Pologne et Pays Neutres (115) Turquie (5)

Les grands personnages de l’histoire turque

Skanderbeg (Georges Castriote dit) (Croia 6 mai 1405 Lezhe 17 janvier 1468)

Seigneur albanais, il est un héros national de l’Albanie pour sa résistance à l’empire ottoman. Son père devant payer un tribu aux ottomans et livrer ses fils en otage. En 1413, Georges et ses trois frères sont envoyés à la cour de Mehmet 1er. Il suit les cours de l’Ecole Militaire avec le futur Mourad II. Il s’illustre à la tête des armées ottomanes contres les byzantins, les perses et les syriens.

A la mort de son père Georges Castriote pense lui succéder mais le sultan préfère nommer un gouverneur à Croia. Il déclare son indépendance le 28 novembre 1443 hissant son drapeau rouge à aigle noir.

Surnommé Iskander Bey («Roi Alexandre» en référence à Alexandre le Grand) par les ottomans il forme la ligue de Lezhe en 1444, l’emportant à Touvioll le 29 juin 1444. Il repousse les armées de Mehmet II en 1450, 1466 et 1467. Il meurt en 1468 et ces successeurs vont résister jusqu’en 1480.

Mehmed II Fatih (Edirne 30 mars 1432 Gebze 3 mai 1481)

Septième sultan ottoman, il règne d’août 1444 à septembre 1446 et du 3 février 1451 au 3 mai 1481. 4ème fils de Mourad II, il prend le titre de Kaiser-i Rum (empereur des romains) après la prise de Constantinople le 29 mai 1453.

Prince cultivé, il est donc rentré dans l’histoire comme le conquérant de Constantinople ce qui lui vaut le surnom de fatih (victorieux). Ayant eut sept épouses, il eut une fille et quatre fils.

Son premier règne est agité ce qui oblige Mourad II à reprendre le pouvoir et à le conserver jusqu’à sa mort. Au printemps 1948 il participe à une campagne contre Skanderbeg.

Son deuxième avènement se fait dans un climat peu sur et peu serein. Il inaugure le don de joyeux avènement aux janissaires ce qui allait transformer ces soldats d’élite en unité politique sur le modèle des prétoriens romains. Il renouvèle les traités de paix avec Venise et la Hongrie. Dès le début il veut s’emparer de Constantinople. Il va ensuite conquérir la Serbie et la Bosnie.

Il échoue à conquérir l’Albanie en 1466 et 1467 en raison de la résistance de Skanderbeg. Ce dernier meurt de maladie en 1468 mais ses partisans vont tenir jusqu’en 1480.

En 1459/60, il conquiert le despotat de Morée puis l’empire de Trebizonde. En 1475 ses armées s’emparent des colonies génoises de Crimée. Il s’empare d’Otrante le 12 août 1480, la prise de cette ville stratégique entrainant le massacre de 12000 personnes.

Il meurt dans une campagne vers l’Orient vraisemblablement empoisonné.

Soliman le Magnifique (Trebizonde 6 novembre 1494 Szigetivar 6 septembre 1566)

Dixième sultan ottoman du 30 septembre 1520 au 6 septembre 1566, son règne marque l’apogée de la puissance ottomane, la Sublime Porte connait un âge d’or tant sur le plan militaire que politique, culturel ou économique.

Rompant avec une tradition séculaire, il épouse une fille de son harem, la troublante Roxelane qui devint Hürrem Sultan. Son fils Selim II lui succède à sa mort.

Au cours de ces études à Constantinople, il se lit d’amitié avec Pazgali Ibrahim Pacha, un esclave qui devint son plus proche conseiller.

Seul fils survivant il n’eut pas à s’imposer et à éliminer ses frères (l’empire ottoman n’à jamais mis en place de règle de succession claire). Il se lance dans une série de conquêtes en Europe après avoir réprimé la révolte du gouverneur ottoman de Damas (1521).

Il s’empare de Belgrade en août 1521 faisant mieux que son arrière grand-père Mehmet II qui avait échoué à prendre la capitale serbe. Il s’empare de Rhodes mais autorise les chevaliers à rallier Malte.

En Europe centrale les ottomans écrasent l’armée hongroise à Mohacs le 29 août 1526, Louis II Jagellon roi de Hongrie est tué. Buda tombe en 1541 (elle sera reprise par les habsbourgs en 1686). Il échoue cependant à s’emparer de Vienne mais s’empare de la Moldavie.

Il combat la Perse en 1534 et en 1548/49. Un traité est signé en 1554, Soliman s’emparant de Bagdad, de la Mésopotamie, des embouchures du Tigre et de l’Euphrate ce qui lui donne un accès au Golfe Persique puis à l’Océan Indien. La marine ottomane en disputant aux portugais le contrôle. En 1564 il soutien le sultanat d’Aceh contre les lusitaniens.

En 1535 les troupes de Charles Quint défait les ottomans à Tunis. La guerre contre Venise reprend en 1536. C’est l’époque de l’alliance avec le Roi Très Chrétien François 1er. En 1538, le corsaire barbaresque Barberousse défait la marine espagnole à Preveza, les chrétiens devront attendre Lepante en 1571 pour prendre leur revanche. L’AFN devient ottomane et sert de base de piraterie. Il échoue à Malte lors d’un siège de plusieurs mois (18 mai au 8 septembre 1565).

Si en occident il est surtout connu comme le magnifique en Turquie il est surtout connu comme le législateur.

Mahmoud II (Palais de Topkapi, Constantinople 20 juillet 1784 Constantinople 1er juillet 1839)

Sultan et calife du 28 juillet 1808 au 1er juillet 1839, il reprend les réformes de Selim III, il lance l’ère des Tanzimat. Il supprime l’ordre des Janissaires en 1826 puis créé une nouvelle armée sur le modèle européen. Cela lui vaut le surnom de «Pierre le Grand de Turquie». Il perd cependant le contrôle de l’Egypte et de la Grèce.

Menacée par son démi-frère et prédécesseur Moustapha IV, il échappe e peu à l’assassinat ordonné par Moustapha IV à la différence de Selim III.

En juin 1826 Mahmoud créé le corps des eskinci qui doit remplacer les janissaires. Ces derniers se révoltent le 15 juin. Le corps des artilleurs bombarde les casernes, les survivants sont traqués et exécutés. L’élimination des janissaires est officiellement appelé Heureux événement. Il confie la modernisation de l’armée de terre aux prussiens et de la marine aux britanniques.

Abdülhamid II (Constantinople 21 septembre 1842 – 10 février 1918)

Trente-quatrième sultan ottoman et vingt-septième calife, il règne du 31 août 1876 au 27 avril 1909 et promulgue la première et seule constitution ottomane, constitution qu’il suspend dès 1878 après la désastreuse guerre contre les russes (guerre qui allait aboutir à l’indépendance de la Bulgarie).

Fils de Abdülmécid 1er de Tirinüjgan Kadinefendi, c’est un prince cultivé qui se rend en 1867 avec son oncle le sultan Abdulaziz à Paris, Londres et Vienne. Héritier de Mourad V, il le remplace car ce dernier est instable mentalement. A son avènement il est vu comme un libéral.

Très vite son règne prend un tournant autoritaire avec notamment le massacre d’arméniens et son opposition au mouvement sioniste. Il est d’ailleurs victime d’un attentat le 21 juillet 1905, attentat mené par l’anarchiste Edouard Joris, un belge au service des arméniens. Il y à 26 morts mais le sultan est indemne.

En juin 1908 l’armée se mutine à Salonique, mutinerie qui s’étend en Macédoine. Les troupes envoyées pour réprimer ce soulèvement fraternisent avec les révoltés. Sous pression il doit rétablir la constitution (24 juillet) mais perd tout pouvoir effectif. Il renoue avec ses mânes libérales entre abolissant l’espionnage et la censure, ordonne la libération des prisonniers politiques.

Après l’échec d’une contre-révolution monarchique en avril 1909 il est déployé et exilé à Salonique remplacé par son demi-frère Mehmed V. C’est le dernier souverain ottoman absolu, sa volonté de sauver l’empire ottoman se heurte à des problèmes qui semblent insolubles. En 1912 il est autorisé à revenir à Constantinople.

Mehmet VI (Constantinople 14 janvier 1861 San Remo 16 mai 1926)

36ème et dernier sultan ottoman (3 juillet 1918 au 1er novembre 1922), il est également calife de l’Islam. Il est prétendant au trône de Turquie du 19 novembre 1922 au 16 mai 1926.

Il succède à son frère Mehmet V dans un contexte trouble et signe l’armistice de Moudros le 30 octobre 1918. Il coopère avec les alliés et châtie les leaders Jeunes-turcs condamnés à mort par contumace, le parlement étant dissous le 22 décembre 1918.

Le 8 juillet 1919 il casse le grade de général de Mustapha Kemal. Il ordonne de ne plus lui obéir ce qui fait que deux pouvoirs concurrents se font face. De nouvelles élections sont organisées mais le 11 avril 1920 le sultan dissous l’assemblée. Le 23 avril, une Grande Assemblée Nationale est élue.

Une nouvelle armée est mise sur pied mais cette armée du calife se désintègre suite à la signature du traité de Sévres le 10 août 1920 qui fait perdre à Mehmet ses derniers soutiens.

Le sultanat est abolit le 1er novembre 1922. Le 17, Mehmet VI quitte Constantinople à bord du cuirassé HMS Malaya. Il se réfugie à Malte. Son cousin est élu au califat puis s’installe à San Remo en mai 1923. Il est enterré à Damas.

Djemal Pacha (Mytilène 6 mai 1872 Tbilissi 21 juillet 1922)

Militaire et homme politique ottoman, il est l’un des membres du triumvirat qui domine l’empire ottoman jusqu’à sa chute. Il dirige l’attaque ottomane contre le canal de Suez en 1915. Après cet échec il gouverne la Syrie ottomane.

Impliqué dans les génocides arméniens, assyriens et grec pontique, il s’exile en Afghanistan où il participe à la réorganisation de l’armée afghane. Il se rend ensuite en URSS où il est assassiné par les arméniens dans le cadre de l’opération Némésis.

Diplômé de l’école militaire de Kuleli en 1890 et de l’académie militaire de Constantinople en 1893, il rejoint les jeunes-turcs en 1905. En 1909 il est envoyé en Cilicie pour calmer le jeu après le massacre de 30000 arméniens, sinistre prologue du génocide. En 1911 il est gouverneur de Bagdad.

Il participe à la première guerre balkaniques avant de jouer un rôle majeur dans la révolution du 23 janvier 1913. Il est ministre de la Marine en 1914.

Il tente une alliance avec la France mais échoue. Les Trois Pachas décident de choisir le camp des Empires Centraux.

Ses relations avec les juifs sont ambigües et les nationalistes arabes connaissent le poids de sa férule au point qu’il est surnommé le boucher. A noter que sa responsabilité dans le génocide arménien est discutée par les historiens.

A la fin de la guerre il s’enfuit en Allemagne puis en Suisse. Condamné à mort par coutumace lors d’un procès qui à eu lieu du 28 avril au 5 juillet. Il est assassiné à Tbilissi par trois activistes arméniens.

Talaat Pacha (Kardjali 1er septembre 1874 Berlin 15 mars 1921)

Homme d’Etat ottoman, il termine grand vizir. C’est l’un des leaders du mouvement jeune-turc. C’est aussi le grand ordonnateur du génocide arménien. Condamné à mort par contumace, il est assassiné par des arméniens à Berlin.

Diplômé du collège d’Edirne, il est arrêté en 1893 mais relâché en 1895. Député après la révolution jeune-turque, il est ministre de l’Intérieur puis ministres des Postes. Depuis 1903 il est franc-maçon.

Ses positions politiques se radicalisent, il devient de plus en plus nationaliste et est favorable à l’idéologie panturquiste. Il forme le trio des Pachas qui domine la Turquie de 1908 à 1918.

Grand Vizir en 1917, il démissionne le 14 octobre 1918. Il est condamné à mort par contumace le 5 juillet 1919. Il est assassiné par Soghomon Tehlirian un rescapé du génocide arménien qui sera ensuite acquitté. Il est enterré à Berlin puis à Istanbul.

Mustapha Kemal Pacha (Salonique 19 mai 1881 Istanbul 10 novembre 1938)

Militaire et homme d’état turc, il est fondateur et premier président de la République de Turquie (29 octobre 1923 au 10 novembre 1938) après avoir été président de la Grande Assemblée Nationale de Turquie (24 avril 1920 au 29 octobre 1923). Il est premier ministre de Turquie du 3 mai 1920 au 21 janvier 1921).

Il suit des cours à l’école coranique puis à l’école laïque privée Sensi Efendi en 1886. Sa scolarité est turbulente et difficile. Il est diplômé du collège militaire de Salonique en 1896. Il est ensuite à l’Ecole des Cadets de Monastir où il hérite du surnom de Kemal (parfait) pour ses prouesses en maths. Il sort en 1899 2ème de sa promotion. Il entre le 13 mars 1899 à l’Ecole de Guerre d’Istanbul d’où il sort en 1902 avec le grade de lieutenant.

Diplômé de l’Académie Militaire le 11 janvier 1905, il s’inscrit dans le mouvement libéral et réformateur qui cherche à stopper le déclin de l’empire ottoman. Il créé un mouvement baptisé Patrie et Liberté. Il participe en spectateur à la Révolution Jeune-Turque car sceptique sur les chances de réussite du coup de force. Il est affecté à l’Etat-Major d’Istanbul en 1911.

Il participe à la guerre contre l’Italie dans la future Libye puis aux guerres balkaniques. Il s’illustre aux Dardanelles durant le premier conflit mondial («Je ne vous demande pas de combattre mais de mourir»).

Il aurait pu devenir Ministre de la Guerre mais Talaat Pacha devenu Grand Vizir met son veto car il n’à pas apprécié les critiques de Mustapha Kemal sur sa politique. Il dirige le 16ème CA puis la 2ème Armée dans le Caucase. Il est ensuite appelé en Syrie pour juguler l’avancée britannique mais le paludisme le met rapidement sur la touche. Il s’oppose à l’influence allemande.

De retour en Syrie en août 1918 il tente d’enrayer le déclin ottoman mais sans succès. Il décide d’abandonner la Syrie pour défendre l’Anatolie. Recevant le commandement de toutes les troupes ottomanes il refuse l’Armistice de Moudros mais il est au début très isolé.

Relevé par le Sultan le 8 juillet 1919, il organise un contre-pouvoir qui va peu à peu profiter de la dégradation de l’image du sultan. La signature du traité de Sèvres le 10 août 1920 est le point de bascule, l’armée du calife se désintègre très vite. Il repousse les arméniens, est soutenu par les soviétiques, Lenine et Trotski envoyant Frounze pour l’épauler. Les kurdes sont vite matés, la France, l’Italie et la Grande-Bretagne abandonnent vite le pays.

Les grecs s’obstinent ce qui aboutit à la guerre gréco-turque se terminant l’armistice de Mudanya le 11 octobre 1922, un triomphe turque et un désastre grec.

Il imprime très vite sa marque sur la Turquie avec une idéologie nationaliste, étatiste, laïque, la République Française servant de modèle. Un véritable culte de la personnalité se développe tout comme une lutte contre les minorités ethniques dans le but d’unifier le pays.

Très vite le régime devient très autoritaire avec un parti unique et une répression de toute forme d’opposition notamment suite au Complot de Smyrne en juillet 1926.

Il mène une politique de grands travaux financés sans capitaux étrangers pour éviter toute dépendance.

Il refuse tout antisémitisme en accueillant par exemple 150 universitaires juifs ayant perdu leur poste en Allemagne.

Le 24 novembre 1934 il reçoit le patronyme d’Atatürk «Turc ancètre» et «Turc père».

Il meurt le 10 novembre 1938 à 9.05 d’une cirrhose au palais de Dolmabahce. Il est enterré au musée ethnographique d’Ankara le 21 novembre 1938 puis au Antbakir.

Ismail Enver (Enver Pacha) (Constantinople 22 novembre 1881 – République soviétique populaire de Boukhara 4 août 1922)

Militaire et homme politique turc, c’est l’un des chefs de la Révolution Jeune-Turque. Ministre de la Guerre pendant le premier conflit mondial c’est l’un des instigateurs du génocide arménien.

Selon certaines sources il serait issu d’une famille gagaouze convertie à l’islam au 19ème siècle en Crimée. Il effectue une partie de ses études en Allemagne et ne tarde pas à choisir la carrière des armes.

Affecté en Macédoine en 1902 il rejoint les jeunes-turcs en 1906 et organise le soulèvement de juillet 1908. Il joue un rôle clé dans l’écrasement de la contre-révolution d’avril 1909. Attaché militaire à Berlin, il renforce les liens entre Berlin et Constantinople.

En 1911 il épouse Nadjré petite fille du sultan Abdulmejid et nièce du sultan Mehmed V. En 1911/12 il dirige la guérilla en Tripolitaine contre les italiens en utilisant son expérience dans la répression contre les maquisards grecs et bulgares.

Il participe aux guerres balkaniques reprenant la forteresse d’Andrinople (Edirne). Après le coup d’état de 1913, il fonde un triumvirat, le triumvirat des Trois Pachas avec Talaat Pacha et Djemal Pacha. Ils obtiennent les pleins pouvoirs ,dispersant le parlement, arrêtant les opposants dont certains sont pendus.

Nationaliste, il se fait le chantre du panturquisme qui souhaite regrouper tous les turcophones dans un seul état.

Son action durant le premier conflit mondial est plus contrastée avec des échecs en Egypte (offensive contre le canal de Suez) et dans le Caucase contre les russes. Il autorise Talaat Pacha à réaliser le génocide arménien.

Il démissionne et s’enfuit en Allemagne (2 novembre 1918). Il rejoint ensuite l’Asie centrale où il est d’abord allié des bolcheviks avant de les combattre. Il est tué le 4 août 1922 dans des circonstances peu claires.

Ismet Inonü (Smyrne 24 septembre 1884 Ankara 25 décembre 1973)

Militaire et homme politique turc, il est le Milli Sef (Chef national). Il poursuit d’abord l’autoritarisme de Mustapha Kemal avant de tenter une timide ouverture démocratique, ouverture fermée en 1947 et qui ne sera réouvert que par son successeur Celâl Bayar qui le remplace en mai 1950, le compagnon d’arme d’Ataturk ayant du démissionner pour raisons de santé.

Artilleur de formation, il intègre le mouvement Jeune-Turc en 1909, opérant au Yemen, dans les Balkans, en Palestine et contre les russes durant les derniers conflits de l’empire ottoman. Il participe à la guerre d’indépendance turque puis à la guerre gréco-turque .

Ministre des Affaires Etrangères en 1922, il dirige la délégation turque qui négocie le traité de Lausanne (1923). Il est premier ministre du 30 octobre 1923 au 8 novembre 1924 et du 4 mars 1925 au 25 octobre 1937.

Les relations avec Ataturk se dégradent rapidement, les idées d’Inonu étant jugées trop étatistes pour l’économie et trop passives sur le plan de la politique étrangère.

Elu à la mort d’Ataturk, il poursuit la politique autoritaire de créateur de la république turque mais se montre un peu plus souple probablement parce qu’il n’à pas le charisme de Mustapha Kemal.

Sur le plan de la politique étrangère il décide de maintenir la Turquie dans une position de neutralité, le souvenir de l’empire ottoman ayant sombré dans le premier conflit mondial étant dans tous les esprits. Les alliés comme l’Axe tentent d’amadouer la Turquie mais Ankara se contentant de prendre sans (trop) donner.

Démissionnant pour raisons de santé en mai 1950, il est mis en résidence surveillée suite au coup d’état de 1960 mais il n’est pas inquiété jusqu’à sa mort treize ans plus tard.

