NdA : Bien que l’armée de terre polonaise à existé avant 1918 j’ai décidé de façon totalement arbitraire de commencer son histoire avec celle de l’Armée Bleue créée en France pendant le premier conflit mondial.
Des origines au cataclysme de l’automne 1939
Blekitna Armia
Prise d’armes de l’Armée Bleues
L’Armée Bleue créée en France sous l’impulsion du général Haller est aussi appelée Armée polonaise en France (Armia Polska rwe Francji) ou encore Armée Haller du nom de son commandant. Sa création est tardive puisqu’elle ne remonte qu’au 4 juin 1917.
Pourquoi une date aussi tardive ? Tout simplement pour ne pas froisser les russes et Nicolas II. Ce dernier ayant été renversé la France s’estime plus libre d’agir en faveur de la cause polonaise.
Cette arme c’est d’abord une brigade et un régiment (le 1er régiment de chasseurs) puis à partir de janvier 1918 deux divisions formées de polonais de France, d’américains d’origine polonaise et des rescapés des légions polonaises ayant combattu aux côtés des austro-hongrois ainsi que ceux d’un 2ème CA polonais sous commandement……russe.
Les deux divisions polonaises vont participer aux derniers combats du premier conflit mondial puis après avoir intégré l’armée de la République de Pologne à la guerre soviéto-polonaise de 1919 à 1921 et la guerre polono-ukrainienne de 1918/1919.
A son apogée l’armée bleue représente environ 68500 hommes. La mise en place à été longue comme nous l’avons vu avec d’abord 20000 hommes entrainés au Canada mais payés par la France, cette situation étant vue par les Etats-Unis comme une menace pour leur neutralité.
Après l’entrée en guerre des Etats-Unis, 24000 américains d’origine polonais vont rallier l’armée du général Haller tout comme 25000 polonais enrôlés de force dans les Empires Centraux.
Cette armée va être organisée en un 1er Corps polonais (1ère et 2ème divisions de fusiliers, 1er régiment d’artillerie lourde), un 2ème Corps polonais (4ème et 5ème divisions de fusiliers, 2ème régiment d’artillerie lourde), un 3ème Corps polonais (3ème et 6ème divisions de fusiliers 3ème régiment d’artillerie lourde) plus des unités indépendantes (7ème division de fusiliers, 1er régiment de chars et Division d’entrainement)
Légion des Bayonnais
Photo de votre serviteur (c’est pas si courant ^^) d’une plaque commémorant le souvenir des volontaires polonais venus de Bayonne
Sous ce vocable figure une petite unité de polonais se portant volontaire pour combattre sous le drapeau français et par leur action convaincre les alliés de faire renaitre une véritable Pologne libre et indépendante.
Pour des raisons politiques il est impossible de créer une unité de recrutement polonais au sein de l’armée française, Saint-Pétersbourg ne pouvant l’accepter.
Voilà pourquoi les volontaires polonais sont dispersés entre les 2ème et 3ème Régiments de Marche de la Légion Etrangère, des unités qui vont se couvrir de gloire avant de former le non moins mythique Régiment de Marche de la Légion Etrangère (RMLE), l’une des unités les plus décorées de l’armée française. Les survivants de cette unité finiront la guerre au sein de l’Armée Bleue.
Les légions polonaises durant le premier conflit mondial
Le déclenchement du premier conflit mondial suscite un immense espoir chez les polonais qui espèrent aboutir au retour d’une Pologne indépendante. Pour cela ils sont prêts à combattre dans les différentes armées pour obtenir une récompense politique.
C’est l’Autriche-Hongrie qui met sur pied une première légion polonaise au sein de la Landwehr (armée territoriale) les 4 et 5 septembre 1914. Elle intègre les 4000 volontaires rassemblés à Kielce par un certain Jozef Pilsduski.
Parallèlement une organisation clandestine est mise sur pied en Pologne sous domination russe, la Polska Organizacja Wojskowa (POW) en française organisation clandestine de lutte. On trouve également la Légion des Bayonnais (voir ci-dessus) et la Légion de Pulawy en Russie.
Ces unités ne rassemblent qu’une infime partie des polonais mobilisés dans les différentes armées engagées dans le conflit.
A l’automne 1914 la légion polonaise de l’armée hongroise compte deux régiments soit environ 5000 hommes. Ils s’illustrent dans les Carpathes, à la bataille de Krywoploty (17/18 novembre 1914), à Lowczowek (22 au 25 décembre 1914), à Rafaylowa (23/24 janvier 1915).
En mars 1915 les austro-hongrois échouent en Galice, les légions polonaises sont en partie disloquée. Dans l’ensemble les unités polonaises sont motivées mais se montrent parfois indisciplinées.
Après la retraite russe la Pologne est occupée par les Empires Centraux, la légion polonaise comprennant trois brigades de 5000 hommes chacune.
En juin 1916 les trois brigades forment un corps unique de 25000 hommes. Lors de la bataille de Kostiuchnowka en Volhynie, 5000 légionnaies au prix de lourdes pertes (40%) stoppent 13000 russes permettant à l’armée de la Double-Monarchie de s’échapper.
Le 14 janvier 1917 le Conseil d’Etat du royaume de Pologne sous protectorat des Empires Centraux ordonne la création d’une armée polonaise qui rassemble péniblement 1500 volontaires.
La chute de Nicolas II pousse les polonais à changer de position. A la même époque l’Armée Bleue est créée.
Le 9 juillet 1917 c’est la Crise du Serment. Les polonais et Pilsduski en tête refusent de préter serment de fidélité à Guillaume II. Sur les 9000 hommes, 5200 refusent de préter serment au Kaiser.
Sur les 8000 venus de Galicie austro-hongroise, 3000 refusent, 5000 restant au sein du corps auxiliaire polonais (Polnisches Hilfskorps). Pilsdduski est arrêté le 22 juillet 1917, les légionnaires réfractaires sont internés ou dispersés sur d’autres fronts.
Les légionnaires polonaises continuent de combattre en 1917/1918, certains parviennent à rallier Mourmansk pour gagner la France, d’autres rejoignant les Blancs pour combattre les Rouges.
La guerre polono-soviétique (1919-1921)
Infanterie polonaise en 1920
Ce conflit commence en février 1919 par une série d’escarmouches de faible ampleur. Les polonais lancent une offensive majeure en mars 1919, franchissant le Niémen, s’emparant de Pinsk et de Lida. Les bolcheviks capturent un temps Grodno et Vilnius mais sont repoussés par une contre-offensive polonaise. Les polonais reprennent Vilnius le 19 avril et continuent leur avancée, les polonais dominant jusqu’au début de l’année 1920, les bolcheviks étant davantage préoccupés par les Blancs.
En janvier 1920 l’Armée Rouge (RKKA) mobilise 700000 hommes près de la Berezina et de la Biélorussie, les effectifs passant rapidement à quasiment 800000 hommes (402000 hommes sur le front ouest, 355000 sur front sud-ouest et en Galicie soit 757000 hommes). De leur côté les polonais sont 100000 en 1918, 500000 en 1920 et 737000 hommes au 20 août 1920.
Les effectifs sont équivalents mais les polonais sont moins bien équipés, l’organisation logistique est assez mauvaise mais le renseignement militaire polonais est très bon, étant capable de lire par dessus l’épaule des commandants soviétiques ce qui relativise le «Miracle sur la Vistule».
Jusqu’en avril 1920, les polonais avancent lentement et surement vers l’est. La ville de Daugavpils est prise puis remise aux lettons.
Le 24 avril 1920 les polonais lancent une offensive de grande ampleur, l’opération KIEV. La capitale ukrainienne et accessoirement berceau de la nation russe tombe le 7 mai 1920.
La 3ème Armée polonaise doit cependant se replier car plus au nord la 1ère Armée doit battre en retraite après avoir été battue par la 15ème Armée soviétique. A la fin du mois le front se stabilise sur la rivière Arsuta.
