Benelux (62) Belgique (23)

Chasseurs de chars Canons d’assaut et canons automoteurs
Avant-propos

L’apparition du char de combat ne solutionna pas tous les problèmes posés par la glaciation du front occidental. En effet une fois la percée obtenue, il fallait exploiter c’est-à-dire aller suffisamment vite pour empêcher l’ennemi de se rétablir correctement.

A plusieurs reprises y compris avant l’apparition du char, la percée avait été obtenue mais l’exploitation se révélant impossible, les allemands ont pu faire venir des troupes fraîches et rétablir un front continu et cohérent.

Deux problèmes majeurs se posaient : le transport de l’infanterie et son appui-feu. A pied le fantassin était encore vulnérable et l’artillerie atteignait rapidement sa portée maximale ce qui nécessitait son déplacement. Aucune solution vraiment satisfaisante ne fût trouvée avant l’armistice même si les ingénieurs alliés touchaient au but.

En effet, certains tanks Mark britanniques avaient été modifiés en transport de troupes (mais des conditions telles que les soldats étaient moins fringants que si ils avaient suivis les chars à pied) et les premières pièces automotrices étaient produites en France.

La période de paix ne permis pas de développer vraiment des moyens de transport et d’appui-feu modernes, tout juste des briques partielles. C’est ainsi que la plupart des armées avaient en service ou en projet des canons d’assaut, des canons automoteurs et des chasseurs de chars.

La Belgique elle ne possédait en septembre 1939 que des chasseurs de char en l’occurrence le T-13 armé d’un canon de 47mm. En septembre 1948, même situation, aucun projet de canon automoteur et de chasseur de chars puissant voir de canon d’assaut n’ayant vu le jour visiblement pour ne pas «provoquer» l’Allemagne.

Bien entendu une fois la guerre entamée et la Belgique occupée, toutes les limites sautent permettant à la Belgique de disposer de canons d’assaut, de chasseurs de chars et même des canons automoteurs.

T-13

T-13

En septembre 1939, le seul véhicule militaire d’appui en service en nombre au sein de l’armée belge est le T-13, un chasseur de chars léger combinant un châssis fournit par Vickers (jusqu’à la version B-3) avec une superstructure abritant un canon de 47mm qui était largement suffisant pour détruire les chars allemands alors en service.

Durant la période 1919-1939, les militaires belges étaient conscients de la nécessité d’équiper leur armée de chars ou du moins de véhicules blindés de combat. Cette prise de conscience n’était cependant pas partagée par la classe politique qui craignait de provoquer les allemands ou les refusaient pour des raisons idéologiques.

Le T-13 est un compromis acceptable puisque c’est un véhicule léger, peu protégé et disposant d’un canon en superstructure ce qui en faisait clairement un chasseur de chars et non un véritable char de combat. Autre chose qui trahissait cette volonté d’apaisement : le refus d’utiliser le mot «char».

Après avoir acquis des tracteurs d’artillerie pour motoriser leur artillerie américaine, les belges décident d’expérimenter l’artillerie portée en compagnie un châssis Carden-Lloyd et un canon de 47mm de la FRC, le tout sous bouclier. Ce concept se montre efficace et va aboutir à la commande de trente-deux T-13B1 suivis par le T-13B2 produit entre 1935 et 1937 et enfin par le T-13B3 produit entre 1938 et 1940. La production totale est de 375 exemplaires.

Les T-13 formaient des compagnies déployées au sein des divisions d’infanterie, des divisions de chasseurs ardennais et des divisions de cavalerie.

Au printemps 1940, neuf DI disposaient d’une compagnie de douze T-13 en l’occurence les 1ère, 2ème,3ème,4ème,7ème,8ème,9ème,10ème et 11ème DI soit un total de 108 véhicules auxquels il faut ajouter 56 T-13 au sein des deux divisions de chasseurs ardennais (trente-deux et vingt-quatre respectivement) et 33 au sein des divisions de cavalerie avec vingt et un pour la première et douze pour la seconde.

On trouve également une compagnie au niveau du 3ème Corps d’Armée et deux escadrons de Réserve Générale, le premier à Namur et le second à Liège.

Ce véhicule est toujours en service en mai 1949 en dépit du fait qu’il soit clairement déclassé. Il équipe ainsi dix divisions d’infanterie à raison d’une compagnie de douze véhicules soit 120 T-13 en ligne, essentiellement des T-13B3 plus récents et surtout plus fiables.

Ces véhicules vont appuyer l’infanterie belge, servant de réserve antichar mobile par exemple pour stopper des infiltrations de chars allemands sur les arrières. Les rares tentatives d’utilisation offensive lors des contre-attaques se transformant en véritables fiascos.

Quand la Belgique capitule, il ne reste sous les couleurs belges qu’une poignée de véhicules. Un recensement effectué en octobre 1949 liste en dépôt près de Caen un total de huit T-13B1, quatre T-13B2 et vingt-cinq T-13B3 soit seulement trente-sept véhicules alors que la production à dépassé les trois cents exemplaires.

Les allemands vont en récupérer une centaine, les utilisant généralement pour l’entrainement, le maintient de l’ordre ou comme tracteurs d’artillerie. Fort peu de T-13 ont survécu au conflit, un exemplaire peut être aujourd’hui admiré au Musée de l’Armée à Bruxelles.

