A la fin du 19ème siècle des contacts sont noués entre tchèques et slovaques sur la possibilité de créer un état Tchéco-Slovaque. Tomas Masaryk premier président de la république tchécoslovaque était slovaque et partisan d’une union avec les tchèques.
Tomas Masaryk
Une union tchécoslovaque voit le jour en 1898 pour effectuer un travail de lobbying au sein de l’Autriche-Hongrie mais les tentatives pour créer un troisième pôle slave au sein de l’Autriche-Hongrie est torpillée aussi bien par les allemands que par les hongrois.
Quand le premier conflit mondial éclate les tchèques comme les slovaques présents en Autriche-Hongrie accepte sans trop broncher la mobilisation. Cette attitude qui peut étonner s’explique probablement par l’espoir qu’un tel comportement sera récompensé après guerre surtout en cas de victoire de la part des empires centraux.
Ce n’est qu’avec la dégradation causée par le conflit que les différentes nationalités de la Double-Monarchie vont aggraver les fissures d’un colosse aux pieds d’argile avant de provoquer son effondrement. De nombreux tchèques et slovaques vont déserter et vont former différentes Légions tchécoslovaques qui vont combattre aussi bien à l’ouest que sur le front russe. 1.4 million de soldats tchèques, slovaques et ruthènes furent mobilisés dans l’armée austro-hongroise avec au final 150000 morts.
En 1916 à Paris est créé le Conseil National Tchécoslovaque, un conseil animé par Tomas Masaryk, Edouard Benes et Milan Stefanik.
Le 31 mai 1918 les tchèques et les slovaques ont signé l’Accord de Pittsburgh. Il prévoit la constitution d’un Etat Tchéco-Slovaque avec une Slovaquie disposant de sa propre Assemblée ce qui aurait donné naissance à un état confédéral.
De juin à décembre 1918 le conseil est reconnu par la France, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis et le Japon comme le représentant officiel du prochain Etat tchécoslovaque. Le 14 octobre 1918 le conseil devient un gouvernement provisoire avec Masaryk comme président Benes comme ministre des affaires étrangères et Stefanik ministre de la guerre.
Le 18 octobre 1918 alors qu’il est aux Etats-Unis, Tomas Masaryk proclame l’indépendance de la Tchécoslovaquie. Il réclame l’intégration de tout le Royaume de Bohème ce que refuse les députés allemands de Bohème accompagnés par d’autres députés germanophones qui tentent d’imposer un état germano-autrichien indépendant.
L’indépendance de la Tchécoslovaquie est officiellement proclamée dans le hall Smetana de la mairie de Prague qui après avoir été la capitale du royaume de Bohème devient celle du nouvel état Tchéco-Slovaque qui ne va pas tarder à devenir Tchécoslovaque au grand dam des slovaques. Ces derniers rejoignent officiellement le nouvel état le 30 octobre 1918 lors d’une réunion dans la ville de Martin.
Béla Kun
Ultérieurement des troupes tchécoslovaques vont participer à la guerre civile russe puis interviennent contre la Hongrie des conseils de Béla Kun.
Deux traités de paix vont concerner la Tchécoslovaquie, le Traité de Saint Germain en Laye signé le 10 septembre 1919 et le Traité de Trianon signé le 4 juin 1920.
Le premier voir la Cisleithanie partie autrichienne de l’Autriche-Hongrie est disloquée et remplacée par sept états successeurs. Il est entré officiellement en vigueur le 16 juillet 1920. Les autrichiens étant considérés comme un peuple vaincu n’obtiennent pas le droit de disposer d’eux-mêmes et le texte est écrit en français, anglais, italien et russe mais pas en allemand ce qui est un signe ! Les autrichiens en colère mettent le feu à l’ambassade de France à Vienne le 23 mai 1919.
Ce texte reconnaît l’existence d’un Etat commun aux tchèques et aux slovaques. Les allemands des Sudètes et ceux d’Autriche se voient refuser l’intégration à la République de Weimar et la République allemande d’Autriche devient la République d’Autriche et se voit refuser la possibilité de réaliser l’Anschluss (article 88).
Le second voit la Hongrie être réduite à la portion congrue. Pour Budapest c’est le jour et la nuit puisqu’on passe en 1914 à une situation où 21% des sujets de la Transleithanie être non-magyars à une situation où 3.3 millions de hongrois sont sous souveraineté étrangère.
Le traité est un traumatisme majeur pour la Hongrie, représentant une histoire qui ne passe toujours pas. Même Aristide Briand et Lloyd George reconnaissent un traité injuste appuyé sur des documents mensongers.
La Slovaquie et la Ruthénie Subcarpathique rejoignent la Bohème et la Moravie pour former la Tchécoslovaquie qui comprend des tchèques, des slovaques, des ruthènes, des allemands et des hongrois.
La première république tchécoslovaque va très vite se heurter à sa composition multiethnique sans oublier des litiges frontaliers avec la Pologne mais ces derniers vont être vite réglés entre deux nouveaux états qui n’ont pas intérêt à s’affronter du moins pas dans l’immédiat.
Alors que toute l’Europe centrale et orientale succombe aux sirènes autoritaires, la Tchécoslovaquie reste une démocratie parlementaire.
Le 18 novembre 1918 Tomas Masaryk devient le premier président de la Tchécoslovaquie. La constitution tchécoslovaque est adoptée le 29 février 1920, texte qui s’inspire des lois constitutionnelles de la Troisième République.
Ce texte comprend en préambule une Loi Préliminaire de dix articles (Article I à X) qui s’occupe de la période transitoire. Le texte proprement dit appelé officiellement Charte Constitutionnelle de la République Tchécoslovaque comprend les principaux éléments suivants :
-Le Titre premier concerne les dispositions générales avec cinq articles qui traitent des dispositions générales et des principaux symboles de l’Etat.
-Le Titre 2 (articles 6 à 54) s’occupe du pouvoir législatif. Ce dernier est assuré par l’Assemblée Nationale qui comporte une Chambre des Députés et un Sénat.
La chambre des députés comprend 300 députés élus au suffrage universel à la proportionnelle pour six ans alors que le Sénat est composé de 150 membres élus de la même façon mais pour huit ans.
-Le Titre 3 (Article 55 à 93) concerne le pouvoir exécutif. Le président de la république est élu par l’Assemblée Nationale. Il doit être citoyen tchécoslovaque, éligible à la Chambre des députés et âgé d’au moins 35 ans.
Pour que l’élection soit valide les députés et les sénateurs présents doivent représenter la majorité absolue (soit 226) et l’élection se fait à la majorité des 3/5. Après deux tours si il n’y à pas de vainqueurs, les candidats en tête sont départagés au plus grand nombre de suffrage lors d’un nouveau scrutin. Si l’égalité persiste, on laisse le sort décider.
Le président est élu pour sept ans avec deux mandats consécutifs. Il doit ensuite attendre un délai de sept ans avant un éventuel nouveau mandat.
Il nommé et révoque le président du gouvernement et les ministres. Ces pouvoirs sont plus étendus que ceux de son homologue français.
-Le Titre IV concerne le pouvoir judiciaire (Article 94 à 105)
-Le Titre V (article 106 à 127) concerne les droits, les libertés et les devoirs des citoyens avec l’égalité (art.106), la liberté de la personne et de la propriété (art. 107 à 111), la liberté de domicile (Art. 112), la liberté de la presse, le droit de réunion et d’association (art.113 et 114), le droit de pétition (Art.115), le secret de la correspondance (Art.116), la liberté d’enseignement, de conscience et d’opinion (Art.117 à 125), le mariage et la famille (Art.126) et les devoirs militaires (Art.127).
-Le Titre VI concerne la protection des minorités nationales, religieuses et raciales (Articles 128 à 134).
La République Tchécoslovaque refuse d’accéder à la volonté des hongrois et des allemands de retrouver respectivement la Hongrie et l’Allemagne.
Les débuts du nouvel état sont difficiles avec une République slovaque des conseils soutenus par leurs homologues hongrois mais cette république est éphémère (16 juin au 7 juillet 1919), la république ne résistant à la défaite de la Hongrie de Béla Kun face aux troupes roumaines.
Les premières élections législatives ont lieu le 18 avril 1920. Le choix de la proportionnelle si elle est louable pour permettre à tous les courants politiques d’être représentés fragilise le pouvoir exécutif qui doit faire face à une forte instabilité gouvernementale.
Certaines années pas moins de neuf partis étaient nécessaires pour soutenir le gouvernement. Il faut dire qu’à la division politique et idéologique s’ajoute la division ethnique, chaque nationale ayant pour ainsi dire son parti social-démocrate, son parti agrarien, son parti libéral……. .
En 1921 la République Tchécoslovaque comprend 13 613 172 habitants répartis entre 51% de tchèques, 23.4% d’allemands (Allemands des Sudètes et des Carpathes), 14% de slovaques, 5.5% de hongrois, 3.4% de ruthènes, 1.3% de juifs germanophones et 1.4% de divers (essentiellement des polonais, des roumains et des roms).
Dans un premier temps ce sont les sociaux-démocrates qui dominent avant d’être progressivement évincés par les agrariens.
La présidence de la République est plus stable. Non concerné par la règle des deux mandats consécutifs, Tomas Masaryk élu en 1920 est réelu en 1927 puis en 1934. Il se retire en 1935 à l’âge de 87 ans, remplacé par Edouard Benes.
Sur le plan de la politique extérieure c’est la période de la Petite Entente, une série de traités d’alliance avec la Yougoslavie et la Roumanie pour s’opposer à une Hongrie qui n’à pas digéré le traité de Trianon, probablement le plus dur de tous les traités de paix.
Malgré sa dénomination française Les français n’en sont pas les initiateurs puisque son origine remonte au 14 août 1920 quand la Tchécoslovaquie, la Roumanie et le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes _Yougoslavie à partir de 1929_ signent un accord d’assistance pour se prémunir de la menace hongroise, Budapest n’ayant jamais accepté le traité du Trianon.
Cette alliance est renforcée par des accords bilatéraux entre la Roumanie et la Tchécoslovaquie (23 avril 1921), entre la Roumanie et le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes (7 juin 1921) et entre le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes et la Tchécoslovaquie (31 août 1921).
La Petite Entente entend garantir, par la force si besoin, les traités de paix. Cette alliance est cependant imparfaite et incomplète puisque ne prenant pas en compte les autres menaces que ce soit l’URSS (vis à vis de la Roumanie), l’Italie (vis à vis de la Yougoslavie) ou encore l’Allemagne et la Pologne (vis à vis de la Tchécoslovaquie).
Suite aux accords de Locarno, la France signe des alliances militaires avec Prague (16 octobre 1925), avec Bucarest (10 juin 1926) et Belgrade (novembre 1926).
On verra que les traités d’assistance c’est comme les promesses cela n’engage que ceux qui y croient.
Avant de former un état ce sont des régions et des territoires plus ou moins autonomes et plus ou moins indépendants.
Bohème
Le Royaume de Bohème (en rouge vif) en 1618
-Le nom Bohème (en tchèque Cechy et en allemand Böhmen) vient d’un peuple vivant jadis dans la région les Celtes Boeins nom auquel fût accolé le terme germanique de Heim (hameau). C’est une région de plateaux fertiles que ces celtes auraient occupé au début du 6ème siècle avant notre ère mais naturellement les sources historiques manquent pour avoir une date précise.
-Les Boeins auraient été chassés à l’époque d’Auguste par les marcomans avant de se fondre chez un autre peuple germanique, les Bavaari (qui à donné le nom de Bavière).
-Les Slaves arrivent dans la région au 6ème siècle et au siècle suivant un royaume slave de Bohème aurait existé. Je dis bien aurait car là encore les sources historiques manquent.
-En 1086 le duc Vratislav II de Bohème de la dynastie des Premysildes devient roi quand la Bohème passe du rang ducal au rang royal suite à un décret prit par l’empereur germanique Henri IV. Ce royaume rentre immédiatement dans l’orbite du Saint Empire Romain Germanique né en 962 quand Othon 1er roi de Germanie relève une couronne impériale sans titulaire et sans existence depuis 888 et la mort de Charles le Gros.
-C’est également à cette époque que commence la colonisation germanique de la Bohème, une colonisation qui concerne d’abord les territoires forestiers de l’ouest peu peuplés puis les villes où allemands, juifs et Roms (qui héritent à cette époque du surnom de Bohémiens) cohabitent avec les tchèques.
Au 15ème et au 16ème siècle la Bohème connait un véritable age d’or avec un développement économique et culturel remarquable.
En 1526 le roi Louis II de Hongrie de la dynastie des Jagellon est tué par les ottomans à la bataille de Mohacs. C’est la fin de l’indépendance hongroise et le début de son morcellement.
Son beau-frère Ferdinand d’Autriche qui était aussi frère de Charles Quint devient roi de Bohème marquant l’intégration de la Bohème dans les territoires patrimoniaux de la maison d’Autriche même si officiellement et jusqu’en 1547 la couronne de Bohème est élective. A partir de cette date jusqu’en 1918 la couronne de Bohème devient héridtaire au sein de la Maison de Habsbourg (Habsbourg-Lorraine en 1780) à l’exception de quelques mois en 1619 et 1629.
A partir du 17ème siècle la situation se dégrade avec les guerres de religion et surtout la terrible guerre de Trente Ans qui ravage les pays allemands et leurs dépendances immédiates, les armées vivant sur le pays les conséquences pour les populations civiles sont absolument terrifiantes.
En 1918 la Bohème va intégrer la Tchécoslovaquie, sa ville principale Prague devenant la capitale du nouvel état. Amputé de plusieurs territoires au moment des Accords de Munich, affaiblie par l’autonomie slovaque, la Tchécoslovaquie cesse d’exister le 14 mars 1939 quand les allemands envahissent le pays sans que les alliés occidentaux ne réagissent. Le lendemain 15 mars la Slovaquie sous la pression des allemands et pour éviter une annexion par la Hongrie proclame son «indépendance» pendant que la Bohême-Moravie devient un protectorat, situation qui allait durer près de quinze ans.
Moravie
Cette région appelée Morava en tchèque et Mähren en allemand est indissolublement associée à la Bohème voisine, l’union définitive datant du premier tiers du 11ème siècle. Ses villes principales sont Brno et Olomouc.
Dans l’antiquité la région est peuplée par les celtes qui sont ensuite remplacés par différentes peuplades germaniques. Au 3ème siècle de notre ère on trouve des traces de peuplement lombard, un peuple venu de Scandinavie et qui allait donner son nom à une région d’Italie.
Au 6ème siècle comme en Bohème les slaves occupent la région mais sont tiraillés entre l’influence franque à l’ouest et l’influence des avars à l’est.
Au 9ème siècle (833) une Grande Moravie voit le jour, regroupant le nord de l’Autriche et de la Hongrie actuelle, l’ouest de l’Ukraine Subcarpathique et un peu plus tard d’une partie de la Bohéme et de l’est de la Silésie.
A partir de 863 deux missionaires, Cyrille et Methode entame l’évangélisation et la christianisation de la région.
Cette Grande Moravie à une existence éphémère et la région se lie à la Bohème à une date inconnue (1019 ou 1029 selon les sources). La Moravie intègre de facto le Saint Empire Romain Germanique et la Maison d’Autriche. En 1182 la Moravie devient un magraviat.
En 1806 la Moravie tout comme la Bohème intègre l’Empire d’Autriche qui succède au St Empire Romain Germanique puis à partir de 1867 à l’Empire d’Autriche-Hongrie, la Moravie dépendant de la partie autrichienne de la Double-Monarchie à savoir la Cisleithanie.
En 1918 elle intègre la Tchécoslovaquie puis au printemps 1939 le Protectorat (Reichsprotektorate) de Bohême-Moravie, situation qui dure jusqu’à la reconstitution d’une Tchécoslovaquie indépendante à la fin du second conflit mondial en Europe.
Slovaquie
La Slovaquie en 1943
Tout comme la Bohème et la Moravie la Slovaquie est peuplée durant la période antique de celtes venus des Alpes du centre de l’Allemagne. Ils s’y installent vers la fin du 2ème siècle avant notre ère.
Ils introduisent la civilisation de la Tène dans la région du Danube, construisant des enceintes fortifiées appelées oppidum et sont les premiers à battre monnaie. Il existe une forme de proto-état avec un oppidum «panceltique» près de l’actuelle Bratislava.
A la fin du 1er siècle les celtes de la région sont chassés à la fois par la poussée romaine et par la poussée de différents peuples germains notamment les marcomans et les quades.
Les Slaves arrivent dans la région vers l’an 500 et cohabitent un temps avec les gépides, les lombards et les turbulents avars avec lesquels les rapports sont immédiatement conflictuels. Les slaves profitent de l’affaiblissement des avars qui doivent affronter les byzantins.
A la fin du 7ème siècle deux principautés voient le jout sur l’actuel territoire slovaque, la Morava centrée sur l’ouest de la Slovaquie et la Moravie et la Nitra centrée sur l’ouest et le centre de la Slovaquie, les Carpathes blanches font office de séparateur.
Au cours de la 1ère moitié du 8ème siècle est amorcé un processus de christianisation et d’évangélisation, processus poursuivie par le Royaume de Francie orientale de Louis le Germanique qui après le traité de Verdun (843) _plus connu pour être le premier texte rédigé dans ce qui s’approche le plus du français et de l’allemand que pour ses clauses politiques_ se concentre sur ses marches orientales, véritables front pionniers et terres de mission à évangéliser et à coloniser.
C’est peu avant cet événement qu’avait vu le jour une Grande Moravie qui reste un état vassal de la Francie orientale, la faute à une instabilité chronique habilement exploitée par les voisins pour éviter de voir naitre un géant en Europe centrale. Une guerre aux résultats incertains opposent les francs alliés aux bulgares et les moraves.
En 862 les frères Cyrille et Methode arrivent en Moravie pour procéder à l’évangélisation de la région. Ce choix de se tourner vers Byzance répond à une volonté des moraves d’équilibrer les influences occidentales et orientales.
A cela s’ajoute vraisemblablement une plus grande souplesse des missionnaires qu’on appelle pas encore orthodoxes que de leurs homologues occidentaux ainsi qu’une volonté de la papauté de ne pas trop renforcer les évêques de Bavière qui lorgnent sur la région.
En dépit de cette évangélisation byzantine la Moravie reste politiquement parlant sous l’influence des francs.
Au 11ème siècle l’actuelle Slovaquie intègre le Royaume de Hongrie. En 1541 la ville de Buda tombe aux mains des ottomans. Par la force des choses la ville de Presbourg future Bratislava devient la capitale et la ville de couronnement des rois de Hongrie.
Au XVIIIème siècle on assiste à un éveil identitaire des slovaques. En 1787 dans le contexte des Lumières une première codification de la langue slovaque est réalisée. Ce réveil culturel se fait également dans le contexte de l’émergence de l’idéologie panslaviste.
En 1847 les catholiques et les luthériens s’entendent sur une langue slovaque commune.
L’année suivante au cours du Printemps des Peuples les slovaques se rangent du côté des autrichiens contre les hongrois ce qui n’empêche pas le nationalisme slovaque de continuer sa croissance et son développement.
En 1867 le compromis qui fait suite à la défaite de Sadowa exclue les slaves. Au projet d’une monarchie confédérale on préfère une monarchie duale avec les autrichiens et les hongrois. La Slovaquie dépend alors de la Transleithanie, la partie magyare de la Double-Monarchie. Le nationalisme slovaque connait un véritable coup de frein.
En 1918 l’Autriche-Hongrie véritable colosse aux pieds d’argile s’effondre. Les slovaques intègre un nouvel état la Tchéco-Slovaquie qui devient très vite la Tchécoslovaquie. Plus riches, plus puissants, les tchèques ne tardent pas à prendre les commandes du pays, cachant mal le mépris que leur inspire des slovaques plus ruraux et plus catholiques alors que les tchèques sont davantage athées voir a minima déchristianisés.
En 1938 la Slovaquie devient autonome suite aux accords de Munich, autonomie qui devient «indépendance» le 15 mars 1939 sous la pression des allemands prêts à rendre la Slovaquie à une Hongrie revancharde qui n’avait pas oublié le traité de Trianon qui avait réduit son territoire historique à la portion congrue.
La Slovaquie devient un état autoritaire, nationaliste, antisémite dirigé par un prêtre, Josef Tiso, l’Etat devenant un satellite de l’Allemagne et le restera jusqu’à la fin du second conflit mondial qui voit la fin de l’indépendance slovaque qui réintègre une Tchécoslovaquie qui ne tarde pas elle à aussi à replonger dans l’autoritarisme, un autoritarisme communiste mais un autoritarisme quand même.
Le 22 mai 2020 j’ai commencé le tome 11 de ma gigantesque que dis-je de ma monumentale, de ma vertigineuse uchronie qui après dix tomes (T1 France T2 Allemagne T3 Grande-Bretagne T4 Etats-Unis T5 Japon T6 Italie T7 URSS T8 Dominions T9 Benelux T10 Scandinavie) comprend 8395 pages !
Le 14 janvier 2021 j’ai terminé la Yougoslavie (Tome 11 vol.4) portant le total de pages écrites à 9385 pages (NdA quand je vous dis que je vais dépasser les 10000 pages…..)
Ce Tome 11 est le dernier des tomes concernant des nations belligérantes puisque le Tome 12 sera consacré aux nations neutres.
