Pologne et Pays Neutres (96) Pologne (8)

Histoire de l’armée de terre polonaise

NdA : Bien que l’armée de terre polonaise à existé avant 1918 j’ai décidé de façon totalement arbitraire de commencer son histoire avec celle de l’Armée Bleue créée en France pendant le premier conflit mondial.

Des origines au cataclysme de l’automne 1939

Blekitna Armia

Prise d’armes de l’Armée Bleues

L’Armée Bleue créée en France sous l’impulsion du général Haller est aussi appelée Armée polonaise en France (Armia Polska rwe Francji) ou encore Armée Haller du nom de son commandant. Sa création est tardive puisqu’elle ne remonte qu’au 4 juin 1917.

Pourquoi une date aussi tardive ? Tout simplement pour ne pas froisser les russes et Nicolas II. Ce dernier ayant été renversé la France s’estime plus libre d’agir en faveur de la cause polonaise.

Cette arme c’est d’abord une brigade et un régiment (le 1er régiment de chasseurs) puis à partir de janvier 1918 deux divisions formées de polonais de France, d’américains d’origine polonaise et des rescapés des légions polonaises ayant combattu aux côtés des austro-hongrois ainsi que ceux d’un 2ème CA polonais sous commandement……russe.

Les deux divisions polonaises vont participer aux derniers combats du premier conflit mondial puis après avoir intégré l’armée de la République de Pologne à la guerre soviéto-polonaise de 1919 à 1921 et la guerre polono-ukrainienne de 1918/1919.

A son apogée l’armée bleue représente environ 68500 hommes. La mise en place à été longue comme nous l’avons vu avec d’abord 20000 hommes entrainés au Canada mais payés par la France, cette situation étant vue par les Etats-Unis comme une menace pour leur neutralité.

Après l’entrée en guerre des Etats-Unis, 24000 américains d’origine polonais vont rallier l’armée du général Haller tout comme 25000 polonais enrôlés de force dans les Empires Centraux.

Cette armée va être organisée en un 1er Corps polonais (1ère et 2ème divisions de fusiliers, 1er régiment d’artillerie lourde), un 2ème Corps polonais (4ème et 5ème divisions de fusiliers, 2ème régiment d’artillerie lourde), un 3ème Corps polonais (3ème et 6ème divisions de fusiliers 3ème régiment d’artillerie lourde) plus des unités indépendantes (7ème division de fusiliers, 1er régiment de chars et Division d’entrainement)

Légion des Bayonnais

Photo de votre serviteur (c’est pas si courant ^^) d’une plaque commémorant le souvenir des volontaires polonais venus de Bayonne

Sous ce vocable figure une petite unité de polonais se portant volontaire pour combattre sous le drapeau français et par leur action convaincre les alliés de faire renaitre une véritable Pologne libre et indépendante.

Pour des raisons politiques il est impossible de créer une unité de recrutement polonais au sein de l’armée française, Saint-Pétersbourg ne pouvant l’accepter.

Voilà pourquoi les volontaires polonais sont dispersés entre les 2ème et 3ème Régiments de Marche de la Légion Etrangère, des unités qui vont se couvrir de gloire avant de former le non moins mythique Régiment de Marche de la Légion Etrangère (RMLE), l’une des unités les plus décorées de l’armée française. Les survivants de cette unité finiront la guerre au sein de l’Armée Bleue.

Les légions polonaises durant le premier conflit mondial

Le déclenchement du premier conflit mondial suscite un immense espoir chez les polonais qui espèrent aboutir au retour d’une Pologne indépendante. Pour cela ils sont prêts à combattre dans les différentes armées pour obtenir une récompense politique.

C’est l’Autriche-Hongrie qui met sur pied une première légion polonaise au sein de la Landwehr (armée territoriale) les 4 et 5 septembre 1914. Elle intègre les 4000 volontaires rassemblés à Kielce par un certain Jozef Pilsduski.

Parallèlement une organisation clandestine est mise sur pied en Pologne sous domination russe, la Polska Organizacja Wojskowa (POW) en française organisation clandestine de lutte. On trouve également la Légion des Bayonnais (voir ci-dessus) et la Légion de Pulawy en Russie.

Ces unités ne rassemblent qu’une infime partie des polonais mobilisés dans les différentes armées engagées dans le conflit.

A l’automne 1914 la légion polonaise de l’armée hongroise compte deux régiments soit environ 5000 hommes. Ils s’illustrent dans les Carpathes, à la bataille de Krywoploty (17/18 novembre 1914), à Lowczowek (22 au 25 décembre 1914), à Rafaylowa (23/24 janvier 1915).

En mars 1915 les austro-hongrois échouent en Galice, les légions polonaises sont en partie disloquée. Dans l’ensemble les unités polonaises sont motivées mais se montrent parfois indisciplinées.

Après la retraite russe la Pologne est occupée par les Empires Centraux, la légion polonaise comprennant trois brigades de 5000 hommes chacune.

En juin 1916 les trois brigades forment un corps unique de 25000 hommes. Lors de la bataille de Kostiuchnowka en Volhynie, 5000 légionnaies au prix de lourdes pertes (40%) stoppent 13000 russes permettant à l’armée de la Double-Monarchie de s’échapper.

Le 14 janvier 1917 le Conseil d’Etat du royaume de Pologne sous protectorat des Empires Centraux ordonne la création d’une armée polonaise qui rassemble péniblement 1500 volontaires.

La chute de Nicolas II pousse les polonais à changer de position. A la même époque l’Armée Bleue est créée.

Le 9 juillet 1917 c’est la Crise du Serment. Les polonais et Pilsduski en tête refusent de préter serment de fidélité à Guillaume II. Sur les 9000 hommes, 5200 refusent de préter serment au Kaiser.

Sur les 8000 venus de Galicie austro-hongroise, 3000 refusent, 5000 restant au sein du corps auxiliaire polonais (Polnisches Hilfskorps). Pilsdduski est arrêté le 22 juillet 1917, les légionnaires réfractaires sont internés ou dispersés sur d’autres fronts.

Les légionnaires polonaises continuent de combattre en 1917/1918, certains parviennent à rallier Mourmansk pour gagner la France, d’autres rejoignant les Blancs pour combattre les Rouges.

La guerre polono-soviétique (1919-1921)

Infanterie polonaise en 1920

Ce conflit commence en février 1919 par une série d’escarmouches de faible ampleur. Les polonais lancent une offensive majeure en mars 1919, franchissant le Niémen, s’emparant de Pinsk et de Lida. Les bolcheviks capturent un temps Grodno et Vilnius mais sont repoussés par une contre-offensive polonaise. Les polonais reprennent Vilnius le 19 avril et continuent leur avancée, les polonais dominant jusqu’au début de l’année 1920, les bolcheviks étant davantage préoccupés par les Blancs.

En janvier 1920 l’Armée Rouge (RKKA) mobilise 700000 hommes près de la Berezina et de la Biélorussie, les effectifs passant rapidement à quasiment 800000 hommes (402000 hommes sur le front ouest, 355000 sur front sud-ouest et en Galicie soit 757000 hommes). De leur côté les polonais sont 100000 en 1918, 500000 en 1920 et 737000 hommes au 20 août 1920.

Les effectifs sont équivalents mais les polonais sont moins bien équipés, l’organisation logistique est assez mauvaise mais le renseignement militaire polonais est très bon, étant capable de lire par dessus l’épaule des commandants soviétiques ce qui relativise le «Miracle sur la Vistule».

Jusqu’en avril 1920, les polonais avancent lentement et surement vers l’est. La ville de Daugavpils est prise puis remise aux lettons.

Le 24 avril 1920 les polonais lancent une offensive de grande ampleur, l’opération KIEV. La capitale ukrainienne et accessoirement berceau de la nation russe tombe le 7 mai 1920.

La 3ème Armée polonaise doit cependant se replier car plus au nord la 1ère Armée doit battre en retraite après avoir été battue par la 15ème Armée soviétique. A la fin du mois le front se stabilise sur la rivière Arsuta.

