Mitteleuropa Balkans (146) Yougoslavie (34)

Autos blindées

Autos blindées Peugeot

Les premières autos blindées apparaissent au début du vingtième siècle. C’est dans les colonies où la mobilité est essentielle que des véhicules automobiles armées de mitrailleuses voit le jour. Les premières sont de simples véhicules de tourisme disposant d’une mitrailleuse mais le blindage ne tarde pas à faire son apparition.

Durant le premier conflit mondial l’utilisation sera limitée sur le front de l’ouest guerre de tranchées oblige mais plus important sur le front de l’est où le terrain s’y prêtait nettement mieux.

La France se dota d’autos blindées mais aussi d’autocanons surnommés «torpilleurs à roulette» car armées d’un canon de 37 ou de 47mm de marine.

Parmi ces véhicules figure des véhicules de la firme Peugeot. Elles combinaient un châssis de camion et une caisse blindée.

La Yougoslavie récupère quatre de ces autos blindées à la fin du conflit. Déjà déclassées à l’époque, elles sont pourtant encore en service en 1949 !

Engagées au combat elles sont toutes détruites. La première saute sur une mine antichar allemande, la seconde est détruite par un canon antichar italien de 47mm, la troisième est victime d’un accident, tombant dans un ravin en Bosnie-Herzegovine et la dernière lors de la destruction d’une caserne de Sarajevo par l’artillerie allemande.

L’Auto blindée Peugeot était une auto blindée de conception et de fabrication française pesant 5 tonnes, mesurant 4.8m de long pour 1.8m de large et une hauteur de 2.8m. Motorisée par un moteur essence de 40ch elle pouvait atteindre la vitesse 40km/h sur route et franchir 140km. Elle était armée d’une mitrailleuse Hotchkiss modèle 1914 de 8mm puis ultérieurement par une mitrailleuse de 7.92mm alimentée à 2000 coups.

Panhard AMD-178

Affectueusement surnommée «Pan Pan» en raison du bruit de son moteur deux temps, l’automitrailleuse de découverte modèle 1935 était une auto blindée 4×4 de conception et de fabrication française, une voiture véloce et maniable armée d’un canon de 25mm puis d’un canon de 47mm.

Au final ce sont donc 1237 AMD modèle 1935 produits. Ils se répartissent entre 32 exemplaires coloniaux pour l’Indochine (trois hommes, tourelle monoplace), 174 véhicules PC, 320 AMD 35 AFN (identiques au type métropole mise à part un refroidissement du moteur plus important pour pouvoir opérer par temps chaud) soit un total de 526 laissant un total de 711 AMD type métropolitain.

Sur les 1031 véhicules métropolitains et AFN, 320 furent équipés d’une nouvelle tourelle biplace armée d’un canon de 47mm pour améliorer leur potentiel antichar, ces véhicules servant au sein des GRDI des Division d’Infanterie Alpine (DIAlp) et au sein du régiment de découverte de la 1ère DLC, le 4ème Régiment de Spahis Tunisiens.

Cette automitrailleuse de découverte _dernière exemplaire de ce type avec la Gendron-Somua AM 39_ va équiper les régiments de découverte des Divisions Légères Mécaniques, des régiments d’automitrailleuses des Divisions de Cavalerie (futurs régiments de découverte de non moins futures DLM) ainsi que des GRDI motorisés.

Suite à la décision du général Gamelin de ne pas poursuivre dans la voie des véhicules trop faiblement blindés (27 février 1940), «Pan Pan» va peu à peu céder la place à sa grande soeur, l’AutoMitrailleuse Puissante (AMP) AM modèle 1940 P ou AM 40 P.

Sa carrière n’est pas pour autant terminée puisqu’elle va servir à la motorisation des GRDI montés en Afrique du Nord, au Levant ainsi qu’en métropole au profit des trois groupe de reconnaissance rattachés aux DIAlp. Il va aussi servir au Groupement Motorisé de Corse (GMC) avec huit exemplaires.

Elle va continuer à servir également en Indochine au sein du Groupement Mécanisé Colonial (future 2ème DLC) ainsi qu’au sein de deux escadrons indépendants.

Les autres véhicules vont être stockés précieusement et vont équiper des GRCA et des GRDI de mobilisation en attendant que suffisamment d’AM 40 P ne sortent des chaines de Panhard pour les équiper.

Durant la Pax Armada la Yougoslavie cherche à renforcer ses moyens militaires et notamment dans les domaines de la mécanisation et de la motorisation. Elle souhaite notamment acquérir des autos blindées modernes et se tourne vers la France.

Elle évalue l’AM modèle 1940 et l’AMD modèle 1935 marquant sa préférence pour la seconde mais se montre désappointée quand la France annonce que la production à cessé. Comme les demandes sont modestes, le gouvernement français autorise la cession de «Pan Pan» stockés ainsi que des soixante-six Gendron-Somua AM.39.

Ces autos blindées vont équiper les seize divisions d’infanterie et la brigade mécanisée.

Les premières disposaient d’un bataillon de cavalerie organisé en deux escadrons montés, un escadron cycliste et un peloton d’autos blindées qui aurait du devenir escadron mais le temps comme les moyens de ne le permis pas, chaque peloton disposant de cinq véhicules (quatre du rang et un pour le chef de peloton).

La brigade mécanisée elle disposait d’une compagnie de reconnaissance motorisée organisée en un peloton de commandement et de soutien et trois pelotons de cinq véhicules plus un véhicule pour le commandant de compagnie et son adjoint.

Cela nous donne un besoin de 97 véhicules. Outre trente-sept Gendron-Somua AM.39 on trouve soixante Panhard AMD modèle 1935, des véhicules sortis des stocks et entièrement remis en état.

Associés ultérieurement à d’autres véhicules livrés comme volant de fonctionnement ce soint quatre-vingt quatre Panhard AMD 178 qui ont été livrées à la Yougoslavie.

Ces véhicules vont naturellement participer à la Campagne de Yougoslavie en assurant moins de pures missions de reconnaissance que des missions d’écrans et de couverture. Parfois ces autos blindées assuraient l’appui de l’infanterie, mission pour laquelle elles n’étaient absolument pas conçus mais comme on dit à la guerre comme à la guerre.

Les pertes ont été lourdes et sur soixante-douze véhicules en ligne après mobilisation, quarante ont été détruits, vingt-deux capturées par les italiens et les allemands, les premiers les réutilisant après les avoir réarmés avec un canon de 20mm Breda pour des missions d’escorte de convois et de patrouille alors que les seconds les ont envoyés en Allemagne pour l’entrainement.

Comme d’autres «Pan Pan» ont été capturées durant la Campagne de France, des unités d’éclairage ont été mises ou remises sur pied avec ces véhicules en attendant la disponibilité d’auto blindées made in germany.

Les dix derniers véhicules sont parvenus jusqu’en Grèce puis ont été transférées en Palestine puis en Egypte, six véhicules encore en état servant d’élément blindé de protection pour le roi et la famille royale. Deux de ces véhicules ont été préservés jusqu’à nos jours. En revanche les véhicules utilisés par les allemands et les italiens ont tous été détruits.

L’Automitrailleuse de Découverte modèle 1935 était une auto blindée de conception et de fabrication française pesant 8200kg en ordre de combat, mesurant 4.79m de long pour 2.01m de large et 2.31m de haut. Motorisée par un moteur Panhard de 105ch, elle pouvait atteindre la vitesse maximale de 72km/h sur route et de 47km/h en tout terrain sachant que l’autonomie sur route était de 300km.

Le blindage maximal était de 20mm et l’armement était composé d’un canon de 25mm semi-automatique modèle 1935 alimenté par 150 obus associé à une mitrailleuse de 7.5mm MAC-31 avec 3750 cartouches. Une mitrailleuse de rechange est embarquée, mitrailleuse qui est souvent utilisée comme arme antiaérienne.

L’équipage se compose d’un chef de voiture et d’un tireur en tourelle, d’un onducteur et d’un inverseur en caisse

AM Gendron-Somua modèle 1939

Cette automitrailleuse est la dernière AutoMitrailleuse de Découverte (AMD) avant que le général Gamelin décide d’abandonner ce concept en raison d’un blindage trop faible.

Cette automitrailleuse à une longue histoire, étant à l’origine une AutoMitrailleuse de Reconnaissance (AMR) à trois roues. Le premier prototype à une stabilité insuffisante mais le second est meilleur.

Son inventeur, M. Gendron n’ayant pas les moyens d’assurer l’industrialisation, Somua reprend les bases du projet mais avec quatre roues, le prototype étant présenté en décembre 1937 et testé jusqu’en août 1938.

Il est adopté en septembre 1939 sous le nom d’AM Gendron-Somua modèle 1939. Elle va être produite à seulement 150 exemplaires livrées entre août 1940 et juin 1941. Elles vont être utilisées dans l’Empire et pour la sécurité intérieure en métropole au profit de la gendarmerie mais pas comme AMD au sein des GRDI.

Un peloton de douze est envoyée en Martinique alors secouée par des mouvements autonomistes/indépendandistes, deux pelotons de douze voitures étant envoyé au Levant, un au Liban et un en Syrie, ces trois pelotons soit 36 véhicules étant mis en œuvre par la gendarmerie.

La compagnie montée saharienne devient une unité motorisée avec deux pelotons de douze voitures soit 24 AM 39 Gendron Somua.

Le groupe spécial blindé de Satory dispose de vingt-quatre véhicules

Au total 84 véhicules sont en ligne, les autres véhicules étant stockés. Vingt d’entre-eux sont livrés à la Yougoslavie pour équiper quatre pelotons de cavalerie et ainsi offrir une capacité de reconnaissance et d’éclairage.

Ces véhicules vont participer à la Campagne de Yougoslavie au cours de laquelle ils sont tous détruits, leur faible blindage ne leur laissant aucune chance contre un ennemi bien équipé en armement antichar.

L’AM Gendron-Somua modèle 1939 était une automitrailleuse de découverte de conception et de fabrication française pesant 6300kg en ordre de combat, mesurant 3.74m de long 2.05m de large et 2m de haut.

Propulsée par un moteur Somua de 75ch, elle pouvait atteindre la vitesse maximale de 69km/h sur route et franchir toujours sur route 340km. Elle était «protégée» par un blindage de 15mm d’épaisseur maximum.

L’armement était identique à celle des Panhard mais la tourelle armée d’un canon de 25mm et d’une mitrailleuse MAC de 7.5mm était monoplace puisque l’équipage se composait de seulement deux hommes.

M-8 Greyhound

A l’automne 1940, l’US Army s’interrogea sur les conflits futurs et notamment l’emploi des chars de combat. Elle identifia le besoin d’un véhicule de reconnaissance rapide et bien armé pour éclairer les unités de char. Après avoir hésité entre un châssis chenillé, un châssis mixte et un châssis à roues, l’US Army sélectionna en septembre 1943 le projet de Ford.

Baptisé à l’origine T22, il fût officiellement adopté en mars 1944 sous le nom de M8 Light Armored Car, son surnom «Greyhound» ayant été attribuée officiellement en mai 1950 sans que l’origine du nom (lévrier) ne soit connu avec exactitude.

Il s’agissait d’un véhicule 6×6, rapide (90 km/h sur route), bien protégé et armé d’un canon de 37mm qui constituait un bon compromis pour un véhicule de reconnaissance, permettant de détruire quasiment tous ses homologues adverses mais qui n’était pas trop puissant pour ne pas pousser les équipages à engager inconsidérément le combat.

Les premiers véhicules de série sont mis en service à l’été 1944. Toujours en service en septembre 1948 et a fortiori en avril 1950, le M-8 Greyhound est l’automitrailleuse standard des forces armées américaines, étant utilisée par l’US Army mais également par les Marines.

La production cesse en janvier 1953, lui succédant une automitrailleuse 8×8, la M-17. La M-8 reste en service jusqu’à la fin du conflit, étant définitivement remplacée par la M-17 en 1957 dans les unités d’active, la réserve la conservant jusqu’au milieu des années soixante.

La seule variante de la M-8 fût un véhicule de transport blindé, la M-20 Armored Utility Car utilisé le transport logistique et le transport de troupes.

La M-20 disposait d’une caisse plus haute, sans tourelle avec pour tout armement une mitrailleuse de 12.7mm sous bouclier.

Le véhicule à été utilisé pendant et après la guerre par l’Arabie Saoudite, l’Autriche, la Belgique, le Brésil, Chypre, Colombie, Corée, Ethiopie, Grèce, Guatemala, Haïti, Iran, Italie, Jamaïque, Madagascar, Mexique, Niger, Norvège, Paraguay, Pérou, Portugal, Royaume-Uni, Salvador, Chine, Thaïlande, Turquie, Venezuela, Vietnam et Yougoslavie.

La Yougoslavie va recevoir des M-8 Greyhound dans le cadre de la reconstitution de ses forces armées.

La division d’infanterie type 1950 tout comme la 1ère division blindée disposent d’un bataillon de reconnaissance organisé en une compagnie de commandement et de soutien, une compagnie de chars légers M-24 Chaffee et deux compagnies de M-8 Greyhound.

Ces compagnies sont organisées en un peloton de commandement et de soutien, un peloton de transmission et trois pelotons de cinq Greyhound soit un total de quinze véhicules de rang plus deux véhicules hors rang (celui du commandant de compagnie et de son adjoint) soit un total de 17 véhicules par compagnie. Ces cinq bataillons de reconnaissance regroupe ainsi un total 170 véhicules.

A cela s’ajoute au sein des deux régiments de chars de la 1ère division blindée un escadron d’éclairage et d’appui qui dispose de deux pelotons de cinq Greyhound, un peloton de chasseurs de chars M-10 et un peloton de commandement et de soutien. Enfin pour termine on trouve au sein de chaque escadron de chars un peloton d’éclairage de huit M-8 Greyhound. Cela nous donne respective 20 et 48 véhicules.

L’armée yougoslave va donc recevoir 238 Greyhound pour équiper ses unités de combat plus quelques exemplaires pour l’entrainement à l’arrière.

Ces véhicules vont se comportement honorablement mais sans briller. Dès le printemps 1955, les premières M-17 arrivent pour remplacer leurs ainées, remplacement achevé au début des années soixante, Washington ayant honoré son contrat en dépit du renversement de la monarchie peut être dans l’espoir de circonvenir les nouveaux maitres de Belgrade qui pour des raisons de propagande relégueront rapidement les M-17 à la réserve pour des véhicules idéologiquement plus présentables.

La M-8 Greyhound était une auto blindée de conception et de fabrication américaine pesant 7.940 tonnes en ordre de combat, mesurant 5m de long pour 2.54m de large et 2.248m de haut. Motorisée par un moteur essence Hercules IXD de 110ch, elle pouvait atteindre une vitesse maximale de 90km/h sur route mais de seulement 48km/h en tout terrain, l’autonomie étant de 640km.

Protégée par un blindage de 3 à 19mm, elle était armée d’un canon de 37mm M6 avec 80 obus, d’une mitrailleuse coaxiale de 7.62mm Browning M1919A4 avec 1500 cartouches et d’une mitrailleuse antiaérienne de 12.7mm avec 400 cartouches

En ce qui concerne l’équipage il était composé de quatre hommes avec un chef de char, un canonnier/chargeur, un pilote et copilote/radio.

AM modèle 1940P

Automitrailleuse Puissante modèle 1940

Le 3 mai 1938, l’armée de terre lance un programme d’AutoMitrailleuse Puissante (AMP) pour aboutir à un véhicule de reconnaissance rapide, bien protégé et bien armé.

La rapidité est une caractéristique commune avec les AMD mais leur blindage est nettement plus important avec 40mm (identique aux chars légers de l’époque) tout comme l’armement avec un canon de 37mm semi-automatique modèle 1938, le nouveau canon standard des chars légers.

L’AMP va remplacer à la fois l’AMR et l’AMD suite à la décision prise le 27 février 1940 par le général Gamelin de cesser la production des véhicules de combat peu blindés, signant l’arrêt de mort de la Gendron-Somua et de la voiture spéciale modèle 178.

Le programme demande une voiture de 7 tonnes en ordre de marche, blindée à 40mm, armée d’un canon de 37mm et d’une mitrailleuse, pouvant circuler en tout-terrain (25 à 40 km/h) et sur route de 80 à 100 km/h.

Bucciali et Laffly sont consultés mais ne dépassent pas le stade de l’avant projet, laissant Gendron et Panhard continuer même si la première firme n’ayant pas les reins solides, elle laissa Panhard poursuivre seul le dévellopement d’une AMP qui devait désormais avoir un blindage de 60mm et un canon de 47mm comme les chars légers appelés à remplacer les AMR à mitrailleuses.

Le prototype de la Panhard 201 est présenté au printemps 1940, une première commande de 600 exemplaires étant passée le 1er mai 1940 mais la production ne commence qu’en septembre, la Panhard AM 40 P remplaçant alors son ainée «Pan Pan» sur les chaines de montage.

Une première commande de 600 exemplaires est honorée en septembre 1942 suivit d’une deuxième passée en septembre 1941 et qui est honorée en avril 1944. Ces véhicules vont armer les GRDI et les régiments de découverte des DLM.

A l’issue des 1200 AMP standard la production passe aux versions spécialisées, la version poste de commandement, la version dépannage et la version appui-rapproché avec un obusier court de 75mm inspiré de l’obusier de montagne modèle 1942.

328 AMP-Support, 43 AMP-PC et 82 AMP-D (Dépannage) sont ainsi commandées, véhicules livrés entre septembre 1944 et novembre 1945. A noter qu’une version antiaérienne avec un bitube de 25mm et une version porte-mortier de 120mm n’ont pas été produites en série.

Après ces 1643 véhicules produits, la production va continuer à rythme réduit (quinze par mois de décembre 1945 à juillet 1948) soit un total de 480 véhicules produits, les 2/3 soit 320 véhicules étant en version AMP, 100 en version AMP-S, 30 en version PC et 30 en version dépannage.

La production va dès août 1948 reprendre à plus grande échelle, 30 et parfois même 40 véhicules par mois, montée en puissance facilitée par l’ouverture d’une deuxième chaine de montage chez Delaunay-Belville et par la commande massive d’acier à blindage en Grande Bretagne et aux Etats-Unis.

Quand éclate le second conflit mondial en septembre 1948, on trouve un total de 1356 véhicules en ligne plus 671 véhicules de réserve donc beaucoup vont rejoindre les unités de mobilisation.

Comme nous l’avons vu plus haut à propos de l’AMD modèle 1935, la Yougoslavie à évalué l’AM modèle 1940P pour équiper ses unités de reconnaissance avant de préférer probablement pour des raisons de coût la célèbre «Pan Pan».

Ce n’était que pour mieux y revenir à la fin du conflit quand pour équiper ses deux Divisions Légères d’Infanterie (DLI) la France va céder de quoi créer deux compagnies d’autos blindées soit un total de vingt-huit véhicules en AM modèle 1940P plus six AMP-SUPPORT (trois par compagnie), deux AMP-PC (une compagnie) et quatre AMP-D (deux compagnies) soit un total de 40 véhicules.

Ces blindés arrivent trop tard pour réellement combattre. Elles sont maintenues en service après guerre mais en 1957 les deux DLI sont dissoutes. Est-ce la fin de leur carrière yougoslave non car les véhicules vont former un régiment de cavalerie indépendants qui vont utiliser ces véhicules jusqu’en 1966 quand l’usure et le manque de pièces à entrainer leur retrait du service actif.

L’AM modèle 1940P était une automitrailleuse biplace de conception et de fabrication française pesant 9750kgg en ordre de bataille, mesurant 4.45m de long pour 2m de large et une hauteur de 1.80m.

Motorisé par un moteur Panhard de 92ch, elle pouvait atteindre la vitesse maximale de 80 à 100km/h sur route et de 25 à 40km/h en tout terrain avec une autonomie de 400km sur route.

Protégée par un blindage maximum de 60mm, cette auto blindée disposait d’une tourelle monoplace où le chef de char/tireur disposait d’un canon de 47mm semi-automatique modèle 1935 avec 90 obus associé à une mitrailleuse de 7.5mm MAC 31 avec 3500 cartouches.

Autres véhicules

M-3 Scout Car

Le véhicule blindé léger M-3 connu par son constructeur comme la White Scout Car était le véhicule léger à tout faire de l’US Army avant l’apparition de la jeep. Conçu comme un petit véhicule de reconnaissance destiné à la cavalerie, il allait être utilisé également pour des missions de patrouille, de commandement, d’ambulance et de traction d’armes lourdes.

Après la production de 64 M-3, l’US Army décide de commander une version améliorée baptisée M3A1. Celle ci disposait d’une coque plus longue et plus large lui permettant d’embarquer jusqu’à sept fantassins.

Après la production de 8500 M-3A1 de septembre 1940 à octobre 1948, une version M-3A2 lui succède sur les chaines de montage.

Le moteur est plus puissant, le blindage renforcé et le véhicule peut recevoir une véritable tourelle armée de deux mitrailleuses de 12.7mm, faisant d’elle une véritable auto-blindée. Au final ce sont 20000 véhicules qui sont produits jusqu’en décembre 1953 quand la production s’arrête.

Ce véhicule va être utilisé sur tous les théâtre d’opérations du Pacifique à la Norvège en passant par l’Europe du Nord-Ouest et la Méditerranée. Outre l’US Army, le véhicule à été livré à la Chine, à l’URSS, à la Grande-Bretagne, à la Belgique, la République Dominicaine, l’Australie, le Brésil, le Cambodge, le Canada, le Chili, la Colombie, la Grèce, le Liban, le Laos, le Mexique, la Norvège, les Philippines, le Portugal, le Vietnam et la Yougoslavie.

La Yougoslavie à acquis ce véhicule pour la liaison générale, l’évacuation sanitaire, le remorquage de remorques ou de canons légers et surtout pour la reconnaissance et la conduite de tir au sein de l’artillerie.

