Mitteleuropa Balkans (144) Yougoslavie (32)

Chars

Renault FT

BORNA KOLA RENO M.17

Surnommé le «char de la victoire», le Renault FT (et non FT-17 comme on l’écrit parfois) peut être considéré comme un char canonique car il fixe l’organisation générale d’un char moderne avec le moteur à l’arrière, la tourelle au centre et le pilote à l’avant, les chars s’éloignant de ce concept étant peu nombreux.

Produit en masse (4516 exemplaires), il va équiper l’armée française et ses alliés, participant aux offensives finales de l’été 1918 aboutissant à l’armistice de Rethondes.

Dans l’immédiat après guerre un certain nombre d’exemplaires sont cédés à des pays étrangers ce qui permet à nombre d’entre-eux de faire connaissance avec le char et dévelloper des unités motomécaniques en fonction bien entendu de leurs ambitions et de leurs moyens.

La Yougoslavie va recevoir ses Renault FT dès 1922, des chars connus à Belgrade sous la désignation de BORNA KOLA RENO M.17. Cinquante six exemplaires ont été livrés dont une partie dans un modèle amélioré, le modèle 1928 (BORNA KOLA RENO M.28).

Les livraisons ont été réalisées en trois lots, huit FT (trois char-mitrailleurs et cinq char-canon) en 1922, des FT et des M.28 (Renault FT avec suspension Kergresse dit Renault-Kegresse) entre 1928 et 1930 (28 exemplaires répartition entre les deux modèles inconnue) et vingt FT non pas donnés mais vendus en 1935.

Ces chars vont permettre aux yougoslaves de prendre leurs marques dans le domaine des chars de combat mais il faudra attendre 1936 pour que soit créé le premier bataillon de char de combat, un bataillon de trois compagnies à trois pelotons de cinq chars soit quarante-cinq véhicules en ligne.

A la mobilisation du 30 août 1948, ce sont deux compagnies de quinze exemplaires qui vont être mises sur pied soit trente chars en ligne, les seize restants étant stockés mais parés à être remis en ligne dès que le besoin se fera sentir.

Néanmoins on peut se demander l’utilité de tels chars totalement dépassés à part peut être le réconfort psychologique au profit de l’infanterie.

Face aux allemands et aux italiens, les deux compagnies indépendantes vont faire leur maximum mais comme ils ne pouvaient combattre les autres chars, les Borna Kola Reno se contentaient de viser l’infanterie ennemie mais cette dernière était bien armée pour se défendre contre la petite merveille de Louis Renault.

Très vite le haut-commandement yougoslave renonce à les envoyer au massacre et les survivants sont enterrés comme blockhaus mobiles.

Quand la Campagne de Yougoslavie se termine il restait huit chars en service, chars capturés par les croates et les allemands. En très mauvais état ces véhicules sont ferraillés, l’acier à blindage étant récupéré pour produire des camions blindés pour transporter à l’abri des troupes lors des opérations anti-partisans.

Le Renault FT ou Borna Kola Reno M.17 était un char léger d’appui d’infanterie pesant 6.5 tonnes (6.7 tonnes pour le char-canon) mesurant 4.95m de long pour 1.74m de large et 2.14m de haut. Motorisé par un moteur en essence Renault installé à l’arrière, il pouvait atteindre une vitesse maximale de 7 km/h sur route et 6km/h en tout-terrain avec une distance franchissable variante de 35 (tout-terrain) à 66km (route).

Il était progégé par un blindage variant de 6 à 16mm avec 6mm pour le haut de la caisse, 8mm pour le toit de la tourelle et 16mm pour les autres endroits de la caisse.

Le pilote était installé à l’avant et le commandant/tireur était installé au milieu, manœuvrant une mitrailleuse ou un canon en tourelle, la mitrailleuse étant soit la Hotchkiss modèle 1914 de 8mm ou la MAC modèle 1931 de 7.5mm (3600 cartouches), le canon étant un canon de 37mm de 21 calibres semi-automatique modèle 1918 avec 237 projectiles, la tourelle pouvant pointer sur 306° en azimut et sur -20° à +35°.

Le Renault-Kegresse ou Borna Kola Reno M.28 était un char léger d’appui d’infanterie pesant 6.4 tonnes mesurant 4.50m de long pour 1.82m de large et 2.25m de haut. Motorisé par un moteur en essence Renault installé à l’arrière, il pouvait atteindre une vitesse maximale de 16 km/h sur route avec une distance franchissable variante de 160km sur route.

Il était protégé par un blindage variant de 6 à 22mm avec 6mm pour le haut et le fond de la caisse, 8mm pour le toit de la tourelle et 16 ou 22mm (16mm pour les côtés de la caisse, pour l’arrière de la caisse et 22mm pour le mantelet du canon et pour la tourelle sauf le toit).

Le pilote était installé à l’avant et le commandant/tireur était installé au milieu, manoeuvrant une mitrailleuse ou un canon en tourelle, la mitrailleuse étant la MAC modèle 1931 de 7.5mm (3600 cartouches), le canon étant un canon de 37mm de 21 calibres semi-automatique modèle 1918 avec 237 projectiles, la tourelle pouvant pointer sur 306° en azimut et sur -20° à +35°.

Renault R-35

BORNA KOLA RENO M.40

Au début des années trente le char léger français standard est encore le vénérable Renault FT alias le «char de la victoire» autant dire une antiquité militaire. De plus sur le plan quantitatif la flotte souffrait d’une usure et d’un vieillissement important qui rendait peu probable la mobilisation de la totalité du parc en cas de guerre.

Un programme pour un char léger de 6 tonnes à deux hommes, 40mm de blindage et armement mixte (canon et mitrailleuses) est officiellement lancé le 2 août 1933. A ce programme répondent Renault, Batignolles-Châtillon, Hotchkiss, FCM (Forges et Chantiers de la Méditerranée), APX et Delaunay-Belville.

Le concours lancé le 2 août 1933 est modifié le 22 mai 1934 aboutissant à la construction de prototypes par tous les constructeurs sauf Delaunay-Belville.

La firme de Billancourt propose un char biplace de 11 tonnes armé d’un canon de 37mm SA modèle 1918 (le même que le FT) et une mitrailleuse. Le prototype va être testé à partir d’août 1934 et adopté le 25 juin 1936 sous le nom de char léger modèle 1935R tout comme ses concurrents FCM et Hotchkiss, les futurs FCM-36 et Hotchkiss H-35.

Quand éclate la guerre de Pologne, pas moins de dix-sept bataillons de chars de combat sont équipés de Renault R-35 soit un total de 765 chars, le total étant porté à 900 chars au printemps 1940, à l’apogée de la puissance des forces armées françaises avant que la démobilisation ne soit enclenchée pour soulager une économie en souffrance. A cela s’ajoute des véhicules en réserve et d’autres véhicules déployés dans l’Empire.

Un certain nombre de chars ont également été exportés essentiellement pour des raisons diplomatiques, cinquante envoyés en Pologne en juillet 1939, quarante envoyés en août-septembre 1939 en Roumanie et cent en Turquie en février et en mars 1940. Un deuxième lot aurait du être envoyé à la Pologne mais il va équiper le voir le 68ème BCC. La Yougoslavie va également recevoir cinquante-quatre exemplaires.

La production cesse à la fin du mois d’avril quand le R-40 prend le relais. Au total 1460 chars sont sortis des chaines de montage.

Après la démobilisation, quatorze bataillons de chars de combat restent stationnés en métropole avec ce Renault R-35 soit un total de 630 chars en service.

A ces chars s’ajoute ceux déployés dans l’Empire au sein des 62ème et 66ème BCC stationnés au Maroc et au sein du 64ème BCC stationné en Algérie soit un total de 135 chars auxquels s’ajoutent les deux BCC du Levant, portant le total à 225 chars.

Cela nous donne un total de 855 chars plus les 190 chars exportés et 120 utilisés pour l’expérimentation, les tests, l’instruction soit un total en ligne en France de 975, le reliquat soit 295 étant stockés.

Ces stocks vont servir à rééquiper la section de chars de Madagascar (huit blindés en ligne plus six en réserve soit un total de quatorze véhicules) ainsi que les deux compagnies de chars d’Indochine soit un total de trente chars en ligne plus quinze en réserve soit un total de quarante-cinq blindés sortis des stocks.

Cela nous laisse donc un total dans les stocks de 236 Renault R-35. Ce nombre va en réalité augmenter car un certain nombre de bataillons vont remplacer ces blindés par des chars plus modernes, ne laissant que trois BCC équipés de Renault R-35 soit un total en ligne de 135 chars, laissant un stock confortable de 631 exemplaires.

Du moins officiellement car en toute discrétion, un bataillon à été livré à l’armée portugaise (45 chars + 21 en réserve) et un autre à l’armée espagnole (45 chars +21 en réserve) soit un total corrigé de 599 chars disponibles plus les 120 cités soit 719 chars.

Ces chars vont participer au second conflit mondial durant la phase initiale de la mobilisation en attendant la disponibilité de chars plus modernes comme le FCM-42 et l’AMX-44 même si durant le conflit certains BCC remplaceront leurs chars légers par des canons d’assaut peut être plus modernes et surtout mieux adaptés ce qui avait également l’avantage de réserver la production des chars aux divisions blindées [NdA en 1952 les DLM et les Divisions Cuirassées ont été rebaptisées et uniformisées]).

La Yougoslavie va donc recevoir au printemps 1940 cinquante-quatre Renault R-35 connus là bas sous la désignation de BORNA KOLA RENO M.40 (char de combat modèle 1940).

Ils vont remplacer au sein de l’unique bataillon de chars yougoslave de l’époque les Renault FT soit trois compagnie de quinze chars soit 45 blindés en ligne et neuf chars en réserve.

Quand est créée la brigade mécanisée ce bataillon aurait du logiquement intégrer la seule véritable unité motomécanique de l’armée yougoslave mais pour une raison que l’on ignore ce bataillon est resté indépendant et n’à pas rejoint les deux bataillons équipés de Hotchkiss H-39.

Ce bataillon va naturellement participer à la Campagne de Yougoslavie opérant essentiellement contre les allemands avec des résultats plutôt encourageants.

Ce qui fit l’efficacité de ce bataillon c’est que son chef de corps, le commandant Simonovic obtint de le conserver comme entité constituée au lieu de le disperser par petits paquets au profit d’une compagnie ou d’un bataillon.

Ce bataillon va opérer en Slovenie, freinant pendant deux jours l’avancée allemande. Le bataillon évitait l’engagement des chars allemands bien plus nombreux pour s’attaquer à l’infanterie.

Quelques chars sont perdus et quand le bataillon se repli il ne possède plus que 39 chars sur les 45 du début, les six perdus l’ayant été sous les coups de l’ennemi (deux), par panne sèche (un) et par panne mécanique (trois). Les quatre derniers blindés récupérés par les allemands seront remis en état et transférés à l’armée de l’Etat indépendant de Croatie.

Les combats en Croatie sont nettement plus meurtriers et quand le bataillon se replit sur la montagneuse et touffue Bosnie il ne possède plus que 24 chars. L’unité est soudée, expérimentée mais l’usure des véhicules et des hommes va la rendre moins efficiente.

A la fin de la campagne de Yougoslavie le bataillon n’est plus que l’ombre de lui même avec seulement 5 chars encore en état de combattre. Leurs équipages ont au moins la satisfaction de franchir la frontière greco-yougoslave en unité constituée.

Ces cinq chars sont cependant à bout de force et leurs équipages doivent se résoudre à les abandonner. Oui mais pas intacts. Avec l’aide d’unités du génie grec ils vont les rendre totalement inutilisables. Évacués les preux du commandant Simonovic peuvent espérer reprendre le combat dans des meilleurs conditions. Ils vont intégrer la 1ère division blindée et en fournir parmi les meilleurs éléments.

Sur les cinquante-quatre Renault R-35 livrés par la France à la Yougoslavie, trente-deux ont été irrémédiablement détruits ne laissant que vingt-deux en état ou du moins réutilisables après réparations.

Les allemands qui ont capturé la quasi-totalité du parc (seuls quatre ont échappé leur convoitise car pris par les italiens) vont remettre en état douze chars ce qui ajouté aux seize permettra à l’armée croate de disposer d’une composante blindée utilisée contre les partisans. Résultat à la fin du conflit tous les BORNA KOLA RENO M.40 avaient été détruits.

Le BORNA KOLA RENO M.40 était un char léger d’appui d’infanterie biplace de conception et de fabrication française pesant 10.6 tonnes, mesurant 2.04m de long pour une largeur de 1.87m et une hauteur de 2.13m.

Motorisé par un moteur Renault 4 cylindres de 85ch (à 2200 tours/minute), il pouvait atteindre 20km/h sur route et 11km/h en tout terrain et franchir 138km sur route (mais seulement 80km en tout-terrain).

