IT’S JUDGMENT DAY !
Avant-propos
Tout en maintenant la flotte italienne et l’Italie sous pression, les alliés vont réfléchir à une opération majeure avec un objectif ambitieux : neutraliser la flotte italienne dans ses ports puisqu’elle refusait le combat en haute-mer.
C’est l’acte de naissance de l’opération JUDGMENT (Jugement) qui à pour origine un plan imaginé par le capitaine de vaisseau Lyster en pleine guerre italo-ethiopienne.
Alors que les tensions entre Rome et Londres menaçaient de dégénérer en conflit ouvert, le commandant du porte-avions HMS Glorious proposa une frappe préventive contre la flotte italienne embusquée à Tarente et donc menaçant la ligne de communication britannique entre Malte et le canal de Suez.
Ce plan n’à pas été exécuté immédiatement mais il n’à pas été oublié et dès que la guerre menaçait vraiment en Europe le plan à été ressortit mais dans une version impliquant les français et à une échelle bien plus importante avec l’objectif d’attaquer EN MÊME TEMPS TOUTES les bases navales italiennes et faire sombrer dans la rade cuirassés, croiseurs et porte-avions italiens.
Rien n’aurait empêché le déclenchement de l’opération JUDGMENT dès le début du mois d’octobre mais on à préféré l’opération SCIPION et l’invasion de la Sardaigne.
Ensuite le déclenchement de cette opération aurait été possible mais le mauvais temps et de multiples contre-temps ont repoussé l’opération au mois de janvier 1949 alors que les alliés soupçonnaient l’Axe de préparer un mauvais coup.
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L’opération JUDGMENT doit viser les ports et les bases navales de Gênes, de La Spezia, de Naples, d’Augusta, de Brindisi et d’Ancone avec l’engagement des porte-avions Joffre Commandant Teste HMS Ark Royal Indomitable Furious, d’unités de bombardement et d’assaut aéromaritime de l’Aviation Navale, de l’Armée de l’Air, de la Fleet Air Arm et de la Royal Air Force.
Les sous-marins doivent servir d’éclairer et achever les navires qui auraient été endommagés au large ou alors qui auraient réussi à appareiller.
Les unités de surface doivent tenir une sorte de blocus des côtes en menant des bombardements littoraux pour forcer la flotte italienne au combat.
Des raids commandos sont également prévus mais très vite certains officiers de marine vont craindre une opération trop complexe, trop dure à gérer sur la durée.
En 2004 l’Ecole Navale de Brest à organisé un jeu de guerre avec le plan initial. Cette simulation à été menée d’abord avec les moyens de communication d’aujourd’hui pour voir la faisabilité d’une opération aussi complexe.
De nombreux problèmes ont été mis à jour ce qui laisse imaginer une simulation organisée avec les moyens de commandement et de contrôle de 1949. Sans surprise la deuxième simulation à été pire que la première.
La variante finale de l’opération JUDGMENT prévoit ainsi des assaut sur la région de Gênes (Gênes et La Spezia), Naples et Tarente mais abandonne les autres cibles.
L’aviation basée à terre et embarquée doit donner le premier assaut sur les ports et les bases navales des régions citées plus haut.
Les sous-marins doivent éclairer les différents groupe occasionnels mais les groupes de surface doivent rester en retrait pour soit soutenir les porte-avions ou faire face à un appareillage brutal et sans préavis de la flotte italienne comme si Supermarina voulait faire tapis comme on dit au poker.
En revanche les opérations de type commando sont abandonnées au grand dam des Royal Marines et des compagnies de débarquement françaises.
L’opération initialement prévue pour le 5 janvier est repoussée au 10 puis finalement au 15 quand le temps s’améliore enfin pour permettre l’utilisation de l’aviation embarquée et de l’aviation basée à terre.
Les italiens sont-ils au courant ? Ils se doutent de quelquechose car les alliés font sortir beaucoup de navires, que les agents italiens font remonter beaucoup d’informations et que les rares avions de reconnaissance italien parvenant au dessus des bases alliées découvrent des ports quasiment vides.
Trois groupes occasionnels sont créés, une Force G pour s’attaquer à Gênes et à La Spezia, une Force N pour viser Naples et une Force T pour viser Tarente. Chaque force comprend des navires français et britanniques.