Ce Tome 11 disposera de six volumes, le premier consacré à la Hongrie, le deuxième consacré à la Bulgarie, le troisième consacré à la Roumanie, le quatrième à la Yougoslavie, le cinquième à la Grèce et enfin le sixième à l’Etat indépendant de Slovaquie apparu au printemps 1939 suite au démantèlement de ce qui restait de la Tchécoslovaquie. Comme pour le tome 10 il y aura des nations alliées et des nations ayant appartenu à l’Axe.
L’organisation sera différente selon les volumes. Si le volume 1 ne possédait pas de partie marine, si le volume 6 consacré à la Slovaquie n’en possèdera pas non plus (et pour cause !), les volumes 2 à 5 consacré respectivement à la Bulgarie, à la Roumanie, à la Yougoslavie et à la Grèce posséderont une partie consacrée à la marine qui fera suite à la partie traditionnelle consacrée à l’histoire générale.
La troisième partie sera consacrée à l’armée de terre avec d’abord une partie sur l’histoire militaire du pays, une partie sur l’organisation générales et des plus ou moins grandes unités et enfin une partie sur l’armement et les véhicules. Je terminerai par une partie consacrée à l’armée de l’air, son histoire, son organisation et son équipement.
Après cette partie consacrée au plan général revenons un peu sur l’histoire avec un grand H. J’ai eu du mal à définir l’étendue géographique qui est nettement moins évidente que celles des deux derniers tomes (Scandinavie, Benelux). J’ai finalement choisit «Mitteleuropa et Balkans» soit en français «Europe du milieu et Balkans».
Tout comme le terme Scandinavie il est peut être inapproprié pour les puristes mais je pense que c’est pas mal (j’avais un temps pensé à «Europe danubienne et balkanique» mais cela ne me satisfaisait pas totalement).
Mis à part peut être la Grèce (et encore !) ces pays ont un point commun celle d’avoir été gravement impactés par la première guerre mondiale et les traités qui y ont mis fin.
Nous avons d’abord les pays vaincus comme la Hongrie et la Bulgarie qui ont souffert de traités particulièrement musclés notamment le pays des magyars qui passa du statut de puissance majeure au sein d’une double-monarchie austro-hongroise au statut d’une puissance de second ordre enclavée en Europe centrale. La Bulgarie avait du également rendre des comptes aux alliés occidentaux pour s’être alliée aux empires centraux.
La Yougoslavie était elle un des états issus de l’éclatement de l’empire austro-hongrois en compagnie de la Tchécoslovaquie et partiellement de la Pologne. De cet état tchécoslovaque naquit au printemps 1939 un état slovaque souverain, une souveraineté biaisée par le fait que Bratislava devait tout à l’Allemagne.
La Roumanie et la Grèce en revanche avaient appartenu au camp des vainqueurs même si leur participation à la première guerre mondiale à été plutôt limitée, Bucarest livrant une prestation catastrophique et ne devant son salut qu’à une preste assistance alliée (et surtout française) alors qu’Athènes fût engagée contrainte et forcée dans le conflit, sa participation étant parasitée par un conflit entre un premier ministre pro-allié (Venizelos) et un roi pro-allemand (Constantin 1er).
Eleftherios Venizelos
Dans l’immédiat après guerre cette région est traversée par de vigoureuses secousses entre Blancs et Rouges, entre pro-allemands et pro-alliés.
C’est aussi le théâtre d’une lutte d’influence où la France tente de nouer un réseau d’alliance pour contre une réémergence de la menace allemande et pour tendre un cordon sanitaire contre la Russie bolchevique. Pas étonnant que ces différents pays aient connu pour la plupart des régimes autoritaires souvent réactionnaires parfois fascisants.
C’est l’acte de naissance de la Petite Entente. Les français n’en sont pourtant pas à l’origine puisque son origine remonte au 14 août 1920 quand la Tchécoslovaquie, la Roumanie et le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes _Yougoslavie à partir de 1929_ signent un accord d’assitance pour se prémunir de la menace hongroise, Budapest n’ayant jamais accepté le traité du Trianon le 4 mai 1920.
Cette alliance est renforcée par des accords bilatéraux entre la Roumanie et la Tchécoslovaquie (23 avril 1921), entre la Roumanie et le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes (7 juin 1921) et entre le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes et la Tchécoslovaquie (31 août 1921). La Petite Entente entend garantir, par la force si besoin, les traités de paix.
Cette alliance est cependant imparfaite et incomplète puisque ne prenant pas en compte les autres menaces que ce soit l’URSS (vis à vis de la Roumanie), l’Italie (vis à vis de la Yougoslavie) ou encore l’Allemagne et la Pologne (vis à vis de la Tchécoslovaquie).
Suite aux accords de Locarno, la France signe des alliances militaires avec Prague (16 octobre 1925), avec Bucarest (10 juin 1926) et Belgrade (novembre 1926).
Suite aux renoncements français de la fin des années trente, ces pays vont davantage se tourner vers l’Allemagne.
Nul doute que si la guerre de Pologne était devenu un conflit mondial nul doute que cette région aurait durablement échappé aux alliés. Son arrêt brutal en décembre 1939 permet à Paris et à Londres de remettre l’ouvrage sur le métier.
Plus facile à dire qu’à faire puisque si la réputation dégringole par l’ascenseur, elle remonte par l’escalier. Il faudra du temps, de la patience, du doigté et un soupçon de chance pour rendre la région moins hostile aux alliés.
C’est ainsi que des accords formels de coopération et d’assistance militaires sont signés avec la Yougoslavie et la Grèce, le premier étant signé à Belgrade le 14 septembre 1945 et le second à Athènes le 8 octobre 1946. Des tentatives vis à vis de la Hongrie, de la Roumanie et de la Bulgarie se heurtent à une telle inertie qu’elle équivaut à une fin de non recevoir.
Cette relance est donc limitée mais s’accompagne d’une coopération politique et militaire avec notamment la livraison de matériel militaire moderne ainsi que l’envoi comme dans les années vingt de missions militaires, le général Gamelin dirigeant celle en Yougoslavie et le général Georges celle envoyée en Grèce. L’envoi de généraux ayant été aux manettes de l’armée française est très apprécié par les gouvernements concernés qui y voient une profonde marque de respect.
Quand la guerre s’annonce inévitable à très court terme la région concernée par ce tome se partage entre pays pro-alliés mais sans excès (Yougoslavie, Grèce), des pays clairement pro-allemands (Hongrie, Slovaquie, Roumanie) et une Bulgarie qui accepte de se faire courtiser par les deux camps tout en veillant à ne pas se mettre à dos la Russie qui bien que communiste est toujours considérée par nombre de bulgares comma la Troisième Rome, protectrice des slaves.
Quand la seconde guerre mondiale éclate le 5 septembre 1948 ces différents pays mobilisent mais ne s’engagent pas directement dans le conflit. Question de temps dirions nous…… .
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Ce volume 5 concerne donc la Grèce que l’on peut considérer sans trop se tromper comme le ou du moins l’un des berceaux de la civilisation européenne.
Des civilisations brillantes se succèdent jusqu’à la conquête romaine qu’il s’agisse de la thalassocratie athénienne, de la militariste sparte (qui continue de fasciner aujourd’hui, les faibles sources permettant à chacun de projeter ses fantasmes sur la cité lacédémonienne), de Thèbes et son ordre oblique et que dire bien entendu de la Macédoine de Philippe II et d’Alexandre le Grand.
Après la conquête romaine si le monde grec perd son indépendance, elle garde son influence culturelle et même politique, l’empire romain voyant son centre de gravité basculer peu à peu vers l’Orient.
Conséquence en 330 Constantin implante une nouvelle capitale sur le site de la colonie grecque de Byzance, Constantinople.
L’empire se scinde définitivement en deux en 395 et si en 476 l’Empire Romain d’Occident disparaît, en Orient il va perdurer jusqu’en 1453 et sa chute définitive sous les coups de boutoirs des ottomans.
Les grecs vont connaître une longue période de domination ottomane, plus de trois siècles avant de retrouver son indépendance au cours du XIXème siècle après une longue guerre d’indépendance.
Une dynastie bavaroise est choisie pour diriger le pays ce qui à l’époque ne choque personne ou presque.
Othon 1er, le premier roi de la Grèce indépendante
Le pays qui est loin d’avoir atteint ses frontières actuelles (A l’époque il ne couvre que le Péloponnèse et l’Attique) va tenter de regrouper tous les hellénophones sous sa souveraineté. Si le roi Othon 1er parvient à créer une administration centralisée et à transformer Athènes en ville et capitale moderne, il ne parvient pas à réaliser tous ces projets en raison de problèmes financiers constants (lourd endettement vis à vis de la France, de la Grande-Bretagne et de la Russie) et de relations conflictuelles avec l’empire ottoman.
De nombreuses querelles intérieures empêchent la Grèce de sortir de près de quatre siècle de marasme pour devenir un état moderne et respecté. En 1862 le roi Othon 1er est renversé et remplacé par un prince de la maison de Danemark, la dynastie restant au pouvoir jusqu’à la fin des années soixante quand elle sera renversée par un coup d’état militaire qui à sa chute laissera la place à une république, toujours en place aujourd’hui.
La Grèce parvient peu à peu à agrandir son territoire en récupérant des territoires auprès de la Sublime Porte notamment la Grèce ou la Macédoine.
Durant le premier conflit mondial, la Grèce songe d’abord à rester neutre mais va être forcée de s’impliquer dans le premier conflit mondial. Aux combats sur le front balkanique s’ajoute une guerre civile entre les partisans du roi Constantin 1er et ceux du premier ministre Elefthérios Venizelos.
Constantin 1er
Dans l’immédiat après guerre, la Grèce va tenter de réaliser la Megale Idae (La Grande Idée) à savoir de regrouper dans un même état toutes les populations de langue et de culture grecque. Athènes espère profiter de la défaite de l’empire ottoman mais la guerre greco-turque de 1921/22 tourne à la catastrophe, la Grèce enterrant définitivement ses rêves expansionnistes et devant gérer l’arrivée de plusieurs millions de réfugiés suite à un échange de population avec la Turquie de Mustapha Kemal.
Cette crise provoqua la chute de la monarchie en 1924 et une expérience républicaine qui se termine en 1935 par une restauration bientôt supplantée dans les faits par la dictature de Metaxas qui tel un despote éclairé tente de sortir la Grèce de sa léthargie et de la moderniser alors que les menaces s’accumulent tout autour du pays. Nul ne peut dire ce qui se serait passé si il n’était pas mort en 1941 dans des circonstances suspectes.
Durant la Pax Armada la Grèce doit faire à une politique étrangère italienne agressive ce qui la pousse à se rapprocher mais sans excès des alliés, signant un accord de coopération militaire avec la France mais cet accord que les militaires grecs espéraient fructueux ne donnera pas les fruits escomptés sans que l’on sache si le problème est venu du côté français ou du côté grec.
En septembre 1948 la Grèce proclame sa non-belligérance. Elle annonce qu’elle prendra toutes les mesures pour préserver son territoires des opérations menées par les différents belligérants.
Des incidents vont opposer les grecs aux italiens et parfois aux alliés mais sans que cela dégénére en conflit armé et ouvert. Ce n’est que partie remise puisque le 5 mai 1949 l’Italie envahit la Grèce selon les modalités prévues par l’opération CAESAR mais cette opération censée être une promenade militaire se transforme en déroute, les grecs bien aidés par les britanniques et les français refoulant les italiens en Albanie.
ES-ce que cela signifie qu’Athènes à fait le plus dur ? Hélas pour la Grèce non puisque le 7 juillet 1949 les allemands lancent l’opération MARITSA, envahissant la Yougoslavie qui malgré une résistance formidable doit s’avouer vaincu à l’automne.
Cela à au moins permis à la Grèce de renforcer son dispositif et nul doute que si les troupes de l’Axe n’ont pu s’emparer du Péloponnèse c’est aussi parce que les yougoslaves ont résisté plusieurs mois et non quelques jours.
La Grèce est partiellement occupée mais le gouvernement grec échappe aux affres de l’exil, quittant simplement Athènes pour la Crète et Héraklion. Mieux même l’opération CATAPULT permet au gouvernement grec de récupérer de nouveaux territoires sous la forme des îles du Dodécannèse.
Après avoir reconstituée une armée et une armée de l’air, après avoir préservé sa marine, le gouvernement grec pèse de tout son poids pour faire du front balkanique non pas un front majeur mais autre chose qu’un front de fixation.
Il obtiendra gain de cause avec une série d’offensives qui permettront de libérer un territoire meurtrit par une occupation particulièrement sévère des italiens, des allemands et des bulgares, les combats provoquant in fine une famine biblique qui allait ramener la Grèce à un niveau socio-économique particulièrement bas.
Pour ne rien arranger, le second conflit mondial fait place à une guerre civile qui commence dès 1955 et s’achève en 1959 par la défaite des communistes grecs qui ne purent bénéficier du soutien soviétique.
Pierre 1er (Belgrade 11 juillet (29 juin calendrier julien) 1844-16 août 1921) peut se targuer d’être le dernier roi de Serbie (15 juin 1903-1er décembre 1918) et le premier des trois rois de Yougoslavie (1er décembre 1918-16 août 1921). Ayant vécu une partie de sa vie en exil, il participe à la guerre de 1870 (après avoir été formé à Saint Cyr et à l’Ecole Militaire de Metz) au sein de la Légion Etrangère, à la Commune de Paris (sans que l’on sache les détails de son action) puis au soulèvement de la Bosnie-Herzégovine (1875-1877).
Il s’est marié en 1883 à la princesse Zorka du Monténégro (fille de Nicolas 1er) qui lui donna cinq enfants (dont trois seulement arriveront à l’âge adulte) dont le prince Alexandre futur Alexandre 1er de Yougoslavie.
A la mort de son père en 1885, il devient le chef de la maison Karadjordjevic, les rivaux de la maison Obrenovic. Après le coup d’état et le meurtre d’Alexandre 1er Obrenovic en mai 1903 il devient roi de Serbie à l’âge de 59 ans.
Il est couronné le 21 septembre 1904. Si le meurtre d’Alexandre, de son épouse et de sa famille choque, les répercussions pratiques sont faibles.
Roi libéral et modéré, il incarne la nation serbe durant le premier conflit mondial même si en pratique c’est son fils Alexandre qui gérait les affaires courante en qualité de régent. Sur le plan de la politique étrangère il rompt avec l’usage de son prédecesseur, s’éloignant de l’Autriche-Hongrie pour se rapprocher de la Russie. Il engage la Serbie dans les deux guerres balkaniques ce qui permet à la Serbir d’augmenter substantiellement sa superficie en direction du sud.
Son règne jusqu’en 1914 est vu comme un âge d’or avec une liberté quasiment totale ce qui contrastait avec les états voisins. Il fût vu comme le champion de l’idée yougo-slave.
Déjà malade en 1914, il n’hésite cependant pas à visiter les tranchées pour soutenir le moral de son armée. Après l’anabase du peuple serbe, il se réfugie à Corfou où il reste jusqu’en juillet 1919 date à laquelle il rentre à Belgrade. Il meurt deux ans plus tard à l’âge de 77 ans. Il est enterré dans l’Eglise Saint George près de Topola dans le centre de la Serbie.
Alexandre 1er
Alexandre II de Serbie puis Alexandre 1er de Yougoslavie (Cetinje 16 décembre 1888 Marseille 9 octobre 1934) est le deuxième monarque à régné sur le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes.
Deuxième fils de Pierre 1er (1844-1921), roi de Serbie de 1903 à 1918 puis roi des serbes, croates et slovènes (1918-1921).
Il est le troisième enfant du «Roi Libérateur» après sa sœur ainée Hélène née en 1884 et son frère Georges né en 1886 mais qui est exclu de la succession en 1909 pour avoir battu à mort son valet de chambre (Il entrera en conflit avec son cadet sera emprisonné en 1925, libéré par son neveu mais devant de nouvelles manigances il sera exilé et ne retrouvera la Yougoslavie qu’en 1972 peu avant sa mort).
Le 8 juin 1922, il épouse la princesse Marie de Roumanie qui lui donne trois enfants, trois fils le futur Pierre II né le 6 septembre 1923, son frère Tomislav Karadjordjevic né le 19 janvier 1928 et le cadet Andrej né non pas à Belgrade comme ses ainés mais à Bled en Slovénie le 28 juin 1929.
Il participe aux deux guerres balkaniques, participation dont il retire un certain prestige ce qui explique peut être pourquoi son père déjà âgé en 1914 (70 ans) lui confie la régence alors que la guerre s’annonce chaque jour plus menaçante.
La Serbie est occupée en 1915 mais Belgrade est parvenu non sans mal à exfiltrer soldats et civils permettant de continuer une lutte qui rendit Alexandre très populaire en France.
Le 1er décembre 1918 le royaume des Serbes, Croates et Slovènes voit officiellement le jour. Pierre 1er est officiellement le roi mais en pratique âgé et malade la régence d’Alexandre se poursuit et ne prends fin que le 16 août 1921 date à laquelle la mort de son père fait de lui le deuxième roi du nouvel état sous le nom d’Alexandre 1er.
Roi volontaire et autoritaire, il est bien décidé à imposer si besoin par la force l’idée yougoslave et lutter contre les forces centrifuges qui bien des années plus tard allaient renvoyer la Yougoslavie dans les livres d’histoire aux côtés d’autres états comme l’Autriche-Hongrie. Il n’en pas été toujours ainsi, le début de son règne voyant un respect du régime parlementaire.
L’élément déclencheur de ce basculement autoritaire est l’attentat du 14 juin 1928 contre le leader croate (mais favorable à l’idée yougoslave) Stjepan Radic. C’est d’ailleurs le successeur de ce dernier Vladko Macek qui allait le conduire à mener une politique plus autoritaire.
En 1929 il rebaptise son royaume Yougoslavie. C’est tout sauf du gadget. Il s’agit clairement de montrer aux serbes, aux slovènes et surtout aux turbulents croates que désormais on est yougoslave un point c’est tout. C’est d’ailleurs à cette occasion qu’il devient officiellement Alexandre 1er de Yougoslavie et abandonne son nom de règne originel à savoir Alexandre II de Serbie.
Cette politique digne d’un despote éclairé lui attire de sérieuses inimités de la part de mouvement extrémistes comme les oustachis croates ou la VMRO macédonienne.
Pour ces organisations, Alexandre 1er est un tyran et le tuer devient un acte légitime pour libérer les autres peuples yougo-slaves de la tyrannie serbe, les autres nationalités du royaume d’Alexandre 1er considérant de plus en plus la Yougoslavie alexandrine comme une Serbie plus étendue.
Plusieurs attentats sont déjoues mais hélas pour le roi de Yougoslavie l’un d’eux va réussir. Nous sommes le 9 octobre 1934 à Marseille où le roi de Yougoslavie à débarqué du destroyer Dubrovnik pour une visite officielle en France. Il est accueillit dans le Vieux Port par le ministre de la marine François Pietri puis va être accompagné par le ministre des affaires étrangères Louis Barthou.
Cette visite à Marseille est la première étape d’un voyage officiel destiné à renforcer les liens entre la France et la Yougoslavie alors que de sombres nuages s’amoncèlent à l’horizon, nuages mussoliniens et hitlériens.
Il est victime des tirs de Vlado Tchernozemski, un tueur de la VROM travaillant pour l’organisation Oustachi dirigé par Ante Pavelic.
Le service d’ordre en dessous du tout riposte n’importe comment et si Louis Barthou succombe tout comme le roi de Yougoslavie (qui aurait parait-il dit comme derniers mots «gardez-moi la Yougoslavie» même si ces mots sont probablement apocryphes) le ministre des Affaires Etrangères français à été victime d’une balle d’un policier français. Le tueur grièvement blessé succombe dans la soirée.
Les obsèques du premier vrai roi de Yougoslavie ont lieu à Belgrade le 17 octobre 1934 en présence du président Albert Lebrun et du maréchal Pétain.
Son fils Pierre II âgé de onze ans lui succède sous la régence de son oncle, le prince Paul.
Pierre II
Pierre II passionné d’aviation en tenue de pilote aux cotés du général Montgomery et de Winston Churchill
Pierre II (Belgrade 6 septembre 1923 Los Angeles 3 novembre 1970) est le fils ainé d’Alexandre 1er et de Marie de Roumanie. Prince héritier dès sa naissance, il devient roi à la mort de son père même si trop jeune pour régner effectivement il est chapeauté par son oncle Paul.
A sa majorité en septembre 1942 il prends seul les reines du pouvoir. Il poursuit la politique de désescalade de son oncle pour éviter l’implosion de la Yougoslavie. En octobre 1944 il épouse Alexandra de Grèce qui lui donnera un fils prénommé Alexandre.
Quand le second conflit mondial éclate il va bientôt fêter ses vingt-cinq ans. Il prononce un discours qui se termine par ses mots «Je suis serbe je suis croate je suis slovène je suis bosniaque je suis monténégrin je suis macédonien mais surtout je suis yougoslave. Des barbares sont à nos portes ils veulent détruire notre pays. Je sais que tout le monde fera son devoir comme je fais le mien. Puisse Dieu nous apporter son aide».
Selon certains historiens ce discours à eu un profond impact sur les non-serbes qui auraient pu être tentés de ne pas avoir envie de mourir pour Belgrade. Certes il y eut des désertions et des mutineries notamment chez les croates mais dans l’ensemble le haut-commandement de l’armée majoritairement serbe à été visiblement agréablement surpris par la résilience et la discipline des troupes d’origine slovène ou croate.
