Le Conflit (199) Balkans (33)

Le 4 mars 1952, le cuirassé HMS Barham est engagé dans une mission dans les Cyclades avec le soutien du croiseur lourd Suffren, du croiseur léger Emile Bertin et des escorteurs d’escadre Du Guesclin et Maillé-Brézé. Ils sont également couverts par le porte-avions léger Guillaume le Conquérant.

Le plan est simple : bombarder l’île de Naxos et détruire la navigation présente dans le secteur qu’elle soit italienne, allemande ou bulgare.

La petite escadre arrive sur zone le 7 mars 1952. Tout se passe comme prévu, le cuirassé et le croiseur lourd bombardent l’île pendant que le croiseur léger, les escorteurs d’escadres et les destroyers assurent la couverture de la zone, le porte-avions lui ayant lancé ses avions de reconnaissance pour régler le tir ainsi que ses chasseurs pour intercepter tout avion ennemi.

L’opération se passe bien, les cibles prévues sont bombardées et plusieurs avions allemands sont envoyés au tapis.

C’est alors qu’une violente explosion secoue le vénérable cuirassé. On pense d’abord à un sous-marin et la zone est copieusement grenadée par les navires de surface mais aussi par les avions embarqués.

Une brèche à été ouverte à tribord avant, une brèche de 12 sur 15m avec 3500 tonnes d’eau qui alourdissent le cuirassé. Heureusement les équipes de lutte contre les avaries connaissent leur métier et stabilisent la situation.

Le plus dur est-il passé ? Hélas non puisqu’une deuxième mine détonne cette fois à bâbord arrière et la situation devient désespérée. On ne compte plus les actes de courage et de dévouement (trois Victoria Cross à titre posthume seront décernées ce qui est significatif) pour tenter de sauver le navire.

Le croiseur lourd Suffren parvient à passer une remorque et avance à 4 nœuds, le tout sous la protection des autres navires de l’escadre et de tous les avions alliés disponibles qui vont abattre plusieurs avions de reconnaissance ennemis qui auraient très bien pu guider des bombardiers horizontaux et des bombardiers en piqué.

Un peu comme un mourant qui connait parfois une période de regain, le cuirassé semble retrouver du tonus. Même les plus optimistes savent que si il parvient dans un port, il sera bon pour le désarmement.

Neptune et Eole ne lui en laisseront pas le temps. Le lendemain 8 mars à l’aube alors qu’il se trouvait à 75 miles nautiques au nord-ouest de Chypre, la remorque casse puis le cuirassé prend brusquement une gite de 17° sur tribord bientôt réduite à 12° mais ce répit est mis à profit pour ordonner l’évacuation générale. Magnanime le vieux guerrier laisse le commandant du navire, le capitaine de vaisseau Brenstwick-Wildham quitter le navire avant de chavirer et de sombrer.

Une enquête de commandement sera menée mais ne montrera aucune faute du commandant ou de l’équipage.

Cette perte va faire si je peux utiliser cette expression les affaires de son sister-ship Valiant qui devait être désarmé. Finalement il va subir une refonte de juin à décembre 1952 ce qui lui offrira un sursis de quelques années (NdA il sera désarmé le 17 mars 1954 et démoli en 1957).

D’autres cuirassés britanniques s’en sortent mieux comme le HMS Nelson qui va utiliser à plusieurs reprises ses neuf canons de 406mm pour bombarder les îles grecques aux mains des italiens et des allemands. Il sera endommagé à plusieurs reprises mais jamais sérieusement, la première fois le 4 janvier 1952 par une batterie côtière et la seconde fois par un Ju-188 allemand le 30 mai 1952 mais l’obus de 150mm comme la bombe de 250kg ne font qu’égratigner la cuirasse du vieux guerrier (22 ans de carrière !)

Son sister-ship le HMS Rodney navigue moins en raison de problèmes mécaniques récurrents et d’une usure prononcée. On le préserve donc à Alexandrie en attendant pourquoi pas une sortie massive de la flotte italienne. Nul doute que ses canons de 16 pouces sont prévus pour de grandes choses. Il sort ainsi à quelques encablures des côtes égyptiennes pour entrainer son équipage et effectuer des écoles à feu. Pas étonnant que certains esprits acerbes aient rebaptisé le cuirassé britannique HMS Retirement (HMS Retraite).