Le 24 mai les polono-ukrainiens affrontent la Konarmia, le front est percé le 5 juin, la retraite générale étant ordonnée le 10 juin, Kiev étant évacuée trois jours plus tard.

Les polonais retraitent en bon ordre, le front polonais s’étendant sur 320km mais ce front est défendu par 120000 hommes et 460 canons sans réserve stratégique. En face le front nord-ouest du général Toukhatchevski engage 108000 hommes, 11000 cavaliers, 2913 mitrailleuses et 722 canons.

Les soviétiques attaquent le 4 juillet 1920 sur l’axe Smolensk-Brest-Litovsk, franchissant l’Arsuta et la Berezina, engageant le 3ème corps de cavalerie, les 3ème, 4ème et 15ème armée plus le groupe Mozyrska.

Après trois jours de combat la supériorité soviétique fait la différence, le commandement polonais ordonnant la retraite générale le 7 juillet. Vilnius tombe le 14 juillet suivit par Brodno et Zamosc. Grodno est prise le 19 juillet, Brest-Litovsk le 1er août.

Après un arrêt sur le Boug pendant une semaine, la Narew est franchie le 2 août, les forces soviétiques se trouvant alors à 90km de Varsovie. De son côté le front sud-ouest assiège Lwow, cinq armées s’approchant de Varsovie.

Les chefs bolcheviks exhultent persuadés qu’après Varsovie, la route de Berlin sera ouverte, que les proletaires allemands se révolteront entrainant la révolution mondiale tant espérée ! En réalité les chefs soviétiques se querellent ce qui va avoir de sévères conséquences sur la suite des événements.

De leur côté les polonais sont soutenus par une mission militaire française dirigée par le général Weygand (au sein de laquelle se trouve un capitaine De Gaulle appelé à un grand avenir) et par une mission militaire britannique dirigée par le général Adrian Carton de Wiart. La Hongrie envoie 30000 cavaliers et une importante aide matérielle en armes et en munitions.

La bataille décisive à lieu sur la Vistule mais comme je l’ai dit plus haut le fameux miracle n’est pas aussi miraculeux. 113000 polonais défont 114000 soviétiques dans la bataille de Varsovie (13 au 25 août 1920).

Au même moment les polonais l’emporte à Radzymin (13 au 16 août), bataille qui voit l’engagement de 17000 polonais contre 15000 bolcheviks.

Les polonais contre-attaquent le 14 août et deux jours plus tard le 16, Toukhatchevski ordonne la retraite vers le Boug, retraite qui ne tarde pas à tourner à la débacle.

Plus au sud les polonais défont la Konarmia lors de la Bataille de Brody (29 juillet au 2 août 1920) et le 17 c’est la bataille de Zadworze où une petite unité polonaise se sacrifie pour empêcher la prise de Lwow.

Le 29 août c’est la bataille de Zamosc et le 31 août la cavalerie de Boudienny doit lever le siège de Lwow pour tenter d’aider les troupes soviétiques retraitant depuis Varsovie.

Du 30 août au 2 septembre 1920, les polonais remportent la bataille de Komarow puis la bataille de la rivière Niemen (15 au 25 septembre 1920), bataille qui voit l’engagement de 96300 polonais contre 100000 soviétiques.

NdA ayant parlé de la guerre de Pologne plus haut j’effectue une très longue élipse dans l’histoire de l’armée de terre polonaise.

Mitteleuropa Balkans (157) Grèce (1)

UNE AUTRE SECONDE GUERRE MONDIALE

T.11 MITTELEUROPA ET BALKANS

VOLUME 5 : GRECE

Le drapeau du Royaume de Grèce de 1863 à 1924

AVANT-PROPOS

Le 22 mai 2020 j’ai commencé le tome 11 de ma gigantesque que dis-je de ma monumentale, de ma vertigineuse uchronie qui après dix tomes (T1 France T2 Allemagne T3 Grande-Bretagne T4 Etats-Unis T5 Japon T6 Italie T7 URSS T8 Dominions T9 Benelux T10 Scandinavie) comprend 8395 pages !

Le 14 janvier 2021 j’ai terminé la Yougoslavie (Tome 11 vol.4) portant le total de pages écrites à 9385 pages (NdA quand je vous dis que je vais dépasser les 10000 pages…..)

Ce Tome 11 est le dernier des tomes concernant des nations belligérantes puisque le Tome 12 sera consacré aux nations neutres.

Ce Tome 11 disposera de six volumes, le premier consacré à la Hongrie, le deuxième consacré à la Bulgarie, le troisième consacré à la Roumanie, le quatrième à la Yougoslavie, le cinquième à la Grèce et enfin le sixième à l’Etat indépendant de Slovaquie apparu au printemps 1939 suite au démantèlement de ce qui restait de la Tchécoslovaquie. Comme pour le tome 10 il y aura des nations alliées et des nations ayant appartenu à l’Axe.

L’organisation sera différente selon les volumes. Si le volume 1 ne possédait pas de partie marine, si le volume 6 consacré à la Slovaquie n’en possèdera pas non plus (et pour cause !), les volumes 2 à 5 consacré respectivement à la Bulgarie, à la Roumanie, à la Yougoslavie et à la Grèce posséderont une partie consacrée à la marine qui fera suite à la partie traditionnelle consacrée à l’histoire générale.

La troisième partie sera consacrée à l’armée de terre avec d’abord une partie sur l’histoire militaire du pays, une partie sur l’organisation générales et des plus ou moins grandes unités et enfin une partie sur l’armement et les véhicules. Je terminerai par une partie consacrée à l’armée de l’air, son histoire, son organisation et son équipement.

Après cette partie consacrée au plan général revenons un peu sur l’histoire avec un grand H. J’ai eu du mal à définir l’étendue géographique qui est nettement moins évidente que celles des deux derniers tomes (Scandinavie, Benelux). J’ai finalement choisit «Mitteleuropa et Balkans» soit en français «Europe du milieu et Balkans».

Tout comme le terme Scandinavie il est peut être inapproprié pour les puristes mais je pense que c’est pas mal (j’avais un temps pensé à «Europe danubienne et balkanique» mais cela ne me satisfaisait pas totalement).

Mis à part peut être la Grèce (et encore !) ces pays ont un point commun celle d’avoir été gravement impactés par la première guerre mondiale et les traités qui y ont mis fin.

Nous avons d’abord les pays vaincus comme la Hongrie et la Bulgarie qui ont souffert de traités particulièrement musclés notamment le pays des magyars qui passa du statut de puissance majeure au sein d’une double-monarchie austro-hongroise au statut d’une puissance de second ordre enclavée en Europe centrale. La Bulgarie avait du également rendre des comptes aux alliés occidentaux pour s’être alliée aux empires centraux.

La Yougoslavie était elle un des états issus de l’éclatement de l’empire austro-hongrois en compagnie de la Tchécoslovaquie et partiellement de la Pologne. De cet état tchécoslovaque naquit au printemps 1939 un état slovaque souverain, une souveraineté biaisée par le fait que Bratislava devait tout à l’Allemagne.

La Roumanie et la Grèce en revanche avaient appartenu au camp des vainqueurs même si leur participation à la première guerre mondiale à été plutôt limitée, Bucarest livrant une prestation catastrophique et ne devant son salut qu’à une preste assistance alliée (et surtout française) alors qu’Athènes fût engagée contrainte et forcée dans le conflit, sa participation étant parasitée par un conflit entre un premier ministre pro-allié (Venizelos) et un roi pro-allemand (Constantin 1er).

Eleftherios Venizelos

Dans l’immédiat après guerre cette région est traversée par de vigoureuses secousses entre Blancs et Rouges, entre pro-allemands et pro-alliés.

C’est aussi le théâtre d’une lutte d’influence où la France tente de nouer un réseau d’alliance pour contre une réémergence de la menace allemande et pour tendre un cordon sanitaire contre la Russie bolchevique. Pas étonnant que ces différents pays aient connu pour la plupart des régimes autoritaires souvent réactionnaires parfois fascisants.