Après la submersion de la Yougoslavie, Pierre II, son épouse, son jeune fils Alexandre et son gouvernement se réfugient en Palestine, s’installant d’abord à Jerusalem puis au Caire où un gouvernement en exil yougoslave doit gérer la reconstitution d’une armée pour libérer le pays en liaison avec les alliés.
A la fin du conflit il rentre à Belgrade (14 mai 1954). Le Royaume de Yougoslavie est reconstitué, les traitres châtiés et une série de réformes politiques mises en place dans l’espoir d’éviter une submersion communiste.
Hélas pour Pierre II les communistes relancent la guérilla doublé d’un harcèlement politique. Le risque de troubles généralisés devient-tel que le fils d’Alexandre 1er lassé des querelles politiques préfère abdiquer le 17 juin 1958 au profit de son fils Alexandre qui devient Alexandre III de Yougoslavie (le II à été sauté pour éviter la confusion avec son grand-père Alexandre II de Serbie et Alexandre 1er de Yougoslavie).
Ce dernier va régner quelques semaines puisque le 17 octobre 1958 un coup d’état communiste renverse la monarchie yougoslave. La famille royale doit s’exiler aux Etats-Unis pendant qu’une république populaire est proclamée à Belgrade.
Pierre II s’installe en Californie. Amer et désabusé, il sombre dans l’alcoolisme et meurt d’une cirhose du foie. Enterré à Los Angeles, son corps à finalement été raméne en Serbie en 2006 et inhumé aux côtés de son père dans la crypte des Karadjordjevic.
Politique intérieure : miscellanées
Comme nous l’avons vu plus haut, Alexandre 1er à tenté de faire des yougoslaves après avoir créé la Yougoslavie un peu si il avait suivit cette phrase prétée à Massimo d’Azeglio, un des penseurs du Risorgimento «L’Italie est faite, il reste à faire les italiens».
Par inclination personnelle il choisit une méthode autoritaire en profitant de l’attentat du 20 juin 1928 ayant coûté la vie au chef du Parti Paysan Croate, Stjepan Radic. Il supprime les regions historiques au profit de régions administratives baptisées banovinas.
Carte des banovinas du royaume de Yougoslavie
Il emprisonne tout opposant à sa politique, interdit les partis basés sur l’ethnie, la religion ou la nation, met en place une cour de sureté de l’Etat ainsi qu’une législation d’exception.
Cette politique apaise temporairement la situation mais va lui coûter la vie lors d’un attentat mené à Marseille le 9 octobre 1934 avec un tueur de la VMRO aidé par le mouvement oustachis et par l’Italie fasciste.
Il est remplacé par son fils Pierre II âgé de seulement onze ans sous la régence de son oncle le Prince Paul. Ce dernier va reprendre la politique de son cousin défunt (il est le fils d’Arsen de Serbie, frère de Pierre 1er de Serbie puis de Yougoslavie) mais en se montrant plus habile et moins autoritaire.
Contrairement à ce qu’aurait pu laisser penser son action diplomatique à la fin des années trente en direction de l’Axe il est plus démocrate que le roi assassiné à Marseille.
Comme le dira un historien yougoslave «Paul de Yougoslavie aurait été un grand roi mais il restera à jamais un incompris».
Le fait qu’il n’est jamais rédigé ses mémoires et que ses papiers personnels ne sont toujours pas accessibles aux historiens fait qu’il est difficile de se faire une idée précise de ses idées et de son action.
Certains sont moins élogieux et estiment qu’il manquait de caractère et de force de travail pour faire un grand roi.
Dans un geste d’apaisement, le régent avec l’accord de son neveu relâche un peu l’emprise sur les partis et les opposants au régime alexandrin. Une amnistie libère de nombreux prisonniers qui pour beaucoup préfèrent s’exiler plutôt que de tendre la main au régent qui semble vouloir sincèrement le bien du royaume.
Quand éclate la guerre de Pologne la Yougoslavie sous l’autorité de Pierre II fils d’Alexandre 1er est au bord du gouffre.
On craint même un effondrement du pays et une nouvelle implosion comme vingt ans plus tôt avec l’Autriche-Hongrie. Nul doute qu’une invasion étrangère qu’elle soit italienne, allemande ou d’un des pays voisins aurait provoqué la fin du jeune royaume.
Le retour d’une paix fragile en Europe est vue comme un signe du destin. Ce qu’on pourrait appeler des hommes de bonne volonté tentent de réformer le royaume en évitant les écueils nationalistes non sans quelques prometteurs résultats.
La Yougoslavie n’est pas devenu la Suisse des Balkans, il y à toujours des tiraillements entre les nationalités mais mis à part d’indécrottables nationalistes du genre borné et buté (qui pour beaucoup se retrouveront dans le camp de l’Axe) la plupart des partis politiques veulent vraiment donner leur chance à l’idée yougoslave.
La vie politique yougoslave se sont aussi des élections. Les élections à l’Assemblée Constituante organisées en 1920 aboutissent à l’émergence de trois partis : le parti Démocratique, le Parti Populaire Radical et le Parti Communiste même si ce dernier sera vite interdit.
Les premières vraies élections législatives yougoslaves ont lieu le 18 mars 1923 avec la victoire du Parti Populaire Radical qui remporte à nouveau les élections organisées le 8 février 1925 et le 11 septembre 1927.
De nouvelles élections sont organisées le 5 mai 1935 avec la victoire du Parti National Yougoslave puis le 11 décembre 1938 avec la victoire de l’Union Radicale Yougoslave.
Les élections suivantes ont lieu en septembre 1941, en septembre 1944 et en septembre 1947, A chaque fois ce sont des coalitions organisées autour du Parti Démocratique, un parti de centre-droit qui va dominer la vie politique yougoslave jusqu’au second conflit mondial.
Politique étrangère : miscellanées
Au début des années soixante les communistes au pouvoir depuis 1958 envisagèrent de s’unir avec l’Albanie et la Bulgarie dans une fédération balkanique capable de faire bloc. Ce projet n’aura aucune suite tout comme un projet de janvier 1920 qui prévoyait le démantèlement de la Principauté d’Albanie entre l’Italie, la Yougoslavie et la Grèce.
Dans un premier temps les relations italo-yougoslaves sont tendues, Rome revendiquant des territoires appartenant au Royaume des Serbes, Croates et Slovènes. Néanmoins avec le temps la situation s’apaise et s’améliore avec la signature en 1924 d’un traité qui démantèle l’Etat libre de Fiume, la ville intégrant le Royaume d’Italie alors que la future Yougoslavie récupère l’arrière pays majoritairement slavophone.
Dans ces années vingt encore incertaines les nouveaux pays de la région souhaitent se prémunir contre une politique étrangère revancharde venant moins de la Russie que de la Hongrie qui suite aux traités soldant le premier conflit mondial est passé du statut de grande puissance à celui d’une puissance de seconde zone.
Le 14 août 1920 un accord d’assistance est signé entre la Tchécoslovaquie, la Roumanie et le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes pour se protéger contre une attaque hongroise, Budapest n’ayant jamais pleinement admis le traité de Trianon signé le 4 mai précédent.
Cette alliance est renforcée par des accords bilatéraux entre la Roumanie et la Tchécoslovaquie (23 avril 1921), entre la Roumanie et le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes (7 juin 1921) et entre le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes et la Tchécoslovaquie (31 août 1921). La Petite Entente entend garantir, par la force si besoin, les traités de paix.
Cette alliance est cependant imparfaite et incomplète puisque ne prenant pas en compte les autres menaces que ce soit l’URSS (vis à vis de la Roumanie), l’Italie (vis à vis de la Yougoslavie) ou encore l’Allemagne et la Pologne (vis à vis de la Tchécoslovaquie).
Suite aux accords de Locarno, la France signe des alliances militaires avec Prague (16 octobre 1925), avec Bucarest (10 juin 1926) et Belgrade (novembre 1926).
En 1934 la Yougoslavie signe un accord commercial avec l’Albanie et la même année le 9 février la Yougoslavie signe le Pacte Balkanique avec la Grèce, la Turquie, la Roumanie à Athènes pour maintenir le status quo dans une région qui méritait plus que jamais son surnom de «Poudrière des Balkans» tant les contentieux et les sources de conflit étaient nombreux.
Ce traité était également tourné contre une Bulgarie vaincue durant le premier conflit mondial et dont on redoutait un retour en force pour recréer une Grande Bulgarie qui avait brièvement existé après le traité de San Stefano en 1878 et que Sofia cherchait à recréer. Il s’agissait d’un véritable letmotiv de sa politique étrangère.
Ce pacte avait comme la Petite Entente de sérieuses limites, la principale étant le refus de l’Italie, de l’Albanie, de la Bulgarie, de la Hongrie et de l’URSS de signer ce texte. Le traité est enregistré par la Société des Nations (SDN) le 1er octobre 1934.
A peine quatre ans après la signature de ce pacte les signataires négocièrent le retour de la Bulgarie dans le concert des nations en signant l’Accord de Salonique.
Cet accord signé dans la même ville que l’armistice qui sortit Sofia de la guerre annula les clauses des traités de Neuilly-sur-Seine et de Lausanne, traités qui sanctionnaient les défaites bulgares et ottomanes. Il permettait surtout à la Bulgarie de réarmer officiellement, chose qu’elle avait commencé clandestinement depuis longtemps.
Ce pacte littéralement vidé de sa substance par l’accord de Salonique devint une coquille vide. Il y eut bien quelques tentatives de le faire revivre mais sans succès.
Le 25 mars 1937 la Yougoslavie signe un accord avec l’Italie, un accord qui affaiblit la Petite Entente même si Belgrade n’intègre pas vraiment la sphère d’influence italienne, refusant par exemple de soutenir l’invasion italienne de l’Albanie mais refuse aussi de condamner l’annexion du royaume de Zog 1er ce qui lui reproche les autres signataires du Pacte Balkanique.
Dans l’ensemble la Yougoslavie essaye de garder une politique équilibrée puisque tout en obtenant un prêt de 600 millions de francs auprès d’une banque française pour acheter du matériel militaire elle fournit bauxite et cuivre à l’industrie militaire allemande.
Suite aux renoncements français de la fin des années trente, ces pays vont davantage se tourner vers l’Allemagne.
Nul doute que si la guerre de Pologne était devenu un conflit mondial nul doute que cette région aurait durablement échappé aux alliés. Son arrêt brutal en décembre 1939 permet à Paris et à Londres de remettre l’ouvrage sur le métier.
Plus facile à dire qu’à faire puisque si la réputation dégringole par l’ascenseur, elle remonte par l’escalier. Il faudra du temps, de la patience, du doigté et un soupçon de chance pour rendre la région moins hostile aux alliés.
Lioré et Olivier LéO 451 de l’armée de l’air. C’était le bombardier yougoslave le plus moderne en service en 1949
Le 14 septembre 1945 un accord de coopération et d’assistance militaire est signé entre Paris et Belgrade. C’est le début d’une coopération politique et militaire limitée mais réelle. Du matériel militaire moderne (Lioré et Olivier Léo 451, chars légers Renault R-35 et Hotchkiss H-39) est fournit à un tarif préférentiel, livraisons qui s’accompagnent d’une assistance militaire.
Le Hotchkiss H-39
La Mission Militaire Française en Yougoslavie (MMFY) arrive le 21 octobre 1945 sous l’autorité du général Gamelin, l’ancien généralissime des armées françaises devant transmettre les nouvelles idées militaires françaises à l’armée yougoslave, renouant avec l’immédiat après guerre quand tous les pays avides de savoir réclamaient des missions militaires françaises.
Accompagné de 156 officiers et sous-officiers _certains jeunes officiers sortis des écoles et d’autres plus en fin de carrière_ il va participer à la réorganisation de l’armée yougoslave même si le temps et les moyens manqueront pour réaliser les projets prévus.
Cette MMFY va également servir d’officine de renseignement, recueillant infos véridiques et bruits de couloir qui alimentaient les rapports des attachés militaires de l’ambassade de France à Belgrade.
L’action de cette mission n’est pas appréciée par tout le monde et plusieurs attentats seront déjoués par la police yougoslave. La MMFY tentera de pousser à la réalisation de plans militaires communs entre Paris et Belgrade mais cette politique d’influence se heurtera au refus du gouvernement de Pierre II soucieux de ne pas donner de prétexte à l’Italie ou à l’Allemagne.
La MMFY quitte la Yougoslavie le 27 août 1948 et rentre en France. Néanmoins son action depuis 1945 sera précieuse et à sans nul doute renforcé les capacités de l’armée yougoslave.
Le concept de regrouper les Slaves du Sud (Yougo-Slaves) apparaît à la fin du 17ème siècle. Au 19ème siècle le mouvement illyrien (1835-1863) marque la naissance d’un sentiment national croate.
Au delà du culturel, les leaders du mouvement voulaient créer au sein de l’Autriche-Hongrie un établissement national croate. Ils évolueront vers l’idée de regrouper sous un même état les cousins slovènes, bosniens et serbes, les Jug-Slaveni (sud-slaves).
On aurait pu aboutir à la Croatie comme cœur moteur de l’union des Slaves du Sud mais comme nous le savons tous ce sera la Serbie, état constitué en 1918 qui deviendra le cœur battant de la future Yougoslavie.
Cette union va se faire sur les ruines et les décombres de l’Autriche-Hongrie qui comme les trois autres empires présents en août 1914 disparaît ce qui était plus ou moins attendu tant les observateurs les plus lucides savaient que comme la Russie des Romanov, l’Autriche-Hongrie des Habsbourgs était un colosse aux pieds d’argile traversé par tellement de failles que sa survie jusqu’en 1918 pouvait être considéré comme miraculeuse.
Il était important pour moi de rappeler le contexte car cela expliquera un certain nombre de choses par la suite. Je pourrai refaire de l’uchronie dans l’uchronie mais on peut imaginer une histoire différente si les slovènes, les croates, les bosniens et les monténégrins s’étaient unis dans un contexte de paix.
L’union va se faire dans les années chaotiques de l’immédiat après premier conflit mondial où les passions sont encore à vif. Les croates et les slovènes sont impatients de prendre leur indépendance et espèrent que les serbes joueront le jeu d’une véritable union.
Or la Serbie qui à terriblement souffert du premier conflit mondial (violents combats, anabase homérique, occupation rude) veut restaurer sa grandeur et son prestige (N’oublions pas que la Serbie avant la conquête ottomane à connu des périodes où elle était un acteur majeur de la région).
Les non-dits et les rancoeurs vont provoquer un chaos politique régulier, un chaos à bas bruit avec une vie politique mouvementée, une tentative du roi Alexandre 1er de Yougoslavie de centraliser et d’unifier la Yougoslavie au mépris du poids des nationalités, volonté que l’on pourrait comparer à celle d’un «despote éclairé» voulant faire le bien de ses sujets contre leur gré (NdA éternel débat de savoir si le pouvoir doit suivre tout ce que le peuple veut ou si il doit parfois aller à contre-courant), volonté qui allait lui coûter la vie un jour d’octobre 1934 du côté de Marseille.
La Yougoslavie retourne ensuite à la démocratie avec le règne de Pierre II, fils encore mineur du roi assassiné. Si la situation s’apaise un temps, nul doute que si la guerre de Pologne s’était prolongée on aurait pu craindre le pire pour le royaume de Yougoslavie surtout en cas d’invasion étrangère qu’elle soit italienne ou allemande.
La Pax Armada va être l’occasion de revenir à plus de stabilité, plus de sérénité. Pierre II en dépit de son jeune âge va se montrer assez habile.
Il parvient à donner des gages aux slovènes et surtout aux turbulents croates. Il réprime les extrémistes de tous bords et tente de dévelloper une véritable idéologie yougoslave un peu comme son père mais avec plus de réussite.
En septembre 1948 si la Yougoslavie n’à pas exorcisé tous ces démons elle peut voir l’avenir avec une relative sérénité. C’est alors que le second conflit mondial éclata……. .
Du Royaume des Serbes, Croates et Slovènes au Royaume de Yougoslavie
Petit retour en arrière : la Serbie entre grandeur et décadence
Le cœur battant de la Yougoslavie est donc à l’est sous la forme de feu le Royaume de Serbie (Kraljevina Srbija) qui le 6 mars 1882 succède à la Principauté de Serbie (Kneževina Srbija)quand le prnce Milan de la dynastie Obrenovic devient roi sous le nom de Milan 1er.
Cette principauté avait officiellement vue le jour en 1817 quand après des années de troubles et plusieurs révoltes l’empire ottoman décide de lâcher du lest. Il faut néanmoins attendre 1830 pour que cette situation se stabilise juridiquement parlant avec la mise en place d’une série de textes à partir de 1828. Milos Obrenovitch devient prince hériditaire de Serbie.
Cet état va voir deux dynasties alterner au pouvoir. C’est ainsi que les Obrenovic sont au pouvoir de 1815 à 1842 et de 1858 à 1882, les Karadjordevic de 1842 à 1858 avant de revenir au pouvoir en 1903 à une époque où la principauté est devenue royaume.
Vont donc se succéder sur le trone serbe Milos Obrenovitch 1er (1780-1860) prince hériditaire de servie de 1817 à 1839 et de 1858 à 1860, Ses fils Milan Obrenovitch II (1819-1839) et Michel Obrenovitch (1823-1868) qui règne respectivement en 1839 et de 1839 à 1842, Aleksandar Karadjordevic (1806-1888) prince de 1842 à 1858, Mihailo Obrenovitch III (1823-1868), prince de 1860 à 1868 et enfin Milan Obrenovitch IV (1854-1901), prince de 1868 à 1882 puis roi de Serbie jusqu’en 1889.
Le 5 octobre 1866 la Serbie signe une alliance avec le Monténégro puis avec la Grèce le 18 avril 1887 en vue d’une guerre contre l’empire ottoman pour libérer les peuples chrétiens du joug ottoman. Cette alliance allait finalement n’être qu’un coup d’épée dans l’eau.
En 1867 la garnison ottomane quitte occupait Belgrade quitte la capitale serbe. De facto la Serbie est indépendante même si il faudra attendre 1878 pour qu’elle soit reconnue de jure par le Congrès de Berlin.
D’abord limitée au territoire du Pashaluk de Belgrade (appelé également territoire du Sandjak de Smeredevo) la principauté s’étend entre 1831 et 1873 vers l’est, le sud et l’ouest.
La population est à 87% serbe. On trouve également 10.5% de Valaques, 2.1% de Roms et 0.5% d’autres nationalités. Sur le plan religieux, la religion orthodoxe est dans une situation monopolistique avec 99.2% des habitants fidèles de cette religion.
La croissance démocratique est spectaculaire puisque la Serbie passe de 678192 habitants à 1 669 337 habitants entre 1834 et 1878.
En 1869 une nouvelle constitution est promulguée, neuf ans avant que l’indépendance ne soit officiellement reconnue au congrès de Berlin. En 1882 la principauté devient donc royaume, Milan Obrenovitch IV devant Milan 1er.
Du 14 au 28 novembre 1885 la Serbie affronte la Bulgarie dans une guerre où elle à le dessus et uniquement parce que les austro-hongrois ont menacé d’intervenir contre la jeune armée bulgare. Le conflit est réglé par le Traité de Bucarest signé le 19 février 1886. la Serbie reconnait l’unification de la Bulgarie (principauté de Bulgarie et Roumélie orientale sous l’union personnelle de Ferdinand 1er).
Une nouvelle constitution est promulguée en 1888 mais Milan 1er refuse de voir ses pouvoirs ains contraints et préfère abdiquer l’année suivante en 1889. Son fils Alexandre 1er (NdA à ne pas confondre avec le roi de Yougoslavie assasiné en 1934) lui succède en 1893 et supprime cette constitution en 1894.
Roi controversé par sa politique et par sa vie privée, Alexandre 1er Obrenovitch est assassiné en compagnie de son épouse et de sa famille dans la nuit du 28 au 29 mai 1903 (10/11 juin dans le calendrier grégorien) (Coup d’Etat de Mai) ce qui entraine l’extinction de cette maison régnante.
L’assemblée serbe (Shupstina) propose à Pierre Karadjordevic de devenir roi sous le nom de Pierre 1er. Après avoir hésité _on aime guère accepter une couronne après un coup d’état doublé d’un assassinat_ il finit par accepter et est couronné le 21 septembre 1904 (calendrier grégorien) dans un contexte difficile, la mort d’Alexandre 1er et de sa famille ayant choqué l’Europe entière.
Pierre 1er de Serbie puis de Yougoslavie
C’est la fin des bonnes relations avec l’Autriche-Hongrie, Belgrade se tournant davantage vers la France et la Russie. Un traité d’amitié est signé avec la Bulgarie en avril 1904 suivit d’une union douanière en juin 1905. Entre 1906 et 1909 une véritable guerre douanière oppose la Serbie à l’Autriche-Hongrie.
Le 6 octobre 1908 l’Autriche-Hongrie annexe la Bosnie-Herzegovine qu’elle occupait et qu’elle gouvernait depuis 1878. Pour la Serbie c’est un camouflet car ce territoire était une voie naturelle d’expansion. Cette annexion est comme nous le savons une réponse à la proclamation la veille de l’indépendance bulgare.
Le Royaume de Serbie va participer aux deux guerres balkaniques. Ces deux conflits véritables répétition de la première guerre mondiale sont les deux faces d’une même pièce avec d’abord des nations balkaniques unies pour chasser l’empire ottoman d’Europe puis des alliés d’hier devenus des ennemis d’aujourd’hui.
