24-Armée de l’air (45)

Commandement Stratégique d’Action (CSA)

Le Commandement Stratégique d’Action (CSA) regroupe sous son autorité les unités non placées sous l’autorité opérationnelle de l’armée de terre. Les unités de chasse couvrent le territoire, traquent les avions de reconnaissance et les bombardiers ennemis alors que les unités de bombardement sont chargées de matraquer les cibles allemandes et italiennes.

Le CSA aligne au total sept escadres de chasse (trois de jour et quatre de chasse de nuit), quatre escadres de bombardiers moyens, deux escadres de bombardement lourd, quatre groupes indépendants d’appui rapproché et onze groupes groupes de reconnaissance (sept GR et quatre GIR).

Chasse

La majorité des unités de chasse sont déployées au sein des Groupement d’Aviation des armées pour protéger les troupes au sol mais le CSA dispose encore d’un certain nombre d’unités pour mener à bien ses missions :

-Trois escadres de chasse de jour :

Bloch MB-157

Bloch MB-157

-La 9ème Escadre de Chasse chargée de couvrir le Sud-Ouest dispose de trois groupes déployés pour deux d’entre-eux sur la BA 106 de Bordeaux-Merignac ( GCI/9 et GC II/9) et pour le troisième à Toulouse-Perignon sur la BA 153 (GC III/9), cette unité disposant de Bloch MB-157 et de Bréguet Br700C2

-La 17ème Escadre de Chasse chargée de couvrir le Sud-Est est stationnée sur la BA-164 de Cannes-Mandelieu, ses trois groupes étant équipés de Bloch MB-159, version améliorée du précédent et probablement le meilleur chasseur français disponible en 1948. Elle dispose également de chasseurs bimoteurs biplaces Bréguet Br700C2.

-La 18ème Escadre de Chasse chargée elle aussi de couvrir le Sud-Est est stationnée sur la BA 166 implantée à Avignon, ses trois groupes étant équipés comme la 17ème EC de Bloch MB-159 et de Bréguet Br700C2.

-Quatre Escadres de Chasse de Nuit

L'élégant Hanriot NC-600

L’élégant Hanriot NC-600

Sur les quatre ECN existantes en septembre 1948, seules trois sont déployées en Métropole, la quatrième étant stationnée en Afrique du Nord.

-La 24ème Escadre de Chasse stationnée à Melun-Villaroche (BA 137) est issue de l’ECN 1/13 et comme les autres unités de chasse de nuit dispose de trois groupes de trois escadrilles de neuf Hanriot NC-600 soit un total de 81 chasseurs.

-La 25ème Escadre de Chasse stationnée à Metz-Chambières est issue de l’ECN 2/13 et elle aussi dispose de 81 Hanriot NC-600.

-La 26ème Escadre de Chasse de Nuit est stationnée à Istres (BA 125) pour couvrir le Sud-Est avec ses 81 Hanriot NC-600. Elle est issue de l’ECN 3/13

-La 27ème Escadre de Chasse de Nuit issue de l’ECN 4/14 assure la couverture de l’Afrique depuis sa base d’Oran (BA 202)  même si à partir d’août 1948, un groupe est déployée à Tunis pour couvrir la Tunisie contre de possibles raids aériens italiens.

-Un groupement indépendant, le GC I/20 équipé de Dewoitine D-555 de chasse lourde, ce groupe est stationné sur la Base Aérienne 119 de Nanterre

Bombardement Moyen

L'élégant Lioré et Olivier Léo 451

 Lioré et Olivier Léo 451

En retirant les groupes affectés aux armées, le CSA conserve en métropole quatre escadres de bombardement moyens dont la mission est de détraquer la machine de guerre allemande en s’en prenant à ses industries et à ses voies de communication.

-La 31ème Escadre de Bombardement Moyen équipée de Lioré et Olivier Léo 451 est stationnée à Coulommiers-Voisin

-La 38ème Escadre de Bombardement Moyen équipée de Lioré et Olivier Léo 451 est stationnée à Laon-Chambry sur la base aérienne 148.

-La 23ème Escadre de Bombardement Moyen équipée de Lioré et Olivier Léo 451 est stationné à Marignane (BA 108). Un groupe est régulièrement déployé à Calvi-Sainte Catherine sur la base aérienne 167

-La 47ème Escadre de Bombardement Moyen équipée d’Amiot 356 (deux groupes) et d’Amiot 357 (un groupe) est stationnée à Troyes-Barberey sur la BA 152.

-Le GB I/49 équipé de Lioré et Olivier Léo 457 de bombardement à haute altitude est stationné à Persan-Beaumont (BA 139)

24-Armée de l’air (20)

Amiot 351 et dérivés

L'élégant Amiot 351

L’élégant Amiot 351

En 1936, lors du 15ème Salon de l’Aéronautique, la SECM-Amiot présente l’Amiot 341, un long courrier postal rapide qui possédait une soute ventrale à portes mobiles. Le but militaire était évident et un an plus tard, le 6 décembre 1937, le prototype de l’Amiot 340 effectua son premier vol à Istres.

En août 1938, il enmena le général Vuillemin en voyage en Allemagne dans une tentative de bluff destiné à prouver aux allemands la modernité des bombardiers français.

Après cette opération de propagande, l’Amiot 340 est modifié avec l’ajout d’un quatrième homme d’équipage, de nouveaux moteurs plus puissants et d’une double dérive, devenant l’Amiot 351 qui entama ses essais en janvier 1939.

Alors que l’Amiot 351 était en plein dévellopement, l’équipe chargée de są mise au point envisagea de dévelloper toute une série d’appareils dérivés qui se différençiaient essentiellement par leur motorisation :
-L’Amiot 352 à moteurs Hispano-Suiza 12 Y-50/51 qui ne vit jamais le jour

-L’Amiot 353 à moteurs Rolls-Royce Merlin III qui ne vit jamais le jour

-L’Amiot 354 à moteurs Gnôme-Rhône 14 N-48/49 et dérive unique

-L’Amiot 355 avec des moteurs à compresseurs à double étage qui resta à l’état d’exemplaire unique

-L’Amiot 356 à moteurs Rolls Royce Merlin X et dérive unique

-L’Amiot 357 spécialisé dans le bombardement à haute altitude mais pouvant participer à toutes les missions de bombardement.