Il était protégé par un blindage dont l’épaisseur variait de 10 à 45mm. On trouvait du moins ou plus protégé le fond de la caisse (10mm), le toit de la tourelle (12mm), le toit de la caisse (14mm), l’avant, les côtés et l’arrière de la caisse plus le mantelet du canon ainsi que les côtés et l’arrière de la tourelle (40mm) et enfin le face avant de la tourelle (45mm).

L’armement se compose d’un canon de 37mm semi-automatique SA-18 puis SA-38 avec 58 projectiles et d’une mitrailleuse de 7.5mm MAC modèle 1931 avec 2400 cartouches, les deux armes solidaires pouvant pointer en site de -16° à +20° et en azimut sur 360°

BORNA KOLA RENO M.42 (Hotchkiss H-39)

Le Hotchkiss H-39

Le char léger Hotchkiss H-39 était une évolution du Hotchkiss H-35 (appelé officiellement char léger modèle 1935H), un char issu du même concours que le Renault R-35 et le FCM-36 à savoir le concours destiné à remplacer les vénérables Renault FT.

Par rapport à ces deux compères, il va aussi être choisit par la cavalerie alors qu’il ne s’agit pas d’une Automitrailleuse de Combat (AMC) mais d’un char de soutien d’infanterie. D’ailleurs anecdote savoureuse, l’infanterie va être servir après la cavalerie !

Ce choix à été imposé à la cavalerie qui ne pouvait disposer de suffisamment de Somua S-35. Le petit char de chez Hotchkiss n’était absolument pas adapté aux missions demandées aux DLM (Divisions Légères Mécaniques) mais il n’y avait pas d’autres véhicules disponibles.

400 exemplaires ont été construits mais le char souffre de nombreux problèmes (moteur trop peu puissant, performances médiocres en tout terrain notamment), exemplaires répartis entre l’infanterie (90), la cavalerie (292) et les dépôts et les écoles.

Dès juillet 1942 , la cavalerie est parvenue à se débarasser de ce «vilain petit canard» qui allait donner naissance à défaut d’un magnifique cygne d’un char nettement mieux adapté à la guerre telle qu’elle s’annonce en l’occurrence le char léger modèle 1935H modifié 1939 ou plus simplement le H-39.

La firme de Levallois en région parisienne à donc remis l’ouvrage sur le métier. Le nouveau char reprenait la ligne générale mais apportait de nombreuses modifications comme un moteur plus puissant, un canon long capable de lutter contre des chars ennemis et une queue passe-tranchée qui lui donnait une meilleure aisance en terrain difficile.

Il est adopté fin 1938 et comme son devancier va équiper l’infanterie (ce qui était attendu) et la cavalerie (ce qui l’était moins).

En ce qui concerne les infanterie il va équiper des BCC (Bataillon de Chars de Combat) dont certains vont intégrés les nouvelles Divisions Cuirassées.

La cavalerie va l’utiliser au sein de la 3ème DLM en attendant la livraison de suffisamment de Somua S-35 ou S-40 mais surtout au sein des GRDI (Groupement de Reconnaissance Divisionnaire) ainsi que le Groupement Motorisé de Corse.

Le char à été exporté d’abord à dose homéopathique, trois à la Pologne et deux à la Turquie puis de manière plus massive avec deux bataillons pour l’armée polonaise en France (90 chars), trois bataillons à la Grèce (135 chars), deux pour les Pays Bas (90 chars) deux à la Yougoslavie (90 chars) et 32 pour la Grande Bretagne qui les utilisa pour perfectionner ses chars Cruiser à défaut de les utiliser comme véhicules opérationnels.

Pour l’anecdote durant la guerre un véhicule sera utilisé pour une opération de propagande destiné à célébrer l’alliance franco-britannique, un H-39 peint entièrement en bleu/blanc/rouge, le drapeau français sur la caisse, l’Union Jack sur la tourelle. Ce char est aujourd’hui exposé au musée de Bovington.

Au final le Hotchkiss H-39 va être produit à 1640 exemplaires jusqu’en mai 1947 quand la chaine de montage fermée mais pour peu de temps car dès le mois de septembre 1947, elle va à nouveau fabriquer ce char à faible cadence (huit chars par mois) pour permettre un équipement rapide des GRDI/GRCA de mobilisation, la cadence passant à douze chars par mois dès le mois de juin 1948.

La Yougoslavie à donc reçu 90 chars en 1942 soit deux bataillons ce qui en théorie ne lui laissait aucun volant de fonctionnement. Seulement voilà Belgrade conscient que l’acquisition de nouveaux chars sera peut être difficile pour de multiples raisons est bien décidée à faire durer le parc le plus possible. Ces chars ont été baptisés BORNA KOLA RENO M.42.

C’est ainsi que les deux bataillons de la brigade mécanisée étaient organisé en un peloton de commandement et de soutien, trois pelotons de huit chars et un peloton de transmissions soit quarante-huit chars en ligne, laissant quarante-deux véhicules en réserve.

Ces véhicules vont être mobilisés au printemps pour former sept compagnies de marche de six véhicules. Il semble qu’il à été envisagé de créer un troisième bataillon de char et de l’intégrer à la brigade mécanisée mais cela ne s’est pas fait probablement faute de temps et de personne compétent.

Quand éclate l’opération MARITSA qui marque le début de la Campagne de Yougoslavie, la brigade mécanisée dépend de la Réserve Stratégique en compagnie des 4ème et 6ème divisions d’infanterie. Ces trois unités sont stationnées en Serbie de façon à pouvoir se porter soit sur le front nord/nord-ouest ou sur le front nord/nord-est.

Les sept compagnies de marche sont dispatchées sur la frontière pour renforcer les troupes déployées notamment face aux allemands.

Ces compagnies sont les premières à être engagées. Elles sont rapidement étrillées car souvent composées de jeunes pilotes et de jeunes chefs de char tout juste sortis des écoles au point qu’un officier serbe parlera d’un nouveau massacre des Innocents tant celui lui fendait le cœur de voir ces jeunes soldats pleins d’allant être envoyés dans une mission sans espoir.

La brigade mécanisée est engagée à partir du 17 juillet 1949 pour couvrir le repli des troupes yougoslaves défendant la Croatie.

Elle va mener de brutales attaques pour couvrir le repli de l’infanterie dans de bonnes conditions et les allemands surpris de voir une unité comparable à leurs Panzerdivisionen toutes proportions gardées furent d’accord décontenancés avant de se reprendre.

La brigade mécanisée est parvenue cependant à rester une unité constituée jusqu’à la fin de la campagne même si en passant en Grèce elle ne possédait plus que douze chars en ligne, tous en piteux état.

Ces chars furent repliés sur la péninsule du Péloponnèse où ils vont assurer la défense des aérodromes contre des coups de main allemands aux côtés de H-39 grecs ayant survécu à la Campagne de Grèce. Ils ont été ferraillés à la fin de la guerre, trop usés pour d’être un usage quelconque.

Sur les quarante-deux chars des compagnies indépendantes seulement douze ont survécu, reprennant du service dans l’armée croate pour huit d’entre-eux. Quatre furent détruits et quatre capturés par les partisans communistes qui les réarmèrent avec un canon de 57mm fourni par les britanniques, ces chars formant un peloton engagé dans l’opération WELCOME/BIENVENUE.

Sur ces quatre chars, deux furent détruits, un perdu lors d’un franchissement du Danube en mars 1956 et le dernier préservé dans le musée de la guerre de Belgrade.

Le char léger modèle 1935 H M. 39 était un char léger d’appui d’infanterie biplace pesant 12 tonnes, mesurant 4.22m de long pour 1.85m de large et 2.133m de haut. Propulsé par un moteur Hotchkiss 6 cylindres de 120ch il pouvait atteindre la vitesse maximale de 36.5km/h sur route et franchir environ 150km. Protégé par 40mm de blindage au maximum, il disposait d’un canon de 37mm semi-automatique modèle 1938 avec 95 projectiles et une mitrailleuse MAC-31 de 7.5mm alimentée à 2200 cartouches.

M-24 Light Tank Chaffee

Les chars de l’époque étaient vite périmés. Cela concernait bien entendu les chars légers qui plus encore que les chars moyens et les chars lourds souffraient d’un faible blindage et d’un armement qui posait de menus problèmes : fallait-il un simple armement d’autodéfense ou un armement plus puissant au risque de chercher le combat alors qu’il faudrait esquiver, éclairer et renseigner.

Les américains avaient mis au point un char léger le M-2 mais vite obsolète il fût remplacé par le M-3 Stuart qui n’était pas parfait.

Tout en dévellopant le M-5 (un M-3 à canon de 57mm) les américains s’interrogèrent sur le char léger idéal, un char qui représenterait un bon compromis entre vitesse, armement et protection.

Avec le M-5 comme bon char léger interimaire, les américains ont pu prendre leur temps et étudier de multiples configurations en terme d’armement, de suspension et de blindage.

Deux prototypes sont commandés officiellement en septembre 1946 et livrés début 1947 pour une batterie complète de tests aboutissant à son adoption en janvier 1948 sous le nom de M-24 Light Tank. Pour rendre hommage à un partisan des divisions blindées, il est baptisé Chaffee.

Il va progressivement remplacer le duo M-3/M-5 au sein des divisions blindées, des divisions d’infanterie mais aussi au sein des divisions aéroportées où faute d’avion disponible, les chars étaient convoyés en planeurs.

750 M-24 sont produits suivis par 2500 M-24A1, 1250 M-24A2 et 750 M-24A3 portant la production totale à 5250 exemplaires.

Ce véhicule à été employé au combat sur tous les théâtres d’opération qu’il s’agisse du Pacifique, de l’Asie du Sud-Est, de la Chine, de la Méditerranée, de l’Europe occidentale et de l’Europe du Nord.

Outre la reconnaissance, le Chaffee à été utilisé pour l’appui de l’infanterie, la protection de convois dans des zones peu sures. Comme souvent, un véhicule à été utilisé au delà du périmètre initial ayant présidé à sa conception sans compter la mise au point de nombreuses variantes.

Durant le second conflit mondial, outre les Etats-Unis, le char fût utilisé par la Grande-Bretagne, l’URSS, la Chine, la France, la Belgique, les Pays-Bas et la Yougoslavie.

La Yougoslavie va choisir ce char léger pour équiper le bataillon de reconnaissance de la division blindée et celui des quatre divisions d’infanterie. Ces bataillons étaient organisés en une compagnie de commandement et de soutien, une compagnie de chars légers et deux compagnies d’autos blindées.

La compagnie de char dispose de trois pelotons de cinq M-24 plus un pour le commandant de compagnie et un deuxième pour son adjoint soit dix-sept chars par bataillon.

Avec cinq divisions concernées, la Yougoslavie à pu aligner 85 Chaffee plus un certain nombre de véhicules destinés à l’entrainement. Ces véhicules vont opérer comme le font les unités de reconnaissance en phase offensive à savoir éclairer, renseigner et flanquer. Ils vont parfois assurer le soutien de l’infanterie quand la situation s’y prêtait voir l’escorte de convois dans des zones encore insécures.

Ce char léger est resté en service dans l’armée yougoslave jusqu’en 1970 étant remplacé par un char amphibie de conception et de fabrication soviétique, le PT-76.

Le M-24 Light Tank Chaffee était un char léger de reconnaissance de conception et de fabrication américaine pesant 18.37 tonnes.

Mesurant 5.56m de long pour 3m de large et une hauteur de 2.77m, il était propulsé par deux moteurs Cadillac de 220ch lui permettant d’atteindre la vitesse maximale de 65km/h et de franchir 160km sur route. Son blindage varie entre 15 et 38mm et son armement était composé d’un canon de 75mm M6 avec quarante-huit coups, une mitrailleuse de 12.7mm Browning M2HB avec 440 coups, deux mitrailleuses Browning de 7.62mm avec 3750 coups. Son équipage était composé de cinq hommes (commandant, tireur, pourvoyeur, conducteur, aide-conducteur).

M-4 Sherman

Si aujourd’hui les américains sont capables de produire un char moderne et puissant cela n’à pas toujours été le cas.

Non seulement les premiers chars utilisés par les américains furent britanniques et français mais en plus le dévellopement fût entièrement stoppé ou peu s’en faut durant la période 1919-1939 («Rethondes-Coblence»).

Voilà pourquoi l’entrée en guerre des américains en septembre 1939 était non pas impossible mais hautement improbable.

Il va falloir du temps pour qu’un char fiable et performant tout est relatif soit mis sur pied sous la forme du M-4 Medium Tank Sherman, un brave et honnête char qui ne paye pas de mine et qui si il fait partie du camp des vainqueurs n’à jamais eu l’aura d’un Renault G-1, d’un Cromwell, d’un Panther ou même d’un T-34.

Avant le M-4, il y eu le M-3, un char vite déclassé par les progrès techniques et qui souffrait non seulement d’un blindage boulonné potentiellement très dangereux et surtout d’un armement dual avec un canon de 75mm en sabord et un canon de 37mm en tourelle, une configuration en vogue dans les années vingt et trente mais qui était désormais totalement obsolète.

