Mitteleuropa Balkans (105) Roumanie (35)

ARMEE DE L’AIR ROUMAINE

Histoire

Prémices

Comme dans de nombreux pays, des pionniers mettent au point en Roumanie les premiers «plus lourds que l’air». Trois noms sont à retenir : Henri Coandă, Aurel Vlaicu et Traian Vuia. Ces trrois hommes vont créer successivement le Vuia I en 1905, le Vuia II en 1907, le Vlaicu I en 1910, le Vlaicu II en 1911, le Coandă en 1910 et le Vlaicu III en 1912.

A ces appareils s’ajoute même l’un des premiers avions à réaction (oui vous avez bien lu) le Coanda 1910 qui bien entendu n’aboutit à aucune utilisation militaire ou civile. On peut également noter que le Vlaicu III est le premier avion de construction métallique au monde.

Le 20 novembre 1909 l’Ecole de Pilotage de Chitila est créée avec l’aide d’instructeurs français. On trouve cinq hangars, des tribunes pour les spectateurs assistant aux démonstrations et des ateliers où étaient assemblés les avions Farman importés de France. Inaugurée le 9 juillet 1910, cette école forme plusieurs pilotes (six officiers entrainés mais deux macaronés comme on dirait en France) avant de mettre la clé sous la porte en 1912 en raison de problèmes financiers.

Parallèlement l’armée roumaine commence à s’initier à l’utilisation de l’aéroplane. Le 28 septembre 1910 lors d’un exercice militaire Aurel Vlaicu à bord d’un appareil de sa conception transporte un message entre Slatina et Piatra Olt.

Quelques missions sont menées durant la deuxième guerre Balkanique, des missions de reconnaissance pour éclairer l’avancée des troupes roumaines dont l’engagement allait pousser la Bulgarie à demander les conditions d’un armistice.

Quand la Roumanie entre en guerre, l’aéronautique militaire roumaine ne comprends que 28 appareils (10 biplans Bristol T.B.8, 7 monoplans Bristol Coanda, 4 biplans Farman HF.20 et 4 monoplans Bleriot XI). A cela s’ajoute deux monoplans Morane type F et les deux appareils mis au point par Vlaicu.

Comme partout les moyens aériens roumains explosent durant le conflit puisque Bucarest va acquérir 322 appareils venant de France et de Grande-Bretagne. On trouve ainsi des chasseurs monoplaces Nieuport 11 et 17, des chasseurs biplaces Morane-Saulnier LA et Nieuport 12, plusieurs modèles d’avions de reconnaissance (Caudron G.3, Henri Farman HF.20, Farman MF.11, Farman F.40 et F.46) mais aussi plusieurs modèles de bombardiers (Caudron G.4, Breguet-Michelin BLM et Voisin LA).

Le 16 septembre 1916 un Farman F.40 descend un avion allemand près de Slobozia. C’est la première victoire aérienne de l’histoire militaire roumaine. Quand le conflit se termine les pilotes roumains ont volé environ 11000 heures et effectué 750 missions de guerre. Cela ne put empêcher la défaite roumaine, l’armistice puis le traité de Bucarest.

D’une guerre à l’autre

L’importance de l’aviation n’à pas échappé au gouvernement roumain qui cherche à tirer les leçons du premier conflit mondial où le pays à connu la défaite et l’occupation.

C’est ainsi que voit le jour trois entreprises aéronautiques, la première créée en 1923 est la Societatea pentru Exploatări Tehnice (SET) (Société pour l’expérimentation technique) suivit en 1925 de l’Industria Aeronautică Română (IAR) (Industrie Aéronautique Roumaine) qui à partir de 1927 et jusqu’en 1953 va produire une série d’appareils de conception nationale mais aussi des appareils étrangers sous licence. On trouve également l’Întreprinderea de Construcții Aeronautice Românești (ICAR) (Entreprise de Conception Aéronautique Roumaine) créée en 1932.

Grâce à ces trois constructeurs aéronautiques, l’armée de l’air royale de Roumanie pouvait s’estimer relativement bien équipée quand se termine la guerre de Pologne. Malheureusement durant la Pax Armada les efforts menés n’aboutissent qu’à une modernisation partielle des forces aériennes roumaines qui perdent en capacité et en compétence.

Comme les autres armées de l’air, l’aviation militaire commence d’abord à grandir dans le giron de l’armée de terre. Elle ne prend son indépendance qu’en septembre 1941 quand elle prend le nom de Forţele Aeriene Regale ale României ou Forces Aériennes Royales Roumaines.

L’insigne fût d’abord une croix jaune (le monogramme du roi Michel) peinte sur le fuselage, sur et sous les ailes plus une dérive peinte aux couleurs roumaines bleu-jaune-rouge. Le moteur était souvent peint en jaune qui était la couleur d’une bande souvent peinte sur le fuselage.

Au milieu des années quarante le monogramme fût remplacé par une cocarde tricolore rouge-jaune-bleu (de l’extérieur vers l’intérieur) peinte sur le fuselage et les ailes plus une bande tricolore sur la dérive, bande qui disparaissait en temps de guerre pour des raisons de discrétion du moins en théorie.

Au sein des FARR l’unité de base était le Grup soit l’équivalent du Groupe dans l’Armée de l’Air mais du Squadron dans les armées de l’air anglo-saxonne. Ces Grup étaient divisés en Flotila (escadrilles).

Le nombre d’appareils variait selon les unités avec en théorie vingt-sept appareils pour la chasse, dix-huit pour le bombardement et douze pour la reconnaissance et la coopération.

Initialement ils étaient indépendants mais en septembre 1946 ces unités forment des Corpul (corps aériens), des corps spécialisés avec un corpul de chasse, un corpul de bombardement, un corpul de reconnaissance et de coopération, un corpul de transport et d’entrainement et un corpul de DCA.

Ces corps sont davantage comparables aux Command de la RAF ou aux Commandement de l’Armée de l’Air. Ils préparent et soutiennent les unités opérationnelles mais pour la partie opérationnelle ils dépendent des armées qu’ils appuient.

Seul exception la défense aérienne du territoire roumain pilotée par l’Armée de l’Air avec l’aide d’unités de DCA de l’Armée de Terre, cette dernière faisant preuve d’un zèle coopératif très modéré au point qu’on envisagera de regrouper toutes les unités antiaériennes lourdes sous commandement de l’armée de l’air mais ce projet ne dépassera pas le stade de l’intention.

En matière d’équipement les forces aériennes royales roumaines utilisent un vaste échantillonage d’appareils avec des avions allemands, italiens, britanniques, français et roumains. Certains sont modernes d’autres obsolètes. Surtout la multiplicité des modèles va rendre le soutien logistique compliqué.

L’aviation militaire roumaine dans le second conflit mondial

Comme les autres armées de l’air engagées dans le second conflit mondial, l’armée de l’air royale de Roumanie doit à la fois protéger le territoire national mais aussi assurer l’appui et la protection des troupes au sol. Pour cela elle dispose de 1152 appareils de première ligne soit bien plus qu’en septembre 1948, le nombre ayant doublé.

La mission de défense aérienne est d’autant plus critique qu’une cible de choix s’offre aux aviations ennemies : les champs pétrolifères de Ploesti que sécurisent allemands et roumains. Au début du conflit les franco-britanniques ont bien étudié une mission de sabotage voir un bombardement aérien mais ces projets n’ont pas aboutit et quand ils furent repris au moment de la campagne de Grèce, les défenses étaient telles qu’il fallait envisager l’engagement d’une véritable campagne de bombardement et non une opération unitaire.

A cela s’ajoute la protection des grandes villes, des industries et des grandes lignes de communication qu’elles soient routières ou ferroviaires.

Pour cela l’aviation roumaine déployait des unités de chasse équipées pour certaines de Messerschmitt Me-109, des batteries de DCA en complément de celles de l’armée de terre ainsi que des ballons de barrage et des projecteurs. Un soin particulier fût également apporté au camouflage qu’il soit diurne ou nocturne.

En ce qui concerne l’appui-protection des troupes au sol, l’aviation roumaine employait des avions d’attaque monomoteurs mais aussi des bombardiers bimoteurs italiens, britanniques, allemands mais aussi français. C’est ainsi que des SM-79B italiens (version bimoteur du SM-79 Sparviero) cohabitaient avec des Heinkel He-111 allemands mais aussi avec des Bristol Blenheim britanniques ou encore des Lioré et Olivier Léo 451 français.

Là encore pas de recettes miracles, pas d’innovations tactiques mais du classique du standard avec une influence allemande marquée entre la présence d’officiers de liaison (Flivo) au sein des unités terrestres pour améliorer la coordination et la coopération avec l’aviation (avec visiblement de moins bons résultats qu’au sein de la Luftwaffe), l’utilisation de la chasse comme élément de nuisance en lui laissant mener des missions de chasse libre (Freie Jagd) et l’emploi des bombardiers comme élément tactique plus que comme élément stratégique.

Jamais la Roumanie faute de moyens mais aussi de volonté ne mena des missions que l’on pourrait qualifier de stratégique contre l’URSS et même contre les alliés une fois ces derniers rendus dans le nord de la Grèce.

En matière d’équipement on assiste à une germanisation et une romanisation. Les appareils d’origine italienne, britannique ou française sont peu à peu retirés du service en raison du manque de pièces détachées et de leur usure.

C’est aussi la nécessité de faire des économies en matière de fonctionnement et de logistique. Un peu comme les hongrois les roumains auraient voulu un modèle de chasseur monoplace, un modèle de chasseur biplace, un modèle d’avion de reconnaissance et un modèle de bombardier mais ce projet bien pensé ne pu jamais être mis à bien en raison de livraisons trop faibles mais aussi de toxiques jeux de lobbying entre constructeurs aéronautiques allemands et roumains.

De septembre 1948 à juin 1950 le ciel roumain est plutôt tranquille. Les avions ennemis se font rares et la chasse roumaine n’à aucun mal à défendre le ciel national. Cela commence à se corser un peu après le déclenchement de l’opération BARBAROSSA quand quelques bombardiers soviétiques rescapés des pertes abominables des premiers jours parviennent à bombarder l’est de la Roumanie même si les dégâts sont plus symboliques qu’autre chose.

Par la suite les forces aériennes soviétiques n’ont pas les moyens de frapper le territoire roumain avec leurs bombardiers et encore moins avec leurs avions d’assaut Sturmovik. Des cibles roumaines sont bien visées mais elles sont situées en Crimée et à Odessa mais pas vraiment en Bessarabie et en Bucovine du Nord et encore moins sur le territoire roumain historique.

C’est à partir du printemps 1952 que les alliés ont enfin les moyens de leurs ambitions avec des appareils, des infrastructures et une stratégie concertée de bombardement sur les cibles stratégiques roumaines.

Il s’agit de préparer le terrain en vue d’une reprise de l’offensive sur le front Balkanique. Certes la Roumanie est loin mais les infrastructures routières, ferroviaires et industrielles roumaines sont vitales pour l’effort de guerre allemand et leur destruction pourrait non pas paralyser les mouvements de l’Axe mais rendre la situation logistique sur le front russe encore plus compliquée.

Ces missions voient des bombardiers lourds décoller de Crète ou du Dodécannèse, des bombardiers médians décollant du Péloponnèse, bombardiers escortés par des chasseurs (les américains mettront du temps à s’y résoudre ce qui fait dire aux historiens que nombre de pertes auraient pu être évitées) décollant d’îles aux mains des alliés et de la péninsule péloponnésienne.

Un temps l’escorte de chasse ne semble pas si efficace que cela avec de nombreuses interceptions et des pertes non négligeables. Les américains vont estimer que des bombardiers non escortés avançant en box peuvent se défendre seuls mais une analyse plus fine des rapports montrent que si interception il y à les pertes sont au final nettement moins lourdes que les américains.

Une étude menée après guerre par un think tank américain à montré qu’en moyenne pour un bombardier français ou britannique abattu, 1.7 bombardier américain (soit presque deux appareils) était envoyé au tapis.

A cela s’ajoute les appareils tellement endommagés qu’après un retour miraculeux au sol il n’y avait d’autres solutions que de l’envoyer à la casse. Le taux de perte des américains était donc bien plus élevé que celui des français et des britanniques.

Si les français et les américains attaquent de jour, les britanniques préfèrent attaquer de nuit en espérant diminuer le risque d’interception ce qui sera un temps le cas même si la mise en place d’unités de chasse de nuit par la Luftwaffe rendit les opérations périlleuses encore que les équipages du Bomber Command ayant connu les opérations au dessus de l’Allemagne trouvaient «distrayantes» les missions au dessus des Balkans (NdA nul doute qu’il faut y voir l’humour so british et le flegme typiquement britannique et non une description de la réalité des missions).

Ces missions visaient dans le cadre de l’opération Tidal Wave les raffineries de Ploesti tandis que dans le cadre de l’opération Stocker (de Bram Stocker) s’attachaient à paralyser l’économie et les mouvements de troupe en visant gares, ponts et routes.

Ces opérations ne rencontrèrent qu’un succès partiel, démentant les théories d’un Douhet ou d’un Mitchell qui prétendaient que l’aviation pourrait mettre fin à une guerre en raison des dommages causés. La réalité montrera que les économies de guerre sont bien plus résilientes que ne l’imaginait l’italien et l’américain.

Longtemps les villes ne sont pas expressément visées contrairement à l’Allemagne où le Bomber Command et dans une moindre mesure le Commandement des Forces de Bombardement (CFB) (NdA grand commandement français précurseur des Forces Aériennes Stratégiques (FAS) créé en avril 1950 par la fusion du Commandement des Forces Aériennes Tactiques et du Commandement du Bombardement Lourd) mènent clairement une stratégie anti-cités, une stratégie de terreur qui se révèlera globalement improductive.

Bucarest commence à être bombardée le 25 mars 1953. Jusqu’au basculement roumain, la capitale roumaine va être bombardéeà trente reprises, provoquant de nombreux dégâts notamment sur le patrimoine historique de la ville. D’autres villes de Roumanie sont bombardées mais moins fréquement et sont donc moins endommagées.

Le 8 et 18 octobre ainsi que les 4 et 12 novembre 1953 dans le cadre de l’opération Rache (vengeance), la Luftwaffe bombarde la capitale roumaine mais il s’agit de piqures d’épingle et non de coups de massue.

En effet ces opérations menées uniquement à des fins politiques pour rassurer des alliés inquiets ou hésitants n’engagent qu’une poignée d’appareils essentiellement des bombardiers bimoteurs Dornier Do-317 et des bombardiers quadrimoteurs Heinkel He-179.

Plusieurs appareils sont abattus par la chasse soviétique (l’aviation roumaine à été clouée au sol par l’occupant soviétique qui s’en méfie) et par la DCA roumaine.

Les pertes ne sont pas gigantesques mais à cette époque pour la Luftwaffe le moindre appareil perdu est une catastrophe surtout si c’est avec son pilote.

L’aviation roumaine va donc d’abord combattre les alliés occidentaux et l’URSS puis va se retourner contre les allemands.

Si dans les premiers jours qui suivent le coup d’état communiste, les avions roumains continuent de voler et se mettent à attaquer leurs anciens alliés allemands cela va très vite changer et ce pour plusieurs raisons.

Tout d’abord certains pilotes refusent de suivre les nouvelles autorités et une partie d’entre-eux va décoller pour rallier le camp allemand où il seront souvent fraichement accueillis pour ne pas dire pire.

Ensuite les appareils sont pour beaucoup usés, dépassés et manquent de pièces détachées voir de munitions sans compter le carburant.

Enfin sur le plan politique l’URSS veut montrer au gouvernement communiste qui est vraiment le patron à Bucarest.

C’est donc le 5 octobre 1953 que la seconde guerre mondiale se termine pour l’aviation royale roumaine.

Certains pilotes vont continuer à se battre côté allemand mais aussi côté soviétique avec une escadrille de pilotes dont la fidélité à l’idéologie communiste n’à d’égale que les compétences en matière de pilotage.

Encore que si l’on croit le colonel Aranenko il faut relativiser le niveau. Officier de liaison soviétique au sein de l’unité volant sur Yakovlev Yak-9 il raconta dans ses mémoires publiées en 1974 deux ans après son passage à l’ouest («Au sein de l’escadrille roumaine sur les vingt pilotes, deux ou trois étaient très bons, la majorité correcte mais certains avaient du avoir leurs ailes uniquement parce qu’ils étaient membres du parti communiste»).

Cette escadrille qu’aucune marque extérieure ne distinguait des autres unités soviétiques (leur volonté de peindre la casserole d’hélice en bleu-jaune-rouge leur fût par exemple refusée) fût essentiellement employée pour la couverture et l’appui-feu des troupes roumaines engagées aux côtés de la RKKA, les unités soviétiques n’ayant aucune confiance dans ces pilotes dont on pouvait se méfier de la fidélité à la cause.

Cela eut au moins le mérite de préserver même symboliquement une aviation militaire roumaine qui après avoir été royale allait devenir populaire (sic) en recevant dès la fin des années cinquante des avions de seconde main en attendant des appareils neufs notamment les premiers chasseurs à réaction.

Les années soixante verront également la reconstitution d’une industrie aéronautique roumaine avec l’unique entreprise IAR qui allait produire quelques modèles nationaux mais surtout allait construire des avions et des hélicoptères étrangers sous licence mais ceci est une autre histoire qui sort du cadre de ce récit.

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L’Armée roumaine dans le second conflit mondial

Soldats roumains pendant la deuxième guerre mondiale.

A l’été 1948 les tensions sont telles en Europe qu’un nouveau conflit n’est pas probable mais quasiment certain. La seule incertitude c’est où et quand.

Aucun pays ne veut être pris au dépourvu et tout en le niant vis à vis des potentiels ennemis, tous les pays d’Europe commence à mobiliser au grand désespoir des pacifistes qui espèrent sauver le continent d’une nouvelle boucherie que tout le monde pressent comme bien plus violente que celle survenue à l’automne 1939.

La Roumanie commence à ainsi à préparer le processus de mobilisation à la mi-juillet mais il s’agit de mesures juridiques et techniques. Il faut attendre le 30 août 1948 pour que les premiers réservistes rejoignent leurs casernes en attendant l’ouverture des centres de mobilisation.

Le 10 septembre 1948 un incident de frontière survient entre gardes-frontières magyars et soldats roumains dans la région de Kolozsvar (Cluj-Napoca), ces derniers étant à la recherche de déserteurs.

Cet incident à lieu dans une zone mal délimitée entre la Hongrie et la Roumanie, Budapest accusant Bucarest d’avoir pénétré sur son territoire ce que le gouvernement de Michel 1er niera toujours.

Des combats opposent les deux armées, des échanges d’artillerie laissent même craindre un conflit majeur. Les allemands qui n’y ont aucun intérêt interviennent et sifflent la fin de la récré entre deux alliés dont elle à besoin. Les deux pays se promettent une coopération militaire totale mais ce sera un leurre, les deux pays se détestant tellement qu’il fallait éviter de faire cohabiter troupes roumaines et troupes hongroises.

Des incidents de frontière ont également lieu sur la frontière roumano-soviétique, une frontière incertaine avec des zones où un flou artistique permet nombre d’interprétations. Ces incidents sont essentiellement terrestres mais également aériens et fluviaux. Si un conflit ouvert n’oppose pas la Roumanie à l’URSS à cette époque c’est que aucun pays n’y à vraiment intérêt.

Lors de l’opération Maritsa (invasion de la Yougoslavie et de la Grèce), la Roumanie ne s’engage pas tout simplement parce qu’elle n’y à pas vraiment intérêt. Tout juste ouvre-t-elle son territoire pour permettre des transports logistiques et sanitaires au profit des troupes de l’Axe.

Il va donc falloir attendre le 21 juin 1950 et le déclenchement de l’opération BARBAROSSA pour qu’enfin l’Armata Regala Romana combattent dans ce second conflit mondial entamé depuis près de deux ans maintenant.

Les troupes roumaines sont placées sous l’autorité du Heeresgruppe Süd (Groupe d’Armées Sud) et ont pour objectif Odessa, la Crimée et Sébastopol pour ne citer que les cibles principales.

Le Conducator aligne environ 700000 hommes répartis en deux armées, sept corps d’armées, quatorze divisions d’infanterie, une division blindée, trois brigades d’infanterie de montagne, quatre brigades de cavalerie partiellement motorisées, deux brigades de forteresse sans compter des unités d’appui et de soutien.

Ces moyens sont répartis entre deux armées roumaines (3ème et 4ème), un corps d’armée indépendant (2ème CA) et la 11ème Armée allemande qui comprend dix divisions d’infanterie dont cinq roumaines, l’unique division blindée roumaine et une brigade de cavalerie.

Initialement ces moyens roumains dépendaient directement du commandement de le Heeresgruppe Süd mais très vite un Groupe d’Armées Roumain est créé avec des unités roumaines et plus surprenant des unités allemandes.

-3ème Armée Roumaine

-4ème Corps d’Armée : 6ème et 7ème DI

-Corps de Cavalerie : 5ème et 8ème brigades de cavalerie

-Corps de montagne : 1ère, 2ème et 4ème brigades de montagne

-4ème Armée Roumaine

-3ème Corps d’Armée : Division de la Garde, 15ème DI et 35ème DI

-5ème Corps d’Armée : 23ème DI

-11ème Corps d’Armée : deux brigades de forteresse

-2ème Corps d’Armée : 9ème, 10ème et 11ème DI, 7ème brigade de cavalerie

-11ème Armée allemande :

-11ème Corps d’Armée : deux divisions d’infanterie allemandes (76ème et 239ème), 1ère division blindée roumaine, 6ème brigade de cavalerie roumaine

-30ème Corps d’Armée : 198ème division d’infanterie allemande, 8ème, 13ème et 14ème DI

-54ème Corps d’Armée : 50ème et 170ème divisions d’infanterie allemandes, 5ème DI roumaine.

Les moyens sont sur le papier importants mais l’équipement ne suit pas forcément (les unités allemandes sont bien équipées, les unités roumaines moins en dépit d’efforts conséquents menés durant la Pax Armada) et surtout le théâtre d’opérations est gigantesque qui plus est mal irrigué en terme d’infrastructures de transport mais comme la logistique est une matière secondaire pour les allemands c’est considéré comme peu important. Le réveil sera rude……. .

Les roumains occupent le flanc sud du Groupe d’Armées Sud avec pour objectif la reconquête de la Bessarabie et de la Bucovine du Nord puis la conquête d’Odessa et de la Crimée. Ensuite c’est plus flou mais il semble que les roumains espéraient se rendre dans le Caucase ce qui aurait probablement provoqué des frictions avec les allemands.

Carte de la Roumanie après le début de l’opération BARBAROSSA

Les combats sont âpres et violents mais mine de rien les roumains avancent vite. Ils sont très bien accueillis en Bucovine du Nord et en Bessarabie même si l’occupation militaire très dure va leur aliéner beaucoup de sympathies. Certains habitants de ces régions iront même jusqu’à regretter l’occupation soviétique ! Cela laisse songeur même si on ne peut pas exclure ici à la fois de la provocation et une sorte de dépit amoureux.

Les difficultés commencent après le franchissement du Dniestr et du Prut quand les roumains vont combattre dans des zones peuplées majoritairement d’ukrainiens. Certes les populations locales les accueillent plutôt bien (par haine du communisme stalinien uniquement) mais les combats sont rudes avec la RKKA qui bien que ressemblant à une bête blessée est toujours capable de donner de sérieux coups de griffe.

Il faut ainsi près de deux mois de combat pour que l’armée roumaine aidée d’unités allemandes ne parvienne à s’emparer d’Odessa. La ville est sérieusement détruite, le port très endommagé mais après quelques semaines d’efforts la grande ville du sud de l’Ukraine pourra servir de tête de pont logistique pour l’Armata Regala Romana.

La progression reprend ensuite et après une offensive rondement menée, la Crimée et Sébastopol parviennent à tomber aux mains de l’Axe mais là les destructions sont nettement plus importantes et jamais la principale base de la flotte de la mer Noire sera capable d’accueillir de nombreux navires que l’Axe ne possédait de toute façon pas. A part neutraliser une base la capture de Sébastopol n’avait pas grand intérêt pour les roumains et les allemands.

Début décembre 1950 l’hiver arrive sans crier gare alors que les roumains après le nettoyage de la Crimée traversaient la steppe en direction du Caucase sans que l’on sache encore aujourd’hui son objectif final.

Ce qui est certain en revanche c’est que la contre-offensive soviétique menée à la fin du mois frappe durement une armée roumaine affaiblie par les pertes liées aux combats mais aussi au froid et à la maladie.

On assiste ça et là à des débuts de panique que les officiers doivent parfois juguler revolver au poing (on à parlé d’officiers lynchés par leurs hommes mais il semble qu’il s’agisse plus de on-dits et de légendes urbaines que de faits avérés).

Néanmoins très vite les soldats roumains se reprennent motivés par la haine d’Ivan, par la solidarité de groupe, par la peur de décevoir le camarade souvent issu du même village au point que tout le monde se connait et qu’un acte de lâcheté serait vite connu et frapperait d’oprobre la famille.

Si les allemands sont rejettés loin de Moscou, au sud et au nord les contre-attaques soviétiques sont de coûteux échecs. Certes les roumains reculent mais l’objectif de reprendre la Crimée devient très vite une chimère, le front se trouvant à plus de 200km de la presqu’ile.

Le front se stabilise et les deux ennemis telles des bêtes blessées pansent leurs plaies et attendent le printemps pour reprendre l’initiative.

L’armée roumaine à subit de lourdes pertes tant sur le plan humain que sur le plan matériel. Elle va devoir mettre les bouchées doubles pour combler les pertes en hommes et en matériel, bénéficiant d’une aide importante des allemands même si Antonescu et son gouvernement estimeront toujours que cette à été très insuffisante. On développe également une industrie nationale mais les résultats seront décevants non pas pour les résultats proprement dits mais en rapport avec les investissements consentis.

Naturellement l’Armée Royale Roumaine va participer à l’opération FRIEDRICH, l’offensive stratégique allemande prévue pour le printemps 1951. Signe des temps celle-ci ne concerne pas tout le front mais une partie de celui-ci en l’occurence le sud avec pour objectif principal les précieux puits de pétrole du Caucase et secondairement la capture de Stalingrad et d’Astrakhan pour couper la Volga, véritable veine jugulaire de l’effort de guerre soviétique.

C’est ambitieux, très ambitieux, probablement trop mais les allemands et dans une moindre mesure leurs alliés sont persuadés de pouvoir l’emporter avant que les alliés ne soient capables de repasser à l’offensive à l’ouest.

L’effort principal doit être mené par les allemands avec leurs flancs protégés par leurs alliés, les roumains au sud, les hongrois et les italiens au nord.

Si les troupes allemandes sont bien équipées, leurs alliés souffrent de nombreuses lacunes que Berlin n’à pas la capacité voir la volonté de combler ce qui sera bien pratique quand les revers vont s’accumuler : c’est la faute des alliés et non la notre !

L’armée roumaine va engager deux armées, les 3ème et 4ème armées. La plupart des divisions sont expérimentées et relativement bien équipées avec toujours des lacunes en matière d’artillerie antiaérienne et antichar.

La 3ème Armée dispose en réserve opérationnelle de la 1ère division blindée (en réalité elle est placée sous l’autorité directe du commandant d’armée) et de quatre corps d’armée. Deux d’entre-eux sont composées d’unités d’infanterie et les deux autres sont mixtes.

Le 1er Corps d’Armée dispose des 7ème et 11ème DI, le 5ème Corps d’Armée des 5ème et 6ème DI, le 2ème Corps d’Armée dispose des 9ème et 14ème DI ainis que de la 7ème division de cavalerie alors que le 4ème Corps d’Armée dispose de la 1ère division de cavalerie et deux divisions d’infanterie, les 13ème et 15ème DI.

La 4ème Armée dispose de seulement deux corps d’armée, le 6ème CA à quatre divisions d’infanterie (1ère, 2ème, 18ème et 20ème) et le 7ème CA disposant de deux divisions de cavalerie (5ème et 8ème) et d’une unique division d’infanterie (4ème).

Si la 3ème Armée est déployée dans les steppes, la 4ème va se retrouver à devoir combattre à proximité des côtes ce qui la mettra à la merci des bombardements navals de la RKKF.

