 chars sur 229 !

-La 5ème Division Cuirassée dispose d’un régiment de découverte le 13ème Régiment de Cuirassiers avec trois escadrons de douze FCM-42 soit trente-six chars légers auxquels il faut ajouter trois chars dit de commandement soit trente-neuf chars au lieu de soixante et onze au total au début de la Campagne de France (quarante-cinq pour le RD, vingt-six pour les GR pour rappel).

A cela s’ajoute les chars de combat en l’occurrence soixante-douze Renault G-1R (trente-deux pour le 51ème BCC et quarante pour le 53ème BCC) et cinquante ARL-44 (trente pour le 50ème BCC et vingt pour le 52ème BCC) soit un total de 122 chars sur un maximum théorique de 158.

Les deux bataillons de chasseurs portés ont été remplumés par les hommes de l’escadron (dissous) du régiment de découverte.

L’escadron de canon d’assaut de chaque brigade cuirassée est toujours là tout comme les escadrons antichars et antiaériens qui sont maintenus sous une forme indépendante.

Le 339ème RAAP dispose de deux groupes de Renault R 40 Au 105 B.

La 5ème Division Cuirassée dispose de 161 chars sur 229.

Au final donc le 1er CAC dispose de 439 chars au sein des trois divisions cuirassées (sur un maximum théorique de 687) plus douze chars légers pour le 38ème GRCA.

Et les anglais dans tout cela ? Le BEF en réserve

Officiellement les français et les britanniques sont unis pour bouter les allemands hors de France et du Benelux.

Officieusement et malgré une certaine anglophilie du «Général Tornade» on assiste à des tiraillements entre français et britanniques, moins en première ligne où les Furieux comprennent que les Tommies sont dignes de leurs ainés du premier conflit mondial que dans les états-majors et dans le monde politique.

En gros les français reprochent aux britanniques de penser davantage à évacuer qu’à combattre ce qui est très injuste d’autant que deux corps d’armée ont été placés sous commandement français bien loin des ports pouvant leur permettre de retrouver la mère patrie.

Côté britannique on estime que l’on confie aux troupes du Commonwealth des missions périlleuses sans qu’elles en aient les moyens.

Il y à donc parfois des aigreurs, des moments de tension entre Paris et Londres mais cela ne dure jamais longtemps.

Même le placement du BEF en Réserve Stratégique est globalement accepté par les français, les britanniques annonçant à leurs alliés que l’aviation et la marine assureront un appui massif et que les troupes au sol les moins entamées pourront vite monter en ligne pour soutenir les unités françaises en première ligne.

Justement au moment d’HUBERTUS à quoi ressemble la British Expeditionnary Force (BEF) (qui doit devenir à terme le British Expeditionnaries Armies Group BEAG ou dans la langue de Molière «Groupe d’Armées Expéditionnaires Britanniques»).

Après avoir combattu sur La Seine et après avoir été évacué vers l’ouest et le sud, les hommes et le matériel sont regroupés loin du front dans différents camps pour repos, régénération et préparation à de futurs combats sans que l’on sache si ils seront défensifs (repousser une tentative allemande) ou offensifs (contre-offensive générale).

Signe de la fraternité d’arme franco-britannique certains Tommies se porteront volontaires pour servir aux côtés de leurs frères français en première ligne.

D’autres n’hésiteront pas à déserter pour s’engager dans la Légion Etrangère ! Si avec ça cela ne torpille pas cette volonté britannique de ne pas combattre et d’utiliser le «sang français» je sais pas ce qu’il faut. Bon vous me direz certains britanniques accusaient le général Villeneuve de trop ménager le «sang français» au profit du «sang britannique» ce qui était tout aussi idiot.

A la mi-septembre, les Tommies se regroupent dans les camps situés dans la région d’Orléans. Il faut regrouper les hommes par unités (certaines unités ont pratiqué l’amalgame en récupérant tous les hommes disponibles), faire le point sur l’armement disponible et sur les manques. Bref réorganiser et rééquiper.

Très vite le général Villeneuve demande au général Hancock, commandant du BEF de conserver une division immédiatement disponible au cas où….. .

La brigade antiaérienne qui avait perdu l’essentiel de son matériel est regroupé à Orléans, récupérant de nouvelles pièces (canons de 40 et de 94mm). L’unité va très vite faire mouvement vers le nord pour renforcer le nouveau limes séparant la civilisation de la barbarie.

Les deux régiments antichars d’origine avaient fini par former un régiment antichar de marche. A l’arrière les deux régiments antichars sont recréés avec de nouveaux canons antichars, toujours des 6 pouces (très efficaces contre les Panzer III et IV) et des 17 pouces (qui ne laissaient aucune chance même au Tigre).

Le régiment de cavalerie est reconstitué mais il n’est pas encore opérationnel quand les allemands déclenchent HUBERTUS.

La 44th «Home Counties» Division à conservé jusqu’au bout sa cohésion opérationnelle. Repliée sur le Cotentin, elle est désignée par le général Hancock comme ready reserve division. En clair elle sera la première division britannique à être engagée si les allemands ne laissent pas le temps aux britanniques de réorganiser leurs forces armées.

La 1st Canadian Division est elle hors service. De quasiment tous les combats depuis le 10 mai elle à besoin d’une sérieuse remise à niveau en attendant d’intégrer une Armée Canadienne en France distincte du BEF mais restant sous commandement britannique.

Même chose pour les 2nd et 3rd Canadian Division qui ont été très entamées par les combats à Rouen et au Havre. Les survivants sont évacués sur la Grande-Bretagne et pour eux la Campagne de France c’est fini.

Les deux divisions du 2nd British Corps (2nd & 3rd Infantry Division) avaient mises en réserve au sud de la Somme. Elles sont ultérieurement remontées en ligne, combattant jusqu’à La Seine, traversant le fleuve non sans mal pour rejoindre la zone de regroupement et ainsi se préparer à reprendre la lutte.

Le 3rd British Corps (3rd BC) à lui souffert des combats puisque la 50th Northumberland Division s’est littéralement désintégrée en combattant à Rouen et au Havre. La division est virtuellement dissoute et à cette époque se pose clairement la question de savoir si elle doit être reconstituée.

La 6th Infantry Division à combattu jusqu’au bout avant de franchir le fleuve dans la nuit du 26 au 27 septembre, quelques volontaires acceptant de se sacrifier pour donner le change aux allemands qui réagissent férocement mais trop tardivement pour empêcher le dit franchissement.

La 46th North Middland Division qui avait bénéficié d’une période de repos au sud de La Somme est à nouveau engagée mais parvient à combattre en ordre jusqu’à ce que les nécessités de l’évacuation impose une séparation des hommes.

Enfin le 1st British Armoured Corps (1st BAC) à subit des pertes sensibles notamment en ce qui concerne la 1st Armoured Division (UK) qui à laissé beaucoup de plumes, des grosses plumes puisqu’il s’il s’agissait essentiellement de chars Cromwell et Churchill difficilement évacuables.