Ordre de Bataille simplifié de l’opération JUDGMENT
Force G (La Spezia et Gênes)
-Porte-avions Joffre et HMS Ark Royal
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-Cuirassé Provence (escorte du Joffre) Richelieu Clemenceau
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-Croiseurs lourds Suffren Dupleix
-Croiseurs légers Chateaurenault Guichen HMS Bonaventure
-Contre-Torpilleurs Aigle Albatros Desaix Kleber La Tour d’Auvergne
-Torpilleurs d’Escadre L’Inconstant Lancier (protection du Joffre) Mameluk Casque (protection du cuirassé Provence) Corsaire Flibustier (protection du Richelieu) Rapière Hallebarde (protection du Clemenceau)
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-Destroyers HMS Gallant Garland (protection de l’Ark Royal)
-Sous-marins Le Glorieux La Réunion Ile de Bréhat HMS Urchin
En ce qui concerne la partie aérienne il y à d’abord deux groupes aériens embarqués sur les «ponts plats» en l’occurrence la 6ème Flottille d’Aviation Navale (6ème FAN) embarquée sur le premier porte-avions français et le 2nd Carrier Air Group (2nd CAG) embarquée sur celui qui est considéré comme le premier porte-avions britannique vraiment moderne et efficace.
La 6ème FAN dispose de chasseurs embarqués Dewoitine D-790 (version embarquée du D-520), des bombardiers-torpilleurs Latécoère Laté 299-5 (évolution du 299 qui devait beaucoup à l’hydravion Laté 298), des bombardiers en piqué Loire-Nieuport LN-420 et des bimoteurs de reconnaissance SNCAO CAO-610, évolution du CAO-600.
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Le 2nd CAG disposait lui de chasseurs Supermarine Seafire Mk V (version embarquée du Spitfire), des bombardiers-torpilleurs Fairey Barracuda, des bombardiers en piqué Douglas Dauntless et des bimoteurs de reconnaissance Blackburn Buccaneer.
A cela va s’ajouter des unités de l’Aviation Navale basées à terre en l’occurrence dans le sud de la France. Les unités d’avions de combat vont essentiellement mener des actions contre les infrastructures terrestres alors que les hydravions seront davantage chargés d’éclairer la flotte, de la couvrir contre une potentielle offensive sous-marine italienne, les submersibles transalpins étant considérés comme les éléments les plus efficaces de la Regia Marina.
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Sont engagées les escadrilles 2R (Consolidated Catalina), 4T (Latécoère Laté 299-7), 2B (Bloch MB-481), 6B (Bloch MB-175T), 2C (Dewoitine D-551) et 8T (Lioré et Olivier Léo 456)
Et l’armée de l’air dans tout cela ? Elle mobilise les moyens déployés dans le Sud-Est que nous avons déjà vu plus haut notamment ceux du GRAVIA-VA et des unités qui dépendent directement de l’Armée de l’Air qu’elles soient de chasse, de reconnaissance ou de bombardement.
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Ce sont donc les Douglas DB-7D de la 33ème EBLg, les Lioré et Olivier Léo 451 de la 23ème EBM et les Bloch MB-162 de la 17ème EBL.
Force N (Naples)
-Porte-avions Commandant Teste
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-Cuirassé Bretagne (protection rapprochée du Commandant Teste) Dunkerque Strasbourg Nelson Prince of Wales
-Croiseur lourd Saint Louis
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-Croiseurs légers Gambetta Condé HMS Arethusa Uganda Newfoundland
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-Contre-Torpilleurs Chevalier Paul L’Audacieux Le Malin Le Triomphant Du Guesclin
-Torpilleurs d’Escadre Hussard Spahi (protection du Commandant Teste) L’Eveillé L’Alerte (protection du cuirassé Bretagne) Le Hardi L’Epée (protection du Dunkerque) Lansquenet Fleuret (protection du Strasbourg)
-Destroyers HMS Glowworm Greyhound (protection du Nelson) Grenade Griffon (protection du Prince of Wales)
-Sous-marins Aurore Venus La Gorgone HMS Sea Nymph
Sur le plan aérien, on trouve tout d’abord la 10ème Flottille d’Aviation Navale (10ème FAN) embarquée sur le porte-avions, une flottille disposant de chasseurs Bloch MB-159M, des bombardiers en piqué Loire-Nieuport LN-420, des bombardiers-torpilleurs Latécoère Laté 299-5 et des avions de reconnaissance et d’éclairage SNCAO CAO-610.
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En ce qui concerne les unités basées à terre, on trouve l’escadrille 23E (Bréguet Br790), 2E (Potez-C.A.M.S 143), 12E (SNCAO CAO-700M), 12T (Bloch MB-481), 16E (SNCAO CAO-700M) et 12B (Lioré et Olivier Léo 456).
L’Armée de l’Air va engager des moyens venus d’Afrique du Nord mais aussi de Sardaigne en dépit des réticences à affaiblir les défenses d’une île que les alliés veulent conserver même si devant penser à une guerre globale ils ne peuvent engager tous leurs moyens sur cette première conquête de la guerre.