Etonnament en dépit du fait que le Caucase soit l’objectif majeur, aucune unité de montagne ne participe aux opérations initiales. Cela s’explique tout simplement parce que les meilleures unités roumaines ont été quasiment anéanties durant la contre-offensive soviétique, se faisant souvent tuer sur place pour préserver la retraite du reste de l’armée.

De nouvelles unités ont été mises sur pied mais cela prend du temps et il n’est prévu l’engagement des Vanatori de munte que quand cela sera nécessaire.

L’opération FRIEDRICH est déclenchée le 9 mars 1951. Bien que le second conflit mondial soit le conflit des unités motomécaniques, elle commence par une solide préparation d’artillerie doublée de frappes de l’aviation qu’elle soit allemande, hongroise, italienne ou roumaine.

Les combats sont immédiatement très violents. Les soviétiques reculent mais cela ne tourne jamais à la débandade comme cela avait pu être le cas dix mois plutôt.

Les soviétiques apprennent très vite, les officiers ont passé l’ordalie des premiers combats et sont désormais plus confiants dans leurs capacités.

A la mi-juin l’Axe à atteint les premiers contreforts du Caucase tandis que les unités de reconnaissance peuvent apercevoir la Volga, certaines s’approchant des faubourgs de Stalingrad, la grande ville industrielle de la région.

L’armée roumaine s’est réorganisée avec de nouvelles unités qui ont remplacé des unités éprouvées par de rudes combats. C’est ainsi qu’à cette époque l’armée roumaine aligne les unités suivantes :

3ème Armée : 1er Corps d’Armée (7ème et 17ème DI), 2ème Corps d’Armée (8ème DI, 14ème DI, 7ème division de cavalerie), 4ème Corps d’Armée (1ère division blindée, 1ère division de cavalerie, 15ème DI) et Corps de Montagne (1ère et 2ème division de montagne)

4ème Armée : 6ème Corps d’Armée (1ère, 18ème et 20ème DI) et 7ème Corps d’Armée (2ème et 4ème DI, 5ème division de cavalerie)

Réserve stratégique : 5ème, 6ème et 11ème DI (unités en reconstitution en Ukraine) 8ème division de cavalerie

Le 18 juin 1951 les alliés repassent enfin à l’offensive en déclenchant l’opération AVALANCHE, le franchissement en force de La Seine. Des moyens importants sont engagés avec préparation d’artillerie et frappes aériennes, écrans de fumées pour permettre à l’infanterie de franchir le fleuve sur des embarcations pneumatiques, des barges motorisées et quelques chalands de débarquement.

Les allemands ne sont pas surpris. Ils s’y attendaient mais en déclenchant l’opération FRIEDRICH ils avaient espéré pouvoir l’emporter avant de se retourner contre les alliés occidentaux.

Cela n’avait pas marché ni en 1914 ni 1918 dans un contexte plus favorable alors comment imaginez que cela pouvait marcher en 1951 ?

Les allemands décident de retirer un Panzerkorps et un Panzerkorps S.S et de les envoyer sur le front occidental. L’offensive de l’Axe est globalement stoppée. Il y à quelques attaques locales pour rectifier le front et obtenir une position plus intéressante mais cela s’arrête là.

A chaque fois qu’il ne combat pas le soldat creuse et s’enterre, espérant qu’Ivan attendra avant de contre- attaquer. Hélas pour les fils du dragon, l’Armée Rouge attaque dès le 4 juillet 1951. On sait aujourd’hui que les soviétiques tout en reculant avaient réussi à conserver une masse de manœuvre suffisante pour contre-attaquer avec des troupes fraiches.

Dès que l’opération FRIEDRICH est stoppée, l’armée roumaine tente de ramener sur le front des divisions supplémentaires pour tenir le choc au vas où les soviétiques attaqueraient plus tôt que prévu (certais officiers allemands étaient persuadés d’être tranquilles jusqu’au printemps 1952).

L’opération URANUS reprend le classique combo «percée/envellopement/encerclement» cher à la pensée militaire allemande. La RKKA frappe aux jointures entre la 3ème armée roumaine et les forces allemandes au sud, entre les forces allemandes et les troupes hongroises au nord.

Ce sont déjà des zones sensibles pour une armée alors une zone de liaison entre deux armées qui se méfient l’une de l’autre vous pensez…… .

T-34

L’impact est dévastateur. Les roumains redécouvrent la puissance de l’artillerie soviétique qui est en passe de surclasser qualitativement et quantitativement l’artillerie allemande, les tirs de Katiouchas, le ronronnement des T-34, les «Houraaaaaaaaaaaaah» de l’infanterie soviétique qui faisait passer un frisson dans l’échine de leurs ennemis.

Les premières lignes sont rapidement enfoncées, des percées locales sont obtenues permettant l’infiltration de renforts qui tentent de se répandre sur les arrières ennemis avec un succès mitigé essentiellement en raison d’une mauvaise coordination entre les différents éléments d’assaut et d’exploitation.

Très vite le haut-commandement roumain ordonne la retraite. Les divisions de cavalerie partiellement motorisées et l’unique division blindée sont chargées de freiner l’avancée soviétique afin de permettre le repli de l’infanterie.

Les combats vont durer deux fois jusqu’à la fin septembre. Le front à reculer de plusieurs centaines de kilomètres jusqu’aux confins orientaux de l’Ukraine. Il y à eu ça et là des encerclements locaux mais les soviétiques ont échoué à obtenir les encerclements géants, les chaudrons (kessels) où ils espéraient détruire le maximum de divisions allemandes, italiennes, hongroises et roumaines.

L’Armata Regala Romana à terriblement souffert de l’opération URANUS, plusieurs divisions ont été détruites, d’autres sérieusement affaiblies au point que certaines seront dissoutes pour remplumer d’autres. Quand une armée pratique cela c’est rarement bon signe.

Le front se stabilise au début du mois d’octobre. Si l’hiver 1951/52 va être plus clément que son prédécesseur, il va néanmoins gêler le front pendant plusieurs mois. Il y à cependant quelques attaques locales pour rectifier le front voir des retraites calculées pour réduire la taille du front.

Quand commence l’année 1952 les unités militaires roumaines déployée en URSS aligne encore de beaux restes même si le cœur n’y est plus, nombre de soldats roumains se demandent ce qu’ils font encore là. On assiste à une augmentation des désertions même si nous sommes encore loin de la saignée qui allait aboutir à l’automne 1953 à la désintégration de l’armée roumaine.

La 3ème Armée dispose encore du 1er Corps d’Armée (5ème et 7ème DI), du 2ème Corps d’Armée (8ème DI et 1ère division blindée), du 4ème Corps d’Armée (11ème et 15ème DI) et du Corps de Montagne (1ère et 2ème divisions de montagne).

La 4ème Armée dispose du 6ème Corps d’Armée (1ère, 6ème et 20ème DI) et du 7ème Corps d’Armée (4ème DI et 8ème division de cavalerie).

Cela nous donne un total de onze divisions d’infanterie, une division de cavalerie et une division blindée soit treize grandes unités contre vingt soit un tiers des unités détruites (certaines seront reconstituées en Roumanie sous un format allége compte tenu des circonstances).

Ces unités sont certes expérimentées mais au noyau de vétéran s’ajoutent des recrues peu expérimentées et souvent démotivées car malgré la propagande du régime les informations circulent, la correspondance des soldats bien que censurée étant truffée d’informations pour qui sait decrypter et interpréter.

Après un hivernage comme durant les conflits passés, les combats reprennent de plus belle au printemps 1952. Cette fois ce ne sont pas les soviétiques mais les allemands qui prennent l’initiative avec leur dernière offensive stratégique de la guerre, l’opération Citadelle/Zitadel.

Cette offensive à un but limité _pénurie de moyens oblige_ à savoir dégager la ville de Smolensk, une ville devenue un hub logistique de première importance pour les allemands. Cette ville est menacée par deux saillants sous contrôle soviétique, un au nord et un au sud.

Le plan est d’une simplicité biblique : attaquer les saillants, les percer puis rabattre le plus loin possible pour encercler un maximum de troupes et les détruire.

Les allemands espèrent ainsi dissuader les soviétiques d’attaquer pendant plusieurs mois le temps de se retourner contre les occidentaux, obtenir une paix blanche et régler une bonne fois pour toute la «question judeo-bolchevique».

C’était déjà un objectif chimérique en juin 1950 alors deux ans plus tard vous pensez….. . Les roumains ne sont pas directement associés à cette opération menée exclusivement par des moyens allemands mais Bucarest propose une offensive de diversion en Ukraine pour obliger Moscou à disperser ses forces qu’on estime au bord de la rupture.

Les allemands rejettent cette idée officiellement pour des raisons de coordination mais en réalité parce que Berlin doute des capacités des roumains à mener une opération majeure seule sans un soutien conséquent des allemands. Autant dire que le gouvernement roumain à eu du mal à digérer cette fin de non recevoir. Néanmoins si on prend du recul on peut douter de l’efficacité d’une attaque roumaine même menée avec tous les moyens disponibles.

Comme nous le savons l’opération CITADELLE aboutit à l’élimination du balcon nord mais au prix de lourdes pertes alors que le balcon sud est renforcé.

Cela va favoriser l’action ultérieure des soviétiques qui déclenchent l’opération ROUMANTSIEV le 1er juillet 1952. Les combats sont violents et les roumains qui n’avaient pas été concernés par les combats de CITADELLE doivent se replier pour ne pas être encerclés.

Quand l’année se termine les troupes soviétiques occupent les trois quarts de l’Estonie, des arpents de la Lituanie et de la Lettonie ainsi que l’ouest de l’Ukraine. Désormais l’initiative appartient aux soviétiques qui vont dicter le tempo des opérations, les allemands et leurs alliés ne faisant réagir et ralentir l’ineluctable.

Après plusieurs mois d’attaques locales et d’escarmouches, les soviétiques attaquent le 21 mai 1953 en Bielorussie dans le cadre de l’opération BAGRATION. L’Heeresgruppe Mitte (Groupe d’Armées Centre) est enfoncé, pulvérisé, éparpillé façon puzzle. C’est à grande peine que les allemands parviennent à se rétablir sur la Ligne Curzon à savoir la frontière polono-soviétique au 1er septembre 1939.

Les allemands se sont à peine remis de BAGRATION qu’ils doivent encaisser deux nouvelles offensives majeures de l’Armée Rouge qui ne cesse de progresser en appliquant enfin les recettes imaginées par les théoriciens de l’art opératif (Svietchine, Triantafilov, Toukatchevski…….) ce qui n’empêchera pas certains généraux allemands d’après guerre de continuer à dire que si les soviétiques ont gagné c’est uniquement par la force du nombre.

Le 12 juillet 1953 les soviétiques attaquent dans les pays baltes avec l’opération KOUTOZOV suivie par l’opération POTEMKINE qui lancée le 8 août 1953 avait pour objectif de libérer l’Ukraine. Les objectifs prévus ne sont pas atteints même si Kiev est libérée tandis que dans la région baltique une partie des forces allemandes est encerclée (poche de Courlande).

Les roumains sont sérieusement bousculés par POTEMKINE. Les pertes sont lourdes et le moral est de plus en plus bas. Une sorte de lente résignation commence à s’emparer des soldats roumains qui combattent tels des automates.

Les forces roumaines se concentrent sur le sud de l’Ukraine assurant notamment la défense de la Crimée mais aussi la région d’Odessa. Il y à également des troupes allemandes mais la méfiance règne entre les deux armées ce qui n’est pas vraiment gage d’une défense efficace.

La 3ème Armée assure la défense du sud de l’Ukraine avec deux corps d’armée, le 1er Corps d’Armée (1ère division légère d’infanterie, 5ème et 7ème DI) et le 4ème Corps d’Armée (8ème division légère d’infanterie, 11ème et 15ème DI).

La 4ème Armée assure la défense de la Crimée avec le Corps de Montagne (1ère division de montagne et 2ème division légère de montagne) et le 6ème Corps d’Armée (1ère et 20ème DI).

Le Groupement Mobile Vanescu regroupe la 1ère division de blindée, la 2ème brigade blindée (NdA Elle devait être créée comme division blindée mais les moyens ont manqué) et la 8ème division de Cavalerie.

Le Groupement Odessa qui assure la défense de la ville dispose des 4ème et 6ème DI, des unités en reconstitution ainsi que différentes unités de garde-frontières, des unités montées, des unités d’artillerie et du génie. Cet ensemble baroque dispose de capacités militaires limitées.

Ce n’était qu’une question de temps avant que l’armée roumaine ne soit confrontée à une offensive directe de la RKKA.

Le 11 septembre 1953 l’URSS déclenche l’opération PIOTR VELIKYI (opération Pierre le Grand), une offensive de grand style avec trois volets simultanés : POLTAVA (offensive blindée-mécanisée dans les plaines d’Ukraine), GANGUT (opération amphibie en Crimée) et PETERHOF (opération aéroportée sur Odessa).

Si le premier volet concerne les allemands qui évitent de se faire déborder en échangeant du terrain contre du temps, les roumains sont concernés directement par les deux derniers volets où ils disposent de moyens militaires importants.

Les combats sont violents et impitoyables. On relève que fort peu de prisonniers sont faits et des enquêtes menées après guerre ont montré de nombreux cas d’exactions vis à vis des prisonniers qu’ils soient roumains ou soviétiques.

Les roumains sont vite débordés aussi bien en Crimée et à Odessa. Le grand port du sud de l’Ukraine est le théâtre de violents combats. Face à une infanterie légère même surentrainée, la garnison est débordée au point que très vite le commandant du groupement Odessa décide de se replier à l’ouest de la ville et de tendre la main au groupement mobile Vanescu pour contre-attaquer.

A trois reprises les unités roumaines passent à l’attaque mais sont à chaque fois repoussés par de puissants tirs d’artillerie (terrestre et navale) et par l’aviation. A la troisième reprise les restes du groupement Vanescu sont sur le point de reprendre la ville mais le manque d’infanterie sauve les VDV de l’annihilation.

De toute façon les troupes roumaines sont dans un tel état que même une reprise de la ville n’aurait pas changé grand chose d’autant que la Crimée est perdue et que les allemands plus au nord après une défense héroïque doivent se replier à grande vitesse vers l’ouest.

C’est la défaite de trop. L’armée roumaine se liquefie, des unités se mutinent. On assiste même à des combats fratricides entre ceux voulant continuer la lutte et d’autres voulant se rendre aux soviétiques.

Le 25 septembre 1953 un coup d’état communiste chasse le Conducator du pouvoir. L’anarchie règne en Roumanie où on ne contrôle plus rien. A cette époque les soviétiques sont déjà rentrés en Roumanie et quand l’armistice est signé le 4 octobre, l’Armée Rouge occupe les trois quarts du pays.

Une partie de l’armée refuse d’abandonner l’allié allemand et va continuer à combattre jusqu’à la fin aux côtés de la Wehrmacht en Hongrie et en Tchécoslovaquie essentiellement. La majorité cependant rallie le pouvoir communiste mais il ne faudrait pas commettre l’erreur de croire que tous étaient des communistes enthousiastes.

D’ailleurs avant d’engager des unités roumaines à leurs côtés les soviétiques vont procéder à un sérieux écremage. Ce n’est que début 1954 que la nouvelle armée roumaine est engagée avec trois divisions d’infanterie et une division blindée. Les combats sont violents, l’armée roumaine réorganisée terminant la guerre en Tchécoslovaquie.

Elle ne s’y attarde et dès la fin 1954 elle est repliée en Roumanie, jouant un rôle politico-militaire de premier ordre pour provoquer l’abdication de Michel 1er et la mise en place d’une «démocratie populaire».

Il faut dire que l’armée roumaine avait été réduite à quatre divisions dont une blindée mais cette dernière, la division Tudor Vladimirescu était composée de communistes convaincus. C’était donc un atout majeur dans le jeu communiste qui pouvait s’appuyer sur les 120000 soldats soviétiques présents en Roumanie.

Le bilan humain est lourd encore que le chiffre est très incertain. Selon les estimations les plus fines 238000 soldats roumains ont été tués blessés ou ont été à jamais portés disparus.

Mitteleuropa Balkans (88) Roumanie (18)

L’Armée roumaine dans le premier conflit mondial

Soldats roumains portant une tenue d’inspiration française durant le premier conflit mondial.

En 1914 comme nous l’avons vu la Roumanie décide de rester neutre essentiellement pour des raisons de politique intérieure, une querelle opposant partisans de l’entrée en guerre aux côtés des Empires Centraux (c’est le cas du roi Carol 1er même si celui-ci à évolué sur la fin) et partisans d’une entrée en guerre aux côtés de l’Entente (cas du gouvernement).

En 1915 la Bulgarie courtisée par les deux camps (mais avec plus d’insistance par les Empires Centraux) entre en guerre. Ce n’était donc qu’une question de temps pour que Bucarest se joigne à un conflit passé du stade «frais et joyeux» au stade «immonde boucherie».

La Roumanie franchit le pas en 1916 et choisit d’entrer en guerre aux côtés de l’Entente en août 1916. Problème l’armée roumaine est totalement inapte à la guerre moderne. Son seul conflit véritable remonte à la guerre d’indépendance il y à plus de quarante ans (sa participation aux guerres balkaniques à été symbolique) et l’entrée en guerre va être précipitée.

A cela s’ajoute la crainte de combats fratricides contre les roumanophones de l’armée austro-hongroise. Ces derniers sont d’abord loyaux à la Double-Monarchie (peut être dans l’espoir d’avoir un meilleur sort une fois la guerre terminée) mais peu à peu la désillusion l’emporte. Les désertions vont se multiplier au fur et à mesure que la Roumanie s’approche de l’entrée en guerre.

150000 roumanophones vont mourir sous l’uniforme gris de l’armée austro-hongroise. De nombreux prisonniers reprendront la guerre au sein de légions de volontaires levées dans les camp de prisonniers italiens et russes.

Quand éclate le premier conflit mondial l’armée de terre roumaine dispose de cinq corps d’armée ce qui correspond à une force de combat de quinze divisions d’infanterie, sept brigades de cavalerie, vingt-cinq régiments d’artillerie et deux régiments du génie. A cela s’ajoute naturellement des unités de transmissions et de soutien logistique. A noter que l’échelon armée n’apparait qu’au moment de l’entrée en guerre de la Roumanie en août 1916.

Initialement l’armée roumaine mobilise 658088 hommes répartis en vingt-trois divisions ce qui est tout sauf négligeable. Les premiers combats se passent bien mais tout simplement parce qu’en face il n’y à rien ou presque. Dès que les Empires Centraux vont envoyer des troupes, l’armée roumaine va être sérieusement mise en difficulté.

Sur le plan tactique la guerre sans être une suite de combats echevelés n’est pas aussi figée que sur le front occidental. La manœuvre, le mouvement restent possibles probablement parce que le terrain est vaste et les effectifs ne permettent pas forcément de tenir solidement tout un front surtout pour les pauvres roumains qui doivent combattre sur deux fronts de 1600 km !

La cavalerie par exemple assure l’éclairage, le flanquement et le freinage de l’ennemi pour éviter que la retraite ne tourne à la déroute.

C’est ainsi qu’à la bataille de Robanesti, la cavalerie roumaine charge sabre au clair mais avec moins succès que les cavaliers de Ney à Eylau (NdA qui rappelons le est la plus grande charge de cavalerie de l’histoire avec 11000 hussards, chevaux-légers, lanciers et autres cuirassiers ce qui est déjà énorme ce qui n’empêche pas certains auteurs de parler de 70 à 80000 cavaliers) et les survivants devaient se sentir plus proches de la brigade légère à Baklhava.

La Roumanie aurait pu s’appuyer sur le terrains et les fortifications mais soit l’ennemi allait trop vite ou alors les fortifications étaient tournées vers le mauvais adversaire.

Le général Henri Bethelot

Très vite sur la défensive, l’armée roumaine ne va pas s’effondrer totalement grâce à la présence de troupes russes et surtout de la Mission Berthelot, une mission d’assistance militaire dirigée par le général français Henri Berthelot. On peut y ajouter l’action de la marine roumaine qui en défendait les fleuves et les côtes permettait à l’armée de terre de tenir fermement le terrain.

Après la stabilisation du front l’armée roumaine est totalement réorganisée, une véritable économie de guerre est mise sur pied pour reconstituer une armée digne de ce nom.

C’est ainsi qu’au début de 1917 l’armée de terre de Ferdinand 1er aligne deux armées et cinq corps d’armée ce qui représente quinze divisions d’infanterie disposant de deux brigades d’infanterie, une brigade d’artillerie, un bataillon de cavalerie et un bataillon de pionniers. Les DI numérotées un à dix disposent également d’un régiment d’infanterie de montagne.

A ces divisions s’ajoute deux divisions et deux brigades indépendantes de cavalerie sans oublier l’artillerie qui hors artillerie divisionnnaire dispose de deux régiments d’artillerie de montagne, quatre régiments d’artillerie lourde ainsi que des régiments d’artillerie antiaérienne.

Cela représente 700000 hommes répartis en 207 bataillons d’infanterie, soixante bataillons de marche (Nda infanterie ?), 110 escadrons de cavalerie et 245 batteries d’artillerie.

Les moyens déployés par les belligérants sur le front roumain sont colossaux avec neuf armées, quatre-vingt divisions (974 bataillons), dix-neuf divisions de cavalerie (550 escadrons) et 923 batteries d’artillerie soit des effectifs dépassant 1 million d’hommes.

En dépit de colossales efforts, Bucarest est fragilisé par la défection russe. L’armée roumaine est épuisée et le gouvernement de Ferdinand 1er replié à Iasi n’à d’autres choix que de choisir la voix de l’armistice puis du traité de paix.

A cette époque l’armée roumaine possédait quinze divisions d’infanterie. Les divisions n°11, n°12,n°13,n°14 et n°15 sont immédiatement démobilisées. Sur les divisions d’infanterie restantes, les empires centraux autorisent deux divisions déployées en Bessarabie (ainsi que les deux divisions de cavalerie) sont autorisées à rester à effectifs de guerre.

Les autres divisions d’infanterie doivent revenir à un format du temps de paix avec quatre régiments d’infanterie à trois bataillons, deux régiments de cavalerie à deux escadrons, deux régiments d’artillerie à sept batteries, un bataillon de pionniers et un socle logistique. L’armement en surplus est livré aux austro-hongrois.

Le conflit terminé le bilan est lourd pour l’armée de terre roumaine avec 535 700 militaires hors de combat (335706 tués, 120000 blessés et 80000 prisonniers).

D’une guerre à l’autre

Dans l’immédiat après guerre l’armée de terre roumaine va participer à plusieurs conflits notamment contre la Hongrie avec laquelle elle va partager un long et douloureux contentieux concernant notamment la Transylvanie.

Ce conflit qui éclate à la mi-avril 1919 après plusieurs mois de tension entre la Roumanie et la Hongrie voit l’engagement côté roumain de soixante quatre bataillons d’infanterie, de vingt-huit escadrons de cavalerie, de 160 canons, de 32 obusiers, d’un train blindé, de deux bataillons de pionniers et de deux escadrons d’aviation. Le conflit se termine le 3 août 1919 par l’occupation de Budapest par les roumains ce qui favorise l’arrivée au pouvoir du régent Horthy. La Roumanie va occuper la partie orientale de la Hongrie jusqu’au 28 mars 1920.

L’armée tente de se moderniser mais en ces temps de vache maigre difficile de faire beaucoup surtout pour un pays assez pauvre, disposant de peu de moyens industriels.

Tout juste notons l’acquisition de chars de combat pour équiper notamment une première division blindée, division qui cohabite avec cinq divisions de cavalerie. Certes le terrain roumain peu se montrer ouvert à l’utilisation de la cavalerie mais ce n’est pas vraiment un signe de modernité, le premier conflit mondial ayant montré les limites des unités montées dans la guerre moderne.

Renault FT alias le « petit machin » selon son créateur Louis Renault

Les premiers chars roumains seront 76 Renault FT qui sont livrés en 1919, le «Char de la victoire» formant un premier régiment blindé. Ces chars vont rester en service en 1941, les véhicules encore en état étant réutilisés pour l’entretien et le maintien de l’ordre.

Le AH-IV tchèque à été produit sous licence en Suède

Il faut ensuite attendre les années trente pour que de nouveaux chars soient livrés en l’occurrence trente-six chars légers AH-IV (R-1) qui sont maintenus en service jusqu’en 1945 avant d’être stockés pour être réutilisés en cas de besoin.

Skoda LT vz.35

Ils sont complétés par 126 chars légers Skoda LT vz.35 (S-II) connus sous la désignation de R-2 mais plus connus sous leur nom allemand (Panzer 35(t)), ces chars auraient pu être bien plus nombreux dans les armées roumaines mais la commande de 382 exemplaires est annulée suite au démantèlement de la Tchécoslovaquie.

Renault R-35

En décembre 1937 200 exemplaires du Renault R-35 sont commandés mais en septembre 1939 seulement 41 exemplaires ont été livrés par la France auxquels il faut ajouter 34 chars ayant appartenus à la Pologne. Cela porte le total à 75 exemplaires, la commande restante étant annulée, la Roumanie préférant acquérir des chars plus modernes venant notamment d’Allemagne mais ceci est une autre histoire.

Une loi du 28 avril 1932 précise l’organisation de l’armée roumaine composée de sept corps d’armée, vingt et une division d’infanterie, un corps de montagne représentant soixante-douze régiments d’infanterie auxquels il faut ajouter un corps d’autos blindées, un bataillon de la garde, deux bataillons de garde-frontières, quatre bataillons d’infanterie légère, vingt-deux compagnies divisionnnaires de mitrailleuses. A cela s’ajoute des unités de cavalerie, d’artillerie, du génie et de soutien.

En 1940 peu après la fin de la guerre de Pologne, la Roumanie possède un potentiel mobilisable de 1.1 millions d’hommes (1170000 exactement) soit 8.5% de la population du pays. Ce potentiel va se réduire un peu avec les annexions de territoires qui prive l’armée de recrues.

Sur le plan des unités l’infanterie dispose de dix-neuf divisions à trois régiments d’infanterie et deux régiments d’artillerie regroupés respectivement en une brigade d’infanterie et une brigade d’artillerie. A cela s’ajoute différentes éléments d’appui et de soutien (génie, transmissions, logistiques).

L’infanterie de montagne (Vânători de munte) apparue durant le premier conflit mondial comme entité indépendante aligne quatre divisions ce qui représente vingt-quatre bataillons, quatre groupes d’artillerie et huit batteries d’obusiers de montagne. On peut ajouter également un commandement de montagne à huit bataillons.

Comme dans de nombreux pays ces unités sont devenues très vite l’élite de l’armée roumaine et dont l’efficacité durant le second conflit mondial leur vaudra une dissolution au temps de la période d’occupation soviétique (1953-1960).

La cavalerie dispose de cinq divisions montées et d’une division blindée. Il y eut le projet de créer d’autres unités motocénaniques mais hélas pour les biffins roumains ces projets étaient encore dans l’enfance quand la seconde guerre mondiale éclate.

L’artillerie comprend des unités endivisionnés mais aussi des régiments indépendants au niveau des corps d’armée et des armées à savoir huit régiments d’artillerie lourde, deux régiments d’artillerie antichar et dix régiments antiaériens.

Durant la période de la Pax Armada l’armée de terre roumaine connait une certaine modernisation pour notamment faire face à des phénomènes similaires en Bulgarie et en Hongrie. Toutes les lacunes ne sont pas éliminées loin de là mais Bucarest peut espérer faire bonne figure en cas de conflit.

De nouvelles armes légères dont certaines roumaines sont mises en service, les pièces d’artillerie sont plus nombreuses et plus modernes (les pièces les plus anciennes sont souvent stockées pour être réutilisées en cas de besoin), de nouveaux blindés mis en service qu’il s’agisse de chars, de chasseurs de chars ou canons d’assaut.

En dépit de cet effort cela n’empêchera pas l’Armata Regala Romana de devoir réutiliser des véhicules de prise essentiellement des véhicules soviétiques mais aussi des véhicules occidentaux livrés au titre du Prêt-Bail.

Mitteleuropa Balkans (79) Roumanie (9)

La Roumanie dans le second conflit mondial

Carte de la Roumanie entre 1949 et 1953

Le 5 septembre 1948 l’Allemagne déclenche l’opération WESERÜBUNG en envahissant le Danemark et la Norvège. La Roumanie comprend qu’elle ne pourra rester neutre contrairement à septembre 1939.