C’est ainsi que chaque régiment d’artillerie yougoslave possédait une batterie de reconnaissance et de conduite de tir avec un peloton de huit M-3 Scout Car pour abriter des observateurs d’artillerie.

Véhicule fiable et robuste, il fût très apprécié de ses équipages. Il à combattu dans les Balkans principalement donc au profit de l’artillerie mais quelques «voitures d’éclairage» ont été également utilisées pour la sécurisation des arrières et l’escorte de convois dans des zones où pouvaient se trouver des éléments ennemis isolés, éléments qui militairement ne posaient pas de problèmes mais qui générait une vraie insécurité.

Ces véhicules sont restés en service dans l’armée de terre yougoslave jusqu’à la fin des années soixante. Le nombre livré est incertain variant selon les sources de 98 à 124 sans que l’on sache l’origine de cette différence.

La M-3 Scout Car était un véhicule blindé leger de conception et de fabrication américaine pesant 4 tonnes, mesurant 5.6m de long pour 2m de large et une hauteur de 2m. Motorisée par un moteur diesel Hercules IXD de 110ch, elle pouvait atteindre une vitesse maximale sur route de 89km/h et parcourir toujours sur route 403km.

Son blindage variait selon les endroits de 6 à 13mm, son armement pouvant comporter une une mitrailleuse de 12.7mm Browning M2 et deux mitrailleuses Browning M1919A4 de 7.62mm. Son équipage était composé d’un conducteur et de sept hommes qu’il s’agisse de fantassins, d’observateurs d’artillerie ou de servants d’armes lourdes.

M-3 Half-Track

A la fin du premier conflit mondial les différentes armées se heurtent à un problème. Les véhicules à roues sont rapides sur route mais lents et patauds en terrain bouleversé alors que les véhicules chenillés qui se déplacent avec aisance en terrain difficile tout est relatif sont à la peine sur les routes.

Une solution idéale semble être de combiner roues et chenilles. C’est l’acte de naissance des semi-chenillés ou half-track dans la langue de Shakespeare. Toutes les armées ou presque vont s’équiper de ses véhicules pour le transport de troupes, le transport logistique, le soutien et parfois pour le combat.

A l’usage on découvrira qu’il s’agit d’une fausse bonne idée et l’après seconde guerre mondiale vera la disparition des semi-chenillés au profit de véhicules chenillés et de véhicules à roues, les deux catégories ayant connu de spectaculaires progrès.

L’un si ce n’est le plus célèbre des semi-chenillés est le M-3 Halftrack, un semi-chenillé de conception et de fabrication américaine. Ce n’était pas le premier à équiper l’US Army puisque le M-2 conçu initialement comme tracteur d’artillerie et comme véhicule de reconnaissance de cavalerie l’avait précédé. Le M-3 à été conçu dès l’origine comme transport de troupes.

Il disposait d’une seule porte d’accès et des sièges pour douze hommes. Cinq sont installés dans le compartiment arrière sur les parois et trois dans la cabine. Généralement, les fantassins sont à l’arrière, la cabine accueillant le conducteur, un mitrailleur et le chef de groupe.

Standardisé début 1942 après la résolution de nombreuses maladies de jeunesse, le M-3 est produit pour équiper les divisions blindées et les divisions d’infanterie mais aussi les Marines.

Toujours en production en septembre 1948, le M-3 est remplacé sur les chaines de montage par le M-3A1 en mars 1949 puis par le M-3A2 en juin 1952 et enfin le M-3A3 en septembre 1953.

Les différences entre les variantes concernant le moteur (plus puissant), un blindage renforcé et une maintenance rendue plus aisée, le RETEX permettant au fabriquant d’améliorer quasiment en continu le véhicule.

La production cesse en mars 1955, le véhicule restant en service jusqu’en mars 1962 quand il est définitivement remplacé par un nouveau battlefield taxi, un taxi du champ de bataille, le M-113. Au total 44000 véhicules ont été produits.

Outre la variante de base utilisée pour le transport de troupes et le soutien logistique, le M3 à été décliné en de nombreuses variantes spécialisées comme commandement et contrôle, porte-mortier, antichar, antiaérien, génie, dépannage, évacuation sanitaire….. .

Outre les forces armées américaines, le M-3 à été utilisé par la Belgique, le Brésil, le Canada, le Chili, la Chine, la Tchécoslovaquie, le Danemark, la République Dominicaine, la France, l’Allemagne (après guerre), la Grèce, l’Italie (après guerre mais également avec l’armée co-belligérante), l’Inde, le Japon (après guerre), le Liban, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, la Norvège, le Pakistan, les Phillipines, le Portugal, la Pologne, l’URSS, la Turquie, la Grande-Bretagne et la Yougoslavie.

La Yougoslavie s’intéresse au M-3 avant le second conflit mondial mais probablement échaudée par les problèmes mécaniques elle préfère commander en masse des camions pour l’infanterie portée de la brigade mécanisée.

Quand il s’agit de reconstituer ses forces, le gouvernement yougoslave choisit ce semi-chenillé plutôt que des chenillés intégraux comme l’ont fait les français et les britanniques dans leurs unités motomécaniques.

Ces véhicules vont équiper l’infanterie portée de la 1ère division blindée mais aussi les divisions d’infanterie. L’artillerie va utiliser certains de ses véhicules pour le remorquage de pièces d’artillerie aux côtés de camions, le génie pour différents travaux de force. Le nombre exact de véhicules livré est incertain mais il est probablement supérieur à 500 exemplaires.

Ces véhicules sont restés en service dans l’armée yougoslave jusqu’au début des années soixante-dix date à laquelle ils sont remplacés par des véhicules chenillés. Pas impossible cependant que certains véhicules soient restés dans les dépôts au cas où.

Le M-3 Half-track était un semi-chenillé de conception et de fabrication américaine pesant 9.047 tonnes, mesurant 6.17m de long pour 1.95m de large et 2.26m de haut. Motorisé par un moteur White 160Ax de 147ch, il pouvait atteindre la vitesse maximale de 72km/h sur route et franchir 320km. Il était généralement armé d’une mitrailleuse Browning M2 de 12.7mm et une mitrailleuse de 7.62mm Browning M1919A4 et son équipage se composait d’un conducteur et de douze passagers (généralement un mitrailleur et onze fantassins dont le chef de groupe)

Miscellanées

-Avant le second conflit mondial, l’armée royale yougoslave était partiellement motorisée, motorisation qui reposait sur des camions acquis aux Etats-Unis auprès des firmes GMC, Dodge et Chevrolet.

-Après sa reconstitution en Afrique du Nord, la nouvelle armée yougoslave à reçu de nombreux camions, des camionnettes et bien entendu l’immortelle, la célébrissime Jeep utilisée aussi bien pour des missions logistique que de combat.

Mitteleuropa Balkans (145) Yougoslavie (33)

Canons d’assaut, canons automoteurs et chasseurs de chars

Tanketa T-32

La Tanketa T-32 était un chasseur de char léger conçu et construit en Tchécoslovaquie chez la désormais très connue firme Skoda.

C’était un véhicule léger biplace armé d’un canon de 37mm et d’une mitrailleuse de 7.92mm en superstructure ce qui lui permettait d’être particulièrement discret.

Seulement huit véhicules ont été acquis par l’armée royale yougoslave, formant un escadron rapide de véhicules blindés ou Eskadron brzih bornih kola. Cette unité dépendait de l’Ecole de Cavalerie de Zemun et devait expérimenter l’utilisation des blindés à plus grande échelle.

Cette unité existait toujours en septembre 1948 mais la mécanisation des forces armées yougoslaves n’avait pas énormément progressée.

Ces huit tankettes furent engagées au combat durant l’opération MARITSA où six d’entre-elles après quelques coups d’éclats furent détruites, laissant deux véhicules qui furent capturés par les allemands avant que ces derniers les envoient à la casse car n’ayant pas l’utilité de tels véhicules.

La Tanketa T-32 était un véhicule blindé biplace pesant 5.8 tonnes mesurant 3.58m de long sur 1.76m de large pour une hauteur de 1.95m. Motorisé par un moteur diesel Skoda, elle pouvait atteindre la vitesse maximale de 41km/h sur route et de 15km/h en tout-terrain avec une distance franchissable sur route de 260km.

Ce véhicule était protégé par un épaisseur de blindage allant de 5 à 22mm. Si le plancher n’était protégé que par 5mm de blindage, le toit de la caisse et le toit du compartiment de combat était protégé par 8mm, les côtés et l’arrière de la caisse par 12mm tout comme les côtés et l’arrière du compartiment de combat. Si l’avant de la caisse était protégé par 15mm d’acier à blindage, le mantelet du canon et l’avant du compartiment de combat bénéficiait de 22mm de blindage.

L’armement se composait d’un canon de 37mm Skoda A3J alimenté à 42 obus et d’une mitrailleuse de 7.92mm Vz.26 disposant de 1000 cartouches, les armes solidaires pouvant pointer en site de -10° à +25° et en azimut sur 15° de chaque côté de l’axe.

Somua Sau-40

Somua Sau 40

A la base le char avait été conçu comme véhicule d’appui pour l’infanterie mais avec le temps il devint évident que le principal adversaire du char allait être son compère du camp d’en face. Les différentes infanteries du monde entier résistèrent, firent des pieds et des mains mais cela semblait être dans le cour des choses.

L’appui-feu de l’infanterie restait cependant une question majeure et cela aboutit dans plusieurs pays sur la mise au point de canons d’assaut. La France allait ainsi mettre au point deux modèles, le Somua Sau-40 et l’ARL V-39. Si le premier était destiné aux DLM le second était destiné aux Divisions Cuirassées.

Dans un premier temps, il est prévu un groupe de deux batteries à quatre pièces soit un total de huit canons par DLM, un chiffre rapidement jugé insuffisant et un deuxième groupe est rapidement adjoint portant le total à seize canons d’assaut par DLM. En septembre 1942, chaque groupe passe à douze canons d’assaut, une troisième batterie étant créée dans chaque groupe.

D’abord placés sous le commandement direct du commandant de division, les groupes de canons d’assaut vont ensuite être placés sous le commandement des Brigades Légères Mécaniques (BLM) suite à la création en mars 1943 de la 6ème DLM et de la réorganisation des cinq premières sur ce modèle qui servit aussi pour les 7ème et 8ème DLM.

Quand éclate le second conflit mondial, un total de 208 Somua Sau40 sont en service au sein des DLM plus précisément 192 canons automoteurs et 16 véhicules de commandement, laissant 59 véhicules en réserve.

Dès avant septembre 1948, la France décide d’arrêter la fabrication pour se concentrer sur un canon automoteur à canon de 105mm sur châssis Renault R-40 (Somua S-45 pour les unités de l’ancienne cavalerie) en attendant d’utiliser celui du Renault G-1R.

De plus des projets de réutilisation des châssis disponibles ont été étudiés par l’Entrepôt de Réserve Générale du Matériel (ERGM) implanté à Gien dans le Loiret. Ces projets sont baptisés GPM (Gien Projet Militaire) et combinent un canon puissant sur un châssis de char déclassé par l’arrivée de blindés modernes.

Peu à peu un certain nombre de Somua Sau-40 sont disponibles et c’est ainsi que la nouvelle armée yougoslave à pu récupérer des véhicules entièrement remis en état par la France.

La nouvelle armée yougoslave va équiper chaque régiment d’infanterie portée d’un bataillon de canons d’assaut, chaque bataillon disposant de trois compagnies de quinze véhicules soit un total de 90 canons d’assaut pour l’ensemble de la division blindée.

Ces canons d’assaut vont montrer leur efficacité en collant à l’infanterie portée désormais montée sur half-track. A la fin du conflit ces véhicules usés vont être retirés du service et le bataillon dissous laissant l’infanterie portée sans moyen d’appui-feu direct.

Le Somua Sau40 était un canon d’assaut de conception et de fabrication française pesant 21.6 tonnes en ordre de combat, mesurant 5.90m de long pour 2.51m de large et une hauteur de 2.60m.

Motorisé par un moteur Somua de 190ch, il pouvait atteindre la vitesse maximale de 35km/h sur route et franchit toujours sur le bitume 280km.

Protégé par un blindage maximal de 40mm, il était armé d’un canon de 75mm APX de 30 calibres (longueur du tube : 2.25m) en casemate approvisionné à 100 obus et une mitrailleuse de 7.5mm MAC-31 installée en tourelle pour l’autodéfense. L’équipage était de 5 hommes.

M-10 Tank Destroyer

C’est au printemps 1942 que l’US Army lance un appel à projet pour un tank destroyer (chasseur de chars) équipé d’une tourelle armé d’un canon antichar et non un canon installé en superstructure comme on l’avait envisagé pour les premiers projets de «destructeur de chars».

Le développement est rapide puisque s’appuyant sur des armes existantes : un canon de 3 pouces et un chassis très voisin de celui du M4 Sherman. Résultat, le M-10 est mis en service dès le mois de juin 1944 après deux ans de développement.

Surnommé «Wolverine», ce véhicule disposait d’une tourelle ouverte ce qui le rendait vulnérable aux éclats d’obus mais cette vulnérabilité était considérée comme acceptable. Son puissant canon de 76.2mm lui aurait permis de détruire la quasi-totalité des chars allemands rencontrés.

Hélas pour lui, au printemps 1948, son remplacement par le M-18 Hellcat commence, un véhicule plus rapide et muni d’un canon de 76mm à haute vitesse initiale plus efficace. Néanmoins quand le second conflit mondial se termine en septembre 1954, quatre Tank Destroyer Batallion sont encore équipés de Wolverine.

Engagé en Europe, il se montra efficace contre les Panzer III et IV. Il rencontrait plus de difficultés face au Panzer V Panther. Face au Panzer VI Tigre, il était largement surclassé par le blindage et l’allonge du char lourd allemand.

Avec la fin du conflit, le nombre de TDB décroit de manière importante et logiquement, les quatre bataillons équipés de M10 sont les premiers à être dissous.

Outre les Etats-Unis, le M10 à été utilisé par la Grande-Bretagne et la France en petit nombre (essentiellement à des fins d’évaluation opérationnelle), le Canada, l’Egypte, l’Italie (après guerre), la Pologne, la Chine, l’URSS et la Yougoslavie.

La Yougoslavie reçoit des véhicules de seconde main puisqu’en 1949/50 la production du Wolverine à cessé. Comme pour le Sherman, la Yougoslavie aurait préféré un autre véhicule en l’occurence le M-18 Hellcat mais ce véloce chasseur de char ne servira sous les couleurs yougoslaves qu’une fois le second conflit mondial terminé.

En ce qui concerne le M-10, il va équiper un bataillon de 45 véhicules de la division blindée et l’escadron d’éclairage et d’appui de chaque régiment de char soit cinq véhicules. Cela fait un total de 55 véhicules en ligne auxquels il faut ajouter quelques véhicules pour l’entrainement.

Au combat ce véhicule ne fût ni décevant ni exceptionnel, honnête dirions nous. Comme nous l’avons vu plus haut le Wolverine à été remplacé par le Hellcat une fois le second conflit mondial terminé plus précisément en 1957.

Le 3 Inch Gun Motor Carriage M10 (M10 Tank Destroyer) était un chasseur de chars de conception et de fabrication américiane pesant 29 tonnes en ordre de combat, mesurant 5.97m de long pour une largeur de 3.05m et une hauteur de 2.89m.

Motorisé par un moteur diesel de 450ch, il pouvait atteindre la vitesse maximale de 51km/h sur route et parcourir toujours sur route 260 à 300km.

Protégé par 9.5 à 57.2mm de blindage, il était armé d’un canon de 3 pouces (76.2mm) M7 sur affût M5 avec 54 coups et d’une mitrailleuse de 12.7mm Browning M2HB avec 300 coups L’equipage se composait de cinq hommes à savoir le chef de char, le tireur, le chargeur, le conducteur et l’assistant-conducteur)

M-7 Priest

Connu officiellement sous le nom de 105mm Howitzer Motor Carriage M-7 Priest, c’est le canon automoteur standard de l’armée américaine. Il combine un châssis de char moyen M-3 avec une superstructure abritant un obusier de 105mm. La présence d’un tourelleau avec une mitrailleuse de 12.7mm lui donna son surnom puisque cela ressemblait à une chaire d’Eglise d’où le surnom de Priest (prêtre).

Six prototypes sont commandés en mars 1945, prototypes intensivement testés avant qu’il ne soit officiellement adopté en janvier 1946. Au sein de l’US Army il va être utilisé par l’artillerie des Armoured Division (Divisions Blindées) et au sein de groupes de réserve. Si l’artillerie des AD assure l’appui direct des chars par des tirs de barrage, de contrebatterie ou par une préparation préliminaire, les Priest de l’artillerie de réserve ont un rôle plus stratégique.

Les trois divisions de cavalerie et les seize divisions blindées regroupent au total soixante-seize groupes équipés de M7 Priest soit un total de 912 pièces auxquelles il faut ajouter 432 M7 de la «Réserve Générale» soit un total de 1344 automoteurs.

Prévoyant des pertes élevées, les américains vont commander pas moins de 5700 M7 Priest produits en trois variantes, la M7A1 produite à 2100 exemplaires, la M7A2 produite à 1800 exemplaires et la M7A3 produite à 1800 exemplaires également.

Outre les Etats-Unis, cet automoteur à été utilisé par la Grande-Bretagne (qui allait le remplacer rapidement par le Sexton), la Belgique, les Pays-Bas, la Pologne et la Tchécoslovaquie, la Norvège et le Danemark _ces quatre pays occupés par les allemands disposaient néanmoins d’unités en exil combattant sous commandement français pour les deux premiers, sous commandement britanniques pour les deux suivants_, la Yougoslavie, le Brésil, l’Argentine, le Mexique, la Chine, l’Inde, l’Australie et la Nouvelle-Zélande.

Une fois le conflit terminé, le M7 Priest à été rapidement remplacé par de nouvelles pièces automotrices de 105 et de 155mm. Les unités de Réserve et de la Garde Nationale l’ont utilisé jusqu’au milieu des années soixante.

Comme dans beaucoup d’autres moments, des pays ont profité des surplus américains pour s’équiper en canons automoteurs à un prix défiant toute concurrence soit pour renouveler leur parc ou pour reconstituer leurs forces.

C’est ainsi que des M7 Priest ont été cédés au Portugal, à l’Espagne, à l’Italie, aux armées des Nouveaux Pays Allemands, à la Grèce, à la Turquie, à l’Iran, à la Thaïlande, à la Birmanie et au Japon.

Il n’y à pas eu de variantes dédiées du M7. Certains Priest ont perdu leur canon pour servir de ravitailleur d’artillerie, de dépanneur, de véhicule de dépannage ou de transport de troupes mais il s’agissait d’improvisations sur le terrain et non de variantes mises au point à l’arrière et bénéficiant donc d’une appelation officielle.

Théoriquement c’est la Grande-Bretagne qui devait fournir l’artillerie de la nouvelle armée yougoslave. Seulement voilà à l’époque le Sexton n’est pas encore disponible pour les alliés et le gouvernement yougoslave en exil va choisir le Priest. Nul doute que si le conflit avait duré, les M-7 auraient été remplacés par des Sexton pour une question de communauté logistique puisque l’artillerie yougoslave utilisait comme pièce d’artillerie tractée le canon-obusier de 25 calibres.

Au sein de la nouvelle armée yougoslave il équipe le régiment d’artillerie de la 1ère Division Blindée yougoslave. Ce régiment est organisé sur le même modèle que les régiments d’artillerie tractée à savoir un état-major, une batterie de commandement et de soutien, deux groupes à trois batteries de quatre pièces soit vingt-quatre bouches à feu et une batterie de reconnaissance et de conduite de tir.

La Yougoslavie va recevoir un total de 40 Priest, vingt-quatre en ligne et seize comme volant de fonctionnement et pour l’entrainement. Comme nous l’avons vu plus haut si la guerre s’était prolongée, les Priest auraient été remplacés par des Sexton ce qui ne sera pas le cas. Les Priest sont restés en service dans l’armée yougoslave jusqu’en 1962 quand ils sont remplacés par des canons automoteurs de conception et de fabrication soviétique.

Le M-7 Priest était un canon automoteur de conception et de fabrication américaine pesant 21.1 tonnes en ordre de combat, mesurant 5.7m de long sur 2.7m de large pour une hauteur sans mitrailleuse de 2.5m.

Motorisé par un moteur en étoile Wright R975C1 de 400ch, il pouvait atteindre une vitesse maximale de 40km/h avec un rayon d’action de 230km.

Protégé par un blindage d’une épaisseur maximale de 51mm à l’avant, il était armé d’un obusier de 105mm approvisionné à 57 coups (42 coups supplémentaires dans une remorque M-8) et d’une mitrailleuse de 12.7mm Browning M2HB avec 300 coups assure la défense rapprochée.

L’équipage se compose de sept hommes.

Mitteleuropa Balkans (144) Yougoslavie (32)

Chars

Renault FT

BORNA KOLA RENO M.17

Surnommé le «char de la victoire», le Renault FT (et non FT-17 comme on l’écrit parfois) peut être considéré comme un char canonique car il fixe l’organisation générale d’un char moderne avec le moteur à l’arrière, la tourelle au centre et le pilote à l’avant, les chars s’éloignant de ce concept étant peu nombreux.

Produit en masse (4516 exemplaires), il va équiper l’armée française et ses alliés, participant aux offensives finales de l’été 1918 aboutissant à l’armistice de Rethondes.

Dans l’immédiat après guerre un certain nombre d’exemplaires sont cédés à des pays étrangers ce qui permet à nombre d’entre-eux de faire connaissance avec le char et dévelloper des unités motomécaniques en fonction bien entendu de leurs ambitions et de leurs moyens.

La Yougoslavie va recevoir ses Renault FT dès 1922, des chars connus à Belgrade sous la désignation de BORNA KOLA RENO M.17. Cinquante six exemplaires ont été livrés dont une partie dans un modèle amélioré, le modèle 1928 (BORNA KOLA RENO M.28).

