22-Armée de terre : armement et matériel (38)

Panhard AMD 178

Panhard AMD-178 affectueusement surnomée "Pan Pan" à cause du bruit de son moteur deux temps

Panhard AMD-178 affectueusement surnommée « Pan Pan » à cause du bruit de son moteur deux temps

Genèse d’une surdouée

En avril 1923, la cavalerie avait lancé le programme AMC n°1 (AutoMitrailleuse de Cavalerie n°1) qui demandait une voiture de 4 tonnes à quatre hommes avec inverseur de marche blindée à 12mm, pouvant circuler sur route à 55 km/h.

Ce programme ne donna naissance à aucun véhicule et va muter en une AutoMitrailleuse de Découverte (AMD) selon la nouvelle nomenclature de décembre 1931 : Découverte, Reconnaissance et Combat.

Un nouveau programme est donc lancé le 22 décembre 1931 pour une automitrailleuse de découverte d’un poids maximal de 4.7 tonnes avec une tourelle monoplace AVIS disposant d’un canon de 20mm et d’une mitrailleuse de 7.5mm, pouvant circuler à 70 km/h sur route et pouvant manoeuvrer en tout chemin.

Ce programme est modifié le 9 décembre 1932 avec une tourelle biplace APX-3 armée d’un canon de 25mm et d’une mitrailleuse de 7.5mm.

Panhard propose son modèle 178, Renault une voiture baptisée VZ, Berliet propose sa VUB et enfin Latil propose également un projet. Le projet Renault reste à l’état de prototype, Latil parce que sa voiture ne peut sortir de route alors qu’il dispose de quatre roues motrices et Berliet parce que son modèle est trop lourd.

Sorti en octobre 1933, le prototype Panhard va être intensivement testé en métropole et au Maroc à partir du début de 1934. Il est adopté en janvier 1935, l’automitrailleuse de découverte Panhard modèle/type 178 devenant l’automitrailleuse de découverte Panhard modèle 1935 ou plus simplement «AMD 35».

Production

La première commande de série est passée dès le 1er janvier avec quinze exemplaires suivit d’une deuxième le 29 avril 1935 pour quinze nouveaux exemplaires. Les commandes successives portent le nombre de véhicules commandés au 1er septembre 1939 à 557 exemplaires en différentes versions (8 en modèle colonial pour l’Indochine, 24 PC et 128 AFN laissant 397 en modèle métropolitain).

La production est perturbée par les mouvements sociaux du printemps 1936 mais aussi par un schéma de production complexe.

En effet, Panhard n’assure que la fabrication du moteur et l’assemblage final. Les carcasses blindées sont fournies par différents aciéristes à l’usine de la rue d’Ivry où la société Panhard & Levassor y installe les roues, la suspension, le moteur, la boite de vitesse, direction et tous les équipements et accessoires.

Les tourelles sont fournies par différents fournisseurs, l’installation de l’armement et la peinture sont du ressort de l’Atelier de Construction de Rueil (ARL) qui fournit des tourelles complètes à Panhard qui assure le montage final et la présentation en recette.

Ce système compliqué mais logique explique donc une partie des retards de production, Panhard fabriquant plus vite les caisses que n’arrivent les tourelles. C’est ainsi qu’au 1er septembre 1939, sur 557 véhicules commandés, seulement 217 ont été livrées à l’armée soit un retard de soixante-treize voitures mais huit mois plus tard sur une commande globale de 657 exemplaires, il se trouve avec 38 voitures d’avance sur les prévisions.

Le retard est progressivement comblé : il en manque 68 le 31 mai 1940 mais seulement 38 au 30 juin 1940, le 657ème exemplaire de série sortant le 1er août 1940, cent exemplaires supplémentaires ayant été commandés le 15 novembre 1939.

Des marchés de guerre sont passés peu avant la fin de la guerre de Pologne avec un objectif de soixante exemplaires par mois. Les premiers véhicules de cette commande sortent en septembre 1940 avec vingt-cinq exemplaires portant le total de véhicules produits à 682.

Trente-cinq exemplaires sortent de la chaine de montage en octobre 1940, quarante en novembre, quarante-cinq en décembre, cinquante en janvier, février et mars 1941, cinquante-cinq en avril, mai et juin 1941 avant d’atteindre les soixante exemplaires peu avant la fin de la production de «Pan Pan» à savoir en juillet et août 1941, l’AMP Panhard modèle 201 prenant le relais dès le mois de septembre.
Au final ce sont donc 1237 AMD modèle 1935 produits. Ils se répartissent entre 32 exemplaires coloniaux pour l’Indochine (trois hommes, tourelle monoplace), 174 véhicules PC, 320 AMD 35 AFN (identiques au type métropole mise à part un refroidissement du moteur plus important pour pouvoir opérer par temps chaud) soit un total de 526 laissant un total de 711 AMD type métropolitain.

Sur les 1031 véhicules métropolitains et AFN, 320 furent équipés d’une nouvelle tourelle biplace armée d’un canon de 47mm pour améliorer leur potentiel antichar, ces véhicules servant au sein des GRDI des Division d’Infanterie Alpine (DIAlp) et au sein du régiment de découverte de la 1ère DLC, le 4ème Régiment de Spahis Tunisiens.

Unités équipées

Cette automitrailleuse de découverte _dernière exemplaire de ce type avec la Gendron-Somua AM 39_ va équiper les régiments de découverte des Divisions Légères Mécaniques, des régiments d’automitrailleuses des Divisions de Cavalerie (futurs régiments de découverte de non moins futures DLM) ainsi que des GRDI motorisés.