C’est l’acte de naissance de la Petite Entente. Les français n’en sont pourtant pas à l’origine puisque son origine remonte au 14 août 1920 quand la Tchécoslovaquie, la Roumanie et le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes _Yougoslavie à partir de 1929_ signent un accord d’assitance pour se prémunir de la menace hongroise, Budapest n’ayant jamais accepté le traité du Trianon le 4 mai 1920.

Cette alliance est renforcée par des accords bilatéraux entre la Roumanie et la Tchécoslovaquie (23 avril 1921), entre la Roumanie et le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes (7 juin 1921) et entre le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes et la Tchécoslovaquie (31 août 1921). La Petite Entente entend garantir, par la force si besoin, les traités de paix.

Cette alliance est cependant imparfaite et incomplète puisque ne prenant pas en compte les autres menaces que ce soit l’URSS (vis à vis de la Roumanie), l’Italie (vis à vis de la Yougoslavie) ou encore l’Allemagne et la Pologne (vis à vis de la Tchécoslovaquie).

Suite aux accords de Locarno, la France signe des alliances militaires avec Prague (16 octobre 1925), avec Bucarest (10 juin 1926) et Belgrade (novembre 1926).

Suite aux renoncements français de la fin des années trente, ces pays vont davantage se tourner vers l’Allemagne.

Nul doute que si la guerre de Pologne était devenu un conflit mondial nul doute que cette région aurait durablement échappé aux alliés. Son arrêt brutal en décembre 1939 permet à Paris et à Londres de remettre l’ouvrage sur le métier.

Plus facile à dire qu’à faire puisque si la réputation dégringole par l’ascenseur, elle remonte par l’escalier. Il faudra du temps, de la patience, du doigté et un soupçon de chance pour rendre la région moins hostile aux alliés.

C’est ainsi que des accords formels de coopération et d’assistance militaires sont signés avec la Yougoslavie et la Grèce, le premier étant signé à Belgrade le 14 septembre 1945 et le second à Athènes le 8 octobre 1946. Des tentatives vis à vis de la Hongrie, de la Roumanie et de la Bulgarie se heurtent à une telle inertie qu’elle équivaut à une fin de non recevoir.

Cette relance est donc limitée mais s’accompagne d’une coopération politique et militaire avec notamment la livraison de matériel militaire moderne ainsi que l’envoi comme dans les années vingt de missions militaires, le général Gamelin dirigeant celle en Yougoslavie et le général Georges celle envoyée en Grèce. L’envoi de généraux ayant été aux manettes de l’armée française est très apprécié par les gouvernements concernés qui y voient une profonde marque de respect.

Quand la guerre s’annonce inévitable à très court terme la région concernée par ce tome se partage entre pays pro-alliés mais sans excès (Yougoslavie, Grèce), des pays clairement pro-allemands (Hongrie, Slovaquie, Roumanie) et une Bulgarie qui accepte de se faire courtiser par les deux camps tout en veillant à ne pas se mettre à dos la Russie qui bien que communiste est toujours considérée par nombre de bulgares comma la Troisième Rome, protectrice des slaves.

Quand la seconde guerre mondiale éclate le 5 septembre 1948 ces différents pays mobilisent mais ne s’engagent pas directement dans le conflit. Question de temps dirions nous…… .

***

Ce volume 5 concerne donc la Grèce que l’on peut considérer sans trop se tromper comme le ou du moins l’un des berceaux de la civilisation européenne.

Des civilisations brillantes se succèdent jusqu’à la conquête romaine qu’il s’agisse de la thalassocratie athénienne, de la militariste sparte (qui continue de fasciner aujourd’hui, les faibles sources permettant à chacun de projeter ses fantasmes sur la cité lacédémonienne), de Thèbes et son ordre oblique et que dire bien entendu de la Macédoine de Philippe II et d’Alexandre le Grand.

Après la conquête romaine si le monde grec perd son indépendance, elle garde son influence culturelle et même politique, l’empire romain voyant son centre de gravité basculer peu à peu vers l’Orient.

Conséquence en 330 Constantin implante une nouvelle capitale sur le site de la colonie grecque de Byzance, Constantinople.

L’empire se scinde définitivement en deux en 395 et si en 476 l’Empire Romain d’Occident disparaît, en Orient il va perdurer jusqu’en 1453 et sa chute définitive sous les coups de boutoirs des ottomans.

Les grecs vont connaître une longue période de domination ottomane, plus de trois siècles avant de retrouver son indépendance au cours du XIXème siècle après une longue guerre d’indépendance.

Une dynastie bavaroise est choisie pour diriger le pays ce qui à l’époque ne choque personne ou presque.

Othon 1er, le premier roi de la Grèce indépendante

Le pays qui est loin d’avoir atteint ses frontières actuelles (A l’époque il ne couvre que le Péloponnèse et l’Attique) va tenter de regrouper tous les hellénophones sous sa souveraineté. Si le roi Othon 1er parvient à créer une administration centralisée et à transformer Athènes en ville et capitale moderne, il ne parvient pas à réaliser tous ces projets en raison de problèmes financiers constants (lourd endettement vis à vis de la France, de la Grande-Bretagne et de la Russie) et de relations conflictuelles avec l’empire ottoman.

De nombreuses querelles intérieures empêchent la Grèce de sortir de près de quatre siècle de marasme pour devenir un état moderne et respecté. En 1862 le roi Othon 1er est renversé et remplacé par un prince de la maison de Danemark, la dynastie restant au pouvoir jusqu’à la fin des années soixante quand elle sera renversée par un coup d’état militaire qui à sa chute laissera la place à une république, toujours en place aujourd’hui.

La Grèce parvient peu à peu à agrandir son territoire en récupérant des territoires auprès de la Sublime Porte notamment la Grèce ou la Macédoine.

Durant le premier conflit mondial, la Grèce songe d’abord à rester neutre mais va être forcée de s’impliquer dans le premier conflit mondial. Aux combats sur le front balkanique s’ajoute une guerre civile entre les partisans du roi Constantin 1er et ceux du premier ministre Elefthérios Venizelos.

Constantin 1er

Dans l’immédiat après guerre, la Grèce va tenter de réaliser la Megale Idae (La Grande Idée) à savoir de regrouper dans un même état toutes les populations de langue et de culture grecque. Athènes espère profiter de la défaite de l’empire ottoman mais la guerre greco-turque de 1921/22 tourne à la catastrophe, la Grèce enterrant définitivement ses rêves expansionnistes et devant gérer l’arrivée de plusieurs millions de réfugiés suite à un échange de population avec la Turquie de Mustapha Kemal.

Cette crise provoqua la chute de la monarchie en 1924 et une expérience républicaine qui se termine en 1935 par une restauration bientôt supplantée dans les faits par la dictature de Metaxas qui tel un despote éclairé tente de sortir la Grèce de sa léthargie et de la moderniser alors que les menaces s’accumulent tout autour du pays. Nul ne peut dire ce qui se serait passé si il n’était pas mort en 1941 dans des circonstances suspectes.

Durant la Pax Armada la Grèce doit faire à une politique étrangère italienne agressive ce qui la pousse à se rapprocher mais sans excès des alliés, signant un accord de coopération militaire avec la France mais cet accord que les militaires grecs espéraient fructueux ne donnera pas les fruits escomptés sans que l’on sache si le problème est venu du côté français ou du côté grec.

En septembre 1948 la Grèce proclame sa non-belligérance. Elle annonce qu’elle prendra toutes les mesures pour préserver son territoires des opérations menées par les différents belligérants.

Des incidents vont opposer les grecs aux italiens et parfois aux alliés mais sans que cela dégénére en conflit armé et ouvert. Ce n’est que partie remise puisque le 5 mai 1949 l’Italie envahit la Grèce selon les modalités prévues par l’opération CAESAR mais cette opération censée être une promenade militaire se transforme en déroute, les grecs bien aidés par les britanniques et les français refoulant les italiens en Albanie.