Les livraisons ont été réalisées en trois lots, huit FT (trois char-mitrailleurs et cinq char-canon) en 1922, des FT et des M.28 (Renault FT avec suspension Kergresse dit Renault-Kegresse) entre 1928 et 1930 (28 exemplaires répartition entre les deux modèles inconnue) et vingt FT non pas donnés mais vendus en 1935.

Ces chars vont permettre aux yougoslaves de prendre leurs marques dans le domaine des chars de combat mais il faudra attendre 1936 pour que soit créé le premier bataillon de char de combat, un bataillon de trois compagnies à trois pelotons de cinq chars soit quarante-cinq véhicules en ligne.

A la mobilisation du 30 août 1948, ce sont deux compagnies de quinze exemplaires qui vont être mises sur pied soit trente chars en ligne, les seize restants étant stockés mais parés à être remis en ligne dès que le besoin se fera sentir.

Néanmoins on peut se demander l’utilité de tels chars totalement dépassés à part peut être le réconfort psychologique au profit de l’infanterie.

Face aux allemands et aux italiens, les deux compagnies indépendantes vont faire leur maximum mais comme ils ne pouvaient combattre les autres chars, les Borna Kola Reno se contentaient de viser l’infanterie ennemie mais cette dernière était bien armée pour se défendre contre la petite merveille de Louis Renault.

Très vite le haut-commandement yougoslave renonce à les envoyer au massacre et les survivants sont enterrés comme blockhaus mobiles.

Quand la Campagne de Yougoslavie se termine il restait huit chars en service, chars capturés par les croates et les allemands. En très mauvais état ces véhicules sont ferraillés, l’acier à blindage étant récupéré pour produire des camions blindés pour transporter à l’abri des troupes lors des opérations anti-partisans.

Le Renault FT ou Borna Kola Reno M.17 était un char léger d’appui d’infanterie pesant 6.5 tonnes (6.7 tonnes pour le char-canon) mesurant 4.95m de long pour 1.74m de large et 2.14m de haut. Motorisé par un moteur en essence Renault installé à l’arrière, il pouvait atteindre une vitesse maximale de 7 km/h sur route et 6km/h en tout-terrain avec une distance franchissable variante de 35 (tout-terrain) à 66km (route).

Il était progégé par un blindage variant de 6 à 16mm avec 6mm pour le haut de la caisse, 8mm pour le toit de la tourelle et 16mm pour les autres endroits de la caisse.

Le pilote était installé à l’avant et le commandant/tireur était installé au milieu, manœuvrant une mitrailleuse ou un canon en tourelle, la mitrailleuse étant soit la Hotchkiss modèle 1914 de 8mm ou la MAC modèle 1931 de 7.5mm (3600 cartouches), le canon étant un canon de 37mm de 21 calibres semi-automatique modèle 1918 avec 237 projectiles, la tourelle pouvant pointer sur 306° en azimut et sur -20° à +35°.

Le Renault-Kegresse ou Borna Kola Reno M.28 était un char léger d’appui d’infanterie pesant 6.4 tonnes mesurant 4.50m de long pour 1.82m de large et 2.25m de haut. Motorisé par un moteur en essence Renault installé à l’arrière, il pouvait atteindre une vitesse maximale de 16 km/h sur route avec une distance franchissable variante de 160km sur route.

Il était protégé par un blindage variant de 6 à 22mm avec 6mm pour le haut et le fond de la caisse, 8mm pour le toit de la tourelle et 16 ou 22mm (16mm pour les côtés de la caisse, pour l’arrière de la caisse et 22mm pour le mantelet du canon et pour la tourelle sauf le toit).

Le pilote était installé à l’avant et le commandant/tireur était installé au milieu, manoeuvrant une mitrailleuse ou un canon en tourelle, la mitrailleuse étant la MAC modèle 1931 de 7.5mm (3600 cartouches), le canon étant un canon de 37mm de 21 calibres semi-automatique modèle 1918 avec 237 projectiles, la tourelle pouvant pointer sur 306° en azimut et sur -20° à +35°.

Renault R-35

BORNA KOLA RENO M.40

Au début des années trente le char léger français standard est encore le vénérable Renault FT alias le «char de la victoire» autant dire une antiquité militaire. De plus sur le plan quantitatif la flotte souffrait d’une usure et d’un vieillissement important qui rendait peu probable la mobilisation de la totalité du parc en cas de guerre.

Un programme pour un char léger de 6 tonnes à deux hommes, 40mm de blindage et armement mixte (canon et mitrailleuses) est officiellement lancé le 2 août 1933. A ce programme répondent Renault, Batignolles-Châtillon, Hotchkiss, FCM (Forges et Chantiers de la Méditerranée), APX et Delaunay-Belville.

Le concours lancé le 2 août 1933 est modifié le 22 mai 1934 aboutissant à la construction de prototypes par tous les constructeurs sauf Delaunay-Belville.

La firme de Billancourt propose un char biplace de 11 tonnes armé d’un canon de 37mm SA modèle 1918 (le même que le FT) et une mitrailleuse. Le prototype va être testé à partir d’août 1934 et adopté le 25 juin 1936 sous le nom de char léger modèle 1935R tout comme ses concurrents FCM et Hotchkiss, les futurs FCM-36 et Hotchkiss H-35.

Quand éclate la guerre de Pologne, pas moins de dix-sept bataillons de chars de combat sont équipés de Renault R-35 soit un total de 765 chars, le total étant porté à 900 chars au printemps 1940, à l’apogée de la puissance des forces armées françaises avant que la démobilisation ne soit enclenchée pour soulager une économie en souffrance. A cela s’ajoute des véhicules en réserve et d’autres véhicules déployés dans l’Empire.

Un certain nombre de chars ont également été exportés essentiellement pour des raisons diplomatiques, cinquante envoyés en Pologne en juillet 1939, quarante envoyés en août-septembre 1939 en Roumanie et cent en Turquie en février et en mars 1940. Un deuxième lot aurait du être envoyé à la Pologne mais il va équiper le voir le 68ème BCC. La Yougoslavie va également recevoir cinquante-quatre exemplaires.

La production cesse à la fin du mois d’avril quand le R-40 prend le relais. Au total 1460 chars sont sortis des chaines de montage.

Après la démobilisation, quatorze bataillons de chars de combat restent stationnés en métropole avec ce Renault R-35 soit un total de 630 chars en service.

A ces chars s’ajoute ceux déployés dans l’Empire au sein des 62ème et 66ème BCC stationnés au Maroc et au sein du 64ème BCC stationné en Algérie soit un total de 135 chars auxquels s’ajoutent les deux BCC du Levant, portant le total à 225 chars.

Cela nous donne un total de 855 chars plus les 190 chars exportés et 120 utilisés pour l’expérimentation, les tests, l’instruction soit un total en ligne en France de 975, le reliquat soit 295 étant stockés.

Ces stocks vont servir à rééquiper la section de chars de Madagascar (huit blindés en ligne plus six en réserve soit un total de quatorze véhicules) ainsi que les deux compagnies de chars d’Indochine soit un total de trente chars en ligne plus quinze en réserve soit un total de quarante-cinq blindés sortis des stocks.

Cela nous laisse donc un total dans les stocks de 236 Renault R-35. Ce nombre va en réalité augmenter car un certain nombre de bataillons vont remplacer ces blindés par des chars plus modernes, ne laissant que trois BCC équipés de Renault R-35 soit un total en ligne de 135 chars, laissant un stock confortable de 631 exemplaires.

Du moins officiellement car en toute discrétion, un bataillon à été livré à l’armée portugaise (45 chars + 21 en réserve) et un autre à l’armée espagnole (45 chars +21 en réserve) soit un total corrigé de 599 chars disponibles plus les 120 cités soit 719 chars.

Ces chars vont participer au second conflit mondial durant la phase initiale de la mobilisation en attendant la disponibilité de chars plus modernes comme le FCM-42 et l’AMX-44 même si durant le conflit certains BCC remplaceront leurs chars légers par des canons d’assaut peut être plus modernes et surtout mieux adaptés ce qui avait également l’avantage de réserver la production des chars aux divisions blindées [NdA en 1952 les DLM et les Divisions Cuirassées ont été rebaptisées et uniformisées]).

La Yougoslavie va donc recevoir au printemps 1940 cinquante-quatre Renault R-35 connus là bas sous la désignation de BORNA KOLA RENO M.40 (char de combat modèle 1940).

Ils vont remplacer au sein de l’unique bataillon de chars yougoslave de l’époque les Renault FT soit trois compagnie de quinze chars soit 45 blindés en ligne et neuf chars en réserve.

Quand est créée la brigade mécanisée ce bataillon aurait du logiquement intégrer la seule véritable unité motomécanique de l’armée yougoslave mais pour une raison que l’on ignore ce bataillon est resté indépendant et n’à pas rejoint les deux bataillons équipés de Hotchkiss H-39.

Ce bataillon va naturellement participer à la Campagne de Yougoslavie opérant essentiellement contre les allemands avec des résultats plutôt encourageants.

Ce qui fit l’efficacité de ce bataillon c’est que son chef de corps, le commandant Simonovic obtint de le conserver comme entité constituée au lieu de le disperser par petits paquets au profit d’une compagnie ou d’un bataillon.

Ce bataillon va opérer en Slovenie, freinant pendant deux jours l’avancée allemande. Le bataillon évitait l’engagement des chars allemands bien plus nombreux pour s’attaquer à l’infanterie.

Quelques chars sont perdus et quand le bataillon se repli il ne possède plus que 39 chars sur les 45 du début, les six perdus l’ayant été sous les coups de l’ennemi (deux), par panne sèche (un) et par panne mécanique (trois). Les quatre derniers blindés récupérés par les allemands seront remis en état et transférés à l’armée de l’Etat indépendant de Croatie.

Les combats en Croatie sont nettement plus meurtriers et quand le bataillon se replit sur la montagneuse et touffue Bosnie il ne possède plus que 24 chars. L’unité est soudée, expérimentée mais l’usure des véhicules et des hommes va la rendre moins efficiente.

A la fin de la campagne de Yougoslavie le bataillon n’est plus que l’ombre de lui même avec seulement 5 chars encore en état de combattre. Leurs équipages ont au moins la satisfaction de franchir la frontière greco-yougoslave en unité constituée.

Ces cinq chars sont cependant à bout de force et leurs équipages doivent se résoudre à les abandonner. Oui mais pas intacts. Avec l’aide d’unités du génie grec ils vont les rendre totalement inutilisables. Évacués les preux du commandant Simonovic peuvent espérer reprendre le combat dans des meilleurs conditions. Ils vont intégrer la 1ère division blindée et en fournir parmi les meilleurs éléments.

Sur les cinquante-quatre Renault R-35 livrés par la France à la Yougoslavie, trente-deux ont été irrémédiablement détruits ne laissant que vingt-deux en état ou du moins réutilisables après réparations.

Les allemands qui ont capturé la quasi-totalité du parc (seuls quatre ont échappé leur convoitise car pris par les italiens) vont remettre en état douze chars ce qui ajouté aux seize permettra à l’armée croate de disposer d’une composante blindée utilisée contre les partisans. Résultat à la fin du conflit tous les BORNA KOLA RENO M.40 avaient été détruits.

Le BORNA KOLA RENO M.40 était un char léger d’appui d’infanterie biplace de conception et de fabrication française pesant 10.6 tonnes, mesurant 2.04m de long pour une largeur de 1.87m et une hauteur de 2.13m.

Motorisé par un moteur Renault 4 cylindres de 85ch (à 2200 tours/minute), il pouvait atteindre 20km/h sur route et 11km/h en tout terrain et franchir 138km sur route (mais seulement 80km en tout-terrain).

Il était protégé par un blindage dont l’épaisseur variait de 10 à 45mm. On trouvait du moins ou plus protégé le fond de la caisse (10mm), le toit de la tourelle (12mm), le toit de la caisse (14mm), l’avant, les côtés et l’arrière de la caisse plus le mantelet du canon ainsi que les côtés et l’arrière de la tourelle (40mm) et enfin le face avant de la tourelle (45mm).

L’armement se compose d’un canon de 37mm semi-automatique SA-18 puis SA-38 avec 58 projectiles et d’une mitrailleuse de 7.5mm MAC modèle 1931 avec 2400 cartouches, les deux armes solidaires pouvant pointer en site de -16° à +20° et en azimut sur 360°

BORNA KOLA RENO M.42 (Hotchkiss H-39)

Le Hotchkiss H-39

Le char léger Hotchkiss H-39 était une évolution du Hotchkiss H-35 (appelé officiellement char léger modèle 1935H), un char issu du même concours que le Renault R-35 et le FCM-36 à savoir le concours destiné à remplacer les vénérables Renault FT.

Par rapport à ces deux compères, il va aussi être choisit par la cavalerie alors qu’il ne s’agit pas d’une Automitrailleuse de Combat (AMC) mais d’un char de soutien d’infanterie. D’ailleurs anecdote savoureuse, l’infanterie va être servir après la cavalerie !

Ce choix à été imposé à la cavalerie qui ne pouvait disposer de suffisamment de Somua S-35. Le petit char de chez Hotchkiss n’était absolument pas adapté aux missions demandées aux DLM (Divisions Légères Mécaniques) mais il n’y avait pas d’autres véhicules disponibles.

400 exemplaires ont été construits mais le char souffre de nombreux problèmes (moteur trop peu puissant, performances médiocres en tout terrain notamment), exemplaires répartis entre l’infanterie (90), la cavalerie (292) et les dépôts et les écoles.

Dès juillet 1942 , la cavalerie est parvenue à se débarasser de ce «vilain petit canard» qui allait donner naissance à défaut d’un magnifique cygne d’un char nettement mieux adapté à la guerre telle qu’elle s’annonce en l’occurrence le char léger modèle 1935H modifié 1939 ou plus simplement le H-39.

La firme de Levallois en région parisienne à donc remis l’ouvrage sur le métier. Le nouveau char reprenait la ligne générale mais apportait de nombreuses modifications comme un moteur plus puissant, un canon long capable de lutter contre des chars ennemis et une queue passe-tranchée qui lui donnait une meilleure aisance en terrain difficile.

Il est adopté fin 1938 et comme son devancier va équiper l’infanterie (ce qui était attendu) et la cavalerie (ce qui l’était moins).

En ce qui concerne les infanterie il va équiper des BCC (Bataillon de Chars de Combat) dont certains vont intégrés les nouvelles Divisions Cuirassées.

La cavalerie va l’utiliser au sein de la 3ème DLM en attendant la livraison de suffisamment de Somua S-35 ou S-40 mais surtout au sein des GRDI (Groupement de Reconnaissance Divisionnaire) ainsi que le Groupement Motorisé de Corse.

Le char à été exporté d’abord à dose homéopathique, trois à la Pologne et deux à la Turquie puis de manière plus massive avec deux bataillons pour l’armée polonaise en France (90 chars), trois bataillons à la Grèce (135 chars), deux pour les Pays Bas (90 chars) deux à la Yougoslavie (90 chars) et 32 pour la Grande Bretagne qui les utilisa pour perfectionner ses chars Cruiser à défaut de les utiliser comme véhicules opérationnels.

Pour l’anecdote durant la guerre un véhicule sera utilisé pour une opération de propagande destiné à célébrer l’alliance franco-britannique, un H-39 peint entièrement en bleu/blanc/rouge, le drapeau français sur la caisse, l’Union Jack sur la tourelle. Ce char est aujourd’hui exposé au musée de Bovington.

Au final le Hotchkiss H-39 va être produit à 1640 exemplaires jusqu’en mai 1947 quand la chaine de montage fermée mais pour peu de temps car dès le mois de septembre 1947, elle va à nouveau fabriquer ce char à faible cadence (huit chars par mois) pour permettre un équipement rapide des GRDI/GRCA de mobilisation, la cadence passant à douze chars par mois dès le mois de juin 1948.

La Yougoslavie à donc reçu 90 chars en 1942 soit deux bataillons ce qui en théorie ne lui laissait aucun volant de fonctionnement. Seulement voilà Belgrade conscient que l’acquisition de nouveaux chars sera peut être difficile pour de multiples raisons est bien décidée à faire durer le parc le plus possible. Ces chars ont été baptisés BORNA KOLA RENO M.42.

C’est ainsi que les deux bataillons de la brigade mécanisée étaient organisé en un peloton de commandement et de soutien, trois pelotons de huit chars et un peloton de transmissions soit quarante-huit chars en ligne, laissant quarante-deux véhicules en réserve.

Ces véhicules vont être mobilisés au printemps pour former sept compagnies de marche de six véhicules. Il semble qu’il à été envisagé de créer un troisième bataillon de char et de l’intégrer à la brigade mécanisée mais cela ne s’est pas fait probablement faute de temps et de personne compétent.

Quand éclate l’opération MARITSA qui marque le début de la Campagne de Yougoslavie, la brigade mécanisée dépend de la Réserve Stratégique en compagnie des 4ème et 6ème divisions d’infanterie. Ces trois unités sont stationnées en Serbie de façon à pouvoir se porter soit sur le front nord/nord-ouest ou sur le front nord/nord-est.

Les sept compagnies de marche sont dispatchées sur la frontière pour renforcer les troupes déployées notamment face aux allemands.

Ces compagnies sont les premières à être engagées. Elles sont rapidement étrillées car souvent composées de jeunes pilotes et de jeunes chefs de char tout juste sortis des écoles au point qu’un officier serbe parlera d’un nouveau massacre des Innocents tant celui lui fendait le cœur de voir ces jeunes soldats pleins d’allant être envoyés dans une mission sans espoir.

La brigade mécanisée est engagée à partir du 17 juillet 1949 pour couvrir le repli des troupes yougoslaves défendant la Croatie.

Elle va mener de brutales attaques pour couvrir le repli de l’infanterie dans de bonnes conditions et les allemands surpris de voir une unité comparable à leurs Panzerdivisionen toutes proportions gardées furent d’accord décontenancés avant de se reprendre.

La brigade mécanisée est parvenue cependant à rester une unité constituée jusqu’à la fin de la campagne même si en passant en Grèce elle ne possédait plus que douze chars en ligne, tous en piteux état.

Ces chars furent repliés sur la péninsule du Péloponnèse où ils vont assurer la défense des aérodromes contre des coups de main allemands aux côtés de H-39 grecs ayant survécu à la Campagne de Grèce. Ils ont été ferraillés à la fin de la guerre, trop usés pour d’être un usage quelconque.

Sur les quarante-deux chars des compagnies indépendantes seulement douze ont survécu, reprennant du service dans l’armée croate pour huit d’entre-eux. Quatre furent détruits et quatre capturés par les partisans communistes qui les réarmèrent avec un canon de 57mm fourni par les britanniques, ces chars formant un peloton engagé dans l’opération WELCOME/BIENVENUE.

Sur ces quatre chars, deux furent détruits, un perdu lors d’un franchissement du Danube en mars 1956 et le dernier préservé dans le musée de la guerre de Belgrade.

Le char léger modèle 1935 H M. 39 était un char léger d’appui d’infanterie biplace pesant 12 tonnes, mesurant 4.22m de long pour 1.85m de large et 2.133m de haut. Propulsé par un moteur Hotchkiss 6 cylindres de 120ch il pouvait atteindre la vitesse maximale de 36.5km/h sur route et franchir environ 150km. Protégé par 40mm de blindage au maximum, il disposait d’un canon de 37mm semi-automatique modèle 1938 avec 95 projectiles et une mitrailleuse MAC-31 de 7.5mm alimentée à 2200 cartouches.

M-24 Light Tank Chaffee

Les chars de l’époque étaient vite périmés. Cela concernait bien entendu les chars légers qui plus encore que les chars moyens et les chars lourds souffraient d’un faible blindage et d’un armement qui posait de menus problèmes : fallait-il un simple armement d’autodéfense ou un armement plus puissant au risque de chercher le combat alors qu’il faudrait esquiver, éclairer et renseigner.

Les américains avaient mis au point un char léger le M-2 mais vite obsolète il fût remplacé par le M-3 Stuart qui n’était pas parfait.

Tout en dévellopant le M-5 (un M-3 à canon de 57mm) les américains s’interrogèrent sur le char léger idéal, un char qui représenterait un bon compromis entre vitesse, armement et protection.

Avec le M-5 comme bon char léger interimaire, les américains ont pu prendre leur temps et étudier de multiples configurations en terme d’armement, de suspension et de blindage.

Deux prototypes sont commandés officiellement en septembre 1946 et livrés début 1947 pour une batterie complète de tests aboutissant à son adoption en janvier 1948 sous le nom de M-24 Light Tank. Pour rendre hommage à un partisan des divisions blindées, il est baptisé Chaffee.

Il va progressivement remplacer le duo M-3/M-5 au sein des divisions blindées, des divisions d’infanterie mais aussi au sein des divisions aéroportées où faute d’avion disponible, les chars étaient convoyés en planeurs.

750 M-24 sont produits suivis par 2500 M-24A1, 1250 M-24A2 et 750 M-24A3 portant la production totale à 5250 exemplaires.

Ce véhicule à été employé au combat sur tous les théâtres d’opération qu’il s’agisse du Pacifique, de l’Asie du Sud-Est, de la Chine, de la Méditerranée, de l’Europe occidentale et de l’Europe du Nord.

Outre la reconnaissance, le Chaffee à été utilisé pour l’appui de l’infanterie, la protection de convois dans des zones peu sures. Comme souvent, un véhicule à été utilisé au delà du périmètre initial ayant présidé à sa conception sans compter la mise au point de nombreuses variantes.

Durant le second conflit mondial, outre les Etats-Unis, le char fût utilisé par la Grande-Bretagne, l’URSS, la Chine, la France, la Belgique, les Pays-Bas et la Yougoslavie.

La Yougoslavie va choisir ce char léger pour équiper le bataillon de reconnaissance de la division blindée et celui des quatre divisions d’infanterie. Ces bataillons étaient organisés en une compagnie de commandement et de soutien, une compagnie de chars légers et deux compagnies d’autos blindées.