Caractéristiques Techniques :

Type : chasseur de chars légers

Masse 4.5 tonnes

Dimensions : longueur 3.65m largeur 1.76m (1.83m pour les B-3) hauteur 1.69m (1.84m pour les B-3)

Motorisation : un moteur essence Meadows de 60ch

Performances : vitesse maximale 40 km/h (41 km/h pour le B-3) distance franchissable 240km (400km pour le B-3)

Protection : 6 à 12mm (13mm pour le B-3)

Armement : un canon antichar de 47mm modèle 1931 et un fusil-mitrailleur FN M1918 BAR

Equipage : chef char/tireur/pourvoyeur et conducteur

M-18 Hellcat

M-18 Hellcat
Quand le gouvernement belge installé à Caen décide de reconstituer une armée autonome, l’obsession est de renforcer les capacités antichars de ses unités de combat. Pour cela l’adoption d’un chasseur de chars est une nécessité, les nouveaux tableaux d’organisation prévoyant une compagnie de tank destroyer au sein du bataillon antichar et antiaérien prévu pour les trois DI, les deux DLI et l’unique DB.

Ce bataillon disposait d’un état-major, d’une compagnie de commandement et de soutien, de deux compagnies antichars (une de chasseurs de chars et une de canons antichars remorqués) et deux compagnies antiaériennes avec des canons antiaériens de 40mm Bofors et de 25mm Hotchkiss.

La compagnie de chasseurs de chars est organisé en un état-major, un peloton de commandement et de soutien, trois pelotons de quatre chasseurs de chars et un peloton d’autos blindées (reconnaissance et protection) soit un total de quatorze chasseurs de chars pour la compagnie.

Pour satisfaire le besoin pour 84 chasseurs de chars, les belges essentiellement pour des raisons politiques choisissent un véhicule américain, le 76mm Gun Motor Carriage M-18 plus connu sous le nom de M-18 Tank Destroyer «Hellcat».

Tout en mettant au point le M-10 Wolverine, le Tank Destroyer Command étudia un nouveau modèle de chasseur de char mettant davantage encore en avant la vitesse et l’armement sur la protection.

Après plusieurs projets infructueux, les ingénieurs travaillant sur ce projet aboutirent à un véhicule d’un peu moins de 18 tonnes, filant à plus de soixante-dix kilomètres par heure avec un armement composé d’un canon de 76mm à haute vitesse initiale qui permettait de détruire tous les chars allemands y compris le Tigre même si pour ce dernier, il fallait se rapprocher à moins de 500m.

Deux prototypes sont commandés au printemps 1946, évalués à l’automne 1946 puis adoptés après quelques modifications au printemps 1947 sous le nom de 76mm Gun Motor Carriage M-18 même si la troupe utilisait davantage le surnom de Hellcat pour désigner leur véhicule.

Quand le second conflit mondial éclate en Europe, seulement huit bataillons sur 36 sont équipés de ce formidable véhicule. Leur nombre augmente progressivement à la fois pour remplacer les M10 mais également pour équiper de nouveaux TDB.

A son apogée, Hellcat équipait 40 bataillons de chasseurs de chars sur les 54 dont disposait le Tank Destroyer Command à sa propre apogée. Ce nombre va être légèrement réduit puisqu’en septembre 1954, «seulement» trente-six bataillons sont équipés de M18.

Quand le Tank Destroyer Command est dissous en septembre 1955, il ne restait que 24 bataillons dont quatorze étaient équipés de M-18 Hellcat. Le nombre d’unités ne cesse de décroître mais le dernier bataillon dissous le 1er septembre 1961 était encore équipé de Hellcat.

Des véhicules encore en bon état sont soit stockés pour une réutilisation éventuelle mais la plupart sont feraillés ou cédés à des pays étrangers comme la Malaisie, l’Indonésie, Singapour, la Yougoslavie, la Turquie, Chypre ou encore l’Uruguay et la Bolivie.

Aux côtés du M18 figure le M39, une version utilitaire sans canon utilisée pour le transport de matériel, de troupes et le remorquage de pièces d’artillerie.

Des projets de variante à canon de 105mm et amphibie (au profit des Marines) furent étudiées mais abandonnées en cours de développement probablement pour limiter la dispersion des efforts et rationaliser production et soutien logistique.

La Belgique va recevoir au total près de 140 Hellcat. Si les M-18 déployés en Europe furent utilisés pour leur cœur de mission à savoir la lutte antichar, les M-18 de la Force Publique furent utilisés davantage pour le soutien de l’infanterie alors que le menace char était inexistante après la première phase de l’opération GIDEON.

Les Hellcat sont restés en service dans l’armée belge jusqu’en 1956, l’armée d’outre-quievrain abandonnant rapidement le concept du chasseur de chars en préférant investir dans le char de combat et notamment le char de combat principal, le Main Battle Tank (MBT). Au Congo, les M-18 sont restés en service jusqu’au début des années quatre-vingt quand le manque de pièces détachées rendit impossible tout maintien en service.

Caractéristiques techniques du M-18 Hellcat

Type : chasseur de char

Poids : 17.7 tonnes

Dimensions : longueur totale 6.60m (5.28m pour la coque) largeur 2.87m hauteur 2.57m

Motorisation : un moteur Continental R-975-C1 de 400ch

Performances : vitesse maximale 76 km/h distance franchissable 160km

Blindage : 4.8 à 25mm

Armement : un canon de 76mm avec 45 coups, une mitrailleuse de 12.7mm Browning M2HB avec 800 coups

Equipage : cinq hommes (chef de char, tireur, chargeur, conducteur et assistant-conducteur)

Canon d’assaut modèle 1950

Pour améliorer l’appui-feu de l’infanterie, l’armée belge décide d’équiper ses trois divisions d’infanterie d’un bataillon de canons d’assaut organisé en un état-major, une compagnie de commandement et de soutien, trois compagnies de canons d’assaut (un peloton de commandement et de soutien, trois pelotons de cinq canons d’assaut et un peloton d’autos blindées) et une compagnie de reconnaissance équipée d’autos blindées.

