Pologne et Pays Neutres (69) Suède (4)

Les grands de Suède

Ansgar

Ansgar appelé aussi Oscar ou Anschaire de Brême est né le 8 septembre 801 à Fouilloy dans la Somme et mort à Brême le 3 février 865. C’est un homme d’Eglise du Haut Moyen-Age qui est le saint patron du Danemark et qui à été archevêque de Hambourg et évêque de Brême. C’est celui qui initié l’évangélisation de la Scandinavie.

Moine à l’abbaye de Corbie près d’Amiens, il forme et organise d’autres communautés monastiques dans la région.

Il arrive au Danemark en 826 pour profiter de la conversion du roi danois Harald Klak mais ce dernier est vite chassé du pays ce qui interrompt très vite l’action du moine picard. En 829 il arrive en Suède pour reprendre son action, une première communauté chrétienne de Suède voit le jour à Birka en 831.

Il est nommé archevêque de Hambourg en 831 mais manque de moyens pour sa mission d’évangélisation. En 845 il négocie la paix avec les vikings suite à un raid qui à dévasté Hambourg.

En 845 l’évêché de Brême est rattaché à l’archevêché d’Hambourg ce qui augmente les ressouces pour permettre à Anschaire d’évangéliser le Danemark. Il faudra cependant attendre deux siècles pour que la Scandinavie bascule définitivement au christianisme.

Gustav 1er Vasa

Gustave Vasa (12 mai 1496-29 septembre 1560) est roi de Suède (6 juin 1523 au 29 septembre 1560) après qu’il eut prit la tête de la révolte suédoise contre le tyran Christian II qui s’illustra tristement dans le Bain de Sang de Stockholm au cours duquel il perdit son père et son beau-frère.

Il est élu régent du royaume (Riksföreståndare) le 23 août 1521 par les révoltés et grâce au soutien de la Hanse les danois sont chassés de Suède en 1523. Le 6 juin 1523 il est élu roi de Suède brisant ainsi l’Union de Kalmar.

Il impose le luthéranisme, développe l’économie du pays et réforme les structures du royaume, augmentant le pouvoir du roi au détriment des nobles. Il réorganisé aussi l’Eglise. Si la Suède devient officiellement luthérienne dès 1536 en pratique il faudra attendre 1571 pour que la transformation soit réellement achevée.

On assiste par exemple en 1532 à la Révolte des Cloches quand les paysans se révoltent suite à la décision du roi de Suède de vendre les cloches pour rembourser la dette qu’il avait auprès des marchands de Lübeck.

En 1544 il impose la succession héréditaire dans la maison de Vasa, successeur ouverte aux femmes à partir de 1604.

Il met sur pied une armée permanente composée essentiellement de mercenaires, une armée dont l’entretien absorbe 70% du budget national.

Pour résoudre les problèmes financiers, il remplace les pièces rondes par des pièces carrées, il fait exploiter les mines d’argent et de cuivre et lance un plan de colonisation des terres en Suède.

Cette politique est un succès et quand il meurt en 1560 le premier roi de la dynastie Vasa laisse à son fils et successeur Eric XIV un royaume bien gouverné, bien géré et aux finances florissantes.

Côté vie privée il épouse en 1531 Catherine de Saxe-Lauenbourg qui lui donne un fils, le futur Eric XIV.

Il se remarie dès 1536 avec Marguerite Lejonhufvud qui lui donne plusieurs enfants dont Jean III futur roi de Suède, Catherine, Cécile, Magnus, Anne-Marie, Sophie Elisabeth et Charles IX.

Le troisième mariage avec Catherine Stenbock en 1552 est sans descendance.

Axel Oxenstierna

Axel Gustafsson Oxenstierna af Södermöre ( Fånö Uppland 16 juin 1583 Stockholm 28 août 1654) est un homme d’Etat suédois du 17ème siècle qui voit un rôle clé auprès de Gustave II Adolphe et de sa fille Christine.

Il devient membre du conseil privé suédois en 1609 et devient lord haut-chancelier en 1612 et ce jusqu’à sa mort. Il est considéré comme l’égal d’un Richelieu ou d’un Mazarin à savoir un homme d’Etat de premier plan.

Le 5 juin 1608 il se marie à Anna Akesdotter qui va lui donner treize enfants mais seulement ont atteint l’âge adulte dont l’ainé Johan qui suivit les traces paternelles.

En 1603 il devient valet de chambre (Kammarjunkare) de Charles IX. Pour l’anecdote il maitrise la langue écossaise car fréquentant l’importante communauté écossaise présente en Suède.

En 1606 il réalise sa première mission diplomatique en Allemagne tout en intégrant le conseil privé (Riksrådet), devenant un conseiller écouté du roi. En 1610 il échoue à convaincre le roi de Danemark de ne pas entrer en guerre. Les danois envahissent en 1611 la Suède (guerre de Kalmar).

Toujours en 1611 le roi Charles IX remplacé par son fils le célèbre Gustave II Adolphe alias le Lion du Nord. Connaissant parfaitement Axel Oxenstierna, il le nomme lord haut-chancelier de Suède le 6 janvier 1612.

Il impose très vite sa marque en réformant l’administration et en cherchant à mettre fin aux guerres dans lesquelles était engagée la Suède. Gustave II Adolphe étant régulièrement absent, Oxenstierna est un véritable vice-roi. En octobre 1617, le roi est couronné et Oxenstierna est fait chevalier.

Le 6 novembre 1632 le Lion du Nord est tué à la bataille de Lützen. Oxenstierna devvient le commandant en chef des troupes suédoises déployées en Allemagne même si en pratique ce sont ses généraux qui assuraient le commandement au quotidien.

Le nouveau roi de Suède est une reine à savoir la célèbre Christine de Suède alors âgée de six ans ce qui impose une longue régence, une période toujours sensible («malheur au royaume dont le prince est un enfant») pour une monarchie. Sans surprise c’est Oxenstierna qui devient régent à la tête d’un conseil de régence. En 1636 il quitte l’Allemagne pour retrouver Stockholm.

Quand Christine devint en âge de régner elle tenta de pousser son mentor sur les côtés mais sans succès. A la différence de son père, Christine de Suède ne fût jamais proche d’Oxenstierna. Et pourtant il tenta de s’opposer à l’abdication de la fantasque reine de Suède, un personnage fascinant qui fascine encore.

Axel Oxenstierna est mort quelques mois après l’avénement du nouveau roi le 28 août 1654. Il est enterré à Stockholm le 18 mars 1655.

Gustave II Adolphe

Gustave II Adolphe (Château Tre Kronor 19 décembre 1594 Lützen 6 novembre 1632) est avec Charles XII probablement le plus célèbre des rois de Suède notamment par son surnom (le Lion du Nord) et par sa mort à la bataille de Lützen.

Fils de Charles IX et de Christina de Holstein-Gottorp il règne du 30 octobre 1611 au 6 novembre 1632. De son mariage avec Maria-Eleonora de Brandenburg sont nés plusieurs enfants mais seule la flamboyante Christine de Suède à atteint l’âge adulte.

Il fait de la Suède une grande puissance par une série de réformes militaires qui fait du roi de Suède l’un des grands stratèges du 17ème siècle aux côtés d’un Maurice de Nassau. Disposant d’une armée réduite, il combine habilement infanterie, cavalerie et artillerie. Supportée par une excellente administration, l’armée suédoise fait l’admiration de toute l’Europe. Il bénéficie comme nous l’avons vu du soutien d’Axel Oxenstierna.

Il pilote les réformes administratives comme un rencesement très fin de la population ce qui permettait une taxtation et une conscription plus facile. Cela favorisa la modernisation des structures économiques de la Suède.

Christine de Suède

Christine de Suède en Minerve

Kristina Alexandra Vasa (Stockholm 18 décembre 1626 Rome 19 avril 1689) est la fille de Gustave II Adolphe et de Maria-Eleonora de Brandebourg, roi de Suède (et non reine) du 6 décembre 1632 à 6 juin 1654. Elle est également duchesse de Brême-et-Verden de 1648 à 1654.

Roi de Suède à six ans, elle est sous la régence d’Axel Oxenstierna, le conseiller de son père, un homme de la trempe et de l’envergure d’un Richelieu. Elle reçoit une éducation soignée qui explique probablement son insatiable curiosité intellectuelle pendant et surtout après son règne.

Oxenstierna éloigne sa mère de Christine, Maria-Eleonora ne parvenant pas à faire le deuil de son mari et donc le caractère névrosé était considéré comme une menace sur la jeune fille.

Majeure en 1644, elle s’oppose rapidement au chancelier Oxenstierna et l’écarte après le traité de Westphalie. Elle est favorable à la paix alors que le vieux chancelier est davantage belliciste.

Couronnée en 1650, son entourage la pousse à se marier mais comme Elisabeth 1ère d’Angleterre elle à le mariage en horreur. Elle s’illustre par un mécénat actif attirant les grands esprits du temps comme Descartes qui y meurt en février 1650.

Très vite impopulaire vis à vis de l’opinion, elle envisage dès 1651 l’abdication, obtenant de la diète la désignation de son cousin Charles-Gustave comme successeur puis comme prince héritier. Elle annonce son abdication le 11 février 1654, abdication effective le 6 juin 1654.

Les raisons en sont certainement complexes : lassitude et dégoût du pouvoir, difficultés financières proches de la banqueroute ou cheminement spirituel qui conduira cette fille d’un des champions protestants de la guerre de Trente Ans à se convertir au catholicisme.

Elle obtient des donations et une pension pour ne pas finir dans la misère. Elle quitte très vite la Suède faisant étape à Hambourg, Anvers et Bruxelles où elle se convertit secrètement au catholicisme. Après une abjuration publique, elle est accueillie à Rome par Alexandre VII le 20 décembre 1655.

Logée au palais Farnèse, elle entretien une relation avec le cardinal Decio Azzolino. Son comportement très libéré lui aliène bien des sympathie et le pape qui voulait l’utiliser politiquement prend très vite ses distances.

Présente en France pour renégocier ses revenus suédois, elle fait assassiner son écuyer Giovanni Monaldeschi persuadé de son double-jeu avec les espagnols (10 novembre 1657). Cette affaire embarasse Louis XIV et Mazarin mais la France ménage l’ancienne reine de Suède. Elle est de retour à Rome le 15 mai 1658.

Le 13 février 1660 son cousin Charles X Gustave meurt laissant la couronne à son fils de cinq ans Charles XI. Elle rentre en Suède en octobre 1660 et demande le rétablissement de ses droits héréditaires en cas de disparition du jeune roi. Une opposition unanime la pousse à reprendre le chemin de Rome en 1662. Elle fait une nouvelle tentative en 1666 mais c’est un nouvel échec.

En 1668 suite à l’abdication de Jean II Casimir, roi de Pologne, elle pose sa candidature à cette monarchie élective mais c’est un nouvel échec.

Christine de Suède s’installe définitivement à Rome en octobre 1668. Elle fait preuve d’une intense activité de mécène, accumulant les tableaux, les sculptures, les dessins, les objets et les ouvrages avec une bibliothèque de 5000 volumes. Plus généralement elle fait preuve d’une intense curiosité intellectuelle, une soif d’apprendre jamais rassasiée.

Sa conversion la rend très tolérante ce qui ne passe pas toujours dans des temps où les passions religieuses sont encore vives. A la fin de sa vie elle critique vigoureusement la France et sa politique de conversion forcée des protestants. A sa mort en 1689 elle est enterrée dans la crypte de la basilique Saint-Pierre.

Charles XII

Charles XII de Suède Karl von Pfaz-Zweibrücken-Kleeburg (Stockholm 17 juin 1682 Halden 11 décembre 1718) est roi de Suède et duc de Brême-et-Verden du 5 avril 1697 au 30 novembre 1718.

Dernier monarque absolu ayant régné en Suède, il est aussi le dernier qui anime une politique impérialiste, ses successeurs malgré quelques tentatives devront enteriner le fait que la Suède comme grande puissance avait clairement vécue.

Appelé également Karl XII mais aussi Carolus Rex (NdA je vous recommande la chanson du groupe suédois Sabaton) ou Demirbas Sarl (Charles tête de fer) par les ottomans, son règne est marqué par la Grande Guerre du Nord.

A la mort de son père il n’à que 15 ans. Il doit faire face à l’alliance entre la Russie, la Saxe (dont l’électeur est aussi roi de Pologne) et le Danemark qui veulent s’emparer des possessions de l’empire suédois.

Charles XII prend l’ascendant sur le Danemark en 1700, la Pologne en 1704 et la Saxe en 1706. Il échoue face à la Russie à la bataille de Poltava (1709) ce qui lui impose un exil dans l’empire ottoman jusqu’en octobre 1714 quand il est autorisé à quitté le territoire de la Sublime Porte. Il est parvenu à provoquer l’entrée en guerre des ottomans contre les russes mais la Suède n’en tire aucun avantage.

Rentré en Suède, il se lance dans une nouvelle guerre contre le Danemark, étant tué au siège de Fredriksten. Officiellement il à été tué par un tireur isolé mais selon une autre théorie il aurait été tué volontairement par un tir d’artillerie puis son corps trainé dans une tranchée où il à été déclaré abattu. Ce complot ayant été piloté par le prince allemand Frederic de Hesse, époux de Ulrique-Éléonore, sœur de Charles XII qui lui succède sur le trône de Suède avant d’abdiquer en faveur de son mari.

Charles XII se révéla un chef militaire talentueux, un excellence tacticien et un bon politique. Il n’était pas belliciste mais déclara dans une phrase citée par Voltaire dans son Histoire de Charles XII «J’ai résolu de ne jamais faire une guerre injuste, mais de n’en finir une légitime que par la perte de mes ennemis».