Pologne et Pays Neutres (112) Turquie (2)

CHRONOLOGIE

Chronologie générale

-1081 : mise en place du sultanat de Roum ayant pour capitale Nicée (1081-1097) puis Iconiun (1097-1307)

1299 : Naissance du beylicat ottoman, cette date correspondant à la prise de la ville de Mocadène (aujourd’hui Bilecik) par Osman 1er

-1307 : Fin du sultanat de Roum

1347 : Conquête de Gallipoli par les ottomans qui prennent ainsi pied en Europe

1363 : naissance du sultanat ottoman

1369 : Edirne (Andrinople) devient la capitale du sultanat ottoman en remplacement de la ville de Bursa

1403-1413 : Interrègne ottoman (Fetret Derri). Période de lutte dynastique entre les descendants de Bayazet 1er. Mehmed 1er finit par triompher sur ses frères

-1430 : Thessalonique tombe aux mains des ottomans

Mehmed II entrant à Constantinople

-1453 (29 mai) : Après cinquante trois jours de siège (6 avril au 29 mai) Constantinople tombe aux mains des ottomans. Mehmet II prend le titre de Kayser-i-Rûm (empereur romain).

1459 : Suite à la chute de Smederevo, la Serbie est annexée.

1461 : Chute de Trebizonde et fin de l’empire byzantin du même nom

1517 : Conquête de l’Egypte. Fin du sultanat mamelouk. Les sultans ottomans deviennent califes

1521 : Prise de Belgrade

Soliman le Magnifique

1566 : Mort de Soliman le Magnifique

1570 : Conquête de Chypre

1648-1656 : «Sultanat des femmes» période où les sultants jeunes et inexpérimentés gouvernent sous l’influence de leurs mère, le pouvoir du Harem Impérial est dominant.

1669 : Conquête de la Crète

1683 : Siège de Vienne. Les troupes ottomanes sont écrasées par l’armée de Jean III Sobieski et de Charles de Lorraine

1699 (26 janvier) : Traité de Karlowitz. Premier traité défavorable aux ottomans

1718 (21 juillet) : Traité de Passarowitz

1718 (21 juillet) : Début d’une ère de réformes appelée Ere des Tulipes. Elle prend fin le 28 septembre 1730.

1739 (18 septembre) : Traité de Belgrade. Les ottomans perdent Azov mais récupèrent Belgrade et d’autres territoires au détriment de l’Autriche.

1774 : Traité de Kutchuk-Kaïnardji

Janissaires

1807 : Révolte des janissaires. Destitution de Selim III remplacée par Mustafa IV. Selim III est assassiné en 1808

1826 (16 juin) : Le sultan Mahmoud II décide de supprimer le corps des janissaires. Sur 200000 hommes de ce corps jadis pilier de l’Empire, 120000 sont massacrés par l’armée régulière et la population civile.

1829 : l’empire ottoman reconnaît l’indépendance de la Grèce

1839 (3 novembre) : Edit de réforme. Début de l’époque de réforme dit époque du Tanzimat

1875 : La Grande-Bretagne prend le contrôle de l’administration de l’île de Chypre

1876 (23 novembre) : Première constitution. Elle est supprimée par le sultan Abdülhamid II deux ans plus tard

1878 : l’Autriche-Hongrie occupe la Bosnie-Herzégovine qu’elle annexera en 1908.

1882 : La Grande-Bretagne prend le contrôle de l’Egypte

1894-1896 : massacres hamidiens. C’est la «répétition» du génocide arménien de 1915/16. Les massacres sont menés par les kurdes. Ils cessent en octobre 1896 suite à la menace d’une intervention anglo-russe.

1908 (24 juillet) : Les Jeunes Turcs s’emparent du pouvoir pour tenter d’enrayer le déclin de la Sublime Porte

1909 (14 au 27 avril) : Massacres de Cilicie par des milices, des détenus de droit commun libérés et même des troupes régulières venues à l’origine pour mettre fin aux massacres

1909 (13 avril) : Tentative de contre-révolution contre les Jeunes Turcs. La garnison de Constantinople se soulève. Les troupes venues de Macédoine écrasent la rébellion dans le sang, pénétrant dans la capitale ottomane le 24 avril 1909.

1909 (août) : Révision constitutionnelle qui dépose le nouveau sultan Mehmet V au pouvoir depuis le 27 avril 1909

1911 : guerre italo-turque. L’empire ottoman perd la Libye qui devient une colonie italienne

1912-1913 : Guerres Balkaniques

1913 (23 janvier) : Coup d’Etat d’Enver Pacha

1914 : L’empire ottoman s’engage dans le premier conflit mondial aux côtés des Empires Centraux

1914 (5 novembre) : suite à l’entrée en guerre de l’Empire ottoman aux côtés des empires centraux, la Grande-Bretagne annexe Chypre et l’Egypte.

1915 (avril) : Début du génocide arménien. Dans la nuit du 24 au 25 avril, des intellectuels arméniens sont massacrés à Constantinople. Le génocide arménien prend fin en juillet 1916.

1916-1923 : génocide greco-pontique

1918 (30 octobre) : Armistice de Moudros

1918 (13 novembre) : Les français et les britanniques occupent Constantinople. Cette occupation prend fin le 23 septembre 1923.

1920 (23 avril) : La Grande Assemblée Nationale de Turquie est créée à Ankara

1920 (10 août) : Traité de Sèvres. Ce traité qui dépèce l’empire ottoman ne sera jamais appliqué

1921 (13 octobre) : Traité signé entre la Turquie kémaliste et les républiques soviétiques de la Transcaucasie

1922 : Abolition du sultanat. Mehmed VI quitte le pays à bord du cuirassé britannique HMS Malaya

1923 (24 juillet) : Traité de Lausanne qui entre en vigueur le 6 août 1924

1923 (29 octobre) : Proclamation de la République de Turquie

1924 ( 3 mars) : abolition du califat. Le sultan et sa famille déjà en exil sont déclarées persona non grata en Turquie.

1925 : traité d’amitié turco-soviétique

1925 : les kurdes se révoltent

1930 : nouvelle révolte kurde

1932 (juillet) : La Turquie est admise à la SDN

1936 (20 juin) : Convention concernant le régime des détroits dite Convention de Montreux déterminant l’exercice de la libre circulation dans les détroits des Dardanelles et du Bosphore

1937 : nouvelle revolte kurde

1937 (8 juillet) : Traité de Sa’dabad. La Turquie, l’Irak, l’Iran et l’Afghanistan coordonnent leur action contre les kurdes.

1938 (2 septembre) : Constitution de la République autonome de Hatay qui sera annexée par la Turquie le 2 juin 1939

Mustapha Kemal Ataturk

1938 (10 novembre) : Mort de Mustafa Kemal Ataturk. Il est remplacé par Ismet Inönu

Mitteleuropa Balkans (209) Slovaquie (3)

La première république tchécoslovaque (1918-1939)

A la fin du 19ème siècle des contacts sont noués entre tchèques et slovaques sur la possibilité de créer un état Tchéco-Slovaque. Tomas Masaryk premier président de la république tchécoslovaque était slovaque et partisan d’une union avec les tchèques.

Tomas Masaryk

Une union tchécoslovaque voit le jour en 1898 pour effectuer un travail de lobbying au sein de l’Autriche-Hongrie mais les tentatives pour créer un troisième pôle slave au sein de l’Autriche-Hongrie est torpillée aussi bien par les allemands que par les hongrois.

Quand le premier conflit mondial éclate les tchèques comme les slovaques présents en Autriche-Hongrie accepte sans trop broncher la mobilisation. Cette attitude qui peut étonner s’explique probablement par l’espoir qu’un tel comportement sera récompensé après guerre surtout en cas de victoire de la part des empires centraux.

Ce n’est qu’avec la dégradation causée par le conflit que les différentes nationalités de la Double-Monarchie vont aggraver les fissures d’un colosse aux pieds d’argile avant de provoquer son effondrement. De nombreux tchèques et slovaques vont déserter et vont former différentes Légions tchécoslovaques qui vont combattre aussi bien à l’ouest que sur le front russe. 1.4 million de soldats tchèques, slovaques et ruthènes furent mobilisés dans l’armée austro-hongroise avec au final 150000 morts.

En 1916 à Paris est créé le Conseil National Tchécoslovaque, un conseil animé par Tomas Masaryk, Edouard Benes et Milan Stefanik.

Le 31 mai 1918 les tchèques et les slovaques ont signé l’Accord de Pittsburgh. Il prévoit la constitution d’un Etat Tchéco-Slovaque avec une Slovaquie disposant de sa propre Assemblée ce qui aurait donné naissance à un état confédéral.

De juin à décembre 1918 le conseil est reconnu par la France, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis et le Japon comme le représentant officiel du prochain Etat tchécoslovaque. Le 14 octobre 1918 le conseil devient un gouvernement provisoire avec Masaryk comme président Benes comme ministre des affaires étrangères et Stefanik ministre de la guerre.

Le 18 octobre 1918 alors qu’il est aux Etats-Unis, Tomas Masaryk proclame l’indépendance de la Tchécoslovaquie. Il réclame l’intégration de tout le Royaume de Bohème ce que refuse les députés allemands de Bohème accompagnés par d’autres députés germanophones qui tentent d’imposer un état germano-autrichien indépendant.

L’indépendance de la Tchécoslovaquie est officiellement proclamée dans le hall Smetana de la mairie de Prague qui après avoir été la capitale du royaume de Bohème devient celle du nouvel état Tchéco-Slovaque qui ne va pas tarder à devenir Tchécoslovaque au grand dam des slovaques. Ces derniers rejoignent officiellement le nouvel état le 30 octobre 1918 lors d’une réunion dans la ville de Martin.

Béla Kun

Ultérieurement des troupes tchécoslovaques vont participer à la guerre civile russe puis interviennent contre la Hongrie des conseils de Béla Kun.

Deux traités de paix vont concerner la Tchécoslovaquie, le Traité de Saint Germain en Laye signé le 10 septembre 1919 et le Traité de Trianon signé le 4 juin 1920.

Le premier voir la Cisleithanie partie autrichienne de l’Autriche-Hongrie est disloquée et remplacée par sept états successeurs. Il est entré officiellement en vigueur le 16 juillet 1920. Les autrichiens étant considérés comme un peuple vaincu n’obtiennent pas le droit de disposer d’eux-mêmes et le texte est écrit en français, anglais, italien et russe mais pas en allemand ce qui est un signe ! Les autrichiens en colère mettent le feu à l’ambassade de France à Vienne le 23 mai 1919.

Ce texte reconnaît l’existence d’un Etat commun aux tchèques et aux slovaques. Les allemands des Sudètes et ceux d’Autriche se voient refuser l’intégration à la République de Weimar et la République allemande d’Autriche devient la République d’Autriche et se voit refuser la possibilité de réaliser l’Anschluss (article 88).

Le second voit la Hongrie être réduite à la portion congrue. Pour Budapest c’est le jour et la nuit puisqu’on passe en 1914 à une situation où 21% des sujets de la Transleithanie être non-magyars à une situation où 3.3 millions de hongrois sont sous souveraineté étrangère.

Le traité est un traumatisme majeur pour la Hongrie, représentant une histoire qui ne passe toujours pas. Même Aristide Briand et Lloyd George reconnaissent un traité injuste appuyé sur des documents mensongers.

La Slovaquie et la Ruthénie Subcarpathique rejoignent la Bohème et la Moravie pour former la Tchécoslovaquie qui comprend des tchèques, des slovaques, des ruthènes, des allemands et des hongrois.

La première république tchécoslovaque va très vite se heurter à sa composition multiethnique sans oublier des litiges frontaliers avec la Pologne mais ces derniers vont être vite réglés entre deux nouveaux états qui n’ont pas intérêt à s’affronter du moins pas dans l’immédiat.

Alors que toute l’Europe centrale et orientale succombe aux sirènes autoritaires, la Tchécoslovaquie reste une démocratie parlementaire.

Le 18 novembre 1918 Tomas Masaryk devient le premier président de la Tchécoslovaquie. La constitution tchécoslovaque est adoptée le 29 février 1920, texte qui s’inspire des lois constitutionnelles de la Troisième République.

Ce texte comprend en préambule une Loi Préliminaire de dix articles (Article I à X) qui s’occupe de la période transitoire. Le texte proprement dit appelé officiellement Charte Constitutionnelle de la République Tchécoslovaque comprend les principaux éléments suivants :

-Le Titre premier concerne les dispositions générales avec cinq articles qui traitent des dispositions générales et des principaux symboles de l’Etat.

-Le Titre 2 (articles 6 à 54) s’occupe du pouvoir législatif. Ce dernier est assuré par l’Assemblée Nationale qui comporte une Chambre des Députés et un Sénat.

La chambre des députés comprend 300 députés élus au suffrage universel à la proportionnelle pour six ans alors que le Sénat est composé de 150 membres élus de la même façon mais pour huit ans.

-Le Titre 3 (Article 55 à 93) concerne le pouvoir exécutif. Le président de la république est élu par l’Assemblée Nationale. Il doit être citoyen tchécoslovaque, éligible à la Chambre des députés et âgé d’au moins 35 ans.

Pour que l’élection soit valide les députés et les sénateurs présents doivent représenter la majorité absolue (soit 226) et l’élection se fait à la majorité des 3/5. Après deux tours si il n’y à pas de vainqueurs, les candidats en tête sont départagés au plus grand nombre de suffrage lors d’un nouveau scrutin. Si l’égalité persiste, on laisse le sort décider.

Le président est élu pour sept ans avec deux mandats consécutifs. Il doit ensuite attendre un délai de sept ans avant un éventuel nouveau mandat.

Il nommé et révoque le président du gouvernement et les ministres. Ces pouvoirs sont plus étendus que ceux de son homologue français.

-Le Titre IV concerne le pouvoir judiciaire (Article 94 à 105)

-Le Titre V (article 106 à 127) concerne les droits, les libertés et les devoirs des citoyens avec l’égalité (art.106), la liberté de la personne et de la propriété (art. 107 à 111), la liberté de domicile (Art. 112), la liberté de la presse, le droit de réunion et d’association (art.113 et 114), le droit de pétition (Art.115), le secret de la correspondance (Art.116), la liberté d’enseignement, de conscience et d’opinion (Art.117 à 125), le mariage et la famille (Art.126) et les devoirs militaires (Art.127).

-Le Titre VI concerne la protection des minorités nationales, religieuses et raciales (Articles 128 à 134).

La République Tchécoslovaque refuse d’accéder à la volonté des hongrois et des allemands de retrouver respectivement la Hongrie et l’Allemagne.

Les débuts du nouvel état sont difficiles avec une République slovaque des conseils soutenus par leurs homologues hongrois mais cette république est éphémère (16 juin au 7 juillet 1919), la république ne résistant à la défaite de la Hongrie de Béla Kun face aux troupes roumaines.

Les premières élections législatives ont lieu le 18 avril 1920. Le choix de la proportionnelle si elle est louable pour permettre à tous les courants politiques d’être représentés fragilise le pouvoir exécutif qui doit faire face à une forte instabilité gouvernementale.

Certaines années pas moins de neuf partis étaient nécessaires pour soutenir le gouvernement. Il faut dire qu’à la division politique et idéologique s’ajoute la division ethnique, chaque nationale ayant pour ainsi dire son parti social-démocrate, son parti agrarien, son parti libéral……. .

En 1921 la République Tchécoslovaque comprend 13 613 172 habitants répartis entre 51% de tchèques, 23.4% d’allemands (Allemands des Sudètes et des Carpathes), 14% de slovaques, 5.5% de hongrois, 3.4% de ruthènes, 1.3% de juifs germanophones et 1.4% de divers (essentiellement des polonais, des roumains et des roms).

Dans un premier temps ce sont les sociaux-démocrates qui dominent avant d’être progressivement évincés par les agrariens.

La présidence de la République est plus stable. Non concerné par la règle des deux mandats consécutifs, Tomas Masaryk élu en 1920 est réelu en 1927 puis en 1934. Il se retire en 1935 à l’âge de 87 ans, remplacé par Edouard Benes.

Sur le plan de la politique extérieure c’est la période de la Petite Entente, une série de traités d’alliance avec la Yougoslavie et la Roumanie pour s’opposer à une Hongrie qui n’à pas digéré le traité de Trianon, probablement le plus dur de tous les traités de paix.

Malgré sa dénomination française Les français n’en sont pas les initiateurs puisque son origine remonte au 14 août 1920 quand la Tchécoslovaquie, la Roumanie et le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes _Yougoslavie à partir de 1929_ signent un accord d’assistance pour se prémunir de la menace hongroise, Budapest n’ayant jamais accepté le traité du Trianon.

Cette alliance est renforcée par des accords bilatéraux entre la Roumanie et la Tchécoslovaquie (23 avril 1921), entre la Roumanie et le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes (7 juin 1921) et entre le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes et la Tchécoslovaquie (31 août 1921).

La Petite Entente entend garantir, par la force si besoin, les traités de paix. Cette alliance est cependant imparfaite et incomplète puisque ne prenant pas en compte les autres menaces que ce soit l’URSS (vis à vis de la Roumanie), l’Italie (vis à vis de la Yougoslavie) ou encore l’Allemagne et la Pologne (vis à vis de la Tchécoslovaquie).

Suite aux accords de Locarno, la France signe des alliances militaires avec Prague (16 octobre 1925), avec Bucarest (10 juin 1926) et Belgrade (novembre 1926).

On verra que les traités d’assistance c’est comme les promesses cela n’engage que ceux qui y croient.

Mitteleuropa Balkans (207) Slovaquie (1)

UNE AUTRE SECONDE GUERRE MONDIALE

T.11 MITTELEUROPA ET BALKANS

VOLUME 6 : SLOVAQUIE

AVANT-PROPOS

Le 22 mai 2020 j’ai commencé le tome 11 de ma gigantesque que dis-je de ma monumentale, de ma vertigineuse uchronie qui après dix tomes (T1 France T2 Allemagne T3 Grande-Bretagne T4 Etats-Unis T5 Japon T6 Italie T7 URSS T8 Dominions T9 Benelux T10 Scandinavie) comprend 8395 pages !

Le 12 avril 2021 j’ai terminé la Grèce (Tome 11 vol.5) portant le total de pages écrites à 9707 pages (NdA quand je vous dis que je vais dépasser les 10000 pages…..)

Ce Tome 11 est le dernier des tomes concernant des nations belligérantes puisque le Tome 12 sera consacré aux nations neutres sous la forme de fiches synthétiques (NdA enfin des fiches synthétiques à la mode Clausewitz).

Ce Tome 11 disposera de six volumes, le premier consacré à la Hongrie, le deuxième consacré à la Bulgarie, le troisième consacré à la Roumanie, le quatrième à la Yougoslavie, le cinquième à la Grèce et enfin le sixième à l’Etat indépendant de Slovaquie apparu au printemps 1939 suite au démantèlement de ce qui restait de la Tchécoslovaquie. Comme pour le tome 10 il y aura des nations alliées et des nations ayant appartenu à l’Axe.

L’organisation sera différente selon les volumes. Si le volume 1 ne possédait pas de partie marine, si le volume 6 consacré à la Slovaquie n’en possèdera pas non plus (et pour cause !), les volumes 2 à 5 consacré respectivement à la Bulgarie, à la Roumanie, à la Yougoslavie et à la Grèce posséderont une partie consacrée à la marine qui fera suite à la partie traditionnelle consacrée à l’histoire générale.

La troisième partie sera consacrée à l’armée de terre avec d’abord une partie sur l’histoire militaire du pays, une partie sur l’organisation générales et des plus ou moins grandes unités et enfin une partie sur l’armement et les véhicules. Je terminerai par une partie consacrée à l’armée de l’air, son histoire, son organisation et son équipement.

Après cette partie consacrée au plan général revenons un peu sur l’histoire avec un grand H. J’ai eu du mal à définir l’étendue géographique qui est nettement moins évidente que celles des deux derniers tomes (Scandinavie, Benelux). J’ai finalement choisit «Mitteleuropa et Balkans» soit en français «Europe du milieu et Balkans».

Tout comme le terme Scandinavie il est peut être inapproprié pour les puristes mais je pense que c’est pas mal (j’avais un temps pensé à «Europe danubienne et balkanique» mais cela ne me satisfaisait pas totalement).

