Pologne et Pays Neutres (126) Turquie (16)

Navires de surface

Cuirassés

En guise d’avant-propos

La marine ottomane à peiné à s’équiper d’un cuirassé digne de ce nom, un vrai chemin de croix si je peux me permettre cette expression.

Le premier cuirassé ottoman aurait du être l’Abdül Kadir mis sur cale à l’Arsenal Impérial de Constantinople en 1892 mais il ne sera jamais lancé, les éléments sur cale déformés étant ferraillés en 1914 !

Le cuirassé Barbaros Hayreddin ex-SMS Kurfürst Friedrich Wilhelm

Entre-temps la marine ottomane à acquis deux cuirassés type prédreadnought allemand, le Kurfürst Friedrich Wilhelm et le Weissenbourg acquis en septembre 1910 et qui sont rebaptisés Barbaros Hayreddin et Turgut Reis, le premier étant torpillé par un sous-marin britannique, le HMS E-11 le 8 août 1915 alors que le second avant survécu au premier conflit mondial sert de navire-école de 1924 à 1933 puis de ponton-école jusqu’en 1960 quand il est démoli.

Cette acquisition était une première étape, une mesure transitoire avant la construction de cuirassés neufs de type dreadnought ou superdreadnought. Trois unités étaient prévues, trois unités formant la Classe Resadiye.

HMS Erin

Le Resadiye est saisi par la Royal Navy alors qu’il était sur le point de partir pour Constantinople avec son équipage. Il devient le HMS Erin va survivre au premier conflit mondial, étant désarmé et démoli après guerre en raison du traité de Washington.

Le Sultan Osmân-i Evvel futur HMS Agincourt

Le Reshad-i Hannis est annulé et démoli sur cale en 1912 remplacé par un cuirassé commandé par le Brésil sous le nom de Rio de Janeiro et dans la foulée rebaptisé Sultan Osmân-i Evvel mais qui servira sous le nom de HMS Agincourt.

HMS Agincourt

Enfin le troisième baptisé Fatih commandé en 1914 suite au transfert du Mississippi à la marine grecque et dont l’achèvement était prévu pour 1917 est annulé par le déclenchement de la première guerre mondiale, les quelques éléments mis sur cale étant promptement ferraillés.

Il était donc écrit que les deux seuls navires de ligne de la marine turque allaient être le Yavuz Sultan Selim et le Suleiman.

Le Yavuz Sultan Selim

Le SMS Goeben

-Le SMS Goeben est mis sur cale aux chantiers navals Blohm & Voss de Hambourg le 28 août 1909 lancé le 28 mars 1911 et admis au service actif le 2 juillet 1912.

Présent en Méditerranée depuis novembre 1912 en compagnie du croiseur léger SMS Breslau, il reste après le début du premier conflit mondial, échappant aux alliés pour se réfugier dans les eaux ottomanes.

Il est transféré à la marine turque le 16 août 1914 devenant le Yavuz Sultan Selim mais conservant leur équipage allemand. Il va ensuite être engagé en mer Noire, bombardant Sébastopol et affronta à plusieurs reprises la marine russe mais sans succès définitifs.

Endommagé à plusieurs reprises plus ou moins sérieusement le croiseur de bataille survit au conflit, étant remis en service dans la nouvelle marine turque.

Le Yavuz

Modernisé entre 1927 et 1930, il est rebaptisé Yavuz en 1936 et toujours en service en septembre 1939 comme navire-amiral de la marine turque.

Déclassé pour ne pas dire obsolète, le fleuron de la marine turque est finalement désarmé en 1946 remplacé par le Suleiman. Servant de batterie flottante durant le second conflit mondial puis de ponton-école après guerre, l’ex-Goeben est finalement désarmé en septembre 1960 puis démoli en 1980 après l’échec d’un projet de conservation comme navire musée.