Le 24 mai les polono-ukrainiens affrontent la Konarmia, le front est percé le 5 juin, la retraite générale étant ordonnée le 10 juin, Kiev étant évacuée trois jours plus tard.
Les polonais retraitent en bon ordre, le front polonais s’étendant sur 320km mais ce front est défendu par 120000 hommes et 460 canons sans réserve stratégique. En face le front nord-ouest du général Toukhatchevski engage 108000 hommes, 11000 cavaliers, 2913 mitrailleuses et 722 canons.
Les soviétiques attaquent le 4 juillet 1920 sur l’axe Smolensk-Brest-Litovsk, franchissant l’Arsuta et la Berezina, engageant le 3ème corps de cavalerie, les 3ème, 4ème et 15ème armée plus le groupe Mozyrska.
Après trois jours de combat la supériorité soviétique fait la différence, le commandement polonais ordonnant la retraite générale le 7 juillet. Vilnius tombe le 14 juillet suivit par Brodno et Zamosc. Grodno est prise le 19 juillet, Brest-Litovsk le 1er août.
Après un arrêt sur le Boug pendant une semaine, la Narew est franchie le 2 août, les forces soviétiques se trouvant alors à 90km de Varsovie. De son côté le front sud-ouest assiège Lwow, cinq armées s’approchant de Varsovie.
Les chefs bolcheviks exhultent persuadés qu’après Varsovie, la route de Berlin sera ouverte, que les proletaires allemands se révolteront entrainant la révolution mondiale tant espérée ! En réalité les chefs soviétiques se querellent ce qui va avoir de sévères conséquences sur la suite des événements.
De leur côté les polonais sont soutenus par une mission militaire française dirigée par le général Weygand (au sein de laquelle se trouve un capitaine De Gaulle appelé à un grand avenir) et par une mission militaire britannique dirigée par le général Adrian Carton de Wiart. La Hongrie envoie 30000 cavaliers et une importante aide matérielle en armes et en munitions.
La bataille décisive à lieu sur la Vistule mais comme je l’ai dit plus haut le fameux miracle n’est pas aussi miraculeux. 113000 polonais défont 114000 soviétiques dans la bataille de Varsovie (13 au 25 août 1920).
Au même moment les polonais l’emporte à Radzymin (13 au 16 août), bataille qui voit l’engagement de 17000 polonais contre 15000 bolcheviks.
Les polonais contre-attaquent le 14 août et deux jours plus tard le 16, Toukhatchevski ordonne la retraite vers le Boug, retraite qui ne tarde pas à tourner à la débacle.
Plus au sud les polonais défont la Konarmia lors de la Bataille de Brody (29 juillet au 2 août 1920) et le 17 c’est la bataille de Zadworze où une petite unité polonaise se sacrifie pour empêcher la prise de Lwow.
Le 29 août c’est la bataille de Zamosc et le 31 août la cavalerie de Boudienny doit lever le siège de Lwow pour tenter d’aider les troupes soviétiques retraitant depuis Varsovie.
Du 30 août au 2 septembre 1920, les polonais remportent la bataille de Komarow puis la bataille de la rivière Niemen (15 au 25 septembre 1920), bataille qui voit l’engagement de 96300 polonais contre 100000 soviétiques.
NdA ayant parlé de la guerre de Pologne plus haut j’effectue une très longue élipse dans l’histoire de l’armée de terre polonaise.
Carte représentant de l’offensive roumaine en Autriche-Hongrie
Comme nous venons de le voir la Roumanie décide en août 1914 de rester neutre plutôt que de s’engager dans un camp ou dans l’autre. Si plus haut j’ai dit qu’il s’agissait d’un compromis entre un roi pro-allemand et un gouvernement plus favorable à l’Entente j’ai comme souvent un poil simplifié. Je vais me permettre dans cette partie d’être plus factuel quitte à contredire la fin de la partie précédente.
Depuis 1883 un traité secret avait été signé entre la Triplice et la Roumanie mais uniquement en cas d’agression russe et non pour une guerre offensive contre un ennemi non-provoquant.
Cependant comme rien n’est jamais simple, quelques semaines avant l’attentat de Sarajevo, Carol 1er s’était rapproché de la France et de la Grande-Bretagne pour des raisons financières, l’argent des banques françaises et britanniques étant indispensable pour financer l’économie roumaine. De plus le roi de Roumanie à été heurté par la réaction de l’Autriche-Hongrie à la signature du traité de Bucarest qui mit fin à la deuxième guerre balkanique.
Le 14 juin 1914 Carol 1er reçoit le tsar de Russie Nicolas II. A l’été ce que les chancelleries pressentaient se produit : la Roumanie choisit la voie de la neutralité.
Le 10 octobre 1914 Carol 1er meurt. Il est remplacé par son neveu Ferdinand qui devient Ferdinand 1er de Roumanie. Ce dernier bien qu’étant également un prince allemand est marié à Marie d’Edimbourg, petite-fille de la reine Victoria et est connu pour être plus à l’écoute de l’opinion publique que son prédécesseur.
La Roumanie est en 1914 un état de 54000km² peuplé de 7.5 millions d’habitant. Son pétrole et ses ressources agricoles en font un partenaire de choix notamment pour les empires centraux qui sont peu à peu étranglés par le blocus allié. Son principal but de guerre est de récupérer la Transylvanie sous domination hongroise bien que la majorité de la population (54 à 57% des habitants) soit roumanophone.
Les alliés sont prêts à accueillir la Roumanie comme ils voudraient que la Bulgarie les rejoignent. Si Bucarest rejoint le camp de l’entente, la liaison Berlin-Constantinople pourra être coupée et l’Allemagne sera privée de précieuses ressources pour son économie. En ces temps de guerre totale ce n’est pas rien……. .
Les alliés promettent une aide financière (Grande-Bretagne), une mission militaire de conseil (France) et des munitions modernes (Russie NdA Quand on sait que les alliés furent obligés d’envoyer des munitions à l’armée russe pour lui permettre de tenir, cette promesse ne peut que nous laisser songeur).
Ce n’est finalement qu’en août 1916 que la Roumanie allait entre en guerre. Elle n’est clairement pas prête avec un manque d’armes, de munitions, d’entrainement, de formation des officiers. Son armée manque d’expérience faute d’avoir vraiment combattu durant la deuxième guerre balkanique. De toute façon même si cela avait été le cas, le temps aurait manqué pour corriger tous les problèmes qu’un tel conflit n’aurait pas manqué de révéler.
Après quelques succès, la contre-offensive des Empires Centraux va rejetter les roumains sur leurs positions de départ puis va les forcer à une retraite qui manque de tourner à la déroute. A la fin de 1916 les deux tiers du territoire dont la capitale Bucarest sont occupés.
Cette lourde défaite est suivit par un brutal sursaut qui fait l’admiration de l’opinion publique roumaine mais aussi de l’opinion publique internationale. En dépit d’offensives bien menées et d’une résistance acharnée aux empires centraux, l’effondrement de la Russie à l’automne va l’obliger à signer un armistice (Armistice de Focsani) le 9 décembre 1917 suivit du traité de Bucarest (7 mai 1918) qui met la Roumanie hors jeu pour quelques mois puisque le 10 novembre 1918 à la veille de l’Armistice de Rethondes, les troupes roumaines retournent au combat.
La Roumanie en guerre : gloire et désillusions
La Roumanie va engager en 1916 658088 hommes aux côtés de 30000 russes, 20000 serbes et les 1930 officiers et sous-officiers de la Mission Berthelot qui va jouer un rôle clé dans la réorganisation et la renaissance de l’armée roumaine. Nul doute que les succès de l’armée roumaine succès hélas très éphémères lui doivent beaucoup.
Une convention militaire est signée entre les alliés et la Roumanie le 13 août 1916 (en dépit des réserves du lieutenant colonel Thomson, attaché militaire britannique en Roumanie) suivit d’un traité le 17 août 1916.