Au final, seuls les Amiot 354, 356 et 357 furent fabriqués en série pour équiper un total de quatre Escadres de Bombardement Moyen :

-Une escadre entièrement équipée d’Amiot 351, la 34ème Escadre de Bombardement Moyen

-Une escadre entièrement équipée d’Amiot 354, la 25ème Escadre de Bombardement Moyen

-Une escadre équipée d’un groupe d’Amiot 354 et deux groupes d’Amiot 356, la 21ème Escadre de Bombardement Moyen

-Une escadre équipée de deux groupes d’Amiot 356 et d’un groupe d’Amiot 357, la 47ème
Escadre de Bombardement Moyen

Cela nous donne au total trois groupes d’Amiot 351, quatre groupes d’Amiot 354, quatre groupes d’Amiot 356 et un groupe d’Amiot 357 soit un total de douze groupes et de 324 appareils (81 Amiot 351, 108 Amiot 354, 108 Amiot 356 et 27 Amiot 357).

L’Amiot 351 va également équiper ultérieurement une escadrille indépendante en Guyane, une autre en Martinique et un groupe à Djibouti.

Le système de fabrication à été complexe puisqu’il s’agissait d’un véritable puzzle puisque le fuselage était réalisé à Colombes, les ailes à Cherbourg, la dérivé à Boulogne-Billancourt, l’assemblage s’effectuant au Bourget. Résultat, les premiers mois, la cadence à été extrêmement faible d’autant que souvent les appareils n’étaient pas encore bon de guerre.

Au printemps 1940, seulement quatre groupes sont en cours d’équipement, bien loin du planning initial. La cadence des livraisons ayant finit par se stabiliser à huit appareils par mois, les appareils de série destinés aux quatre escadres de bombardement moyen (324 appareils) étant tous livrés en septembre 1943.

En octobre 1943, la Tchécoslovaquie (ou du moins le gouvernement tchécoslovaque en exil) passa commande de 81 Amiot 354 pour équiper une escadre de bombardement, la 50ème Escadre de Bombardement Moyen mise à disposition de l’armée de l’air. Ces avions sont livrés entre novembre 1943 et septembre 1944, équipant le GB I/50 «Praha» (Prague), le GB II/50 «Bracislava» (Bratislava) et le GB III/50 «Liberec».

Une commande supplémentaire de cinquante et un Amiot 351 est passée en janvier 1944 pour équiper une escadrille indépendante en Guyane, une autre en Martinique et un groupe à Djibouti, ces appareils étant livrés entre mars et octobre 1944.
Des commandes additionnelles sont passées pour constituer un parc de réserve équivalant à 75% des appareils en ligne soit un total de 262 appareils qui sont commandés à intervalles réguliers entre janvier 1945 et janvier 1948, les appareils commandés étant livrés entre mars 1945 et juillet 1948.

Amiot 370

Amiot 370

Le 25 juillet 1937, l’Amiot 370 effectue son premier vol depuis l’aérodrome du Bourget. Cet avion de record était à l’origine destiné à la course Paris-New York qui fût au final annulée mais qui réalisa plusieurs records notamment la traversée entre Paris et Le Cap.

Les performances de cet appareil incitèrent Amiot et l’armée de l’air à dévelloper trois versions militarisée, le bombardier rapide Amiot 371, l’avion de reconnaissance Amiot 372 et l’avion de liaison rapide Amiot 373.

Six appareils furent produits _deux de chaque variante_, sortant des chaines entre septembre 1945 et mars 1946. Ne voulant pas perturber sa montée en puissance, l’armée de l’air décide de repousser l’acquisition immédiate de cet appareil, les premiers appareils de série étant commandés en septembre 1948 à une époque où avait été décidé le développement d’une variante quadrimoteur baptisée Amiot 374.

Schéma de l'Amiot 354

Schéma de l’Amiot 354

Caractéristiques Techniques de l’Amiot 351

Type : bombardier bimoteur moyen multiplace (B4)

Poids : à vide 6500kg en charge 11300kg

Dimensions : Envergure 22.83m Longueur 14.50m Hauteur 4.18m

Motorisation : deux moteurs Gnôme-Rhône 14N-48/49 14 cylindres en étoile refroidis par air, développant 1060ch au décollage et 1100ch à 4450m entraînant des hélices tripales Ratier à pas variable de 3.30m de diamètre.

Performances : vitesse maximale 410 km/h au niveau de la mer et 485 km/h à 5000m Vitesse de croisière 420 km/h Autonomie 2470km avec 800kg de bombes et à 400 km/h Plafond maximal 9000m

Armement : un canon Hispano-Suiea HS-404 de 20mm sur affût SAMM-AB 34 en poste arrière dorsal avec 120 coups, deux mitrailleuses MAC de 7.5mm (une dans le nez avec 500 coups et une en poste ventral avec 800 cartouches) 800 à 1250kg de bombes en soute.

A l’usage, il arrivait parfois que deux mitrailleuses de 7.5mm remplace le canon de 20mm et qu’une deuxième mitrailleuse prenne place dans le nez vitré portant l’armement à cinq mitrailleuses.

Lioré et Olivier Léo 451 et dérivés

L'élégant Lioré et Olivier Léo 451

L’élégant Lioré et Olivier Léo 451

En novembre 1934, le Ministère de l’Air lance un programme destiné à pallier les défauts du concept BCR, le programme B5 soit un bombardier à cinq membres d’équipage.

Fin 1935, l’équipage fût réduit à 4 hommes devenant logiquement B4. La firme Lioré et Olivier proposa le Lioré et Olivier LéO 45 qui effectua son premier vol le 16 janvier 1937 cinq semaines avant sa nationalisation et son intégration à la SNACSE.

Une première commande de 20 exemplaires fût passée en novembre 1937 mais devant des problèmes récurents de moteurs, un changement de motorisation fût décidé ce qui donna naissance au Léo 451 qui reprit les essais officiels de son devancier le 21 octobre 1938. Parallèlement, les commandes de série passèrent à 120 exemplaires.

En septembre 1939, pas moins de 749 appareils ont été commandés répartis entre 722 Lioré et Olivier Léo 451, cinq Lioré et Olivier Léo 457 de bombardement à haute altitude, dix Lioré et Olivier Léo 458 à moteurs américains et douze Léo 451 destinés à la Grèce.

L’importance de cet appareil est visible dans sa production industrielles répartie entre trois sites : Marignane près de Marseille, Bouguenais près de Nantes et même une chaîne souterraine à Cravant près d’Auxerre.

Il va être également visible dans le nombre d’appareils mis en ligne en septembre 1948 avec pas moins de 24 groupes répartis en huit escadres soit un total de 648 appareils en ligne.