Dans la mesure du possible les véhicules étaient soigneusement sabotés mais ce n’était pas toujours possible et si les films de propagande allemands ont montré un certain nombre de ces chars paradant en Allemagne, peu ont été revus par la suite avec la Balkenkreuz faute de pièces détachées.

Comme à chaque fois dans ces moments là, les hommes sont prioritaires sur les véhicules mais on verra tout de même quelques chars être évacués sur la rive sud de La Seine. La plupart nécessitant une sérieuse remise en état ils seront soit réformés pour être utilisés comme réservoir de pièces détachées ou seront utilisés pour l’entrainement, cédant la place à des véhicules neufs.

Au final seules trois divisions britanniques (44th «Home Counties» Division, 6th Infantry Division et 46th North Middland) seront considérées comme employables en cas de besoin. Elles sont d’ailleurs regroupées sous l’autorité d’un 1st British Corps (1st BC) (Provisionnal) (1ère Corps d’Armée Britannique Provisoire).

22-Armée de terre : armement et matériel (77) ordre de bataille (11)

1er Corps de Cavalerie

Ce corps d’armée est placé sous l’autorité directe du commandant du groupe d’armée n°1 qui peut soit l’utiliser comme outil de manoeuvre stratégique ou le détacher au profit de l’une des quatre armées.

-Outre l’état-major, elle dispose de moyens de combat et de soutien qui lui sont propres comme le 635ème régiment de pionniers (travaux d’infrastructures, garde du QG), du 35ème Groupement de Reconnaissance de Corps d’Armée (35ème GRCA) équipé de chars légers AMX-42 et d’automitrailleuses de découverte en attendant les automitrailleuses puissantes, du 329ème régiment d’artillerie tout-terrain tracté équipé de trois groupes de 105mm tractés  ainsi que diverses unités du génie et de soutien.

-La 1ère DLM reste organisée comme elle l’est depuis sa réorganisation sur le modèle de la 6ème DLM avec donc les unités suivantes :

-Un état-major de division

-Un régiment de découverte, le 6ème cuirassiers

-1ère brigade légère mécanique avec un régiment de chars, le 4ème cuirassiers et un régiment de dragons portés, le 15ème RDP associés au 1er groupe de canons d’assaut, le 1er escadron antichar porté, le 1er escadron antiaérien porté et le 1er groupe de reconnaissance.

-2ème brigade légère mécanique avec un régiment de chars, le 18ème dragons et un  régiment de dragons portés, le 4ème RDP associés au 2ème groupe de canons d’assaut, le     2ème escadron antichar porté, le 2ème escadron antiaérien porté et le 2ème groupe de     reconnaissance.

-Un régiment d’artillerie tractée, le 74ème Régiment d’Artillerie de Division Légère     Mécanique (74ème RADLM)

-11ème escadron de réparation divisionnaire rattaché au 4ème régiment de cuirassiers

-quatre compagnies du génie formant bataillon, le 1er bataillon du génie

-deux compagnies de transmission

-Deux compagnies du train (301ème compagnie automobile du QG et 401ème compagnie     automobile de transport)

-Un bataillon sanitaire divisionnaire

-Un groupe d’exploitation divisionnaire

-La 5ème DLM reste organisée comme elle l’est depuis sa réorganisation sur le modèle de la 6ème DLM avec donc les unités suivantes :

-Un état-major de division

-Un régiment de découverte, le 11ème régiment de cuirassiers

-9ème brigade légère mécanique avec un état-major de brigade, un régiment de chars _le     6ème régiment de dragons_ , un régiment de dragons portés _le 2ème régiment de dragons     portés_ , le 9ème groupe de canons d’assaut, le 9ème escadron antichar porté, le 9ème     escadron antiaérien porté et le 9ème groupe de reconnaissance équipé d’un peloton de     commandement et de trois pelotons de quatre FCM-44.

-10ème brigade légère mécanique avec un état-major de brigade, un régiment de chars_le     4ème régiment de hussards_, un régiment de dragons portés _le 8ème régiment de dragons     portés_,  le 10ème groupe de canons d’assaut, le 10ème escadron antichar porté, le 10ème     escadron antiaérien porté et le 10ème groupe de reconnaissance équipé d’un peloton de     commandement et de trois pelotons de quatre FCM-44.

-72ème régiment d’artillerie de division légère mécanique

-15ème escadron de réparation divisionnaire rattaché au 6ème régiment de dragons

-quatre compagnies du génie formant bataillon, le 5ème bataillon du génie

-deux compagnies de transmission (le détachement colombophile est supprimé

-Deux compagnies du train (compagnie automobile du QG et compagnie automobile de     transport)

-Un bataillon sanitaire divisionnaire

-Un groupe d’exploitation divisionnaire

2ème Corps de Cavalerie

Ce corps d’armée est placé sous l’autorité directe du commandant du groupe d’armée n°1 qui peut soit l’utiliser comme outil de manoeuvre stratégique ou le détacher au profit de l’une des quatre armées.

-Outre l’état-major, elle dispose de moyens de combat et de soutien qui lui sont propres comme le 636ème régiment de pionniers (travaux d’infrastructures, garde du QG), du 36ème Groupement de Reconnaissance de Corps d’Armée (36ème GRCA) équipé de chars légers AMX-42 et d’automitrailleuses de découverte en attendant les automitrailleuses puissantes, du 359ème régiment d’artillerie tout-terrain tracté équipé de trois groupes de 105mm tractés  ainsi que diverses unités du génie et de soutien.

-La 3ème DLM reste organisée comme elle l’est depuis sa réorganisation sur le modèle de la 6ème DLM avec donc les unités suivantes :

-Un état-major de divisionnaire

-Un régiment de découverte, le 1errégiment de hussards

Somua S-40

Somua S-40

-5ème brigade légère mécanique avec un état-major de brigade, le 1er régiment de chasseurs à cheval équipé de Somua S-40, le 5ème régiment de dragons portés, le 5ème groupe de canons d’assaut équipés de Somua Sau40, le 5ème escadron antichar porté, le 5ème escadron antiaérien porté et le 5ème groupe de reconnaissance équipés d’un peloton de commandement et de trois pelotons de quatre FCM-44.
-6ème brigade légère mécanique avec un état-major de brigade, le 8ème régiment de chasseurs à cheval, le 19ème régiment de dragons portés (qui reprend les traditions du 19ème régiment de dragons),  le 6ème groupe de canons d’assaut, le 6ème escadron antichar, le 6ème escadron antiaérien porté  et le 6ème groupe de reconnaissance.