Suite à la décision du général Gamelin de ne pas poursuivre dans la voie des véhicules trop faiblement blindés (27 février 1940), «Pan Pan» va peu à peu céder la place à sa grande sœur, l’AutoMitrailleuse Puissante (AMP) AM modèle 1940 P ou AM 40 P.

Sa carrière n’est pas pour autant terminée puisqu’elle va servir à la motorisation des GRDI montés en Afrique du Nord, au Levant ainsi qu’en métropole au profit des trois groupe de reconnaissance rattachés aux DIAlp. Il va aussi servir au Groupement Motorisé de Corse (GMC) avec huit exemplaires.

Elle va continuer à servir également en Indochine au sein du Groupement Mécanisé Colonial (future 2ème DLC) ainsi qu’au sein de deux escadrons indépendants.

Les autres véhicules vont être stockés précieusement et vont équiper des GRCA et des GRDI de mobilisation en attendant que suffisamment d’AM 40 P ne sortent des chaines de Panhard pour les équiper.

Situation au printemps 1940

Au 1er juin 1940, les unités suivantes sont équipées de l’AutoMitrailleuse de Découverte modèle 1935 :

-Le 6ème régiment de cuirassiers _régiment de découverte de la 1ère DLM_ dispose de deux escadrons de 24 voitures soit un total de 48 véhicules.

-Le 8ème régiment de cuirassiers _régiment de découverte de la 2ème DLM_ dispose de deux escadrons de 24 voitures soit un total de 48 véhicules.

-Le 12ème régiment de cuirassiers _régiment de découverte de la 3ème DLM_ dispose de deux escadrons de 24 voitures soit un total de 48 véhicules.

Les trois régiments de découverte des Divisions Légères Mécaniques disposent donc de 144 véhicules.

L’AMD 35 est également en service au sein des deux Divisions de Cavalerie appelées à être transformées en Divisions Légères Mécaniques. A l’époque où nous parlons, un total de 80 voitures sont en service.

Au sein de la 2ème Division de Cavalerie, le 2ème groupe d’automitrailleuses dispose de deux escadrons de vingt voitures soit quarante véhicules.

Au sein de la 3ème Division de Cavalerie, le 3ème groupe d’automitrailleuses dispose de deux escadrons de vingt voitures soit quarante véhicules.

L’AMD modèle 1935 équipe également les Groupes de Reconnaissance de Division d’Infanterie ou GRDI plus précisément les sept GRDI motorisés qui sont les 1er, 2ème, 3ème, 4ème, 5ème, 6ème et 7ème GRDI.

Chaque GRDI motorisé dispose d’un escadron de découverte à quatre pelotons de trois véhicules soit douze AMD auxquelles s’ajoutent un véhicule pour le commandant de l’escadron soit un total de treize véhicules par GRDI, le total pour les sept GRDI étant donc de 91 véhicules.

Le total de véhicules en ligne est donc de 315 véhicules sur un total disponible de 374 véhicules à la mi-mai, laissant un reliquat de 59 véhicules utilisés pour l’instruction à Saumur (cinq) à Gien (cinq) ou stockés pour un usage ultérieur (49 exemplaires).

Évolution ultérieure  

La production de la voiture spéciale modèle 178 cesse à la fin du mois d’août 1941 mais ce n’est pas la fin de sa carrière opérationnelle, loin de là même.

Elle va d’abord compléter l’équipement des GRDI motorisés existants qui passe à quatre pelotons de quatre véhicules soit un total de dix-sept AMD dans le groupe d’escadrons de découverte de ses sept GRDI soit un total de 119 véhicules.

Elle va ensuite équiper les GRDI rattachés aux Divisions d’Infanterie Alpine en l’occurence le 22ème GRDI rattaché à la 30ème DIAlp de Nice qui va donc aligner dix sept AMD 35. Il est suivit par le 20ème GRDI (27ème DIAlp de Grenoble ) et par le 23ème GRDI (31ème DIAlp de Montpelier).

Cela porte le nombre de GRDI motorisés à dix qui alignent un total de de 170 automitrailleuses de ce type.

En septembre 1940, la 2ème Division de Cavalerie devient la 4ème DLM. Comme ses trois devancières, elle reçoit un régiment de découverte, le 5ème régiment de cuirassiers qui hérite des AMD mises en œuvre par le 2ème groupe d’automitrailleuses. Il reçoit ultérieurement d’autres véhicules pour compléter ses rangs à 48 véhicules.

Quand l’année 1940 se termine, le nombre de véhicules en ligne atteint le chiffre de 402 véhicules en ligne plus 59 véhicules en réserve et instruction auxquels s’ajoutent six mois de production en l’occurence 25 véhicules des commandes du temps de paix et de la guerre de Pologne et 145 exemplaires des commandes de guerre soit un total de véhicules en service, disponibles ou produits de 631 exemplaires

Les GRDI d’Afrique du Nord et du Levant entament début 1941 leur motorisation sur le schéma d’un groupe d’escadrons de découverte à quatre pelotons de quatre voitures soit un total de dix-sept véhicules qui appartiennent tous au type AFN.

Le 80ème GRDI affecté à la 1ère Division Marocaine est le premier à recevoir ses dix-sept véhicules en janvier 1941 en même temps que le 81ème GRDI affecté à la 81ème Division d’Infanterie d’Afrique.

En février 1941, les 82ème et 83ème GRDI reçoivent leurs véhicules, ces groupes étant affectés respectivement à la 82ème et à la 83ème DIA.