La Roumanie doit déclarer la guerre à l’Autriche-Hongrie le 28 août 1916 mais l’ambassadeur de Roumanie à Vienne le transmet le 27. L’Allemagne déclare la guerre à la Roumanie le 28. La Bulgarie et l’empire ottoman suivent dans les jours qui viennent.
Uniformes de l’armée roumaine pendant le premier conflit mondial
L’armée roumaine aligne 650000 hommes en vingt-trois divisions mais cette armée est mal équipée et mal entrainée.
Depuis longtemps les allemands sont persuadés que la Roumanie va rejoindre l’Entente et à donc dressé des plans en conséquence.
Se pose alors la question des roumanophones de l’armée austro-hongroise. Au début du premier conflit mondial, ils sont loyaux mais peu à peu leur état d’esprit évolue surtout avec l’entrée en guerre de la Roumanie. Nombre d’entre-eux préfèrent courir le risque de la désertion plutôt que de tirer sur des roumains. 150000 roumanophones vont être tués sous l’uniforme de l’armée austro-hongroise.
En octobre 1918 des prisonniers roumains de l’armée austro-hongroise vont former en Italie une légion de volontaires qui va participer à la bataille de Vittorio Veneto puis après guerre à la guerre hungaro-roumaine.
Dans la nuit du 27 août 1916, trois armées roumaines (1ère Armée roumaine, 2ème Armée roumaine, Armée du Nord) attaquent en Transylvanie. Trois torpilleurs attaquent la flottille austro-hongroise du Danube dans le port bulgare de Ruse.
En face la 1ère armée austro-hongroise en infériorité numérique ne peut que mener des combats retardateurs en attendant l’arrivée des renforts envoyés par les allemands et les austro-hongrois.
Les villes de Brasov, de Fagoras et de Mercurea Cilic tombent rapidement, les faubourgs de Sibiu sont atteints. L’accueil des populations est enthousiastes, les autorités locales n’hésitent pas à aider les troupes roumaines en leur fournissant de la nourriture et surtout des guides.
Très vite donc les renforts ennemis arrivent alors que les alliés étaient persuadés qu’avec leurs offensives sur la Somme et en Galicie (offensive Brousilov) les empires centraux ne pouvaient envoyer des troupes sur un nouveau front.
Et ce ne sont pas de petits renforts puisque les allemands envoient huit divisions d’infanterie et ce qui est considéré comme l’élite de l’armée impériale, l’AlpenKorps, le Corps Alpin.
A la tête de ces renforts, le général Erich von Falkenhayn qui venait de démissioner de son poste de chef d’état-major impérial ce qui montre à qui en doutait que la situation sur ce front n’est pas négligée par les allemands puisqu’on y envoie un général de premier plan. A cela s’ajoute quatre divisions austro-hongroises. Voilà pourquoi l’offensive roumaine est stoppée à la mi-septembre.
Une autre offensive à été menée par les roumains avec l’unique 1ère DI. La rive occidentale de la rivière Cerna dans la région du Banat est conquise. Cette zone va rester sous contrôle roumain jusqu’à la mi-novembre.
Paradoxalement (ou pas), la première contre-offensive des Empires centraux sur le front roumain via du Groupe d’Armées von Mackensen qui après sa victoire sur les serbes s’est redéployé en partie en Dobroudja.
Ce groupe d’armées est composée de la 3ème Armée bulgare, d’une brigade allemande et de deux divisions du 6ème Corps d’Armée ottoman.
Cette force multinationale attaque dès le 1er septembre 1916, assiège la forteresse de Turtucaia qui tombe le 6. Au même moment la 3ème Armée bulgare appuyée par le 75ème régiment ottoman affronte et défait une force roumano-russe (pourtant deux fois supérieure) lors de la Bataille de Bazargic (5 au 7 septembre 1916).
La 3ème Armée roumaine échoue à repousser l’ennemi et pour ne rien arranger les alliés qui devaient attaquer en Macédoine ne l’ont pas fait et les troupes russes envoyées sur le front roumain ne sont pas les meilleures. Pour ne rien arranger les roumains doivent opérer sur deux fronts distincts de 1600km chacun !
Le 15 septembre 1916 le haut-commandement roumain tire les conclusions qui s’imposent : l’offensive en Transylvanie est stoppée. Désormais il ne s’agit plus d’envahir l’Autriche-Hongrie pour conquérir un territoire majoritairement roumanophone mais défendre le territoire national.
La menace principale c’est l’ArmeeGruppe von Mackensen et c’est pour cela que l’état-major roumain fixe son attention sur lui. Une ambitieuse contre-offensive baptisée Offensive Flamanda est ainsi imaginée.
Il prévoit de faire franchir le Danube à la 3ème Armée roumaine à Flamanda pour prendre à revers les forces ennemies. Au même moment les troupes roumano-russes doivent attaquer au sud vers Cabadin et Kurtbunar.
Cette offensive qui démarre le 29 septembre est marquée par le franchissement du Danube le 1er octobre et le gain d’une tête de pont appréciable de 14km de long sur 4 de large, une base d’exploitation pour de futures opérations. Hélas pour les roumains la détérioration de la situation sur le front transylvain impose l’annulation de l’offensive et le 3 octobre puis le retrait des troupes sur la rive opposée.
Tout n’est cependant pas noir pour les roumains qui remportent la Première Bataille de Cobabin (17-19 septembre 1916).Les troupes roumano-russes parviennent à stopper l’avance de la 3ème armée bulgare qui devra attendre la mi-octobre pour reprendre son avancée.
De son côté von Falkenhayn passe à l’attaque le 18 septembre 1916. La 1ère Armée roumaine est attaquée à Hateg, le 26 c’est la ville de Sibiu qui l’est à son tour. Le 29 le haut-commandement roumain ordonne la retraite à travers les passes de Vulcan et de Turnu Rossu dans les Carpathes.
Les roumains doivent mener de violents combats pour garder ces chemins de retraite ouverts, les chasseurs alpins bavarois attaquant le flanc du dispositif roumain à travers les montagnes.
Le 17 octobre 1916 la 2ème armée roumaine attaque les austro-hongrois à Brasov. Elle est repoussée et les troupes roumaines contre-attaquées doivent se replier. La 4ème armée roumaine ne tarde pas à l’imiter et le 25 octobre 1916 les troupes de Ferdinand 1er sont de retour sur leurs positions de départ.
Les roumains veulent tenir sur les monts des Carpathes à tout prix, une ligne de défense en montagne ayant plus de valeur à leurs yeux qu’une ligne de défense dans une plaine s’étendant à perte de vue. De violents combats ont lieu sur la rivière Jiu entre la 1ère armée roumaine et les forces des Empires Centraux. Lors de la bataille de Targiu Jiu une femme s’illustre. Lieutenant dans l’armée roumaine, Ecaterina Teodoroiu devient un heroïne nationale qui magnifie la résistance roumaine à l’attaque bulgaro-germano-austro-hongroise.
Face à cette nouvelle résistance, le dispositif ennemi est réoeganisé avec la création du Groupe d’Armées Kühne (QG à Petrosani). Ce groupe d’armées dirigé par le général Kühne comprend deux divisions d’infanterie bavaroises (11 et 301ème), la 41ème division d’infanterie prussienne, la 109ème DI mais aussi le 58ème Corps de Cavalerie (6ème et 7ème DC). A cela s’ajoute en réserve la 115ème division d’infanterie et deux brigades cyclistes. Cela représente 80000 hommes et 30000 chevaux.
Les allemands repassent à l’attaque le 1er novembre 1916 et devant cette nouvelle poussée les troupes de Bucarest n’ont d’autre choix que de battre en retraite.
Le 21 novembre 1916 la cavalerie allemande est à Craïova ce qui oblige les roumains à se replier vers la rivière Olt, la cavalerie jouant son rôle traditionnel en flanquant la progression ennemie et surtout en retardant sa progression pour éviter que la retraite de l’infanterie ne tourne à la déroute. Des contre-attaques sont menées comme celles provoquant la Bataille de Robanesti le 23 novembre 1916. Tel les cuirassés de Ney à Eylau ou la brigade légère à Baklhava les cavaliers roumains chargent et se font anéantir par les allemands.