La compagnie de char dispose de trois pelotons de cinq M-24 plus un pour le commandant de compagnie et un deuxième pour son adjoint soit dix-sept chars par bataillon.

Avec cinq divisions concernées, la Yougoslavie à pu aligner 85 Chaffee plus un certain nombre de véhicules destinés à l’entrainement. Ces véhicules vont opérer comme le font les unités de reconnaissance en phase offensive à savoir éclairer, renseigner et flanquer. Ils vont parfois assurer le soutien de l’infanterie quand la situation s’y prêtait voir l’escorte de convois dans des zones encore insécures.

Ce char léger est resté en service dans l’armée yougoslave jusqu’en 1970 étant remplacé par un char amphibie de conception et de fabrication soviétique, le PT-76.

Le M-24 Light Tank Chaffee était un char léger de reconnaissance de conception et de fabrication américaine pesant 18.37 tonnes.

Mesurant 5.56m de long pour 3m de large et une hauteur de 2.77m, il était propulsé par deux moteurs Cadillac de 220ch lui permettant d’atteindre la vitesse maximale de 65km/h et de franchir 160km sur route. Son blindage varie entre 15 et 38mm et son armement était composé d’un canon de 75mm M6 avec quarante-huit coups, une mitrailleuse de 12.7mm Browning M2HB avec 440 coups, deux mitrailleuses Browning de 7.62mm avec 3750 coups. Son équipage était composé de cinq hommes (commandant, tireur, pourvoyeur, conducteur, aide-conducteur).

M-4 Sherman

Si aujourd’hui les américains sont capables de produire un char moderne et puissant cela n’à pas toujours été le cas.

Non seulement les premiers chars utilisés par les américains furent britanniques et français mais en plus le dévellopement fût entièrement stoppé ou peu s’en faut durant la période 1919-1939 («Rethondes-Coblence»).

Voilà pourquoi l’entrée en guerre des américains en septembre 1939 était non pas impossible mais hautement improbable.

Il va falloir du temps pour qu’un char fiable et performant tout est relatif soit mis sur pied sous la forme du M-4 Medium Tank Sherman, un brave et honnête char qui ne paye pas de mine et qui si il fait partie du camp des vainqueurs n’à jamais eu l’aura d’un Renault G-1, d’un Cromwell, d’un Panther ou même d’un T-34.

Avant le M-4, il y eu le M-3, un char vite déclassé par les progrès techniques et qui souffrait non seulement d’un blindage boulonné potentiellement très dangereux et surtout d’un armement dual avec un canon de 75mm en sabord et un canon de 37mm en tourelle, une configuration en vogue dans les années vingt et trente mais qui était désormais totalement obsolète.

Comme l’ont compris les français et les britanniques, le canon principal devait être en tourelle pour une polyvalence maximale. Les américains s’orientèrent donc vers ce choix. Le projet est lancé au printemps 1943 mais le développement est lent car il n’y à aucune urgence.

Le char mis au point dispose d’un moteur essence, d’un blindage plus important et d’un canon de 75mm en tourelle, canon inspiré de celui utilisé par le M-3. Il est officiellement adopté en février 1945 sous le nom de M-4 Medium Tank avec comme surnom Sherman du nom d’un général nordiste de la guerre de Sécession.

1050 M-4A1 sont produits suivis de 3500 M-4A2, 9000 M-4A3 à canon de 76mm, 7500 M-4A4, 550 M-4A5, 250 M-4A6 et 150 M-4A7. Aux 22000 exemplaires produits aux Etats-Unis s’ajoutent 1200 exemplaires produits au Canada, 750 en Australie et 600 en Inde sans oublier les variantes spécialisées. On arrive au chiffre impressionant de 27500 exemplaires.

Sur les 22000 Sherman produits aux Etats-Unis, 18500 ont été utilisés par l’US Army, 1500 par l’USMC et 2000 cédés à des pays étrangers au titre du prêt-bail.

Outre les Etats-Unis, le M4 Sherman à donc été utilisé par le Canada, l’Australie, la Grande-Bretagne (à titre de test), la Pologne, la Tchécoslovaquie (unités en exil), la Belgique, les Pays-Bas, Argentine, Brésil, Autriche (après guerre), Chili, Cuba, Danemark, Egypte, Ethiopie, Grèce, Inde,Iran,Italie (après guerre), Japon (après guerre), Mexique, Nouvelle-Zélande, Norvège, Pakistan,Oman, Paraguay, Uruguay, Pérou, Ceylan, Vietnam, Yougoslavie, Portugal, Afrique du Sud et Turquie.

Ces pays ont utilisé soit des chars neufs ou des chars ex-américains, la réduction de la force blindée une fois le conflit terminé permettant à de nombreux pays de récupérer des chars à vil prix. Côté américain, le Sherman à été retiré du service en 1962.

La Yougoslavie va acquérir le Sherman pour équiper sa division blindée. Ce choix est loin de faire l’unanimité au sein de la 1ère division blindée yougoslave, certains officiers serbes francophiles militants pour le Renault G-1R alors que d’autres rêvaient du Cromwell britannique.

Le gouvernement en exil ne voulant pas trop dépendre des franco-britanniques, le choix du Sherman était dans la logique des choses. Petite consolation pour les francophiles et les anglophiles, le modèle choisit est le M-4A3 à canon de 76mm plus efficace que le canon de 75mm d’origine.

Le Sherman va équiper les deux régiments de chars de la division, chaque régiment disposant d’un état-major régimentaire, d’un escadron d’éclairage et d’appui et de trois escadrons de char, chaque escadron disposant de quatre pelotons de cinq chars Sherman ce à quoi il faut ajouter un char pour le chef d’escadron soit vingt et un blindés par escadron.

Aux 63 chars des unités de combat va s’ajouter deux chars pour le commandant du régiment et son adjoint soit 65 chars par régiment et 130 pour l’ensemble de la division ce qui fait dire à certaine que la 1ère DB yougoslave est plus une brigade qu’une division. Des projets de renforcer le nombre de chars ont été étudiés mais aucun n’à été mené à bien probablement faute de ressources humaines.

Au total la Yougoslavie à reçu 24 M-4A1 pour l’entrainement et 164 M-4A3 pour équiper les unités opérationnelles soit un total de 188 chars de ce type, chars qui vont être remplacés en 1962 par des T-34/85.

Le M-4 Medium Tank Sherman était un char moyen de conception et de fabrication américaine pesant 30.3 tonnes en ordre de combat, mesurant 5.84m de long pour 2.62m de large et pour une hauteur de 2.74m.

Propulsé par un moteur Continental R975 de 400ch, il pouvait atteindre la vitesse maximale de 40 à 48km/h et franchir 193km.

Son blindage variait selon les endroits entre 38 et 75mm et son armement était cimposé d’un canon de 76mm M-1 avec 55 puis 71 coups, une mitrailleuse Browning M-2 de 12.7mm avec 300 coups et deux Browning M-1919A4 avec 4750 coups. L’équipage était composé de cinq hommes (chef de char, tireur, chargeur, conducteur et aide-conducteur).

Mitteleuropa Balkans (101) Roumanie (31)

Véhicules

Chars

Renault FT

Surnommé le «char de la victoire», le Renault FT (et non FT-17 comme on l’écrit parfois) peut être considéré comme un char canonique car il fixe l’organisation générale d’un char moderne avec le moteur à l’arrière, la tourelle au centre et le pilote à l’avant, les chars s’éloignant de ce concept étant peu nombreux.

Produit en masse (4516 exemplaires), il va équiper l’armée française et ses alliés, participant aux offensives finales de l’été 1918 aboutissant à l’armistice de Rethondes.

Dans l’immédiat après guerre un certain nombre d’exemplaires sont cédés à des pays étrangers ce qui permet à nombre d’entre-eux de faire connaissance avec le char et développer des unités motomécaniques en fonction bien entendu de leurs ambitions et de leurs moyens.

En 1919 l’Armata Regala Romana reçoit 76 Renault FT ce qui permet la création d’un premier régiment blindé. Ce char va être peu à peu remplacé par des chars de conception et de fabrication tchécoslovaque.

En septembre 1941 il est officiellement retiré du service et les véhicules survivants sont stockés et entretenus pour participer éventuellement au maintien de l’ordre.

Sept ans plus tard quand le second conflit mondial éclate il ne restait plus que vingt-quatre exemplaires en état de marche, les autres ayant été ferraillés ou cannibalisés pour fournir des pièces détachées.

Ils reprennent du service sur l’aéroport de Bucarest pour protéger le site d’un éventuel assaut parachutiste soviétique qui ne sera jamais mené. Quelques véhicules sont transférés à la Gendarmerie pour participer au maintien de l’ordre en zone rurale.

Quand le second conflit mondial se termine il ne reste plus que six chars de ce type qui sont rassemblés puis utilisés comme cible pour les exercices de tir des unités de l’Armée Rouge déployés en Roumanie.

Si un Renault FT est bien exposé au musée de la Guerre à Bucarest c’est qu’il s’agit d’un char acquis aux Etats-Unis, transféré en Roumanie, restauré et exposé.

Caractéristiques Techniques du Renault FT

Poids total : (char-mitrailleur) 6.5 tonnes (char-canon de 37mm) 6.7 tonnes

Dimensions : longueur 4m (5.10m avec la queue passe tranchée) largeur 1.74m hauteur 2.14m

Motorisation : un moteur Renault 4 cylindres développant 35 ch à 1300 tours minutes. Boite à quatre vitesse + une marche arrière. Réservoir de 96 litres d’essence

Vitesse maximale 7.8 km/h, environ 2 km/h en terrain varié Pente 45° Autonomie : 8 heures

Blindage : tourelle blindée à 22 et 16mm, parois verticales 16mm parois obliques 8mm plancher 6mm

Armement : (char-mitrailleur) une mitrailleuse Hotchkiss modèle 1914 de 8mm avec 4800 coups en 50 bandes articulées de 96 cartouches ou un canon de 37mm semi-automatique modèle 1916 avec 237 obus. Certains Renault FT mitrailleurs ont été réarmés avec une mitrailleuse Darne de 7.5mm.

Equipage : 2 hommes (mécanicien pilote et chef de char tireur).

AH-IV

Strigsvan M/1937, version utilisée par la Suède de l’AH-IV

Le AH-IV est une chenillette tchécoslovaque mise au point dans les années trente et qui connu un certain succès à l’export puisqu’il fût exporté en Romanie, en Suède et en Iran.

A l’origine de ce véhicule figure la volonté de la Českomoravská Kolben-Daněk (CKD) de mettre au point un véhicule mieux conçu que le Tancik vz.33 avec notamment un mitrailleur en tourelle alors qu’il était installé en caisse sur le vz.33.

Le premier client est l’armée iranienne qui passe commande dès 1935 de cinquante exemplaires plus un prototype. Les premiers exemplaires arrivent en août 1936 et la commande est honorée en mai 1937 même si l’armement ne fût installée qu’en novembre 1937. Très satisfaits les iraniens souhaitèrent commander entre 100 et 300 exemplaires supplémentaires mais la guerre de Pologne plus le veto allemand empêcha la commande de se concrétiser.

La Roumanie elle passe commande de trente-six exemplaires baptisés AH-IV-R (AH-IV-Roumanie) via un contrat le 14 août 1936. Les premiers véhicules sont livrés en octobre 1937 à temps pour les manœuvres automnales où ils donnent satisfaction. Ce sera moins le cas pour les exemplaires suivants ce qui explique qu’ils ne seront officiellement acceptés qu’en août 1938. Le projet de le produire sous licence ne dépassa pas le stade de l’unique prototype.

Aux commandes iraniennes s’ajoutèrent également une commande suédoise de quarante-huit chenillettes désignées Stridsvagn m/37 et qui vont être livrées en 1938 après une évaluation concluante en 1937.

Au sein de l’armée royale roumaine les AH-IV désignés R-1 furent déployés au sein des unités de cavalerie, les cinq divisions de cavalerie se partageant les trente-six chenillettes sous la forme de douze pelotons de trois véhicules.

Si les 1ère, 3ème et 5ème divisions de cavalerie disposaient chacune de trois pelotons, les 2ème et 4ème possédaient un unique peloton pour la première et deux pour la seconde.

Ces véhicules ont été vité déclassés et vont être retirés des unités de première ligne à l’automne 1945. Après une méticuleuse inspection sur les vingt-huit véhicules encore disponibles seuls vingt ont été préservés pour être réutilisés en cas de besoin.

Utilisés pour l’entrainement et la formation les R-1 ont pour certains repris du service pour la sécurisation des arrières.

Au moins un exemplaire à été modifié pour recevoir un canon antichar sovietique de 45mm en superstructure mais on ignore son utilisation comme son sort final. Les quelques exemplaires ayant survécu à la guerre ont été rapidement envoyés à la casse à la fin des années cinquante.

Caractéristiques Techniques

Poids : 3.9 tonnes

Dimensions : longueur 3.2m largeur 1.73m hauteur 1.67m

Motorisation : un moteur 6 cylindre Praga RHP de 55ch

Performances : vitesse maximale 45 km/h Distance franchissable 170km

Blindage : 6 à 12mm

Armement : deux mitrailleuses de 7.92mm

Equipage : deux hommes

Skoda LT vz.35 (S-II)

Skoda LT vz.35

Le Skoda LT vz.35 (S-II) est un char léger de conception et de fabrication tchécoslovaque. Avec son compère le Panzer 38(t), le futur Panzer 35(t) allait compléter les Panzer III et IV produits en nombre insuffisant pour équiper les Panzerdivsionen. A leur apogée, quatre divisions blindées (4. PzD, 6. PzD, 7. PzD, 8. PzD) furent équipées de chars tchèques.

Ce char de 9 tonnes était un char médiocre. Son blindage riveté était son défaut principal car quand il était touché, il projetait à l’intérieur ces rivets, tuant ou blessant l’équipage.

Le dévellopement de ce char léger commença en 1934 quand l’armée tchécoslovaque demanda un nouveau char léger dit de cavalerie pour succéder au LT vz.34 déjà en service. La firme CKD implantée à Prague perdit face au projet de la firme Skoda.

La première commande de 160 exemplaires est passée le 30 octobre 1935, les livraisons commençant en décembre 1936 suivit de commandes supplémentaires, la production étant partagée entre Skoda et CKD suite à un accord de production.

La production fût laborieuse, les problèmes de mise au point nombreux, nécessitant de fréquents retours en usine.

En dépit de ces problèmes, l’étranger se montrant intéressé par ce char léger qui fût commandé par la Roumanie (126 exemplaires) et la Bulgarie qui récupéra dix exemplaires initialement commandés par l’Afghanistan. L’URSS évalua ce char mais ne donna pas suite. La Slovaquie indépendante récupéra 52 exemplaires auprès des allemands à qui ils devaient leur indépendance.

Ces chars furent retirés du service avec la mise en service du Panther qui avait finit de rééquiper ces quatre divisions quand éclate le second conflit mondial.

La quasi-totalité des Panzer 35 (t) est feraillée mais certains sont conservés en réserve au cas où utiliser pour l’instruction.

Une demi-douzaine de chassis sont récupérés pour servir de prototypes pour un chasseur de char, le Marder III qui combine le chassis du Pz 35(t) avec à la place de la tourelle une superstructure protégeant un canon antichar de 75mm.

L’Armata Regala Romana mis en service 126 exemplaires et voulu acquérir 382 exemplaires mais cette commande fût annulée en raison du démantèlement de la Tchécoslovaquie en mars 1939 et surtout la prise de contrôle allemande des industries militaires tchèques.

Les 126 exemplaires vont être essentiellement utilisés par la 1. diviziune blindată, une division blindée l’unité division motomécanique de l’armée royale roumaine avant le début du second conflit mondial.

Ces chars étaient déclassés pour ne pas dire obsolètes en septembre 1948 mais la Roumanie n’à pas vraiment le choix et doit conserver ses R-2 _désignation roumaine de ce char_ et ses Renault R-35 en service en attendant la livraison de Panzer III et de Panzer IV.

Ces chars sont mêmes engagés en juin 1950 en URSS. Certes à l’époque ils n’étaient plus utilisés que dans la reconnaissance et non le combat mais c’était signe que l’équipement de l’armée roumaine n’était pas à la hauteur pour des combats de haut intensité.

Si il pouvait combattre les chars légers amphibies de reconnaissance de la RKKA il devait fuir le combat contre des chars BT et T-34 dont certains équipaient des unités de reconnaissance de l’Armée Rouge.

Les pertes sont lourdes lors des phases estivales de l’opération BARBAROSSA et bien entendu lors de la contre-offensive ennemie.

Fin 1950 il restait 64 chars disponibles qui sont maintenus au sein de la division blindée pour la reconnaissance avec deux pelotons de huit véhicules soit seize blindés, seize autres formant quatre pelotons de quatre véhicules pour renforcer les divisions de cavalerie.

Le reste soit 32 véhicules est d’abord conservé en réserve puis 24 d’entre-eux sont transformés en chasseurs de chars sous le nom de TACAM R-2, un véhicule combinant le châssis renforcé du char tchèque avec une superstructure abritant un canon de 76.2mm soviétique.

Ces vingt-quatre chars vont former trois compagnies indépendantes de huit véhicules détachées en fonction des besoins aux divisions d’infanterie combattant les soviétiques puis les allemands après le basculement roumain de septembre 1953.

A l’époque il restait douze exemplaires qui vont former un régiment indépendant composé de TACAM R-2 et de SU-76 mais ceci est une autre histoire.

A la fin du conflit il restait quatre R-2 en version char léger qui sont tous envoyés à la ferraille car d’aucune utilité pour la nouvelle armée roumaine bien équipée en chars d’origine soviétique.

Caractéristiques Techniques du Skoda L.T vzor 35

Poids : 10.5 tonnes

Dimensions : longueur 4.45m largeur 2.14m hauteur 2.20m

Motorisation : moteur essence Skoda T11 de 120ch

Performances : vitesse maximale sur route 35 km/h Autonomie sur route 190km (115km en tout terrain)

Blindage : maximale 25mm

Armement : tourelle biplace abritant un canon de 37mm Skoda de 40 calibres pouvant pointer en azimut sur 360° et en site de -10° à +25° avec 72 obus en réserve. Il est associé à une mitrailleuse de 7.92mm qui partage avec la mitrailleuse de caisse le stock global de 1800 cartouches

Equipage : 4 hommes (pilote, opérateur radio-mitrailleur, pourvoyeur et chef de char/tireur)

Renault R-35

Défilé de R-35 roumains

Au début des années trente le char léger français standard est encore le vénérable Renault FT alias le «char de la victoire» autant dire une antiquité militaire. De plus sur le plan quantitatif la flotte souffrait d’une usure et d’un vieillissement important qui rendait peu probable la mobilisation de la totalité du parc en cas de guerre.

Un programme pour un char léger de 6 tonnes à deux hommes, 40mm de blindage et armement mixte (canon et mitrailleuses) est officiellement lancé le 2 août 1933. A ce programme répondent Renault, Batignolles-Châtillon, Hotchkiss, FCM (Forges et Chantiers de la Méditerranée), APX et Delaunay-Belville.

Le concours lancé le 2 août 1933 est modifié le 22 mai 1934 aboutissant à la construction de prototypes par tous les constructeurs sauf Delaunay-Belville.

La firme de Billancourt propose un char biplace de 11 tonnes armé d’un canon de 37mm SA modèle 1918 (le même que le FT) et une mitrailleuse. Le prototype va être testé à partir d’août 1934 et adopté le 25 juin 1936 sous le nom de char léger modèle 1935R tout comme ses concurrents FCM et Hotchkiss, les futurs FCM-36 et Hotchkiss H-35.

Quand éclate la guerre de Pologne, pas moins de dix-sept bataillons de chars de combat sont équipés de Renault R-35 soit un total de 765 chars, le total étant porté à 900 chars au printemps 1940, à l’apogée de la puissance des forces armées françaises avant que la démobilisation ne soit enclenchée pour soulager une économie en souffrance. A cela s’ajoute des véhicules en réserve et d’autres véhicules déployés dans l’Empire.

Un certain nombre de chars ont également été exportés essentiellement pour des raisons diplomatiques, cinquante envoyés en Pologne en juillet 1939, quarante envoyés en août-septembre 1939 en Roumanie et cent en Turquie en février et en mars 1940. Un deuxième lot aurait du être envoyé à la Pologne mais il va équiper le voir le 68ème BCC.

La production cesse à la fin du mois d’avril quand le R-40 prend le relais. Au total 1460 chars sont sortis des chaines de montage.

Après la démobilisation, quatorze bataillons de chars de combat restent stationnés en métropole avec ce Renault R-35 soit un total de 630 chars en service.

A ces chars s’ajoute ceux déployés dans l’Empire au sein des 62ème et 66ème BCC stationnés au Maroc et au sein du 64ème BCC stationné en Algérie soit un total de 135 chars auxquels s’ajoutent les deux BCC du Levant, portant le total à 225 chars.

Cela nous donne un total de 855 chars plus les 190 chars exportés et 120 utilisés pour l’expérimentation, les tests, l’instruction soit un total en ligne en France de 975, le reliquat soit 295 étant stockés.

Ces stocks vont servir à rééquiper la section de chars de Madagascar (huit blindés en ligne plus six en réserve soit un total de quatorze véhicules) ainsi que les deux compagnies de chars d’Indochine soit un total de trente chars en ligne plus quinze en réserve soit un total de quarante-cinq blindés sortis des stocks.

Cela nous laisse donc un total dans les stocks de 236 Renault R-35. Ce nombre va en réalité augmenter car un certain nombre de bataillons vont remplacer ces blindés par des chars plus modernes, ne laissant que trois BCC équipés de Renault R-35 soit un total en ligne de 135 chars, laissant un stock confortable de 631 exemplaires.

Du moins officiellement car en toute discrétion, un bataillon à été livré à l’armée portugaise (45 chars + 21 en réserve) et un autre à l’armée espagnole (45 chars +21 en réserve) soit un total corrigé de 599 chars disponibles plus les 120 cités soit 719 chars.