Elle propose à l’Allemagne une attaque concertée contre la Yougoslavie et la Grèce mais Berlin refuse estimant cette attaque malvenue et hors de propos.

Cette proposition semble être venue du Conducator, le maréchal Antonescu alors que le roi nominalement chef de l’état roumain était nettement plus réservé.

Sur le plan militaire l’armée roumaine est mieux équipée et mieux entrainée qu’en septembre 1939 mais peut-elle être efficace dans un conflit moderne ? Seule la guerre peut le dire.

A l’été 1948 des tensions émergent à la frontière hungaro-roumaine. Un conflit semble imminent ce qui explique que dès le 30 août 1948 la Roumanie rappelle des réservistes et commencent à préparer la mobilisation générale sans pour autant l’ordonner visiblement pour ne pas jetter de l’huile sur le feu.

Sage précaution car le 10 septembre 1948 à lieu un incident de frontière hungaro-roumaine dans la région de Kolozsvar (aujourd’hui Cluj-Napoca).

Des patrouilles roumaines sont à la recherche de déserteurs. Des garde-frontières hongrois surprennent une patrouille en territoire magyar (ce que nieront toujours les roumains) et un échange de coup de feu oppose les deux camps, un soldat roumain et deux garde-frontières hongrois sont tués.

Il y à des combats mais on sent que Budapest comme Bucarest n’ont pas vraiment envie d’entrer en guerre.

On assiste pourtant à des échanges d’artillerie de part et d’autre de la frontière. Cette situation ubuesque s’arrête suite à l’intervention allemande qui n’à pas vraiment envie d’une guerre entre deux de ses alliés.

Les deux pays se promettent une coopération militaire totale (sic) mais les relations roumano-hongroises resteront toujours mauvaises.

Pour éviter de nouveaux incidents une bande de démilitarisée de 500m de chaque côté est interdite à tout autre formation que les douaniers qui doivent empêcher la contrebande.

Cela atteindra un tel point que les armées des deux pays seront toujours maintenues à distance pour éviter des affrontements fratricides. Il y eu des affrontements entre permissionnaires sur l’arrière du front quand par mégarde un train magyar croisait un train roumain.

Si l’armée de terre roumaine va rester l’arme au pied jusqu’à l’opération BARBAROSSA en revanche la marine et l’armée de l’air vont être engagées pour contrer des incursions soviétiques qu’elles soient aériennes ou navales.

En effet la frontière roumano-soviétique à été le théâtre durant toute la Pax Armada d’incidents de frontière, certaines zones étant (volontairement ?) mal délimitées ou sujettes à interprétation.

Quand éclate le second conflit mondial, les soviétiques montrent les dents en multipliant les patrouilles à pied, les patrouilles motorisées et même les patrouilles fluviales, les deux flottilles du Danube s’affrontant à plusieurs reprises. Si cela ne dégénère pas en conflit majeur c’est qu’aucun n’y à vraiment intérêt du moins pour le moment.

Dans les airs la VVS effectue plusieurs missions de reconnaissance au dessus de la Roumanie entrainant des interceptions de la chasse roumaine. Plusieurs avions soviétiques sont abattus.

La Roumanie bien que partageant une frontière commune avec la Yougoslavie ne participe pas à l’opération MARITSA probablement parce qu’elle n’y avait aucun intérêt. Elle propose à l’Allemagne son territoire pour le soutien logistique mais l’utilisation semble avoir été limité à quelques livraisons de munitions et des évacuations sanitaires de blessés.

C’est donc durant l’opération BARBAROSSA que l’armée de terre roumaine va connaître son baptême du feu fournissant plusieurs armées au sein du Heeresgruppe Süd. Signe de confiance, des troupes allemandes sont placées sous commandement roumain, une chose unique dans l’histoire du second conflit mondial.

Les objectifs militaires de la Roumanie dans cette opération portant le nom d’un grand empereur allemand du Moyen-Age sont multiples. Ils sont politiques (apparaître comme le plus fidèle allié de l’Allemagne), diplomatiques (récupération des territoires perdus), idéologiques (extirper le «cancer communiste») et militaires (conquête de nouveaux territoires).

Soldats roumains sur le front de l’est

Bucarest se donne les moyens de ses ambitions en engageant près de 700000 homme (686 258 hommes pour être précis) répartis en quatorze divisions d’infanterie, une division blindée, trois brigades d’infanterie de montagne (seules unités que les allemands considèrent comme valables), quatre brigades de cavalerie, deux brigades de forteresse. On compte également 250 véhicules de combat et 2300 pièces d’artillerie.

C’est donc un effort considérable qui aurait du tempérer la peur hongroise de voir les roumains récupérer de force la Transylvanie du Nord.

La Roumanie reprend la Bessarabie et la Bucovine et impose une rude occupation au point que certains roumanophones auraient parait-il regretté la période soviétique pourtant pas adepte de «câlinothérapie» surtout vis à vis des non-russes.

Les troupes roumaines aidées par les allemands (qui servent de tampon avec les hongrois pour des raisons qu’on à évoqué plus haut) pénètrent en Ukraine, occupant Odessa et aidant les allemands à s’emparer de la Crimée en jouant un rôle crucial dans le siège de Sébastopol.

Les roumains vont également s’emparer de territoires n’ayant jamais fait partie de la Roumanie à savoir les territoires compris entre le Dniestr et le Bug méridional. Ce territoire va être administré par la Roumanie sous la forme d’un Directorat de Transnistrie du 19 août 1950 au 18 septembre 1953.

C’est une compensation à la perte de la Transylvanie du Nord même si le maréchal Antonescu estimait qu’après la victoire de l’Axe sur l’URSS, une nouvelle guerre roumano-hongroise était inévitable. Sur le plan de la propagande on prétendait qu’il s’agit du berceau du peuple dace, peuple considéré comme l’ancètre du peuple roumain.

Bien installés dans les plaines d’Ukraine et sur les bords de la mer noire, les troupes roumaines encaissent comme leurs alliés la contre-offensive soviétique au début du mois de décembre. Il y à un début de panique mais très vite la discipline revient et le front va finir par se stabiliser. Il faut dire que les soviétiques ont attaqué sur tout le front sans véritable plan de bataille.

Le côté brut de décoffrage du russe ressort ici, trait de caractère aggravé par le régime stalinien qui joue sur le concept de l’incantation et de la pensée magique.

Tout comme jadis les armées vont hiverner, le front restant calme jusqu’à la fin de l’hiver quand le dégel peut permettre la reprise des opérations.

Le 9 mars 1951 les allemands attaquent à nouveau. C’est l’opération FRIEDRICH. N’ayant plus les moyens d’une stratégie globale Berlin choisit d’axer son schwerpunkt dans le sud avec pour objectif les pétroles du Caucase (objectif principal), la Volga, Stalingrad et Astrakhan (objectifs secondaires).

L’axe de progression est composée de troupes allemandes exclusivement (c’est dire la confiance de Berlin vis à vis de ses alliés) avec les flancs gardés au nord par les italiens et les hongrois, au sud par les roumains.

Les combats sont violents d’autant que les roumains progressant à proximité des rives de la mer Noire sont soumis aux bombardements aériens des VVS et au bombardement naval de la RKKF.

Les soviétiques réagissent pied à pied mais à la mi-juin les forces de l’Axe ont atteint les prémonts du Caucase et menacent de franchir la Volga (même si les unités qui ont pu approcher la Volga sont plus des unités de reconnaissance que de combat, ne pouvant pas tenir contre une attaque soviétique décidée).

Le 18 juin 1951 les alliés déclenchent l’opération AVALANCHE, le franchissement de La Seine. Cette opération était attendue par les allemands qui espéraient la réussite de FRIEDRICH avant que les alliés ne relancent les opérations majeures sur un front quasiment gêlé depuis l’automne 1949.

En dépit des protestations du Heeresgruppe Süd, deux corps d’armée (un Panzerkorps et un Panzerkorps S.S) sont retirés du front de l’est pour rallier l’ouest. Cette décision fait encore polémique aujourd’hui.

Non seulement ces deux corps n’arriveront en France qu’au moment où le front s’est stabilisé (alors que l’envoi avait été présenté comme une urgence vitale) mais en plus pour certains historiens cela à empêché l’Axe de l’emporter en atteignant la Volga, Stalingrad, Astrakhan et même Bakou ce qui est semble-t-il un poil exagéré tant on fait peu de cas de la résistance soviétique acharnée, des réserves opérationnelles de l’armée rouge que l’on sait très importantes (et encore sous-estimées par les services de renseignement allemands) et des problèmes logistiques de l’Axe.

Les roumains s’installent sur la défensive et comme le fait souvent le soldat quand il ne combat ou ne s’entraine pas, il creuse, aménageant des positions.

On espère du côté des soldats roumains qu’Ivan attendra sagement le printemps suivant pour attaquer ce qui permettrait d’aménager de solides fortifications de campagne et surtout des abris pour le terrible hiver russe que les vétérans de l’Armata Regala Romana (Armée Royale Roumaine) ne connaissent que trop bien désormais.

Hélas trois fois hélas pour eux la RKKA contre-attaque dès le 4 juillet 1951. On sait aujourd’hui grâce à des documents déclassifiés que lors du lancement de l’opération FRIEDRICH, les soviétiques ont résisté pied à pied mais étaient parvenus à conserver une masse de manœuvre stratégique pour contre-attaquer au moment venu quand par exemple l’Axe serait incapable de progresser.

L’attaque alliée sur La Seine est un premier signal mais Moscou préfère attendre un peu. Bien lui en prend car quand l’opération URANUS est lancée le 4 juillet 1951 (en même temps que d’autres opérations sur l’ensemble du front ce qui était hors de portée d’une RKKA encore convalescente) ses effets se font immédiatement ressentir.

Comme nous l’avons vu l’Axe de progression est assuré par les allemands mais les flancs sont gardés par leurs alliés italiens et hongrois au nord, roumains au sud. Les soviétiques parfaitement renseignés (capture de prisonniers, reconnaissances aériennes, renseignement électronique……) attaquent aux jointures.

Cette zone est déjà sensible au sein d’une même armée alors entre deux armées alliées qui ont une confiance limitée l’une envers l’autre vous pensez…… .

Les soldats roumains redécouvrent les bombardements d’artillerie massifs, les tirs de Katiouchas, les ourah de l’infanterie soviétique qui subit des pertes abominables mais qui ne semble jamais pouvoir être stoppée.

Il y à ainsi des mouvements de panique que les officiers doivent stopper revolver au poing, des mouvements de sidération et de catatonie mais aussi des combats acharnés où munitions épuisées, Ivan et Dracul se battent au couteau et à la pelle de tranchée.

En dépit de prodiges tactiques que les allemands sont bien forcés d’admettre, les soldats roumains doivent battre en retraite pour éviter d’être encerclés. L’Axe recul pendant deux mois, le front se stabilisant à la mi-septembre suite à l’arrivée de renforts et à l’épuisement de la RKKA qui à encore beaucoup à apprendre.

Les deux belligérants sont clairement épuisés ce qui explique que durant l’hiver 1951/52 plus clément que le précédent il n’y à aucune opération majeure, tout juste quelques attaques locales pour rectifier le front, éliminer un saillant gênant par exemple. On évacuait parfois une position plus gênante qu’avantageuse après avoir pris soin de rien laisser d’exploitable à l’ennemi.

A l’époque le front russe concentre des moyens absolument considérables bien supérieurs à ce qu’on trouve sur le front occidental.

Le 12 mai 1952 les allemands lancent l’opération CITADELLE/ZITADEL, la dernière offensive stratégique allemande de la guerre. Il s’agit de dégager deux saillants menaçant la ville de Smolensk, une ville stratégique pour les allemands où on trouvait de nombreux dépôts et des infrastructures de transport.

Il est donc capital pour eux d’éliminer ses saillants pour rendre une future offensive russe pas forcément impossible mais du moins plus difficile. Informés du projet dans les grandes lignes, les roumains qui tenaient la partie ukrainienne du front proposent une offensive de diversion mais Berlin ne donne pas suite. Cela est très mal accepté par Bucarest qui ne cesse désormais de se poser des questions sur son alliance avec l’Allemagne (tout comme les hongrois, les bulgares et les finlandais).

Comme nous le savons l’opération CITADELLE est une réussite partielle puisque si le balcon nord est éliminé, le balcon sud à été renforcé, les soviétiques ayant si on peut dire sacrifié le balcon nord pour conserver le balcon sud qui allait être utilisé par l’opération ROUMANTSIEV lancée le 1er juillet 1952.

Cette offensive surprend les allemands qui ne pensaient pas les soviétiques capables d’attaquer si vite. Cette offensive oblige les roumains à reculer en pratiquant la politique de la terre brûlée pour ne rien laisser d’exploitable aux troupes soviétiques.

Cette retraite est marquée par des exactions épouvantables, les partisans soviétiques particulièrement actifs sur l’arrière du front étant le prétexte tout trouvé par les troupes roumaines pour massacrer toute personne suspectée d’être un partisan en puissance.

Fin 1952 quand l’hiver gèle les opérations, les troupes soviétiques ont conquis trois quarts de l’Estonie, des arpents de Lettonie et de Lituanie ainsi que l’ouest de l’Ukraine même si les mines et les complexes de l’industrie lourde ont été méthodiquement sabotés ce qui fait que la production ne pourra reprendre vraiment qu’après guerre.

En ce début 1953 l’Allemagne est sur la défensive sur tous les fronts, elle n’à plus les moyens de mener une offensive stratégique. Certains commencent même à murmurer que l’Allemagne pourrait perdre la guerre ce que dément la propagande du régime qui prétend que de futures «armes miracles» vont terroriser les ennemis de l’Allemagne et les pousser à demander la paix.

Le 21 mai 1953 les soviétiques attaquent à nouveau en Biélorussie (opération BAGRATION), une offensive d’une puissance terrifiante qui repousse les forces du Heeresgruppe Mitte (Groupe d’Armées Centre) sur la Ligne Curzon soit la frontière polono-soviétique de 1939. Seul l’épuisement de la RKKA et l’allongement exagéré de ses lignes de communication l’empêche d’aller plus loin avec efficacité et efficience.

Les allemands étaient encore groggy quand les soviétiques lancent successivement deux nouvelles offensives, l’opération KOUTOZOV le 12 juillet 1953 dans les pays baltes et l’opération POTEMKIME le 8 août 1953 en Ukraine. Ces opérations font dire à certains Landser, certains Ostkampfer que «Ce diable de Staline pond des avions et des chars par son cul».

Les roumains sont surtout concernés par l’opération POTEMKINE et sérieusement bousculés, Kiev étant libérée par les soviétiques. Les troupes de l’armée royale roumaine sont passablement démoralisés et seule la peur d’Ivan et la solidarité du groupe de combat explique probablement pourquoi l’Armata Regale Romana ne s’est pas effondrée dès le printemps 1953.

Des renforts sont bien envoyés de Roumanie mais que peuvent faire de jeunes soldats mal entrainés qui plus est parfaitement informés de la situation car malgré la censure et la propagande les informations parviennent à arriver jusqu’en Roumanie.

Le 11 septembre 1953 les soviétiques lancent l’opération PIOTR VELIKYI (Pierre le Grand, premier tsar de Russie de 1682 à 1725 [empereur à partir de 1721]), une opération à tiroir particulièrement complexe puisque cela combine trois opérations distinctes.

Le premier volet est baptisé POLTAVA et concerne une offensive blindée-mécanisée dans les plaines d’Ukraine, véritable billard à char.

Le deuxième volet est une opération baptisée GANGUT, une opération amphibie destinée à s’emparer de la Crimée. Ce débarquement amphibie se heurte essentiellement à des troupes allemandes mais on note la présence de la brigade d’infanterie de marine roumaine dont les capacités sont bien connues des soviétiques qui la considère comme la meilleure unité de l’armée roumaine.

Lors de GANGUT elle va mener des combats retardateurs pour gagner le maximum de temps et ainsi évacuer le plus possible d’hommes de la presqu’île et permettre à la Roumanie de continuer la guerre en conservant des soldats bien entrainés. On verra que des facteurs politiques rendront ce projet caduque mais ça les Dragons Noirs (Dracul Negru) ne pouvaient pas le savoir.

La brigade subit de lourdes pertes mais elle parvient à évacuer en raison de l’incapacité des soviétiques à atteindre rapidement Sébastopol. Ils évacuent en direction de Constansa puis sont envoyés dans le nord du pays pour reconstitution ce qui explique qu’ils rallieront les allemands et non les nouvelles autorités communistes.

Le troisième volet est une opération baptisée PETERHOF, une opération aéroportée, la plus audacieuse avant l’opération PHENIX. La cible c’est Odessa.

L’armée rouge engage deux divisions aéroportées de la garde, la 1ère Division Aéroportée de la Garde (1ère DAG) issue de la 1ère Armée Aéroportée de la Garde accompagnée de la 5ème Division Aéroportée de la Garde (5ème DAG) issue de la 2ème Armée Aéroportée de la Garde ainsi qu’une brigade indépendante, la 51ème brigade aéroportée qui manquant d’expérience sera finalement aérotransportée sur l’aéroport d’Odessa.

Face à ces moyens aéroportés importants (35000 hommes des VDV), la garnison d’Odessa comprend 27000 hommes mais tous sont loin d’être des combattants d’élite puisqu’Odessa est assez loin du front.

Les combats sont violents. Bien soutenus par la marine soviétique et sa flotte de la Mer Noire, les paras soviétiques prennent le contrôle de la ville, de l’aéroport, des sites stratégique et surtout du port ce qui permet le débarquement de chars, de chasseurs de chars et de canons d’assaut pour rendre inexpugnable la présence soviétique dans la grande ville du sud de l’Ukraine.

Très vite les troupes roumaines prennent la décision de se replier au nord de la ville pour rassembler leurs troupes mais les contre-attaques successives lancées sont immédiatement brisées par la puissance de feu soviétique qu’elle soit navale, aérienne ou terrestre (artillerie lourde, lance-roquettes multiples).

Les allemands vont violement reprocher aux roumains de ne pas avoir su tenir la grande ville du sud de l’Ukraine ce à quoi le maréchal Antonescu répondra qu’avec les moyens demandés par l’Armée Royale Roumaine la ville n’aurait pu être prise par une infanterie légère certes bien entrainée mais une infanterie légère.

Cette nouvelle défaite militaire entraine l’implosion de l’armée roumaine qui cesse d’être une entité constituée. Certaines unités se rendent aux soviétiques d’autres résistent. Les ordres sont interprétés ou ignorés selon les intérêts et l’orientation politique du commandant. On assiste même à des affrontements fratricides au sein d’une même unité.

Le 25 septembre 1953 un coup d’état communiste à lieu à Bucarest. Le maréchal Antonescu et son gouvernement sont arrêtés et emprisonnés (ils seront jugés et exécutés après guerre en 1956), le roi Michel 1er assigné à résidence. L’ironie de l’histoire c’est que le lendemain un coup d’état royaliste devait être déclenché par le général Ion Andreanu avec la bénédiction du dernier roi de Roumanie.

L’armée roumaine ou du moins ce qu’il en reste rallie la RKKA pour combattre les allemands qui doivent se replier sur la Hongrie en compagnie d’unités roumaines qui restent fidèle à l’alliance germano-roumaine.

Quand l’Armistice est signé le 4 octobre 1953 les trois quarts de la Roumanie dont les précieux puits de pétrole de Ploesti sont occupés par les soviétiques et leurs alliés roumains.

L’armée roumaine purgée de ses éléments fascistes et royalistes va continuer à combattre jusqu’en avril 1954, terminant la guerre en Tchécoslovaquie aux côtés d’unités de l’Armée Rouge.

La seconde guerre mondiale de la Roumanie c’est aussi une guerre aérienne et une guerre navale.

Sur le plan aérien l’aviation roumaine assure l’appui-feu des troupes au sol mais doit aussi défendre l’espace aérien national contre les bombardements alliés notamment ceux visant les raffineries de Ploesti.

C’est à partir du printemps 1952 que les alliés ont enfin les moyens de leurs ambitions avec des appareils, des infrastructures et une stratégie concertée de bombardement sur les cibles stratégiques roumaines.

Consolidated B-24 Giant en vol. Cet appareil fût utilisé au dessus de la Roumanie par les Etats-Unis et la France

Ces missions voient des bombardiers lourds décoller de Crète ou du Dodécanèse, des bombardiers médians décollant du Péloponnèse, bombardiers escortés par des chasseurs (les américains mettront du temps à s’y résoudre ce qui fait dire aux historiens que nombre de pertes auraient pu être évitées).

Si les français et les américains attaquent de jour, les britanniques préfèrent attaquer de nuit en espérant diminuer le risque d’interception ce qui sera un temps le cas même si la mise en place d’unités de chasse de nuit par la Luftwaffe rendit les opérations périlleuses encore que les équipages du Bomber Command ayant connu les opérations au dessus de l’Allemagne trouvaient «distrayantes» les missions au dessus des Balkans (NdA nul doute qu’il faut y voir l’humour so british et le flegme typiquement britannique et non une description de la réalité des missions).

Ces missions visaient dans le cadre de l’opération Tidal Wave les raffineries de Ploesti tandis que dans le cadre de l’opération Stocker (de Bram Stocker) s’attachaient à paralyser l’économie et les mouvements de troupe en visant gares, ponts et routes.

Ces opérations ne rencontrèrent qu’un succès partiel, démentant les théories d’un Douhet ou d’un Mitchell qui prétendaient que l’aviation pourrait mettre fin à une guerre en raison des dommages causés. La réalité montrera que les économies de guerre sont bien plus résilients que ne l’imaginait l’italien et l’américain.

Longtemps les villes ne sont pas expressément visées contrairement à l’Allemagne où le Bomber Command et dans une moindre mesure le Commandement des Forces de Bombardement (CFB) (NdA grand commandement précurseur des Forces Aériennes Stratégiques (FAS) créé en avril 1950 par la fusion du Commandement des Forces Aériennes Tactiques et du Commandement du Bombardement Lourd) mènent clairement une stratégie anti-cités, une stratégie de terreur qui se révèlera globalement improductive.

Bucarest commence à être bombardée le 25 mars 1953. Jusqu’au basculement roumain, la capitale roumaine va être bombarder à trente reprises, provoquant de nombreux dégâts notamment sur le patrimoine historique de la ville. D’autres villes de Roumanie sont bombardées mais moins fréquement.

Le 8 et 18 octobre ainsi que les 4 et 12 novembre novembre 1953 dans le cadre de l’opération Rache (vengeance), la Luftwaffe bombarde la capitale roumaine mais il s’agit de piqures d’épingle et non de coups de massue.

La marine roumaine participe également au second conflit mondial en assurant des patrouilles anti-sous-marines, des escortes de convois mais aussi des missions d’appui-feu. Elle est plus puissante que son homologue bulgare mais ne peut se mesurer sérieusement à la flotte de la mer Noire qui dispose de croiseurs et de cuirassés.

Pavillon de la marine royale roumaine

La Marina Regala Romana (Marine Royale Roumaine) va mener une stratégie de guérilla navale, du faible au fort, harcelant les convois soviétiques, menant des missions derrière les lignes ennemies.

Son aéronavale mène des missions de surveillance, de lutte anti-sous-marine et d’assaut aéromaritime pendant que sa brigade d’infanterie de marine s’attire le respect de ses alliés allemands comme de ses ennemis soviétiques par son élitisme et sa hargne au combat.
Elle va subir de lourdes pertes et fort peu de navires sont encore en service au moment du basculement roumain dans le camp communiste. Le nouveau gouvernement communiste espère la cession de navires par la RKKF pour continuer la lutte mais Moscou refuse, estimant que la fin de la guerre est proche.

La marine roumaine va être au chômage technique, une partie des équipages formant des unités de fusiliers marins pour combattre en Hongrie où cette brigade de fusiliers marins qui n’à de commun avec la brigade d’avant guerre que le nom et non les capacités (Brigada Marinarilor) inexpérimentée dans le combat d’infanterie subit de lourdes pertes comme c’est généralement le cas quand on fait faire le boulot de fantassin à ceux pour lesquels le combat à pied est une langue étrangère.

Certains officiers roumains n’hésiteront pas à parler d’acte criminel par ce gaspillage de talent dans des combats inutiles ce qui leur vaudra généralement destitution et arrestation de la part de la police secrète du régime communiste dont le nom n’allait pas tarder à faire frémir toute la Roumanie, la Securitate.

Des vedettes rapides roumaines vont opérer sur le Danube pour appuyer les troupes au sol roumaines et soviétiques. Certaines étant coulées par des mines larguées par des avions hongrois et allemands.

Elle sera reconstituée à partir de 1957 sous la forme d’une marine littorale (Green Water Navy) avec frégates, sous-marins, vedettes lance-torpilles ainsi que quelques navires amphibies et de soutien, des navires d’abord soviétiques avant que les roumains ne prennent le relais en construisant leurs propres navires.

Sur le plan intérieur, la Roumanie prête son concours à l’extermination des juifs. 280 à 380000 juifs ont été tués en Roumanie, en Bessarabie, en Bucovine et en Transnistrie. 25000 Roms sont déportés en Transnistrie, 11000 succombent aux travaux forcés et aux mauvais traitements.

Cette participation est particulièrement barbare avec de nombreux pogroms comme celui de Iasi exécuté le 27 juin 1950 ou encore le massacre de milliers de juifs d’Odessa après l’explosion le 27 octobre 1951 du quartier général des forces armées roumaines du directorat de Transnistrie qui avait provoqué la mort de 108 militaires roumains et de 22 militaires allemands.

Sur le plan des pertes militaires les chiffres sont incertaines. Les évaluations les plus fines donnent 238000 soldats tués, blessés et disparus. Pas moins de 457000 civils roumains ont été tués suite aux privations, aux exactions de la soldatesque et aux bombardements aériens.

Dès la fin de l’année 1954 les troupes roumaines présentes en Hongrie et en Tchécoslovaquie sont rapatriées dans le pays où elles doivent s’employer contre une résistance naissante contre l’ordre communiste qui tel un parasite grandit à l’ombre d’une monarchie finissante, monarchie qui malgré les efforts de Michel 1er avait été durablement discréditée par l’action du Conducator et par son alliance longue et pérenne avec l’Allemagne.

L’opposition politique et l’opposition militaire aux communistes roumains s’organise mais elle est trop divisée et surtout trop faible pour changer les choses surtout que non seulement cette opposition n’est pas soutenue par les occidentaux et que le parti communiste roumain peut compter sur la présence de 120000 soldats soviétiques et d’une armée roumaine qui ne reconnaît plus le roi comme son commandant en chef mais se déclare «au service du proletariat et de la paysannerie roumaine».

Au printemps 1957 les étudiants manifestent à Bucarest et dans les grandes villes du pays, espérant un geste du roi même si tous ne sont pas royalistes militants. Les communistes menacent d’un véritable bain de sang et pour éviter cela le roi décide d’abdiquer le 25 mars 1957. Le lendemain 26 mars la monarchie roumaine disparaît après près d’un siècle d’existence.

A l’issue de la seconde guerre mondiale, la Roumanie perd définitivement la Dobroudja du Sud, la Bucovine du Nord, la Bessarabie mais récupère la Transylvanie du Nord.

Le 15 septembre 1957, la Roumanie signe le Traité de Paris. Si elle récupère la Transylvanie du Nord au dépend de la Hongrie, elle perd définitivement la Bessarabie et la Bucovine du Nord (qui vont former la république socialiste et soviétique de Moldavie) et la Dobroudja du Sud qui reste sous domination bulgare.

Elle doit également payer 300 millions de dollars de dommages de guerre à l’URSS, dommages qu’elle payera en numéraire mais aussi en nature (pétrole et céréales notamment).

Mitteleuropa Balkans (78) Roumanie (8)

Montée des extrémismes et tournant autoritaire

La constitution de 1923 puis la loi électorale de 1926 avait donné officiellement les mêmes droits politiques aux roumains qu’aux minorités nationales qu’il s’agisse des allemands, des hongrois, des roms ou des juifs.

Cette situation était inacceptable pour une partie des roumanophones qui estimaient que ces gens là bien que citoyens du royaume de Roumanie n’étaient pas de vrais roumains et surtout des traitres en puissance.