Anders Celsius

Anders Celsius (Uppsala 27 novembre 1701-25 avril 1744) est un savant suédois, professeur d’astronomie à l’université d’Uppsala.

Il est surtout connu pour avoir donné son nom à une échelle des températures majoritairement utilisé dans le monde, le degré celsius. A noter que contrairement à ce que l’on fait de nos jours le degré d’ébullition était de 100 et le degré de solidification était de 0 et ce n’est qu’après sa mort qu’on à inversé l’échelle des températures.

Issu d’une famille de savants (ses deux grands-pères étaient professeurs d’astronomie à l’université d’Uppsala, son père lui aussi professeur d’astronomie), il est réputé pour sa basse des mathématiques. En 1730 à l’âge de 29 ans il devient professeur d’astronomie.

En 1732 il effectue un long voyage d’études à travers l’Europe (Allemagne, Italie, France, Angleterre). Devenu célèbre il parvient à convaincre les autorités suédoises à financer un observatoire astronomique qui est achevé en 1741 à Uppsala. C’est grâce à lui que la Suède adopte le calendrier grégorien même si il faudra attendre 1753 pour ce que cela devienne effectif.

Pologne et Pays Neutres (6) Espagne (6)

Les Grands d’Espagne

Ici il ne sera pas simplement question des nobles d’Espagne mais des grands noms de l’histoire hispanique. Bien entendu ce choix comme ailleurs est totalement arbitraire. N’hésitez pas chers lecteurs dans les commentaires à citer le nom d’une personnalité que j’aurais oublié et qui selon vous aurait mérité d’y figurer.

Le Cid

Rodrigo Diaz de Vivar (né vers 1043 à Vivar mort à Valence le 10 juillet 1099) surnommé El Cid Campeador (le Cid conquérant) est un chevalier chrétien mercenaire, héros de la Reconquista bien que comme souvent la légende est plus belle que l’histoire nettement plus prosaïque.

En 1074 il épouse la nièce du roi Jimena (Chimène) mais en 1081 il est banni par le roi Alphonse VI dit le Brave qui craint son ambition (il l’accuse d’avoir participé à l’assassinat de Sanche II de Castille).

Il s’exile et entre au service de Yusuf al-Mutaman, l’émir de Saragosse qui lui donne le titre de Sid (seigneur).

Le 25 mai 1085, Alphonse VI de Léon conquiert le taïfa de Tolède et en 1086 met le siège devant Saragosse. En août une armée almoravide l’oblige à lever le siège, les chrétiens étant battus à Sagrajas. L’année suivante Alphonse et Rodrigue se reconcilie mais pour peu de temps car dès 1088 il est à nouveau banni.

Il s’empare de Valence le 17 juin 1094, tenant la ville du Levant jusqu’à sa mort. Sa veuve la conserve jusqu’en 1102 quand elle doit quitter la ville qui retombe sous domination musulmane.

L’histoire en à fait un héros de la Reconquista mais en réalité il s’agissait davantage d’une épée louée, d’un mercenaire, servant différents seigneurs qu’ils soient chrétiens ou musulmans et n’oublions pas de servir ses propres intérêts notamment en se taillant une seigneurie au Levant, seigneurie indépendante des royaumes chrétiens comme de l’empire almoravide.

Néanmoins force est de constater qu’à la fin de son règne il combattait davantage les almoravides que les autres royaumes chrétiens, combattant notamment les almoravides au sommet de leur puissance.

Ce qui à fait que le Cid est devenu un personnage légendaire c’est qu’il est le héros d’une pièce de théâtre de Pierre Corneille («Ô rage ô désespoir ô vieillesse ennemie….» «Aux âmes bien nées la valeur n’attends pas le nombre des années») ou encore d’un poème épique le Cantar de mio Cid composé vers 1128.

Les Rois Catholiques

Isabelle de Castille et Ferdinand d’Aragon symbolisent à eux seuls la Reconquista puisqu’il ont achevé un processus de quatre siècles en s’emparant de Grenade en 1492 tout un symbole puisque la fin de la présence musulmane dans la péninsule ibérique coïncide avec la découverte par les européens de l’Amérique, une année considérée comme la fin du Moyen-Age et le début des temps modernes.

Isabelle 1ère de Castille dite Isabelle la Catholique est née à Madrigal de las Altas Torres le 22 avril 1451. C’est la fille de Jean II de Castille et d’Isabelle de Portugal, sa seconde épouse. En compagnie de son frère Alphonse, elle n’à aucun espoir d’accéder au trône de Castille car son demi-frère Henri IV doit succéder à son père.

Son frère Alphonse meurt en 1468 (probablement empoisonné) ce qui fait d’Isabelle l’héritière putative de son demi-frère, un roi débauché et faible, méprisé par la noblesse et son épouse, une femme très libérée au point qu’on murmure que sa fille Jeanne ne serait pas la fille du roi mais celle d’un seigneur Bertrand de Cueva d’où son surnom de Beltraneja (la «fille de Bertrand»).

Le 14 septembre 1468 elle prend le titre de princesse des Asturies bien que ce titre soit déjà porté par sa nièce. Un an plus tard le 14 octobre 1469, elle épouse Ferdinand d’Aragon, un mariage politique qui devint un mariage d’amour ce qui n’empêchera pas Ferdinand d’aller voir ailleurs et d’avoir plusieurs enfants naturels.

Elle devient reine de Castille le 13 décembre 1474 puis en 1479 devient reine d’Aragon, de Majorque, de Valence, de Sardaigne et de Sicile et enfin reine de Naples en 1503. Isabelle et Ferdinand règnent conjoitement mais ils restent les patrons de leurs royaumes respectifs.

De ce mariage sont nés six enfants : Isabelle, Jean, Jeanne la Folle, Marie d’Aragon, Catherine d’Aragon (épouse d’Henri VIII après avoir été promise à son frère ainé Arthur) et Pierre.

Durant son règne Isabelle achève la Reconquista, patronne la découverte de l’Amérique. Encore aujourd’hui sont image est contrastée, la mise en place de l’Inquisition ou encore son action contre les juifs, les musulmans et les indigènes étant particulièrement critiquées et critiquables. Cela n’empêche pas certains et certaines d’espérer sa béatification (procès ouvert en 1958).

Ferdinand II d’Aragon est né à Sos le 10 mai 1452 et mort à Madrigalejo le 23 janvier 1516. Fils de Jean II d’Aragon et de sa deuxième épouse Jeanne Enriquez, il devient héritier de la couronne en 1461 après la révolte et la mort de son demi-frère Charles.

Le 14 octobre 1469 il épouse Isabelle de Castille, un mariage politique mais qui devient un mariage d’amour. Attention à ne pas y voir une folle passion : Ferdinand trompe ouvertement la reine (il aura plusieurs enfants naturels) et les relations entre ces deux fortes personnalités sont houleuses, Isabelle refusant à son époux qu’il joue un rôle quelconque en Castille.

Il est certes roi de Castille et de Leon dès 1474 et l’accession au trône de son épouse mais il n’y joue aucun rôle. Il faudra attendre la mort d’Isabelle et la folie de sa fille pour que Ferdinand (qui porte le numéro V en Castille) ne joue un rôle important. Un temps il est concurrencé par son gendre Philippe de Bourgogne dit le Beau mais il meurt prématurément. Ferdinand reprend les commandes cette fois au nom de son petit-fils Charles de Gand plus connu sous le nom de Charles Quint.

Les Rois Catholiques achèvent la Reconquista, patronnent la découverte de l’Amérique mais mène également une politique active en Europe notamment en Italie où il lutte contre la France pour le contrôle du royaume de Naples et du Milanais.

En 1512 il annexe la partie espagnole du royaume de Navarre au nom de son épouse Germaine de Foix qui ne serait pas étrangère à sa mort puisque l’ancien mari d’Isabelle la Catholique aurait succombé à une potion de fertilité mal dosée.

Christophe Colomb

Navigateur génois, Cristophe Colomb est né entre le 26 août et le 31 octobre 1451 sur le territoire de la république de Gênes. Il est mort à Valladolid le 20 mai 1506.

Il découvre l’Amérique sans en avoir conscience en cherchant une route permettant d’atteindre l’Asie orientale (les Indes) par l’ouest et ainsi court-circuiter les portugais et les turcs.

Selon ses propres dires, ce fils de tisserand aurait été matelot dès l’âge de dix ans au service de René d’Anjou combattant donc l’Aragon comme corsaire.

C’est en 1484 qu’il commence à réflechir sur son grand projet. Contrairement à ce qu’on à parfois écrit, Christophe Colomb n’est pas un génie au milieu d’ignares. Ses idées sont partagées par nombre de savants.

Il propose d’abord son projet au Portugal (où il à rencontre son épouse Filipa Moniz) mais des savants mandatés par Jean II rejettent ce projet. Il le propose alors à la Castille mais il essuie un échec en 1486 et 1490.

En 1491 il est sur le point d’obtenir gain de cause mais il manque d’échouer car ses demandes sont jugées irréalistes. Finalement un accord est trouvé le 17 avril 1492 (Capitulations de Santa Fe), accord qui le fait «amiral de la mer Océane», vice-roi et gouverneur général des territoires à découvrir, un dixième des richesses et un huitième des profits de l’expédition.

Il quitte Palos de Frontera le 3 août 1492 avec trois navires (Santa Maria Pinta Nina) et après une traversée longue et difficile, la terre est aperçue le 12 octobre 1492, une île baptisée San Salvador. Il découvre ensuite l’île de Cuba.

En décembre il arrive dans l’actuelle Haïti sur l’île actuelle de Saint Domingue, une île qu’il baptisé Hispanola.

Suite à la perte de la Santa Maria, il doit laisser trente-neuf hommes sur place, les autres appareillant à bord de deux navires rescapés le 16 janvier 1493 pour rentrer en mars d’abord au Portugal (4 mars) puis à Palos le 15 mars 1493.

Christophe Colomb prépare déjà une deuxième expédition nettement plus ambitieuse avec 17 navires, environ 1500 hommes dont 700 colons et 12 missionnaires. Il appareille le 25 septembre 1493 pour quasiment trois ans d’expéditions puisqu’il allait rentrer en Espagne le 11 juin 1496.

Au cours de ce voyage, il va découvrir la Désirade, Marie-Galante, la Dominique, Basse-Terre, Montserrat, St Martin, St Barthelemy. Il retrouve la colonie de La Navidad détruite. Il fonde ailleurs La Isabela.

En février 1494, douze navires repartent vers l’Espagne. Christophe Colomb grand marin, grand explorateur mais piètre politicien reprend alors les explorations. Il repart pour l’Espagne le 20 avril 1496 arrivant à Cadix le 11 juin.

Le troisième voyage à lieu du 30 mai 1498 à octobre 1500. Six navires sont engagés, navires visitant St Vincent, Grenade, Trinité et Margarita. Il débarque au Venezuela le 5 août 1498 mais à Hispanola il est arrêté avec ses fils par le représentant de la couronne. C’est enchainé qu’il débarque à Cadix à la fin du mois d’octobre.

Cette disgrâce ne dure pas car un quatrième voyage est organisé du 9 mai 1502 au 7 novembre 1504, un voyage avec quatre caravalles et 140 marins. On sait peu de choses sur ce voyage. Ce qui est sur c’est qu’il se rend en Martinique, à Saint Domingue, au Costa Rica, à Veragua et au Panama.

Bloqué un an sur l’île de la Jamaïque (juin 1503-juin 1504) il manque de succomber à la malaria à une époque où sa santé est très dégradée. Il quitte la région le 12 septembre 1504 et arrive le 7 novembre à Sanlucar de Barrameda.

Il meurt le 20 mai 1506 non pas dans la misère et l’oubli contrairement à la légende. Son corps est d’abord enterré à Valladolid puis à Séville (1529), à Saint Domingue (1541), à Cuba (1795) et enfin à Séville (1898) ou pas puisqu’il existe une querelle entre Séville et St Domingue. Des tests ADN pratiqués sur le corps enterré à Séville suggèrent simplement que le corps est apparenté à Christophe Colomb.

Gonzalve de Cordoue

«El Gran Capitan» (le grand capitaine) est né à Montillo le 1er septembre 1453. De son nom complet Gonzalo Fernandez de Cordoba y Aguilar est un militaire espagnol, brillant chef de guerre qui fût aussi théoricien puisque comme nous le verrons il sera à l’origine du processus créant les redoutables tercios réputés invincibles jusqu’à leur défaite de Rocroi en 1643.

Au service d’Isabelle la Catholique il connait son baptême du feu lors de la guerre de succession de Castille, conflit opposant Isabelle à sa nièce Jeanne dont la légitimité était non seulement contestée mais plus encore contestable.

En 1492 c’est lui qui négocie la reddition du dernier émir de Grenade Boabdil (vous savez celui qui pleurant à son départ de la ville aurait été ainsi apostrophé par sa mère «Pleure comme une femme ce que tu n’as pas su défendre comme un homme»).

Pour ses succès il reçoit une commanderie de l’Ordre de Santiago, un ordre de chevalerie créé pour mener à bien la Reconquista.

De 1495 à 1498, il effectue une premier expédition en Italie contre les français de Charles VIII qui cherchaient à contrôle le royaume de Naples. Il libère également la ville d’Ostie occupée par un corsaire basque.

Il est de retour en Italie entre 1501 et 1507. Il combat d’abord les ottomans sur l’île grecque de Céphalonie aux côtés des vénitiens puis à nouveau les français. Il bat les armées françaises à Cérignole et au Garigliano (1503).

Vice-roi de Naples il est de plus en plus en butte à la jalousie et à la méfiance de Ferdinand II d’Aragon qui craint El Gran Capitan comme jadis Justinien avait craint Bélisaire.