Le HMS Duke of York est nettement plus actif que son ainé pour des missions de présence, de couverture des convois (même si la marine italienne était très affaiblie et sortait de moins en moins de ses ports) et de bombardement naval, ses dix canons de 14 pouces (356mm) donnant souvent de la voix avec parfois les canons de 133mm pour le plus grand plaisir des garnisons ennemies.

Il opérait rarement seul, étant engagé avec ses destroyers d’escorte mais aussi des croiseurs et généralement un porte-avions qu’il soit léger ou lourd.

Cela n’empêche pas tous les dégâts comme le 9 avril 1952 (une bombe italienne) et le 15 mai 1952 (éclats d’une batterie côtière particulièrement efficace et coriace).

Le 7 mars 1952, l’escorteur d’escadre ex-contre-torpilleur Le Malin est victime d’une mine et de l’aviation italienne.

Une mine explose à l’avant du navire au large de Céphalonie après un raid en solitaire contre la navigation ennemie, les alliés comptant sur la vitesse du navire pour échapper à toute riposte. Alors qu’il se traine à 12 nœuds, il est surpris par des bombardiers italiens qui malgré une DCA féroce place une bombe. Le navire est évacué et coule dans la soirée sous les coups de son sister-ship Le Triomphant arrivé à la rescousse qui place une torpille et vingt-quatre obus de 130mm.

Le 14 mars 1952 le pétrolier grec Nymphea explose en pleine mer lors d’une traversée entre Alexandrie et La Crète. On pense dans un premier temps à une explosion accidentelle mais on apprendra en retrouvant l’épave en 1965 qu’il à été torpillé par un sous-marin italien (suite à l’analyse des traces d’explosif retrouvés), sous-marin qui reste à ce jour inconnu, aucun submersible n’ayant revendiqué la victoire. Nul doute qu’un jour un historien motivé trouvera peut être l’identité du bourreau du Nymphea.

Au moment où l’opération ANVIL va être déclenchée, la marine italienne est dans une position du faible au fort, se limitant à harceler les marines ennemies avec ses vedettes lance-torpilles et ses torpilles submersibles, les redoutables Maïales armés par la Decima-MAS.

A plusieurs reprises, des ports sous contrôle allié sont attaqués mais jusqu’ici les résultats étaient décevants.

Tout change le 21 mai 1952. En pleine nuit, six torpilles submersibles sont mis à l’eau par le sous-marin italien Sciré pour attaquer le port de La Sude et notamment le croiseur lourd Suffren.

Ce dernier venait de rentrer d’une mission de couverture de convois et d’appui aux opérations commandos, ses canons de 203mm ayant appuyé un raid mené par le Bataillon Sacré dans les Cyclades.

Une première torpille coule à pic (son équipage parvenu sur la terre ferme sera fait prisonnier le lendemain par une patrouille grecque) et une autre se bloque dans le filet de protection. Les italiens sont chanceux, l’alarme n’ayant toujours pas été donnée.

Il faut dire que depuis plus de six mois le port de La Sude n’à pas été visé donc la vigilance est retombée.

Les quatre dernières torpilles pénètrent dans la rade. Des sentinelles plus attentives repèrent les assaillants, donnant l’alerte. Des projecteurs s’allument et un feu d’enfer est déclenchée mais le tir est imprécis. Si deux torpilles sont détruites, deux autres parviennent à toucher le croiseur lourd qui est sérieusement endommagé, coulant par petits fonds dans la rade. Six opérateurs italiens sont faits prisonniers.

Le lendemain matin, une explosion sort la base de sa torpeur. Pensant à une attaque aérienne, la DCA ouvre le feu avant de cesser son tir, quelques obus retombant sur le sol provoqueront des incendies vite maitrisés. Il s’agit en réalité d’une torpille tombée au fond qui en explosant va avarier un pétrolier qui coulera dans la rade.

Le croiseur lourd Suffren est sérieusement endommagé mais ayant coulé droit certains espèrent pouvoir le réparer et le remettre en service.

Malheureusement pour eux, il devient évident que remettre en service le Suffren était un non-sens militaire et économique.

Le 8 juillet 1952 le Suffren est officiellement désarmé. L’eau à été depuis longtemps évacué, la coque rapidement rafistolée. Les munitions ont été évacuées tout comme les corps de 54 marins tués par l’attaque.

Le navire à été remis à flot puis débarrassé de toute ce qui était récupérable. Les canons ont par exemple été récupérés quand ils possédaient encore un certain potentiel pour équiper les croiseurs lourds français ayant besoin de nouvelles pièces.

