Pologne et Pays Neutres (117) Turquie (7)

FORCES ARMEES TURQUES (1) : ARMEE DE TERRE

Une histoire militaire de l’Empire ottoman

L’acmé de la puissance militaire ottomane c’est le Siège de Vienne (1683), l’avancée maximale de la Sublime Porte en Europe, une armée de 100000 hommes composés de contingents musulmans (turcs, balkaniques, criméens et caucasiens) mais aussi de chrétiens (moldaves, valaques, transylvains et hongrois).

Le siège dure sept semaines, Vienne résiste mais l’arrivée d’une armée de secours la sauve de la chute, une armée dirigée par Charles de Lorraine et le roi de Pologne Jean III Sobieski.

Hussard ailé

Une première attaque de la coalition chrétienne (Sainte Ligue) est repoussée par les janissaires mais la charge de 20000 hussards polonais (les fameux hussards ailés) bouscule la cavalerie ottomane, le coup de grâce étant donné par une sortie de la garnison de Vienne. 15000 ottomans restent sur le terrain ainsi que toute leur artillerie. Début du recul des ottomans, l’empire entrant dans une phase de déclin, déclin qui se révélera impossible à contrer.

Bien entendu l’armée ottomane n’est pas née du jour au lendemain, elle est née, à évolué avant de disparaître dans les convulsions du premier conflit mondial. On peut diviser l’histoire de l’armée ottomane en cinq grandes périodes, un découpage totalement arbitraire bien entendu.

-Les bases (1299-1451)

-La période classique (1451-1606)

-La période des réformes militaires (1606-1826)

-La période moderne (1826-1861)

-Le déclin et la décadence (1861-1918)

Issu du monde de la steppe, l’armée ottomane à d’abord été essentiellement une armée composée de cavaliers et d’archers aussi redoutables que les mongols.

Longtemps les ottomans mènent des raids et des coups de main mais très vite doivent intégrer le concept de la bataille rangée. Ils utilisent des barricades et des retranchements.

Plus tard le réduit central sera renforcé par de l’artillerie et des chariots enchainés le Wagenburg (mur de chariot), l’infanterie devant et au centre, la cavalerie sur les ailes. Ils apprennent également la polieurcetique (guerre de siège). On assiste également à une utilisation croissante de mercenaires.

La puissance ottomane permet de tenir à l’ouest face aux habsbourgs et à Venise et à l’est contre la Perse des safavides. La guerre n’est pas le seul outil utilisé par les ottomans, la diplomatie étant également utilisée quand la guerre ne suffisait pas, ne suffisait plus.

Janissaires

L’empire ottoman met très tôt sur pied une armée de métier, une armée permanente soldée avec de la cavalerie et de l’infanterie, les noyaux durs étant composés des janissaires et des timariotes.

Les cavaliers ou timariotes sont titulaires d’une dotation en revenus fiscaux tirée de terres agricoles ou timar. Cela lui permet de financer son entrainement et ses campagnes. Ils sont équipés de casques et de côtes de maille mais aussi de lances et de masses d’armes.

Affectés dans les provinces, ils peuvent embarrquer sur les navires de la marine ottomane. Les fils peuvent hériter du timar. Le corps des timariotes décline à la fin du 16ème et au début du 17ème siècle.

Ils sont vites assoviés à de l’infanterie ou yaya mais ces derniers sont vite remplacés par les célèbres janissaires.

Aux côtés des timariotes on trouvait des unités de cavalerie retribuées par le sultan, les müsellems, des unités essentiellement composées de mercenaires étrangers.

Les sujets libres du Sultan forment des corps auxiliaires ou azab avec fantassins et cavaliers qui servent souvent comme éclaireurs. La cavalerie légère ou akinji déployée aux frontières mènent régulièrement des razzias en territoire autonome.

Cette cavalerie légère irrégulière non payée vivait donc sur le pays notamment sur le pays ennemi en menant des raids. En bataille rangée, ils harcelaient l’ennemi avec leur arc. Ils pouvaient également couvrir la retraite des unités amies. Les akinji disparaissent à la fin du 16ème siècle remplacés par d’autres irrégulières, les Deli et les Bashi-Bozouk.

Le corps le plus célèbre de l’armée ottomane est celui des janissaires (du turc yaniceri «nouvelle troupe») créé vers 1370. Il remplace les yaya qui n’ont pas donné satisfaction. Ils sont issus du devsirme, des chretiens enlevés enfants convertis de force à l’islam.

Coupés de la société ils forment un état dans l’état ce qui va poser de plus en plus de problèmes, la dernière levée étant datée de 1751.

Initialement c’est une avant-garde, une unité d’élite utilisant la fronde, l’arc, le sabre, la masse d’armes, la hache et la lance avant de passer également aux armes à feu ce qui entraine la création d’unités spécialisées : canonniers, train d’artillerie, armuriers, bombardiers et sapeurs-mineurs.

Les effectifs des janissaires passent entre la fin du 13ème et la fin du 15ème siècle de 3000 à 13000 hommes répartis en 196 sections très autonomes. Les janissaires sont 35000 en 1598, 70000 en 1683 et 100000 au 18ème siècle, le trésor ottoman peinant à suivre ce qui explique qu’une partie des janissaires sont davantage commerçants que militaires.

Ce corps d’élite (ou prétendu tel, l’augmentation constante des effectifs pas forcément compatible avec l’élitisme militaire), corporatiste voit sa discipline se relâcher. Les mutineries sont fréquentes, plusieurs sultans sont déposés et assasinés.

Après un premier échec en 1807, le corps qui se révolte à nouveau en 1826 est dissous, ses survivants massacrés, la dernière trace des janissaires étant enregistré à Alger en 1830 lors du débarquement du corps expéditionnaire du général Marmont.

En 1622 Osman II veut lever de nouvelles unités baptisées seklan. Non seulement il est renversé et assassiné par les janissaires mais en plus les nouveaux venus se taillent rapidement une sinistre réputation sur le modèle des écorcheurs de notre guerre de Cent Ans.

Les selkhan disparaissent dès 1718 soir un siècle avant les janissaires. L’arc est l’arme traditionnelle des janissaires, arcs complétés par des arbalètes utilisées depuis les forteresses. A cela s’ajoute des épées, des lances, des boucliers. Ils ont le monopole de l’arme à feu d’abord l’arquebuse puis le mousquet.

Les premiers fantassins ottomans disposant d’armes à feu sont les Peyade Topçu (littéralement «artillerie à pied» avec un pendant monté les Süvari Topçu Neferi («soldat artilleur monté») et d’autres unités comme les bombardiers (Humbaraci) lançant des projectiles explosifs appelés khimbara.

Ces derniers sont les premiers soldats de ce type en Europe voir dans le monde. Ils voient le jour au 16ème siècle, disparaissant en 1826 en même que toute l’ancienne armée ottomane.

Le corps des Humbaraci est officiellement créé en 1729 par Claude Alexandre de Bonneval qui créé également une école de humbara. En 1731 on compte un peu plus de 600 soldats répartis en équipes de 25 détachés aux différentes armées. Les humbara se repartissent en ceux lançant des projectiles à la main (Humbara-i dist) et ceux lançant des projectiles via une machine (Humbara-i Kebir).

Jusqu’au 18ème siècle, l’artillerie ottomane se maintient au niveau des européens. L’empire ottoman rate le virage du canon léger à tir rapide (où est donc le Gribeauval turc ?) et même de manière plus anecdotique la baïonnette.

Qu’es-ce qui à fait la puissance de l’armée ottomane ? Son nombre, la qualité de ses troupes d’élite et une bonne organisation notamment une bonne logistique, des dépôts ayant été mis en place sur la route en direction de la frontière.

Ce qui l’à fait décliner ? Un empire trop vaste à défendre, un poids financier trop important et un refus obstiné de toute réforme de la part des janissaires notamment.

A la période classique, on trouve les troupes régulières ou kapikulu («esclaves de la Porte») avec six «Divisions de Cavalerie» ou Kapikulu süvarileri (sipahis de la porte, Silahkdars, Sag Ulufeciler, Sol Ulfeciler, Sug Garipler et Sol Garipler).

Au côté des unités montées on trouve des «Divisions d’infanterie» avec les janissaires, les Solaklar (fantassins de droite), les Sakalar (fantassins de gauche), les Asceni (novices), les Topçu (tirailleurs), les Top Arabracilari (canonniers), les Cebeci (armuriers), les Humbaraci et les Legimci (mineurs).

On trouve également les divisions de garde à savoir les Botanci («jardiniers» gardes du serail de Topkapi) et les Baltadji («hommes à la hache» = gardes royaux).

Qui dit troupes régulières dit (ou pas) troupes irrégulières ou Yerlikulu (Azabs, Bachi-Bouzouks, Seklans, Tüfenkci, Icareli _artillerie_ ,Müsellem _génie_ , Serhat Kulu, Deliler _une cavalerie légère d’origine balkanique_ , Gönullü, Besli, Timarli Siphari ou timariotes, Akinci)

A la fin du 15ème siècle, l’armée ottomane regroupe environ 50000 cavaliers, 12000 fantassins et plusieurs milliers de janissaires.

A la fin du 18ème siècle alors que la Sublime Porte s’est enfoncé dans un déclin duquel elle ne sortira pas, Selim III tente de moderniser l’armée et pour cela fait appel à des conseillers militaires étrangers notamment français. Un certain capitaine Bonaparte fût pressenti mais retenu à Paris par le soulèvement royaliste de Vendémiaire il ne vit jamais les murailles de Constantinople.

En 1826 le corps des janissaires est supprimé à l’issue d’un nouveau soulèvement écrasé dans le sang, les sipahis disparaissent également. C’est la mise en place d’une nouvelle organisation militaire ou nizâm-i djedid.

C’est l’occasion pour Mahmoud II de créer enfin une armée moderne c’est-à-dire une armée organisée et équipée à l’européenne. Se méfiant de la France alliée du pacha d’Egypte Mehmet Ali, il confie cette tâche aux britanniques, aux prussiens et aux russes.

Le seraskir commande une armée dont l’uniforme allie l’Europe et l’Asie, le bleu de prusse pour l’uniforme et le fez comme couvre-chef. Les sujets ottomans doivent effecctuer cinq ans de service dans l’active et sept ans dans la réserve.

En 1834 une Ecole de guerre est créée (avec un enseignement inspiré de celui délivré à Saint-Cyr) suivie en 1838 d’une Ecole de Santé militaire. La même année un Conseil Militaire est créé pour coordonner la politique de défense ottomane. Un an plus tôt une Ecole d’Artillerie avait été créée.

En 1839 un corps de gendarmerie est créé sous le nom de Asâkir-i Muntazâma-i Hâssa. Le nom de Jandarma est adopté en 1879. En 1930 ce corps intègre l’armée même si depuis 1909 il dépendait du ministère de la Guerre.

En 1843 le sultan Abdulaziz réforme l’armée qui se rapproche du modèle occidental avec une armée d’active ou nizam et une armée de réserve ou redif, les sujets de la Sublime Porte passant comme nous le savons cinq ans dans la première et sept ans dans la seconde.

Ce firman met sur pied cinq armées permanentes : une armée pour la défense de Constantinople, une armée pour la défense de la Thrace orientale (Pachalik de Silistra), une armée pour la défense de la Roumélie, une armée pour la défense de l’Anatolie et une armée pour la défense des provinces arabes. Une 6ème armée est créée en 1848 pour assurer la défense de la Mésopotamie (eyalet de Bagdad).

Au moment de la guerre de Crimée l’armée ottomane est organisée en six corps d’armées (Ordous) commandé par un Muchir. Chaque corps d’armée comprend deux divisions à trois régiments d’infanterie, quatre régiments de cavalerie et un régiment d’artillerie.

Chaque régiment d’infanterie comprend quatre bataillons ce qui représente au moins sur le papier 3256 hommes.

Chaque régiment de cavalerie comprend six escadrons, les 1er et 6ème escadrons sont des escadrons de chasseurs ou de hussards alors que les quatre autres sont des escadrons de lanciers, les premiers servant pour l’éclairage, le flanquement le harcèlement, les seconds pour la charge et pour le choc.

A ces six escadrons s’ajoutent un état-major et une compagnie hors rang soit un total de 934 hommes (sachant que les six escadrons représentent 720 hommes).

Les régiments d’artillerie regroupent pas moins de onze batteries (3 à cheval et 8 à pied) avec un total de soixante-quatre pièces de campagne et quatre obusiers de montagne, le tout servit par 1765 hommes.

Au final chaque ordou comprend 21445 hommes et 68 canons. A cela il faut ajouter des garnisons et des unités du génie.

Au total on trouve trente-six régiments d’infanterie (100 800 hommes), vingt-quatre régiments de cavalerie (17280 hommes), six régiments d’artillerie (7800 hommes) et 40000 hommes pour les garnisons et les corps spéciaux.

En théorie le redif est organisé comme le nizam. A cela peuvent s’ajouter des corps auxiliaires comme la gendarmerie musulmane (zalties), les Tatars de la Dobroudja et les Bachi-Bouzouks.

En 1853 l’armée ottomane comprend 480000 hommes sur le papier. Les meilleures troupes sont 123000 hommes de l’armée d’active et notamment les douze bataillons de chasseurs (Sishaneci) armés du fusil français Minier tirant la balle du même nom.

En 1869 nouvelle réforme avec désormais quatre ans de service actif (nizâniye), six ans en réserve (redif) et huit ans dans la garde territoriale (Mustahfhiz). Les sujets non-musulmans en sont examptés en échange du paiement d’une taxe appelée bedel.

Les réformes successives peinent à produire les fruits espérés, les officiers formés au nouveau standard sont peu nombreux. L’organisation est très approximative, la corruption et la prévarication généralisée.

La guerre de Crimée terminée, la démobilisation sera menée en dépit du bon sens, gaspillant une expérience douloureusement acquise. De plus les milices tribales armées pour le conflit se garderont bien de rendre les armes distribuées ce qui constitue un facteur de désordre.

Vers 1870 l’armée ottomane compte 210000 hommes du nizâmiye, 190000 hommes du redif et 300000 hommes au sein du mustahfhiz.

En temps de paix l’armée ottomane comprend sept corps d’armée (NdA l’armée ottomane change souvent d’organisation non ?).

On trouve la garde impériale à Constantinople, le corps du Danube à Choumen, le corps d’armée de Roumélie à Monastir (Bitola), le corps d’armée d’Anatolie à Erzurum, le corps d’armée de Syrie à Damas, le corps d’armée d’Irak à Bagdad et le corps d’armée d’Arabie au Yémen.

En 1875 les Balkans se soulèvent. L’armée ottomane n’intervient pas directement en raison de graves problèmes financiers (la Sublime Porte connait une nouvelle banqueroute). La répression féroce est menée par les tcherkesses et les bachi-bouzouks.

Dans la foulée une nouvelle guerre russo-ottomane (1876-1878) se termine ô surprise par une nouvelle défaite de la Sublime Porte qui doit reconnaître une large autonomie, une quasi-indépendance de la Bulgarie (il faudra attendre 1908 pour cela). Le sultan Abdülaziz est renversé et retrouvé mort dans des conditions suspectes.

En 1877 l’Armée du Danube comprend cinq corps d’armée (état-major à Vidin, Roussé, Tutrakan, Silistre et Tulcea). Cela représente un total de 120 bataillons d’infanterie dont 30 de chasseurs, 64 escadrons de cavalerie régulière, 68 batteries d’artillerie à six pièces soit un total de 100000 réguliers et 400 plus canons 20000 hommes en réserve. A cela s’ajoute 50000 irréguliers.

Le Corps d’Armée de Bosnie-Herzégovine comprend 20000 hommes et 30 canons, le Corps d’Armée d’Albanie comprend 10000 hommes et 30 canons.

A Varna sont débarqués 9000 égyptiens (20000 sont attendus), 4000 tunisiens et tripolitains. En réalité l’Egypte renoncera à envoyer les renforts prévus, la Régence de Tunis enverra seulement quelques volontaires, la régence de Tripoli envoie un régiment d’infanterie, un régiment de cavalerie et un bataillon de chasseurs. Le Cherif de la Mecque envoie 4000 volontaires.

La Mustahfhiz doit mobiliser pour l’Armée du Danube 90 bataillons de 600 hommes (54000 hommes) et potentiellement 150000 «volontaires».

L’Armée d’Arménie comprend 90 bataillons d’infanterie dont 20 de chasseurs à pied, 18 escadrons de cavalerie, 23 batteries d’artillerie à six pièces (70000 hommes, 5000 chevaux et 138 canons) plus les garnisons des forteresses de Kars, de Trebizonde, de Batoumi, d’Erzurum et de Beyazit.

A l’issue du conflit une nouvelle organisation militaire est mise en place avec un service actif (nizâm) de quatre ans pour l’infanterie et de cinq ans pour la cavalerie et l’artillerie, deux ans en disponibilité (ichtiat), deux bans (convocations) dans le redif d’une durée de trois ans chacun et de huit ans de Mustahfhiz soit une durée totale de vingt ans pour l’infanterie et de vingt et un pour la cavalerie et l’artillerie.

Des conseilleurs prussiens arrivent pour réorganiser à nouveau l’armée ottomane, l’Ecole de Guerre étant réorganisée sur le modèle de la Kriegsakademie.

En 1891 une nouvelle unité de cavalerie est créée sur le modèle des cosaques russes. Les Hamidies recrutés chez les kurdes pour maintenir l’ordre sur les frontières et réprimer l’agitation arménienne.

Peu à peu l’armée se constitue une élite moderniste et nationaliste. C’est l’acte de naissance du mouvement Jeune-turc.

Les effectifs du temps de paix sont d’environ 100000 hommes auxquels il faut ajouter une gendarmerie. Le contingent annuel de conscrits censé être de 37000 hommes tombe à 11000 hommes pour des raisons budgétaires.

En temps de guerre les effectifs doivent passer à 350 à 400000 hommes avec 41 régiments turcs, 2 régiments bosniaques, 41 bataillons de chasseurs, 8 bataillons de garde-frontières, 26 régiments de cavalerie, 8 régiments d’artillerie de campagne, huit régiments d’artillerie de forteresse, deux régiments du génie et deux régiments d’ouvriers d’administration.

Un bataillon doit théoriquement aligner 1000 hommes mais en pratique les effectifs dépassent rarement 800 à 850. L’escadron de cavalerie censé regrouper 750 chevaux en aligne souvent dix fois moins. Seule l’artillerie est à effectifs à peu près complet.

En 1897 les ottomans remportent une guerre contre les grecs récupérant une partie de la Thessalie.

L’armée (re)devient un élément majeur de la vie politique ottomane avec la révolution de 1908 et la répression de la contre-révolution de 1909.

Les problèmes financiers sont constants. Il faut attendre 1884 pour qu’un budget prévisionnel soit mis en place. Le versement des soldes est très irrégulier, la corruption reste constante tout comme le détournement de fonds. Les officiers doivent davantage leur avancement à la faveur du sultan et de la cour qu’à leur compétence. De nombreuses mutineries ont lieu notamment aux périphéries de l’empire.

En 1908 au moment de la Révolution Jeune Turque l’armée ottomane est organisée en une 1ère Armée pour défendre Constantinople, le Bosphore et l’Asie Mineure, une 2ème Armée à Edirne, une 3ème Armée en Roumélie occidentale, une 4ème Armée dans le Caucase.

Les Jeunes-turcs n’ont pas plus de réussite dans leur volonté de réforme et de modernisation. En 1909 les sujets non-musulmans sont appelés pour la première fois et le service militaire en pays chaud (Yemen et Arabie notamment) est réduit de trois à deux ans.

Cette mobilisation des non-musulmans connait son épreuve du feu durant les deux guerres balkaniques. En dépit des vexations passés les kurdes comme les arméniens se montrent loyaux ce qui démonte le principal argument des organisateurs du génocide arménien.

Quand les guerres balkaniques commencent l’armée ottomane est organisée de la façon suivante :

-1ère Armée (Thrace) : 1er Corps d’Armée (1ère, 2ème et 3ème Divisions), 2ème Corps d’Armée (4ème, 5ème et 6ème Divisions), 3ème Corps d’Armée (7ème, 8ème et 9ème DI) et 4ème Corps d’Armée (10ème, 11ème et 12ème Divisions).

-2ème Armée (Balkans) : 5ème Corps d’Armée (13ème, 14ème et 15ème Divisions), 6ème Corps d’Armée (16ème, 17ème et 18ème DI) auxquelles s’ajoutent trois divisions en réseve d’armée les 22ème, 23ème et 24ème divisions.

-3ème Armée (Caucause) : 9ème Corps d’Armée (28ème et 29ème divisions), 10ème Corps d’Armée (30ème, 31ème et 32ème divisions) et 11ème Corps d’Armée (33ème et 34ème DI).

-4ème Armée (Mésopotamie) : 12ème Corps d’Armée (35ème et 36ème Divisions), 13ème Corps d’Armée (37ème et 38ème Divisions), 8ème Corps d’Armée (déployé en Syrie : 25ème, 26ème et 27ème Divisions) et le 14ème Corps d’Armée (Arabie ottomane et Yémen 39ème, 40ème 41ème et 43ème Divisions).

Le 12 mai 1914 la loi de recrutement abolit les divisions de réserve, les réservistes devant effectuer leurs périodes d’entrainement au sein des unités d’active. Cette réforme est à peine ébauchée quand le premier conflit mondial éclate.