Rappelé en Espagne en 1507 il est même accusé de détournement de fonds. Bien qu’ayant été disculpé (il à eut la précaution de tenir des comptes précis) il ne retrouva jamais la faveur du roi et mouru en 1515.

Sur le plan théorique il est donc à l’origine du processus ayant aboutit à la création des tercios. Il invente la coronelia, une unité militaire composée de 3000 piquiers, 2000 fantassins armés d’une épée et d’une targe (petit bouclier) et de 1000 arquebusiers. Cette unité peut être soit engagée en bloc ou alors divisée en douze bataillons.

Deux coronelias forment une armée auxquels il faut ajouter deux escadrons de cavalerie lourde, deux escadrons de cavalerie légère et une garde de 150 hommes destinée au capitaine général qui commande l’armée.

Hernan Cortès

Fernando Cortes de Monroy Pizarro Altamirano 1er marquis de la vallée d’Oaxaca est né à Medellin en Estremadure probablement en 1485 (d’autres sources donnent 1483 et 1484) et mort à Castilleja de la Cuesta près de Seville le 2 décembre 1547. Son principal fait d’armes est d’avoir conquis l’empire aztèque au profit de l’empereur Charles Quint.

Issu de la noblesse espagnole il n’est contrairement à la légende ni issu d’une famille pauvre ni un enfant chétif. Il est cousin au deuxième degré de Fancisco Pizarro. Il est également fils unique, s’entendant très bien avec son père mais très mal avec sa mère pour qui il à plus de respect que d’amour.

Il étudie à l’université de Salamanque entre 14 et 16 ans mais n’à visiblement pas obtenu de diplôme. Après avoir été brièvement apprenti-notaire à Valladolid il choisit au grand dam de ses parents le métier des armes.

Après avoir envisagé de rallier l’Italie pour participer aux guerres continuelles que l’Espagne mène contre la France il choisit de rallier cette terre d’opportunité qu’est le Nouveau Monde tout juste découvert. En effet il s’embarque entre 1504 et 1506 direction l’île d’Hispanola.

Il participe d’abord au processus de colonisation avant de participer à la conquête de l’île de Cuba à partir de 1511. Il se marie alors avec Catalina Juarez Marcaida.

Il vend alors ses biens pour monter une expédition en direction du Yucatan, une région qui parait-il regorge de richesses notamment d’or. Il appareille le 10 février 1519 avec onze navires, 16 cavaliers, 518 fantassins, 13 artilleurs et huit canons, 32 arbalétriers, 13 arquebusiers, 110 marins et 200 noirs et indiens qui servent comme auxiliaires.

Il débarque près de l’actuelle ville de Veracruz le 23 avril 1519. Il entre d’abord en contact avec les mayas faisant notamment la connaisance de sa future maitresse que l’histoire à retenue sous le nom de La Malinche.

Il entre ensuite en contact avec les aztèques qui se demandent si ce n’est pas Quetzalcoatl ou son émissaire. Il exacerbe les tensions entre les peuples locaux tout en devant gérer des subordonnés pas toujours dociles et coopératifs. Il fait ainsi détruire sa flotte pour couper les ponts avec Cuba.

Il avance vers l’intérieur des terres, se heurtant aux Tlaxcaltèques qui ne tardent à devenir ses alliés par détestation des aztèques.

Hernan Cortès fait preuve de brutalité dans la conquête n’hésitant pas à pratiquer des massacres préventifs. Il entre à Tenochtitlan le 8 novembre 1519, réclamant immédiatement l’or aztèque.

Après avoir rallié Veracruz pour stopper puis retourner une expédition destiné à l’arrêter, Cortès revient à Tenochtitlan le 24 juin 1520 dans une ville en rébellion. Moctézuma est tué dans des circonstances troubles.

Dans la nuit du 30 juin au 1er juillet 1520 (La Noche Triste) les espagnols évacuent la ville en combattant. Les pertes sont terribles, les espagnols qui ne sont pas tués sont sacrifiés (ce qui motivera les survivants qui préféront la mort au supplice du sacrifice), Cortès y réchappant de justesse.

Après une victoire à Otumba le 7 juillet 1520, Cortès contre-attaque reprennant Tenochtitlan, le dernier empereur aztèque Cuauhtemoc se rendant le 13 août 1521.

Après un retour en Espagne en 1529 il est de retour au Mexique en 1532 et décide de mener une politique d’exploration et de colonisation mais les résultats sont décevants. Il découvre la péninsule de Basse-Californie et l’embouchure du fleuve Colorado.

La conquête espagnole est un supplice pour les amérindiens qui en un peu plus d’un siècle passe de plus de onze millions d’habitants à à peine 1.5 millions,. Les causes sont multiples : choc viral, combats, massacres, réduction en esclavage (en dépit de l’opposition de l’Eglise).

Son dernier fait d’arme est une tentative de conquête d’Alger mené en 1541. Il meurt de la dysentrie en décembre 1547, pauvre et quasiment oublié de tous.

Si son premier mariage est resté sterile, son deuxième avec dona Juana Ramirez de Arellano de Zuniga à été à l’origine de la naissance de six enfants. Il eut également plusieurs enfants naturels dont un avec la Malinche.

Francisco Pizzaro

Francisco Pizzaro Gonzalez marques de los Atobillos est un conquistador né à Trujillo le 16 mars 1475 (couronne de Castille) et mort à Lima le 26 juin 1541.

Fils naturel et analphabète d’un officier d’infanterie, il est cousin au deuxième degré de Cortès. Il suit son père à l’armée et après avoir participer aux guerres d’Italie il rallie l’Amérique dès 1502. Il accompagne Vasco Nunez de Balboa qui traverse l’actuel Panama et devient en 1513 le premier européen à apercevoir le Pacifique.

Pizzaro organisé deux expéditions infructueuses vers le sud en 1524 et entre 1526 et 1528 respectivement. Voilà pourquoi le gouvernement de Panama refuse de financer une troisième expédition. Pour obtenir gain de cause il rentre en Espagne pour convaincre Charles Quint.

Il parvient à ses fins et à la fin du mois de janvier 1531 il quitte le Panama pour ce qui n’est pas encore le Pérou. Il arrive dans un empire inca déchiré par une guerre civile. Depuis 1529 et la mort de Huayna Capac, deux de ses fils se disputent la succession en l’occurrence Huascar et Atahualpa.

Pizzaro propose une entrevue à ce dernier et le capture par traitrise le 16 novembre 1532. Il promet de libérer en échange de six tonnes d’or. En dépit de la livraison du précieux métal, Francisco Pizzaro ne libère pas Atahualpa. Pire même il l’exécute.

Il est remplacé d’abord par Topa Hualpa puis par Manco Inca. En 1534, Pizzaro entre à Cuzco, deux ans après avoir créé San Miguel de Piura et un an avant de fonder le 6 janvier 1535 Ciudad de Los Reyes la future Lima.

Très vite les conquistadors se déchirent entre eux, la haine étant particulièrement virulente entre Pizzaro et Almagro. En 1536 le pays lassé des abus des frères Pizzaro se révolte. En 1538 Pizarro capture et fait executer Almagro.

Madrid décide de siffler la fin de la recréation et envoie Cristobal Vaca de Castro. Les almagristes prennent les devants, attaquent le palais du vice-roi le 26 juin 1541 pour capturer et mettre à mort Pizarro. Ils proclament le fils d’Almagro gouverneur mais Vaca de Castro le capture et le fit décapiter.

Comme au Mexique la conquête espagnole à été terrifiante pour les amérindiens qui furent décimés par le choc bactériologique, les combats, les massacres, la réduction en esclavage passant d’environ 80 millions à à peine dix au milieu du 16ème siècle. Certains on pu parler d’un génocide mais il faudrait pour cela qu’il y ait eu volonté d’extermination et là je ne peux qu’émettre des doutes.

Charles Quint

Charles de Habsbourg (Gand 24 février 1500 Monastère de Yuste 21 septembre 1555) est considéré comme le premier roi d’Espagne. Pas mal pour un homme de culture flamande qui parla très mal le castillan (au contraire du français qu’il maitrisait parfaitement).

Fils de Philippe le Beau et de Jeanne la Folle, il va réunir sur sa tête un empire sur lequel le soleil ne se couche jamais. Il à un frère Ferdinand et quatre sœurs Eleonore (qui deviendra le deuxième épouse de François 1er), Isabelle, Marie et Cathernie.

Il est empereur du Saint Empire Romain Germanique du 23 octobre 1520 au 27 août 1556), roi des Espagnes du 14 mars 1516 au 16 janvier 1556 sous le nom de Charles 1er, Duc de Bourgogne du 25 septembre 1506 au 25 octobre 1555, Roi de Naples et de Sicile et duc de Milan du 13 mars 1516 au 25 juillet 1554, roi des Romains du 28 juin 1519 au 24 février 1530, archiduc souverain d’Autriche du 12 janvier 1519 au 28 avril 1521.

Marié à Isabelle de Portugal, il eut avec elle quatre enfants (Philippe II, Jean mort à deux ans, Marie d’Autriche, Ferdinand et Jeanne d’Autriche, on peut ajouter un petit Jean hélas mort né). Il eut également des enfants naturels mais avant son mariage et lors de son veuvage, le plus célèbre étant le fils né de sa liaison avec Barbara Blomberg, un certain Don Juan d’Autriche.

Il devient roi des Espagnes non sans difficultés puisqu’il se proclame roi en Castille aux côtés de sa mère l’héritière légitime mais qui était victime de troubles mentaux. Charles usurpe donc son titre de régent. De plus il commet l’erreur de placer de nombreux flamands aux places les plus prestigieuses et les plus lucratives ce qui dilapide le capital symathie dont bénéficiait le petit-fils des Rois Catholiques.

Cela provoque d’ailleurs une révolte en Castille en 1520/21. Charles 1er en tire d’ailleurs les conséquences puisqu’il va rester sur place de 1522 à 1529 et va regagner la sympathie de ses sujets hispaniques en épousant Isabelle de Portugal que les castillans considèrent comme espagnole.

De 1519 à 1523 les milices du Levant (Germanias) se révoltent.

Il impulse la conquête et la colonisation des Amériques en appuyant l’action d’Hernan Cortès et de Francisco Pizzaro qui mettent respectivement part terre l’empire aztèque et l’empire incas.

Le 28 juin 1519 il est élu roi des Romains au détriment de François 1er puis couronné empereur le 23 octobre 1520.

Il rève d’une monarchie universelle mais à du très vite comprendre que c’était devenu une chimère.

Il lutte contre les ottomans et la France de François 1er et d’Henri II sur différents fronts que ce soit dans le nord de la France ou en Italie.

Il doit également lutter contre le luthéranisme qui fracture la chrétienté. C’est une lutte armée mais aussi une lutte idéologique, Charles Quint et le pape Paul III ouvrant le 5 décembre 1545 le concile de Trente qui amorce la Réforme Catholique. Sa lutte contre l’hérésie protestante est un échec et la mort dans l’âme, le 3 octobre 1555 l’empereur doit accorder la Paix d’Augsbourg qui impose à chaque sujet de suivre la foi de son souverain (Cujus Regio Ejus Religio «La religion du prince est la religion du pays»).

En 1535 il s’empare de Tunis (qui sera perdue en 1574) mais échouera à s’emparer d’Alger en 1541.

Epuisé, Charles Quint va fait rarissime dans l’histoire abdiquer volontairement partageant ses couronnes entre son fils Philippe II et son frère Ferdinand, ce dernier récupérant le titre impérial.

Philippe II

Né à Valladolid le 21 mai 1527 et mort à l’Escurial le 13 septembre 1598 il est le fils ainé de Charles Quint et d’Isabelle de Portugal.

Tout comme son père il cumule sur sa tête de nombreux titres puisqu’il est roi des Espagnes de 16 janvier 1556 au 13 septembre 1598, roi de Portugal et des Algarves du 12 septembre 1580 au 13 septembre 1598 (sous le nom de Philippe 1er pour ménager la fiction d’une union personnelle), duc de Bourgogne du 25 octobre 1555 au 6 mai 1598, roi de Naples et de Sicile du 28 octobre 1554 au 13 septembre 1598, roi jure uxoris d’Angleterre et d’Irlande par son mariage avec Marie Tudor (25 juillet 1554 au 17 novembre 1558) et duc de Milan du 11 octobre 1540 au 13 septembre 1598.

Il est d’abord marié de 1543 à 1545 à Marie-Manuelle de Portugal qui lui donne un fils l’infortuné don Carlos. Il se marie ensuite à Marie Tudor (1554-1558) mais ce mariage reste sans descendance.

Après avoir songé à se marier avec la demi-soeur de Marie, une certaine Elisabeth il épouse finalement Elisabeth de France, fille d’Henri II et de Marie de Médicis qui va lui donner deux filles (Isabelle-Claire-Eugénie et Catherine-Michèle) descendant en étant enceinte d’une fille. Il se remarie enfin avec d’Anne d’Autriche sa nièce qui lui donne plusieurs enfants mais seul le futur Philippe III atteint l’âge adulte.

Il reçoit une éducation soignée, parlant espagnol, portugais, latin, italien et français. C’est cette dernière langue qu’il maitrisait le mieux mais paradoxalement utilisait le moins car il était gêné par un fort accent hispanique. Outre une solide formation intellectuelle et religieuse, le futur Philippe II pratique la chasse et la joute, disciplines aristocratiques par excellence.

Dès 1543 alors qu’il n’à que seize ans, son père l’associe au pouvoir pour préparer sa succession.