Comme l’ont compris les français et les britanniques, le canon principal devait être en tourelle pour une polyvalence maximale. Les américains s’orientèrent donc vers ce choix. Le projet est lancé au printemps 1943 mais le développement est lent car il n’y à aucune urgence.

Le char mis au point dispose d’un moteur essence, d’un blindage plus important et d’un canon de 75mm en tourelle, canon inspiré de celui utilisé par le M-3. Il est officiellement adopté en février 1945 sous le nom de M-4 Medium Tank avec comme surnom Sherman du nom d’un général nordiste de la guerre de Sécession.

1050 M-4A1 sont produits suivis de 3500 M-4A2, 9000 M-4A3 à canon de 76mm, 7500 M-4A4, 550 M-4A5, 250 M-4A6 et 150 M-4A7. Aux 22000 exemplaires produits aux Etats-Unis s’ajoutent 1200 exemplaires produits au Canada, 750 en Australie et 600 en Inde sans oublier les variantes spécialisées. On arrive au chiffre impressionant de 27500 exemplaires.

Sur les 22000 Sherman produits aux Etats-Unis, 18500 ont été utilisés par l’US Army, 1500 par l’USMC et 2000 cédés à des pays étrangers au titre du prêt-bail.

Outre les Etats-Unis, le M4 Sherman à donc été utilisé par le Canada, l’Australie, la Grande-Bretagne (à titre de test), la Pologne, la Tchécoslovaquie (unités en exil), la Belgique, les Pays-Bas, Argentine, Brésil, Autriche (après guerre), Chili, Cuba, Danemark, Egypte, Ethiopie, Grèce, Inde,Iran,Italie (après guerre), Japon (après guerre), Mexique, Nouvelle-Zélande, Norvège, Pakistan,Oman, Paraguay, Uruguay, Pérou, Ceylan, Vietnam, Yougoslavie, Portugal, Afrique du Sud et Turquie.

Ces pays ont utilisé soit des chars neufs ou des chars ex-américains, la réduction de la force blindée une fois le conflit terminé permettant à de nombreux pays de récupérer des chars à vil prix. Côté américain, le Sherman à été retiré du service en 1962.

La Yougoslavie va acquérir le Sherman pour équiper sa division blindée. Ce choix est loin de faire l’unanimité au sein de la 1ère division blindée yougoslave, certains officiers serbes francophiles militants pour le Renault G-1R alors que d’autres rêvaient du Cromwell britannique.

Le gouvernement en exil ne voulant pas trop dépendre des franco-britanniques, le choix du Sherman était dans la logique des choses. Petite consolation pour les francophiles et les anglophiles, le modèle choisit est le M-4A3 à canon de 76mm plus efficace que le canon de 75mm d’origine.

Le Sherman va équiper les deux régiments de chars de la division, chaque régiment disposant d’un état-major régimentaire, d’un escadron d’éclairage et d’appui et de trois escadrons de char, chaque escadron disposant de quatre pelotons de cinq chars Sherman ce à quoi il faut ajouter un char pour le chef d’escadron soit vingt et un blindés par escadron.

Aux 63 chars des unités de combat va s’ajouter deux chars pour le commandant du régiment et son adjoint soit 65 chars par régiment et 130 pour l’ensemble de la division ce qui fait dire à certaine que la 1ère DB yougoslave est plus une brigade qu’une division. Des projets de renforcer le nombre de chars ont été étudiés mais aucun n’à été mené à bien probablement faute de ressources humaines.

Au total la Yougoslavie à reçu 24 M-4A1 pour l’entrainement et 164 M-4A3 pour équiper les unités opérationnelles soit un total de 188 chars de ce type, chars qui vont être remplacés en 1962 par des T-34/85.

Le M-4 Medium Tank Sherman était un char moyen de conception et de fabrication américaine pesant 30.3 tonnes en ordre de combat, mesurant 5.84m de long pour 2.62m de large et pour une hauteur de 2.74m.

Propulsé par un moteur Continental R975 de 400ch, il pouvait atteindre la vitesse maximale de 40 à 48km/h et franchir 193km.

Son blindage variait selon les endroits entre 38 et 75mm et son armement était cimposé d’un canon de 76mm M-1 avec 55 puis 71 coups, une mitrailleuse Browning M-2 de 12.7mm avec 300 coups et deux Browning M-1919A4 avec 4750 coups. L’équipage était composé de cinq hommes (chef de char, tireur, chargeur, conducteur et aide-conducteur).

Benelux (33) Pays-Bas (33)

Chars de combat

Avant-Propos

Renault FT mitrailleur 10

Renault FT en char mitrailleur

En septembre 1939 le seul char de combat en service dans la Koninklijke Landmacht est un Renault FT, un char totalement dépassé à l’époque. De plus son pilote n’est formé qu’à éviter les obstacles antichars ! On imagine sans peine ce qui se serait passé si les allemands avaient par exemple attaqué au printemps 1940.

Fort heureusement ce scénario catastrophe ne s’est pas produit et La Haye à pu s’équiper de chars de combat aussi bien en Métropole qu’aux Indes Néerlandaises. Conscient des limites de sa puissance militaire, le char de combat était vu ici comme un outil défensif et d’appui de l’infanterie. Pour la percée et la chevauchée fantastique on repassera…… .

En dépit d’un tropisme allemand ou anglo-saxon, les chars acquis par les néerlandais seront français oui monsieur ! En effet les bataves vont recevoir des Hotchkiss H-39 et des Renault R-40, des chars bien adaptés à leur mission d’appui et de couverture de l’infanterie.

Grâce à ces deux chars, La Haye va même dévellopé le seul unique char de conception et de fabrication nationale, le gevechstank model 1944 inspiré du Renault R-40.

D’autres projets vont être étudiés pour des chars plus gros et plus lourds mais le temps, l’argent et l’expérience ont manqué et il faudra attendre la reconstitution des unités pour que les néerlandais mettent en œuvre des chars modernes comme le Sherman (avec toutes les limites inhérentes à ce «brave char»).

Ce qui est certain en revanche, c’est que la leçon ne sera pas oubliée et qu’au début des années soixante, l’armée néerlandaise alignerait une force de chars des plus respectables avec près de 400 MBT (Main Battle Tank).

Renault R-40

Renault R-40

Char léger modèle 1940R dit Renault R-40

Le Renault R-40 est un dérivé du Renault R-35. Ce dernier était issu d’un concours lancé le 2 août 1933 pour remplacer le «char de la victoire», le Renault FT désormais totalement inapte à la guerre moderne mais qui avait été maintenu en service pour de nombreuses raisons (budgets limités, pacifisme de l’opinion et opposition totale au char léger d’un sommité comme le général Estienne).

Le programme demande initialement un char de six tonnes à deux hommes, un blindage de 40mm et un armement mixte (canons et mitrailleuses). A ce programme répondent Renault, Batignolles-Châtillon, Hotchkiss, FCM (Forges et Chantiers de la Méditerranée), APX et Delaunay-Belville.

Le concours lancé le 2 août 1933 est modifié le 22 mai 1934 aboutissant à la construction de prototypes par tous les constructeurs sauf Delaunay-Belville.

Comme souvent à l’époque, les autorités pour des raisons aussi bien politiques (ne pas trop favoriser un constructeur) que pratique (faiblesse du tissu industriel pour produire vite en grande quantité) sélectionne Renault mais aussi FCM (FCM-36) et Hotchkiss (Hotchkiss H-35).

FCM-36 2

Char léger modèle 1936FCM dit FCM-36

Le Renault R-35 était un char honnête mais largement perfectible totalement en tenue tout terrain. Des essais sont menés qui aboutissent à la mise au point d’un nouveau char officiellement connu sous le nom de Char léger modèle 1940R.

La production est lancée en avril 1940 après la fin de celle du Renault R-35. Au sein de l’armée française il va équiper les BCC ou Bataillons de Chars de Combat d’abord en remplaçant ceux encore équipés de Renault FT avant d’équiper des bataillons équipés de chars légers modèle 1935R.

Renault R-35 888

Renault R-35

284 Renault R-40 ont été produits pour la France auxquels il faut ajouter les véhicules exportés en l’occurrence 64 pour la Belgique, 16 pour les Pays Bas et 64 pour l’armée polonaise en France (deux bataillons plus un volant de réserve) soit un total de 428 chars produits.

La production reprendra ultérieurement ce qui fait qu’il y aura 630 R-40 en ligne, 215 en réserve et 12 pour tests et essais soit un total de 857 véhicules. La production va se poursuivre à cadence réduite au début du conflit, ne s’achevant qu’à l’automne 1949 suite à une décision de rationaliser la production de chars en France.

L’armée néerlandaise commande seize exemplaires en septembre 1941 et les reçoit au printemps 1942. Ils vont d’abord servir à l’entrainement des équipages, à différents tests et surtout à la mise au point d’un char national.

Contrairement à ce qu’on écrit parfois, la mise au point du gevechtstank model 1944 n’est pas lié à l’acquisition du Renault R-40, le développement ayant été lancé dès l’été 1940 mais ce projet rencontrait énormément de difficultés, difficultés en grande partie résolue par l’acquisition du char français.

En mars 1944, les seize Renault R-40 sont chargés sur deux cargos et envoyés aux Indes Néerlandaises dont ils doivent former le poing blindé en compagnie des gevechtstank model 1944 dont les premiers exemplaires de série vont sortir en septembre de la même année.

Ces seize chars vont être répartis en deux compagnies, la 1ère compagnie déployé à Batavia et la 2ème à Bornéo. Ces deux compagnies vont recevoir huit chars chacun, leur dotation étant ultérieurement complétée par les gevechtstank (cinq dans chaque unité).

Ces chars sont destinés à assurer l’appui-feu de l’infanterie mais fort peu pour attaquer leurs congénères nippons. A noter qu’il était prévu de les réarmer avec un canon de 47mm identique à celui du gevechtstank model 1944 mais faute de temps et de budget cela ne pu se faire.

Les petits chars néerlandais venus de France sont en première ligne au printemps 1950 quand le Japon déclenche le feu de Wotan contre les colonies européennes d’Asie du Sud-Est. Les chars de la KNIL vont mener des contre-attaques locales quand les japonais parvenaient à percer et les chars immobilisés et pas réparables rapidement étaient souvent enterrés pour servir de bunkers ce qui allait à l’encontre de leur principale qualité à savoir la mobilité.

Sur les seize chars disponibles en avril 1950, il n’en reste plus que quatre à Batavia quand la future Djakarta tombe aux mains des japonais. Ces quatre véhicules sont exhibés par les vainqueurs à des fins de propagande mais leur utilisation s’arrête là.

Ils disparaissent dans la fournaise du second conflit mondial mais en 2002, un char est retrouvé dans un étang mis au sec par la sécheresse. Ils est retiré de sa gangue de boue, remis en état et exposé à l’entrée d’une base militaire indonésienne jusqu’en octobre 2007 quand le musée des blindés de Saumur le rachète pour l’exposer.

Caractéristiques Techniques du char léger modèle 1940 R

Poids total : 11.6 tonnes

Dimensions : Longueur totale 4.30m sans la queue Largeur totale 2.01m Hauteur totale 2.15m (1.37m sans tourelle)

Motorisation : un moteur Renault 447 4 cylindres développant 85ch à 2200 tours/minute alimenté par 166 litres

Performances : Vitesse maximale : 20 km/h Pente : 75% Autonomie : 130km

Blindage : 40mm maximum

Armement : un canon de 37mm SA38 alimenté à 110 obus et une mitrailleuse MAC 31 de 7.5mm approvisionnée à 2400 cartouches

Equipage : un mécanicien pilote et un chef de char, le premier en caisse et le second en tourelle

Gevechtstank model 1944

Comme de nombreux pays, les Pays-Bas ont soigneusement étudié la rapide victoire des allemands contre la Pologne et notamment l’utilisation du char en formation massives. Si la création d’une division blindée type Panzerdivision était hors de portée pour le royaume batave, l’acquisition de chars était plus à sa portée.

Oui mais à qui les commander ? L’URSS était exclue d’office puisque La Haye ne reconnaissait pas le régime des soviets, les Etats-Unis n’avaient rien d’intéressant à leur catalogue (ce qui rendait hautement improbable une entrée en guerre en 1939 voir en 1940 si le conflit s’était prolongé) ce qui ne laissait que la France, la Grande-Bretagne ou encore l’Allemagne (voir en dernier recours l’Italie).

Ces différents pays sont sondés mais ne répondent pas immédiatement à la demande néerlandaise qui est il est vrai modeste (une poignée de chars pour évaluation). La Haye décide de se lancer dans l’aventure d’un char de conception nationale.

C’est un pari risqué puisqu’il faut tout créer. On rassemble la documentation, des ingénieurs et le projet du futur gevechtstank model 1944 est lancé à l’été 1940. Les difficultés ne tardent pas à surgir, difficultés telles que le projet passe à deux doigts de l’abandon.