Quand la première guerre mondiale éclate l’armée ottomane est loin d’être prête. Elle doit digérer les guerres balkaniques et doit faire face à d’insolubles problèmes financiers. En théorie elle peut aligner 36 divisions répartis en treize corps d’armée plus deux divisions indépendantes.

Les stocks de munitions sont faibles, on manque de cadres compétents en raisons des nombreux soubressauts politiques, on manque d’armes modernes, de chevaux, on manque de tout.

Cela n’empêche les ottomans d’attaquer dans le Caucase mais après quelques succès très vite l’offensive tourne au désastre. Même chose pour l’attaque mener contre le canal de Suez.

Durant la première campagne, les ottomans engagent la 2ème armée, la 3ème armée, l’armée islamique du Caucase et une armée azerbaïjanaise.

Durant la deuxième (campagne de Sinaï et de Palestine) on trouve sous le commandement du Djemal Pacha la 4ème armée ottomane avec notamment le 8ème Corps d’Armée du général Friedrich Kress von Kressenstein (oui un allemand pourquoi) qui comprend les 8ème, 10ème, 23ème, 25ème et 27ème DI mais aussi neuf batteries d’artillerie de campagne et une batterie d’obusiers de 150mm.

A noter que durant tout le conflit les pertes ottomanes seront supérieures en terme de maladie et de désertion qu’au combat comme si même à l’ère de la guerre industrielle, l’armée ottomane était restée bloquée à l’ère de Soliman le Magnifique.

La seule exception c’est la campagne des Dardanelles mais là les ottomans étaient en défensive ce qui facilitait le soutien logistique, le ravitaillement et les évacuations sanitaires. Au plus fort de la bataille les ottomans déploient 17 divisions dont la 19ème division commandée par le colonel Mustapha Kemal qui va refaire parler de lui.

En 1915/16 les troupes ottomanes participent à la déportation des arméniens, profitant de la situation pour voler, violer et piller.

En février 1916 les russes attaquent dans le Caucase. Les ottomans sont sérieusement bousculés et devront attendre les Révolutions Russes pour reprendre les territoires perdues puis conquérir une bonne partie du Caucase, entrant à Bakou en septembre 1918. Ai-je besoin de préciser qu’il s’agit d’une victoire sans lendemain ?

Les combats en Syrie, en Irak et en Palestine sont plus disputés. Les ottomans remportent une bataille à Kut-El-Amaea (décembre 1915-avril 1916).

Des troupes ottomanes sont également déployées en Europe aux côtés des allemands, trois corps d’armée (6ème, 15ème et 20ème CA), des unités qui seront rapatriées au pays en 1917 quand la situation allait devenir vraiment dramatique pour la Sublime Porte.

Au printemps 1917 les britanniques attaquent à Gaza. En dépit de l’usage de chars et de gaz de combat cette offensive est repoussée. Parallèlement une offensive est ménée en Perse par le 13ème Corps d’Armée mais c’est un échec. Là encore c’est moins la résistance perse que les épidémies qui poussent les chefs ottomans à se replier.

Bagdad tombe en mars 1917 et en décembre 1917 après la chute de Jérusalem un ordre de retraite général est lancé. En 1918 la supériorité aérienne totale des alliés aggrave la situation morale des troupes ottomanes. La Syrie est abandonnée à la fin du mois d’octobre pour se concentrer sur la défense du plateau anatolien, défense qui devient bientôt sans objet en raison de l’Armistice de Moudros signé le 30 octobre 1918.

Aux côtés des unités militaires on trouve également des unités de travailleurs (anila tuburu) avec six bataillons en 1914, trente en 1915. en 1916 les 28 bataillons survivants sur les 33 existants sont réorganisés en 17 bataillons à effectifs pleins ce qui donne une idée à effectifs pleins.

Une organisation spéciale est également mise en place pour le renseignement et le sabotage.

Au total sur 2.6 millions d’hommes qui ont été mobilisés, 325000 hommes sont morts, 400000 blessés, 202000 faits prisonniers et 1 million ont déserte. Il ne restait que 323000 sous les drapeaux au moment de l’Armistice.

L’armistice ne signifie pas la fin des combats. Ils se poursuivent sur tout le territoire de l’empire ottoman. Nombre de soldats ottomans vont rallier Mustapha Kemal par nationalisme.

Pologne et Pays Neutres (95) Pologne (7)

FORCES ARMEES POLONAISES (1) : ARMEE DE TERRE

Une histoire militaire de la Pologne

Aux temps jadis

Parmi les premiers grands événements de l’histoire militaire de la Pologne figure la Bataille de Legnica survenue le 9 avril 1241 (NdA date incertaine) entre les polonais alliés aux chevaliers teutoniques face aux mongols.

C’est une déroute pour les troupes chrétiennes mais fort heureusement pour le reste de l’Europe les mongols mettent cap au sud-est renoncent à avancer plus à l’ouest. A noter que sur le plan tactique cette bataille montre la vulnérabilité de la cavalerie lourde aux archers, une leçon qui ne pas comprise par certains suivez mon regard.

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Représentation de l’Armée polono-lituanienne

La République des Deux Nations disposait naturellement d’une armée composée de plusieurs unités comme les Wojsko Kriarciane (unités régulières soldées), les Wojsko Komputowe (unités semi-régulières créées pour la durée d’une guerre qui sont intégrées en 1652 avec les premières dans une nouvelle armée permanente), la Pospolite Ruzzenie (levée en masse de la Szlachta), les Piechota lanowa et les Piechota wyzbraniecka (unités de paysans recrutés).

On trouve également des cosaques enregistrés (troupes formées par des cosaques utilisées surtout à l’infanterie, rarement à la cavalerie avec des tabors recrutés jusqu’en 1699), la Garde Royale, des Mercenaires et des armées privées dépendant des grands féodaux.

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La Guerre Nordique de Sept Ans à lieu de 1563 à 1570. La Suède est opposée à une coalition dano-polono-lübeckoise, l’élément déclencheur étant un contentieux dano-suédois depuis la fin de l’Union de Kalmar. Je cite ce conflit pour information car les troupes polonaises ne sont pas engagées !

De 1605 à 1618 les polonais affrontent les russes, de 1600 à 1629 les polonais affrontent les suédois et de 1620 à 1621 les ottomans.

Durant ce dernier conflit les ottomans défont les polonais la bataille de Tutoia (17 septembre au 7 octobre 1620), les polonais subissant de lourdes pertes.

L’année suivante une imposante armée ottomane (100 à 250000 hommes selon les sources !) repart en campagne avec premier objectif la conquête de l’Ukraine et pour les plus ambitieux d’atteindre la mer Baltique en détruisant la République des Deux-Nations !

Cette campagne sera un échec avec une défaite contre les polonais et les cosaques zaporogues à Khotin (2 septembre au 9 octobre 1621).

En 1633/34 11 à 30000 polonais et alliés affrontent 55000 ottomans et alliés dans une nouvelle guerre polono-ottomane.

De 1654 à 1667 les polonais et les russes s’affrontent, conflit se terminant par une victoire russe. A l’origine du conflit une révolte de cosaques contre la Pologne, révolte soutenue par la Russie.

En juillet 1654, 41000 russes envahissent la République des Deux-Nations. Les villes de Bely et de Dorogobsy sont prises, Smolensk assiégée. C’est ensuite la bataille de Chklow (12 août 1654) et de Szepielewicze (24 et 25 août 1654), les russes l’emportant à chaque fois. En revanche la bataille de Ochmatow (janvier/février 1655) se termine par un résultat indécis à la différence de la bataille de Jaehkiv qui est une victoire polono-tatare.

La Première Guerre du Nord à lieu de 1655 à 1660 opposant la Suède à la République des Deux-Nations.

En juillet 1655 l’Armée suédoise envahit la Pologne-Lituanie depuis la Poméranie suédoise à l’ouest et par la Livonie au nord. C’est 13650 hommes et 72 canons d’un côté, 21200 de l’autre. En face les polono-lituaniens n’alignent que 14000 hommes. Une partie de la noblesse polonaise rallie le roi de Suède après la bataille d’Ujscee le 25 juillet 1655. En août 1655, le Grand-Duché de Lituanie se place sous la protection suédoise, le 8 septembre 1655 Varsovie est occupée.

Les suédois sont victorieux à Zarnow le 16 septembre et Wojnicz le 3 octobre. Jean II Casimir est capturé et exilé en Silésie. Cracovie capitule le 19 octobre et le lendemain un traité est signé à Kedainiei, la Lituanie est unie à la Suède, la majorité de l’armée polonaise se rendant à la Suède.

Très vite l’occupation suédoise suscite une violente opposition en Pologne, entrainant une guerilla et en réponse une répression sanglante. A la bataille de Golab en février 1656, 11000 suédois défont 2400 polonais. Les suédois sont défaits à Zamosc puis le 7 avril 1656 à Warka.

Les suédo-brandebourgeeois l’emporte à Varsovie (28 au 30 juillet 1656), Jean II Casimir se retire à Lublin. La victoire polonaise à Leczyca le 4 octobre 1656 est sans lendemain.

De 1672 à 1676 les polonais affrontent les ottomans perdant à cette occasion la Podolie. Les polonais l’emporte à Khotin le 11 novembre 1673, une victoire remportée par le Hetman (chef de l’armée) Jean Sobieski. En revanche la bataille de Jouravno (25 septembre au 14 octobre 1676) se termine par une victoire ottomane.

De 1683 à 1699 c’est la Grande Guerre Turque, un conflit opposant le Saint-Empire Romain Germanique à l’Empire ottoman. La Maison d’Autriche n’est pas seule pouvant compter également sur l’aide de la Pologne (NdA bah oui sinon je parlerai pas de ce conflit), des Etats Pontificaux, de Venise, de Gênes, de la Toscane, de la Savoie, de l’Espagne et du Portugal, le tout formant la Sainte Ligue.

When the wing hussar arrive !

Le climax, l’apogée de ce conflit c’est naturellement le siège de Vienne et l’intervention décisive de l’armée du roi de Pologne Jean III Sobieski qui dégage la capitale du Saint-Empire. C’est surtout le début du déclin irrémédiable de la Sublime Porte.

Les 150000 hommes de l’armée ottomane franchissent la frontière le 29 juin. L’armée de Charles V de Lorraine (beau-frère de Léopold 1er) est battue le 2 juillet, la cour impériale quittant Vienne le 7 juillet pour Linz puis Passau. Vienne est assiégée à partir du 14 juillet 1683.

L’armée coalisée arrive sous les murs de Vienne le 3 septembre alors que la capitale autrichienne chancèle. Les 75000 hommes de Sobieski franchissent le Danube s’installent sur les hauteurs de Kahlenberg et de Leopoldsberg.

Les polonais et les impériaux attaquent le 12 septembre 1683, la cavalerie polonaise et notamment ses fameux hussards ailés (When the winged hussars arrive comme chante Sabaton) s’illustre mettant les ottomans en déroute. 15000 turcs sont tués, dix fois moins pour les coalisés.

La menace écartée, Léopold 1er est de retour à Vienne, ne pardonant pas à Jean III Sobieski d’être entré le premier dans sa ville.

Après un temps d’hésitation, les coalisés se lancent à la poursuite des ottomans, remportant une nouvelle victoire à Parkany le 9 octobre. La ville hongroise d’Esztergon tombe le 25 octobre suivie d’une ultime victoire le 1er novembre. L’armée polonaise se replie. Le 25 décembre 1683, Kara Mustafa et étranglé sur ordre du sultan. A noter que les polonais ne participent pas à la suite du conflit.

Ce conflit se termine par le Traité de Karlowitz (26 janvier 1699), traité qui voit la Pologne récupérer la Podolie perdue en 1672.

La Grande Guerre du Nord (1700-1721)

La Pologne ne participe pas officiellement mais va être un enjeu de la lutte entre la Suède et la Saxe dont l’électeur est également roi de Pologne (1700-1709).

Après avoir neutralisé la Russie, Charles XII se tourne vers la Saxe et la Pologne d’Auguste II. La Pologne-Lituanie est envahie le 18 juillet 1701 quand l’armée du dernier roi de Suède impérialiste franchit la rivière Dagauva.

En 1702 la Suède affronte les troupes de l’hetman de Lituanie Michal Serwacy Wisniowicki et s’empare de Wilno au mois d’avril. L’armée saxo-polonaise est écrasée le 19 juillet 1702 à Kliszow à 50km au nord de Varsovie.

Auguste II se replie sur Sandormiez pendant que les suédois occupent Cracovie puis Varsovie. Le roi de Pologne n’à d’autre choix que de se retirer en Saxe. Charles XII fait élire comme nous l’avons vu un nouveau roi Stanislas Leczynskiy.

L’armée saxonne est à nouveau vaincue à Fraustadt (Wschowa) près de la frontière avec la Silésie, cette défaite entrainant le Traité de Altranstadt (24 septembre 1706). Auguste II reconnaît Stanislas comme roi de Pologne.

Charles quitte la Saxe en août 1707, laissant en Pologne 24000 homms pour aller avec 35000 hommes combattre en Russie. La suite est connue, Poltava tout ça tout ça. En 1710 l’armée suédoise se retire de Pologne direction la Poméranie. La mort de Charles XII entraine la division de la coalition, les différents protagonistes se disputant nombre de territoires, la menace russe étant un moteur majeur des négociations.

La guerre russo-polonaise (1792)

Du 18 mai au 27 juillet 1792 les polonais et les russes s’affrontent pour l’ultime épisode des guerres polono-russes, ce conflit aboutissant au deuxième partage de la Pologne, la République des Deux-Nations entrant en phase de décomposition et d’agonie. Le résultat du conflit était pour ainsi dire écrit d’avance, Saint-Pétersbourg engageant 106000 hommes, Varsovie 37000.

Les russes sont organisées en deux armées, l’Armée de Kakhavsky dispose de 64000 hommes répartis en quatre corps d’armée, l’Armée de Kretchetnikov comprend lui 38000 hommes avec quatre corps d’armée dont celui de la confédération de Targowice.

En face les polono-lituaniens peuvent en théorie aligner 48000 polonais et 15000 lituaniens mais en réalité seulement 37000 hommes sont engagés.

Le 14 juin 1792 les russes l’emporte à Boruszhowice, 5000 russes défaisant 1800 polono-lituaniens, ces derniers prennant leur revanche à Zielence (15357 polonais contre 11000 russes) le 18 juin 1792.

Les polonais l’emporte à nouveau à Dubienka le 18 juillet 1792, engageant 5000 hommes contre 18000 russes. Les russes l’emporte à Zelva (4 et 5 juillet 1792) après avoir engagé 6500 hommes contre 7000 polonais.

Les polonais l’emporte à Kzemien le 24 juillet 1792 après avoir engagé 12000 hommes contre 4500 russes. Les polonais remportent une ultime bataille le 26 juillet 1792 (Nda lieu inconnu)

Les unités de volontaires polonais au service de la France

Le 9 janvier 1797 deux légions polonaises sont créées pour intégrer l’Armée de la république lombarde, chaque légion comprenant trois bataillons à six compagnies de 125 hommes auxquelles on ajoute trois compagnies d’artillerie. Les effectifs atteignent très vite 5000 hommes.

Ces unités combattent en Italie et répriment de nombreuses révoltes bien loin de leur espoir de combattre pour libérer leur patrie. En mai 1798 les polonais occupent Rome. La même année les effectifs atteignent 10000 hommes, les polonais combattant les anglais dans le Royaume de Naples.

En 1799 les pertes sont particulièrement sévères, les polonais se retrouvant en première ligne, les meilleures troupes se trouvant en Egypte. Les polonais participent aux batailles de Novi et de Zurich.

Le 10 février 1800 les survivants des légions polonaises d’Italie sont réorganisées à Marseille sous la forme de la Légion italique censée aligner 9000 hommes mais les effectifs vont atteindre péniblement 5000 hommes.

Le 8 septembre 1799 est créée la Légion du Danube composée d’un état-major, d’unités d’artillerie, de quatre bataillons d’infanterie et d’un régiment de uhlans à quatre escadrons. Elle combat en Bavière et participe à la bataille de Hohenlinden (3 décembre 1800).

En 1801 les polonais sont envoyés dans le Royaume d’Etrurie et de Toscane. Le moral est très bas car ces soldats veulent combattre les partageurs de la Pologne et non réprimer les révoltes.

Le 21 décembre 1800 les légions polonaises sont dissoutes et transformées en trois demi-brigades, la légion polonaise d’Italie forme le gros des 1ère et 2ème demi-brigades étrangères, la Légion du Danube formant la 3ème demi-brigade étrangère. Ces unités intègrent ensuite l’armée française sous la forme des 113ème et 114ème demi-brigades de ligne.

Après l’Italie les polonais vont combattre aux Antilles à Saint-Domingue en 1802/03. 4000 polonais vont y mourir, 400 restant sur l’île, d’autres se sont dispersés dans les Caraïbes, 700 retournant en France.

En 1805 les polonais stationnés en Italie forment la 1ère légion polonaise et en 1806 les légions de Dombrowski et du Danube sont réduites à un régiment d’infanterie et de cavalerie, combattant en Italie.

Toujours en 1806, une Légion du Nord est formée, légion qui est bientôt accompagnée par une division polonaise à trois régiments. Les troupes dans cette unité sont cependant de piètre qualité. Une 2ème légion du Nord est mise sur pied le 23 septembre 1806 mais elle fusionne avec la première dès mars 1807.

En juin 1807 la Légion du Nord composée de quatre régiments d’infanterie et de trois régiments de cavalerie est à Varsovie, Kalisz et Cracovie.

La division polonaise (trois régiments d’infanterie et de trois régiments de chasseurs de Posen) est avec le 8ème Corps d’Armée du général Mortier participe à la bataille de Friedland (14 juin 1807). En mars 1808 la Légion du Nord est versée dans l’armée du Duché de Varsovie.

Le 5 avril 1807 une légion polacco-italienne est créée avec un régiment de lanciers et trois régiments d’infanterie.

Légion de la Vistule

Elle passe au service de la Westphalie en octobre 1807 puis à nouveau au service de la France en mars 1808. le 29 mars 1808 l’unité devient la Légion de la Vistule, le régiment de lanciers comprend quatre escadrons soit 47 officiers et 1171 hommes. Les trois régiments d’infanterie comprennent 140 hommes par compagnie, 840 par bataillons, 1680 par régiment, 5040 pour trois régiments. A la mi-1808 les effectifs sont passés à 6000 hommes.

Après la victoire de Wagram on tente de mettre sur pied une légion avec les prisonniers de guerre polonais de l’armée autrichienne mais faute d’effectifs suffisants elle fusionne avec la Légion de la Vistule. Cette dernière combat en Espagne puis s’illustre en Russie, en Allemagne et en France, 96000 polono-lituaniens participant à la campagne de Russie en 1812.

Quand la Grande Armée repasse le Niémen à la suite de la retraite, la légion sur la Vistule ne compte plus que 1500 hommes sur les 7000 du départ. Les polonais se sont illustrés à la bataille de la Moskova, à Winkowo et sur la Bérézina qui contrairement à ce qu’on pense souvent est une victoire française et non un désastre. En 1813 les polonais participent à la bataille de Leipzig et en 1814 à la campagne de France. Des polonais sont encore là sur l’île d’Elbe et pendant les Cent-Jours.

Parmi ces polonais figure le 1er régiment de chevau-légers lanciers polonais de la Garde impériale, une unité créée le 6 avril 1807 et dissoute le 1er octobre 1815. Elle combat en Espagne, s’illustrant sur le col de la Somossiera, en Autriche (1809), en Espagne (1810/11), en Russie (1812), en Allemagne (1813), en France (1814) avant d’accompagner Napoléon dans son exil sur l’île d’Elbe puis lors de l’aventure des Cent Jours.

Les guerres de la 4ème coalition (1806/07)

Unité de l’armée du Duché de Varsovie

Cette guerre qui à la Prusse et la Pologne pour théâtre aboutità la création du Duché de Varsovie, un compromis entre le maintien de la domination étrangère sur la Pologne et la renaissance d’un véritable royaume de Pologne, un compromis qui ne satisfait guère les polonais, les plus optimistes y voyant une première étape.

Ce sont les victoires françaises de Saalfeld (10 octobre 1806), Iena et Auerstaedt (14 octobre) _Berlin tombant le 27 octobre 1806_ , Eylau le 8 février 1807 et Friedland le 14 juin 1807, ces combats aboutissant à la paix de Tilsit et à une éphémère alliance franco-russe.

Mitteleuropa Balkans (213) Slovaquie (7)

En bref : une histoire de l’armée tchécoslovaque

Une armée puissante vraiment ?

Infanterie tchécoslovaque en 1938

Comme l’armée tchécoslovaque n’à pas combattu avant la disparition du pays en mars 1939 il est difficile de se faire une idée précise de son niveau exact. Si elle disposait d’armes d’excellentes qualité, elle souffrait également de nombreuses carences notamment son caractère multinational ce qui faisait craindre au gouvernement de Prague des problèmes lors de la mobilisation et lors des combats contre notamment l’Allemagne.

En septembre 1938 au moment des accords de Munich elle possède 42 divisions ce qui en fait au moins sur le papier la sixième armée d’Europe et la huitième armée du monde.

Entre 1936 et 1938 Prague investit 24 milliards de couronnes pour sa défense soit la moitié du budget national. A cela s’ajoute 2.6 milliards de couronnes pour les fortifications et également un usage important de l’emprunt.