ES-ce que cela signifie qu’Athènes à fait le plus dur ? Hélas pour la Grèce non puisque le 7 juillet 1949 les allemands lancent l’opération MARITSA, envahissant la Yougoslavie qui malgré une résistance formidable doit s’avouer vaincu à l’automne.

Cela à au moins permis à la Grèce de renforcer son dispositif et nul doute que si les troupes de l’Axe n’ont pu s’emparer du Péloponnèse c’est aussi parce que les yougoslaves ont résisté plusieurs mois et non quelques jours.

La Grèce est partiellement occupée mais le gouvernement grec échappe aux affres de l’exil, quittant simplement Athènes pour la Crète et Héraklion. Mieux même l’opération CATAPULT permet au gouvernement grec de récupérer de nouveaux territoires sous la forme des îles du Dodécannèse.

Après avoir reconstituée une armée et une armée de l’air, après avoir préservé sa marine, le gouvernement grec pèse de tout son poids pour faire du front balkanique non pas un front majeur mais autre chose qu’un front de fixation.

Il obtiendra gain de cause avec une série d’offensives qui permettront de libérer un territoire meurtrit par une occupation particulièrement sévère des italiens, des allemands et des bulgares, les combats provoquant in fine une famine biblique qui allait ramener la Grèce à un niveau socio-économique particulièrement bas.

Pour ne rien arranger, le second conflit mondial fait place à une guerre civile qui commence dès 1955 et s’achève en 1959 par la défaite des communistes grecs qui ne purent bénéficier du soutien soviétique.

Mitteleuropa Balkans (77) Roumanie (7)

Le Royaume de Roumanie (2) (1918-1954)

La Grande Roumanie et la guerre hungaro-roumaine

La Grande Roumanie

Carte de la Grande Roumanie

Dans l’immédiat après guerre, la Roumanie va réaliser le rêve d’un Etat regroupant tous les roumanophones. C’est la naissance de la Grande Roumanie. Cette Grande Roumanie va voir le jour en plusieurs étapes.

Le 28 novembre 1918 la Bucovine vote son rattachement à la Roumanie suivie le 1er décembre 1918 par les roumains de Transylvanie réunis à Alba Iulia. Si les saxons acceptent ce rattachement le 15 décembre, les hongrois eux confirment le 22 décembre leur attachement à la couronne de Hongrie.

A la conférence de paix de Paris la Roumanie reçoit la Transylvanie, une partie du Banat et d’autres territoires ayant appartenus à la Hongrie, la Bessarabie (partie de la Moldavie comprise entre le Prut et le Dniestr) et la Bucovine. La loi du 1er janvier 1920 ratifie ces différentes unions.

Le Traité de Trianon (1920) voit la Hongrie renoncer à la Transylvanie, le Traité de Saint-Germain-en-Laye (1919) confirme l’union de la Roumanie avec la Bucovine.

Le Traité de Paris (1920) reconnaît la domination roumaine sur la Bessarabie mais comme le Japon ne l’à pas ratifié il n’à aucune valeur.

Pour ne pas simplifier les choses les Etats-Unis ne reconnaissent pas le traité de Trianon et ont signé un traité de paix séparé avec la Hongrie le 29 août 1921. En 1923 il y eut quelques rectifications de frontière avec le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes.

C’est ainsi qu’entre 1914 et 1920 le Royaume de Roumanie à plus que doublé de superficie, passant de 120732 km² à 295049km².

Il doit désormais relever le défi d’être un état multinational avec de fortes minorités germanophones et magyarophones vis à vis duquel la politique va varier avec néanmoins une constance : une relative tolérance et non une roumanisation forcée comme les roumains de Transylvanie ont pu le subir à partir de 1867 et la fin de l’autonomie transylvaine.

La guerre hungaro-roumaine

L’armistice du 11 novembre 1918 marque la fin du premier conflit mondial mais pas des opérations. En effet les alliés s’inquiètent de la situation en Russie où les bolcheviks de Lenine et de Trotsky affrontent les armées blanches soutenus par les alliés.

On craint la contagion communiste à travers l’Europe. Pour des pays ravagés par les combats et la pauvreté, par la haine des profiteurs de guerre et par la volonté du «plus jamais ça» nul doute que les idées bolcheviques sont particulièrement attirantes.

Dans l’immédiat après guerre les troupes alliées et notamment françaises qui ont combattu sur le front macédonien restent déployées en Roumanie et dans les territoires ayant appartenu à feu l’empire austro-hongrois. Ils vont opérer contre les bolcheviques russes mais aussi contre leurs cousins hongrois qui établissent en Hongrie une république des conseils dont le leader est Béla Kun.

Béla Kun

Les roumains sont d’ailleurs intervenus en Bessarabie du 19 janvier au 5 mars 1918 dans le cadre de la guerre civile russe, intervention qui se termina par l’occupation de la Bessarabie par la Roumanie (sud et centre) et par l’Autriche-Hongrie (nord).

Seulement voilà les troupes françaises sont démoralisées et épuisées. Surtout ils se demandent pourquoi ils combattent encore alors que sur le front ouest les combats sont terminés. Des mouvements d’humeur et des mutineries éclatent ce qui entrainera le rapatriement de la flotte et du corps expéditionnaire en France et sa démobilisation.

C’est donc l’armée roumaine qui va assurer le gros du boulot. C’est le début de ce qu’on à appelé la guerre hungaro-roumaine.

Avant d’entrer dans le vif du sujet rappelons que le 16 novembre 1918 la Hongrie à proclamé la république, une république démocratique dirigée par Mihaly Karolyi.

Ce dernier est plein de bonne volonté mais il est pris entre le marteau allié qui fait preuve d’une intransigeance totale et l’enclume des extrémistes des deux bords qui sont dans une destructive surenchère.

Le 21 mars 1919 Bela Kun proclame la république des conseils. Le régime du comte Karolyi se maintient partiellement en Transylvanie où une administration mixte hungaro-roumaine se met en place sous l’égide de Gyula Peidl et du roi Ferdinand 1er de Roumanie.

La noblesse magyare propose la couronne de Hongrie au roi de Roumanie pour lier les deux pays dans une union personnelle mais ce projet ne pu aboutir. Ce projet entrainera une guerre hungaro-roumaine.

Les alliés tentent de négocier avec Bela Kun mais c’est un échec. La solution allait donc être militaire. Comme nous l’avons vu plus haut l’armée française ne peut intervenir et c’est finalement une armée franco-serbe dirigée par le général Franchet d’Esperey et une armée franco-roumaine (mais plus roumaine que franco) dirigée par Berthelot (Nda «Le gros Berthelot» comme dit Philippe Torreton dans ce splendide film qu’est Capitaine Conan) qui allaient intervenir.

Les 15 et 16 avril 1919 les hongrois lancent une attaque préventive contre les franco-roumains mais ces derniers contre-attaquent, brisant les lignes hongroises. Au début du mois de mai, les troupes d’Henri Berthelot occupent la rive est de la rivière Tisza selon le partage territorial prévu par la note Vix, note qui avait conduit à la démission de Karolyi.

Dès le 2 mai 1919 le gouvernement hongrois réclame la paix. Cela ne veut pas dire capitulation puisque le 20 mai l’armée rouge hongroise attaque et repousse les troupes tchécoslovaques et roumaines.

Le 30 mai 1919 un gouvernement anticommuniste est fondé à Szeged avec à sa tête Gyula Karolyi. En juin la conférence de paix de Paris ordonne de mettre un terme au conflit hungaro-tchèque.

Du 17 au 20 juillet 1919 les hongrois attaquent à nouveau l’armée roumaine. Cette fois cela se passe très mal pour les hongrois qui sont repoussés par les franco-roumains. Le 26 la rive est de la Tisza est à nouveau contrôlée et dans la nuit du 29 au 30 juillet la dite rivière est franchie pour permettre aux troupes alliées de mettre cap sur Budapest.