Somua Sau40

Canon d’assaut Somua Sau40

A la fin des années trente, l’armée française avait mis au point deux modèles de canons d’assaut, le Somua Sau40 sur châssis Somua S-40 pour la cavalerie, l’ARL V 39 sur un châssis spécifique pour l’infanterie (plus précisément les Divisions Cuirassées).

ARLV39

ARL V-39

Dès avant septembre 1948, la France décide d’arrêter la fabrication pour se concentrer sur un canon automoteur à canon de 105mm sur châssis Renault R-40 (Somua S-45 pour les unités de l’ancienne cavalerie) en attendant d’utiliser celui du Renault G-1R.

De plus des projets de réutilisation des châssis disponibles ont été étudiés par l’Entrepôt de Réserve Générale du Matériel (ERGM) implanté à Gien dans le Loiret. Ces projets sont baptisés GPM (Gien Projet Militaire) et combinent un canon puissant sur un châssis de char déclassé par l’arrivée de blindés modernes.

Ces projets ont été initiés par le général Villeneuve et le ministre de l’Armement, Raoul Dautry pour anticiper sur une potentielle perte des industries du Nord-Est comme durant le premier conflit mondial.

Comme les blindés sont indispensables à la guerre moderne, il faut pouvoir anticiper et faire appel au «système D», domaine où les français ne sont pas les moins maladroits.

Dans le domaine des chasseurs de chars notons le projet GPM-1 d’un chassis de Renault R-35 avec un canon de 47mm SA modèle 1941 en superstructure, d’un GPM-3 combinant un chassis de Somua S-35 avec un canon de 75mm TAZ modèle 1939 en superstructure, d’un GPM-5 combinant un chassis d’AMX-42 avec un canon de 90mm Schneider modèle 1939 adapté à l’antichar.

Dans le domaine des canons d’assaut, notons le projet GPM-2 combinant le chassis de Renault R-35 avec un canon de 75mm en superstructure _plus simple à produire que les canons d’assaut Somua SA u 40 ou ARL V-39_ , le projet GPM-4 combinant un chassis de Hotchkiss H-39 avec un obusier de 105C modèle 1935B et enfin le projet GPM-6 combinant un chassis Renault G1 avec un canon de 155mm modèle 1946.

Tous ces projets n’existent qu’à deux ou trois exemplaires mais pourraient vite se multiplier en raison de la présence d’un nombre conséquent de chars déclassés ou stockés pour servir de volant de fonctionnement.

Après les premiers combats en France, le front se stabilise sur la Seine, entraînant la perte d’une partie de la capacité industrielle du pays. Néanmoins avec la politique de déconcentration et de décentralisation industrielle ainsi que l’évacuation de certaines usines au sud de la Loire, la perte est limitée.

Les projets GPM sont-ils destinés à ne faire qu’ultérieurement les délices des historiens ? Non puisque certains vont être produits en série pour la France mais aussi pour la Belgique qui cherche un canon d’assaut pour améliorer la puissance de feu de ces divisions d’infanterie.

Une délégation militaire belge visite ainsi l’ERGM de Gien et assiste à la démonstration des différents véhicules des projets GPM. Elle s’intéresse surtout aux canons d’assaut puisque pour les chasseurs de chars, la Belgique à déjà choisit le Hellcat américain.

Le GPM-2 est vite écarté et l’hésitation est importante entre le GPM-4 et le GPM-6. Finalement la Belgique choisit le GPM-4 en ayant l’assurance que ces véhicules seront vite disponibles en raison de l’abondance du nombre de véhicules.

Le 17 mai 1950, le GPM-4 est adopté par la Belgique sous la désignation de Canon d’assaut modèle 1950. Chaque bataillon disposant de 51 véhicules, la Belgique va recevoir rien que pour ces unités de première ligne 153 véhicules, la France elle choisissant un autre véhicule en combinant le châssis du Renault G-1 avec un obusier de 105C modèle 1935B.

Le canon d’assaut modèle 1950 était un véhicule à la conception soignée. Sur le châssis renforcé du H-39, la caisse d’origine et la tourelle ont fait place à une superstructure très enveloppante abritant un obusier de 105mm à l’avant droit, le pilote se trouvant à gauche. Juste en arrière on trouve le compartiment de combat plutôt confortable pour les trois hommes y opérant avec le chef de char situé derrière le pilote, le tireur et le pourvoyeur se trouvant naturellement derrière le canon.

Les belges reçoivent leurs premiers véhicules à l’automne 1950. Ils ont donc tout le temps pour le prendre en main et ainsi essuyer les plâtres de ces véhicules d’occasion. Quelques problèmes sont relevés mais vite résolus.

Les canons d’assaut modèle 1950 vont assurer l’appui-feu des troupes belges, l’obusier de 105mm se montrant efficace pour détruire blockhaus et maisons dans des combats particulièrement violents.

C’est cependant clairement un véhicule amené à vite disparaître des rangs de l’armée belge et c’est effectivement ce qui se passe puisque le canon d’assaut modèle 1950 est retiré du service dès 1957, la plupart des véhicules feraillés.