En octobre 1933 la Tchécoslovaquie avait créé le Nejvyssi rada Obrany statu ou conseil supérieur de défense national, une entité aux pouvoirs élargis en temps de guerre ce qui fait dire à certain qu’en cas de conflit la Tchécoslovaquie rare démocratie en Europe centrale et orientale serait devenu une véritable dictature.

En 1934 le service militaire passe de 18 mois à deux ans mais ultérieurement la France et la Grande-Bretagne refuse qu’il passe à trois ans. En 1936 une loi sur la défense nationale est votée.

Au moment de la crise des Sudètes l’armée tchécoslovaque aligne 42 divisions dont 33 sur la frontière tchéco-allemande, 2250 pièces d’artilerie, 418 chars et 600 avions.

Si les canons et les chars sont de bonne qualité les avions sont dans leur ensemble dépassés voir obsolètes. La motorisation est insuffisante, la DCA et la défense antichar idem.

Le 13 septembre 1938 les réservistes sont convoqués, la mobilisation étant assurée depuis un état-major installé à Klanovice près de Prague puis à Vyskov près de Brno.

Le 23 septembre 1938 le gouvernement de Prague décrète la mobilisation générale. Cela doit permettre la mise sur pied de 22 divisions d’infanterie dont une motorisée, 12 divisions de troupes de couverture et quatre divisions rapides (divisions qui disposent d’une brigade blindée, d’une brigade de cavalerie et d’unités d’artillerie motorisée). Cela donne au total 34 divisions d’infanterie, 4 divisions rapides, trois formations spéciales (deux de taille de la division et un de la taille des brigades).

8cm PL vz.37

On trouve également des régiments antiaériens médium au niveau de l’armée (NdA ou du corps d’armée ?) avec des canons 7.5cm PL vz.37 et de 8cm PL vz.37, des régiments d’artillerie lourde au niveau de l’armée ou du corps d’armée.

Le plan de mobilisation prévoit 970000 hommes sous les drapeaux dont 720000 slaves, presque 200000 allemands et 62000 hongrois. On compte 43500 officiers mais 37575 slaves, 140 allemands et 579 hongrois.

Pour les officiers d’active c’est encore pire avec 11820 officiers dont seulement 422 slovaques. Sur 8333 sous-officiers pas plus de 421 dont slovaques. Pour une centaine de généraux tchèques on trouve un général slovaque et un général allemand. On se pose la question du comportement des soldats germanophones face à l’Allemagne et des mesures sont prévues pour isoler d’éventuels mutins.

Soldats tchécoslovaques déployés dans la région des Sudètes au moment de la Crise du même nom

La mobilisation est achevée mais pour rien en raison des Accords de Munich. L’ordre de démobilisation arrive le 6 octobre 1938.

A partir de 1935 un système de fortification inspiré des ouvrages Maginot est construite dans les Monts Métallifères pour couvrir la frontière avec l’Allemagne.

Ouvrage d’infanterie avec un affût double de mitrailleuses et un canon de 47mm

En août 1934 une délégation tchécoslovaque se rend en France pour visiter les ouvrages de la ligne Maginot construits ou en cours de construction dans le Nord, l’Alsace, le Rhin et les Alpes.

En mai 1935 la France organise pour des officiers tchécoslovaques un stage à Strasbourg, une formation théorique doublée de la visite des ouvrages Maginot de Schiesseck et de Simserhof.

Le premier est situé dans le sous-secteur de Bitche (37ème RIF) dans le secteur fortifié de Rorbach, un secteur fortifié qui s’étend de l’ouest de Singling à l’est de l’ouvrage du Grand-Hohékirkel.

-L’ouvrage du Schiesseck est un ouvrage d’artillerie à neuf blocs et deux entrées. Si le Bloc 1 est armé d’une tourelle de 81mm, d’une cloche M et d’une cloche GFM, le Bloc 2 est une casemate d’infanterie flanquant vers l’ouest disposant d’un créneau JM/AC 47, d’un créneau JM, de deux cloches M, d’une cloche GFM sans oublier un observatoire avec une cloche obs./VDP.

Le Bloc 3 est une casemate d’infanterie disposant de deux cloches M et d’une cloche GFM alors que le Bloc 4 combine une casemate de 81mm, deux créneaux de 81 en sous-sol, une cloche M et une cloche GFM. Le Bloc 5 est une casemate d’infanterie armée d’une cloche M et de deux cloches GFM alors que le Bloc 6 est armée d’une tourelle de mitrailleuses et d’une cloche GFM.

Les Bloc 7 et 8 sont des ouvrages d’artillerie, le premier disposant d’une tourelle de 75mm modèle 1932R, d’une cloche GFM et d’une cloche LG alors que le second dispose d’une tourelle de 135mm, une cloche GFM et une cloche obs./VDP. Le Bloc 9 est un bloc observatoire avec une cloche obs/VDP et une cloche GFM.

L’Entrée des Hommes en puit est défendue par un créneau JM/AC 47 et deux cloches GFM alors que l’Entrée des Munitions de type B de plain pied défendue par deux créneaux JM/AC 47 et deux cloches GFM.

-L’ouvrage du Simserhof est situé dans le sous-secteur du Légeret (153ème RIF) dans le même secteur fortifié que le précédent.

C‘est un ouvrage d’artillerie à huit blocs et deux entrées. Le Bloc 1 est un bloc mixte combinant une chambre de tir d’artillerie avec un créneau de 135, une chambre de tir infanterie avec un créneau JM/AC 47, un créneau JM flanquant vers l’ouest, une tourelle de mitrailleuses et une cloche GFM.

Le Bloc 2 est également un bloc mixte à une chambre de tir d’infanterie(un créneau JM/AC 47 et un créneau JM), une tourelle de 81mm, une cloche GFM et un observatoire avec une cloche obs./VDP tout comme le Bloc 3 qui combine une casemate d’infanterie armée d’un créneau JM/AC 37 et d’un créneau JM flanquant vers l’ouest, une tourelle de 81mm et deux cloches GFM.

Le Bloc 4 est un bloc mixte à une chambre de tir d’artillerie (un créneau de 135mm), une chambre de tir d’infanterie ( un créneau JM/AC 37 et d’un créneau JM) flanquant vers l’est, une tourelle de mitrailleuses et une cloche GFM.

Le Bloc 5 est une casemate d’infanterie flanquant vers l’ouest avec trois matériels de 75mm modèle 1932, deux cloches GFM, une cloche LG et une cloche obs./VDP alors que le Bloc 6 est une casemate d’infanterie flanquant vers l’est avec trois matériels de 75mm modèle 1932, deux cloches GFM, une cloche LG et une cloche obs./VDP.

Le Bloc 7 dispose d’une tourelle de 135mm et deux cloches GFM alors que le Bloc 8 est armée d’une tourelle de 75mm modèle 1933 et deux cloches GFM.

L’Entrée des Hommes en puit est défendue par deux créneaux JM/AC 47, deux cloches GFM et une cloche LG alors que l’Entrée des munitions type A de plain-pied est défendue par un créneau JM/AC 47 et deux cloches GFM.

Le 20 mars 1935 est créé la Reditelstvi opevnovacich proci (ROP) soit en français la direction des travaux de fortification. Pour la conseiller une mission militaire française permanente est envoyée en Bohème pour la conseiller.

Il est prévu qu’entre 1936 et 1941 on construise des fronts fortifiés puissants au nord face à l’Allemagne (Elbe et Oder) et au sud face à la Hongrie s’y ajoute également des défenses sur le Danube.

Entre 1941 et 1945, le système doit être étendu avec des fortifications plus allégée en Slovaquie du Sud et à l’ouest en Bohème. En 1946 les fortifications doivent voir le jour sur la frontière austro-tchécoslovaque. Les plus optimistes estiment que tout ne pourra être achevé qu’au début des années cinquante. On connait la suite………… .

La France conseille mais ne fournit aucun plan et aucun équipement qui sont 100% tchécoslovaques, des équipements souvent plus modernes que leurs équivalents français car les tchécoslovaques pouvaient tirer les leçons de l’utilisation par la France de ses ouvrages.

Au deuxième semestre 1938, 20% des ouvrages et des casemates sont réalisés tout comme 70% des fortifications légères.

Après l’annexion des Sudètes, les allemands récupèrent 227 casemates (sur les 539 projetées), deux observatoires, plus de 10000 blocs légers réalisés plus cinq ouvrages sur les quatorze planifiés (gros œuvre terminé, armement non encore installé). En mars 1939 la proclamation du Protectorat de Bohême-Moravie permet aux allemands de récupérer l’armement évacué lors de la crise des Sudètes.

Les allemands vont démanteler les ouvrages, récupérant du matériel, des équipements, des armes pour leur Westwall et ainsi accélérer les travaux. Les ouvrages sont également utilisés pour tester des tactiques et des techniques de lutte anti-fortification, les allemands répétant des tactiques d’assaut qui se montrèrent efficaces contre les ouvrages belges et français.

Quand le cours de la guerre devint défavorable aux allemands certains ouvrages encore en relatif bon état vont être remis en ordre de marche pour offrir une barrière face à l’avancée soviétique mais comme la RKKA s’arrêta à la frontière tchécoslovaque ils furent utilisés ni contre les soviétiques ni contre les occidentaux.

Durant la guerre froide des ouvrages furent transformés en abris anti-atomique pour les autorités communistes tchécoslovaques et depuis l’an 2000 des ouvrages ont été restaurés et transformés comme musées.

La Légion tchécoslovaque en Pologne

La Legion Czechoslowacki est créée en 1939 par des tchécoslovaques qui souhaitent combattre les allemands aux côtés des polonais en dépit du fait Varsovie se joint à la curée après les désastreux accords de Munich.

C’est donc davantage par haine des allemands que par sympathie pour les polonais que des tchèques et des slovaques choisissent de passer en Pologne. Nul doute que le précédent des légions tchécoslovaques en Italie, en Russie et en France à également joué.

Des civils et des militaires tchécoslovaques trouvent refuge à l’ambassade de Tchécoslovaquie à Varsovie et au consulat à Cracovie. Les militaires de l’ancienne arrmée tchécoslovaque sont les seuls à vraiment vouloir rester en Pologne. De son côté le gouvernement polonais se montre réticent.

Plus de 4000 tchèques et slovaques quittent la Pologne via six transports du 22 mai au 21 août 1939 pour rejoindre la Légion Etrangère.

1000 décident de rester ce qui représente 700 fantassins et 200 aviateurs. Si les premiers tardent à être équipés, les seconds vont former un escadron de reconnaissance.

Quand les allemands attaquent le 1er septembre 1939, la Légion Tchécoslovaque n’est pas encore opérationnelle, la Legion Czechow i Slowakow devenant réalité si on peut dire le 3 septembre 1939 soit le jour où la France et la Grande-Bretagne déclare la guerre à l’Allemagne.

Elle ne dispose pas d’uniformes et manque d’armes. Elle n’est pas engagée au combat. En revanche les aviateurs combattent à bord de Potez 25, de RWD-8 et de PWS-26.

Les fantassins sont évacués de Bronowice (près de Cracovie) vers l’est. Plusieurs sont tués par des bombardements aériens. Si certains sont internés par les soviétiques le 19 septembre 1939, d’autres parviennent à franchir la frontière polono-roumaine avant d’être internés en Roumanie.

Leur situation est délicate car ils peuvent être considérés comme des traitres. Nombre d’entre-eux s’évadent de crainte d’être livrés aux allemands. Ils vont rallier la France soit seuls ou dans les bagages des soldats polonais évacués vers la France par la marine marchande roumaine.

Le 2 octobre 1939 l’Armée Tchécoslovaque en France est créée mais son existence réelle sera limitée puisque les divisions seront placées sous commandement français. En janvier 1940 les tchécoslovaques internés en URSS sont libérés et peuvent rallier l’ouest sauf les communistes qui demandent à rester en URSS.

L’Armée Tchécoslovaque en France

Si la mise sur pied d’une Armée polonaise en France ne fait guère de débat en revanche la mise sur pied d’une Armée Tchécoslovaque en France à été plus difficile, plus douloureuse. De nombreuses négociations politiques ont été nécessaires pour permettre la mise sur pied d’unités de combat tchécoslovaques.

Les premiers militaires tchèques et slovaques arrivent à l’automne 1939 et faute d’unités doivent s’engager dans la Légion Etrangère. Ils sont envoyés en Algérie où ils sont soumis à des vexations venant notamment de sous-officiers allemands.

La guerre de Pologne ne permet pas la mise sur pied de grandes unités mais le gouvernement tchécoslovaque en exil à Londres avec une antenne à Lyon veut préserver l’avenir et après de longues et douloureuses négociations un accord est signé en septembre 1940 pour mettre sur pied des unités du temps de paix dont les effectifs doivent être augmentés avec la mobilisation de tchèques, de slovaques, de ruthènes vivant en France mais aussi de volontaires venus de la diaspora vivant notamment aux Etats-Unis.

Une infrastructure est nécessaire. Un premier camp est aménagé à Agde suivit d’un deuxième à Nimes, d’un troisième à Avignon et d’un quatrième à Chalons sur Saone, des camps cohabitant souvent avec des installations de l’armée française ce qui favorisait les synergies pour utiliser un terme moderne.

Dès l’été 1948 plusieurs grandes unités aériennes et terrestres vont être mises sur pied. Cette mise sur pied est délicate en raison de relations parfois houleuses entre les tchèques et les slovaques. Il faudra des pressions, une habile propagande et des sanctions pour que le gouvernement français et le général Villeneuve estime les unités tchécoslovaques capables de combattre.

On trouve d’abord la 1ère Division d’Infanterie Tchécoslovaque (1ère DIT) qui va intégrer le 10ème Corps d’Armée qui lui même dépendait de la 8ème Armée (Groupe d’Armées n°2) qui couvrait le secteur compris entre le Montbéliard et le lac Léman.

Cette division est organisée sur le modèle français avec trois régiments d’infanterie (1er régiment tchèque, 2ème régiment tchèque et 3ème régiment tchèque), deux régiments d’artillerie (1er et 2ème régiment d’artillerie tchèque, le 1er étant l’équivalent d’un RAD et le second l’équivalent d’un RALD), la 1ère Batterie Divisionnaire Antichar tchèque, le 1er Bataillon de défense antiaérienne tchèque, le 88ème bataillon du génie et diverses unités de soutien.

Un GRDI monté, le 1er groupe de cavalerie tchèque complète le dispositif, sa motorisation prévue n’à pas été réalisée avant septembre 1948.

La 2ème Division d’Infanterie Tchécoslovaque (2ème DIT) dépend du Détachement d’Armées du Sud-Ouest (DASO) _successeur du Détachement d’Armées des Pyrénées (DAP)_ et plus précisément du Secteur Opérationnel de l’Adour.

Cette division comprend trois régiments d’infanterie tchèques (4ème, 5ème et 6ème régiments tchèques), deux régiments d’artillerie (3ème et 4ème régiments d’artillerie tchèques _le premier étant un RAD et le second un RALD_), la 2ème Batterie Divisionnaire Antichar tchèque, le 2ème Bataillon de défense antiaérienne tchèque, du 96ème bataillon du génie et diverses unités de soutien. Un GRDI est prévu mais n’à pas le temps et/ou les moyens de voir le jour.

A la mobilisation, deux divisions de travailleurs sont levées, des divisions destinées à des travaux de fortification complémentaires et d’aménagement au Havre pour protéger ce port pétrolier mais également à Paris pour compléter la ligne Chauvineau.

Plan de la ligne Chauvineau

Ces travaux terminés, ces deux divisions sont transformées en 3ème et 4ème Divisions d’Infanterie Tchèque (3ème et 4ème DIT), divisions organisées sur le modèle des D.L.I avec un équipement français.

Concrètement elles comprennent deux régiments d’infanterie au lieu de trois, un régiment d’artillerie divisionnaire, une batterie divisionnaire antichar, une batterie de défense antiaérienne, un bataillon du génie et des unités de soutien.

La 3ème D.I.T est envoyée au Levant en novembre 1948 et la 4ème D.I.T sera envoyée dans le sud de la France comme réserve pour un renforcement des défenses de la Corse.

La 1ère DIT va participer à la Campagne de France notamment quand les allemands lancent l’opération TIGER, le franchissement en force du Rhin. Ils vont se montrer à la hauteur de leurs grands anciens du premier conflit mondial, la division se repliant en bon ordre sur la Seine mais est passablement affaiblie.

Elle est retirée du front une fois le front stabilisé. La 2ème DIT est transférée sur la Seine toujours sous commandement français.

Après avoir envisagé de fusionner les deux divisions, décision est prise de réorganiser les deux divisions sous la forme de DLI. Ces deux divisions légères vont combattre en France puis en Allemagne.

En septembre 1953 la 2ème DLIT (Division Légère d’Infanterie Tchécoslovaque) est dissoute pour compléter les effectifs de la 1ère qui va terminer la guerre en Bavière et ne va pas tarder à rentrer en Bohème-Moravie. Elle va participer après guerre à la reconstitution d’une armée tchécoslovaque digne de ce nom.

La 3ème DIT est envoyée au Levant en novembre 1948 pour défendre les mandats. Elle mène des missions de police coloniale puis rallie l’Afrique du Nord pour assurer le «service après vente» de l’opération BAYARD.

En février 1949 l’opération MERKUR est lancée par les germano-italiens contre la Corse qui est conquise, la Sardaigne qui est reconquise mais Malte est préservée. La division tchèque est transférée à Malte et va combattre les parachutistes italiens. Elle s’illustre et voit son moral remonter en flèche.

De son côté la 4ème DIT va défendre la Corse où elle subit de lourdes pertes à tel point qu’elle est évacuée rapidement pour reconstitution en Algérie. Pour cela la 3ème DIT quitte Malte pour rallier également l’Algérie.

Pour ne fâcher personne, les deux divisions sont fusionnées pour devenir la 7ème Division Légère d’Infanterie Tchécoslovaque, la division à nouveau opérationnelle en décembre 1949 va participer à la libération de la Corse lors de l’opération MARIGNAN (août 1951).

La division reste déployée en Corse jusqu’en juin 1953 quand elle passe en Italie participant notamment à l’opération AURORE (11 janvier 1954), terminant la guerre dans le sud de l’Autriche.

Elle va rallier la Tchécoslovaquie dès le mois d’octobre 1954, la 7ème DLIT servant de creuser à une nouvelle division de la nouvelle armée tchécoslovaque.

Les forces armées du protectorat de Bohème-Moravie

Peloton d’honneur de la Vladni vojsko

Le 25 juillet 1939 est créée la Vladni vojsko ou armée gouvernementale. C’est le bras armé du protectorat de Bohème-Moravie. Sa création répond à trois critères principaux :

-Eviter une trop forte augmentation du chomage en raison de la dissolution de l’Armée Tchécoslovaque

-Légitimer leur occupation en faisant croire aux crédules et aux naïfs que rien n’avait vraiment changé

-Protéger le président Hacha, un «président fainéant» au sens où les historiens l’entendait pour les derniers mérovingiens (c’est les maires du palais comme Charles Martel qui possédaient la réalité du pouvoir).

Les allemands qui connaissaient les avantages d’une armée réduite avaient fixé à 7000 hommes les effectifs maximum de l’armée gouvernementale. En septembre 1948 les effectifs ont péniblement atteint les 6500 hommes répartis en douze bataillons avec un armement léger mais tout de même 40 généraux !

Le 1er bataillon était destiné à protéger le président Hacha, son gouvernement et garder avec des troupes allemandes le château de Prague. Ces bataillons dépendaient de trois inspections générales : Prague, Brno et Hradec-Kralove.

Dans un premier temps les soldats, sous-officiers et officiers venaient de la défunte armée tchécoslovaque mais pour des raisons politiques ils sont peu à peu remplacées par de nouvelles recrues.

Elles étaient recrutées chez les tchèques âgés de 18 à 24 ans, d’ethnie aryenne, 1.65m comme taille minimum, en bonne santé et sans casier judiciaire.

Les allemands n’ont jamais vraiment eu confiance dans cette arme ce qui explique les sérieuses limites en matière d’armement. Ces limites sont levées à partir de septembre 1948 avec quelques pièces d’artillerie, des véhicules blindés mais les demandes pour l’acquisition de chars seront retoquées par les allemands.

Au printemps 1949 les douze bataillons sont fusionnés en six régiments répartis en trois brigades avec un peu d’artillerie et quelques unités de soutien.

Le projet de créer des unités montées se heurta au manque de chevaux et seule la première brigade recevra une compagnie montée qui lors de son engagement contre la résistance tchèque passa avec armes et bagages à l’ennemi !

Même chose pour le projet de créer une unité S.S. La Compagnie de St Wenceslas créée en juillet 1953 ne fût jamais engagée au combat faute de moyens humains et matériels.

Cette armée gouvernementale va se dissoudre au printemps 1954, des hommes ralliant les allemands d’autres la résistance, combattant notamment à Prague et accueillant les troupes de la RKKA lui servant de guide.

A la différence de la Garde Hlinka cette force armée ne fût pas considérée comme une force armée collaborationiste et leurs chefs ne furent pas inquiétés par le gouvernement Benes une fois ce dernier revenu au pays.

Mitteleuropa Balkans (209) Slovaquie (3)

La première république tchécoslovaque (1918-1939)

A la fin du 19ème siècle des contacts sont noués entre tchèques et slovaques sur la possibilité de créer un état Tchéco-Slovaque. Tomas Masaryk premier président de la république tchécoslovaque était slovaque et partisan d’une union avec les tchèques.