Entre-temps le 19 octobre 1916 le Groupe d’Armées von Mackensen est repassé à l’offensive. Lors de la Deuxième Bataille de Cobabin (19-25 octobre 1916) la voie de chemin de fer Constanza-Cernavoda est coupée, le port de Constansa étant occupé le 22 octobre 1916.
Pour ne rien arranger les troupes russes sont seules pour défendre la Dobroudja, troupes comme nous l’avons vu de piètre qualité qui plus est démoralisées et mal ravitaillées par une Russie à bout de force.
Le 10 novembre 1916 à lieu la Bataille de la passe Vulcan qui oblige les roumains à se replier dans la pleine et ce le 26 novembre. Le mauvais temps (froid, neige) complique sérieusement les opérations.
Le 23 novembre 1916 les troupes de l’ArmeeGruppe von Mackensen franchissent le Danube à deux endroits différents près de Svishtov. Les roumains surpris n’opposent qu’une faible résistance ce qui est d’autant plus dramatique que cela ouvre aux troupes des empires centraux la route de Bucarest et la possibilité de couper l’armée roumaine en deux.
Les roumains tentent de contre-attaquer mais les plans dressés ne peuvent être exécutés en temps voulu.
Le 1er décembre 1916 les roumains attaquent le long des rivières Arges et Neaplav. Après quelques succès initiaux, les roumains se heurtent à une farouche résistance ennemie. Au bout de trois jours de combat tout est terminé et le 6 décembre 1916 Bucarest est prise par les troupes de la Triplice.
La 2ème Armée roumaine retraite sur la rivière Siret où se trouvaient des fortifications tournées vers la Russie (NdA Quand ça veut pas……).
Du 22 au 26 décembre 1916 à lieu la Bataille de Rammicu-Sarat, une nouvelle défaite roumaine, la ville étant prise le 27, les russes envoient des renforts en Moldavie pour éviter l’invasion de la Russie.
Les roumano-russes encore présents en Dobroudja abandonnent Macu le 4 janvier puis Braila le lendemain. A la fin du mois, le gel permet aux bulgares d’entrer dans le Delta du Danube. Ils sont stoppés à Tulca. La marine roumaine apporte un précieux soutien pour empêcher les troupes des Empires Centraux d’avancer. Le Delta va rester roumain jusqu’à la fin du conflit.
Le 8 janvier 1917 la ville de Focsari tombe mais le 19 les troupes de la Triplice échouent à franchit la Siret.
Le front roumain se stabilise ce qui va permettre à l’armée roumaine de se réorganiser et de se reconstituer. Le gouvernement et le roi se sont réfugiés à Iasi.
Le tiers du territoire national encore sous contrôle roumain est placé en économie de guerre. Toutes les ressources sont orientés vers la reconstitution d’une armée digne de ce nom. Un gouvernement d’union nationale est mis sur pied le 24 décembre 1916.
L’armée est réentrainée et rééquipée par les alliés, la France envoyant une mission militaire dirigée par le général Berthelot (NdA que l’on peut voir dans le merveilleux film Capitain Conan sous les traits du regretté Claude Rich).
Le premier semestre 1917 le front roumain est calme. Les deux belligérants ont besoin de trouver leur deuxième souffle en vue de futures opérations. En juin l’armée roumaine aligne 700000 hommes répartis en 207 bataillons d’infanterie, 60 bataillons de marche, 110 escadrons de cavalerie, 245 batteries d’artillerie, le tout répartis en deux armées et cinq corps d’armées.
Le haut-commandement prévoit d’attaquer dans le secteur de Focsani-Namooloasa pour détruire les forces ennemies et soutenir l’Offensive Kerensky.
Au début du mois de juillet 1917 le front roumain est le théâtre d’une formidable concentration de forces avec neuf armées, 80 divisions d’infanterie avec 974 bataillons, 19 divisions de cavalerie avec 550 escadrons et 923 batteries d’artillerie soit un total de 800 000 à 1 million d’hommes.
Du 22 juillet au 1er août 1917 à lieu la bataille de Marasti, une bataille opposant la 2ème armée roumaine et la 4ème armée russe contre le Groupe Gerok composé de deux divisions de cavalerie, trois divisions d’infanterie, une brigade de montagne et une brigade de cavalerie.
Les roumano-russes attaquent par surprise ce qui oblige les austro-allemands à se replier. Tout aurait pu aller pour le mieux pour les roumains si l’offensive Kerensky avait réussie mais hélas pour Bucarest c’est un cuisant échec. Un saillant de 35km de long et de 20km de profondeur se forme entre la 1ère armée austro-hongroise et la 9ème armée allemande.
Le 6 août c’est la contre-offensive des troupes de la Triplice (bataille de Marasesti) qui voient les adversaires se livrer à de rudes combats et ce jusqu’au 3 septembre 1917.
Du 6 au 12 août la 1ère armée roumaine et les russes stoppent l’avancée allemande obligeant ses derniers à réorienter l’axe de leur offensive. Du 13 au 19 août, les roumains tiennent seuls le front, ayant totalement relevé les russes. Du 20 août au 3 septembre, les allemands tentent d’obtenir une meilleure position pour une nouvelle offensive mais les romains s’accrochent.
Au même moment à lieu la Bataille d’Oituz. Les roumains en infériorité numérique se contentent de contenir, de jalonner l’offensive ennemie. On peut considérer cette bataille comme une victoire tactique des roumains.
En cette fin de 1917 la situation roumaine est aggravée par l’effondrement russe suite à la Révolution d’Octobre et le début de la guerre civile.
Les roumains à bout de force n’ont d’autre choix que de négocier un armistice. Le 9 décembre 1917 est signé l’Armistice de Focsani. Cette armistice fait suite à deux accords de cessez-le-feu signé entre la Russie et les empires centraux les 4 et 5 décembre et précéde un véritable armistice entre la Russie et la Triplice, armistice signé le 15 décembre.
A cet armistice va succéder un traité de paix, le Traité de Bucarest signé le 7 mai 1918. Il fait suite à l’armistice de Focsani et la paix de Brest-Litovsk qui laissait la Roumanie seule face à la puissance cumulée des empires centraux.
Le 27 février 1918 les Empires centraux envoient un ultimatum au gouvernement roumain. Le roi Ferdinand 1er réunit un conseil royal le 2 mars à Iasi, la capitale en exil de la Roumanie depuis l’occupation de Bucarest.
Après des discussions après qui durèrent trois jours (au cours desquels la reine Marie et le général Prezan manifestèrent leur opposition à la paix), le Conseil Royal décida d’accepter l’ultimatum et d’envoyer à Buftea des émissaires pour négocier un traité de paix même si en position de faiblesse, la Roumanie pouvait difficilement peser sur les négociations. Tout dépendait de la volonté de la Triplice……. .
La Roumanie du traité de Bucarest
Le traité de paix préliminaire est acté le 5 mars 1918, traité qui voyait des rectifications de frontière en faveur de l’Autriche-Hongrie, la cession de la Dobroudja, la démobilisation de huit divisions, l’évacuation des territoires austro-hongrois encore occupés et l’ouverture des territoires encore sous contrôle roumain pour envoyer des troupes à Odessa.
Le traité définitif est signé au palais Cotroceni le 7 mai 1918, ratifié par la chambre des Députés le 28 juin 1918 et par le Sénat le 4 juillet. En revanche le roi Ferdinand 1er de Roumanie à refusé de le promulguer.
Selon le traité de Bucarest les hostilités cessent immédiatement entre la Roumanie et les Empires Centraux, les relations diplomatiques et consulaires sont rétablies et l’armée roumaine démobilisée.
Plus précisément sur les quinze divisions d’infanterie qu’elle possédait, cinq sont démobilisées (celles numérotées 11 à 15). Sur les dix restantes, les deux divisions déployées en Bessarabie sont autorisées à rester à leur effectif de guerre tout comme les deux divisions de cavalerie le temps que les empires centraux éliminent tout danger militaire sur la frontière orientale de la Roumanie.