Mis à part peut être la Grèce (et encore !) ces pays ont un point commun celle d’avoir été gravement impactés par la première guerre mondiale et les traités qui y ont mis fin.

Nous avons d’abord les pays vaincus comme la Hongrie et la Bulgarie qui ont souffert de traités particulièrement musclés notamment le pays des magyars qui passa du statut de puissance majeure au sein d’une double-monarchie austro-hongroise au statut d’une puissance de second ordre enclavée en Europe centrale. La Bulgarie avait du également rendre des comptes aux alliés occidentaux pour s’être alliée aux empires centraux.

La Yougoslavie était elle un des états issus de l’éclatement de l’empire austro-hongrois en compagnie de la Tchécoslovaquie et partiellement de la Pologne. De cet état tchécoslovaque naquit au printemps 1939 un état slovaque souverain, une souveraineté biaisée par le fait que Bratislava devait tout à l’Allemagne.

La Roumanie et la Grèce en revanche avaient appartenu au camp des vainqueurs même si leur participation à la première guerre mondiale à été plutôt limitée, Bucarest livrant une prestation catastrophique et ne devant son salut qu’à une preste assistance alliée (et surtout française) alors qu’Athènes fût engagée contrainte et forcée dans le conflit, sa participation étant parasitée par un conflit entre un premier ministre pro-allié (Venizelos) et un roi pro-allemand (Constantin 1er).

Dans l’immédiat après guerre cette région est traversée par de vigoureuses secousses entre Blancs et Rouges, entre pro-allemands et pro-alliés.

C’est aussi le théâtre d’une lutte d’influence où la France tente de nouer un réseau d’alliance pour contre une réémergence de la menace allemande et pour tendre un cordon sanitaire contre la Russie bolchevique. Pas étonnant que ces différents pays aient connu pour la plupart des régimes autoritaires souvent réactionnaires parfois fascisants.

C’est l’acte de naissance de la Petite Entente. Les français n’en sont pourtant pas à l’origine puisque son origine remonte au 14 août 1920 quand la Tchécoslovaquie, la Roumanie et le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes _Yougoslavie à partir de 1929_ signent un accord d’assitance pour se prémunir de la menace hongroise, Budapest n’ayant jamais accepté le traité du Trianon le 4 mai 1920.

Cette alliance est renforcée par des accords bilatéraux entre la Roumanie et la Tchécoslovaquie (23 avril 1921), entre la Roumanie et le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes (7 juin 1921) et entre le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes et la Tchécoslovaquie (31 août 1921). La Petite Entente entend garantir, par la force si besoin, les traités de paix.

Cette alliance est cependant imparfaite et incomplète puisque ne prenant pas en compte les autres menaces que ce soit l’URSS (vis à vis de la Roumanie), l’Italie (vis à vis de la Yougoslavie) ou encore l’Allemagne et la Pologne (vis à vis de la Tchécoslovaquie).

Suite aux accords de Locarno, la France signe des alliances militaires avec Prague (16 octobre 1925), avec Bucarest (10 juin 1926) et Belgrade (novembre 1926).

Suite aux renoncements français de la fin des années trente, ces pays vont davantage se tourner vers l’Allemagne.

Nul doute que si la guerre de Pologne était devenu un conflit mondial nul doute que cette région aurait durablement échappé aux alliés. Son arrêt brutal en décembre 1939 permet à Paris et à Londres de remettre l’ouvrage sur le métier.

Plus facile à dire qu’à faire puisque si la réputation dégringole par l’ascenseur, elle remonte par l’escalier. Il faudra du temps, de la patience, du doigté et un soupçon de chance pour rendre la région moins hostile aux alliés.

C’est ainsi que des accords formels de coopération et d’assistance militaires sont signés avec la Yougoslavie et la Grèce, le premier étant signé à Belgrade le 14 septembre 1945 et le second à Athènes le 8 octobre 1946. Des tentatives vis à vis de la Hongrie, de la Roumanie et de la Bulgarie se heurtent à une telle inertie qu’elle équivaut à une fin de non recevoir.

Cette relance est donc limitée mais s’accompagne d’une coopération politique et militaire avec notamment la livraison de matériel militaire moderne ainsi que l’envoi comme dans les années vingt de missions militaires, le général Gamelin dirigeant celle en Yougoslavie et le général Georges celle envoyée en Grèce. L’envoi de généraux ayant été aux manettes de l’armée française est très apprécié par les gouvernements concernés qui y voient une profonde marque de respect.

Quand la guerre s’annonce inévitable à très court terme la région concernée par ce tome se partage entre pays pro-alliés mais sans excès (Yougoslavie, Grèce), des pays clairement pro-allemands (Hongrie, Slovaquie, Roumanie) et une Bulgarie qui accepte de se faire courtiser par les deux camps tout en veillant à ne pas se mettre à dos la Russie qui bien que communiste est toujours considérée par nombre de bulgares comma la Troisième Rome, protectrice des slaves.

Quand la seconde guerre mondiale éclate le 5 septembre 1948 ces différents pays mobilisent mais ne s’engagent pas directement dans le conflit. Question de temps dirions nous…… .

***

Ce dernier volume du onzième tome concerne donc la Slovaquie qui proclame son indépendance en mars 1939 suite à l’invasion de la Tchécoslovaquie par l’Allemagne. C’est la fin de la République Tchécoslovaque qui est séparée en deux entités : le protectorat de Bohême-Moravie et l’Etat indépendant de Slovaquie, indépendance corsetée par les allemands.

Carte allemande de la Slovaquie

A la tête de ce nouvel état un ecclésiastique, Monseigneur Tiso qui met en place un régime nationaliste, autoritaire et antisémite dans la droite ligne de régimes incarnés par Dolfuss en Autriche (jusqu’à son assassinat en 1934) ou par Salazar au Portugal.

Josef Tiso

L’Etat Slovaque devenu la République Slovaque en mars 1941 après la proclamation de la constitution va participer à la guerre de Pologne mais aussi à une guerre hungaro-slovaque où on ne peut pas dire que les slovaques aient fait des étincelles.

La fin rapide du conflit débuté en septembre 1939 rend la situation précaire pour les slovaques qui craignent que les allemands ne les sacrifient par exemple pour aboutir à un accord avec les alliés.

En réalité les franco-britanniques n’ont pas grand chose à faire des slovaques et des tchèques. Comme le dira un diplomate français «Nous nous sentions mal vis à vis des tchèques alors dans la région nous marchions sur des œufs».

L’assassinat d’Hitler en novembre 1939 et la fin de la guerre de Pologne marque le début de la Pax Armada. . Le gouvernement tchèque en exil à Londres espère la reconstitution de la Tchécoslovaquie mais très vite doit renoncer.

La Bohême-Moravie reste un protectorat allemand et la Slovaquie reste un état indépendant ce qui explique pourquoi il à fallu deux ans pour mettre sur pied une constitution tant la situation politique était incertaine.

Le régime de Tiso est le seul régime du type «clérico-fasciste» avec une conception «national-catholique» de l’Etat, un parti unique, un régime autoritaire, nationaliste et antisémite qui va participer à la déportation des Juifs en direction de la Pologne occupée.

En septembre 1948 la Slovaquie propose son aide à l’Allemagne pour l’opération WESERÜBUNG mais Berlin se contente de prendre acte cette demande. On peut se demander si la Slovaquie à sérieusement envisagé d’envoyer des troupes en Scandinavie où si il s’agissait d’une attitude courtisane. On ne le sera probablement jamais.

Le régime de Tiso se sait lié ad vitam aeternam avec l’Allemagne. L’indépendance est depuis longtemps une fiction si tant est qu’elle à vraiment existé un jour. Il faut rappeler que les allemands ont fait pression sur les slovaques pour aboutir à «l’indépendance» de la Slovaquie, Hitler menaçant de céder tous les territoires peuplés de slovaques à la Hongrie.

Durant la Pax Armada le régime slovaque hésite entre brusques poussées autoritaires et relative libéralisation. Ce n’est pas complètement certain mais il semble que des contacts ont été liés avec le gouvernement tchèque à Londres mais la volonté d’Edouard Bénès de reconstituer la Tchécoslovaquie sous sa forme unitaire avec quelques concessions cosmétiques fit capoter toute volonté de rapprochement.

Soldats slovaques (allemands ethniques) lors d’une cérémonie de décoration au moment de la guerre de Pologne

La petite armée slovaque va être engagée au combat sur le front russe aux côtés des allemands dans le cadre de l’opération BARBAROSSA. Dans un premier temps elle se comporte honorablement mais très vite comme tous les contingents alliés les désertions se multiplient au fur et à mesure que la démotivation gagne les rangs. Les allemands retirent l’unité du front au printemps 1953 alors que le cours de la guerre ne fait plus guère de doute.

Une rébellion éclate en octobre 1953, les nationalistes et les communistes slovaques (très) provisoirement unis espèrent s’imposer aux alliés pour maintenir une Slovaquie indépendante mais l’Armée Rouge occupe le pays puis la Bohême-Moravie, les alliés occidentaux très afferés en Allemagne laissant Moscou faire ce qu’elle souhaite à l’est de l’Oder, de la Neisse, des Monts Métallifères même si officiellement rien n’est décidé.

La Tchécoslovaquie renait bien sous la forme d’une République (la Troisième République Tchécoslovaque) mais très vite les communistes vont prendre le pas sur les démocrates aboutissant au basculement de la Tchécoslovaquie dans le camp communiste et ce pour une trentaine d’années mais ceci est une autre histoire.

Dans ce dernier volume qui devrait normalement être plus petit que les autres, je vais commencer as usual par une partie historique concernant le «peuple slovaque» puis la place des tchèques et des slovaques dans l’Empire (Saint-Empire Romain Germanique, Empire d’Autriche puis Autriche-Hongrie) avant une histoire de la Tchécoslovaquie de 1918 à 1939, date du démantèlement, une conséquence tardive des Accords de Munich.

Après avoir terminé la partie historique je vais parler de la partie militaire avec une histoire centrée surtout sur l’armée de la Slovaquie indépendante avec probablement une partie synthétique sur les unités militaires slovaques avant l’indépendance de la Slovaquie.

Après on trouvera une partie concernant l’organisation des unités militaires slovaques puis l’armement des dites unités.

On terminera par une partie concernant les unités aériennes slovaques avec une introduction concernant l’armée de l’air tchécoslovaque, une histoire de l’armée de l’air slovaque, son organisation et les avions l’équipant.

Comme d’habitude bonne lecture………….. .

Mitteleuropa Balkans (204) Grèce (48)

Les avions de l’Elleniki Vassiliki Aeroporia (3) : reconnaissance et coopération

Henschel Hs-126K6

Le Henschel Hs-126K6 est un avion de reconnaissance et de coopération de conception et de fabrication allemande. C’est un monoplan à aile haute et train fixe et moteur radial, un biplace avec le pilote abrité et l’observateur à l’air libre que la Grèce choisit pour équiper ses unités de reconnaissance.

L’appareil effectue son premier vol en août 1936, trois prototypes subissant une évaluation opérationnelle en Espagne au sein de la Legion Condor ce qui permet à l’appareil d’être mis en service en 1937.

L’appareil va être utilisé par l’Allemagne, la Croatie (appareils ex-allemands), l’Espagne, l’Estonie et selon certaines sources en Bulgarie.

Outre la reconnaissance, l’appareil à été utilisé par l’Allemagne comme remorqueur léger de planeurs et comme avion de harcèlement nocturne. L’appareil est resté en service jusqu’à la fin du conflit en 1954 même si à l’époque il était totalement dépassé.

Douze appareils sont acquis par la Grèce auprès des allemands, ces appareils étant complétés par des avions produits en Grèce. Les projets initiaux prévoyaient 90 avions made in Greece mais au final seulement 52 avions sont sortis.

En septembre 1948, l’armée de l’air royale grecque dispose de quatre escadrilles de reconnaissance et de coopération, les 41. 42. 43. et 44. Mira Stratiokis Synergassias qui disposaient chacune de seize appareils soit soixante-quatre appareils en ligne, tous les appareils disponibles ce qui ne laisse aucune réserve au commandement grec.

Les avions vont être engagés pour la reconnaissance, l’observation, la coopération mais aussi le bombardement léger.

Durant la guerre italo-grecque seize appareils sont perdus, quatre sous les coups de la chasse, cinq sous les coups de la DCA et sept pour causes diverses notamment des accidents au décollage ou à l’aterrissage.

Quarante-huit appareils sont disponibles au moment où débute l’opération MARITSA l’invasion de la Yougoslavie par les allemands, les italiens et les hongrois. Les Henschel grecs surveillent surtout l’Albanie craignant un retour offensif de l’Italie. Des appareils sont perdus sous les coups de la DCA et de la chasse transalpine.

Quand les allemands envahissent la Grèce en septembre 1949 il restait une trentaine d’appareils de disponible. Ces avions vont être utilisés pour la reconnaissance, la coopération et le harcèlement nocturne.

Cette dernière mission n’avait qu’un impact limité mais psychologiquement déstabilisait l’ennemi et réconfortait les troupes grecques quand celles-ci voyaient ces petits avions décoller en pleine nuit pour mener une mission rendue célèbre sur le front de l’est d’abord par les soviétiques puis par les allemands.

Quand la Campagne de Grèce se termine il restait neuf appareils de disponible mais ils étaient tous très usés et en mauvais état. Ils sont stockés sur un aérodrome près de Corinthe et sont détruits lors d’un bombardement aérien allemand, les épaves étant ensuite ferraillées par les alliés.

Caracteristiques Techniques

Type : biplan biplace monomoteur à train fixe de reconnaissance

Masse à vide 2030kg maximale au décollage 3090kg

Dimensions : longueur 10.9m envergure 14.5m hauteur 3.8m

Motorisation : un moteur radial Bramo 323ch de 850ch

Performances : vitesse maximale 356km/h à 3000m distance franchissable 998km plafond opérationnel 8530m

Armement : une mitrailleuse de 7.92mm MG-17 fixe tirant vers l’avant et une mitrailleuse de 7.92mm MG-15 en poste arrière, plus de 150kg de bombes

Bloch MB-176

Bloch MB-176

Le Bloch MB-176 est un élégant bimoteur de reconnaissance tactique de conception et de fabrication française, «The French Mosquito» comme l’ont appelé certains pilotes anglais francophiles (NdA si si ça existe).

A l’origine de cet appareil figure un projet lancé par une équipe d’ingénieurs de la SNCASO (Société Nationale des Constructions Aéronautiques du Sud-Ouest) issu de la compagnie «Avions Marcel Bloch» pour un bimoteur bi ou triplace destiné à combler l’espace séparant les bombardiers du programme B4 (Amiot 351, Lioré et Olivier Léo 451) et des bimoteurs légers qu’il s’agisse du triplace de chasse Potez 631 ou des biplaces d’assaut Bréguet Br691.

Il s’agissait d’un élégant bimoteur à ailes bases cantilever pouvant accueillir un équipage de deux ou trois hommes sous une large verrière placée très avant d’un fuselage ovoïde.

La soute à bombes était réduite et l’armement composé dun canon de 20mm à l’avant gauche du fuselage, deux mitrailleuses d’ailes et deux autres de défense arrière, une en poste supérieur et une dans une coupole ventrale.

Deux prototypes du MB-170 furent réalisés, le premier effectuant son premier vol le 15 février 1938 mais fût perdu le 17 mars 1938, le second restant seul en piste, un second prototype à la configuration modifiée (suppression de la coupole ventrale notamment).

Les besoins officiels ayant changé, les projets MB-171/172/173 ne dépassèrent pas le stade la planche à dessin et seul resta en piste, le MB-174 conçu pour la reconnaissance stratégique, le premier prototype quittant le plancher des vaches la première fois le 5 janvier 1939.

Après la production de seulement cinquante Bloch MB-174, l’Armée de l’Air préféra miser sur le Bloch MB-175.

En septembre 1939, les plans officiels prévoyaient pour l’armée de l’air la commande de 814 MB-175 et de 323 MB-176.

Ce dernier modèle était identique en tout point au MB-175 à une exception mais importante les moteurs. Aux Gnôme Rhône 14N, il préférait les Pratt & Whitney Twin Wasp. Ce plan fût révisé en février 1940 avec 660 MB-175 et 1550 MB-176 à livrer entre avril 1940 et juillet 1941.

Au sein de l’armée de l’air française, les Bloch MB-175 et MB-176 (les MB-174 ont été rapidement retirés des unités de première ligne et réservés pour l’entrainement) vont à la fois remplacer des unités équipées de Potez 63.11 mais aussi permettre la création de nouvelles unités.

Quand le second conflit mondial éclate en septembre 1948, le Commandement de Reconnaissance et de Coopération (CRC) dispose de quatre escadres à quatre groupes de quatre escadrilles de neuf appareils soit 576 appareils en ligne.

A cela s’ajoute pour le MB-175, les seize appareils destinés aux GCRO (Groupes Coloniaux de Reconnaissance et d’Observation) d’Indochine, les huit pour le GRCO (Groupe de Reconnaissance, de Coopération et d’Observation) de Corse et les MB-175T de la marine (144 appareils).

Au final le Bloch MB-175 va équiper douze des trente-six GAO (Groupes Aériens d’Observation) destinés aux Corps d’Armées soit un total de 96 appareils, les deux GCRO d’Indochine soit 16 appareils et la 33ème escadre de reconnaissance soit 144 appareils. A cela s’ajoute 296 appareils stockés portant le total à 550 appareils, les appareils étant livrés entre mai 1940 et septembre 1943.

En mars 1944, les Potez 63-11 des deux groupes de reconnaissance de la Force Aérienne Polonaise Libre (FAPL) équipés de seize appareils chacun sont remplacés par des Bloch MB-175 réduisant le stock à 264 avions.

Son demi-frère Bloch MB-176 va équiper les vingt-quatre autres GAO soit un total de 192 appareils sans oublier les trois autres escadre de reconnaissance tactique et le GRCO de Corse soit un total de 440 appareils.

On arrive à 624 appareils en ligne et avec les appareils en réserve, le nombre passe à 1248 ! Les MB-176 sont livrés entre septembre 1943 et septembre 1948 à raison d’une vingtaine d’appareils par mois ce qui représente une cadence plus qu’honorable.

En juin 1944, deux groupes indépendants de reconnaissance composés de pilotes tchèques remplacent leurs Potez 63-11 par vingt-quatre Bloch MB-176 soit douze appareils par groupe, réduisant le stock à 600 avions.

On est donc en légère baisse par rapport au contrat initial qui prévoyait 2200 appareils. Le total final est donc de 1798 appareils dont seulement 936 appareils en ligne. Ce fort taux de réserve s’expliquant par les craintes d’une saignée dans les unités de reconnaissance.

Quand le second conflit mondial éclate en septembre 1948, ces avions sont toujours en service mais le stock de MB-175 est tombé à 248 et celui du MB-176 est passé de 600 à 540 entre les accidents, l’usure et la réforme d’appareils victimes de problèmes structurels.

La production n’est pas reprise mais des versions améliorées sont produites avec des moteurs plus puissants et un armement défensif renforcé avec quatre mitrailleuses dans les ailes.

La Grèce choisit le Bloch MB-176 pour équiper deux escadrilles de reconnaissance, les 41. et 43. Mira Stratiokis Synergassias, des unités disposant chacune de vingt appareils, unités opérationnelles à l’été 1951.

Il semble mais cela n’est pas certain que les appareils grecs étaient réalité des MB-176 intégrant certaines améliorations apportées aux modèles MB-176bis et ter.

Ces appareils vont d’abord opérer depuis la Crète (41ème escadrille) et depuis le Dodécanèse (43ème escadrille) pour des missions de reconnaissance opérative et stratégique cherchant à répérer les convois, le déplacement des troupes, de nouveaux aménagements de défense…… .

Imitant les français les grecs mènent bien volontiers des missions de reconnaissance armée avec deux bombes de 125 ou de 250kg en soute pour permettre l’attaque d’objectifs d’opportunité.

Certains appareils préféraient emporter des appareils photos et des fusées éclairantes pour permettre de prendre des prises de vue de nuit ou par mauvais temps.