En mars 1941, le 42ème GRDI rattaché à la 84ème DIA reçoit ses automitrailleuses modèle 1935 en même temps que le 87ème GRDI rattaché à la 87ème DIA.

En avril 1941, le 182ème GRDI rattaché à la 182ème DIA reçoit ses automitrailleuses de découverte modèle 1935 en même temps que le 191ème GRDI rattaché à la 191ème DIA.

En mai 1941, les 32 automitrailleuses AMD modèle 1935 type Colonies sont officiellement mises en service en Indochine au sein de deux escadrons officiellement de seize véhicules mais dans la pratique de douze, laissant huit véhicules en réserve. Ces véhicules avaient été produits au printemps 1940 mais conservés en métropole au cas où et ce n’est que lorsque la situation s’est stabilisée en Europe qu’elles sont envoyées en Indochine.

Le 7 juin 1941, la 3ème Division de Cavalerie est officiellement transformée en 5ème Division Légère Mécanique. Elle dispose comme les autres d’un régiment de découverte en l’occurence le 11ème régiment de cuirassiers qui récupère les AMD du 3ème GAM plus des véhicules neufs pour faire nombre en l’occurence 48 véhicules.

Au 1er juillet 1941, on trouve cinq régiments de découverte, dix-huit GRDI motorisés et deux escadrons indépendants équipés de cette automitrailleuse soit un total de 578 véhicules en ligne plus 104 en réserve immédiate/instruction auxquels s’ajoute les véhicules produits en six mois et non encore pris en compte par les unités. En retirant 144 véhicules mis en service, on trouve en parc 171 véhicules.

Sur les 275 véhicules encore disponibles à cette date, une grande partie va servir à équiper les unités à motoriser notamment dans l’Empire où le blindage jugé trop faible pour la métropole est largement suffisant pour contrer les menaces internes à l’Empire.

En septembre 1941 alors que la production de l’AMD modèle 1935 est terminée, le 2ème Régiment Etranger Cavalerie (2ème REC) est entièrement motorisé et déployé dans le Sud marocain en appui du 3ème REI.

Organisé comme un régiment de découverte, il dispose de deux groupes d’escadrons avec pour chacun un escadron de 21 automitrailleuses soit 42 AMD en service.

En octobre 1941, décision est prise d’affecter les voitures PC aux GRDI en plus des régiments de découverte déjà équipés soit en ligne un total de 25 véhicules PC, nombre ultérieurement doublé pour permettre à son adjoint de commander lui aussi sous blindage.. .

En novembre et décembre 1941, le 2ème régiment de chasseurs d’Afrique reçoit ses 42 AMD 178 auxquelles s’ajoute une voiture PC pour le commandant du régiment,

Il est suivit en février et mars 1942 par le 3ème régiment de chasseurs d’Afrique, le 5ème régiment de chasseurs d’Afrique fermant la marche en étant équipée en septembre/octobre 1942.

Il faut ensuite attendre juin 1943 pour qu’une nouvelle unité soit équipée de cette remarquable automitrailleuse. Il s’agit du 8ème groupement d’automitrailleuses qui reçoit vingt AMD 178 à canon de 47mm dans une tourelle biplace, ces vingt véhicules étant répartis en quatre pelotons de cinq véhicules.

Entre mars et juin 1944, le 1er régiment de chasseurs d’Afrique est entièrement motorisé avec deux groupes d’escadrons à quatre escadrons à trois pelotons de quatre AMD plus trois véhicules de volant, un véhicule pour le commandant d’escadron et un véhicule PC pour le chef de corps soit un total de 56 véhicules, un gros régiment déployé au Maroc pour par exemple participer à l’occupation du Maroc espagnol.

En 1945, deux nouvelles unités du niveau divisionnaire sont créées au sein de l’armée française en l’occurence la 1ère Division Légère de Cavalerie en Tunisie et le Groupement Mécanisé Colonial qui allait être rebaptisée 2ème Division Légère de Cavalerie.

Alors qu’à l’origine il était prévu que le régiment de découverte de la 1ère DLC soit équipé d’AMD modèle 1935, au final seul le 1er régiment de cavalerie indochinoise reçut ses 42 AMD et ses deux véhicules PC.

Situation en août 1948

Peu avant la mobilisation générale et le début de la seconde conflagration mondiale, la situation de la flotte de l’AutoMitrailleuse de Découverte modèle 1935 est la suivante :

-Les sept GRDI motorisés existant en septembre 1939 l’ont remplacé par l’AM 40 P tout comme les régiments de découverte des cinq premières DLM, les régiments de découverte des 6ème, 7ème et 8ème DLM ayant été créées avec des AM 40 P.

-Les GRDI rattachés aux DIAlp disposent encore de cette automitrailleuse, il s’agit en l’occurence les 20ème, 22ème et 23ème GRDI qui disposent donc de dix-neuf véhicules chacun

-Les huit GRDI déployés en Afrique du Nord et au Levant disposent toujours de l’AMD modèle 1935  soit un total de 152 véhicules, chaque GRDI disposant de dix-neuf véhicules (dix-sept AMD et deux AMD PC)

-Le 2ème REC dispose toujours de ses 42 AMD auxquelles il faut désormais ajouter deux voitures PC soit un total de 44 véhicules.