Ces chars vont participer au second conflit mondial durant la phase initiale de la mobilisation en attendant la disponibilité de chars plus modernes comme le FCM-42 et l’AMX-44 même si durant le conflit certains BCC remplaceront leurs chars légers par des canons d’assaut peut être plus modernes et surtout mieux adaptés ce qui avait également l’avantage de réserver la production des chars aux divisions blindées [NdA en 1952 les DLM et les Divisions Cuirassées ont été rebaptisées et uniformisées]).

En décembre 1937 la Roumanie décide de commander 200 exemplaires du Renault R-35 (baptisés Tancuri R-35) qui doivent être produits sous licence mais devant la difficulté du projet on décide de commander 41 exemplaires directement à la France, ces chars étant tous livrés en septembre 1939.

Aucun R-35 ne sera construit en Roumanie, Bucarest récupérant 34 chars ayant appartenu à l’armée polonaise portant son parc à 75 exemplaires, le reste du projet étant annulé, Bucarest préférant acquérir des chars plus modernes venant notamment d’Allemagne mais ceci est une autre histoire.

En septembre 1948 le Renault R-35 est encore en service. Sur les 75 exemplaires disponibles en 1940 il n’en restait plus que 54 en état de combattre. Ils ont été réarmés avec un canon de 45mm d’origine soviétique et rebaptisés Vanatorul de Care R-35.

Vanatorul de Care R-35

Les douze premiers véhicules ont été armés avec des canons récupérés dans une zone disputée de la frontière roumano-soviétique avant que d’autres canons soient récupérés sur certains chars soviétiques capturés ou dans les convois immobilisés par l’aviation et abandonnés par des unités de la RKKA cherchant à se replier vers l’est.

Trente-six exemplaires ont été ainsi modifiés avec une nuque de tourelle allongée pour absorber le recul supplémentaire. Ces véhicules pouvaient tirer leur épingle du jeu contre les chars BT ou les chars plus anciens mais évidemment face aux T-34 et aux KV ils ne pouvaient rien faire.

Ils vont rester en service jusqu’à la fin du second conflit mondial. En avril 1954 il restait huit exemplaires qui sont tous envoyés à la casse sauf deux, un exposé à Bucarest un deuxième exposé au musée des blindés à Saumur en France.

Caractéristiques Techniques du char léger modèle 1935R

Poids total : 11 tonnes

Dimensions : Longueur totale 4.02m Largeur totale 1.85m Hauteur totale 2.13m (1.37m sans tourelle)

Motorisation : un moteur Renault 447 4 cylindres développant 85ch à 2200 tours/minute alimenté par 166 litres

Vitesse maximale : 20 km/h Pente : 75% Autonomie : 130km

Blindage : 40mm maximum

Armement : (configuration initiale) un canon de 37mm SA modèle 1918 puis SA38 alimenté à 100 obus et une mitrailleuse MAC 31 de 7.5mm approvisionnée à 2400 cartouches (configuration modernisée) un canon de 47mm SA35 alimenté à 90 obus et une mitrailleuse MAC 31 de 7.5mm approvisionnée à 2400 cartouches

Equipage : un mécanicien pilote et un chef de char, le premier en caisse et le second en tourelle

Tancuri T-38

Skoda LT Vzor.38

Le Skoda L.T Vzor 38 est une version améliorée du vz.35 avec un blindage en partie boulonné, blindage renforcé passant à 50mm à l’avant. La dotation en munitions est augmentée passant à 90 coups de 37mm et à 2550 cartouches pour les mitrailleuses.

Le développement commence en 1937 suite à l’échec relatif du LT vz 35 qui était largement perfectible. CKD l’un des producteurs partit du futur Pz35 (t) et améliora la suspension avec un système Christie.

Avant même une commande nationale, cette version améliorée du LT vz35 fut exportée en Iran (50), au Pérou et en Suisse (24). Les chars commandés par la Lituanie non livrés en raison de l’annexion soviétique furent récupérés par la Slovaquie. La Grande-Bretagne évalua un exemplaire mais ne donna pas suite à une potentielle production sous licence.

Le 1er juillet 1938, l’armée tchécoslovaque passa commande de 150 exemplaires mais aucun appareil n’entra en service avant l’occupation allemande (mars 1939), la production continua ensuite pour l’Allemagne qui manqua de chars pour armer ses Panzerdivisionen.

A l’apogée de leur carrière allemande, les Panzerkampfwagen 38 (t) équipèrent quatre divisions blindées en compagnie des Panzerkampfwagen 35 (t) en l’occurence les 4. PzD, 6. PzD, 7. PzD et 8. PzD.

La carrière du Panzer 38 (t) était à terme limitée, sa tourelle ne pouvant emporter un canon plus puissant, capable de détruire les nouveaux chars ennemis. Les chars retirés du service à l’arrivée du Panther furent pour beaucoup revendus à des pays alliés comme la Hongrie, la Slovaquie, la Roumanie et la Bulgarie.

Le chassis du Panzer 38 (t) servit de base à un prototype de chasseur de chars, le Marder III qui installait sur un chassis de 38 (t) ou de 35 (t) un canon antichar de 75mm. Des prototypes de char de reconnaissance, de canon antiaérien automoteur furent également construits tout comme des ravitailleurs d’artillerie.

A l’export, le char tchèque est construit sous licence en Suède sous la désignation de Stridsvagn m/41 SII après que les quatre-vingt dix chars commandés à la Tchécoslovaquie eurent été récupérés par les allemands.

En compagnie du 35 (t), le Panzer 38 (t) participe à la guerre de Pologne. Il aurait du être remplacé rapidement mais en raison de la guerre civile et de problèmes industriels, il est encore en service en 1946, date à laquelle commence son retrait au profit du Panzerkampfwagen V. Les derniers chars sont retirés du service au printemps 1948.

Les chars retirés du service sont pour certains utilisés pour l’instruction, préservés pour le maintien de l’ordre ou cédés aux alliés. Les véhicules hors d’usage sont feraillés mais les tourelles sont préservés des affres de la destruction et installées aux frontières pour renforcer le Westwall et le Neue Ostwall.

La Roumanie va ainsi récupérer 50 exemplaires en septembre 1945 pour compléter ses R-2 mais ces chars étaient clairement dépassés pour ne pas dire pire. Bucarest apprit que c’était une mesure interimaire en attendant la livraison de Panzer III et de Panzer IV ce qui sera effectivement le cas.

Néanmoins en septembre 1948 le Tancuri T-38 était encore en service au sein de l’Armée Royale Roumaine comme char léger de reconnaissance. Après quelques semaines de combat sur le front russe, ce char est retiré des unités de première ligne pour sécuriser les arrières participant aux sinistres opérations de nettoyage menées par l’armée roumaine contre les partisans, les communistes et les juifs.

Ce n’était pas toujours des promenades de santé avec parfois de sérieuses contre-attaque menées par des partisans qui étaient souvent des soldats soviétiques égarés derrière les lignes ennemies et qui avaient préféré «provoquer la discorde chez l’ennemi» plutôt que d’essayer de rallier le gros des forces.

Si longtemps la propagande à été prise pour argent comptant, aujourd’hui les historiens relativisent beaucoup l’impact des partisans dans la guerre sur le front russe.

A la fin du conflit il ne restait qu’une poignée de chars de ce type en service, chars souvent en très mauvais état. Résultat ils sont rapidement envoyés à la casse sans autre forme de procès.

Caractéristiques Techniques du Panzerkampfwagen 38 (t)

Poids : 9.5 tonnes

Dimensions : longueur 4.90m largeur 2.06m hauteur 2.37m

Motorisation : Moteur PRAGA EPA de 125ch

Blindage : 15 à 25mm

Performances : vitesse maximale 42 km/h sur route 15 km/h en tout-terrain Autonomie 230km sur route et 165 km en tout terrain

Armement : tourelle biplace avec un canon de 37.2mm Skoda A7 alimenté à 90 coups et associé à une mitrailleuse de 7.92mm qui partage le stock de 2550 coups avec la mitrailleuse de caisse.

Equipage : chef de char, chargeur, conducteur, mitrailleur/opérateur radio

Panzer III

Panzer III à canon de 50mm

Durant la période 1919-1939 l’armée allemande décide de développer une force blindée la Panzerwaffe, une force qui allait marquer les années de victoire comme les années de défaite du IIIème Reich.

Créer une force motomécanique ne s’improvise pas. Cela demande de la volonté, du temps et des moyens. Les allemands vont procéder par étape en mettant d’abord au point des chars légers destinés à former pilotes, tireurs et chefs de chars. Ce sont les Panzer I et II qui n’étaient pas censés être engagés au combat. On connait la suite.

Les premiers chars allemands modernes devaient être le Panzer III destiné à lutter contre les chars ennemis (avec son canon de 37mm au lieu du canon de 50mm initialement prévu) et le Panzer IV destiné à l’appui de l’infanterie.

Après un appel d’offres, c’est Daimler-Benz qui est choisit. Les premières versions (Ausf A à E) sont produites en petite quantité et ne donnant pas satisfaction, les Panzer III Ausf A à D sont retirés du service dès 1940.

La version Ausf F est la première version du Panzerkampfwagen III à être produite en grande série avec 560 unités produites jusqu’en mai 1941 quand une version Ausf G la remplace sur les scènes de montage.

Cette version est construite en petite quantité (220 à 250 exemplaires selon les sources) avant de céder la place à la version Ausf H, la première version à être équipée d’un canon de 5cm, d’abord en version courte (42 calibres soit un tube de 2.10m) puis en version long (60 calibres soit un tube de 3m).

560 Ausf F sont construits suivis de 250 Ausf G et de 950 Ausf H soit un total de 1760 Panzer III produits jusqu’en septembre 1947 quand la production est interrompue au profit de véhicules plus performants notamment le Panther appelé à remplacer à la fois le Panzer III mais également le Panzer IV.

Sur le plan de l’équipement des Panzerdivisionen, le Panzer III équipe encore totalement deux divisions blindées et partiellement deux autres en compagnie du Panzer IV (les quatre restantes étant entièrement équipées de Panzer IV à canon de 75mm long sans oublier quatre équipées de Panzer V Panther).

Au total ce sont près de 950 Panzer III Ausf G et H à être encore en service quand éclate le second conflit mondial. Son poids limité et son canon de 50mm jugé suffisant vont permettre son déploiement en Norvège pour l’opération Weserübung.

Comme pour les autres blindés allemands, le chassis du Panzer III s’est prêté à un certain nombre de conversions sans parler de la reconvertion de chars retirés du service actif.

Citons pêle-mêle une version de dépannage, de commandement, d’observation d’artillerie, char lance-flamme, poseur de travées, déminage. Ce chassis à aussi servit au développement du Sturmgeschütz III à canon de 75mm. En mélangeant des éléments du chassis du Panzer III et du IV, on obtint le chassis du canon automoteur Hummel.

La Roumanie récupère en mars 1942 32 Panzer III Ausf F à canon de 37mm puis très vite 72 Panzer III Ausf H à canon de 50mm, les premiers servant essentiellement à l’entrainement et à la sécurité intérieure alors que les H équipaient les unités de première ligne.

En compagnie de Panzer IV, les Panzer III roumains (connus sous le nom de R-3) vont combattre dans les plaines et les steppes russes, remportant quelques succès contre des unités blindées soviétiques imposante mais dont le niveau technico-tactique n’était pas à la hauteur de certaines unités ennemies.

Toujours présents lors de l’opération FRIEDRICH ils subissent de telles pertes qu’ils sont retirés des unités de première ligne, le Panzer IV (en attendant une livraison de Panther qui n’eut jamais lieu en raison du basculement roumain dans le camp soviétique) devenant l’unique de char de combat roumain de première ligne.

Débur 1952 il restait 12 Panzer III Ausf F et 22 Panzer III Ausf H. Ces chars sont d’abord stockés, on étudie leur transformation en chasseur de chars ou en canon d’assaut mais aucun projet ne voit le jour.

Au moment de l’opération PIOTRE VELIKY, les chars encore en état forment un groupement de marche, le Groupement Codreanu (un homonyme du leader de la Garde de Fer) pour tenter de sauver ce qui peut l’être c’est-à-dire pas grand chose.

Quand le second conflit mondial se termine il ne reste plus que quatre Ausf F et dix Ausf H, souvent en mauvais état. Voilà pourquoi ces véhicules sont rapidement envoyés à la casse.

Caractéristiques Techniques du Panzerkampfwagen III

Poids : 22.3 tonnes Longueur total : 6.41m longueur de la coque : 5.41m largeur : 2.95m hauteur : 2.50m

Moteur : Maybach HL 120 TRM 12 cylindres 300ch

Blindage : maximal 50mm

Performances : vitesse maximale sur route 40 km/h (19 km/h en tout-terrain) Autonomie 175km sur route 97km en tout-terrain

Armement : un canon de 50mm en tourelle triplace avec 99 projectiles pouvant pointer de -10° à +20° et sur 360° en azimut, canon associé à une mitrailleuse coaxiale de 7.92mm (2250 cartouches) et une mitrailleuse de caisse (1250 cartouches)

Equipage : cinq hommes (Pilote, radio-mitrailleur, chef de char, chargeur et tireur)

Panzer IV

Quand le char de combat est inventé, sa mission unique est de percer le front et de déblayer le terrain au profit de l’infanterie qui ne pouvait seule vaincre la triade “mitrailleuse + barbelés + tranchées”.

L’appui de l’infanterie semblait être la seule mission du char de combat, un affrontement entre chars si il était du domaine du possible, paraissait peu probable.

Aussi quand l’Allemagne planifia la montée en puissance de sa Panzerwafe, elle identifa deux types de chars : un char armé d’un canon capable de combattre les autres chars et un char destiné à les appuyer à l’aide d’un canon plus puissant tirant des obus explosifs, canon qui pouvait aussi mener une mission d’appui de l’infanterie.

Le développement du futur Panzerkampfwagen IV (Sonderkraftahtzeug 161) commence avant même l’arrivée des nazis au pouvoir ce qui implique des appellations de camouflage comme Mittleren Traktor puis Bataillonführerswagen avant de devenir de véritables chars de combat.

Le prototype apparait en 1935. MAN et Krupp s’affrontent et c’est finalement le fabricant d’Essen qui l’emporte et qui reçoit commande en 1936 des premiers exemplaires de série.

Quand éclate la guerre de Pologne, la Panzerwafe dispose de 437 Panzer IV (35 Ausf A 42 Ausf B 140 Ausf C et 220 Ausf D) qui sont mélés aux Panzer III pour assurer leur appui.

Durant la période de Pax Armada (1939-1948), cette période qui sépare la guerre de Pologne du second conflit mondial, le rôle et la place du Panzer IV évolue.

Le Panzer III ne pouvant recevoir plus qu’un canon de 50mm, il sera à terme déclassé par l’augmentation des blindages ce qui n’est pas le cas des Panzer IV dont les dimensions généreuses du chassis permettent d’envisager l’installation d’un armement sous tourelle plus puissant.

L’apparition en France du Renault G-1 à canon de 75mm sous tourelle pousse l’Allemagne à lancer l’étude d’un nouveau char moyen à canon de 75mm long sous tourelle. Le dévellopement prennant du temps, il faut parer au plus pressé.

Outre le réarmement des Panzer III avec un canon de 50mm lui rendant un vrai pouvoir antichar, la direction des troupes blindées décide de produire une version du Panzerkampfwagen IV à canon de 75mm long soit un canon de 48 calibres au lieu des 24 pour les précédents.

Après l’Ausf E encore équipé d’un canon court et fabriqué à 240 exemplaires, la production passe au Ausf F, la première des quatre versions armés du canon de 75mm de 43 calibres.

La version F est produite à 250 exemplaires est suivit par 300 Ausf G dôtés d’un moteur plus puissant, d’une suspension améliorée et de jupes blindées (Schürtzen) pour protéger le train d roulement des coups de l’ennemi. Les Ausf H et J ne se différencient que par des détails infimes, difficilement décelables à l’oeil nu.

Le Panzer IV va devenir en attendant l’arrivée du Panther le char majeur des Panzerdivisionen, remplaçant peu à peu les Panzer III. Résultat quand le second conflit mondial éclate, le Panzer IV équipe quatre divisions blindées au complet et deux divisions partiellement avec le Panzer III soit six divisions et plus un millier de chars en service.

Théoriquement la production du Panzer IV devait cesser pour laisser la place au Panther plus moderne mais des problèmes industriels et un grand nombre de maladies de jeunesse vont pousser les autorités allemandes à maintenir ouverte les chaines de production du Panzerkampfwagen IV.

Cette décision répond aussi au besoin de satisfaire les besoins de la S.S qui prend la décision de mettre sur pied deux divisions blindées en septembre 1947 (elles sont donc loin d’être opérationnelles un an plus tard) ainsi que de l’export au profit des alliés de l’Allemagne.

C’est ainsi que la Roumanie, la Hongrie, la Bulgarie, la Finlande et l’Italie reçoivent des Panzer IV à canon court et long. Des pays neutres comme l’Espagne et la Turquie reçoivent également des Panzer IV mais en plus faible nombre que les alliés de Berlin.

Comme le Panzer III, des variantes ont été mises au point à partir du châssis du Sonderkraftahtzeug 161. On trouve un véhicule de dépannage, une version de commandement du char standard, des chars lance-flamme, des poseurs de traverse, un char du génie et plus original, un char porte-grue destiné à embarquer et à élever les munitions destinées aux obusiers automoteurs Karl de 600mm.

La Roumanie va recevoir de nombreux Panzer IV en l’occurrence d’abord seize Panzer IV Ausf D pour entrainement puis 148 Panzer IV à canon long en l’occurrence 64 Ausf F et 84 Ausf H. Ces blindés vont principalement armer la 1ère division blindée mais aussi la 2ème brigade blindée.

Cette brigade à été créée en mars 1952 pour former à terme une division mais les moyens ont manqué pour aboutir à cet objectif. Cette brigade allait intégrer le Groupement Mobile Vanescu en compagnie de la 1ère division blindée et de la 8ème division de cavalerie.

Ce groupement était déployé en Ukraine, servant de Réserve Stratégique pour soutenir les divisions d’infanterie qui tenaient le front.

Ce groupement va contre-attaquer à plusieurs reprises pour tenter de reprendre Odessa mais sans succès. Les débris de ce groupement vont retraiter en direction de la Roumanie, restant mine de rien opérationnel là où d’autres unités se liquéfient.

De temps à autre le groupement essentiellement équipé de Panzer IV menait des brusques et brutales contre-attaques pour maintenir les soviétiques à distance imitant sans le savoir les allemands.

Quand la Roumanie bascule dans le camp soviétique il restait huit Panzer IV ausf D, vingt-huit Panzer IV Ausf F et trente-neuf Ausf H soit un total de soixante-six chars sur les cent soixante-quatre livrés par les allemands.

Ces chars sont remis en état et vont combattre les allemands aux côtés des soviétiques, opérant en Hongrie et en Tchécoslovaquie. Ce sera leur dernière campagne car dès la fin du conflit les chars survivants seront retirés du service et remplacés par des T-34/85 de seconde main en attendant des chars neufs plus modernes.

Caractéristiques Techniques du Panzerkampfwagen IV Ausf H

Poids en ordre de combat : 24 tonnes

Longueur hors tout : 7.02m Longueur de la caisse : 5.89m Largeur : 2.88m (3.13m avec les jupes) Hauteur : 2.68m

Motorisation : un moteur essence Maybach HL120TRM 12 cylindres développant 300ch

Performances : vitesse maximale 38 km/h sur route 16 km/h en tout terrain autonomie 210km sur route 130km en tout-terrain

Blindage maximale : 80mm

Armement : un canon de 75mm long (48 calibres) en tourelle triplace (-8° à +20° 360°) alimenté à 87 obus. La tourelle dispose d’une mitrailleuse coaxiale de 7.92mm qui partage avec la mitrailleuse de caisse, le stock de 3150 cartouches.

Equipage : cinq hommes

Chars soviétiques capturés et réutilisés

Si je regroupe ici tous les chars soviétiques capturés réutilisés par les roumains c’est que tout simplement la réutilisation est incertaine en raison d’un manque de source qu’il s’agisse d’archives ou de photos. Il s’agit souvent de témoignages de survivants mais les témoins sont humains à la mémoire forcement faillible.

L’armée roumaine à ainsi capturé huit T-26 dans une caserne au nord d’Odessa mais ces chars ne sont en réalité des chars réformés en attente de démolition. Il semble que l’armée roumaine à fait déplacer les véhicules sur un champ de tir pour s’entrainer tout en libérant des locaux pour les troupes d’occupation.

Les roumains ont également capturé une poignée de T-37A dont l’utilisation reste nébuleuse à la différence des autres pays de l’Axe. Selon certains l’Armata Regala Romana n’en à rien fait mais pour d’autres elle les auraient utilisés comme tracteur d’artillerie et véhicule de sécurité pour protéger les autorités à Odessa. Aucune de ces deux théories ne s’appui sur un texte indiscutable et les rares photos sont de très mauvaise qualité.

-En revanche les dix T-38 capturés ont été immédiatement ferraillés après quelques tests en raison de problèmes techniques importants.

-Le T-60 à été capturé en assez grand nombre, un nombre suffisant pour justifier la transformation des véhicules capturés en chasseurs de chars avec un canon de 76.2mm en superstructure en remplacement de la tourelle (NdA voir partie suivante pour plus de détails).

-Les huit T-50 capturés n’ont visiblement pas été réutilisés opérationnellement parlant mais uniquement à des fins de tests et pour des opérations de propagande.

-Les douze T-70 capturés ont surtout été utilisés en Transnistrie pour des opérations de sécurité intérieure contre des partisans de plus en plus remuants et de plus en plus dangereux.