Un certain Corneliu Codreanu

Corneliu Codreanu

Cette opposition est symbolisée par le Légion de l’Archange Michel plus connu sous le nom de Garde de Fer, un parti nationaliste, violement xénophobe et antisémite dirigé par Corneliu Zelea Codreanu.

Avant de parler de son mouvement, quelques éléments biographiques concernant celui que ses partisans avaient appelé Capitanul (le capitaine).

Corneliu Zelea Codreanu est né Corneliu Zielinski ,e 13 septembre 1899 à Husi en Bucovine. Il est issu d’une famille germano-roumaine de Bucovine. Il est donc sujet austro-hongrois jusqu’à ses dix-huit ans.

A l’époque il est profondément marqué par la misère des paysans roumains alors que dans les villes les germanophones qu’ils soient allemands ou juifs sont nettement plus à leur aise. Nul doute que cela va jouer un rôle dans sa maturation politique. Il épouse Elena Ilinoiu en 1925.

Bien que n’ayant pas l’âge requis il rejoint à l’âge de seize ans l’armée roumaine. Il est le témoin des exactions de troupes russes débandées qui pillent et incendient les villages roumains de Moldavie et de Bessarabie.

C’est à cette époque que ses convictions politiques se forgent. Il considère qu’une nation est un organisme vivant qui doit être défendu contre les agressions extérieures que sont pour lui le bolchévisme, le cosmopolitisme et l’affairisme. Il dresse une image idéale d’un peuple roumain pétri de culture chrétienne orthodoxe et de valeurs traditionnelles. C’est à cette date qu’il roumanise son nom et qu’il adopte la religion orthodoxe alors qu’il était originellement catholique.

Sa carrière politique va commencer en 1922 quand à l’université de Iasi il prend la tête de la Société des Etudiants de Droit qu’il dissout pour créer l’Association des étudiants chrétiens. Il se fait connaître en se barricadant à l’intérieur de l’université pour protester contre la laïcisation de l’enseignement et réclame un numerus clausus vis à vis des minorités hongroises et germanophones.

Codreanu devient violement anticommuniste et antisémite suivant en cela les traces de son père. Il adhère en 1919 à la Garda Constiintei Nationale (Garde de la conscience nationale), un mouvement anticommuniste destiné à offrir au prolétariat une alternative à l’idéologie bolchévique.

En 1920 il joue les briseurs de grève contre les syndicalistes socialistes dans les Ateliers Nicolina travaillant pour les chemins de fer roumains. Il se rend également à Berlin et à Iena mais aussi en Savoie où il découvre les écrits de Gobineau et de Charles Maurras.

En 1923 il fonde la Liga Apărării Național Creștine (Ligue de défense nationale chrétienne) et en 1924 il assassine par balle devant le tribunal le préfet de police Manciu mais est acquitté car l’instance constate qu’il était en état de légitime défense.

Ne s’entendant plus avec des membres de la Ligue de défense nationale chrétienne, il fonde aux côtés de Ion Mota, Corneliu Georgescu, Ilie Gârneață et Radu Mironovici, la Legiunea Arhanghelului Mihail en français la Légion de l’archange Michel.

Cette organisation allait très vite recevoir le surnom de Garde de Fer en roumain Garda de fier. Cette dernière dénomination provient de son emblème qui représentait six faisceaux noirs (trois verticaux et trois horizontaux) sur fond vert et fut appelé «la Grille en fer» par dérision ce qui poussa Codreanu à transformer ce sobriquet en Garde de Fer.

Ses membres se baptisaient eux mêmes légionnaires car l’autre nom du mouvement était Mouvement Légionnaire (Miscarea Legionara).

Ce mouvement dénonce la démocratie parlementaire, les juifs, les communistes, les francs-maçons mais aussi contre les artistes qu’ils jugent «décadents». Bref tous ceux qui ne soutiennent pas la religion chrétienne et le nationalisme roumain. Il se distingue donc des nationaux-socialistes allemands par l’importance du christianisme dans leur idéologie. Le mouvement légionnaire doit être une école et une armée pour affronter la «puissance juive».

Codreanu est élu député du judet de Neamt en 1931 puis réelu en 1932 dans le district de Tutova.

Le 10 décembre 1933 le gouvernement libéral de ion Duca annule les élections et interdit la Garde de Fer. En réponse des légionnaires assassinent le premier ministre en gare de Sinaia le 29 décembre 1933.

Suite à l’interdiction du mouvement, Codreanu fonde un parti politique baptisé Totul Pentru Tara (Tout pour le pays) et en décembre 1937 ce parti signe un accord électoral avec le parti national-paysan qui remporte les élections de 1937.

Carol II

Le gouvernement réagit et le roi Carol II annule les élections le 13 février 1938, suspend la Constitution et instaure une dictature personnelle que l’histoire à retenu sous le nom de carlisme ou de dictature carliste. Le roi confie les pleins pouvoirs au ministre de l’intérieur Armand Călinescu.

Il est condamné à six mois de prison pour une attaque verbale contre Nicolae Iorga puis en mai 1938 à dix ans de travaux forcés pour sédition. Ses partisans multiplient les attentats contre les personnalités gouvernementales, les partis, les temples maçonniques, les synagogues. Une ambiance de guerre civile s’installe dans le pays.

Dans la nuit du 29 au 30 novembre 1938, Codreanu est exécuté avec d’autres légionnaires sur ordre personnel du roi même si officiellement il est abattu suite à une tentative d’évasion. Sa mort en fait un martyr pour ses partisans et déclenche une série d’émeutes et d’attentats prémices à des événements bien plus grands qui allaient durablement marquer l’histoire politique roumaine.

La Garde de Fer

Drapeau de la Garde de Fer

La Garde de Fer va donc jouer un rôle crucial dans l’histoire de la Roumanie. Même après son interdiction suite à un coup d’état manqué (doublé d’un pogrom) son influence va être durable au point qu’un célèbre historien roumain à parlé de cancer et de métastases.

Si nombre de ses militants ont été tués ou emprisonnés, certain ont échappé à la police et ont pu continuer à sévir de manière moins voyante. Les plus motivés ou les plus résilients termineront au sein de la Waffen S.S et les survivants du second conflit mondial se sentiront pousser des vocations de mercenaires au point d’alimenter le fantasme d’une «Internationale Noire» largement surestimée et largement instrumentalisée par des journalistes en mal de sensations fortes.

Officiellement baptisé Légion de l’Archange Michel (Legiunea Arhanghelului Mihail), la Garde de Fer à pu compter jusqu’à 23000 membres ce qui n’est certes pas un parti de masse mais suffisant pour constituer une véritable nuisance.

Mouvement proto-politique, la Garde de Fer allait après son interdiction devenir un parti politique (NdA ce qui est ironique pour un mouvement dénonçant le régime des partis) baptisé Totul pentru Tara que l’on peut traduire par «Tout pour le pays».

La Légion ou mouvement légionnaire est créée le 24 juillet 1927 à Iasi par Corneliu Codreanu suite à une scission au sein de la Ligue de défense Nationale chrétienne. Ce mouvement reste comme tout parti extrémiste longtemps minoritaire surtout dans un pays où le régime est pro-occidental.

Il est même un motif de raillerie, le nom de Garde de Fer étant à l’origine un sobriquet attribué par les ennemis de Codreanu (un peu comme le terme intellectuel au moment de l’affaire Dreyfus).

Il séduit essentiellement les étudiants et des jeunes d’origine modeste révulsés par la corruption, la démocratie parlementaire roumaine étant sécouée comme celle de la Troisième République par plusieurs affaires politico-financières.

Ce mouvement va naturellement profiter de la crise de 1929 qui provoque déclassement, pauvreté et misère. Un meilleur niveau d’éducation des minorités juives, hongroises et allemandes favorisait leur ascension sociale au détriment de la majorité roumanophone essentiellement rurale et moins cultivée.

Un vrai fossé se creusait entre les élites urbaines pas toujours roumanophones et les légionnaires qui se considéraient comme de vrais roumains, les premiers considérant les seconds comme des ploucs, les seconds considérant les premiers comme des parasites infectant le «corps national roumain».

La monarchie roumaine compris rapidement le danger posé par la Garde de Fer. Une véritable guerre opposa le gouvernement au mouvement légionnaire, de nombreux militants étant capturés et d’autres abattus, les partisans du Capitanul se livrant à plusieurs assassinats.

Défilé de la Garde de Fer

En mars 1930 une véritable branche paramilitaire est créée. Le 10 décembre 1933, le premier ministre libéral Ion Duca interdit le mouvement. Il paye cette acte de sa vie puisqu’il est assassiné le 29 décembre 1933 en gare de Sinaia.

Son interdiction favorise l’ascension électorale du part issu de la Garde de Fer qui devient le troisième parti au parlement. Il sert d’aiguillon aux partis plus traditionnels et certaines de leurs revendications sont admises comme un numerus clausus dans les universités pour bloquer l’accès aux minorités et favoriser les «roumains de souche», une politique reprochée par les alliés de la Roumanie.

Le 10 février 1938 suite au coup d’état carliste le parlement est dissous, parlement où les légionnaires formaient une minorité de blocage (ils étaient même rentrés au gouvernement deux jours plus tôt).

Deux mois plus tard Codreanu est emprisonné et tué dans la nuit du 29 au 30 novembre 1938 officiellement lors d’une tentative d’évasion en réalité en représailles pour le meurtre d’un ami du ministre de l’intérieur Armand Calinescu.

Ce dernier devient premier ministre mais pour peu de temps car il et assassiné par des légionnaires le 21 septembre 1939. Une quasi-guerre civile secoue le pays.

Dictature carliste et Conducator

Le 10 février 1938 devant la montée des périls, le roi de Roumanie Carol II suspend en pratique la constitution de 1923 et impose une dictature royale faisant rentrer la Roumanie dans l’ère du carlisme ou carlismul en roumain.

Ce mouvement n’est pas né exclusivement de la volonté du fils de Ferdinand 1er mais d’un mouvement plus vaste. A la fin des années vingt émerge le Frontul Renasterii Nationale (FRN) ou front de renaissance nationale qui réclame le remplacement du jeune Michel 1er par son père Carol II qui avait du renoncer au trône en 1925.

Ce mouvement légitimiste (après tout les droits de Carol sont plus légitimes que ceux de son jeune fils) était antiparlementaire et autoritaire, critiquant les autres partis corrompus et facteurs de division face aux nationalistes et aux communistes. En gros si on devait simplifier, le FRN semble vouloir rassembler les «centristes» mais dans une optique autoritaire et pas vraiment «centriste».

Ce mouvement séduit beaucoup la classe moyenne qui ne se retrouve pas comme la jeunesse roumaine dans les mouvements nationalistes (Garde de Fer) et communistes.

En 1930 Carol II devient roi et huit ans plus tard ce même mouvement carliste favorise l’instauration d’une dictature royale qui va mener une véritable guerre contre le mouvement de la Garde de Fer qui subit un impitoyable répression.

Le 10 février 1938 les carlistes organisent donc un coup d’état contre le Parlement, donnant les pleins pouvoir au FRN et donc en pratique à Carol II. La constitution de 1923 est vidée de sa substance, le décret royal prévaut désormais sur la loi. Les opposants sont emprisonnés ou assassinés.

Sur le plan de la politique étrangère c’est un jeu d’équilibre même si le tropisme pro-allié est maintenu. Cependant les décrets discriminatoires du gouvernement Goga ne sont pas abrogés et l’Axe reçoit les mêmes facilités économiques que ceux offertes aux alliés.

C’est ainsi qu’un accord permet à l’Allemagne de pouvoir acheter à un prix modique du carburant issu des raffineries de Ploesti. Le 13 mai 1939 les frontières roumaines sont garanties par les français et les britanniques mais les garanties c’est comme les promesses cela n’engage que ceux qui y croient vraiment.

Durant la guerre de Pologne, la frontière roumano-polonaise est ouverte permettant à des milliers de soldats et de civils polonais d’échapper aux griffes nazies et communistes. Les civils sont pris en charge par ce qu’on appelle pas encore des ONG et les militaires sont brièvement internés avant d’être exfiltrés au Levant et en Egypte pour reconstituer une armée en faveur d’un gouvernement polonais en exil (qui s’installe à Nantes).

En clair la Roumanie se fait désirer, espérant ainsi s’engager pleinement dans le camp lui offrant les meilleures garanties et les promesses les plus alléchantes.

La désillusion sera terrible, la pression allemande et le refus allié de garantir leur aide militaire en cas d’agression soviétique oblige le gouvernement roumain à accepter le démembrement de la Grande Roumanie.


C’est ainsi que suite au deuxième accord de Vienne signé le 30 août 1940 au palais du Belvédère, Bucarest doit céder à son «allié» hongrois la Transylvanie du Nord, la Maramurie et une partie de la Cresava.

Les roumains vont évacuer cette région avec une infinie lenteur générant des frictions et même quelques affrontements militaires mais il s’agissait plus d’escarmouches qu’autre chose. En revanche l’occupation hongroise sera très dure pour les roumanophones restés sur place avec plusieurs massacres dont certains seront punis seulement à la fin du second conflit mondial.

Cette cession entraine le démantèlement d’une ligne fortifiée récemment construite la Ligne Carol II. Elle couvrait la frontière roumano-hongroise sur 300km avec 320 casemates armés de mitrailleuses, des positions d’artillerie entre les casemates, des barbelés, des champs de mines et un fossé antichar. En clair pas vraiment une copie orientale de notre Ligne Maginot. Les hongrois vont un temps la réutiliser mais très vite vont à leur tour l’abandonner et faire sauter les casemates restants.

Après la perte de la Transylvanie du Nord, la Roumanie va perdre au profit de l’URSS la Bessarabie et la Bucovine du Nord suite au refus allemand de défendre les frontières roumaines contre une agression soviétique. L’Armée Rouge occupe ainsi ces anciens territoires de l’empire tsariste entre le 28 juin et le 3 juillet 1940.

La Roumanie boit le calice jusqu’à la lie en cédant le 7 octobre 1940 la Dobroudja du Sud à la Roumanie suite au Traité de Craïova.

Si les légionnaires de la Garde de Fer sont vent debout ce qui n’est pas nouveau mais même la partie modérée de l’opinion lui en veut énormément. Pour ne rien arranger des scandales privés et de corruption ternissent un peu plus l’image d’un roi dont le trône ne tient plus qu’à un fil.

Antonescu et Mussolini lors d’une visite du Conducator à Rome au printemps 1941

Le 5 septembre 1940 Carol II tente le tout pour le tout en nommant le maréchal Antonescu comme premier ministre. Il espérait ainsi se racheter une conduite en nommant un général populaire dans l’opinion mais c’est trop tard beaucoup trop tard. Au lendemain de sa nomination, Antonescu oblige Carol II à abdiquer en faveur de son fils Michel qui redevient roi dix ans après avoir du renoncer au trône.

Deux heures à peine après son abdication, il est discrètement exfiltré en direction de la gare de Bucarest en voiture, une transportant l’ancien roi et deux autres servant de leurres. Sage précaution car les deux voitures leurres sont attaquées !

Arrivé à la gare, il est mis dans le premier train pour Belgrade. Son train est d’ailleurs mitraillé par la Garde de Fer à la frontière roumano-yougoslave. Cela entraine un incident de frontière qui menace de dégénérer en une guerre entre Belgrade et Bucarest. Après un court séjour en Suisse, il se réfugie au Portugal où comme nous le savons il décédera le 4 avril 1953.

Une fois le roi Carol II hors course se pose la question de l’avenir politique de la Roumanie ? Doit-elle rester un royaume ? Devenir une république ?

Il semble qu’un temps Antonescu est songé à devenir régent sur le modèle hongrois mais il préfera garder un semblant de légalisme en proclamant Michel 1er âgé de dix-neuf ans roi de Roumanie.

Sans pouvoir ce dernier n’est pas sans influence. Si il ne s’exprime pas publiquement il manifeste en privé sa mauvaise humeur.

Très populaire auprès d’une partie de l’opinion roumaine, il doit être ménagé par le Conducator. Il couvre également les agissements de son entourage en faveur des juifs persécutés et garde de précieux contacts en Occident à une époque où Bucarest à clairement choisit le camp allemand.

Le 14 septembre 1940 huit jours après l’abdication de Carol II et l’avènement de Michel 1er, l’Etat National-légionnaire (Statul national-legionar) voit je jour. Ce régime est plus qu’un régime autoritaire est un régime totalitaire, le premier de l’histoire de la Roumanie, mettant fin au régime carliste instauré en février 1938.

A la tête de ce régime le maréchal Ion Antonescu appelé la Conducator (titre donné par Michel 1er) qui gouvernait le pays en compagnie de la Garde de Fer. Cette dernière était entrée au gouvernement dès le 28 juin 1940 alors que le roi Carol II était clairement aux abois mais son rôle devint vraiment prégnant qu’à partir du 14 septembre 1940.

Tout comme il est important de savoir qui était Codreanu, le créateur de la Garde de Fer, il est important de savoir qui était le «Guide».

Ion Antonescu est né à Pitesti au nord-ouest de Bucarest le 15 juin 1882. Fils d’officier, il est issu de la classe moyenne. Dès son plus jeune il se destine (ou est destiné) au métier des armes puisqu’il est envoyé à l’Ecole d’infanterie et de cavalerie de Craiova.

Quand il est encore jeune son père divorce puis se remarie avec une femme juive. Ion Antonescu s’entend très mal avec sa belle-mère et certains on voulu y voir la cause originelle de son futur antisémitisme.

Après avoir été diplômé de l’Ecole Supérieure de Guerre de Bucarest, il participe à la deuxième guerre Balkanique puis à la première guerre mondiale où il se fait remarquer par son courage, son énergie et sa maitrise du facteur logistique souvent négligé au profit de la manœuvre (Cela ne l’empêchera pas de commettre de multiples erreurs au moment de mener l’armée roumaine au combat durant l’opération BARBAROSSA).

Chef de la section opérations du grand quartier général, il participe à la guerre roumano-hongroise de 1919 et notamment à l’occupation de Bucarest qui favorisera l’arrivée au pouvoir du régent Horthy.

Lieutenant-colonel, il est décoré de l’ordre Michel le Brave (3ème classe), la plus importante décoration militaire roumaine.

De 1922 à 1926 il est attaché militaire à Paris puis à Londres avant de prendre la tête de l’Ecole Supérieure de Guerre (1927-1930). Il intègre en 1933/34 le Grand Etat-Major.

Général de division le 25 décembre 1937, il occupe pour la première fois le poste de Ministre de la Guerre du 28 décembre 1937 au 30 mars 1938 avant d’être débarqué pour incompatibilité d’humeur avec Carol II.

Il redeviendra ministre de la guerre le 6 septembre 1940 au moment de l’abdication du roi et au lendemain de sa nomination comme président du Conseil des Ministres de Roumanie, poste qu’il va occuper jusqu’au 25 septembre 1953 même si son intitulé va changer au cours de la période et ce à plusieurs reprises (voir plus bas). Du 26 janvier 1941 au 1er janvier 1943 il assume l’interim aux Affaires Etrangères.

A la différence de la Garde de Fer composée de nationalistes roumaines, Antonescu est davantage pro-allemand, persuadé que la seule façon pour la Roumanie de survivre c’est de s’accrocher au wagon allemand.

On sait aujourd’hui que si il avait été débordé par le coup d’état et le pogrom mené par la Garde de Fer le 21 janvier 1941, des troupes allemands seraient intervenues sous la forme de parachutistes largués sur l’aérodrome de Bucarest.

Très populaire au moment de sa nomination, Antonescu parvint comme nous le verrons à marginaliser la Garde de Fer mais l’absence d’un corpus idéologique clair et précis le fragilise. Il est certes un conservateur autoritaire, un nationaliste violement antisémite (il participe à la Shoah et ne condamne pas le pogrom de janvier 1941) mais il est surtout vu comme un opportuniste.

Il engage la Roumanie dans le second conflit mondial, Bucarest effectuant un effort considérable, colossal sur le front russe, un effort pas vraiment récompensé par les allemands.

Après la déroute de l’opération FRIEDRICH, le pouvoir du Conducator est clairement en danger et des tentatives de coup d’état sont déjouées. Certes aucun projet n’était vraiment mûr, aucun projet n’avait une chance de réussir mais c’était autant de signaux inquiétants.

Avec l’accumulation de mauvaises nouvelles, Antonescu hésite, tergiverse. Cela favorise l’action de ses adversaires politiques qui le renverse le 25 septembre 1953. Emprisonné en URSS, il est livré aux roumains en octobre 1954 puis emprisonné à la prison de Jilasa.

A l’issu d’un procès organisé du 7 septembre 1955 au 14 avril 1956 il est condamné à mort en compagnie de douze autres hiérarques du régime déchu. Il semble que jusqu’au bout il à espéré la grâce du roi mais à l’aube le 1er juin 1956 il est fusillé à l’âge de soixante-treize ans.

Sur le plan privé, il se marie une première fois avec Rachel Mendel-Antonescu avec laquelle il à un fils puis se remarie (sans avoir officiellement divorcé !) avec Maria Nicolescu (sans descendance) ce qui fait un poil désordre pour celui qui se présentait comme le défenseur des valeurs chrétiennes.

Encore aujourd’hui le personnage d’Antonescu clive énormément en Roumanie. Certains tentent de le réhabiliter mais ils sont peu nombreux. La majorité des historiens s’accorde à dire qu’il était surtout un opportuniste plus qu’un véritable idéologue.

Le 27 septembre 1940 la Roumanie se retire du Pacte Balkanique puis adhère à l’Axe le 23 novembre 1940.

Dans la soirée du 26 novembre 1940 des légionnaires de la Garde de Fer font irruption dans la prison de Jilava, extraient de leurs cellules soixante-quatre responsables de l’ancien régime (ministres et chefs militaires responsables de la répression contre le mouvement légionnaire) et les abattent sans jugement.

Cet événement va dégrader un peu plus l’image internationale de la Roumanie (déjà passablement entachée par la législation antisémite) et surtout marquer le début de la fin de la coopération entre Antonescu et la Garde du Fer, le premier estimant la seconde incontrôlable et la seconde estimant le premier bien trop mou.

Comment en est-on arrivé là ? A l’origine le futur Conducator voulait juger les responsables des actions légales et illégales contre le mouvement créé par Codreanu. Ces prisonniers étaient gardés par l’équivalent roumain de la S.S en armes (qui allait donner naissance à la Waffen S.S) ce qui était pour le moins ambigüe.

Alors que l’enquête se poursuit, le gouvernement prend la décision de transférer les prisonniers dans un nouvel établissement pour les interroger et si besoin est les inculper. Le préfet de police Stefan Zavoianu, membre de la garde de fer ne peut l’accepter, craignant que le maréchal ne fasse preuve de clémence.

Avertis de ce mouvement d’humeur et craignant pour la sécurité des prisonniers, les autorités roumaines décident de remplacer les légionnaires par des militaires pour assurer le transfert prévu le 27 novembre 1940.

Dans la soirée du 26, un escadron de la mort de vingt personnes pénètre dans la prison de Jilava et exécuta les prisonniers. D’autres assassinats sont menés dans la journée du 27 signe que la Garde de Fer se sent toute puissante.

Ce massacre, cet assassinat de masse à probablement été provoqué par la découverte du corps de Codreanu le 25 novembre 1940. Ce dernier sera réenterré dans le cadre d’une grande cérémonie qui se déroula dans une ambiance de délire mystique qui fit dire à certains roumains que les légionnaires n’étaient qu’un ramassis de fou-furieux bons pour l’asile.

Le massacre de Jilava ne resta pas sans conséquences judiciaires. Six personnes sont commandés à mort et fusillées, treize autres condamnées à mort par contumace.

La législation antisémite est encore renforcée avec l’expropriation des domaines fonciers, des domaines forestiers et de certaines entreprises.

Antonescu devient le chef d’honneur de la légion , Sima devient vice-Premier ministre, cinq «gardiens» deviennent ministres (Affaires Etrangères, Intérieur, Education et Cultes), des préfets issus de la Garde de Fer sont nommés dans les 45 judete. De nombreux secrétaires de ministère sont également issus du mouvement fondé par Codreanu.

Comme nous venons de le voir, les légionnaires trouvent Antonescu trop mou. Les frictions sont de plus en plus nombreuses, frictions qui ne peuvent qu’aboutir à une épreuve de force. Elle se produit en janvier 1941 avec une tentative de coup d’état doublé d’un terrifiant pogrom contre la communauté juive de Bucarest.

Le principal point d’achoppement concerne la question juive. Pas sur leur persécution Antonescu n’est pas philosémite mais sur l’utilisation des richesses spoliées sur la communauté juive qui cherche d’abord à acheter sa protection avant de se rendre compte que cela ne servait rien. On ne compte plus le nombre de juifs qui ruinés furent emprisonnés après avoir naïvement dans l’efficacité de la «protection».

A cela s’ajoute la question de l’accès des juifs aux emplois. La Garde de Fer veut virer tout de suite tous les juifs alors que pour Antonescu il faut le faire progressivement.

Durant les vingt jours séparant la rébellion, la propagande antisémite atteint des sommets inouis en terme d’exagération et de violence. Parallèlement les légionnaires comme Antonescu cherchent à apparaître comme le meilleur allié de l’Allemagne. Cette servilité est difficilement compréhensible car la paix règne en Europe et qu’il y à des incidents de frontière commis par les soviétiques, incidents que ne condamne pas les allemands.

Les allemands ne prennent pas vraiment partie du moins officiellement. Officieusement les allemands craignent l’indiscipline et le jusqu’au-boutisme des légionnaires qui pourrait déstabiliser un état capital pour l’économie allemande.

Le 19 janvier 1941 Antonescu supprime les commissaires de roumanisation, postes influents et bien payés tenus par les légionnaires. Il remercie les ministres et les responsables des actes de terreur commis en Roumanie. Des membres de la Garde de Fer convoqués à Bucarest sont emprisonnés sans ménagement.

Le 20 janvier 1941 des combats éclatent entre la police (essentiellement aux mains des légionnaires) et l’armée. Antonescu lance un appel au calme mais comme la presse est sous contrôle des légionnaires cet appel n’est pas relayé contrairement aux appels à lutter contre le règne des juifs et des francs-maçons.

Les légionnaires saccagent Bucarest mais l’armée et les civils restent fidèles à Antonescu. Pendant deux jours l’armée roumaine est sur la défensive avant de vigoureusement contre-attaquer les légionnaires.

Parallèlement à ce coup d’état, un pogrom frappe les quartiers juifs de Bucarest (Dudesti et Vacaresti). En fait il démarre quelques heures avant la rébellion légionnaire ce qui est signficatif.

Les magasins et les synagogues sont pillés et incendiés, de nombreux juifs sont arrêtés, torturés et assasinés. De nombreuses personnes y participe mais peu de militaires. On trouve des légionnaires, des civils, des criminels, des femmes et même des enfants. Une folie meurtrière semblait s’être emparée des habitants de Bucarest.

Parmi les centres de torture on trouve la préfecture de police, les bureaux de la compagnie «George Clime Engineering», le commissariat de police n°15, le siège de l’union des communautés juive, le Moulin Straulesti, la mairie de Jilava, le siège central de la Légion, le siège de la Légion, 1 rue Circulaire et le commissariat de police n°13.

Dans la forêt de Jilava, 90 juifs sont transférés, mitraillés avant d’être achevés d’une balle dans la tête. Le lendemain quelques légionnaires se rendent dans la forêt pour récupérer bijoux et vêtements, laissant les corps sans sépulture. Le 23 janvier 1941 quinze juifs sont massacrés à l’abattoir de Bucarest.

Le bilan de ce pogrom est lourd : 125 juifs de Bucarest ont été assassinés, 120 corps sont retrouvés et cinq jamais découverts. Le bilan final est incertain, il est possible que certaines victimes n’ont pas été recensées. 1274 ateliers, usines, magasins et appartements ont été saccagés et détruits. Peu de roumains ont eu le courage de s’opposer à ces exactions…… .

Tout comme un Adolphe Thiers au moment de la Commune, Antonescu laisse la situation pourrir avant de passer à la contre-attaque. L’armée est furieuse contre les légionnaires puisque des soldats ont été désarmés, dépouillés de leurs uniformes et pour certains brûlés vifs.

Les troupes de l’Armata Regala Romana placées sous le commandement du général Illie Steflea vont être sans pitié. Trente soldats sont tués et une centaine blessés alors que dans le camp opposé le nombre de mort oscille selon les sources entre 200 et 800 morts.