-Les 1er 2ème, 3ème et 5ème régiments de chasseurs d’Afrique disposent eux aussi de 44 AMD (42 AMD et 2 AMD PC sauf le 1er RCA plus gros)

-Le 8ème groupe d’automitrailleuses dispose de vingt AMD et deux AMD PC

-La 2ème Division Légère de Cavalerie (ex-GMC) dispose toujours d’un régiment de découverte, le 1er RCI qui dispose de 44 véhicules.

-Les deux escadrons indépendants déployés en Indochine disposent toujours de leurs 32 AMD.

Avant mobilisation, le nombre d’AMD modèle 1935 en ligne est donc de 439 sur un total de 1237 véhicules produits, laissant théoriquement un reliquat substantiel de 798 mais sur ce total il faut en retirer 48 utilisés pour l’instruction et les tests, 75 réformés car trop usées ou trop endommagées suite à des accidents ou des incidents de tir et 24 cédées au Portugal soit un total de 147 véhicules.

Il reste donc en réserve, disponibles pour équiper des unités de mobilisation 651 véhicules stockés dans différents dépôts de France, dépôts brutalement vidés par la mobilisation.

A noter qu’en septembre 1940, Panhard proposa la réalisation d’une famille complète de véhicules à partir du chassis de l’AMD modèle 1935 avec une version chasseur de char à canon de 47mm, une version PC, une version TSF, une version avec mortier de 60mm, une version antiaérienne (mitrailleuse de 13.2mm), dépannage, véhicule du génie mais l’armée ne donna pas suite à un concept révolutionnaire pour l’époque que Panhard allait développer après guerre avec sa célébrissime AML.

Caractéristiques Techniques de l’AutoMitrailleuse de Découverte modèle 1935

Poids en ordre de combat : 8200kg

Dimensions : longueur 4.79m largeur hors tout 2.01m hauteur sans tourelle 1.65m (2.31m avec tourelle)

Motorisation : moteur Panhard SK 4F 11 bis développant 105ch à 2200 tours/min

Performances : vitesse maximale sur route 72 km/h moyenne 47 km/h Autonomie : 300km sur route avec 140 litres d’essence

Blindage : 20mm maximum

Armement : tourelle biplace APX-2 ou monoplace APX-5 avec un canon de 25mm SA 35 alimenté à 150 obus associé à une mitrailleuse de 7.5mm MAC 31 avec 3750 cartouches. La mitrailleuse de rechange peut servir d’arme antiaérienne

Les modèle 178 équipés d’un canon de 47mm semi-automatique modèle 1937 disposent d’une tourelle Renault-Restany avec 84 obus et une mitrailleuse de 7.5mm MAC 31 avec 3750 cartouches.  La mitrailleuse de rechange peut servir d’arme antiaérienne.

Equipage : chef de voiture et tireur en tourelle, conducteur et inverseur en caisse

22-Armée de terre : armement et matériel (35)

FCM F1

Maquette en bois du char de forteresse FCM F1

Maquette en bois du char de forteresse FCM F1

Suite à la construction de la ligne Maginot, l’Allemagne nazie riposta en construisant la ligne Siegfried que la propagande nazie éleva au rang de muraille invulnérable, bien plus puissante que la ligne Maginot ce qui était loin d’être le cas.

En cas de conflit avec l’Allemagne, la France n’avait guère le choix pour prendre l’offensive. Violer la neutralité belge (graduellement allégée avec le temps jusqu’à la signature d’un traité secret d’alliance en 1947) et la neutralité suisse étant hors de question, la seule façon d’envahir l’Allemagne était une attaque frontale sur le Rhin.

Il fallait forcer la ligne Siegfried d’où le maintien d’une Artillerie Lourde sur Voie Ferrée et l’idée de construire des chars de forteresse, puissants et bien armés.

En 1934, les chars FCM 2C avaient été déclassés et deux ans plus tard, un programme de chars de 45 tonnes fût lancé, programme qui aurait aboutit en réalité à des chars de 50 ou 60 tonnes.

Ce programme lancé le 12 novembre 1936 donne naissance en 1937 à des projets proposés par les FCM, ARL et AMX. Ces projets évoluent vers des chars d’attaque des fortifications dépassant 100 tonnes avec un blindage et un armement conséquent. Ces chars pouvaient se décomposer en deux éléments pour son transport par voie ferrée.

Deux prototypes sont commandés à AMX pour un char de 101 tonnes baptisé AMX «tracteur C», deux prototypes sont commandés à ARL dits «Char C» de 145 tonnes et deux prototypes aux FCM.

AMX et ARL occupés avec d’autres projets abandonnent le projet, laissant le champ libre aux Forges et Chantiers de la Méditerranée qui présentent en mars 1941 deux prototypes d’un char de 140 tonnes avec un canon de 90mm modèle 1939 en tourelle arrière et un canon de 47mm SA modèle 1937 en tourelle avant.

Les tests sont menés entre avril et novembre 1941 sans qu’une décision soit prise, beaucoup d’officiers estimant superflu un tel char. Les rumeurs persistantes d’un char superlourd allemand (rumeurs au final infondées) pousse la France à relancer l’étude pour un char lourd d’attaque de fortifications.

Le FCM F1 est commandé à quatorze exemplaires en mars 1943, commande réduire à dix puis huit exemplaires livrés entre février et novembre 1944  au sein du 51ème Bataillon de Chars de Forteresse avec sept chars en ligne et un char utilisé pour les tests et l’instruction.

La mise en service de l’ARL-44 armé lui aussi d’un canon de 90mm semblait rendre superflu un tel char qui n’avait de différent avec l’Estienne que son poids.