Un traité d’alliance serbo-bulgare est signé en mars 1912, Belgrade et Sofia voulant se partager le Vardar macédonien. En mai la Serbie signe un traité similaire avec la Grèce et en octobre c’est autour du Monténégro de signer un traité d’alliance militaire avec la Serbie.
Durant ces deux guerres la Serbie va conquérir le Kosovo _considéré comme le berceau de la nation serbe_, la Macédoine, le Sandjak de Novi Pazar. Le traité de Londres signé après la première guerre permet à la Serbie de s’emparer du Kosovo et du nord-ouest de la Macédoine.
Après la deuxième guerre qui voit la Bulgarie attaquer ses anciens alliés serbes et grecs, le traité de Bucarest permet à la Serbie de récupérer tout le Vardar macédonien. Elle aurait souhaité pouvoir disposer d’une fenètre maritime sur l’Adriatique mais les grandes puissances préfèrent créer un royaume d’Albanie. La Serbie gagne 81% de superficie et 1.6 millions d’habitants (passant de 2.9 à 4.5 millions).
Comme nous l’avons à propos de la Bulgarie, la Serbie est aux premières loges durant le premier conflit mondial. Attaquée par les Empires Centraux, elle fait mieux que se défendre mais finit par craquer.
Commence alors une terrible Anabase en plein hiver dans les montagnes albanaises.. 400000 militaires et civils entament un véritable périple direction les ports albanais où des navires italiens parviennent à les évacuer en direction de Corfou. Seuls 120000 soldats (sur 135000) et 60000 civils (sur 280000) parviennent sur l’île grecque. Cela n’est pas finit car 11000 soldats et civils finiront par succomber des conséquences de cette odyssée.
Les autres composantes nationales
Dans cette partie je vais balayer à gros traits l’histoire des autres composantes du royaume de Yougoslavie en essayant de rester factuel et de ne pas trop me disperser.
Slovenie
La Slovénie à fait partie intégrante de l’empire romain. Les invasions barbares vont dévaster le territoire et pour cela les habitants de la future Slovénie ne peuvent incriminer que la géographie puisque leur territoire est un point de passage obligé entre la plaine de Pannonie et la péninsule italique.
Les Slaves s’installent dans ce qui allait devenir la Slovénie à la fin du 6ème siècle. Le territoire va ensuite passer sous l’autorité du Saint Empire Romain Germanique puis après 1806 sous la souveraineté de l’empire d’Autriche et de la maison des Habsbourgs.
Les ancêtres des slovènes actuels occupaient les régions actuelles de la Carinthie, de la Styrie (ouest) et de la Slavonie. Il y eut une brève union avant une division entre les slaves de Carniole (Slovénie actuelle) alors que les Slaves du Nord vont former la Principauté de Carantanie qui par déformation allait devenir la Carinthie. Cette dernière en 746 passe sous la tutelle de la Bavière.
Au 9ème siècle le territoire est sous l’influence du duché de Bavière mais aussi d’une puissance en devenir, la République de Venise. En 952 l’empereur Othon 1er fonde un duché de Karananie qui intègre une partie de l’actuelle Slovenie.
Région frontalière, la future Slovenie était une marche pour protéger le Saint Empire contre les incursions des slaves et des hongrois. La Carniole qui correspond grosso modo à la Slovenie actuelle est une marche de 1040 à 1364 puis un Duché de 1364 à 1918.
La Slovenie n’à pas de statut spécifique mais ils ont des députés à Vienne. Un embryon d’Etat slovène, le comté de Celje disparaît en 1456 après la mort du dernier titulaire tué par Jean Hunaydi.
Si les élites soucieuses de leur position se germanisent, la paysannerie résiste et conserve une identité spécifique. Sur le plan religieux la Réforme est un temps très populaire mais la Contre-Réforme catholique finit par triompher notamment grâce à l’action de l’Archiduc et futur empereur Ferdinand (empereur de 1590 à 1637). En 1573 une révolte paysanne dévaste la région.
En 1806 le Saint Empire Romain Germanique disparaît cédant la place à l’Empire d’Autriche. Les territoires correspondant à la Slovénie restent domaines patrimoniaux de la Maison d’Autriche. Une partie de la Slovénie, le duché de Carniole dont la capitale était Laibach (Lubjana) intègre les Provinces Illyriennes, un territoire sous contrôle français d’octobre 1809 à août 1813. En 1815 le duché est réintégré à l’Autriche avant d’intégrer le Royaume d’Illyrie le 2 août 1816.
Ce royaume va rapidement perdre des territoires au profit des royaumes de Croatie et de Slavonie, le royaume d’Ilyrie ne regroupant plus que le duché de Carinthie, le duché de Carniole et le Littoral Autrichien qui correspond grosso modo à l’Istrie et à la Dalmatie.
En 1848 une proposition est faite pour regrouper tous les slovènes sous un même royaume autonome. Ce projet n’aboutit pas et en 1849 le royaume disparaît laissant des territoires autonomes (Carinthie, Carniole et le Littoral autrichien).
En février 1861 une patente met en place une Diète provinciale qui envoie des élus au Reichsrat, le parlement de la Cisleithanie.
Après 1918 et la disparition de l’Autriche-Hongrie, une grande partie du territoire slovène va intégrer la Yougoslavie mais une petite partie (32700 km² et 1.3 millions d’habitants tout de même) intègre le Royaume d’Italie.
Toujours en 1918 un conflit armé oppose les slovènes à la République d’Autriche allemande, l’un de ses états éphémères apparus dans l’immédiat après guerre. Les territoires contestés ssont la Basse Styrie et le Sud de la Carinthie. Par le traité de Saint Germain, Maribor et la Basse Styrie sont accordés à la Yougoslavie.
Des combats ont lieu en Carinthie du Sud (décembre 1918 à juin 1919), des volontaires slovènes aidés par l’armée serbe tentent d’occuper Klagenfurt.
En octobre 1920 la majorité de la population de la Carinthie du Sud vote pour rester autrichienne, la seule exception étant la région autour de Dravograd et de Gustany qui est accordée à la future Yougoslavie.
Le traité de Trianon (1920) accorde au royaume de Yougoslavie une région pourtant non slovène, celle de Prekmuye qui appartenait à la Hongrie depuis le 10ème siècle.
En 1929 la Slovénie est rebaptisée Drava Banovina (Drava Banate) du nom de la rivière Drava, la capitale provinciale étant logiquement Lubjana, l’ancienne Laibach. La Slovénie renait en 1944 et sans devenir confédérale la Yougoslavie se libéralise.
Cela explique en partie pourquoi les slovènes et les croates ont combattu en 1949 avec une certaine détermination alors que le haut-commandement serbe craignait mutineries et désertions massives.
Croatie
La Croatie telle que nous l’entendons aujourd’hui couvrait deux provinces romaines, la Dalmatie et la Pannonie. Après 476 et la chute de l’Empire romain d’Occident, elle est occupée par les Ostrogoths pendant cinquante ans avant d’être intégré à l’empire byzantin.
Au VIIème siècle apparaissent ce qu’on pourrait qualifier les proto-états croates, le Duché de Croatie et le Duché de Croatie Pannoniène. Si le premier va perdurer, le second disparaît au 10ème siècle après environ 300 ans d’existance.
Le Duché de Croatie comprend le littoral de l’actuelle Croatie sauf l’Istrie. Ce territoire est l’objet des convoitises franques et byzantines. Une rivalité nait également avec l’orgueilleuse République de Venise bien décidée à faire de l’Adriatique une Mare Venetium. Des batailles opposent les croates aux bulgares mais très vite les relations s’améliorent à la différence des relations avec les arabes qui restent hostiles.
Vassalisé par les Francs vers 790, le duché de Croatie devient en 879 un duché sans suzeraineté suite à l’intervention du pape Jean VIII. En 925 le duché de Croatie devient un royaume d’abord indépendant puis en union personnelle avec la Hongrie à partir de 1102.
La Croatie est en première ligne contre les ottomans. Une marche militaire appelée la Frontière Militaire/Militärgrenze/Vojna Krajina est mise en place en 1553 et supprimée en 1881. C’était un véritable front pionnier avec fortins, fortifications et surtout une colonisation de peuplement par des valaques, des allemands et surtout des serbes ce qui entrainera une cascade de terribles événements notamment durant le second conflit mondial. D’ailleurs la région concernée en Croatie est la Krajina.
Si la Croatie dépend de la Cisleithanie, il est important de noter que la Dalmatie forme un Royaume autonome.
Comme nous l’avons déjà vu au milieu du 19ème siècle, apparaît un romantisme nationaliste croate pour contrer une politique de germanisation et de magyarisation. C’est le mouvement illyrien.
En 1848 la Croatie, la Slavonie et la Dalmatie restent du côté habsbourgeois par peur du nationalisme hongrois. Cela ne leur valut aucun traitement de faveur de la part du nouvel empereur François Joseph.
En 1867 l’empire d’Autriche devient l’empire austro-hongrois et l’année suivante en 1868 on compromis croato-hongrois est signé.
En 1918 les croates décident de s’engager dans l’aventure de l’idée yougoslave dans l’espoir d’aboutir à un état confédéral. Leurs espoirs vont être vite deçus et cette déception est rendue encore plus amère par le fait qu’économiquement la Croatie moins touchée par le premier conflit mondial s’en sortait mieux que nombre de régions de Serbie.
La situation reste très tendue pour ne pas dire explosive en Croatie durant l’entre-deux-guerres et nul doute que si Pierre II n’était pas revenu sur la politique autoritaire de son père nul doute qu’avant même l’invasion germano-italienne la Croatie aurait explosé provoquant l’implosion de la Yougoslavie.
Bosnie-Herzegovine
Peuplée à l’époque néolithique, elle à été ensuite habitée par les illyriens et les celtes. Comme toute l’Europe la future Bosnie-Herzegovine à été christianisée à partir du 1er siècle et trois siècles plus tard elle était une partie de l’Empire Romain d’Occident avant d’être envahit par les Barbares suite aux invasions du même nom. Plus précisément ce sont les Ostrogoths qui occupent la région et ce dès 455. Les Alains et les Huns traversent également la région.
Après une reconquête sous l’empereur Justinien, l’actuelle Bosnie-Herzegovine est occupée par les avars puis par les slaves. Une certaine influence des Francs est à noté, certains leur attribuant l’introduction du féodalisme même si pour certains ce n’est pas si évident que cela. Le territoire est également l’objet des convoitises serbes, croates et même bulgares.
En 1136 le roi de Hongrie Béla II envahit la Bosnie et créa le titre de Ban de Bosnie, un titre honoraire pour son fils Ladislas II. De 1167 à 1180 la Bosnie-Herzegovine revient temporairement dans le giron byzantin.
Territoire autonome, la Bosnie devient un royaume en 1377 mais moins d’un siècle plus tard en 1463 l’empire ottoman occupe la région (la résistance va perdurer jusqu’en 1527 mais de manière épisodique), la transformant en profondeur puisque les populations locales se convertissent pour une part importante d’entre-elles à l’islam. C’est le début d’une domination qui va durer 415 ans jusqu’en 1878.
A partir de 1831 les paysans bosniens se révoltent. Cette révolte est réprimée seulement en 1850 mais la situation reste toujours aussi tendue. Une véritable rébellion éclate en 1875 et sous la pression des événements mais aussi des grandes puissances, la Sublime Porte va céder à l’Autriche-Hongrie l’administration de la Bosnie-Herzegovine.
La Bosnie-Herzegovine est occupée par l’Autriche-Hongrie entre le 29 juillet et le 20 octobre 1878, occupation qui n’est pas une promenade de santé puisqu’on signale quelques combats avec les ottomans et des milices locales.
Officiellement la Bosnie-Herzegovine appartient toujours à la Sublime Porte mais en réalité c’est devenue une région de l’empire austro-hongrois. Vienne veut en faire une colonie modèle et pour cela va mettre sur pied le Condominium de Bosnie et d’Herzegovine, condominium placé sous l’autorité du ministre des Finances austro-hongrois via un office bosnien.
La politique habsbourgeoise se heurte rapidement aux spécificités du territoire et à l’influence de l’idée yougo-slave, diablement séduisante pour les élites bosniennes. A la fin du siècle les serbes et les musulmans de Bosnie (ou Bosniaques) réclament l’autonomie religieuse et l’autonomie scolaire.
Le projet de dévelloper une identité bosnienne spécifique échoue. Résultat en 1905 la vie politique en Bosnie et en Herzegovine est dominée par trois partis communtaires représentant les serbes, les croates et les musulmans.
Le 5 octobre 1908 suite à la déclaration d’indépendance de la Bulgarie, l’empereur austro-hongrois François Joseph annonce l’annexion de la Bosnie-Herzegovine. Cette annexion est annoncée deux jours plus tard à Sarajevo.
C’est le début d’une crise internationale qui va durer jusqu’au 26 février 1909 quand la Sublime Porte finit par s’incliner. Elle reçoit des compensations matérielles et obtient le départ des garnisons austro-hongroises du Sandjak de Novi-Pazar.
Cette annexion est reconnue par la Russie le 21 mars mais uniquement après un ultimatum allemand. La Serbie la reconnaît le 31 mars et le Monténégro le 5 avril 1909.
Cette annexion entraine des troubles réprimés par un corps spécial austro-hongrois le Streifkorps même si très vite les partis musulmans soucieux de légalisme et de réalisme finissent par admettre cette annexion. Les croates de Bosnie sont d’abord très enthousiastes espérant rejoindre la Croatie et former avec le reste de la Bosnie-Herzegovine un pôle slave au sein d’une monarchie qui ne serait composée de deux pôles mais de trois.
En 1910 le territoire est peuplé de 1 898 044 habitants répartis entre des musulmans (612137 32.2%), orthodoxes (825418, 43.5%), catholiques (434061, 22.9%) et enfin 11868 juifs (0.6%).
La Constitution de 1910 met en place une Diète de Bosnie, un Conseil National et des conseils municipaux mais leurs pouvoirs sont naturellement très limités.
En ce qui concerne l’organisation locale, elle reste inchangée par rapport à l’époque ottomane, les seuls changements concernant les noms. C’est ainsi que le Vilayet de Bosnie devient le Reichsland, les sandjaks deviennent des Kreise (cercles), les Kazas (juridictions) des Bezirke, les Nahiyaks (cantons) sont rebaptisés Exposituren. On compte six Kreise et cinquante-quatre Bezirke.
Suite à l’implosion de l’Autriche-Hongrie, la Bosnie-Herzegovine va intégrer le Royaume des Serbes Croates et Slovènes (Yougoslavie en 1929) mais la région se montra rétive, s’opposant à une réforme agraire puis à une réorganisation des structures administratives qui finalement resteront assez semblables à celles de l’époque ottomane.
La mise en place des Banovina passe mal en Bosnie-Herzegovine d’autant que les bosniaques c’est à dire les musulmans de Bosnie ont le sentiment qu’à terme le territoire sera partagé entre serbes et croates. Finalement le système de banovina sera abandonné et les anciens régions rétablies ce qui allait calmer un peu la situation. Es-ce à dire que tous les problèmes ont été réglés ? Non bien sur le second conflit mondial allait se charger de le montrer.
Monténégro
Durant la période antique le Monténégro appartenait à la province romaine de Dalmatie. Peuplée d’abord par les illyriens, cette région est ensuite occupée par les slaves après avoir été ravavée par les Avars et les Goths. Les bulgares et les serbes vont aussi tenter d’occuper ce territoire tout comme les byzantins.
Au 9ème siècle pas moins de trois principautés se partagent le territoire actuel du Monténégro : la principauté de Dukja (qui correspond approximativement à la moitié sud), la principauté de Travunia (l’ouest) et celle de Rascia (le nord).
En 1042 la principauté de Duklja prend son indépendance, principauté qui devient celle de Zeta au 13ème siècle. En 1054 à lieu un schisme entre Rome et Byzance. Le futur monténégro bascule du côté de Rome avec l’érection de l’évêché de Bar en 1067 (archeveché en 1082).
Au 15ème siècle on appelle davantage la principauté de Zeta comme la principauté de Crna Gora ou en vénétien Monte Negro.
De larges portions du territoires sont occupées par l’empire ottoman de 1496 à 1878. le reste était sous contrôle de Venise notamment la région des bouches de Kotor (1420-1797) ou du prince-évêque de Cetinje (1515-1851). Une ultime dynastie émerge, celle des Petrovic-Njegos qui va régner jusqu’en 1918.
En 1852 le prince-évêque Danilo Petrovic-Njegos se marie et renonce à son état ecclésiastique, devenant le knjaz (prince) Danilo Ier et sécularisant son état.
Il est assassiné à Kotor en 1860 et remplacé par Nicolas 1er. Ce dernier engage une guerre infructueuse contre l’empire ottoman (1861-1862) puis tente de profiter du soulèvement de la Bosnie-Herzegovine (1875-1877) pour reprendre la lutte. Il est aidé par la Serbie mais là encore c’est un échec. Il faudra attendre l’intervention russe pour aboutir à quelque chose avec la signature du Traité de San Stefano (mars 1878), traité très favorable au Monténégro, à la Russie, à la Serbie, à la Roumanie et à la Bulgarie.
Ces gains vont être minorés par le Traité de Berlin (1878) même si ce traité reconnaît le Monténégro comme un état indépendant, état qui double sa superficie avec notamment le port de Bar. Les eaux monténégrines sont fermées aux navires de guerre étrangers. L’administration maritime et la police sanitaire est cependant assurée par l’Autriche-Hongrie.
En 1905 le Monténégro se donne d’une constitution et cinq ans plus tard il devient un royaume. Il participe aux guerres balkaniques, se partageant le Sandjak de Novi-Pazar avec la Serbie mais du rendre la ville de Skadar au nouvel état albanais créé par les grandes puissances.
Le 6 août 1914 le Monténégro déclare la guerre à l’Autriche-Hongrie en dépit du fait que Vienne lui avait promis la région de Shkoder/Skhadar si le petit royaume restait neutre. L’armée monténégrine est placée sous l’autorité du haut-commandement serbe pour des raisons de coordination.
Belgrade à offert une aide militaire (30 canons et 17 millions de dinars) tandis que la France envoyait 200 soldats des troupes coloniales à Cetinje pour armer deux stations radios de transmission mais aussi d’écoute. Du matériel, de la nourriture et différentes fournitures sont envoyées de France direction le port de Bar jusqu’à ce que ce dernier soit bloqué par la marine austro-hongroise.
Une fois l’Italie en guerre c’est Rome qui prit le relais, ravitaillant le pays par l’Albanie, une route non sécurisée, les irréguliers albanais organisés par des agents autrichiens attaquant les convois. Le manque de ravitaillement fût l’une des causes de la capitulation monténégrine après une belle résistance. L’occupation de la totalité du territoire serbe (décembre 1915) rendait impossible la situation du Monténégro qui est envahit en janvier 1916.
La campagne du Monténégro est une campagne éclair qui dure du 5 au 17 janvier 1916. Elle engage 100000 soldats austro-hongrois contre seulement 50000 monténégrins. Cette la suite directe de la submersion de la Serbie et de la retraite des troupes de Pierre 1er à travers les montagnes albanaises.
Les austro-hongrois voulaient s’occuper des monténégrins alliés à la Serbie mais aussi s’emparer des ports stratégiques de Durazzo et de Valona. Deux corps d’armée austro-hongrois, les 8ème et 19ème CA sont engagés. Le 11 janvier 1916 le mont Lovcen, position défensive monténégrine clé est prise par les austro-hongrois.
Le 13 janvier c’est la capitale qui est prise ce qui entraine l’ouverture de négociations pour un armistice. Les termes sont insupportables pour le roi qui refuse de signer, quittant le pays pour l’Albanie puis pour l’Italie le 19 janvier. Il ordonne au commandant en chef de continuer à combattre au besoin en se repliant sur l’Albanie pour retrouver les troupes serbes à Corfou.
Le gouvernement refuse et ordonne aux troupes monténégrines de déposer les armes. Ils obtiennent gain de cause le 17 janvier 1916.
le 1er mars 1916 un gouvernement militaire provisoire est mise en place sous l’autorité de Viktor Weber Edler von Webeneau qui est remplacé par Heinrich Clam-Martinic le 10 juillet 1917, ce dernier restant aux commandes jusqu’à la fin du conflit.
Après la libération du pays par les alliés un débat fit rage pour savoir si le Monténégro devait rester indépendant ou si il devait rejoindre le futur état des slaves du sud.
Le 1er décembre 1918 le royaume du Monténégro s’unit au royaume de Serbie, déclenchant des troubles entre Blancs et Verts.
Du 2 au 7 janvier 1919 à lieu l’insurrection de Noël (NdA les orthodoxes fêtent Noël le 6 janvier et non le 25 décembre).
Les Verts _nationalistes et séparatistes monténégrins_ refusent la décision de la Grande Assemblée Populaire du Monténégro d’unir le jeune royaume (28 août 1910) au Royaume de Serbie.
Mauvais perdants ? Faut voir puisqu’il devient rapidement évident que les débats de Podgorica (qui à l’époque n’était pas la capitale du pays puisqu’il s’agissait de Cetinje) ont été une farce puisque les Blancs favorables à l’idée yougo-slave et à l’union avec la Serbie ont truqué le processus électoral pour s’assurer d’une confortable majorité.
Es-ce à dire que les Blancs se moquaient de l’avenir de leur pays ? Non puisque comme les croates et les slovènes ils espéraient conserver l’identité monténégrine au sein d’une Yougoslavie confédérale.