Une fois la contre-offensive lancée les Bloch grecs vont opérer plus en arrière du front pour anticiper d’éventuels mouvements de troupes et guider sur eux les bombardiers alliés.

Les deux unités vont rallier fin 1952 la Grèce continentale puis au printemps 1953 l’Epire, terminant la guerre du côté de Dubrovnik pour la 41ème escadrille et du côté de Podgorica pour la 43ème.

Ces unités vont rester en Yougoslavie jusqu’en octobre 1954 après accord du gouvernement royal pour réaliser ce qu’on pourrait appeler le «service après vente» de la guerre, repérer d’éventuels groupes ennemis isolés voir des groupes pas spécialement ravis que la monarchie soit rétablie à Belgrade.

Début novembre les deux escadrilles retournent en Grèce et comme le reste de l’armée de l’air royale grecque vont participer à la guerre civile grecque.

Remplacés par des appareils plus modernes en 1960 les Bloch MB-176 grecs (la Grèce à utilisé au total cinquante-six appareils) vont tous être ferraillés sauf deux exemplaires préservés, l’un dans un musée à Athènes et le second à l’entrée de la base aérienne de Larissa. Ils sont toujours là en 2021.

Caractéristiques Techniques du Bloch MB-176

Type : bimoteur de reconnaissance et de bombardement triplace

Poids : à vide 5600kg maximal 7150kg

Dimensions : Envergure 17.80m Longueur 12.15m (12.30m pour le MB-175) Hauteur 3.50m. Le MB-176 affichent les dimensions suivantes : 17.95m d’envergure, 12.25m de longueur et 3.55m de hauteur

Motorisation : deux moteurs Pratt & Whitney Twin Wasp R-1830 SC 3G de 1050 ch

Performances : vitesse maximale 530 km/h autonomie maximale 1800km plafond pratique 11000m

Armement : deux mitrailleuses MAC 34 de 7.5mm dans les ailes (1000 coups chacune), un jumelage de deux MAC en défense arrière, une puis trois MAC 34 en défense inférieure arrière (une orientée vers l’avant, deux vers l’arrière) 400 kg de bombes (500kg de bombes pour le MB-175)

Stinson L-5 Sentinel

Affectueusement surnommé «The flying jeep» (la jeep volante), le Sentinel était issu d’un appareil civil, le Stinson HW-75. A la différence des appareils précédents, le L-5 était un appareil triplace ou plutôt un biplace et demi, la troisième place étant destinée à un passager pas trop exigeant.

Commandé à 150 exemplaires en septembre 1943, l’appareil donne pleinement satisfaction, ces L-5A étant livrés entre octobre 1943 et mars 1944 suivis de 150 exemplaires commandés en avril et livrés entre mai et octobre 1944, ces appareils étant eux aussi des L-5A.

A ces 300 L-5A succèdent 500 L-5B commandés en mars 1945 et livrés entre avril 1945 et juin 1946, portant le total à 800 exemplaires. En septembre 1948, 500 L-5C sont commandés et livrés entre octobre 1948 et mars 1949, ces appareils étant suivis par 250 appareils supplémentaires livrés entre juin 1949 et janvier 1950.

1550 appareils sont donc en service quand les Etats-Unis entrent en guerre. Leur nombre augmente sensiblement puisqu’aux 300 L-5A, aux 500 L-5B et aux 750 L-5C succèdent 2500 L-5D et 3500 L-5E, portant le nombre d’appareils produits à 7550 Sentinel, appareils utilisés aussi bien pour la liaison, l’observation, l’évacuation sanitaire, le réglage des tirs, les opérations clandestines.

D’autres exemplaires furent livrés à l’US Navy, à l’US Army, à l’USMC mais également à des pays étrangers comme la Grande-Bretagne, la France, l’Australie et la Grèce, d’autres pays comme l’Italie, le Japon, la Corée, les Philippines, la Chine, la Thaïlande reçurent des appareils après guerre, généralement des appareils issus des immenses stocks américains.

De nombreux appareils ont été utilisés sur le marché civil et un nombre non négligeable de L-5 Sentinel sont encore en état de vol aujourd’hui.

La Grèce à reçu une poignée d’appareils utilisés au profit des unités de l’armée de terre pour l’observation et le réglage des tirs de l’artillerie. Ils vont être après guerre utilisés pour la lutte anti-guerilla au cours de la guerre civile grecque.

Caractéristiques Techniques du Stinson L-5 Sentinel

Type : avion biplace d’observation et de liaison

Masse à vide 702kg maximale au décollage 929kg

Dimensions : longueur 7.34m envergure 10.36m hauteur 2.41m

Motorisation : un Lycoming O-435-1 de 185ch

Performances : vitesse maximale : nc distance franchissable 603km plafond opérationnel 4815m

Mitteleuropa Balkans (193) Grèce (37)

Artillerie lourde

Canon de 105mm modèle 1925/27 Schneider

Ce canon de campagne lourd à été acquis en 1926 en même temps que le canon de 85mm que nous avons vu plus haut. 48 canons ont été livrés pour équiper l’artillerie de corps d’armée. Toujours en service en septembre 1948 il à participe aux opérations du printemps 1949 contre l’Italie puis les opérations de l’été contre l’Allemagne et la Bulgarie.

Si quelques pièces sont parvenues jusqu’au Péloponnèse, la majorité à été détruite ou capturé par l’ennemi. Si les italiens et les bulgares n’ont pas réutilisé les canons capturés (respectivement quatre et six), les allemands ont réutilisés huit d’entre-eux pour la défense côtière. Aucun canon n’à survécu au second conflit mondial.

Le canon de 105mm modèle 1925/27 Schneider était un canon de campagne lourd de conception et de fabrication française pensant 3260kg en position de tir mais 3820kg en configuration transport, la pièce pouvant être auto ou hippomobile.

Avec son tube de 30.8 calibres (longueur 3.24m), il pouvait envoyer un obus explosif de 15.66kg à une distance maximale de 155500m à raison de six coups par minute. L’équipe de pièce composée de huit hommes pouvait pointer le canon en site de -3° à +60° et en azimut sur 360°.

Canon de 105mm modèle 1936S

Canon de 105mm long modèle 1936 Schneider

Ayant acquis ses lettres de noblesse durant le premier conflit mondial, l’artillerie française va vivre sur ses acquis durant toutes les années vingt. Le pacifisme ambiant, les budgets réduits ne permettent pas de renouveler les matériels du premier conflit mondial.

Au début des années trente pourtant, l’usure du matériel et sa quasi-peremption pousse l’armée française à lancer de nouveaux programmes d’artillerie.

Parmi les matériels à remplacer figure le 105L modèle 1913S comme pièce d’artillerie de corps d’armée, une pièce qui avait de beaux restes mais dont la portée devenait bien insuffisante. C’est ce que constate un rapport du 5 mars 1934 qui réclame une pièce de CA d’une portée de 15 à 20km.

Le programme est officiellement lancé le 21 juin 1935 dans le cadre d’un programme d’armement plus global. Schneider propose deux matériels : un de 5 tonnes portant à 20km et un pesant 3.5 tonnes portant à 17km.

L’urgence du besoin et les qualités du matériel propose permettent l’adoption du matériel proposé par l’industriel du Creusot en l’occurence celui de 3.5 tonnes qui est l’évolution d’un matériel mis au point à l’origine pour la Roumanie, le matériel roumain se distinguant par un bouclier et par un frein de bouche.

Adopté sous le nom de canon de 105L modèle 1936, il va donc équiper les Régiments d’Artillerie Lourde Hippomobile (RALH) et les Régiments d’Artillerie Lourde Automobile/A Tracteurs (RALA/T).

Ce canon va équiper l’Armée Grecque de Libération (AGL) et plus précisément les trois régiments d’artillerie de corps d’armée composée de deux groupes de tir à trois batteries de quatre pièces soit un total de vingt-quatre pièces par régiment. L(AGL va recevoir soixante-douze canons plus huit pour des essais divers et variés. Ces canons lourds de 105mm vont être remplacés par des canons de 155mm au milieu des années soixante.

Le canon de 105L modèle 1936S pesait 3540kg en ordre de combat (4090kg en configuration de transport), mesurait 6.385m en batterie, tirant un obus de 15.770kg à une distance maximale de 17000m à raison de cinq coups par minute, la pièce étant servie par six hommes. L’affût permet au canon de pointer en site de 0° à +43° et en azimut sur 50° de part et d’autre de l’axe.

Obusier de 149mm modèle 1937

Comme nous le savons l’Italie à pu récupérer de nombreuses exemplaires de l’obusier austro-hongrois de 149mm modèle 1914. Cet obusier était encore en service en septembre 1939 au moment du déclenchement de la guerre de Pologne.

Son successeur est l’Obice da 149/19 modello 37ou en français l’obusier de 149mm modèle 1937, un obusier moderne et puissant. Les ingénieurs italiens sont partis de l’obusier autrichien et l’ont amélioré avec un tube plus long, une culasse plus moderne, un affût adapté à la traction automobile.

1392 pièces sont commandées en 1939 mais la production est tellement lente qu’en septembre 1948 seulement 675 pièces sont sorties des usines en trois modèles qui ne différaient que par des points de détail à savoir 325 modèle 1937, 250 modèle 1941 et 100 modèle 1944.

La production va se poursuivre jusqu’en mars 1953. Sont alors sortis 325 modèle 1937, 250 modèle 1941 et 340 modèle 1944 soit un total de 915 pièces, bien loin de la commande initiale.

Comme l’usine fabriquant l’obusier se trouvait en Vénétie, la production va poursuivre pour les allemands et leurs alliés italiens. Au final ce sont 1098 obusiers de 149mm modèle 1937 et suivants qui ont été produits.

Au combat ces canons se sont montrés efficaces même si ils souffraient de tares communes au canons italiens notamment une usure rapide du tube.

Après la fin du second conflit mondial si l’Italie ne le maintien pas en service (elle récupère à vil prix des M-1 de 155mm), la Yougoslavie, la Grèce et la Roumanie vont l’utiliser, les deux premiers ayant capturé des pièces italiennes sur le champ de bataille alors que la Roumanie à bénéficié de pièces italiennes capturées par les soviétiques et remises à son nouvel allié en attendant la livraison ultérieure de canons soviétiques.

La Grèce à récupéré 24 canons de ce type avec un stock appréciable d’obus. Ils ont été réutilisés pendant la Campagne de Grèce jusqu’à l’épuisement des stocks de munitions capturés ce qui à entrainé un retrait des pièces. Les dix pièces stockées sont redécouvertes en 1974, quatre ont été restaurées pour exposition, les autres sacrifiées sur les polygones de tir de l’armée grecque, servant de cible pour l’entrainement des observateurs d’artillerie.

L’obusier de 149mm modèle 1937 était un obusier de conception et de fabrication italienne pesant 5500kg disposant d’un tube de 20.4 calibres (longueur du tube 3.034m) pour permettre le tir d’un projectile de 42.55kg à une distance maximale de 14250m. Le champ de tir vertical est de +5° à +60° et en azimut sur 50°.

150mm M.1936

Sous l’empire austro-hongrois, la firme tchèque Skoda était déjà réputée pour la qualité de ses productions dans le domaine de l’artillerie.

Cette réputation se poursuivit sous la Tchécoslovaquie indépendante qui exportait des canons et des obusiers légers et lourds avec le même succès qu’auparavant.

Après avoir exploité l’expérience accumulée au cours du premier conflit mondial, Skoda commença à dévelloper des armes vraiment nouvelles dont le K1, un obusier de 149.1mm.

Cet obusier fût modifié et amélioré pour aboutir au K4 qui fût adopté par l’armée tchécoslovaque sous le nom de 15cm hruba houfnize vzor 37 (obusier lourd de 15cm modèle 1937).

Alors que la production commença à peine, les Sudètes furent annexées par les allemands privant Prague de ses fortifcations, la mettant à la merci d’une invasion allemande qui eut lieu au printemps suivant.

Connaissant la qualité des armes tchèques, les allemands firent tourner les usines d’armement à leur profit. Après avoir récupéré les K4 tchèques, ils continuèrent la production de ce modèle pour leur profit. Ces obusiers étaient naturellement toujours en service en septembre 1948.

La Yougoslavie va acquérir un premier lot de 48 pièces avant le démantèlement de la Tchécoslovaquie avant de commander de nouvelles pièces auprès des allemands qui vont être réticents à livrer des canons à un pays dont ils ne sont pas surs.

Finalement Belgrade va recevoir 248 pièces de ce type et obtenir suffisamment de documents pour produire des pièces afin de faire durer les canons.

Quand la Yougoslavie est attaquée, il reste 216 obusiers de ce type en service. Des pièces sont évacuées vers la Crète pour préserver l’avenir.

On estime que 132 obusiers tchèques ont été préservés en Yougoslavie pour combattre sans esprit de recul. Nombre de pièces ont été sabotées car on ne pouvait les replier suffisamment rapidement tandis que d’autres ont été détruites par l’artillerie ennemie ou par l’aviation.

Quelques canons parviennent à être évacuées sur la Grèce (où certaines seront cédés à l’armée grecque) et même sur l’Egypte ce qui explique le maintien en service de cet obusier.

Se pose la question des munitions. Le gouvernement yougoslave parvient à installer en Crète une pyrotechnie et une usine d’obus de 150mm pour 100 obusiers maintenus en service pour équiper les deux régiments d’artillerie lourde de la première armée, chaque régiment disposant deux groupes à trois batteries de quatre pièces soit 24 canons ou obusiers.

Cela signifie que 48 canons sont en ligne plus 52 en réserve. Il était prévu la création d’un troisième régiment mais le temps comme les hommes à manqué. Ces obusiers sont restés en service dans l’armée yougoslave jusqu’en 1965.

En ce qui concerne les obusiers cédés à la Grèce, leur utilisation à été brève avec peu de munitions sans compter la volonté de standardiser l’équipement des trois régiments d’artillerie lourde de corps d’armée avec des canons de 105L modèle 1936S.

L’obusier 150mm M.1936 était une arme de conception et de fabrication tchécoslovaque pesant 5260kg en position de tir mais 5900kg en ordre de route, disposant d’un tube de 27 calibres (4.036m) lui permettant de tirer un obus de 42kg à une distance maximale de 15100m à raison de trois coups par minute. L’équipe de pièce composée de 11 hommes protégée par un bouclier de 4.7mm pouvait pointer l’obusier en site de -5° à +90° et en azimut sur 45° de part et d’autre de l’axe.

Canon de 155C modèle 1917S

Canon de 155C Schneider modèle 1917

A l’origine du Canon de 155mm court modèle 1917 Schneider figure un constat : le «75» aussi merveilleux soit-il ne peut pas tout faire.

Cela confina à l’irationnel et à ajouter à cela une ethique de l’offensive à outrance on comprend le manque d’artillerie lourde dont souffrait l’armée française en août 1914.

De nombreux projets sont lancés notamment un obusier de 155mm qui fût estimé comme trop lourd pour le tir antipersonnel contre des troupes en campagne et trop léger pour la guerre de siège.

L’échec de la guerre de mouvement de l’été 1914 et la stabilisation du front à l’automne prouve l’inanité de ses conceptions. La guerre des tranchées outre une dépense absolument colossale de munitions nécessite des matériels nouveaux notamment des obusiers pour tirer à contre-pente.

Saint Chamond est le premier à dégainer avec son modèle de 155mm modèle 1915 commandé dès 1914 à 400 exemplaires mais Schneider ne va pas tarder à refaire son retard en présentant un nouvel obusier de 155mm commandé dès le mois de septembre 1915 à 112 exemplaires.

L’obusier de Schneider est une vrai réussite qu’il s’agisse du modèle 1915 ou du modèle 1917, le premier tirant avec des douilles, le second avec des gargousses.

Pas moins de 1600 canons de ce modèle vont être produits ce qui explique qu’il est encore en service dans l’armée française quand éclate la guerre de Pologne. Il est même encore en service en septembre 1948 mais plus dans les unités d’artillerie divisionnaire où il à été remplacé par un dérivé modernisé, le 155C modèle 1946S.

Cet obusier fût également utilisé par de nombreux pays étrangers qu’ils aient été équipés durant le premier conflit mondial ou après. On trouve l’Argentine, la Belgique, la Finlande, la Grèce, l’Italie, la Pologne, les Phillipines, le Portugal, la Pologne, la Russie, l’Espagne, les Etats-Unis, la Roumanie et donc la Yougoslavie.

La Grèce reçu 96 pièces de ce type pour équiper l’artillerie de corps d’armée au sein de bataillons alors que c’était plutôt un canon de division. Seulement 16 pièces vont survivre à la Campagne de Grèce, étant bientôt releguées à l’entrainement.

Le canon de 155C modèle 1917S était un…..obusier de 155mm de conception et de fabrication française pesant 3750kg en position de tir, disposant d’un tube de 15 calibres (2.33m) tirant des projectiles de 40.6 ou 43kg à une distance maximale variant entre 9900m et 11900m à raison de 10 coups par tranche de cinq minutes. l »équipe de pièce pouvait pointer le canon en site de 0° à +42° et en azimut sur 6°.

Mitteleuropa Balkans (184) Grèce (28)

L’armée grecque dans le second conflit mondial (1) (1948-1950)

Situation générale de l’armée grecque à l’automne 1948

Comme nous l’avons vu plus haut, l’armée grecque est réduite à dix divisions d’infanterie et une division de cavalerie en temps de paix.

Au début du second conflit mondial, les uniformes et l’armée grecque comment dire……

Si la division de cavalerie est indépendante ce n’est pas le cas de toutes les divisions d’infanterie puisque huit d’entre-elles sont regroupées deux par deux au sein de corps d’armée, deux restant indépendantes auxquelles il faut ajouter une brigade dispersée sur les îles de la mer Egée.

Au cours des années trente, l’armée grecque découvre timidement la motorisation et la mécanisation avec notamment la motorisation partielle de la cavalerie et l’acquisition de 135 chars légers Hotchkiss H-39 qui vont former trois bataillons.

Hotchkiss H-39 préservé dans un musée

Il semble que la Grèce à étudié la possibilité de créer une division légère mécanique sur le modèle français mais l’étude faite par la MMFG dissuada les grecs qui estimèrent ne pas avoir les moyens nécessaires pour une telle unité ou alors cela aurait été au détriment du reste de l’armée.

L’infanterie reçoit de nouvelles armes automatiques, renforce ses moyens d’appui, l’artillerie abandonne ses pièces antédiluviennes mais beaucoup de canons datant du premier conflit mondial sont encore en service. Comme souvent les projets sont là, les besoins correctement identifiés mais les budgets manquent.

On tente d’améliorer les infrastructures (routes, ponts) mais là encore les moyens et la volonté manquent. De toute façon le relief grec rend les choses assez compliquées.

La Ligne Metaxas

La Ligne Metaxas est renforcée mais nous sommes loin de la Ligne Maginot plutôt d’une ligne tactique capable de protéger le déploiement d’unités de campagne, de ralentir l’ennemi mais guère plus.

Le 5 septembre 1948 les allemands envahissent le Danemark et la Norvège, déclenchant le second conflit mondial. Athènes se déclare en état de non-bélligerance ce qui offre plus de libertés qu’un statut de neutralité.

Mobilisation et préparation

Cet état de non-bélligerance ne signifie pas faiblesse et passivité. Si le gouvernement de Paul 1er exclu la mobilisation générale pour ne pas s’attirer les foudres italiennes, des réservistes sont rappelés, certains proposant volontairement leurs services. La Ligne Metaxas est renforcée avec champs de mines, barbelés et quelques blockhaus.

Des incidents aériens, terrestres et navals ont lieu avec l’Italie menaçant de dégénérer en conflit ouvert. Pour y faire face Athènes décrète le 30 octobre 1948 la mobilisation générale. Celle-ci se passe mal, dans une grande confusion ce qui fit dire à certains officiers grecs que si les italiens avaient attaqué à ce moment là ils seraient rentrés sans difficultés à Athènes. Il faudra près de deux mois pour que l’armée de terre grecque parviennent au format prévu par le schéma de mobilisation.