Il fût un temps question d’envoyer ces canons de 203mm dans le Péloponnèse comme artillerie longue portée mais ce projet fût abandonné en raison des travaux titanesques pour un résultat limité.

Devenu brise-lames avec des pièces légères de DCA pour protéger La Sude, l’ancien croiseur lourd sera envoyé à la démolition après guerre.

Le 17 juin 1952, le croiseur léger Guichen est gravement endommagé par une mine au large de Corfou. Sa survie tient du miracle, le navire parvenant à La Sude pour des réparations provisoires avant une remise en état complète à Bizerte. Il sera de retour dans les eaux grecques qu’en janvier 1953.

Le 30 juin 1952, le croiseur léger HMS Manchester est endommagé par une batterie côtière défendant l’île de Lemnos. Un obus de 120mm touche le bloc-passerelle, obligeant le croiseur à se replier pour éviter des dégâts plus importants. Rentré à La Sude le lendemain, il passera deux jours en réparations signe que les dégâts étaient des plus limités.

Le 18 juillet 1952, il sera à nouveau endommagé mais par un coup à toucher quand une bombe allemande explosa à 15m du croiseur à tribord. Autant dire des dégâts encore plus limités que le 30 juin dernier.

Le 4 juillet 1952, le porte-avions Ark Royal accompagné de son escorte composée notamment du croiseur lourd Charles Martel mène plusieurs raids contre la navigation allemande dans les Cyclades, les avions embarqués britanniques coulant une demi-douzaine de navires de charge et deux R-Boote. Le croiseur lourd français bombarde également les batteries côtières de l’île de Mykonos qui n’est pas le haut-lieu touristique que l’on connait aujourd’hui.

Sur le chemin du retour, plusieurs bombardiers allemands attaquent la petite escadre. Une bombe égratigne le croiseur et une autre touche le porte-avions lui imposant trois semaines de réparations à Alexandrie.

Cette avarie obligera le HMS Indomitable à retarder un petit carénage qui eut finalement lieu début septembre lui faisant manquer le début de l’opération ANVIL.

Durant l’année 1952, le porte-avions à mené une vingtaine de raids contre la Grèce continentale, Céphalonie, Corfou, étant endommagé à plusieurs reprises mais jamais sérieusement. Comme le dirait un officier français détaché à bord et originaire d’Afrique du Nord «Il avait la baraka».

Le 15 juillet 1952, le croiseur lourd Charlemagne est endommagé par l’aviation allemande alors qu’il menait une mission recherche et destruction dans les Cyclades.

Deux bombes touchent le navire mais les dégâts sont bien plus faibles qu’en juillet 1951 et le navire est de retour au combat un mois plus tard.

Il est relayé comme jadis par le Charles Martel qui opère seul ou en liaison avec les porte-avions qu’ils soient français ou britanniques comme le 18 juillet 1952 quand il bombarde l’île de Lemnos avec ses canons de203mm avec l’appui et la protection des avions embarqués sur le Guillaume le Conquérant.

Il sort indemne de cette mission mais à moins de chance le 23 juillet quand il est touché par une bombe de 250kg qui détruit un affût double de 100mm heureusement non armé.

Le HMS Furious passa le premier semestre en Méditerranée occidentale, participant par exemple au soutien de l’opération ACOLADE contre Pantelleria et Lampedusa. Il va aussi couvrir l’opération HUSKY contre la Sicile. Après une petite période d’entretien à Bizerte, il va se préparer à l’opération ENCLUME.

Il va donc être engagé dans l’opération ANVIL, appuyant les troupes au sol, les couvrant et les éclairant mais si il est resté dans l’histoire c’est pour son action d’éclat mené le 26 décembre 1952 en compagnie de son compère Commandant Teste puisqu’il coulera à Tarente le cuirassé Marcantonio Colonna dans le cadre des préparations de l’opération SKYLOCK (NdA plus de détails dans le Tome 14)

Entre-temps les opérations navales en Méditerranée orientale sont marquées notamment par le retour au combat du croiseur lourd britannique HMS Hawke qui avait été immobilisé pour réparations de mars à octobre 1951.

Il mène plusieurs raids en solitaire ou en compagnie d’autres navires _escorteurs d’escadre français, croiseurs légers britanniques et français_ pour rendre impossible la vie de l’ennemi.