Tomas Masaryk

Une union tchécoslovaque voit le jour en 1898 pour effectuer un travail de lobbying au sein de l’Autriche-Hongrie mais les tentatives pour créer un troisième pôle slave au sein de l’Autriche-Hongrie est torpillée aussi bien par les allemands que par les hongrois.

Quand le premier conflit mondial éclate les tchèques comme les slovaques présents en Autriche-Hongrie accepte sans trop broncher la mobilisation. Cette attitude qui peut étonner s’explique probablement par l’espoir qu’un tel comportement sera récompensé après guerre surtout en cas de victoire de la part des empires centraux.

Ce n’est qu’avec la dégradation causée par le conflit que les différentes nationalités de la Double-Monarchie vont aggraver les fissures d’un colosse aux pieds d’argile avant de provoquer son effondrement. De nombreux tchèques et slovaques vont déserter et vont former différentes Légions tchécoslovaques qui vont combattre aussi bien à l’ouest que sur le front russe. 1.4 million de soldats tchèques, slovaques et ruthènes furent mobilisés dans l’armée austro-hongroise avec au final 150000 morts.

En 1916 à Paris est créé le Conseil National Tchécoslovaque, un conseil animé par Tomas Masaryk, Edouard Benes et Milan Stefanik.

Le 31 mai 1918 les tchèques et les slovaques ont signé l’Accord de Pittsburgh. Il prévoit la constitution d’un Etat Tchéco-Slovaque avec une Slovaquie disposant de sa propre Assemblée ce qui aurait donné naissance à un état confédéral.

De juin à décembre 1918 le conseil est reconnu par la France, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis et le Japon comme le représentant officiel du prochain Etat tchécoslovaque. Le 14 octobre 1918 le conseil devient un gouvernement provisoire avec Masaryk comme président Benes comme ministre des affaires étrangères et Stefanik ministre de la guerre.

Le 18 octobre 1918 alors qu’il est aux Etats-Unis, Tomas Masaryk proclame l’indépendance de la Tchécoslovaquie. Il réclame l’intégration de tout le Royaume de Bohème ce que refuse les députés allemands de Bohème accompagnés par d’autres députés germanophones qui tentent d’imposer un état germano-autrichien indépendant.

L’indépendance de la Tchécoslovaquie est officiellement proclamée dans le hall Smetana de la mairie de Prague qui après avoir été la capitale du royaume de Bohème devient celle du nouvel état Tchéco-Slovaque qui ne va pas tarder à devenir Tchécoslovaque au grand dam des slovaques. Ces derniers rejoignent officiellement le nouvel état le 30 octobre 1918 lors d’une réunion dans la ville de Martin.

Béla Kun

Ultérieurement des troupes tchécoslovaques vont participer à la guerre civile russe puis interviennent contre la Hongrie des conseils de Béla Kun.

Deux traités de paix vont concerner la Tchécoslovaquie, le Traité de Saint Germain en Laye signé le 10 septembre 1919 et le Traité de Trianon signé le 4 juin 1920.

Le premier voir la Cisleithanie partie autrichienne de l’Autriche-Hongrie est disloquée et remplacée par sept états successeurs. Il est entré officiellement en vigueur le 16 juillet 1920. Les autrichiens étant considérés comme un peuple vaincu n’obtiennent pas le droit de disposer d’eux-mêmes et le texte est écrit en français, anglais, italien et russe mais pas en allemand ce qui est un signe ! Les autrichiens en colère mettent le feu à l’ambassade de France à Vienne le 23 mai 1919.

Ce texte reconnaît l’existence d’un Etat commun aux tchèques et aux slovaques. Les allemands des Sudètes et ceux d’Autriche se voient refuser l’intégration à la République de Weimar et la République allemande d’Autriche devient la République d’Autriche et se voit refuser la possibilité de réaliser l’Anschluss (article 88).

Le second voit la Hongrie être réduite à la portion congrue. Pour Budapest c’est le jour et la nuit puisqu’on passe en 1914 à une situation où 21% des sujets de la Transleithanie être non-magyars à une situation où 3.3 millions de hongrois sont sous souveraineté étrangère.

Le traité est un traumatisme majeur pour la Hongrie, représentant une histoire qui ne passe toujours pas. Même Aristide Briand et Lloyd George reconnaissent un traité injuste appuyé sur des documents mensongers.

La Slovaquie et la Ruthénie Subcarpathique rejoignent la Bohème et la Moravie pour former la Tchécoslovaquie qui comprend des tchèques, des slovaques, des ruthènes, des allemands et des hongrois.

La première république tchécoslovaque va très vite se heurter à sa composition multiethnique sans oublier des litiges frontaliers avec la Pologne mais ces derniers vont être vite réglés entre deux nouveaux états qui n’ont pas intérêt à s’affronter du moins pas dans l’immédiat.

Alors que toute l’Europe centrale et orientale succombe aux sirènes autoritaires, la Tchécoslovaquie reste une démocratie parlementaire.

Le 18 novembre 1918 Tomas Masaryk devient le premier président de la Tchécoslovaquie. La constitution tchécoslovaque est adoptée le 29 février 1920, texte qui s’inspire des lois constitutionnelles de la Troisième République.

Ce texte comprend en préambule une Loi Préliminaire de dix articles (Article I à X) qui s’occupe de la période transitoire. Le texte proprement dit appelé officiellement Charte Constitutionnelle de la République Tchécoslovaque comprend les principaux éléments suivants :

-Le Titre premier concerne les dispositions générales avec cinq articles qui traitent des dispositions générales et des principaux symboles de l’Etat.

-Le Titre 2 (articles 6 à 54) s’occupe du pouvoir législatif. Ce dernier est assuré par l’Assemblée Nationale qui comporte une Chambre des Députés et un Sénat.

La chambre des députés comprend 300 députés élus au suffrage universel à la proportionnelle pour six ans alors que le Sénat est composé de 150 membres élus de la même façon mais pour huit ans.

-Le Titre 3 (Article 55 à 93) concerne le pouvoir exécutif. Le président de la république est élu par l’Assemblée Nationale. Il doit être citoyen tchécoslovaque, éligible à la Chambre des députés et âgé d’au moins 35 ans.

Pour que l’élection soit valide les députés et les sénateurs présents doivent représenter la majorité absolue (soit 226) et l’élection se fait à la majorité des 3/5. Après deux tours si il n’y à pas de vainqueurs, les candidats en tête sont départagés au plus grand nombre de suffrage lors d’un nouveau scrutin. Si l’égalité persiste, on laisse le sort décider.

Le président est élu pour sept ans avec deux mandats consécutifs. Il doit ensuite attendre un délai de sept ans avant un éventuel nouveau mandat.

Il nommé et révoque le président du gouvernement et les ministres. Ces pouvoirs sont plus étendus que ceux de son homologue français.

-Le Titre IV concerne le pouvoir judiciaire (Article 94 à 105)

-Le Titre V (article 106 à 127) concerne les droits, les libertés et les devoirs des citoyens avec l’égalité (art.106), la liberté de la personne et de la propriété (art. 107 à 111), la liberté de domicile (Art. 112), la liberté de la presse, le droit de réunion et d’association (art.113 et 114), le droit de pétition (Art.115), le secret de la correspondance (Art.116), la liberté d’enseignement, de conscience et d’opinion (Art.117 à 125), le mariage et la famille (Art.126) et les devoirs militaires (Art.127).

-Le Titre VI concerne la protection des minorités nationales, religieuses et raciales (Articles 128 à 134).

La République Tchécoslovaque refuse d’accéder à la volonté des hongrois et des allemands de retrouver respectivement la Hongrie et l’Allemagne.

Les débuts du nouvel état sont difficiles avec une République slovaque des conseils soutenus par leurs homologues hongrois mais cette république est éphémère (16 juin au 7 juillet 1919), la république ne résistant à la défaite de la Hongrie de Béla Kun face aux troupes roumaines.

Les premières élections législatives ont lieu le 18 avril 1920. Le choix de la proportionnelle si elle est louable pour permettre à tous les courants politiques d’être représentés fragilise le pouvoir exécutif qui doit faire face à une forte instabilité gouvernementale.

Certaines années pas moins de neuf partis étaient nécessaires pour soutenir le gouvernement. Il faut dire qu’à la division politique et idéologique s’ajoute la division ethnique, chaque nationale ayant pour ainsi dire son parti social-démocrate, son parti agrarien, son parti libéral……. .

En 1921 la République Tchécoslovaque comprend 13 613 172 habitants répartis entre 51% de tchèques, 23.4% d’allemands (Allemands des Sudètes et des Carpathes), 14% de slovaques, 5.5% de hongrois, 3.4% de ruthènes, 1.3% de juifs germanophones et 1.4% de divers (essentiellement des polonais, des roumains et des roms).

Dans un premier temps ce sont les sociaux-démocrates qui dominent avant d’être progressivement évincés par les agrariens.

La présidence de la République est plus stable. Non concerné par la règle des deux mandats consécutifs, Tomas Masaryk élu en 1920 est réelu en 1927 puis en 1934. Il se retire en 1935 à l’âge de 87 ans, remplacé par Edouard Benes.

Sur le plan de la politique extérieure c’est la période de la Petite Entente, une série de traités d’alliance avec la Yougoslavie et la Roumanie pour s’opposer à une Hongrie qui n’à pas digéré le traité de Trianon, probablement le plus dur de tous les traités de paix.

Malgré sa dénomination française Les français n’en sont pas les initiateurs puisque son origine remonte au 14 août 1920 quand la Tchécoslovaquie, la Roumanie et le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes _Yougoslavie à partir de 1929_ signent un accord d’assistance pour se prémunir de la menace hongroise, Budapest n’ayant jamais accepté le traité du Trianon.

Cette alliance est renforcée par des accords bilatéraux entre la Roumanie et la Tchécoslovaquie (23 avril 1921), entre la Roumanie et le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes (7 juin 1921) et entre le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes et la Tchécoslovaquie (31 août 1921).

La Petite Entente entend garantir, par la force si besoin, les traités de paix. Cette alliance est cependant imparfaite et incomplète puisque ne prenant pas en compte les autres menaces que ce soit l’URSS (vis à vis de la Roumanie), l’Italie (vis à vis de la Yougoslavie) ou encore l’Allemagne et la Pologne (vis à vis de la Tchécoslovaquie).

Suite aux accords de Locarno, la France signe des alliances militaires avec Prague (16 octobre 1925), avec Bucarest (10 juin 1926) et Belgrade (novembre 1926).

On verra que les traités d’assistance c’est comme les promesses cela n’engage que ceux qui y croient.

Mitteleuropa Balkans (176) Grèce (20)

Sous-marins

Classe Katsonis

Les Katsonis sont dérivés des Circé

Les deux sous-marins de la Classe Katsonis sont des submersibles de conception et de fabrication française. Inspirés du type Circé, ils ont été construits à Bordeaux (Katsonis) et à Nantes (Papanikolis). Ils ont été mis en service respectivement en juin 1928 et en décembre 1927.

Déclassés en septembre 1939, ils devaient être remplacés mais la marine grecque faute de moyens financiers n’à pu le faire. Elle s’est donc contentée de les moderniser entre 1942 et 1944 ce qui apportait un plus mais qui ne résolvait un certain nombre de limites.

Toujours en service en septembre 1948 et en mai 1949, les deux submersibles vont connaître des sorts différents. Le Katsonis est coulé le 12 mai 1949 par un hydravion italien alors qu’il tentait de se mettre en position pour torpiller un convoi se formant à la sortie du port de Valona. Aucun membre d’équipage n’à survécu.

Son sister-ship à survécu à la Campagne de Grèce. Il se réfugie à Alexandrie mais ne reprendra jamais du service actif car trop ancien et trop usé. Il sert brièvement de sous-marin d’entrainement avant d’être immergé au large de l’Egypte pour servir de but sonar d’entrainement. La coque est relevée après guerre puis démantelée.

Caracteristiques Techniques

Déplacement : 522 tonnes en surface 703 tonnes en plongée

Dimensions : longueur 62.5m largeur 5.3m tirant d’eau 3.6m

Propulsion : deux moteurs diesels développant 1200ch et deux moteurs électriques de 1000ch, deux hélices

Performances : vitesse maximale 14 nœuds en surface 9.5 nœuds en plongée distance franchissable 3500 miles nautiques à 10 nœuds en surface et 100 miles nautiques à 5 nœuds en plongée Immersion 80m

Armement : (origine) un canon de 100mm et deux mitrailleuses six tubes lance-torpilles de 533mm (quatre à la proue et deux à la poupe) (1949) un canon de 100mm, un canon de 20mm et six tubes lance-torpilles de 533mm

Equipage : 30 officiers et marins

Classe Protefs

Le Protefs

Les quatre unités formant la Classe Protefs sont elles aussi de conception et de fabrication françaises mais un peu plus grosses et un peu plus récentes.

Construites par les ACL de Nantes (Protefs Nirefs Triton) et les chantiers navals français de Caen en sous-traitance ACL (Glafkos), ils ont été mis en service en 1929 pour le premier et en 1930 pour les trois autres.

Ils ne sont guère plus modernes que les Katsonis et la modernisation permet certes de prolonger le service de quelques années mais cela ne faisait que repousser le problème. Le second conflit mondial ne permis pas le renouvellement de la flotte car la Grèce n’avait pas la capacité de construire des sous-marins.

Le Protefs à disparu durant la campagne de Grèce. En patrouille en Adriatique, il devait rentrer le 7 juin 1949 mais il n’à plus donné signe de vie après une dernière vacation radio dans la soirée du 4.

Les recherches engagées après guerre n’ont pas permis de retrouver l’épave tout comme les campagnes de recherche menées en 1960, en 1964, en 1980 et en 1994. Plusieurs théories ont été avancées celle la plus souvent citée étant une explosion causée par une mine suivit d’un naufrage si brutal qu’un SOS n’à pas pu être envoyé.

Les trois autres sous-marins sont parvenus en Egypte mais dans un tel état que leur remise en service est très aléatoire. Elle est d’ailleurs abandonnée au profit de la cession de deux sous-marins de 800 tonnes français.

Les Nirefs et Glafkos sont cannibalisés au profit du Triton puis utilisés comme but sonar pour l’entrainement des opérateurs sonars.

Le Triton est utilisé pour l’entrainement des sous-mariniers grecs jusqu’en septembre 1952 quand il est désarmé, utilisé comme ponton-électrique au profit des sous-marins transférés par la France. Il est démoli en 1959.

Caracteristiques Techniques

Déplacement : surface 680 tonnes plongée 870 tonnes

Dimensions : longueur 68.6m largeur 5.73m tirant d’eau 4.18m

Propulsion : deux moteurs diesels Sulzer développant 1420ch deux moteurs électriques développant 1200ch 2 hélices

Performances : vitesse maximale 14 nœuds en surface 9.5 nœuds en plongée distance franchissable 3500 miles nautiques à 10 nœuds en surface 100 miles nautiques à 5 nœuds en plongée Immersion 80m

Armement : un canon de 100mm, un canon de 3 livres puis deux canons de 37mm, huit tubes lance-torpilles de 533mm (six à la proue et deux à la poupe)

Equipage : 41 officiers et marins

Classe Phenix

Schéma de la classe Phenix

Le 15 juin 1939 le sous-marin Phenix est perdu au large de l’Indochine. Le 24 juin 1939, un décret-loi autorise la commande d’un sous-marin destiné à remplacer cette unité de classe Pascal (série des 1500 tonnes) et dans la foulée une version tropicalisée des sous-marins de 800 tonnes classe Aurore.

Les modifications augmentent le déplacement du sous-marin et on en profite pour uniformiser le calibre des tubes lance-torpilles avec uniquement des tubes de 550mm au lieu de 550 et de 400mm pour les classes précédentes.

Douze sous-marins sont commandés et vont porter les noms des mois du calendrier révolutionnaire.

Le Phenix est mis en service en 1944, les Vendémiaire Ventôse Frimaire Prairial Floréal Nivôse et Messidor en 1945, les Fructidor Pluviose Brumaire et Germinal en 1946 et enfin le Thermidor en 1947.

En septembre 1948 sont déployés sur différents théâtres d’opérations avec huit unités en Méditerranée (9ème DSM Phenix Ventôse Frimaire Prairial et la 17ème DSM Vendémiaire Nivôse Floréal et Messidor qui dépendent de la 3ème flottille de sous-marin, le bras armé sous-marin de la 6ème Escadre Légère), trois unités en mer du Nord (Fructidor Brumaire Pluviose) qui dépendent de la 16ème DSM placée sous le commandement de l’Escadre Légère du Nord alors que les deux dernières dépendent de la 23ème DSM qui sont déployés en Indochine sous les ordres des Forces Navales en Extrême-Orient (FNEO) (Germinal Thermidor).

Ce modèle de sous-marin intéresse la Grèce avant même le second conflit mondial mais le temps et les moyens financiers manquent pour permettre la commande de sous-marins de ce type.

Après la campagne de Grèce, Athènes qui reçoit une proposition pour le transfert de deux sous-marins étudie le type S britannique et le type Phenix ou Aurore français. C’est ce second modèle qui est choisit.

Après inspection, les grecs obtiennent le transfert du Ventôse et du Messidor qui subissent une véritable remise en état avant transfert, transfert qui est effectif respectivement en septembre 1951 et juillet 1952. Ils sont rebaptisés Katsonis et Protefs.

Le Protefs est coulé par un escorteur italien en janvier 1953 alors qu’il attaquait un convoi reliant Bari et Tarente. Le Katsonis survit au second conflit mondial, est profondément modernisé à Toulon dans le cadre du programme AMTATE (Améliorations Tactiques et Techniques) en 1956/57.

Ce programme équivalent au programme GUPPY américain comprend la suppression du canon de pont et de la DCA, le remplacement des moteurs diesels par des moteurs plus puissants, le remplacement des batteries d’origine par des batteries haute-puissance, l’amélioration de l’hydrodynamisme de la coque, de nouveaux capteurs et la suppression des tubes lance-torpilles de poupe.

Ainsi modernisé le Katsonis va servir jusqu’au 30 septembre 1975 quand il est désarmé. Il est transformé en musée au Pirée, étant ouvert au public depuis 1977.

Caractéristiques Techniques de la classe Phenix

Déplacement : surface 925 tonnes plongée 1202 tonnes

Dimensions : longueur hors tout 74.9m largeur 6.5m tirant d’eau 4m

Propulsion : deux moteurs diesels Sulzer ou Schneider de 1500ch et deux moteurs électriques de 635ch entrainant deux lignes d’arbre

Performances : vitesse maximale en surface 16.5 noeuds en plongée 9 noeuds Rayon d’action en surface 3300 miles nautiques à 10 noeuds en plongée 70 miles nautiques à 5 noeuds Immersion maximale 100m

Après la réforme AMTATE, la vitesse en surface est portée à 18 nœuds la vitesse en plongée à 10 nœuds, l’immersion passe à 125m.

Armement : un canon de 100mm modèle 1934, un affût double de 25mm pour la défense antiaérienne et dix tubes lance-torpilles de 550mm (quatre tubes à l’étrave, deux à l’arrière et deux tourelles mobiles derrière le kiosque)

Equipage : 46 hommes (4 officiers, 9 officiers mariniers et 33 quartiers maitres et matelots).

Vedettes lance-torpilles

Une S-Boot

La géographie dicte la conception et l’organisation d’une flotte. La Grèce avec sa géographie archipélagique est un lieu idéal pour une puissante force de vedettes lance-torpilles. Pourtant il va falloir attendre la période de la Pax Armada pour que la marine royale héllène s’équipe de navires de ce type.

En septembre 1948, seize μικρό πλοίο επίθεσης (mikró ploío epíthesis, petits navires d’attaque) sont en service au sein de deux flottilles, les 4ème et 5ème flottilles. Ces vedettes ont été construites sur le lac de Constance par une division navale de la firme Dornier qui produisit un modèle de la firme Lürssen.

Ces vedettes livrées en 1943/44 au grand dam des italiens ont descendu en convois jusqu’au delta du Danube et le port roumain de Constansa où ils sont chargés en pontée sur un cargo pour rallier l’Arsenal de Salamis où elles vont recevoir l’armement prévu.

Ces navires ne reçoivent pas de nom mais les trois lettres MPE suvis d’un chiffre ou d’un nombre (un à seize).

Ces seize navires sont toujours en service en septembre 1948 et vont jouer un rôle majeur dans la Campagne de Grèce. Leur mission est d’harceler les navires de combat, les transports et lutter contre leurs homologues, les MAS.

Elles vont s’illustrer à plusieurs reprises, s’attirant rapidement le respect de leurs alliés comme de leurs ennemis. Deux MPE coulent le croiseur léger Emmanuele Pessano en compagnie du destroyer Hydra, d’autres coulent l’escorteur Canopo en janvier 1950.

Quand la Campagne de Grèce s’achève en mars 1950 il ne reste que neuf vedettes lance-torpilles opérationnelles ou du moins en service, les MPE-1 et 3 étant coulées par l’aviation (par les allemands pour la première, par les italiens pour la deuxième), les MPE-5 et 6 ont été détruites par des vedettes italiennes, la MPE-11 à été victime d’un incendie provoqué par un bombardement d’artillerie sur Salamis, le MPE-15 et 16 ont été coulées par des cacciatorpediniere italiens.