Au lieu de cela, le gouvernement néerlandais très pragmatique met un mouchoir sur son orgueil national et passe commande de seize Renault R-40 qui sont étudiés sous toutes les coutures ce qui va permettre de résoudre la majorité des problèmes rencontrés sur le premier et dernier char de conception néerlandaise.

Les deux prototypes du gevechtstank sont ainsi présentés aux autorités officielles en octobre 1942 et les essais sont suffisamment prometteurs pour pousser l’armée néerlandaise à commander ce char en série encore que la commande est modeste avec vingt-quatre exemplaires pour le service et quelques exemplaires pour la réserve, des tests voir soyons fou une possible vente à l’exportation (quelques pays sud-américains seront intéressés mais aucun ne donnera suite).

Tordons une fois pour toute le cou à une légende urbaine : le gevechtstank model 1944 n’est pas une copie du Renault R-40. Ils sont certes d’une taille comparable mais leur armement est différent tout comme le moteur plus puissant. Le blindage est plus épais et l’ergonomie à été soignée. De plus il à reçu dès l’origine une radio même si visiblement des problèmes d’interférence rendaient son utilisation problématique.

Les premiers exemplaires ne vont sortir d’usine qu’en octobre 1944. Ils sont envoyés directement aux Indes Néerlandaises, les vingt-quatre exemplaires prévus y étant tous fin 1945.

Comme nous l’avons vu plus haut, ils vont compléter les 1ère et 2ème compagnie à raison de cinq exemplaires, le reliquat formant une 3ème compagnie déployée à Sumatra.

Au combat, les gevechtstank model 1944 ne vont faire ni pire ni mieux que les Renault R-40. Ils vont assurer l’appui-feu de l’infanterie et contre-attaquer pour boucher des brèches dans le dispositif.

Sur les vingt-quatre exemplaires disponibles au moment de l’offensive japonaise, il n’en restait plus en février 1954 que huit exemplaires qui ont été évacués en Australie où ils furent utilisés pour l’entrainement en attendant la livraison de blindés modernes mieux adaptés au conflit moderne.

Tous ont été feraillés à la fin de la guerre sauf deux exemplaires, un conservé dans un musée australien et un second conservé dans un musée néerlandais.

Le succès du gevechtstank model 1944 donna des idées aux néerlandais qui se mirent alors à phosphorer sur de nombreux projets de blindés dont on ne connait que peu de choses.

On sait simplement qu’il à été question d’un char lourd à armement dual (canon de 75mm en tourelle et canon de 47mm en caisse) alors que cette configuration ne faisait plus recette en Europe, d’un char-croiseur rapide, peu protégé et armé soit d’un canon de 47mm à tir rapide ou d’un canon de 75mm (adaptation du Vickers model 1931) ou encore d’un char dérivé du gevechtstank avec un canon de 57mm antichar remplaçant le canon de 47mm d’origine.

Plus intéressant, on trouve la trace d’un char disposant d’un canon de 75mm en caisse avec une tourelle monoplace disposant d’un canon Bofors de 40mm, un char ressemblant au char strigsvan 103 suédois mis au point dans les années cinquante.

Comme nombre d’archives ont disparu (temporairement espérons le), il est difficile de faire le tri entre vérité et fantasmes.

Ce qui est sur c’est que tous ses projets n’ont pas dépassé le stade de la planche à dessin voir au maximum de la maquette puis-qu’aucun prototype n’à été saisi par les allemands.

Caractéristiques Techniques du gevechtstank model 1944

Poids total : 12.5 tonnes

Dimensions : Longueur totale 4.45m Largeur totale 2.10m Hauteur totale 2.30m

Motorisation : un moteur Dutch MAN 4 cylindres développant 110ch à 2000 tours par minute alimenté par 170l de carburant

Performances : Vitesse maximale : 27 km/h Pente : 75% Autonomie : 135km

Blindage : 45mm maximum

Armement : un canon de 47mm alimenté à 100 obus et une mitrailleuse MAC 31 de 7.5mm approvisionnée à 2400 cartouches

Equipage : un mécanicien pilote et un chef de char, le premier en caisse et le second en tourelle

Hotchkiss H-39

Hotchkiss H-39

Le Hotchkiss H-39

Tout comme le Renault R-40 était dérivé du Renault R-35, le Hotchkiss H-39 (désignation usuelle non officielle) était issu d’un autre char le Hotchkiss H-35 ou officiellement le char léger modèle 1935H.

Autre point commun avec le R-40, le H-39 était dérivé d’un char choisit en 1933/34 dans le cadre d’un concours destiné à remplacer le Renault FT qui était désormais à ranger dans le rayon «antiquités militaires».

Comme je l’ai dit plus haut, le Hotchkiss H-35 à été choisit en même temps que le Renault R-35 et le FCM-36 pour des raisons politiques et industrielles. Par rapport à ces deux compères, il va aussi être choisit par la cavalerie alors qu’il ne s’agit pas d’une Automitrailleuse de Combat (AMC) mais d’un char de soutien d’infanterie. D’ailleurs anecdote savoureuse, l’infanterie va être servir après la cavalerie !

Ce choix à été imposé à la cavalerie qui ne pouvait disposer de suffisamment de Somua S-35. Le petit char de chez Hotchkiss n’était absolument pas adapté aux missions demandées aux DLM (Divisions Légères Mécaniques) mais il n’y avait pas d’autres véhicules disponibles.

400 exemplaires ont été construits mais le char souffre de nombreux problèmes (moteur trop peu puissant, performances médiocres en tout terrain notamment), exemplaires répartis entre l’infanterie (90), la cavalerie (292) et les dépôts et les écoles.

Dès juillet 1942 , la cavalerie est parvenue à se débarrasser de ce «vilain petit canard» qui allait donner naissance à défaut d’un magnifique cygne d’un char nettement mieux adapté à la guerre telle qu’elle s’annonce en l’occurrence le char léger modèle 1935H modifié 1939 ou plus simplement le H-39.

La firme de Levallois en région parisienne à donc remis l’ouvrage sur le métier. Le nouveau char reprenait la ligne générale mais apportait de nombreuses modifications comme un moteur plus puissant, un canon long capable de lutter contre des chars ennemis et une queue passe-tranchée qui lui donnait une aisance en terrain difficile.

Il est adopté fin 1938 et comme son devancier va équiper l’infanterie (ce qui était attendu) et la cavalerie (ce qui l’était moins).

En ce qui concerne les infanterie il va équiper des BCC dont certains vont intégrés les nouvelles Divisions Cuirassés.

La cavalerie va l’utiliser au sein de la 3ème DLM en attendant la livraison de suffisamment de Somua S-35 ou S-40 mais surtout au sein des GRDI (Groupement de Reconnaissance Divisionnaire) ainsi que le Groupement Motorisé de Corse.

Le char à été exporté d’abord à dose homéopathique, trois à la Pologne et deux à la Turquie puis de manière plus massive avec deux bataillons pour l’armée polonaise en France (90 chars), trois bataillons à la Grèce (135 chars), deux pour les Pays Bas (90 chars) deux à la Yougoslavie (90 chars) et 32 pour la Grande Bretagne qui les utilisa pour perfectionner ses chars Cruiser.

Au final le Hotchkiss H-39 va être produit à 1640 exemplaires jusqu’en mai 1947 quand la chaîne de montage fermée mais pour peu de temps car dès le mois de septembre 1947, elle va à nouveau fabriquer ce char à faible cadence (huit chars par mois) pour permettre un équipement rapide des GRDI/GRCA de mobilisation, la cadence passant à douze chars par mois dès le mois de juin 1948.

Les néerlandais commandent 90 chars pour leur division légère en Métropole, vraisemblablement pour la transformer en division blindée mais ce projet ne déboucha finalement pas et la division légère resta une division mixte avec pour équipement un véritable inventaire à la Prevers avec des unités montées, des unités d’autos blindées, des unités cyclistes et deux bataillons de chars.

Ces deux bataillons n’alignaient que 42 chars chacun ce qui laissait six véhicules disponibles, véhicules destinés essentiellement à un (petit) volant de fonctionnement. Néanmoins au mois de mai 1949, ces huit véhicules restant vont former une compagnie légère indépendante destinée à soutenir les troupes combattant en Zélande.

Les bataillons de chars de la division légère loin d’être engagés en force constituée tel un bélier pour déstabiliser le dispositif allemand vont être éparpillés en fonction des besoin soit pour soutenir l’infanterie ou pour enrayer un début de panique.

Réarmés avec un canon de 47mm long identique à celui du gevechtstank model 1944, ils ont affronter à plusieurs reprises des chars allemands, ayant des résultats honorables notamment face aux Panzer II de reconnaissance mais aussi aux Panzer III (aucun info sur un affrontement potentiel contre des Panzer IV).

Sur les quatre-vingt dix chars disponibles en mai 1949, les néerlandais n’ont sont parvenus à en sauver qu’une quarantaine qui vont être utilisés pour l’entrainement et la formation en attendant la disponibilité de chars plus modernes. Deux de ces chars sont exposés dans un musée aux Pays-Bas.

Caractéristiques Techniques du char léger modèle 1935 H M. 39

Poids total : 12 tonnes

Dimensions : longueur totale 4.22m largeur totale 1.85m hauteur totale : 2.133m (1.38m sans tourelle)

Motorisation : un moteur Hotchkiss 6 cylindres de 120ch à 2800 tours/minute

Vitesse maximale : 36.5 km/h Pente : 75% sur sol dur Autonomie : environ 150km (réservoir de 207 litres)

Blindage : 40mm maximum

Armement : un canon de 47mm en tourelle avec quatre-vingt quinze obus et une mitrailleuse MAC-31 de 7.5mm alimentées à 2200 cartouches.

Equipage : un chef de char en tourelle, un mécanicien-pilote en caisse

M-2 Light Tank

M-2A4 Light tank 4

M-2A4 Light Tank

Quand la décision est prise de réarmer les néerlandais au sein d’unités autonomes se pose la question de savoir quelques unités les bataves seront capables de mettre sur pied. Initialement on trouve deux divisions d’infanterie mais à l’automne 1951 une division blindée, la division blindée «Princesse Irène» va être mise sur pied.

En attendant la livraison des chars qui seront américains plutôt qu’anglais contrairement à ce qui était initialement prévus, Washington va livrer à celui qui deviendra son allié continental le plus proche des chars déclassés pour l’entrainement.

C’est ainsi qu’en octobre 1951, l’Armée néerlandaise libre reçoit 40 chars légers M-2 (M-2 Light Tank).

Ce char à été mis au point par l’Arsenal de Rock Island. Produit en série à partir de 1936, il n’est d’abord armé que de mitrailleuses qu’il s’agisse des dix M-2A1, des 239 M-2A2 ou encore des 72 M-2A3.

La guerre d’Espagne ayant montré qu’un char armé uniquement de mitrailleuses ne servait à rien dans la guerre moderne, la dernière version baptisée M-2A4 reçoit un canon de 37mm mais si ce canon installé sur 375 exemplaires allait vite être déclassé par les progrès en matière d’artillerie de char et de blindage. La production de ce blindé cesse en juin 1942 avec la sortie du 696ème et dernier exemplaire.

Bien qu’obsolète, le M-2 va être engagé aux Philippines où ils vont être étrillés souvent parce qu’ils ont été utilisés en dépit du bon sens alors que la défense antichar nippone n’était pas connue pour briller de mille feux.

Ailleurs ce char ne sera utilisé que pour la reconnaissance même si en septembre 1944, le M-3 Stuart le remplaçant définitivement, le reléguant à l’instruction, aux essais et aux expérimentations.

En dehors des Etats-Unis, ce char à été utilisé par la Grande-Bretagne, la Belgique et les Pays-Bas mais uniquement pour l’entrainement ce qu’il fit honorablement. Les M-2 survivants à la fin du conflit (vingt exemplaire) vont être déployés sur des champs de tirs et utilisés comme cibles pour l’aviation et l’artillerie.

Caractéristiques Techniques du char léger M-2

Type : char léger

Poids : 11.6 tonnes Dimensions : longueur 4.42m largeur 2.46m hauteur 2.64m

Motorisation : Continental diesel 7 cylindre 250ch

Performances : vitesse maximale 58 km/h distance franchissable 320km

Blindage : 6-25mm

Armement : un canon de 37mm avec 103 coups cinq mitrailleuses Browning M1919A4 avec 8470 coups

Equipage : 4 hommes

M-24 Light Tank Chaffee

M-24 Chaffee 9

M-24 Chaffee

Comme nous venons de le voir, le char léger M-2 à été vite rendu obsolète nécessitant sont remplacement par le M-3 Stuart. Ce dernier apportait un certain nombre de progrès mais n’était pas non plus char léger idéal.

Tout en développant une variante du M-3 à canon de 57mm baptisée M-5, les ingénieurs américains travaillèrent d’arrache pied sur un char léger qui marquait une nette rupture et serait à même de durer un certain temps. En clair obtenir un char léger qui ne sera pas obsolète à sa mise en service comme cela arrivait parfois.