Ces chars de forteresse vont recevoir un canon de 105mm en remplacement du canon de 90mm dans une tourelle de conception nouvelle. Ces chars sont toujours en service en septembre 1948, prêts à forcer la ligne Siegfried.

Caractéristiques Techniques du FCM F1

Poids en ordre de combat : 140 tonnes

Dimensions : longueur 11.30m largeur 3.90m hauteur maximale 4.80m

Motorisation : (prototype) deux moteurs Renault de 550ch puis deux moteurs de 600ch

Blindage : maximal 120mm

Performances : vitesse maximale 28 km/h pente 80% Autonomie 230km sur route

Armement : tourelle avant avec un canon de 47mm semi-automatique modèle 1937 avec 116 obus associé à une mitrailleuse de 7.5mm MAC 34 alimentée à 2500 cartouches et tourelle arrière avec un canon de 90mm modèle 1939 alimenté à 72 obus associé à une mitrailleuse de 7.5mm MAC 34 alimentée à 2500 cartouches. Deux mitrailleuses latérales disposant chacune de 1500 cartouches.

Equipage : neuf hommes (un chef de char, deux tireurs, deux chargeurs, un radio, deux mécaniciens  et un chargeur en caisse)

Séries limitées, Projets et prototypes

Outre les chars cités plus haut, de nombreux projets de chars lourds ont été envisagés, certains n’allant pas plus loin que la planche à dessin, d’autres connaissant la joie d’atteindre le stade du prototype mais l’infortune de ne pas connaître celui de la série.

Durant le premier conflit mondial, les chars français mis à part le petit Renault FT étaient de véritables mastodontes, atteignant les 23 tonnes. Ils furent accompagnés par des chars de construction étrangère.

Char lourd interallié Mk VIII Liberty

Char lourd interallié Mk VIII Liberty

Si le Mark VIII Liberty (37 tonnes, 16mm de blindage, deux canons de 6 livres et quatre mitrailleuses, 8.45 km/h) ne dépassa le stade du projet, la France reçu 100 exemplaires du Mark V* (80 en version mâle armé de canon et 20 en version femelle avec mitrailleuse), un char de 32.5 tonnes, blindé à 12mm, jamais engagé au combat et feraillés en 1930.

La firme Saint Chamond eut également en projet un char de type Mark. Un prototype est commandé en juillet 1917 et la production de 300 exemplaires est espéré mais ce projet ne dépasse l’étape de l’étude d’intention.

Au début des années trente, nous trouvons trace de projets de chars de bataille, alternative à la poursuite du B1 :

Le premier est un char B2 de 35.5 tonnes (le B1 pèse 27195kg) blindé à 50mm, un équipage de 4 hommes avec un canon de 75mm puissant et un canon de 47mm en tourelle.

Le second est un char B3 de 45 tonnes blindé à 50mm, un équipage de 6 hommes avec l’obusier de 75mm du B1 et un 47 puissant en tourelle.

Le troisième est un char BB de 50 tonnes blindé à 60mm, un équipage de 8 hommes avec deux 75 puissants.

Le projet B-40 était un projet de char lourd destiné à succéder au B1bis et ter. Deux constructeurs proposaient des projets : l’Atelier de Construction de Rueil avec un moteur Talbot surcomprimé et une transmission assuré par un système Naeder amélioré et simplifié alors que l’Atelier de construction d’Issy-les-Moulineaux proposait un char propulsé par un diesel avec une transmission électrique Alsthom.

Le blindage est celui du B1ter mais avec des parois droites comme sur le B1bis. Quand à l’armement, si le canon de 47mm en tourelle est conservé avec une tourelle au chemin de roulement plus important, l’obusier de 75mm est remplacé par un canon de 105C en casemate.

Le poids en ordre de combat atteint 45 tonnes avec un rapport poids puissance de 12 à 15 ch (moteur de 675ch) et une vitesse de 40km/h. Comme nous l’avons vu, ce programme ne dépassa pas le stade du prototype en raison d’un changement de priorité.

D’autres projets étaient à l’étude au printemps 1948 : une version améliorée du FCM F1 à canon de 155mm en casemate sans canon de 47mm mais avec un tourelleau armé d’un canon de 25mm et d’une mitrailleuse et une version surblindée de l’ARL-44. Aucun de ces deux projets n’était rendu au stade où la production du prototype aurait pu être rapidement entreprise.

22-Armée de terre : armement et matériel (33)

J-Chars lourds

Préambule

Après les sanglants combats de l’été 1914, l’échec du plan XVII en Alsace et en Lorraine, le «miracle de la Marne» ou la tentative de course à la mer, le front occidental se stabilise sur 700km de la mer du Nord à la frontière suisse. La guerre des tranchées avait débuté……. .

En dépit du retour d’expérience des premiers combats, le haut commandement tant français qu’anglais cherchait la percée au travers d’offensives frontales couteuses qui se brisaient sur les barbelés et le tir des mitrailleuses allemandes.

Le terrain bouleversé par l’artillerie, les barbelés et les tranchées rendait la percée illusoire voir impossible sans un véhicule adapté. C’est dans ces conditions que naquit le projet de cuirassé terrestre, les anglais lui donnant le nom de «tank» (réservoir) pour dissimuler sa vraie nature aux espions allemands.

Char Saint Chamond

Char Saint Chamond

La rencontre entre le général Estienne et l’ingénieur Brillé de Schneider le 20 décembre 1915 marque le début de l’histoire du cuirassé terrestre symbolisé par le Schneider CA-1 et par le Saint Chamond, deux modèles ratés de chars dont l’utilisation révélera un grand nombre de défauts techniques, ouvrant la voie au char léger Renault FT.