105C modèle 1935B

105C modèle 1935B

-Le 75ème régiment d’artillerie de division légère mécanique dispose de canons de 75mm TAZ modèle 1939 et d’obusiers de 105C modèle 1935B

-13ème escadron de réparation divisionnaire rattaché au 19ème régiment de dragons

-quatre compagnies du génie formant bataillon, le 3ème bataillon du génie

-deux compagnies de transmission (le détachement colombophile est supprimé

-Deux compagnies du train (compagnie automobile du QG et compagnie automobile de transport)

-Un bataillon sanitaire divisionnaire

-Ungrouped’exploitationdivisionnaire

-La 7ème Division Légère Mécanique à été créé en septembre 1947 directement sur le modèle de la 6ème DLM avec deux brigades légères mécaniques. Elle dispose des unités suivantes :

-Un état-major de division

-Un régiment de découverte, le 1er régiment de cuirassiers

-La 13ème brigade légère mécanique avec un état-major, un régiment de chars, le 3ème régiment de hussards; un régiment de dragons portés, le 11ème régiment de dragons portés, le 13ème groupe de canons d’assaut, le 13ème escadron antichar porté, le 13ème escadron antiaérien porté et le 13ème groupe de reconnaissance équipé de FCM-44.

-La 14ème brigade légère mécanique avec un état-major, un régiment de chars le 5ème régiment de dragons, un régiment de dragons portés le 12ème régiment de dragons portés, le 14ème groupe de canons d’assaut, le 14ème escadron antichar porté, le 14ème escadron antiaérien porté et le 14ème groupe de reconnaissance équipé de FCM-44.

-Le 76ème régiment d’artillerie de DLM créé à partir d’éléments fournis par le 73ème et le 75ème RADLM (sur le plan humain notamment)

-7ème bataillon du génie

-13ème compagnie télégraphique

-14ème compagnie radio

-307ème  compagnie automobile de quartier général

-407ème compagnie automobile de transport

-43ème bataillon sanitaire divisionnaire

-un groupe d’exploitation divisionnaire

Ces deux corps de cavalerie pourraient en cas d’offensive former une Armée Blindée en compagnie du 1er CAC, une armée à trois corps d’armée soit un total de sept divisions blindées mécanisées.

22-Armée de terre : armement et matériel (51)

Véhicules hippomobiles et véhicules de gendarmerie

Véhicules hippomobiles

En septembre 1939, l’armée française est comme toutes les armées européennes (sauf peut être l’armée britannique) largement hippomobile pour les raisons que nous avons déjà vu.

La motorisation entamée au début des années trente voit la naissance d’une armée à deux vitesses ce qui peut poser des problèmes notamment pour le remorquage à grande vitesse des pièces d’artillerie sur route.

D’où la mise au point de trains rouleurs pour matériels hippomobiles de différents modèles fournis par Citroen-Kergresse et FAL, une solution transitoire, l’armée de terre préférant rapidement mettre les canons sur pneus ce qui donna un coup de jeune au vénérable canon de 75mm modèle 1897.

Dans cette catégorie, on trouve également des voiturettes, des avant-trains,voitures,fourgons et chariots :

-Avant-train de canon de 25 AC modèle 1936 et 1937

-Voiturette d’infanterie hippo/auto modèle 1937

-Voiture légère, voiturette et avant-train de cavalerie modèle 1911 M.38 et modèle 1937

-Voiture à munitions modèle 1921 et modèle 1909 M.27

-Voiture légère d’outils modèle 1909

-Voiture à vivres et à bagages

-Voiture forge d’infanterie modèle 1909

-Forge roulante pour artillerie

-Fourgon forge de cavalerie

-Fourgon omnibus modèle 1887 modifié

-Chariot omnibus modèle 1933

Les véhicules de la gendarmerie

Dans cette catégorie, nous allons aborder les véhicules spécifiques de la gendarmerie sachant que cette arme dispose de véhicules déjà mentionés comme des motos et des véhicules de liaison.

Les principaux utilisateurs d’un véhicule spécifique sont les gendarmes appartenant à la GRM ou Garde Républicaine Mobile (GRM), des véhicules pouvant transporter un peloton entier (soit un officier et 30 hommes) dans de bonnes conditions de confort sachant que les hommes doivent pouvoir y rester pendant des heures.

Au Renault ADR bâché succède le fourgon AGR nettement mieux conçu. Ce véhicule de 3.5 tonnes est complété après la mobilisation par des Renault AGC de 2 tonnes.

A la mobilisation de septembre 1939, la gendarmerie met en place dans chaque armée des détâchements de prévôté chargé de la sécurité à l’arrière et de la gestion des prisonniers qui seront transportés dans des autocars adaptés mais qui on comprend pourquoi, n’auront pas le temps de servir. Elle va également mettre sur pied comme on l’à vu un bataillon de chars de combat, le 45ème BCC.

La guerre de Pologne terminée, la gendarmerie va continuer sa modernisation, recevant notamment des Gendron-Somua AM 39 pour assurer le maintien de l’ordre dans l’Empire.

Les véhicules spéciaux

Par véhicules spéciaux, il faut entendre des véhicules de soutien qui se rapprochent le plus possible des véhicules de combat. Il s’agit par exemples des véhicules légers ou moyens à roues servant de tracteur d’artillerie ou des chenilettes de ravitaillement pouvant tracter ou porter une arme à la manière de l’Universal Carrier britannique.

Ce sont des véhicules impossibles à trouver par réquisition qui impose des fabrications régulières et ce dès le temps de paix avec naturellement une accélération des productions à la mobilisation.

La motorisation commence avant même le premier conflit mondial mais il faut attendre les années vingt pour qu’une politique cohérente soit lancée avec la création en 1927 d’une inspection générale de la motorisation. En 1931, on fait la distinction entre la motorisation (utilisation de véhicules de transport pour déplacer des combattants) et la mécanisation (combattre en véhicules).

En décembre 1930, un programme d’équipement est lancé, programme définissant dix types de véhicules de soutien :

-Type N : ravitaillement de l’infanterie

-Type R : ravitaillement de l’infanterie, type neige

-Type O : transport de pièce antichar

-Type P : automoteur antichar

-Type T : transmissions (non blindé)

-Type K : transport de combattants

-Type Q : commandement et liaison, type neige

-Type M : commandement et liaison

-Type L : reconnaissance

-Type S : défense antiaérienne des colonnes

Mis à part le type N, ce programme n’aura guère de réalisation concrète. L’idée d’un système complet est abandonné au profit de programmes particuliers et limités.

La priorité ayant été donnée aux véhicules de combat, il faut attendre la guerre de Pologne pour que des réalisations concrètes commencent à apparaître massivement, permettant une meilleure motorisation de l’armée.

Dans cette catégorie, nous trouvons les véhicules légers, les chenillettes de ravitaillement et les tracteurs d’artillerie.

Voitures de liaison

Dès l’apparition de ce concept après le premier conflit mondial, une qualité s’impose : la vitesse, la voiture de liaison doit pouvoir remonter un convoi et donc être plus rapide que les véhicules qu’elle cotoie.

Les unités rapides optent donc d’abord pour des VLTT (Voitures de liaison tout terrain) à roues alors ques les unités lentes comme les régiments de chars préfèrent choisir des semi-chenillés. Ce dernier concept combinant davantage les défauts que les qualités, il est peu à peu abandonné au profit de véhicules entièrement à roues.