Les survivantes sont donc les MPE-2, 4, 7,8,9,10,12,13 et 14 qui se replient sur la Crète, opérant dans une flottille de marche pour défendre la grande île contre une potentielle invasion ennemie qui ne se produisit jamais.

Manquant de pièces, usées, ces vedettes ne peuvent vraiment durer. Cette situation à été anticipée par le gouvernement grec qui solicite les alliés pour commander des vedettes lance-torpilles neuves.

Des Fairmile D au port

Les américains, les français et les britanniques remettent leurs propositions et c’est le modèle britannique Fairmile D qui est sélectionné, seize vedettes sont commandées pour recréer deux flottilles, des vedettes livrées entre juin et septembre 1951.

Ces deux flottilles sont pleinement opérationnelles à la fin de l’année puis sont transférées début 1952, une flottille étant stationnée à Patras sur la côte occidentale du Péloponnèse et la seconde à Epidaure sur la côte orientale.

Si la première doit surtout s’attaquer aux convois ravitaillant l’île de Céphalonie, la seconde doit attaquer les convois nocturnes entre Le Pirée et les Cyclades.

De violents combats ont lieu, une véritable guerilla rude et impitoyable. Ces combats sont d’autant plus rudes que pendant longtemps la domination de l’espace aérien est disputé entre l’Axe et les alliés.

Au total les grecs vont recevoir trente-six vedettes lance-torpilles pour remplacer les vedettes détruites ou simplement usées par une utilisation intensive.

Outre l’attaque classique à la torpille ces vedettes vont également assurer d’autres missions comme le transport rapide de commando (les torpilles étaient laissées à terre pour permettre l’emport d’une douzaine de commandos) ou l’appui-feu avec l’embarquement à la place des torpilles d’un mortier ou d’un canon de montagne pour mener des missions d’appui-feu et de harcèlement.

Le second conflit mondial terminé ces vedettes vont participer à la guerre civile grecque avant d’êre remplacées par des vedettes plus modernes à coque en acier et armement renforcé avec toujours de l’artillerie légère, des mitrailleuses et des torpilles en attendant les missiles surface-surface.

Caractéristiques Techniques

Déplacement : standard 104 tonnes pleine charge 120 tonnes

Dimensions : longueur 35m largeur 6.35m tirant d’eau 1.50m

Propulsion : quatre moteurs essence Packard 4M 2550 dévellopant 5750ch et entrainant quatre hélices

Performances : vitesse maximale 31.5 nœuds distance franchissable 506 miles nautiques à 30 nœuds 2500 miles nautiques à 10 nœuds

Armement : deux canons de 40mm Bofors, quatre canons de 20mm Oerlikon (un affût double et deux affûts simples), quatre mitrailleuses de 7.7mm en affûts doubles, quatre torpilles de 533mm

Equipage : 21 officiers et marins

Navires légers

En ce qui concerne les navires légers, la marine royale grecque possède fort peu de navires en dépit de nombreuses îles à protéger et à surveiller.

En septembre 1948 on trouve une flottille hétéroclite avec de nombreuses Caïques réquisitionnées et armées de bric et de broc pour surveiller et défendre (sic) les îles.

Ces navires vont s’illustrer durant la Campagne de Grèce en évacuant de nombreux militaires et civils qui échappèrent à l’occupation et à la captivité pour continuer la lutte.

Certains équipages contractèrent un engagement au sein de la marine grecque, troquant leurs bateaux de pêche armés contre des vedettes légères construites par les français et les britanniques.

Ces vedettes au nombre de trente-deux vont opérer depuis la Crète et le Péloponnèse pour surveiller, sécuriser et parfois attaquer.

Une fois l’offensive lancée à l’automne 1952 ces vedettes furent parfois utilisées comme des transports de troupes ou pour des missions d’appui-feu.

Ces vedettes mesuraient 15.50m de long pour 3.80m de large, un tirant d’eau de 1.50m, un déplacement de 60 tonnes, une vitesse maximale de 25 nœuds avec un armement généralement composé d’un canon de 37 ou de 40mm, deux mitrailleuses lourdes, deux mitrailleuses légères et parfois quelques grenades ASM à l’efficacité limitée par l’absence d’Asdic.

Navires de soutien

En septembre 1939 la force auxiliaire de la marine grecque fait peine à voir avec des navires antiques :

-Le navire-atelier Hifaistos l’ancien navire-allemand Marie Repnel aménagé en navire-atelier chez Palmers en Angleterre en 1925.

-Le ravitailleur de sous-marins Amphitriti un navire datant de 1876 refondu en 1934 et qui fût successivement transport, yacht, navire hôpital et ravitailleur de sous marins.

-le pétrolier Prometheus (1889)

-La citerne Avra (1894)

-Des remorqueurs

-le voilier-école Arès

Face à l’augmentation des moyens de la marine grecque il faut augmenter la force auxiliaire mais cette volonté est freinée pour ne pas dire contrée par le manque de budgets. Il faut dire que le budget de la marine est non seulement limité mais en plus très sollicité par la construction de nombreux navires de combat.

Finalement quelques navires vont être construits ou reconvertis pour permettre un soutien logistique minimal. Une série d’accords sont passés avec des armateurs grecs qui mettent à disposition cargos et pétroliers en échange de généreuses exonérations d’impôts ce qui suscite nombre de débats et de critiques.

Si le pétrolier Prometheus victime d’un incendie en mars 1944 n’est plus là tout comme la citerne Ava (qui à coulé au mouillage à Salamis), les autres navires sont là, la marine grecque estimant qu’ils peuvent encore rendre des services. De nouveaux navires arrivent ce qui donne à la force auxiliaire de la marine grecque le visage suivant :

-Deux pétroliers (sans capacité de ravitaillement à la mer qu’à ma connaissance la marine grecque n’à pas pu ou voulu expérimenter), les Prometheus et Nymphea, deux pétroliers rachetés à un armateur en faillite.

Il s’agit de pétroliers de 8000 tonnes de jauge brut, mesurant 120m de long sur 17m de large pour un tirant d’eau de 7m, une vitesse maximale de 15 nœuds et un armement composé de deux canons de 76mm et de quatre canons de 20mm.

Si le Nymphea est torpillé par un sous-marin italien le 14 mars 1952 entre Alexandrie et la Crète, le Prometheus va survivre au second conflit mondial après avoir ravitaillé des dizaines pour ne pas dire des centaines de navires qu’ils soient grecs, yougoslaves, français ou britanniques.

Il est désarmé en 1969 et remplacé par un navire reprennant son nom, un pétrolier-ravitailleur conçu dès l’origine pour ce rôle.

-Le navire-atelier Hifaistos parvient à se réfugier à La Sude et assure le soutien technique des navires grecs et alliés dans ce magnifique port naturel. Victime d’une avarie de machine lors d’un transit vers Athènes en mai 1953, le navire est drossé à la côté. Le navire est remis à flot mais lors de son remorquage en direction de la base navale de Salamis une voie d’eau se déclare entrainant son naufrage.

-Le ravitailleur de sous-marins Amphitriti tente lui aussi de rallier la Crète mais rattrapé par l’aviation allemande il est coulé le 14 novembre 1949.

-Pour compléter les deux pétroliers, deux cargos baptisés Herkules et Zeus sont loués en 1944 pour dix ans auprès d’un armateur grec qui ne reverra jamais ses deux navires de 5000 tonnes de port en lourd, mesurant 100m de long sur 15m de large pour une vitesse de 15 nœuds (12 en pratique).

En effet ces deux navires sont perdus durant le conflit, l’Herkules saute sur une mine alors qu’il venait de quitter l’île de Céphalonie en octobre 1949 (le navire coupé en deux coule rapidement en ne laissant que fort peu de survivants) alors que le Zeus est coulé par l’aviation allemande lors de l’opération ANVIL le 17 septembre 1952.

Mitteleuropa Balkans (160) Grèce (4)

Alexandre le Grand : splendeur et misère d’un empire

Buste d’Alexandre le Grand

Avant de parler des conquêtes, parlons brièvement de l’homme, un homme dont la vie et le destin ont fasciné des générations de conquérants et fascine encore aujourd’hui.

Philippe II de Macédoine

Avant d’être le Grand, il était Alexandre III de Macédoine. Né le 21 juillet de l’an 356 avant notre ère à Pella (capitale du royaume de Macédoine) et décédé à Babylone le 11 juin 323, il était le fils de Philippe II de Macédoine et d’une de ses épouses Olympias, une princesse épirote (réputée pour dormir avec des serpents). Alexandre eut également une sœur prénommée Cléopatre.

Il est l’un des plus célèbres personnages de l’histoire pour avoir conquis un immense empire s’étendant de la Macédoine à l’Egypte et de l’Asie Mineure aux rives de l’Indus. Sa mort brutale à seulement 33 ans (de maladie et non d’empoisonnement comme on l’à longtemps soupçonné) fit également pour sa légende car qui sait ce qui se serait passé si il avait vécu quelques années de plus.

Tout comme le roi de Prusse Frédéric II après lui, Alexandre III de Macédoine va bénéficier du travail d’un père avec lequel il entretenait des relations houleuses même si Philippe n’était pas ce tyran alcoolique et violent que les historiens ont repris à leur compte en faisant trop confiance aux sources contemporaines souvent biaisées.

Si Alexandre peut se lancer à l’assaut de la Perse à tout juste 22 ans c’est parce que son père lui à laissé un royaume pacifié, prospère et surtout une armée bien organisée, bien équipée et plus important expérimentée.

En 334 il passe en Asie mineure, s’empare de l’Anatolie, de la Phenicie, de l’Egypte (où il est couronné Pharaon en 331), de la Perse (roi de Perse de 330 à sa mort), affronte les scythes et se rend jusqu’aux rives de l’Indus. Ces soldats qui pour certains l’accompagne depuis le début refusent d’aller plus loin (-326), marquant la fin des conquêtes d’Alexandre.

Conquérant, il fût aussi batisseur en fondant une vingtaine de cités portant son nom dont la plus célèbre est bien entendu Alexandrie d’Egypte. Il infuse la culture grecque dans tout son empire tentant de réaliser le syncrétisme entre culture grecque et perse. Ce n’est pas pour rien si on fixe à sa mort la fin de l’époque classique et le début de l’époque hellénistique.

Il avait espéré préserver son empire mais sa mort prématurée ne lui permet pas de désigner un héritier incontestable. C’est ainsi qu’à sa mort ses héritiers sont assassinés et son empire partagé entre ses généraux que l’histoire à retenu sous le nom de Diadoques.

De ses trois épouses ou compagnes (Parzysatis/Stateira/Roxanne) sont nés deux fils, Alexandre IV né de son union avec Roxanne (assassiné sur ordre de Cassandre, fils du régent de Macédoine Antipater) et Héraclès de Macédoine, un fils illégitime né d’une liaison avec la fille d’un satrape perse.

Sa formation intellectuelle doit beaucoup à Aristote même si visiblement les historiens modernes ont surévalué l’influence du philosophe qui voulait rayer la Perse de la carte ce que son plus célèbre élève ne fit pas.

La question se pose de savoir si il s’agit d’un génie militaire ? Cela se discute. Ce qui est certain c’est qu’il à bénéficié de l’outil militaire légué par son père et qu’il à bénéficié du concours de brillants généraux. Il se montre capable sur le champ de bataille d’exploiter la moindre opportunité.

Son œuvre politique est en revanche inachevée en raison de sa mort prématurée. Son empire est multi-ethnique et multi-culturel. Il ne bouleverse pas les structures de l’empire perse.

Faute de sources on sait peu de choses de sa politique économique alors que sa politique culturelle est importante.

On ne sait aujourd’hui où se trouve sa tombe, probablement à Alexandrie mais le lieu exact reste aujourd’hui un mystère.

Après avoir parlé de l’homme, parlons de ses conquêtes. Qui dit conquête dit armée et pour cela Alexandre bénéficie d’une solide force militaire. Elle se compose notamment d’une phalange puissante et mobile _tout est relatif_ , d’une cavalerie lourde idéale pour le choc, d’une cavalerie légère parfaite pour le flanquement et l’éclairage, des tirailleurs, des engins de siège et comme toujours des unités d’élite que sont les hétaires (compagnons) en attendant les épigones (héritiers) perses.

Les phalangistes macédoniens ou perzetaires sont moins protégés que les hoplites pour gagner en mobilité et accessoirement pour faire des économies. Leur arme de prédilection est la sarisse, une longue pique de 5.5m de long. La cavalerie protégeant les flancs, Alexandre utilisera souveent la phalange comme enclume et la cavalerie comme marteau.

L’armée initialement engagée comprend environ 40000 fantassins et 1800 cavaliers macédoniens (1500 cavaliers et 12000 fantassins sont laissés en Macédoine pour défendre le royaume) auxquels il faut ajouter 1800 cavaliers thessaliens, 600 fournis par la ligne de Corinthe et 10000 hommes déjà présents en Asie mineure. Cette armée va progressivement intégrer des contingents provenant de l’empire perse.

En face difficile de se faire une idée sur les effectifs perses, les chiffres donnés par les historiens antiques étant souvent exagérés et fantaisistes.

En 335 Alexandre défait les Gètes et les Triballes près du delta du Danube, défait les illyriens puis les cités grecques qui s’étaient rebellées. Si Thèbes est rasée, Athènes est préservée.

L’expédition proprement dite commence en -334 avec le débarquement en Asie mineure et la victoire à la bataille du Granique contre les satrapes perses. Alexandre conquiert ensuite le littoral anatolien, s’empare de Millet, d’Halicarnasse, de la Lycie, de la Pamphylie, de la Pisidie, de la Phrygie et de la Cilicie.

En novembre -333 il emporte une victoire décisive sur les rives de l’Issos, Darius III s’enfuyant du champ de bataille. C’est ensuite la conquête de la Phenicie marquée par le long siège de Tyr. Les princes de Chypre et de Rhodes se soumettent.

A l’été 332 Alexandre refuse les propositions de paix de Darius III. Parallèlement la flotte perse est vaincue en mer Egée.

En décembre 332 l’Egypte se rend sans combattre. Au printemps 331 l’Armée d’Alexandre met cap sur la Mésopotamie. L’Euphrate est franchit en juillet, le Tigre en septembre pour détruire l’armée Perse ce qui est chose faite à la bataille de Gaugaméles. En octobre Babylone est occupée sans combattre.

Entre 333 et 331, les macédoniens affrontent Sparte, dernière cité indépendante du monde grecque.

En 331 Alexandre mène une campagne en Susiane (capitale Suse) et en Perside (actuelle région de Chiraz). Persepolis est prise en janvier 330 mais incendiée en mai. Le même mois Alexandre le Grand proclame la fin de la guerre panhellenique, libérant les contingents de la ligue de Corinthe.

Il poursuit Darius III qui est assassiné par un satrape. Les régions tombent les unes après les autres, les différents satrapes sont vaincus les uns après les autres. Cette série de campagne s’achève en décembre 328.

Certains satrapes se soumettent de leur plein gré et sont recompensés comme Oxyartès qui voit sa fille Roxane épouser le conquérant macédonien.

De 327 à 325 il mène une campagne en Inde, traversant les actuels Afghanistan, Pakistan et Inde et si il peut franchit l’Indus son armée refuse de passer l’Hyphase (auj. Béas) en octobre 325. Alexandre ne verra jamais la Chine et doit rebrousser chemin, ralliant Babylone au printemps 323 en fractionnant son armée en trois groupes, une partie prenant la voie des flots.

Peu avant sa mort, il assiste aux premiers tiraillements et craquements qui annoncent les Guerres des Diadoques. Cet empire multi-culturel et multi-ethnique était probablement trop vaste et trop fragile pour tenir une fois son créateur disparu.

Bien entendu sa mort prématurée ne lui à pas permis de préparer sereinement sa succession. Si nous faisons de l’uchronie peut-on imaginer un homme de la trempe d’Alexandre le Grand préparer sa succession ce qui signifie sa mortalité alors que lui même se considérait comme le descendant d’un dieu ?

La guerre des Diadoques va durer près de quarante ans (323 à 281) avec naturellement des trèves, des changements d’alliance….. . Plus qu’une guerre unitaire c’est une succession d’affrontements, de conflits plus ou moins brefs :

-La guerre lamiaque de 323 à 322, opposant Macédoniens et Grecs coalisés

-La première guerre des Diadoques de 322 à 321, opposant Perdiccas à une coalition

-La deuxième guerre des Diadoques de 319 à 315, opposant Antigone le Borgne à une coalition

-La troisième guerre des Diadoques de 314 à 311, opposant Antigone à une coalition

-La guerre babylonienne de 311 à 309 , opposant Antigone et Séleucos

-La quatrième guerre des Diadoques de 308 à 301, opposant Antigone à une coalition

-Les guerres de Démétrios Poliorcète en Asie Mineure et en Grèce de 296 à 288 ;

-La guerre pour la Macédoine entre Lysimaque et Séleucos de 285 à 281.

Cela se termine à l’effrondrement définitif de l’empire et sa division entre les dynasties antigonides, lagides et seleucides.

Mitteleuropa Balkans (144) Yougoslavie (32)

Chars

Renault FT

BORNA KOLA RENO M.17

Surnommé le «char de la victoire», le Renault FT (et non FT-17 comme on l’écrit parfois) peut être considéré comme un char canonique car il fixe l’organisation générale d’un char moderne avec le moteur à l’arrière, la tourelle au centre et le pilote à l’avant, les chars s’éloignant de ce concept étant peu nombreux.

Produit en masse (4516 exemplaires), il va équiper l’armée française et ses alliés, participant aux offensives finales de l’été 1918 aboutissant à l’armistice de Rethondes.

Dans l’immédiat après guerre un certain nombre d’exemplaires sont cédés à des pays étrangers ce qui permet à nombre d’entre-eux de faire connaissance avec le char et dévelloper des unités motomécaniques en fonction bien entendu de leurs ambitions et de leurs moyens.

La Yougoslavie va recevoir ses Renault FT dès 1922, des chars connus à Belgrade sous la désignation de BORNA KOLA RENO M.17. Cinquante six exemplaires ont été livrés dont une partie dans un modèle amélioré, le modèle 1928 (BORNA KOLA RENO M.28).

Les livraisons ont été réalisées en trois lots, huit FT (trois char-mitrailleurs et cinq char-canon) en 1922, des FT et des M.28 (Renault FT avec suspension Kergresse dit Renault-Kegresse) entre 1928 et 1930 (28 exemplaires répartition entre les deux modèles inconnue) et vingt FT non pas donnés mais vendus en 1935.

Ces chars vont permettre aux yougoslaves de prendre leurs marques dans le domaine des chars de combat mais il faudra attendre 1936 pour que soit créé le premier bataillon de char de combat, un bataillon de trois compagnies à trois pelotons de cinq chars soit quarante-cinq véhicules en ligne.

A la mobilisation du 30 août 1948, ce sont deux compagnies de quinze exemplaires qui vont être mises sur pied soit trente chars en ligne, les seize restants étant stockés mais parés à être remis en ligne dès que le besoin se fera sentir.

Néanmoins on peut se demander l’utilité de tels chars totalement dépassés à part peut être le réconfort psychologique au profit de l’infanterie.

Face aux allemands et aux italiens, les deux compagnies indépendantes vont faire leur maximum mais comme ils ne pouvaient combattre les autres chars, les Borna Kola Reno se contentaient de viser l’infanterie ennemie mais cette dernière était bien armée pour se défendre contre la petite merveille de Louis Renault.

Très vite le haut-commandement yougoslave renonce à les envoyer au massacre et les survivants sont enterrés comme blockhaus mobiles.

Quand la Campagne de Yougoslavie se termine il restait huit chars en service, chars capturés par les croates et les allemands. En très mauvais état ces véhicules sont ferraillés, l’acier à blindage étant récupéré pour produire des camions blindés pour transporter à l’abri des troupes lors des opérations anti-partisans.

Le Renault FT ou Borna Kola Reno M.17 était un char léger d’appui d’infanterie pesant 6.5 tonnes (6.7 tonnes pour le char-canon) mesurant 4.95m de long pour 1.74m de large et 2.14m de haut. Motorisé par un moteur en essence Renault installé à l’arrière, il pouvait atteindre une vitesse maximale de 7 km/h sur route et 6km/h en tout-terrain avec une distance franchissable variante de 35 (tout-terrain) à 66km (route).

Il était progégé par un blindage variant de 6 à 16mm avec 6mm pour le haut de la caisse, 8mm pour le toit de la tourelle et 16mm pour les autres endroits de la caisse.

Le pilote était installé à l’avant et le commandant/tireur était installé au milieu, manœuvrant une mitrailleuse ou un canon en tourelle, la mitrailleuse étant soit la Hotchkiss modèle 1914 de 8mm ou la MAC modèle 1931 de 7.5mm (3600 cartouches), le canon étant un canon de 37mm de 21 calibres semi-automatique modèle 1918 avec 237 projectiles, la tourelle pouvant pointer sur 306° en azimut et sur -20° à +35°.

Le Renault-Kegresse ou Borna Kola Reno M.28 était un char léger d’appui d’infanterie pesant 6.4 tonnes mesurant 4.50m de long pour 1.82m de large et 2.25m de haut. Motorisé par un moteur en essence Renault installé à l’arrière, il pouvait atteindre une vitesse maximale de 16 km/h sur route avec une distance franchissable variante de 160km sur route.