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On trouve les Douglas DB-7D de la 36ème EBLg, les Bloch MB-176 du GR III/39 (utilisé en mission de reconnaissance armée), les Amiot 354 de la 25ème EBM et les bombardiers lourds de la 27ème EBM (CAO-700, CAO-710 et Bréguet Br482, les hexamoteurs Amiot 415 étant maintenus en réserve).
La Royal Air Force (RAF) va engager des unités venant du Bomber Command et du Coastal Command, unités basées soient à Malte ou en Egypte. Les aérodromes français de Sardaigne et de Tunisie vont également être utilisés pour d’évidentes raisons logistiques.
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Pour la Force N, les britanniques vont engager les Short Stirling du squadron 97, les Bristol Beaufighter du squadron 135 et les Supermarine Walrus du squadron 202.
Force T (Tarente)
-Porte-avions HMS Furious et Indomitable
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-Cuirassés Bourgogne Barham Rodney
-Croiseurs lourds Charlemagne HMS Hawke Raleigh
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-Croiseurs légers La Galissonnière La Marseillaise HMS Penelope Phoebe Hermione
-Contre-Torpilleurs Vauquelin Tartu Baya
-Torpilleurs d’Escadre Lannes Augereau (protection du cuirassé Bourgogne)
-Destroyers HMS Ilex Intrepid (protection du porte-avions HMS Furious) Impulsive Ivanhoe (protection du porte-avions HMS Indomitable) Imogen Isis (protection du HMS Barham) Dainty Grafton (protection du HMS Rodney)
-Sous-marins L’Andromaque Minerve La Cornelie HMS Umbria
Sur le plan aérien, les britanniques mobilisent déjà deux groupes aériens embarqués, les 4th& 6th Carrier Air Group (CAG) qui sont les bras armés respectivement des HMS Indomitable et Furious soit un porte-avions blindé, un Fleet Carrier et un porte-avions lourd paradoxalement (ou pas) moins protégé.
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Le premier comprend des chasseurs Supermarine Seafire Mk V, des bombardiers-torpilleurs Fairey Barracuda et des bombardiers en piqué Douglas Dauntless. Le second comprend des Seafire Mk VII, des bombardiers-torpilleurs Fairey Barracuda, des bombardiers en piqué Douglas Dauntless et des bimoteurs de reconnaissance et d’éclairage Blackburn Buccaneer.
Dans le domaine des unités basées à terre on trouve d’abord des unités de l’Aviation Navale, the French Fleet Air Arm pour les anglais. On trouve l’escadrille 22E (CAO-700M), l’escadrille 16T (Lioré et Olivier Léo 456), l’escadrille 8R (Bréguet Br790), l’escadrille 6E (Potez-C.A.M.S 143) et l’escadrille 10B (Bloch MB-175T).
L’armée de l’air n’est pas en reste engageant un groupe de la 45èm EBLg venu du Maroc avec ses Douglas DB-7D ainsi que la 46ème EBM volant sur Lioré et Olivier Léo 458.
La Royal Air Force (RAF) va engager des unités venant du Bomber Command et du Coastal Command, unités basées soient à Malte ou en Egypte. Les aérodromes français de Sardaigne et de Tunisie vont également être utilisés pour d’évidentes raisons logistiques.
Pour la Force T donc les britanniques vont engager les Armstrong-Whitworth Whitley du squadron 166, les Bristol Blenheim du squadron 55, les Lockheed Hudson du squadron 500 et les Bristol Beaufighter du squadron 135.
Feu à volonté pour le jugement dernier ?
Théoriquement les trois forces doivent opérer en même temps pour obtenir un effet de surprise et un effet militaire maximal. Malheureusement la coordination bien que travaillée entre état-majors ne sera pas aussi parfaite qu’espérée.
De plus la météo va jouer un vilain tour aux alliés les obligeant à décaler de quelques heures les raids sur Naples et Tarente, les unités aériennes engagées tombant donc sur des défenseurs qui seront tout sauf surpris.
Et au final qu’es-ce que cela à donné ? Ils sont spectaculaires à La Spezia, mitigés à Naples et médiocres à Tarente.
Plus que les navires en eux mêmes ce sont surtout les infrastructures qui ont souffert ce qui sur le moment est une perte moins spectaculaire qu’un cuirassé ou un croiseur mais qui agit comme un acide lent.