Le régime communiste hongrois se décompose. Le 1er août le gouvernement révolutionnaire démissione et Kun quitte la capitale sous la protection de la mission militaire italienne. Le 6 août la république des conseils à vécu et la république démocratique restaurée après une tentative de restauration des Habsbourgs.

L’armée franco-roumaine d’Henri Berthelot rentre le 6 août 1919 à Budapest et l’occupe jusqu’au 16 novembre quand Miklos Horthy, futur régent du royaume de Hongrie entre dans la capitale hongroise.

Le régent Horthy

La Roumanie en menant la guerre contre les communistes hongrois à sans nul doute marqué des points importants à la conférence de paix de Paris et pu ainsi obtenir la validation des rattachements des territoires peuplés de populations roumanophones.

La constitution de 1923

Le 29 mars 1923 est officiellement promulguée en Roumanie une nouvelle constitution. Appelée Constitution d’Union, elle va être en vigueur de 1923 à 1938. Elle à été abrogée par la Constitution du 27 février 1938.

Elle à pour but d’intégrer juridiquement parlant les nouveaux territoires acquis en 1918 et surtout remplacer le suffrage censitaire par le suffrage universel masculin.

Quatre projets de constitution sont présentés, un présenté par le Parti National Libéral écrit en partie par Ion I. C. Bratianu, un projet influencé par le Parti National Roumain écrit à Cluj par R. Boila, un par Constantin Stere représentant le point de vue du Parti des paysans et un quatrième par C. Berariu.

Tous sauf celui de Stere proposaient une chambre monocamérale, une représentation proportionnelle et une consultation populaire. En ce qui concerne l’organisation politique les trois projets étaient très inspirés de la Constitution en vigueur.

Un décret publié le 22 janvier 1922 prononce la dissolution du Parlement et convoque une Assemblée Constituante.

Quand les libéraux arrivent au pouvoir en 1922, ils proposent leur projet qui est adopté par la Chambre des Députés le 26 mars 1923 (247 voix contre 8, 2 abstentions) et par le Sénat le lendemain (137 voix contre 2, 2 abstentions). Sanctionné par le roi Ferdinand 1er le 28, elle est publiée le 29 mars 1923 par le Moniteur officiel de Roumanie.

Pour résumer c’est la constitution de 1866 révisée en 1879, en 1884 et 1917.

Ce texte est organisé en huit titres, le Titre 1 concerne le territoire roumain, le Titre 2 concerne les droits des roumains, le Titre 3 concerne les pouvoirs de l’Etat, le Titre 4 concerne les finances, le Titre 5 concerne les forces armées, le Titre 6 concerne les dispositions générales, le Titre 7 concerne les modalités de révision de la Constitution et le Titre 8 les dispositions transitoires et supplémentaires.

Le Titre premier (Titre 1) comprend les quatre premiers articles et concerne les limites du Royaume de Roumanie avec son organisation interne (départements ou judete eux mêmes divisés en communes).

Le Titre second (Titre II) concerne donc les droits des roumains comprennant les articles 5 à 32 avec la liberté de croyance et de conscience (articles 7 et 22), la non-reconnaissance des statuts et des privilèges et des titres de noblesse (article 10), la garantie des libertés individuelles (articles 11 et 12), la peine de mort est réservé au temps de guerre (article 16), la propriété privée est garantie (article 17), la liberté d’enseignement (article 24), la liberté d’expression (articles 25 et 26), la liberté de la correspondance (article 27), le droit d’association (article 29), le droit de pétition (article 30).

Le Titre Troisième (Titre III) concerne les pouvoirs de l’Etat. Il couvre les articles 33 à 108. Le pouvoir législatif est assuré par le roi et par la représentation nationale qui est assurée par le Sénat et l’Assemblée des Députés. Une loi doit être votée par les deux assemblées pour pouvoir être sanctionnée par le roi. Les trois branches du pouvoir législatif peuvent avoir l’initiative de la loi (articles 34 et 35).

Les membres du corps législatif sont élus pour quatre ans (article 62). L’assemblée des députés se compose (article 64) de députés par les citoyens roumains majeurs au suffrage universel égal, direct, obligatoire et secret, sur la base de la représentation des minorités.

L’élection des députés à lieu par circonscription électorale, chaque circonscription électorale ne peut être plus grande qu’un département (article 65).

Pour être élu il faut être citoyen roumain, jouir des droits civils et politiques, être âgé de 25 ans et être domicilié en Roumanie.

Le Sénat se compose de sénateurs élus et de sénateurs de droit (article 67). Tous les citoyens roumains âgés de 40 ans accomplis élisent par circonscriptions électorales qui ne peuvent être plus grandes qu’un département, au vote obligatoire, égal, direct et secret un certain nombre de sénateurs (article 68).

Les membres des conseils de département et des conseils municipaux urbains et ruraux réunis en un seul collège élisent au vote obligatoire égal, direct et secret un sénateur par département (article 69).

Les membres des chambres de commerce, d’industrie, de travail et d’agriculture réunis en collèges distincts élisent un sénateur de chaque catégorie pour chaque circonscription électorale. Ces circonscriptions électorales spéciales seront fixées par la loi électorale, leur nombre ne pouvant être supérieur à six (article 70).

Chaque université élit par le vote de ses professeurs un sénateur (article 71) et d’autres sont membres de droits (héritier du trôné âgé de 18 ans, les hauts-cadres des Eglises, le président de l’Académie roumaine). Ces personnes sont membres du Sénat tant qu’ils sont titulaires de la charge leur permettant d’accéder au Sénat (article 72 et 73).

Pour être éligible au Sénat, il fallait être citoyen roumain, jouir des droits civils et politiques, être âgé de 40 ans et être domicilié en Roumanie. Même chose pour les sénateurs de droit à l’exception de l’âge.

Un Conseil Législatif donne son avis sur les projets de lois proposés tant par le pouvoir exécutif que par le pouvoir législatif (article 76).

Le pouvoir exécutif est confié au roi (article 39) alors que le pouvoir judiciaire exercé par des organes propres, les arrêts étaient rendus en vertu de la loi et exécutés au nom du roi (article 40).

Le roi transmet à des descendants mâles et légitimes ses pouvoirs constitutionnels, les femmes et leur descendance étant exclues, les descendants devant être élevés dans la religion orthodoxe d’Orient (Article 77). En l’absence de descendance y compris par les branches collatérales, le roi pourrait choisir parmi les maisons royales d’Europe après assentiment de la représentation nationale. Durant la vacance du trône, une Lieutenance royale de trois personnes assumera la régence (Article 78 et 79). Les articles 80 à 87 précisent les pouvoirs du roi et leur évolution.

Selon l’article 88 le roi nomme et révoque ses ministres, sanctionne et promulgue les lois, peut refuser la sanction des lois, dispose du droit d’amnistie en matière politique, peut remettre ou réduire les peines en matière criminelle, peut suspendre les poursuites, nomme et confirme aux emplois publiques, chef de la force armée, distribue les décorations militaires et peut battre monnaie selon une loi spéciale et peut signer des traités avec les états étrangers. Selon l’article 89, la loi fixe la liste civile pour la durée de chaque règne.

Les ministres doivent être roumains par naissance ou naturalisation, aucun membre de la famille royale ne pouvant être ministre. Les ministres peuvent être mis en accusation par les deux assemblées, ministres jugés par la Haute-Cour de cassation et de justice.
Les tribunaux sont créés par la loi (article 101), il n’existe qu’une cour de cassation et de justice (article 102) et seule cette dernière peut juger de la constitutionnalité et de la inconstitutionnalité des lois (article 103). les juges sont inamovibles dans les conditions spéciales qur fixera la loi (article 104).

Le Titre Quatrième (Titre 4) concerne les finances du Royaume de Roumanie. Il précise les modalités de recueil de l’impôt et de son utilisation. Ce sont les articles 109 à 118 qui précisent également le vote et l’utilisation du budget.