Les huit autres divisions doivent adopter leur format du temps de paix à savoir quatre régiments d’infanterie à trois bataillons, deux régiments de cavalerie à deux escadrons, deux régiments d’artillerie de sept batteries chacun, un bataillon de pionniers et le socle logistique nécessaire à son fonctionnement.
L’armement en surplus doit être transféré au haut-commandement des empires centraux mais devra être gardé par des roumains. Les troupes démobilisées doivent rester en Moldavie jusqu’à l’évacuation des territoires roumaines occupés par la Triplice. Un officier de liaison sera détaché auprès de l’état-major de l’autre camp.
La Roumanie rétrocède la Dobroudja du Sud et cède une partie de la Dobroudja du Nord à la Bulgarie, le reste de la province (au sud de la ligne de chemin de fer Cernavodă-Constanța jusqu’au Danube et la partie roumaine du Delta) doit être cédées aux Empires centraux. Aucune indemnité de guerre n’est prévu à l’exception du dédomagement des dommages de guerre.
Les champs pétrolifères roumains sont cédés à l’Allemagne pour 90 ans soit jusqu’en 2008 (sic), l’union de la Bessarabie avec la Roumanie est reconnue et les frais des troupes d’occupation à la charge des roumains qui doivent également céder leurs surplus agricoles. Les voies de chemin de fer, les lignes télégraphiques et le réseau postal sont sous contrôle de l’Allemagne et de l’Autriche-Hongrie, Berlin plaçant des hommes dans les ministères avec droit de véto.
A l’automne 1918 la Bulgarie obtient de contrôler la totalité de la Dobroudja y compris la partie jadis administrée par les empires centraux (24 septembre 1918). Elle doit cependant céder la rive gauche de la rivière Maritsa à l’empire ottoman. Par cet accord la Triplice espère conserver la Bulgarie de son côté mais cela ne sera pas le cas, un armistice est signé le 29 septembre 1918.
En octobre 1918 le traité est dénoncé par le gouvernement Marghiloman et la Roumanie rentre en guerre un certain 10 novembre 1918.
Cette deuxième campagne roumaine du premier conflit mondial voit l’armée roumaine occuper la Bucovine austro-hongroise, la capitale du duché Czernowitz étant occupée le jour où entre en vigueur l’armistice de Rethondes (qui annule les dispositions du traité de Bucarest, cette annulation sera confirmée dans les différents traités de paix signés suite à la conférence de paix de Paris. )
Toujours le 11 novembre, trois heures avant l’entrée en vigueur de l’armistice, le monitor roumain Mihal Kogălniceanu accompagné par le torpilleur fluvial Trotusul occupe le port de Braila suite au retrait allemand la ville, retrait qui permet aux roumains de capturer 77 navires abandonnés par leurs anciens propriétaires. On trouve pêle-mêle des barges, des pétroliers, des remorqueurs, des grues flottantes, des vedettes à moteur mais j’ignore si les roumains en ont fait quelque chose.
La Roumanie termine le premier conflit mondial exsangue. Les pertes ont été particulièrement lourdes avec 535700 militaires hors de combat (des «pertes» qui se répartissent entre 335706 morts, 120000 blessés et 80000 prisonniers). A cela s’ajoute 300 à 400000 civils victimes des conséquences du conflit.
Guerres Balkaniques : la Bulgarie dans la tourmente
Généralités et contexte global
Soldats bulgares durant les guerres Bakaniques
Du 8 octobre 1912 au 10 août 1913 les Balkans sont sécoués par deux conflits qui annoncent le premier conflit mondial.
Les causes de ce conflit sont multiples : incapacité de l’empire ottoman à se réformer suffisamment pour enrayer un déclin amorcé dès le 18ème siècle et ce malgré l’arrivée au pouvoir des Jeunes Turcs,la guerre italo-ottomane de 1911 et les révoltes en Albanie et au Kosovo montrent que Constantinople ne contrôle plus grand chose, les grandes puissances se querellent en raison d’intérêts divergents et l’opinion publique européenne est très sensible au sort des chrétiens que l’histoire à placé sous le joug ottoman.
En 1908 donc les Jeunes Turcs ont pris le pouvoir à Constantinople dans l’espoir de guérir «l’homme malade de l’Europe». Les troubles provoqués par ce coup d’état sont exploités par l’Autriche-Hongrie qui décide d’annexer la Bosnie-Herzégovine (qu’elle administrait depuis 1878) ce qui irrite la Serbie qui espérait intégrer ce territoire. Belgrade lorgne désormais sur le sandjak de Novi-Pazar et le Kosovo, territoire considéré comme le berceau de la nation serbe.
Euletherios Venizelos
Le 15 août 1909 un coup d’état militaire à lieu en Grèce. Mené par la Ligue Militaire elle permet l’émergence d’Eleutherios Venizelos qui va incarner pendant des années la vie politique grecque.
La même année on s’en souvient la Bulgarie à obtenu la reconnaissance de son indépendance par la Sublime Porte et en août 1910 le Monténégro devient à son tour un royaume.
Le contexte est donc mur pour une future guerre qui éclatera à l’automne 1912 et se poursuivra jusqu’à l’été suivant. Ce conflit annonce clairement le premier conflit mondial notamment son niveau de violence mais hélas pour les soldats de ce qui aurait du être la Der des Ders, les états-majors sont persuadés qu’avec un tel niveau de violence, la guerre ne peut être que brève. On connait la suite.
Avant le conflit on assiste à une préparation diplomatico-militaire entre les nations européennes mais cette alliance est biaisée par des intérêts clairement divergents entre les participants de la Ligue Balkanique.
C’est ainsi que si les bulgares, les serbes et les monténégrins mettent en place en commun leurs plans de guerre, ils n’invitent pas les grecs. Normalement les serbes et les monténégrins doivent attaquer dans le Sandjak, les bulgares et les serbes en Macédoine et en Thrace.
Face à ce déploiement de force important l’empire ottoman sera handicapé par l’incapacité de sa marine à couvrir le passage en Europe de troupes stationnées en Asie Mineure et dans la partie arabe de l’empire.
Trois états-majors sont ainsi mis sur pied pour gérer les fronts multiples à venir : le QG de Thrace installé à Constantinople pour faire face aux bulgares, le QG de l’Ouest à Salonique pour faire face aux grecs et enfin celui du Vardar à Skopje pour faire face à l’armée serbe.
La première guerre balkanique à lieu du 8 octobre 1912 au 30 mai 1913. Elle oppose les signataires de la Ligue Balkanique (Bulgarie, Serbie, Grèce et Monténégro) à l’Empire ottoman et se termine par une victoire éclatante des pays européens contre une Sublime Porte qui ne mérite plus que jamais son statut d’homme malade de l’Europe. Il faut dire que 350000 ottomans affrontent 600000 bulgares, 220000 serbes, 115000 grecs et 35000 monténégrins.
La deuxième guerre balkanique qui à lieu du 29 juin au 10 août 1913 oppose la Bulgarie à ses anciens alliés (mais aussi à l’empire ottoman) suite à des désaccords sur le partage des dépouilles ottomanes. Environ 500000 bulgares affrontent 348000 serbes, 330000 roumains, 255000 turcs, 148000 grecs et 12800 monténégrins.
Les bulgares prennent l’initiative des opérations mais les serbes et les grecs repoussent cette attaque.
Les serbes et les grecs attaquent à l’ouest et au sud, la Roumanie attaque au nord et l’empire ottoman en Thrace pour reconquérir Andrinople. Le traité de Bucarest permet à la Bulgarie de conserver la majeure partie des territoires conquis. Sofia doit néanmoins céder la Dobroudja du Sud à la Roumanie.
La première guerre Balkanique
Soldats bulgares chargeant les turcs
Le 8 octobre 1912 le Monténégro déclare la guerre à l’empire ottoman suivit une semaine plus tard par ses alliés.