Si la révolte va être rapidement réprimée, une guérilla épisodique va durer jusqu’en 1929, les Verts survivants prenant le chemin de l’exil. Les plus extrémistes ou les plus enragés selon les points de vue reviendront en 1949 dans les bagages de l’armée italienne pour servir d’auxiliaires aux troupes d’occupation. Inutile de préciser que ceux tombant aux mains de maquisards royalistes ou des partisans communistes subissaient un sort terrible.
Quand la Yougoslavie implosa au début des années quatre-vingt dix cette révolte de Noël devint un axe majeur du nationalisme monténégrin, les Verts comme les Blancs étant célébrés comme de fiers patriotes, oubliant la division irréconciable entre deux camps.
Macédoine
A la période antique l’actuelle Macédoine du Nord (anciennement Ancienne République Yougoslave de Macédoine) était occupée par le royaume de Paeonie, un royaume aux frontières floues peuplées essentiellement par des descendants illyriens et des thraces.
A la fin du 6ème siècle, les perses de la dynastie Achéménide dirigés par Darius le Grand occupent ce royaume mais après la défaite en -479 les perses se retirent en Asie mineure.
En -336 Philippe II de Macédoine annexe la Haute-Macédoine ce qui correspond à notre Macédoine du Nord actuelle.
La Macédoine est conquise par les romains en -146 devenant une province dont les dimensions vont évoluer, la partie nord intégrant la Mésie à l’époque de Dioclétien.
Les Slaves s’installent sur le territoire de l’empire byzantin, les historiens grecs les appelant Sklavines les slaves attaquant l’empire byzantin avec ou sans l’aide des bulgares et des avares. A plusieurs reprises les différents basileus qui se succèdent à Constantinople doivent lancer des campagnes contre des populations remuantes qui sont pour beaucoup déportées en Cappadoce (Turquie actuelle).
Vers 836 le territoire de la Macédoine intègre le premier empire bulgare, les populations s’assimilant avec les bulgares. C’est aussi à cette période que les slavkines se christianisent avec Saint Cyrille et Saint Methode. A la fin du 10ème siècle l’actuelle Macédoine du Nord devient le cœur idéologique et religieux du premier empire bulgare avec notamment l’évéché d’Ohrid qui après l’occupation de Preslav par Basile II devient le siège du patriarche bulgare.
La domination byzantine est à plusieurs reprises contestée par les serbes et par les bulgares. De 1257 à 1277, Constantin Asen qui fût tsar de Bulgarie était originaire de Skopje. Plus tard la capitale actuelle de la Macédoine du Nord fût celle de l’empire serbe de Stedan Dusan.
La région est conquise par les ottomans à la fin du 14ème siècle et va rester sous le joug de la Sublime Porte pendant près de 500 ans ccomme une partie de la province (Eyalet) de Roumélie («pays des Roums»).
L’Elayet de Roumélie est supprimé en 1867 et le territoire de la Macédoinr du Nord est partagé entre les Vilayet de Monastir, du Kosovo et de Salonique.
En 1903 une République de Krusevo est proclmée suite à la Révolte d’Ilinden-Preobrazhenie mais bien entendue cette république disparaît après la féroce répression ottomane.
En 1912 au cours de la première guerre Balkanique la région est capturée par la Serbie qui l’annexe une fois le conflit terminé à l’exception de la région de Strumica qui appartient à la Bulgarie de 1912 à 1919.
Cette région qui ne dispose d’aucun statut particulier au sein de l’Etat serbe est appelée Južna Srbija (Serbie du Sud ) pour la distinguer de la Stara Srbija (Vieille Serbie). De 1915 à 1918 la région est occupée par la Bulgarie.
Après le premier conflit mondial, le royaume de Serbie devient le cœur battant du Royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes. En 1929, le royaume est rebaptisé Royaume de Yougoslavie et divisé en provinces ou banovinas. Le territoire correspondant à la Macédoine du Nord est appelée Banovina du Vardar avec Skopje comme capitale.
Après le premier conflit mondial la région subit une période de serbisation, les écoles bulgares, grecques et roumaines étant fermées, les prêtres bulgares et tous les enseignants non-serbes sont expulsés. Cette politique est violement combattu par la VMRO (Vatreshna Makendonska Revolutsionna Organizatasiya) en français l’organisation révolutionnaire intérieure macédonienne.
Durant le second conflit mondial, la Macédoine du Nord allait être occupée à la fois par les bulgares et par les italiens. Cette région allait connaître une occupation troublée avec de nombreux combats entre partisans et troupes d’occupation. Cela entraina comme nous le verrons un cycle infernal d’attentats et de représailles. Néanmoins au moins au début les bulgares furent bien accueillis par les populations locales bulgarophones.
Dans l’immédiat après guerre, la Roumanie va réaliser le rêve d’un Etat regroupant tous les roumanophones. C’est la naissance de la Grande Roumanie. Cette Grande Roumanie va voir le jour en plusieurs étapes.
Le 28 novembre 1918 la Bucovine vote son rattachement à la Roumanie suivie le 1er décembre 1918 par les roumains de Transylvanie réunis à Alba Iulia. Si les saxons acceptent ce rattachement le 15 décembre, les hongrois eux confirment le 22 décembre leur attachement à la couronne de Hongrie.
A la conférence de paix de Paris la Roumanie reçoit la Transylvanie, une partie du Banat et d’autres territoires ayant appartenus à la Hongrie, la Bessarabie (partie de la Moldavie comprise entre le Prut et le Dniestr) et la Bucovine. La loi du 1er janvier 1920 ratifie ces différentes unions.
Le Traité de Trianon (1920) voit la Hongrie renoncer à la Transylvanie, le Traité de Saint-Germain-en-Laye (1919) confirme l’union de la Roumanie avec la Bucovine.
Le Traité de Paris (1920) reconnaît la domination roumaine sur la Bessarabie mais comme le Japon ne l’à pas ratifié il n’à aucune valeur.
Pour ne pas simplifier les choses les Etats-Unis ne reconnaissent pas le traité de Trianon et ont signé un traité de paix séparé avec la Hongrie le 29 août 1921. En 1923 il y eut quelques rectifications de frontière avec le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes.
C’est ainsi qu’entre 1914 et 1920 le Royaume de Roumanie à plus que doublé de superficie, passant de 120732 km² à 295049km².
Il doit désormais relever le défi d’être un état multinational avec de fortes minorités germanophones et magyarophones vis à vis duquel la politique va varier avec néanmoins une constance : une relative tolérance et non une roumanisation forcée comme les roumains de Transylvanie ont pu le subir à partir de 1867 et la fin de l’autonomie transylvaine.
La guerre hungaro-roumaine
L’armistice du 11 novembre 1918 marque la fin du premier conflit mondial mais pas des opérations. En effet les alliés s’inquiètent de la situation en Russie où les bolcheviks de Lenine et de Trotsky affrontent les armées blanches soutenus par les alliés.
On craint la contagion communiste à travers l’Europe. Pour des pays ravagés par les combats et la pauvreté, par la haine des profiteurs de guerre et par la volonté du «plus jamais ça» nul doute que les idées bolcheviques sont particulièrement attirantes.
Dans l’immédiat après guerre les troupes alliées et notamment françaises qui ont combattu sur le front macédonien restent déployées en Roumanie et dans les territoires ayant appartenu à feu l’empire austro-hongrois. Ils vont opérer contre les bolcheviques russes mais aussi contre leurs cousins hongrois qui établissent en Hongrie une république des conseils dont le leader est Béla Kun.
Béla Kun
Les roumains sont d’ailleurs intervenus en Bessarabie du 19 janvier au 5 mars 1918 dans le cadre de la guerre civile russe, intervention qui se termina par l’occupation de la Bessarabie par la Roumanie (sud et centre) et par l’Autriche-Hongrie (nord).
Seulement voilà les troupes françaises sont démoralisées et épuisées. Surtout ils se demandent pourquoi ils combattent encore alors que sur le front ouest les combats sont terminés. Des mouvements d’humeur et des mutineries éclatent ce qui entrainera le rapatriement de la flotte et du corps expéditionnaire en France et sa démobilisation.
C’est donc l’armée roumaine qui va assurer le gros du boulot. C’est le début de ce qu’on à appelé la guerre hungaro-roumaine.
Avant d’entrer dans le vif du sujet rappelons que le 16 novembre 1918 la Hongrie à proclamé la république, une république démocratique dirigée par Mihaly Karolyi.
Ce dernier est plein de bonne volonté mais il est pris entre le marteau allié qui fait preuve d’une intransigeance totale et l’enclume des extrémistes des deux bords qui sont dans une destructive surenchère.
Le 21 mars 1919 Bela Kun proclame la république des conseils. Le régime du comte Karolyi se maintient partiellement en Transylvanie où une administration mixte hungaro-roumaine se met en place sous l’égide de Gyula Peidl et du roi Ferdinand 1er de Roumanie.
La noblesse magyare propose la couronne de Hongrie au roi de Roumanie pour lier les deux pays dans une union personnelle mais ce projet ne pu aboutir. Ce projet entrainera une guerre hungaro-roumaine.
Les alliés tentent de négocier avec Bela Kun mais c’est un échec. La solution allait donc être militaire. Comme nous l’avons vu plus haut l’armée française ne peut intervenir et c’est finalement une armée franco-serbe dirigée par le général Franchet d’Esperey et une armée franco-roumaine (mais plus roumaine que franco) dirigée par Berthelot (Nda «Le gros Berthelot» comme dit Philippe Torreton dans ce splendide film qu’est Capitaine Conan) qui allaient intervenir.
Les 15 et 16 avril 1919 les hongrois lancent une attaque préventive contre les franco-roumains mais ces derniers contre-attaquent, brisant les lignes hongroises. Au début du mois de mai, les troupes d’Henri Berthelot occupent la rive est de la rivière Tisza selon le partage territorial prévu par la note Vix, note qui avait conduit à la démission de Karolyi.
Dès le 2 mai 1919 le gouvernement hongrois réclame la paix. Cela ne veut pas dire capitulation puisque le 20 mai l’armée rouge hongroise attaque et repousse les troupes tchécoslovaques et roumaines.
Le 30 mai 1919 un gouvernement anticommuniste est fondé à Szeged avec à sa tête Gyula Karolyi. En juin la conférence de paix de Paris ordonne de mettre un terme au conflit hungaro-tchèque.
Du 17 au 20 juillet 1919 les hongrois attaquent à nouveau l’armée roumaine. Cette fois cela se passe très mal pour les hongrois qui sont repoussés par les franco-roumains. Le 26 la rive est de la Tisza est à nouveau contrôlée et dans la nuit du 29 au 30 juillet la dite rivière est franchie pour permettre aux troupes alliées de mettre cap sur Budapest.
Le régime communiste hongrois se décompose. Le 1er août le gouvernement révolutionnaire démissione et Kun quitte la capitale sous la protection de la mission militaire italienne. Le 6 août la république des conseils à vécu et la république démocratique restaurée après une tentative de restauration des Habsbourgs.
L’armée franco-roumaine d’Henri Berthelot rentre le 6 août 1919 à Budapest et l’occupe jusqu’au 16 novembre quand Miklos Horthy, futur régent du royaume de Hongrie entre dans la capitale hongroise.
Le régent Horthy
La Roumanie en menant la guerre contre les communistes hongrois à sans nul doute marqué des points importants à la conférence de paix de Paris et pu ainsi obtenir la validation des rattachements des territoires peuplés de populations roumanophones.
La constitution de 1923
Le 29 mars 1923 est officiellement promulguée en Roumanie une nouvelle constitution. Appelée Constitution d’Union, elle va être en vigueur de 1923 à 1938. Elle à été abrogée par la Constitution du 27 février 1938.
Elle à pour but d’intégrer juridiquement parlant les nouveaux territoires acquis en 1918 et surtout remplacer le suffrage censitaire par le suffrage universel masculin.
Quatre projets de constitution sont présentés, un présenté par le Parti National Libéral écrit en partie par Ion I. C. Bratianu, un projet influencé par le Parti National Roumain écrit à Cluj par R. Boila, un par Constantin Stere représentant le point de vue du Parti des paysans et un quatrième par C. Berariu.
Tous sauf celui de Stere proposaient une chambre monocamérale, une représentation proportionnelle et une consultation populaire. En ce qui concerne l’organisation politique les trois projets étaient très inspirés de la Constitution en vigueur.
Un décret publié le 22 janvier 1922 prononce la dissolution du Parlement et convoque une Assemblée Constituante.
Quand les libéraux arrivent au pouvoir en 1922, ils proposent leur projet qui est adopté par la Chambre des Députés le 26 mars 1923 (247 voix contre 8, 2 abstentions) et par le Sénat le lendemain (137 voix contre 2, 2 abstentions). Sanctionné par le roi Ferdinand 1er le 28, elle est publiée le 29 mars 1923 par le Moniteur officiel de Roumanie.
Pour résumer c’est la constitution de 1866 révisée en 1879, en 1884 et 1917.
Ce texte est organisé en huit titres, le Titre 1 concerne le territoire roumain, le Titre 2 concerne les droits des roumains, le Titre 3 concerne les pouvoirs de l’Etat, le Titre 4 concerne les finances, le Titre 5 concerne les forces armées, le Titre 6 concerne les dispositions générales, le Titre 7 concerne les modalités de révision de la Constitution et le Titre 8 les dispositions transitoires et supplémentaires.
Le Titre premier (Titre 1) comprend les quatre premiers articles et concerne les limites du Royaume de Roumanie avec son organisation interne (départements ou judete eux mêmes divisés en communes).
Le Titre second (Titre II) concerne donc les droits des roumains comprennant les articles 5 à 32 avec la liberté de croyance et de conscience (articles 7 et 22), la non-reconnaissance des statuts et des privilèges et des titres de noblesse (article 10), la garantie des libertés individuelles (articles 11 et 12), la peine de mort est réservé au temps de guerre (article 16), la propriété privée est garantie (article 17), la liberté d’enseignement (article 24), la liberté d’expression (articles 25 et 26), la liberté de la correspondance (article 27), le droit d’association (article 29), le droit de pétition (article 30).
Le Titre Troisième (Titre III) concerne les pouvoirs de l’Etat. Il couvre les articles 33 à 108. Le pouvoir législatif est assuré par le roi et par la représentation nationale qui est assurée par le Sénat et l’Assemblée des Députés. Une loi doit être votée par les deux assemblées pour pouvoir être sanctionnée par le roi. Les trois branches du pouvoir législatif peuvent avoir l’initiative de la loi (articles 34 et 35).
Les membres du corps législatif sont élus pour quatre ans (article 62). L’assemblée des députés se compose (article 64) de députés par les citoyens roumains majeurs au suffrage universel égal, direct, obligatoire et secret, sur la base de la représentation des minorités.
L’élection des députés à lieu par circonscription électorale, chaque circonscription électorale ne peut être plus grande qu’un département (article 65).
Pour être élu il faut être citoyen roumain, jouir des droits civils et politiques, être âgé de 25 ans et être domicilié en Roumanie.
Le Sénat se compose de sénateurs élus et de sénateurs de droit (article 67). Tous les citoyens roumains âgés de 40 ans accomplis élisent par circonscriptions électorales qui ne peuvent être plus grandes qu’un département, au vote obligatoire, égal, direct et secret un certain nombre de sénateurs (article 68).
Les membres des conseils de département et des conseils municipaux urbains et ruraux réunis en un seul collège élisent au vote obligatoire égal, direct et secret un sénateur par département (article 69).
Les membres des chambres de commerce, d’industrie, de travail et d’agriculture réunis en collèges distincts élisent un sénateur de chaque catégorie pour chaque circonscription électorale. Ces circonscriptions électorales spéciales seront fixées par la loi électorale, leur nombre ne pouvant être supérieur à six (article 70).
Chaque université élit par le vote de ses professeurs un sénateur (article 71) et d’autres sont membres de droits (héritier du trôné âgé de 18 ans, les hauts-cadres des Eglises, le président de l’Académie roumaine). Ces personnes sont membres du Sénat tant qu’ils sont titulaires de la charge leur permettant d’accéder au Sénat (article 72 et 73).
Pour être éligible au Sénat, il fallait être citoyen roumain, jouir des droits civils et politiques, être âgé de 40 ans et être domicilié en Roumanie. Même chose pour les sénateurs de droit à l’exception de l’âge.
Un Conseil Législatif donne son avis sur les projets de lois proposés tant par le pouvoir exécutif que par le pouvoir législatif (article 76).
Le pouvoir exécutif est confié au roi (article 39) alors que le pouvoir judiciaire exercé par des organes propres, les arrêts étaient rendus en vertu de la loi et exécutés au nom du roi (article 40).
Le roi transmet à des descendants mâles et légitimes ses pouvoirs constitutionnels, les femmes et leur descendance étant exclues, les descendants devant être élevés dans la religion orthodoxe d’Orient (Article 77). En l’absence de descendance y compris par les branches collatérales, le roi pourrait choisir parmi les maisons royales d’Europe après assentiment de la représentation nationale. Durant la vacance du trône, une Lieutenance royale de trois personnes assumera la régence (Article 78 et 79). Les articles 80 à 87 précisent les pouvoirs du roi et leur évolution.
Selon l’article 88 le roi nomme et révoque ses ministres, sanctionne et promulgue les lois, peut refuser la sanction des lois, dispose du droit d’amnistie en matière politique, peut remettre ou réduire les peines en matière criminelle, peut suspendre les poursuites, nomme et confirme aux emplois publiques, chef de la force armée, distribue les décorations militaires et peut battre monnaie selon une loi spéciale et peut signer des traités avec les états étrangers. Selon l’article 89, la loi fixe la liste civile pour la durée de chaque règne.
Les ministres doivent être roumains par naissance ou naturalisation, aucun membre de la famille royale ne pouvant être ministre. Les ministres peuvent être mis en accusation par les deux assemblées, ministres jugés par la Haute-Cour de cassation et de justice. Les tribunaux sont créés par la loi (article 101), il n’existe qu’une cour de cassation et de justice (article 102) et seule cette dernière peut juger de la constitutionnalité et de la inconstitutionnalité des lois (article 103). les juges sont inamovibles dans les conditions spéciales qur fixera la loi (article 104).
Le Titre Quatrième (Titre 4) concerne les finances du Royaume de Roumanie. Il précise les modalités de recueil de l’impôt et de son utilisation. Ce sont les articles 109 à 118 qui précisent également le vote et l’utilisation du budget.
Le Titre Cinquième (titre V) concerne la force armée et couvre les articles 119 à 123. Comme la majorité des pays à l’époque, l’armée roumaine est une armée de conscription ce qui impose par exemple un vote annuel pour le contingent appelé sous les drapeaux (article 121).
Le Titre Sixième (Titre VI) concerne les dispositions générales couvrant les articles 124 à 128. Cela concerne les couleurs du drapeau (article 124), la capitale Bucarest (article 125), la langue officielle le roumain (article 126), l’interdiction de tout serment (article 127) et sur l’impossibilité de suspendre la constitution (article 128 «La Constitution ne peut être suspendue, ni en totalité, ni en partie. En cas de danger pour l’État, l’état de siège, général ou partiel, peut être déclaré»).
Le Titre Septième (Titre 7 article 129 et 130) précise les modalités de révision de la Constitution et la Titre Huitième (Titre 8 article 131 à 138) concerne les dispositions transitoires et supplémentaires.
La période démocratique
De 1923 à 1938 la Roumanie va connaître une période de vraie démocratie. Alors que l’Europe de l’est est marquée par des régimes autoritaires d’essence souvent réactionnaire, Bucarest fait figure d’ilôt démocratique même si naturellement tout n’est pas parfait.
J’en veux pour preuve la révolte de Tartarbunary survenue du 15 au 18 septembre 1924. Il s’agit d’une révolte paysanne, d’une jacquerie mais fortement matinée d’idées bolcheviques.
Cette révolte éclate en Bessarabie, une région récemment rattachée à la Roumanie. Elle à été menée par un comité révolutionnaire pro-soviétique qui avait pour objectif de créer une république soviétique moldave et de mettre fin à ce qui était considéré comme une occupation roumaine.
Cette révolte éclate dans un contexte de relations extrêmement tendues entre la Roumanie et l’URSS. Des entrevues ont été organisées à Copenhague, à Varsovie, à Gênes et ailleurs mais aucun consensus ne put aboutir, les soviétiques considérant que la Bessarabie avait été annexée et que le vote d’union avec la Roumanie avait été biaisée par la présence de troupes roumaines.
En décembre 1923 la 6ème conférence de la Fédération Communiste Balkanique adopte une résolution condamnant l’expansionisme roumain. Il encourageait les habitants de Bessarabie, de Bucovine, de Dobroudja et de Transylvanie à «combattre pour leur auto-détermination».
Du 27 mars au 2 avril 1924 des négociations roumano-soviétiques ont lieu à Vienne pour tenter d’améliorer les relations bilatérales. Ce n’était pas facile car la Roumanie n’avait pas reconnu l’URSS et les deux pays n’entretenaient aucun relation diplomatique.
Dès le début les soviétiques réclament un plébiscite en Bessarabie mais Bucarest refuse estimant que ce plébiscite était une opération de relations publiques en faveur de l’URSS.
Le chef de la délégation roumaine fit remarquer qu’aucun plébiscite ne fût organisé dans ce qui était censé être le «paradis socialiste». Les roumains rompent les négociations le 2 avril et toutes les conditions sont réunies pour un mouvement armé d’ampleur contre Bucarest.