L’armée royale héllène va ainsi aligner un total de dix-huit divisions d’infanterie, deux divisions de cavalerie, trois bataillons de chars légers équipés de Hotchkiss H-39, un régiment de volontaires du Dodécanèse, un régiment de volontaires issu de la diaspora grecque, une garde nationale, la gendarmerie et différents groupes d’autodéfense et de défense passive à l’utilité militaire douteuse mais qui libéraient l’armée de taches secondaires.

Au 1er janvier 1949, l’armée de terre grecque affiche le visage suivant:

ARMEE D’EPIRE

Unités d’armée : 1ère division de cavalerie, 1er bataillon de chars légers (Hotchkiss H-39), un régiment d’artillerie lourde, un régiment d’artillerie antiaérienne

1er Corps d’Armée :

1ère Division d’Infanterie (1er régiment d’evzones, 4ème et 5ème régiments d’infanterie, une compagnie de cavalerie _deux pelotons montés et un peloton d’autos blindées_ , 1er et 2ème escadrons du 1er régiment d’artillerie, une compagnie antiaérienne et antichar, deux compagnies du génie)

4ème Division d’Infanterie (8ème, 11ème et 35ème RI, une compagnie de cavalerie entièrement montée, 1er et 2ème escadrons du 4ème régiment d’artillerie, une compagnie antiaérienne et antichar, deux compagnies du génie)

Le Corps d’Armée dispose en réserve immédiate d’un bataillon de cavalerie (la Grèce continue de posséder des unités montées importantes faute de pouvoir motoriser/mécaniser ses forces), de deux escadrons d’artillerie issus des Régiments d’Artillerie Divisionnaires (RAD) et d’une compagnie de transport.

2ème Corps dit Corps d’Armée d’Epire :

2ème Division d’Infanterie (1er, 3ème et 7ème RI, une compagnie de cavalerie montée, 1er et 2ème escadrons du 2ème régiment d’artillerie, une compagnie antiaérienne, une compagnie antichar, une compagnie du génie)

5ème Division d’Infanterie (14ème, 43ème et 44ème RI, une compagnie montée, 1er et 2ème escadrons du 5ème régiment d’artillerie, une compagnie antiaérienne et antichar, une compagnie du génie)

Le Corps d’Armée dispose en réserve immédiate d’un bataillon de cavalerie, de deux escadrons d’artillerie issus des Régiments d’Artillerie Divisionnaires (RAD) et d’une compagnie de transport.

3ème Corps d’Armée :

6ème Division d’Infanterie (16ème, 17ème et 18ème RI, une compagnie mixte de cavalerie _deux pelotons montés et un peloton d’autos blindées_ , 1er et 2ème escadrons du 6ème régiment d’artillerie, une compagnie antiaérienne et antichar, une compagnie du génie)

8ème Division d’Infanterie (10ème, 15ème et 24ème RI, une compagnie montée, 1er et 2ème escadrons du 8ème régiment d’artillerie, une compagnie antiaérienne et antichar, une compagnie du génie)

Le Corps d’Armée dispose en réserve immédiate d’un bataillon de cavalerie, de deux escadrons d’artillerie issus des Régiments d’Artillerie Divisionnaires (RAD) et d’une compagnie de transport.

ARMEE DE MACEDOINE

Unités d’armée : 2ème division de cavalerie, 2ème et 3ème bataillon de chars légers (Hotchkiss H-39), un régiment d’artillerie lourde, un régiment d’artillerie antiaérienne

4ème Corps d’Armée :

3ème Division d’Infanterie (2ème régiment d’evzones, 6ème et 12ème régiments d’infanterie, une compagnie d’autos blindées, 1er et 2ème escadrons du 3ème régiment d’artillerie, une compagnie antiaérienne et antichar, une compagnie du génie)

9ème Division d’Infanterie (3ème régiment d’evzones, 25ème et 26ème RI, une compagnie montée, 1er et 2ème escadrons du 9ème régiment d’artillerie, une compagnie antiaérienne et antichar, une compagnie du génie)

Le Corps d’Armée dispose en réserve immédiate d’un bataillon de cavalerie, de deux escadrons d’artillerie issus des Régiments d’Artillerie Divisionnaires (RAD) et d’une compagnie de transport.

5ème Corps d’Armée

7ème Division d’Infanterie (2ème régiment crétois, 19ème et 20ème RI, une compagnie montée, 1er et 2ème escadrons du 7ème régiment d’artillerie, une compagnie antiaérienne et une compagnie antichar, une compagnie du génie)

10ème Division d’Infanterie (4ème régiment d’evzones, 29ème et 30ème RI, une compagnie mixte de cavalerie _deux pelotons montés et un peloton d’autos blindés_ , une compagnie antiaérienne et une compagnie antichar, une compagnie du génie)

Le Corps d’Armée dispose en réserve immédiate d’un bataillon de cavalerie, de deux escadrons d’artillerie issus des Régiments d’Artillerie Divisionnaires (RAD) et d’une compagnie de transport.

RESERVE GENERALE

La mobilisation permet de lever huit divisions d’infanterie supplémentaires portant le total à dix-huit DI. Ces divisions sont placées en réserve de commandement à la fois pour ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier mais aussi pour leur permettre de monter en puissance et de ne pas recevoir le premier choc.

De cette réserve générale dépendant également la brigade de l’Archipel et deux régiments de volontaires, un régiment de grecs du Dodécanèse et un régiment de grecs issus de la diaspora, certains malgré le conflit venant d’Australie et d’Afrique du Sud.

Ces huit divisions d’infanterie ne dépendaient pas de Corps d’Armée et quand il sera question de les engager elles seront soit placées sous l’autorité des cinq corps d’armée existants ou remplaceront les divisions d’active.

Ces divisions sont moins expérimentées, moins entrainées et moins bien équipées que les unités d’active. Malgré une mobilisation complète de l’économie grecque, malgré une aide alliée plus importante que les grecs l’ont longtemps admis, ces divisions sont clairement de faible niveau et si leur enthousiasme et leur agressivité peut compenser certaines lacunes, elle ne peut pas remplacer un entrainement solide, un encadrement fiable et un bon armement.

La 11ème Division d’Infanterie comprend trois régiments d’infanterie (13ème, 50ème et 66ème RI), un peloton monté pour la reconnaissance et l’éclairage, une compagnie antichar et antiaérienne, deux escadrons du 11ème régiment d’artillerie et une compagnie du génie.

La 12ème Division d’Infanterie comprend trois régiments d’infanterie (9ème, 22ème et 27ème RI), un peloton monté pour la reconnaissance et l’éclairage, une compagnie antichar et antiaérienne, deux escadrons du 12ème régiment d’artillerie et une compagnie du génie.

La 13ème Division d’Infanterie comprend trois régiments d’infanterie (2ème, 23ème et 28ème RI), un escadron de cavalerie, une compagnie antichar, une compagnie antiaérienne, deux escadrons du 13ème régiment d’artillerie et une compagnie du génie.

La 14ème Division d’Infanterie comprend trois régiments d’infanterie (31ème RI, 3ème régiment crétois _appelé également 37ème régiment d’infanterie_ et 42ème RI), un peloton monté, une compagnie antichar et antiaérienne, deux escadrons du 14ème régiment d’artillerie et une compagnie du génie.

La 15ème Division d’Infanterie comprend trois régiments d’infanterie (32ème, 45ème et 49ème RI), un peloton monté, une compagnie antichar et antiaérienne, deux escadrons du 15ème régiment d’artillerie et une compagnie du génie.

La 16ème Division d’Infanterie comprend trois régiments d’infanterie (33ème, 46ème et 51ème RI), un peloton monté, une compagnie antichar et antiaérienne, deux escadrons du 16ème régiment d’artillerie et une compagnie du génie.

La 17ème Division d’Infanterie comprend trois régiments d’infanterie (34ème, 47ème et 52ème RI), un escadron mixte de cavalerie (deux pelotons montés et un peloton d’autos blindées), une compagnie antichar et antiaérienne, deux escadrons du 17ème régiment d’artillerie et une compagnie du génie.

La 18ème Division d’Infanterie comprend trois régiments d’infanterie (36ème, 48ème et 53ème RI), un peloton monté, une compagnie antichar et antiaérienne, deux escadrons du 18ème régiment d’artillerie et une compagnie du génie.

-Le troisième escadron des huit régiments d’artillerie est censé formé des groupements d’appui mais le manque de pièces fait que sur les huit escadrons seuls cinq sont équipés de pièces (11,12,15, 17 et 18), les trois autres (13, 14 et 16) sont des unités de papier. Leurs servants seront dispersés en fonction des besoins.

UNITES PARAMILITAIRES

Suite à la mobilisation une garde nationale est créée avec des hommes trop âgés pour le service des armes, des femmes et même des enfants ! Considérés comme des francs-tireurs ils seront souvent sommairement passés par les armes par les italiens et les allemands.

Cela aura le don d’enrager les troupes grecques et on verra certains soldats allemands et italiens tués après avoir été torturés avec un message qui était une liste d’hommes, de femmes et d’enfants massacrés.

Aux côtés de cette garde nationale qui à défaut d’avoir une véritable valeur militaire soulageait l’armée de nombre de missions secondaires on trouvait également la gendarmerie hellénique et des unités de défense passive.

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A l’annonce de la mobilisation générale les grecs espéraient que les alliés allaient proposer le déploiement d’unités dans le pays pour renforcer les positions de l’armée grecque et dissuader définitivement Rome d’attaque la Grèce. Les plus enthousiastes imaginaient une offensive combinée en direction de l’Albanie pour récupérer l’Epire du Nord.

Très vite Paris et Londres font comprendre que leur assistance ne peut être pour le moment que matérielle. Des convois protégés par la Mediterranean Fleet et la 6ème Escadre Légère vont transporter au Pirée des armes en grande quantité.

Quelques conseillers font très discrètement le voyage pour évaluer les capacités réelles de l’armée grecque et tout aussi discrètement anticiper le déploiement de divisions dès que cela sera ordonné par le pouvoir politique.

L’hiver 1948-49 est marqué par des incidents de frontière mais aucune attaque d’ampleur. Tout juste notons sur la frontière avec l’Albanie des duels d’artillerie et quelques échanges de coups de feu entre patrouilles. Si cela ne dégénère pas en conflit ouvert, c’est que ni Athènes ni Rome n’y ont encore intérêt.

Combat !

Le 5 mai 1949 sur feu la frontière greco-albanaise des dizaines de canons ouvrent le feu depuis l’Albanie sur le territoire grec. C’est tout sauf une surprise car depuis six semaines les troupes grecques ont constaté de nombreux mouvements de troupes, l’aménagement de dépôts et de casernements, la réfection de routes, le renforcement de ponts. Ces informations sont confirmés par les agents grecs infiltrés en Albanie et jusque dans les ports italiens.

Athènes informe les alliés qui annoncent préparer un corps expéditionnaire pour soutenir le plus vite possible leur futur allié grec. Ils annoncent un renforcement des bombardements aériens et des actions de leurs marines respectives pour géner le plus possible l’offensive italienne. Une façon de consoler les grecs sur le fait que le corps expéditionnaire allié ne pourra être là au mieux avant quinze jours.

Pour l’opération CAESAR, les italiens font engager le Groupe d’Armées d’Albanie qui comprend deux armées, la 3ème Armée (6ème CA 15ème et 18ème DI, 8ème CA avec la 20ème DI et la 1ère Division d’Infanterie Alpine) et la 8ème Armée (9ème CA avec les 23ème et 28ème DI, 11ème CA avec les 29ème et 30ème DI). A cela s’ajoute la 49ème DI et la Division Blindée «Littorio» placées en réserve stratégique.

Le plan italien est simple, basique. L’attaque principale aura lieu en Epire avec une diversion en Macédoine. Comme à la guerre la première victime est le plan (Clausewitz), les italiens se réservent le droit de changer le fusil d’épaule. En clair si l’offensive principale échoue mais que la diversion s’annonce plus prometteuse, rien n’interdit de modifier l’axe de la poussée principale.

Ensuite rien ne semble avoir été décidé ? Les italiens voulaient-ils aller jusqu’à Athènes et Thessalonique ? Occuper la totalité de la Grèce ? Comme aucun acteur de l’offensive n’à laissé de mémoire et que les archives n’ont pas été réellement exploitées on ne peut que se perdre en conjectures.

Ce qui est certain c’est que très vite les italiens vont se rendre compte que cela va être tout sauf une partie de plaisir. Loin de s’effondrer l’armée grecque résiste fermement et même dans certains secteurs contre-attaque.

Dès le 12 mai 1949 devant les pertes conséquentes liées aux combats et à la météo les italiens suspendent leur offensive en Epire. En Macédoine l’offensive est relancée le 17 mai 1949 mais là encore c’est un échec.

Certains généraux italiens reprochent le non-engagement de la Division Blindée Littorio ce à quoi d’autres répondre que sans le contrôle des points hauts et de certaines zones clés, engager des chars même face à une armée mal équipée dans ce domaine cela ne sert à rien.

Devant la farouche résistance grecque, les alliés accélèrent l’envoi du Corps Expéditionnaire Allié en Grèce (CEAG) une pale copie du Groupe d’Armées d’Orient.

Il faut dire que les temps sont différents, le tempo opérationnel bien plus rapide. On n’à plus plusieurs mois pour déployer les divisions, les entrainer et les faire monter en ligne.

Placé sous commandement français, le CEAG comprend tout de même quatre divisions d’infanterie, une brigade de montagne, une brigade blindée indépendante, deux bataillons de chars, deux GRDI, un régiment de cavalerie, un régiment d’artillerie lourde. Cela va constituer un précieux renfort et un précieux support à l’armée grecque.

La France va envoyer la 1ère Division Légère d’Infanterie (1ère DLI) reconstituée après la Campagne de Norvège où elle avait été engagée en division de marche avec des éléments de la 11ème DLI qui elle n’à pas été reconstituée. A cette division s’ajoute la 82ème Division d’Infanterie d’Afrique (82ème DIA) qui à combattu en Sardaigne et la 86ème DIA, une autre division légère qui elle n’à pas connu le combat.

A cela s’ajoute un régiment motorisé, le 2ème Régiment Etranger de Cavalerie (2ème REC), deux Groupement de Reconnaissance de Division d’Infanterie (82ème et 86ème GRDI) et deux bataillons de chars, les 66ème et 68ème BCC, le premier qui à combattu en Sardaigne à remplacé ses R-35 par des R-40 plus modernes alors que le second à conservé ses R-35 en attendant l’arrivée de chars légers plus modernes.

Renault R-40, une évolution du R-35

La Pologne ou plutôt le gouvernement polonais en exil à envoyé sa brigade de montagne qui s’était illustrée elle aussi en Norvège.

Char médian A-27M Cromwell
Char lourd Churchill

De leur côté les britanniques vont envoyer la 7th Infantry Division venu d’Egypte, la 4th Independent Armoured Brigade venu de Palestine avec ses Cromwell et ses Churchill et un régiment d’artillerie lourde équipée de canons de 5.5 pouces.

BL 5.5 Inch Medium Gun

Ce dispositif est probablement en deca des attentes grecques mais tout de même c’est l’envoi d’unités expérimentées, bien entrainées et motivées pour aider la Grèce à tenir. Ensuite il sera toujours temps d’envoyer plus de troupes si les autres fronts en laisse la possibilité.

C’est un euphémisme de dire qu’à Berlin le déclenchement de l’opération CAESAR à été mal vécue d’autant que Rome à fait preuve d’une discretion toute florentine vis à vis de son alliée ce qui pouvait être considérée comme une réponse du berger à la bergère.

Encore une fois et on ne le répétera pas assez l’opération MARITSA (et non MARITA comme on le trouve écrit dans de trop nombreux livres) n’à jamais été conçue comme une opération destinée à sauver Mussolini de la débacle de ses troupes en Grèce. Cette opération à été planifiée de longue date mais son exécution reportée à plusieurs reprises en raison d’urgences sur d’autres fronts ou tout simplement d’hésitations politico-militaires.

Il semble que c’est l’envoi de troupes alliées en Grèce qui à poussé Himmler et Heydrich à ordonner l’exécution de MARITSA, la crainte étant de se voir reproduire le front de Macédoine du premier conflit mondial.

La Yougoslavie est en première ligne mais nul doute que la Grèce suivra bientôt. Belgrade propose une défense commune du Vardar macédonien mais Athènes refuse arguant à juste titre que son armée doit être réorganisée et rééquipée en vue d’une prochaine offensive aux côtés des alliés.

Tout en dressant des plans de guerre pour une attaque à l’automne 1949 voir au plus tard au printemps prochain, la Grèce réorganise son dispositif.

Signe de confiance, les alliés acceptent de placer leurs unités directement sous commandement grec sans chercher à créer une armée autonome, le CEAG étant une coquille vide plus symbolique que réelle et certains officiers français d’y voir un coup de Jarnac de la Perfide Albion. Comme le dira un lieutenant français anonyme «C’est pas parce que nous sommes alliés contre les fridolins et les ritals que je vais oublier Trafalgar, Waterloo et Azincourt ! Faudrait pas déconner non plus !»

Quand les allemands déclenchent l’opération MARITSA contre la Yougoslavie, les troupes alliées sont organisées de la façon suivante :

ARMEE D’EPIRE

Unités d’armée : 1ère brigade de cavalerie grecque qui intègre dès des éléments de la 1ère division de cavalerie et le 1er bataillon de chars légers, le 2ème Régiment Etranger de Cavalerie (2ème REC) un régiment d’artillerie lourde, un régiment d’artillerie antiaérienne

1er Corps d’Armée : 1ère Division d’Infanterie et 1ère Division Légère d’Infanterie avec comme réserve immédiate un bataillon de cavalerie, d’un escadron d’artillerie et d’une compagnie du génie.

2ème Corps dit Corps d’Armée d’Epire : 5ème et 11ème Divisions d’Infanterie avec comme réserve immédiate le 68ème BCC, deux escadrons d’artillerie et une compagnie de transport.

3ème Corps d’Armée : 6ème et 8ème Division d’Infanterie avec comme réserve immédiate un bataillon de cavalerie, de deux escadrons d’artillerie issus des Régiments d’Artillerie Divisionnaires (RAD) et d’une compagnie de transport.

ARMEE DE MACEDOINE

Unités d’armée : 2ème brigade de cavalerie (éléments montés et un groupement de chars issus des 2ème et 3ème bataillons de chars légers, un régiment d’artillerie lourde grec, un régiment d’artillerie lourde macédonienne

4ème Corps d’Armée : 3ème Division d’Infanterie Grecque et 7ème Division d’Infanterie britannique

Le Corps d’Armée dispose en réserve immédiate d’un bataillon de cavalerie, de deux escadrons d’artillerie issus des Régiments d’Artillerie Divisionnaires (RAD) et d’une compagnie de transport.

5ème Corps d’Armée : 7ème Division d’Infanterie, 10ème Division d’Infanterie et 82ème Division d’Infanterie d’Afrique (82ème DIA)

Le Corps d’Armée dispose en réserve immédiate d’un bataillon de cavalerie, de deux escadrons d’artillerie issus des Régiments d’Artillerie Divisionnaires (RAD) et d’une compagnie de transport.

6ème Corps d’Armée : 12ème et 14ème DI, 86ème DIA avec comme réserve immédiate un

Groupement Blindé Perotin composé des 82ème et 86ème GRDI ainsi que du 68ème BCC.

ARMEE D’ATTIQUE

Cette armée est mise sur pied au début du mois de juin mais c’est une création batarde avec à la fois des unités en cours de reconstitution et des unités de réserve.

Le 7ème Corps d’Armée regroupe les divisions en cours de reconstitution à savoir les 2ème, 4ème et 9ème DI. Devant la dégradation rapide de la situation, le gouvernement grec prendra la décision d’évacuer ces divisions en cours de reconstitution vers la Crète pour permettre de préserver l’avenir à défaut de sauver le présent.