Face à autant d’adversaires, les ottomans sont vite débordés. C’est ainsi que les bulgares arrivent dans la banlieue de Constantinople dans la région rurale de Catalca mais aussi dans l’isthme de la péninsule de Gallipoli. D’autres troupes de Sofia s’emparent de la Thrace occidentale et de la Macédoine orientale.
La Serbie attaque au sud-ouest dans les régions de Skopje et de Monastir puis oriente son effort vers l’ouest en direction de l’actuelle Albanie. Une autre armée capture le Kosovo et fait sa jonction avec le Monténégro pendant que les grecs attaquent en Thessalie.
Le 21 octobre 1912 8700 bulgares et 42 canons affrontent lors de la bataille de Kardzhali 9000 ottomans appuyés par neuf canons. Les bulgares l’emporte et attache définitivement au pays la ville de Kardzhali et la partie orientales du massif des Rhodopes.
Trois jours plus tard le 24 octobre 1912, environ 150000 bulgares affrontent à la bataille de Kirk-Kilisse (Thrace orientale) environ 100000 ottomans. Les troupes de Sofia l’emportent et impressionnent l’Europe, le ministre des affaires étrangères français Alexandre Millerand aurait souhaité 100000 soldats bulgares à la place de n’importe quel autre allié (NdA Cela à du faire plaisir à Saint-Pétersbourg et Londres).
Les 22 et 23 octobre à lieu la bataille de Sarantaporo entre cinq divisions grecques et deux divisions ottomanes. Cette bataille se termine par une victoire grecque qui permet à Athènes de capturer les villes de Servia et de Kozani.
Les 23 et 24 octobre 1912 à lieu la bataille de Kumanovo entre les serbes (132000) et les ottomans (65000). Les serbes défont les troupes de la Sublime Porte et l’armée ottomane doit se replier vers le sud.
Du 28 octobre au 2 novembre 1912 108000 bulgares (avec 116 mitrailleuses et 360 canons) affrontent 130000 ottomans (appuyés avec 300 canons) à la bataille de Lule-Burgas. C’est la bataille la plus sanglante de la guerre, les ottomans devant se replier sur les monts Catalca où une puissante ligne fortifiée protège les approches de la capitale ottomane, Constantinople située à seulement 30km.
Du 28 octobre 1912 au 23 avril 1913 la ville de Scutari (auj. Skoder) est assiégée par les monténégrins bientôt rejoints par leurs alliés serbes. 40 à 50000 hommes vont assiéger 20000 turcs et volontaires albanais. Ce siège se termine la rédition et non la prise de la place forte.
Les 1er et 2 novembre 1912, cinq divisions grecques affrontent la garnison de Thessalonique (bataille de Yenidze). En supériorité numérique, les grecs l’emportent et vont pouvoir s’emparer de la ville de Yenidze puis de Thessalonique (voir ci-après).
Du 3 au 5 novembre 1912 à lieu entre serbes et ottomans la bataille de Prilep. Les troupes serbes submergent les troupes ottomanes qui n’ont d’autre choix que de se replier. Les pertes serbes sont cependant très lourdes avec 2000 morts et blessés contre 1200 morts et blessés de l’autre côté.
Du 3 au 6 novembre 1912, une division grecque combat trois divisions ottomanes lors de la bataille de Sorovich. Les grecs prennent l’initiative des opérations mais ils sont repoussés par les ottomans. Cette défaite permet aux serbes de s’emparer de la ville de Monastir.
Du 6 au 12 novembre 1912 à lieu la bataille de Pente Pigadia. Deux bataillons d’evzones sont opposés à cinq bataillons ottomans. Les ottomans prennent l’initiative de l’attaque à Anagi mais sont stoppés par d’abondantes chutes de neige. La bataille se termine par une série d’escarmouches indécises.
Le 8 novembre 1912 les grecs devancent les bulgares et s’emparent de Thessalonique et de 26000 prisonniers ottomans. Quatre jours plus tard le 12 novembre, des troupes grecques font leur jonction avec les serbes puis bifurquent vers l’est pour rejoindre les bulgares. Une autre armée grecque attaque en Epire en direction de Ioammina.
Du 16 au 19 novembre 1912 à lieu la bataille de Monastir. Environ 100000 serbes affrontent 40000 ottomans. Après sa défaite à Kumanovo, les ottomans se replient et se regroupent autour de Bitola, objectif de la 1ère Armée serbe.
Cette dernière est durement accrochée par l’armée ottomane qui dispose d’une nette supériorité en artillerie ce qui compose son infériorité numérique.
Les serbes doivent attendre l’arrivée de leur propre artillerie pour contrebattre l’artillerie ottomane qui est neutralisée le 18. Bitola tombe le lendemain. Les serbes contrôlent alors tout le sud-ouest de la Macédoine dont la ville d’Ohrid.
Certains serbes auraient voulu poursuivre vers le sud et Thessalonique mais le commandant serbe, le général Pvanik refuse car il craint de provoquer l’Autriche-Hongrie qui n’avait pas vraiment envie d’une Serbie surpuissante ayant une fénètre sur la mer Egée et sur la mer Adriatique. De toute façon les grecs et les bulgares étaient déjà là et nul doute qu’Athènes comme Sofia n’auraient pas vraiment voulu d’un troisième crocodile dans le marigot.
Les 17 et 18 novembre 1912 à lieu la première bataille de Catalca. Cet affrontement indécis oppose 176430 bulgares contre 140571 ottomans. Les bulgares subissent de très lourdes pertes ce qui leur impose d’arrêter toute progression ce qui permet aux ottomans de revendiquer la victoire (car même si ce n’est pas vrai en temps de guerre la communication et la propagande c’est presque aussi important que les manœuvres et les combats).
Le 18 novembre 1912 la région d’Himora se révolte. Les grecs débarquent et leur avance est favorisée par une révolte des grecs et un accord avec les beys albanais de la région. Cette région va cependant être cédée à l’Albanie (protocole de Florence du 17 décembre 1913).
Le 21 novembre 1912 à lieu la bataille navale de Kaliakra entre quatre torpilleurs bulgares et le croiseur protégé Hamidiyé de la marine ottomane qui intervient pour protéger un convoi qui ralliait Constansa (Roumanie) à Constantinople.
Cette bataille qui à lieu à 32 miles (64km) de Varna voit le croiseur protégé ottoman être sérieusement endommagé et le blocus des côtes bulgares notablement allégé.
Le 27 novembre 1912 à lieu la bataille de Merhamli entre bulgares et ottomans (effectifs exacts inconnus). Après une poursuite des bulgares, les ottomans doivent franchir la rivière Maritsa mais la majorité doit se rendre aux bulgares.
Du 9 au 11 décembre 1912 à lieu la bataille de Driskos. 3800 grecs et volontaires italiens vont affronter entre 7 et 10000 ottomans selon les sources. Les ottomans l’emportent logiquement mais il s’agit d’une victoire tactique qui ne change pas grand chose au cours de la guerre.
La situation des turcs devient d’autant plus compliquée qu’à deux reprises la marine grecque remporte des victoires significatives dans les Détroits et empêche l’envoie de renforts en Europe.
La première bataille est la bataille d’Elli le 16 décembre 1912. Côté grec on trouve un croiseur cuirassé, trois cuirassés garde-côtes et quatre destroyers alors que côté ottoman on trouve quatre cuirassés (dont deux anciens), un croiseur protégé et quatre destroyers. C’est une victoire grecque majeure pour ne pas dire décisive, la Grèce capturant Imbros, Tenedos, Lemmos, Samos,Chios,Lesbos, Mount Athos, Thasos et Samothrace.
La deuxième bataille est la bataille de Lemmos le 18 janvier 1913. Les grecs mobilisent trois cuirassés, un croiseur cuirassé et sept destroyers pour affronter trois cuirassés, un croiseur et cinq destroyers ottomans. Les grecs ont un blessé (!) alors que les ottomans ont trois navires sérieusement endommagés (avec 41 tués et 104 blessés). C’est la deuxième et dernière tentative ottomane de briser le blocus grec des Dardanelles.