Il était protégé par un blindage variant de 6 à 22mm avec 6mm pour le haut et le fond de la caisse, 8mm pour le toit de la tourelle et 16 ou 22mm (16mm pour les côtés de la caisse, pour l’arrière de la caisse et 22mm pour le mantelet du canon et pour la tourelle sauf le toit).

Le pilote était installé à l’avant et le commandant/tireur était installé au milieu, manoeuvrant une mitrailleuse ou un canon en tourelle, la mitrailleuse étant la MAC modèle 1931 de 7.5mm (3600 cartouches), le canon étant un canon de 37mm de 21 calibres semi-automatique modèle 1918 avec 237 projectiles, la tourelle pouvant pointer sur 306° en azimut et sur -20° à +35°.

Renault R-35

BORNA KOLA RENO M.40

Au début des années trente le char léger français standard est encore le vénérable Renault FT alias le «char de la victoire» autant dire une antiquité militaire. De plus sur le plan quantitatif la flotte souffrait d’une usure et d’un vieillissement important qui rendait peu probable la mobilisation de la totalité du parc en cas de guerre.

Un programme pour un char léger de 6 tonnes à deux hommes, 40mm de blindage et armement mixte (canon et mitrailleuses) est officiellement lancé le 2 août 1933. A ce programme répondent Renault, Batignolles-Châtillon, Hotchkiss, FCM (Forges et Chantiers de la Méditerranée), APX et Delaunay-Belville.

Le concours lancé le 2 août 1933 est modifié le 22 mai 1934 aboutissant à la construction de prototypes par tous les constructeurs sauf Delaunay-Belville.

La firme de Billancourt propose un char biplace de 11 tonnes armé d’un canon de 37mm SA modèle 1918 (le même que le FT) et une mitrailleuse. Le prototype va être testé à partir d’août 1934 et adopté le 25 juin 1936 sous le nom de char léger modèle 1935R tout comme ses concurrents FCM et Hotchkiss, les futurs FCM-36 et Hotchkiss H-35.

Quand éclate la guerre de Pologne, pas moins de dix-sept bataillons de chars de combat sont équipés de Renault R-35 soit un total de 765 chars, le total étant porté à 900 chars au printemps 1940, à l’apogée de la puissance des forces armées françaises avant que la démobilisation ne soit enclenchée pour soulager une économie en souffrance. A cela s’ajoute des véhicules en réserve et d’autres véhicules déployés dans l’Empire.

Un certain nombre de chars ont également été exportés essentiellement pour des raisons diplomatiques, cinquante envoyés en Pologne en juillet 1939, quarante envoyés en août-septembre 1939 en Roumanie et cent en Turquie en février et en mars 1940. Un deuxième lot aurait du être envoyé à la Pologne mais il va équiper le voir le 68ème BCC. La Yougoslavie va également recevoir cinquante-quatre exemplaires.

La production cesse à la fin du mois d’avril quand le R-40 prend le relais. Au total 1460 chars sont sortis des chaines de montage.

Après la démobilisation, quatorze bataillons de chars de combat restent stationnés en métropole avec ce Renault R-35 soit un total de 630 chars en service.

A ces chars s’ajoute ceux déployés dans l’Empire au sein des 62ème et 66ème BCC stationnés au Maroc et au sein du 64ème BCC stationné en Algérie soit un total de 135 chars auxquels s’ajoutent les deux BCC du Levant, portant le total à 225 chars.

Cela nous donne un total de 855 chars plus les 190 chars exportés et 120 utilisés pour l’expérimentation, les tests, l’instruction soit un total en ligne en France de 975, le reliquat soit 295 étant stockés.

Ces stocks vont servir à rééquiper la section de chars de Madagascar (huit blindés en ligne plus six en réserve soit un total de quatorze véhicules) ainsi que les deux compagnies de chars d’Indochine soit un total de trente chars en ligne plus quinze en réserve soit un total de quarante-cinq blindés sortis des stocks.

Cela nous laisse donc un total dans les stocks de 236 Renault R-35. Ce nombre va en réalité augmenter car un certain nombre de bataillons vont remplacer ces blindés par des chars plus modernes, ne laissant que trois BCC équipés de Renault R-35 soit un total en ligne de 135 chars, laissant un stock confortable de 631 exemplaires.

Du moins officiellement car en toute discrétion, un bataillon à été livré à l’armée portugaise (45 chars + 21 en réserve) et un autre à l’armée espagnole (45 chars +21 en réserve) soit un total corrigé de 599 chars disponibles plus les 120 cités soit 719 chars.

Ces chars vont participer au second conflit mondial durant la phase initiale de la mobilisation en attendant la disponibilité de chars plus modernes comme le FCM-42 et l’AMX-44 même si durant le conflit certains BCC remplaceront leurs chars légers par des canons d’assaut peut être plus modernes et surtout mieux adaptés ce qui avait également l’avantage de réserver la production des chars aux divisions blindées [NdA en 1952 les DLM et les Divisions Cuirassées ont été rebaptisées et uniformisées]).

La Yougoslavie va donc recevoir au printemps 1940 cinquante-quatre Renault R-35 connus là bas sous la désignation de BORNA KOLA RENO M.40 (char de combat modèle 1940).

Ils vont remplacer au sein de l’unique bataillon de chars yougoslave de l’époque les Renault FT soit trois compagnie de quinze chars soit 45 blindés en ligne et neuf chars en réserve.

Quand est créée la brigade mécanisée ce bataillon aurait du logiquement intégrer la seule véritable unité motomécanique de l’armée yougoslave mais pour une raison que l’on ignore ce bataillon est resté indépendant et n’à pas rejoint les deux bataillons équipés de Hotchkiss H-39.

Ce bataillon va naturellement participer à la Campagne de Yougoslavie opérant essentiellement contre les allemands avec des résultats plutôt encourageants.

Ce qui fit l’efficacité de ce bataillon c’est que son chef de corps, le commandant Simonovic obtint de le conserver comme entité constituée au lieu de le disperser par petits paquets au profit d’une compagnie ou d’un bataillon.

Ce bataillon va opérer en Slovenie, freinant pendant deux jours l’avancée allemande. Le bataillon évitait l’engagement des chars allemands bien plus nombreux pour s’attaquer à l’infanterie.

Quelques chars sont perdus et quand le bataillon se repli il ne possède plus que 39 chars sur les 45 du début, les six perdus l’ayant été sous les coups de l’ennemi (deux), par panne sèche (un) et par panne mécanique (trois). Les quatre derniers blindés récupérés par les allemands seront remis en état et transférés à l’armée de l’Etat indépendant de Croatie.

Les combats en Croatie sont nettement plus meurtriers et quand le bataillon se replit sur la montagneuse et touffue Bosnie il ne possède plus que 24 chars. L’unité est soudée, expérimentée mais l’usure des véhicules et des hommes va la rendre moins efficiente.

A la fin de la campagne de Yougoslavie le bataillon n’est plus que l’ombre de lui même avec seulement 5 chars encore en état de combattre. Leurs équipages ont au moins la satisfaction de franchir la frontière greco-yougoslave en unité constituée.

Ces cinq chars sont cependant à bout de force et leurs équipages doivent se résoudre à les abandonner. Oui mais pas intacts. Avec l’aide d’unités du génie grec ils vont les rendre totalement inutilisables. Évacués les preux du commandant Simonovic peuvent espérer reprendre le combat dans des meilleurs conditions. Ils vont intégrer la 1ère division blindée et en fournir parmi les meilleurs éléments.

Sur les cinquante-quatre Renault R-35 livrés par la France à la Yougoslavie, trente-deux ont été irrémédiablement détruits ne laissant que vingt-deux en état ou du moins réutilisables après réparations.

Les allemands qui ont capturé la quasi-totalité du parc (seuls quatre ont échappé leur convoitise car pris par les italiens) vont remettre en état douze chars ce qui ajouté aux seize permettra à l’armée croate de disposer d’une composante blindée utilisée contre les partisans. Résultat à la fin du conflit tous les BORNA KOLA RENO M.40 avaient été détruits.

Le BORNA KOLA RENO M.40 était un char léger d’appui d’infanterie biplace de conception et de fabrication française pesant 10.6 tonnes, mesurant 2.04m de long pour une largeur de 1.87m et une hauteur de 2.13m.

Motorisé par un moteur Renault 4 cylindres de 85ch (à 2200 tours/minute), il pouvait atteindre 20km/h sur route et 11km/h en tout terrain et franchir 138km sur route (mais seulement 80km en tout-terrain).

Il était protégé par un blindage dont l’épaisseur variait de 10 à 45mm. On trouvait du moins ou plus protégé le fond de la caisse (10mm), le toit de la tourelle (12mm), le toit de la caisse (14mm), l’avant, les côtés et l’arrière de la caisse plus le mantelet du canon ainsi que les côtés et l’arrière de la tourelle (40mm) et enfin le face avant de la tourelle (45mm).

L’armement se compose d’un canon de 37mm semi-automatique SA-18 puis SA-38 avec 58 projectiles et d’une mitrailleuse de 7.5mm MAC modèle 1931 avec 2400 cartouches, les deux armes solidaires pouvant pointer en site de -16° à +20° et en azimut sur 360°

BORNA KOLA RENO M.42 (Hotchkiss H-39)

Le Hotchkiss H-39

Le char léger Hotchkiss H-39 était une évolution du Hotchkiss H-35 (appelé officiellement char léger modèle 1935H), un char issu du même concours que le Renault R-35 et le FCM-36 à savoir le concours destiné à remplacer les vénérables Renault FT.

Par rapport à ces deux compères, il va aussi être choisit par la cavalerie alors qu’il ne s’agit pas d’une Automitrailleuse de Combat (AMC) mais d’un char de soutien d’infanterie. D’ailleurs anecdote savoureuse, l’infanterie va être servir après la cavalerie !

Ce choix à été imposé à la cavalerie qui ne pouvait disposer de suffisamment de Somua S-35. Le petit char de chez Hotchkiss n’était absolument pas adapté aux missions demandées aux DLM (Divisions Légères Mécaniques) mais il n’y avait pas d’autres véhicules disponibles.

400 exemplaires ont été construits mais le char souffre de nombreux problèmes (moteur trop peu puissant, performances médiocres en tout terrain notamment), exemplaires répartis entre l’infanterie (90), la cavalerie (292) et les dépôts et les écoles.

Dès juillet 1942 , la cavalerie est parvenue à se débarasser de ce «vilain petit canard» qui allait donner naissance à défaut d’un magnifique cygne d’un char nettement mieux adapté à la guerre telle qu’elle s’annonce en l’occurrence le char léger modèle 1935H modifié 1939 ou plus simplement le H-39.

La firme de Levallois en région parisienne à donc remis l’ouvrage sur le métier. Le nouveau char reprenait la ligne générale mais apportait de nombreuses modifications comme un moteur plus puissant, un canon long capable de lutter contre des chars ennemis et une queue passe-tranchée qui lui donnait une meilleure aisance en terrain difficile.

Il est adopté fin 1938 et comme son devancier va équiper l’infanterie (ce qui était attendu) et la cavalerie (ce qui l’était moins).

En ce qui concerne les infanterie il va équiper des BCC (Bataillon de Chars de Combat) dont certains vont intégrés les nouvelles Divisions Cuirassées.

La cavalerie va l’utiliser au sein de la 3ème DLM en attendant la livraison de suffisamment de Somua S-35 ou S-40 mais surtout au sein des GRDI (Groupement de Reconnaissance Divisionnaire) ainsi que le Groupement Motorisé de Corse.

Le char à été exporté d’abord à dose homéopathique, trois à la Pologne et deux à la Turquie puis de manière plus massive avec deux bataillons pour l’armée polonaise en France (90 chars), trois bataillons à la Grèce (135 chars), deux pour les Pays Bas (90 chars) deux à la Yougoslavie (90 chars) et 32 pour la Grande Bretagne qui les utilisa pour perfectionner ses chars Cruiser à défaut de les utiliser comme véhicules opérationnels.

Pour l’anecdote durant la guerre un véhicule sera utilisé pour une opération de propagande destiné à célébrer l’alliance franco-britannique, un H-39 peint entièrement en bleu/blanc/rouge, le drapeau français sur la caisse, l’Union Jack sur la tourelle. Ce char est aujourd’hui exposé au musée de Bovington.

Au final le Hotchkiss H-39 va être produit à 1640 exemplaires jusqu’en mai 1947 quand la chaine de montage fermée mais pour peu de temps car dès le mois de septembre 1947, elle va à nouveau fabriquer ce char à faible cadence (huit chars par mois) pour permettre un équipement rapide des GRDI/GRCA de mobilisation, la cadence passant à douze chars par mois dès le mois de juin 1948.

La Yougoslavie à donc reçu 90 chars en 1942 soit deux bataillons ce qui en théorie ne lui laissait aucun volant de fonctionnement. Seulement voilà Belgrade conscient que l’acquisition de nouveaux chars sera peut être difficile pour de multiples raisons est bien décidée à faire durer le parc le plus possible. Ces chars ont été baptisés BORNA KOLA RENO M.42.

C’est ainsi que les deux bataillons de la brigade mécanisée étaient organisé en un peloton de commandement et de soutien, trois pelotons de huit chars et un peloton de transmissions soit quarante-huit chars en ligne, laissant quarante-deux véhicules en réserve.

Ces véhicules vont être mobilisés au printemps pour former sept compagnies de marche de six véhicules. Il semble qu’il à été envisagé de créer un troisième bataillon de char et de l’intégrer à la brigade mécanisée mais cela ne s’est pas fait probablement faute de temps et de personne compétent.

Quand éclate l’opération MARITSA qui marque le début de la Campagne de Yougoslavie, la brigade mécanisée dépend de la Réserve Stratégique en compagnie des 4ème et 6ème divisions d’infanterie. Ces trois unités sont stationnées en Serbie de façon à pouvoir se porter soit sur le front nord/nord-ouest ou sur le front nord/nord-est.

Les sept compagnies de marche sont dispatchées sur la frontière pour renforcer les troupes déployées notamment face aux allemands.

Ces compagnies sont les premières à être engagées. Elles sont rapidement étrillées car souvent composées de jeunes pilotes et de jeunes chefs de char tout juste sortis des écoles au point qu’un officier serbe parlera d’un nouveau massacre des Innocents tant celui lui fendait le cœur de voir ces jeunes soldats pleins d’allant être envoyés dans une mission sans espoir.

La brigade mécanisée est engagée à partir du 17 juillet 1949 pour couvrir le repli des troupes yougoslaves défendant la Croatie.

Elle va mener de brutales attaques pour couvrir le repli de l’infanterie dans de bonnes conditions et les allemands surpris de voir une unité comparable à leurs Panzerdivisionen toutes proportions gardées furent d’accord décontenancés avant de se reprendre.

La brigade mécanisée est parvenue cependant à rester une unité constituée jusqu’à la fin de la campagne même si en passant en Grèce elle ne possédait plus que douze chars en ligne, tous en piteux état.

Ces chars furent repliés sur la péninsule du Péloponnèse où ils vont assurer la défense des aérodromes contre des coups de main allemands aux côtés de H-39 grecs ayant survécu à la Campagne de Grèce. Ils ont été ferraillés à la fin de la guerre, trop usés pour d’être un usage quelconque.

Sur les quarante-deux chars des compagnies indépendantes seulement douze ont survécu, reprennant du service dans l’armée croate pour huit d’entre-eux. Quatre furent détruits et quatre capturés par les partisans communistes qui les réarmèrent avec un canon de 57mm fourni par les britanniques, ces chars formant un peloton engagé dans l’opération WELCOME/BIENVENUE.

Sur ces quatre chars, deux furent détruits, un perdu lors d’un franchissement du Danube en mars 1956 et le dernier préservé dans le musée de la guerre de Belgrade.

Le char léger modèle 1935 H M. 39 était un char léger d’appui d’infanterie biplace pesant 12 tonnes, mesurant 4.22m de long pour 1.85m de large et 2.133m de haut. Propulsé par un moteur Hotchkiss 6 cylindres de 120ch il pouvait atteindre la vitesse maximale de 36.5km/h sur route et franchir environ 150km. Protégé par 40mm de blindage au maximum, il disposait d’un canon de 37mm semi-automatique modèle 1938 avec 95 projectiles et une mitrailleuse MAC-31 de 7.5mm alimentée à 2200 cartouches.

M-24 Light Tank Chaffee

Les chars de l’époque étaient vite périmés. Cela concernait bien entendu les chars légers qui plus encore que les chars moyens et les chars lourds souffraient d’un faible blindage et d’un armement qui posait de menus problèmes : fallait-il un simple armement d’autodéfense ou un armement plus puissant au risque de chercher le combat alors qu’il faudrait esquiver, éclairer et renseigner.

Les américains avaient mis au point un char léger le M-2 mais vite obsolète il fût remplacé par le M-3 Stuart qui n’était pas parfait.

Tout en dévellopant le M-5 (un M-3 à canon de 57mm) les américains s’interrogèrent sur le char léger idéal, un char qui représenterait un bon compromis entre vitesse, armement et protection.

Avec le M-5 comme bon char léger interimaire, les américains ont pu prendre leur temps et étudier de multiples configurations en terme d’armement, de suspension et de blindage.

Deux prototypes sont commandés officiellement en septembre 1946 et livrés début 1947 pour une batterie complète de tests aboutissant à son adoption en janvier 1948 sous le nom de M-24 Light Tank. Pour rendre hommage à un partisan des divisions blindées, il est baptisé Chaffee.

Il va progressivement remplacer le duo M-3/M-5 au sein des divisions blindées, des divisions d’infanterie mais aussi au sein des divisions aéroportées où faute d’avion disponible, les chars étaient convoyés en planeurs.

750 M-24 sont produits suivis par 2500 M-24A1, 1250 M-24A2 et 750 M-24A3 portant la production totale à 5250 exemplaires.

Ce véhicule à été employé au combat sur tous les théâtres d’opération qu’il s’agisse du Pacifique, de l’Asie du Sud-Est, de la Chine, de la Méditerranée, de l’Europe occidentale et de l’Europe du Nord.

Outre la reconnaissance, le Chaffee à été utilisé pour l’appui de l’infanterie, la protection de convois dans des zones peu sures. Comme souvent, un véhicule à été utilisé au delà du périmètre initial ayant présidé à sa conception sans compter la mise au point de nombreuses variantes.

Durant le second conflit mondial, outre les Etats-Unis, le char fût utilisé par la Grande-Bretagne, l’URSS, la Chine, la France, la Belgique, les Pays-Bas et la Yougoslavie.

La Yougoslavie va choisir ce char léger pour équiper le bataillon de reconnaissance de la division blindée et celui des quatre divisions d’infanterie. Ces bataillons étaient organisés en une compagnie de commandement et de soutien, une compagnie de chars légers et deux compagnies d’autos blindées.

La compagnie de char dispose de trois pelotons de cinq M-24 plus un pour le commandant de compagnie et un deuxième pour son adjoint soit dix-sept chars par bataillon.

Avec cinq divisions concernées, la Yougoslavie à pu aligner 85 Chaffee plus un certain nombre de véhicules destinés à l’entrainement. Ces véhicules vont opérer comme le font les unités de reconnaissance en phase offensive à savoir éclairer, renseigner et flanquer. Ils vont parfois assurer le soutien de l’infanterie quand la situation s’y prêtait voir l’escorte de convois dans des zones encore insécures.

Ce char léger est resté en service dans l’armée yougoslave jusqu’en 1970 étant remplacé par un char amphibie de conception et de fabrication soviétique, le PT-76.

Le M-24 Light Tank Chaffee était un char léger de reconnaissance de conception et de fabrication américaine pesant 18.37 tonnes.

Mesurant 5.56m de long pour 3m de large et une hauteur de 2.77m, il était propulsé par deux moteurs Cadillac de 220ch lui permettant d’atteindre la vitesse maximale de 65km/h et de franchir 160km sur route. Son blindage varie entre 15 et 38mm et son armement était composé d’un canon de 75mm M6 avec quarante-huit coups, une mitrailleuse de 12.7mm Browning M2HB avec 440 coups, deux mitrailleuses Browning de 7.62mm avec 3750 coups. Son équipage était composé de cinq hommes (commandant, tireur, pourvoyeur, conducteur, aide-conducteur).

M-4 Sherman

Si aujourd’hui les américains sont capables de produire un char moderne et puissant cela n’à pas toujours été le cas.

Non seulement les premiers chars utilisés par les américains furent britanniques et français mais en plus le dévellopement fût entièrement stoppé ou peu s’en faut durant la période 1919-1939 («Rethondes-Coblence»).

Voilà pourquoi l’entrée en guerre des américains en septembre 1939 était non pas impossible mais hautement improbable.

Il va falloir du temps pour qu’un char fiable et performant tout est relatif soit mis sur pied sous la forme du M-4 Medium Tank Sherman, un brave et honnête char qui ne paye pas de mine et qui si il fait partie du camp des vainqueurs n’à jamais eu l’aura d’un Renault G-1, d’un Cromwell, d’un Panther ou même d’un T-34.

Avant le M-4, il y eu le M-3, un char vite déclassé par les progrès techniques et qui souffrait non seulement d’un blindage boulonné potentiellement très dangereux et surtout d’un armement dual avec un canon de 75mm en sabord et un canon de 37mm en tourelle, une configuration en vogue dans les années vingt et trente mais qui était désormais totalement obsolète.

Comme l’ont compris les français et les britanniques, le canon principal devait être en tourelle pour une polyvalence maximale. Les américains s’orientèrent donc vers ce choix. Le projet est lancé au printemps 1943 mais le développement est lent car il n’y à aucune urgence.