Quand aucun convoi n’était repéré, les croiseurs, les escorteurs d’escadre et les destroyers n’hésitaient jamais à bombarder les îles occupées par les allemands, les italiens et les bulgares. Il appuyait également des raids commandos destinés à de la destruction ou du recueil de renseignement.

Malgré une puissante DCA et les couvertures de chasse, le croiseur lourd est endommagé à plusieurs reprises par les bombardiers et les chasseurs-bombardiers bien décidés à envoyer ce gêneur par le fond.

Il est endommagé par une bombe de 125kg le 17 février, six roquettes le 8 mai 1952 et une autre bombe de 250kg le 24 août 1952. A chaque fois il rallie La Sude ou Alexandrie pour des réparations rapides.

Il opère parfois avec son sister-ship HMS Raleigh qui avait participé à CATAPULT et à la Bataille du Golfe de Zanthe avant de mener des escortes de convois (notamment des convois transportant des troupes particulièrement sensibles) et des missions d’appui-feu aux profits des différentes unités commandos alliées.

Endommagé par une bombe de 250kg larguée par les allemands, il est immobilisé pour travaux de septembre 1952 à février 1953. Es-ce à dire que les dégâts ont été si importants ? Non car les britanniques ont simplement profité de l’immobilisation pour avancer un carénage prévu au printemps suivant.

Entre-temps, le croiseur lourd s’était illustré le 18 mai 1952 en couvrant un convoi, détruisant douze avions italiens et allemands (vingt-deux revendiqués mais douze validés après guerre par comparaison des rapports alliés et ennemis).

Son sister-ship le HMS Blenheim à moins de chance le 7 juin 1952. Après avoir bombardé la plaine d’Attique, il est surpris par l’aviation allemande qui place deux bombes. Les bombardiers allemands n’achèvent pas leur proie probablement parce qu’il y eut tellement de fumée qu’ils étaient probablement persuadés que le navire allait couler rapidement. En réalité il sera de retour à la fin du mois d’août après deux mois de réparations à Alexandrie.

Son sister-ship HMS Marlborough est arrivé en Méditerranée orientale en août 1952. Il participe à plusieurs escortes de convois mais se spécialise surtout dans le bombardement naval signe qu’il pourrait jouer un rôle majeur dans l’offensive qui s’annonce imminente. En dépit de plusieurs chaleureux comités d’accueils il n’à jamais été touché sérieusement par les allemands, les italiens ou les bulgares.

Le 12 mars 1952, le croiseur léger HMS Newfoundland participe à un raid commando mené par les Royal Marines contre un radar implanté sur l’île d’Eubée. L’infanterie de marine britannique est transportée par des navires amphibies comme si il s’agissait de répéter un futur débarquement de bien plus grande ampleur.

A l’aube, le croiseur léger bombarde la région pour neutraliser les batteries côtières et plus généralement toute possibilité de résistance. Les allemands sont clairement surpris et ne s’opposent pas au débarquement des Royal Marines qui s’emparent du radar et rembarquent au prix de huit morts. Le croiseur léger est légèrement endommagé par une collision au retour à La Sude avec un navire amphibie mais heureusement sans gravité pour les deux navires.

Le 30 avril 1952, le HMS Decoy est sérieusement endommagé par des vedettes lance-torpilles allemandes qui placent deux torpilles au prix de quatre des leurs. Et pourtant le navire peut être pris en remorque par l’escorteur d’escadre Maillé-Brézé.

Alors qu’il approche de la Crète, une nouvelle voie d’eau apparaît, celle de trop. L’escorteur d’escadre doit larguer la remorque et récupérer les marins encore présents sur le destroyer qui vont assister impuissant au naufrage de leur navire.

Le 17 mai 1952 le HMS Griffin est surpris par des chasseurs-bombardiers allemands alors qu’il venait de bombarder l’ile d’Eubée. Deux bombes de 250kg et des roquettes transforment l’unité de type G en une annexe de l’enfer. Le naufrage est rapide et les survivants peu nombreux, la plupart étant faits prisonniers par les allemands.

Le 9 juin 1952, le croiseur léger HMS Uganda est endommagé par une bombe italienne après avoir bombardé Corfou (76 coups de six pouces). Il doit se replier à grande vitesse, échappe à une torpille lancée par un sous-marin inconnu avant de rallier La Sude pour deux semaines de réparations en dépit du fait que ce mouillage ait été visé récemment par les maïales italiennes.