En dépit du succès du «char de la victoire», la France et le général Estienne n’ont pas renoncé au char lourd, l’estimant nécessaire pour percer le front, la petite merveille de Louis Renault étant faite pour accompagner l’infanterie, pas pour obtenir la percée.

Suivant l’exemple des anglais qui avaient confié à l’Amirauté la construction de leurs cuirassés terrestres, la France fait de même avec les Forges et Chantiers de la Méditerranée (FCM) qui propose le FCM 1A, un char de 41.4 tonnes à tourelle biplace armé d’un canon de 47mm puissant.

Char de forteresse ou de percée FCM 2C

Char de forteresse ou de percée FCM 2C

En dépit de ses qualités, ce char ne dépassera pas le statut de prototype, le général Estienne préférant le FCM 2C plus lourd qui n’arrivera qu’après la fin du premier conflit mondial, empêcha la France d’utiliser un char lourd de conception nationale de bonne qualité tout comme les chars lourds commandés à la Grande Bretagne (MkV*) ou dont la construction était prévue pour les alliés (MkVIII Liberty).

Le programme de janvier 1921 définit trois catégories de chars : un char lourd de rupture symbolisé par le monstrueux FCM 2C construit à dix exemplaires, un char de bataille et un char léger d’accompagnement, le Renault FT en attendant un probable successeur, les technologies évoluant tellement vite que le char de la victoire va vite être dépassé.

Le programme du char de bataille va aboutir au char B1 davantage connu par ses variantes B1bis et B1ter qui après avoir été conçus pour combattre au sein de BCC indépendants vont intégrer les Divisions Cuirassés pour obtenir la percée tant espérée durant le premier conflit mondial.

Le monstrueux ARL-44 à canon de 90mm, la future terreur des chars allemands

Le monstrueux ARL-44 à canon de 90mm, la future terreur des chars allemands

Lui succédera l’ARL modèle 1944 bénéficiant de l’étude B-40, un char de bataille de 50 tonnes armé d’un canon de 90mm en tourelle, le plus puissant char d’Europe, le Tigre allemand n’ayant qu’un canon de 88mm.

A ces chars lourds intégrés aux Divisions Cuirassés ou formant des bataillons de quartier général, on trouve une poignée de chars d’attaque des fortifications déployés par le 51ème Bataillon de Chars de Forteresse.

Renault B1 B1bis et B1ter

Une mise au point interminable

Jusqu’à sa mort survenue en 1936, le général Estienne lutta contre une image d’Epinal lui collant à la peau, celle l’associant au char Renault FT.

Oh certes, il en est à partiellement à l’origine mais c’était en raison de l’échec des cuirassés terrestres Schneider et Saint Chamond et qui laissait l’armée  française dépourvue d’un char lourd moderne et efficace en attendant les livraisons du Mark V*, du Mark VIII Liberty sans parler des projets FCM 1A et 2C.

Cette opposition au char léger était telle qu’il s’opposa au remplacement des chars FT, opposition infructueuse puisqu’il ne put empêcher le lancement en 1933 d’un programme pour un char léger d’accompagnement de 6 tonnes qui allait donner naissance au Renault R-35 et au Hotchkiss H-35.

En janvier 1921, il lance un programme définissant un char de bataille, char qui devient bientôt un char «sans autre qualificatif» ce qui signifie dans l’esprit du général Estienne que c’est le seul véhicule qui mérite le terme de char, les autres véhicules étant à son service.

A l’époque, dans l’esprit du «père des chars», le char de bataille est un véhicule de treize tonnes avec un canon en casemate et une tourelle armée de mitrailleuse. C’est donc vrai un char casemate, la tourelle n’étant qu’un organe d’observation et de commandement.

Jean Baptiste Estienne souhaite une production en masse du nouveau char or à l’époque aucun industriel français ne peut produire en masse un char de combat, il faut donc imaginer un véritable accord industriel entre plusieurs fabricants en s’inspirant de l’accord ayant mené au Renault FT.

En 1921, le général Estienne réunit Schneider, Renault, Saint Chamond, FCM et Delaunay-Belville pour répartir la construction de 1000 chars de bataille, Renault et Schneider devant produire 250 exemplaires chacun, Saint Chamond et FCM 125, Delaunay-Belville 83 exemplaires, les 167 derniers exemplaires devant être répartis entre les plus méritants. Ce sont les «accords Estienne».

Dans un premier temps, les différents constructeurs doivent présenter des prototypes. Delaunay-Belville qui propose un char FT agrandit est vite éliminé car son projet ne répond absolument pas aux spécifications, les autres présentent leurs projets en 1924 qui se ressemblent mais apportent tous des solutions inintéressantes avec un poids variant entre 14 et 19 tonnes.

La synthèse des trois projets (Schneider-Renault, FCM et Saint Chamond) donne naissance en mars 1925 à un programme révisé de char de bataille donnant naissance en janvier 1926 au char B1 protégé à 40mm de blindage. Ce n’est cependant qu’en 1927 que les marchés sont passés pour la commande des trois prototypes du char B1.

A l’époque pourtant, la construction d’un char de bataille n’est pas en odeur de sainteté en raison de la présence d’Aristide Briand qui rêve d’Etats Unis d’Europe, de paix perpétuelle et de rapprochement avec l’Allemagne.

Le désarmement étant à l’ordre du jour, le char B1 reste encore une chimère et son existence même est remise en cause, le char D2 est un temps envisagé comme succédané de char de bataille sous le nom de char puissant.