Caractéristiques Techniques du Canon d’assaut modèle 1950

Poids total : 15.8 tonnes

Dimensions : longueur totale 4.40m largeur totale 1.85m hauteur totale : 2.50m

Motorisation : un moteur Hotchkiss 6 cylindres de 120ch à 2800 tours/minute

Vitesse maximale : 30 km/h Pente : 75% sur sol dur Autonomie : environ 130km (réservoir de 207 litres)

Blindage : 40mm maximum

Armement : un obusier de 105C modèle 1935B en superstructure avec 32 obus, une mitrailleuse de 7.65mm pour l’autodéfense

Equipage : un pilote, un chef de char, un tireur et un pourvoyeur

M-7 Priest

M-7 Priest 65

-Pour équiper le régiment d’artillerie de la Division Cuirassée, la Belgique choisit le 105mm Howitzer Motor Carriage M-7 «Priest» surnommé «Priest» en raison de la forme du tourelleau du mitrailleur qui ressemble à la chaire d’un prêtre.

L’obusier automoteur américain est issue d’une longue période de réflexions, réflexion qui allait aboutir au choix d’un châssis chenillé qui permet à l’obusier de suivre les chars pour assurer leur appui-rapproché mais également pour réaliser des tirs d’interdiction pour empêcher l’arrivée de renforts ennemis.

Un temps on semble vouloir créer un châssis chenillé avant de finalement choisir celui du char moyen M-3 qui est renforcé pour permettre d’encaisser le recul de l’obusier de 105mm.

On débat sur la position de l’obusier. On envisage d’abord une installation en coque pour obtenir le véhicule le plus pas possible puis en tourelle alors qu’une troisième école préconise la construction d’une superstructure au dessus de la coque du char. C’est cette troisième école qui triomphe des deux autres et donne naissance au M-7.

Six prototypes sont commandés en mars 1945 et intensivement testés pour permettre son acceptation en janvier 1946. les américains vont équiper les trois divisions de cavalerie et les seize divisions blindées regroupant au total soixante-seize groupes équipés de M-7 Priest soit un total de 912 pièces auxquelles il faut ajouter 432 M7 de la «Réserve Générale» soit un total de 1344 automoteurs.

Prévoyant des pertes élevées, les américains vont commander pas moins de 5700 M7 Priest produits en trois variantes, la M-7A1 produite à 2100 exemplaires, la M-7A2 produite à 1800 exemplaires et la M-7A3 produite à 1800 exemplaires également.

Outre les Etats-Unis, cet automoteur à été utilisé par la Grande-Bretagne (qui allait le remplacer rapidement par le Sexton), la France, la Belgique, les Pays-Bas, la Pologne et la Tchécoslovaquie, la Norvège,le Danemark, le Brésil, l’Argentine, le Mexique, la Chine, l’Inde, l’Australie et la Nouvelle-Zélande.

Sexton (25 Pdr SPG)

Sexton

Une fois le conflit terminé, le M7 Priest à été rapidement remplacé par de nouvelles pièces automotrices de 105 et de 155mm. Les unités de Réserve et de la Garde Nationale l’ont utilisé jusqu’au milieu des années soixante.

Comme dans beaucoup d’autres moments, des pays ont profité des surplus américains pour s’équiper en canons automoteurs à un prix défiant toute concurrence soit pour renouveler leur parc ou pour reconstituer leurs forces.

C’est ainsi que des M7 Priest ont été cédés au Portugal, à l’Espagne, à l’Italie, à l’Allemagne, à la Yougoslavie, à la Grèce, à la Turquie, à l’Iran, à la Thaïlande, à la Birmanie et au Japon.

Il n’y à pas eu de variantes dédiées du M7. Certains Priest ont perdu leur canon pour servir de ravitailleur d’artillerie, de dépanneur, de véhicule de dépannage ou de transport de troupes mais il s’agissait d’improvisations sur le terrain et non de variantes mises au point à l’arrière et bénéficiant donc d’une appellation officielle.

Le régiment d’artillerie de la division cuirassée était organisé en un état-major, un groupe de commandement et de soutien, trois groupes de tir et un groupe de reconnaissance équipé d’autos blindées M-8 Greyhound.

M-8 Greyhound 30

M-8 Greyhound

 

Les trois groupes de tir disposent d’une batterie de commandement et de soutien et de trois batteries de six canons automoteurs soit un total de cinquante-quatre Priest pour l’ensemble du régiment.

Ces automoteurs vont être employés pour l’appui-feu des chars de combat, pour effectuer un tir de barrage, pour opérer des tirs de contre-batterie. Il y eu également des cas où les Priest ont effectué des tirs directs à hausse 0° contre des bâtiments voir pour bloquer une brusque irruption de fantassins ou de chars allemands.

Les M-7 Priest belges ont été remplacés en 1959 par un canon automoteur de 155mm d’un nouveau modèle.

Caractéristiques Techniques du 105mm Howitzer Motor Carriage M7

Type : obusier automoteur

Poids : à vide 19.4 tonnes en ordre de route 21.1 tonnes

Dimensions : longueur 5.7m largeur 2.7m hauteur (sans mitrailleuses) 2.5m

Motorisation : un moteur en étoile Wright R975C1 de 400ch

Performances : vitesse maximum 40 km/h rayon d’action 230km

Blindage : 51mm à l’avant

Armement : un obusier de 105mm avec 57 coups dans le véhicule. Une remorque M8 permet d’embarquer 42 coups supplémentaires. Une mitrailleuse de 12.7mm Browning M2HB avec 300 coups assure la défense rapprochée.

Equipage : sept hommes

22-Armée de terre : armement et matériel (28)

FCM-42 et 44

A l’origine, le FCM-36…..

Char léger modèle 1936FCM dit FCM-36

Char léger modèle 1936FCM dit FCM-36

Les Forges et Chantiers de la Méditerranée (FCM) est une entreprise créée en 1853, spécialisée à l’origine dans la construction navale et militaire. Au cours du premier conflit mondial, elle fabriqua même des chars d’assaut comme le FCM 1A (resté à l’état de prototype) ou le FCM 2C produit à douze exemplaires en raison de la fin du conflit.