Ce mouvement doit entrainer une réaction vigoureuse de la Roumanie pour justifier l’intervention de l’Armée Rouge. D’autres révoltes doivent être organisées dans d’autres états de la région notamment les Etats Baltes alors indépendants. C’est à l’été que la décision est prise.
Le territoire roumain à été divisé en deux zones, une zone nord couvrant la Bucovine qui doit être la région où doit commencer la rébellion, les autres zones (Bessarabie, Dobroudja, Banat et Hongrie orientale, Manamures Hongrie orientale et Transylvanie) devant suivre dans la foulée.
Durant les négociations roumano-soviétiques à Vienne, des agents soviétiques s’infiltrent en Bessarabie du Sud avec des armes et des tracts de propagande.
Le premier incident à lieu à minuit le 11 septembre 1924 quand un groupe armé de trente hommes transporté par bateaux attaque le village de Nikolaievca près de la frontière soviéto-roumaine et sur le rivage de la mer Noire.
Ce détachement coupe les lignes de téléphone et de télégraphe, tue le maire et deux gendarmes, incendient plusieurs bâtiments dont la mairie, affichant des tracts pour pousser la population à la révolte. Une foire fût également attaquée mais l’intervention rapide des gendarmes limita les dégâts. Après cette attaque plusieurs leaders de l’opération furent arrêtés ce qui imposa aux conjurés de passer la vitesse supérieure.
Le 15 septembre 1924 au soir, une réunion à lieu à Tatarbunary. Tous les participants acceptèrent d’attaquer le soir même. La mairie est occupée et une république soviétique moldave est proclamé, république autonome intégrée à la république socialiste et soviétique d’Ukraine.
Cette attaque entraina la mort du secrétaire de mairie, le chef de la gendarmerie, deux soldats roumains et d’autres représentants de l’état roumain furent tués.
Dans la nuit deux autres groupes armés sont formés pour prendre le contrôle des villages voisins et augmenter la surface de la rébellion. Des institutions typiquement soviétiques sont mises sur pied comme des comités révolutionnaires, des unités de milices et de gardes rouges. Les rebelles étaient entre 4000 et 6000 mais la majorité étaient ukrainiens et russes avec fort peu de roumains.
Le lendemain le commandant de la gendarmerie de Bïlolïssa s’échappa à Sarata en compagnie de quatre volontaires allemands. Avec ce groupe roumain ils attaquèrent les rebelles communistes, le combat durant plusieurs heures aboutissant à la retraite des insurgés en direction de Tatarbunary.
Le gouvernement roumain réagit promptement en envoyant des unités d’artillerie au profit de son 3ème Corps d’Armée mais aussi des moyens navals. Les premières unités arrivent à Cetatea Alba dans la soirée du 16 septembre et engagea immédiatement les rebelles sur le pont reliant Tatarbunary et Bîlolîssia. L’un des leaders Ivan Bejanovici est mortellement blessé.
Les troupes roumaines continuent leur opération venant de l’ouest en direction de Strumok. Les combats sont violents mais les rebelles en fin de journée doivent battre en retraite en direction du sud à Nerushai.
Dans les premières heures du 18 septembre, les troupes roumaines bombardèrent Tatarbunary, le centre majeur de la rébellion. Nenin nouveau chef de la rébellion ordonna la retraite en direction de Desantne.
Les rebelles tentèrent de rallier la mer Noire à Volcioc près de Jibrieni mais ils furent interceptés par une patrouille de garde-frontières de vingt hommes. N’ayant plus de munitions ils furent obligés de se rendre à l’armée roumaine qui captura au total 120 hommes mais les
Les deux leaders se séparèrent, Iustin Batischcev abandonna Nenin en prenant tout l’argent restant mais fût capturé par l’armée. Il eut plus de chance que Nenin qui fût mortellement blessé par un gendarme alors qu’il tentait de gagner les rives de la mer Noire pour rallier l’URSS.
La révolte fût mâtée après trois jours de combats. 1600 personnes furent arrêtées et 3000 tués dont un certain nombre de leaders de la rébellion. Le 11 octobre 1924, 45 hommes armés tentèrent de libérer des rebelles armés près de Tuzly. Même chose six jours plus tard près de Tatarbunary.
Le procès eut lieu entre le 24 août et le 2 décembre 1925 à la cour militaire du 3ème Corps d’Armée. Sur les 1600 personnes arrêtés, 489 personnes dont seulement 9 roumains sont poursuivis d’où son nom de Procès des 500.
C’est un procès hors norme avec un dossier d’instruction de 70000 pages et un verdict nécessitant 180 pages ! Quand on ajoute au fait que la majorité ne parlait pas roumain ce qui imposait le recours à la traduction on comprend que ce procès à duré 103 jours.
Le verdict est rendu le 3 décembre 1925. Iustin Batischcev fût condamné aux travaux forcés à perpétuité (la peine la plus sévère en temps de paix), d’autres à des peines de 15 ans de travaux forcés, de 10, 5, 3, 2 ou un an de prison. A cela s’ajoute 1000 lei d’amende.
Ce procès fût naturellement très commenté dans le monde et l’image de la Roumanie en souffrit, la réponse militaire ayant été jugé disproportionée par rapport à la menace réelle. En clair la défaite militaire à été un succès de propagande pour l’idéologie soviétique.
Ceux qui avaient échappé à l’arrestation et qui s’étaient réfugiés en URSS furent victimes des Grandes Purges déclenchées à la fin des années trente.
Ils ne pouvaient de toute façon espérer aucune clémence des autorités roumaines qui par une loi du 17 décembre 1925 fit interdire le parti communiste roumaine, une interdiction qui n’allait être levé qu’en 1953 après le changement de camp de la Roumanie.
Sur le plan de la politique extérieure la Roumanie va s’inscrire dans une série d’accords que l’histoire à retenu sous le nom de Petite Entente.
Tout à commencé le 14 août 1920 quand la Tchécoslovaquie, la Roumanie et le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes Yougoslavie à partir de 1929 signent un accord d’assistance pour se prémunir de la menace hongroise, Budapest n’ayant jamais accepté le traité du Trianon signé le 4 mai 1920.
Cette alliance est renforcée par des accords bilatéraux entre la Roumanie et la Tchécoslovaquie (23 avril 1921), entre la Roumanie et le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes (7 juin 1921) et entre le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes et la Tchécoslovaquie (31 août 1921). La Petite Entente entend garantir, par la force si besoin, les traités de paix.
Cette alliance est cependant imparfaite et incomplète puisque ne prenant pas en compte les autres menaces que ce soit l’URSS (vis à vis de la Roumanie), l’Italie (vis à vis de la Yougoslavie) ou encore l’Allemagne et la Pologne (vis à vis de la Tchécoslovaquie).
Suite aux accords de Locarno, la France s’est portée garante des accords de la Petite Entente en signant des alliances militaires avec Prague (16 octobre 1925), avec Bucarest (10 juin 1926) et Belgrade (novembre 1926). Une façon de posséder une alliance de revers en cas de réémergence de la menace allemande.
Ce Petite Entente montre très vite ses limites d’autant que les différents pays se regardent parfois en chien de faïence. Nous sommes loin de la solidarité transnationale contre une menace d’un pays tiers vis à vis de l’un des signataires. Pour ne rien arranger, les renoncements français des années trente vident ces accords de leur substance.
Nul doute que si la guerre de Pologne était devenu un conflit mondial nul doute que cette région aurait durablement échappé aux alliés. Son arrêt brutal en décembre 1939 permet à Paris et à Londres de remettre l’ouvrage sur le métier.
Plus facile à dire qu’à faire puisque si la réputation dégringole par l’ascenseur, elle remonte par l’escalier. Il faudra du temps, de la patience, du doigté et un soupçon de chance pour rendre la région moins hostile aux alliés.
C’est ainsi que des accords formels de coopération et d’assistance militaires sont signés avec la Yougoslavie et la Grèce, le premier étant signé à Belgrade le 14 septembre 1945 et le second à Athènes le 8 octobre 1946. Des tentatives vis à vis de la Hongrie, de la Roumanie et de la Bulgarie se heurtent à une telle inertie qu’elle équivaut à une fin de non recevoir.
La Roumanie se rapproche également de la Pologne au travers d’une série de traités signés durant la période que l’histoire à retenu sous le nom de «Rethondes-Coblence».
Les différents traités de paix signés dans la foulée de la Conférence de paix de Paris ont permis la renaissance de la Pologne 123 ans après sa disparition et permis du côté Roumain la réalisation du vieux irrédentiste en regroupant dans un même état tous les roumanophones jadis dispersés entre la Roumanie, la Russie et l’Autriche-Hongrie.
Bucarest et Varsovie en donc tout intérêt à se rapprocher pour ne pas dilapider les fruits des traités en cas de retour au premier plan de pays vaincus comme l’Allemagne ou de pays mis au ban de la communauté internationale comme la Russie devenue l’URSS. La volonté d’imposer un «cordon sanitaire» contre le bolchevisme était également très présente chez les deux gouvernements.
Lors de la guerre polono-soviétique de 1919/20 les roumains ne s’engagèrent pas aux côtés des troupes polonaises mais acceptèrent que leur territoire serve de zone de transit pour l’armée de Varsovie qui se composait à l’époque d’un étonnant mélange de soldats, sous-officiers et officiers ayant combattu aux côtés des alliés (Armée Bleue), au sein de l’armée allemande, de l’armée austro-hongroise et même de l’armée russe.
Les roumains participèrent néanmoins à la guerre opposant les polonais à la république populaire d’Ukraine occidentale créé en Galicie à l’été 1919. En août 1919 les polonais proposèrent même un condominium polono-roumain sur l’Ukraine mais ce projet n’eut pas de suite en raison visiblement de réticences côté roumain.
Bucarest de son côté envisageait de nouer des relations diplomatiques avec la République Populaire d’Ukraine. En 1920 Pidulski l’homme fort de la Pologne proposa à nouveau un condominium sur l’Ukraine en précisant que la Roumanie pourrait administrer les rives de la mer Noire, Odessa et la Transnistrie. Là encore les roumains refusèrent de crainte d’être entrainés dans la guerre civile russe.
En dépit de ces refus roumains, les deux pays estimèrent qu’un accord était possible. C’est ainsi qu’une convention défensive est signée à Bucarest le 3 mars 1921. Valable cinq ans ce traité obligeait chaque signataire à porter assistance à l’autre en cas d’agression à sa frontière orientale ce qui faisait de ce traité une arme dirigée contre la Russie bolchévique future (1922) URSS, cette dernière venant de perdre la guerre contre la Pologne.
Les ratifications sont échangées à Bucarest le 25 juillet 1921 et le traité est enregistré dans les archives de la SDN le 24 octobre de la même année.
Si la Pologne et la Roumanie s’entendirent pour une convention défensive en revanche Bucarest échoua à convaincre Varsovie à rejoindre la Petite Entente en raison d’une série de contentieux frontaliers entre la Pologne et la Tchécoslovaquie. La Grèce également approchée refusa également.
Le traité de 1921 expirant le 3 mars 1926 les discussions pour le proroger sont lancées dès les premières semaines de l’année. Les négociations s’annoncent ardues car cette fois Varsovie veut une assistance roumaine contre l’URSS mais aussi contre l’Allemagne.
Le 26 mars 1926 la Roumanie et la Pologne signe un traité d’alliance qui élargit le champ d’application en automatisant l’assistance envers l’autre signataire et ce quelquesoit la frontière attaquée. Les ratifications sont échangées à Varsovie le 9 février 1927 et le traité est enregistré par la SDN le 7 mars suivant.
Le 15 janvier 1931 un traité de garantie est signée entre les deux pays. En octobre des rumeurs envoient même le prince Nicolas, fils de Ferdinand 1er et frère de Carol II, ancien régent de Roumanie pour son neveu Michel 1er comme nouveau roi de Pologne.
Alors que les nazis sont aux portes du pouvoir en Allemagne, la Pologne tente de sécuriser sa frontière orientale en signant un pacte de non-agression avec Moscou.
Ce traité est signé le 25 juillet 1932, les ratifications sont échangées le 23 décembre 1932, le traité est enregistré le 9 janvier 1933 par la SDN. Le 5 mars 1934 ce traité est prolongé sans modifications jusqu’au 31 décembre 1945 (sic).
Nul doute que la Roumanie aurait aimé faire pareil mais comme l’URSS ne reconnaissait la souveraineté roumaine sur la Bessarabie cela partait sur de mauvaises bases pour rester poli.
Toujours en 1932 les milieux autorisés bruissèrent de rumeurs qu’on envisageait une union personnelle de la Roumanie et de la Pologne avec un Carol II roi de Roumanie et roi de Pologne.
A partir du milieu des années trente les relations roumano-polonaises se rafraichissent puisque les intérêts des deux pays commencèrent à diverger. Bucarest signa ainsi le Pacte Balkanique (Nda voir plus loin) avec la Yougoslavie, la Turquie et la Grèce. De son côté la Pologne tenta de convaincre la Roumanie de retirer son soutien à la Tchécoslovaquie en échange d’un compromis avec la Hongrie.
En 1938 lors de la crise des Sudètes, le colonel Beck, ministre des affaires étrangères polonais proposa à la Roumanie de participer au dépeçage de la Tchécoslovaquie en soutenant l’annexion hongroise de la Ruthenie subcarpathique. Le MAE polonais espérait ainsi faire oublier à Budapest ses revendications sur la Transylvanie. Cette offre est refusée par Carol II.
Alors que de sombres nuages s’accumulent au dessus de l’Europe les deux pays décident de revenir à leurs bonnes relations des années vingt. Cette revivification des relations roumano-polonaises allait trouver son illustration dans le soutien discret mais capital de la Roumanie à la Pologne durant la guerre de trois mois (NdA l’expression «Three Month’s War guerre de trois mois est très utilisée dans les pays anglo-saxons de préférence à «Guerre de Pologne» jugée trop réductrice mais surement trop française).
Certes on ne vit pas des soldats roumains combattre bras dessus bras dessous avec leurs frères d’armes polonais (Varsovie déclina une offre roumaine car espérant une intervention franco-britannique musclée en se servant de la Roumanie comme tête de pont, on connait la suite) mais l’ouverture du territoire roumain permis à de nombreux soldats polonais à échapper à la captivité.
Ce séjour roumain fût bref puisque probablement pour éviter des complications, les troupes polonaises furent rapidement autorisées à rallier la France pour reprendre la lutte après un internement pour la forme.
Cette attitude explique probablement pourquoi malgré un rapprochement avec l’Allemagne les roumains furent obligés de dire adieu à la Grande Roumanie en cédant des territoires à la Hongrie à l’URSS et à la Bulgarie.
Cette politique ne faisait d’ailleurs pas l’unanimité en Roumanie puisque le 21 septembre 1939 le premier ministre pro-britannique Armand Calinescu fût assassiné à Bucarest par des hommes de la Garde de Fer soutenus par l’ambassade d’Allemagne ce qui entraina une crise diplomatique entre Berlin et Bucarest, les deux pays étant à deux doigts d’entrer en guerre.
Il semble que c’est l’attitude pusilanime de la France dans le conflit qui dissuada Bucarest de déclarer la guerre à l’Allemagne. L’ambassadeur fût rappelé en Allemagne et quelques lampistes furent sacrifiés
Suite à la fin de la guerre de Pologne, un gouvernement polonais en exil s’installa à Nantes mais il ne fût pas reconnu de jure par la Roumanie ce qui n’empêcha pas Bucarest de garder des canaux ouverts. On sait maintenant que des filières d’évasion existaient pour les polonais et que ces filières étaient connues des roumains en dépit de dénégations officielles.
Le Pacte ou Entente Balkanique était un traité signé par la Grèce, la Turquie, la Roumanie et la Yougoslavie le 9 février 1934 à Athènes pour maintenir le status quo dans une région qui méritait plus que jamais son surnom de «Poudrière des Balkans» tant les contentieux et les sources de conflit étaient nombreux.
Ce traité était également tourné contre une Bulgarie vaincue durant le premier conflit mondial et dont on redoutait un retour en force pour recréer une Grande Bulgarie qui avait brièvement existé après le traité de San Stefano en 1878 et que Sofia cherchait à recréer. Il s’agissait d’un véritable letmotiv de sa politique étrangère.
Ce pacte avait comme la Petite Entente de sérieuses limites, la principale étant le refus de l’Italie, de l’Albanie, de la Bulgarie, de la Hongrie et de l’URSS de signer ce texte. Le traité est enregistré par la Société des Nations (SDN) le 1er octobre 1934.
A peine quatre ans après la signature de ce pacte les signataires négocièrent le retour de la Bulgarie dans le concert des nations en signant l’Accord de Salonique. Cet accord signé dans la même ville que l’armistice qui sortit Sofia de la guerre annula les clauses des traités de Neuilly-sur-Seine et de Lausanne, traités qui sanctionnaient les défaites bulgares et ottomanes. Il permettait surtout à la Bulgarie de réarmer officiellement, chose qu’elle avait commencé clandestinement depuis longtemps.
Ce pacte littéralement vidé de sa substance par l’accord de Salonique devint une coquille vide. Il y eut bien quelques tentatives de le faire revivre mais sans succès.
Le 13 juillet 1866 une assemblée constituante adopte une nouvelle constitution. Inspirée de la constitution belge (considérée comme la plus libérale d’Europe) elle à été néanmoins substantiellement modifiée par Carol 1er mais aussi en 1879 quand sous la pression des puissances occidentales, l’article 7 est modifié même si les non-orthodoxes restent des citoyens de seconde zone.
En 1884 le nombre de collèges électoraux est réduit à trois et en 1917 le système basé sur les collèges électoraux est aboli, le droit de propriété est affaibli pour permettre la mise en place d’une réforme agraire. En 1923 une nouvelle Constitution sera adoptée.
La constitution installe une monarchie constitutionnelle. Elle impose le principe de la séparation des pouvoirs et de la souveraineté nationale. Le pouvoir législatif est exercé par la Prince et le Parlement (composé de la Chambre des Députés et du Sénat) alors que le pouvoir exécutif est exercé par le Prince et par ses ministres.
Le Prince légue ses pouvoirs constitutionnelles à ses descendants mâmes par ordre de primogéniture et à l’exclusion perpétuelle des femmes et de leur descendance. Sa personne est inviolable mais ses actes doivent être contresignés par un ministre.
Le Prince est le chef de l’armée, il nomme et révoque les ministres, sanctionne et promulgue les lois, nomme ou confirme dans toutes les fonctions publiques, il conclut avec les Etats étrangers les conventions de commerce et de navigation, il à le droit d’amnistie, de conférer les grades militaires et le droit de battre monnaie. De plus il ouvre et clôt les sessions du Parlement qu’il peut convoquer d’urgence ou dissoudre.
De nombreux droits et de nombreuses libertés sont reconnues, la peine de mort est abolie en temps de paix et la propriété privée est considérée comme sacrée et inviolable.
L’Église orthodoxe roumaine reçoit un statut supérieur (« la religion dominante de l’État roumain ») , tandis que l’article 7 interdit aux non-chrétiens d’obtenir la nationalité roumaine (ce qui affectait surtout les Juifs).
La Constitution de 1866 : éléments à retenir
Comme toutes les constitutions de l’époque c’est un texte très long avec 132 articles répartis en huit titres (Titre premier. Du territoire de la Roumanie, Titre II. – Des droits des Roumains, Titre III. – Des pouvoirs de l’État, Titre IV. – Des finances, Titre V. – De la force armée, Titre VI. – Dispositions générales, Titre VII. – De la révision de la Constitution et Titre VIII. – Dispositions transitoires et supplémentaires).
Le premier titre comprend quatre articles et concerne les frontières ainsi que l’organisation administrative du pays. Chaque modification doit passer par la loi.
Le deuxième titre va des articles cinq à trente et concernent les droits et les devoirs des roumains qui bénéficient sur le papier de nombreuses libertés. Je dis bien sur le papier car en pratique ce sera très différent. L’article 12 ne reconnaît aucun titre ni privilège nobiliaire alors que l’article 13 garantie la liberté individuelle de chacun.
L’article 18 prévoit que la peine de mort ne sera applicable qu’en temps de guerre alors que l’article 19 reconnaît le droit de propriété et que l’article 21 reconnaît la liberté de conscience et la liberté de culte tout en admettant que «La religion orthodoxe d’Orient est la religion dominante de l’État roumain». L’article 24 reconnaît la liberté de la presse et l’article n°25 la liberté de réunion.
Le titre III va des articles 31 à 107 et concerne l’organisation des pouvoirs de l’Etat. Ces articles organisent le pouvoir législatif, le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire.
Les députés au nombre de 58 sont élus au suffrage censitaire dans chaque département, le dit électorat étant divisé en quatre collèges (article 58 à 63) avec le premier collège (individus ayant un revenu foncier de 300 ducats minimum), un deuxième collège (100 à 300 ducats), un troisième collège (commerçants et industriels qui payent une contribution de 80 piastres, certaines catégories étant exemptés comme les professions libérales, les officiers en retraite, les professeurs et les pensionnaires de l’état) et le quatrième collège (les autres contributeurs de l’état).
Pour être éligible (article 66) il faut être roumain de naissance ou avoir reçu la grande naturalisation, jouir des droits civils et politiques, être âgé de 25 ans et être domicilié en Roumanie. Les députés selon l’article 67 sont élus pour quatre ans.