-Les seize BT-7 capturés ont d’abord été stockés en attendant qu’une décision ne soit prise. Après inspection seulement huit peuvent être réparés, les autres étant cannibalisés pour fournir de précieuses pièces détachées. Les huit véhicules en question servent d’abord à la sécurité intérieure à Bucarest puis à l’été 1953 vont intégrer le Groupement Codreanu, un regroupement baroque d’unités pour tenter de stopper la RKKA lancée dans une folle chevauchée. Aucun véhicule n’à survécu au conflit.

-Contrairement à ce qui à été écrit les roumains n’ont jamais capturé de BT-9, le dernier rejeton de la famille des Bystrokhodny Tank.

23-Armée de terre Ligne Maginot (10)

C-La Ligne Maginot en détails

Panorama général des ouvrages de la Ligne Maginot

Casemate CORF de Rountzenheim sud

Casemate CORF de Rountzenheim sud

Avant d’aborder les travaux complémentaires menés durant la guerre de Pologne et poursuivis régulièrement jusqu’au début du second conflit mondial (septembre 1948), il m’à semblé important de réaliser un panorama général des différents types d’ouvrages de la ligne Maginot, des ouvrages ultra-modernes, fierté du CORF et du Service Technique du Génie qui inspirèrent notamment certains ouvrages tchèques construits malheureusement pour eux dans la région des Sudètes.

Qui dit panorama général dit description succinte. Il ne s’agit pas de détailler la conception des ouvrages aussi fidèlement que la remarquable série de livres sur les Hommes et les Ouvrages de la Ligne Maginot mais plutôt de donner un ordre d’idée, un aperçu des ouvrages qui vont jouer un rôle capital dans le conflit à venir.

Les conceptions de base de la ligne Maginot sont comme toutes les lignes fortifiées depuis l’apparition des armes à feu : barrer et appuyer. Barrer les voies d’invasion par des ouvrages fortifiés équipés généralement d’armes légères et appuyer ces ouvrages à l’aide de casemates plus puissants équipés de pièces d’artillerie.

Il faut aussi observer et abriter. Observer les unités ennemies, les unités assaillantes pour permettre aux ouvrages de diriger leur feu à bon escient et renseigner le haut commandement sur l’axe général de la progression ennemie. Abriter les unités mobiles chargées de contre-attaquer et dégager les ouvrages menacés et/ou encerclés.
Tirant la quintescence des fortifications existantes et de l’expérience du premier conflit mondial, les plans dressés par la CORF sont théoriquement cohérents mais la réalisation va gâcher ces beaux plans en raison de l’explosion des coûts et des réductions budgétaires qui vont obliger la CORF à des choix déchirants.

La CEZF tentera bien de corriger le tir mais bien que puissante, la Ligne Maginot de 1948 le sera beaucoup moins que si les plans d’origine avaient été respectés qu’il s’agisse du respect des intervalles pour réaliser des feux croisés ou l’installation de canons longue portée de 145mm d’une portée de 30km.

Les organisations d’intervalles (1) : La Casemate CORF

C’est l’élément de base de la ligne Maginot. Sa date naissance peut être fixée au 3 avril 1929. Elle doit normalement être disposée tous les 1200m, la portée utile des mitrailleuses. La construction s’étalant dans le temps et la géographie aidant, la casemate CORF va connaître plusieurs évolutions et plusieurs variantes.

A l’origine, dans ce qu’on appelle les anciens fronts, la casemate de la Commission d’Organisation des Régions Fortifiés (CORF) se décline en deux versions (notices des 30 juillet 1929 et 23 juillet 1930) :

-Les casemates simples qui voit deux casemates installés en opposition avec une chambre de tir équipée de deux fusils mitrailleurs et une cloche GFM (Guetteur et Fusil-Mitrailleur) équipé donc comme son nom l’indique d’un fusil mitrailleur, ces deux ouvrages sont parfois reliés par une gaine bétonnée souterraine.

Cloche GFM en position

Cloche GFM en position

-Les casemates doubles comprenant comme leur nom l’indique deux chambres de tir équipées chacune de deux mitrailleuses disposées en opposition et une ou deux cloches GFM.

-Un modèle particulier est prévu pour la berge du Rhin (notice du 11 octobre 1929).

-Un deuxième modèle particulier est construit dans le Nord, une casemate à créneaux décalés (notice du 5 mars 1931)

A partir de 1931, le retour d’expérience des premières construction et la mise au point de la cloche pour mitrailleuse impacte la construction des casemates, l’invention de la cloche à mitrailleuse offrant de nouvelles possibilités permettant à une même arme de réaliser des tirs frontaux et de flanquements. Cela nous donc le panorama d’ouvrages suivants :

-Casemates simples à une chambre de tir à deux mitrailleuses et une cloche de mitrailleuses en opposition.

-Casemates simples à une chambre de tir à deux mitrailleuses et une cloche de mitrailleuses en action frontale.

-Casemates simples à une chambre de tir équipée d’une mitrailleuses et une cloche de mitrailleuses en juxtaposition, soit sur l’orillon, soit à côté de la chambre de tir.

-Casemates cuirassés (notices du 28 janvier 1931) équipés uniquement d’une cloche GFM et d’une ou deux cloches de mitrailleuses.

A partir de 1934 dans ce qu’on appelle les Nouveaux Fronts, on réalise des casemates simples, doubles ou cuirassés aux formes plus fuyantes et un armement étoffé par rapport aux casemates de première génération.

L’armement de ces casemates se compose le plus souvent pour une chambre de tir d’un ou deux jumelages de mitrailleuses, d’un canon antichar (37 ou 47mm), d’un créneau FM (fusil mitrailleur) de défense rapprochée et d’une goulotte lance-grenades (ou d’un créneau FM de pied pour les casemates de première génération).

En défense de l’entrée, on trouve un créneau FM, un FM sur porte et une goulotte lance-grenades (ou créneau de pied pour FM) et sur le dessus, différentes cloches.

Créneau JM (Jumelage de Mitrailleuses)

Créneau JM (Jumelage de Mitrailleuses)

Un exemple valant mieux qu’un long discours, le casemate de Tressange (SF de Crusnes) dispose d’un canon antichar de 47mm, de six mitrailleuses MAC 1931 de 7.5mm (quatre sous béton et deux sous cloche), quatre fusils-mitrailleurs MAC modèle 1924/29 de 7.5mm (deux sous créneau de défense rapprochée , un sous-cloche et un de défense de porte), un mortier de 50mm modèle 1935 sous cloche et deux goulottes lance-grenades.

Comme je l’ai indiqué dans la présentation, l’intervalle entre les casemates CORF doit être de 1200m mais avec les restrictions budgétaires vont souvent porter cet intervalle à 2000m soit la limite de portée utile des mitrailleuses.

Ces casemates sont également conçus pour être autonomes. Elles doivent pouvoir continuer le combat même après avoir été encerclées.

On trouve généralement un premier étage dit de combat et un étage situé juste en dessous pour la vie de l’équipage qui dispose de commodités confortables, les conditions de vie épouvantables du commandant Raynal et de ses hommes à Douaumont encerclés par les allemands en 1916 servant de repoussoir à une quelconque négligence dans ce domaine.

Chaque casemate CORF est servit par une trentaine d’hommes commandés par un lieutenant ou un adjudant-chef avec une réserve en munitions abondante avec 600 obus par pièce antichar, 40000 cartouches par jumelage de mitrailleuses, 10000 coups par fusil-mitrailleur installé en cloche GFM et 1000 coups par fusil-mitrailleur pour la défense des entrées, 240 grenades F1 et 1000 bombes de 50mm.

Comme je l’ai mentionné plus haut, aux casemates standards s’ajoute des casemates adaptées aux réalités du terrain.

Le premier exemple est représenté par les casemates spéciales des berges du Rhin. Ces casemates ont d’ailleurs d’abord été conçus par les directeurs du génie de Belfort et de Strasbourg avant que la CORF ne reprennent les choses en main (Décision Ministérielle du 11 février 1931).

On trouve sur la berge, les pieds dans l’eau, des casemates type M 1 P (simples) ou M 2 P (double) ainsi que du type M 1 F (simple) ou M 2 F (double).

Ces casemates non protégés par la rocaille se révéleront très vulnérables aux tirs directs depuis la rive allemande.

Sur la ligne des villages (3ème ligne), outre des casemates type M 2 F, un type de grosse casemate double à un seul étage appelé SFBR ou Secteur Fortifié du Bas-Rhin.

Autre cas particulier, le secteur des Basses-Vosges. Le terrain ne se prêtant pas à l’implantation des volumineux casemates, le CORF dessine un Blockhaus CORF de dimensions plus modestes (notice du 17 mars 1931), ces blockaus étant armés d’une ou deux cloches GFM, un deux voir quatre créneaux pour fusils-mitrailleurs ou mitrailleuses mais huit des dix-sept blockaus construits ne disposent que de fusils-mitrailleurs et les neuf autres sont équipés d’un jumelage muni d’une mitrailleuse de 7.5mm et d’une arme antichar, une……….mitrailleuse de 13.2mm.

Autre cas particulier, le blockaus de Sentzich (SF de Thionville) situé entre le village et la Moselle avec un créneau unique jumelant une mitrailleuse de 7.5mm et un canon antichar de 47mm, ce cas particulier l’étant beaucoup moins en 1948 qu’en 1939.

Les organisations d’intervalles (2) : les abris

Comme je l’ai précisé plus haut, il faut pouvoir disposer de troupes capables de contre-attaquer pour dégager les ouvrages menacés d’être débordés ou encerclés. Il faut aussi pouvoir abriter les poste de commandement.

D’où la réalisation d’abris inspirés de ceux du premier conflit mondial, abris capables d’accueillir un ou deux sections (voir exceptionnellement une compagnie) ou un PC que l’on peut classer en deux catégories, les abris-cavernes situés comme leur nom l’indique sous-terre à des profondeurs variant de -8m en sol rocheux et jusqu’à -20m en sol argileux et les abris de surface appelés aussi abris bétonnés qui se composent d’un gros bloc bétonné à deux entrées.

Comme deuxième ligne de défense de Rhin, on trouve une version très allégée de l’abri bétonné réalisée selon des plans et des moyens locaux.

L’abri A1 peut abriter une section et si il est muni d’une cloche, il reçoit l’appelation A1 CL, l’abri A2 peut abriter deux sections et devient l’abri type A2 CL quand il est muni d’une cloche.

Même chose pour l’abri A3 (trois sections) qui muni d’une cloche devient donc l’abri type A3 CL.

La défense rapprochée de ces abris est assurée soit par des FM en créneaux ou donc par des cloches GFM.

Ces abris entièrement passifs ne s’intègrent donc pas à la ligne de feu même si il existe des exceptions en fonction de conditions locales particulières.

Les organisations d’intervalles (3) : les observatoires

Barrer une voie d’invasion à l’ennemi c’est bien, pouvoir dégager rapidement des casemates menacés c’est bien mais sans capacité d’observation cela ne sert à rien. D’où la réalisation d’ouvrages spécifiquement conçus pour observer les mouvements ennemis.

On trouve deux types d’ouvrages d’observation : les observatoires d’ouvrage dôtés d’une cloche observatoire à vision directe et périscopique et les observatoires d’intervalles implantés sur les hauteurs en retrait de la ligne de feu, équipés d’une cloche observatoire à vision périscopique.

L’observatoire type est un bloc bétonné comportant le plus souvent une cloche d’observation et une cloche GFM, équipé du téléphone pour régler le tir des différents ouvrages du secteur. Un total de dix sept observatoires isolés seront réalisés dont quatorze pour le seul front Nord-Est, reliés à leur ouvrage de rattachement par un poste radio-émetteur.

Comme toujours, il y à des exceptions comme des ouvrages situés très loin en avant de la ligne de feu ou des observatoires mieux armés que d’autres pour participer à la ligne des feux. La construction de certains observatoires ayant été ajournés, on assistera à la construction entre 1935 et 1939 d’observatoires de campagne et à l’équipement de cloches GFM avec des périscopes.

22-Armée de terre : armement et matériel (42)

ARL V 39

ARL V-39

ARL V-39

Une autre vision du canon d’assaut

Nous venons de voir la maturation de la «pensée cavalerie» à propos du canon d’assaut nécessaire à l’appui de ces unités de char qui allait aboutir au Somua Sau40. Elle n’était pas la seule à chercher le «canon spécial blindé à propulsion mécanique» tel que le définissait le général Heer en 1923.

L’infanterie elle aussi cherche le meilleur moyen pour appuyer les fantassins en terrain bouleversé, un appui plus puissant que celui apporté par les Renault FT. L’objectif est de déplacer une pièce puissante (75mm) en terrain difficile et donc sur un chassis chenillé.

Il fût ainsi envisagé de réutiliser les chars Saint Chamond armés d’un canon de 75mm modèle 1897 en automoteurs d’artillerie mais l’armistice survient avant que cette idée entre application.

Le retour de la paix anesthésie pour quelques années l’idée d’un canon spécial blindé d’autant que la présence du B1bis qui combine un canon de 47 et un canon de 75mm laisse peu de place à un véhicule spécifique à l’appui de l’infanterie.

Ce qui relance la possibilité d’un canon d’assaut pour l’infanterie c’est tout simplement la conférence du désarmement de Genève. Parmi les hypothèses envisagées, celle d’interdire les chars de plus de 20 tonnes ce qui condamnerait le B1bis au profit du char D2.

Ce char étant équipé d’un canon de 47mm, il rend nécessaire la présence d’un canon automoteur blindé appelé également char de protection.

Un premier projet est lancé le 25 juillet 1932 qui voit l’établissement de Puteaux chargé de développer un canon automoteur de défense mobile armé d’un canon de 75mm, le prototype ayant pour base le canon de 75mm SA modèle 1929 associé au chassis du char D3.

Ce prototype baptisé Garnier-Renault doit être livré début 1935 mais dès 1934, on envisage une version améliorée du Garnier-Renault qui ne verra pas le jour tout comme un projet APX d’un canon automoteur de 21 tonnes propulsé par un moteur de 260ch. Le Garnier-Renault testé en mai 1935 est abandonné suite à de nombreuses défaillances mécaniques.

Si la cavalerie allait se doter d’un canon d’assaut fournit par l’industrie privée, l’infanterie elle allait bénéficier du talent des ingénieurs des manufactures d’état en l’occurence l’Atelier de Puteaux (APX) et l’Atelier de Rueil (ARL) qui est un rejeton du précédent, l’ARL prenant son indépendance en 1935.

C’est l’ingénieur Lavirotte qui prend en main le projet auquel succède bientôt le capitaine Valla qui bénéficie néanmoins du concours d’une société privé : BDR pour Baudouin-Donon-Russel, cette société spécialisée dans la construction de matériels ferroviaires avait participé au projet du char de 20 tonnes, mettant au point un char inspiré du concept du B1bis, concept bientôt abandonné au profit d’un canon de 75mm en tourelle.

La commande de principe du prototype Valla-BDR est passée à l’automne 1935 mais il faut attendre 1937-38 pour que la commande soit officialisée, le prototype baptisé V1 étant livré le 22 juin 1938.

Les deux prototypes _Valla-BDR et Somua Sau 40_ sont testés et il s’en fallut de peu pour que le Valla-BDR équipe les DLM et les Divisions Cuirassées. Il n’allait finalement équiper que les Divisions Cuirassées.

Le 23 mars et le 25 juillet 1939, deux nouveaux prototypes sont commandés et le véhicule est officiellement adopté sous le nom d’ARL V (capitaine Valla) 39.

Une première commande est passée le 7 novembre 1939 pour équiper les quatre premières Divisions Cuirassées qui disposait à l’origine d’un groupe avec trois véhicules de commandement (un pour le commandant de groupe et un pour le commandement de la batterie)  et deux batteries de trois engins puis d’un deuxième groupe organisé de la même façon.

Cela nécessite au total 24 véhicules de commandement et 48 canons automoteurs soit un total de 72 véhicules.

Une commande complémentaire est passée en septembre 1940 pour fournir trois groupes de réserve  ce qui entraine la commande de dix-huit canons automoteurs et de neuf véhicules de commandement.

En septembre 1942, une troisième batterie est activée dans chaque groupe et chaque batterie passe à quatre véhicules comme les DLM ce qui entraine la commande de 56 véhicules supplémentaires répartis entre huit véhicules de commandement et trente-deux canons automoteurs pour cette troisième batterie, la mise en place d’un quatrième canon automoteur pour les deux premières batteries entrainant l’arrivée de 16 véhicules supplémentaires.

A cette date, un total de 155 véhicules ont été commandés, une commande additionnelle est passée en juin 1943 pour fournir quatre groupes de réserve soit un total de trente-trois véhicules commandés ( trente canons automoteurs et trois véhicules de commandement), portant le nombre de véhicules commandés puis livrés à 188 véhicules.
En septembre 1947, la mise en place de deux nouvelles divisions cuirassées entraine la commande de soixante nouveaux véhicules (quarante-huit véhicules et douze véhicules de commandement) auxquels s’ajoutent de quoi créer deux groupes de réserve supplémentaire portant la commande globale de janvier 1947 à quatre-vingt dix véhicules, portant les commandes globales à 278 véhicules.

Unités équipées

Produit par l’ARL, l’ARL V 39 sort en série à partir de novembre 1940, la première commande étant honorée en juin 1941.

La deuxième commande passée en septembre 1940 est honorée entre juillet et septembre 1941, la troisième commande passée en mars 1942 est honorée entre mai et décembre 1942, la quatrième commande passée en juin 1943 pour soixante véhicules est honorée entre septembre 1943 et mars 1944. Enfin la quatrième commande passée en janvier 1947 est honorée entre mars et décembre 1947.

La 1ère DC reçoit ses véhicules en décembre 1940 et février 1941, la 2ème DC entre mars et juin 1941, la 3ème DC entre juillet et octobre 1941 et enfin la 4ème DC entre novembre 1941 et février 1942.

la 1ère DC reçoit sa troisième batterie de quatre pièces et ses deux véhicules additionnels en juin 1942, la 2ème DC en septembre 1942, la 3ème DC en novembre 1942 et la 4ème DC en janvier 1943.

La 5ème DC reçoit ses trente véhicules entre septembre et novembre 1947, la 6ème DC recevant ses véhicules entre décembre 1947 et février 1948.

Quand le second conflit mondial éclate en septembre 1948, 180 ARL V 39 sont en service au sein de six Divisions Cuirassées répartis en douze groupes avec un total de 144 canons automoteurs et 36 véhicules de commandement. 98 véhicules sont en réserve notamment 90 véhicules au sein de six groupes de réserve, les huit autres servant à l’instruction et aux essais.

Comme pour le Sau40, la fabrication n’est pas poursuivie, les groupes de canons d’assaut des DC devant recevoir le canon automoteur de 105mm sur chassis Renault R-40 (en attendant une version améliorée sur chassis Renault G1).

Caractéristiques Techniques de l’ARL V 39

Poids en ordre de combat : 25000kg

Dimensions : longueur 5.80m largeur 2.57m hauteur 2.45m

Motorisation : un moteur Hispano-Suiza de 260ch avec une boite de huit vitesses avant et une marche arrière

Performances : vitesse maximale sur route 42 km/h Autonomie sur route 160 km (450 litres de carburant)

Blindage : 50mm maximum

Armement : un canon de 75mm APX de 30 calibres alimenté à 200 obus et une mitrailleuse de 7.5mm MAC 31 en tourelle

Equipage : 5 hommes : conducteur à gauche, radio-aide pointeur à droite, pointeur et tireur au milieu, chef de bord en tourelle

Renault R-40 Au 105B

La mise au point du canon d’assaut ne résout pas tous les besoins en matière d’appui-feu des Divisions Cuirassées. Si l’ARL V-39 est une arme de défense rapprochée, effectuant du tir à vue, la Division Cuirassée à encore besoin d’un canon pour le tir indirect à plus longue portée.

Lors de leur création, chaque division dispose d’un régiment d’artillerie tractée tout-terrain (RATTT) identique à ceux des DLM avec deux groupes de 75mm (canons modèle 1897) et deux groupes de 105mm équipé d’obusiers de 105C modèle 1935B.

Dès la mise sur pied des Divisions Cuirassées, on envisage un canon automoteur, capable de suivre au plus près des chars.

Ce projet est sujet à controverse ce qui explique le retard dans la mise au point des projets jugés non prioritaires par l’artillerie.

Trois projets sont successivement étudiés, en fait trois chassis différents avec le même canon en l’occurence, l’obusier de 105mm modèle 1935 de l’Etablissement de Bourges.

Lorraine, Somua et Renault proposèrent chacun un automoteur, le premier en utilisant le chassis de son ravitailleur/transport de troupes 39L, le second le chassis de son Somua S-35 et le constructeur de Billancourt le chassis du Renault R-40.

Deux prototypes sont commandés à chaque constructeur en septembre 1942, Lorraine livrant les deux prototypes en premier en février 1943, Somua suit en mars et Renault en mai 1943.

Si Lorraine et Somua ont simplement installé le canon sur la caisse avec une superstructure minimale, le projet Renault est plus soigné avec notamment une petite tourelle installée à droite pour l’observation et la défense rapprochée.

Parallèlement à ces deux prototypes, Renault annonce travailler sur un automoteur de 105mm sur chassis Renault G1 ainsi que sur un automoteur de 155mm combinant le chassis du Renault G1 avec le canon de 155mm Schneider modèle 1946 en attendant le dévellopement hypothétique d’une pièce courte moderne de ce calibre, le modèle 1946 n’étant qu’une version modifiée du modèle 1917.

Le projet Somua tint un temps la corde mais au final, c’est le projet Renault qui est choisit et adopté comme automoteur standard des Divisions Cuirassées, chaque division devant disposer au sein de son régiment d’artillerie de trois groupes à quatre batteries de quatre automoteurs soit un total de 48 pièces de 105mm.

Le modèle Renault est officiellement choisit en juillet 1943 et sa production est aussitôt lancée, les premiers modèles sortant rapidement des chaines, le Renault R-40 étant toujours en fabrication et les pièces de 105mm n’étant que celles des RATTT transformés en Régiments d’Artillerie AutoPortée (RAAP).