Le 30 juin 1952 l’escorteur d’escadre La Tour d’Auvergne est coulé en Adriatique par le sous-marin italien Tembien alors qu’il venait de bombarder Corfou en tirant 56 obus de 130mm. Deux torpilles sont suffisantes pour envoyer l’ancien contre-torpilleur par le fond. Son bourreau sera coulé le lendemain par un Consolidated Catalina du Coastal Command en maraude.

Le 8 août 1952, le destroyer HMS Laforey bombarde l’île d’Eubée. Il tire vingt-quatre obus de 120mm avant qu’une alerte aérienne ne retentisse. Le navire type L reçoit l’ordre de mettre cap au sud à grande vitesse.

C’est alors qu’une partie de l’appareil propulsif tombe en panne réduisant sérieusement la vitesse. Il devient une cible pour des bombardiers allemands qui placent deux bombes de 250kg.

La première explose dans les grenades ASM avec les dégâts que l’ont peut facilement imaginer. Non vous ne voyez pas ? Eh bien la poupe est arrachée, rendant le navire ingouvernable. Le commandant ordonne l’abandon du navire mais une deuxième bombe touche le bloc-passerelle provoquant des coupes sombres dans les rangs des officiers. C’est le sauf qui peut général et à peine un tiers de l’équipage est récupéré.

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Les italiens connaissent eux aussi de lourdes pertes au sein d’une marine qui n’à plus la flamboyance du début.

C’est ainsi que le croiseur lourd Ravenna est sérieusement endommagé par l’aviation navale grecque le 24 août 1952.

Le navire survit par miracle et rallie Trieste soit un abri tout relatif. Les italiens renoncent très vite à le réparer tant les dégâts sont importants. On se contente de sécuriser le navire pour éviter un naufrage accidentel mais aucune remise en état n’est vraiment envisagée. On verra cependant ses canons tirer à plusieurs reprises dans le vain espoir de repousser les alliés.

Le 14 septembre 1952, le cuirassé Francesco Caracciolo est surpris par des bombardiers lourds français et britanniques alors qu’il se trouvait à Venise pour réparations. Malgré une DCA puissante et l’émission de fumigènes, l’avant-dernier cuirassé construit par l’Italie encaisse six bombes.

Sans réelles équipes de lutte contre les avaries, portes étanches ouvertes, le cuirassé chavire. Il sera relevé après guerre et démoli.

Le 21 septembre 1952 le sous-marin italien Argento est surpris en surface par l’escorteur rapide Orage. Le submersible transalpin plonge en urgence mais c’est pour être mieux grenadé. Un sinistre bouillonnement annonce la perte du sous-marin.

Les pertes sont majoritairement subies par le Comando Navale Grecia qui possédaient déjà des moyens forts limités qui de plus ne pouvaient pas être renouvelés et renforcés.

Le 17 mars 1952, le Giulio Gerrmanico est surpris en mer par le croiseur léger Emile Bertin. Ce dernier devait mener une mission de mouillage de mines au large de Corfou. Il repère au radar le croiseur léger italien et malgré la présence des mines ouvre le feu.

L’unité de classe Capitani Romani est vite encadrée et ne peut riposter. Transformée en une annexe de l’enfer, le croiseur-éclaireur chavire et coule rapidement.

Sans perdre de temps l’Emile Bertin largue des radeaux pour d’éventuels survivants italiens puis rallie la zone où il devait larguer ses mines. Il rentre ensuite à grande vitesse, le sentiment du devoir accompli.

Le même jour les forces navales italiennes connaissent une nouvelle désillusion quand le Pogoritsa accompagné des destroyers britanniques HMS Icarus et Intrepide anéantit un convoi entre l’Attique et les Cyclades. Quatre cargos, deux pétroliers escortés par quelques patrouilleurs et escorteurs de fortune sont envoyés par le fond provoquant un tremblement de terre au sein des hautes sphères de la marine italienne.

L’autre croiseur présent, le croiseur léger antiaérien Vesuvio est endommagé le 4 juillet 1952 mais échappe à la destruction grâce à un grain providentiel qui le cache des bombardiers britanniques qui voulaient lui faire un sort.

Le 30 avril 1952, le cacciatorpinidiere Freccia est coulé par l’aviation embarquée britannique, les Blackburn Firebrand du HMS Ark Royal surprenant le destroyer italien au large de l’île de Zanthe que le navire transalpin avait bombardé. Deux bombes de 250kg et le mitraillage des Seafire provoquent le naufrage du navire.