L’arrivée rapide du M-5 permis aux ingénieurs américains de prendre leur temps. Devait-on privilégier, la vitesse et l’agilité au détriment de la protection ? Un armement puissant était-il nécessaire ?

Très rapidement, l’idée d’armer le nouveau char léger d’un canon de 37mm est abandonné car un autre projet _le futur Locust_ prévoit un tel armement.

Un armement en superstructure est étudié mais rapidement abandonné, le futur light tank doit comme son nom l’indique rester un char léger et doit disposer d’une tourelle.

Le canon de 57mm choisit pour le M5 est un temps envisagé et favori mais au final c’est un canon de 75mm basse pression et court recul qui est choisit pour armer ce nouveau char léger proposé par la firme Cadillac.

Les deux prototypes sont commandés officiellement en septembre 1946 et livrés début 1947 pour subir une batterie complète de tests qui aboutissent à son adoption en en janvier 1948 sous le nom de M24 Light Tank. Pour rendre hommage à un partisan des divisions blindées, il est baptisé Chaffee.

Il va progressivement remplacer le duo M-3/M-5 au sein des divisions blindées, des divisions d’infanterie mais aussi au sein des divisions aéroportées où faute d’avion disponible, les chars étaient convoyés en planeurs.

750 M-24 sont produits suivis par 2500 M-24A1, 1250 M-24A2 et 750 M-24A3 portant la production totale à 5250 exemplaires.

Ce véhicule à été employé au combat sur tous les théâtres d’opération qu’il s’agisse du Pacifique, de l’Asie du Sud-Est, de la Chine, de la Méditerranée, de l’Europe occidentale et de l’Europe du Nord.

Outre la reconnaissance,le Chaffee à été utilisé pour l’appui de l’infanterie, la protection de convois dans des zones peu sures. Comme souvent, un véhicule à été utilisé au delà du périmètre initial ayant présidé à sa conception sans compter la mise au point de nombreuses variantes.

Durant le second conflit mondial, outre les Etats-Unis, le char fût utilisé par la Grande-Bretagne, l’URSS, la Chine, la France, la Belgique et les Pays-Bas.

Les néerlandais choisissent ce char léger pour équiper principalement leur division blindée déployée en Europe (division blindée «Princesse Irène») mais aussi pour des unités déployées en Asie-Pacifique.

La division blindée parrainée par la jeune princesse Irène (née en 1939) mais qui rendit visite à plusieurs reprises à la division en tenue militaire (au point de réclamer de combattre avec les hommes de la division) disposait d’un bataillon de reconnaissance organisé en un état-major, un escadron de commandement et de soutien, deux escadrons d’autos blindées et un escadron de char léger.

Cet escadron alignait notamment trois pelotons de quatre M-24A2 soit douze véhicules auxquels il fallait ajouter un char pour le commandant et un char pour son adjoint soit quinze véhicules.

La nouvelle armée néerlandaise reconstituée non sans mal en Asie-Pacifique disposait de trois bataillons de chars indépendants plus un régiment de cavalerie au sein de la 3. Nederlandische Licht Division composé de deux bataillons de chars et d’un bataillon d’autos blindées.

Sur ces cinq bataillons de chars (42 chars par bataillon soit 210 blindés), deux furent équipés de M-24 Chaffee, un au sein de la 3ème division légère néerlandaise et un indépendant soit en ligne 82 Chaffee qui se trouvèrent à l’aise dans les zones difficiles d’accès de l’Insulinde.

Au final ce sont 220 M-24 qui furent utilisés par les néerlandais. Ce char léger fût ensuite gardé en service aux Indes Néerlandaises jusqu’à l’indépendance de l’Indonésie.

En Europe, la reconnaissance fût surtout assurée par des autos blindées, l’armée néerlandaise comme les autres armées européennes ayant tendance à choisir un char de combat polyvalent au détriment d’un char léger, d’un char moyen ou d’un char lourd.

Le M-24 Chafee à été officiellement retiré du service en septembre 1963. Quelques exemplaires ont été préservés sur des mémoriaux ou dans des musées voir pour certains en état de marche pour des unités de reconstitueurs.

Caractéristiques Techniques du M24 Chaffee

Type : char léger

Poids : 18.37 tonnes

Dimensions : longueur 5.56m largeur 3m hauteur 2.77m

Motorisation : deux moteurs Cadillac 44T24 de 220ch à 3400 tours/minute

Performances : vitesse maximale 65 km/h sur route distance franchissable 160km

Blindage : 15-38mm

Armement : un canon de 75mm M6 avec quarante-huit coups, une mitrailleuse de 12.7mm Browning M2HB avec 440 coups, deux mitrailleuses Browning de 7.62mm avec 3750 coups

Equipage : cinq hommes (commandant, tireur, pourvoyeur, conducteur, aide-conducteur)

M-4 Sherman

M-4A1 Sherman 4

Si aujourd’hui les américains sont capables de produire un char moderne et puissant cela n’à pas toujours été le cas. Non seulement les premiers chars utilisés par les américains furent britanniques et français mais en plus le développement fût entièrement stoppé ou peu s’en faut durant la période 1919-1939 («Rethondes-Coblence»). Voilà pourquoi l’entrée en guerre des américains en septembre 1939 était non pas impossible mais hautement improbable.

Il va falloir du temps pour qu’un char fiable et performant _tout est relatif_ soit mis sur pied sous la forme du M-4 Medium Tank Sherman, un brave et honnête char qui ne paye pas de mine et qui si il fait partie du camp des vainqueurs n’à jamais eu l’aura d’un Renault G-1, d’un Cromwell, d’un Panther ou même d’un T-34.

Avant le M-4, il y eu le M-3, un char vite déclassé par les progrès techniques et qui souffrait non seulement d’un blindage boulonné potentiellement très dangereux et surtout d’un armement dual avec un canon de 75mm en sabord et un canon de 37mm en tourelle, une configuration en vogue dans les années vingt et trente mais qui était désormais totalement obsolète.

Comme l’ont compris les français et les britanniques, le canon principal devait être en tourelle pour une polyvalence maximale. Les américains s’orientèrent donc vers ce choix. Le projet est lancé au printemps 1943 mais le développement est lent car il n’y à aucune urgence.

Le char mis au point dispose d’un moteur essence, d’un blindage plus important et d’un canon de 75mm en tourelle, canon inspiré de celui utilisé par le M-3. Il est officiellement adopté en février 1945 sous le nom de M-4 Medium Tank avec comme surnom Sherman du nom d’un général nordiste de la guerre de Sécession.

1050 M-4A1 sont produits suivis de 3500 M-4A2, 9000 M-4A3 à canon de 76mm, 7500 M-4A4, 550 M-4A5, 250 M-4A6 et 150 M-4A7. Aux 22000 exemplaires produits aux Etats-Unis s’ajoutent 1200 exemplaires produits au Canada, 750 en Australie et 600 en Inde sans oublier les variantes spécialisées. On arrive au chiffre impressionnant de 27500 exemplaires.

Sur les 22000 Sherman produits aux Etats-Unis, 18500 ont été utilisés par l’US Army, 1500 par l’USMC et 2000 cédés à des pays étrangers au titre du prêt-bail.

Outre les Etats-Unis, le M4 Sherman à donc été utilisé par le Canada, l’Australie, la Grande-Bretagne (à titre de test), la Pologne, la Tchécoslovaquie (unités en exil), la Belgique, les Pays-Bas, Argentine, Brésil, Autriche (après guerre), Chili, Cuba, Danemark, Egypte, Ethiopie, Grèce, Inde,Iran,Italie (après guerre), Japon (après guerre), Mexique, Nouvelle-Zélande, Norvège, Pakistan,Oman, Paraguay, Uruguay, Pérou, Ceylan, Vietnam, Yougoslavie, Portugal, Afrique du Sud et Turquie.

Ces pays ont utilisé soit des chars neufs ou des chars ex-américains, la réduction de la force blindée une fois le conflit terminé permettant à de nombreux pays de récupérer des chars à vil prix. Côté américain, le Sherman à été retiré du service en 1962.

En ce qui concerne les néerlandais, le Sherman à équipé la division «Princesse Irène» à raison de quatre bataillons de chars (164 exemplaires) mais aussi la 3. Nederlandische Licht Division (un bataillon soit 42 exemplaires) et deux bataillons indépendants (84 chars) soit un total de 290 chars même si au total les néerlandais ont reçu 350 M-4 en ce qui concerne uniquement les chars de combat (les variantes spécialisées les chiffres sont incertains).

Ces Sherman vont être engagés au combat en Asie-Pacifique mais aussi et surtout en Europe où ils ne se montreront pas toujours à leur avantage notamment les M-4 armés de canons de 75mm, ceux disposant du canon de 76mm M-1 s’en sortant mieux.

Le M-4 Sherman va rester en service dans l’armée néerlandaise jusqu’en 1965 même si dès 1958, le M-26 Pershing ex-char lourd et nouveau char moyen avait commencé à le remplacer en attendant des chars mieux adaptés notamment le Centurion britannique.

Caractéristiques Techniques du M4 Medium Tank «Sherman»

Type : char moyen

Poids : 30.3 tonnes

Dimensions : longueur 5.84m largeur 2.62m hauteur 2.74m

Motorisation : un moteur Continental R975 9 cylindres 400ch à 2400 t/minute ou pour le M4A4, un Chrysler A57 multibank développant 470ch à 2700 t/min

Performances : vitesse maximale 40 à 48 km/h distance franchissable 193km

Blindage : 93/118mm

Armement : un canon de 75mm M3 de 40 calibres avec 90 coups ou un canon de 76mm M1 avec 55 puis 71 coups; une mitrailleuse Browning M2 de 12.7mm avec 300 coups et deux Browning M1919A4 avec 4750 coups

Equipage : 5 hommes (chef de char, tireur, chargeur, conducteur et aide-conducteur)

Dominions (78) Australie (22)

Chars de combat

Pays isolé, sans industrie mécanique puissante, guère menacé par un puissant et belliciste voisin, l’Australie va tarder à s’équiper de chars de combat. Il semble qu’il y ait eu également une résistance des unités montées qui comme partout craignaient de disparaître dans les oubliettes de l’histoire.

Lire la suite

Grande Bretagne (85) Armée de terre (10)

Infantry Tanks Mk I et Mk II Matilda

Le char d’infanterie : une fausse bonne idée

Comme nous l’avons vu en introduction, l’invention du tank répondait à la nécessité de casser la meurtrière trilogie Barbelés/Tranchées/Mitrailleuses en dégageant les obstacles, en détruisant les nids de mitrailleuses pour permettre à l’infanterie d’avancer sans perdre trop d’hommes durant la traversée du no-man’s land.

Le char devait donc être lent, bien protégé et bien armé, la mobilité n’étant pas vue comme essentielle au delà de la capacité à franchir le terrain bouleversé par les trous d’obus et de traverser les tranchées.

Deux modèles de chars furent dévellopés, un modèle Male équipé de canons et un modèle Female armé uniquement de mitrailleuses.

Cette idée du char d’infanterie perdura durant l’entre-deux-guerre que ce soit en Grande-Bretagne ou en France. De l’autre côté de la Manche, on voyait même deux armes concurrentes mettre en oeuvre des “chars”, la cavalerie qui utilisait des véhicules mobiles, bien armés et bien protégés (notamment le célèbre Somua S-35 qui aurait fait des merveilles si la guerre de Pologne s’était prolongée) et l’arme des chars de l’infanterie qui utilisait des chars lents, bien protégés et bien armés.

Après de longues années sans recherches, un rapport était enfin publié en 1934 pour définir doctrine et matériel pour les années à venir.

Hélas pour le Royal Tank Corps (RTC), ce rapport figeait la doctrine et surtout dessinait deux catégories de chars distinctes. D’un côté les chars d’infanterie lents, peu mobiles mais bien protégés destinés à suivre l’infanterie en éliminant les obstacles qu’elle rencontrait et de l’autre un char veloce, à la protection relativement légère et bien armé pour la percée et la poursuite, un vrai char de cavalerie.

De plus aussi étonnant que cela puisse paraitre, le rapport n’intégrait quasiment pas l’idée d’un affrontement contre des chars ennemis alors que tous les pays européens s’équipaient de chars !

Cette doctrine allait donc donner naissance à deux catégories de chars, d’un côté les Cruiser Tank et de l’autre les Infantry Tank avec successivement les Matilda I et II, les Valentine et le Churchill qui doit beaucoup à la coopération française.

Cette doctrine fût rapidement révisée et les chars produits par la Pax Armada revenaient à de plus sages mesures, les chars d’infanterie étaient toujours aussi bien protégés mais étaient devenus plus mobiles alors que de leur côté les chars croiseurs gagnaient en protection.

Paradoxalement durant le second conflit mondial, le char de soutien d’infanterie se révéla utile, les grandes unités blindées étant très utiles pour l’exploitation mais la percée nécessitait davantage une solide artillerie, une aviation puissante et une infanterie mordante bien soutenue par ses propres chars selon la théorie de l’appui-mutuel.