La firme dont le chantier historique était installée à La Seyne sur Mer poursuivit la mise au point de chars d’assaut, semblant de se spécialiser dans les chars très lourds, de véritables cuirassés terrestres ce qui tout sauf étonnant pour un chantier ayant construit le Paris,le quatrième navire de classe Courbet.

Il participa ainsi à la combinaison industrielle née des «accords Estienne» destiné à produire un char de bataille à 1000 exemplaires, un char à canon puissant en caisse, le futur B1. Cette combinaison industrielle qui mêlait Renault, Schneider, Saint Chamond, Delaunay-Belville et donc les FCM rappelait celle du Renault FT sauf que le dessin du char lourd appartenait à l’état.

Néanmoins, ce n’est pas ça qui pouvait faire vivre le constructeur car au grand dam du général Estienne, les plus gros besoins de l’armée concernaient le char léger qui à défaut de surclasser l’ennemi par sa masse, pouvait le submerger par le nombre.

Un programme pour un char léger de six tonnes est lancé le 2 août 1933 et modifié en mai 1934, programme destiné à remplacer le Renault FT si possible selon  un ratio de un pour un.

Le char produit par les Forges et Chantiers de la Méditerranée se distingue des autres modèles par des solutions techniques audacieuses notamment un blindage laminé-soudé (ce qui le rend étanche aux gaz de combat) et un moteur diesel lui donnant une autonomie remarquable de 16 heures.

Quand à l’armement, il est identique aux autres chars en l’occurence le canon de 37mm SA modèle 1918 hérité du Renault FT, bien adapté au soutien de l’infanterie mais beaucoup moins au combat antichar.

Ce char est produit à seulement 100 exemplaires, la construction de 200 exemplaires supplémentaires étant abandonné au moment de la guerre de Pologne pour permettre  aux FCM de se concentrer sur la sortie massive du B1bis et rationaliser à la fois la production de guerre et le parc de chars légers.

Du char de 20 tonnes au FCM-42

Au début des années trente, la motorisation des divisions d’infanterie est à l’ordre du jour et pour assurer leur sûreté, émerge le besoin d’un char rapide, puissant et très mobile en tout terrain, un portrait robot qui colle parfaitement au Somua S-35 qu’aurait pu adopter l’infanterie si elle n’avait pas émis des réserve sur la capacité à franchir les obstacles en tout-terrain d’un train de roulement conçu pour aller vite sur tout.

Un projet de char moyen d’infanterie de 20 tonnes est officiellement lancé le 16 décembre 1935 dont une partie des spécifications est clairement calqué sur le S-35. De nombreux constructeurs vont proposer leurs projets dont les FCM.

Après de multiples péripéties (que nous verrons dans la partie idoine), on aboutit à un char à double armement, un canon de 75 en casemate et un canon de 47mm en tourelle.

Le projet est une reprise du FCM-36, un modèle 1936 plus gros et ayant résolu un certain nombre de soucis constatés par les utilisateurs du modèle 1936 notamment le bourrage de terre pouvant gêner l’avancée de la chenille ainsi que des vitesses et des embrayages délicats.

Le 1er février 1938, la direction de l’arme des chars de l’infanterie modifie officiellement l’appel d’offres en portant la masse maximale à 35 tonnes, entérinant l’impossibilité d’installer un armement type char B dans un char d’une masse maximale de 20 tonnes.

Les FCM vont cependant abandonner ce projet en février 1938 pour se concentrer sur le futur char de forteresse FCM F1, semblant revenir à ses premières amours, les chars très lourds, les cuirassés terrestres même si sa tourelle F1 à canon de 75mm continuera à être développé pour les chars encore en course.

Il semblait dit que les Forges et Chantiers de la Méditerranée n’avaient fait qu’une courte incursion dans le domaine des chars légers avec le FCM-36 mais l’histoire allait faire mentir cette prédiction.

En effet comme nous l’avons vu, en juin 1941 est lancé un  programme pour un char léger de nouvelle génération. Le bureau d’études de la firme de la Seyne part de plus loin que l’AMX qui bénéficiait de l’expérience AMX-40 mais le FCM-36 était suffisamment mature avec les modifications apportés au sein des 4ème et 7ème BCC pour obtenir une bonne base d’étude.

Le nouveau char s’inspire fortement du FCM-36 reprenant le design général avec une nouvelle suspension librement inspirée du système Christie, une caisse élargie et allongée, un moteur plus puissant et une tourelle biplace (ou triplace au choix) avec un canon de 47mm SA modèle 1935 ou SA modèle 1937 et une mitrailleuse coaxiale MAC modèle 1931 plus une mitrailleuse antiaérienne MAC modèle 1934.

Le prototype est présenté en janvier 1942 et testé intensivement par la commission qui décide de l’adopter sous le nom de char léger modèle 1942 FCM avec la tourelle biplace et comme pour l’AMX-42, il est prévu une version «améliorée» baptisée FCM-44 (officiellement char léger modèle 1944 FCM) avec une tourelle triplace soit quatre hommes d’équipage au lieu de trois.

Unités équipées du FCM-42

Sélectionné en deuxième position derrière l’AMX-42, le FCM-42 va être commandé en moins grand nombre que son concurrent pour équiper des Bataillons de Chars de Combat, les régiments de découverte et les groupes de reconnaissance des Divisions Cuirassées ainsi que neuf GRDI.

Face à ces commandes massives et surtout l’urgence des livraisons, les FCM outre leurs usines de la Seyne sur Mer et du Havre _deux usines contigües à leurs chantiers navals_ vont sous-traiter la fabrication de gros éléments à des entreprises de mécanique de l’ouest de la France. Cela explique que les FCM seront capable de sortir une moyenne de 28 chars par mois avec parfois des piques à 32/36, une cadence digne d’une mobilisation du temps de guerre.