Environ 30000 légionnaires vont fuir en direction de l’Allemagne ou de l’Italie. 9000 d’entre-eux sont internés dans des camps de travail. Certains s’évaderont et rallieront l’Allemagne où beaucoup s’engageront dans la Waffen S.S. D’autres se réfugieront grâce à des complicités en Espagne et au Portugal. 1842 légionnaires sont jugés et condamnés à des peines allant de quelques mois de prison à la prison à vie. Les chefs de la Garde de Fer s’exilent en Allemagne, certains terminant dans la Waffen S.S.

C’est le coup de grâce de l’Etat National-Légionnaire qui est officiellement abolit le 14 février 1941. Le 22 février 1941, Antonescu devient président du conseil et guide (Conducator) du royaume de Roumanie, titre qui est modifié en mars 1949 au profit de guide et protecteur du royaume de Roumanie (protector și ghid) même si ce titre sera finalement peu utilisé.

Le régime adopte une politique étrangère très germanocentrée ce qui ne fait pas l’unanimité en Roumanie où on garde un très mauvais souvenir de l’occupation allemande du pays durant le premier conflit mondial.

En dépit du contrôle de la presse par les légionnaires nul n’ignore le tolé provoqué par le projet de stationnement de troupes allemandes dans le nord de la Roumanie.

Ce projet sera donc abandonné ce qui n’empêchera pas les allemands d’étudier minutieusement les ressources et les capacités de l’armée roumaine en vue de potentielles actions militaires communes.

On notera tout de même que la mission militaire allemande composée de 750 membres était l’un des plus nombreuses déployée par Berlin à l’étranger, signe de l’importance du pays.

Avec le temps les relations entre Antonescu et le roi Michel 1er se dégradent. Si le jeune roi à approuvé la répression contre la Garde de Fer, il apprécie de moins en moins d’être mis sur la touche surtout qu’il à pu se rendre compte qu’il était vraiment apprécié par l’opinion publique roumaine.

Une partie de la classe politique est plus monarchiste que fasciste (encore qu’Antonescu n’est pas un fasciste «chimiquement pur», la répression impitoyable de la garde de Fer l’ayant démontré) mais les quelques consultations visant à rétablir un régime démocratique en Roumanie se heurtent à des querelles de chapelle et surtout de personnes.

Le 14 mars 1947 le roi Michel 1er est assigné à résidence à Constansa et menacé d’exil. Des manifestations monstres sont durement réprimées par l’armée et des troupes paramilitaires fidèles au Conducator mais Antonescu comprend qu’il doit lâcher du lest.

Le roi est libéré le 4 octobre 1947 mais toujours sans pouvoir, l’entourage du maréchal (mais visiblement par le maréchal lui même) lui ayant fait comprendre que la prochaine fois il sera moins question de conciliation et davantage d’exil et de répression.

Quand le second conflit mondial éclate, Michel 1er devient commandant en chef des forces armées roumaines mais bien entendu c’est un poste purement symbolique, un os à ronger donné pour calmer les éléments monarchistes de l’armée. Il passe en revue des troupes à Bucarest, préside des défilés mais n’est pas associé à la politique diplomatico-miliitaire du ressort exclusif du Conducator.

Mitteleuropa Balkans (77) Roumanie (7)

Le Royaume de Roumanie (2) (1918-1954)

La Grande Roumanie et la guerre hungaro-roumaine

La Grande Roumanie

Carte de la Grande Roumanie

Dans l’immédiat après guerre, la Roumanie va réaliser le rêve d’un Etat regroupant tous les roumanophones. C’est la naissance de la Grande Roumanie. Cette Grande Roumanie va voir le jour en plusieurs étapes.

Le 28 novembre 1918 la Bucovine vote son rattachement à la Roumanie suivie le 1er décembre 1918 par les roumains de Transylvanie réunis à Alba Iulia. Si les saxons acceptent ce rattachement le 15 décembre, les hongrois eux confirment le 22 décembre leur attachement à la couronne de Hongrie.

A la conférence de paix de Paris la Roumanie reçoit la Transylvanie, une partie du Banat et d’autres territoires ayant appartenus à la Hongrie, la Bessarabie (partie de la Moldavie comprise entre le Prut et le Dniestr) et la Bucovine. La loi du 1er janvier 1920 ratifie ces différentes unions.

Le Traité de Trianon (1920) voit la Hongrie renoncer à la Transylvanie, le Traité de Saint-Germain-en-Laye (1919) confirme l’union de la Roumanie avec la Bucovine.

Le Traité de Paris (1920) reconnaît la domination roumaine sur la Bessarabie mais comme le Japon ne l’à pas ratifié il n’à aucune valeur.

Pour ne pas simplifier les choses les Etats-Unis ne reconnaissent pas le traité de Trianon et ont signé un traité de paix séparé avec la Hongrie le 29 août 1921. En 1923 il y eut quelques rectifications de frontière avec le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes.

C’est ainsi qu’entre 1914 et 1920 le Royaume de Roumanie à plus que doublé de superficie, passant de 120732 km² à 295049km².

Il doit désormais relever le défi d’être un état multinational avec de fortes minorités germanophones et magyarophones vis à vis duquel la politique va varier avec néanmoins une constance : une relative tolérance et non une roumanisation forcée comme les roumains de Transylvanie ont pu le subir à partir de 1867 et la fin de l’autonomie transylvaine.

La guerre hungaro-roumaine

L’armistice du 11 novembre 1918 marque la fin du premier conflit mondial mais pas des opérations. En effet les alliés s’inquiètent de la situation en Russie où les bolcheviks de Lenine et de Trotsky affrontent les armées blanches soutenus par les alliés.

On craint la contagion communiste à travers l’Europe. Pour des pays ravagés par les combats et la pauvreté, par la haine des profiteurs de guerre et par la volonté du «plus jamais ça» nul doute que les idées bolcheviques sont particulièrement attirantes.

Dans l’immédiat après guerre les troupes alliées et notamment françaises qui ont combattu sur le front macédonien restent déployées en Roumanie et dans les territoires ayant appartenu à feu l’empire austro-hongrois. Ils vont opérer contre les bolcheviques russes mais aussi contre leurs cousins hongrois qui établissent en Hongrie une république des conseils dont le leader est Béla Kun.

Béla Kun

Les roumains sont d’ailleurs intervenus en Bessarabie du 19 janvier au 5 mars 1918 dans le cadre de la guerre civile russe, intervention qui se termina par l’occupation de la Bessarabie par la Roumanie (sud et centre) et par l’Autriche-Hongrie (nord).

Seulement voilà les troupes françaises sont démoralisées et épuisées. Surtout ils se demandent pourquoi ils combattent encore alors que sur le front ouest les combats sont terminés. Des mouvements d’humeur et des mutineries éclatent ce qui entrainera le rapatriement de la flotte et du corps expéditionnaire en France et sa démobilisation.

C’est donc l’armée roumaine qui va assurer le gros du boulot. C’est le début de ce qu’on à appelé la guerre hungaro-roumaine.

Avant d’entrer dans le vif du sujet rappelons que le 16 novembre 1918 la Hongrie à proclamé la république, une république démocratique dirigée par Mihaly Karolyi.

Ce dernier est plein de bonne volonté mais il est pris entre le marteau allié qui fait preuve d’une intransigeance totale et l’enclume des extrémistes des deux bords qui sont dans une destructive surenchère.

Le 21 mars 1919 Bela Kun proclame la république des conseils. Le régime du comte Karolyi se maintient partiellement en Transylvanie où une administration mixte hungaro-roumaine se met en place sous l’égide de Gyula Peidl et du roi Ferdinand 1er de Roumanie.

La noblesse magyare propose la couronne de Hongrie au roi de Roumanie pour lier les deux pays dans une union personnelle mais ce projet ne pu aboutir. Ce projet entrainera une guerre hungaro-roumaine.

Les alliés tentent de négocier avec Bela Kun mais c’est un échec. La solution allait donc être militaire. Comme nous l’avons vu plus haut l’armée française ne peut intervenir et c’est finalement une armée franco-serbe dirigée par le général Franchet d’Esperey et une armée franco-roumaine (mais plus roumaine que franco) dirigée par Berthelot (Nda «Le gros Berthelot» comme dit Philippe Torreton dans ce splendide film qu’est Capitaine Conan) qui allaient intervenir.

Les 15 et 16 avril 1919 les hongrois lancent une attaque préventive contre les franco-roumains mais ces derniers contre-attaquent, brisant les lignes hongroises. Au début du mois de mai, les troupes d’Henri Berthelot occupent la rive est de la rivière Tisza selon le partage territorial prévu par la note Vix, note qui avait conduit à la démission de Karolyi.

Dès le 2 mai 1919 le gouvernement hongrois réclame la paix. Cela ne veut pas dire capitulation puisque le 20 mai l’armée rouge hongroise attaque et repousse les troupes tchécoslovaques et roumaines.

Le 30 mai 1919 un gouvernement anticommuniste est fondé à Szeged avec à sa tête Gyula Karolyi. En juin la conférence de paix de Paris ordonne de mettre un terme au conflit hungaro-tchèque.

Du 17 au 20 juillet 1919 les hongrois attaquent à nouveau l’armée roumaine. Cette fois cela se passe très mal pour les hongrois qui sont repoussés par les franco-roumains. Le 26 la rive est de la Tisza est à nouveau contrôlée et dans la nuit du 29 au 30 juillet la dite rivière est franchie pour permettre aux troupes alliées de mettre cap sur Budapest.

Le régime communiste hongrois se décompose. Le 1er août le gouvernement révolutionnaire démissione et Kun quitte la capitale sous la protection de la mission militaire italienne. Le 6 août la république des conseils à vécu et la république démocratique restaurée après une tentative de restauration des Habsbourgs.

L’armée franco-roumaine d’Henri Berthelot rentre le 6 août 1919 à Budapest et l’occupe jusqu’au 16 novembre quand Miklos Horthy, futur régent du royaume de Hongrie entre dans la capitale hongroise.

Le régent Horthy

La Roumanie en menant la guerre contre les communistes hongrois à sans nul doute marqué des points importants à la conférence de paix de Paris et pu ainsi obtenir la validation des rattachements des territoires peuplés de populations roumanophones.

La constitution de 1923

Le 29 mars 1923 est officiellement promulguée en Roumanie une nouvelle constitution. Appelée Constitution d’Union, elle va être en vigueur de 1923 à 1938. Elle à été abrogée par la Constitution du 27 février 1938.

Elle à pour but d’intégrer juridiquement parlant les nouveaux territoires acquis en 1918 et surtout remplacer le suffrage censitaire par le suffrage universel masculin.

Quatre projets de constitution sont présentés, un présenté par le Parti National Libéral écrit en partie par Ion I. C. Bratianu, un projet influencé par le Parti National Roumain écrit à Cluj par R. Boila, un par Constantin Stere représentant le point de vue du Parti des paysans et un quatrième par C. Berariu.

Tous sauf celui de Stere proposaient une chambre monocamérale, une représentation proportionnelle et une consultation populaire. En ce qui concerne l’organisation politique les trois projets étaient très inspirés de la Constitution en vigueur.

Un décret publié le 22 janvier 1922 prononce la dissolution du Parlement et convoque une Assemblée Constituante.

Quand les libéraux arrivent au pouvoir en 1922, ils proposent leur projet qui est adopté par la Chambre des Députés le 26 mars 1923 (247 voix contre 8, 2 abstentions) et par le Sénat le lendemain (137 voix contre 2, 2 abstentions). Sanctionné par le roi Ferdinand 1er le 28, elle est publiée le 29 mars 1923 par le Moniteur officiel de Roumanie.

Pour résumer c’est la constitution de 1866 révisée en 1879, en 1884 et 1917.

Ce texte est organisé en huit titres, le Titre 1 concerne le territoire roumain, le Titre 2 concerne les droits des roumains, le Titre 3 concerne les pouvoirs de l’Etat, le Titre 4 concerne les finances, le Titre 5 concerne les forces armées, le Titre 6 concerne les dispositions générales, le Titre 7 concerne les modalités de révision de la Constitution et le Titre 8 les dispositions transitoires et supplémentaires.

Le Titre premier (Titre 1) comprend les quatre premiers articles et concerne les limites du Royaume de Roumanie avec son organisation interne (départements ou judete eux mêmes divisés en communes).

Le Titre second (Titre II) concerne donc les droits des roumains comprennant les articles 5 à 32 avec la liberté de croyance et de conscience (articles 7 et 22), la non-reconnaissance des statuts et des privilèges et des titres de noblesse (article 10), la garantie des libertés individuelles (articles 11 et 12), la peine de mort est réservé au temps de guerre (article 16), la propriété privée est garantie (article 17), la liberté d’enseignement (article 24), la liberté d’expression (articles 25 et 26), la liberté de la correspondance (article 27), le droit d’association (article 29), le droit de pétition (article 30).

Le Titre Troisième (Titre III) concerne les pouvoirs de l’Etat. Il couvre les articles 33 à 108. Le pouvoir législatif est assuré par le roi et par la représentation nationale qui est assurée par le Sénat et l’Assemblée des Députés. Une loi doit être votée par les deux assemblées pour pouvoir être sanctionnée par le roi. Les trois branches du pouvoir législatif peuvent avoir l’initiative de la loi (articles 34 et 35).

Les membres du corps législatif sont élus pour quatre ans (article 62). L’assemblée des députés se compose (article 64) de députés par les citoyens roumains majeurs au suffrage universel égal, direct, obligatoire et secret, sur la base de la représentation des minorités.

L’élection des députés à lieu par circonscription électorale, chaque circonscription électorale ne peut être plus grande qu’un département (article 65).

Pour être élu il faut être citoyen roumain, jouir des droits civils et politiques, être âgé de 25 ans et être domicilié en Roumanie.

Le Sénat se compose de sénateurs élus et de sénateurs de droit (article 67). Tous les citoyens roumains âgés de 40 ans accomplis élisent par circonscriptions électorales qui ne peuvent être plus grandes qu’un département, au vote obligatoire, égal, direct et secret un certain nombre de sénateurs (article 68).

Les membres des conseils de département et des conseils municipaux urbains et ruraux réunis en un seul collège élisent au vote obligatoire égal, direct et secret un sénateur par département (article 69).

Les membres des chambres de commerce, d’industrie, de travail et d’agriculture réunis en collèges distincts élisent un sénateur de chaque catégorie pour chaque circonscription électorale. Ces circonscriptions électorales spéciales seront fixées par la loi électorale, leur nombre ne pouvant être supérieur à six (article 70).

Chaque université élit par le vote de ses professeurs un sénateur (article 71) et d’autres sont membres de droits (héritier du trôné âgé de 18 ans, les hauts-cadres des Eglises, le président de l’Académie roumaine). Ces personnes sont membres du Sénat tant qu’ils sont titulaires de la charge leur permettant d’accéder au Sénat (article 72 et 73).

Pour être éligible au Sénat, il fallait être citoyen roumain, jouir des droits civils et politiques, être âgé de 40 ans et être domicilié en Roumanie. Même chose pour les sénateurs de droit à l’exception de l’âge.

Un Conseil Législatif donne son avis sur les projets de lois proposés tant par le pouvoir exécutif que par le pouvoir législatif (article 76).

Le pouvoir exécutif est confié au roi (article 39) alors que le pouvoir judiciaire exercé par des organes propres, les arrêts étaient rendus en vertu de la loi et exécutés au nom du roi (article 40).

Le roi transmet à des descendants mâles et légitimes ses pouvoirs constitutionnels, les femmes et leur descendance étant exclues, les descendants devant être élevés dans la religion orthodoxe d’Orient (Article 77). En l’absence de descendance y compris par les branches collatérales, le roi pourrait choisir parmi les maisons royales d’Europe après assentiment de la représentation nationale. Durant la vacance du trône, une Lieutenance royale de trois personnes assumera la régence (Article 78 et 79). Les articles 80 à 87 précisent les pouvoirs du roi et leur évolution.

Selon l’article 88 le roi nomme et révoque ses ministres, sanctionne et promulgue les lois, peut refuser la sanction des lois, dispose du droit d’amnistie en matière politique, peut remettre ou réduire les peines en matière criminelle, peut suspendre les poursuites, nomme et confirme aux emplois publiques, chef de la force armée, distribue les décorations militaires et peut battre monnaie selon une loi spéciale et peut signer des traités avec les états étrangers. Selon l’article 89, la loi fixe la liste civile pour la durée de chaque règne.

Les ministres doivent être roumains par naissance ou naturalisation, aucun membre de la famille royale ne pouvant être ministre. Les ministres peuvent être mis en accusation par les deux assemblées, ministres jugés par la Haute-Cour de cassation et de justice.
Les tribunaux sont créés par la loi (article 101), il n’existe qu’une cour de cassation et de justice (article 102) et seule cette dernière peut juger de la constitutionnalité et de la inconstitutionnalité des lois (article 103). les juges sont inamovibles dans les conditions spéciales qur fixera la loi (article 104).

Le Titre Quatrième (Titre 4) concerne les finances du Royaume de Roumanie. Il précise les modalités de recueil de l’impôt et de son utilisation. Ce sont les articles 109 à 118 qui précisent également le vote et l’utilisation du budget.

Le Titre Cinquième (titre V) concerne la force armée et couvre les articles 119 à 123. Comme la majorité des pays à l’époque, l’armée roumaine est une armée de conscription ce qui impose par exemple un vote annuel pour le contingent appelé sous les drapeaux (article 121).

Le Titre Sixième (Titre VI) concerne les dispositions générales couvrant les articles 124 à 128. Cela concerne les couleurs du drapeau (article 124), la capitale Bucarest (article 125), la langue officielle le roumain (article 126), l’interdiction de tout serment (article 127) et sur l’impossibilité de suspendre la constitution (article 128 «La Constitution ne peut être suspendue, ni en totalité, ni en partie. En cas de danger pour l’État, l’état de siège, général ou partiel, peut être déclaré»).

Le Titre Septième (Titre 7 article 129 et 130) précise les modalités de révision de la Constitution et la Titre Huitième (Titre 8 article 131 à 138) concerne les dispositions transitoires et supplémentaires.

La période démocratique

De 1923 à 1938 la Roumanie va connaître une période de vraie démocratie. Alors que l’Europe de l’est est marquée par des régimes autoritaires d’essence souvent réactionnaire, Bucarest fait figure d’ilôt démocratique même si naturellement tout n’est pas parfait.

J’en veux pour preuve la révolte de Tartarbunary survenue du 15 au 18 septembre 1924. Il s’agit d’une révolte paysanne, d’une jacquerie mais fortement matinée d’idées bolcheviques.

Cette révolte éclate en Bessarabie, une région récemment rattachée à la Roumanie. Elle à été menée par un comité révolutionnaire pro-soviétique qui avait pour objectif de créer une république soviétique moldave et de mettre fin à ce qui était considéré comme une occupation roumaine.

Cette révolte éclate dans un contexte de relations extrêmement tendues entre la Roumanie et l’URSS. Des entrevues ont été organisées à Copenhague, à Varsovie, à Gênes et ailleurs mais aucun consensus ne put aboutir, les soviétiques considérant que la Bessarabie avait été annexée et que le vote d’union avec la Roumanie avait été biaisée par la présence de troupes roumaines.

En décembre 1923 la 6ème conférence de la Fédération Communiste Balkanique adopte une résolution condamnant l’expansionisme roumain. Il encourageait les habitants de Bessarabie, de Bucovine, de Dobroudja et de Transylvanie à «combattre pour leur auto-détermination».

Du 27 mars au 2 avril 1924 des négociations roumano-soviétiques ont lieu à Vienne pour tenter d’améliorer les relations bilatérales. Ce n’était pas facile car la Roumanie n’avait pas reconnu l’URSS et les deux pays n’entretenaient aucun relation diplomatique.

Dès le début les soviétiques réclament un plébiscite en Bessarabie mais Bucarest refuse estimant que ce plébiscite était une opération de relations publiques en faveur de l’URSS.

Le chef de la délégation roumaine fit remarquer qu’aucun plébiscite ne fût organisé dans ce qui était censé être le «paradis socialiste». Les roumains rompent les négociations le 2 avril et toutes les conditions sont réunies pour un mouvement armé d’ampleur contre Bucarest.

Ce mouvement doit entrainer une réaction vigoureuse de la Roumanie pour justifier l’intervention de l’Armée Rouge. D’autres révoltes doivent être organisées dans d’autres états de la région notamment les Etats Baltes alors indépendants. C’est à l’été que la décision est prise.

Le territoire roumain à été divisé en deux zones, une zone nord couvrant la Bucovine qui doit être la région où doit commencer la rébellion, les autres zones (Bessarabie, Dobroudja, Banat et Hongrie orientale, Manamures Hongrie orientale et Transylvanie) devant suivre dans la foulée.

Durant les négociations roumano-soviétiques à Vienne, des agents soviétiques s’infiltrent en Bessarabie du Sud avec des armes et des tracts de propagande.

Le premier incident à lieu à minuit le 11 septembre 1924 quand un groupe armé de trente hommes transporté par bateaux attaque le village de Nikolaievca près de la frontière soviéto-roumaine et sur le rivage de la mer Noire.

Ce détachement coupe les lignes de téléphone et de télégraphe, tue le maire et deux gendarmes, incendient plusieurs bâtiments dont la mairie, affichant des tracts pour pousser la population à la révolte. Une foire fût également attaquée mais l’intervention rapide des gendarmes limita les dégâts. Après cette attaque plusieurs leaders de l’opération furent arrêtés ce qui imposa aux conjurés de passer la vitesse supérieure.

Le 15 septembre 1924 au soir, une réunion à lieu à Tatarbunary. Tous les participants acceptèrent d’attaquer le soir même. La mairie est occupée et une république soviétique moldave est proclamé, république autonome intégrée à la république socialiste et soviétique d’Ukraine.

Cette attaque entraina la mort du secrétaire de mairie, le chef de la gendarmerie, deux soldats roumains et d’autres représentants de l’état roumain furent tués.

Dans la nuit deux autres groupes armés sont formés pour prendre le contrôle des villages voisins et augmenter la surface de la rébellion. Des institutions typiquement soviétiques sont mises sur pied comme des comités révolutionnaires, des unités de milices et de gardes rouges. Les rebelles étaient entre 4000 et 6000 mais la majorité étaient ukrainiens et russes avec fort peu de roumains.

Le lendemain le commandant de la gendarmerie de Bïlolïssa s’échappa à Sarata en compagnie de quatre volontaires allemands. Avec ce groupe roumain ils attaquèrent les rebelles communistes, le combat durant plusieurs heures aboutissant à la retraite des insurgés en direction de Tatarbunary.

Le gouvernement roumain réagit promptement en envoyant des unités d’artillerie au profit de son 3ème Corps d’Armée mais aussi des moyens navals. Les premières unités arrivent à Cetatea Alba dans la soirée du 16 septembre et engagea immédiatement les rebelles sur le pont reliant Tatarbunary et Bîlolîssia. L’un des leaders Ivan Bejanovici est mortellement blessé.

Les troupes roumaines continuent leur opération venant de l’ouest en direction de Strumok. Les combats sont violents mais les rebelles en fin de journée doivent battre en retraite en direction du sud à Nerushai.

Dans les premières heures du 18 septembre, les troupes roumaines bombardèrent Tatarbunary, le centre majeur de la rébellion. Nenin nouveau chef de la rébellion ordonna la retraite en direction de Desantne.

Les rebelles tentèrent de rallier la mer Noire à Volcioc près de Jibrieni mais ils furent interceptés par une patrouille de garde-frontières de vingt hommes. N’ayant plus de munitions ils furent obligés de se rendre à l’armée roumaine qui captura au total 120 hommes mais les

Les deux leaders se séparèrent, Iustin Batischcev abandonna Nenin en prenant tout l’argent restant mais fût capturé par l’armée. Il eut plus de chance que Nenin qui fût mortellement blessé par un gendarme alors qu’il tentait de gagner les rives de la mer Noire pour rallier l’URSS.

La révolte fût mâtée après trois jours de combats. 1600 personnes furent arrêtées et 3000 tués dont un certain nombre de leaders de la rébellion. Le 11 octobre 1924, 45 hommes armés tentèrent de libérer des rebelles armés près de Tuzly. Même chose six jours plus tard près de Tatarbunary.

Le procès eut lieu entre le 24 août et le 2 décembre 1925 à la cour militaire du 3ème Corps d’Armée. Sur les 1600 personnes arrêtés, 489 personnes dont seulement 9 roumains sont poursuivis d’où son nom de Procès des 500.

C’est un procès hors norme avec un dossier d’instruction de 70000 pages et un verdict nécessitant 180 pages ! Quand on ajoute au fait que la majorité ne parlait pas roumain ce qui imposait le recours à la traduction on comprend que ce procès à duré 103 jours.

Le verdict est rendu le 3 décembre 1925. Iustin Batischcev fût condamné aux travaux forcés à perpétuité (la peine la plus sévère en temps de paix), d’autres à des peines de 15 ans de travaux forcés, de 10, 5, 3, 2 ou un an de prison. A cela s’ajoute 1000 lei d’amende.

Ce procès fût naturellement très commenté dans le monde et l’image de la Roumanie en souffrit, la réponse militaire ayant été jugé disproportionée par rapport à la menace réelle. En clair la défaite militaire à été un succès de propagande pour l’idéologie soviétique.

Ceux qui avaient échappé à l’arrestation et qui s’étaient réfugiés en URSS furent victimes des Grandes Purges déclenchées à la fin des années trente.

Ils ne pouvaient de toute façon espérer aucune clémence des autorités roumaines qui par une loi du 17 décembre 1925 fit interdire le parti communiste roumaine, une interdiction qui n’allait être levé qu’en 1953 après le changement de camp de la Roumanie.

Sur le plan de la politique extérieure la Roumanie va s’inscrire dans une série d’accords que l’histoire à retenu sous le nom de Petite Entente.

Tout à commencé le 14 août 1920 quand la Tchécoslovaquie, la Roumanie et le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes Yougoslavie à partir de 1929 signent un accord d’assistance pour se prémunir de la menace hongroise, Budapest n’ayant jamais accepté le traité du Trianon signé le 4 mai 1920.

Cette alliance est renforcée par des accords bilatéraux entre la Roumanie et la Tchécoslovaquie (23 avril 1921), entre la Roumanie et le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes (7 juin 1921) et entre le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes et la Tchécoslovaquie (31 août 1921). La Petite Entente entend garantir, par la force si besoin, les traités de paix.

Cette alliance est cependant imparfaite et incomplète puisque ne prenant pas en compte les autres menaces que ce soit l’URSS (vis à vis de la Roumanie), l’Italie (vis à vis de la Yougoslavie) ou encore l’Allemagne et la Pologne (vis à vis de la Tchécoslovaquie).

Suite aux accords de Locarno, la France s’est portée garante des accords de la Petite Entente en signant des alliances militaires avec Prague (16 octobre 1925), avec Bucarest (10 juin 1926) et Belgrade (novembre 1926). Une façon de posséder une alliance de revers en cas de réémergence de la menace allemande.

Ce Petite Entente montre très vite ses limites d’autant que les différents pays se regardent parfois en chien de faïence. Nous sommes loin de la solidarité transnationale contre une menace d’un pays tiers vis à vis de l’un des signataires. Pour ne rien arranger, les renoncements français des années trente vident ces accords de leur substance.

Nul doute que si la guerre de Pologne était devenu un conflit mondial nul doute que cette région aurait durablement échappé aux alliés. Son arrêt brutal en décembre 1939 permet à Paris et à Londres de remettre l’ouvrage sur le métier.

Plus facile à dire qu’à faire puisque si la réputation dégringole par l’ascenseur, elle remonte par l’escalier. Il faudra du temps, de la patience, du doigté et un soupçon de chance pour rendre la région moins hostile aux alliés.

C’est ainsi que des accords formels de coopération et d’assistance militaires sont signés avec la Yougoslavie et la Grèce, le premier étant signé à Belgrade le 14 septembre 1945 et le second à Athènes le 8 octobre 1946. Des tentatives vis à vis de la Hongrie, de la Roumanie et de la Bulgarie se heurtent à une telle inertie qu’elle équivaut à une fin de non recevoir.

La Roumanie se rapproche également de la Pologne au travers d’une série de traités signés durant la période que l’histoire à retenu sous le nom de «Rethondes-Coblence».