En septembre 1939 donc, 734 appareils avaient été commandés répartis entre 722 Léo 451, 5 Léo 457 et dix Léo 458 à moteurs américains. Cette répartition va être modifiée ultérieurement et au final les 1700 appareils commandés vont être repartis sous la forme suivante, sachant que certaines escadres mixaient les différentes versions du «Léo»

Le Lioré et Olivier Léo 451 va équiper au final douze groupes de bombardement soit un total en ligne 324 appareils. En comptant les appareils du volant de réserve établit pour cet appareil à 75% on arrive au chiffre de 567 Lioré et Olivier Léo 451 hors commandes export en Grèce (vingt-quatre), en Yougoslavie (vingt-quatre), en Roumanie (trente-six) et en Belgique (quarante-huit) qui porte le nombre d’appareils fabriqué à 699 appareils.

Les 324 Léo 451 et les 96 Léo 456 de la marine destinés aux unités de première ligne sont livrés au rythme de douze appareils par mois entre septembre 1939 et novembre 1943.

Quand aux appareils de réserve, ils sont livrés régulièrement par des commandes additionnelles entre juin 1945 et septembre 1947.

Les appareils exports sont livrés en fonction des désidératas des clients, certains peinant à payer leurs commandes et d’autres à trouver le personnel nécessaire pour armer ces avions.

Le Lioré et Olivier Léo 453 propulsé par des moteurs américains Pratt & Whitney R-1830 Twin Wasp va équiper au final trois groupes de bombardement soit 81 appareils ce qui porte le nombre d’appareils produits en comptant les appareils de réserve à 142 exemplaires. Ces appareils sont livrés décembre 1943 et juin 1945 parallèlement aux 88 Lioré et Olivier Léo 456 de la troisième commande de la marine.

Le Lioré et Olivier Léo 454 propulsé par des moteurs britanniques Bristol Hercules II va équiper lui aussi trois groupes et sera lui aussi produit à 142 exemplaires. Ces appareils sont livrés entre septembre 1945 et novembre 1946 pour les appareils de première ligne, les appareils de réserve étant livrés entre mars et septembre 1947.

Le Lioré et Olivier Léo 456 est la variante destinée à la marine nationale. Un total de 174 appareils sont commandés par la marine, les douze premiers étant des Léo 451 ultérieurement transformés en Léo 456. Ils sont livrés parallèlement à ceux de l’armée de l’air entre novembre 1940 et août 1941, mars et juin 1942, novembre 1943 et juillet 1945.

Le Lioré et Olivier Léo 457 est une version particulière de la famille «451» puisqu’il s’agit d’un bombardier à haute altitude qui va équiper un unique groupe indépendant. Cette variante n’est produite qu’à 40 exemplaires livrés entre septembre 1947 et mars 1948 avec 27 appareils en ligne et 13 en réserve.

Le Lioré et Olivier Léo 458 propulsé par des moteurs américains Wright Cyclone de 1600ch vont équiper trois groupes de bombardement soit 81 appareils ce qui porte le nombre d’appareils produits en comptant les appareils de réserve à 142 exemplaires. Ces appareils sont livrés entre décembre 1946 et mars 1948.

Au total, l’armée de l’air à reçu 1033 Lioré et Olivier Léo 451/453/454/457/458 auxquels s’ajoute 174 appareils pour la marine et 132 pour l’export ce qui porte le total des appareils produits avant guerre à 1339.

1700 appareils ayant été commandé, le solde de 361 appareils ayant été annulé suite à un addendum au contrat. Il est cependant prévu des commandes supplémentaires à l’entrée en guerre, commandes dont le nombre n’est pas fixé puisque l’armée de l’air ignore les pertes de ces unités de bombardement moyen.

Cela pousse la firme Lioré et Olivier de travailler sur des versions améliorées de son bombardier qui fait l’unanimité au sein des unités l’équipant.

Elle privilégie le Léo 458 et développe le Léo 458bis propulsé par des moteurs radiaux Bristol Hercules XVII de 1750ch et le Léo 458ter propulsé par des moteurs radiaux Wright Cyclone R-2600-29 de 1750ch. Quatre prototypes sont commandés à l’automne 1947 et livrés au printemps 1948.

Sur le plan de l’organisation, les différentes version du Léo équipent les escadres suivantes :

-Le Lioré et Olivier Léo 451 équipe la 12ème, la 23ème, la 31ème et la 38ème EBM, toutes
stationnées en Métropole

-Le Lioré et Olivier Léo 453 équipe la 48ème Escadre de Bombardement Moyen basée en Indochine à Than-Son-Nut près de Saïgon

-Le Lioré et Olivier Léo 454 équipé la 19ème Escadre de Bombardement Moyen basée au
Levant

-Le Lioré et Olivier Léo 457 équipe le Groupe Indépendant de Bombardement Moyen (GIBM), le GB I/49

-Le Lioré et Olivier Léo 458 équipe la 11ème Escadrille de Bombardiers Moyens déployée
en Métropole et la 46ème EBM stationnée elle en Tunisie.

Caractéristiques Techniques du Lioré et Olivier Léo 451

Type : bombardier bimoteur quadriplace (B4)

Poids : à vide 7530kg maximal 11400kg

Dimensions : Envergure 22.52m Longueur 17.20m Hauteur 5.24m

Motorisation : deux moteurs Gnôme-Rhône 14N-38/39 développant 1030ch à 4800m entrainant une hélice tripale Ratier de 3.20m

Performances : vitesse maximale 495 km/h à 4800m vitesse de croisière 360 km/h Autonomie maximale 2900km (2300km avec 500kg de bombes) Plafond pratique : 9000m

Armement : un canon de 20mm Hispano-Suiza HS-404 avec 120 coups à l’arrière (couplé ensuite avec un jumelage de mitrailleuses de 7.5mm), une mitrailleuse MAC 34 de 7.5mm fixe dans le nez avec 300 coups et une autre dans une cuve retractable avec 100 coups. 1400 kg de bombes dont 1000kg en soute.

24-Armée de l’air (19)

G-Les avions de l’armée de l’air (6) : les bombardiers moyens

Préambule

Si l’ensemble de la flotte de bombardement française à connu un dévellopement spectaculaire tant sur le plan quantitatif que qualitatif, c’est probablement dans la catégorie B4 (bombardier quadriplace) ou bombardier moyen que le bond à été le plus impressionant.

En septembre 1939, les avions en ligne répondent soit à un concept boiteux (BCR Bombardement Combat et Reconnaissance) issu des théories de Douhet à savoir l’Amiot 143 ou sont totalement dépassés (Bloch MB-200 et Bloch MB-210).

Neuf ans plus tard, les douze escadres de bombardiers moyens sont équipés de Lioré et Olivier Léo 451 et d’Amiot 351 ainsi que de leurs nombreux dérivés, dérivés qui s’expliquent généralement par l’utilisation d’une motorisation différente.