Farouche défenseur du catholicisme il en paiera le prix aux yeux de l’histoire avec une véritable légende noire qui s’appuyait certes sur des faits avérés mais qui était surtout alimentée par la propagande protestante venue d’Angleterre.

La preuve c’est que roi consort d’Angleterre il fait preuve de modération sauvant la vie de sa future némesis Elisabeth que sa demi-soeur voulait condamner à mort. Ce n’est qu’à la fin de son règne qu’il perd toute modération. L’autre facteur de sa légende noire c’est la conversion forcée des morisques qui fait suite à la révolte des Alpujarras de 1568 à 1571.

Toujours en 1571 la marine espagnole joue un rôle clé dans la victoire de Lepante le 7 octobre 1571 où s’illustre son demi-frère naturel Juan d’Autriche qui conçoit un fort dépit quand Philippe II refuse une véritable offensive en Méditerranée contre les ottomans ce qui fait que la bataille de Lepante restera une victoire sans lendemain.

Il combat également la France, héritant de son père un conflit qu’il va poursuivre contre le fils de François 1er qui n’à pas oublié la rude détention à Madrid après la capture de François 1er à Pavie. Le roi d’Espagne participe également aux guerres de religion en France en soutenant les ligueurs.

Il fait également face à la révolte des protestants dans les Pays Bas. C’est le début de la Guerre de 80 ans (1568-1648). Au cours de ce conflit Don Carlos est arrêté par l’inquisition accuse de vouloir prendre la tête des révoltés. Il meurt en prison dans des circonstances troubles.

En 1588 suite à l’exécution de Marie Stuart, Philippe II tente d’envahir l’Angleterre. C’est l’épisode de l’Invincible Armada qui se termine par un tel désastre que pour certains historiens c’est le début du lent declin d’une Espagne qui connaissait alors un âge d’or.

Huit ans plus tôt, le petit-fils légitime de Manuel 1er s’empare de la couronne de Portugal. C’est le début de l’Union Ibérique qui va durer jusqu’en 1640.

Outre-mer il poursuit le processus de colonisation avec la conquête des Philippines (baptisées en son honneur) et la colonisation de la Floride.

A la différence de son père roi nomade par excellence, Philippe II se déplace très peu ce qui lui vaut le surnom de l’Ermite de l’Escurial du nom du palais qu’il fait construire pour célébrer la victoire de St Quentin en 1557. Cela impose une administration nombreuse qui à l’avantage ou le désavantage de ralentir considérablement la prise de décision. Cela lui vaut ainsi les surnoms de El Rey Prudente (le roi prudent) ou de El Rey Papelero (le roi-paperasse).

En dépit de l’afflux de métaux précieux, la couronne d’Espagne est constamment à court d’argent et en dépit de mesures d’assainissement, la banqueroute survient en 1557, 1575 et 1597.

Don Juan d’Autriche

Né à Ratisbonne le 24 février 1545 ou 1547, Don Juan est le fruit des amours illégitimes entre Charles Quint et Barbara Blomberg. Gouverneur des Pays-Nas de 1576 à 1578, il s’illustre à Lepante comme commandant de la flotte de Saint Ligue. Il participe également à la répression de la révolte des Alpujarras et à la guerre des Quatre-Vingt au cours de laquelle il meurt des suites du typhus près de Namur le 1er octobre 1578. Il est d’abord enterré à Namur puis à l’Escurial.

Né sous le nom de Jéronim (Jérome), il ne fait la connaisance de son père qu’à l’âge de neuf en 1556 au monastère de Yuste où Charles Quint s’était retiré après son abdication. Suivant les demandes de son père, El Rey Prudente accepte de considérer son demi-frère naturel comme son frère de sang.

Promis initialement à une carrière ecclésiastique il préfère s’engager dans le métier des armes où il va s’illustrer. Il n’eut que deux filles mais aucune descendance légitime.

Miguel de Cervantès

Comme aucun portrait de Cervantès n’à été authentifié, ce tableau est à prendre avec moultes précautions

Comment définir la place d’un écrivain ou d’un dramaturge dans l’histoire culturelle d’un pays. L’un des moyens c’est de désigner la langue du pays par une périphrase incluant le nom de l’auteur comme la langue de Molière pour le français, de Shakespeare pour l’anglais, de Goethe pour l’allemand, de Dante pour l’italien ou de Cervantès pour l’espagnol.

Miguel de Cervantès est né à Alcala de Henarès le 29 septembre 1547. C’est donc un romancier, poète et dramaturge espagnol célèbre pour avoir écrit le roman pastoral La Galatea en 1585 et surtout le roman de chevalier L’Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Mancha publié en deux parties, la première en 1605 et la seconde en 1615.

Cervantès est d’abord un soldat. Il participe à la bataille de Lépante au cours de laquelle il perd l’usage de sa main gauche ce qui lui vaut le surnom du «Manchot de Lepante».

Captif des barbaresques de 1575 à 1580, il tente de s’évader à quatre reprises avant d’être racheté puis ramené en Espagne.

Marié à Catalina de Salazar y Palacios, il à eut une fille prénomée Isabel de Saavedra. Il meurt à Madrid le 23 avril 1616.

Duc de Lerma

Francisco Gomez de Sandoval y Rojas, duc de Lerma (Tordesillas 1552/53 Valladolid 1625) est un homme politique espagnol, favori et ministre de Philippe III. C’est le premier valido (favori). Il est au pouvoir de 1598 à 1618.

Manquant de vision et vaniteux, il s’appuie tel un patron antique sur des réseaux de clients ce qui accroit la corruption en Espagne.

Suite à sa chute il devient cardinal en 1618 ce qui lui sauve probablement la vie. Il se retire sur ses terres situées autour de la ville de Lerma.

De son mariage avec Catalina de la Cerda est né un fils prénomé Cristobal de Sandoval et une fille Juana de Sandoval.

Comte-Duc Olivares

Gaspar de Guzman y Pimentel Ribero y Velasco de Tolevar, comte d’Olivares et duc de Sanlucar la Mayor (Rome 5 janvier 1587 Toro près de Zamora 22 juillet 1645)

Ministre et favori espagnol du roi Philippe IV. Il est souvent appelé comte-duc Olivares. Il vit en Italie jusqu’à l’âge de douze ans où son père était ambassadeur auprès du Saint-Siège. Son père est ensuite nommé vice-roi de Sicile et de Naples.

Puiné d’une branche cadette cadette de la Maison de Guzman, il est envoyé étudier le droit canon à l’université de Salamanque en vue d’une carrière ecclésiastique.

Avec la mort de ses frères ainés, il abandonne ce projet professionnel. Il arrive avec son père à la cour de Philippe III en 1604.

Membre du Conseil d’Etat et premier contrôleur des comptes, il perd son père en 1607. La même année il se marie avec Dona Ines de Zuniga y Velasco (une fille Maria de Guzman y Zuniga).

En 1615 le duc de Lerma le nomme gentilhomme de la chambre du prince héritier, le futur Philippe IV. Il prend le parti du fils du duc de Lerna, le duc d’Uceda.

Il devient Grand d’Espagne en 1621. A la mort de son oncle Baltasar de Zuniga en octobre 1622, il devient premier ministre et valido du roi.

Il tente de réformer profondément le pays mais se heurte à de nombreuses résistances et nombreuses inerties.

A l’étranger il relance la guerre contre les Provinces Unies et appuie la Maison d’Autriche engagée dans la guerre de Trente Ans contre les puissances protestantes soutenues par la France de Louis XIII et de Richelieu (au grand dam du parti devot).

Le pays est victime d’une banqueroute en 1627. Le comte-duc est de plus en plus contesté avec une révolte fiscale en Biscaye en 1630/31 avant des révoltes nationalistes en Catalogne et au Portugal en 1640. Si la Catalogne va rester dans le giron de la couronne d’Espagne, le Portugal après soixante années d’unité avec l’Espagne va retrouver son indépendance sous l’autorité de la maison de Bragance.

Le comte-duc Olivares est exilé en 1643. Il est même jugé par l’Inquisition en 1644 mais meurt l’année suivante. Sa mort est vue comme un soulagement mais l’histoire lui à rendu justice, certains historiens estimant qu’Olivares à eu raison trop tôt.

Diego Velazquez

Diego Rodriguez de Silva y Velazquez (Seville 6 juin 1599-Madrid 6 août 1660) est un peintre baroque espagnol et l’un des plus grands peintres ibériques. D’un style naturaliste en clair obscur il passe peu à peu à un style tout en lumière et en énergie ce qui en fera le peintre préféré de certains peintres impressionistes.

A 24 ans il est nommé Peintre du roi par Philippe IV et quatre ans plus tard il devient Peintre de la Chambre du Roi.

Parmi ces œuvres plus célèbres citons la Reddition de Breda (1634-1635), les Fileuses (1657) et surtout les Menines (1656-1657).

Il à travaillé à Seville de 1611 à 1622, à Madrid de 1622 à 1660, à Venise en 1629, à Rome en 1629/1630, à Naples en 1630/31, à Rome à nouveau en 1636/37 et en Italie de 1649 à 1651 avant de terminer sa vie en Espagne.

Marié à Juana Pacheco, il à eu une fille Francisca de Silva Velaequez y Pacheco.

Dominions (2) Canada (2)

HISTOIRE DU CANADA

Nda Pour des raisons de temps et de synthèse je vais commencer l’histoire du Canada à partir de l’arrivée des Européens

Découverte et premiers pas de la colonisation

Dans l’introduction je dit que le Canada à été découvert par Jacques Cartier en 1534. En réalité j’ai simplifié à outrance, le Canada et ses tribus amérindiennes sont connues depuis plus longtemps que cela.

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Dominions (1) Canada (1)

UNE AUTRE SECONDE GUERRE MONDIALE
T.8 : LES DOMINIONS (1) CANADA

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Drapeau du Canada en vigueur de 1921 à 1957.

 

AVANT-PROPOS

Depuis 2011 je me suis lancé dans une œuvre gigantesque, titanesque, une uchronie traitant d’un second conflit mondial ayant débuté en septembre 1948 et s’étant achévé en septembre 1954 soit un décalage de neuf ans par rapport au second conflit mondial tel que nous l’avons connu.

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18-Bases et arsenaux (3)

C-Base navale de Brest

Plan général de la rade de Brest

Plan général de la rade de Brest

Avant propos

Les bases navales en particulier et les ports en général ne sont pas installés n’importe où mais généralement dans des lieux accessibles et aisément défendables. Dans ce cas, le site de Brest est remarquable.

C’est comme si la nature avait tout fait que pour l’homme y implante une base ou un port important avec un vaste plan d’eau protégé des vents, un fleuve côtier pénétrant assez loin dans les terres ce qui facilite les communications avec son hinterland et surtout un accès très facile à défendre car le Goulet est non seulement étroit mais en plus, un haut fond oblige l’assaillant à serrer au nord ou au sud ce qui facilite l’action des batteries côtières.

Les premiers travaux commencent au milieu du 17ème siècle sous l’impulsion de Richelieu dont l’oeuvre pour la marine est souvent éclipsée par celle de Colbert et ne cesseront jamais jusqu’au 20ème siècle.

La Rade-Abri

C’est le cœur de la base navale de Brest, un cœur opérationnel et de soutien avec des installations d’entretien importantes.

Elle commence à voir le jour au 19ème avec la construction d’une jetée Sud de 1500m entre 1889 et 1896 suivit d’une jetée Ouest de 200m entre 1895 et 1900m. Entre 1900 et 1905, la jetée Sud est allongée sur 750m portant sa longueur à 2050m.

A cette époque, la Rade Abri est protégée par trois jetées : Ouest, Sud et Est avec trois accès mais cette situation change au début des années trente avec la fermeture de la passe Ouest, ne laissant plus que deux accès : la Passe de l’Est entre le Château et la Jetée Est et la Passe du Sud entre la Jetée Est et la Jetée Sud.

Le long de sa jetée on trouve le groupe-école Armorique jusqu’en 1943 et c’est là que s’amarre les cuirassés de la 1ère Escadre ainsi que les deux porte-avions. Un projet d’épis perpendiculaires pour faciliter l’amarrage des grandes unités n’à pas le temps de voir le jour avant le début du second conflit mondial.

Cette vaste étendue d’eau artificielle intègre plusieurs zones géographiques comme le Quai des Flottilles où s’amarrent les contre-torpilleurs et les croiseurs, le Bassin des Torpilleurs qui comme son nom l’indique abrite les torpilleurs d’escadre (et les corvettes) et qui intègre également le Quai d’Armement.

Ce Quai d’Armement fait partie intégrante de la zone technique du Laninon, une zone importante pour les travaux notamment des plus grandes unités de la Royale.

Elle dispose en 1939 de deux bassins de radoub, les formes n°8 et n°9 creusées entre 1910 et 1916 et mesurant 250m de long sur 36m de large.

Ces deux formes pouvaient accueillir un Dunkerque ou un Richelieu mais pas une unité de classe Alsace ce qui nécessite la construction d’une nouvelle forme. En 1938, sont lancés les travaux pour deux formes, une forme n°10 installée à l’est du bassin n°8 et une forme n°11 installée à l’ouest du bassin n°9.
La forme n°10 destinée à la construction de grandes unités est la priorité de la marine et cette forme est inaugurée en mars 1942 alors qu’elle affichait 275m de long, 58m de large et un tirant d’eau de 13m, largement suffisant pour accueillir un cuirassé de classe Alsace. Prolongée à 300m, elle devait atteindre 360m de long mais la guerre interrompit les travaux.

La forme n°11 est inaugurée en janvier 1945 et aligne des dimensions différentes avec 320m de long (360m initialement prévus), 48m de large à l’entrée (58m à la fin du bassin) et un tirant d’eau de 13m.