Les différents traités de paix signés dans la foulée de la Conférence de paix de Paris ont permis la renaissance de la Pologne 123 ans après sa disparition et permis du côté Roumain la réalisation du vieux irrédentiste en regroupant dans un même état tous les roumanophones jadis dispersés entre la Roumanie, la Russie et l’Autriche-Hongrie.

Bucarest et Varsovie en donc tout intérêt à se rapprocher pour ne pas dilapider les fruits des traités en cas de retour au premier plan de pays vaincus comme l’Allemagne ou de pays mis au ban de la communauté internationale comme la Russie devenue l’URSS. La volonté d’imposer un «cordon sanitaire» contre le bolchevisme était également très présente chez les deux gouvernements.

Lors de la guerre polono-soviétique de 1919/20 les roumains ne s’engagèrent pas aux côtés des troupes polonaises mais acceptèrent que leur territoire serve de zone de transit pour l’armée de Varsovie qui se composait à l’époque d’un étonnant mélange de soldats, sous-officiers et officiers ayant combattu aux côtés des alliés (Armée Bleue), au sein de l’armée allemande, de l’armée austro-hongroise et même de l’armée russe.

Les roumains participèrent néanmoins à la guerre opposant les polonais à la république populaire d’Ukraine occidentale créé en Galicie à l’été 1919. En août 1919 les polonais proposèrent même un condominium polono-roumain sur l’Ukraine mais ce projet n’eut pas de suite en raison visiblement de réticences côté roumain.

Bucarest de son côté envisageait de nouer des relations diplomatiques avec la République Populaire d’Ukraine. En 1920 Pidulski l’homme fort de la Pologne proposa à nouveau un condominium sur l’Ukraine en précisant que la Roumanie pourrait administrer les rives de la mer Noire, Odessa et la Transnistrie. Là encore les roumains refusèrent de crainte d’être entrainés dans la guerre civile russe.

En dépit de ces refus roumains, les deux pays estimèrent qu’un accord était possible. C’est ainsi qu’une convention défensive est signée à Bucarest le 3 mars 1921. Valable cinq ans ce traité obligeait chaque signataire à porter assistance à l’autre en cas d’agression à sa frontière orientale ce qui faisait de ce traité une arme dirigée contre la Russie bolchévique future (1922) URSS, cette dernière venant de perdre la guerre contre la Pologne.

Les ratifications sont échangées à Bucarest le 25 juillet 1921 et le traité est enregistré dans les archives de la SDN le 24 octobre de la même année.

Si la Pologne et la Roumanie s’entendirent pour une convention défensive en revanche Bucarest échoua à convaincre Varsovie à rejoindre la Petite Entente en raison d’une série de contentieux frontaliers entre la Pologne et la Tchécoslovaquie. La Grèce également approchée refusa également.

Le traité de 1921 expirant le 3 mars 1926 les discussions pour le proroger sont lancées dès les premières semaines de l’année. Les négociations s’annoncent ardues car cette fois Varsovie veut une assistance roumaine contre l’URSS mais aussi contre l’Allemagne.

Le 26 mars 1926 la Roumanie et la Pologne signe un traité d’alliance qui élargit le champ d’application en automatisant l’assistance envers l’autre signataire et ce quelquesoit la frontière attaquée. Les ratifications sont échangées à Varsovie le 9 février 1927 et le traité est enregistré par la SDN le 7 mars suivant.

Le 15 janvier 1931 un traité de garantie est signée entre les deux pays. En octobre des rumeurs envoient même le prince Nicolas, fils de Ferdinand 1er et frère de Carol II, ancien régent de Roumanie pour son neveu Michel 1er comme nouveau roi de Pologne.

Alors que les nazis sont aux portes du pouvoir en Allemagne, la Pologne tente de sécuriser sa frontière orientale en signant un pacte de non-agression avec Moscou.

Ce traité est signé le 25 juillet 1932, les ratifications sont échangées le 23 décembre 1932, le traité est enregistré le 9 janvier 1933 par la SDN. Le 5 mars 1934 ce traité est prolongé sans modifications jusqu’au 31 décembre 1945 (sic).

Nul doute que la Roumanie aurait aimé faire pareil mais comme l’URSS ne reconnaissait la souveraineté roumaine sur la Bessarabie cela partait sur de mauvaises bases pour rester poli.

Toujours en 1932 les milieux autorisés bruissèrent de rumeurs qu’on envisageait une union personnelle de la Roumanie et de la Pologne avec un Carol II roi de Roumanie et roi de Pologne.

A partir du milieu des années trente les relations roumano-polonaises se rafraichissent puisque les intérêts des deux pays commencèrent à diverger. Bucarest signa ainsi le Pacte Balkanique (Nda voir plus loin) avec la Yougoslavie, la Turquie et la Grèce. De son côté la Pologne tenta de convaincre la Roumanie de retirer son soutien à la Tchécoslovaquie en échange d’un compromis avec la Hongrie.

En 1938 lors de la crise des Sudètes, le colonel Beck, ministre des affaires étrangères polonais proposa à la Roumanie de participer au dépeçage de la Tchécoslovaquie en soutenant l’annexion hongroise de la Ruthenie subcarpathique. Le MAE polonais espérait ainsi faire oublier à Budapest ses revendications sur la Transylvanie. Cette offre est refusée par Carol II.

Alors que de sombres nuages s’accumulent au dessus de l’Europe les deux pays décident de revenir à leurs bonnes relations des années vingt. Cette revivification des relations roumano-polonaises allait trouver son illustration dans le soutien discret mais capital de la Roumanie à la Pologne durant la guerre de trois mois (NdA l’expression «Three Month’s War guerre de trois mois est très utilisée dans les pays anglo-saxons de préférence à «Guerre de Pologne» jugée trop réductrice mais surement trop française).

Certes on ne vit pas des soldats roumains combattre bras dessus bras dessous avec leurs frères d’armes polonais (Varsovie déclina une offre roumaine car espérant une intervention franco-britannique musclée en se servant de la Roumanie comme tête de pont, on connait la suite) mais l’ouverture du territoire roumain permis à de nombreux soldats polonais à échapper à la captivité.

Ce séjour roumain fût bref puisque probablement pour éviter des complications, les troupes polonaises furent rapidement autorisées à rallier la France pour reprendre la lutte après un internement pour la forme.

Cette attitude explique probablement pourquoi malgré un rapprochement avec l’Allemagne les roumains furent obligés de dire adieu à la Grande Roumanie en cédant des territoires à la Hongrie à l’URSS et à la Bulgarie.

Cette politique ne faisait d’ailleurs pas l’unanimité en Roumanie puisque le 21 septembre 1939 le premier ministre pro-britannique Armand Calinescu fût assassiné à Bucarest par des hommes de la Garde de Fer soutenus par l’ambassade d’Allemagne ce qui entraina une crise diplomatique entre Berlin et Bucarest, les deux pays étant à deux doigts d’entrer en guerre.

Il semble que c’est l’attitude pusilanime de la France dans le conflit qui dissuada Bucarest de déclarer la guerre à l’Allemagne. L’ambassadeur fût rappelé en Allemagne et quelques lampistes furent sacrifiés

Suite à la fin de la guerre de Pologne, un gouvernement polonais en exil s’installa à Nantes mais il ne fût pas reconnu de jure par la Roumanie ce qui n’empêcha pas Bucarest de garder des canaux ouverts. On sait maintenant que des filières d’évasion existaient pour les polonais et que ces filières étaient connues des roumains en dépit de dénégations officielles.

Le Pacte ou Entente Balkanique était un traité signé par la Grèce, la Turquie, la Roumanie et la Yougoslavie le 9 février 1934 à Athènes pour maintenir le status quo dans une région qui méritait plus que jamais son surnom de «Poudrière des Balkans» tant les contentieux et les sources de conflit étaient nombreux.

Ce traité était également tourné contre une Bulgarie vaincue durant le premier conflit mondial et dont on redoutait un retour en force pour recréer une Grande Bulgarie qui avait brièvement existé après le traité de San Stefano en 1878 et que Sofia cherchait à recréer. Il s’agissait d’un véritable letmotiv de sa politique étrangère.

Ce pacte avait comme la Petite Entente de sérieuses limites, la principale étant le refus de l’Italie, de l’Albanie, de la Bulgarie, de la Hongrie et de l’URSS de signer ce texte. Le traité est enregistré par la Société des Nations (SDN) le 1er octobre 1934.

A peine quatre ans après la signature de ce pacte les signataires négocièrent le retour de la Bulgarie dans le concert des nations en signant l’Accord de Salonique. Cet accord signé dans la même ville que l’armistice qui sortit Sofia de la guerre annula les clauses des traités de Neuilly-sur-Seine et de Lausanne, traités qui sanctionnaient les défaites bulgares et ottomanes. Il permettait surtout à la Bulgarie de réarmer officiellement, chose qu’elle avait commencé clandestinement depuis longtemps.

Ce pacte littéralement vidé de sa substance par l’accord de Salonique devint une coquille vide. Il y eut bien quelques tentatives de le faire revivre mais sans succès.

Mitteleuropa Balkans (76) Roumanie (6)

La Roumanie dans le premier conflit mondial

Généralités

Carte représentant de l’offensive roumaine en Autriche-Hongrie

Comme nous venons de le voir la Roumanie décide en août 1914 de rester neutre plutôt que de s’engager dans un camp ou dans l’autre. Si plus haut j’ai dit qu’il s’agissait d’un compromis entre un roi pro-allemand et un gouvernement plus favorable à l’Entente j’ai comme souvent un poil simplifié. Je vais me permettre dans cette partie d’être plus factuel quitte à contredire la fin de la partie précédente.

Depuis 1883 un traité secret avait été signé entre la Triplice et la Roumanie mais uniquement en cas d’agression russe et non pour une guerre offensive contre un ennemi non-provoquant.

Cependant comme rien n’est jamais simple, quelques semaines avant l’attentat de Sarajevo, Carol 1er s’était rapproché de la France et de la Grande-Bretagne pour des raisons financières, l’argent des banques françaises et britanniques étant indispensable pour financer l’économie roumaine. De plus le roi de Roumanie à été heurté par la réaction de l’Autriche-Hongrie à la signature du traité de Bucarest qui mit fin à la deuxième guerre balkanique.

Le 14 juin 1914 Carol 1er reçoit le tsar de Russie Nicolas II. A l’été ce que les chancelleries pressentaient se produit : la Roumanie choisit la voie de la neutralité.

Le 10 octobre 1914 Carol 1er meurt. Il est remplacé par son neveu Ferdinand qui devient Ferdinand 1er de Roumanie. Ce dernier bien qu’étant également un prince allemand est marié à Marie d’Edimbourg, petite-fille de la reine Victoria et est connu pour être plus à l’écoute de l’opinion publique que son prédécesseur.

La Roumanie est en 1914 un état de 54000km² peuplé de 7.5 millions d’habitant. Son pétrole et ses ressources agricoles en font un partenaire de choix notamment pour les empires centraux qui sont peu à peu étranglés par le blocus allié. Son principal but de guerre est de récupérer la Transylvanie sous domination hongroise bien que la majorité de la population (54 à 57% des habitants) soit roumanophone.

Les alliés sont prêts à accueillir la Roumanie comme ils voudraient que la Bulgarie les rejoignent. Si Bucarest rejoint le camp de l’entente, la liaison Berlin-Constantinople pourra être coupée et l’Allemagne sera privée de précieuses ressources pour son économie. En ces temps de guerre totale ce n’est pas rien……. .

Les alliés promettent une aide financière (Grande-Bretagne), une mission militaire de conseil (France) et des munitions modernes (Russie NdA Quand on sait que les alliés furent obligés d’envoyer des munitions à l’armée russe pour lui permettre de tenir, cette promesse ne peut que nous laisser songeur).

Ce n’est finalement qu’en août 1916 que la Roumanie allait entre en guerre. Elle n’est clairement pas prête avec un manque d’armes, de munitions, d’entrainement, de formation des officiers. Son armée manque d’expérience faute d’avoir vraiment combattu durant la deuxième guerre balkanique. De toute façon même si cela avait été le cas, le temps aurait manqué pour corriger tous les problèmes qu’un tel conflit n’aurait pas manqué de révéler.

Après quelques succès, la contre-offensive des Empires Centraux va rejetter les roumains sur leurs positions de départ puis va les forcer à une retraite qui manque de tourner à la déroute. A la fin de 1916 les deux tiers du territoire dont la capitale Bucarest sont occupés.

Cette lourde défaite est suivit par un brutal sursaut qui fait l’admiration de l’opinion publique roumaine mais aussi de l’opinion publique internationale. En dépit d’offensives bien menées et d’une résistance acharnée aux empires centraux, l’effondrement de la Russie à l’automne va l’obliger à signer un armistice (Armistice de Focsani) le 9 décembre 1917 suivit du traité de Bucarest (7 mai 1918) qui met la Roumanie hors jeu pour quelques mois puisque le 10 novembre 1918 à la veille de l’Armistice de Rethondes, les troupes roumaines retournent au combat.

La Roumanie en guerre : gloire et désillusions

La Roumanie va engager en 1916 658088 hommes aux côtés de 30000 russes, 20000 serbes et les 1930 officiers et sous-officiers de la Mission Berthelot qui va jouer un rôle clé dans la réorganisation et la renaissance de l’armée roumaine. Nul doute que les succès de l’armée roumaine succès hélas très éphémères lui doivent beaucoup.

Une convention militaire est signée entre les alliés et la Roumanie le 13 août 1916 (en dépit des réserves du lieutenant colonel Thomson, attaché militaire britannique en Roumanie) suivit d’un traité le 17 août 1916.

La Roumanie doit déclarer la guerre à l’Autriche-Hongrie le 28 août 1916 mais l’ambassadeur de Roumanie à Vienne le transmet le 27. L’Allemagne déclare la guerre à la Roumanie le 28. La Bulgarie et l’empire ottoman suivent dans les jours qui viennent.

Uniformes de l’armée roumaine pendant le premier conflit mondial

L’armée roumaine aligne 650000 hommes en vingt-trois divisions mais cette armée est mal équipée et mal entrainée.

Depuis longtemps les allemands sont persuadés que la Roumanie va rejoindre l’Entente et à donc dressé des plans en conséquence.

Se pose alors la question des roumanophones de l’armée austro-hongroise. Au début du premier conflit mondial, ils sont loyaux mais peu à peu leur état d’esprit évolue surtout avec l’entrée en guerre de la Roumanie. Nombre d’entre-eux préfèrent courir le risque de la désertion plutôt que de tirer sur des roumains. 150000 roumanophones vont être tués sous l’uniforme de l’armée austro-hongroise.

En octobre 1918 des prisonniers roumains de l’armée austro-hongroise vont former en Italie une légion de volontaires qui va participer à la bataille de Vittorio Veneto puis après guerre à la guerre hungaro-roumaine.

Dans la nuit du 27 août 1916, trois armées roumaines (1ère Armée roumaine, 2ème Armée roumaine, Armée du Nord) attaquent en Transylvanie. Trois torpilleurs attaquent la flottille austro-hongroise du Danube dans le port bulgare de Ruse.

En face la 1ère armée austro-hongroise en infériorité numérique ne peut que mener des combats retardateurs en attendant l’arrivée des renforts envoyés par les allemands et les austro-hongrois.

Les villes de Brasov, de Fagoras et de Mercurea Cilic tombent rapidement, les faubourgs de Sibiu sont atteints. L’accueil des populations est enthousiastes, les autorités locales n’hésitent pas à aider les troupes roumaines en leur fournissant de la nourriture et surtout des guides.

Très vite donc les renforts ennemis arrivent alors que les alliés étaient persuadés qu’avec leurs offensives sur la Somme et en Galicie (offensive Brousilov) les empires centraux ne pouvaient envoyer des troupes sur un nouveau front.

Et ce ne sont pas de petits renforts puisque les allemands envoient huit divisions d’infanterie et ce qui est considéré comme l’élite de l’armée impériale, l’AlpenKorps, le Corps Alpin.

A la tête de ces renforts, le général Erich von Falkenhayn qui venait de démissioner de son poste de chef d’état-major impérial ce qui montre à qui en doutait que la situation sur ce front n’est pas négligée par les allemands puisqu’on y envoie un général de premier plan. A cela s’ajoute quatre divisions austro-hongroises. Voilà pourquoi l’offensive roumaine est stoppée à la mi-septembre.

Une autre offensive à été menée par les roumains avec l’unique 1ère DI. La rive occidentale de la rivière Cerna dans la région du Banat est conquise. Cette zone va rester sous contrôle roumain jusqu’à la mi-novembre.

Paradoxalement (ou pas), la première contre-offensive des Empires centraux sur le front roumain via du Groupe d’Armées von Mackensen qui après sa victoire sur les serbes s’est redéployé en partie en Dobroudja.

Ce groupe d’armées est composée de la 3ème Armée bulgare, d’une brigade allemande et de deux divisions du 6ème Corps d’Armée ottoman.

Cette force multinationale attaque dès le 1er septembre 1916, assiège la forteresse de Turtucaia qui tombe le 6. Au même moment la 3ème Armée bulgare appuyée par le 75ème régiment ottoman affronte et défait une force roumano-russe (pourtant deux fois supérieure) lors de la Bataille de Bazargic (5 au 7 septembre 1916).

La 3ème Armée roumaine échoue à repousser l’ennemi et pour ne rien arranger les alliés qui devaient attaquer en Macédoine ne l’ont pas fait et les troupes russes envoyées sur le front roumain ne sont pas les meilleures. Pour ne rien arranger les roumains doivent opérer sur deux fronts distincts de 1600km chacun !

Le 15 septembre 1916 le haut-commandement roumain tire les conclusions qui s’imposent : l’offensive en Transylvanie est stoppée. Désormais il ne s’agit plus d’envahir l’Autriche-Hongrie pour conquérir un territoire majoritairement roumanophone mais défendre le territoire national.

La menace principale c’est l’ArmeeGruppe von Mackensen et c’est pour cela que l’état-major roumain fixe son attention sur lui. Une ambitieuse contre-offensive baptisée Offensive Flamanda est ainsi imaginée.

Il prévoit de faire franchir le Danube à la 3ème Armée roumaine à Flamanda pour prendre à revers les forces ennemies. Au même moment les troupes roumano-russes doivent attaquer au sud vers Cabadin et Kurtbunar.

Cette offensive qui démarre le 29 septembre est marquée par le franchissement du Danube le 1er octobre et le gain d’une tête de pont appréciable de 14km de long sur 4 de large, une base d’exploitation pour de futures opérations. Hélas pour les roumains la détérioration de la situation sur le front transylvain impose l’annulation de l’offensive et le 3 octobre puis le retrait des troupes sur la rive opposée.

Tout n’est cependant pas noir pour les roumains qui remportent la Première Bataille de Cobabin (17-19 septembre 1916).Les troupes roumano-russes parviennent à stopper l’avance de la 3ème armée bulgare qui devra attendre la mi-octobre pour reprendre son avancée.

De son côté von Falkenhayn passe à l’attaque le 18 septembre 1916. La 1ère Armée roumaine est attaquée à Hateg, le 26 c’est la ville de Sibiu qui l’est à son tour. Le 29 le haut-commandement roumain ordonne la retraite à travers les passes de Vulcan et de Turnu Rossu dans les Carpathes.

Les roumains doivent mener de violents combats pour garder ces chemins de retraite ouverts, les chasseurs alpins bavarois attaquant le flanc du dispositif roumain à travers les montagnes.

Le 17 octobre 1916 la 2ème armée roumaine attaque les austro-hongrois à Brasov. Elle est repoussée et les troupes roumaines contre-attaquées doivent se replier. La 4ème armée roumaine ne tarde pas à l’imiter et le 25 octobre 1916 les troupes de Ferdinand 1er sont de retour sur leurs positions de départ.

Les roumains veulent tenir sur les monts des Carpathes à tout prix, une ligne de défense en montagne ayant plus de valeur à leurs yeux qu’une ligne de défense dans une plaine s’étendant à perte de vue. De violents combats ont lieu sur la rivière Jiu entre la 1ère armée roumaine et les forces des Empires Centraux. Lors de la bataille de Targiu Jiu une femme s’illustre. Lieutenant dans l’armée roumaine, Ecaterina Teodoroiu devient un heroïne nationale qui magnifie la résistance roumaine à l’attaque bulgaro-germano-austro-hongroise.

Face à cette nouvelle résistance, le dispositif ennemi est réoeganisé avec la création du Groupe d’Armées Kühne (QG à Petrosani). Ce groupe d’armées dirigé par le général Kühne comprend deux divisions d’infanterie bavaroises (11 et 301ème), la 41ème division d’infanterie prussienne, la 109ème DI mais aussi le 58ème Corps de Cavalerie (6ème et 7ème DC). A cela s’ajoute en réserve la 115ème division d’infanterie et deux brigades cyclistes. Cela représente 80000 hommes et 30000 chevaux.

Les allemands repassent à l’attaque le 1er novembre 1916 et devant cette nouvelle poussée les troupes de Bucarest n’ont d’autre choix que de battre en retraite.

Le 21 novembre 1916 la cavalerie allemande est à Craïova ce qui oblige les roumains à se replier vers la rivière Olt, la cavalerie jouant son rôle traditionnel en flanquant la progression ennemie et surtout en retardant sa progression pour éviter que la retraite de l’infanterie ne tourne à la déroute. Des contre-attaques sont menées comme celles provoquant la Bataille de Robanesti le 23 novembre 1916. Tel les cuirassés de Ney à Eylau ou la brigade légère à Baklhava les cavaliers roumains chargent et se font anéantir par les allemands.

Entre-temps le 19 octobre 1916 le Groupe d’Armées von Mackensen est repassé à l’offensive. Lors de la Deuxième Bataille de Cobabin (19-25 octobre 1916) la voie de chemin de fer Constanza-Cernavoda est coupée, le port de Constansa étant occupé le 22 octobre 1916.

Pour ne rien arranger les troupes russes sont seules pour défendre la Dobroudja, troupes comme nous l’avons vu de piètre qualité qui plus est démoralisées et mal ravitaillées par une Russie à bout de force.

Le 10 novembre 1916 à lieu la Bataille de la passe Vulcan qui oblige les roumains à se replier dans la pleine et ce le 26 novembre. Le mauvais temps (froid, neige) complique sérieusement les opérations.

Le 23 novembre 1916 les troupes de l’ArmeeGruppe von Mackensen franchissent le Danube à deux endroits différents près de Svishtov. Les roumains surpris n’opposent qu’une faible résistance ce qui est d’autant plus dramatique que cela ouvre aux troupes des empires centraux la route de Bucarest et la possibilité de couper l’armée roumaine en deux.

Les roumains tentent de contre-attaquer mais les plans dressés ne peuvent être exécutés en temps voulu.

Le 1er décembre 1916 les roumains attaquent le long des rivières Arges et Neaplav. Après quelques succès initiaux, les roumains se heurtent à une farouche résistance ennemie. Au bout de trois jours de combat tout est terminé et le 6 décembre 1916 Bucarest est prise par les troupes de la Triplice.

La 2ème Armée roumaine retraite sur la rivière Siret où se trouvaient des fortifications tournées vers la Russie (NdA Quand ça veut pas……).

Du 22 au 26 décembre 1916 à lieu la Bataille de Rammicu-Sarat, une nouvelle défaite roumaine, la ville étant prise le 27, les russes envoient des renforts en Moldavie pour éviter l’invasion de la Russie.

Les roumano-russes encore présents en Dobroudja abandonnent Macu le 4 janvier puis Braila le lendemain. A la fin du mois, le gel permet aux bulgares d’entrer dans le Delta du Danube. Ils sont stoppés à Tulca. La marine roumaine apporte un précieux soutien pour empêcher les troupes des Empires Centraux d’avancer. Le Delta va rester roumain jusqu’à la fin du conflit.

Le 8 janvier 1917 la ville de Focsari tombe mais le 19 les troupes de la Triplice échouent à franchit la Siret.

Le front roumain se stabilise ce qui va permettre à l’armée roumaine de se réorganiser et de se reconstituer. Le gouvernement et le roi se sont réfugiés à Iasi.

Le tiers du territoire national encore sous contrôle roumain est placé en économie de guerre. Toutes les ressources sont orientés vers la reconstitution d’une armée digne de ce nom. Un gouvernement d’union nationale est mis sur pied le 24 décembre 1916.

L’armée est réentrainée et rééquipée par les alliés, la France envoyant une mission militaire dirigée par le général Berthelot (NdA que l’on peut voir dans le merveilleux film Capitain Conan sous les traits du regretté Claude Rich).

Le premier semestre 1917 le front roumain est calme. Les deux belligérants ont besoin de trouver leur deuxième souffle en vue de futures opérations. En juin l’armée roumaine aligne 700000 hommes répartis en 207 bataillons d’infanterie, 60 bataillons de marche, 110 escadrons de cavalerie, 245 batteries d’artillerie, le tout répartis en deux armées et cinq corps d’armées.

Le haut-commandement prévoit d’attaquer dans le secteur de Focsani-Namooloasa pour détruire les forces ennemies et soutenir l’Offensive Kerensky.

Au début du mois de juillet 1917 le front roumain est le théâtre d’une formidable concentration de forces avec neuf armées, 80 divisions d’infanterie avec 974 bataillons, 19 divisions de cavalerie avec 550 escadrons et 923 batteries d’artillerie soit un total de 800 000 à 1 million d’hommes.

Du 22 juillet au 1er août 1917 à lieu la bataille de Marasti, une bataille opposant la 2ème armée roumaine et la 4ème armée russe contre le Groupe Gerok composé de deux divisions de cavalerie, trois divisions d’infanterie, une brigade de montagne et une brigade de cavalerie.

Les roumano-russes attaquent par surprise ce qui oblige les austro-allemands à se replier. Tout aurait pu aller pour le mieux pour les roumains si l’offensive Kerensky avait réussie mais hélas pour Bucarest c’est un cuisant échec. Un saillant de 35km de long et de 20km de profondeur se forme entre la 1ère armée austro-hongroise et la 9ème armée allemande.

Le 6 août c’est la contre-offensive des troupes de la Triplice (bataille de Marasesti) qui voient les adversaires se livrer à de rudes combats et ce jusqu’au 3 septembre 1917.

Du 6 au 12 août la 1ère armée roumaine et les russes stoppent l’avancée allemande obligeant ses derniers à réorienter l’axe de leur offensive. Du 13 au 19 août, les roumains tiennent seuls le front, ayant totalement relevé les russes. Du 20 août au 3 septembre, les allemands tentent d’obtenir une meilleure position pour une nouvelle offensive mais les romains s’accrochent.

Au même moment à lieu la Bataille d’Oituz. Les roumains en infériorité numérique se contentent de contenir, de jalonner l’offensive ennemie. On peut considérer cette bataille comme une victoire tactique des roumains.

En cette fin de 1917 la situation roumaine est aggravée par l’effondrement russe suite à la Révolution d’Octobre et le début de la guerre civile.

Les roumains à bout de force n’ont d’autre choix que de négocier un armistice. Le 9 décembre 1917 est signé l’Armistice de Focsani. Cette armistice fait suite à deux accords de cessez-le-feu signé entre la Russie et les empires centraux les 4 et 5 décembre et précéde un véritable armistice entre la Russie et la Triplice, armistice signé le 15 décembre.

A cet armistice va succéder un traité de paix, le Traité de Bucarest signé le 7 mai 1918. Il fait suite à l’armistice de Focsani et la paix de Brest-Litovsk qui laissait la Roumanie seule face à la puissance cumulée des empires centraux.

Le 27 février 1918 les Empires centraux envoient un ultimatum au gouvernement roumain. Le roi Ferdinand 1er réunit un conseil royal le 2 mars à Iasi, la capitale en exil de la Roumanie depuis l’occupation de Bucarest.

Après des discussions après qui durèrent trois jours (au cours desquels la reine Marie et le général Prezan manifestèrent leur opposition à la paix), le Conseil Royal décida d’accepter l’ultimatum et d’envoyer à Buftea des émissaires pour négocier un traité de paix même si en position de faiblesse, la Roumanie pouvait difficilement peser sur les négociations. Tout dépendait de la volonté de la Triplice……. .