On définit alors deux catégories de VLTT. La première dite «VLTT 4/5 places» regroupe des véhicules de 4 ou 5 places, une puissance moteur de 45 ou 50ch, 4 roues motrices (4×4 ou 6×4), une vitesse maximale de 85 km/h, son rôle étant principalement les liaisons d’état-major.

La seconde dite «VLTT 6 places» regroupe des véhicules de six places, une puissance moteur de 50 ou 55ch, 4 ou 6 roues motrices et une vitesse maximale de 75 km/h.

Pour la première catégorie, le premier constructeur à proposé quelque chose est Berliet mais sa VURL est jugée fort médiocre. Elle est rapidement supplantée par la Licorne V15R. Cette voiture est en fait la Laffly V15R produit par un  consortium regroupant Licorne, Laffly et Hotchkiss.

Entre-temps, le Latil M7T1 s’étant révélé remarquable dans ses essais, il est prévu que dans la catégorie VLTT 4/5 places, elle succède au V15R mais seulement après que les besoins en tracteurs très légers d’artillerie ne soient couverts.

La firme de Levallois propose pour la deuxième catégorie, son W15R, un véhicule à six roues qui va cohabiter avec le S15R, un véhicule à six roues, version liaison, reconnaissance et transport de troupes du tracteur d’artillerie léger S15T produit pour le remorquage des canons de 75mm qu’il s’agisse du modèle 1897 sur pneumatique ou du TAZ modèle 1939.

On trouve également la voiture de liaison tout terrain six places Lorraine 72 qui ne fût finalement utilisé que par l’armée de l’air.

On étudiera également un concept de VLTT ultra-légère (une tonne) mais les différents véhicules testés ou envisagés resteront à l’état de projet ou de prototype, l’armée de terre comme l’armée de l’air voulant réduire le nombre de modèles en service.

Caractéristiques techniques des différents VLTT

-Licorne V15R

Poids : 2600kg Longueur 4.210m largeur 1.85m Hauteur 1.85m Vitesse maximale 79 km/h Moteur Hotchkiss 4 cylindres de 55ch à 3200 tours/minute

-Lorraine 72

Poids 2700kg (1200kg de charge utile) Dimensions : inconnues Puissance moteur : 30ch Vitesse maximale 59 km/h

Laffly S15R

Laffly S15R

-Laffly S15 R

Poids : 2850kg (charge utile 850kg) Longueur 4.64m largeur 1.85m hauteur 2.15m Motorisation : moteur essence 4 cylindres de 55ch Vitesse maximale 72 km/h

Véhicules de commandement et de transmission

Plus que jamais, la guerre moderne nécessite des transmissions fiables et solides. Dans ce domaine la France n’était pas la moins bien lotie même pour des raisons de «sécurité», elle préférait le téléphone à la radio.

Le téléphone qui nécessite des infrastructures importantes et donc vulnérables est parfaitement adaptée à la forme de guerre défensive imaginée par les généraux français depuis 1919.

Le retour d’une posture nettement plus offensive marque le retour en grâce de la radio qui n’avait jamais été abandonné mais dont le rôle avait été minoré.

Dans le domaine des véhicules de commandement, on trouve plusieurs véhicules à roues ou chenillés, généralement issus d’un véhicule de combat.

Citons une version PC du Lorraine 28, la Voiture de Dragons Portés utilisé par le 4ème RDP (1ère DLM) ainsi que le 5ème et le 17ème BCP intégrés respectivement à la 1ère et à la 2ème Division Cuirassée.

On trouve également une version de commandement de son successeur, le Laffly S20 TL ou encore une version de commandement des différents modèles de VBCP (Lorraine 38L, Lorraine 39L et Renault 40R).

On trouve également des véhicules radios blindés comme une version de l’AMD Panhard 178

22-Armée de terre : armement et matériel (46)

Les Voitures de Dragons Portés (VDP)

De «l’infanterie» pour la cavalerie

Le premier conflit mondial nous l’avons vu à maintes reprises dans cette étude marque la fin de la cavalerie comme arme essentiellement montée. Le temps des charges sabre au clair est révolu, la boue des tranchées, les trous d’obus, les barbelés et les mitrailleuses rendant impossible les missions traditionnelles de la cavalerie : l’éclairage, la surêté et l’exploitation.

Elle aurait pu mourir de sa vieille gloire, laissant à la biffe le soin de combattre mais la cavalerie tel un phenix allait renaitre sous la forme d’une arme mécanique même si comme nous l’avons vu, le cheval n’avait pas pour autant disparu de l’armée française.

La gestation à pourtant été laborieuse notamment sur le type de véhicule de combat le mieux adapté aux missions de la cavalerie qui doit combattre sur la route et en terrain bouleversé.

La roue et la chenille avaient comme on dit les défauts de leurs qualités ce qui poussa la cavalerie à expérimenté le concept du semi-chenillé qui associait davantage les défauts que les qualités des deux modes de propulsion.

La fin des années vingt et le début des années trente voit la cavalerie bien décidée à ne pas choisir car estimant qu’en fonction des missions, il faut mieux privilégier la roue ou la chenille.

Si la reconnaissance et le combat virent la chenille dominer, la roue avait été privilégiée pour la découverte qui nécessitait d’aller vite sur route.

Combattre c’est bien mais aussi puissants soit-ils les véhicules de combat ont besoin d’être couverts par des soldats à pied pour les protéger de l’infanterie adverse, soldats à pied nécessaires aussi pour occuper le terrain coquin.

La cavalerie y à réfléchit dès 1913 avec la création au sein des unités de cavalerie, d’unités de chasseurs cyclistes, des fantassins qui sur des pliantes Gérard doivent pouvoir suivre les cavaliers montés.

Cette période héroïque est suivit après guerre par une véritable motorisation quand les groupes de chasseurs cyclistes deviennent des unités de dragons portés. Le choix du terme dragon est tout sauf un hasard : jadis, le dragon était un cavalier se déplaçant à cheval mais pouvant combattre à pied….. .

Qui dit portés dit véhicules et apparaît à cet instant, la VDP ou Voiture de Dragons Portés (VDP) destinée à permettre aux dragons de suivre les AutoMitrailleuses de Combat (AMC).

On fonde un temps de grands espoirs sur le semi-chenillé, la chenille souple Kergresse laissant entrevoir de prometteuse possibilités qui se fracasseront sur les limites techniques du temps.

Alors que l’on pourrait s’attendre à ce que la chenille ne s’impose, c’est au contraire la roue qui va dominer dans cette catégorie, des véhicules routiers ou tout-terrain.

On aurait pu s’attendre également à ce que ces VDP soient protégés par un blindage. La cavalerie y renonce non pour des questions de poids mais tout simplement parce que la priorité est la vitesse et la capacité de transport.

Si la firme Lorraine allait placer son modèle 28, c’est la firme d’Asnières sur Seine, Laffly qui allait se tailler la part du lion dans ce domaine à tel point que la Voiture de Dragon Portés devint une Laffly dans le langage courant.