De plus, une nouvelle génération de bombardiers issus de l’avion de record Amiot 370 (et lui même issu de l’Amiot 351) était sur le point d’entrer en production.

Sur le plan de l’organisation, les appareils sont regroupés en douze escadres de bombardement moyen soit trente-six groupes et cent-huit escadrilles soit un total de 972 bombardiers. Huit escadres sont déployées en Métropole, deux en Tunisie, une au Levant et une en Indochine.

On compte également un groupe indépendant de bombardement à haute altitude, une escadrille indépendante en Guyane (huit puis douze appareils), une en Martinique (douze appareils) et à Djibouti (un groupe de vingt-sept appareils).

Amiot 143

Amiot 143, un concept inadapté donna un appareil inadapté aux missions de guerre. Heureusement il n'eut pas à participer à un conflit

Amiot 143, un concept inadapté donna un appareil inadapté aux missions de guerre. Heureusement il n’eut pas à participer à un conflit

Au début de l’année 1928, le Ministère de l’Air publia une note officielle réclamant un multiplace de combat pouvant mener à bien des missions de bombardement nocturne et diurne. Quatre constructeurs firent des propositions aux services officiels : Blériot, Bréguet, la Société Provencale de Constructions Aéronautiques (SACP) et la Société d’Emboutissage et de Construction Mécanique (SECM) plus connue sous le nom de SECM-Amiot du nom de son fondateur, Felix Amiot.

C’est cette dernière société qui l’emporta avec son Amiot 140M (Multiplace), deux prototypes furent réalisés mais seul le n°1 effectua son premier vol le 12 avril 1931. Modifié, il devint l’Amiot 141M mais cet appareil ne fût pas produit en série.

En novembre 1933, une commande officielle de 40 appareils est passée plus deux prototypes baptisés Amiot 142 et 143. Ce dernier qui effectua son premier vol le 1er août 1943 fût choisit pour équiper l’armée de l’air alors que son concurrent qui effectua son premier vol en février 1935 fût ultérieurement transformé en Amiot 143.
Cet appareil comme beaucoup d’avions français était dépassé au moment de son entrée en service en raison de retards à la fabrication et d’un concept séduisant sur le papier mais décevant sur le terrain et comme le Bloch MB-131, l’Amiot 143 se révéla ”bon à rien et mauvais en tout”.

Quand éclate la guerre de Pologne en septembre 1939, l’Amiot 143 équipait encore six groupes de bombardement dont trois en métropole (GB I/34, GB II/34 et GB II/35), les deux groupes basés à Sétif en Algérie (GB I/38 et GB II/38) ralliant la métropole en octobre 1939, seul restant en Afrique du Nord un groupe stationné à Marrakech. Cela correspond à 87 appareils en service.

Au printemps 1940, le GB II/35 était devenu GBA sur Bréguet Br691/693 (appareils reversés aux GB I/38 et II/38) tandis que le GB II/63 s’était transformé sur Glenn-Martin 167F.

Quatre groupes sont encore équipés de cet appareil, un groupe ayant été transformé sur Bréguet 693 et un autre sur Glenn-Martin 167F. Les GB I/34 et II/34 avaient entamé au début du printemps leur transformation sur Amiot 351, transformation achevée à l’automne.

Enfin, les deux derniers groupes (GB I/38 et II/38) furent rééquipés de Lioré et Olivier Léo 451, rééquipement entamé en octobre 1940 et achevé en juin 1941, date à laquelle l’Amiot 143 cessa d’être utilisé par l’armée de l’air comme bombardier opérationnel.

Quelques appareils furent conservés pour l’entrainement et pour le transport. Une poignée assurait encore des missions secondaires à l’été 1948 _liaison et essais essentiellement_ mais quand la guerre éclata, décision fût prise de ferailler ces vénérables appareils.

Pourtant un Amiot 143 fût miraculeusement retrouvé dans un coin reculé de l’aérodrome de Nantes-Chateau Bougon en 1975, restauré et qui vola jusqu’en 1995, coulant depuis une retraite paisible sur l’aéroport de Nantes-Atlantique.

Caractéristiques Techniques de l’Amiot 143

Type : bombardier moyen bimoteur multiplace

Poids : à vide 6100kg maximal 9687kg

Dimensions : Envergure 24.45m Longueur 18.23m Hauteur 5.66m

Motorisation : deux moteurs Gnôme-Rhône 14Krs (babord) et Kjrs (tribord) Mistral Major 14 cylindres en étoile refroidis par air dévellopant 870ch entrainant des hélices tripales

Performances : vitesse maximale 310 km/h à 4000m Autonomie 1200km (maximale 1995km) Plafond pratique 7900m

Armement : Quatre mitrailleuses de 7.5mm MAC 34 : une en tourelle avant avec 800 coups, une en tourelle dorsale avec 1200 coups, une à l’avant de la gondole ventrale avec 600 coups et une à l’arrière de cette même gondole avec 1200 coups. 880 à 1600kg de charge militaire en soute ou sous les ailes.

 Bloch MB-200

Bloch MB-200

Bloch MB-200

En 1928 est lancé un programme destiné à remplacer les bimoteurs biplans LeO 20 dans les unités de bombardement de l’Aéronautique Militaire. Amendé en 1930 puis en 1932, ce programme aboutit en juin 1933 par le vol du prototype du Bloch MB-200, l’appareil sélectionné par l’Armée de l’Air.

Monoplan à ailes hautes, bimoteur à train fixe, le Bloch MB-200 peut emmener 1200kg de bombes sur 1000km avec une vitesse de pointe de 280 km/h.

La première commande est passée en décembre 1933 pour trente appareils dont vingt-six produits par Potez, mieux outillé que les usines Bloch, le premier appareil de série effectuant son premier vol en septembre 1934.

Entre décembre 1934 et juin 1935, plusieurs commandes supplémentaires sont passées et dont la fabrication est assurée par Hanriot, Loire, Bréguet et Potez tandis qu’une licence de construction est attribuée à la Tchécoslovaquie (Aéro et Avia).

En mai 1935, les 38 premiers Bloch MB-200 sont mis en service au sein de la 12ème escadre de bombardement (GB I/12 et II/12) basée à Reims ainsi qu’au sein du GB II/22 de Chartres.

Fin 1936, le nombre d’appareils livrés est de 179 sur 197 dont 120 au sein des unités de bombardement (regroupées dans un 1er Corps Aérien Lourd) et 24 au sein des huit escadres de chasse comme avion de commandement.