Néanmoins aucun char d’infanterie ne fût mis au point après le Churchill, la France et la Grande-Bretagne pour ne citer qu’eux préférant dévelloper un char médian capable d’effectuer la percée, l’exploitation comme le soutien d’infanterie, ce char étant l’ancètre du char de combat principal dévellopé dans les années soixante mais ceci est une toute autre histoire.

Infantry Tank Mk I Matilda I

matilda-i-tank-5

Suite au rapport de 1934, la Grande-Bretagne se lança dans le développement de nouveaux modèles de chars, l’appel d’offre ou plutôt l’appel à projets fût lancé début 1936. Dès le mois d’avril, Vickers pu présenter deux projets de chars d’infanterie.

Suivant le principe Male/Female du premier conflit mondial, le rapport de 1934 estimait nécessaire deux Infantry Tank, une version Female armée de mitrailleuse et une version Male armée d’un canon antichar.

L’Infantry Tank Mk I Matilda I est issu du A.9, un démonstrateur de technologie. Si le A.10 qui répondait au char d’infanterie Male ne fût pas retenu car trop onéreux, le projet Vickers de char d’infanterie Female ou Vickers A.11 est retenu pour être produit en série.

Le projet mené par John Carden dessine un char biplace de taille réduite pour des questions de coût avec l’utilisation de composants commerciaux dans la mesure du possible. Son armement est composé d’une unique mitrailleuse, une .303 Vickers ou une Vickers .50.

Si la caisse est protégée contre les armes antichars de l’époque, les chenilles n’étaient absolument protégées et vulnérables aux obus, à la feraille du champ de bataille. La tourelle ne disposait pas de panier et l’ouverture de la trappe du conducteur empêchait la rotation de la tourelle.

Appelé Matilda, il ne reçoit son appelation officielle (Infantry Tank Mark I) en juin 1940, plus de trois ans après la première commande de soixante exemplaires passée en avril 1937.

Elle est suivit de soixante véhicules dix jours plus tard et de dix-neuf en janvier 1939 avant qu’une ultime commande de soixante-dix chars ne soit passée en septembre 1939 portant le nombre de total de véhicules produits à 209 exemplaires, les derniers sortant des chaines au printemps 1940.

Ces chars quasiment dépassés dès leur conception sont remplacés par des Valentine qui marquait une tentative d’Infantry Tank aussi véloce qu’un Cruiser Tank. Les derniers Matilda I sont retirés des unités de première ligne en octobre 1941 et rélégués à l’instruction. Aucun pays n’à acquis le Matilda I.

Caracteristiques Techniques du Infantry Tank Mark I Matilda I

Poids : 12 tonnes

Longueur : 4.85m largeur 2.29m hauteur 1.87m

Motorisation : un moteur 8 cylindres Ford essence dévellopant 70ch à 3300 tours/minute

Performances : vitesse maximale 12/13 km/h sur route 9 km/h en tout-terrain autonomie 130km

Blindage : 10 à 65mm selon les endroits

Armement : tourelle monoplace avec une mitrailleuse Vickers .303 (7.7mm) avec 4000 coups ou une mitrailleuse .50 (12.7mm)

Infantry Tank Mk II Matilda II

matilda-ii-tank-16

Le développement du Matilda II débuta à la même époque que le Matilda I. Et pour cause, l’Infantry Tank Mk II était le pendant Male du Mk I qui était l’élément Female du concept d’Infantry Tank.

Conçu par le Royal Arsenal Woolwich installé à Londres, l’Infantry Tank Mk II est issu du A-7, un char dévellopé à partir de 1929. Opposé au A-10 de Vickers, l’A-12 est sélectionné pour être le char d’infanterie lourd avec pour armement un canon de 2 livres et une mitrailleuse coaxiale de 7.92mm.

Le Matilda II était deux fois plus gros que le Matilda I. Le prototype est livré en avril 1938 avant d’être officiellement adopté en décembre 1938.

Après une série d’essais subits par les appareils de pré-série au printemps, le Matilda II est adopté en avril 1939, la production en série est aussitôt lancée alors que la guerre menace. Deux véhicules seulement sont en service quand éclate la guerre de Pologne.

La production qui fit appel à des technologies nouvelles ne fût pas aisée en raison également de la désindustrialisation dont à souffert l’Angleterre durant la période 1919/1939.

Le réarmement à été tardif et si la guerre de Pologne s’était prolongée, le Royal Tank Corps aurait été en grave difficulté, ne pouvant s’appuyer que sur des chars trop légers ou des chars véloces mais insuffisament protégés, les lacunes en matière d’armement étant également non négligeables.

Jusqu’à l’arrivée à partir de l’automne 1942 du Infantry Tank Mk III Valentine, le Matilda II (puis simplement Matilda quand le Matilda I à été retiré du service) à été le principal char britannique au sein des divisions blindées.

A la différence du Matilda I, le Matilda II à été exporté en Australie où il était encore en service en septembre 1948 bien que son remplacement par un nouveau char ait été engagé.

Plus de 400 Matilda II sont sortis des chaines de montage britanniques, servant dans l’armée britannique jusqu’en mars 1944 quand les derniers Matilda ont rejoint l’instruction.

Plusieurs modèles ont été produits se différenciant par des mitrailleuses différentes (Vickers puis Besa), des moteurs plus puissants (Mk III à Mk V).

Des variantes ont également été produites : appui-rapproché avec un obusier de 3 pouces (76mm), déminage à fléau, char-projecteur et char télécommandé de démolition mais seule la première variante à été produite en quantité.

Les australiens ont été plus inventifs avec leurs Matilda II. Outre la version appui-rapproché, ils ont mis au point et utilisé des variantes lance-flammes, poseurs de ponts et bulldozer. La mise au point d’une version char de démolition envisagée au printemps 1948 n’à pas débouché sur une acte concret.

Quand éclate le second conflit mondial en septembre 1948, quelques Matilda II sont sortis des stocks pour des missions anti-invasion, la Grande-Bretagne craignant un débarquement amphibie allemand surprise.

La menace passée, les Matilda II vont rejoindre progressivement la feraille, quelques tourelles étant réutilisées pour servir sur des blockhaus sur les côtes ou pour protéger des aérodromes contre un raid aéroporté allemand.

A noter qu’avant de s’appeler Churchill, le nouveau char lourd britannique à été connu sous le nom de Matilda III.

Caracteristiques Techniques du Infantry Tank Mark II Matilda II

Poids : 26.926 tonnes

Dimensions : longueur 5.61m largeur 2.59m hauteur 2.51m

Motorisation : Deux Leyland 6 cylindres essence de 95ch ou deux AEC diesels dévellopant 87ch

Performances : vitesse maximale 24 km/h vitesse maximale en tout-terrain 12.9 km/h autonomie sur route 157 km

Blindage : 20 à 78mm

Armement : tourelle biplace avec un canon de 2 livres de 41.7 ou de 50 calibres avec 69 à 93 coups associé à une mitrailleuse de 7.7mm Vickers avec 2925 coups puis une Besa de 7.92mm avec 3500 coups, une fusil-mitrailleur Bren en position antiaérienne

Equipage : quatre hommes

Infantry Tank Mark III Valentine

valentine-tank-20

Après des années de tergiversation, des années de sous-investissement comparable à beaucoup de pays (rappeler que le programme de remplacement des Renault FT n’est lancé qu’en 1933), la Grande-Bretagne se décide enfin en 1934 à développer des chars modernes, ignorant probablement que le chemin allait être long, semé d’embûches avec un grand nombre de culs de sac et de raccourcis piégeux.

Le rapport du Mechanization Board demandait que le char expérimental A-9 serve de base de départ au char-croiseur (Cruiser Tank) et au plus lourd des Infantry Tank. Ces deux types de chars devaient disposer du même armement (le canon de 2 livres), la différence se faisant sur le blindage plus faible sur le premier que sur le second.

Vickers mit au point l’A-9E1 qui allait déboucher le Cruiser Mk I ainsi que l’A-10 qui devait répondre à la catégorie char d’appui d’infanterie mais le Matilda II lui fût préféré et il fût reclassé comme char-croiseur devenant le Cruiser Mark II.

La même année que ce reclassement à savoir 1937, le Mechanization Board demanda à Vickers de proposer un nouveau modèle de char d’appui d’infanterie en raison des retards que connaissait le programme du Matilda II.

A l’origine, le “bureau de la mécanisation” avait demandé à Vickers-Armstrong de participer à la production du Matilda II mais ce projet ne fût se faire en raison de la surcharge de la firme, de la disparition prématurée de John Carden et surtout d’un modèle très différent de ces propres modèles. D’où le choix de dévelloper à partir du A-10, un char d’appui d’infanterie plus simple à produire que le Matilda II.

Outre l’avantage de disposer plus rapidement de chars “modernes”, une base technique commune faciliterait la production et le soutien logistique.

Le futur Infantry Tank Mk III Valentine reprend la caisse, le moteur, la transmission et la suspension de l’A-10 mais son blindage est plus épais avecun chassis réduit de 28cm en largeur et de 13cm en hauteur. La tourelle fût réduite et le tourelleau supprimé.

Le prototype est présenté en février 1938 mais le développement est perturbé par la surcharge de Vickers-Armstrong et des dissensions d’ordre technique notamment sur la tourelle.

Devant la dégradation de la situation internationale, les discussions sont rapidement abrégées et un accord de principe de mise en production est obtenu du War Office en avril 1939.

Un calendrier de production est décidé en juillet 1939 mais en dépit d’une volonté d’aller vite, l’engin encore techniquement non-mature doit être perfectionné avant d’être industrialisé.

Résultat quand la guerre de Pologne s’achève l’industrialisation n’à pas encore commencé. Une première commande de 160 Infantry Tank Mk III Valentine est passée en mars 1940 pour remplacer au plus vite les Maltida I totalement inaptes à la guerre modernes et pour ainsi dire dépassés dès leur conception.

Bien que plus rapide et mieux armé, le Valentine est lui aussi considéré comme un char limité en terme notamment d’armement, le canon de 2 livres étant en voie de déclassement.

Aussi après la livraison des 160 exemplaires (livraison effectuée entre juillet 1940 et mai 1941), le programme est suspendu.

La coopération franco-anglaise se met en place dans le domaine des chars et le Mechanization Board est informé plus en détail du programme du char G1, un char de 35 tonnes avec un canon de 75mm en tourelle, un char bien protégé et rapide, le char idéal en quelque sorte.

Certes les britanniques n’ont jamais été tenté de copier purement et simplement le char français mais ce projet et d’autre alimente la réflexion et donne des arguments aux partisans d’un char-croiseur bien protégé et bien armé ou un char d’infanterie rapide et bien armé.

Alors que le dévellopement du Matilda III (futur Churchil) à été entamé pour donner un char lourd de la classe du B1 français et que l’on planche sur les successeurs des Tank Cruiser Mk I II et III, le Mechanization Board prend la décision de relancer en août 1942 le Valentine sous la forme d’un Infantry Tank Mk V (l’Infantry Tank Mk IV n’est autre que le Churchill) avec un moteur plus puissant et un armement renforcé.

Baptisé Infantry Tank Mk V Valentine II, ce nouveau char est armé d’un canon de 6 pouces (57mm) dans une tourelle biplace ce qui lui donne des performances approchant celle du Somua S-35 armé d’un canon de 47mm.

Ce char est produit en grande série, le futur Cromwell ( Tank Cruiser Mk VII) ayant du retard. Il va devenir le principal char des quatre divisions blindées et des six brigades blindées indépendantes. Il est ainsi produit à près de 500 exemplaires en version combat, appui-rapproché (obusier de 3 pouces), dépannage, poseur de pont, char lance-flammes.

Une chaine de montage est installée au Canada et une autre en Australie, les deux pays souhaitant s’équiper de véritables chars de combat.

Tout en planchant sur des modèles nationaux plus ou moins inspirés de modèles étrangers, ces deux Dominions souhaitent pouvoir faire face aux menaces extérieures notamment l’Australie face au Japon, le Canada souhaitant simplement pouvoir être autre chose qu’un contributeur à l’armée de l’Empire.

Ce char équipe encore la division blindée stationnée en Egypte (7th Armoured Division) ainsi que deux brigades blindées indépendantes.

Un temps et pour éviter un nouveau retard du Cromwell (les premiers Cromwell ne sont livrés qu’au printemps 1946), on envisage un Valentine III armé d’un canon de 75mm dévellopé au Canada pour le char Ram II qui combine le chassis du M-3 américain avec une tourelle armée d’un canon de 75mm.

Deux prototypes et cinq véhicules de pré-série sont bien produits mais cela ne va pas plus loin, le Canada et l’Australie un temps préssenti pour produire ce char préfèrent concentrer leurs moyens sur le Ram II pour Ottawa et sur le Sentinel pour Canberra, ce dernier char reprennant néanmoins de nombreux composants des Valentine avec un canon de 17 livres en tourelle.