Caracteristiques Techniques

Déplacement : standard 20846 tonnes pleine charge 23042 tonnes

Dimensions : longueur 186.6m largeur 30m tirant d’eau 9.2m

Propulsion : quatre turbines à engrenages Parsons alimentées en vapeur par vingt-quatre chaudières Schulz-Thornycroft développant 52000ch entrainant quatre hélices

Performances : vitesse maximale 28.4 nœuds (25.5 nœuds en service courant) distance franchissable 4120 miles nautiques à 14 nœuds

Protection : ceinture blindée de 76.2 à 280mm, barbettes 230mm tourelles 60 à 230mm casemates 150 à 200mm tour de commandement 80 à 300mm ponts blindés 25.4 à 76.2mm

Armement : 10 canons de 280mm modèle 1909 (11 pouces) SK L/50 en cinq tourelles doubles (une avant, deux arrières et deux latérales), 10 canons de 150mm SK L/45 modèle 1908 en 10 casemates (cinq bâbord et cinq tribord), 12 canons de 88mm SK/L 45 modèle 1906 en douze affûts simples sous masque et 4 tubes lance-torpilles sous marins de 450mm.

Equipage : 43 officiers et 1010 marins

Le Suleiman

Longtemps le Yavuz était jugé suffisant pour dissuader nombre de pays d’attaquer la Turquie. Après tout l’URSS n’avait pas de cuirassés modernes en mer Noire (et ailleurs non plus d’ailleurs), la Grèce possédait deux cuirassés type prédreadnought totalement obsolètes.

La décision prise par la RKKF de construire des cuirassés et des croiseurs de bataille pousse la Turquie à envisager la construction d’un ou plusieurs cuirassés modernes.

Dès le départ une construction en Turquie est écartée car le pays ne possède ni les chantiers ni les ouvriers capables de produire un tel navire. Plusieurs pays sont approchés que ce soit l’Italie, la France, l’Allemagne, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis.

C’est Washington qui est choisit avec son croiseur de bataille type Alaska initialement armé de canons de 305mm en trois tourelles triples. Initialement les turcs sont prêts à acquérir ce modèle mais en apprennant que les Sovietsky Soyouz vont être armés de canons de 406mm les turcs souhaitent posséder ce type d’artillerie.

Problème les Alaska ne sont capables de recevoir un canon de 16 pouces et les américains refusent d’exporter le nec plus ultra de sa technologie. Pour ne pas perdre ce contrat, les américains proposent un compromis avec des canons de 356mm britanniques.

Les turcs estimant qu’ils n’auront pas mieux acceptent. Ironie de l’histoire les Alaska américains vont être également armés de canons de 356mm. Ironie de l’histoire (bis) les grecs vont faire construire un navire identique le Salamis ce qui fait que le TCG Suleiman et le cuirassé grec ont été baptisés les «frères ennemis». Mieux que cela les deux navires ont été construits sur des cales voisines dans le même chantier !

-Le TCG Suleiman est mis sur cale aux chantiers navals Newport News Shipbuilding & DryDock Company le 17 septembre 1942 mis à flot le 8 novembre 1945 et commissioned le 17 juin 1947.

Affecté en mer Noire, il va remplacer le Yavuz désarmé dès 1946. Il n’est pas totalement opérationnel en septembre 1948 mais peu participer à différents exercices et différentes démonstrations de force en mer Noire, la marine turque ne voulant pas l’exposer en Méditerranée même si à plusieurs reprises on le verra mouiller dans le port d’Istanbul, un message parfaitement reçu par les différents belligérants.

Sorti indemne du second conflit mondial, il est modernisé entre 1958 et 1961 et continue à servir comme navire-amiral de la marine turque jusqu’au 14 juin 1973 date de son désarmement.

Il est mouillé à Trebizonde dans l’attente que l’on décide de son sort. Un projet de musée flottant est évoqué mais malheureusement pour les amateurs de gros canons ce projet tombe à l’eau et le dernier cuirassé turc est envoyé à la démolition en 1980 et démoli au pays.

Caracteristiques Techniques

Déplacement : standard 29771 tonnes pleine charge 34253 tonnes

Dimensions : longueur 246.4m largeur 28m tirant d’eau 8.3m

Propulsion : 4 turbines à engrenages General Electric alimentées par 8 chaudières Babcox & Wilcox développant une puissance totale de 150000ch et entrainant 4 hélices.