Le 8ème Corps d’Armée comprend la brigade de montagne polonaise, la 4th Independent Armoured Brigade britannique et la 13ème Division d’Infanterie. Les unités de Corps d’Armée sont limitées avec une compagnie de cavalerie grecque, deux escadrons d’artillerie grecs et une compagnie du génie.

ARMEE DU PELOPONNESE

9ème Corps d’Armée : 15ème et 17ème DI

10ème Corps d’Armée : 16ème et 18ème DI

En face les italiens ont reconstitué leur dispositif en renplumant les divisions malmenées par l’opération CAESAR de jeunes recrues pas toujours motivées et/ou entrainées mais aussi en déployant de nouvelles unités.

C’est ainsi que les 42ème et 48ème DI traversent non sans mal l’Adriatique pour rallier l’Albanie, les convois étant victimes de l’aviation et de sous-marins mais au grand soulagement des amiraux italiens le corps de bataillon franco-anglais resta à l’écart probablement par crainte de l’aviation ennemie dans une zone où le ciel était très disputé. Cela nous donne in fine le dispositif suivant :

TROISIEME ARMEE ITALIENNE :

6ème Corps d’Armée : 15ème et 42ème DI

8ème Corps d’Armée : 20ème DI et 1ère Division Alpine

HUITIEME ARMEE ITALIENNE :

9ème Corps d’Armée : 23ème et 48ème DI

11ème Corps d’Armée : 29ème et 30ème DI

RESERVE D’ARMEE

-18ème Division d’Infanterie

-28ème Division d’Infanterie

-49ème Division d’Infanterie

-Division Blindée Littorio

La Campagne de Yougoslavie va durer plus de deux mois. L’armée de Pierre II résiste pied à pied, regrettant que les alliés n’aient pas engagé de troupes au sol. Certes les marines alliées opéraient en Adriatique avec leurs unités légères, certes des missions de bombardement visaient les troupes italiennes et allemandes mais cela n’était pas aussi tangible qu’une ou plusieurs divisions d’infanterie voir de cavalerie.

Il semble que les alliés ont envisagé de passer en Yougoslavie au début du mois de septembre mais à cette date la situation des armées yougoslaves était pour ainsi dire désespérée.

Tout juste pouvaient-ils couvrir le repli en Grèce des unités yougoslaves qui quand elles étaient encore organisées combattaient aux côtés des alliés alors que les trainards et les isolés étaient rapidement évacués sur le Péloponnèse puis en Crète pour reconstitution d’une armée digne de ce nom.

La Campagne de Grèce proprement dite commence le 25 septembre 1949. Es-ce à dire que les grecs se sont tournés les pousses depuis juillet. Non bien sur ils ont tenté avec les alliés de faire remonter le niveau de leurs unités de combat, d’améliorer la coordination interarmes, la coopération avec les alliés….. .

Sur le plan opérationnel, le front albanais est marqué par des duels d’artillerie et par des coups de main pour maintenir l’ennemi sous pression. Des reconnaissance en force sont également menées mais rien qui ne ressemble à une offensive grande style.

Les grecs et leurs alliés doivent opérer contre les italiens et les allemands, des moyens nettement plus élevés car non seulement les unités sont plus expérimentées mais aussi plus puissantes, l’Allemagne engageant ses Panzerdivisionen.

Pour la campagne de Yougoslavie les allemands avaient déployé douze divisions :

-Trois divisions blindées : 1ère, 5ème et 12ème Panzerdivisionen

-Une division d’infanterie de montagne la 1. Gebirgjäger Division

-Une division parachutiste la 3. Fallschitmjäger Division

-Sept divisions d’infanterie les 3ème, 9ème, 14ème, 25ème, 31ème, 35ème DI + la 5. Leichte Division.

Toutes ces divisions ne vont pas participer à la Campagne de Grèce puisqu’il faut occuper une partie de la Yougoslavie, nettoyer le territoire des soldats yougoslaves isolés…… . Le dispositif allemand est totalement réorganisé, la 12ème Armée qui s’occupe de «pacifier» la Yougoslavie pendant qu’une 15ème Armée s’occupe de la Grèce.

La 12ème Armée allemande dispose de la 1. Panzerdivision, la 1. Gebirgjäger Division, les 3., 9 et 35.ID (InfanterieDivision) alors que la 15ème Armée allemande va disposer des moyens suivants :

35ème Corps Blindé (35. Panzerkorps) : 5. et 12. Panzerdivisionen, 5. Leichte Division

18ème Corps de Montagne (18. GebirgsKorps) : 2. et 4. Gebirgjäger Division

30ème Corps d’Armée (30. ArmeeKorps) : 3. Fallschitmjäger Division et 14. InfanterieDivision

31ème Corps d’Armée (31. ArmeeKorps) : 25. et 31. InfanterieDivision

32ème Corps d’Armée (32. ArmeeKorps) : 72. et 25. InfanterieDivision

Les combats sont extraordinairement violents. Les grecs ne lâchent pas un pouce de terrain, survoltés par un patriotisme incandescent mais aussi par les premières exactions italiennes et allemandes contre la population civile.

Tout comme certains ouvrages de la Ligne Maginot, des ouvrages de la Ligne Metaxas vont continuer à combattre même encerclés, certains se rendant après l’épuisement des munitions ou d’autres combattant jusqu’à la mort.

En dépit de moyens militairement importants, les alliés doivent peu à peu céder du terrain. La ville de Thessalonique tombe le 30 novembre 1949 après de violents de combat en périphérie et même en ville. Des soldats grecs et alliés parviennent à évacuer au nez à la barbe de l’ennemi.

La ville de Larissa tombe le 5 décembre 1949 et la capitale Athènes le 17 janvier 1950 après de violents combats qui ruinent la ville qu’elle soit ancienne ou moderne.

Ces combats ont lessivé les grecs qui commencent à manquer d’hommes et de munitions. Le gouvernement grec hésite entre deux stratégies : un combat total sans esprit de recul ou la volonté de préserver l’avenir en évacuant vers la Crète des hommes pour reconstituer des divisions.

Les alliés appuient cette stratégie en envoyant en Crète des stocks importants d’armes et de munitions en faisant comprendre aux grecs que cela permettrait de reconstituer une armée réduite mais bien entrainée et bien équipée.

Le 24 janvier 1950 les troupes de l’Axe lancent une offensive qui doit mettre fin à cette campagne de Grèce. C’est un échec, le coup de main du Brandeburger Regiment pour s’emparer du pont franchissant le canal de Corinthe échoue, le pont sautant bloquant net l’avance allemande.

Des combats violents ont lieu durant tout le moins de février mais concernent moins la Grèce continentale que les îles, les deux adversaires cherchant à s’emparer du plus de terres émergées possible. Certains ont comparé ces combats à une version insulaire et méditerranéenne de la «course à la mer» du premier conflit mondial quand après leur échec sur la Marne les allemands ont tenté de couper les britanniques des ports par lesquels il faisait parvenir renforts et matériel.

C’est ainsi que l’Axe s’empare de l’île de Céphalonie, de l’île d’Eubée mais aussi des Cyclades. Les alliés ne disputent pas toujours la conquête, essayant de ne pas gaspiller des moyens limités.

Des renforts grecs et alliés arrivent. Côté grec la 2ème Division d’Infanterie reconstituée en Crète passe non sans mal dans le Péloponnèse, défendant la péninsule aux côtés des divisions alliées comme les 1ère et 2ème divisions australiennes (qui ne tarderont pas à rallier le Pacifique) ou encore la 6ème division d’infanterie canadienne.

En face l’Axe est dans un dilemme puisqu’il souhaite neutraliser la menace alliée mais sans trop engager de moyens alors que s’annonce l’opération BARBAROSSA.

Comme nous le savons la Campagne de Grèce se termine à la mi-mars après la bataille navale du Golfe de Zanthe. Entre-temps l’opération CATAPULT à permis à partir du 5 février 1950 la conquête du Dodécanèse par trois divisions alliées à savoir la 3ème division sud-africaine, la 87ème DIA française et la 66ème DI britannique.

Le front grec au printemps 1950

A l’époque le dispositif allié en Grèce est le suivant :

-1ère Division Légère d’Infanterie (1ère DLI) déployée sur l’île de Zakynthos aux côtés de la brigade de montagne polonaise

-82ème Division d’Infanterie d’Afrique (82ème DIA) : défend la ville de Patras aux côtés du 2ème Régiment Etranger de Cavalerie (2ème REC)

-La 86ème Division d’Infanterie d’Afrique (86ème DIA) est en réserve stratégique en Crète pour reconstitution après avoir été durement malmenée et avoir durement malmené l’ennemi

-Les 66ème et 68ème BCC forment un bataillon de marche composé de Renault R-35 et R-40 qui est placé sous commandement britannique avec la 4ème brigade blindée indépendante britannique qui à perdu de sa superbe. Les chars grecs Hotchkiss H-39 forment un autre bataillon de marche.

-La 7ème division d’infanterie britannique à été rapatriée en Egypte pour reconstitution

-Le secteur Patras-Corinthe est couvert par des divisions grecques et alliées avec la 2ème division d’infanterie, la 6ème division d’infanterie canadienne, les 3ème, 10ème, 13ème et 14ème DI grecques.

Les alliés vont parvenir à conserver le Péloponnèse jusqu’à la fin du conflit. L’Axe aurait bien aimé neutraliser cette douloureuse épine dans son flanc mais les moyens nécessaires étaient toujours nécessaires ailleurs. C’est donc cette presqu’île qui va servir de base de départ à la reconquête de la Grèce.

Mitteleuropa Balkans (157) Grèce (1)

UNE AUTRE SECONDE GUERRE MONDIALE

T.11 MITTELEUROPA ET BALKANS

VOLUME 5 : GRECE

Le drapeau du Royaume de Grèce de 1863 à 1924

AVANT-PROPOS

Le 22 mai 2020 j’ai commencé le tome 11 de ma gigantesque que dis-je de ma monumentale, de ma vertigineuse uchronie qui après dix tomes (T1 France T2 Allemagne T3 Grande-Bretagne T4 Etats-Unis T5 Japon T6 Italie T7 URSS T8 Dominions T9 Benelux T10 Scandinavie) comprend 8395 pages !

Le 14 janvier 2021 j’ai terminé la Yougoslavie (Tome 11 vol.4) portant le total de pages écrites à 9385 pages (NdA quand je vous dis que je vais dépasser les 10000 pages…..)

Ce Tome 11 est le dernier des tomes concernant des nations belligérantes puisque le Tome 12 sera consacré aux nations neutres.

Ce Tome 11 disposera de six volumes, le premier consacré à la Hongrie, le deuxième consacré à la Bulgarie, le troisième consacré à la Roumanie, le quatrième à la Yougoslavie, le cinquième à la Grèce et enfin le sixième à l’Etat indépendant de Slovaquie apparu au printemps 1939 suite au démantèlement de ce qui restait de la Tchécoslovaquie. Comme pour le tome 10 il y aura des nations alliées et des nations ayant appartenu à l’Axe.

L’organisation sera différente selon les volumes. Si le volume 1 ne possédait pas de partie marine, si le volume 6 consacré à la Slovaquie n’en possèdera pas non plus (et pour cause !), les volumes 2 à 5 consacré respectivement à la Bulgarie, à la Roumanie, à la Yougoslavie et à la Grèce posséderont une partie consacrée à la marine qui fera suite à la partie traditionnelle consacrée à l’histoire générale.

La troisième partie sera consacrée à l’armée de terre avec d’abord une partie sur l’histoire militaire du pays, une partie sur l’organisation générales et des plus ou moins grandes unités et enfin une partie sur l’armement et les véhicules. Je terminerai par une partie consacrée à l’armée de l’air, son histoire, son organisation et son équipement.

Après cette partie consacrée au plan général revenons un peu sur l’histoire avec un grand H. J’ai eu du mal à définir l’étendue géographique qui est nettement moins évidente que celles des deux derniers tomes (Scandinavie, Benelux). J’ai finalement choisit «Mitteleuropa et Balkans» soit en français «Europe du milieu et Balkans».

Tout comme le terme Scandinavie il est peut être inapproprié pour les puristes mais je pense que c’est pas mal (j’avais un temps pensé à «Europe danubienne et balkanique» mais cela ne me satisfaisait pas totalement).

Mis à part peut être la Grèce (et encore !) ces pays ont un point commun celle d’avoir été gravement impactés par la première guerre mondiale et les traités qui y ont mis fin.

Nous avons d’abord les pays vaincus comme la Hongrie et la Bulgarie qui ont souffert de traités particulièrement musclés notamment le pays des magyars qui passa du statut de puissance majeure au sein d’une double-monarchie austro-hongroise au statut d’une puissance de second ordre enclavée en Europe centrale. La Bulgarie avait du également rendre des comptes aux alliés occidentaux pour s’être alliée aux empires centraux.

La Yougoslavie était elle un des états issus de l’éclatement de l’empire austro-hongrois en compagnie de la Tchécoslovaquie et partiellement de la Pologne. De cet état tchécoslovaque naquit au printemps 1939 un état slovaque souverain, une souveraineté biaisée par le fait que Bratislava devait tout à l’Allemagne.

La Roumanie et la Grèce en revanche avaient appartenu au camp des vainqueurs même si leur participation à la première guerre mondiale à été plutôt limitée, Bucarest livrant une prestation catastrophique et ne devant son salut qu’à une preste assistance alliée (et surtout française) alors qu’Athènes fût engagée contrainte et forcée dans le conflit, sa participation étant parasitée par un conflit entre un premier ministre pro-allié (Venizelos) et un roi pro-allemand (Constantin 1er).

Eleftherios Venizelos

Dans l’immédiat après guerre cette région est traversée par de vigoureuses secousses entre Blancs et Rouges, entre pro-allemands et pro-alliés.

C’est aussi le théâtre d’une lutte d’influence où la France tente de nouer un réseau d’alliance pour contre une réémergence de la menace allemande et pour tendre un cordon sanitaire contre la Russie bolchevique. Pas étonnant que ces différents pays aient connu pour la plupart des régimes autoritaires souvent réactionnaires parfois fascisants.

C’est l’acte de naissance de la Petite Entente. Les français n’en sont pourtant pas à l’origine puisque son origine remonte au 14 août 1920 quand la Tchécoslovaquie, la Roumanie et le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes _Yougoslavie à partir de 1929_ signent un accord d’assitance pour se prémunir de la menace hongroise, Budapest n’ayant jamais accepté le traité du Trianon le 4 mai 1920.

Cette alliance est renforcée par des accords bilatéraux entre la Roumanie et la Tchécoslovaquie (23 avril 1921), entre la Roumanie et le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes (7 juin 1921) et entre le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes et la Tchécoslovaquie (31 août 1921). La Petite Entente entend garantir, par la force si besoin, les traités de paix.

Cette alliance est cependant imparfaite et incomplète puisque ne prenant pas en compte les autres menaces que ce soit l’URSS (vis à vis de la Roumanie), l’Italie (vis à vis de la Yougoslavie) ou encore l’Allemagne et la Pologne (vis à vis de la Tchécoslovaquie).

Suite aux accords de Locarno, la France signe des alliances militaires avec Prague (16 octobre 1925), avec Bucarest (10 juin 1926) et Belgrade (novembre 1926).

Suite aux renoncements français de la fin des années trente, ces pays vont davantage se tourner vers l’Allemagne.

Nul doute que si la guerre de Pologne était devenu un conflit mondial nul doute que cette région aurait durablement échappé aux alliés. Son arrêt brutal en décembre 1939 permet à Paris et à Londres de remettre l’ouvrage sur le métier.

Plus facile à dire qu’à faire puisque si la réputation dégringole par l’ascenseur, elle remonte par l’escalier. Il faudra du temps, de la patience, du doigté et un soupçon de chance pour rendre la région moins hostile aux alliés.

C’est ainsi que des accords formels de coopération et d’assistance militaires sont signés avec la Yougoslavie et la Grèce, le premier étant signé à Belgrade le 14 septembre 1945 et le second à Athènes le 8 octobre 1946. Des tentatives vis à vis de la Hongrie, de la Roumanie et de la Bulgarie se heurtent à une telle inertie qu’elle équivaut à une fin de non recevoir.

Cette relance est donc limitée mais s’accompagne d’une coopération politique et militaire avec notamment la livraison de matériel militaire moderne ainsi que l’envoi comme dans les années vingt de missions militaires, le général Gamelin dirigeant celle en Yougoslavie et le général Georges celle envoyée en Grèce. L’envoi de généraux ayant été aux manettes de l’armée française est très apprécié par les gouvernements concernés qui y voient une profonde marque de respect.

Quand la guerre s’annonce inévitable à très court terme la région concernée par ce tome se partage entre pays pro-alliés mais sans excès (Yougoslavie, Grèce), des pays clairement pro-allemands (Hongrie, Slovaquie, Roumanie) et une Bulgarie qui accepte de se faire courtiser par les deux camps tout en veillant à ne pas se mettre à dos la Russie qui bien que communiste est toujours considérée par nombre de bulgares comma la Troisième Rome, protectrice des slaves.

Quand la seconde guerre mondiale éclate le 5 septembre 1948 ces différents pays mobilisent mais ne s’engagent pas directement dans le conflit. Question de temps dirions nous…… .

***

Ce volume 5 concerne donc la Grèce que l’on peut considérer sans trop se tromper comme le ou du moins l’un des berceaux de la civilisation européenne.

Des civilisations brillantes se succèdent jusqu’à la conquête romaine qu’il s’agisse de la thalassocratie athénienne, de la militariste sparte (qui continue de fasciner aujourd’hui, les faibles sources permettant à chacun de projeter ses fantasmes sur la cité lacédémonienne), de Thèbes et son ordre oblique et que dire bien entendu de la Macédoine de Philippe II et d’Alexandre le Grand.

Après la conquête romaine si le monde grec perd son indépendance, elle garde son influence culturelle et même politique, l’empire romain voyant son centre de gravité basculer peu à peu vers l’Orient.

Conséquence en 330 Constantin implante une nouvelle capitale sur le site de la colonie grecque de Byzance, Constantinople.

L’empire se scinde définitivement en deux en 395 et si en 476 l’Empire Romain d’Occident disparaît, en Orient il va perdurer jusqu’en 1453 et sa chute définitive sous les coups de boutoirs des ottomans.

Les grecs vont connaître une longue période de domination ottomane, plus de trois siècles avant de retrouver son indépendance au cours du XIXème siècle après une longue guerre d’indépendance.

Une dynastie bavaroise est choisie pour diriger le pays ce qui à l’époque ne choque personne ou presque.

Othon 1er, le premier roi de la Grèce indépendante

Le pays qui est loin d’avoir atteint ses frontières actuelles (A l’époque il ne couvre que le Péloponnèse et l’Attique) va tenter de regrouper tous les hellénophones sous sa souveraineté. Si le roi Othon 1er parvient à créer une administration centralisée et à transformer Athènes en ville et capitale moderne, il ne parvient pas à réaliser tous ces projets en raison de problèmes financiers constants (lourd endettement vis à vis de la France, de la Grande-Bretagne et de la Russie) et de relations conflictuelles avec l’empire ottoman.

De nombreuses querelles intérieures empêchent la Grèce de sortir de près de quatre siècle de marasme pour devenir un état moderne et respecté. En 1862 le roi Othon 1er est renversé et remplacé par un prince de la maison de Danemark, la dynastie restant au pouvoir jusqu’à la fin des années soixante quand elle sera renversée par un coup d’état militaire qui à sa chute laissera la place à une république, toujours en place aujourd’hui.

La Grèce parvient peu à peu à agrandir son territoire en récupérant des territoires auprès de la Sublime Porte notamment la Grèce ou la Macédoine.

Durant le premier conflit mondial, la Grèce songe d’abord à rester neutre mais va être forcée de s’impliquer dans le premier conflit mondial. Aux combats sur le front balkanique s’ajoute une guerre civile entre les partisans du roi Constantin 1er et ceux du premier ministre Elefthérios Venizelos.