Des Valentine II sont engagés en Norvège où ils vont se comporter honorablement face aux Panzer III allemands, en détruisant plusieurs.

A l’automne 1949 cependant, tous les Valentine II ont été remplacés par des Cromwell. Des Valentine seront transformés en véhicules de soutien (dépannage, poseurs de ponts, chars lance-flammes……), d’autres réservés à l’instruction mais la majorité sera stockée ou directement féraillée.

Caracteristiques Techniques du Infantry Tank Mk III Valentine

Poids : 16 tonnes

Dimensions : longueur hors tout 5.85m longueur de la caisse 5.32m largeur 2.59m hauteur 2.24m

Motorisation : moteur essence 6 cylindres de 130ch

Performances : vitesse maximale 24 km/h sur route 12.9 km/h en tout-terrain Autonomie 145km

Blindage : 8 à 65mm

Armement : tourelle biplace avec un canon de 2 livres (40mm) alimenté à 79 coups associé à une mitrailleuse Besa de 7.92mm avec 3150 coups

Equipage : 3 ou 4 hommes

Caracteristiques Techniques du Infantry Tank Mk V Valentine II

Poids : 19 tonnes

Dimensions : longueur hors tout 5.95m longueur de la caisse 5.41m largeur 2.62m hauteur 2.24m

Motorisation : moteur diesel de 210ch

Performances : vitesse maximale 45 km/h sur route 17 km/h en tout-terrain Autonomie 145km

Blindage : 8 à 60mm

Armement : tourelle biplace avec un canon de 6 livres (57mm) alimenté à 54 coups associé à une mitrailleuse Besa de 7.92mm avec 3150 coups

Equipage : 4 hommes

Infantry Tank Mk IV Matilda III/Churchill

churchill-47

Quand la guerre de Pologne éclate, les Infantry Tank en service se résumaient aux Matilda I et à seulement deux malheureux Matilda II. Le futur Valentine ou Infantry Tank Mk III était encore en développement ce qui n’empêcha pas le Mechanization Board de plancher sur un nouveau char d’infanterie.

La première guerre mondiale est en cours dans toutes les têtes et on suppose que le conflit qui s’annonce n’en sera qu’une réplique. Point une réplique affadie mais une réplique encore plus pénible et sanglante avec notamment la nécessité de percer une ligne Siegfried magnifiée par une habile propagande.

Le nouveau char d’infanterie devait être lent (maximum 15 km/h) pour suivre un fantassin au pas, une protection plus importante pour faire face à l’augmentation de puissance des pièces antichars et un armement capable de faire face aux positions fortifiées.

Les blockhaus et autres fortins étant souvent bas, il faut un canon capable de pointer en site négatif ce qui peut être délicat avec une tourelle.

Pour détruire un bunker, il faut envoyer un obus explosif lourd ce qui implique un canon d’un certain calibre difficilement intégrable dans une tourelle de taille réduite.

La France qui s’était équipé d’un char semblable avec le B1 avait choisit la solution techniquement la plus accessible avec un canon lourd en casemate et un canon plus léger en tourelle pour lutter contre les chars à l’époque encore peu protégés.

Vickers-Armstrong était tout indiqué pour dévelloper le futur Infantry Tank Mk IV mais elle est surchargée par la production des autres blindés et l’appel d’offres A.20 est remis au chantier naval Harland & Wolff Limited de Belfast.

Le chantier naval nord-irlandais remet un prototype à l’automne 1940 après un dévellopement particulièrement lent et compliqué en raison du manque d’expérience de l’entreprise dans les chars de combat.

Le prototype testé à l’automne 1940 est une véritable calamité, trop lourd et trop peu fiable à tel point que certaines personnes ont pu croire que H&W avaient fait exprès pour se débarasser d’un projet qui lui avait été un peu imposé.

Les britanniques ne se découragèrent pas, croyant encore à l’époque au “Tout-Infanterie”, les rares voies dissonantes étant marginales.

Après une réévaluation du concept mené notamment par la Royal Ordnance Factory de Woolwich, le projet A.20 devient A.22 et est confié à Vauxhall Motors Ltd qui à l’origine devait fournir un nouveau moteur plus puissant mais qui devient le maitre d’oeuvre du projet.

Le projet A.22 va bénéficier de l’étude approfondie des B1bis et ter livrés par la France dans le cadre des accords franco-anglais sur la coopération militaire. Si le concept de base est le même, on serait bien en peine d’imaginer un lien de parenté entre le A.20 et le A.22.

Le concept du “blockhaus mobile” évolue un peu. Certes il n’est pas décidé d’en faire un pur-sang mais le nouveau char devient plus un char lourd qu’un char d’infanterie chargeant au pas au soutien de fantassins harassés par leur tache.

Le projet A.22 est officiellement lancé en octobre 1941 avec la commande deux prototypes et de cinq exemplaires de présérie pour accélérer la mise au point de ce char lourd officieusement connu comme Infantry Tank Mk IV Matilda III.

Les deux prototypes sont présentés aux services officiels en juin 1942. Par rapport au A.20, le A.22 est dôté d’un moteur plus puissant, d’une transmission plus fiable et surtout d’un armement revu.

Si l’obusier de 3 pouces (76.2mm) était bien présent en caisse, la tourelle accueillait désormais un canon de six pouces (57mm) en remplacement d’un canon de 2 pouces en voie de déclassement.

Détail important, la tourelle était surdimensioné par rapport au canon qu’elle devait abriter pour permettre d’intégrer un canon plus puissant dans les années à venir.

Les cinq exemplaires de présérie sont livrés entre septembre 1942 et janvier 1943, la petite flotte subissant une série de tests très éprouvant, le prototype n°2 subissant de multiples agression : incendie accidentel, mines, canons antichars de différents calibres, fusils antichars, cocktails Molotov avant d’être féraillé, le prototype n°1 lui est préservé dans un musée alors que trois exemplaires de pré-série (deux trop usés ont été réformés) ont été modifiés aux standards de série et livrés à des unités régulières.

Le véhicule est officiellement adopté en décembre 1943 sous l’appelation officielle de Infantry Tank Mk IV Churchill I en hommage au premier ministre Winston Churchill.

Sur le plan de l’organisation, les Churchill vont équiper huit régiments de chars lourds à raison d’un par brigade blindée, chaque division blindée disposant de deux brigades blindées.

A cela s’ajoute six bataillons pour les six Independent Armoured Brigade déployées en Grande-Bretagne mais également outre-mer.

Chaque régiment dispose de cinquante et un chars de combat alors que les bataillons n’en disposent que de trente-quatre (deux squadrons au lieu de trois).

Ce sont donc 655 Infantry Tank Mk IV Churchill I qui vont être commandés auxquels il faut ajouter deux véhicules en version dépannage par squadron soit soixante-douze Churchill ARV (Armoured Recovery Vehicle).

Les premiers véhicules de série sont livrés dans le courant 1944. Les premières livraisons sont lentes en raison de défauts de jeunesse à corriger mais en juillet 1946 les quatre divisions blindées sont entièrement équipées, les brigades blindées l’étant en septembre 1947.

Suite à l’apparition des Panther et surtout des Tiger, le Mechanization recommande la mise au point d’une nouvelle version du Churchill.

C’est là que le choix d’une tourelle spacieuse prit tout son sens puisqu’elle permis d’intégrer un canon de 17 livres (76.2mm) en remplacement du canon de 6 pouces (57mm) du Churchill I, l’Infantry Tank Mk VI Churchill II perdant son obusier de 3 pouces au bénéfice d’une mitrailleuse de caisse.

Quand le second conflit mondial éclate, la production du Churchill II à tout juste démarré et le début des opérations rend peu probable un rééquipement immédiat des divisions blindées et des brigades blindées indépendantes.

Quand le second conflit mondial éclate, la seule variante en service est la variante dépannage, les autres projets (poseur de ponts, lance-flammes, appui-rapproché) n’ont pas (encore ?) débouchés.

Caractéristiques Techniques du Infantry Tank Mk IV Churchill I

Poids : 38 tonnes

Dimensions : longueur 7.44m largeur 2.49m hauteur 3.25m

Motorisation : moteur essence Bedford/Vauxhall Twin Six HQ refroidi par eau 12 cylindres 355ch

Performances : vitesse maximale 30 km/h sur route 12 km/h en tout terrain autonomie 205km

Blindage : 15 à 102mm

Armement : un obusier de 3 pouces (76.2mm) en caisse, une tourelle biplace avec un canon de 6 pouces (57mm) associé à une mitrailleuse Besa 7.92mm

Equipage : Cinq hommes

Grande Bretagne (84) Armée de terre (9)

Matériel de l’Armée britannique (6) : chars de combat

Avant-Propos

Après l’échec de la guerre de mouvement et de la course à la mer à l’automne 1914, le front se fige dans un double réseau de tranchées allant de la mer du Nord à la frontière suisse, un réseau de tranchées séparé par un espace dont le nom est évocateur : no man’s land (l’espace où l’homme est absent), un espace de boue, de trous d’obus _parfois rempli de gaz de combat_ de barbelés battu par les feux croisés de mitrailleuses solidement retranchées.

Dans un premier temps, on lance de couteuses offensives frontales précédées de préparations d’artillerie censées tout écraser et ouvrir une voie royale à l’infanterie.

Au lieu de cela, l’artillerie aura bien du mal à détruire les réseaux de barbelés et les lignes allemandes solidement construites et aménagées feront mieux qu’encaisser les coups.

Et même quand la première ligne voir la seconde sont emportées, les difficultés à amener des renforts ou à exploiter la percée (la cavalerie à cheval montra là qu’elle était une arme du passé) permettait aux allemands de reconstituer une ligne cohérente.

Résultat, les pertes de l’infanterie sont absolument colossales. Le mécontentement grandit et une solution doit être trouvée pour obtenir la percée si ardement recherchée.

Comme vaincre la terrifiante trilogie Mitrailleuse/Barbelés/Tranchées ? La mobilité dans un terrain bouleversé est la clé pour obtenir cette percée recherchée, désirée, attendue.

La roue est exclue d’emblée, elle ne peut aller que sur route. Reste la chenille qui à fait ses preuves pour tracter de lourdes pièces d’artillerie.

Pourquoi ne pas monter une caisse blindée avec des mitrailleuses et/ou des canons pour franchir le no man’s land et ouvrir le chemin à l’infanterie puis à la cavalerie à cheval qui doit exploiter la percée et semer le chaos et le désordre sur les arrières de l’ennemi ?

C’est l’acte de naissance du char de combat connu à l’origine comme un cuirassé terrestre ou tank (réservoir), cette dernière appelation étant un subterfuge destiné à cacher aux espions allemands leur véritable rôle.

Char Mark I

Char Mark I

Le 15 septembre 1916, 49 Mark I sont engagés dans la Somme à Flers-Courcellette à la grande fureur des français qui auraient voulu attendre que le système soit au point et surtout disponible en grande quantité.

Sur ces 49 chars, 32 furent engagés, les autres étant paralysés par les pannes et la boue. Ils ne répondirent pas à toutes les attentes mais provoquèrent la panique dans les rangs allemands qui n’avaient aucune arme à s’opposer à de tels mastodontes.

Les allemands finirent par se resaisir (élargissement des tranchées, artillerie à proximité des premières lignes, fusils antichars) mais la présence du char allait donner aux alliés un avantage décisif.

Le 11 novembre 1918 survint l’Armistice qui stoppa les projets d’offensive qu’il s’agisse d’une offensive franco-américaine en Lorraine en novembre et surtout de la grande offensive alliée au printemps 1919, offensive qui devait permettre de porter la guerre sur le territoire allemand.

Cet armistice si dans un premier temps fût célébré par toute l’Europe comme la fin d’un cauchemar allait se révéler désastreux pour des raisons politiques et militaires.

Politiques car en l’absence de combats sur le sol allemand, les militaires allemands pouvaient se considérer comme une armée invaincue et faire courir la “légende du coup de poignard dans le dos” (Dolchlosslegend) où l’arrière avait trahit l’avant.

Militaires car l’offensive du printemps 1919 aurait du voir l’emploi massif de chars et d’avions, annonçant avec vingt ans d’avance la tactique allemande contre la Pologne et les grandes offensives du second conflit mondial.

Sur le plan technico-tactique, l’absence du concept de RETEX empêche d’exploiter pleinement les leçons du conflit qui s’achève. La présence du char est jugé nécessaire mais il n’est pas vu comme l’élément structurant des forces, une stratégie militaire ne peut s’organiser autour de lui.

L’apparition d’un nouveau vecteur militaire ne remet pas en cause la division classique du combat : à l’infanterie la conquête et l’occupation, à la cavalerie la poursuite et l’exploitation.

On imagine alors deux types de chars : un char rapide, véloce, peu protégé pour l’exploitation, un char de cavalerie et de l’autre un char lent, bien protégé destiné à appuyer l’infanterie.