Entre-temps le 20 décembre 1912 les grecs ont capturé la ville de Korcé (actuellement en Albanie).
En janvier 1913 les jeunes turcs sont renversés par un coup d’état militaire. Es-ce à dire que le camp de la paix l’emporte à Constantinople ? Pas vraiment la guerre continue.
Le 26 janvier 1913 à lieu la bataille de Bulair. Environ 10000 bulgares affrontent quasiment 40000 ottomans (NdA chiffres incertains et contestés). Les ottomans tentent de dégager la forteresse d’Andrinople (aujourd’hui Edirne) assiégée par les bulgares depuis le début du conflit. L’attaque est rapidement contrée par les bulgares.
Du 3 février au 3 avril à lieu la deuxième bataille de Catalca. C’est une guerre d’usure qui se termine de manière incertaine.
Du 9 au 11 février 1913 les bulgares affrontent les ottomans lors de la bataille de Sarkoy. Cet affrontement est la conséquence de la bataille de Bulair et comme la bataille de Bulair se termine par une victoire bulgare.
Du 3 novembre 1912 au 26 mars 1913 la forteresse d’Andrinople à été assiégée par les bulgares rejoint ensuite par les serbes. Sa chute va pousser l’Empire ottoman à demander la paix car incapable de poursuivre la lutte. 106425 bulgares et 47275 serbes vont affronter entre 50 et 70000 ottomans.
C’était donc la fin d’un siège de cinq mois marqué par deux attaques nocturnes infructueuses. La prise de cette forteresse fait sensation car elle avait été fortfiée par les allemands et était jugée imprenable.
Du 4 au 6 mars 1913, 41000 grecs (quatre divisions, une brigade et un régiment de cavalerie, 105 canons) affrontent 35000 turcs (quatre divisions et des irréguliers appuyés par 162 canons) lors de la bataille de Bizani. C’est une victoire grecque qui permet la prise de la ville de Ioammina. Cette prise va jouer un rôle clé dans la fin de la première guerre balkanique.
Du côté des serbo-monténégrins, les monténégrins assiègent puis capturent la firme de Skohdra (auj. Skhoder sur le lac du même nom).
La première guerre balkanique se termine par la signature du traité de Londres le 30 mai 1913. Ce traité voit les grandes puissances européennes intervenir. Une Albanie indépendante voit le jour, les îles de la mer Egée sont cédées à la Grèce sauf celles de Imhos et de Tenedos qui commandent l’accès aux détroits turcs, la Crète appartient définitivement à la Grèce.
Tous les territoires européens de l’empire ottoman à l’ouest d’une ligne Enos-Midio sont cédés à la Ligue Balkanique qui doit en assurer le partage. C’est le début d’un processus qui allait conduire à la deuxième guerre Balkanique.
La deuxième guerre Balkanique
En effet comme nous l’avons déjà vu, le partage des dépouilles de l’empire ottoman fait l’objet de querelles entre les différents membres de la ligue Balkanique. C’était quasiment écrit qu’une nouvelle guerre allait poindre le bout de son nez car le chevauchement des revendications ne pouvaient que susciter du mécontement même avec un partage équilibré.
Il faut dire que les relations bulgaro-grecques et bulgaro-serbes vont très vite se tendre ce qui augurait rien de bon. La Bulgarie et la Grèce se disputent Thessalonique et sa région alors que la Serbie et la Bulgarie se disputent le Vardar macédonien, région qui correspond à l’actuelle République de Macédoine du Nord. Pour ne rien arranger les différentes armées restent sur le pied de guerre.
Le 1er juin 1913 est signé un traité entre la Grèce et la Serbie. Les deux pays disposent d’une frontière commune et signent un pacte d’assistance militaire mutuelle.
Le tsar Nicolas II tente d’éviter un nouveau conflit dans une région que la Russie estime importante dans l’espoir d’atteindre les mers chaudes, une obsession de la diplomatie russe depuis le 17ème siècle et l’arrivée au pouvoir de Pierre le Grand.
La Bulgarie attaque le 29 juin 1913 la Serbie et la Grèce. Le Monténégro, l’Empire ottoman mais aussi la Roumanie vont intervenir ultérieurement.
Sur le plan militaire, les troupes serbes et grecques sont encore fraiches. En effet elles n’ont pas eu à s’employer alors que les troupes bulgares ont combattu durement ce qui provoque de nombreuses pertes.
Dans la nuit du 29 au 30 juin 1930, les bulgares attaquent l’armée serbe sur la rivière Bregalnica, un affluent majeur du Vardar mais aussi l’armée grecque à Nigrita. Les serbes tiennent bon et sont bientôt rejoints par les monténégrins. L’armée grecque l’emporte également dans ses propres affrontements contre les bulgares.
La bataille de Bregalnica est la première du conflit. Deux armées bulgares affrontent deux armées serbes (renforcées par quelques éléments monténégrins).
Sur le plan numérique cela nous donne 184000 bulgares (116000 pour la 4ème armée 68000 pour la 5ème armée) répartis entre 100 bataillons d’infanterie, 6 régiments de cavalerie et 63 batteries d’artillerie qui affrontent 191000 serbo-monténégrins répartis entre 104 bataillons d’infanterie, 24 escadrons de cavalerie et 62 batteries d’artillerie. C’est la plus grande bataille de la guerre qui se termine par une défaite bulgare et de sérieuses pertes avec plus de 20000 morts et blessés côté bulgare et 16620 pertes dont 3000 tués côté serbo-monténégrin.
Du 2 au 4 juillet 1913, les grecs remportent la bataille de Kilkis-Lachanas. 75000 bulgares (57 bataillons d’infanterie et 10 escadrons de cavalerie) appuyés par 175 canons affrontent 117000 grecs (73 bataillons d’infanterie et 8 escadrons de cavalerie). Cette bataille fait suite à la bataille précédente
Les serbes tiennent le choc et les grecs parviennent de leur côté à contre-attaquer, infligeant aux bulgares une sérieuse défaite, la pire de ce conflit.
La ville une fois prise est vidée de sa population bulgare. L’armée grecque divise alors ses forces, une partie met cap à l’est et la Thrace occidentale, le reste avance la vallée creusée par la rivière struma, les grecs battant les bulgares à la bataille du lac Doiran (5/6 juillet 1913)
Cette bataille oppose deux brigades bulgares à deux divisions grecques. Conséquence de la bataille de Kilkis-Lachanas, cette bataille voit les bulgares qui avaient détruit les ponts sur le Styrmon et la ville de Serres être sérieusement malmenés ce qui entraine une retraite vers le nord. Les grecs s’emparent de plusieurs villes et menacent la capitale bulgare. A cela s’ajoute un débarquement amphibie grec à Kavala.
Du 4 au 7 juillet à lieu la bataille de Knjazevac entre environ 50000 bulgares appuyés par 108 canons et 40000 serbes appuyés par 68 «bouches à feu». C’est une victoire bulgare, les troupes de Sofia s’emparant de cette ville située à 250km au sud-est de Belgrade et 55km au nord-est de Nis.
Du 6 au 8 juillet la 3ème armée bulgare affronte la 2ème armée serbe dans la bataille de Pirot. Les bulgares qui avaient lancé l’offensive doivent se replier pour aider leur 1ère armée sérieusement accrochée par les roumains.
Avec cette défaite qui s’ajoute à celle survenue lors de la bataille de Bregalnica, les bulgares peuvent dire adieu à la conquête du sud-ouest de la Serbie.
Le 8 juillet 1913 à lieu la bataille de Bedogradchik entre les bulgares et les serbes qui se termine par une victoire serbe.
Peu après les bulgares remportent la bataille de Demir Hisar les 9 et 10 juillet toujours contre les grecs.
Du 12 au 18 juillet la ville de Vidin défendue par 4200 bulgares est assiégée 8500 serbes. Une première attaque serbe échoue mais la paix est signée avant que d’autres attaques d’où qu’elles viennent soient menées à bien.