Constantin 1er

Dans l’immédiat après guerre, la Grèce va tenter de réaliser la Megale Idae (La Grande Idée) à savoir de regrouper dans un même état toutes les populations de langue et de culture grecque. Athènes espère profiter de la défaite de l’empire ottoman mais la guerre greco-turque de 1921/22 tourne à la catastrophe, la Grèce enterrant définitivement ses rêves expansionnistes et devant gérer l’arrivée de plusieurs millions de réfugiés suite à un échange de population avec la Turquie de Mustapha Kemal.

Cette crise provoqua la chute de la monarchie en 1924 et une expérience républicaine qui se termine en 1935 par une restauration bientôt supplantée dans les faits par la dictature de Metaxas qui tel un despote éclairé tente de sortir la Grèce de sa léthargie et de la moderniser alors que les menaces s’accumulent tout autour du pays. Nul ne peut dire ce qui se serait passé si il n’était pas mort en 1941 dans des circonstances suspectes.

Durant la Pax Armada la Grèce doit faire à une politique étrangère italienne agressive ce qui la pousse à se rapprocher mais sans excès des alliés, signant un accord de coopération militaire avec la France mais cet accord que les militaires grecs espéraient fructueux ne donnera pas les fruits escomptés sans que l’on sache si le problème est venu du côté français ou du côté grec.

En septembre 1948 la Grèce proclame sa non-belligérance. Elle annonce qu’elle prendra toutes les mesures pour préserver son territoires des opérations menées par les différents belligérants.

Des incidents vont opposer les grecs aux italiens et parfois aux alliés mais sans que cela dégénére en conflit armé et ouvert. Ce n’est que partie remise puisque le 5 mai 1949 l’Italie envahit la Grèce selon les modalités prévues par l’opération CAESAR mais cette opération censée être une promenade militaire se transforme en déroute, les grecs bien aidés par les britanniques et les français refoulant les italiens en Albanie.

ES-ce que cela signifie qu’Athènes à fait le plus dur ? Hélas pour la Grèce non puisque le 7 juillet 1949 les allemands lancent l’opération MARITSA, envahissant la Yougoslavie qui malgré une résistance formidable doit s’avouer vaincu à l’automne.

Cela à au moins permis à la Grèce de renforcer son dispositif et nul doute que si les troupes de l’Axe n’ont pu s’emparer du Péloponnèse c’est aussi parce que les yougoslaves ont résisté plusieurs mois et non quelques jours.

La Grèce est partiellement occupée mais le gouvernement grec échappe aux affres de l’exil, quittant simplement Athènes pour la Crète et Héraklion. Mieux même l’opération CATAPULT permet au gouvernement grec de récupérer de nouveaux territoires sous la forme des îles du Dodécannèse.

Après avoir reconstituée une armée et une armée de l’air, après avoir préservé sa marine, le gouvernement grec pèse de tout son poids pour faire du front balkanique non pas un front majeur mais autre chose qu’un front de fixation.

Il obtiendra gain de cause avec une série d’offensives qui permettront de libérer un territoire meurtrit par une occupation particulièrement sévère des italiens, des allemands et des bulgares, les combats provoquant in fine une famine biblique qui allait ramener la Grèce à un niveau socio-économique particulièrement bas.

Pour ne rien arranger, le second conflit mondial fait place à une guerre civile qui commence dès 1955 et s’achève en 1959 par la défaite des communistes grecs qui ne purent bénéficier du soutien soviétique.

Mitteleuropa Balkans (151) Yougoslavie (39)

Hawker Hurricane

Hawker Hurricane aux couleurs yougoslaves

Au milieu des années trente, l’ère du chasseur biplan s’achevait, l’ère du monoplan s’ouvrait. Oh certes il y eut des monoplans de chasse durant le premier conflit mondial mais ils étaient largement marginaux par rapport aux biplans.

Dans le cadre de l’appel d’offres F.7/30, Sydney Camm, chef du bureau d’études d’Hawker proposa le Hawker P.V.3, un appareil issu du Hawker Fury qui fût rejeté par l’Air Ministry.

Suite à cet échec, Sydney Camm travailla sur un monoplan aux ailes cantiveler et train fixe mais il n’attira pas l’intérêt du ministère de l’Air.

La firme Hawker ne se découragea pas et continua à travailler sur un nouvel appareil avec une révision complète du désign, un moteur Rolls Royce Merlin (alors connu comme le PV-12) et un train d’atterrissage rétractable. En septembre 1934, trois mois après le refus de poursuivre le design précédent, le ministre de l’Air accepta de financer la construction d’un prototype.

En novembre 1934 fût lancée l’appel d’offre F.5/34 qui demandait un intercepteur monoplan armé de huit mitrailleuses dans les ailes. En janvier 1935 une maquette en bois est terminée et après quelques modifications mineures, la production du prototype est approuvée, l’appel d’offres devient le F.36/34 suite à une modification de l’armement.

Le prototype est assemblé en octobre 1935 et effectue son premier vol le 6 novembre 1935, les tests officiels commençant en mars 1936. Ils se révèlèrent très satisfaisants et sur proposition du constructeur, l’appareil fût officiellement baptisé Hurricane le 26 juin 1936. Une faiblesse structurelle fût cependant détectée et ne fût modifiée qu’à partir du 61ème exemplaire de série.

La production en série du Hurricane est décidée en juin 1936, le premier appareil de série effectuant son premier vol le 12 octobre 1937, les livraisons suivant rapidement puisque dix-sept squadrons sont équipés en septembre 1939.

Le nombre passe rapidement à vingt-deux par rééquipement des unités équipées de biplans (Gladiator et Gauntlet) mais à terme le Hurricane va être surclassé par le Spitfire plus moderne mais surtout au potentiel de dévellopement plus prometteur et intéressant.

Le Hurricane peut cependant toujours rendre des services outre-mer. Il équipe ainsi encore des unités déployées en Extrême-Orient et au Moyen-Orient soit six squadron équipées de Hurricane Mk II.

Il équipe également des unités de chasse-bombardement intégrées non au Fighter Command mais au Bomber Command.

Si pour les missions de chasse, le Hurricane est surclassé par les Me-109 et les Fw-190, en matière de chasse-bombardement, il est toujours largement capable même si à terme il doit être remplacé complètement par le Typhoon et le Tempest.

Quatre squadrons sont encore équipés de Hurricane Mk III, appareils déployés en Inde et au Soudan.

Dix squadrons volent encore sur “Hurri” en septembre 1948. La production ayant été stoppée en septembre 1945 après la satisfaction des commandes export.

Le Hawker Hurricane à ainsi équipé l’Australie, la Belgique, le Canada, l’Egypte, la Finlande (durant la guerre d’Hiver), la Grèce, l’Inde britannique, l’Iran, l’Irlande, la Nouvelle-Zélande, la Norvège, le Portugal, la Roumanie, l’Afrique du Sud, la Turquie et la Yougoslavie.

Il va aussi équiper un temps la Fleet Air Arm (FAA) dans une version embarquée (Sea Hurricane), un appareil en service de juillet 1940 à avril 1944.

Fin 1937 l’armée de l’air royale yougoslave passe commande de douze Hawker Hurricane Mk I pour ce qui concerne le premier succès export de l’appareil. La commande est doublée passant à vingt-quatre appareils.

De nouveaux avions vont être produits sous licence par Zmaj, une production assez lente puisqu’entre 1940 et 1945 seulement soixante-quatre autres appareils vont être produits avant que la Yougoslavie ne concentre son potentiel aéronautique sur des modèles nationaux.

C’est donc un total de quatre-vingt huit appareils qui vont être livrés à l’armée de l’air royale yougoslave.

En juillet 1949, trois régiments de chasse sont partiellement ou totalement équipés de Hawker Hurricane, le 6ème régiment de chasse de la 1ère brigade aérienne multirôle (vingt-sept appareils), le 3ème régiment de chasse de la 2ème brigade aérienne multirôle (vingt-sept appareils) et le 9ème régiment de chasse qui disposait de dix-huit appareils complétés par neuf Rogožarski IK-3.

Certains de ces appareils sont détruits au sol par les bombardements aériens préliminaires menés par la Luftwaffe mais d’autres parviennent à décoller pour intercepter les appareils ennemis non sans un certain succès même si clairement le Hurricane était déclassé par les dernières versions du Me-109 et du Focke-Wulf Fw-190.

A cela s’ajoutait le différentiel de niveau entre des pilotes allemands aguerris par presque un an de lutte et des pilotes yougoslaves qui étaient certes bien entrainés mais tout le monde sait que l’entrainement même le plus réaliste du monde ne peut remplacer l’expérience du combat.

A la fin de la Campagne de Yougoslavie sur les quatre-vingt huit appareils livrés à l’armée de l’air royale yougoslave il ne restait plus que vingt-cinq appareils de disponibles mais pour beaucoup en mauvais état.

Huit sont tout de même rassemblés sur l’aérodrome de Banja Luka par la nouvelle armée de l’air croate.

Ces appareils sont remis en état, repeints avec une nouvelle cocarde à damier et auraient pu former la première unité de chasse de cette nouvelle armée de l’air si les partisans communistes n’avaient pas détruits ces appareils au cours d’un raid mortier mené le 14 novembre 1949 à la veille d’une cérémonie officielle. Aucun Hurricane yougoslave n’à survécu au second conflit mondial.

Caractéristiques Techniques du Hawker Hurricane Mk IIC

Type : chasseur et chasseur-bombardier monoplan monomoteur

Masse à vide 2605kg en charge 3480kg maximale au décollage 3950kg

Dimensions : longueur 9.84m envergure 12.19m hauteur 4m

Motorisation : un moteur en ligne Rolls-Royce Merlin XX de 1185ch à 6400m

Performances : vitesse maximale 547km/h à 6400m distance franchissable 965km plafond opérationnel 10970m

Armement : huit mitrailleuses de 7.7mm Browning dans les ailes deux bombes de 500kg ou quatre de 250kg ou des roquettes.

Focke-Wulf Fw-190

A l’origine du Fw-190 figure une demande du Reichsluftministerium (RLM) à différents constructeurs pour la mise au point d’un nouveau chasseur. Le Bf/Me-109 était un excellent appareil mais à l’époque l’aviation évoluait tellement vite qu’il fallait avoir deux ou trois coups d’avance.

L’un des constructeurs sollicité était la firme Focke-Wulf et son ingénieur en chef Kurt Tank qui proposa plusieurs projets tous proposés avec des moteurs en ligne ce qui suscita….aucun intérêt des services officiels.

Quand l’ingénieur proposa un projet propulsé par un moteur radial, le projet intéressa bien davantage le RLM.

En effet, les moteurs en ligne étaient très demandés et le choix d’un moteur refroidit par air permettait une production rapide des appareils sans problèmes (ou presque) pour la fourniture des moteurs.

L’appareil dessiné autour d’un moteur BMW était fin et élégant, un vrai pur-sang taillé pour la vitesse. Son train large le rendait moins soumis aux accidents à l’atterrissage qui causèrent la perte d’un grand nombre de Me-109.

Le premier prototype effectue son premier vol le 1er juin 1939 suivit par un second le 31 octobre suivant, les deux derniers prototypes ne volèrent jamais, les cellules étant utilisées pour des tests et des essais statiques.

Les appareils de pré-série ne sont commandés qu’en novembre 1940, vingt-huit appareils sont livrés en janvier 1941. Les premiers appareils de série entre en service (Fw-190A) en janvier 1942.

Cette première variante va équiper deux Geschwader avec différentes sous-variantes baptisées A-1 à A-5. Les différences sont minimes.

A la variante -A succède la variante -B apparaît mais produit en petit nombre équipant une escadre. La variante -C n’est finalement pas produite _les différences entre le B et le C sont minimes_, cédant aussitôt la place à la variante -D au moteur plus puissant, à la protection et l’armement renforcé.

Les premiers Focke-Wulf Fw-190 entrent en service en juin 1943, les D-1 à D-3 équipant deux escadres de chasse. Les sous-variantes D-4 à D-6 sont une version chasse-bombardement (Jagdbomber) qui équipent deux escadres de chasse-bombardement (Schlachtgeschwader).

Aux côtés du Focke-Wulf Fw-195 _version embarquée du Fw-190_ est produite une nouvelle variante, le Fw-190E, une version équipée deux escadres de chasse et une escadre de chasse-bombardement.

La variante -F ne dépasse pas le stade du prototype à la différence de la variante -G dite «long-nez» avec un capot allongé pour accueillir un moteur plus puissant. La production lancée en septembre 1947 à permis le rééquipement d’une des deux escadres équipées jusque là de Fw-190A, le rééquipement de l’autre étant suspendue quand le conflit éclate.

Une variante embarquée du Fw-190G baptisée Fw-195V (Verbesert améliorée) est en développement mais les prototypes n’ont pas encore volé en septembre 1948.

Le Focke-Wulf Fw-190 est exporté en Hongrie, en Espagne, en Roumanie, en Turquie et en Yougoslavie dans une tentative vaine pour rallier Belgrade à l’Axe.

Belgrade va recevoir vingt-quatre Focke-Wulf Fw-190, six Fw-190A pour former les pilotes et dix-huit Fw-190E destinés à équiper les unités opérationnels en l’occurence les 2ème et 8ème régiments de chasse qui disposaient également de Me-109E.

En juillet 1949 il restait quatre Fw-190A et les dix-huit Fw-190E. Les appareils opérationnels mais aussi les quatre Fw-190A pilotés par des instructeurs de l’Ecole de l’Air de Zemun vont décoller pour mener la traque des appareils allemands. Certains mèneront même des missions de chasse-bombardement contre les colonnes allemandes, subissant des pertes face à la puissance de la Flak.

A la fin des combats en Yougoslavie il restait un Fw-190A et trois Fw-190E mais dans un tel état que les allemands qui les ont récupéré les ont envoyés à la casse après avoir récupéré toutes les pièces réutilisables.

Caractéristiques Techniques du Focke-Wulf Fw-190

Type : chasseur monomoteur monoplan monoplace

Masse : à vide 3200kg en charge 44417kg maximale au décollage 4900kg

Dimensions : longueur 9.00m envergure 10.51m hauteur 3.95m

Motorisation : un moteur radial BMW 801 D-2 de 1700ch

Performances : vitesse maximale 656 km/h à 5920m distance franchisable 800km Plafond opérationnel 11410m

Armement : deux mitrailleuses MG-131 de 13mm avec 475 coups chacune et quatre canons de 20mm MG-151 avec un total de 780 coups. 500 à 1000kg de bombes, de roquettes….. .

Rogozarski IK-3

Le Rogozarski IK-3 est un chasseur monomoteur monoplace monoplan de conception et de fabrication yougoslave même si le moteur était français (Hispano-Suiza). Destiné à remplacer l’Ikarus IK-2 obsolète à sa mise en service il était de la même classe en terme de performances que le Me-109.

Son premier vol à lieu en mai 1938 et après un assez long processus de développement marqué par le crash du prototype au cours d’une campagne d’essais il est mis en service en mars 1940. La production va être assez lente et seulement quarante-cinq appareils équipaient la JKRV en juillet 1949.

Si le 4ème régiment de chasse (2ème brigade aérienne multirôle) disposait de vingt-sept appareils, le 5ème régiment de chasse qui dépendait lui de la 3ème brigade aérienne multirôle ne disposaient que de dix-huit appareils, neuf Ikarus IK-5 bimoteurs complétant l’équipement de l’unité.

A cette date l’appareil était clairement dépassé mais c’était cet appareil ou pas d’avion du tout. Leur remplacement par des Ikarus Ik-7 était prévu même si la décision n’avait pas été officiellement prise par les autorités militaires yougoslaves.

Les chasseurs yougoslaves vont décoller dès les premières attaque aériennes allemandes, italiennes et hongroises. Certains vont escorter les Blenheim et les Léo dans des tentatives de bombardement sur l’Autriche mais peu habitués à voler de concert, bombardiers et chasseurs se perdirent de vue ce qui entraina des pertes sensibles chez les unités de bombardier.

Au cours de la campagne les Rogozarski IK-3 menèrent également des missions de mitraillage, surprenant parfois certaines unités allemandes même si la Flak n’était jamais loin et la chasse ennemie rapidement appelée sur les lieux.

A la fin du conflit sur les 45 appareils en ligne, il n’en restait que 18 en état de voler. Quelques appareils vont voler sous les couleurs croates mais très vite des chasseurs plus modernes vont les remplacer. Un appareil à été préservé en Serbie et un autre est en cours de restauration en Croatie.

Caracteristiques Techniques

Type : chasseur monomoteur monoplan monoplace

Masse à vide 2048kg en charge 2630kg

Capacité carburant : 330l

Dimensions : longueur 8m envergure 10.3m hauteur 3.25m

Motorisation : un moteur en ligne Hispano-Suiza 12Y51 de 1300ch entrainant une hélice tripale à pas variable

Performances : vitesse maximale 550 km/h vitesse de croisière 423km/h distance franchissable 770km

Armement : un canon de 20mm Hispano-Suiza HS.404 avec 60 coups et deux mitrailleuses de 7.92mm Browning FN avec 500 coups par arme.

Ikarus IK-7

Après quelques Ikarus IK-7 furent utilisés pour l’entrainement à la chasse y compris par les communistes arrivés au pouvoir en 1958

L’Ikarus IK-7 était un chasseur monomoteur monoplace de conception et de fabrication yougoslave qui était l’appareil le plus moderne de la chasse yougoslave en septembre 1948. Contrairement à ce qu’on écrit parfois ce n’est pas un simple dérivé de l’IK-3 mais un appareil quasiment nouveau même si naturellement les ingénieurs yougoslaves ne sont pas partis d’une feuille blanche.

Alors que le développement de l’IK-3 était en cours, les autorités yougoslaves lancèrent de nouveaux projets, deux projets en particulier, un chasseur bimoteur (le futur IK-5) et un nouveau chasseur monomoteur destiné d’abord à compléter l’IK-3 puis à terme de le remplacer dans des versions plus évoluées.

Plusieurs configurations sont étudiées avec un moteur radial, un moteur en ligne et c’est finalement cette configuration qui est choisit avec un moteur yougoslave mais qui devait beaucoup aux conseils de la firme Hispano-Suiza et de discussions informelles avec des ingénieurs de Rolls-Royce.

Deux prototypes sont commandés en septembre 1943. Le premier effectue son vol inaugural le 14 mars 1944 et le second le 9 juin 1944. Les essais se passent realtivement bien, quelques problèmes à régler mais c’est le lot de tout prototype.

Si avant guerre l’armée de l’air royale yougoslave avait tendance à retarder les commandes cette fois elle ne perd pas de temps et passe commande de 250 appareils dès le mois d’octobre 1944.

Très vite le contrat est amendé, l’industrie aéronautique yougoslave qui doit produire d’autres appareils en parallèle ne peut rapidement satisfaire une telle commande.

On peut même se demander si commander autant d’appareils d’un seul coup est bien sérieux car même si à l’époque on stocke beaucoup d’appareils pour former un volant de fonctionnement important, cette commande paraît surréaliste pour les besoins et les capacités de la JKRV.

Au contrat unitaire de 250 appareils, la JKRV préféra bientôt une première commande de soixante-douze appareils suivit en théorie de trois autres de 64, 48 et 32 appareils soit un total de 216 appareils.

Selon les plans dressés par l’armée de l’air royale yougoslave, la première commande devait être composée de IK-7A, la deuxième de IK-7A à nouveau mais les deux dernières commandes devaient permettre aux pilotes yougoslaves de mettre en œuvre respectivement des IK-7B et IK-7C disposant d’un moteur plus puissant et d’un armement renforcé sans compte quelques menues modifications en fonction du retour d’expérience des pilotes volant sur IK-7A.

Le premier appareil de série effectue son vol inaugural le 17 juin 1945 mais il s’écrase le 8 juillet 1945.

Il y avait à l’époque seize appareils livrés ou en cours de livraison. Ils sont interdits de vol jusqu’en septembre le temps de l’enquête qui entraine un certain nombre de modifications techniques, l’accident ayant certes une cause humaine mais à été aggravé par un certain nombre de problèmes techniques.

La première commande est honorée en juin 1946, la deuxième le sera en juin 1948 mais les deux dernières ne seront que partiellement honorées avec respectivement douze et huit appareils.