Le Titre Cinquième (titre V) concerne la force armée et couvre les articles 119 à 123. Comme la majorité des pays à l’époque, l’armée roumaine est une armée de conscription ce qui impose par exemple un vote annuel pour le contingent appelé sous les drapeaux (article 121).

Le Titre Sixième (Titre VI) concerne les dispositions générales couvrant les articles 124 à 128. Cela concerne les couleurs du drapeau (article 124), la capitale Bucarest (article 125), la langue officielle le roumain (article 126), l’interdiction de tout serment (article 127) et sur l’impossibilité de suspendre la constitution (article 128 «La Constitution ne peut être suspendue, ni en totalité, ni en partie. En cas de danger pour l’État, l’état de siège, général ou partiel, peut être déclaré»).

Le Titre Septième (Titre 7 article 129 et 130) précise les modalités de révision de la Constitution et la Titre Huitième (Titre 8 article 131 à 138) concerne les dispositions transitoires et supplémentaires.

La période démocratique

De 1923 à 1938 la Roumanie va connaître une période de vraie démocratie. Alors que l’Europe de l’est est marquée par des régimes autoritaires d’essence souvent réactionnaire, Bucarest fait figure d’ilôt démocratique même si naturellement tout n’est pas parfait.

J’en veux pour preuve la révolte de Tartarbunary survenue du 15 au 18 septembre 1924. Il s’agit d’une révolte paysanne, d’une jacquerie mais fortement matinée d’idées bolcheviques.

Cette révolte éclate en Bessarabie, une région récemment rattachée à la Roumanie. Elle à été menée par un comité révolutionnaire pro-soviétique qui avait pour objectif de créer une république soviétique moldave et de mettre fin à ce qui était considéré comme une occupation roumaine.

Cette révolte éclate dans un contexte de relations extrêmement tendues entre la Roumanie et l’URSS. Des entrevues ont été organisées à Copenhague, à Varsovie, à Gênes et ailleurs mais aucun consensus ne put aboutir, les soviétiques considérant que la Bessarabie avait été annexée et que le vote d’union avec la Roumanie avait été biaisée par la présence de troupes roumaines.

En décembre 1923 la 6ème conférence de la Fédération Communiste Balkanique adopte une résolution condamnant l’expansionisme roumain. Il encourageait les habitants de Bessarabie, de Bucovine, de Dobroudja et de Transylvanie à «combattre pour leur auto-détermination».

Du 27 mars au 2 avril 1924 des négociations roumano-soviétiques ont lieu à Vienne pour tenter d’améliorer les relations bilatérales. Ce n’était pas facile car la Roumanie n’avait pas reconnu l’URSS et les deux pays n’entretenaient aucun relation diplomatique.

Dès le début les soviétiques réclament un plébiscite en Bessarabie mais Bucarest refuse estimant que ce plébiscite était une opération de relations publiques en faveur de l’URSS.

Le chef de la délégation roumaine fit remarquer qu’aucun plébiscite ne fût organisé dans ce qui était censé être le «paradis socialiste». Les roumains rompent les négociations le 2 avril et toutes les conditions sont réunies pour un mouvement armé d’ampleur contre Bucarest.

Ce mouvement doit entrainer une réaction vigoureuse de la Roumanie pour justifier l’intervention de l’Armée Rouge. D’autres révoltes doivent être organisées dans d’autres états de la région notamment les Etats Baltes alors indépendants. C’est à l’été que la décision est prise.

Le territoire roumain à été divisé en deux zones, une zone nord couvrant la Bucovine qui doit être la région où doit commencer la rébellion, les autres zones (Bessarabie, Dobroudja, Banat et Hongrie orientale, Manamures Hongrie orientale et Transylvanie) devant suivre dans la foulée.

Durant les négociations roumano-soviétiques à Vienne, des agents soviétiques s’infiltrent en Bessarabie du Sud avec des armes et des tracts de propagande.

Le premier incident à lieu à minuit le 11 septembre 1924 quand un groupe armé de trente hommes transporté par bateaux attaque le village de Nikolaievca près de la frontière soviéto-roumaine et sur le rivage de la mer Noire.

Ce détachement coupe les lignes de téléphone et de télégraphe, tue le maire et deux gendarmes, incendient plusieurs bâtiments dont la mairie, affichant des tracts pour pousser la population à la révolte. Une foire fût également attaquée mais l’intervention rapide des gendarmes limita les dégâts. Après cette attaque plusieurs leaders de l’opération furent arrêtés ce qui imposa aux conjurés de passer la vitesse supérieure.

Le 15 septembre 1924 au soir, une réunion à lieu à Tatarbunary. Tous les participants acceptèrent d’attaquer le soir même. La mairie est occupée et une république soviétique moldave est proclamé, république autonome intégrée à la république socialiste et soviétique d’Ukraine.

Cette attaque entraina la mort du secrétaire de mairie, le chef de la gendarmerie, deux soldats roumains et d’autres représentants de l’état roumain furent tués.

Dans la nuit deux autres groupes armés sont formés pour prendre le contrôle des villages voisins et augmenter la surface de la rébellion. Des institutions typiquement soviétiques sont mises sur pied comme des comités révolutionnaires, des unités de milices et de gardes rouges. Les rebelles étaient entre 4000 et 6000 mais la majorité étaient ukrainiens et russes avec fort peu de roumains.

Le lendemain le commandant de la gendarmerie de Bïlolïssa s’échappa à Sarata en compagnie de quatre volontaires allemands. Avec ce groupe roumain ils attaquèrent les rebelles communistes, le combat durant plusieurs heures aboutissant à la retraite des insurgés en direction de Tatarbunary.

Le gouvernement roumain réagit promptement en envoyant des unités d’artillerie au profit de son 3ème Corps d’Armée mais aussi des moyens navals. Les premières unités arrivent à Cetatea Alba dans la soirée du 16 septembre et engagea immédiatement les rebelles sur le pont reliant Tatarbunary et Bîlolîssia. L’un des leaders Ivan Bejanovici est mortellement blessé.

Les troupes roumaines continuent leur opération venant de l’ouest en direction de Strumok. Les combats sont violents mais les rebelles en fin de journée doivent battre en retraite en direction du sud à Nerushai.

Dans les premières heures du 18 septembre, les troupes roumaines bombardèrent Tatarbunary, le centre majeur de la rébellion. Nenin nouveau chef de la rébellion ordonna la retraite en direction de Desantne.

Les rebelles tentèrent de rallier la mer Noire à Volcioc près de Jibrieni mais ils furent interceptés par une patrouille de garde-frontières de vingt hommes. N’ayant plus de munitions ils furent obligés de se rendre à l’armée roumaine qui captura au total 120 hommes mais les

Les deux leaders se séparèrent, Iustin Batischcev abandonna Nenin en prenant tout l’argent restant mais fût capturé par l’armée. Il eut plus de chance que Nenin qui fût mortellement blessé par un gendarme alors qu’il tentait de gagner les rives de la mer Noire pour rallier l’URSS.

La révolte fût mâtée après trois jours de combats. 1600 personnes furent arrêtées et 3000 tués dont un certain nombre de leaders de la rébellion. Le 11 octobre 1924, 45 hommes armés tentèrent de libérer des rebelles armés près de Tuzly. Même chose six jours plus tard près de Tatarbunary.

Le procès eut lieu entre le 24 août et le 2 décembre 1925 à la cour militaire du 3ème Corps d’Armée. Sur les 1600 personnes arrêtés, 489 personnes dont seulement 9 roumains sont poursuivis d’où son nom de Procès des 500.

C’est un procès hors norme avec un dossier d’instruction de 70000 pages et un verdict nécessitant 180 pages ! Quand on ajoute au fait que la majorité ne parlait pas roumain ce qui imposait le recours à la traduction on comprend que ce procès à duré 103 jours.