Lorraine 28

VDP Lorraine 28, un véhicule à la carrière éphémère

VDP Lorraine 28, un véhicule à la carrière éphémère

En 1931, la firme tchèque Tatra met au point un chassis d’un nouveau type à six roues dont quatre motrices utilisés sur deux véhicules tout terrains que la firme de Koprivnice propose à l’armée française qui est encore auréolée de son prestige du premier conflit mondial.

En dépit des qualités de ces véhicules, il est hors de question de commander à l’étranger au risque de perdre de rares et de précieuses devises.

Néanmoins, cette technologie est trop précieuse et trop intéressante pour être rejetée et le ministère de la Guerre encourage discrètement les constructeurs automobiles français à acquérir la licence Tatra pour satisfaire à nos besoins.

En 1933, la Société des moteurs et automobiles Lorraine établie à Argenteuil et à Luneville achète la licence Tatra pour développer un véhicule tout terrain de conception moderne qui est présentée aux services officiels en octobre 1934.

Le véhicule bénéficie d’une adoption de principe en 1935 mais les essais se poursuivent tout au long de l’année 1936 avant que les commandes en série ne soient réalisées en 1937.

Un premier marché de 220 exemplaires est passé dont 212 VDP suivit d’un second pour 120 voitures de dragons portés sur un total de 404 véhicules de ce type commandé.

Ce véhicules «six roues dont quatre motrices» va équiper un seul régiment de dragons portés, le 4ème RDP, le régiment de dragons portés de la 1ère DLM. A ce régiment s’ajoute également deux bataillons de chasseurs portés, les 5ème et 17ème BCP, une mesure transitoire en attendant la disponibilité des VBCP.

Ce n’est qu’en 1939 que toutes les unités sont équipées, le 4ème RDP disposant lui aussi de neuf escadrons équipés sur quinze soit un total de 180 véhicules plus le volant.

La carrière du Lorraine 28 n’ira pas plus loin car dès octobre 1937, le Laffly S20 TL s’est révélé nettement supérieur. Le 4ème RDP va rester l’unique régiment équipé de ce véhicule, recevant des Laffly au printemps 1941. Quand au 5ème et 17ème BCP, ils étaient déjà largement équipés de VBCP Lorraine 38L et ne conservaient qu’une poignée de Lorraine 28.

Caractéristiques Techniques de la VDP Lorraine 28

Poids en ordre de marche : 3780kg

Dimensions : longueur 4.84m largeur hors tout 2.08m hauteur : nc

Motorisation : Lorraine 4 cylindres développant 55ch à 2000 tours/minute

Performances : vitesse maximale 60 km/h Autonomie : 300km environ

Personnel transporté : dix hommes dont le conducteur

Laffly S20 TL

Laffly S20 TL

Laffly S20 TL

Ce véhicule tout terrain 6X6 est contemporain du Lorraine 28. Version agrandie du S15 plus petit, ce véhicule va devenir la Voiture de Dragons Portés (VDP) standard, équipant tous les régiments de dragons portés.

Chaque RDP dispose de six escadrons de fusiliers voltigeurs répartis entre les trois bataillons avec douze voitures de dragons portés par escadron soit un total de soixante-douze voitures par régiment.

La cavalerie puis l’arme blindée-cavalerie disposant d’un total de seize régiments de dragons portés, 1152 Laffly S20 TL sont en ligne plus un nombre équivalent de véhicules stockés pour rééquiper rapidement les régiments après engagement.

A ces VDP en service au sein des dragons portés, les régiments de dragons portés disposent également de Laffly S20TL au sein de l’Escadron de Mitrailleuses et d’Engins (EME) de chaque bataillon, chaque EME disposant de dix-huit VDP dont un véhicule citerne, portant le total à 80 véhicules par régiment.

La décision de motoriser complètement les unités de l’infanterie des DIM entraine la mise au point d’une version agrandie du S20 TL. Baptisée S20 TL-12, cette version embarque un chauffeur attaché au véhicule et les onze hommes du groupe de combat.

Caractéristiques Techniques du Laffly S20 TL

Poids en ordre de combat : 3.9 tonnes (charge utile : 1.75 tonnes)

Dimensions : longueur 5.35m largeur 2.00m hauteur 1.67m (2.45m couvert)

Motorisation : moteur Laffly 6 cylindres développant 68ch à 3200 tours/minute

Performances : vitesse maximale 65 km/h autonomie 138km

Equipage : dix hommes

Les Voitures Blindées de Chasseurs Portés (VBCP)

Préambule

Nous l’avons vu plus haut, au début des années trente, la France à lancé un programme de véhicules de transport de combattant, le type K, projet qui n’allait pas aboutir mis à part quelques véhicules spécifiques destinés aux colonies.

Alors que la cavalerie développe son concept de VDP ou voiture de dragons portés, l’infanterie va mettre au point un concept différent baptisé VBCP ou Voiture Blindée de Chasseurs Portés.

Alors que les dragons portés doivent occuper le terrain sans forcément suivre, coller aux AutoMitrailleuses de Combat (AMC), les chasseurs portés doivent coller au terrain, suivre au plus près les chars de combat pour les protéger de l’infanterie ennemie et de ses armes antichars.

En 1937, les 5ème et 17ème bataillons de chasseurs à pied sont recréés sous la forme de chasseurs portés, destinés aux deux premières divisions à base de chars, les futures divisions cuirassées.

Ces deux bataillons reçoivent comme véhicules des 6×4 Lorraine 28, des véhicules totalement inadaptés à leur mission mais seuls disponibles à l’époque.

Cela à moins le mérite de favoriser la phosphorescence des idées. Le temps pressant alors que la guerre menace chaque jour un peu plus, on part d’un tracteur de ravitaillement, le tracteur de ravitaillement de chars TRC modèle 1937 de la firme Lorraine pour aboutir à la VBCP 38L, un véhicule à deux parties, un tracteur et une remorque, quatre combattants prenant place dans la partie avant et six dans la partie arrière.

Ce véhicule va équiper les 5ème et 17ème BCP mais rapidement, il se révèle peu efficient. La guerre s’étant achevée rapidement, on peut reprendre plus sereinement les études.

La firme Lorraine reprend son Lorraine 38L pour aboutir au 39L, un véhicule plus gros pouvant transporter le groupe de combat dans un seul véhicule, une solution nettement préférable au concept présenté plus haut.

Les besoins énormes en terme de véhicules pousse l’état-major à favorisé l’émergence d’un autre VBCP pour éviter un trop grand retard dans les livraisons.

La firme Renault s’étant illustrée dans la fabrication des chenillettes UE, UE 2 et DAE, elle va mettre au point sa propre VBCP, un véhicule dérivé de la chenillette DAE mais nettement plus aboutie que le Lorraine 39L avec une tourelle armée d’une mitrailleuse, faisant du Renault VBCP 40R, le premier véritable véhicule de combat d’infanterie.

Ces deux véhicules vont équiper à part égales les quatre puis six divisions cuirassées sous la forme de VBCP mais également sous la forme d’automoteurs antiaériens et antichars comme nous l’avons vu plus haut.