Ce sont donc 140 IK-7 qui ont été livrés sur les 216 appareils prévus. Des appareils étaient encore présents sur les chaines de montagne quand l’opération MARITSA est déclenchée le 7 juillet 1949 mais ils sont tous détruits soit par les ouvriers avant l’évacuation de l’usine ou par les bombardements allemands.

Sur le plan plus opérationnel, cinquante-quatre appareils seulement sont service, vingt-sept au sein du 1er régiment de chasse qui dépendait de la Brigade Aérienne Stratégique et vingt-sept autres au sein du 7ème régiment de chasse qui dépendait lui de la 3ème brigade aérienne multirôle.

Cela laissait donc quatre-vingt dix appareils en réserve. On peut s’étonner d’un tel stock mais on ne sait si il s’agissait d’une situation transitoire en attendant la transformation d’une autre unité sur cet appareil (par exemle celles volant sur Ikarus IK-3) ou d’une volonté de faire durer la flotte.

Les IK-7 vont naturellement participer à la Campagne de Yougoslavie donnant du fil à retordre aux unités allemandes surprises par les qualités de cet appareil alors qu’on leur avait que les avions yougoslaves étaient tous dépassés.

Les pertes vont néanmoins être lourdes et quand les combats cessent en Yougoslavie, les IK-7 survivants sont peu nombreux. Certains sont capturés par les italiens qui vont les évaluer, d’autres par les allemands qui les enverront en Allemagne pour servir d’appareil d’entrainement à la chasse plutôt que de les céder à leurs alliés croates.

Quelques appareils retrouvés après guerre vont servir d’appareils d’entrainement à la chasse ce qui explique que quelques IK-7 ont été préservés dans des musées en Serbie, en Croatie et à l’étranger.

Caracteristiques Techniques

Type : chasseur monomoteur monoplan monoplace

Masse à vide 2818kg maximale au décollage 3568kg

Dimensions : longueur 9.06m envergure 10.3m hauteur 2.9m

Motorisation : un moteur Rogozarski X-47 en ligne de 1685ch entrainant une hélice tripale à pas variable

Performances : vitesse maximale 650km/h à 1700m d’altitude, distance franchissable 690km plafond opérationnel 10000m

Armement : un canon de 20mm dans le moyeu de l’hélice (60 coups), deux mitrailleuses de 12.7mm sur le dessus du capot moteur (350 coups par arme), quatre mitrailleuses de 7.92mm FN-Browning dans les ailes (700 coups chacun), 250kg de bombes.

Mitteleuropa Balkans (150) Yougoslavie (38)

Les avions de l’armée de l’air yougoslave (1) : chasse et chasse-bombardement

Avia BH-33E-SHS

L’Avia BH-33E était un chasseur biplan monomoteur monoplace de conception et de fabrication tchécoslovaque. Issu du BH-21J, il effectue son vol inaugural le 21 octobre 1927. Il va être utilisé par l’armée de l’air tchécoslovaque (également par la Slovaquie après son indépendance) mais aussi par la Belgique (trois exemplaires, le projet d’une production sous licence n’aboutissant pas), l’URSS (trois exemplaires acquis pour évaluation), l’Espagne, la Pologne (où il va être produit sous licence sous la désignation de P.W.S.A) et la Yougoslavie. La production globale tourne autour de 110 exemplaires.

Après un unique prototype désigné BH-33, on trouve deux autres prototypes désignés BH-33-1, le BH-33E avec un fuselage redessiné, le BH-33E-SHS destiné à la Yougoslavie (vingt-deux exemplaires), le BH-33L produit à 80 exemplaires avec un moteur plus puissant et un unique BH-33H/BH-133.

La Yougoslavie à acquis vingt-deux exemplaires dont cinq ont été revendus à la Grèce en 1935. Ces appareils étaient toujours en service au début des années quarante en l’occurrence trois au sein du 81ème groupe de bombardement et trois autres à l’Ecole d’entrainement. Ils sont retirés du service en 1945 et démolis.

Caractéristiques Techniques de l’Avia BH-33L

Type : biplan monomoteur monoplace de chasse

Masse à vide 1117kg en charge 1560kg

Dimensions : longueur 7.22m envergure 8.90m hauteur 3.13m

Motorisation : un moteur Skoda L de 580ch

Performances : vitesse maximale 298km/h vitesse de croisière 280km/h distance franchissable 450km plafond opérationnel 8000m

Armement : deux mitrailleuses de 7.7mm Vickers et deux mitrailleuses de 7.92mm vz.28

Hawker Fury

Hawker Fury Mk II sous les couleurs yougoslaves

Le Hawker Fury est un chasseur monomoteur monoplace biplan de conception et de fabrication britannique qui effectua son premier vol le 25 mars 1931. C’est le premier chasseur de la RAF à dépasser les 321km/h et le pendant chez les unités de chasse du Hawker Hart des unités de bombardement.

Produit à 275 exemplaires, il à été utilisé par la RAF et exporté en Afrique du Sud, au Portugal, en Espagne, en Iran, en Norvège et en Yougoslavie.

C’est un développement du Hawker F.20/27, un prototype propulsé par un moteur radial. Le Hawker Fury est lui propulsé par un moteur en ligne Rolls-Royce Kestrel qui était également utilisé sur le bombardier léger Hawker Hart.

Est-ce un développement en ligne directe ? Non car il y eut entre-temps le Hawker Hornet qui effectua son premier vol en mars 1929 et qui resta lui aussi à l’état de prototype car les 21 appareils de la commande initial furent rebaptisés Hawker Fury, le ministère de l’air trouvant le terme Hornet (frelon) pas assez féroce.

Le premier Fury effectue donc son vol initial le 25 mars 1931. A noter que le Fury à été utilisé pour le développement du Hawker Hurricane.

Le Fury Mk I entre en service dès le mois de mai 1931 au sein du squadron 43 de la RAF dans un contexte difficile, la crise économique réduisant les budgets militaires. Les squadrons 1 et 25 ont suivit soit trois unités alors qu’en face le Bristol Bulldog plus lent équipait dix unités.

Le Fury Mk II est ensuite mis en service en 1936/37 portant le total à six squadrons (squadron 41, 73 et 87). L’appareil va rester en service jusqu’en janvier 1939 quand il est remplacé par des Gloster Gladiator et d’autres modèles comme le Hawker Hurricane.

Ce n’est pas la fin de leur carrière, des appareils étant utilisés ensuite pour des missions secondaires comme l’entrainement.

L’appareil à donc été exporté d’abord en Espagne (trois exemplaires exportés, la production sous licence de cinquante exemplaires ne put avoir lieu en raison du début de la guerre d’Espagne), en Iran (22 exemplaires), au Portugal (3 exemplaires), en Afrique du Sud (30 exemplaires), en Norvège (un exemplaire) et donc en Yougoslavie.

Belgrade va disposer d’une version améliorée du Fury avec un moteur Kestrel XVI de 745ch, un nouveau radiateur, un train d’aterrissage amélioré. Il pouvait recevoir deux mitrailleuses supplémentaires sous les ailes.

Dix appareils sont livrés par Hawker en 1936/37 suivis de 40 appareils produits sous licence par Ikarus (24) et Zmaj (16).

Au début des années quarante, le Hawker Fury équipait deux groupes de chasse, les 35ème et 36ème groupes du 5ème régiment de chasse, chaque groupe disposant de 15 appareils chacun soit 30 appareils en ligne, appareils dépendant de la 3ème brigade aérienne mixte. Ces appareils sont retirés du service courant 1943, remplacés par des Rogozarski IK-3 et Ikarus IK-5 bimoteurs.

Caractéristiques Techniques du Hawker Fury Mk II

Type : chasseur biplan monomoteur monoplace

Masse à vide 1240kg maximale au décollage 1637kg

Dimensions : longueur 8.15m envergure 9.14m hauteur 3.10m

Motorisation : un moteur en ligne Rolls-Royce Kestrel IV de 640ch

Performances : vitesse maximale 359km/h à 5000m distance franchissable 430km plafond opérationnel 9000m

Armement : deux mitrailleuses de 7.7mm Vickers Mk IV avec 600 coups par arme

Ikarus IK-2

L’Ikarus IK-2 est un chasseur monomoteur monoplan à aile haute de conception et de fabrication yougoslave. Il effectue son premier vol le 24 août 1934 et est mis en service en 1939 à une époque où il était déjà obsolète. Cela explique pourquoi la production à été limitée à seulement douze exemplaires.

L’appareil est retiré du service en 1944. Les huit appareils qui servaient au sein du 34ème groupe du 4ème régiment de chasse sont stockés. A la mobilisation de septembre 1948 ils vont être utilisés comme leurres, rôle parfaitement rempli puisque tous les appareils sont détruits au cours de l’opération MARITSA.

A l’origine de cet appareil figure la volonté de la Yougoslavie de dévelloper une industrie aéronautique pour gagner en autonomie.

Des jeunes ingénieurs sont envoyés à l’étranger et notamment en France pour être formés dans le domaine de l’ingéniérie aéronautique. Plus directement il s’agit de remplacer l’Avia BH-33E de conception et de fabrication tchécoslovaque.

Le développement va être long avec une première tentative sous la forme de l’IK-1, appareil qui ne dépasse pas le stade du prototype. Le projet modifié va donner naissance à l’IK-2. Un IK-4 biplace de reconnaissance et de coopération ne dépassa pas le stade du projet.

Caractéristiques Techniques

Type : chasseur monomoteur monoplan

Masse à vide 1502kg en charge 1857kg

Dimensions : longueur 7.88m envergure 11.4m hauteur 3.84m

Motorisation : un moteur en ligne Hispano-Suiza 12Ycrs de 860ch entrainant une hélice tripale à pas variable

Performances : vitesse maximale 435km/h vitesse de croisière 250km/h distance franchissable 700km plafond opérationnel 12000m

Armement : un canon de 20mm Hispano-Suiza HS.404 avec 60 obus dans un chargeur tambour et deux mitrailleuses de 7.92mm FN-Browning avec 250 cartouches par arme

Avia B-534

L’Avia B-534 est un chasseur monomoteur biplan de conception et de fabrication tchécoslovaque qui effectua son premier vol le 25 mai 1933. Il est mis en service en octobre 1935 dans l’armée de l’air tchécoslovaque. 568 exemplaires vont être produits jusqu’au démantèlement de la Tchécoslovaquie.

Outre la Tchécoslovaquie l’appareil va être utilisé par la Slovaquie indépendante qui récupère soixante et onze appareils, appareils qui vont participer à la guerre hungaro-slovaque au printemps 1939, trois appareils étant perdus (deux au combat et un suite à un atterrissage forcé).

Ils vont également participer à la guerre de Pologne où on ne peut pas dire qu’ils brillent par leur efficacité. Très vite les Avia B-534 slovaques vont être relegués à des missions d’entrainement.

La Bulgarie va acquérir soixante dix-huit appareils en 1939 appelés Dogan (faucon chasseur). Ces appareils ont été vite déclassés par les progrès techniques mais deux yatos de la Réserve Stratégique sont encore équipés de cet appareil obsolète en septembre 1948. Le remplacement était bien prévu mais la décison à tardé.

L’Avia B-534 à été retiré des unités de première ligne au printemps 1950 remplacés par des Messerschmitt Me-109K soit le jour et la nuit pour les unités concernées.

Comme il restait seize appareils encore en état certains vont être utilisés comme appareils de lutte anti-guerilla au dessus de la Macédoine. A la fin du conflit il restait six appareils sont envoyés à la ferraille sans autre forme de procès.

D’autres pays ont mis en œuvre l’appareil comme la Yougoslavie (14 exemplaires), l’Allemagne (tests pour l’embarquement sur porte-avions), la Grèce (deux appareils), la Hongrie (un appareil ex-slovaque remis en service) et la Roumanie (nombre inconnus d’appareils pour remorquer trois remorqueurs DFS-230).

Les 14 appareils ont été livrés en 1942 sans que l’on sache l’utilité de tels appareils clairement dépassés à cette époque. Ils ont visiblement été utilisés pour l’entrainement à la chasse, pour les liaisons et la servitude.

Quelques appareils étaient encore disponibles en juillet 1949 mais sont tous détruits par les combats. Deux appareils saisis par les croates sont finalement ferraillés car la réparation se révela trop coûteuse pour le service attendu.

Caractéristiques Techniques

Type : chasseur biplan monomoteur monoplace

Masse à vide 1460kg en charge 1980kg maximale au décollage 2120kg

Dimensions : longueur 8.1m envergure 9.4m hauteur 3.15m

Motorisation : un moteur en ligne Hispano-Suiza 12Ydrs de 849ch

Performances : vitesse maximale 405km/h à 4400m vitesse de croisière 345km/h Distance franchissable 600km plafond opérationnel 10600m

Armement : quatre mitrailleuses de 7.92mm vz.30 avec 250 à 300 coups par arme, six bombes de dix kg ou quatre bombes de 20kg.

Messerschmitt Me-109

Messerschmitt Me-109F

A l’origine de ce formidable appareille figure le programme Rüstungflugzeug III lancé en 1933 pour un chasseur monoplace destiné à équiper la future Luftwaffe qui ne verra officiellement le jour qu’en 1935.

Quatre constructeurs aéronautiques répondent à l’appel à projet. Outre les entreprises aéronautiques bavaroises, onn trouve Arado et son Ar80 (monoplan à aile basse), Heinkel avec son He112 (monoplan à aile basse également), Focke-Wulf avec son Fw-159 qui était lui un monoplan à aile haute.

Le Bf109 V1 effectue son premier vol en mai 1935 avec un moteur Rolls-Royce en attendant que le moteur allemand prévu soit disponible.

En revanche le deuxième prototype qui décolla en octobre 1935 était propulsé par Junkers Jumo. Le troisième prototype qui quitte le plancher des vaches pour la première fois en mai 1936 était lui armé.

L’appareil triomphe en finale du Heinkel He112 (qui sera produit en petite série), la décision prise en mars 1936 ayant été sans nul doute accélérée par la décision britannique de commander le remarquable Supermarine Spitfire.

Les quatre premières versions (A à D) ne brillent guère par leurs performances et il faut attendre l’arrivée du Messerschmitt Me109E pour que l’appareil soit enfin considéré comme efficace.

Son déploiement au sein de la Legion Condor lors de la guerre d’Espagne permettant aux nationalistes de s’emparer définitivement de la maitrise de l’espace aérien.

Si quelques Bf109D étaient encore en service la quasi-totalité des unités volant sur le Bf/Me-109 étaient des Emil avec lesquels la Luftwaffe n’eut aucun mal à s’emparer de l’espace aérien face à une aviation polonaise surprise au sol au point que longtemps l’Armée de l’Air aura de sérieux doutes sur les capacités militaires des pilotes polonais leur confiant des appareils de seconde classe alors que les tchèques qui n’avaient pas combattu recevaient des appareils modernes !

En 1943 apparaît le Me-109F. Ce dernier dispose d’un moteur plus puissant, d’une cellule redessinée et d’un armement plus puissant mais les principaux défauts (train étroit, vision médiocre vers l’avant, vitesse élevée à l’aterrissage) ne peuvent être corrigés sans refondre totalement l’appareil ce qui aurait aboutit à une nouvel avion ce qui n’était pas à l’époque à l’ordre du jour. On préférait améliorer en continu le chasseur pour éviter une rupture trop nette.

Même situation pour le «Gustav» (Me-109G) et pour le «Herbert» (Me-109H) qui sont mis en service respectivement en 1945 et 1947.

En septembre 1948 Messerschmitt est sur le point de lancer la production du «Karl», le Me-109K qui doit être normalement la dernière version de série de l’appareil avant son remplacement par un nouveau chasseur probablement inspiré de l’appareil de record Me-209 car il était hors de question de laisser le champ entièrement libre aux autres constructeurs allemands.

En réalité suite à des retards pour un nouveau chasseur à moteur en ligne, la firme créée par Willy Messerschmitt serait obligée de produire des Me-109L («Ludwig») et des Me-109M («Martha») sachant que les I, J et N n’ont pas dépassé le stade du prototype.

Quand les allemands déclenchent l’opération Weserübung, neuf Geschwader de 90 appareils sont équipés de Me-109 soit 810 appareils. Deux sont encore équipés de Me-109E, Cinq sont équipées de Me-109F, une équipée de Me-109G et une équipée de Me-109H.

L’appareil à également été exporté, à la fois des appareils neufs mais également des appareils utilisés par la Luftwaffe, retirés du service et revendus après reconditionnement, ces appareils étant souvent utilisés pour l’entrainement et l’instruction plus que pour le combat.

La Finlande, la Roumanie, la Bulgarie, la Slovaquie, la Hongrie, la Suisse, la Yougoslavie et l’Espagne ont utilisé cet appareil.

L’armée de l’air royale yougoslave à reçu un total de 61 Messerschmitt Me-109E. Ces appareils vont donc constituer avec le Hurricane la colonne vertébrale de l’aviation de chasse yougoslave durant la Pax Armada et donc au moment où éclate le second conflit mondial.

L’appareil était très apprécié des pilotes yougoslaves et Belgrade solicita en 1942 l’Allemagne pour l’acquisition de nouveaux appareils dans une variante plus moderne, les Emil étant en passe d’être déclassés.

Après un temps d’hésitation les allemands acceptent de livrer 24 Messerschmitt Me-109G, des appareils livrés seulement entre 1945 et 1947 à une époque où Belgrade s’était rapprochée de la France. Cela peut paraître étonnant tout comme la livraison d’un petit lot de Focke-Wulf Fw-190 mais il semble qu’à cet instant Berlin espérait encore ramener la Yougoslavie au bercail.

En septembre 1948, trente-six appareils sont en service, vingt Me-109G et seize Me-109E répartis entre deux régiments de chasse, le 2ème régiment intégré à la 1ère brigade aérienne multirôle (neuf Focke-Wulf Fw-190 et dix-huit Me-109) et le 8ème régiment de chasse intégré à la 4ème brigade multirôle avec toujours neuf Focke-Wulf Fw-190 et dix-huit Me-109.

Les archives ayant disparu on ignore la répartition entre Gustav et Emil. Il est probable qu’elle était aléatoire entre les unités.

Quand éclate l’opération MARITSA, les Me-109 vont décoller pour intercepter bombardiers, chasseurs et chasseur-bombardiers allemands. Leur présence causa parfois une certaine confusion chez les pilotes allemands, quelques secondes d’hésitation, quelques secondes parfois fatales tant en combat aérien le temps peut décider entre la vie et la mort.

A la fin de la Campagne de Yougoslavie sur les trente-six appareils en ligne et les seize autres existants mais non opérationnels (réformés, en réparations), vingt-deux ont été détruits ce qui ne laissait que trente appareils.

Ces avions sont regroupés par les allemands qui après réparations vont les rétrocéder aux croates qui vont les remettre en service, une mesure transitoire en attendant la livraison d’appareils neufs venus d’Allemagne. Aucun appareil n’à survécu au second conflit et les appareils exposés en Croatie, en Slovenie ou en Serbie sont d’anciens appareils venus de l’étranger, restaurés et peints aux couleurs de l’armée de l’air royale yougoslave.

Caractéristiques Techniques du Messerschmitt Me-109G

Type : chasseur monomoteur monoplan monoplace

Masse à vide 22247kg en charge 3148kg maximale au décollage 3400kg

Dimensions : longueur 8.95m envergure 9.92m hauteur 2.60m

Motorisation : un moteur en ligne douze cylindres Daimler-Benz DB 605A-1 de 1475ch entrainant une hélice tripale de 3m de diamètre

Performances : vitesse maximale 620 km/h à 6300m Vitesse de croisière 580 km/h Distance franchissable 850km (1000km avec des réservoirs supplémentaires) Plafond opérationnel 12000m

Armement : deux mitrailleuses de 13mm synchronisées avec 300 coups par arme, un canon de 20mm dans le nez avec 200 coups, deux canons de 20mm peuvent être installés dans les ailes. 250kg de bombes ou un réservoir supplémentaire.