En septembre 1939, 92 Bloch MB-200 étaient encore en service alors que le Plan V prévoyait leur remplacement à cette date. Après quelques missions de largage de tracts durant la guerre de Pologne, les bombardiers furent très rapidement retirés des unités de première ligne pour éviter un massacre inutile contre la chasse allemande.

A cette date, sept groupes de bombardement sont encore équipés de ce vénérable appareils, quatre en métropole (GB I/31, GB II/31, GB I/32, GB II/32), un au Levant (GB I/39), un en Tunisie (GB I/25) sans parler des GB I/38 et GB II/38 équipés partiellement de cet appareil, cette flotte étant complétée par l’Amiot 143.

Peu à peu ces vénérables appareils vont être retirés du service et les unités remplacés par des appareils plus modernes.

C’est ainsi que la 31ème Escadre de Bombardement Moyen (31ème EBM) est transformée sur Lioré et Olivier Léo 451 avec les deux groupes existants en septembre 1939 (16 puis 27 appareils) et un troisième groupe créé fin 1940, le GB III/31 avec les mêmes appareils.

La 32ème Escadre de Bombardement devient la 32ème EBLg avec deux puis trois groupes équipés de Douglas DB-7, la 25ème Escadre de Bombardement déployée en Tunisie et en Algérie est concentrée en Tunisie et rééquipée avec des Amiot 354 (trois groupes) et la 39ème Escadre de Bombardement devient la 39ème EBLg avec pour équipement des Glenn-Martin 167F et 187F.

A noter que deux dérivés furent envisagés, les MB-201 (deux Hispano-Suiza 12Ybrs de 690cv) et 202 (quatre moteurs GR 7Kdrs de 350cv [sic]) mais qui ne connurent pas la production en série.

La majorité des Bloch MB-200 sont feraillés après leur retrait du service actif, une poignée servant d’avions de test et de remorqueurs de cible, le dernier appareil quittant le service en septembre 1944.

Caractéristiques Techniques du Bloch MB-200

Type : bombardier bimoteur monoplan quadriplace (B4)

Poids : à vide 4474kg maximal 7280kg

Dimensions : Envergure 22.45m Longueur 16m Hauteur 3.90m

Motorisation : deux Gnôme-Rhône 14 Kirs 14 cylindres en étoile refroidis par air et dévellopant 870ch.

Performances : vitesse maximale 285 km/h à 4300m Autonomie maximale 1000km Plafond pratique 7000m

Armement : trois mitrailleuses MAC 1934 de 7.5mm (une en tourelle frontale, une en tourelle frontale et une sur affût ventral) et une charge militaire allant de 900 à 1200kg.

Bloch MB-210

Bloch MB-210, version améliorée du MB-200

Bloch MB-210, version améliorée du MB-200

Le MB-210 est un dérivé direct du MB-200 dont il reprend la construction entièrement métallique et un fuselage anguleux largement vitré. A la différence de son ainé, il disposait d’un train d’aterrissage rentrant et d’ailes basses.

C’est une initiative privée de Marcel Bloch pour répondre à une demande officielle portant sur un bombardier de nuit pouvant servir également de torpilleur afin de remplacer à terme les avions de la série Léo 20.

Le premier prototype effectua son premier vol le 23 novembre 1934 avec deux Gnôme-Rhône 14 Kdrs Mistral Major de 800ch pendant qu’un deuxième prototype à la motorisation différente (des Hispano-Suiza de 860ch) était conçu sous le nom de MB-211, effectuant son premier vol le 29 août 1935.

C’est le MB-210 qui allait être produit en série, 80 appareils étant commandés à Bloch, Potez et Hanriot, le premier appareil de série décollant le 12 décembre 1935.

Fin 1936, 181 appareils supplémentaires furent commandés et fabriqués par de nouveaux venus dans ce ”conglomérat” (Renault, ANF-Les Mureaux et Bréguet), portant les appareils produits à 277 exemplaires avec 253 pour l’armée de l’air et 24 pour la Roumanie.

En septembre 1939, ce bombardier en voie d’obsolescence équipé six escadres de bombardement à deux groupes de 13 à 16 bombardiers en l’occurence les 11ème, 12ème, 19ème, 21ème, 23ème et 51ème EB.

Le bombardier participe à quelques opérations de la guerre de Pologne mais il était à l’époque en cours de remplacement par des appareils plus modernes.

La 11ème Escadre de Bombardement Moyen est transformée sur Lioré et Olivier Léo 458

-La 12ème Escadre de Bombardement Moyen est transformé sur sur Lioré et Olivier Léo 451.

La 19ème Escadre de Bombardement Moyen qui devait normalement recevoir le Douglas DB-7 fût tardivement (automne 1941) transformée sur Lioré et Olivier Léo 454 et transférée ensuite au Levant.

La 21ème Escadre de Bombardement Moyen (21ème EBM) remplace ses Bloch MB-210 par des Amiot 354 (un groupe) et des Amiot 356 (deux groupes)

La 23ème Escadre de Bombardement Moyen (23ème EBM) remplace ses Bloch MB-210 par des Lioré et Olivier Léo 451.

La 51ème Escadre de Bombardement (51ème EB) devient une Escadre de Bombardement d’Assaut et les Bloch MB-210 remplacés par des Bréguet Br691/693.

Caractéristiques Techniques du Bloch MB-210

Type : bombardier bimoteur multiplaces (B5)

Poids : à vide 6400kg maximal 10200kg

Dimensions : Envergure 22.80m Longueur 18.82m Hauteur 6.70m

Motorisation : deux moteurs Gnôme-Rhône 14 N-10/11 14 cylindres en étoile refroidis par air dévellopant 910ch au décollage (950ch à 3650m) et entrainant des hélices tripales

Performances : vitesse maximale 322 km/h à 3500m vitesse de croisière 275 km/h à 3950m Autonomie maximale : 1300km avec 1500kg de bombes Plafond maximal : 9900m

Armement : trois mitrailleuses de 7.5mm MAC 1934 (une en tourelle type A dans le nez, une dans la tourelle type B retractable dans le dos et une dans une tourelle modèle 1935 retractable sous le ventre) et 1600kg de bombes. Des bombes éclairantes peuvent être embarquées sous les ailes.

24-Armée de l’air (4)

Commandement de la Reconnaissance et de la Coopération (CRC)

Ce commandement regroupe les unités d’observation et de reconnaissance est chargé de missions de reconnaissance et d’observation au profit des différents groupes d’armées. Il existe plusieurs types d’unités, certaines chargées de missions de reconnaissance stratégique (au dessus du territoire ennemi) tactique (sur le front et dans les 20 à 100km derrière ce dernier) et d’observation et de réglage d’artillerie (juste au dessus du front). On trouve les unités suivantes :
-Quatre Groupes Indépendants de Reconnaissance (G.I.R) équipés chacun de trente-six triplaces de reconnaissance Bréguet Br694 _un modèle inspiré d’une variante du Bréguet Br690 exporté en Suède et en Belgique_ soit un total de 144 appareils répartis au sein de chaque groupe entre quatre escadrilles de neuf appareils. Ces différents groupes forment à la mobilisation la 22ème escadre de reconnaissance.