Les 18 et 19 juillet 1913 à lieu la bataille de Kalimanci. Deux armées bulgares affrontent une armée serbo-monténégrine. Les bulgares repoussent les serbes qui cherchaient à les expulser de Macédoine et retrouver les grecs plus en aval sur la rivière Struma. C’est une importante victoire défensive pour les bulgares qui empêchent toute invasion de la Bulgarie par la Serbie.
Du 22 au 31 juillet à lieu la Bataille de Kresna qui est la dernière bataille majeure du conflit. Les bulgares avaient contre-attaqué les serbo-monténégrins le 19 juillet et tentent de faire pareil contre des grecs épuisés dont les lignes de communication sont sur le point de rompre. Pour ne rien arranger on se chamaille au sommet de l’état entre le premier ministre Venizelos partisan d’un armistice et le roi Constantin 1er qui voulait obtenir une grande victoire militaire.
Cette bataille manque de tourner à la catastrophe pour les grecs, les bulgares appuyant sur les flancs pour tenter de réitérer la célèbre bataille de Cannes (-216).
Les grecs demandent aux serbes de relancer l’attaque mais Belgrade refuse. A la même époque les roumains avancent vers Sofia. C’est ce qui va sauver les grecs d’un anhilation quasi-totale.
Les roumains ? Oui les roumains qui déclarent la guerre le 10 juillet 1913 suite à un désaccord frontalier avec Sofia. Quand les grecs acceptent la proposition bulgare d’un armistice les troupes roumaines sont à Vrazhebdria à onze km du centre de Sofia.
Les troupes de Bucarest vont envahir la Doubroudja du sud mais également franchir le Danube dans la région de Corabia.
Les ottomans vont également se joindre à la curée à partir du mois de juillet. Pas moins de 200 à 250000 turcs vont envahir la Thrace occidentale. Les bulgares en sous-effectifs évacuent Adrianople (Edirne) en catastrophe le 19 mais comme les turcs ne l’occupe pas, ils reviennent le lendemain pour l’abandonner définitivement cette fois le 21.
Le 23 juillet 1913 Edirne est occupée par les ottomans. C’est symboliquement très importante car cette ville capturée par Murad 1er dans les années 1360 avait été la première capitale européenne des ottomans, statut qu’elle conservera jusqu’à la prise de Constantinople en 1453.
L’invasion ottomane de la Bulgarie provoque la panique chez les paysans de la région qui se réfugient dans la montagne. Les troupes ottomanes n’ont pas eu à souffrir de pertes au combat mais ont perdu 4000 hommes des suites du choléra.
Les russes menacent alors Constantinople d’intervenir dans le Caucase et envoient la flotte de la mer Noire menacer la capitale ottomane. C’est alors la Grande-Bretagne soucieuse de ne pas trop laisser de place à Saint-Pétersbourg dans la région qui décide d’intervenir.
De toute façon les différents belligérants sont épuisés, éreintés par neuf mois d’un conflit qui annonce tristement les horreurs du premier conflit mondial.
La deuxième guerre Balkanique se termine par le Traité de Bucarest signé le 10 août 1913. Les ottomans demandent à participer mais les anciens alliés de la Ligue Balkanique refusent. Cette fois les Grandes Puissances vont intervenir pour éviter qu’une nouvelle paix insatisfaisante ne provoque une troisième guerre.
Le traité divise la Macédoine et met en place un état indépendant d’Albanie. La Serbie récupère le nord-est de la Macédoine et récupère la partie orientale du Sandjak de Novi-Pazar, le Monténégro récupérant la partie occidentale et sécurise ainsi ses frontières avec la Serbie.
La Grèce double sa superficie en récupérant l’Epire du Sud, le sud de la Macédoine avec Kavala, les îles de la mer Egée à l’exception du Dodécanèse et des deux îles défendant l’accès aux détroits. La Crète annexée en 1908 est considérée comme appartenant pleinement à la Grèce.
La Roumanie annexe la Dobroudja du Sud et la Bulgarie en dépit d’une défaite militaire cuisante récupère des territoire notamment une partie de la Macédoine dont la ville de Strummitza. Cela représente un gain de 25000km² et de 129490 habitants.
Un traité séparé est signé entre l’empire ottomane et la Bulgarie à Constantinople le 29 septembre 1913. Cela se double d’une alliance avec la Turquie. Ce traité voit la Bulgarie céder les villes d’Edirne, de Kirklarele et Didymoteicho avec leur territoire environnant mais l’empire ottoman cède le port d’Alexandropoulis et 70 miles nautiques de côte à Sofia.
Ce traité prévoit l’échange de territoires sous les 10 jours, la démobilisation des armées sous trois semaines, la libération mutuelle des prisonniers de guerre et le rétablissement des relations politico-économiques.
La Bulgarie maintient sa volonté de conquérir la Macédoine ce qui pourrait aboutir à une nouvelle guerre contre la Grèce et la Serbie.
Un traité est signé à Athènes le 14 novembre 1913 entre les turcs et les grecs. La situation reste tendue, une guerre manquant d’éclater au printemps 1914 entre Athènes et Constantinople. Un autre traité est signé dans la capitale ottomane entre la Serbie et l’Empire ottoman. Aucun accord n’est signé entre le Monténégro et l’Empire ottoman.
Les conséquences humaines sont très rudes avec 2.5 millions de turcs quittant l’Europe direction l’Asie mineure. Selon une estimation effectuée dans les années soixante, les deux guerres balkaniques ont provoqué la mort de 122000 personnes au combat, 20000 morts des suites de leurs bleussres et 82000 morts des suites des maladies provoquées par le conflit.
Comme nous l’avons à propos de l’histoire générale, la langue finnoise n’à été mise à l’écrit qu’à partir du 16ème siècle. L’histoire antérieure est donc lacunaire et l’histoire militaire n’échappe pas à la règle.
De 1809 à 1917 la Finlande à été une possession russe. Certes le Grand-Duché de Finlande était autonome mais les tsars successifs d’Alexandre 1er à Nicolas II ne manquaient jamais l’occasion de rappeler que cette autonomie était strictement limitée.
Quand le premier conflit mondial éclate à l’été 1914, les russes craignent que les sujets finlandais de l’empire russe ne se révoltent et déstabilisent ce colosse aux pieds d’argile.
Ce scénario n’est pas si ahurissant que cela puisque durant la guerre russo-japonaise, un cargo chargé de fusils japonais s’était échoué sur la côté ce qui montre la volonté du Kagal de privilégier l’action directe et violente. Si le scénario d’une attaque suédoise relevait du domaine de la science fiction, en revanche la possibilité d’un bombardement allemand sur Helsinki était plus crédible.
La Finlande en 1812. En gris la frontière actuelle
De 1809 à 1917 la Finlande appartient donc à la Russie des Romanov. C’est une entité autonome qui est unie à la Russie non pas par des liens politiques mais par des liens personnels.
En 1912, l’armée belge à entamé un processus de réorganisation, de rééquipement et de modernisation, un processus qui doit s’achever en 1926 avec un total de 350000 hommes (150000 actifs, 130000 dans les garnisons de forteresse et 70000 réservistes et auxiliaires). Ce processus est donc dans l’enfance quand le 4 août 1914, l’armée du Kaiser viole la neutralité belge pour attaquer la France par sa frontière du nord-est.
L’armée impériale russe et le premier conflit mondial
Soldats russes au début du premier conflit mondial. Le « rouleau compresseur » russe suscite énormément d’espoirs en France. La désillusion ne sera que plus grande.
Après des années de tension, des années de crispation, le geste d’un étudiant serbe provoque l’implosion de l’Europe. Les grandes puissances liées entre-elles par des traités d’alliance mobilisent, persuadés que le conflit sera bref.
Comme jadis la Révolution Française, la Révolution russe avait eu des effets dévastateurs sur l’industrie navale russe et sur la marine qu’elle devait équiper.