De nombreux kilomètres de quai sont détruits, des grues se sont effondrées dans les bassins, des réservoirs de carburant incendiés, des ateliers détruits, plusieurs dépôts de munitions disparaissent dans de spectaculaires explosions
A cela s’ajoute des ponts détruits, des kilomètres de voies ferrées et de route à reconstruire, des épaves d’avions et d’hydravions à dégager….. .
Clairement l’ambitieux objectif de détruire la marine italienne dans ses bases à été un échec mais mine de rien le coup pour la Regia Marina à été rude, elle qui avait déjà subit des pertes sensibles durant les premières semaines du conflit.
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La perte la plus spectaculaire est probablement celle du cuirassé Conte di Cavour. Présent à La Spezia, il devait appareiller la veille pour une mission de recherche et de destruction en Mer Tyrrhénienne. Hélas (ou pas) pour lui une avarie l’immobilisa. On imagine ce que cela aurait donné si il avait déboulé tel un chien dans un jeu de quille dans la zone d’évolution de la Force G.
Alors que les réparations venaient d’être achevées et que les chaudières étaient mises sous pression, une alerte aérienne retentit.
A l’époque point de filets de camouflage ou de complexe dispositif de masquage fumigène. La base était pourtant largement exposée aux bombardiers français venus de Provence ou de Corse. On ne peut que s’étonner d’une défense plutôt faible pour une cible aussi sensible.
Alors que la DCA fait rage, les Loire-Nieuport LN-420 et les Latécoère Laté 299-5 passent à l’attaque couverts par les Dewoitine D-790.
Si trois bombardiers en piqué, deux avions torpilleurs et un chasseur sont abattus, pas moins de six bombes de 500kg et quatre torpilles touchent le cuirassé qui coule droit.
Quoi qu’il arrive, le navire est hors service pour un très long moment qui s’avera finalement définitif, le cuirassé un temps renfloué sera définitivement coulé le 17 mars 1952 mais ceci est une autre histoire.
Les autres cuirassés présents à La Spezia et à Gênes sont plus ou moins endommagés mais moins gravement que le Conte di Cavour.
C’est le cas de son sister-ship Giulio Cesare touché par une bombe de 250kg ou encore du Littorio touché par une bombe et endommagé par le souffle d’autres projectiles. Le Vittorio Veneto lui est intact si on excepte des éclats de pierre d’un quai et le souffle de plusieurs projectiles tombés à proximité.
A Tarente l’Andrea Doria est miraculeusement épargné par les bombes et les torpilles britanniques mais ce ne sera que partie remise car le 24 janvier 1949 dans ce qu’on pourrait appeler les prolongations de JUDGMENT, le sous-marin français Phenix parvient à envoyer le cuirassé transalpin par le fond avec une gerbe de quatre torpilles. Hélas l’équipage n’aura pas l’occasion de revenir à Bizerte pour fêter son succès puisqu’il sera coulé le lendemain par les charges de profondeur d’un CANT Z-506 en maraude.
Son sister-ship Caio Duilio est touché par une bombe de 250kg et une torpille n’explose pas ce qui aurait provoqué de terribles dégâts puisqu’elle à heurté la ceinture blindée au niveau d’une soute à munitions !
Le Roma et l’Impero étaient eux à la mer, le premier pour une mission de présence et le second pour couvrir un convoi à destination de l’Afrique du Nord.
Sans le savoir il est passé à moins de 25 miles nautiques de la Force T nettement moins puissante ! Nul doute qu’une interception aurait changé le cours de la guerre en Méditerranée.
A l’annonce des bombardements, les deux cuirassés reçoivent l’ordre de se replier sur Brindisi. Cette décision fera polémique, certains estimant qu’il aurait mieux fallut envoyer les cuirassés chercher les groupes de combat ennemis.
Prétextant un problème de communication, le cuirassé Marcantonio Colonna prétendra ne pas avoir reçu le message de repli et continuera sa mission de chasse entre Malte et la Libye mais heureusement pour lui (ou malheureusement pour la marine italienne), il ne trouvera aucun navire allié.
Le dernier né des cuirassés italien se replia sur Brindisi et participa à la protection antiaérienne du port, arrivant en plein raid aérien allié ! Il revendiqua la destruction de douze bombardiers mais problème les archives alliées ne trouvent aucune trace de ces pertes. Es-ce à dire que ses pertes non pas existées ? Non mais elles sont probablement exagérées.
En ce qui concerne les porte-avions, les deux «ponts plats» italiens sont en mer ce qui inquiète les alliés qui craignaient une brutale contre-attaque italienne mais heureusement pour eux elle n’aura pas lieu.