Performances : vitesse maximale : 31.4 à 33 noeuds distance franchissable : 12000 miles nautiques à 15 noeuds

Protection : ceinture de 127 à 228mm pont blindé 96 à 101mm pont principal 35mm troisième pont 15mm barbettes 279 à 330mm tourelles 325mm pour la face avant 127mm sur le toit 133 à 152mm pour les faces latérales et arrières. Passerelle : 269mm pour la face et 127mm pour le toit

Armement : six canons de 14 pouces (356mm) Mark 13 en trois tourelles doubles (deux avant et une arrière), seize canons de 127mm Mark 12 en huit tourelles doubles (trois à tribord, trois à babord et deux au dessus de la tourelle III de 356mm), vingt-quatre canons de 40mm Bofors en six affûts quadruples et 32 canons de 20mm Oerlikon en affûts simples.

Après sa modernisation (1958-1961) l’armement se compose de six canons de 356mm en trois tourelles doubles (même si généralement seules les tourelles I et II étaient actives), douze canons de 127mm en six tourelles double et huit canons de 76mm automatiques en affûts doubles.

Aviation : Deux catapultes et un hangar pour un total de 2 hydravions Supermarine Walrus. Ces installations sont débarquées en 195_, une plate-forme hélicoptères est aménagée à la poupe.

Equipage : 1517 officiers et marins en version croiseur de bataille

Pologne et Pays Neutres (124) Turquie (14)

FORCES ARMEES TURQUES (3) : MARINE

Une histoire navale de la Turquie, une histoire de la marine turque

La marine aux temps de la Sublime Porte

Appelée Donanma-yi Humâyûn/Osmanli Donanmast, la marine ottomane était dirigée par le Kapudan Pasha (Grand Amiral), 161 grands amiraux se succédant jusqu’au 13 mars 1867 quand le poste est abolit et remplacé d’abord par un ministre de la Marine (Bahriye Naziri) puis à partir de 1877 par des commandements de flotte ou Donanma Komritanlari.

Cette marine émerge dès le 11ème siècle avec par exemple en 1081 la présence de trente-trois navires à voile et dix-sept navires à rames à Smyrne. Des ports et des îles de la mer Egée sont conquis, autant de places pour une expansion future.

Le 19 mai 1090 une flotte ottomane défait une flotte byzantine près des îles Inousses au large de l’île de Chios. En 1091 des navires ottomans mènent des raids sur Samos et Rhodes mais sont vaincus par les byzantins. En 1095 des raids sont menés sur Edremit et Abydos.

En 1293 un arsenal est établit à Alanya et parallèlement une flotte seljoukide voit le jour en mer Noire.

En 1308 l’île d’Imrali est prise par les ottomans. Cette île située en mer de Marmara va servir à de futures opérations en Thrace (1321) et sur les rives du détroit du Bosphore (1351/52).

La montée en puissance des ottomans ne tarde pas à inquiéter la thassalocratie vénitienne. Cela entraine une première guerre avec la Sérénissime (1423-1430). Entre la Sublime Porte et Venise ce fût une succession de guerres et de traités, d’escarmouches et de trêves.

Smyrne tombe aux mains des ottomans en 1424, Thessalonique tombe définitivement aux mains des ottomans en 1430.

En 1453 la marine ottomane joue un rôle majeur dans la prise de Constantinople notamment quand la flotte passe dans la Corne d’Or via un chemin de hallage et menace le côté le moins protégé des fortifications de Constantinople.

De nouvelles guerres ont lieu avec Venise de 1463 à 1479 et de 1499 à 1503. A cette époque la progression ottomane semble irresistible.

En 1475 une flotte ottomane de 380 galères conquiert les colonies génoises de Crimée, le khanat de Crimée part pour quasiment trois siècles de protectorat ottoman (1478-1774).

Au début du 16ème siècle la Syrie, le Levant et l’Afrique du Nord tombent aux mains des ottomans, c’est autant de précieuses bases pour une expansion future et dans la lutte contre la chretienté.

Les 26 et 27 septembre 1538 122 galères et 20000 soldats ottomans et barbaresques affrontent 112 galères, 50 gallions et 140 barques avec 60000 soldats venant de Venise, des Etats Pontificaux, de Gênes, d’Espagne, de Mantoue, des Chevaliers de Malte et du Portugal.

C’est un triomphe ottoman qui au prix de 400 morts et de 800 blessés tue plusieurs milliers de chrétiens, en capture 3000, détruisant ou capturant 128 navires. C’est aussi le triomphe d’Hayeddin Barberousse, le pirate barbaresque sur le génois Andrea Doria.