Le verdict est rendu le 3 décembre 1925. Iustin Batischcev fût condamné aux travaux forcés à perpétuité (la peine la plus sévère en temps de paix), d’autres à des peines de 15 ans de travaux forcés, de 10, 5, 3, 2 ou un an de prison. A cela s’ajoute 1000 lei d’amende.

Ce procès fût naturellement très commenté dans le monde et l’image de la Roumanie en souffrit, la réponse militaire ayant été jugé disproportionée par rapport à la menace réelle. En clair la défaite militaire à été un succès de propagande pour l’idéologie soviétique.

Ceux qui avaient échappé à l’arrestation et qui s’étaient réfugiés en URSS furent victimes des Grandes Purges déclenchées à la fin des années trente.

Ils ne pouvaient de toute façon espérer aucune clémence des autorités roumaines qui par une loi du 17 décembre 1925 fit interdire le parti communiste roumaine, une interdiction qui n’allait être levé qu’en 1953 après le changement de camp de la Roumanie.

Sur le plan de la politique extérieure la Roumanie va s’inscrire dans une série d’accords que l’histoire à retenu sous le nom de Petite Entente.

Tout à commencé le 14 août 1920 quand la Tchécoslovaquie, la Roumanie et le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes Yougoslavie à partir de 1929 signent un accord d’assistance pour se prémunir de la menace hongroise, Budapest n’ayant jamais accepté le traité du Trianon signé le 4 mai 1920.

Cette alliance est renforcée par des accords bilatéraux entre la Roumanie et la Tchécoslovaquie (23 avril 1921), entre la Roumanie et le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes (7 juin 1921) et entre le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes et la Tchécoslovaquie (31 août 1921). La Petite Entente entend garantir, par la force si besoin, les traités de paix.

Cette alliance est cependant imparfaite et incomplète puisque ne prenant pas en compte les autres menaces que ce soit l’URSS (vis à vis de la Roumanie), l’Italie (vis à vis de la Yougoslavie) ou encore l’Allemagne et la Pologne (vis à vis de la Tchécoslovaquie).

Suite aux accords de Locarno, la France s’est portée garante des accords de la Petite Entente en signant des alliances militaires avec Prague (16 octobre 1925), avec Bucarest (10 juin 1926) et Belgrade (novembre 1926). Une façon de posséder une alliance de revers en cas de réémergence de la menace allemande.

Ce Petite Entente montre très vite ses limites d’autant que les différents pays se regardent parfois en chien de faïence. Nous sommes loin de la solidarité transnationale contre une menace d’un pays tiers vis à vis de l’un des signataires. Pour ne rien arranger, les renoncements français des années trente vident ces accords de leur substance.

Nul doute que si la guerre de Pologne était devenu un conflit mondial nul doute que cette région aurait durablement échappé aux alliés. Son arrêt brutal en décembre 1939 permet à Paris et à Londres de remettre l’ouvrage sur le métier.

Plus facile à dire qu’à faire puisque si la réputation dégringole par l’ascenseur, elle remonte par l’escalier. Il faudra du temps, de la patience, du doigté et un soupçon de chance pour rendre la région moins hostile aux alliés.

C’est ainsi que des accords formels de coopération et d’assistance militaires sont signés avec la Yougoslavie et la Grèce, le premier étant signé à Belgrade le 14 septembre 1945 et le second à Athènes le 8 octobre 1946. Des tentatives vis à vis de la Hongrie, de la Roumanie et de la Bulgarie se heurtent à une telle inertie qu’elle équivaut à une fin de non recevoir.

La Roumanie se rapproche également de la Pologne au travers d’une série de traités signés durant la période que l’histoire à retenu sous le nom de «Rethondes-Coblence».

Les différents traités de paix signés dans la foulée de la Conférence de paix de Paris ont permis la renaissance de la Pologne 123 ans après sa disparition et permis du côté Roumain la réalisation du vieux irrédentiste en regroupant dans un même état tous les roumanophones jadis dispersés entre la Roumanie, la Russie et l’Autriche-Hongrie.

Bucarest et Varsovie en donc tout intérêt à se rapprocher pour ne pas dilapider les fruits des traités en cas de retour au premier plan de pays vaincus comme l’Allemagne ou de pays mis au ban de la communauté internationale comme la Russie devenue l’URSS. La volonté d’imposer un «cordon sanitaire» contre le bolchevisme était également très présente chez les deux gouvernements.

Lors de la guerre polono-soviétique de 1919/20 les roumains ne s’engagèrent pas aux côtés des troupes polonaises mais acceptèrent que leur territoire serve de zone de transit pour l’armée de Varsovie qui se composait à l’époque d’un étonnant mélange de soldats, sous-officiers et officiers ayant combattu aux côtés des alliés (Armée Bleue), au sein de l’armée allemande, de l’armée austro-hongroise et même de l’armée russe.

Les roumains participèrent néanmoins à la guerre opposant les polonais à la république populaire d’Ukraine occidentale créé en Galicie à l’été 1919. En août 1919 les polonais proposèrent même un condominium polono-roumain sur l’Ukraine mais ce projet n’eut pas de suite en raison visiblement de réticences côté roumain.

Bucarest de son côté envisageait de nouer des relations diplomatiques avec la République Populaire d’Ukraine. En 1920 Pidulski l’homme fort de la Pologne proposa à nouveau un condominium sur l’Ukraine en précisant que la Roumanie pourrait administrer les rives de la mer Noire, Odessa et la Transnistrie. Là encore les roumains refusèrent de crainte d’être entrainés dans la guerre civile russe.

En dépit de ces refus roumains, les deux pays estimèrent qu’un accord était possible. C’est ainsi qu’une convention défensive est signée à Bucarest le 3 mars 1921. Valable cinq ans ce traité obligeait chaque signataire à porter assistance à l’autre en cas d’agression à sa frontière orientale ce qui faisait de ce traité une arme dirigée contre la Russie bolchévique future (1922) URSS, cette dernière venant de perdre la guerre contre la Pologne.

Les ratifications sont échangées à Bucarest le 25 juillet 1921 et le traité est enregistré dans les archives de la SDN le 24 octobre de la même année.

Si la Pologne et la Roumanie s’entendirent pour une convention défensive en revanche Bucarest échoua à convaincre Varsovie à rejoindre la Petite Entente en raison d’une série de contentieux frontaliers entre la Pologne et la Tchécoslovaquie. La Grèce également approchée refusa également.

Le traité de 1921 expirant le 3 mars 1926 les discussions pour le proroger sont lancées dès les premières semaines de l’année. Les négociations s’annoncent ardues car cette fois Varsovie veut une assistance roumaine contre l’URSS mais aussi contre l’Allemagne.

Le 26 mars 1926 la Roumanie et la Pologne signe un traité d’alliance qui élargit le champ d’application en automatisant l’assistance envers l’autre signataire et ce quelquesoit la frontière attaquée. Les ratifications sont échangées à Varsovie le 9 février 1927 et le traité est enregistré par la SDN le 7 mars suivant.

Le 15 janvier 1931 un traité de garantie est signée entre les deux pays. En octobre des rumeurs envoient même le prince Nicolas, fils de Ferdinand 1er et frère de Carol II, ancien régent de Roumanie pour son neveu Michel 1er comme nouveau roi de Pologne.

Alors que les nazis sont aux portes du pouvoir en Allemagne, la Pologne tente de sécuriser sa frontière orientale en signant un pacte de non-agression avec Moscou.

Ce traité est signé le 25 juillet 1932, les ratifications sont échangées le 23 décembre 1932, le traité est enregistré le 9 janvier 1933 par la SDN. Le 5 mars 1934 ce traité est prolongé sans modifications jusqu’au 31 décembre 1945 (sic).

Nul doute que la Roumanie aurait aimé faire pareil mais comme l’URSS ne reconnaissait la souveraineté roumaine sur la Bessarabie cela partait sur de mauvaises bases pour rester poli.

Toujours en 1932 les milieux autorisés bruissèrent de rumeurs qu’on envisageait une union personnelle de la Roumanie et de la Pologne avec un Carol II roi de Roumanie et roi de Pologne.