La Roumanie du traité de Bucarest

Le traité de paix préliminaire est acté le 5 mars 1918, traité qui voyait des rectifications de frontière en faveur de l’Autriche-Hongrie, la cession de la Dobroudja, la démobilisation de huit divisions, l’évacuation des territoires austro-hongrois encore occupés et l’ouverture des territoires encore sous contrôle roumain pour envoyer des troupes à Odessa.

Le traité définitif est signé au palais Cotroceni le 7 mai 1918, ratifié par la chambre des Députés le 28 juin 1918 et par le Sénat le 4 juillet. En revanche le roi Ferdinand 1er de Roumanie à refusé de le promulguer.

Selon le traité de Bucarest les hostilités cessent immédiatement entre la Roumanie et les Empires Centraux, les relations diplomatiques et consulaires sont rétablies et l’armée roumaine démobilisée.

Plus précisément sur les quinze divisions d’infanterie qu’elle possédait, cinq sont démobilisées (celles numérotées 11 à 15). Sur les dix restantes, les deux divisions déployées en Bessarabie sont autorisées à rester à leur effectif de guerre tout comme les deux divisions de cavalerie le temps que les empires centraux éliminent tout danger militaire sur la frontière orientale de la Roumanie.

Les huit autres divisions doivent adopter leur format du temps de paix à savoir quatre régiments d’infanterie à trois bataillons, deux régiments de cavalerie à deux escadrons, deux régiments d’artillerie de sept batteries chacun, un bataillon de pionniers et le socle logistique nécessaire à son fonctionnement.

L’armement en surplus doit être transféré au haut-commandement des empires centraux mais devra être gardé par des roumains. Les troupes démobilisées doivent rester en Moldavie jusqu’à l’évacuation des territoires roumaines occupés par la Triplice. Un officier de liaison sera détaché auprès de l’état-major de l’autre camp.

La Roumanie rétrocède la Dobroudja du Sud et cède une partie de la Dobroudja du Nord à la Bulgarie, le reste de la province (au sud de la ligne de chemin de fer Cernavodă-Constanța jusqu’au Danube et la partie roumaine du Delta) doit être cédées aux Empires centraux. Aucune indemnité de guerre n’est prévu à l’exception du dédomagement des dommages de guerre.

Les champs pétrolifères roumains sont cédés à l’Allemagne pour 90 ans soit jusqu’en 2008 (sic), l’union de la Bessarabie avec la Roumanie est reconnue et les frais des troupes d’occupation à la charge des roumains qui doivent également céder leurs surplus agricoles. Les voies de chemin de fer, les lignes télégraphiques et le réseau postal sont sous contrôle de l’Allemagne et de l’Autriche-Hongrie, Berlin plaçant des hommes dans les ministères avec droit de véto.

A l’automne 1918 la Bulgarie obtient de contrôler la totalité de la Dobroudja y compris la partie jadis administrée par les empires centraux (24 septembre 1918). Elle doit cependant céder la rive gauche de la rivière Maritsa à l’empire ottoman. Par cet accord la Triplice espère conserver la Bulgarie de son côté mais cela ne sera pas le cas, un armistice est signé le 29 septembre 1918.

En octobre 1918 le traité est dénoncé par le gouvernement Marghiloman et la Roumanie rentre en guerre un certain 10 novembre 1918.

Cette deuxième campagne roumaine du premier conflit mondial voit l’armée roumaine occuper la Bucovine austro-hongroise, la capitale du duché Czernowitz étant occupée le jour où entre en vigueur l’armistice de Rethondes (qui annule les dispositions du traité de Bucarest, cette annulation sera confirmée dans les différents traités de paix signés suite à la conférence de paix de Paris. )

Toujours le 11 novembre, trois heures avant l’entrée en vigueur de l’armistice, le monitor roumain Mihal Kogălniceanu accompagné par le torpilleur fluvial Trotusul occupe le port de Braila suite au retrait allemand la ville, retrait qui permet aux roumains de capturer 77 navires abandonnés par leurs anciens propriétaires. On trouve pêle-mêle des barges, des pétroliers, des remorqueurs, des grues flottantes, des vedettes à moteur mais j’ignore si les roumains en ont fait quelque chose.

La Roumanie termine le premier conflit mondial exsangue. Les pertes ont été particulièrement lourdes avec 535700 militaires hors de combat (des «pertes» qui se répartissent entre 335706 morts, 120000 blessés et 80000 prisonniers). A cela s’ajoute 300 à 400000 civils victimes des conséquences du conflit.

Mitteleuropa Balkans (75) Roumanie (5)

La Constitution de 1866

Généralités

Le 13 juillet 1866 une assemblée constituante adopte une nouvelle constitution. Inspirée de la constitution belge (considérée comme la plus libérale d’Europe) elle à été néanmoins substantiellement modifiée par Carol 1er mais aussi en 1879 quand sous la pression des puissances occidentales, l’article 7 est modifié même si les non-orthodoxes restent des citoyens de seconde zone.

En 1884 le nombre de collèges électoraux est réduit à trois et en 1917 le système basé sur les collèges électoraux est aboli, le droit de propriété est affaibli pour permettre la mise en place d’une réforme agraire. En 1923 une nouvelle Constitution sera adoptée.

La constitution installe une monarchie constitutionnelle. Elle impose le principe de la séparation des pouvoirs et de la souveraineté nationale. Le pouvoir législatif est exercé par la Prince et le Parlement (composé de la Chambre des Députés et du Sénat) alors que le pouvoir exécutif est exercé par le Prince et par ses ministres.

Le Prince légue ses pouvoirs constitutionnelles à ses descendants mâmes par ordre de primogéniture et à l’exclusion perpétuelle des femmes et de leur descendance. Sa personne est inviolable mais ses actes doivent être contresignés par un ministre.

Le Prince est le chef de l’armée, il nomme et révoque les ministres, sanctionne et promulgue les lois, nomme ou confirme dans toutes les fonctions publiques, il conclut avec les Etats étrangers les conventions de commerce et de navigation, il à le droit d’amnistie, de conférer les grades militaires et le droit de battre monnaie. De plus il ouvre et clôt les sessions du Parlement qu’il peut convoquer d’urgence ou dissoudre.

De nombreux droits et de nombreuses libertés sont reconnues, la peine de mort est abolie en temps de paix et la propriété privée est considérée comme sacrée et inviolable.

L’Église orthodoxe roumaine reçoit un statut supérieur (« la religion dominante de l’État roumain ») , tandis que l’article 7 interdit aux non-chrétiens d’obtenir la nationalité roumaine (ce qui affectait surtout les Juifs).

La Constitution de 1866 : éléments à retenir

Comme toutes les constitutions de l’époque c’est un texte très long avec 132 articles répartis en huit titres (Titre premier. Du territoire de la Roumanie, Titre II. – Des droits des Roumains, Titre III. – Des pouvoirs de l’État, Titre IV. – Des finances, Titre V. – De la force armée, Titre VI. – Dispositions générales, Titre VII. – De la révision de la Constitution et Titre VIII. – Dispositions transitoires et supplémentaires).

Le premier titre comprend quatre articles et concerne les frontières ainsi que l’organisation administrative du pays. Chaque modification doit passer par la loi.

Le deuxième titre va des articles cinq à trente et concernent les droits et les devoirs des roumains qui bénéficient sur le papier de nombreuses libertés. Je dis bien sur le papier car en pratique ce sera très différent. L’article 12 ne reconnaît aucun titre ni privilège nobiliaire alors que l’article 13 garantie la liberté individuelle de chacun.

L’article 18 prévoit que la peine de mort ne sera applicable qu’en temps de guerre alors que l’article 19 reconnaît le droit de propriété et que l’article 21 reconnaît la liberté de conscience et la liberté de culte tout en admettant que «La religion orthodoxe d’Orient est la religion dominante de l’État roumain». L’article 24 reconnaît la liberté de la presse et l’article n°25 la liberté de réunion.

Le titre III va des articles 31 à 107 et concerne l’organisation des pouvoirs de l’Etat. Ces articles organisent le pouvoir législatif, le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire.

Les députés au nombre de 58 sont élus au suffrage censitaire dans chaque département, le dit électorat étant divisé en quatre collèges (article 58 à 63) avec le premier collège (individus ayant un revenu foncier de 300 ducats minimum), un deuxième collège (100 à 300 ducats), un troisième collège (commerçants et industriels qui payent une contribution de 80 piastres, certaines catégories étant exemptés comme les professions libérales, les officiers en retraite, les professeurs et les pensionnaires de l’état) et le quatrième collège (les autres contributeurs de l’état).

Pour être éligible (article 66) il faut être roumain de naissance ou avoir reçu la grande naturalisation, jouir des droits civils et politiques, être âgé de 25 ans et être domicilié en Roumanie. Les députés selon l’article 67 sont élus pour quatre ans.

Les membres du Sénat sont élus pour huit ans (renouvelé par moitié tous les quatre ans) à raison de deux par département auxquels il faut ajouter un sénateur choisit par les professeurs de l’université de Jassy et un sénateur choisit parmi les professeurs de l’université de Bucarest. Pour être élu sénateur il faut avoir au moins 40 ans et avoir un revenu minimal de 800 ducats. L’article 75 prévoir les personnes dispensées du paiement de ce cens, essentiellement des élus et les militaires. Le prince héritier est membre de droit à 18 ans (mais ne peut voter qu’à 25 ans) ainsi que les métropolitains et les évêques diocésains.

Carol 1er de Roumanie, prince de Roumanie de 1866 à 1881 puis roi de Roumanie de 1881 à 1914

Le Prince de Roumanie doit être issue de la descendance directe et légitime de Charles 1er de mâle en mâle. Ses héritiers sont relevés dans la religion orthodoxe. En cas de vacance du trône, les deux assemblées se réunissent dans les huit jours et élisent un prince dans une des dynasties souveraines d’Europe occidentale.

Il exerce le pouvoir exécutif, les ministres sont responsables devant lui et tous les actes du Prince doivent être contresignés par un ministre. Il sanctionne et promulgue la loi, dispose du droit d’amnistie et du droit de grâce. Il est chef des armées et signé des traités avec les pays étrangers.

Le titre IV qui concerne les finances couvre les articles 108 à 117 et précise la percetion de l’impôt et le vote du budget.

Le Titre V (article 118 à 123) concerne les forces armées avec notamment la question de la conscription. Le Titre VI concerne les dispositions générales (drapeaux, capitale….) et couvre les articles 124 à 128. Le titre VII concerne le mécanisme de révision de la constitution (article 129) alors que le titre VIII couvre des dispositions transitoires et supplémentaires (article 130 à 132).

Le Royaume de Roumanie (1) (1881-1918)

Les rois de Roumanie

Carol 1er

Statue de Carol 1er en plein centre de Bucarest

Carol 1er de Roumanie est donc le premier roi de Roumanie. Né le 20 avril 1839 à Sigmaringen sous le nom de Karl Eitel Friedrich Zephyrinus Ludwig von Hohenzollern-Sigmaringen, il est le fils de Karl Anton vont Hohenzollern-Sigmaringen et de Josephine de Bade. Petit-fils d’Antoinette Murat par son père, il descendait du grand maréchal de Napoléon puisqu’Antoinette était la nièce de feu Joachim 1er de Naples.

Il entre à l’Ecole de Cadet de Munster puis en 1857 assiste aux cours de l’école d’artillerie de Berlin. Jusqu’à son élection comme domnitor, il est officier dans un régiment de dragons, participant à la deuxième guerre des duchés contre le Danemark et aux côtés de l’Autriche.

Marié à Elisabeth de Wied à partir de 1869, il n’aura qu’une fille, Marie de Roumanie (1870-1874) ce qui explique que son successeur fût son neveu Ferdinand après les renoncements successifs de son père et de son frère ainé.

Le 20 avril 1866 il est élu prince-souverain (domnitor) des principautés unies de Roumanie après la destination d’Alexandre Jean 1er Cuza. Après quinze ans comme prince-souverain, il est proclamé roi de Roumanie le 26 mars 1881, premier roi de la maison de Hohenzollern-Sigmaringen.

Sous son règne la Roumanie profite de la guerre russo-ottomane (au cours de laquelle il commande lui même son armée) pour devenir indépendante (1877) puis devient un royaume en 1881. Sur le plan politique, un bipartisme libéraux contre conservateurs se met en place mais la différence ne saute pas forcément aux yeux puisqu’ils sont tous issus de la classe des grands propriétaires terriens. En 1888 et 1907 deux jacqueries secouent la Roumanie signe que le problème de la terre reste lancinant dans ce jeune pays.

Quand éclate le premier conflit mondial, Carol 1er veut engager la Roumanie du côté des Empires centraux et ainsi respecter l’alliance conclue avec l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie en 1883. Oui mais voilà l’opinion publique roumaine est plutôt favorable à l’Entente.

Il finit par choisir la neutralité en raison notamment de l’hostilité viscérale des roumains vis à vis de l’Autriche-Hongrie, la Double-Monarchie contrôlant la Transylvanie où vit une importante minorité roumaine, minorité sans réels droits politiques et soumis à une politique de magyarisation.

Selon certains c’est ce dilemme qui provoqua sa mort le 10 octobre 1914 à l’âge de 75 ans (soit un âge avancé pour l’époque). Son neveu Ferdinand marié à Marie d’Edimbourg lui succède sur le trône de Roumanie.

Ferdinand 1er

Ferdinand 1er

Ferdinand 1er (Sigmaringen 24 août 1865 Sinaia 20 juillet 1927) est le deuxième roi de Roumanie, régnant de 1914 à 1927.

Fils de Léopold (1835-1905), prince de Hohenzollern-Sigmaringen et d’Antonia du Portugal (1845-1913), il est le neveu de Carol 1er et son successeur désigné depuis 1886 en raison du fait que son oncle n’à aucun héritier, son seul enfant Marie de Roumanie étant morte à l’âge de quatre ans.

Le 10 janvier 1893 il épouse Marie d’Edimbourg (1875-1938), fille d’Alfred de Saxe-Cobourg et Gotha, duc d’Edimbourg et de la grande-duchesse Maria-Alexandrovna de Russie. De cette union naissent six enfants, le futur Carol II (1893-1953) roi de Roumanie de 1930 à 1940, Elisabeth (1894-1956), Marie (1900-1961), Nicolas (1903-1978), Ileana (1909-1991) et Mircea (1913-1916).

Agé de 48 ans à son événement, il est moins germanophile que son oncle mais nul doute que l’entrée en guerre de la Roumanie contre son pays natal en 1916 à du être une sorte de cas de conscience. Il semble que le gouvernement de Bratianu l’à poussé à la guerre aux côtés de l’Entente.

Il voit donc son pays d’adoption subir une terrible défaite qu’il encaissera avec dévouement devenant aux yeux des roumains «Ferdinand le loyal».

Néanmoins en 1918 il aurait été proche d’accepter la couronne de Hongrie offerte par la noblesse hongroise dans le candide espoir d’éviter le démantèlement de la Hongrie tel qu’il sera mené par les alliés au traité de Trianon (probablement le traité de paix le plus dur).

Au final ce projet ne vit pas le jour mais les territoires roumanophones de la Hongrie furent rattachés à la Roumanie, donnant naissance à la Grande Roumanie qui allait être démantelé durant la Pax Armada au profit de l’URSS, de la Hongrie et de la Bulgarie.

Mort en 1927, son petit fils Mihail lui succède suite à la renonciation de Carol, son fils ainé connu pour sa vie dissolue qui faisait scandale auprès des roumains.

Carol II

Carol II

Carol II (Sinaia 15 octobre 1893 Estoril 4 avril 1953) est le troisième roi de Roumanie. Fils de Ferdinand 1er et de Marie d’Edimbourg. Il succède et est précédé par son fils Michel 1er pour des raisons que nous allons expliciter par la suite. Il règne du 8 juin 1930 au 6 septembre 1940 soit 10 ans, deux mois et vingt-neuf jours.

Premier roi de Roumanie né au pays (un peu comme George III pour la dynastie hanovrienne), il reçoit cependant une éducation internationale ce qui lui voudra la haine des légionnaires de la Garde de Fer qui le considérait comme un «cosmopolite». Un signe qui ne trompe pas, bien qu’appartenant à une dynastie germanophone, il s’exprimait davantage en anglais et en français.

Alors qu’il était prince héritier, il mena une vie dissolie, la vie d’un jet-setteur. Contre l’avis de son père, il épouse une roturière Iona Valentino le 31 août 1918 mais ce mariage qui donna naissance à un enfant prénomé Mircea (né en 1920) fût annulé en 1919.

Le 10 mars 1921 il épouse Hélène de Grèce, fille du roi Constantin 1er. C’est un mariage guidé par la raison d’état ce qui explique que le futur roi de Roumanie noue une liaison avec Elena Lupescu, une roumaine de confession juive ce qui ne peut qu’aggraver son cas aux yeux de la très antisémite Garde de Fer.

Après une série de scandales, le roi Ferdinand 1er pousse le prince Carol à renoncer à ses droits au trône au profit de son fils Michel né le 25 octobre 1921. Cela va aboutir à une situation toujours périlleuse de remplacer un héritier dans la force de l’âge (32 ans) au profit d’un enfant âgé de 4 ans («Malheur au royaume dont le prince est un enfant»).

La Roumanie étant une monarchie parlementaire, cette demande de Ferdinand 1er est acceptée par le parti libéral, acceptation d’autant plus facile que le prince héritier est vu comme très proche du parti paysan, son grand adversaire. L’ex-prince héritier s’installe à Monaco où il continue une vie dissolue et guère compatible avec l’image d’un futur monarque.

Ferdinand 1er meurt en 1927. Michel 1er n’étant âgé que de six ans, une régence s’installe, une période toujours délicate pour un royaume.

En juin 1930 Carol obtient du Parti paysan au pouvoir l’abrogation de renonciation au trône et son avénement au trône sous le nom de Carol II.

Pour faire face aux problèmes du moment (monté des extrémismes, crise économique) il estime la démocratie parlementaire inadaptée et cherche à mettre sur pied un régime autoritaire comparable à ses homologues yougoslaves (Alexandre 1er) et bulgares (Boris III). Il se heurte à la classe politique, à l’Eglise (qui lui reproche son style de vie) et à la Garde de Fer pour qui il n’est qu’un «parasite étranger de la nation roumaine».

En février 1938 il impose ce qu’on à appelé la dictature carliste. La constitution de 1923 est profondément réformée dans un sens autoritaire.

Il mène une lutte impitoyable contre la Garde de Fer. En dépit de ce tournant autoritaire, le roi de Roumanie reste fidèle à une politique étrangère pro-alliée sans pour autant rompre avec l’Allemagne nazie et l’URSS communiste. Un vrai jeu d’équilibriste.

C’est ainsi que durant la guerre de Pologne, il ouvre son territoire à l’armée polonaise en déroute ce qui permettra au gouvernement polonais en exil installé à Nantes de disposer d’une armée composée en partie d’hommes expérimentés et surtout brûlant de se venger, ignorant qu’à l’époque il leur faudrait attendre quasiment une décennie pour cela.

Avec la fin de la guerre de Pologne, le roi Carol II peut estimer avoir fait le plus dur et espère ainsi être récompensé en retour par l’un ou l’autre camp. La désillusion sera terrible, la pression allemande et le refus allié de garantir leur aide militaire en cas d’agression soviétique oblige le gouvernement roumain à accepté le démenbrement de la Grande Roumanie (perte de la Transylvanie du nord, de la Bessarabie et de la Bucovine du Nord mais aussi de la Dobroudja du Sud).

Si les légionnaires de la Garde de Fer (le nom officiel de l’organisation fasciste roumaine était «légion de l’archange Saint Michel») sont vent debout ce qui n’est pas nouveau mais même la partie modérée de l’opinion lui en veut énormément. Pour ne rien arranger des scandales privés et de corruption ternissent un peu plus l’image d’un roi dont le trône ne tient plus qu’à un fil.

Ce fil cède le 6 septembre 1940. La veille le roi avait nommé le maréchal Antonescu comme président du conseil. Il espérait ainsi se racheter une conduite en nommant un général populaire dans l’opinion mais c’est trop tard beaucoup trop tard. Au lendemain de sa nomination, Antonescu oblige Carol II à abdiquer en faveur de son fils Michel qui redevient roi dix ans après avoir du renoncer au trône.

L’ancien roi de Roumanie quitte le pays sous les quolibets, les insultes et même les balles puisque son train est mitraillé par la Garde de Fer à la frontière roumano-yougoslave. Cela entraine un incident de frontière qui menace de dégénérer en une guerre entre Belgrade et Bucarest.

Refugié au Portugal il y épouse sa maitresse Elena Lupescu en juin 1947 et meurt triste et amer le 4 avril 1953 à l’âge de cinquante-neuf ans. Durant son exil portugais il rédigea ses mémoires qui ne furent publiées qu’en 2003 lors du retour de sa dépouille en Roumanie.

Dans ce texte de 850 pages il effectue un examen lucide sur sa vie et sur sa personnalité mais ne regrette rien, terminant ses mémoires par cette phrase gravée sur sa tombe :
Sufletul meu către Dumnezeu, trupul meu pentru patrie, onoarea mea pentru mine (Mon âme à Dieu, mon corps à la patrie, mon honneur à moi)

Michel 1er

Michel 1er

Michel 1er (Sinaia,Roumanie 25 octobre 1921 Aubonne, Suisse 5 décembre 2017) est à la fois le troisième et le cinquième et dernier roi de Roumanie, une situation quasi-unique dans l’histoire (NdA le seul exemple que je connaisse est celui de Phillipe V d’Espagne qui abdiqua en faveur de son fils Louis 1er puis qui repris le pouvoir après la mort prématuré de son fils en 1724, un intermède de sept mois). Il règne ainsi du 20 juillet 1927 au 8 juin 1930 et du 6 septembre 1940 à sa déposition survenu le 30 mars 1957.

Fils de Carol II et d’Hélène de Grèce, Michel 1er est arrière-arrière-petit-fils de Victoria, arrière-arrière-arrière-petit-neveu de Léopold 1er de Belgique, cousin au troisième degré d’Elisabeth II du Royaume-Uni (au mariage duquel il allait rencontrer son épouse), des rois Juan Carlos Ier d’Espagne, Charles XVI Gustave de Suède, Harald V de Norvège et de la reine Margrethe II du Danemark. Enfin, sa grand-mère paternelle est la cousine germaine de Nicolas II par son arrière-grand-mère Maria Alexandrovna de Russie.

Le 28 décembre 1925 quand son père renonce à ses droits sur la couronne de Roumanie pour préférer vivre sa vie avec sa maitresse Magda Lupescu, le petit Michel âgé de tout juste quatre ans devient l’héritier du roi Ferdinand 1er de Roumanie, son grand-père.

Il devient roi à l’âge de six ans sous la régence d’un triumvirat composé de son oncle, le prince Nicolas, du patriarche Miron Cristea et de Gheorghe Buzdugan, président de la Cour de Cassation.

Sans avoir pu réellement gouverner (et pour cause), Michel 1er doit renoncer au trône le 8 juin 1930 au profit de son père qui le proclame héritier du trône !

Le 5 septembre 1940 le maréchal Antonescu est nommé premier ministre par un Carol II aux abois qui est poussé à l’abdication le lendemain. Il semble qu’un temps Antonescu est songé à devenir régent sur le modèle hongrois mais il préféra garder un semblant de légalisme en proclamant Michel 1er âgé de dix-neuf ans roi de Roumanie.

Sans pouvoir il n’est pas sans influence. Si il ne s’exprime pas publiquement il manifeste en privé sa mauvaise humeur.

Très populaire auprès d’une partie de l’opinion roumaine, il doit être ménagé par le Conducator. Il couvre également les agissements de son entourage en faveur des juifs persécutés et garde de précieux contacts en Occident à une époque où Bucarest à clairement choisit le camp allemand.

Avec le temps les relations entre Antonescu et le roi se dégradent. Une partie de la classe politique est plus monarchiste que fasciste (encore qu’Antonescu n’est pas un fasciste «chimiquement pur», la répression impitoyable de la Garde de Fer l’ayant démontré) mais les quelques consultations visant à rétablir un régime démocratique en Roumanie se heurtent à des querelles de chapelle et surtout de personnes.

Le 14 mars 1947 le roi Michel 1er est assigné à résidence à Constansa et menacé d’exil. Des manifestations monstres sont durement réprimées par l’armée et des troupes paramilitaires fidèles au Conducator mais Antonescu comprend qu’il doit lâcher du lest. Le roi est libéré le 4 octobre 1947 mais toujours sans pouvoir, l’entourage du maréchal (mais visiblement par le maréchal lui même) lui ayant fait comprendre que la prochaine fois il sera moins question de conciliation et davantage d’exil et de répression.

Quand le second conflit mondial éclate, Michel 1er devient commandant en chef des forces armées roumaines mais bien entendu c’est un poste purement symbolique, un os à ronger donné pour calmer les éléments monarchistes de l’armée.

Le roi effectuera quelques visites sur le front russe jusqu’à ce qu’on Antonescu y mette son véto craignant que la popularité du roi ne pousse le fils de Carol II à tenter l’aventure ô combien risquée du coup d’état.

Suite à la dégradation de la situation militaire, Michel 1er décide enfin de sauter le pas du coup d’état mais avant même que cette exécution soit menée par le général Ion Andreanu, un coup d’état communiste à lieu le 25 septembre 1953 pour tenter de sauver le pays d’une invasion soviétique.

Ce sera peine perdue car l’armistice n’est signé que le 4 octobre 1953 alors que les trois quarts du pays sont occupés par les soviétiques.

Le maréchal Antonescu et son gouvernement sont emprisonnés mais le roi est autorisé à rester dans son palais de Bucarest. Inutile de préciser qu’il est sévèrement gardé par des troupes soviétiques et quelques militants communistes vite expulsés par les soviétiques qui craignaient un «malheureux accident».

A la fin du conflit, officiellement la Roumanie est toujours un royaume mais en réalité c’est déjà un régime communiste. Une résistance politique et armée se dévellope, résistance soutenue mezzo voce par le roi.

Les communistes menace le 19 mars 1957 d’un bain de sang si le roi n’abdique pas. Voulant éviter cela, le roi décide d’abdiquer le 25 mars 1957 et s’exile en Suisse. La monarchie est abolie officiellement le lendemain.

Après une vie d’exil, l’ex-roi devenu citoyen danois (car déchu de sa nationalité roumaine en 1959 pour «crime contre le prolétariat») rentre en Roumanie en 1992 mais est expulsé par le nouveau gouvernement pour «sédition».

Ce n’est qu’en 2003 qu’il sera autorisé à revenir en Roumanie, raccompagnant le corps de son père de son exil portugais. Ce fût le couronnement de négociations âpres qui avaient déjà aboutit au rétablissement de sa citoyenneté roumaine en 1997 pour lui et sa famille. D’anciennes propriétés lui sont même restituées.

Aussi populaire que la classe politique roumaine est impopulaire (avec de nombreuses affaires de corruption dans un pays où le pot de vin est une pratique courante), il fait figure de patriarche, de sage. Il ne s’est jamais exprimé sur le sujet mais il semble qu’il n’à jamais sérieusement songé à rétablir la monarchie.

Vivant entre la Roumanie et la Suisse, l’ancien roi de Roumanie est décédé le 5 décembre 2017 des suites d’un cancer, seize mois après la mort de son épouse Anne de Bourbon-Parme. La Roumanie décrète trois jours de deuil national. Michel 1er est enterré aux côtés de ses prédécesseurs dans une crypte de l’Eglise Notre Dame de Agrea. De son mariage avec Anne de Bourbon-Parme sont nées cinq filles.

Des origines au premier conflit mondial

Le 14 mars 1881 la Roumanie devient donc un Royaume avec Carol 1er comme roi. Jusqu’en 1888 le premier ministre est Ion Bratianu qui mène une politique de modernisation du pays via d’imposants travaux d’infrastructures (routes, ponts, voies ferrées). La constitution est amendée en 1883 avec l’augmentation du nombre d’électeurs et la création d’un troisième collège.

En 1874 Marie Roumanie, fille de Carol 1er et unique enfant du couple royal décède dans l’enfance. Sans aucun autre enfant il fait de son frère ainé Léopold l’hériter mais ce dernier renonce en octobre 1884 en faveur de son fils Guillaume qui lui même renoncera en 1886 en faveur de son cadet Ferdinand.

Sur le plan politique, deux grands partis se structurent, les libéraux et les conservateurs même si on ne peut pas dire qu’il y ait une immense différence entre les deux.