Le char mis au point dispose d’un moteur essence, d’un blindage plus important et d’un canon de 75mm en tourelle, canon inspiré de celui utilisé par le M-3. Il est officiellement adopté en février 1945 sous le nom de M-4 Medium Tank avec comme surnom Sherman du nom d’un général nordiste de la guerre de Sécession.

1050 M-4A1 sont produits suivis de 3500 M-4A2, 9000 M-4A3 à canon de 76mm, 7500 M-4A4, 550 M-4A5, 250 M-4A6 et 150 M-4A7. Aux 22000 exemplaires produits aux Etats-Unis s’ajoutent 1200 exemplaires produits au Canada, 750 en Australie et 600 en Inde sans oublier les variantes spécialisées. On arrive au chiffre impressionant de 27500 exemplaires.

Sur les 22000 Sherman produits aux Etats-Unis, 18500 ont été utilisés par l’US Army, 1500 par l’USMC et 2000 cédés à des pays étrangers au titre du prêt-bail.

Outre les Etats-Unis, le M4 Sherman à donc été utilisé par le Canada, l’Australie, la Grande-Bretagne (à titre de test), la Pologne, la Tchécoslovaquie (unités en exil), la Belgique, les Pays-Bas, Argentine, Brésil, Autriche (après guerre), Chili, Cuba, Danemark, Egypte, Ethiopie, Grèce, Inde,Iran,Italie (après guerre), Japon (après guerre), Mexique, Nouvelle-Zélande, Norvège, Pakistan,Oman, Paraguay, Uruguay, Pérou, Ceylan, Vietnam, Yougoslavie, Portugal, Afrique du Sud et Turquie.

Ces pays ont utilisé soit des chars neufs ou des chars ex-américains, la réduction de la force blindée une fois le conflit terminé permettant à de nombreux pays de récupérer des chars à vil prix. Côté américain, le Sherman à été retiré du service en 1962.

La Yougoslavie va acquérir le Sherman pour équiper sa division blindée. Ce choix est loin de faire l’unanimité au sein de la 1ère division blindée yougoslave, certains officiers serbes francophiles militants pour le Renault G-1R alors que d’autres rêvaient du Cromwell britannique.

Le gouvernement en exil ne voulant pas trop dépendre des franco-britanniques, le choix du Sherman était dans la logique des choses. Petite consolation pour les francophiles et les anglophiles, le modèle choisit est le M-4A3 à canon de 76mm plus efficace que le canon de 75mm d’origine.

Le Sherman va équiper les deux régiments de chars de la division, chaque régiment disposant d’un état-major régimentaire, d’un escadron d’éclairage et d’appui et de trois escadrons de char, chaque escadron disposant de quatre pelotons de cinq chars Sherman ce à quoi il faut ajouter un char pour le chef d’escadron soit vingt et un blindés par escadron.

Aux 63 chars des unités de combat va s’ajouter deux chars pour le commandant du régiment et son adjoint soit 65 chars par régiment et 130 pour l’ensemble de la division ce qui fait dire à certaine que la 1ère DB yougoslave est plus une brigade qu’une division. Des projets de renforcer le nombre de chars ont été étudiés mais aucun n’à été mené à bien probablement faute de ressources humaines.

Au total la Yougoslavie à reçu 24 M-4A1 pour l’entrainement et 164 M-4A3 pour équiper les unités opérationnelles soit un total de 188 chars de ce type, chars qui vont être remplacés en 1962 par des T-34/85.

Le M-4 Medium Tank Sherman était un char moyen de conception et de fabrication américaine pesant 30.3 tonnes en ordre de combat, mesurant 5.84m de long pour 2.62m de large et pour une hauteur de 2.74m.

Propulsé par un moteur Continental R975 de 400ch, il pouvait atteindre la vitesse maximale de 40 à 48km/h et franchir 193km.

Son blindage variait selon les endroits entre 38 et 75mm et son armement était cimposé d’un canon de 76mm M-1 avec 55 puis 71 coups, une mitrailleuse Browning M-2 de 12.7mm avec 300 coups et deux Browning M-1919A4 avec 4750 coups. L’équipage était composé de cinq hommes (chef de char, tireur, chargeur, conducteur et aide-conducteur).

Mitteleuropa Balkans (131) Yougoslavie (19)

Création et évolution de la Jugoslovenska vojska

La future Jugoslovenska vojska voit le jour le 1er novembre 1918 quand le Conseil National des Croates, Slovènes et Serbes met sur pied un Département de la Défense Nationale pour pouvoir chapeauter les unités austro-hongroises présentes sur son territoire.

Un mois plus tard l’Etat des Slovènes, Croates et Serbes s’unit avec le Royaume de Serbie ce qui donne naissance au Royaume des Serbes, Croates et Slovènes.

Quatre jours plus tard, le 5 décembre 1918, le 25ème régiment d’infanterie de la Garde Nationale Croate ainsi que des éléments de la 53ème DI opposés à l’unification des Slaves du Sud dans un même état manifestent dans les rues de Zagreb.

La police charge et règle le problème de façon musclée puisqu’on compte 15 morts et 17 blessés. Les unités concernées sont aussitôt démobilisées puis dissoutes.

A la fin de l’année 1918, une mission militaire serbe dirigée par Milan Pribicevic, Dusan Simovic et Milisav Antonijevic arrive à Zagreb pour former l’armée du nouveau royaume.

Le 1er janvier 1919 134 officiers supérieurs de l’armée austro-hongroise sont mis à la retraite ou relevés de leurs postes. En 1919/20 des combats opposent l’armée yougoslave et des corps françs autrichiens à propos de la Carinthie, region disputée entre la future Yougoslavie et la république d’Autriche.

En 1921 l’armée yougoslave comprend une division de cavalerie à quatre régiments montés et seize divisions d’infanterie à trois régiments d’infanterie et un régiment d’artillerie plus des unités d’appui et de soutien.

Les seize divisions d’infanterie sont regroupées en quatre zones militaires qui en temps de guerre doivent former autant d’armées : Novi Sad (1ère Armée), Sarajevo (2ème Armée), Skopje (3ème Armée) et Zagreb (4ème Armée). Fin 1921 une 2ème division de cavalerie est créée avec les quatre régiments montés qui dépendaient de chaque armée.

En ce qui concerne l’artillerie outre les régiments divisionnaires on trouve un régiment de canons et un régiment d’obusiers pour chaque armée.

Comme l’immense majorité des pays, c’est une armée de conscription, le service militaire étant nécessaire pour non seulement maintenir les effectifs du temps de paix (140000 hommes) et pour aboutir aux effectifs du temps de guerre (qui vont varier durant la période qui nous intéresse).

En ce qui concerne l’équipement il est naturellement disparate avec deux arméees disposant d’uniformes austro-hongrois et deux armées habillées à la française. L’armement est lui aussi varié avec des armes héritées de l’ancienne armée serbe et des armes venues de feu la Double-Monarchie.

Dans les années vingt l’armée yougoslave est impliquée dans plusieurs opérations comme les tentatives de retour de Charles IV de Hongrie ou encore des querelles de frontière avec l’Albanie et la Bulgarie.

Les premières années sont difficiles. La discipline est très stricte mais si une armée ne peut se passer de discipline cela ne fait pas tout. Les manques sont nombreux : budgets insuffisants, infrastructures défaillantes, manque de personnel compétent, manque de fournitures et d’armes…. .

En 1922 l’artillerie est réorganisée. Les obusiers présents au niveau des différentes armées vont rallier le niveau divisionnaire, huit des seize divisions d’infanterie disposant d’une brigade d’artillerie avec le régiment d’artillerie divisionnaire présent depuis 1921 et un régiment d’obusiers.

Les effectifs du temps de paix sont réduits passant de 140 à 10000 hommes avec le transfert des Gardes Frontières sous l’autorité du ministère des Finances alors que la Gendarmerie passe sous l’autorité du ministère de l’Intérieur.

Une partie de l’armée yougoslave est très engagée politiquement notamment des officiers serbes qui forment la Main Blanche, un groupe occulte qui va notamment tout faire pour bloquer la «yougoslavisation de l’armée». Cela explique que jusqu’à une date récente les hautes-sphères de l’armée royale yougoslave étaient quasi-exclusivement serbes.

En 1923 le service militaire universel est mis en place. Les hommes yougoslaves sont soumis à des obligations militaires de 21 à 50 ans étant affectés après leur service dans l’armée d’active lors de rappels réguliers de 21 à 40 ans puis de 40 à 50 ans dans la Réserve.

Des compagnies frontalières sont mises sur pied pour éviter les attaques surprises, compagnies qui couvrent la frontière albanaise, la frontière grecque et la frontière bulgare.

Toujours en 1923 le dernier général non serbe se retire. Le nombre de généraux passe de 26 à plus de 100.

En 1924 les seize divisions d’infanterie disposent désormais d’une brigade d’artillerie avec les deux régiments selon le modèle décrit plus haut.

En 1925 une Division de la Garde est mis sur pied avec deux régiments de cavalerie, un régiment d’infanterie et un régiment d’artillerie.

En 1926 une 5ème Armée est mise sur pied. Cette création se fait à effectifs constants avec deux divisions de la 1ère Armée (Novi Sad) et de la 4ème Armée (Zagreb).

Treize compagnies frontalières supplémentaires sont mises sur pied pour couvrir les frontières italiennes et hongroises.

Du 29 septembre au 2 octobre 1926 les premières grandes manœuvres sont organisées mais signe important on doit mobiliser des réservistes pour atteindre le chiffre de 10000 hommes.

En revanche on peut douter de la pertinence du scenario choisit à savoir des exercices s’inspirant des tactiques et des règlements de l’armée britannique avant la deuxième guerre des Boers, un conflit ayant eu lieu de 1899 à 1902.

Des militaires yougoslaves et différentes armes automatiques

En 1928 l’armée yougoslave met sur pied quatre régiments d’infanterie supplémentaires pour faire face à la montée en puissance de l’armée italienne. Ils doivent servir de noyau à quatre nouvelles divisions d’infanterie.

En 1929 Alexandre 1er met en place une dictature royale qui entraine une purge dans l’armée avec 32 généraux démis de leurs fonctions.

De nombreuses armes (fusils, mitrailleuses et canons notamment) sont livrés et la même année trois exercices inter-divisionnaires sont organisés avec des résultats mitigés.

En 1930 l’immense majorité des généraux de l’armée yougoslave sont serbes. Les généraux croates et slovènes occupent des postes secondaires. Cette politique ne va changer que dans les années quarante au moment de la Pax Armada. Cela explique les réticences des jeunes croates et des jeunes slovènes à s’engager dans l’armée puisque les perspectives de postes prestigieux sont limitées pour ne pas dire inexistantes.

En dépit d’achats réguliers d’armes les manques sont nombreux (mitrailleuses légères et lourdes, transport motorisé, transmissions, ponts mobiles, chars) et les manœuvres sont organisées comme si le premier conflit mondial n’avait pas eu lieu puisque la cavalerie charge toujours comme du temps de Napoléon ou encore l’infanterie attaque en masse à la façon de l’infanterie française à l’été 1914.

Les attachés militaires britanniques en poste à Belgrade ne sont pas tendre avec les officiers yougoslaves vus comme ultra-conservateurs, d’un esprit étroit, borné, refusant tout changement.

La crise de 1929 gêle l’entrainement des unités et quand il y à entrainement il se limite à des parades, à une formation de tir peu adaptée au combat et à quelques manœuvres en terrain libre.

En 1931 chaque bataillon d’infanterie reçoit une compagnie de mitrailleuses. Les divisions Svaska (Zagreb) et Dravska (Lubjana) convertissent un de leurs trois régiments d’infanterie en régiment d’infanterie de montagne. C’était une première étape vers la création de véritables unités de ce type.

C’est l’année suivante en 1933 que deux brigades de montagne indépendantes sont mises sur pied avec deux batteries de 75mm.

Dès cette époque on envisage une guerilla en cas d’invasion du territoire national et pour cela on prépare des unités Chetnik. Toujours en 1932, trois régiments d’artillerie antiaérienne sont mis sur pied.

Au début de 1933 Belgrade craint un conflit avec l’Italie et la Hongrie, deux pays avec lesquels la Yougoslavie partage de solides contentieux frontaliers.

L’état-major se montre cependant confiant dans les capacités d’une infanterie robuste et d’une artillerie bine équipée. Il manque cependant de nombreuses armes pour faire la différence dans un conflit moderne.

C’est aussi à cette époque que commence la période des «classes creuses», les appelés pour le service militaire sont moins nombreux qu’auparavant car nombre de jeunes hommes sont morts durant les guerres balkaniques et le début du premier conflit mondial avant d’avoir pu avoir des enfants.

Des choix sont donc faits avec des dissolutions d’unités ou la réaffectation d’effectifs dans d’autres armes. Si on dissous des unités d’infanterie on créé néanmoins trois régiments antiaériens indépendants. Il faut noter néanmoins que l’armée yougoslave connait un déficit en terme d’officiers (3500 postes vacants) et de sous-officiers (7500 postes vacants).

En 1934 on note une volonté de réduire la taille des DI pour créer un échelon intermédiaire entre la division et l’armée à savoir l’échelon du corps d’armée mais cette réforme est ralentie puis quasiment bloquée par les plus conservateurs. A noter également la création d’un bataillon de guerre chimique avec pour objectif que chaque armée dispose d’une compagnie.

Des manœuvres militaires au niveau de l’armée sont prévues pour 1935 et on commence à étudié la possibilité de développer au sein de l’armée yougoslave des unités motomécaniques. Le rapport demande cependant d’y aller avec prudence en raison d’une géographie contrainte et d’infrastructures pas toujours adaptées.

Toujours en 1935 on estime qu’il faudrait un mois à l’armée yougoslave pour mobiliser 800 à 900000 hommes. Le processus de mobilisation prévoit le dédoublement de huit des seize divisions d’infanterie du temps de paix mais aussi le dédoublement de l’unique division alpine.

On prévoit également la formation d’une troisième division de cavalerie qui représenterait vingt-quatre divisions d’environ 25000 hommes, une Division de la Garde, deux Divisions Alpines et trois Divisions de Cavalerie. La même année six régiments d’infanterie sont dissous mais les moyens sont répartis pour permettre le renforcement des régiments existants.

Des armes modernes continuent d’arriver notamment de Tchécoslovaquie mais les lacunes restent nombreuses notamment en ce qui concerne les radios et quand ces derniers sont présentes il y à impossibilité de communiquer par exemple entre l’artillerie et l’aviation ou entre l’infanterie et l’artillerie !

Les fameuses manœuvres de 1935 sont davantage des démonstrations que l’on ferait pour des autorités que de véritables exercices militaires. De plus les généraux ont peu de liberté de manœuvre ce qui nuit au but recherché à savoir amélioré les compétences des officiers d’état-major.

Renault FT en version canon avec un canon de 37mm SA modèle 1916

En 1936 un premier bataillon de chars est créé, un bataillon à trois compagnies de trois pelotons de cinq chars équipé de vénérables Renault FT.

En septembre 1937 des manœuvres sont organisées en Slovenie avec l’équivalent de quatre divisions.

Les attachés militaires invités en observateurs peuvent observer les nombreuses lacunes de l’armée yougoslave : incompétence de nombreux officiers, formation et entrainement insuffisant à tous les échelons, manque d’armes modernes….. . Le seul point positif est que les réservistes croates et slovènes ont répondu présents.

Toujours en 1937 des fortifications sont construites à la frontière italienne pour contrer une attaque surprise de l’armée italienne. Point de Ligne Maginot mais plutôt comme souvent en Europe des blockhaus et autres bunkers tactiques destinés à empêcher que l’on franchisse trop facilement la frontière. Clairement il s’agit de gagner du temps et non de stopper l’ennemi.

En 1938 la situation géopolitique de la Yougoslavie se dégrade avec l’union ou plutôt l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne, l’affaiblissement de la Tchécoslovaquie avec les Accords de Munich. Il y à désormais une frontière commune avec l’Allemagne ce qui change bien des choses sur le plan militaire.

Toujours en 1938 un Commandement de la Défense Côtière est créé mais c’est une simple réorganisation administrative puisque cela se fait à effectifs et moyens constants. La même année les livraisons de fusils et de mitrailleuses de la part de la dynamique industrie militaire tchécoslovaque permet de combler les dernières lacunes et les premiers ouvrages fortifiés sont érigés à la frontière avec l’Allemagne.

Une chose ne change pas cependant : la surreprésentation des serbes parmi les hauts-gradés de l’armée. Sur 165 généraux on trouve seulement deux croates et deux slovènes ce qui laisse 161 postes aux serbes.

Un effort significatif sera mené durant la Pax Armada et sans totalement rééquilibrer les choses il corrigera nombre de situations abérrantes comme l’absence totale de généraux croates ou slovènes à la tête d’unité composées de soldats venus de ces régions.

A l’orée de la guerre de Pologne la Yougoslavie doit normalement pouvoir mobiliser 1 457 760 soldats répartis en trente divisions d’infanterie, une division de la Garde et trois Divisions de Cavalerie.

Quand le conflit éclate la Yougoslavie déclare sa neutralité et mobilise une partie de ses troupes pour pouvoir faire face à un débordement du conflit voir une attaque surprise de l’Italie que Belgrade fixe plutôt depuis l’Albanie en direction du Monténégro plutôt que sur la frontière nord-ouest.

La fin du conflit permet à l’armée de terre yougoslave de revenir à son format du temps de paix. Il faut cependant tenir compte des leçons du conflit et essayer si possible de corriger les problèmes d’équipement.

Sur ce plan la situation est contrastée. Si l’armée yougoslave possède 4000 pièces d’artillerie seules 1700 peuvent être considérées comme modernes et nombre d’entre-elles (812) sont des canons antichars ce qui signifie que le parc de l’artillerie de campagne est sinon obsolète du moins en voie de déclassement.

On compte également 2300 mortiers de différents calibres (mortiers d’infanterie et d’artillerie _220 et 305mm par exemple_) et 940 canons antiaériens légers et médians.

En ce qui concerne les chars et les unités motomécaniques on trouve six bataillons d’infanterie cycliste au sein des divisions de cavalerie (trois par division en temps de paix, deux en temps de guerre), six régiments d’artillerie motorisés et des unités de chars, des Renault FT et des Renault R-35. On trouve également des chenillettes à la valeur militaire douteuse et des camions importés des EUA.

Renault R-35

Le plan de mobilisation actualisé en 1941 prévoit la mise sur pied de vingt-huit divisions d’infanterie, de trois divisions de cavalerie et de trente-cinq unités indépendantes qui doivent former le cœur de groupements occasionnels pour combattre sur la frontière. A la même époque sur les 167 généraux on compte 150 serbes, 8 croates et 9 slovènes. Un progrès mais la route est encore très longue.

Les divisions doivent être regroupées en armées puis en groupes d’armées. Toujours selon le plan de mobilisation de 1941 cela doit aboutir à la situation suivante :

-2ème Groupe d’Armées (Entre les Portes de Fer sur le Danube et la Drava) : 1ère et 2ème Armée

-1er Groupe d’Armées (Italie, Allemagne et Hongrie) : 4ème et 7ème Armées

-3ème Groupe d’Armées (Roumanie, Bulgarie, Albanie) : 3ème Armée, 3ème Armée territoriale, 5ème et 6ème Armée

On peut voir que les moyens sont concentrés dans le sud du pays et non au nord. Là aussi durant la Pax Armada la répartition va être mieux équilibrée.

Mitteleuropa Balkans (123) Yougoslavie (11)

Autres navires de surface

Yacht royal/canonnière Beli Orao

Le Beli Orao (aigle blanc) est un navire commandé pour servir en temps de paix de yacht royal et d’être transformé en temps de guerre en canonnière.

Il est mis sur cale le 23 décembre 1938 lancé le 3 juin 1939 et mis en service le 29 octobre 1939. Ce navire permet au jeune roi Pierre II d’inspecter les défenses côtières et les bases de la marine yougoslave, un moyen également d’effectuer un travail de «yougoslavisation» dans une marine où les croates sont majoritaires et donc potentiellement susceptibles de faire sécession. Il assiste également aux exercices de la marine yougoslave.

Transformé en cannonière en septembre 1948 il assure la protection de la navigation commerciale yougoslave moins en raison de menaces précises que pour dissuader l’Italie d’harceler la navigation d’un pays avec lequel elle avait de sérieux différents en dépit de protestation mutuelles d’amitié.

Endommagé par un échouage le 4 juillet 1949, le navire est remorqué entre Split et Kotor mais suite à la mutinerie de l’équipage d’un remorqueur civil chargé de l’amener à Corfou la canonnière est immobilisé à Kotor.

Capturé par la marine italienne, la canonnière est rebaptisé Alba et va servir depuis le port de Bar à protéger la navigation côtière. Survivant miraculeusement au conflit, le navire est repris par la marine yougoslave qui le retransforme au printemps 1955 en yacht royal.