A l’est de la zone du Laninon, La Pointe était une zone jusque là déserte mais à la fin des années trente, décision est prise de la transformer en zone technique.

Deux cales sont construites, des cales capables de construire et de caréner des unités légères, la cale Penfeld n°1 de 220m de long et la cale Penfeld n°2 de 175m de long, ces deux cales remplaçant à partir de 1947 la Cale du Point du Jour.

Cette zone technique de la pointe dispose également d’un atelier dédié au travail du métal, des magasins de stockage et une zone dédiée à l’artillerie navale.

Le Château

Cet emplacement est situé sur la rive gauche de la Penfeld. C’est le lieu de mouillage des remorqueurs, gabares et autres navires auxiliaires.

La Penfeld

La Penfeld est un fleuve côtier de 16km sur lequel s’est développé la ville et le port de Brest et jusqu’en 1865, elle était ouverte aux navires de commerce. A partir de cette date, c’est un site réservé à la Marine.

Ces rives abrite des ateliers, l’hôpital militaire et surtout pas moins de cinq formes de radoub qui comme leurs homologues du Laninon connaissent d’importantes modifications.

Le bassin n°1 dit Bassin Tourville est le seul bassin situé sur la rive gauche de la Penfeld. Il à été inauguré en 1683 modifié en 1745 puis en 1864. Long de 115m et large de 25m, il est modernisé en 1937 mais il est impossible de l’agrandir et le bassin 1 n’est  plus utilisé que pour les navires légers comme les torpilleurs, les torpilleurs légers, les corvettes et les sous-marins.

La construction du bassin n°12 à l’emplacement de la Cale du Point du Jour doit entrainer son déclassement effectif en pleine guerre en 1950. Le conflit terminé, il est abandonné jusqu’en 1960 quand il est transformé en musée avec l’installation au sec du sous-marin Casabianca encore aujourd’hui préservé comme musée.

Au lieu dit du Pontaniou se trouve les bassins n°2 et n°3. Ils ont pour origine quatre formes construites au 18ème siècle, les formes 1 et 2 étant construites entre 1752 et 1756, la forme n°3 entre 1755 et 1757 et la forme n°4 entre 1803 et 1820.

Devenues inadaptées aux navires modernes, elles sont fusionnées entre 1899 et 1902 et deviennent deux bassins, le bassin n°2 (regroupant les formes 1 et 4) et le bassin n°3 (regroupant les formes 2 et 3) longs de 178m et larges de 28m.

Ces deux bassins sont allongés à 190m et élargis à 30m, des travaux menés sans interrompre l’utilisation des bassins ce qui est une véritable gageure surtout que le terrain n’était pas facile.

Au delà du pont transbordeur (installé à l’origine à Bizerte), on trouve la zone dite du Salou avec trois bassins et la cale du Point au Jour.

A l’origine se trouvait une montagne de 25m de schiste qui fût arasée pour pouvoir construire le bassin n°6. Ce bassin construit entre 1822 et 1827 est un bassin à gravité, se remplissant en fonction des marées. Son utilisation est arrêtée à partir de 1940 pour permettre l’extension du bassin n°7.

Le bassin n°7 situé au nord du bassin n°6 est creusé en 1864-65. Mesurant à l’origine 118m de long sur 26m de large, il est étendu à 130m ce qui lui permet de caréner tous les navires jusqu’au contre-torpilleur.

Le bassin n°4 est creusé entre 1856 et 1865, la durée des travaux s’expliquant par la dureté du sol (du schiste). Ce bassin de 200m de long sur 35m de large sert aux carénages et aux constructions, ce bassin construisant partiellement les cuirassés Dunkerque Richelieu et Clemenceau. Il va ensuite être utilisé pour les carénages de toutes les unités jusqu’aux croiseurs lourds.

En face de ces trois (puis deux bassins) nous trouvons la Cale du Point du Jour qui à construit un grand nombre de navires dont tous les croiseurs lourds français (sauf le Tourville et les Saint Louis construits à Lorient).

Cette cale est désaffectée en 1947 quand sont inaugurées les cales installées à La Pointe. Un temps, on envisage d’y installer un atelier de préfabrication mais finalement, on décide de lancer les travaux pour une forme de radoub de 150m de long sur 25m de large, une forme qui porte le n°12 mais en septembre 1948, les travaux sont loin d’être achevés. Ce n’est qu’en septembre 1950 que ce bassin couvert (tirant d’air 30m) est inauguré.

L’Ile Longue

L'Ile Longue (date inconnue)

L’Ile Longue (date inconnue)

Cette presqu’ile (uniquement à marée basse, le cordon sablonneux n’étant franchissable qu’à marée basse) à été fortifiée dès le 17ème siècle par Vauban pour renforcer la protection de la base de Brest.

Ces fortifications sont peu à peu abandonnées au 19ème siècle. Ainsi durant la première guerre mondiale, un camp de prisonnier allemand est installé de 1914 à 1919. Après guerre, cette zone de la rade de Brest est abandonnée.

En 1943, le groupe-école Armorique y est mouillé pour libérer de la place dans une rade-abri et en 1945, on envisage d’y établir une véritable base-sous-marine pour y regrouper les sous-marins alors dispersés entre la rade-abri et la Penfeld.

L’isthme reliant l’Ile Longue à  la presqu’ile de Crozon est rendu insubmersible par des digues de béton et d’acier. Une route permet de relier la base de Lanvéoc-Poulmic à l’Ile-Longue.

Un mouillage protégé est dessiné par deux digues empierrées qui permet au groupe-école Armorique d’être mieux protégé lors des tempêtes tout comme les sous-marins qui entre deux exercices prennent l’habitude d’y mouiller.

La guerre approchant, les travaux ambitieux initialement prévus _bassins à flot pour le stationnement des sous-marins pouvant servir de formes de radoub protégés par des blockhaus, ouvrages de défense_ sont reportés sine die.
Une version austère de la base est construite avec des ateliers, des dépôts de carburant et de munitions (obus, torpilles, mines), des logements pour l’équipage et une batterie de défense antiaérienne avec huit canons de 25mm Hotchkiss.

Ce n’est que bien après guerre que le projet initial ira jusqu’à son terme mais ceci est une autre histoire qui sort de ce cadre.

Le Dépôt Naval de l’Atlantique (DNA) (cimetière marin de Landevennec)

En septembre 1941 est officiellement créé le Dépôt Naval de l’Atlantique (DNA) destiné à prendre en main et à gérer les navires désarmés en attendant qu’une décision soit prise : remise en service après modernisation ou modifications, démolition ou utilisation comme cibles.

Ce DNA à un lieu : Landevennec, une commune située sur une boucle de l’Aulne où depuis le milieu du 19ème siècle sont rassemblés les navires désarmés de la marine nationale.

Les années quarante voient un grand nombre de navires désarmés à tel point qu’à plusieurs reprises, il fallut faire de la place pour les nouveaux.

A partir du 15 mai 1943, le DNA dispose d’une base et quelle base puisqu’il s’agit rien de moins que l’ancien porte-avions Béarn qui servait de ponton. Il abritait des ateliers et des logements pour les ouvriers du DNA chargés de veiller au bon état des navires désarmés en évitant qu’une voie d’eau n’entraine le naufrage du navire.

Successivement, les navires suivants sont confiés aux bons soins du DNA :

-Le pétrolier Rhône remorqué à Landevennec le 7 octobre 1941 et toujours présent le 5 septembre 1948.

-Le chalutier armé La Sablaise remorqué à Landevennec le 12 août 1942 et toujours présent le 5 septembre 1948.

-Le torpilleur d’escadre Orage remorqué à Landevennec en septembre 1942 (date exacte inconnue) et est toujours présent le 5 septembre 1948.

-Le chalutier armé La Quimperoise est présent à Landevennec du 2 avril 1943 au 21 septembre 1945.

-Le torpilleur d’escadre Mistral est remorqué à Landevennec le 15 avril 1943 y est toujours présent le 5 septembre 1948.

-Le torpilleur d’escadre Siroco est présent à Landevennec du 21 avril 1943 au 12 avril 1946

-Le torpilleur d’escadre Cyclone est remorqué à Landevennec le 27 juin 1943 et y est toujours présent le 5 septembre 1948

-Le sous-marin Pascal est remorqué à Landevennec le 15 octobre 1943 et y est toujours présent le 5 septembre 1948

-Le sous-marin Henri Poincaré est remorqué à Landevennec le 31 janvier 1944 et y est toujours présent le 5 septembre 1948

-Le torpilleur d’escadre Brestois est présent à Landevennec du 18 avril 1944 au 17 juin 1947

-Le sous-marin Poncelet est présent à Landevennec du 21 juillet 1944 au 5 septembre 1946

-Le contre-torpilleur Chacal est remorqué à Landevennec le 7 septembre 1944 et y est toujours quatre ans plus tard

-Le contre-torpilleur Jaguar est remorqué au Dépôt Naval de l’Atlantique le 15 septembre 1944 et coulé comme cible le 14 mars 1946

-Le contre-torpilleur Léopard est remorqué au DNA de Landevennec le 5 octobre 1944 et y est toujours présent le 5 septembre 1948

-Le sous-marin Archimède est présente à Landevennec du 15 septembre 1944 au 18 mars 1947

-Le torpilleur d’escadre L’Adroit est présent à Landevennec du 8 janvier 1945 au 14 mars 1946, date à laquelle il est coulé comme cible en même temps que le Jaguar.

-Le torpilleur d’escadre Le Boulonnais est remorqué à Landevennec à partir du 10 janvier 1945 et y est toujours le 5 septembre 1948.

-Le contre-torpilleur Panthère est remorqué à Landevennec le 13 juin 1945 et y est toujours le 5 septembre 1948.

-Le sous-marin Achille est remorqué à Landevennec le 15 juin 1945 et y est toujours le 5 septembre 1948

-Le contre-torpilleur Lynx est remorqué à Landevennec le 27 août 1945 et y est toujours le 5 septembre 1948

-Le sous-marin Argo est remorqué à Landevennec le 5 septembre 1945 et y est toujours trois ans plus tard

-Le contre-torpilleur Bison est présent à Landevennec à partir du 8 novembre 1945 et y est toujours le 5 septembre 1948

-Le contre-torpilleur Guépard est présent à Landevennec à partir du 30 novembre 1945 et y était toujours le 5 septembre 1948

-Le torpilleur d’escadre Le Fougueux est présent à Landevennec du 7 décembre 1945 au 12 septembre 1946

-Le contre-torpilleur Lion est présent à Landevennec à partir du 10 décembre 1945 et y est toujours le 5 septembre 1948

-Le torpilleur d’escadre Le Foudroyant est présent à Landevennec du 18 décembre 1945 au 14 juin 1947

-Le sous-marin Ajax est présent à Landevennec du 4 janvier 1946 au 5 septembre 1948 quand il est réarmé comme sous-marin école

-Le sous-marin Persée est présent à Landevennec du 8 juillet 1946 au 15 septembre 1947

-Le sous-marin Pasteur est présent à Landevennec du 12 octobre 1946 au 14 décembre 1947

-Le torpilleur d’escadre Le Frondeur est présent à Landevennec à partir du 22 décembre 1946.

Quand le conflit éclate, le DNA de Landevennec est loin d’être vide puisqu’il regroupe dans ce mouillage, serrés au chausse pied pas moins de huit contre-torpilleurs (Léopard Chacal Tigre Lynx Panthère Guépard Bison Lion), de cinq torpilleurs d’escadre (Cyclone Mistral Orage Boulonnais Frondeur), de cinq sous-marins (Pascal Henri Poincaré Achille Ajax Argo), de l’ancien chalutier armé La Sablaise et de l’ancien pétrolier Le Rhône.

Les fortifications

En vert, les principales positions fortifiées et en rouge, la base aéronavale du Lanvéoc-Poulmic et avec l'étoile, le DNA

En vert, les principales positions fortifiées et en rouge, la base aéronavale du Lanvéoc-Poulmic et avec l’étoile, le DNA

Comme nombre de bases de la marine nationale, les défenses de la place de Brest sont en 1939 dans un état lamentable, la faute à un sous-investissement et à dire vrai l’absence d’une menace réelle sur la principale base de la Flotte de l’Atlantique.

Quand éclate la guerre de Pologne, les fortifications de la place de Brest sont les suivantes :

-Aux Capucins, on trouve 3 canons de 240mm qui équipent également la batterie de Toulbroch qui dispose en sus de quatre canons de 105mm modèle 1893

-La batterie des Rospects dispose de quatre canons de 164mm modèle 1893 modifié 96 ainsi que deux canons de 75mm.

-Au Kerbonn et au lieu-dit La Chèvre sont implantés quatre canons de 164mm modèle 1893 modifié 1896.

-Au Minou, on trouve quatre canons de 105mm modèle 1893 alors qu’au Mengorn, se trouvent trois canons de 100mm et deux canons de 75mm.

-Au Portzic sont installés trois canons de 105mm, deux canons de 75mm pour la défense des passes et de quatre canons de 47mm modèle 1885.

-A la Pointe des Espagnols sont installés trois canons de 105mm modèle 1897 et quatre canons de 47mm modèle 1885

-A la Pointe de Cornouaille (entre les Capucins et les Espagnols) sont implantés trois canons de 105mm modèle 1897

-Aux lieu-dit Robert et Deliée sont installés respectivement quatre et deux canons de 75mm.

-Enfin sur l’île d’Ouessant, sont implantés quatre canons de 75mm, deux à Ouessant-Stiff et deux à Ouessant-Creach.

Néanmoins, au début de la décennie 1940, décision est prise de reconstruire les défenses de Brest en priorité côté mer et si le temps et les moyens suivent côté terre pour en faire une forteresse inexpugnable au cas où les choses tourneraient très mal.