Le char léger modèle 1942 FCM va d’abord équiper les GRDI, les livraisons commençant dès septembre 1942, une industrialisation menée tambour battant, montrant l’amélioration des capacités de l’industrie de l’armement de notre pays.

Le 1ère GRDI reçoit ses vingt chars en octobre 1942, le 4ème GRDI est livré en novembre 1942, le 6ème GRDI en janvier 1943, le 16ème GRDI en février 1943, le 20ème GRDI en mars 1943, le 25ème GRDI en mai 1943, le 27ème GRDI en juin 1943, le 37ème GRDI en septembre 1943 et enfin le 39ème GRDI en octobre 1943 soit un total de 180 chars équipant ces neuf groupements.

Le 24ème BCC est l’unité suivante à être rééquipée, recevant ses 45 chars entre mars et mai 1944, suivit non pas par d’autres BCC mais par des unités des Divisions Cuirassées, les régiments de découverte et les groupes de reconnaissance.

La 1ère DC reçoit ses soixante et onze chars entre juin et septembre 1944, la 3ème DC reçoit ses FCM-42 entre octobre 1944 et janvier 1945 et la 5ème DC entre février et mai 1945 soit un total de 213 chars en ligne au sein des trois unités.

Enfin, quatre autres Bataillons de Chars de Combat vont recevoir ce blindé, le 9ème BCC recevant ses chars entre septembre et novembre 1945, le 10ème BCC est équipé entre mars et mai 1946 et enfin les 4ème et 7ème BCC reçoivent leurs nouveaux chars entre mars et juin 1948 pour le premier et en juillet et août 1948 pour le second.

Le total de chars en ligne atteint le chiffre respectable de 618 exemplaires auxquels s’ajoutent 124 chars en réserve, utilisés comme volant de fonctionnement, pour des tests ou pour l’écolage. La production se poursuit parallèlement au FCM-44, le modèle 1942 sortant de l’usine du Havre et le modèle 1944 de l’usine de la Seyne sur Mer tandis qu’une troisième chaine installée à La Ciotat doit entrer en fonction au printemps 1949.

Au total quand éclate la seconde guerre mondiale, on trouve 618 chars en ligne et 210 chars en réserve qui vont être utilisés pour la mise sur pied de quatre bataillons de mobilisation en l’occurence les 18ème, 32ème, 34ème et 38ème BCC soit 180 chars en ligne en plus portant le total à 798 chars en ligne et seulement 12 en réserve pour l’instruction notamment.

Caractéristiques Techniques du char léger modèle 1942 FCM

Poids total : 16 tonnes

Dimensions : Longueur totale 5.20m  Largeur totale 2.75m Hauteur totale 2.30m

Motorisation : un moteur diesel Aster 4 cylindres développant 190ch Boite à quatre vitesses et une marche arrière

Vitesse maximale : 45 km/h  Pente : 80%  Autonomie : 235km  

Blindage : 60mm maximum 20mm minimum

Armement : un canon de 47mm modèle 1937 en tourelle biplace, canon alimenté à 180 obus et deux mitrailleuses de 7.5mm (MAC 31 coaxiale et MAC 34 antiaérienne) avec 4000 cartouches pour les deux

Equipage : mécanicien pilote en caisse, un chef de char tireur et un pourvoyeur en tourelle

Unités équipées du FCM-44

Comme l’AMX-44 est la version améliorée de l’AMX-42 ou plutôt une version à tourelle triplace, le  char léger modèle 1944 FCM est une version à tourelle triplace du FCM-42 qui lui dispose d’une tourelle biplace.

Le FCM-44 est officiellement adopté en mars 1944 et sa production démarre aussitôt pour équiper trois DLM (1ère, 3ème et 5ème en attendant la 7ème créée seulement en septembre 1947) à raison de vingt-six blindés pour les groupes de reconnaissance (deux fois treize) et pour les dragons portés à savoir soixante-trois blindés par régiment soit cent-vingt pour la division et cent cinquante deux pour la division.

La 1ère DLM reçoit ses blindés entre avril 1944 et février 1945, la 3ème DLM reçoit ses FCM-44 entre mars 1945 et janvier 1946, la 5ème DLM reçoit ses blindés entre février 1946 et avril 1947 avant que la 7ème DLM ne boucle la boucle recevant ses blindés entre octobre 1947 et août 1948, juste à temps pour le déclenchement du second conflit mondial.

Outre les 608 chars en ligne, on trouve 120 en stock pour remplacer les véhicules détruits, armer de nouvelles unités et servir à l’écolage. 96 chars supplémentaires produits en octobre et novembre 1948 sont envoyés en Indochine pour équiper le 1er régiment de dragons portés coloniaux de la 2ème DLC soit 63 chars en ligne et 33 en réserve de fonctionnement.

Caractéristiques Techniques du char léger modèle 1944 FCM

Poids total : 16.4 tonnes

Dimensions : Longueur totale 5.20m  Largeur totale 2.75m Hauteur totale 2.30m

Motorisation : un moteur diesel Aster 4 cylindres dévellopant 190ch Boite à quatre vitesses et une marche arrière

Vitesse maximale : 40 km/h  Pente : 80%  Autonomie : 230km  

Blindage : 60mm maximum 20mm minimum

Armement : un canon de 47mm modèle 1937 en tourelle  triplace, canon alimenté à 180 obus et deux mitrailleuses de 7.5mm (MAC 31 coaxiale et MAC 34 antiaérienne) avec 4000 cartouches pour les deux

Equipage : mécanicien pilote en caisse, un chef de char, un tireur et un pourvoyeur en tourelle

Les prototypes et les constructions limitées

Outre les différents chars légers que nous venons de voir, il à existé des chars restés à l’état de prototype à la fois parce que les budgets n’ont pas suivis, parce que les priorités ont changé, parce qu’ils n’étaient pas techniquement au point ou tout simplement parce que c’était leur destin puisqu’une politique de prototypes à été lancée en 1946 pour préparer le futur au delà des véhicules en production et des véhicules dont l’industrialisation était en cours.