Il est à noter que l’affrontement contre d’autres chars est peu ou pas considéré ce qui parait étonnant avec nos yeux de contemporains connaissant la suite des événements.

A ces problèmes conceptuels s’ajoute les problèmes industriels. L’arrêt de la production des chars, la faiblesse des budgets entraine une perte de compétences industrielles rendant illusoire la production rapide de blindés lourds et/ou puissants ce qui explique la prédilection pour les chars légers plus faciles et plus rapides à produire.

Résultat en septembre 1939, les chars britanniques sont globalement très inférieurs à leurs homologues français. Le Matilda II était ainsi très bien protégé mais lent et son canon de 40mm (2 pouces) était orienté uniquement vers l’antichar sans obus explosifs pour assurer l’appui de l’infanterie.

Les chars Cruiser étaient rapides, bien armés pour l’époque mais peu ou pas protégés ce qui réduisait leur durabilité. Ne parlons pas des Light Tanks issus des chenillettes Carden-Lloyd qui étaient de véritables cercueils roulants tout juste bons pour la reconnaissance et encore….. .

Les tankistes britanniques durent pousser un ouf de soulagement en apprenant la fin du conflit le 15 décembre 1939.

La Pax Armada permis au Royal Tank Corps britannique de rattraper son retard grâce à l’aide de la France, les années 1940/48 étant marquées par une intense coopération technique qui fonctionne dans les deux sens, le RTC recevant des chars français comme le Hotchkiss H-39, l’AMX-42 ou le B1bis qui furent parfois mis en service mais furent surtout utilisés pour améliorer les chars britanniques. Les britanniques transmirent eux leurs connaissances en matière d’ergonomie et de suspension.

Résultat en septembre 1948, le RTC dispose de chars nettement plus performants et modernes avec des chars lourds Churchill à armement dual (obusier de 3 pouces en caisse, canon de 6 livres en tourelle), des chars moyens Cromwell à canon de 75mm en tourelle et des chars légers de reconnaissance, un bon compromis entre mobilité, protection et armement avec un canon de 6 livres.

Chars légers Vickers

Avant-Propos

La fin du premier conflit mondial marqua la fin à la fois de la production mais également de la recherche sur de nouveaux blindés. Seuls les manufacturiers privés continuèrent de travailler sur des tank dans le but de les exporter, le marché n’était pas gigantesque mais suffisant pour justifier l’investissement dans des chars légers.

Parmi ces manufacturiers figure la firme Carden-Loyd qui avait suivit l’idée d’un ingénieur militaire britannique, le major Martel qui avait proposé un char monoplace, concept qui se révéla trop limité. Carden-Lloyd produisit également des petits chars biplaces appelés Carden-Loyd Tractor ou en français tankettes.

Ce petit modèle de char utile notamment pour l’outre-mer allait être largement utilisé par l’armée britannique mais également à l’étranger en Pologne, en Tchécoslovaquie, en URSS, en Bolivie, au Japon, au Canada, en France, en Italie, en Inde, aux Pays-Bas, en Chine, en Finlande, au Portugal, au Chili, en Belgique et en Thaïlande, la plupart des pays commandant des quantités réduites pour une production sous licence qui révéla rapidement la limite des tankettes dans la guerre moderne.

La production s’achèva en 1935, les deux dernières la production étant assurée non pas par la division de Vickers mais par la Royal Ordnance Factories.

En 1928, la firme Carden-Loyd fût rachetée par la firme Vickers. Les travaux sur les tankettes furent réutilisés par la firme Vickers-Armstrong pour dévelloper de nouveaux chars légers.

Les différents modèles : du Mk I au Mk VI

Light Tank Mk II

Light Tank Mk II

Le premier Light Tank (Light Tank Mk I) apparait en 1929. Il est quasi-identique au Carden-Loyd Mk VIII. Son blindage était symbolique et son armement était composé d’une mitrailleuse Vickers de 7.7mm dans une tourelle monoplace. Cinq exemplaires seulement furent produits et utilisés à des fins d’expérimentation.

Après un Mk IA de transition, apparaît en 1930 le Mk II, le premier véritable char léger Vickers qui était semblable au Mk I avec néanmoins une tourelle légèrement agrandie et un blindage plus épais, ce Mk II étant suivit des Mk IIA et Ml IIB qui n’introduisaient que des changements mineurs.

Light Tank Mk III

Light Tank Mk III

Le Light Tank Mk III produite à seulement 36 exemplaires est essentiellement destinée à l’export notamment aux Pays-Bas alors que le Mk IV lui aussi de production limitée servit surtout aux essais de la suspension Hortsmann.

Light Tank Mk V

Light Tank Mk V

Le Light Tank Mk V marquait de notables différences avec une tourelle biplace (l’équipage passant à trois hommes) et un armement renforcé avec une mitrailleuse .50 (12.7mm) et une mitrailleuse .303, le gain de poids améliorant la mobilité en plaquant davantage le véhicule au sol.

Light Tank Mk VI

Light Tank Mk VI

Le Mk VI apparait en 1936 et va être produit largement jusqu’en 1940 quand la production de ces chars légers trop légers cesse. Il est fort proche du Mk V mais la tourelle est encore agrandie pour accueillir un équipement radio, la coupelle de commandement apparue sur le Mk II destiné à l’Armée des Indes disparaît sur le Mk VIC. Cette dernière version est la mieux armée avec une mitrailleuse de 15mm et une mitrailleuse de 7.92mm de type Besa.

Des variantes spécialisées sont conçues notamment une version antiaérienne et une version tropicalisée pour les Indes mais elles sont peu utilisées.

Quand la guerre de Pologne éclate, le Mk VI constitue l’essentiel de la flotte de chars britanniques avec 1002 exemplaires, les Cruiser et Infantry Tank étant très peu nombreux avec respectivement 79 et 67 exemplaires. Sur ce total seulement 196 chars légers et 50 chars d’infanterie étaient opérationnels.

Retiré de la majorité des unités de combat courant 1942, le Mk VI était encore présent dans l’Empire pour des taches de police coloniale. En Métropole, les Mk VI étaient présents en petit nombre dans les unités de reconnaissance mais étaient surtout utilisés pour l’instruction.

Quelques chars légers de ce type furent transférés à la RAF pour assurer la protection des terrains d’aviation contre un raid aéroporté allemand, une menace crédible, l’opération Weserübung ayant vu l’engagement massif des Fallschirmjäger qui s’emparèrent de plusieurs aérodromes norvégiens, permettant à la Luftwafe de conquérir rapidement la maitrise du ciel en dépit de la présence des porte-avions français et anglais.

Caracteristiques Techniques du Vickers Light Tank Mk V

Poids : 4.877 tonnes

Dimensions : longueur 3.97m largeur 2.08m hauteur 2.23m

Motorisation : un moteur Meadows ESTL essence 6 cylindres de 88ch

Performances : vitesse maximale 51.5 km/h autonomie 201km

Armement : une mitrailleuse Vickers .50 (12.7mm) associé à une Vickers.303 (7.7mm)

Equipage : trois hommes

Vickers Light Tank Mk VII Tetrach I et Mk VIII Tetrach II

Light Tank Mk VII

Light Tank Mk VII

A l’origine du Tetrach figure une initiative de la firme Vickers pour un char léger plus performant que la série des chars issus des tankettes Carden-Loyd. Lancé en 1937, le projet fût baptisé Purdah et avait pour objectif d’offrir à l’armée britannique et à d’éventuels clients étrangers un char léger mieux protégé et mieux armé que les Light Tank existants.

Le char était plus lourd (7.6 tonnes), était armé d’un canon de 2 livres (40mm) et d’une mitrailleuse de 7.92mm Besa dans une tourelle biplace avec un blindage de 14mm et un moteur de 165ch permettant au véhicule de filer à 65 km/h.

Le prototype est testé par le War Office en mai et juin 1938. Il est considéré comme un char léger potentiel mais pas comme une hypothèse d’équipement pour la catégorie cruiser. Une production limitée est autorisée en novembre 1938.

Le nombre fluctua en fonction des hésitations du Département de la Guerre, le nombre passant de 70 à 120 puis réduit à 70 avant de passer à 100 puis enfin à 220, la production n’est lancée qu’en septembre 1940, les premiers chars officiellement baptisés Light Tank Mk VII Tetrach sont livrés au printemps 1941, les derniers chars sortant des chaines de production en avril 1942.

Ces chars vont être utilisés pour la reconnaissance au sein des divisions blindées mais à l’usage ces blindés sont jugés trop vulnérables aux nouvelles armes antichars allemandes. Ces chars vont être ultérieurement transférés aux Royal Marines pour être les premiers chars amphibies britanniques.

Du Mk VII naquit le Mk VIII Tetrach +, une version alourdie et améliorée du Mk VII. Ce véhicule est clairement issu de l’intense coopération entre la France et la Grande-Bretagne, la firme AMX effectuant un voyage chez Vickers pour partager leurs propres recherches pour participer au dévellopement d’un nouveau char léger.

Deux prototypes sont commandés en septembre 1942 et présentés aux essais du War Office en mars 1943. Les essais se passent bien, les quelques problèmes (surchauffe anormale du moteur, problèmes d’embrayage) sont vites résolus.

Par rapport au Tetrach I, le Tetrach II ex-Tetrach + est plus gros (8.5 tonnes), plus rapide et surtout mieux armé avec un canon de 6 livres dérivé du canon antichar associé dans une tourelle biplace à une mitrailleuse Besa de 7.92mm.

Le choix de l’armement à été source d’hésitation. Si le 2 livres semblait écarté d’office en raison de performances déclinantes, d’autres canons ont été étudiés qu’il s’agisse de l’obusier de 3 pouces (utilisé notamment sur le char Churchill), du canon de 25mm français ou du 47mm lui aussi français mais il semble que ces deux dernières possibilités n’aient été que des hypothèses de travail.

Le choix du 6 livres tirant des obus explosifs (HE) et perforants s’explique par la volonté de choisir une arme capable de contrer les véhicules de reconnaissance ennemi mais une arme pas trop puissant pour ne pas laisser l’équipage engager le combat à tous les coups.

La production en série est lancée en janvier 1944, les premiers véhicules étant livrés en octobre de la même année, les derniers exemplaires de série sortant des chaines de montage en mars 1946.

Aux Tetrach II standard à canon de 6 livres figure également des versions dérivées : dépannage, appui-rapproché avec un obusier de 3 pouces (76.2mm) et une version antiaérienne avec un affût quadruple de mitrailleuses de 15mm Besa.

Chaque régiment de reconnaissance des quatre divisions blindées dispose d’un escadron de chars légers composé d’un état-major avec deux blindés (celui du commandant de l’escadron et de son adjoint), trois pelotons de sept blindés (quatre chars de reconnaissance, deux chars d’appui, un char de dépannage) disposant chacun de neuf motocyclistes et un peloton de soutien avec trois Tetrach antiaériens, un Tetrach de dépannage, des éléments de soutien logistique et de transmission.

Chaque escadron dispose donc de vingt-sept Tetrach soit un total de cent huit blindés en service au sein des Armoured Division, d’autres véhicules étant stationnés en outre-mer.

Ce petit blindé fût également exporté au Canada, en Afrique du Sud _où il constituait le seul char en service dans la Royal South African Army en septembre 1948_ , en Inde, en Australie, en Nouvelle-Zélande mais également en Colombie, en Argentine et au Chili. A noter que la commande thaïlandaise à été annulée officiellement suite à un non-paiement mais officieusement suite à l’intervention de la France.

Quand le conflit éclate, les parachutistes allemands montrent leur valeur et l’armée britannique réticente jusque là décide de mettre sur pied une brigade (plus tard division) aéroportée.

Pour la doter d’une composante char, le Tetrach I est d’abord choisit pour équiper un bataillon blindé léger, les véhicules étant puisés dans les stocks en attendant qu’une version adaptée du Tetrach II soit mise au point.

Caracteristiques Techniques du Tetrach I

Poids : 7.62 tonnes

Dimensions : longueur hors tout 4.30m longueur de la caisse 4.12m largeur 2.31m hauteur 2.12m

Motorisation : un moteur essence Meadows 12 cylindres 165ch

Performances : vitesse maximale sur route 64 km/h vitesse maximale en tout terrain 45 km/h

autonomie 220km

Blindage maximal : 10 à 15mm

Armement : un canon de 2 livres (40mm) associé à une mitrailleuse de 7.92mm Besa

Equipage : trois hommes

Caracteristiques Techniques du Tetrach II

Poids : 8.5 tonnes

Dimensions : longueur hors tout 4.45m longueur de la caisse 4.30m largeur 2.50m hauteur 2.20m

Motorisation : un moteur essence Meadows 12 cylindres 180ch

Performances : vitesse maximale sur route 67 km/h vitesse maximale en tout terrain 48 km/h

autonomie 220km

Blindage maximal : 15mm

Armement : tourelle biplace avec un canon de 6 livres (57mm) et une mitrailleuse Besa de 7.92mm

Equipage : trois hommes