La France se retirant de la conférence du désarmement en mai 1934, la voie est dégagée pour le char de bataille qui est officiellement adopté en mars 1934. Trente-deux exemplaires sont commandés et livrés entre décembre 1935 et juillet 1937 auxquels s’ajoutent deux prototypes mis au niveau standard.

A noter qu’à la différence des prototypes, les B1 de série sont armés d’un canon de 47mm en tourelle, la menace char rendant crédible un affrontement entre le B1 et des chars ennemis.

En octobre 1930 cependant, on décide de reprendre à zéro les études pour un nouveau char de bataille avec trois projets envisagés.

Le premier est un char B2 de 35.5 tonnes (le B1 pèse 27195kg) blindé à 50mm, un équipage de 4 hommes avec un canon de 75mm puissant et un canon de 47mm en tourelle.

Le second est un char B3 de 45 tonnes blindé à 50mm, un équipage de 6 hommes avec l’obusier de 75mm du B1 et un 47 puissant en tourelle.

Le troisième est un char BB de 50 tonnes blindé à 60mm, un équipage de 8 hommes avec deux 75 puissants.

Finalement, on décide de poursuivre dans la voie du B1 en portant le blindage à 60mm, le B1 devenant le B1bis.

La production de ce char lente et problématique jusqu’en 1938 s’accélère alors pour pouvoir équiper pas moins de 25 bataillons à 34 chars soit un total théorique de 850 chars à produire mais entre la théorie et la pratique……….. .

A l’origine prévu pour être employés en bataillons indépendants, ils vont intégrer les Divisions Cuirassés soit un total de huit bataillons de 34 chars en ligne plus un petit nombre de chars stockés comme volant de fonctionnement et des chars livrés aux britanniques dans le cadre d’un accord de coopération interallié.

Ultérieurement, une version B1ter va être produite et va équiper les huit bataillons de quartier général avant de servir de base au B-40 qui lui même à défaut d’être produit en série va servir de base à l’ARL-44.

Unités équipées de B1bis

B1bis

B1bis

Comme nous l’avons vu, à la mobilisation de septembre 1939, les régiments de chars de combat sont dissous pour permettre la mise sur pied de Bataillons de Chars de Combat (B.C.C).

Chronologiquement, les BCC équipés de B1bis à trente-quatre exemplaires ont été mis sur pied de la façon suivante :

-Le 37ème Bataillon de Chars de Combat (37ème BCC) est mis sur pied par le Centre Mobilisateur des Chars n°511 de Verdun (transféré à Bourges) à partir du 2ème bataillon du 511ème RCC.

Il est dans un premier temps équipé de chars B1 et intègre sous ce format la 1ère Division Cuirassée jusqu’à être rééquipé de B1bis au printemps 1940. Les treize B1 survivants sont reversés au Parc d’Engins Blindés 101 de Mourmelon.

-Le 15ème Bataillon de Chars de Combat (15ème BCC) est mis sur pied par le CM n°510 de Nancy (transféré ensuite à Coëtquidan) à partir du 2ème bataillon du 510ème RCC. C’est le premier bataillon équipé du B1bis. Il intègre la 2ème Division Cuirassée.

-Le 8ème Bataillon de Chars de Combat (8ème BCC) est mis sur pied par le CM n°508 de Lunéville (transféré ultérieurement à Arradon dans le Morbihan) à partir d’un bataillon du 508ème RCC. Il intègre la 2ème Division Cuirassée.

-Le 28ème Bataillon de Chars de Combat (28ème BCC) est mis sur pied par le CM n°512 de Chalons sur Marne à partir d’un bataillon du 512ème RCC. Il est affecté à la 1ère Division Cuirassée

-Le 41ème Bataillon de Chars de Combat (41ème BCC) est mis sur pied par le CM n°512 en mars 1940 avec 34 chars B1bis, le bataillon intégrant la 3ème Division Cuirassée à sa création.

-Le 46ème Bataillon de Chars de Combat (46ème BCC) est mis sur pied par le CM n°511 en août 1940 avec 34 chars B1bis, le bataillon intégrant la 4ème Division Cuirassée à sa création.

-Le 47ème Bataillon de Chars de Combat (47ème BCC) est mis sur pied par le CM n°507 en avril 1940 avec 34 chars B1Bis, le bataillon intégrant la 4ème Division Cuirassée à sa création.

-Le 49ème Bataillon de Chars de Combat (49ème BCC) est mis sur pied par le CM n°512 en juillet 1940 avec 34 chars B1bis, le bataillon intégrant la 3ème Division Cuirassée à sa création.

Ces huit bataillons totalisent donc en ligne 272 chars en ligne auxquels s’ajoutent les chars produits pour la Grande Bretagne (75 exemplaires livrés entre juillet 1940 et janvier 1941) ainsi que 120 chars gardés en réserve pour l’entrainement, l’instruction et un volant de fonctionnement soit un total de 467 B1bis auxquels s’ajoute 34 B1 soit un total général de 501 chars produits.

A partir de septembre 1944, le B1bis va être remplacé par l’ARL modèle 1944 qui peut être considéré comme l’arrière petit-fils du B1bis puis qu’issu du B1ter et du B-40, le premier ayant été produit en série mais pas le second suite à un changement de priorité.

Les B1bis en état furent soigneusement stockés pour servir de chars de réserve mais quelques exemplaires en l’occurence 60 furent détourellés pour servir de chars de dépannage aux BCC lourds qu’il s’agisse de ceux des Divisions Cuirassées ou des bataillons de quartier général, Chaque bataillon disposant de trois chars de dépannage. 140 chars furent stockés dans le Massif Central, les autres usés furent réformés et feraillés après cannibalisation.