Les prototypes (1918-1946)

On trouve d’abord les avatars du Renault FT, les trois modèles NC destinés à améliorer la mobilité stratégique du «char de la victoire». Ces essais n’ont donc pas aboutit à une production en série comme nous l’avons vu dans l’introduction sur le char D1 qui descendait en droite ligne du FT.

Pour rappel citons le Renault NC-1 produit à trois exemplaire pour la France,, le Renault NC 2 produit à un unique exemplaire  et remis ensuite sur chenilles NC et le Renault NC 3 produit à un exemplaire pour la Suède, un pour la Pologne et vingt-trois pour Japon.

Plus important à été le Renault FT à chenilles Kergresse. Vingt-trois exemplaires ont été modifiés en 1924 dont très engagés au Maroc dans la guerre du Rif suivis en 1928 de six autres avec des chenilles métalo-plastique et même d’un moteur diesel.

En 1926, le programme de construction de chars définit cinq types, un char lourd de 70 tonnes, le char de bataille _futur B1bis_, le char léger _futur D1 issu en ligne directe du Renault FT_, un char léger à roues et un char colonial.

Renault propose son Renault VA qui reçoit la dénomination officielle de D3. Le prototype réalisé en acier doux est une version allégée du char puissant Renault D2 avec un poids de 12 tonnes, un blindage limité à 20mm et une vitesse espérée de 30 à 35 km/h.

Le prototype présenté le 30 avril 1932 ne débouche pas sur la production du série en raison de nombreuses déficiences. Il servira de base à un canon d’assaut de 75mm auquel il transmit ses tares puisque lui non plus ne dépassa le stade du prototype.

De ce projet D3 aboutira si l’on peut dire un projet de char rapide pour l’exportation, deux projets en réalité mais un même nom de code _Renault VO_ .

Le premier aurait été une version du D3 avec 14 galets au lieu de seize, un blindage de 16mm pour un poids de 9 tonne avec une tourelle armée de mitrailleuses. Le second aurait été une adaptation de la chenillette de reconnaissance Renault YR à six galets, ces deux projets n’ont pas dépassé le stade de la planche à dessin.

Le lancement le 2 août 1933 d’un programme pour un char léger de 6 tonnes destiné à remplacer le Renault FT à entrainé comme on l’à vu l’adoption du Renault R-35, du FCM-36 et du Hotchkiss H-35.

D’autres constructeurs ont tenté leur chance mais sans succès : Batignolles-Châtillon, Delaunay-Belville (pas construit) et APX, classé hors concours car matériel d’Etat même si sa tourelle sera utilisée sur le R-35 et le H-35.

Dans le cadre du programme AMR qui vit le choix du modèle Renault VM puis de sa variante améliorée Renault ZT, la firme Citroën proposa sa P103 dans l’espoir de concurrencer Billancourt mais le quai de Javel n’obtint pas le succès escompté et le constructeur abandonna aux limbes son projet qui n’apportait semble-t-il pas de progrès par rapport aux AMR 33 et 35.

On trouve également à la fin des années trente, un projet de char léger proposé par AMX, l’AMX-38 et l’AMX-39 _deux variantes d’un même projet_ et qui comme l’AMX-40 allaient servir de démonstrateur technologique pour le Somua S-45 qui triompha du Renault DAC-1 qui avait lui même été préféré aux deux projets AMX.

Là encore, il s’agit de l’oeuvre de l’Ingénieur Général de l’Armement Joseph Molinié, le brillant chef du bureau d’étude de l’Atelier d’Issy les Moulineaux issu de la nationalisation de l’atelier de montagne de chars de combat et de chenillettes de Renault.

Alors que l’atelier est chargé de la production entre-autres du R-35, le bureau d’études est chargé d’étudier l’amélioration de leurs performances en tout-terrain ce qui aboutit au R-40 qui succède au modèle 1935 sur les chaines de montage.

Les ambitions du jeune atelier ne s’arrête pas à l’amélioration. Il souhaite produire ses propres chars légers et concurrencer voir à terme supplanter les manufacturiers privés. Le prototype n°1 ou AMX-38 présenté au printemps 1939 donne ainsi un char d’un poids semblable à celui du FCM-36, propulsé par un moteur diesel avec pour armement un canon de 37mm SA modèle 1938.

Le prototype AMX-39

Le prototype AMX-39

Ce premier projet n’est qu’un galop d’essais puis-qu’aussitôt est mis en chantier un prototype n°2 baptisé AMX-39 plus lourd, mieux protégé et mieux armé avec un canon de 47mm SA modèle 1935 (identique à celui du S-35).

Ce prototype présenté au printemps 1940 ne débouchera par sur une commande série à la fois car il avait été décidé de privilégier la production de chars existants et que le Renault DAC-1 appelé parfois Somua de Billancourt lui fût préféré dans le but non plus de mettre au point un nouveau char léger mais un char moyen appelé à terme à remplacer le S-35 et le S-40 mais comme nous le verrons ultérieurement, ce ne sera pas le cas.