Les membres du Sénat sont élus pour huit ans (renouvelé par moitié tous les quatre ans) à raison de deux par département auxquels il faut ajouter un sénateur choisit par les professeurs de l’université de Jassy et un sénateur choisit parmi les professeurs de l’université de Bucarest. Pour être élu sénateur il faut avoir au moins 40 ans et avoir un revenu minimal de 800 ducats. L’article 75 prévoir les personnes dispensées du paiement de ce cens, essentiellement des élus et les militaires. Le prince héritier est membre de droit à 18 ans (mais ne peut voter qu’à 25 ans) ainsi que les métropolitains et les évêques diocésains.
Carol 1er de Roumanie, prince de Roumanie de 1866 à 1881 puis roi de Roumanie de 1881 à 1914
Le Prince de Roumanie doit être issue de la descendance directe et légitime de Charles 1er de mâle en mâle. Ses héritiers sont relevés dans la religion orthodoxe. En cas de vacance du trône, les deux assemblées se réunissent dans les huit jours et élisent un prince dans une des dynasties souveraines d’Europe occidentale.
Il exerce le pouvoir exécutif, les ministres sont responsables devant lui et tous les actes du Prince doivent être contresignés par un ministre. Il sanctionne et promulgue la loi, dispose du droit d’amnistie et du droit de grâce. Il est chef des armées et signé des traités avec les pays étrangers.
Le titre IV qui concerne les finances couvre les articles 108 à 117 et précise la percetion de l’impôt et le vote du budget.
Le Titre V (article 118 à 123) concerne les forces armées avec notamment la question de la conscription. Le Titre VI concerne les dispositions générales (drapeaux, capitale….) et couvre les articles 124 à 128. Le titre VII concerne le mécanisme de révision de la constitution (article 129) alors que le titre VIII couvre des dispositions transitoires et supplémentaires (article 130 à 132).
Le Royaume de Roumanie (1) (1881-1918)
Les rois de Roumanie
Carol 1er
Statue de Carol 1er en plein centre de Bucarest
Carol 1er de Roumanie est donc le premier roi de Roumanie. Né le 20 avril 1839 à Sigmaringen sous le nom de Karl Eitel Friedrich Zephyrinus Ludwig von Hohenzollern-Sigmaringen, il est le fils de Karl Anton vont Hohenzollern-Sigmaringen et de Josephine de Bade. Petit-fils d’Antoinette Murat par son père, il descendait du grand maréchal de Napoléon puisqu’Antoinette était la nièce de feu Joachim 1er de Naples.
Il entre à l’Ecole de Cadet de Munster puis en 1857 assiste aux cours de l’école d’artillerie de Berlin. Jusqu’à son élection comme domnitor, il est officier dans un régiment de dragons, participant à la deuxième guerre des duchés contre le Danemark et aux côtés de l’Autriche.
Marié à Elisabeth de Wied à partir de 1869, il n’aura qu’une fille, Marie de Roumanie (1870-1874) ce qui explique que son successeur fût son neveu Ferdinand après les renoncements successifs de son père et de son frère ainé.
Le 20 avril 1866 il est élu prince-souverain (domnitor) des principautés unies de Roumanie après la destination d’Alexandre Jean 1er Cuza. Après quinze ans comme prince-souverain, il est proclamé roi de Roumanie le 26 mars 1881, premier roi de la maison de Hohenzollern-Sigmaringen.
Sous son règne la Roumanie profite de la guerre russo-ottomane (au cours de laquelle il commande lui même son armée) pour devenir indépendante (1877) puis devient un royaume en 1881. Sur le plan politique, un bipartisme libéraux contre conservateurs se met en place mais la différence ne saute pas forcément aux yeux puisqu’ils sont tous issus de la classe des grands propriétaires terriens. En 1888 et 1907 deux jacqueries secouent la Roumanie signe que le problème de la terre reste lancinant dans ce jeune pays.
Quand éclate le premier conflit mondial, Carol 1er veut engager la Roumanie du côté des Empires centraux et ainsi respecter l’alliance conclue avec l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie en 1883. Oui mais voilà l’opinion publique roumaine est plutôt favorable à l’Entente.
Il finit par choisir la neutralité en raison notamment de l’hostilité viscérale des roumains vis à vis de l’Autriche-Hongrie, la Double-Monarchie contrôlant la Transylvanie où vit une importante minorité roumaine, minorité sans réels droits politiques et soumis à une politique de magyarisation.
Selon certains c’est ce dilemme qui provoqua sa mort le 10 octobre 1914 à l’âge de 75 ans (soit un âge avancé pour l’époque). Son neveu Ferdinand marié à Marie d’Edimbourg lui succède sur le trône de Roumanie.
Ferdinand 1er
Ferdinand 1er
Ferdinand 1er (Sigmaringen 24 août 1865 Sinaia 20 juillet 1927) est le deuxième roi de Roumanie, régnant de 1914 à 1927.
Fils de Léopold (1835-1905), prince de Hohenzollern-Sigmaringen et d’Antonia du Portugal (1845-1913), il est le neveu de Carol 1er et son successeur désigné depuis 1886 en raison du fait que son oncle n’à aucun héritier, son seul enfant Marie de Roumanie étant morte à l’âge de quatre ans.
Le 10 janvier 1893 il épouse Marie d’Edimbourg (1875-1938), fille d’Alfred de Saxe-Cobourg et Gotha, duc d’Edimbourg et de la grande-duchesse Maria-Alexandrovna de Russie. De cette union naissent six enfants, le futur Carol II (1893-1953) roi de Roumanie de 1930 à 1940, Elisabeth (1894-1956), Marie (1900-1961), Nicolas (1903-1978), Ileana (1909-1991) et Mircea (1913-1916).
Agé de 48 ans à son événement, il est moins germanophile que son oncle mais nul doute que l’entrée en guerre de la Roumanie contre son pays natal en 1916 à du être une sorte de cas de conscience. Il semble que le gouvernement de Bratianu l’à poussé à la guerre aux côtés de l’Entente.
Il voit donc son pays d’adoption subir une terrible défaite qu’il encaissera avec dévouement devenant aux yeux des roumains «Ferdinand le loyal».
Néanmoins en 1918 il aurait été proche d’accepter la couronne de Hongrie offerte par la noblesse hongroise dans le candide espoir d’éviter le démantèlement de la Hongrie tel qu’il sera mené par les alliés au traité de Trianon (probablement le traité de paix le plus dur).
Au final ce projet ne vit pas le jour mais les territoires roumanophones de la Hongrie furent rattachés à la Roumanie, donnant naissance à la Grande Roumanie qui allait être démantelé durant la Pax Armada au profit de l’URSS, de la Hongrie et de la Bulgarie.
Mort en 1927, son petit fils Mihail lui succède suite à la renonciation de Carol, son fils ainé connu pour sa vie dissolue qui faisait scandale auprès des roumains.
Carol II
Carol II
Carol II (Sinaia 15 octobre 1893 Estoril 4 avril 1953) est le troisième roi de Roumanie. Fils de Ferdinand 1er et de Marie d’Edimbourg. Il succède et est précédé par son fils Michel 1er pour des raisons que nous allons expliciter par la suite. Il règne du 8 juin 1930 au 6 septembre 1940 soit 10 ans, deux mois et vingt-neuf jours.
Premier roi de Roumanie né au pays (un peu comme George III pour la dynastie hanovrienne), il reçoit cependant une éducation internationale ce qui lui voudra la haine des légionnaires de la Garde de Fer qui le considérait comme un «cosmopolite». Un signe qui ne trompe pas, bien qu’appartenant à une dynastie germanophone, il s’exprimait davantage en anglais et en français.
Alors qu’il était prince héritier, il mena une vie dissolie, la vie d’un jet-setteur. Contre l’avis de son père, il épouse une roturière Iona Valentino le 31 août 1918 mais ce mariage qui donna naissance à un enfant prénomé Mircea (né en 1920) fût annulé en 1919.
Le 10 mars 1921 il épouse Hélène de Grèce, fille du roi Constantin 1er. C’est un mariage guidé par la raison d’état ce qui explique que le futur roi de Roumanie noue une liaison avec Elena Lupescu, une roumaine de confession juive ce qui ne peut qu’aggraver son cas aux yeux de la très antisémite Garde de Fer.
Après une série de scandales, le roi Ferdinand 1er pousse le prince Carol à renoncer à ses droits au trône au profit de son fils Michel né le 25 octobre 1921. Cela va aboutir à une situation toujours périlleuse de remplacer un héritier dans la force de l’âge (32 ans) au profit d’un enfant âgé de 4 ans («Malheur au royaume dont le prince est un enfant»).
La Roumanie étant une monarchie parlementaire, cette demande de Ferdinand 1er est acceptée par le parti libéral, acceptation d’autant plus facile que le prince héritier est vu comme très proche du parti paysan, son grand adversaire. L’ex-prince héritier s’installe à Monaco où il continue une vie dissolue et guère compatible avec l’image d’un futur monarque.
Ferdinand 1er meurt en 1927. Michel 1er n’étant âgé que de six ans, une régence s’installe, une période toujours délicate pour un royaume.
En juin 1930 Carol obtient du Parti paysan au pouvoir l’abrogation de renonciation au trône et son avénement au trône sous le nom de Carol II.
Pour faire face aux problèmes du moment (monté des extrémismes, crise économique) il estime la démocratie parlementaire inadaptée et cherche à mettre sur pied un régime autoritaire comparable à ses homologues yougoslaves (Alexandre 1er) et bulgares (Boris III). Il se heurte à la classe politique, à l’Eglise (qui lui reproche son style de vie) et à la Garde de Fer pour qui il n’est qu’un «parasite étranger de la nation roumaine».
En février 1938 il impose ce qu’on à appelé la dictature carliste. La constitution de 1923 est profondément réformée dans un sens autoritaire.
Il mène une lutte impitoyable contre la Garde de Fer. En dépit de ce tournant autoritaire, le roi de Roumanie reste fidèle à une politique étrangère pro-alliée sans pour autant rompre avec l’Allemagne nazie et l’URSS communiste. Un vrai jeu d’équilibriste.
C’est ainsi que durant la guerre de Pologne, il ouvre son territoire à l’armée polonaise en déroute ce qui permettra au gouvernement polonais en exil installé à Nantes de disposer d’une armée composée en partie d’hommes expérimentés et surtout brûlant de se venger, ignorant qu’à l’époque il leur faudrait attendre quasiment une décennie pour cela.
Avec la fin de la guerre de Pologne, le roi Carol II peut estimer avoir fait le plus dur et espère ainsi être récompensé en retour par l’un ou l’autre camp. La désillusion sera terrible, la pression allemande et le refus allié de garantir leur aide militaire en cas d’agression soviétique oblige le gouvernement roumain à accepté le démenbrement de la Grande Roumanie (perte de la Transylvanie du nord, de la Bessarabie et de la Bucovine du Nord mais aussi de la Dobroudja du Sud).
Si les légionnaires de la Garde de Fer (le nom officiel de l’organisation fasciste roumaine était «légion de l’archange Saint Michel») sont vent debout ce qui n’est pas nouveau mais même la partie modérée de l’opinion lui en veut énormément. Pour ne rien arranger des scandales privés et de corruption ternissent un peu plus l’image d’un roi dont le trône ne tient plus qu’à un fil.
Ce fil cède le 6 septembre 1940. La veille le roi avait nommé le maréchal Antonescu comme président du conseil. Il espérait ainsi se racheter une conduite en nommant un général populaire dans l’opinion mais c’est trop tard beaucoup trop tard. Au lendemain de sa nomination, Antonescu oblige Carol II à abdiquer en faveur de son fils Michel qui redevient roi dix ans après avoir du renoncer au trône.
L’ancien roi de Roumanie quitte le pays sous les quolibets, les insultes et même les balles puisque son train est mitraillé par la Garde de Fer à la frontière roumano-yougoslave. Cela entraine un incident de frontière qui menace de dégénérer en une guerre entre Belgrade et Bucarest.
Refugié au Portugal il y épouse sa maitresse Elena Lupescu en juin 1947 et meurt triste et amer le 4 avril 1953 à l’âge de cinquante-neuf ans. Durant son exil portugais il rédigea ses mémoires qui ne furent publiées qu’en 2003 lors du retour de sa dépouille en Roumanie.
Dans ce texte de 850 pages il effectue un examen lucide sur sa vie et sur sa personnalité mais ne regrette rien, terminant ses mémoires par cette phrase gravée sur sa tombe : Sufletul meu către Dumnezeu, trupul meu pentru patrie, onoarea mea pentru mine (Mon âme à Dieu, mon corps à la patrie, mon honneur à moi)
Michel 1er
Michel 1er
Michel 1er (Sinaia,Roumanie 25 octobre 1921 Aubonne, Suisse 5 décembre 2017) est à la fois le troisième et le cinquième et dernier roi de Roumanie, une situation quasi-unique dans l’histoire (NdA le seul exemple que je connaisse est celui de Phillipe V d’Espagne qui abdiqua en faveur de son fils Louis 1er puis qui repris le pouvoir après la mort prématuré de son fils en 1724, un intermède de sept mois). Il règne ainsi du 20 juillet 1927 au 8 juin 1930 et du 6 septembre 1940 à sa déposition survenu le 30 mars 1957.
Fils de Carol II et d’Hélène de Grèce, Michel 1er est arrière-arrière-petit-fils de Victoria, arrière-arrière-arrière-petit-neveu de Léopold 1er de Belgique, cousin au troisième degré d’Elisabeth II du Royaume-Uni (au mariage duquel il allait rencontrer son épouse), des rois Juan Carlos Ier d’Espagne, Charles XVI Gustave de Suède, Harald V de Norvège et de la reine Margrethe II du Danemark. Enfin, sa grand-mère paternelle est la cousine germaine de Nicolas II par son arrière-grand-mère Maria Alexandrovna de Russie.
Le 28 décembre 1925 quand son père renonce à ses droits sur la couronne de Roumanie pour préférer vivre sa vie avec sa maitresse Magda Lupescu, le petit Michel âgé de tout juste quatre ans devient l’héritier du roi Ferdinand 1er de Roumanie, son grand-père.
Il devient roi à l’âge de six ans sous la régence d’un triumvirat composé de son oncle, le prince Nicolas, du patriarche Miron Cristea et de Gheorghe Buzdugan, président de la Cour de Cassation.
Sans avoir pu réellement gouverner (et pour cause), Michel 1er doit renoncer au trône le 8 juin 1930 au profit de son père qui le proclame héritier du trône !
Le 5 septembre 1940 le maréchal Antonescu est nommé premier ministre par un Carol II aux abois qui est poussé à l’abdication le lendemain. Il semble qu’un temps Antonescu est songé à devenir régent sur le modèle hongrois mais il préféra garder un semblant de légalisme en proclamant Michel 1er âgé de dix-neuf ans roi de Roumanie.
Sans pouvoir il n’est pas sans influence. Si il ne s’exprime pas publiquement il manifeste en privé sa mauvaise humeur.
Très populaire auprès d’une partie de l’opinion roumaine, il doit être ménagé par le Conducator. Il couvre également les agissements de son entourage en faveur des juifs persécutés et garde de précieux contacts en Occident à une époque où Bucarest à clairement choisit le camp allemand.
Avec le temps les relations entre Antonescu et le roi se dégradent. Une partie de la classe politique est plus monarchiste que fasciste (encore qu’Antonescu n’est pas un fasciste «chimiquement pur», la répression impitoyable de la Garde de Fer l’ayant démontré) mais les quelques consultations visant à rétablir un régime démocratique en Roumanie se heurtent à des querelles de chapelle et surtout de personnes.
Le 14 mars 1947 le roi Michel 1er est assigné à résidence à Constansa et menacé d’exil. Des manifestations monstres sont durement réprimées par l’armée et des troupes paramilitaires fidèles au Conducator mais Antonescu comprend qu’il doit lâcher du lest. Le roi est libéré le 4 octobre 1947 mais toujours sans pouvoir, l’entourage du maréchal (mais visiblement par le maréchal lui même) lui ayant fait comprendre que la prochaine fois il sera moins question de conciliation et davantage d’exil et de répression.
Quand le second conflit mondial éclate, Michel 1er devient commandant en chef des forces armées roumaines mais bien entendu c’est un poste purement symbolique, un os à ronger donné pour calmer les éléments monarchistes de l’armée.
Le roi effectuera quelques visites sur le front russe jusqu’à ce qu’on Antonescu y mette son véto craignant que la popularité du roi ne pousse le fils de Carol II à tenter l’aventure ô combien risquée du coup d’état.
Suite à la dégradation de la situation militaire, Michel 1er décide enfin de sauter le pas du coup d’état mais avant même que cette exécution soit menée par le général Ion Andreanu, un coup d’état communiste à lieu le 25 septembre 1953 pour tenter de sauver le pays d’une invasion soviétique.
Ce sera peine perdue car l’armistice n’est signé que le 4 octobre 1953 alors que les trois quarts du pays sont occupés par les soviétiques.
Le maréchal Antonescu et son gouvernement sont emprisonnés mais le roi est autorisé à rester dans son palais de Bucarest. Inutile de préciser qu’il est sévèrement gardé par des troupes soviétiques et quelques militants communistes vite expulsés par les soviétiques qui craignaient un «malheureux accident».
A la fin du conflit, officiellement la Roumanie est toujours un royaume mais en réalité c’est déjà un régime communiste. Une résistance politique et armée se dévellope, résistance soutenue mezzo voce par le roi.
Les communistes menace le 19 mars 1957 d’un bain de sang si le roi n’abdique pas. Voulant éviter cela, le roi décide d’abdiquer le 25 mars 1957 et s’exile en Suisse. La monarchie est abolie officiellement le lendemain.
Après une vie d’exil, l’ex-roi devenu citoyen danois (car déchu de sa nationalité roumaine en 1959 pour «crime contre le prolétariat») rentre en Roumanie en 1992 mais est expulsé par le nouveau gouvernement pour «sédition».
Ce n’est qu’en 2003 qu’il sera autorisé à revenir en Roumanie, raccompagnant le corps de son père de son exil portugais. Ce fût le couronnement de négociations âpres qui avaient déjà aboutit au rétablissement de sa citoyenneté roumaine en 1997 pour lui et sa famille. D’anciennes propriétés lui sont même restituées.
Aussi populaire que la classe politique roumaine est impopulaire (avec de nombreuses affaires de corruption dans un pays où le pot de vin est une pratique courante), il fait figure de patriarche, de sage. Il ne s’est jamais exprimé sur le sujet mais il semble qu’il n’à jamais sérieusement songé à rétablir la monarchie.
Vivant entre la Roumanie et la Suisse, l’ancien roi de Roumanie est décédé le 5 décembre 2017 des suites d’un cancer, seize mois après la mort de son épouse Anne de Bourbon-Parme. La Roumanie décrète trois jours de deuil national. Michel 1er est enterré aux côtés de ses prédécesseurs dans une crypte de l’Eglise Notre Dame de Agrea. De son mariage avec Anne de Bourbon-Parme sont nées cinq filles.
Des origines au premier conflit mondial
Le 14 mars 1881 la Roumanie devient donc un Royaume avec Carol 1er comme roi. Jusqu’en 1888 le premier ministre est Ion Bratianu qui mène une politique de modernisation du pays via d’imposants travaux d’infrastructures (routes, ponts, voies ferrées). La constitution est amendée en 1883 avec l’augmentation du nombre d’électeurs et la création d’un troisième collège.
En 1874 Marie Roumanie, fille de Carol 1er et unique enfant du couple royal décède dans l’enfance. Sans aucun autre enfant il fait de son frère ainé Léopold l’hériter mais ce dernier renonce en octobre 1884 en faveur de son fils Guillaume qui lui même renoncera en 1886 en faveur de son cadet Ferdinand.
Sur le plan politique, deux grands partis se structurent, les libéraux et les conservateurs même si on ne peut pas dire qu’il y ait une immense différence entre les deux.
Sur le plan chronologique, le Parti National Libéral est au pouvoir de 1881 à 1888, de 1895 à 1899, de 1901 à 1906, de 1907 à 1910 et de 1914 à 1918 alors que le Parti National Démocrate plus conservateur est au pouvoir de 1888 à 1895, de 1899 à 1901, en 1906/07 et de 1910 à 1914.
Tout n’est cependant pas rose puisqu’une révolte paysanne (jacquerie) éclate en Valachie en avril 1888 suivie en 1907 d’une révolte touchant aussi bien la Moldavie et la Valachie.
Cette dernière à lieu de février à avril 1907 dans un contexte très difficile avec notamment le souvenir de la révolution russe de 1905, souvenir attractif pour les plus humbles et répulsif pour les possédants.
Les paysans roumains avaient été libérés du servage entre 1746 et 1749 mais dans la pratique leur situation dans les grands domaines agricoles n’était guère enviable.
Si le paysan roumain était vu comme docile voir servile, cela ne l’empêchait pas de se rebeller comme en 1888, 1899 et 1900, des années marquées une sécheresse qui mettait en péril leur survie.
Pourquoi en 1907 cette révolte prend une telle ampleur ? Les historiens débattent toujours et ne peuvent émettre qu’une série de conjéctures. Un événement à rarement une origine unique et de plus il ne faut pas oublier l’irrationalité des comportements humains. Ce n’est pas pour rien que les révoltes populaires au temps de l’ancien régime étaient appelées des émotions.
Parmi les causes ont trouve plusieurs mauvaises récoltes successives, la spéculation des grains menés par les intendants des grands domaines, les arendaches, figure détestée par la paysannerie car les boyards et les princes propriétaires des grands domaines étaient inaccessibles au commun, résidant en ville ou à l’étranger.