Lorraine 38L

VBCP Lorraine 38L

VBCP Lorraine 38L

Le 17 avril 1936, le programme de tracteur de ravitaillement pour les chars de combat est lancé par l’état-major. Ce programme ne passionne pas les constructeurs puisque seule la firme Lorraine présente un projet en l’occurence une version allongée de sa chenillette d’infanterie.

Cette dernière avait été commandée à cent exemplaires mais avant même qu’un exemplaire du Lorraine modèle 1937L ne sorte, cette commande est transférée sur le nouveau modèle dont la désignation officielle est TRC (Tracteur de Ravitaillement de Chars) modèle 1937L (Lorraine).

Ce véhicule de ravitaillement produit à plus de six cent exemplaires pour équiper les BCC indépendants et les BCC des Divisions Cuirassées va servir de base de départ à une Voiture Blindée de Chasseurs Portés.

Dans l’urgence du moment, la VBCP combine un TRC modèle 1937L avec une remorque adaptée au transport de troupes.

Ce véhicule baptisé VBCP Lorraine 38L transporte ainsi deux membres d’équipage à l’avant _un mécanicien-pilote et un mitrailleur_ et dix hommes, quatre dans le tracteur et six dans une remorque. La commande est passée sans que le moindre essai soit réalisé ce qui traduit l’urgence du moment

Ce véhicule va néanmoins équiper les uniques 5ème et 17ème bataillons de chasseurs portés, les premiers essais du véhicule montrant que transporter le groupe de combat dans deux parties gênait sa cohésion tactique.

Chacun de ces deux BCP disposait de trois compagnies de fusiliers disposant chacun de vingt-trois VBCP 38L en version rang ou commandement soit soixante-neuf véhicules. A cela s’ajoute la CME (Compagnie de Mitrailleuses et d’Engins) qui dispose de huit VBCP 38L soit un total pour le bataillon de soixante-douze véhicules.

Cent quarante quatre véhicules étaient donc en ligne, le reliquat de la commande soit 96 véhicules étant transférée sur le modèle 39L.

Les 5ème et 17ème BCP vont utiliser le modèle 38L jusqu’au printemps 1943 quand des Lorraine 39L pour le premier et des Renault 40R pour le second remplaceront ses véhicules qui n’ont pas démérités mais qui n’étaient pas adaptés à la mission.

Caractéristiques Techniques du Lorraine 38L

Poids en ordre de combat : 7700kg

Dimensions : longueur 4.53m largeur 2.06m hauteur 1.74m

Motorisation : moteur Delahaye 6 cylindres de 70cv (réservoir de 120l de carburant)

Performances : vitesse maximale sur route 35 km/h Autonomie 140km

Armement : une mitrailleuse de 7.5mm MAC 34

Equipage : deux hommes plus un groupe de combat de dix hommes (quatre à l’avant et six dans la remorque)

Lorraine 39L

VBCP Lorraine modèle 1939

VBCP Lorraine modèle 1939

La configuration du Lorraine 38L à rapidement montré ses limites, le groupe de combat étant séparé entre le tracteur et la remorque.

Cette situation était provisoire car il était prévu qu’à partir du 214ème exemplaire qu’un nouvel modèle prenne le relais. En réalité, très rapidement, le Lorraine 39L va prendre le relais. C’est ainsi qu’après seulement 144 exemplaires, le modèle 38L étant remplacé par le 39L.

Par rapport à son devancier, le Lorraine 39L n’était guère différent avec néanmoins un moteur plus puissant et un écartement entre bogies plus important.

A l’origine, il était prévu un véhicule embarque dix membres d’équipage dont huit pour le groupe de combat mais au final, pour ne pas modifier la structure du groupe de combat, le véhicule pu embarquer dix hommes pour son groupe de combat plus un conducteur et un mitrailleur qui n’appartiennent pas en propre au groupe de combat.

Le Lorraine 39L va équiper dans sa version VBCP un total de six bataillons de chasseurs portés, les BCP des 1ère, 3ème et 5ème DC soit les 3ème, 5ème, 7ème, 9ème, 13ème et 15ème BCP.

Chaque bataillon de chasseurs portés disposant à l’origine de soixante-douze véhicules, ce sont donc un total de 432 VBCP.

Ultérieurement, une quatrième compagnie est ajoutée à chaque bataillon pour permettre à chaque BCC de disposer si besoin de deux compagnies. Cela porte le total des VBCP à quatre-vingt cinq véhicules soit un total de 510 véhicules en ligne.

Même après l’équipement des six bataillons, la production se poursuit pour constituer une réserve de véhicules dont on craint des pertes importantes. C’est ainsi quand éclate le second conflit mondial, le parc de réserve est proche des 100% avec 450 véhicules stockés soit une production de 960 auxquels s’ajoutent les Lorraine 39L servant d’automoteurs antichars et antiaériens.

Caractéristiques Techniques du Lorraine 39L TCC

Poids en ordre de combat : 5980kg

Dimensions : longueur 4.50m largeur 2.03m hauteur 1.74m

Motorisation : Delahaye 6 cylindres délivrant 95ch à 2800 tours/minute

Performances : vitesse maximale 40 km/h vitesse en tout terrain 20 km/h Autonomie 160km

Blindage : 15mm maximum

Armement : une mitrailleuse de 7.5mm MAC-34 avec 2500 cartouches

Equipage : deux hommes plus un groupe de combat de dix hommes : 1 sergent chef de groupe,1 adjoint au chef de groupe/tireur d’élite, 1 grenadier VB et deux escouades composées chacune d’un caporal, un tireur FM et deux grenadiers-voltigeurs.

Renault DAJ-1

Cette Voiture Blindée de Chasseurs Portés (VBCP) est inspirée de la nouvelle chenillette de ravitaillement Renault DAE. Le projet est lancé au printemps 1940 sur une demande de l’état-major qui craignait que la firme Lorraine ne puisse produire suffisamment rapidement de Lorraine 39L.

Renault accepta de proposer un nouveau projet de VBCP en raison de la réduction de fabrication des chenillettes Renault UE 2 dont les besoins étant presque couverts et moins prioritaires que les VBCP.

Un premier prototype est présenté en avril 1940 mais il est refusé car ne pouvant embarquer que huit hommes. Rapidement modifié, il peut embarquer un conducteur et un groupe de combat de dix hommes soit un total de onze hommes.

La production commence début septembre 1940, permettant d’équiper le 6ème BCP de la 2ème Division Cuirassée puis les 11ème et 12ème BCP de la 4ème Division Cuirassée avant de rééquiper le 17ème BCP.

Ultérieurement, les quatre bataillons de chasseurs portés reçoivent une quatrième compagnie avant que deux nouveaux bataillons soient mis sur pied au sein de la 6ème DC en l’occurence les 14ème et 18ème BCP.

Au total, six bataillons de chasseurs portés furent équipés de quatre-vingt cinq Renault VBCP-40R soit un total de 510 véhicules en ligne.