Unités équipées

La 1ère Division Cuirassée reçoit ses premiers canons automoteurs pour équiper le 305ème RATTT en janvier 1944, les derniers véhicules étant livrés en mars 1944 au moment où il devient le 305ème RAAP.

Le 309ème RATTT de la 2ème DC reçoit ses premiers véhicules en avril et ses derniers en juin 1944 mais ce n’est qu’en septembre 1944 qu’il devient officiellement RAAP.

Le 319ème RATTT de la 3ème DC reçoit ses premiers véhicules en octobre 1944 et ses derniers en février 1945 mais ce n’est qu’en mars 1945 qu’il devient le 319ème RAAP.

Enfin le 322ème RATTT de la 4ème DC reçoit ses premiers automoteurs en mars 1945, ses derniers en août 1945, devenant peu après le 322ème RATTT.

A cette date, on trouve au total de 192 Renault R-40 Au 105C, la production continuant pour fournir un volant de fonctionnement, 96 véhicules sortant des chaines de production entre septembre 1945 et juin 1946 quand la production est suspendue.

Elle reprend en juin1947 pour équiper les deux régiments des 5ème et 6ème DC dont la création est officialisée en septembre. Le 339ème RAAP de la 5ème DC reçoit ses quarante huit canons automoteurs entre septembre et décembre 1947 suivit entre janvier et mars 1948 du 349ème RAAP de la 6ème DC.

La production se poursuit pour alimenter un volant de réserve, douze véhicules par mois sortant d’avril à août 1948 soit soixante véhicules qui rejoignent les 96 véhicules de réserve portant le stock de réserve à 156.

Au total quand éclate le second conflit mondial, 288 véhicules sont en service et 156 sont en réserve soit un total de 444 véhicules produits.

La production loin de s’arrêter continue car outre les pertes au combat à remplacer, il est prévu que les groupes d’assaut équipés d’ARL V-39 soient rééquipés en cas de pertes importantes au combat d’automoteurs Renault.

Caractéristiques Techniques du Renault R-40 Au 105C

Poids en ordre de combat  : 15 tonnes

Dimensions : Longueur totale 4.70m  Largeur totale 2.20m Hauteur totale 2.30m

Motorisation : un moteur Renault 6 cylindres développant 180ch à 2200 tours/minute alimenté par 180 litres

Vitesse maximale : 35 km/h  Pente : 75%  Autonomie : 180km  

Blindage : 30mm maximum

Armement : un obusier de 105C modèle 1935B alimenté à 75 obus et une mitrailleuse de 7.5mm MAC-31 en tourelle avec 4000 cartouches

Equipage : un mécanicien pilote, un chef de pièce, un tireur, un pointeur, deux pourvoyeurs et un mitrailleur soit sept hommes

22-Armée de terre : armement et matériel (38)

Panhard AMD 178

Panhard AMD-178 affectueusement surnomée "Pan Pan" à cause du bruit de son moteur deux temps

Panhard AMD-178 affectueusement surnommée « Pan Pan » à cause du bruit de son moteur deux temps

Genèse d’une surdouée

En avril 1923, la cavalerie avait lancé le programme AMC n°1 (AutoMitrailleuse de Cavalerie n°1) qui demandait une voiture de 4 tonnes à quatre hommes avec inverseur de marche blindée à 12mm, pouvant circuler sur route à 55 km/h.

Ce programme ne donna naissance à aucun véhicule et va muter en une AutoMitrailleuse de Découverte (AMD) selon la nouvelle nomenclature de décembre 1931 : Découverte, Reconnaissance et Combat.

Un nouveau programme est donc lancé le 22 décembre 1931 pour une automitrailleuse de découverte d’un poids maximal de 4.7 tonnes avec une tourelle monoplace AVIS disposant d’un canon de 20mm et d’une mitrailleuse de 7.5mm, pouvant circuler à 70 km/h sur route et pouvant manoeuvrer en tout chemin.

Ce programme est modifié le 9 décembre 1932 avec une tourelle biplace APX-3 armée d’un canon de 25mm et d’une mitrailleuse de 7.5mm.

Panhard propose son modèle 178, Renault une voiture baptisée VZ, Berliet propose sa VUB et enfin Latil propose également un projet. Le projet Renault reste à l’état de prototype, Latil parce que sa voiture ne peut sortir de route alors qu’il dispose de quatre roues motrices et Berliet parce que son modèle est trop lourd.

Sorti en octobre 1933, le prototype Panhard va être intensivement testé en métropole et au Maroc à partir du début de 1934. Il est adopté en janvier 1935, l’automitrailleuse de découverte Panhard modèle/type 178 devenant l’automitrailleuse de découverte Panhard modèle 1935 ou plus simplement «AMD 35».

Production

La première commande de série est passée dès le 1er janvier avec quinze exemplaires suivit d’une deuxième le 29 avril 1935 pour quinze nouveaux exemplaires. Les commandes successives portent le nombre de véhicules commandés au 1er septembre 1939 à 557 exemplaires en différentes versions (8 en modèle colonial pour l’Indochine, 24 PC et 128 AFN laissant 397 en modèle métropolitain).

La production est perturbée par les mouvements sociaux du printemps 1936 mais aussi par un schéma de production complexe.

En effet, Panhard n’assure que la fabrication du moteur et l’assemblage final. Les carcasses blindées sont fournies par différents aciéristes à l’usine de la rue d’Ivry où la société Panhard & Levassor y installe les roues, la suspension, le moteur, la boite de vitesse, direction et tous les équipements et accessoires.

Les tourelles sont fournies par différents fournisseurs, l’installation de l’armement et la peinture sont du ressort de l’Atelier de Construction de Rueil (ARL) qui fournit des tourelles complètes à Panhard qui assure le montage final et la présentation en recette.

Ce système compliqué mais logique explique donc une partie des retards de production, Panhard fabriquant plus vite les caisses que n’arrivent les tourelles. C’est ainsi qu’au 1er septembre 1939, sur 557 véhicules commandés, seulement 217 ont été livrées à l’armée soit un retard de soixante-treize voitures mais huit mois plus tard sur une commande globale de 657 exemplaires, il se trouve avec 38 voitures d’avance sur les prévisions.

Le retard est progressivement comblé : il en manque 68 le 31 mai 1940 mais seulement 38 au 30 juin 1940, le 657ème exemplaire de série sortant le 1er août 1940, cent exemplaires supplémentaires ayant été commandés le 15 novembre 1939.

Des marchés de guerre sont passés peu avant la fin de la guerre de Pologne avec un objectif de soixante exemplaires par mois. Les premiers véhicules de cette commande sortent en septembre 1940 avec vingt-cinq exemplaires portant le total de véhicules produits à 682.

Trente-cinq exemplaires sortent de la chaine de montage en octobre 1940, quarante en novembre, quarante-cinq en décembre, cinquante en janvier, février et mars 1941, cinquante-cinq en avril, mai et juin 1941 avant d’atteindre les soixante exemplaires peu avant la fin de la production de «Pan Pan» à savoir en juillet et août 1941, l’AMP Panhard modèle 201 prenant le relais dès le mois de septembre.
Au final ce sont donc 1237 AMD modèle 1935 produits. Ils se répartissent entre 32 exemplaires coloniaux pour l’Indochine (trois hommes, tourelle monoplace), 174 véhicules PC, 320 AMD 35 AFN (identiques au type métropole mise à part un refroidissement du moteur plus important pour pouvoir opérer par temps chaud) soit un total de 526 laissant un total de 711 AMD type métropolitain.

Sur les 1031 véhicules métropolitains et AFN, 320 furent équipés d’une nouvelle tourelle biplace armée d’un canon de 47mm pour améliorer leur potentiel antichar, ces véhicules servant au sein des GRDI des Division d’Infanterie Alpine (DIAlp) et au sein du régiment de découverte de la 1ère DLC, le 4ème Régiment de Spahis Tunisiens.

Unités équipées

Cette automitrailleuse de découverte _dernière exemplaire de ce type avec la Gendron-Somua AM 39_ va équiper les régiments de découverte des Divisions Légères Mécaniques, des régiments d’automitrailleuses des Divisions de Cavalerie (futurs régiments de découverte de non moins futures DLM) ainsi que des GRDI motorisés.

Suite à la décision du général Gamelin de ne pas poursuivre dans la voie des véhicules trop faiblement blindés (27 février 1940), «Pan Pan» va peu à peu céder la place à sa grande sœur, l’AutoMitrailleuse Puissante (AMP) AM modèle 1940 P ou AM 40 P.

Sa carrière n’est pas pour autant terminée puisqu’elle va servir à la motorisation des GRDI montés en Afrique du Nord, au Levant ainsi qu’en métropole au profit des trois groupe de reconnaissance rattachés aux DIAlp. Il va aussi servir au Groupement Motorisé de Corse (GMC) avec huit exemplaires.

Elle va continuer à servir également en Indochine au sein du Groupement Mécanisé Colonial (future 2ème DLC) ainsi qu’au sein de deux escadrons indépendants.

Les autres véhicules vont être stockés précieusement et vont équiper des GRCA et des GRDI de mobilisation en attendant que suffisamment d’AM 40 P ne sortent des chaines de Panhard pour les équiper.

Situation au printemps 1940

Au 1er juin 1940, les unités suivantes sont équipées de l’AutoMitrailleuse de Découverte modèle 1935 :

-Le 6ème régiment de cuirassiers _régiment de découverte de la 1ère DLM_ dispose de deux escadrons de 24 voitures soit un total de 48 véhicules.

-Le 8ème régiment de cuirassiers _régiment de découverte de la 2ème DLM_ dispose de deux escadrons de 24 voitures soit un total de 48 véhicules.

-Le 12ème régiment de cuirassiers _régiment de découverte de la 3ème DLM_ dispose de deux escadrons de 24 voitures soit un total de 48 véhicules.

Les trois régiments de découverte des Divisions Légères Mécaniques disposent donc de 144 véhicules.

L’AMD 35 est également en service au sein des deux Divisions de Cavalerie appelées à être transformées en Divisions Légères Mécaniques. A l’époque où nous parlons, un total de 80 voitures sont en service.

Au sein de la 2ème Division de Cavalerie, le 2ème groupe d’automitrailleuses dispose de deux escadrons de vingt voitures soit quarante véhicules.

Au sein de la 3ème Division de Cavalerie, le 3ème groupe d’automitrailleuses dispose de deux escadrons de vingt voitures soit quarante véhicules.

L’AMD modèle 1935 équipe également les Groupes de Reconnaissance de Division d’Infanterie ou GRDI plus précisément les sept GRDI motorisés qui sont les 1er, 2ème, 3ème, 4ème, 5ème, 6ème et 7ème GRDI.

Chaque GRDI motorisé dispose d’un escadron de découverte à quatre pelotons de trois véhicules soit douze AMD auxquelles s’ajoutent un véhicule pour le commandant de l’escadron soit un total de treize véhicules par GRDI, le total pour les sept GRDI étant donc de 91 véhicules.

Le total de véhicules en ligne est donc de 315 véhicules sur un total disponible de 374 véhicules à la mi-mai, laissant un reliquat de 59 véhicules utilisés pour l’instruction à Saumur (cinq) à Gien (cinq) ou stockés pour un usage ultérieur (49 exemplaires).

Évolution ultérieure  

La production de la voiture spéciale modèle 178 cesse à la fin du mois d’août 1941 mais ce n’est pas la fin de sa carrière opérationnelle, loin de là même.

Elle va d’abord compléter l’équipement des GRDI motorisés existants qui passe à quatre pelotons de quatre véhicules soit un total de dix-sept AMD dans le groupe d’escadrons de découverte de ses sept GRDI soit un total de 119 véhicules.

Elle va ensuite équiper les GRDI rattachés aux Divisions d’Infanterie Alpine en l’occurence le 22ème GRDI rattaché à la 30ème DIAlp de Nice qui va donc aligner dix sept AMD 35. Il est suivit par le 20ème GRDI (27ème DIAlp de Grenoble ) et par le 23ème GRDI (31ème DIAlp de Montpelier).

Cela porte le nombre de GRDI motorisés à dix qui alignent un total de de 170 automitrailleuses de ce type.

En septembre 1940, la 2ème Division de Cavalerie devient la 4ème DLM. Comme ses trois devancières, elle reçoit un régiment de découverte, le 5ème régiment de cuirassiers qui hérite des AMD mises en œuvre par le 2ème groupe d’automitrailleuses. Il reçoit ultérieurement d’autres véhicules pour compléter ses rangs à 48 véhicules.

Quand l’année 1940 se termine, le nombre de véhicules en ligne atteint le chiffre de 402 véhicules en ligne plus 59 véhicules en réserve et instruction auxquels s’ajoutent six mois de production en l’occurence 25 véhicules des commandes du temps de paix et de la guerre de Pologne et 145 exemplaires des commandes de guerre soit un total de véhicules en service, disponibles ou produits de 631 exemplaires

Les GRDI d’Afrique du Nord et du Levant entament début 1941 leur motorisation sur le schéma d’un groupe d’escadrons de découverte à quatre pelotons de quatre voitures soit un total de dix-sept véhicules qui appartiennent tous au type AFN.

Le 80ème GRDI affecté à la 1ère Division Marocaine est le premier à recevoir ses dix-sept véhicules en janvier 1941 en même temps que le 81ème GRDI affecté à la 81ème Division d’Infanterie d’Afrique.

En février 1941, les 82ème et 83ème GRDI reçoivent leurs véhicules, ces groupes étant affectés respectivement à la 82ème et à la 83ème DIA.

En mars 1941, le 42ème GRDI rattaché à la 84ème DIA reçoit ses automitrailleuses modèle 1935 en même temps que le 87ème GRDI rattaché à la 87ème DIA.

En avril 1941, le 182ème GRDI rattaché à la 182ème DIA reçoit ses automitrailleuses de découverte modèle 1935 en même temps que le 191ème GRDI rattaché à la 191ème DIA.

En mai 1941, les 32 automitrailleuses AMD modèle 1935 type Colonies sont officiellement mises en service en Indochine au sein de deux escadrons officiellement de seize véhicules mais dans la pratique de douze, laissant huit véhicules en réserve. Ces véhicules avaient été produits au printemps 1940 mais conservés en métropole au cas où et ce n’est que lorsque la situation s’est stabilisée en Europe qu’elles sont envoyées en Indochine.

Le 7 juin 1941, la 3ème Division de Cavalerie est officiellement transformée en 5ème Division Légère Mécanique. Elle dispose comme les autres d’un régiment de découverte en l’occurence le 11ème régiment de cuirassiers qui récupère les AMD du 3ème GAM plus des véhicules neufs pour faire nombre en l’occurence 48 véhicules.

Au 1er juillet 1941, on trouve cinq régiments de découverte, dix-huit GRDI motorisés et deux escadrons indépendants équipés de cette automitrailleuse soit un total de 578 véhicules en ligne plus 104 en réserve immédiate/instruction auxquels s’ajoute les véhicules produits en six mois et non encore pris en compte par les unités. En retirant 144 véhicules mis en service, on trouve en parc 171 véhicules.

Sur les 275 véhicules encore disponibles à cette date, une grande partie va servir à équiper les unités à motoriser notamment dans l’Empire où le blindage jugé trop faible pour la métropole est largement suffisant pour contrer les menaces internes à l’Empire.

En septembre 1941 alors que la production de l’AMD modèle 1935 est terminée, le 2ème Régiment Etranger Cavalerie (2ème REC) est entièrement motorisé et déployé dans le Sud marocain en appui du 3ème REI.

Organisé comme un régiment de découverte, il dispose de deux groupes d’escadrons avec pour chacun un escadron de 21 automitrailleuses soit 42 AMD en service.

En octobre 1941, décision est prise d’affecter les voitures PC aux GRDI en plus des régiments de découverte déjà équipés soit en ligne un total de 25 véhicules PC, nombre ultérieurement doublé pour permettre à son adjoint de commander lui aussi sous blindage.. .

En novembre et décembre 1941, le 2ème régiment de chasseurs d’Afrique reçoit ses 42 AMD 178 auxquelles s’ajoute une voiture PC pour le commandant du régiment,

Il est suivit en février et mars 1942 par le 3ème régiment de chasseurs d’Afrique, le 5ème régiment de chasseurs d’Afrique fermant la marche en étant équipée en septembre/octobre 1942.

Il faut ensuite attendre juin 1943 pour qu’une nouvelle unité soit équipée de cette remarquable automitrailleuse. Il s’agit du 8ème groupement d’automitrailleuses qui reçoit vingt AMD 178 à canon de 47mm dans une tourelle biplace, ces vingt véhicules étant répartis en quatre pelotons de cinq véhicules.

Entre mars et juin 1944, le 1er régiment de chasseurs d’Afrique est entièrement motorisé avec deux groupes d’escadrons à quatre escadrons à trois pelotons de quatre AMD plus trois véhicules de volant, un véhicule pour le commandant d’escadron et un véhicule PC pour le chef de corps soit un total de 56 véhicules, un gros régiment déployé au Maroc pour par exemple participer à l’occupation du Maroc espagnol.

En 1945, deux nouvelles unités du niveau divisionnaire sont créées au sein de l’armée française en l’occurence la 1ère Division Légère de Cavalerie en Tunisie et le Groupement Mécanisé Colonial qui allait être rebaptisée 2ème Division Légère de Cavalerie.

Alors qu’à l’origine il était prévu que le régiment de découverte de la 1ère DLC soit équipé d’AMD modèle 1935, au final seul le 1er régiment de cavalerie indochinoise reçut ses 42 AMD et ses deux véhicules PC.

Situation en août 1948

Peu avant la mobilisation générale et le début de la seconde conflagration mondiale, la situation de la flotte de l’AutoMitrailleuse de Découverte modèle 1935 est la suivante :

-Les sept GRDI motorisés existant en septembre 1939 l’ont remplacé par l’AM 40 P tout comme les régiments de découverte des cinq premières DLM, les régiments de découverte des 6ème, 7ème et 8ème DLM ayant été créées avec des AM 40 P.

-Les GRDI rattachés aux DIAlp disposent encore de cette automitrailleuse, il s’agit en l’occurence les 20ème, 22ème et 23ème GRDI qui disposent donc de dix-neuf véhicules chacun

-Les huit GRDI déployés en Afrique du Nord et au Levant disposent toujours de l’AMD modèle 1935  soit un total de 152 véhicules, chaque GRDI disposant de dix-neuf véhicules (dix-sept AMD et deux AMD PC)

-Le 2ème REC dispose toujours de ses 42 AMD auxquelles il faut désormais ajouter deux voitures PC soit un total de 44 véhicules.

-Les 1er 2ème, 3ème et 5ème régiments de chasseurs d’Afrique disposent eux aussi de 44 AMD (42 AMD et 2 AMD PC sauf le 1er RCA plus gros)

-Le 8ème groupe d’automitrailleuses dispose de vingt AMD et deux AMD PC

-La 2ème Division Légère de Cavalerie (ex-GMC) dispose toujours d’un régiment de découverte, le 1er RCI qui dispose de 44 véhicules.

-Les deux escadrons indépendants déployés en Indochine disposent toujours de leurs 32 AMD.

Avant mobilisation, le nombre d’AMD modèle 1935 en ligne est donc de 439 sur un total de 1237 véhicules produits, laissant théoriquement un reliquat substantiel de 798 mais sur ce total il faut en retirer 48 utilisés pour l’instruction et les tests, 75 réformés car trop usées ou trop endommagées suite à des accidents ou des incidents de tir et 24 cédées au Portugal soit un total de 147 véhicules.

Il reste donc en réserve, disponibles pour équiper des unités de mobilisation 651 véhicules stockés dans différents dépôts de France, dépôts brutalement vidés par la mobilisation.

A noter qu’en septembre 1940, Panhard proposa la réalisation d’une famille complète de véhicules à partir du chassis de l’AMD modèle 1935 avec une version chasseur de char à canon de 47mm, une version PC, une version TSF, une version avec mortier de 60mm, une version antiaérienne (mitrailleuse de 13.2mm), dépannage, véhicule du génie mais l’armée ne donna pas suite à un concept révolutionnaire pour l’époque que Panhard allait développer après guerre avec sa célébrissime AML.

Caractéristiques Techniques de l’AutoMitrailleuse de Découverte modèle 1935

Poids en ordre de combat : 8200kg

Dimensions : longueur 4.79m largeur hors tout 2.01m hauteur sans tourelle 1.65m (2.31m avec tourelle)

Motorisation : moteur Panhard SK 4F 11 bis développant 105ch à 2200 tours/min

Performances : vitesse maximale sur route 72 km/h moyenne 47 km/h Autonomie : 300km sur route avec 140 litres d’essence

Blindage : 20mm maximum

Armement : tourelle biplace APX-2 ou monoplace APX-5 avec un canon de 25mm SA 35 alimenté à 150 obus associé à une mitrailleuse de 7.5mm MAC 31 avec 3750 cartouches. La mitrailleuse de rechange peut servir d’arme antiaérienne

Les modèle 178 équipés d’un canon de 47mm semi-automatique modèle 1937 disposent d’une tourelle Renault-Restany avec 84 obus et une mitrailleuse de 7.5mm MAC 31 avec 3750 cartouches.  La mitrailleuse de rechange peut servir d’arme antiaérienne.

Equipage : chef de voiture et tireur en tourelle, conducteur et inverseur en caisse

22-Armée de terre : armement et matériel (28)

FCM-42 et 44

A l’origine, le FCM-36…..

Char léger modèle 1936FCM dit FCM-36

Char léger modèle 1936FCM dit FCM-36

Les Forges et Chantiers de la Méditerranée (FCM) est une entreprise créée en 1853, spécialisée à l’origine dans la construction navale et militaire. Au cours du premier conflit mondial, elle fabriqua même des chars d’assaut comme le FCM 1A (resté à l’état de prototype) ou le FCM 2C produit à douze exemplaires en raison de la fin du conflit.