Le 5 mai 1952, le cacciatorpinidiere Palestro est coulé par le sous-marin britannique HMS Ulmost au large du Golfe de Patras. Trois torpilles foudroient littéralement le navire italien qui disparaît dans une immense gerbe de feu ne laissant que fort peu de survivants.

Le 4 juin 1952, le torpilleur léger Angelo Bassini est sérieusement endommagé par une mine italienne qui avait rompu ses attaches. Le torpilleur se replie cahin caha vers Corfou mais il n’y parviendra jamais, un bombardier bimoteur Bristol Beaumont grec du 31.Mira Vonvardismon achevant le navire avec une bombe de 500kg.

Le 12 juin 1952, le torpilleur léger Giuseppe Sirtori est surpris en haute mer par l’escorteur d’escadre Duperré et l’escorteur rapide Orage.

Le torpilleur léger qui se sait en infériorité décide d’affronter courageusement les deux navires français qui ne perdent pas de temps et prennent aucun risque.

Le torpilleur italien encaisse huit obus de 130mm, une torpille et douze obus de 100mm ! Avec un tel traitement pas étonnant que le naufrage à été rapide. Quelques marins italiens sont récupérés mais beaucoup gravement blessés succomberont à leurs blessures. Les survivants seront traités avec beaucoup d’égard et le commandant en second qui avait survécu sera décoré de la Médaille Militaire.

Au moment du déclenchement de l’opération ANVIL, il restait seulement huit vedettes lance-torpilles italiennes sur la côte orientale, quatre stationnées à Corfou, deux sur l’île de Céphalonie et deux à Ingoumenista.

Deux ont été perdues suite à une collision au large de Corfou le 8 janvier 1952, quatre ont été victimes de l’aviation (12 février, 4 mars, 9 avril et 15 mai) et deux ont été victimes de navires de surface, l’ER Orage détruisant une vedette le 6 juin et une vedette lance-torpilles grecque une vedette italienne le 7 juillet 1952.

En ce qui concerne les sous marins de poche , ceux-ci sont préservés pour s’opposer à un possible débarquement sur la côte orientale, les italiens craignant un débarquement au nord du Golfe de Patras pour prendre à revers les troupes italiennes.

En dépit des mesures de précaution prises, un des quatre sous-marins de poche est perdu. Le 4 juin 1952 alors qu’il venait de sortir pour un exercice en mer, le CM-1 est surpris par des bombardiers Bristol Beaumont grecs qui attaquaient le port de Corfou.

Le sous-marin de poche n’est pas précisément visé mais une bombe provoque son naufrage. L’épave sera relevé par les alliés puis démolie.

Dans le domaine des navires de soutien plusieurs navires sont coulés avant ANVIL. Citons par exemple le pétrolier Cocito qui est coulé le 28 juin 1952 par des Bristol Beaufighter du Coastal Command alors qu’il venait de livrer du mazout à Corfou. Touché par deux bombes et une flopée de roquettes, il sombre en mer Adriatique.

Le cargo réquisitionné Principessa Olga est victime du sous-marin fançais Le Glorieux le 24 avril 1952 qui l’exécute de deux torpilles en mer Adriatique.

Il restait donc fort peu de navires au moment où les alliés vont lancer leur opération majeure sur le front Balkanique. C’est le cas des italiens comme nous venons de le voir mais aussi en mer Egée où les marines grecques, yougoslaves et australiens vont mener la vie dure aux deux petites flottilles qui doivent tenter de protéger les côtes et les îles sous contrôle allemand et bulgares.

Le navire-amiral de la Flottille Allemande de la Mer Egée était un navire de transport et de commandement le Gothland. Il avait échappé à plusieurs attaques aériennes et navales mais la chance lui fait défaut le 4 août 1952. Ancré dans le port du Pirée, il est touché par trois bombes de 250kg lancés par des Bristol Beaumont grecs.

Le navire incendié chavire dans le port et va l’embouteiller ce qui favorisa in fine les allemands puisque cela les mettaient à l’abri d’un assaut direct contre la porte d’entrée de la la capitale grecque.

Nul doute que les allemands auraient été moins satisfaits si ils avaient su que les alliés n’avaient jamais sérieusement envisagé une telle opération !

Sur les huit GkT d’origine, il ne restait au moment d’ANVIL que quatre navires, les GkT-2, 4, 6 et 8, le GkT n°5 ayant été coulé par l’aéronavale yougoslave le 17 mars 1952 et le n°7 ayant été victime d’une mine mouillée par un sous-marin britannique.