Même après l’équipement des six bataillons, la production se poursuit pour constituer une réserve de véhicules dont on craint des pertes importantes. C’est ainsi quand éclate le second conflit mondial, le parc de réserve est proche des 100% avec 450 véhicules stockés soit une production de 960 auxquels s’ajoutent les Renault DAJ-1 servant d’automoteurs antichars et antiaériens.

21-Armée de terre (45)

Les dragons portés

Genèse

Le 1er mai 1929, le 1er régiment de dragons est à nouveau dissous. Alors qu’il avait existé sans discontinué de la monarchie de Juillet à la Grande Guerre, il avait été dissous une première fois en 1919 puis recréé en 1924 comme une unité montée avant donc de connaître une nouvelle dissolution.

Une mort pour une naissance puisqu’au même moment voit le jour le 1er bataillon de dragons portés formés lui par des éléments du 1er groupe de chasseurs cyclistes (ex-5ème groupe cycliste).

Les chasseurs cyclistes passent donc de l’infanterie à la cavalerie puisque les fiers soldats sur les pliantes Gerard sont à l’origine des chasseurs à pied, dix groupes de chasseurs cyclistes étant créés durant le premier conflit mondial.

Pour conserver le souvenir des régiments les plus illustres de l’armée, les régiments existant deviennent les gardiens de la mémoire des régiments dissous. C’est ainsi que le 1er BDP devient le corps de tradition du 1er régiment de dragons mais également du 5ème groupe cycliste qui s’illustra en Champagne en 1918.

En dépit du changement d’appelation, ce n’est qu’en 1930 que le matériel suit le changement d’appelation, les pliantes Gérard cédant la place à des semi-chenillés Citroen P17, véhicules réservés aux unités de mitrailleurs avant que suffisamment de véhicules ne permettent d’équiper tout le bataillon.

Ce bataillon est organisé à l’origine en deux escadrons portés sur autochenilles et un escadron à motocyclettes.

D’autres bataillons vont ensuite voir le jour, toujours intégrés aux divisions de cavalerie dans les fameuses unités «pétrole-picotin», le 1er BdP dépend ainsi de la 5ème DC, le 2ème BDP de Paris dépend de la 3ème DC de Paris, le 3ème BDP de Luneville dépend de la 2ème DC, le 4ème BDP de Verdun dépend de la 4ème DC et le 5ème BDP de Lyon dépend de la 1ère DC.

Situation en septembre 1939 et évolution ultérieure

Lorsque la France mobilise en août/septembre 1939, l’arme des dragons portés représente deux régiments et trois bataillons.

En effet, les 1er et 4ème BDP sont devenus des régiments lorsque les divisions de cavalerie auxquelles ils appartenaient sont devenus des Divisions Légères Mécaniques, la 4ème Division de Cavalerie dont dépend le 4ème RDP est ainsi devenue la 1ère DLM, la 5ème Division de Cavalerie dont dépend le 1er RDP ayant muté en une 2ème DLM.

Les trois autres bataillons de dragons portés restent intégrés aux divisions de cavalerie, des unités mixtes motorisés/montées, une situation toute provisoire puisque ces trois Divisions doivent devenir des DLM et entrainer la transformation des bataillons en régiments, mesure qui interviendra officiellement en mars 1940.

Le nombre de régiments de dragons portés ne va cesser d’augmenter, passant à seize régiments, deux régiments par DLM. En effet, les régiments de dragons portés vont passer d’un à deux par division pour rendre autonome chaque brigade légère mécanique des nouvelles DLM.

-La 1ère DLM aligne ainsi le 4ème et le 15ème RDP

-La 2ème DLM aligne ainsi le 1er RDP et le 6ème RDP

-La 3ème DLM aligne ainsi les 5ème et 19ème RDP

-La 4ème DLM aligne ainsi les 3ème et 7ème RDP

-La 5ème DLM aligne ainsi les 2ème et 8ème RDP

-La 6ème DLM _la première DLM créé ex-nihilo selon la nouvelle organisation_ dispose des 9ème et 10ème RDP

-La 7ème DLM aligne le 11ème et le 12ème régiment de dragons portés

-La 8ème DLM aligne les 13ème et 14ème régiments de dragons portés

Organisation d’un régiment de dragons portés

Au combat,les dragons portés doivent coller aux chars, les protéger de l’infanterie adverse et de ses armes antichars, de nettoyer et d’occuper le terrain. Il est organisé de la façon suivante :

-Un état-major et un peloton de commandement

-Un escadron hors-rang avec le 1er peloton chargé du commandement et des services, le 2ème peloton chargé de l’approvisionnement et des services du corps, un 3ème peloton qui est le peloton sanitaire, un 4ème peloton chargé des réparations et un 5ème peloton (pionniers et matériel de franchissement).
L’EHR dispose de 12 officiers, de 29 sous-officiers, 228 hommes, 24 motos solos, 2 motos side-cars, dix-huit véhicules légers, une AMD puis AMP TSF, 42 camions, 2 tracteurs de dépannage, une remorque porte-char et deux cuisines remorques.

-Trois bataillons avec un état-major et un peloton de commandement, un escadron d’AMR, un escadron de fusiliers motocyclistes, deux escadrons de fusiliers voltigeurs portés et un escadron de mitrailleuses et d’engins (EME)

Avant septembre 1939, chaque RDP ne disposait que de deux bataillons, le troisième devant s’ajouter à la mobilisation. Suite à la démobilisation de septembre 1940, il est décidé de pérenniser ce troisième bataillon.

L’escadron d’AMR dispose d’un  peloton de commandement avec une AMR de commandement et quatre pelotons de cinq AMR soit un total de 115 hommes et 55 véhicules dont 21 AMR.

L’escadron de fusiliers motocyclistes à la composition identique à celui du régiment de découverte

Les deux escadrons de fusiliers voltigeurs portés disposant d’un peloton de commandement (avec un mortier de 60mm), trois pelotons de combat avec un VDP (Voiture de Dragons Portés) de commandement et trois VDP emportant chacune un groupe de combat (dix hommes et deux fusils-mitrailleurs), un peloton de mitrailleuses (deux groupes de deux mitrailleuses et une mitrailleuse contre-avions).

L’escadron de fusiliers voltigeurs portés dispose au final de 198 hommes et 39 véhicules dont 20 VDP.

-Un escadron de mitrailleuses et d’engins (EME) avec un peloton de commandement, deux pelotons de mitrailleuses (identique à celui de l’escadron de fusiliers voltigeurs portés), un peloton de mortiers à deux groupes de deux pièces (81 puis 120mm), deux groupes de deux canons de 25mm puis de 47mm soit un total de 181 hommes et de 49 véhicules dont dix-huit VDP.

Le bataillon de dragons portés dispose de 917 hommes et de 279 véhicules dont 21 AMR et 67 voitures tout-terrain.

Au total le régiment de dragons portés aligne 3088 hommes et 957 véhicules (mobilisation).