Plutôt que de poser une emplâtre sur une jambe de bois, on préfère repartir de zéro en aménageant de toutes nouvelles positions à la pointe des Espagnols et au Portzic dont la prise couperait la rade de Brest de la mer.

Un temps, on envisage de réutiliser les tourelles de 305mm des Courbet après leur désarmement mais on préfère des travaux moins coûteux et plus raisonnables avec un fort de forme parallélépipédique.

Chaque fort dispose de quatre canons de 152mm modèle 1931 ayant appartenus au cuirassé Richelieu montés sur affût circulaire et sous masque, un à chaque angle pour battre par le feu sur 360°. Leur action peut être complétée par les deux affûts doubles de 90mm dont la mission première est le tir contre avions mais qui peut aussi assurer le tir contre terre et le tir contre but flottant.

La défense contre terre et contre une éventuelle attaque d’infanterie ennemie (on imagine plus se battre contre une compagnie de débarquement de la Kriegsmarine que contre la Werhmacht) est assurée par six affûts combinant un canon de 47mm modèle 1934 et deux mitrailleuses de 7.5mm.

La défense contre-avions n’est pas oubliée avec en plus des quatre canons de 90mm et un total de six canons de 25mm Hotchkiss modèle 1939-40.

Chaque fort, celui du Portzic comme celui de la pointe des Espagnols est armé par une compagnie d’ouvrages semblables à celles armant les ouvrages de la ligne Maginot.

Pour protéger l’Anse du Poulmic et plus généralement le sud de la rade de Brest, deux positions sont implantées, l’une à la Pointe de l’Armorique et l’autre à la pointe de Lanvéoc.

Les ouvrages sont identiques pour protéger la base-aéronavale de Lanvéoc-Poulmic qui en 1948 avant la mobilisation et la déconcentration accueille pas moins de 162 appareils sur plusieurs dizaines d’hectares pour l’une des plus grandes implantations militaires de France.

On trouve une tourelle double de 130mm modèle 1936 _identique à celle des Intrépide, des Joffre et des cuirassés_ , quatre canons de 75mm modèle 1897 sous masque et sur plate-forme rotative aux quatre coins du fort et quatre affûts jumelant un canon de 47mm et une mitrailleuse de 7.5mm. La défense antiaérienne est assurée par six canons de 25mm en affûts simples.

Les autres défenses de la base doivent être mises en place à la mobilisation, des ouvrages de campagne avec tranchées, champs de mines et barbelés.

La défense antiaérienne de la rade de Brest est assurée par la 3ème Batterie Anti-Aérienne de Marine (3ème BAAM) qui dispose d’un total de vingt-huit canons de 75mm contre-avions répartis par groupe de quatre à Quelern, Lanvéoc-Poulmic, Trinité, Coat y Ogen,Kerguividic, Toralan et Corbeau.

Quand à la défense terrestre, elle est assurée par un bataillon de fusiliers marins, le 1er BFMA (Bataillons de Fusiliers-Marins de l’Atlantique) qui reçoit en juin 1948 le renfort d’une compagnie de chars légers Renault R-35.

A Ouessant, les canons de 75mm restent en position, positions réaménagées avec une amélioration du champ de tir.

Navires basés à Brest au 5 septembre 1948

A la veille du second conflit mondial, les navires suivants sont stationnés à Brest :

Rade-abri

-Cuirassés Lorraine, Gascogne et Normandie sont amarrés sur coffre le long de la Jetée Sud.

-Porte-avions Painlevé et Henriette de France  sont amarrés sur coffre le long de la Jetée Sud.

-Pétrolier Le Var amarré sur coffre le long de la Jetée Sud

-Pétrolier Ravitailleur d’Escadre La Seine amarré sur coffre le long de la Jetée Sud

-Cargo rapide Mostaganem amarré sur coffre le long de la Jetée Sud

Quai des flottilles

-Croiseurs lourds Foch et Colbert

-Croiseurs légers Georges Leygues La Gloire et Montcalm

-Croiseur-école Jeanne d’Arc

-Contre-torpilleurs Bugeaud Du Chayla Dupetit-Thouars (3ème DCT)

-Contre-torpilleurs Vautour Milan Epervier (6ème DCT)

-Ravitailleur rapide Lot

-Ravitailleur rapide La Charente

Bassin des torpilleurs

-Torpilleurs d’escadre L’Intrépide et Le Téméraire chargés de la protection du cuirassé Lorraine

-Torpilleurs d’escadre Durandal et Dague chargés de la protection du cuirassé Gascogne

-Torpilleurs d’escadre Sabre et Claymore chargés de la protection du cuirassé Normandie

-Torpilleurs d’escadre Arquebuse et Cimeterre chargés de la protection du porte-avions Painlevé

-Torpilleurs d’escadre Ney et Murat chargés de la protection du porte-avions léger Henriette de France

-Corvettes anti-sous-marines La Malouine La Dieppoise La Remoise  et La Versaillaise (1ère DEO)

-Corvettes anti-sous-marines La Calaisienne La Troyenne La Rochelaise et La Paloise (4ème DEO)

Jetée Est

-Ravitailleur de sous-marins Jules Verne

-Sous-marins Casabianca Sfax Centaure L’Espoir (2ème DSM)

-Sous-marins Rolland Morillot La Praya La Martinique et Ile de France (4ème DSM)

-Sous-marins Ile de Ré Ile d’Yeu Kerguelen et La Guadeloupe (6ème DSM)

-Sous-marins  Agosta Bévéziers Ouessant et Sidi Ferruch (8ème DSM)

Le château

-Avisos Amiens et Arras utilisés comme auxiliaires

-Aviso hydrographe Beautemps-Beaupré

-Aviso-dragueurs  L’Impétueuse, La Capricieuse, La Batailleuse et La Boudeuse (3ème DEL)

-Patrouilleur ASM/navire-école L’Heureux (P-28)

-Patrouilleur ASM Patrie (P-36)

-Navire école Notre Dame de France (P-95)

-Chasseurs de sous-marins CH-7 et CH-8

-Chasseurs de sous-marins CH-53 et CH-54

-Dragueurs de mines Avranches et Pornic

-Voiliers-école L’Etoile et La Belle Poule

La Penfeld

-Pétrolier-caboteur La Lèze

-Aviso Calais utilisé comme ravitailleur d’hydravions

-Ravitailleur d’hydravions Sans Souci

-Cargo rapide Mers-El-Kébir

-Remorqueur de haute mer Elephant

-Remorqueurs Champion  L’Appliqué L’Attentif et L’Acharné (1000cv)

-Remorqueurs  Penfeld Plougastel Portzic et Provençal (600cv)

-Remorqueurs Narcisse et Lotus (750cv)
-Gabares Le Titan La Résistante La Prévoyante et la Victorieuse

6-Cuirassés et croiseurs de bataille (9)

Le Clemenceau

Le projet initial du Clemenceau

Comme nous avons pu le voir, à l’annonce de la construction des Richelieu et des Jean Bart, l’Italie riposta en annonçant la construction de deux autres cuirassés de type Littorio baptisés Roma et Impero. La France passa ensuite commande de deux autres cuirassés à la tranche 1938bis mais seul le premier baptisé Clemenceau sera un type Richelieu.

Le 2 décembre 1937, le chef d’état major de la marine nationale, le vice-amiral Darlan demanda au Service Techniques des Constructions Navales (STCN), une étude pour les nouveaux cuirassés.

Le STCN dessina trois catégories d’études appelées «A» «B» et «C», les variantes A étant armées de deux tourelles quadruples de 380mm concentrées à l’avant, les variantes B étant armées de deux tourelles quadruples de 380mm (une avant et une arrière) et les variantes C de trois tourelles triples de 380mm.

Le 19 mars 1938, le vice-amiral Darlan sélectionna la variante A2 pour le troisième cuirassé de classe Clemenceau. Il s’agissait d’un navire armé de deux tourelles quadruples de 380mm concentrées à l’avant, de quatre tourelles triples de 152mm (deux arrières axiales et deux latérales juste en arrière du bloc passerelle), de six affûts doubles de 100mm modèle 1937 et une DCA légère devant être composé de six affûts doubles ACAD (Affût Contre-Avions Double) modèle 1935 et neuf affûts quadruples de 13.2mm. Les installations d’aviation étaient identiques à celles du Richelieu.

-Le Clémenceau est mis sur cale dans la forme n°4 du Salou le 17 janvier 1939, jour où la coque du Richelieu à été mise à flot.

Les travaux sont suspendus le 28 septembre 1939 en raison de la mobilisation générale qui perturbe l’Arsenal de Brest et la nécessité d’accélerer l’achèvement du Richelieu. Les travaux reprirent le 6 décembre 1939 mais ne s’accélèrent qu’à partir du printemps 1940 quand le gros du travail sur le Richelieu était achevé.

L’élément central de la coque est mis à flot le 17 décembre 1940 et aussitôt remorqué et échoué dans le bassin n°9 du Laninon pour recevoir les éléments avant et arrière sans parler des travaux sur le bloc-passerelle.

Le Clemenceau est mis à flot le 15 septembre 1941 alors achevé à environ 75%. Mouillé en rade-abri, il reçoit son armement et certains équipements radars.

A la différence des Richelieu et Jean Bart qui disposent un temps d’un armement secondaire mixte avec des canons de 152 et de 100mm, le Clemenceau dispose dès son achèvement de dix tourelles doubles de 130mm à double usage.

Il va également recevoir certains des premiers affûts ACAD modèle 1935 en l’occurence six et douze canons de 25mm Hochkiss modèle 1939/40 en six affûts doubles.

Il est armé pour essais le 12 septembre 1942. Après des essais au point fixe du 15 au 27 septembre, il repasse au bassin du 29 septembre au 4 octobre 1942 avant d’entamer ses premiers esssais à la mer, une première campagne de trois semaines ayant lieu sur la base des Glénans et dans le Golfe de Gascogne (7-28 octobre 1942).

Après des travaux au mouillage jusqu’au 5 novembre, il effectue une deuxième campagne d’essais à la mer du 7 au 22 novembre 1942 avant une nouvelle période au bassin du 28 novembre 1942 au 15 janvier 1943.

Le 18 janvier 1943, il appareille  pour une école à feu à Rufisque. Il arrive à Dakar le 25 janvier et entame dès le lendemain son école à feu, école qui dure jusqu’au 21 février 1943.

Il repart de Dakar le 23 février pour rentrer à Brest le 28 février 1943. Il passe au bassin pour travaux du 2 au 25 mars 1943. La clôture d’armement est prononcée le 8 avril 1943 et le Clemenceau appareille pour sa traversée de longue durée.

Il quitte Brest le 15 avril, fait escale au Verdon le 20 avril, à Lisbonne du 22 au 27 avril, le président du conseil Antonio de Oliveira Salazar visitant le navire le 23 avril, le président de la République le général Oscar Carmona faisant de même le lendemain.

Le cuirassé après ravitaillement auprès d’un pétrolier affrété traverse l’Atlantique à bonne vitesse (25 noeuds de moyenne), arrivant à Rio de Janeiro le 4 mai après huit jours de mer. Mouillé dans la baie de Rio, il est ouvert au public du 5 au 8 mai avant de reprendre la mer, manoeuvrant pendant trois jours avec la marine brésilienne avant de mettre cap sur Buenos Aires, le navire faisant escale dans l’estuaire du Rio de la Plata du 13 au 18 mai.

Le 19 mai _jour prévu de son appareillage pour Dakar_, une violente tempête éclate et secoue rudement le Clemenceau malgré ses 40000 tonnes bien tassées. Plusieurs amarres se rompent et le navire s’échoue sur un banc de sable. Le navire se remet à flot naturellement. Passant au bassin à Buenos Aires, les dégâts sont limités et ne remettent pas en cause la suite de sa TLD. Le cuirassé appareille de Buenos Aires le 23 mai 1943 pour une semaine de manoeuvres avec la marine argentine notamment le cuirassé Rivadivia (qui sera désarmé en 1944) avant de traverser l’Atlantique à partir du 30 mai et arriver à Dakar le 8 juin 1943.

Il passe au bassin pour réparer les avaries causées par l’échouage de Buenos Aires du 10 au 24 juin (légère déformation du bordé) avant de reprendre la mer le 27 juin direction Casablanca où il arrive le 4 juillet 1943 pour cinq jours d’escale. Reprennant la mer le 9 juillet, il arrive à Toulon le 13 juillet.

Ouvert au public à Toulon du 14 au 21 juillet, le cuirassé est indisponible pour des travaux complémentaires du 22 juillet au 12 août, sortant pour d’ultimes essais de navigation et de tir du 13 au 27 août, rentrant à Toulon le lendemain 28 août. A noter que durant cette sortie, il est accompagné de ses torpilleurs d’escadre Rapière et Hallebarde

La commission d’armement sort à bord du cuirassé du 30 août au 7 septembre puis du 9 au 14 septembre, donnant un avis favorable à son admission au service actif.

Le 15 septembre 1943, le cuirassé Clémenceau est admis au service actif au sein de la Flotte de la Méditerranée formant la 3ème DL avec son sister-ship Richelieu.

Cette division est intégrée au Groupement de Ligne de la 2ème escadre composé également de la 1ère DL (croiseurs de bataille Dunkerque et Strasbourg).

La première sortie opérationnelle du nouveau cuirassé français à lieu du 16 au 24 septembre, une série d’exercices destinés à roder l’équipage encore novice du cuirassé. Après une escale à Bastia du 24 au 28 septembre, le cuirassé subit un entrainement de défense aérienne à la mer du 29 septembre au 9 octobre. Après une escale à Nice du 10 au 15 octobre, le cuirassé rentre à Toulon le 17 octobre dans la soirée.