Sur les seize S-Boot déployées en Grèce, il en restait dix début 1952 et seulement six au moment de la grande offensive alliée, les SG-1, 9, 11 et 16 ayant été perdues lors d’affrontements contre leurs homologues grecs et yougoslaves non sans provoquer des pertes tant dans les unités grecques que dans les unités yougoslaves.

En ce qui concerne les R-Boote, il restait huit navires de ce type, les véritables bonnes à tout faire de la Kriegsmarine. Les R-2, 6, 10 et 12 ont ainsi été coulés, le premier par des chasseurs-bombardiers britanniques, le second par une vedette lance-torpilles grecque, le troisième par une batterie côtière suite à une tragique méprise et le quatrième par le souffle d’une bombe de 500kg qui toucha un hangar bourré de munitions au Pirée.

En ce qui concerne les Hilfspatrouillenboot, il n’en restait plus que neuf, les HpB-1, 9 et 10 ayant été coulés le premier par l’ER Orage, le second par un chasseurs-bombardier yougoslave et le troisième par une mine.

Il restait trois mouilleurs de mines auxiliaires (Hilfsminenleger) au moment d’ANVIL, le HmL-1 ayant victime le 30 juin 1952 de l’explosion de ses propres mines avec des conséquences faciles à imaginer.

Et côté bulgare ? La situation n’est guère reluisante. Il reste seulement deux torpilleurs, les T-2 et 4, le T-1 ayant été nous l’avons vu coulé par les avions embarqués du porte-avions Commandant Teste le 7 janvier 1951 au port en compagnie du P-5, le Pridruzhisteli n°7 ayant été perdu lors d’une attaque menée par des chasseurs-bombardiers britanniques du Coastal Command. Quand au T-3, il à sauté sur une mine qui n’était pas forcément ennemie.

Il restait quatre Spomagatelni Patrulni Kateri (patrouilleurs auxiliaires), les SPK-2, 5,7 et 8 étant toujours là à la différence des SPK-1, 3,4 et 6 qui ont été victime pour les deux premiers de l’aviation, d’une mine pour le troisième et d’une vedette lance-torpilles australienne pour le quatrième.

En ce qui concerne les Minochistachi (dragueurs de mines), il en restait trois, les M-1, M-3 et M-6, le M-5 ayant été victime d’une mine qu’il tentait de neutraliser près de Lemnos.

En ce qui concerne les cargos légers ou Lekotovarni Korabi, il restait au moment d’ANVIL que six sur douze, les LK-1, 4, 8,10,11 et 12 sachant que début 1952 il n’en restait déjà plus que huit, les LK-3 et 9 ayant été victimes de l’aviation.

Sur les six chalutiers armés (des chalutiers réquisitionnés tardivement), il en restait que quatre, les VT-1 et 6 ayant été victimes de l’aviation.

En Adriatique, le mouilleur de mines Orao est coulé le 7 mars 1952 par des bombardiers français, une bombe de 250kg étant suffisante pour l’envoyer par le fond.

Trois mois plus tard le 17 juin 1952, le monitor Drava est coulé dans le Danube par des Bristol Beaumont de l’Armée de l’Air Royale Libre Yougoslave qui attaquaient depuis le Peloponnèse Belgrade. Deux bombes de 250kg et des passes de mitraillage envoient le navire fluvial par le fond.

8-Croiseurs légers (6)

C-Croiseur mouilleur de mines Pluton

Le croiseur mouilleur de mines Pluton en 1932

Le croiseur mouilleur de mines Pluton en 1932

NdA : théoriquement, je ne devrai pas aborder le Pluton vu qu’il est détruit avant mon point de divergence (13 septembre 1939) mais il me semble nécessaire d’en parler à la fois pour comprendre la suite de l’histoire des croiseurs légers français et au moins par respect pour la mémoire des marins fauchés en ce jour de septembre.

Genèse d’un navire particulier

La mine marine est apparue au cours de la guerre de Sécession mais ce n’est qu’au vingtième siècle qu’elle devient une arme redoutablement performante avec un rapport prix/coût de reviens défiant toute concurrence.

Les alliés utilisèrent massivement la mine durant le premier conflit mondial pour protéger les convois contre les sous marins, créant de véritables corridors pour les convois avec un succès mitigé tout comme celui des bâteaux-piège (Q-ship), l’utilisation des convois, de l’Asdic et d’escorteurs armés de grenades ASM se révélant plus efficaces.