Renault B1ter

B1ter

B1ter

Comme nous l’avons vu dans l’introduction de cette partie, la mise au point du B1bis à été interminable ce qui eut des conséquences sur sa production, lente et difficile, trop difficile pour le temps de guerre.

D’où l’idée de simplifier le schéma du B1bis pour en faciliter la production en masse, l’armée de terre voulant mettre sur pied vingt-cinq bataillons équipés de ce char.

Les prémices du B1ter sont à relever en 1935 quand est testé le concept avec un exemplaire du B1 (le n°101) surblindé et lesté, muni d’une nouvelle boite de mécanisme. En 1937, une étape est franchie avec la construction par l’ARL (Atelier de Rueil) d’un véritable prototype.

Il se distingue par un blindage porté à 70mm, des persiennes de ventilation moteur installées sur le dessus et non latéralement, entretoise avant supprimée, canon de 75mm pouvant pointer indépendant sur 5° de chaque côté avec pour tourelle, l’ARL-2 monoplace équipé d’un canon de 47mm SA 35 surblindée à 70mm, tourelle équipant dans sa version initiale, le Somua S-40.

Au printemps 1940, trois chars de pré-série sont en cours de construction pour créer une section d’essais. Les trois chars en question  sortent de chez ARL, Fives-Lille et FCM à l’automne 1940, le programme n’étant pas prioritaire. Les tests furent satisfaisants et la production démarra en février 1941 aux FCM et à l’ARL pour équiper les huit bataillons de quartier général.

Ces bataillons ont été créé pour offrir au commandant en chef de l’armée de terre, une réserve de puissance utilisable selon sa seule volonté pour par exemple soutenir une division d’infanterie en phase défensive, renforcer une DLM ou obtenir la percée tant recherchée durant le premier conflit mondial.

Le 70ème BCC est créé en juin 1941, le 71ème BCC en septembre 1941, le 72ème BCC en janvier 1942, le 73ème BCC en avril 1942, le 74ème BCC en juillet 1942, le 75ème BCC en octobre 1942, le 76ème BCC en janvier 1943 et le 77ème BCC en juin 1943.

Ces bataillons vont chacun disposer de 34 B1ter, répartis selon le même modèle que les BCC équipés de chars lourds. On arrive un total de 272 chars en ligne auxquels s’ajoutent 136 chars de réserve dont certains seront ultérieurement détourellés pour remplacer des B1Bis utilisés sans tourelle pour le dépannage.

Les huit bataillons de quartier général étaient encore équipés de B1ter en septembre 1948 bien que leur rééquipement en ARL-44 avait été sérieusement envisagé puis repoussé ultérieurement jusqu’à ce que la guerre paralyse provisoirement tout rééquipement majeur sauf après engagement au combat

Caractéristiques Techniques du char B1

Poids total en ordre de marche : 27195kg

Dimensions : longueur totale 6.37m aux chenilles 6.89m au crochet largeur totale 2.50m hauteur totale 2.79m avec tourelle

Motorisation : moteur Renault de 250ch délivrant 272ch

Vitesse maximale : 28 km/h Pente : 90% Autonomie de 8 à 10h avec 400 litres de carburant

Blindage : maximum 40mm

Armement : canon de 75mm semi-automatique modèle 1935 en caisse avec 80 obus associé à une mitrailleuse MAC 31 de 7.5mm (4800 cartouches pour les deux mitrailleuses) tourelle monoplace avec un canon de 47mm SA modèle 1934 approvisionné à 50 obus et une mitrailleuse MAC 31 de 7.5mm coaxiale

Equipage : chef de char tireur en tourelle, mécanicien pilote, mécanicien aide pilote pourvoyeur et radio-télégraphiste en caisse

Caractéristiques Techniques du char B1bis

Poids total en ordre de marche : 31500kg

Dimensions : longueur totale 6.37m aux chenilles 6.89m au crochet largeur totale 2.58m hauteur totale 2.79m avec tourelle

Motorisation : moteur Renault de 250ch delivrant 300ch

Vitesse maximale : 28 km/h Pente : 90% Autonomie de 6 à 8h avec 400 litres de carburant

Blindage : maximum 60mm

Armement : canon de 75mm semi-automatique modèle 1935 en caisse avec 74 obus associé à une mitrailleuse MAC 31 de 7.5mm (4800 puis 5250 cartouches pour les deux mitrailleuses) tourelle monoplace APX-4 avec un canon de 47mm SA modèle 1935 approvisionné à 50 obus (puis 62 et 72 selon les marchés) et une mitrailleuse MAC 31 de 7.5mm coaxiale

Equipage : chef de char tireur en tourelle, mécanicien pilote, mécanicien aide pilote pourvoyeur et radio-télégraphiste en caisse

Caractéristiques Techniques du B1ter

Poids en ordre de combat : 36600kg

Dimensions : longueur du chassis 6.35m largeur 2.73m hauteur 2.86m

Motorisation : moteur Renault 6 cylindres de 350ch

Vitesse maximale sur route 30 km/h Pente : 80%Autonomie 180km

Blindage : 70mm maximum

Armement : un canon de 75mm en casemate avec 90 obus associé à une mitrailleuse de 7.5mm modèle 1931, une tourelle monoplace avec un canon de 47mm SA 35 alimenté à soixante obus associé à une mitrailleuse de 7.5mm