Ces G.I.R sont destinés à appuyer les Corps de Cavalerie et les Corps d’Armée Cuirassées soit quatre groupes pour cinq corps d’armée.

-Deux Escadres de Reconnaissance Stratégique (E.R.S) à trois groupes de trois escadrilles de huit avions. Elles sont toutes équipées de Bloch MB-178, un bombardier haute altitude utilisé le plus souvent comme avion de reconnaissance soit un total de 144 appareils chargés de surveiller certains sites en Allemagne et en Italie. La première escadre est basé à Reims et la seconde à Orange.

Bloch MB-175

Bloch MB-175

-Quatre Escadres de Reconnaissance Tactique (E.R.T) à quatre groupes de quatre escadrilles de neuf appareils type Bloch MB 175 et MB 176 soit un total de 1152 appareils. La première et la deuxième escadre sont affectés au GA n°1, la troisième au GA n°2 et la quatrième au GA n°3.

Cette répartition du temps de paix à été abandonné au profit d’une affectation d’un groupe par armée, le reste étant affecté à la «Réserve générale».

-L’observation et le réglage d’artillerie sont assurés par des Groupes Aériens d’Observation (GAO), des entités indépendantes qui en temps de guerre sont rattachés à un corps d’armée.

En 1948, il existe trente-six GAO numérotés 501 à 536 soit un total de 972 appareils, tous stationnés en métropole sauf deux en Indochine, chaque GAO disposant de huit Bloch MB-175 ou 176 de reconnaissance armée, de douze Dewoitine D-720 de coopération et de quinze ANF-Les Mureaux ANF-123 pour le réglage de l’artillerie.

Dewoitine D-720

Dewoitine D-720

On trouve également des Groupes Coloniaux de Reconnaissance et d’Observation (GCRO) équipés des mêmes appareils à l’exception des MB-175/176.

Un est installé à Fort de France, un à Dakar, un à Djibouti, un à Madagascar, un au Levant, un en Nouvelle Calédonie.

Les GCRO d’Indochine sont devenus des GAO et le GCRO de Corse un GRO.

Quand le second conflit mondial éclate, le CRC dispose de 2347 appareils.

Commandement du Transport Aérien Militaire (CoTAM)

C’est en janvier 1945 que ce commandement est créé pour regrouper les avions de transport destinées au ravitaillement des forces avancées, au soutien de l’infanterie de l’air, à la réalisation de ponts aériens pour soutenir des forces encerclées…….. .

Les premiers avions équipant les deux Escadres de Transport Militaire (ETM) (deux escadres à deux groupes de trois escadrilles de neuf appareils soit un total de 108 appareils) étaient d’abord d’anciens bombardiers réformés avant d’être remplacés peu à peu par des avions de transport spécifiquement conçus pour ce rôle.

Outre ces deux escadres, il existait des détachements appelés Groupes Légers de Transport (GLT) déployés aussi bien en Afrique du Nord (un au Maroc, un en Algérie et un troisième en Tunisie), en AOF (un), en AEF (un) à Djibouti et à Madagascar (un), au Levant (un au Liban et un en Syrie), en Nouvelle Calédonie (un) en Indochine (un pour le Cambodge et le Laos, deux au Vietnam) et aux Antilles (un) soit treize groupes représentant un total de 195, chaque GLT disposant de quinze appareils.

Commandement de la Formation et de l’Entrainement (CFE)

Le Commandement de la Formation et de l’Entrainement (CFE) assure comme son nom l’indique la formation initiale de jeunes pilotes, leur spécialisation (chasse, bombardement et reconnaissance, transport) et participe également à la remise à niveau de pilotes vétérants, pilotes régulièrement renvoyés en Ecole pour remise à niveau et pour transmission de leur savoir aux jeunes pilotes.

L’Ecole de l’Air installée à Salon de Provence depuis 1937 assure la formation initiale des pilotes quelque soit leur spécialité mais la perspective d’une formation massive de pilotes implique une forme de décentralisation et en 1944, décision est prise de créer des groupement régionaux d’entrainement (GRE), six en métropole et trois en Afrique du Nord.

A Salon de Provence, le Groupement d’Entrainement Initial (GEI) assure donc la formation de tous les pilotes qui à l’issue de leur primo formation choisisse un cursus, c’est là qu’entre en jeu les GEC et GEM.

Le GEC c’est le Groupement d’Entrainement à la Chasse qui assure comme son nom l’indique la formation à la chasse des jeunes pilotes. Il dispose de plusieurs bases dont Salon de Provence, Etampes, Lyon-Bron et Meknès

Le GEM c’est le Groupe d’Entrainement sur Multimoteurs qui assure la formation des pilotes de chasseurs bimoteurs (qui passent également par le GEC), de bombardiers, d’avions de reconnaissance et de transport.

En août 1948 alors que le conflit semble iminent, décision est prise de décentraliser encore davantage la formation et les GEC/GEM rallient la base aérienne de Meknès au Maroc pour bénéficier de conditions d’entrainement encore plus favorables qu’en Provence. La base marocaine se révélant vite saturée, des terrains annexes sont aménagés pour la désengorger

En septembre 1948, le CFE dispose d’un total de 1335 appareils.

Escadres, Groupes et escadrilles

Au sein des différents commandements opérationnels, les unités qu’elles soient de chasse, de bombardement, de reconnaissance ou de transport sont organisées selon le même schéma à savoir une escadre regroupant plusieurs groupes qui eux même regroupent plusieurs escadrilles.

Si une escadrille peut opérer seule depuis un terrain, l’échelon du groupe est celui qui est le plus à l’aise. En effet, il dispose outre des avions de combat d’un échelon roulant pour le ravitaillement (vivres, médicaments, eau, carburant et munitions), l’entretien des avions, l’entretien des pistes et des installations avec le génie de l’air et surtout des pièces légères de DCA (25 et 37mm) pour assurer la défense contre des raids aériens ennemis, une section de fusiliers de l’air devant également assurer la défense contre un raid motorisé ennemi.

-Les unités de chasse sont à la base des escadrilles de neuf appareils, permettant sur le papier d’organiser soit trois dispositifs de triples ou quatre patrouilles doubles avec un avion de réserve.