Andrea Doria

Le 26 septembre un premier affrontement non décisif à lieu dans le golfe d’Arta (Golfe Ambracique) suivit le lendemain d’un affrontement majeur. A l’aube le 27, Barberousse voit qu’Andrea Doria à levé le blocus de la Baie de Preveza et à pris le large. Barberousse attaque les petits bâtiments à l’arrière, Andrea Doria décide d’abord de les aider puis les abandonne pour rallier Corfou ce qui explique les lourdes pertes chrétiennes.

En 1543 les français et les ottomans assiègent Nice (qui appartient au duché de Savoie) et s’empare de la ville. Au grand scandale de la chrétienté, la flotte ottomane hiverne à Toulon (1543-1544).

Les défaites chrétiennes s’enchainent : Alger en 1541,Naples en 1544, Ponza en 1552 et Piombino en 1555. En 1551 la Libye à été conquise, les côtes marocaines en 1553.

En 1560 (9 au 14 mai), la flotte ottomane (86 navires) défait une flotte chrétienne de 54 galères et de 66 autres navires. Pour des pertes limitées, les ottomans coulent ou capturent 60 navires.

A la même époque la flotte ottomane opère aussi dans l’Océan Indien contre les portugais rayonnant depuis Suez et Basra (Bassorah).

Aden est conquise en 1538/39 mais échoue à Diu (1538). Le Yemen est reconquis en 1547/48, Oman et le Qatar en 1552. En échouant à s’emparer de l’île d’Hormuz, la marine ottomane ne peut totalement verrouiller le Golfe Persique.

En 1565 le sultanat d’Aceh sur l’île de Sumatra dans l’actuelle Indonésie prête allégeance à la Sublime Porte. Une flotte ottomane arrive en 1569 ce qui marque l’extrême avancée orientale de l’empire ottoman.

Lepante

Deux ans plus tard le 7 octobre 1571 les chrétiens triomphent à la Bataille de Lepante. Cette bataille mythique et mythifiée à lieu dans le cadre de la quatrième guerre vénéto-ottomane (1570-1573) et représente un coup d’arrêt à l’expansion ottomane.

Pour cet affrontement les chrétiens alignent 212 navires contre 251. Sous le commandement du demi-frère adultérin de Philippe II, Don Juan d’Autriche, la flotte de la Sainte Ligue écrase la marine ottomane qui perd près de 200 navires (137 navires capturés, 50 coulés, 20000 morts blessés et capturés, 12000 esclaves chrétiens libérés).

Cette victoire est cependant sans le lendemain, les ottomans s’emparant dès 1573 de l’île de Chypre mais si les navires perdus sont rapidement remplacés, les marins compétents sont plus durs à remplacer. En 1574, la Tunisie est conquise.

Au 17ème siècle les ottomans s’aventurent dans l’Atlantique de manière pérenne après quelques tentatives antérieures. C’est ainsi que Madère est capturée en 1617 mais pour quelques années seulement. Des raids sont menés contre le Sussex, Plymouth, le Devon, Hartland Point et la Cornouailles (août 1625).

De 1627 à 1632 l’île de Lundy à proximité du canal de Bristol est occupée par les ottomans et les barbaresques, servant de base à des raids de piraterie jusqu’aux Shetlands, les Feroés, le Danemark, la Norvège, l’Islande et l’île de Vestmannaeyjar (sud-ouest de l’Islande). On signale même des navires ottomans au large de Terre Neuve et de la Virginie.

Après Lepante on à assisté à un reflux ottoman sur mer,. La Mer Noire est un temps préservé mais en 1637 la ville d’Azov tombe aux mains des cosaques zaporogues qui menaient des raids montés sur leurs chaikas, des petites embarcations rapides, furtives et bien armées.

Une nouvelle guerre avec Venise (1645-1669) aboutit à la conquête de la Crète. En 1708 c’est Oran qui allait tomber aux mains des ottomans.

Au milieu du 17ème siècle une escadre ottomane standard est composée de 46 navires (40 vaisseaux et 6 galères) pour 15800 hommes (10500 marins et rameurs, 5300 fantassins pour la sécurité, l’abordage et les raids amphibies).