L’Italia à l’annonce des raids sur Naples court au «son du canon» pour couvrir le grand port méridional avec sa chasse. Son intervention très vite connue des alliés à semble-t-il poussé le haut-commandement allié à interrompre prématurément l’opération JUDGMENT même si cette hypothèse fait débat chez les historiens.
Le Don Juan de Austria déployé au sud du canal d’Otrante lance ses avions pour couvrir Tarente contre un nouveau raid des bombardiers alliés mais ses chasseurs ne trouvent aucune cible à se mettre sous la dent.
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Les croiseurs lourds ne sont pas plus épargnés que les cuirassés. Le Fiume qui avait déjà été endommagé lors d’une escorte de convois vers l’Afrique du Nord (deux bombes) et lors de l’opération SCIPION (une bombe) est à nouveau touché par une bombe alors que le navire était au mouillage à Tarente. Les dégâts sont heureusement plus limités que précédemment.
Le Gorizia patrouillait au large de Brindisi quand l’opération JUDGMENT est déclenchée. Il va aider la DCA du port contre les aviations britanniques et françaises, revendiquant huit appareils abattus (quatre reconnus) ce qui lui vaudra en retour de recevoir une bombe qui provoque des dégâts importants mais pas dramatiques. Il va d’ailleurs poursuivre sa carrière après quelques jours de réparations.
Son sister-ship Pola à quai à La Spezia ressort indemne de l’opération et peut se targuer d’avoir abattu deux avions embarqués français.
Le Ragusa qui avait participé à SCIPION mais sans engagement majeur en raison de consignes trop prudentes était immobilisé au bassin à Naples pour des travaux de maintenance. Cela le sauve d’une torpille britannique mais pas d’une bombe qui détruit un affût double de 100mm qui ne sera d’ailleurs pas remplacé avant l’opération MERKUR.
Son sister-ship Nissa était en mer à la recherche d’un convoi allié entre la Tunisie et l’Egypte, convoi qui n’à jamais existé ! (on apprendra par la suite que les italiens avaient été intoxiqués par un agent double et par un faux trafic radio).
Equipé d’un radar expérimental (si mauvais dirons ses marins qu’il à du être fourni par les britanniques), il ouvre le feu sur des formes indistinctes mais ne met aucun coup au but et pour cause.
Il est survolé à plusieurs reprises par des avions de reconnaissance ennemis et met cap sur Tarente, arrivant quelques heures après le dernier raid ennemi sur la base. On imagine facilement la réaction des marins du croiseurs lourd à leur retour…… .
Dans le domaine des croiseurs légers, citons le cas du croiseur-éclaireur Ciao Mario qui après avoir échappé aux bombes ennemies le 15 janvier 1949 appareille en fin d’après midi pour retrouver la flotte ennemie et la châtier.
Il passe la nuit en mer, tirant plusieurs fois des obus éclairants pour retrouver l’ennemi mais sans succès. Au contraire c’est l’ennemi qui va le retrouver.
Le 16 vers 11.30 une brutale explosion secoue le navire alors qu’il se trouvait au large de l’île d’Elbe.
On pense d’abord à une mine mais on sait aujourd’hui que c’est le sous-marin britannique HMS Sea Nymph qui avait lancé deux torpilles qui ne laissèrent aucune chance à l’unité de classe Capitani Romani qui coule en moins de vingt minutes.
Et côté allié ? Faute de riposte italienne, aucun navire n’est endommagé ou même coulé et les seules pertes concernent l’aviation qu’elle soit basée à terre ou embarquée.
L’expérience acquise est précieuse notamment en terme de coordination entre chasseurs, bombardiers-torpilleurs et bombardiers en piqué ce qui sera capital pour une future bataille aéronavale majeure du côté de la Grèce.
En revanche si les bases italiennes sont endommagées plus (La Spezia,Gênes) ou moins (Tarente, Naples), si de nombreux navires sont coulés ou endommagés, l’espoir de neutraliser la marine italienne dans ses ports à donc été un échec.
Certains reprocheront aux planificateurs d’avoir abandonné le projet de bombarder les côtes et de mettre à terre des «commandos» pour amplifier l’impact des bombardements aériens. Es-ce que cela aurait changé des choses ?
Rien n’est moins sur car cela aurait exposé des unités précieuses _croiseurs, contre-torpilleurs, destroyers voir cuirassés_ à une revanche de la Regia Aeronautica ou à une sortie de navires encore en état avec la possibilité de pertes très lourdes des deux côtés.
De toute façon les alliés n’ont pas vraiment le temps de gamberger. Des infos recueillies un peu partout annonce une opération majeure du côté de l’Axe et mieux vaut être prêt à y faire face qu’à ressasser ce que certains considèrent comme une occasion manquée.