Sur le plan chronologique, le Parti National Libéral est au pouvoir de 1881 à 1888, de 1895 à 1899, de 1901 à 1906, de 1907 à 1910 et de 1914 à 1918 alors que le Parti National Démocrate plus conservateur est au pouvoir de 1888 à 1895, de 1899 à 1901, en 1906/07 et de 1910 à 1914.

Tout n’est cependant pas rose puisqu’une révolte paysanne (jacquerie) éclate en Valachie en avril 1888 suivie en 1907 d’une révolte touchant aussi bien la Moldavie et la Valachie.

Cette dernière à lieu de février à avril 1907 dans un contexte très difficile avec notamment le souvenir de la révolution russe de 1905, souvenir attractif pour les plus humbles et répulsif pour les possédants.

Les paysans roumains avaient été libérés du servage entre 1746 et 1749 mais dans la pratique leur situation dans les grands domaines agricoles n’était guère enviable.

Si le paysan roumain était vu comme docile voir servile, cela ne l’empêchait pas de se rebeller comme en 1888, 1899 et 1900, des années marquées une sécheresse qui mettait en péril leur survie.

Pourquoi en 1907 cette révolte prend une telle ampleur ? Les historiens débattent toujours et ne peuvent émettre qu’une série de conjéctures. Un événement à rarement une origine unique et de plus il ne faut pas oublier l’irrationalité des comportements humains. Ce n’est pas pour rien que les révoltes populaires au temps de l’ancien régime étaient appelées des émotions.

Parmi les causes ont trouve plusieurs mauvaises récoltes successives, la spéculation des grains menés par les intendants des grands domaines, les arendaches, figure détestée par la paysannerie car les boyards et les princes propriétaires des grands domaines étaient inaccessibles au commun, résidant en ville ou à l’étranger.

Il n’est pas impossible que des idées proto ou crypto-communistes aient eut aussi un impact mais cet impact fût bien faible que ne l’à dit la propagrande communiste. Et pour cause à l’époque l’immense majorité était illétrée voir carrément analphabète.

Tout commence le 21 février 1907 dans un village du judet de Botosani dans le nord de la Moldavie. Très vite la révolte s’étend à tout le pays. Des manoirs et des entrepôts sont pillés sont pillés, des postes de gendarmerie sont incendiés.

A la paysannerie se joignent très vite les dockers des ports de Brăila, Constanța, Galați, Giurgiu, Oltenița et Zimnicea. De véritables combats ont lieu entre révoltés et force de l’ordre.

La situation est telle que le 18 mars l’état d’urgence est proclamé alors que les insurgés marchent sur la capitale. L’armée dirigée par le général Alexandru Averescu est mobilisée, utilisant tous les moyens en sa possession y compris l’artillerie. Plus qu’une simple opération de rétablissement de l’ordre c’est une véritable guerre qui déchire le jeune (26 ans) royaume de Roumanie.

Le 24 mars 1907 le gouvernement conservateur démissionne et les libéraux de Dimitrie Sturdza arrivent au pouvoir. A la mi-avril la situation est nettement plus favorable aux autorités.

Le bilan est lourd. 2000 insurgés sont arrêtés. Le nombre de morts est incertain allant de 421 (sources officielles de l’époque) à 11000 (chiffres de l’époque communiste) sans compter des millions de lei de dégâts.

Une fois la répression réalisée, le gouvernement comprend qu’il faut améliorer la situation de la paysannerie au risque que de tels événements se reproduisent.

Plusieurs lois sont ainsi votées pour améliorer la condition paysanne : contrats agricoles obligatoires, interdiction du cumul des affermages et de l’usure, création d’un Crédit Rural. A cela s’ajoute un choc culturel qui dégrade l’image de la Roumanie à l’étranger.

Cette révolte à été naturellement exploitée par les différents courants de la vie politique roumaine que ce soit les communistes («révolution prolétarienne contre l’ordre aristocratique de la monarchie roumaine»), les nationalistes («sursaut de la nation roumaine surexploitée contre ses
parasites ») et ce qu’on pourrait appeler par anachronisme les progressistes (« pogrom d’un peuple intrinsèquement primitif, fruste, intolérant et xénophobe contre les minorités du pays »)

L’approche environnementaliste et sociologique en fait une révolte motivée principalement par la sécheresse, la disette et la désespérance, car les idées socialistes ou nationalistes avaient peu de poids chez les paysans. Il y eu bien des arendaches et des usuriers (camatari) tués mais ils l’ont été par ce qu’ils ont fait ou ce qu’ils représentaient et non à cause de leurs origines. De plus à peine un sixième de la paysannerie à participé à cette jacquerie.

Sur le plan de la politique étrangère, en 1883 la Roumanie signe une alliance secrète avec l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie, une façon de se protéger contre une potentielle agression russe.

Quand éclate la première guerre balkanique, la Roumanie reste neutre mais quand la Bulgarie se retourne contre ses anciens alliés elle se décide à intervenir.

Ce deuxième conflit éclate le 29 juin 1913 quand la Bulgarie attaque la Grèce et la Serbie. Moins d’une semaine plus tard le 5 juillet l’armée roumaine mobilise. Pas moins de 330000 soldats sont assemblés avec pour principal objectif la récupération de la Dobroudja du Sud aux mains des bulgares.

La guerre est déclarée le 10 juillet. 80000 hommes du 5ème corps d’armée envahissent la Dobrudja sans rencontrer de résistance. Il faut dire que l’armée de Ferdinand 1er à très fort à faire sur d’autres fronts contre les serbes, les grecs et même les ottomans.

Si le 5ème CA bulgare occupe un front allant de Tutrakan à Balchik, le corps de cavalerie occupe la ville de Varna.

Dans la nuit du 14 au 15 juillet 1913, l’armée du Danube commandée par le prince héritier Ferdinand envahit la Bulgarie occupant les villes de Oryahovo, Gigen et Nikopol. L’armée se sépare ensuite, une partie mettant cap à l’ouest direction la ville de Ferdinand (aujourd’hui Morava) et au sud-ouest direction Sofia, la progression étant précédée d’un écran de cavalerie comme l’exige l’élémentaire prudence militaire.

Le 18 la ville de Ferdinand tombe suivit deux jours plus tard de celle de Vratsa. Le 23 des cavaliers roumains sont à Vrazhdebna à sept kilomètres de Sofia et deux jours plus tard le 25 les troupes serbes et les troupes roumaines font leur jonction à Belogradchik, isolant ainsi la ville de Vidin.

La situation bulgare est clairement désespérée. Sofia rentre même dans l’histoire en étant la première capitale survolée par des aéronefs ennemis. Heureusement pour les habitants de la capitale bulgare, les roumains se contentent de larguer des tracts.

Très vite la Bulgarie cherche à négocier. Elle tente de passer par le canal russe mais sans grand succès. Finalement après de multiples péripéties, les délégations des différents belligérants (sauf les ottomans exclus par les roumains ce qui obligea les bulgares à négocier séparément avec Constantinople) se retrouvent à Bucarest le 30 juillet 1913. Elles s’entendent rapidement sur un armistice de cinq jours qui entre en vigueur le lendemain.

Dès le 19 juillet 1913 la Bulgarie avait accepté de céder la Dobroudja du Sud à la Roumanie ce qui explique que la délégation roumaine porta la voix de la modération à cette conférence qui aboutit à la signature du Traité de Bucarest le 10 août 1913. Si la Roumanie n’à pas perdu de soldats faute de combats, 6000 hommes ont été victimes d’une épidémie de cholera.

Quand éclate le premier conflit mondial la Roumanie préfère rester neutre en raison principalement mais non exclusivement d’une querelle entre un roi plutôt pro-allemand et un gouvernement mais aussi une opinion alliée plus favorable à l’Entente.

Le 10 octobre 1914 deux moins après le déclenchement du premier conflit mondial, Carol 1er meurt. Sans descendance et donc sans descendance masculine, il est remplacé sur le trône de Roumanie par son neveu Ferdinand qui devient Ferdinand 1er de Roumanie.

Deux ans plus tard, en 1916, la Roumanie allait s’engager dans le premier conflit mondial pour le meilleur mais surtout pour le pire.

Mitteleuropa Balkans (73) Roumanie (3)

Moyen-Age

Bulgares et hongrois

L’histoire médiévale de la Roumanie est particulièrement riche et complexe. Je vais donc essayer de ne pas perdre les quelques lecteurs qui ont échappé aux problèmes de la Mésie et de la Dacie.

Basile II Bulgaroctone

Entre 971 et 1020 une terrible que dis-je une terrifiante guerre oppose les byzantins menés par Basile II Bulgaroctone et les bulgares.

Cette guerre sans merci se termine par la destruction du premier empire bulgare. Des slaves et des valaques se réfugient au nord du Danube et se placent sous la protection du Royaume de Hongrie.

En 1186 les Valaques participent au sud du Danube à la fondation d’un Royaume des bulgares et des valaques (Regnum Bulgarorum Valaqum) appelé également Second Empire Bulgare.

Ce deuxième empire bulgare couvre un vaste territoire allant de l’Albanie à la mer Noire et du Pinde aux Carpathes méridionales. Il va durer soixante ans ce qui n’est pas négligeable mais n’est pas non plus extraordinaire.

Au sud du Danube il est remplacé par les tzarats bulgares d’Ohrid, Vidin et Tarnovo alors qu’au nord du fleuve par les banats valaques vassaux de la couronne de Hongrie (Severin, Litovsi, Arges et Muscel).

Vers 1256 les valaques se concentrent au nord du Danube alors qu’au sud le territoire est dominé par les slaves et par les turcs ottomans.

Au beau des temps des voïvodies : entre résistance et collaboration avec l’empire ottoman

Le futur territoire roumain est sous domination ou sous influence hongroise notamment en Transylvanie. La noblesse orthodoxe se heurte à des hongrois catholiques romains. Ils doivent donc soit se convertir ou se réfugier au delà des Carpathes. Les roumains de Transylvanie devront attendre 1918 pour accéder à la pleine égalité des droits avec les magyars et les germanophones.

La Transylvanie est conquise par les hongrois au 12ème et au 13ème siècle. Cette conquête est un savant mélange d’opérations militaires et de stratégies matrimoniales pour arrimer la noblesse transylvaine à la noblesse magyare.

Véritable région pionnière du royaume de Hongrie, la Transylvanie est militairement organisée avec des comitas (comtés) et des cnézats (duchés), véritables marches militaires pour protéger le cœur du pays des invasions extérieures. L’un de ces comitas, le comita de Barsa est un fief des Chevaliers Teutoniques (1211 à 1225).

Au final la Transylvanie va être organisée en voïvodat autonome, vassal du royaume de Hongrie ce qui ne l’empêche pas d’être ravagée par les Tatars en 1241.

Au final seule une minorité de nobles roumains s’intègrent dans la noblesse des ispans magyars avec comme famille la plus célèbre celle des Corvin qui donnera excuser du peu un roi à la Hongrie, le célèbre Mathias Corvin.

Matthias Corvin


Jusqu’au 15ème siècle la Transylvanie était gérée de manière conjointe par quatre nations : les magyars, les saxons, les sicules (d’origine turque) et les valaques. S’estimant maltraités les valaques se révoltent d’avril 1437 à février 1938 (révolte de Bobalna) ce qui entraine la mise en place d’un pacte des trois nations (Pacte Unio Trium nationum), pacte qui réserve le pouvoir politique aux saxons, aux magyars et aux sicules, faisant des valaques des sujets de seconde zone.

Comme dans de nombreux pays à l’époque moderne on peut voir qu’une minorité de langue et de religion différente domine une majorité de langue et de confeions différente.

Pour changer cette situation certains «roumains» se rallient aux Habsbourgs en abjurant l’orthodoxie au profit du catholicisme romain. Avec le siècle des Lumières les roumains vont peu à peu prendre conscience de leur spécificité.

Après un temps d’exil dans les Carpathes, la noblesse roumaine va créer le voïvodat de Moldavie à l’est des Carpathes et le voïvodat de Valachie au sud de cette ténébreuse chaine de montagne.

Une troisième voïvodie voit le jour, la Voïvodie de Bessarabie dont l’origine du nom est incertaine ou du moins contestée et débattue par les historiens.

La Valachie s’emancipe de la tutelle hongroise en 1330 après la Bataille de Posada (9-12 novembre 1330). La Moldavie elle doit attendre 1359 après la Bataille de Baïa. Un temps la Dobrojee/Dobrouja fût indépendante (1341 à 1402) mais fût finalement absorbée par la Valachie.

Cette émancipation est au final brève car la menace ottomane ne cesse de grandir. En 1396 les derniers tzarats bulgares ont succombé marquant la fin d’une résistance organisée (si l’on peut dire).

La Moldavie et la Valachie doivent accepter la vassalité et payer un tribu aux ottomans. Elles doivent céder aux turcs la Dobrouja (1421) et le littoral moldave (1484). La Mer Noire devient un lac turc, les génois qui y étaient très présents (c’est de leur comptoir de Caffa qu’est partie l’épidémie de Peste Noire) sont expulsés.

La Valachie et la Moldavie ne deviennent pas des provinces turques puisqu’elle conservent leurs lois, leurs assemblées (sfat), leurs voïvodes, ambassadeurs, armées et politiques autonomes. Ces territoires sont appelés par les ottomans Dar el Ahd (territoire/maison du pacte).

Vlad III Tepes dit Vlad l’Empaleur

Les relations sont ambivalentes et conflictuelles. Au 15ème siècle soit à la fin du Moyen-Age, les voïvodes de Moldavie Etienne III le Grand (1438-1457-1504) et de Valachie Vlad III Tépès dit l’Empaleur (1431-1476 règne en 1448, de 1456 à 1462 et en 1476) résistent et battent à plusieurs reprises les troupes de la Sublime Porte.

A la chute de Constantinople (1453), les deux voïvodes cherchent des appuis du côté de la Pologne et du côté de la Russie.

En 1526 la Transylvanie devient vassale de l’empire ottoman suite à la défaite de Mohacs où Louis II de Hongrie meurt.

Jusqu’au 19ème siècles la Valachie, la Moldavie et la Transylvanie vont louvoyer entre puissances rivales.

Michel 1er le Brave

Vers 1600 le prince valaque Michel 1er dui le Brave (1558-1593-1601) tente d’unir les trois principautés mais échoue et fût assassiné par ses propres alliés. Aux côtés de Décebale, Michel 1er le Brave devint une figure importante du panthéon national roumain et ce quelque soit le régime politique au pouvoir à Bucarest.

Ce n’est en effet jamais bon d’être trop en avance sur son temps car si dès le 16ème les valaques comme les moldaves et les roumains de Transylvanie ont le sentiment de partager quelque chose de commun de là à imaginer un Etat unitaire……. .

Mitteleuropa Balkans (71) Roumanie (1)

UNE AUTRE SECONDE GUERRE MONDIALE
T.11 MITTELEUROPA ET BALKANS
VOLUME 3 : ROUMANIE

Drapeau de la Roumanie au temps de la monarchie

AVANT-PROPOS

Le 22 mai 2020 j’ai commencé le tome 11 de ma gigantesque que dis-je de ma monumentale, de ma vertigineuse uchronie qui après dix tomes (T1 France T2 Allemagne T3 Grande-Bretagne T4 Etats-Unis T5 Japon T6 Italie T7 URSS T8 Dominions T9 Benelux T10 Scandinavie) comprend 8395 pages !

Le 24 août 2020 j’ai terminé la Bulgarie (Tome 11 vol.2) ce qui porte le total de pages écrites à 8792 pages.

Ce Tome 11 est le dernier des tomes concernant des nations belligérantes puisque le Tome 12 sera consacré aux nations neutres.

Ce Tome 11 disposera de six volumes, le premier consacré à la Hongrie, le deuxième consacré à la Bulgarie, le troisième consacré à la Roumanie, le quatrième à la Yougoslavie, le cinquième à la Grèce et enfin le sixième à l’Etat indépendant de Slovaquie apparu au printemps 1939 suite au démantèlement de ce qui restait de la Tchécoslovaquie. Comme pour le tome 10 il y aura des nations alliées et des nations ayant appartenu à l’Axe.

L’organisation sera différente selon les volumes. Si le volume 1 ne possédait pas de partie marine, si le volume 6 consacré à la Slovaquie n’en possedera pas non plus (et pour cause !), les volumes 2 à 5 consacré respectivement à la Bulgarie, à la Roumanie, à la Grèce et à la Yougoslavie posséderont une partie consacrée à la marine qui fera suite à la partie traditionnelle consacrée à l’histoire générale.

La troisième partie sera consacrée à l’armée de terre avec d’abord une partie sur l’histoire militaire du pays, une partie sur l’organisation générales et des plus ou moins grandes unités et enfin une partie sur l’armement et les véhicules. Je terminerai par une partie consacrée à l’armée de l’air, son histoire, son organisation et son équipement.

Après cette partie consacrée au plan général revenons un peu sur l’histoire avec un grand H. J’ai eu du mal à définir l’étendue géographique qui est nettement moins évidente que celles des deux derniers tomes (Scandinavie, Benelux). J’ai finalement choisit «Mitteleuropa et Balkans» soit en français «Europe du milieu et Balkans».

Tout comme le terme Scandinavie il est peut être inapproprié pour les puristes mais je pense que c’est pas mal (j’avais un temps pensé à «Europe danubienne et balkanique» mais cela ne me satisfaisait pas totalement).

Mis à part peut être la Grèce ces pays ont un point commun celle d’avoir été gravement impactés par la première guerre mondiale et les traités qui y ont mis fin.

Nous avons d’abord les pays vaincus comme la Hongrie et la Bulgarie qui ont souffert de traités particulièrement musclés notamment le pays des magyars qui passa du statut de puissance majeure au sein d’une double-monarchie austro-hongroise au statut d’une puissance de second ordre enclavée en Europe centrale. La Bulgarie avait du également rendre des comptes aux alliés occidentaux pour s’être alliée aux empires centraux.

La Yougoslavie était elle un des états issus de l’éclatement de l’empire austro-hongrois en compagnie de la Tchécoslovaquie et partiellement de la Pologne. De cet état tchécoslovaque naquit au printemps 1939 un état slovaque souverain, une souveraineté biaisée par le fait que Bratislava devait tout à l’Allemagne.

La Roumanie et la Grèce en revanche avaient appartenu au camp des vainqueurs même si leur participation à la première guerre mondiale à été plutôt limitée, Bucarest livrant une prestation catastrophique et ne devant son salut qu’à une preste assistance alliée (et surtout française) alors qu’Athènes fût engagée contrainte et forcée dans le conflit, sa participation étant parasitée par un conflit entre un premier ministre pro-allié (Venizelos) et un roi pro-allemand (Constantin 1er).

Dans l’immédiat après guerre cette région est traversée par de vigoureuses secousses entre Blancs et Rouges, entre pro-allemands et pro-alliés. C’est aussi le théâtre d’une lutte d’influence où la France tente de nouer un réseau d’alliance pour contre une réemergence de la menace allemande et pour tendre un cordon sanitaire contre la Russie bolchevique. Pas étonnant que ces différents pays aient connu pour la plupart des régimes autoritaires souvent réactionnaires parfois fascisants.

C’est l’acte de naissance de la Petite Entente. Les français n’en sont pourtant pas à l’origine puisque son origine remonte au 14 août 1920 quand la Tchécoslovaquie, la Roumanie et le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes Yougoslavie à partir de 1929 signent un accord d’assitance pour se prémunir de la menace hongroise, Budapest n’ayant jamais accepté le traité du Trianon le 4 mai 1920.

Cette alliance est renforcée par des accords bilatéraux entre la Roumanie et la Tchécoslovaquie (23 avril 1921), entre la Roumanie et le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes (7 juin 1921) et entre le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes et la Tchécoslovaquie (31 août 1921). La Petite Entente entend garantir, par la force si besoin, les traités de paix.

Cette alliance est cependant imparfaite et incomplète puisque ne prenant pas en compte les autres menaces que ce soit l’URSS (vis à vis de la Roumanie), l’Italie (vis à vis de la Yougoslavie) ou encore l’Allemagne et la Pologne (vis à vis de la Tchécoslovaquie).

Suite aux accords de Locarno, la France signe des alliances militaires avec Prague (16 octobre 1925), avec Bucarest (10 juin 1926) et Belgrade (novembre 1926).

Suite aux renoncements français de la fin des années trente, ces pays vont davantage se tourner vers l’Allemagne.

Nul doute que si la guerre de Pologne était devenu un conflit mondial nul doute que cette région aurait durablement échappé aux alliés. Son arrêt brutal en décembre 1939 permet à Paris et à Londres de remettre l’ouvrage sur le métier.

Plus facile à dire qu’à faire puisque si la réputation dégringole par l’ascenseur, elle remonte par l’escalier. Il faudra du temps, de la patience, du doigté et un soupçon de chance pour rendre la région moins hostile aux alliés.

C’est ainsi que des accords formels de coopération et d’assistance militaires sont signés avec la Yougoslavie et la Grèce, le premier étant signé à Belgrade le 14 septembre 1945 et le second à Athènes le 8 octobre 1946. Des tentatives vis à vis de la Hongrie, de la Roumanie et de la Bulgarie se heurtent à une telle inertie qu’elle équivaut à une fin de non recevoir.

Cette relance est donc limitée mais s’accompagne d’une coopération politique et militaire avec notamment la livraison de matériel militaire moderne ainsi que l’envoi comme dans les années vingt de missions militaires, le général Gamelin dirigeant celle en Yougoslavie et le général Georges celle envoyée en Grèce.

Quand la guerre s’annonce inévitable à très court terme la région concernée par ce tome se partage entre pays pro-alliés mais sans excès (Yougoslavie, Grèce), des pays clairement pro-allemands (Hongrie, Slovaquie, Roumanie) et une Bulgarie qui accepte de se faire courtiser par les deux camps tout en veillant à ne pas se mettre à dos la Russie qui bien que communiste est toujours considérée par nombre de bulgares comma la Troisième Rome, protectrice des slaves.

Quand la seconde guerre mondiale éclate le 5 septembre 1948 ces différents pays mobilisent mais ne s’engagent pas directement dans le conflit. Question de temps dirions nous…… .


Le Volume 3 de ce Tome 11 est donc consacré à la Roumanie. Ce pays à été unifié au milieu du XIXème siècle mais peut se targuer de racines très anciennes avec les Daces qui sont aux roumains ce que les gaulois sont aux français.

La Roumanie entre 1949 et 1953

Néanmoins à la différence de la Bulgarie point d’empire ou de grand royaume sur lequel le réveil national à pu se greffet sérieusement au moment du «réveil des nationalités» au 19ème siècle.

En effet après la conquête romaine ce qui allait devenir la Roumanie et plus généralement le peuple roumain allait être en permanence sous domination étrangère, byzantine d’abord ottomane ensuite (NdA bien entendu je simplifie à l’extrême).

Sur quoi allait donc s’appuyer le nationalisme roumain pour bâtir une nation ? Sur ce qu’on à appelé les «principautés danubiennes», la Valachie et la Moldavie mais aussi la Transylvanie, territoire disputé avec la Hongrie.

Vlad III Tepes (tableau du XVème siècle)

Des figures mythiques émergent comme un célèbre prince valaque, Vlad III Tepes dit l’empaleur tout un programme qui allait servir de source d’inspiration pour un écrivain britannique d’origine irlandaise, Bram Stoker qui allait le transformer en vampire de Transylvanie à une époque où l’occulte est à la mode dans la société victorienne.

En 1859 les principautés de Valachie et de Moldavie s’unissent ce qui est considéré comme le début de la Roumanie moderne. A l’époque cette union n’est pas encore synonyme d’indépendance. En 1866 après l’abdication forcée d’Alexandre Jean Cuza et le refus du comte de Flandre, un prince allemand est élu et devient Carol 1er, premier roi de Roumanie en 1881.

La Roumanie entre 1859 et 1878

En 1877 la Roumanie proclame officiellement son indépendance en profitant d’une nouvelle guerre russo-ottomane à laquelle elle participe du côté russe. Son indépendance est reconnue au Congrès de Berlin en 1878.

Le pays va alors se dévelloper mais ne participe pas à la première guerre balkanique. En revanche il participe à la deuxième, jouant un rôle important dans la défaite finale de la Bulgarie. Bucarest récucpère ainsi la Dobroudja du Sud ce qui va durablement envenimer les relations roumano-bulgares.

Neutre au début du premier conflit mondial, la Roumanie s’engage aux côtés des alliés en 1916 mais après des succès s’expliquant par une disproportion des forces importantes en leur faveur, les roumains subissent une terrible défaite qui les obligent à se retirer du conflit le 9 décembre 1917 par un armistice confirmé par un traité de paix, le traité de Bucarest le 7 mai 1918.

La paix est très favorable à la Roumanie qui devient une Grande Roumanie (NdA nom informel) puisqu’au vieux Royaume vont s’ajouter la Bessarabie, la Bucovine, la Transylvanie, les Maramures, la Crisana et le Banat.

Dans l’immédiat après guerre la Roumanie peut être considérée comme un état stable, une monarchie parlementaire où les réformes améliorent considérablement le niveau de vie de la population y compris celle des non-roumanophones qui représentent 28% de la population (allemands, roms, hongrois, juifs).

La crise de 1929 ainsi que différentes affaires permet la montée des extrémistes notamment la Garde de Fer, un mouvement nationaliste et antisémite qui avait émergé dès le début des années vingt mais qui était à l’époque resté confidentiel.

Une politique xénophobe et antisémite est menée pour tenter de contrer ces mouvements en reprenant ses idées. En 1938 le roi Carol II fait adopter une constitution imposant une dictature royale ou dictature carliste. Ce n’est cependant pas un régime fasciste, la Roumanie restant plus proche des alliés que de l’Allemagne.

Cela va changer avec les multiples renoncements des démocraties occidentales qui se discréditent aux yeux des élites d’Europe centrale et orientale. Même l’arrivée d’un régime conservateur en France, même les efforts d’une diplomatie plus musclée ne permettra pas de raccrocher le wagon roumain, Bucarest choisissant pour le meilleur et pour le pire l’alliance allemande mais sans excès de germanophilie.

Le début des années quarante est particulièrement houleux avec un coup d’état du maréchal Antonescu qui fait suite au dépeçage de la Grande Roumanie par la Bulgarie, la Hongrie et l’URSS sans que la France ou la Grande-Bretagne n’ait fait autre chose que protester verbalement mezzo voce.

Carol II renversé est remplacé par son fils Michel 1er jugé plus malléable. Es-ce la fin des troubles et de l’instabilité ? Pas vraiment car le maréchal Antonescu est très vite confronté à l’extrémisme de la Garde de Fer qui tente de le renverser en janvier 1941 mais sans succès. Le mouvement est durement réprimé et cesse de représenter autre chose qu’une nuisance occasionnelle.

La Roumanie devient un état national-légionnaire plus proche du Portugal de Salazar ou de l’Autriche de Dolfuss que de l’Allemagne nazie ou de l’Italie fasciste.

Sur le plan diplomatique néanmoins le choix de l’alliance allemande est clairement fait, les efforts franco-britanniques comme nous l’avons vu n’étant pas couronnés de succès. Pire même le régime roumaine se servira des offres alliées comme moyen de pression pour obtenir davantage des allemands.

Durant le second conflit mondial la Roumanie va devenir l’allié privilégié de l’Allemagne notamment par ses champs pétrolifères indispensables pour un pays disposant de très faibles ressources.

Elle va participer à l’opération BARBAROSSA aux côtés des allemands, jouant un rôle important au sein du Heeresgruppe Süd, conquérant Odessa et une partie de l’Ukraine puis en 1951 à l’opération FRIEDRICH où l’armée roumaine subit de très lourdes pertes lors de l’opération URANUS, la contre-offensive soviétique.

A l’automne 1953 l’opération PIOTR VELIKYI provoque l’effrondrement de l’armée roumaine et le basculement de la Roumanie dans le camp communiste, le roi Michel 1er devant abdiquer et s’exiler.

La Roumanie va terminer le conflit aux côtés des soviétiques, expulsant manu militari les troupes allemandes du territoire, la nouvelle armée roumaine terminant la guerre en Hongrie aux côtés de la RKKA.

Tout comme la Bulgarie, la Roumanie va basculer dans l’immédiat après guerre dans l’orbite communiste, devenant pour plus de quarante ans une «démocratie populaire».