Le Clemenceau quitte à nouveau Toulon le 21 octobre pour les salins d’Hyères où il mouille du 22 au 27 octobre avant de rentrer à Toulon le lendemain, 28 octobre 1943.

Le Richelieu et le Clemenceau sortent pour entrainement le 2 novembre 1943. Il ne sont pas seuls, appareillant avec le contre-torpilleur Marceau, la 5ème DCT composé des contre-torpilleurs  Aigle Albatros Gerfaut et le ravitailleur rapide L’Adour. La petite escadre manoeuvre dans le Golfe du Lion jusqu’au 12 novembre quand les cuirassés, leurs torpilleurs d’escorte, les contre-torpilleurs et le ravitailleur font escale à Marseille jusqu’au 18 novembre.

Du 19 au 27 novembre, les contre-torpilleurs tentent d’intercepter les cuirassés qui protégeaient le ravitailleur avant un ravitaillement à la mer le 28 novembre. Après un exercice de défense aérienne à la mer du 29 novembre au 4 décembre, les cuirassés font escale à Ajaccio avec leurs torpilleurs, le ravitailleur à Calvi et les contre-torpilleurs à l’Ile-Rousse et ce du 5 au 11 décembre. Ils rentrent tous à Toulon le 13 décembre 1943.

Le Clemenceau sort pour entrainement en compagnie de ses deux torpilleurs d’escadre, les Rapière et Hallebarde du 17 au 23 décembre et du 26 au 30 décembre, rentrant à Toulon le 31 décembre, à temps pour fêter le passage à la nouvelle année à quai à Toulon.

Alors que le Richelieu est en grand carénage à Brest, le Clemenceau va s’entrainer intensivement, le plus souvent en solitaire mais avec parfois d’autres unités de la 2ème escadre.

Le 2 janvier 1944 est signée la charte de parrainage entre la ville de la Roche sur Yon _préfecture du département de la Vendée_ et le cuirassé, Georges Clemenceau étant issu de ce département.

Après une sortie au large de Toulon du 4 au 12 janvier 1944, le Clemenceau quitte Toulon le 15 janvier 1944 pour une Ecole à feu Rufisque. Il fait escale à Mers-El-Kébir du 17 au 21 janvier, débarquement du matériel envoyé par la DCAN de Toulon à son établissement de Mers-El-Kébir.

Reprennant la mer, il franchit le détroit de Gibraltar le 24 janvier et fait escale à Casablanca du 25 au 28 janvier, appareillant ce jour pour Dakar où il arrive le 1er février 1944. Ayant connu plusieurs problèmes techniques, il est mis au bassin du 2 au 17 février pour inspection et réparations.

Remis à flot, il subit une période d’essais à la mer du 18 au 21 février 1944 avant de reprendre l’entrainement. Après un entrainement de base du 22 février au 2 mars, le cuirassé réalise son Ecole à feu du 4 mars au 2 avril.

Après une nouvelle escale à Dakar du 3 au 7 avril 1944, le cuirassé et ses deux torpilleurs d’escadre appareillent pour rentrer à Toulon mais par petites étapes comme on disait au Grand Siècle puisqu’ils font escale à Port-Etienne du 8 au 12 avril, à Casablanca du 14 au 20 avril, à Gibraltar du 21 au 25 avril, à Mers-El-Kébir du 28 avril au 2 mai avant de rentrer à Toulon le 4 mai 1944.

Après une période d’entretien à flot du 5 mai au 7 juin, le Clemenceau sort pour essais du 8 au 12 juin avant remise en condition avec ses torpilleurs d’escadre du 14 au 30 juin 1944.

Le cuirassé et ses torpilleurs d’escadre sortent le 5 juillet 1944 pour un exercice en compagnie de la 1ère Division de Torpilleurs composés des torpilleurs léger Le Fier L’Agile L’Entreprenant et Le Farouche.

Après un exercice de navigation de combat jusqu’au 12 juillet, le cuirassé et ses torpilleurs d’escorte quittent seuls la rade de Villefranche pour échapper aux torpilleurs légers qui tentent de les intercepter entre le Continent et le Cap Corse, cet exercice ayant lieu du 13 au 19 juillet avant une escale à Bastia du 20 au 24 juillet.

Le cuirassé et les six torpilleurs gagnent Ajaccio le 26 juillet où ils retrouvent la 10ème DCT composée des contre-torpilleurs Le Terrible Le Triomphant et L’Indomptable, division appartenant à la 4ème Escadre et donc venus de Mers-El-Kébir.

Du 27 juillet au 4 août, le cuirassé et les deux torpilleurs d’escadre couvrent l’attaque des torpilleurs légers contre les contre-torpilleurs simulant des navires rapides tentant de gagner Toulon avant que le cuirassé ne change de camp pour la revanche du 6 au 13 août. Après une escale à Mers-El-Kébir du 15 au 21 août, le cuirassé et les six torpilleurs appareillent pour rentrer à Toulon le 23 août 1944.

Après une période d’indisponibilité du 24 août au 12 septembre 1944, le Clemenceau sort pour essais du 13 au 17 septembre avant remise en condition du 18 septembre au 5 octobre, rentrant à Toulon le 13 octobre après une escale à Nice du 6 au 11 octobre.

Le Clemenceau sort pour entrainement aviation du 15 au 22 octobre, effectuant soixante-quatre catapultages et autant de récupération de ses deux Dewoitine HD-731.

Rentré à Toulon le 23 octobre, le cuirassé sort pour un entrainement au combat de nuit du 27 octobre au 3 novembre avant une escale à Nice du 4 au 11 novembre, la compagnie de débarquement du cuirassé défilant dans la ville à l’occasion de la commémoration de l’Armistice.

Il reprend la mer le 12 novembre pour un exercice de défense aérienne à la mer jusqu’au 20 novembre destiné à entrainer les cannoniers du cuirassé, les équipes de lutte contre les avaries mais également les unités de l’armée de l’air basées en Corse. Après une escale à Ajaccio du 21 au 25 novembre, le cuirassé rentre à Toulon le 27 novembre 1944.

Le Clemenceau et ses torpilleurs d’escadre Rapière et Hallebarde sortent pour un entrainement ASM du 6 au 15 décembre 1944.

Les sous-marins Fresnel et Acheron  avaient appareillé le 5 décembre pour tenter d’intercepter le cuirassé et les torpilleurs d’escadre qui devaient se rendre à Bizerte en évitant l’interception. Les sous-marins pouvaient compter sur les avions et les hydravions de l’armée de l’air basés en Afrique du Nord alors que le cuirassé ne pouvait user que de ses deux Dewoitine HD-731.

Le cuirassé arrive à Bizerte le 16 décembre  pour quelques jours d’escale. Il repart le 20 décembre pour rentrer à Toulon le 23 décembre et rester à quai jusqu’à la fin de l’année.

Le Clemenceau sort pour la première fois de l’année 1945 par une école à feux du 7 au 17 janvier puis après une escale à Nice du 18 au 21 janvier s’entraine au combat antisurface du 22 janvier au 2 février,date de son retour à Toulon.

Après ravitaillement à Toulon le 11 février, le Clemenceau part le lendemain avec ses deux torpilleurs d’escadre pour Rufisque et une école à feux.

Il fait escale à Casablanca du 16 au 18 février avant de gagner Dakar où il arrive le 22 février. Son entrainement au tir à lieu du 24 février au 12 mars. Quittant Dakar le 13 mars, le Clemenceau et ses deux anges gardiens rentrent à Toulon le 21 mars après une escale de ravitaillement à Mers-El-Kébit le 19 mars 1945.

Le Clemenceau sort du 24 mars au 8 avril 1945 en compagnie de son sister-ship Richelieu et de la 6ème DC pour un entrainement combiné dans le Golfe du Lion avec entrainement au combat de nuit et exercice de défense aérienne à la mer, exercices qui sont suivis d’une escale à Marseille du 9 au 12 avril. Reprennant la mer, ils s’entrainent au combat antisurface du 13 au 22 avril avant de rentrer à Toulon le 27 avril après une escale à Bastia du 23 au 26 avril 1945.

Le Clemenceau sort  nouveau pour une école  feux du 4 au 14 mai avant de rentrer à Toulon pour préparer un nouvel exercice mais victime d’une avarie, il est indisponible du 16 mai au 7 juin

Après son indisponibilité accidentelle (avarie de chaudière), le Clemenceau sort pour essais du 8 au 12 juin avant d’aller mouiller aux salins d’Hyères du 13 au 17 juin. Reprennant la mer le lendemain 18 juin, le cuirassé se ravitaille en route auprès du pétrolier-ravitailleur Liamone et cingle en direction de Bizerte où il fait escale du 22 au 27 juin, mouillant au milieu du lac.

Reprennant la mer, il fait escale à Sfax du 28 juin au 2 juillet avant de traverser la Méditerranée orientale en direction de Beyrouth où il arrive le 7 juillet, accompagné de ses deux torpilleurs d’escadre et du pétrolier-ravitailleur La Mayenne.

Le cuirassé et ses deux torpilleurs manoeuvrent en compagnie de l’aviso-colonial La Grandière, navire-amiral de la DNL. Du 9 au 15 juillet, les quatre navires subissent un entrainement DAM avant de se ravitailler auprès de La Mayenne qui ses soutes vides cingla vers Haïfa en compagnie de la Grandière pour recompléter ses soutes.

Durant cet intermède (16 au 20 juillet), le cuirassé et les deux torpilleurs s’entrainèrent au combat de nuit avant de retrouver le pétrolier-ravitailleur et l’aviso pour un ravitaillement à la mer le 21 juillet suivit par un exercice de combat antisurface du 22 au 31 juillet.

Le Clemenceau fait ensuite escale à Alexandrie du 1er au 8 août, rentrant à Toulon le 18 août après escale à Bizerte du 12 au 15 août 1945. Il est indisponible (permissions de l’équipage) jusqu’au 4 septembre 1945.

Il sort pour essais et entrainement du 8 au 21 septembre avant d’enchainer par une Ecole à feu à Rufisque. Pour cela, il ne regagne pas Toulon, étant ravitaillé par le pétrolier-ravitailleur La Saône qui va l’accompagné jusqu’à Dakar.

Les quatre navires franchissent le détroit de Gibraltar le 27 septembre et arrivent à Dakar sans aucune escale le 3 octobre 1945. Après une semaine d’escale pour remettre le navire en état _la mer ayant causé quelques dégâts_, le cuirassé effectue une première école à feux du 11 au 21 octobre suivit d’une nouvelles escale de représentation à Dakar du 22 au 25 octobre.

Il reprend la mer le lendemain, effectuant un exercice DAM du 26 octobre au 4 novembre avant un ravitaillement à la mer au prèst de La Saône le 5 novembre. Du 6 au 10 novembre, le cuirassé et ses torpilleurs s’entrainent au combat de nuit avant de rentrer à Dakar pour les commémorations du 11 novembre 1945.

Le cuirassé et ses torpilleurs d’escortent effectuent une deuxième Ecole à feux du 12 au 27 novembre avant de regagner Dakar pour une ultime escale jusqu’au 1er décembre 1945 date de son appareillage de Dakar pour rentrer à Toulon. Il fait escale à Casablanca du 4 au 7 décembre, rentrant à son port d’attache le 11 décembre 1945.

Après une période d’entretien à flot du 12 au 25 décembre, le Clemenceau sort pour essais du 26 au 31 décembre 1945, attendant la nouvelle année pour reprendre l’entrainement.

La première sortie de l’année à lieu du 5 au 15 janvier 1946, un entrainement à la navigation de combat suivit par un mouillage aux salins d’Hyères du 16 au 22 janvier. Il rentre à Toulon le lendemain 23 janvier.

Le Clemenceau quitte à nouveau Toulon le 27 janvier 1946 pour un entrainement aviation. Du 27 janvier au 5 février, il entraine ses deux Dewoitine HD-731. Il gagne ensuite Ajaccio pour une escale du 6 au 9 février 1946. Il reprend la mer pour une école à feux du 10 au 21 février avant de rallier Toulon le lendemain 22 février 1946. Il va alors se préparer à un premier déploiement outre-mer

Le cuirassé Clemenceau appareille de Toulon le 14 mars 1946 pour l’Océan Indien, accompagné par deux torpilleurs d’escadre, retrouvant le Colbert _venu de Brest_ au sud de la Sardaigne, le cuirassé fait escale à Bizerte le 19 mars à Alexandrie le 22 mars, franchit le canal de Suez les 23 et 24 mars et arrive à Djibouti le 29 mars, mouillant à l’extérieur du port en raison de son tirant d’eau important.

Il y retrouve le croiseur lourd Tourville et l’aviso colonial Savorgnan de Brazza mais point le Lamotte-Picquet qui est victime d’une très grave avarie de propulsion le 12 janvier 1946 (deux chaudières ont explosé faisant huit morts, les turbines ont été soumises à des surpression et les lignes d’arbre désaxées font vibrer le navire), si grave qu’il à été désarmé le 2 février 1946.

Le Clemenceau reprend la mer avec le Tourville, le Colbert, l’aviso colonial et les deux torpilleurs d’escadre et fait escale à Aden du 2 au 4 avril avant de reprendre la mer direction Diego Suarez où la petite force navale arrive le 7 avril 1946, la traversée étant l’occasion de manoeuvrer pour entrainer les équipages.

Les deux torpilleurs se séparent alors du groupe et gagne La Réunion, faisant escale à Port-des-Galets du 9 au 11 avril puis à l’Ile Maurice du 14 au 17 avril, retrouvant en mer le cuirassé et les deux croiseurs lourd le 18 avril.