Il n’est pas impossible que des idées proto ou crypto-communistes aient eut aussi un impact mais cet impact fût bien faible que ne l’à dit la propagrande communiste. Et pour cause à l’époque l’immense majorité était illétrée voir carrément analphabète.
Tout commence le 21 février 1907 dans un village du judet de Botosani dans le nord de la Moldavie. Très vite la révolte s’étend à tout le pays. Des manoirs et des entrepôts sont pillés sont pillés, des postes de gendarmerie sont incendiés.
A la paysannerie se joignent très vite les dockers des ports de Brăila, Constanța, Galați, Giurgiu, Oltenița et Zimnicea. De véritables combats ont lieu entre révoltés et force de l’ordre.
La situation est telle que le 18 mars l’état d’urgence est proclamé alors que les insurgés marchent sur la capitale. L’armée dirigée par le général Alexandru Averescu est mobilisée, utilisant tous les moyens en sa possession y compris l’artillerie. Plus qu’une simple opération de rétablissement de l’ordre c’est une véritable guerre qui déchire le jeune (26 ans) royaume de Roumanie.
Le 24 mars 1907 le gouvernement conservateur démissionne et les libéraux de Dimitrie Sturdza arrivent au pouvoir. A la mi-avril la situation est nettement plus favorable aux autorités.
Le bilan est lourd. 2000 insurgés sont arrêtés. Le nombre de morts est incertain allant de 421 (sources officielles de l’époque) à 11000 (chiffres de l’époque communiste) sans compter des millions de lei de dégâts.
Une fois la répression réalisée, le gouvernement comprend qu’il faut améliorer la situation de la paysannerie au risque que de tels événements se reproduisent.
Plusieurs lois sont ainsi votées pour améliorer la condition paysanne : contrats agricoles obligatoires, interdiction du cumul des affermages et de l’usure, création d’un Crédit Rural. A cela s’ajoute un choc culturel qui dégrade l’image de la Roumanie à l’étranger.
Cette révolte à été naturellement exploitée par les différents courants de la vie politique roumaine que ce soit les communistes («révolution prolétarienne contre l’ordre aristocratique de la monarchie roumaine»), les nationalistes («sursaut de la nation roumaine surexploitée contre ses parasites ») et ce qu’on pourrait appeler par anachronisme les progressistes (« pogrom d’un peuple intrinsèquement primitif, fruste, intolérant et xénophobe contre les minorités du pays »)
L’approche environnementaliste et sociologique en fait une révolte motivée principalement par la sécheresse, la disette et la désespérance, car les idées socialistes ou nationalistes avaient peu de poids chez les paysans. Il y eu bien des arendaches et des usuriers (camatari) tués mais ils l’ont été par ce qu’ils ont fait ou ce qu’ils représentaient et non à cause de leurs origines. De plus à peine un sixième de la paysannerie à participé à cette jacquerie.
Sur le plan de la politique étrangère, en 1883 la Roumanie signe une alliance secrète avec l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie, une façon de se protéger contre une potentielle agression russe.
Quand éclate la première guerre balkanique, la Roumanie reste neutre mais quand la Bulgarie se retourne contre ses anciens alliés elle se décide à intervenir.
Ce deuxième conflit éclate le 29 juin 1913 quand la Bulgarie attaque la Grèce et la Serbie. Moins d’une semaine plus tard le 5 juillet l’armée roumaine mobilise. Pas moins de 330000 soldats sont assemblés avec pour principal objectif la récupération de la Dobroudja du Sud aux mains des bulgares.
La guerre est déclarée le 10 juillet. 80000 hommes du 5ème corps d’armée envahissent la Dobrudja sans rencontrer de résistance. Il faut dire que l’armée de Ferdinand 1er à très fort à faire sur d’autres fronts contre les serbes, les grecs et même les ottomans.
Si le 5ème CA bulgare occupe un front allant de Tutrakan à Balchik, le corps de cavalerie occupe la ville de Varna.
Dans la nuit du 14 au 15 juillet 1913, l’armée du Danube commandée par le prince héritier Ferdinand envahit la Bulgarie occupant les villes de Oryahovo, Gigen et Nikopol. L’armée se sépare ensuite, une partie mettant cap à l’ouest direction la ville de Ferdinand (aujourd’hui Morava) et au sud-ouest direction Sofia, la progression étant précédée d’un écran de cavalerie comme l’exige l’élémentaire prudence militaire.
Le 18 la ville de Ferdinand tombe suivit deux jours plus tard de celle de Vratsa. Le 23 des cavaliers roumains sont à Vrazhdebna à sept kilomètres de Sofia et deux jours plus tard le 25 les troupes serbes et les troupes roumaines font leur jonction à Belogradchik, isolant ainsi la ville de Vidin.
La situation bulgare est clairement désespérée. Sofia rentre même dans l’histoire en étant la première capitale survolée par des aéronefs ennemis. Heureusement pour les habitants de la capitale bulgare, les roumains se contentent de larguer des tracts.
Très vite la Bulgarie cherche à négocier. Elle tente de passer par le canal russe mais sans grand succès. Finalement après de multiples péripéties, les délégations des différents belligérants (sauf les ottomans exclus par les roumains ce qui obligea les bulgares à négocier séparément avec Constantinople) se retrouvent à Bucarest le 30 juillet 1913. Elles s’entendent rapidement sur un armistice de cinq jours qui entre en vigueur le lendemain.
Dès le 19 juillet 1913 la Bulgarie avait accepté de céder la Dobroudja du Sud à la Roumanie ce qui explique que la délégation roumaine porta la voix de la modération à cette conférence qui aboutit à la signature du Traité de Bucarest le 10 août 1913. Si la Roumanie n’à pas perdu de soldats faute de combats, 6000 hommes ont été victimes d’une épidémie de cholera.
Quand éclate le premier conflit mondial la Roumanie préfère rester neutre en raison principalement mais non exclusivement d’une querelle entre un roi plutôt pro-allemand et un gouvernement mais aussi une opinion alliée plus favorable à l’Entente.
Le 10 octobre 1914 deux moins après le déclenchement du premier conflit mondial, Carol 1er meurt. Sans descendance et donc sans descendance masculine, il est remplacé sur le trône de Roumanie par son neveu Ferdinand qui devient Ferdinand 1er de Roumanie.
Deux ans plus tard, en 1916, la Roumanie allait s’engager dans le premier conflit mondial pour le meilleur mais surtout pour le pire.
UNE AUTRE SECONDE GUERRE MONDIALE T.11 MITTELEUROPA ET BALKANS VOLUME 3 : ROUMANIE
Drapeau de la Roumanie au temps de la monarchie
AVANT-PROPOS
Le 22 mai 2020 j’ai commencé le tome 11 de ma gigantesque que dis-je de ma monumentale, de ma vertigineuse uchronie qui après dix tomes (T1 France T2 Allemagne T3 Grande-Bretagne T4 Etats-Unis T5 Japon T6 Italie T7 URSS T8 Dominions T9 Benelux T10 Scandinavie) comprend 8395 pages !
Le 24 août 2020 j’ai terminé la Bulgarie (Tome 11 vol.2) ce qui porte le total de pages écrites à 8792 pages.
Ce Tome 11 est le dernier des tomes concernant des nations belligérantes puisque le Tome 12 sera consacré aux nations neutres.
Ce Tome 11 disposera de six volumes, le premier consacré à la Hongrie, le deuxième consacré à la Bulgarie, le troisième consacré à la Roumanie, le quatrième à la Yougoslavie, le cinquième à la Grèce et enfin le sixième à l’Etat indépendant de Slovaquie apparu au printemps 1939 suite au démantèlement de ce qui restait de la Tchécoslovaquie. Comme pour le tome 10 il y aura des nations alliées et des nations ayant appartenu à l’Axe.
L’organisation sera différente selon les volumes. Si le volume 1 ne possédait pas de partie marine, si le volume 6 consacré à la Slovaquie n’en possedera pas non plus (et pour cause !), les volumes 2 à 5 consacré respectivement à la Bulgarie, à la Roumanie, à la Grèce et à la Yougoslavie posséderont une partie consacrée à la marine qui fera suite à la partie traditionnelle consacrée à l’histoire générale.
La troisième partie sera consacrée à l’armée de terre avec d’abord une partie sur l’histoire militaire du pays, une partie sur l’organisation générales et des plus ou moins grandes unités et enfin une partie sur l’armement et les véhicules. Je terminerai par une partie consacrée à l’armée de l’air, son histoire, son organisation et son équipement.
Après cette partie consacrée au plan général revenons un peu sur l’histoire avec un grand H. J’ai eu du mal à définir l’étendue géographique qui est nettement moins évidente que celles des deux derniers tomes (Scandinavie, Benelux). J’ai finalement choisit «Mitteleuropa et Balkans» soit en français «Europe du milieu et Balkans».
Tout comme le terme Scandinavie il est peut être inapproprié pour les puristes mais je pense que c’est pas mal (j’avais un temps pensé à «Europe danubienne et balkanique» mais cela ne me satisfaisait pas totalement).
Mis à part peut être la Grèce ces pays ont un point commun celle d’avoir été gravement impactés par la première guerre mondiale et les traités qui y ont mis fin.
Nous avons d’abord les pays vaincus comme la Hongrie et la Bulgarie qui ont souffert de traités particulièrement musclés notamment le pays des magyars qui passa du statut de puissance majeure au sein d’une double-monarchie austro-hongroise au statut d’une puissance de second ordre enclavée en Europe centrale. La Bulgarie avait du également rendre des comptes aux alliés occidentaux pour s’être alliée aux empires centraux.
La Yougoslavie était elle un des états issus de l’éclatement de l’empire austro-hongrois en compagnie de la Tchécoslovaquie et partiellement de la Pologne. De cet état tchécoslovaque naquit au printemps 1939 un état slovaque souverain, une souveraineté biaisée par le fait que Bratislava devait tout à l’Allemagne.
La Roumanie et la Grèce en revanche avaient appartenu au camp des vainqueurs même si leur participation à la première guerre mondiale à été plutôt limitée, Bucarest livrant une prestation catastrophique et ne devant son salut qu’à une preste assistance alliée (et surtout française) alors qu’Athènes fût engagée contrainte et forcée dans le conflit, sa participation étant parasitée par un conflit entre un premier ministre pro-allié (Venizelos) et un roi pro-allemand (Constantin 1er).
Dans l’immédiat après guerre cette région est traversée par de vigoureuses secousses entre Blancs et Rouges, entre pro-allemands et pro-alliés. C’est aussi le théâtre d’une lutte d’influence où la France tente de nouer un réseau d’alliance pour contre une réemergence de la menace allemande et pour tendre un cordon sanitaire contre la Russie bolchevique. Pas étonnant que ces différents pays aient connu pour la plupart des régimes autoritaires souvent réactionnaires parfois fascisants.
C’est l’acte de naissance de la Petite Entente. Les français n’en sont pourtant pas à l’origine puisque son origine remonte au 14 août 1920 quand la Tchécoslovaquie, la Roumanie et le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes Yougoslavie à partir de 1929 signent un accord d’assitance pour se prémunir de la menace hongroise, Budapest n’ayant jamais accepté le traité du Trianon le 4 mai 1920.
Cette alliance est renforcée par des accords bilatéraux entre la Roumanie et la Tchécoslovaquie (23 avril 1921), entre la Roumanie et le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes (7 juin 1921) et entre le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes et la Tchécoslovaquie (31 août 1921). La Petite Entente entend garantir, par la force si besoin, les traités de paix.
Cette alliance est cependant imparfaite et incomplète puisque ne prenant pas en compte les autres menaces que ce soit l’URSS (vis à vis de la Roumanie), l’Italie (vis à vis de la Yougoslavie) ou encore l’Allemagne et la Pologne (vis à vis de la Tchécoslovaquie).
Suite aux accords de Locarno, la France signe des alliances militaires avec Prague (16 octobre 1925), avec Bucarest (10 juin 1926) et Belgrade (novembre 1926).
Suite aux renoncements français de la fin des années trente, ces pays vont davantage se tourner vers l’Allemagne.
Nul doute que si la guerre de Pologne était devenu un conflit mondial nul doute que cette région aurait durablement échappé aux alliés. Son arrêt brutal en décembre 1939 permet à Paris et à Londres de remettre l’ouvrage sur le métier.
Plus facile à dire qu’à faire puisque si la réputation dégringole par l’ascenseur, elle remonte par l’escalier. Il faudra du temps, de la patience, du doigté et un soupçon de chance pour rendre la région moins hostile aux alliés.
C’est ainsi que des accords formels de coopération et d’assistance militaires sont signés avec la Yougoslavie et la Grèce, le premier étant signé à Belgrade le 14 septembre 1945 et le second à Athènes le 8 octobre 1946. Des tentatives vis à vis de la Hongrie, de la Roumanie et de la Bulgarie se heurtent à une telle inertie qu’elle équivaut à une fin de non recevoir.
Cette relance est donc limitée mais s’accompagne d’une coopération politique et militaire avec notamment la livraison de matériel militaire moderne ainsi que l’envoi comme dans les années vingt de missions militaires, le général Gamelin dirigeant celle en Yougoslavie et le général Georges celle envoyée en Grèce.
Quand la guerre s’annonce inévitable à très court terme la région concernée par ce tome se partage entre pays pro-alliés mais sans excès (Yougoslavie, Grèce), des pays clairement pro-allemands (Hongrie, Slovaquie, Roumanie) et une Bulgarie qui accepte de se faire courtiser par les deux camps tout en veillant à ne pas se mettre à dos la Russie qui bien que communiste est toujours considérée par nombre de bulgares comma la Troisième Rome, protectrice des slaves.
Quand la seconde guerre mondiale éclate le 5 septembre 1948 ces différents pays mobilisent mais ne s’engagent pas directement dans le conflit. Question de temps dirions nous…… .
Le Volume 3 de ce Tome 11 est donc consacré à la Roumanie. Ce pays à été unifié au milieu du XIXème siècle mais peut se targuer de racines très anciennes avec les Daces qui sont aux roumains ce que les gaulois sont aux français.
La Roumanie entre 1949 et 1953
Néanmoins à la différence de la Bulgarie point d’empire ou de grand royaume sur lequel le réveil national à pu se greffet sérieusement au moment du «réveil des nationalités» au 19ème siècle.
En effet après la conquête romaine ce qui allait devenir la Roumanie et plus généralement le peuple roumain allait être en permanence sous domination étrangère, byzantine d’abord ottomane ensuite (NdA bien entendu je simplifie à l’extrême).
Sur quoi allait donc s’appuyer le nationalisme roumain pour bâtir une nation ? Sur ce qu’on à appelé les «principautés danubiennes», la Valachie et la Moldavie mais aussi la Transylvanie, territoire disputé avec la Hongrie.
Vlad III Tepes (tableau du XVème siècle)
Des figures mythiques émergent comme un célèbre prince valaque, Vlad III Tepes dit l’empaleur tout un programme qui allait servir de source d’inspiration pour un écrivain britannique d’origine irlandaise, Bram Stoker qui allait le transformer en vampire de Transylvanie à une époque où l’occulte est à la mode dans la société victorienne.
En 1859 les principautés de Valachie et de Moldavie s’unissent ce qui est considéré comme le début de la Roumanie moderne. A l’époque cette union n’est pas encore synonyme d’indépendance. En 1866 après l’abdication forcée d’Alexandre Jean Cuza et le refus du comte de Flandre, un prince allemand est élu et devient Carol 1er, premier roi de Roumanie en 1881.
La Roumanie entre 1859 et 1878
En 1877 la Roumanie proclame officiellement son indépendance en profitant d’une nouvelle guerre russo-ottomane à laquelle elle participe du côté russe. Son indépendance est reconnue au Congrès de Berlin en 1878.
Le pays va alors se dévelloper mais ne participe pas à la première guerre balkanique. En revanche il participe à la deuxième, jouant un rôle important dans la défaite finale de la Bulgarie. Bucarest récucpère ainsi la Dobroudja du Sud ce qui va durablement envenimer les relations roumano-bulgares.
Neutre au début du premier conflit mondial, la Roumanie s’engage aux côtés des alliés en 1916 mais après des succès s’expliquant par une disproportion des forces importantes en leur faveur, les roumains subissent une terrible défaite qui les obligent à se retirer du conflit le 9 décembre 1917 par un armistice confirmé par un traité de paix, le traité de Bucarest le 7 mai 1918.
La paix est très favorable à la Roumanie qui devient une Grande Roumanie (NdA nom informel) puisqu’au vieux Royaume vont s’ajouter la Bessarabie, la Bucovine, la Transylvanie, les Maramures, la Crisana et le Banat.
Dans l’immédiat après guerre la Roumanie peut être considérée comme un état stable, une monarchie parlementaire où les réformes améliorent considérablement le niveau de vie de la population y compris celle des non-roumanophones qui représentent 28% de la population (allemands, roms, hongrois, juifs).
La crise de 1929 ainsi que différentes affaires permet la montée des extrémistes notamment la Garde de Fer, un mouvement nationaliste et antisémite qui avait émergé dès le début des années vingt mais qui était à l’époque resté confidentiel.
Une politique xénophobe et antisémite est menée pour tenter de contrer ces mouvements en reprenant ses idées. En 1938 le roi Carol II fait adopter une constitution imposant une dictature royale ou dictature carliste. Ce n’est cependant pas un régime fasciste, la Roumanie restant plus proche des alliés que de l’Allemagne.
Cela va changer avec les multiples renoncements des démocraties occidentales qui se discréditent aux yeux des élites d’Europe centrale et orientale. Même l’arrivée d’un régime conservateur en France, même les efforts d’une diplomatie plus musclée ne permettra pas de raccrocher le wagon roumain, Bucarest choisissant pour le meilleur et pour le pire l’alliance allemande mais sans excès de germanophilie.
Le début des années quarante est particulièrement houleux avec un coup d’état du maréchal Antonescu qui fait suite au dépeçage de la Grande Roumanie par la Bulgarie, la Hongrie et l’URSS sans que la France ou la Grande-Bretagne n’ait fait autre chose que protester verbalement mezzo voce.
Carol II renversé est remplacé par son fils Michel 1er jugé plus malléable. Es-ce la fin des troubles et de l’instabilité ? Pas vraiment car le maréchal Antonescu est très vite confronté à l’extrémisme de la Garde de Fer qui tente de le renverser en janvier 1941 mais sans succès. Le mouvement est durement réprimé et cesse de représenter autre chose qu’une nuisance occasionnelle.
La Roumanie devient un état national-légionnaire plus proche du Portugal de Salazar ou de l’Autriche de Dolfuss que de l’Allemagne nazie ou de l’Italie fasciste.
Sur le plan diplomatique néanmoins le choix de l’alliance allemande est clairement fait, les efforts franco-britanniques comme nous l’avons vu n’étant pas couronnés de succès. Pire même le régime roumaine se servira des offres alliées comme moyen de pression pour obtenir davantage des allemands.
Durant le second conflit mondial la Roumanie va devenir l’allié privilégié de l’Allemagne notamment par ses champs pétrolifères indispensables pour un pays disposant de très faibles ressources.
Elle va participer à l’opération BARBAROSSA aux côtés des allemands, jouant un rôle important au sein du Heeresgruppe Süd, conquérant Odessa et une partie de l’Ukraine puis en 1951 à l’opération FRIEDRICH où l’armée roumaine subit de très lourdes pertes lors de l’opération URANUS, la contre-offensive soviétique.
A l’automne 1953 l’opération PIOTR VELIKYI provoque l’effrondrement de l’armée roumaine et le basculement de la Roumanie dans le camp communiste, le roi Michel 1er devant abdiquer et s’exiler.
La Roumanie va terminer le conflit aux côtés des soviétiques, expulsant manu militari les troupes allemandes du territoire, la nouvelle armée roumaine terminant la guerre en Hongrie aux côtés de la RKKA.
Tout comme la Bulgarie, la Roumanie va basculer dans l’immédiat après guerre dans l’orbite communiste, devenant pour plus de quarante ans une «démocratie populaire».
UNE AUTRE SECONDE GUERRE MONDIALE T.11 MITTELEUROPA ET BALKANS VOLUME 2 : BULGARIE
Évolution territoriale de la Bulgarie de 1918 à 1950. En vert foncé hachuré, la Dobroudja, rétrocédée par la Roumanie en 1940 ; en vert clair hachuré, le Chalcidique et le Thessalonique annexés en 1949/50 ; en vert clair, les territoires annexés au cours de la Seconde Guerre mondiale.
AVANT-PROPOS
Le 22 mai 2020 j’ai commencé le tome 11 de ma gigantesque que dis-je de ma monumentale, de ma vertigineuse uchronie qui après dix tomes (T1 France T2 Allemagne T3 Grande-Bretagne T4 Etats-Unis T5 Japon T6 Italie T7 URSS T8 Dominions T9 Benelux T10 Scandinavie) comprend 8395 pages !
Le 1er juillet 2020 j’ai terminé la Hongrie (Tome 11 vol.1) ce qui porte le total des pages écrites à 8601 pages.
Ce Tome 11 est le dernier des tomes concernant des nations belligérantes puisque le Tome 12 sera consacré aux nations neutres.
A l’origine : Császári és Királyi Légierően (aviation des troupes royales et impériales austro-hongroises)
L’armée de l’air impériale et royale est créée dès 1892. Bien entendu à l’époque il n’est pas question d’avions mais de ballons et de dirigeables dont l’utilisation militaire est ancienne. En effet à Fleurus en 1794, les troupes françaises du général Jourdan utilise un aerostat qui joua un rôle clé dans la victoire française.