La firme dont le chantier historique était installée à La Seyne sur Mer poursuivit la mise au point de chars d’assaut, semblant de se spécialiser dans les chars très lourds, de véritables cuirassés terrestres ce qui tout sauf étonnant pour un chantier ayant construit le Paris,le quatrième navire de classe Courbet.

Il participa ainsi à la combinaison industrielle née des «accords Estienne» destiné à produire un char de bataille à 1000 exemplaires, un char à canon puissant en caisse, le futur B1. Cette combinaison industrielle qui mêlait Renault, Schneider, Saint Chamond, Delaunay-Belville et donc les FCM rappelait celle du Renault FT sauf que le dessin du char lourd appartenait à l’état.

Néanmoins, ce n’est pas ça qui pouvait faire vivre le constructeur car au grand dam du général Estienne, les plus gros besoins de l’armée concernaient le char léger qui à défaut de surclasser l’ennemi par sa masse, pouvait le submerger par le nombre.

Un programme pour un char léger de six tonnes est lancé le 2 août 1933 et modifié en mai 1934, programme destiné à remplacer le Renault FT si possible selon  un ratio de un pour un.

Le char produit par les Forges et Chantiers de la Méditerranée se distingue des autres modèles par des solutions techniques audacieuses notamment un blindage laminé-soudé (ce qui le rend étanche aux gaz de combat) et un moteur diesel lui donnant une autonomie remarquable de 16 heures.

Quand à l’armement, il est identique aux autres chars en l’occurence le canon de 37mm SA modèle 1918 hérité du Renault FT, bien adapté au soutien de l’infanterie mais beaucoup moins au combat antichar.

Ce char est produit à seulement 100 exemplaires, la construction de 200 exemplaires supplémentaires étant abandonné au moment de la guerre de Pologne pour permettre  aux FCM de se concentrer sur la sortie massive du B1bis et rationaliser à la fois la production de guerre et le parc de chars légers.

Du char de 20 tonnes au FCM-42

Au début des années trente, la motorisation des divisions d’infanterie est à l’ordre du jour et pour assurer leur sûreté, émerge le besoin d’un char rapide, puissant et très mobile en tout terrain, un portrait robot qui colle parfaitement au Somua S-35 qu’aurait pu adopter l’infanterie si elle n’avait pas émis des réserve sur la capacité à franchir les obstacles en tout-terrain d’un train de roulement conçu pour aller vite sur tout.

Un projet de char moyen d’infanterie de 20 tonnes est officiellement lancé le 16 décembre 1935 dont une partie des spécifications est clairement calqué sur le S-35. De nombreux constructeurs vont proposer leurs projets dont les FCM.

Après de multiples péripéties (que nous verrons dans la partie idoine), on aboutit à un char à double armement, un canon de 75 en casemate et un canon de 47mm en tourelle.

Le projet est une reprise du FCM-36, un modèle 1936 plus gros et ayant résolu un certain nombre de soucis constatés par les utilisateurs du modèle 1936 notamment le bourrage de terre pouvant gêner l’avancée de la chenille ainsi que des vitesses et des embrayages délicats.

Le 1er février 1938, la direction de l’arme des chars de l’infanterie modifie officiellement l’appel d’offres en portant la masse maximale à 35 tonnes, entérinant l’impossibilité d’installer un armement type char B dans un char d’une masse maximale de 20 tonnes.

Les FCM vont cependant abandonner ce projet en février 1938 pour se concentrer sur le futur char de forteresse FCM F1, semblant revenir à ses premières amours, les chars très lourds, les cuirassés terrestres même si sa tourelle F1 à canon de 75mm continuera à être développé pour les chars encore en course.

Il semblait dit que les Forges et Chantiers de la Méditerranée n’avaient fait qu’une courte incursion dans le domaine des chars légers avec le FCM-36 mais l’histoire allait faire mentir cette prédiction.

En effet comme nous l’avons vu, en juin 1941 est lancé un  programme pour un char léger de nouvelle génération. Le bureau d’études de la firme de la Seyne part de plus loin que l’AMX qui bénéficiait de l’expérience AMX-40 mais le FCM-36 était suffisamment mature avec les modifications apportés au sein des 4ème et 7ème BCC pour obtenir une bonne base d’étude.

Le nouveau char s’inspire fortement du FCM-36 reprenant le design général avec une nouvelle suspension librement inspirée du système Christie, une caisse élargie et allongée, un moteur plus puissant et une tourelle biplace (ou triplace au choix) avec un canon de 47mm SA modèle 1935 ou SA modèle 1937 et une mitrailleuse coaxiale MAC modèle 1931 plus une mitrailleuse antiaérienne MAC modèle 1934.

Le prototype est présenté en janvier 1942 et testé intensivement par la commission qui décide de l’adopter sous le nom de char léger modèle 1942 FCM avec la tourelle biplace et comme pour l’AMX-42, il est prévu une version «améliorée» baptisée FCM-44 (officiellement char léger modèle 1944 FCM) avec une tourelle triplace soit quatre hommes d’équipage au lieu de trois.

Unités équipées du FCM-42

Sélectionné en deuxième position derrière l’AMX-42, le FCM-42 va être commandé en moins grand nombre que son concurrent pour équiper des Bataillons de Chars de Combat, les régiments de découverte et les groupes de reconnaissance des Divisions Cuirassées ainsi que neuf GRDI.

Face à ces commandes massives et surtout l’urgence des livraisons, les FCM outre leurs usines de la Seyne sur Mer et du Havre _deux usines contigües à leurs chantiers navals_ vont sous-traiter la fabrication de gros éléments à des entreprises de mécanique de l’ouest de la France. Cela explique que les FCM seront capable de sortir une moyenne de 28 chars par mois avec parfois des piques à 32/36, une cadence digne d’une mobilisation du temps de guerre.

Le char léger modèle 1942 FCM va d’abord équiper les GRDI, les livraisons commençant dès septembre 1942, une industrialisation menée tambour battant, montrant l’amélioration des capacités de l’industrie de l’armement de notre pays.

Le 1ère GRDI reçoit ses vingt chars en octobre 1942, le 4ème GRDI est livré en novembre 1942, le 6ème GRDI en janvier 1943, le 16ème GRDI en février 1943, le 20ème GRDI en mars 1943, le 25ème GRDI en mai 1943, le 27ème GRDI en juin 1943, le 37ème GRDI en septembre 1943 et enfin le 39ème GRDI en octobre 1943 soit un total de 180 chars équipant ces neuf groupements.

Le 24ème BCC est l’unité suivante à être rééquipée, recevant ses 45 chars entre mars et mai 1944, suivit non pas par d’autres BCC mais par des unités des Divisions Cuirassées, les régiments de découverte et les groupes de reconnaissance.

La 1ère DC reçoit ses soixante et onze chars entre juin et septembre 1944, la 3ème DC reçoit ses FCM-42 entre octobre 1944 et janvier 1945 et la 5ème DC entre février et mai 1945 soit un total de 213 chars en ligne au sein des trois unités.

Enfin, quatre autres Bataillons de Chars de Combat vont recevoir ce blindé, le 9ème BCC recevant ses chars entre septembre et novembre 1945, le 10ème BCC est équipé entre mars et mai 1946 et enfin les 4ème et 7ème BCC reçoivent leurs nouveaux chars entre mars et juin 1948 pour le premier et en juillet et août 1948 pour le second.

Le total de chars en ligne atteint le chiffre respectable de 618 exemplaires auxquels s’ajoutent 124 chars en réserve, utilisés comme volant de fonctionnement, pour des tests ou pour l’écolage. La production se poursuit parallèlement au FCM-44, le modèle 1942 sortant de l’usine du Havre et le modèle 1944 de l’usine de la Seyne sur Mer tandis qu’une troisième chaine installée à La Ciotat doit entrer en fonction au printemps 1949.

Au total quand éclate la seconde guerre mondiale, on trouve 618 chars en ligne et 210 chars en réserve qui vont être utilisés pour la mise sur pied de quatre bataillons de mobilisation en l’occurence les 18ème, 32ème, 34ème et 38ème BCC soit 180 chars en ligne en plus portant le total à 798 chars en ligne et seulement 12 en réserve pour l’instruction notamment.

Caractéristiques Techniques du char léger modèle 1942 FCM

Poids total : 16 tonnes

Dimensions : Longueur totale 5.20m  Largeur totale 2.75m Hauteur totale 2.30m

Motorisation : un moteur diesel Aster 4 cylindres développant 190ch Boite à quatre vitesses et une marche arrière

Vitesse maximale : 45 km/h  Pente : 80%  Autonomie : 235km  

Blindage : 60mm maximum 20mm minimum

Armement : un canon de 47mm modèle 1937 en tourelle biplace, canon alimenté à 180 obus et deux mitrailleuses de 7.5mm (MAC 31 coaxiale et MAC 34 antiaérienne) avec 4000 cartouches pour les deux

Equipage : mécanicien pilote en caisse, un chef de char tireur et un pourvoyeur en tourelle

Unités équipées du FCM-44

Comme l’AMX-44 est la version améliorée de l’AMX-42 ou plutôt une version à tourelle triplace, le  char léger modèle 1944 FCM est une version à tourelle triplace du FCM-42 qui lui dispose d’une tourelle biplace.

Le FCM-44 est officiellement adopté en mars 1944 et sa production démarre aussitôt pour équiper trois DLM (1ère, 3ème et 5ème en attendant la 7ème créée seulement en septembre 1947) à raison de vingt-six blindés pour les groupes de reconnaissance (deux fois treize) et pour les dragons portés à savoir soixante-trois blindés par régiment soit cent-vingt pour la division et cent cinquante deux pour la division.

La 1ère DLM reçoit ses blindés entre avril 1944 et février 1945, la 3ème DLM reçoit ses FCM-44 entre mars 1945 et janvier 1946, la 5ème DLM reçoit ses blindés entre février 1946 et avril 1947 avant que la 7ème DLM ne boucle la boucle recevant ses blindés entre octobre 1947 et août 1948, juste à temps pour le déclenchement du second conflit mondial.

Outre les 608 chars en ligne, on trouve 120 en stock pour remplacer les véhicules détruits, armer de nouvelles unités et servir à l’écolage. 96 chars supplémentaires produits en octobre et novembre 1948 sont envoyés en Indochine pour équiper le 1er régiment de dragons portés coloniaux de la 2ème DLC soit 63 chars en ligne et 33 en réserve de fonctionnement.

Caractéristiques Techniques du char léger modèle 1944 FCM

Poids total : 16.4 tonnes

Dimensions : Longueur totale 5.20m  Largeur totale 2.75m Hauteur totale 2.30m

Motorisation : un moteur diesel Aster 4 cylindres dévellopant 190ch Boite à quatre vitesses et une marche arrière

Vitesse maximale : 40 km/h  Pente : 80%  Autonomie : 230km  

Blindage : 60mm maximum 20mm minimum

Armement : un canon de 47mm modèle 1937 en tourelle  triplace, canon alimenté à 180 obus et deux mitrailleuses de 7.5mm (MAC 31 coaxiale et MAC 34 antiaérienne) avec 4000 cartouches pour les deux

Equipage : mécanicien pilote en caisse, un chef de char, un tireur et un pourvoyeur en tourelle

Les prototypes et les constructions limitées

Outre les différents chars légers que nous venons de voir, il à existé des chars restés à l’état de prototype à la fois parce que les budgets n’ont pas suivis, parce que les priorités ont changé, parce qu’ils n’étaient pas techniquement au point ou tout simplement parce que c’était leur destin puisqu’une politique de prototypes à été lancée en 1946 pour préparer le futur au delà des véhicules en production et des véhicules dont l’industrialisation était en cours.

Les prototypes (1918-1946)

On trouve d’abord les avatars du Renault FT, les trois modèles NC destinés à améliorer la mobilité stratégique du «char de la victoire». Ces essais n’ont donc pas aboutit à une production en série comme nous l’avons vu dans l’introduction sur le char D1 qui descendait en droite ligne du FT.

Pour rappel citons le Renault NC-1 produit à trois exemplaire pour la France,, le Renault NC 2 produit à un unique exemplaire  et remis ensuite sur chenilles NC et le Renault NC 3 produit à un exemplaire pour la Suède, un pour la Pologne et vingt-trois pour Japon.

Plus important à été le Renault FT à chenilles Kergresse. Vingt-trois exemplaires ont été modifiés en 1924 dont très engagés au Maroc dans la guerre du Rif suivis en 1928 de six autres avec des chenilles métalo-plastique et même d’un moteur diesel.

En 1926, le programme de construction de chars définit cinq types, un char lourd de 70 tonnes, le char de bataille _futur B1bis_, le char léger _futur D1 issu en ligne directe du Renault FT_, un char léger à roues et un char colonial.

Renault propose son Renault VA qui reçoit la dénomination officielle de D3. Le prototype réalisé en acier doux est une version allégée du char puissant Renault D2 avec un poids de 12 tonnes, un blindage limité à 20mm et une vitesse espérée de 30 à 35 km/h.

Le prototype présenté le 30 avril 1932 ne débouche pas sur la production du série en raison de nombreuses déficiences. Il servira de base à un canon d’assaut de 75mm auquel il transmit ses tares puisque lui non plus ne dépassa le stade du prototype.

De ce projet D3 aboutira si l’on peut dire un projet de char rapide pour l’exportation, deux projets en réalité mais un même nom de code _Renault VO_ .

Le premier aurait été une version du D3 avec 14 galets au lieu de seize, un blindage de 16mm pour un poids de 9 tonne avec une tourelle armée de mitrailleuses. Le second aurait été une adaptation de la chenillette de reconnaissance Renault YR à six galets, ces deux projets n’ont pas dépassé le stade de la planche à dessin.

Le lancement le 2 août 1933 d’un programme pour un char léger de 6 tonnes destiné à remplacer le Renault FT à entrainé comme on l’à vu l’adoption du Renault R-35, du FCM-36 et du Hotchkiss H-35.

D’autres constructeurs ont tenté leur chance mais sans succès : Batignolles-Châtillon, Delaunay-Belville (pas construit) et APX, classé hors concours car matériel d’Etat même si sa tourelle sera utilisée sur le R-35 et le H-35.

Dans le cadre du programme AMR qui vit le choix du modèle Renault VM puis de sa variante améliorée Renault ZT, la firme Citroën proposa sa P103 dans l’espoir de concurrencer Billancourt mais le quai de Javel n’obtint pas le succès escompté et le constructeur abandonna aux limbes son projet qui n’apportait semble-t-il pas de progrès par rapport aux AMR 33 et 35.

On trouve également à la fin des années trente, un projet de char léger proposé par AMX, l’AMX-38 et l’AMX-39 _deux variantes d’un même projet_ et qui comme l’AMX-40 allaient servir de démonstrateur technologique pour le Somua S-45 qui triompha du Renault DAC-1 qui avait lui même été préféré aux deux projets AMX.

Là encore, il s’agit de l’oeuvre de l’Ingénieur Général de l’Armement Joseph Molinié, le brillant chef du bureau d’étude de l’Atelier d’Issy les Moulineaux issu de la nationalisation de l’atelier de montagne de chars de combat et de chenillettes de Renault.

Alors que l’atelier est chargé de la production entre-autres du R-35, le bureau d’études est chargé d’étudier l’amélioration de leurs performances en tout-terrain ce qui aboutit au R-40 qui succède au modèle 1935 sur les chaines de montage.

Les ambitions du jeune atelier ne s’arrête pas à l’amélioration. Il souhaite produire ses propres chars légers et concurrencer voir à terme supplanter les manufacturiers privés. Le prototype n°1 ou AMX-38 présenté au printemps 1939 donne ainsi un char d’un poids semblable à celui du FCM-36, propulsé par un moteur diesel avec pour armement un canon de 37mm SA modèle 1938.

Le prototype AMX-39

Le prototype AMX-39

Ce premier projet n’est qu’un galop d’essais puis-qu’aussitôt est mis en chantier un prototype n°2 baptisé AMX-39 plus lourd, mieux protégé et mieux armé avec un canon de 47mm SA modèle 1935 (identique à celui du S-35).

Ce prototype présenté au printemps 1940 ne débouchera par sur une commande série à la fois car il avait été décidé de privilégier la production de chars existants et que le Renault DAC-1 appelé parfois Somua de Billancourt lui fût préféré dans le but non plus de mettre au point un nouveau char léger mais un char moyen appelé à terme à remplacer le S-35 et le S-40 mais comme nous le verrons ultérieurement, ce ne sera pas le cas.

Dans le domaine des prototypes citons également le domaine particulier des chars amphibies dont le premier exemplaire en France est sans surprise un Renault FT modifié à cet effet mais sans tourelle testé sur la Seine le 15 janvier 1919.

C’est ensuite la firme Batignolles-Châtillons qui se lance dans la production d’une automitrailleuse amphibie destinée à la cavalerie qui souhaite disposer pour ses avant garde d’un véhicule capable de franchir les coupures humides et de combattre aussitôt.

Le premier modèle baptisé DP-2 est un échec mais au printemps 1940, les essais d’une DP-3 armée d’un canon de 25mm et d’une mitrailleuse de 7.5mm est satisfaisante.

Néanmoins dans l’immédiat, le dévellopement n’est pas poursuivit, l’armée souhaitant donner la priorité à la construction des véhicules existants et ceux en dévellopement dans des domaines d’utilisation plus communs.

Il faudra donc attendre la relance d’une politique de prototypes décidée par le général Villeneuve en mars 1946 pour le projet d’un véhicule de combat amphibie devienne plus prégnant, plus palpable.

Les prototypes (1946-1948)

En mars 1946, alors que l’industrie française produit des quantités considérables de chars de combat (jusqu’à 30 par mois pour certains blindés), le général Villeneuve se préoccupe de garder une longueur d’avance sur l’Allemagne en prévoyant le coup d’après.

Des chars légers amphibies sont ainsi mis au point par l’entreprise Batignolles-Châtillon qui avait mis au point les DP2 et DP3 qui étaient plus des automitrailleuses que de véritables chars.

La firme installée dans la région parisienne met au point un char léger amphibie DP-4, un char de 15 tonnes disposant d’un canon de 47mm SA modèle 1935 et d’une mitrailleuse avec un équipage de trois hommes.

Six prototypes sortent entre septembre et novembre 1946 avant une petite série de douze véhicules au printemps 1948, le tout formant un escadron amphibie indépendant de dix huit chars déployés en Alsace en cas d’assaut sur le Rhin.

Des projets de chasseurs de chars sont également mis au point. Se rappelant du premier conflit mondial et la perte des industries du Nord, le général Villeneuve veut pouvoir construire rapidement des «chars», des véhicules de combat dans des entreprises peu ou pas habituées à produire du matériel militaire.

La production de char étant difficile avec la tourelle, l’idée est de produire des chassis chenillés sur lesquels ont installerait des canons d’un calibre suffisant pour appuyer l’infanterie ou pour combattre les chars.

Plusieurs projets sont mis au point par l’Entrepôt de Réserve Général du Matériel de Gien (Loiret) pour être produit rapidement. Ces projets sont baptisés GPM (Gien Projet Militaire) suivit d’un numéro.

Dans le domaine des chasseurs de chars notons le projet GPM 1 d’un chassis de Renault R-35 avec un canon de 47mm SA modèle 1941 en superstructure, d’un GPM 3 combinant un chassis de Somua S-35 avec un canon de 75mm TAZ modèle 1939 en superstructure, d’un GPM 5 combinant un chassis d’AMX-42 avec un canon de 90mm modèle 1939 adapté à l’antichar.

Dans le domaine des canons d’assaut, notons le projet GPM 2 combinant le chassis de Renault R-35 avec un canon de 75mm en superstructure _plus simple à produire que les canons d’assaut Somua SA u 40 ou ARL V-39_ , le projet GPM 4 combinant un chassis de Hotchkiss H-39 avec un obusier de 105C modèle 1935B et enfin le projet GPM 6 combinant un chassis Renault G1 avec un canon de 155mm modèle 1946.

Tous ces projets n’existent qu’à deux ou trois exemplaires mais pourraient vite se multiplier en raison de la présence d’un nombre conséquent de chars déclassés ou stockés pour servir de volant de fonctionnement.

Deux projets de chars coloniaux ou tropicaux sont envisagés pour combattre en Afrique Noire ou en Asie du Sud-Est face à des adversaires _Italie et Japon_ ne disposant pas de chars puissants.

Un projet dérivé du H-39 voit le montage d’une tourelle pouvant combiner soit d’un canon de 47mm et d’une mitrailleuse de 7.5mm ou d’un canon de 25mm et d’une mitrailleuse voir de deux mitrailleuses.

Le second reprend pour base le chassis de l’AMX-44 avec une tourelle à canon de 25mm et une mitrailleuse de 7.5mm. Deux prototypes de chaque modèle sont réalisés mais sans qu’une réalisation en série soit envisagée.

Des versions austere des AMX-44 et FCM-44 sont étudiés pour l’export mais la guerre ayant éclaté entre-temps, ces études n’ont pas dépassé le stade de la planche à dessin.

Des démonstrateurs technologiques sont également mis au point notamment le char léger AMX-46 qui combine un moteur diesel turbo, des chenilles souples, une suspension hydropneumatique, un blindage incliné laminé-soudé de nouvelle génération et une tourelle fabriquée en aluminium avec un canon de 47mm SA modèle 1946 à haute vitesse initiale.

La production en série de l’AMX-46 n’est pas prévue mais doit permettre de développer des briques technologiques pour améliorer les chars existants ou développer de nouveau même si l’idée de nouveaux chars légers va paraître de moins crédible au fur et à mesure que la guerre va se prolonger.

Et comme parallèlement, l’augmentation du poids des chars fait craindre la mise au point de monstres patauds peu efficients, une idée révolutionnaire émerge : celle d’un char polyvalent appelé dans la langue de Shakespeare Main Battle Tank (MBT) et traduit dans celle de Molière comme Char Principal de Combat (CPC). Une idée qui serait parue farfelue quelques années plus tôt mais entre l’acceptation et la production…. .