Un temps, il fût envisagé de rentrer à Toulon par le cap de Bonne Espérance et le détroit de Gibraltar mais au final, il est décidé de rapatrier la coque de l’ex-croiseur léger Lamotte-Picquet en métropole et comme le plus court chemin passe par le canal de Suez……… .

Le Tourville fait brièvement escale le 25 avril pour ravitailler, laissant la force navale venue de métropole passer 24h de plus soit jusqu’au 26 avril. Ils franchissent le canal de Suez le 3 mai avec le Colbert (qui rentrera ensuite à Brest dans la foulée) remorquant la coque du Lamotte-Picquet, faisant escale à Bizerte le 8 mai puis rentre à Toulon le 13 mai 1946. Le Tourville lui était rentré à Diego-Suarez le 2 mai 1946.

Le Clemenceau est indisponible du 17 mai au 7 juin 1946 pour entretien et permissions de l’équipage, sortant pour essais du 8 au 10 juin et stage de remise en condition du 11 au 30 juin.

Après une escale de ravitaillement à Toulon le 1er juillet, le Clemenceau se rend dans l’Atlantique pour exercice en compagnie de ses deux torpilleurs et du pétrolier ravitailleur Liamone, la série d’exercices ayant lieu du 5 au 15 juillet avant une escale à Lisbonne du 16 au 21 juillet.

Reprennant la mer le 22 juillet, le cuirassé manoeuvre dans le Golfe de Gascogne dans un exercice anti-sous-marin avec le sous-marin Ouessant et ce du 24 juillet au 4 août quand le cuirassé franchit le goulet et retrouve son berceau, son chantier constructeur en l’occurence Brest pour une longue escale au cours de laquelle il est ouvert au public.

Il reprend la mer le 13 août 1946, subit un entrainement de défense aérienne à la mer du 14 au 22 août avant une escale au Verdon, le port maritime de Bordeaux du 23 au 26 août. Il relâche ensuite à Gibraltar du 29 août au 2 septembre avant de rentrer à Toulon le 5 septembre 1946.

Du 8 au 30 septembre 1946, il participe au stage de remise en condition de son sister-ship Richelieu avant d’appareiller le 2 octobre pour Dakar pour une école à feu en compagnie de son grand frère. Les deux cuirassés se tirent joyeusement la bourre du 9 au 21 octobre 1946 avant de rentrer à Toulon le 29 octobre 1946.

Si le Richelieu est en petit carénage du 5 novembre 1946 au 9 janvier 1947, le Clemenceau reste en service jusqu’à la disponibilité de son ainé, effective le 2 février 1947.

Le Richelieu en petit carénage, le Clemenceau va rester déployé dans le bassin occidental de la Méditerranée, une façon de faire pression sur l’Italie. Il n’en oublie pas pour autant l’entrainement enchainant les exercices.

Le Clemenceau est ainsi en mer pour un entrainement au combat de nuit du 7 au 10 novembre, un entrainement à la défense aérienne à la mer du 12 au 21 novembre, un entrainement au combat antisurface du 24 novembre au 4 décembre et un entrainement aviation du 7 au 17 décembre avant de passer la fin de l’année à Toulon (18 au 21 décembre, 25 au 31 décembre) et aux salins d’Hyères (21 au 24 décembre). Le cuirassé Clemenceau sort pour la première fois de l’année 1947 du 2 au 7 janvier pour un entrainement de base suivit par un ravitaillement à la mer auprès du PRE (Pétrolier-Ravitailleur d’Escadre) La Saône le 8 janvier.

Les soutes pleines, il enchaine par un exercice de défense aérienne à la mer du 9 au 13 janvier puis des simulations de bombardement littoral contre les défenses du secteur de Toulon du 14 au 22 janvier. Il termine ce cycle d’entrainement par un entrainement aviation du 24 janvier au 5 février avant de rentrer à Toulon le lendemain, 6 février 1947.

Le Richelieu étant de nouveau disponible, le Clemenceau débarque ses munitions et est échoué au bassin Vauban n°8 le 12 février 1947 pour entamer son premier grand carénage.

Echoué au bassin jusqu’au 16 octobre 1947, le cuirassé subit d’abord une remise en état complète avec grattage, sablage et peinture de la coque, changement des hélices, retubage et rebriquage des chaudières, changements des pièces de turbines défectueuses.

Les deux catapultes sont débarquées, démontées, inspectées et remontées, les locaux-vie sont remis en état, l’électronique du bord amélioré mais assez peu de modifications concernent l’armement, le renforcement de la DCA légère un temps envisagé n’est pas jugé prioritaire.

Remis à flot le 16 octobre, le Clemenceau subit une période complémentaire de travaux à quai du 17 octobre au 16 novembre. Armé pour essais le 17 novembre, il sort pour roder le nouveau matériel du 18 au 27 novembre 1947 avant de réaliser sa remise en condition opérationnelle du 30 novembre au 12 décembre, mouillant aux salins d’Hyères du 13 au 20 décembre avant de rentrer à Toulon le 21 décembre 1947.

Il commence l’année 1948 comme il avait terminé l’année 1947 par un entrainement de base dans le golfe du Lion du 4 au 15 janvier. Après s’être ravitaillé à Toulon le 16 janvier, il quitte le Var le 17 janvier, fait escale à Mers-El-Kébir du 19 au 22 janvier, à Casablanca du 25 au 30 janvier avant d’arriver à Dakar le 4 février 1948.

L’Ecole à feux du Clemenceau à lieu du 7 au 12 février quand elle est interrompue par une avarie d’une tourelle de 380mm (la I). Après travaux menés par l’établissement DCAN de Dakar du 13 au 20 février, l’Ecole à feux peut reprendre sans problèmes le 21 février, s’achevant le 14 mars quand le cuirassé s’amarre dans le port de Dakar pour une escale  du 15 au 22 mars.

Le cuirassé et ses deux torpilleurs d’escadre quittent Dakar le 23 mars, font escale à Gibraltar du 28 mars au 2 avril avant de rentrer à Toulon le 5 avril 1948.

Le Clemenceau sort à nouveau pour entrainement du 10 au 21 avril, mouillant à Ajaccio pour entrainer la flottille 24C basée à Aspretto du 22 au 27 avril. L’entrainement aviation à lieu du 28 avril au 7 mai avant que le cuirassé ne gagne Bizerte où il fait escale du 8 au 15 mai.

Reprennant la mer le lendemain 16 mai, le cuirassé effectue une croisière de présence en Méditerranée orientale, croisière marquée par une escale à Iskenderun du 21 au 25 mai, à Lattaquié du 27 mai au 2 juin, Beyrouth du 3 au 7 juin, Haïfa du 9 au 12 juin, Alexandrie du 14 au 17 juin, Bizerte du 20 au 24 juin avant de rentrer à Toulon le 28 juin 1948.

Après une période d’indisponibilité pour entretien à flot et permissions de l’équipage du 29 juin  au 19 juillet 1948, le cuirassé sort pour essais du 20 au 23 juillet avant de reprendre l’entrainement courant dans le Golfe du Lion du 25 juillet au 8 août 1948.

Rentrés à Toulon le 9 août 1948, le Clémenceau et ses deux torpilleurs d’escorte passent au régime de guerre le 15 août puis sortent pour entrainement du 16 au 23 août puis du 26 août au 2 septembre, étant à quai aux appontements du Milhaud un certain 5 septembre 1948.

Caractéristiques Techniques de la classe Richelieu

Richelieu

Déplacement : standard officiel 35000 tonnes standard réel 37250 tonnes charge normale 40927 tonnes  pleine charge 44698 tonnes

Dimensions : longueur (hors tout) 247.85m (entre perpendiculaires) 242.00m largeur : 33.08m tirant d’eau (charge normale) 9.22m (pleine charge) 9.90m

Propulsion : 4 turbines à engrenages Parson réparties en une salle des machines avant et une salle des machines arrières, alimentées par six chaudières Sural dévellopant 155000ch et entrainant quatre hélices

Performances :  vitesse maximale : 32 noeuds distance franchissable : 9500 miles nautiques à 15 noeuds 3450 miles nautiques à 30 noeuds.

Protection : ceinture principale 330mm bulkhead avant 355mm bulkhead au dessus du pont blindé intermédiaire 233mm pont blindé supérieur au dessus des soutes à munitions 170mm pont blindé supérieur au dessus des machines 150mm pont blindé intermédiaire 40/50mm (100mm au dessus des hélices et 150mm au dessus des lignes d’arbre)

Bloc passerelle : face avant et latérales 340mm arrière 280mm toit 170mm tube de communication 160mm

Tourelles quadruples de 380mm : face avant 430mm faces latérales 300mm toit 170 à 195mm face arrière 270mm (T.I) et 260mm (T.II) barbettes au dessus du PBS 405mm barbettes en dessous du PBS 80mm

Tourelles de l’artillerie secondaire : face avant 130mm côtés et toit 70mm face arrière 60mm barbette 100mm

Electronique : un radar de veille aérienne, un radar de veille surface, deux radars de conduite de tir

Armement : 8 canons de 380mm modèle 1935 en deux tourelles quadruples concentrées à l’avant, 20 canons de 130mm modèle 1932 en dix tourelles doubles modèle 1936 (six latérales, quatre axiales), 12 canons de 37mm en six affûts doubles ACAD modèle 1935 et 16 canons de 25mm Hotchkiss modèle 1939-40 en huit affûts doubles

Aviation : deux catapultes à la poupes pour deux à quatre hydravions

Equipage : 1569 officiers et marins

Jean Bart

Déplacement : standard 42806 tonnes charge normale 46500 tonnes pleine charge 48950 tonnes

Dimensions : longueur (hors tout) 247.85m (entre perpendiculaires) 242.00m largeur : 35.54m tirant d’eau (charge normale) 10.04m (pleine charge) 10.69m

Propulsion : 4 turbines à engrenages Parson réparties en une salle des machines avant et une salle des machines arrières, alimentées par six chaudières Sural réparties en une salle des chaudières avant et une salle des chaudières arrière dévellopant 155000ch et entrainant quatre hélices quadripales

Performances :  vitesse maximale : 32 noeuds distance franchissable : 9500 miles nautiques à 15 noeuds 3450 miles nautiques à 30 noeuds.

Protection : ceinture principale 330mm bulkhead avant 355mm bulkhead au dessus du pont blindé intermédiaire 233mm pont blindé supérieur au dessus des soutes à munitions 170mm pont blindé supérieur au dessus des machines 150mm pont blindé intermédiaire 40/50mm (100mm au dessus des hélices et 150mm au dessus des lignes d’arbre)

Bloc passerelle : face avant et latérales 340mm arrière 280mm toit 170mm tube de communication 160mm

Tourelles quadruples de 380mm : face avant 430mm faces latérales 300mm toit 170 à 195mm face arrière 270mm (T.I) et 260mm (T.II) barbettes au dessus du PBS 405mm barbettes en dessous du PBS 80mm

Tourelles de l’artillerie secondaire : face avant 130mm côtés et toit 70mm face arrière 60mm barbette 100mm

Electronique : un radar de veille aérienne, un radar de veille surface, deux radars de conduite de tir

Armement : 8 canons de 380mm modèle 1935 en deux tourelles quadruples concentrées à l’avant, 20 canons de 130mm modèle 1932 en dix tourelles doubles modèle 1936 (six latérales, quatre axiales), 12 canons de 37mm en six affûts doubles ACAD modèle 1935 et 16 canons de 25mm en huit affûts doubles

Aviation : deux catapultes pour deux (temps de paix) à quatre hydravions (temps de guerre)

Equipage : 1569 officiers et marins

Clemenceau

Déplacement : standard 35000 tonnes charge normale 40750 tonnes pleine charge 44800 tonnes

Dimensions : longueur : (hors tout) 247.80m (entre perpendiculaires) 242m largeur : 33.08m tirant d’eau : (charge normale) 9.18m (charge maximale) 9.92m

Propulsion :  4 turbines à engrenages Parson réparties en une salle des machines avant et une salle des machines arrières, alimentées par six chaudières Sural réparties en une salle des chaudières avant et une salle des chaudières arrière dévellopant 155000ch et entrainant quatre hélices quadripales

Performances : vitesse maximale : 32 noeuds distance franchissable : 9500 miles nautiques à 15 noeuds 3450 miles nautiques à 30 noeuds.

Protection : ceinture principale 330mm bulkhead avant 355mm bulkhead au dessus du pont blindé intermédiaire 233mm pont blindé supérieur au dessus des soutes à munitions 170mm pont blindé supérieur au dessus des machines 150mm pont blindé intermédiaire 40/50mm (100mm au dessus des hélices et 150mm au dessus des lignes d’arbre)

Bloc passerelle : face avant et latérales 340mm arrière 280mm toit 170mm tube de communication 160mm

Tourelles quadruples de 380mm : face avant 430mm faces latérales 300mm toit 170 à 195mm face arrière 270mm (T.I) et 260mm (T.II) barbettes au dessus du PBS 405mm barbettes en dessous du PBS 80mm

Tourelles de l’artillerie secondaire : face avant 130mm côtés et toit 70mm face arrière 60mm barbette 100mm

Electronique : un radar de veille aérienne, un radar de veille surface, deux radars de conduite de tir

Armement : 8 canons de 380mm modèle 1935 en deux tourelles quadruples concentrées à l’avant, 20 canons de 130mm modèle 1932 en dix tourelles doubles modèle 1936 (six latérales, quatre axiales), 12 canons de 37mm en six affûts doubles ACAD modèle 1935 et 16 canons de 25mm en huit affûts doubles

Aviation : aucune installation prévue dans un premier temps mais au final, il reçoit les mêmes installations que ses sister-ship même si elles sont moins bien intégrées et moins bien abouties.

Equipage : 1569 officiers et marins