Après la chute de la monarchie, il continue son rôle au profit des nouveaux maitres du pays. Victime d’un incendie de machine en septembre 1978, le navire est laissé à l’abandon jusqu’en 2000 (!) où toujours à flot il à été transformé en musée à Dubrovnik. C’est toujours le cas aujourd’hui

Caractéristiques Techniques

Déplacement : standard 567 tonnes pleine charge 660 tonnes

Dimensions : longueur 65m hors tout (60.08m entre perpendiculaires) largeur 8.08m tirant d’eau 2.84m

Motorisation : deux moteurs diesels dévellopant 1900ch et entrainant deux hélices

Vitesse maximale 18 nœuds

Armement (canonnière) deux canons de 40mm, deux mitrailleuses de 7.92mm et huit charges de profondeur

Equipage : nc

Monitors fluviaux

Le Vardar est l’un des quatre monitors en service dans la marine royale yougoslave en juillet 1949, un navire déjà ancien, un navire à la carrière longue et chaotique.

Il est mis sur cale au chantiers navals Stabilimento Tecnico Triestino sur son site de Linz en 1914 lancé en 1915 et mis en service le 9 juillet 1915. Il à d’abord été connu sous le nom de Bosna puis sous le nom de Temes et enfin à nouveau Bosna le 9 mai 1917 quand le premier Temes à été relevé, réparé et remis en état.

Le 6 novembre 1918 il est transféré à la république populaire de Hongrie du comte Karolyi (à ne pas confondre avec la république des conseils de Béla Kun) conservant son nom d’origine. Le 13 décembre 1918 il est officiellement cédé au Royaume des Serbes, Croates et Slovènes qui le remet en service en 1920 sous le nom de Vardar.

Modernisé à plusieurs reprises, le Vardar était donc toujours en service en juillet 1949. Dès le début de l’invasion de l’Axe, le Vardar va ouvrir le feu contre les troupes allemandes et les troupes hongroises, jouant au jeu du chat et de la souris.

Le 12 juillet 1949 le monitor est surpris par des bombardiers allemands, deux bombes provoquent son naufrage dans le Danube. Le navire sera relevé par les hongrois mais devant les dégâts les magyars préfèrent l’envoyer directement à la casse.

Caractéristiques Techniques

Déplacement : 580 tonnes

Dimensions : longueur 62m largeur 10.3m tirant d’eau 1.3m

Propulsion : deux machines verticales à triple expansion alimentées en vapeur par deux chaudières Yarrox dévellopant 1750ch et entainant deux hélices

Vitesse maximale 13.5 nœuds

Protection : ceinture et bulkheads 40mm pont 25mm bloc-passerelle, tourelles et coupoles 50mm

Armement : deux canons de 120mm, deux obusiers de 120mm, deux canons de 66mm, deux canons de 47mm, sept mitrailleuses

Equipage : 91 officiers et marins

Monitor fluvial Sava

Le SMS Bodrog futur Sava

Le Sava est un monitor anciennement austro-hongrois qui à connu une deuxième carrière sous pavillon yougoslave.

Il est mis en service sous le nom de Bodrog en novembre 1904. Sister-ship du Temes, il tire les premiers obus du premier conflit mondial contre la forteresse défendant Belgrade. En 1918 il est cédé à la marine du royaume des serbes, croates et slovènes même si il n’est remis officiellement en service sous le nom de Sava que le 15 avril 1920.

Modernisé à plusieurs reprises, il participe à la Campagne de Yougoslavie au cours de laquelle il est endommagé à plusieurs reprises. Sabordé par petits fonds il est renfloué par les allemands, réparé puis après un court usage par les allemands cédé à la Légion Navale Croate.

Il va participer à des opérations de nettoyage contre les maquisards royalistes et les partisans communistes et ce jusqu’en septembre 1953 quand il est sabordé par son équipage. Le navire est à nouveau renfloué en avril 1954, remis en état et utilisé par la marine yougoslave jusqu’en 1980 quand il est transformé en navire marchand. Suite à une pétition lancée en Serbie, le navire est racheté en 2015 par le gouvernement serbe qui l’à restauré dans son état initial pour être exposé à Belgrade au cœur d’un grand musée historique.

Caractéristiques Techniques

Déplacement : 440 tonnes

Dimensions : longueur 57.7m largeur 9.5m tirant d’eau 1.2m

Propulsion : deux machines verticales à triple expansion alimentées en vapeur par deux chaudières Yarrow et entrainant deux hélices

Vitesse maximale : 13 nœuds

Protection : ceinture et bulkhead 40mm pont 25mm bloc-passerelle 75mm tourelles 40mm

Armement : deux canons de 120mm, un obusier de 120mm, deux canons de 37mm

Equipage : 86 officiers et marins

Monitor fluvial Drava

Le SMS Inns sister-ship du SMS Enns futur Drava

Le monitor fluvial Drava est un autre navire anciennement austro-hongrois mis en service sous le nom d’Enns. Mis sur cale aux chantiers navals Schiffswerft de Linz le 21 novembre 1913 il est lancé le 29 juillet 1914 et mis en service le 17 octobre 1914.

Durant le premier conflit mondial il opère sur le Danube et notamment contre la capitale serbe Belgrade.

Après un cours service sous les couleurs de la république populaire hongroise (6 novembre au 8 décembre 1918) il est cédé à la marine yougoslave où il reprend du service sous le nom de Drava.

Il est officiellement remis en service en 1920, modernisé à plusieurs reprises et donc toujours en service en juillet 1949. Victime d’une avarie, il est capturé par les allemands qui après remise en état vont le céder à leur allié croate qui va l’utiliser jusqu’en juin 1952 quand il est coulé par des bombardiers français qui menaient des bombardement sur les aérodromes entourant la capitale serbe. L’épave qui ne gêne pas la navigation n’est relevée qu’en 1961 puis démantelée.

Caractéristiques Techniques

Déplacement : 536 tonnes

Dimensions : longueur 60.2m largeur 10.3m tirant d’eau 1.3m

Propulsion : deux machines verticales à triple expansion alimentées en vapeur par deux chaudières dévellopant 1700ch et entrainant deux hélices.

Vitesse maximale : 13 nœuds

Protection : ceinture et bulkhead 40mm ponts 25mm bloc-passerelle et tourelles 50mm

Armement : deux canons de 120mm, trois obusiers de 120mm, deux canons antiaériens Skoda de 66mm, six mitrailleuses de 8mm

Equipage : 95 officiers et marins

Monitor fluvial Morava

Le SMS Körös futur Moraba bombardant Belgrade durant le premier conflit mondial

Le Morava est le quatrième et dernier monitor fluvial ex-austro-hongrois servant dans la marine royale yougoslave quand les forces de l’Axe attaquent la Yougoslavie ce funeste jour de juillet 1949.

Mis sur cale sous le nom de Körösle 30 mars 1890 lancé le 5 février 1892 et mis en service le 21 avril 1892. Il est transféré à la marine de la république populaire hongroise le 6 novembre 1918 mais pour peu de temps puisque dès le 13 décembre 1918 il est saisi par les alliés et cédé à la Yougoslavie qui le remet en service en 1920 sous le nom de Morava.

En mauvais état en juillet 1949 il servit davantage comme ponton d’artillerie que comme monitor ce qui explique qu’après sa capture il n’à pas été remis en état. Les pièces d’artillerie ont été débarquées et la coque envoyée à la ferraille au printemps 1950.

Caractéristiques Techniques

Déplacement : 448 tonnes

Dimensions : longueur 54m largeur 9m tirant d’eau 1.2m

Propulsion : deux machines verticales à triple expansion alimentées en vapeur par deux chaudières Yarrow développant 1200ch et entrainant deux hélices

Vitesse maximale : 10 nœuds

Protection : ceinture et bulkhead 50mm pont 19mm bloc-passerelle et tourelles 75mm

Armement : deux canons de 120mm, deux canons antiaériens de 66mm et deux mitrailleuses

Equipage : 77 officiers et marins.

NdA ces monitors sont appuyés par deux patrouilleurs et trois remorqueurs fluviaux. On trouve également des pontons et des barges, certaines étant armées.

Sous-Marins

Sous-marins classe Hrabri

Le Hrabri

Les deux sous-marins formant la classe Hrabri sont des sous-marins de conception et de fabrication britannique plus précisément des chantiers navals Vickers-Armstrong implantés sur la rivière Tyne (région de Newcastle).

Baptisé Hrabri (brave, courageux) et Nebojsa (sans peur) ces deux sous-marins lancés en 1927 et mis en service en 1928 dans la marine yougoslave sont basés sur le type L britannique, la construction ayant profité d’éléments rassemblés pour des submersibles de ce type qui n’avaient pas été achevés en l’occurence les HMS L-67 et HMS L-68 (Type L Group III).

Ces sous-marins effectuent plusieurs croisières en Méditerranée faisant par exemple escale à Corfou, à Malte, à Bizerte, Alexandrie et Beyrouth. Le 16 mai 1930, le Nebosja alors en plongée périscopique entre en collision avec un vapeur yougoslave mais heureusement les dégâts sont limités et plus important aucun marin n’est blessé.

Ces deux sous-marins étaient clairement dépassés quand éclate le second conflit mondial. Les marins yougoslaves en était parfaitement conscients mais le temps et les budgets ont manqué pour permettre la commande à l’étranger ou la construction au pays de sous-marins plus modernes.

Le sous-marin Hrabri était en mer quand l’Axe attaque. Il reçoit l’ordre d’attaquer tout navire ennemi qu’il soit civil ou militaire. Il tente à plusieurs reprises d’attaquer les convois italiens mais lors de sa quatrième attaque il est sévèrement endommagé par les escorteurs italiens.

Il parvient miraculeusement à rentrer à Split mais les dégâts sont tels que devant l’avancée des troupes ennemies i lest décidé de le saborder. Le sous-marin sera relevé par les italiens mais devant l’état du submersible, les italiens ne feront rien d’autre que de l’envoyer à la ferraille.

Son sister-ship Nebojsa après plusieurs missions et plusieurs attaques hélas pour lui infructueuses parvient à rallier l’Egypte mais sans être remis en service, servant de but sonar pour entraineur les «oreilles d’or» alliées. Relevé en octobre 1954, il est proposé aux yougoslaves qui le refuse et les britanniques décident de l’envoyer à la ferraille.

Caractéristiques Techniques

Déplacement : surface 991 tonnes plongée 1183 tonnes

Dimensions : longueur 72.05m largeur 7.32m tirant d’eau en surface 3.96m

Propulsion : deux moteurs diesels développant 2400ch pour la marche en surface deux moteurs électriques développant 1600ch pour la marche en plongée, deux hélices

Performances : vitesse maximale 15.7 nœuds en surface 10 nœuds en plongée distance franchissable 3800 miles nautiques à 10 nœuds en surface Immersion : 60m

Armement : (origine) deux canons de 102mm, une mitrailleuse, six tubes lance-torpilles de 533mm avec douze torpilles (1949) un canon de 102mm, deux canons antiaériens de 20mm, deux mitrailleuses de 7.92mm, six tubes lance-torpilles de 533mm avec douze torpilles

Equipage : 45 officiers et marins

Sous-marins classe Ostvenik

Le Ostvenik

Pour compléter les deux sous-marins de classe Hrabri la Yougoslavie passe commande de deux sous-marins de conception française qui vont être construits à Nantes aux Ateliers et Chantiers de la Loire. Ces deux sous-marins inspirés des sous-marins de classe Circé sont baptisés Ostvenik (vengeur) et Smeli (audacieux) et mis en service en 1928/29.

Ces submersibles sont plus petits que leurs confrères britanniques. Ils vont se montrer plus à l’aise en mer Adriatique qu’en Méditerranée, les deux unités de classe Ostvenik fréquentant tout de même la Mare Nostrum en temps de paix pour des croisières diplomatiques.

Le sous-marin Ostvenik participe aux premières opérations du second conflit mondial mais la mutinerie de la flotte l’immobilise, son équipage refusant de rallier les autorités en exil. Son commandant échappe de peu à une exécution sommaire en sautant par dessus bord, disparaissant dans les flots sans que l’on sache si le commandant à pu rallier la terre ou si il s’est noyé.

Capturé par les italiens, il est remorqué à Ancone. Après inspection, il est remis en service sous le nom de Francesco Rimmondo. Il sert de sous-marin d’entrainement puis de ponton-école en raison de problèmes récurrents de propulsion. Il est sabordé à Trieste en janvier 1954 pour embouteiller le port. L’épave est relevée après guerre et démantelée.

Son sister-ship Smeli est capturé par les allemands à Split. Il est cédé aux croates mais ces derniers qui manquent de personnel spécialisé ne peuvent le remettre en service. Il est finalement démoli durant le conflit et l’acier réutilisé pour construire des fortifications de campagne destinées à protéger Split.

Caractéristiques Techniques

Déplacement : surface 640 tonnes plongée 822 tonnes

Dimensions : longueur 66.5m largeur 5.4m tirant d’eau 3.8m

Propulsion : deux moteurs diesels MAN de 1480ch deux moteurs électriques Nancy de 1000ch deux hélices

Performances : vitesse maximale 14.5 nœuds en surface 9.2 nœuds en plongée distance franchissable 3500 miles nautiques à 9 nœuds en plongée 75 miles nautiques à 5 nœuds en plongée Immersion maximale 80m

Armement : six tubes lance-torpilles de 550mm (quatre à la proue, deux à la poupe), un canon de 100mm et un canon de 40mm

Equipage : 43 officiers et marins

Mitteleuropa Balkans (115) Yougoslavie (3)

Un royaume uni ou à unifier ?

Le processus qui allait aboutir à la création de la Yougoslavie commence officiellement le 20 juillet 1917 par la Déclaration de Corfou.

En 1916 le parlement serbe en exil se réunit à Corfou, île grecque qui avait accueillit troupes, civils et institutions serbes après l’occupation du pays par les Empires Centraux. Un vote solennel propose la création d’un «royaume des slaves du sud».

Ce texte solennel et non contraignant est validé par le Comité Yougoslave qui regroupait des politiciens croates, slovènes et serbes pour faire avancer le projet d’une union des slaves du sud, une sorte de lobby pro-slave.

Ce comité se rapproche du royaume de Serbie et peut se targuer du soutien de la France et de la Grande-Bretagne pour qui tout ce qui peut affaiblit la double monarchie est bon à prendre. Cela doit aboutir à un monarchie parlementaire sous l’autorité de la dynastie Karadjordevic, une dynastie qui est apparue en 1804 et qui régna sur la Serbie avec des éclipses puisqu’elle fût au pouvoir de 1804 à 1813, de 1842 à 1858 et depuis 1903. La constitution doit être rédigée par une assemblée nationale constituante qui devra être élue après guerre.

Le 6 octobre 1918 un conseil des Slovènes, Croates et des Serbes prends le pouvoir à Zagreb. Cette entité proto-gouvernementale est naturellement pro-alliée.

Le 28 octobre 1918 suite à l’implosion de l’Autriche-Hongrie nait l’Etat des Serbes, Croates et Slovènes. Le lendemain 29 octobre, un parlement croate pro-yougoslave le Sabor se réunit à Zagreb et proclame l’indépendance d’un état regroupant les Serbes, les Croates et les Slovènes.

Le 31 octobre 1918 ils annoncent leur volonté de s’unir aux serbes et aux monténégrins même si il faudra pour cela attendre le 1er décembre pour que cela devienne officielle/ Trois jours Trois jours plus tôt le royaume du Monténégro s’associe à la Serbie suite à un vote controversé d’une assemblée réunie à Podgorica.

Le 5 novembre 1918 le Conseil National installé à Zagreb demande l’aide de l’armée serbe pour rétablir l’ordre dans une Croatie en pleine anarchie.

Très vite des tensions apparaissent entre croates et serbe. C’est ainsi qu’en mai 1919 un comité croate est créé, comité s’opposant au jeune état qui apparaît de plus en plus comme une Serbie sous stéroïdes. Ce comité n’à cependant qu’un impact limité ce qui explique son exil à Graz puis à Vienne.

Issus pour beaucoup de l’armée austro-hongrois et militants au sein du Parti des Droits (1861-1929), ils vont pour certains finir en prison. En 1921, quatorze membres sont jettés en prison dont un certain Ante Pavelic, le futur Poglavnik de l’Etat indépendant de Croatie.

Tous les territoires peuplés de Slaves ne vont pas intégrer la future Yougoslavie. La Carinthie choisit de rester autrichienne après un plébiscite réalisé le 10 octobre 1920.

Zadar et des îles dalmates intégreront le royaume d’Italie alors que la ville de Fiume formera jusqu’en 1924 un Etat libre brièvement occupé par Gabriele d’Annunzio et ses arditi. En 1924 l’ancien état libre est divisé entre l’Italie qui récupère la ville de Fiume et la Yougoslavie qui récupère l’arrière pays.

Après un long processus, un processus heurté et chaotique, le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes dispose enfin de sa constitution. La Constitution de Vidovdan est approuvée par l’Assemblée nationale constituante le 28 juin 1921, un vote marqué par un boycott de l’opposition.

En effet ce texte voté le jour de la Saint Vitan ne l’est que par 258 députés sur 419 (223 oui 35 non) avec 161 abstensions (plus d’un tiers des députés).

Ce texte va être en vigueur jusqu’au 6 juin 1929 quand le roi Alexandre 1er suspend la constitution et instaure une dictature royale.

Clairement l’adoption de cette constitution révèle de nombreuses failles. Si plusieurs partis y sont favorables (Parti Démocratique, Parti Radical Populaire, Organisation des Musulmans Yougoslaves, Alliance des agrariens et le Dzemiyet _un parti musulman_) d’autres sont opposés que ce soit dès le début (Parti Social Démocrate, Parti Républicain) ou durant le processus (communistes, Parti des Paysans Républicains Croates, Parti Populaire Slovène, Parti Populaire Croate et l’Union Croate).

La constitution de Vidovdan fait de la Yougoslavie un royaume parlementaire avec une monarchie héréditaire. Au grand dam des slovènes et surtout des croates on choisit la forme unitaire et non la forme confédérale.

Le pouvoir législatif est assuré par le roi et l’Assemblée Nationale, le monarque sanctionne et promulgue la loi, peut déclarer la guerre et signer la paix. Il peut également nommer aux emplois publics et dissoudre l’Assemblée.

Le parlement est de type monocaméral (une seule chambre), élu par un suffrage censitaire masculin ce qui peut paraître anachronique en 1921.

Le Conseil des Ministres est responsable devant le roi mais aussi devant l’assemblée. Les ministres ne sont pas obligés d’être parlementaires.

Des projets alternatifs ont été proposés, un projet du parti paysan républicain croates et un autre de l’Union Croate qui proposait un royaume confédéral avec Serbie, Croatie, Monténégro, Bosnie-Herzegovine, Voïvodine et Slovenie.

Signe des tensions du moment, le 21 juillet 1921 le ministre de l’Intérieur Melorad Draskovic est assassinné par les communistes.

La vie politique yougoslave est particulièrement mouvementée. Elle prend un tour dramatique le 20 juin 1928 quand le député Punisa Rasic (qui sera condamné à 20 ans de prison mais n’en fera que six) ouvre le feu au parlement sur cinq députés du Parti Paysan Croate, tuant deux députés et blessant les autres dont leur chef, Stjepan Radic. Ce dernier qui finira par succomber à ces blessures était certes croate mais croyait dans le projet yougoslave. Nul doute que l’évolution du pays aurait été différente si il avait survécu.

Alexandre 1er

Conséquence de cet attentat, le roi Alexandre 1er suspend la constitution le 6 janvier 1929 et met en place une dictature royale qui va durer un peu plus de deux ans jusqu’à la mise en place d’une nouvelle constitution par le décret du 3 septembre 1931.

Cette constitution de 1931 comprend douze chapitres (1-Dispositions générales 2-Droits et Devoirs citoyens 3-Précautions sociales et économiques 4-Pouvoirs de l’Etat 5-Le Roi 6-La Régence 7-Parlement 8-Pouvoirs exécutifs 9-Pouvoirs judiciaires 10-Finances 11-Armée 12-Modifications de la Constitution) et 120 articles.

Alexandre 1er tente de centraliser la Yougoslavie, d’en faire un véritable état unitaire. En clair qu’un habitant de Zagreb ou de Lubjana se sente davantage yougoslave que croate ou slovène.

C’est ainsi que les régions historiques sont remplacées par des provinces (Banavinas) qui prennent souvent le nom des fleuves qui les traversent (Drava, Sava, Vrbas, Littoral, Zeta, Vardar, Morava, Drina et Danube).

Ces réformes politiques se doublent d’une vigoureuse répression policière et judiciaire (création d’une cour de surêté de l’Etat le 11 janvier 1929) contre toute forme d’opposition politique. C’est ainsi que les partis politiques s’appuyant sur l’ethnie, la religion ou une région sont interdits. L’administration est réorganisée, le droit est unifié tout comme les programmes scolaires.

Cette politique va se révéler contre productive car pour les non-serbes, la Yougoslavie d’Alexandre 1er n’est qu’une Serbie aggrandie.

Il sera d’ailleurs assassiné le 9 octobre 1934 à Marseille en compagnie du ministre des affaires étrangères français Louis Barthou par Vlado Chernozenski, un terroriste de la VMRO ( Vatreshna Makendonska Revolutsionna Organizatasiya), une organisation macédonienne mais qui avait bénéficié du soutien des Ustachis croates, ces deux organisations ayant appelé le 20 avril 1929 à l’indépendance de la Croatie et de la Macédoine.

Le roi Pierre II en compagnie du général Montgomery et de Winston Churchill

Les années trente sont tendues et quand la guerre de Pologne éclate le royaume de Pierre II est bord de l’implosion. Heureusement cela s’apaise un peu avec la Pax Armada qui voit la Yougoslavie revenir à un état fédéral, Belgrade lâchant du lest pour tenter de reconquérir les croates et les slovènes.