La réorganisation n’entraine pas un grand changement dans l’organisation mais l’équipement évolue. Les AMR sont remplacés par des chars légers FCM-42 ou des AMX-42 bien plus puissants (canon de 47mm et une mitrailleuse de 7.5mm) et les VDP Lorraine 28 ont été depuis longtemps remplacés par des véhicules Laffly S20TL .

21-Armée de terre (23)

La situation générale en septembre 1939

Quand éclate la guerre de Pologne, la cavalerie dispose d’unités entièrement mécaniques (les DLM), d’unités «pétrole-picotin» (les Divisions de Cavalerie) et d’unités montées dans l’Empire mais également en métropole, à la différence que désormais les cavaliers combattent démontés, n’utilisant leur noble destrier que pour se déplacer notamment dans des endroits difficiles d’accès pour les engins motorisés.

Métropole

-Trois Divisions de Cavalerie modèle 1932  

La 1ère division de cavalerie stationnée à Orléans dispose d’une 1ère brigade de cavalerie avec le 1er régiment de hussards et le 8ème régiment de chasseurs, d’une 2ème brigade de cavalerie avec le 1er régiment de chasseurs et le 19ème régiment de dragons, du 1er groupe d’automitrailleuses, du 5ème bataillon de dragons portés et du 75ème régiment d’artillerie tractée tout terrain.

La 2ème division de cavalerie stationnée à Luneville dispose d’une 3ème brigade de cavalerie (18ème régiment de chasseurs et 5ème régiment de cuirassiers), d’une 4ème brigade de cavalerie (8ème et 31ème régiments de dragons), du 2ème groupe d’automitrailleuses, du 3ème bataillon de dragons portés et du 73ème régiment d’artillerie tractée tout terrain.

La 3ème division de cavalerie stationnée à Paris dispose d’une 5ème brigade de cavalerie (4ème régiment de hussards et 6ème régiment de dragons), d’une 6ème brigade de cavalerie (11ème régiment de cuirassiers et 12ème régiment de chasseurs), du 3ème groupe d’automitrailleuses, du 2ème bataillon de dragons portés et du 72ème régiment d’artillerie tractée tout-terrain.

Ces trois divisions de cavalerie vont être transformées en Divisions Légères Mécaniques, la 1ère DC devenant la 3ème DLM en février 1940, la 2ème DC devient la 4ème DLM en septembre 1940 et enfin la 3ème DC devient la 5ème DLM en juin 1941.

-Trois groupements de cavalerie

Ces groupements de cavalerie sont des organisations temporaires, ces régiments devant disparaître à la mobilisation après la mise sur pied des GRDI et des GRCA.

A l’issue de la démobilisation, les GRCA sont dissous (les Corps d’Armées n’existant plus en temps de paix) mais vingt-huit GRDI sont maintenus en métropole et d’autres en AFN et au Levant, tous étant motorisés.

-Le 1er groupement de cavalerie (Metz) regroupe le 3ème régiment de hussards, le 9ème régiment de dragons et le 11ème régiment de chasseurs.

-Le 2ème groupement de cavalerie (Marseille) regroupe le 2ème régiment de hussards, le 9ème régiment de cuirassiers et le 10ème régiment de dragons

-Le 3ème groupement de cavalerie (Amiens) regroupe le 2ème régiment de chasseurs, le 6ème groupe d’automitrailleuses et le 7ème groupe d’automitrailleuses.

Certains de ces régiments sont ultérieurement recréés au sein des DLM mais également des Divisions Cuirassées.

En l’occurence, le 11ème Régiment de chasseurs à cheval est recréé au sein de la 12ème BLM (6ème DLM), le 3ème Régiment de hussards intègre la 13ème BLM (7ème DLM), le 2ème Régiment de hussards intègre la 15ème BLM (8ème DLM) et le 9ème Régiment de cuirassiers est recréé comme régiment de découverte de la 2ème DC nouvelle formule.

GRDI et GRCA

Comme nous venons de le voir, sept régiment de cavaleries indépendants et deux groupes d’automitrailleuses sont dissous à la mobilisation pour former des Groupements de Reconnaissance de Division d’Infanterie (GRDI) et des Groupements de Reconnaissance de Corps d’Armée (GRCA).

Selon la note d’état-major du 6 août 1923, outre la «substance» des sept RC et des groupes de mitrailleuses, les centres mobilisateurs de la cavalerie mettent sur pied ces groupements tactiques chargés d’éclairer les grandes unités et si nécessaire de mener des combats retardateurs.

Plus précisement, ces unités doivent rechercher le renseignement, prendre contact avec l’ennemi et assurer la sîreté des lignes de surveillance.

Au moment de la guerre de Pologne pas moins de quatre-vingt dix groupements de ce type vont être mis sur pied, majoritairement de type monté (quatre-vingt-deux d’entre-eux), le reliquat étant composé de groupes motorisés avec ou sans mitrailleuses, deux sans automitrailleuses et cinq avec.

A l’issue de la démobilisation, seuls sont maintenus les GRDI type motorisé qui reçoivent tous des automitrailleuses soit sept GRDI affectés aux Divisions d’Infanterie Motorisées ou D.I.M. Les autres DI reçoivent elle aussi un GRDI, les GRDI montés préservés étant motorisés, permettant aux vingt-huit divisions d’infanterie stationnées en métropole (neuf DI type Nord-Est, huit D.I.M, trois DIAlp, quatre DIC et quatre DINA) de disposer d’un groupement tactique de reconnaissance et de combat. Les DIA et les DM préservées vont également disposer d’un GRDI.

-Deux Divisions Légères Mécaniques (D.L.M.)

-La 1ère Division Légère Mécanique (1ère D.L.M.)  dispose d’une 1ère brigade légère mécanique (4ème régiment de cuirassiers, 18ème régiment de dragons), d’une 2ème brigade légère mécanique (6ème régiment de cuirassiers, 4ème régiment de dragons portés) et le 74ème régiment d’artillerie tractée tout-terrain.

-La 2ème Division Légère Mécanique (2ème D.L.M.) dispose d’une 3ème brigade légère mécanique (13ème régiment de dragons, 29ème régiment de dragons), d’une 4ème brigade légère mécanique (8ème régiment de cuirassiers 1er régiment de dragons portés) et du 71ème régiment d’artillerie tractée tout terrain.

Ils’agit ici des unités principales, ces divisions disposent bien entendu d’unités de soutien et d’appui en complément des régiments.

-Deux brigades de spahis

-La 1ère brigade de spahis stationnée à Compiègne dispose du 4ème régiment de spahis marocains et le 6ème régiment de spahis algériens.

-La 2ème brigade de spahis stationnée à Orange dispose du 7ème régiment de spahis algériens et du 8ème régiment de spahis algériens.

Ces unités montées restent en l’état en dépit de projets de motorisations, ces deux brigades auraient pu former une nouvelle DLM. Maintenues comme gage aux partisans de la cavalerie, le général Villeneuve décide à l’été 1948 de les transformer en unités mécaniques sous une forme non définie mais le déclenchement de la guerre reporte ce projet sine die.