Bréguet Br700C2, l'un des chasseurs biplaces de l'armée de l'air

Bréguet Br700C2, l’un des chasseurs biplaces de l’armée de l’air

Ces escadrilles sont regroupées au sein d’un groupe à raison de trois escadrilles de monomoteurs auxquelles s’ajoute à partir de 1944, une escadrille de chasseurs bimoteurs soit le Bréguet Br700C2 ou le Lockheed H-322 Eclair plus connu sous son nom américain le P-38 Ligthning.

Trois groupes sont regroupés en escadre ce qui fait l’entité de combat la plus importante avec 108 chasseurs ( 81 monomoteurs et 27 bimoteurs).

Les Escadrilles Régionales de Chasse (ERC) sont des entités plus importantes que les escadrilles «groupées» car elles disposent de douze appareils alors que les Groupes Coloniaux ou Régionaux de Chasse alignent soit vingt-sept ou trente-six appareils soit neuf appareils par escadrille.

On trouve également des escadrilles indépendantes disséminées dans l’Empire. Ces unités généralement équipées de matériel ancien sont chargées de missions de souveraineté, ce qu’on appelle aujourd’hui la police du ciel.

C’est le cas de Madagascar qui dispose d’une escadrille indépendante de chasse basée à Antannarive avec douze appareils. Tout comme la Martinique, la Guadeloupe et la Guyane.

Les quatre Escadres de Chasse de Nuit équipées d’Hanriot NC-600 sont elles organisées sur un schéma différent avec trois groupes à trois escadrilles de neuf appareils.

-Les unités de bombardement et d’assaut sont organisées selon le même triptyque : escadrille/groupe/escadre.

Les Escadres de Bombardement d’Assaut (EBA) sont organisées en groupes de trois escadrilles, quinze groupes regroupant un total de 405 appareils, ces quinze groupes étant regroupées en cinq escadres de trois groupes soit des EBA de 81 appareils.

Les Escadres de Bombardement en Piqué (EBP) sont organisées en groupes de trois escadrilles, les huit groupes étant regroupés en deux escadres de quatre groupes.

Les quatre Groupes Indépendants d’Appui Rapproché (GIAR) disposent chacun de 21 appareils soit trois escadrilles de sept appareils par groupe.

Les Escadres de Bombardement Léger (EBLg) sont organisés en vingt et un groupes regroupant soixante-trois escadrilles de neuf appareils.

-Les Escadres de Bombardement Moyen (EBM) totalisent cent-huit escadrilles regroupées en trente-six groupes avec donc trois groupes par escadre.

On compte également un groupe indépendant de bombardement à haute altitude (vingt-sept appareils),une escadrille indépendante en Guyane (huit puis douze appareils), une en Martinique (douze appareils) et à Djibouti (un groupe de vingt-sept appareils).

-Le Commandement du Bombardement Lourd (CBL) dispose de trois escadres à trois groupes de trois escadrilles soit 81 appareils par escadre, totalisant donc 243 bombardiers lourds de plusieurs types.
-Les quatre Groupes Indépendants de Reconnaissance (G.I.R) sont organisés en quatre escadrilles de neuf appareils.

-Les Escadres de Reconnaissance Stratégiques (E.R.S) sont organisées en trois groupes de trois escadrilles de huit appareils soit un total de dix-huit escadrilles et de 144 appareils.

-Les Escadres de Reconnaissance Tactique (E.R.T) sont organisées chacune en quatre groupes de quatre escadrilles de neuf appareils soit un total de 144 appareils par escadre.

-Les trente-quatre Groupes Aériens d’Observation déployés en Métropole (ainsi que les GCRO d’Indochine et de Corse futurs GAO et GRO) disposent d’une escadrille de huit Bloch MB-175 ou 176, de deux escadrilles de six Dewoitine D-720 de coopération et de trois escadrilles de cinq ANF-Les Mureaux ANF-123.

-Les six Groupes Coloniaux de Reconnaissance et d’Observation disposent de deux escadrilles de six Dewoitine D-720 de coopération et de trois escadrilles de cinq ANF-Les Mureaux ANF-123. Les premiers pouvant également être utilisés comme avions de police coloniale et les seconds comme avions d’attaque au sol.

-Les deux Escadres de Transport Militaire (ETM) sont organisées en deux groupes de trois escadrilles de neuf appareils

-Les Groupes Légers de Transport (GLT) disposent de quinze appareils répartis en trois escadrilles de cinq avions.

24-Armée de l’air (3)

Les commandements opérationnels

Les commandements opérationnels sont inspirés des Command de la Royal Air Force (R.A.F), l’armée de l’air britannique.

Ces commandements sont chargés de préparer opérationnellement parlant les différentes unités en l’occurence des escadres regroupant trois ou quatre groupes de quatre escadrilles soit un total de 108 ou 144 appareils par escadre.

Commandement de la Défense Aérienne du Territoire (CDAT)

Ce commandement regroupe les unités de chasse diurne et nocturne ainsi que la Défense Antiaérienne du Territoire (DAT), des batteries légères et lourdes;

Pour la chasse, le CDAT dispose de quatre unités différentes :

-Pour la couverture des unités de combat, l’escorte des bombardiers et la destruction des bombardiers ennemies, l’armée de l’air dispose en septembre 1948 de quarante-huit groupes de chasse à quatre escadrilles (trois monomoteurs et un de bimoteurs) répartis en seize escadres, concentrées essentiellement dans le Nord-Est et l’Est du territoire (onze escadres soit 1188 chasseurs), trois escadres couvrant le Sud-Est (324 appareils), une dans le Sud-Ouest (108 appareils) et une dernière pour couvrir l’Afrique du Nord (108 appareils).

Le bombardier hexamoteur Focke-Wulf Ta-400, une débauche de moyens pour des résultats médiocres

Le bombardier hexamoteur Focke-Wulf Ta-400, une débauche de moyens pour des résultats médiocres

Les quarante-huit groupes de chasse alignent un total de 1728 chasseurs. A cela s’ajoute un groupe d’interception équipé de vingt-sept Dewoitine D-555, un intercepteur-escorteur lourd pour contrer les bombardiers hexamoteurs allemands Focke-Wulf Ta-400.

-Ce commandement dispose également d’unités de chasse de nuit pour assurer la défense nocturne du territoire est assurée par quatre escadres de chasse nocturne à trois groupes de trois escadrilles de 9 appareils soit un total de 324 appareils, deux escadres étant stationnées dans le nord-est, une troisième dans le sud-est et une quatrième en Afrique du Nord.