La guerre terminée, la Royale s’interroge sur le futur usage des mines marines. A la fin des années vingt, le seul adversaire potentiel est la marine allemande et pour gêner ses mouvements, la marine française envisage deux usages de la mine : des bouchons de mines dans les estuaires et à des points de passage obligés de la côte allemande et de vastes champs de mines pour barrer de larges passages ou de créer des zones dangereuses pour les forces navales navales allemandes notamment dans des mers resserrées comme la mer du Nord.

Si pour le premier emploi, des sous marins mouilleurs de mines sont prévus (la classe Rubis) pour le second, des navires de surface spécialisés sont nécessaires.

C’est dans ce but qu’à la tranche 1925 (votée le 13 juillet 1925) est financée la construction d’un croiseur de 1ère classe (le futur Suffren), trois contre-torpilleurs de classe Guépard, quatre torpilleurs d’escadre de classe Adroit (les six premiers avaient été financés à la tranche 1924), sept sous marins de 1ère classe, deux sous marins mouilleur de mines de classe Saphir, le transport d’hydravions Commandant Teste et un «croiseur de 6000 tonnes mouilleur de mines» baptisé Pluton.

Carrière opérationnelle

-Le Pluton est mis sur cale à l’Arsenal de Lorient le 16 avril 1928 lancé le 10 avril 1929 et armé pour essais le 15 mai 1930. Il est armé définitivement le 15 novembre 1931 et admis au service actif le 25 janvier 1932.

Le 16 janvier 1932, il quitte Lorient pour Toulon où il est affecté à la Division d’instruction de la 1ère escadre plus précisément comme navire de «l’école d’application du Tir à la mer». Également utilisé comme transport de troupes, il est utilisé dans ces deux rôles jusqu’en 1939.

Le 10 juin 1939, la Division d’instruction est dissoute et le Pluton rejoint la 5ème escadre à Lorient et c’est à ce moment que la décision est prise de le transformer en navire-école d’Application des enseigne de vaisseau en complément du croiseur école Jeanne d’Arc sous le nom de La Tour d’Auvergne.

Il est cependant à noter que jamais le Pluton n’a été officiellement rebaptisé puisque ce changement de nom ne devait être effectif que lors de sa transformation en navire-école d’application pour seconder et soulager le croiseur Jeanne d’Arc.

Le 28 août, il forme théoriquement avec la «Jeanne» la 7ème division de croiseurs mais cette division n’aura aucune réalité effective.

Au moment où éclate la guerre, la France craint une démonstration des cuirassés allemands sur les côtes marocaines. Le 2 septembre 1939, le Pluton appareille de Brest avec un chargement de 125 mines B4 et arrive à Casablanca le 5 septembre 1939.

Entre temps l’opération de minage est devenue sans objet et le Pluton reçoit l’ordre de débarquer ses mines. Le désamorçage et le déchargement des engins doivent avoir lieu le 13 septembre 1939 mais dès le début de l’opération, une énorme explosion ravage le navire et entraine son naufrage. Trois bateaux de pêche amarrés à côté coulent également : l’Etoile du Matin, le Sultan et la Marie Merveilleuse provoquant la mort de 207 hommes.

CL Pluton schéma

Caractéristiques techniques du Pluton

Déplacement :  Washington 5300 tonnes En surcharge 6214 tonnes

Dimensions :  longueur hors tout 152.5m entre perpendiculaires 144m largeur maximum 15.55m tirant d’eau en charge normale (5321 tonnes) 4m à l’avant 5.2m à l’arrière

Propulsion :  deux groupes de turbines à engrenages alimentées en vapeur par quatre chaudières groupées deux par deux et dévellopant en service courant 57000ch et entrainant deux hélices tripales.

Performances :  vitesse maximale 30 noeuds distance franchissable 4150 miles nautiques à 14 noeuds

Protection :  compartimentage très serré

Armement d’origine : 4 canons de 138mm modèle 1923 en affûts simples sous masque, 10 canons de 37mm modèle 1925 en affûts simples, 12 mitrailleuses Hotchkiss de 8mm en six affûts doubles et 2 canons de 47mm modèle 1885 pour les embarcations

Equipements particuliers :  220 mines, nombre pouvant être si besoin est porté à 250 engins mises à l’eau par quatre voies

Equipage :  513 officiers et matelots