A partir du milieu des années trente les relations roumano-polonaises se rafraichissent puisque les intérêts des deux pays commencèrent à diverger. Bucarest signa ainsi le Pacte Balkanique (Nda voir plus loin) avec la Yougoslavie, la Turquie et la Grèce. De son côté la Pologne tenta de convaincre la Roumanie de retirer son soutien à la Tchécoslovaquie en échange d’un compromis avec la Hongrie.

En 1938 lors de la crise des Sudètes, le colonel Beck, ministre des affaires étrangères polonais proposa à la Roumanie de participer au dépeçage de la Tchécoslovaquie en soutenant l’annexion hongroise de la Ruthenie subcarpathique. Le MAE polonais espérait ainsi faire oublier à Budapest ses revendications sur la Transylvanie. Cette offre est refusée par Carol II.

Alors que de sombres nuages s’accumulent au dessus de l’Europe les deux pays décident de revenir à leurs bonnes relations des années vingt. Cette revivification des relations roumano-polonaises allait trouver son illustration dans le soutien discret mais capital de la Roumanie à la Pologne durant la guerre de trois mois (NdA l’expression «Three Month’s War guerre de trois mois est très utilisée dans les pays anglo-saxons de préférence à «Guerre de Pologne» jugée trop réductrice mais surement trop française).

Certes on ne vit pas des soldats roumains combattre bras dessus bras dessous avec leurs frères d’armes polonais (Varsovie déclina une offre roumaine car espérant une intervention franco-britannique musclée en se servant de la Roumanie comme tête de pont, on connait la suite) mais l’ouverture du territoire roumain permis à de nombreux soldats polonais à échapper à la captivité.

Ce séjour roumain fût bref puisque probablement pour éviter des complications, les troupes polonaises furent rapidement autorisées à rallier la France pour reprendre la lutte après un internement pour la forme.

Cette attitude explique probablement pourquoi malgré un rapprochement avec l’Allemagne les roumains furent obligés de dire adieu à la Grande Roumanie en cédant des territoires à la Hongrie à l’URSS et à la Bulgarie.

Cette politique ne faisait d’ailleurs pas l’unanimité en Roumanie puisque le 21 septembre 1939 le premier ministre pro-britannique Armand Calinescu fût assassiné à Bucarest par des hommes de la Garde de Fer soutenus par l’ambassade d’Allemagne ce qui entraina une crise diplomatique entre Berlin et Bucarest, les deux pays étant à deux doigts d’entrer en guerre.

Il semble que c’est l’attitude pusilanime de la France dans le conflit qui dissuada Bucarest de déclarer la guerre à l’Allemagne. L’ambassadeur fût rappelé en Allemagne et quelques lampistes furent sacrifiés

Suite à la fin de la guerre de Pologne, un gouvernement polonais en exil s’installa à Nantes mais il ne fût pas reconnu de jure par la Roumanie ce qui n’empêcha pas Bucarest de garder des canaux ouverts. On sait maintenant que des filières d’évasion existaient pour les polonais et que ces filières étaient connues des roumains en dépit de dénégations officielles.

Le Pacte ou Entente Balkanique était un traité signé par la Grèce, la Turquie, la Roumanie et la Yougoslavie le 9 février 1934 à Athènes pour maintenir le status quo dans une région qui méritait plus que jamais son surnom de «Poudrière des Balkans» tant les contentieux et les sources de conflit étaient nombreux.

Ce traité était également tourné contre une Bulgarie vaincue durant le premier conflit mondial et dont on redoutait un retour en force pour recréer une Grande Bulgarie qui avait brièvement existé après le traité de San Stefano en 1878 et que Sofia cherchait à recréer. Il s’agissait d’un véritable letmotiv de sa politique étrangère.

Ce pacte avait comme la Petite Entente de sérieuses limites, la principale étant le refus de l’Italie, de l’Albanie, de la Bulgarie, de la Hongrie et de l’URSS de signer ce texte. Le traité est enregistré par la Société des Nations (SDN) le 1er octobre 1934.

A peine quatre ans après la signature de ce pacte les signataires négocièrent le retour de la Bulgarie dans le concert des nations en signant l’Accord de Salonique. Cet accord signé dans la même ville que l’armistice qui sortit Sofia de la guerre annula les clauses des traités de Neuilly-sur-Seine et de Lausanne, traités qui sanctionnaient les défaites bulgares et ottomanes. Il permettait surtout à la Bulgarie de réarmer officiellement, chose qu’elle avait commencé clandestinement depuis longtemps.

Ce pacte littéralement vidé de sa substance par l’accord de Salonique devint une coquille vide. Il y eut bien quelques tentatives de le faire revivre mais sans succès.

Scandinavie (91) Finlande (19)

ARMEE DE L’AIR (SUOMEN ILLMAVOIMAT)

Finlande 2

Histoire

Les origines

La Suomen Illmavoimat voit officiellement le jour le 6 mars 1918 alors que la Finlande tout juste indépendante est ensanglantée par une terrible guerre civile dont la violence absolument terrifiante contraste avec le pacifisme et la tranquillité actuelle du pays.

Encore que je vais un peu vite en besogne puisque ce n’est qu’en 1928 qu’elle devient une entité autonome à l’instar quelques années plus tôt de la RAF ou de la Regia Aeronautica.

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Scandinavie (66) Finlande (4)

Enfin indépendante !

La Finlande dans la première guerre mondiale

Finlande 1920

La Finlande en 1920

Quand le premier conflit mondial éclate à l’été 1914, les russes craignent que les sujets finlandais de l’empire russe ne se révoltent et déstabilisent ce colosse aux pieds d’argile.

Ce scénario n’est pas si ahurissant que cela puisque durant la guerre russo-japonaise, un cargo chargé de fusils japonais s’était échoué sur la côté ce qui montre la volonté du Kagal de privilégier l’action directe et violente. Si le scénario d’une attaque suédoise relevait du domaine de la science fiction, en revanche la possibilité d’un bombardement allemand sur Helsinki était plus crédible.

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URSS (83) Armée de Terre (31)

Uniformes et Equipement

Avant-propos

Armée Rouge 23

Uniforme standard du frontovik avec un fusil mitrailleur Degtyarev

Dans cette partie je vais aborder tout ce qui concerne la question de l’uniforme, de l’équipement individuel et collectif. Cela concernera essentiellement le fantassin, le frontoviki mais il serait aussi question des autres armes de la RKKA comme les tankistes, les cavaliers et les artilleurs.

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URSS (68) Armée de Terre (16)

Armes blanches, Grenades et Mines

Armes blanches

La RKKA comme les autres armées ne néglige pas les armes blanches qui eux n’ont pas besoin de munitions. On trouve des couteaux de combat mais aussi des armes destinées à la cavalerie (dont l’importance est bien plus importante que dans les autres armées).

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URSS (60) Armée de Terre (8)

Une histoire de l’Armée Rouge

Premières années

A la différence des révolutionnaires russes passés qui espéraient un soulèvement des masses par des actions d’éclat (notamment l’assassinat des tsars), les bolcheviks croyaient plutôt à un parti de révolutionnaires professionnels.

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URSS (54) Armée de Terre (2)

Une histoire militaire de la Russie

Les origines

Même si le sujet concerne la RKKA (Rabochny Kres’ynaskaya Krasnaya Armiya), l’Armée Rouge des Ouvriers et des Paysans impossible si on veut être rigoureux de passer sous silence l’histoire militaire de la Russie.

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URSS (48) Bases Navales (3)

Flotte du Pacifique

Base sous-marine de Rybachi

Implantée dans la ville de Villoutchinsk, à 25km au sud-ouest de Petropavlosk-Kamtchatski, elle à été inaugurée en 1937. Elle regroupe tous les sous-marins de la flotte du Pacifique pour faciliter l’entretien, la logistique mais aussi le secret, obsession du régime stalinien.

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