-La défense locale est assurée par des Escadrilles Régionales de Chasse soit douze escadrilles régionales de chasse équipées de douze appareils soit un total de 144 appareils en métropole plus deux autres au Maroc et deux autres en Algérie soit un total de 192 avions.
-Enfin, dans les colonies et assimilés, nous trouvons des Groupes Régionaux/Coloniaux de Chasse (GRC ou GCC) voir d’escadrilles pour les territoires les plus modestes et où les menaces ennemies sont très limitées.

La Corse dispose d’un GRC (Groupe Régional de Chasse) à quatre escadrilles de neuf appareils soit 36 chasseurs monomoteurs répartis entre Solenzara avec deux escadrilles et Campo del Oro près d’Ajaccio avec deux autres escadrilles. Les mandats du Liban et de Syrie disposent d’un GCC à quatre escadrilles de neuf appareils soit 36 chasseurs.

L’AOF (Afrique Occidentale Française) dispose d’un GCC à quatre escadrilles de neuf appareils soit un total de 36 chasseurs. L’AEF (Afrique Equatoriale Française) dispose d’un GCC à trois escadrilles de neuf appareils soit un total de 27 chasseurs.

Madagascar dispose d’une escadrille indépendante de chasse basée à Antannarive équipée de douze appareils. La Martinique, la Guadeloupe et la Guyane disposent chacun d’une escadrille de douze appareils.

Pour l’AOF, l’AEF, Madagascar les Antilles, ces unités ont un rôle de souveraineté plus qu’autre chose et si les zones restent calmes, ces unités pourraient être redéployées dans des zones plus conflictuelles.

L’Indochine dispose à l’origine d’un groupe de chasse colonial (GCC) à quatre escadrilles de neuf appareils, dispersé entre Saïgon (deux), Hanoï (une) et Haïphong (une) soit 36 appareils, le nombre augmentera sensiblement entre 1945 et 1948 à tel point que quand le conflit éclatera en Europe, l’Indochine disposera de trois GCC, un couvrant la conurbation Hanoï-Haïphong, un second couvrant la région de Cam-Ranh et une troisième couvrant Saïgon. Un GCC de nuit est créé en septembre 1947 à Than-Son-Nut avec 27 appareils type Hanriot NC-600.

Quand la France entre en guerre, l’armée de l’air dispose de 2541 chasseurs dont une majorité stationnée en métropole sans oublier les apports tchèques et polonais que nous étudierons dans l’ordre de bataille de l’armée de l’air.

-La Défense Antiaérienne du Territoire (D.A.T) est organisée en Zones de Défense Antiaérienne dont le tracé est calqué sur celui des ZAM. Au niveau de chaque province, un district de défense antiaérienne regroupe les moyens avec des batteries fixes et mobiles.

Les batteries fixes sont déployées autour de Paris, autour des grands ports (Le Havre, Dunkerque, Nantes et Saint-Nazaire, Bordeaux, Marseille….) et pour protéger certaines installations industrielles sensibles. On trouve également plusieurs batteries mobiles avec pièces tractées.

Des projets de trains antiaériens envisagés n’ont finalement pas vus le jour même si les études ont été menées suffisamment loin pour qu’en quelques jours ou quelques semaines, des trains antiaériens puissent voir le jour.

Commandement des Forces Aériennes Tactiques (CFAT)

Ce commandement regroupe l’aviation d’assaut et les unités de bombardement léger et moyens pour assurer l’appui-feu des troupes au sol, l’appui-tactique par la destruction des arrières immédiats (plots logistiques, postes de commandement……) et le bombardement de l’industrie et des axes de communication (routes, ponts, voies ferrées). Pour cela ce commandement regroupe les moyens suivants :

Avion d'assaut Bréguet Br693

Avion d’assaut Bréguet Br693

-Cinq escadres de bombardement d’assaut soit quinze groupes et quarante-cinq escadrilles soit un total de 405 appareils type Bréguet 693/695/696, la majorité de ces groupes étant stationnés en Métropole, une escadre soit trois groupes étant stationnée en Tunisie et une escadre soit trois groupes en Indochine, laissant neuf groupes et vingt-sept escadrilles soit 243 appareils en métropole.

-Deux escadres de bombardement en piqué soit huit groupes et ving-quatre escadrilles soit un total de 216 appareils répartis à égalité entre les monomoteurs LN-430 (108 appareils) et bimoteurs Bréguet Br698 (108 appareils), toutes stationnées en Métropole jusqu’en juin 1948.

En juillet 1948, deux groupes sont retirés de Métropole soit six escadrilles et 54 appareils sont envoyés en Indochine, un groupe étant équipé de Bréguet 698 et un groupe étant équipé de Loire-Nieuport LN-430. La mobilisation devant normalement permettre de reconstituer ces groupes en métropole.

-Quatre groupes indépendants d’appui rapproché soit un total de 108 bimoteurs Potez 640, tous étant stationnés en Métropole.

-Sept escadres de bombardement léger soit vingt et un groupes et soixante-trois escadrilles soit un total de 567 appareils américains type Douglas DB-7/Martin 167/Martin 187. Trois escadres sont stationnées en métropole, une au Maroc, une en Algérie, une en Tunisie et une au Levant.

Bombardier moyen Amiot 351

Bombardier moyen Amiot 351

-Douze escadres de bombardement moyen soit trente-six groupes et cent-huit escadrilles soit un total de 972 bombardiers type Lioré et Olivier Léo 451 et Amiot 351 ainsi que tous leurs dérivés. Huit escadres sont déployées en Métropole, deux en Tunisie, une au Levant et une en Indochine.

On compte également un groupe indépendant de bombardement à haute altitude,une escadrille indépendante en Guyane (huit puis douze appareils), une en Martinique (douze appareils) et à Djibouti (un groupe de vingt-sept appareils).

Commandement du Bombardement Lourd (CBL)

Ce commandement est l’homologue du Bomber Command et regroupe les unités de bombardiers lourds chargés de frappes stratégiques contre l’Allemagne, l’Italie voir l’Espagne, le Portugal et le Japon (même si avant septembre 1948, aucun bombardier lourd n’était stationné sur un territoire mettant le Japon à portée).

Le CBL chargé du bombardement stratégique et du bombardement lourd dispose trois escadres de 81 appareils chacuns répartis en trois groupes à trois escadrilles de neuf appareils soit un total en ligne de 243 appareils de différents types, la première escadre étant basée dans le nord-est, la deuxième dans le sud-est et la troisième en Tunisie.

L’armée de l’air aligne en septembre 1948, un total de 2454 bombardiers d’assaut, en piqué, avions d’appui rapproché, bombardiers légers, moyens et lourds.