Dans le domaine des prototypes citons également le domaine particulier des chars amphibies dont le premier exemplaire en France est sans surprise un Renault FT modifié à cet effet mais sans tourelle testé sur la Seine le 15 janvier 1919.

C’est ensuite la firme Batignolles-Châtillons qui se lance dans la production d’une automitrailleuse amphibie destinée à la cavalerie qui souhaite disposer pour ses avant garde d’un véhicule capable de franchir les coupures humides et de combattre aussitôt.

Le premier modèle baptisé DP-2 est un échec mais au printemps 1940, les essais d’une DP-3 armée d’un canon de 25mm et d’une mitrailleuse de 7.5mm est satisfaisante.

Néanmoins dans l’immédiat, le dévellopement n’est pas poursuivit, l’armée souhaitant donner la priorité à la construction des véhicules existants et ceux en dévellopement dans des domaines d’utilisation plus communs.

Il faudra donc attendre la relance d’une politique de prototypes décidée par le général Villeneuve en mars 1946 pour le projet d’un véhicule de combat amphibie devienne plus prégnant, plus palpable.

Les prototypes (1946-1948)

En mars 1946, alors que l’industrie française produit des quantités considérables de chars de combat (jusqu’à 30 par mois pour certains blindés), le général Villeneuve se préoccupe de garder une longueur d’avance sur l’Allemagne en prévoyant le coup d’après.

Des chars légers amphibies sont ainsi mis au point par l’entreprise Batignolles-Châtillon qui avait mis au point les DP2 et DP3 qui étaient plus des automitrailleuses que de véritables chars.

La firme installée dans la région parisienne met au point un char léger amphibie DP-4, un char de 15 tonnes disposant d’un canon de 47mm SA modèle 1935 et d’une mitrailleuse avec un équipage de trois hommes.

Six prototypes sortent entre septembre et novembre 1946 avant une petite série de douze véhicules au printemps 1948, le tout formant un escadron amphibie indépendant de dix huit chars déployés en Alsace en cas d’assaut sur le Rhin.

Des projets de chasseurs de chars sont également mis au point. Se rappelant du premier conflit mondial et la perte des industries du Nord, le général Villeneuve veut pouvoir construire rapidement des «chars», des véhicules de combat dans des entreprises peu ou pas habituées à produire du matériel militaire.

La production de char étant difficile avec la tourelle, l’idée est de produire des chassis chenillés sur lesquels ont installerait des canons d’un calibre suffisant pour appuyer l’infanterie ou pour combattre les chars.

Plusieurs projets sont mis au point par l’Entrepôt de Réserve Général du Matériel de Gien (Loiret) pour être produit rapidement. Ces projets sont baptisés GPM (Gien Projet Militaire) suivit d’un numéro.

Dans le domaine des chasseurs de chars notons le projet GPM 1 d’un chassis de Renault R-35 avec un canon de 47mm SA modèle 1941 en superstructure, d’un GPM 3 combinant un chassis de Somua S-35 avec un canon de 75mm TAZ modèle 1939 en superstructure, d’un GPM 5 combinant un chassis d’AMX-42 avec un canon de 90mm modèle 1939 adapté à l’antichar.

Dans le domaine des canons d’assaut, notons le projet GPM 2 combinant le chassis de Renault R-35 avec un canon de 75mm en superstructure _plus simple à produire que les canons d’assaut Somua SA u 40 ou ARL V-39_ , le projet GPM 4 combinant un chassis de Hotchkiss H-39 avec un obusier de 105C modèle 1935B et enfin le projet GPM 6 combinant un chassis Renault G1 avec un canon de 155mm modèle 1946.

Tous ces projets n’existent qu’à deux ou trois exemplaires mais pourraient vite se multiplier en raison de la présence d’un nombre conséquent de chars déclassés ou stockés pour servir de volant de fonctionnement.

Deux projets de chars coloniaux ou tropicaux sont envisagés pour combattre en Afrique Noire ou en Asie du Sud-Est face à des adversaires _Italie et Japon_ ne disposant pas de chars puissants.

Un projet dérivé du H-39 voit le montage d’une tourelle pouvant combiner soit d’un canon de 47mm et d’une mitrailleuse de 7.5mm ou d’un canon de 25mm et d’une mitrailleuse voir de deux mitrailleuses.

Le second reprend pour base le chassis de l’AMX-44 avec une tourelle à canon de 25mm et une mitrailleuse de 7.5mm. Deux prototypes de chaque modèle sont réalisés mais sans qu’une réalisation en série soit envisagée.

Des versions austere des AMX-44 et FCM-44 sont étudiés pour l’export mais la guerre ayant éclaté entre-temps, ces études n’ont pas dépassé le stade de la planche à dessin.

Des démonstrateurs technologiques sont également mis au point notamment le char léger AMX-46 qui combine un moteur diesel turbo, des chenilles souples, une suspension hydropneumatique, un blindage incliné laminé-soudé de nouvelle génération et une tourelle fabriquée en aluminium avec un canon de 47mm SA modèle 1946 à haute vitesse initiale.

La production en série de l’AMX-46 n’est pas prévue mais doit permettre de développer des briques technologiques pour améliorer les chars existants ou développer de nouveau même si l’idée de nouveaux chars légers va paraître de moins crédible au fur et à mesure que la guerre va se prolonger.

Et comme parallèlement, l’augmentation du poids des chars fait craindre la mise au point de monstres patauds peu efficients, une idée révolutionnaire émerge : celle d’un char polyvalent appelé dans la langue de Shakespeare Main Battle Tank (MBT) et traduit dans celle de Molière comme Char Principal de Combat (CPC). Une idée qui serait parue farfelue quelques années plus tôt mais entre l’acceptation et la production…. .