Suite à l’échec devant Vienne (1683), l’empire ottoman entre dans une phase de déclin et naturellement la marine ottomane n’y échappe pas. Néanmoins en 1711 la marine ottomane reprend la Moldavie et Azov puis lors de la guerre avec Venise (1714-1718) la Morée (Péloponnèse) et les derniers bastions vénitiens en mer Egée tombent aux mains des ottomans.

Bataille de Navarin (1827)

La suite c’est un long enchainement de défaites et de désastres comme la Bataille de Navarin (20 octobre 1827), bataille où une escadre franco-anglo-russe écrase une escadre ottomano-egyptienne.

Vingt-sept navires franco-anglo-russes vont affronter 80 à 90 navires ottomans et égyptiens. Cette bataille est une bataille accidentelle voulue par personne. L’élément déclencheur ce sont des tirs venus de la flotte ottomano-egyptienne. Le combat à lieu à courte portée, les gros navires à l’ancre servant de batteries flottantes, les petites unités manœuvrables neutralisent les brulots ottomans.

Le bilan est lourd. Côté allié on trouve 174 tués et 475 blessés alors que côté ottomano-egyptien on enregistre (chiffres estimés) 6000 morts, 4000 blessés, 60 navires détruits.

Mahmudiye

Après Navarin, Mahmoud II veut reconstruire une puissante flotte. Un premier navire à vapeur est acquis en 1828 et en 1829 le navire de ligne Mahmudiye construit à l’Arsenal de Constantinople est mis en service, un navire de ligne de 128 canons, le plus gros du monde à l’époque, un navire qui après avoir participé à la guerre de Crimée sera démoli en 1874.

La marine ottomane participe à la guerre de Crimée en s’illustrant d’une triste manière. En effet le 30 novembre 1954 une escadre russe tirant des obus explosifs Paixans anéantie une escadre ottomane en rade de Sinope.

En 1875 la marine ottomane comprend 21 navires de première ligne et 173 autres navires de taille différente. C’est la troisième marine du monde derrière la Royal Navy et la Royale.

Cela ne dure pas en raison de problèmes financiers ce qui empêche la Sublime Porte de suivre une période de profondéments bouleversement technique. La flotte ottomane est clairement obsolète.

En 1886/87 deux sous-marins type Nordenfelt sont «acquis» mais le premier baptisé Abdül Hamid achevé sera rapidement retiré du service car dangereux alors que le second baptisé Abdül Mécid ne sera jamais achevé !

Les jeunes turcs qui prennent le pouvoir en 1908 veulent eux aussi une marine puissante. Pour cela ils mobilisent l’ensemble de la société ottomane qui contribue au financement de nouveaux navires par une souscription monétaire mais également en nature !

Le Barbaros Hayreddin

C’est ainsi qu’en 1910 deux prédreadnoughts allemands sont acquis, les Weissenbourg et Kurfürst Friedrich Wilhelm qui sont rebaptisés Turgut Reis et Barbaros Hayreddin.

Cet effort est trop tardif pour avoir un impact dans la guerre contre l’Italie à propos de l’Italie (1911-1912) et dans les guerres balkaniques (1912-1913). C’est bien simple la marine ottomane perd toutes ses batailles !

Contre l’Italie elle est battue à la Bataille de Preveza (29/30 septembre 1911) quand cinq destroyers italiens affrontent quatre torpilleurs et un yacht armé. C’est une victoire italienne, l’empire ottoman perdant trois torpilleurs (coulés) et le yacht (capturé).

Elle perd également la Bataille de Kunfuda (7 et 8 janvier 1912), la marine italienne engageant un croiseur protégé et deux destroyers face à six canonnières, un remorqueur armé et un yacht armé, la petite escadre ottomane est anéantie.

Elle perd ensuite la Bataille de la Beyrouth (24 février 1912), les italiens engageant deux croiseurs cuirassés face à une corvette et un torpilleur qui sont coulés en compagnie de six barges de transport.

Durant les guerres balkaniques, la marine grecque remporte deux batailles sur la marine ottomane, les Bataille d’Elli et de Lemnos.

Bataille d’Elli

Depuis le début de la première guerre balkanique la marine grecque avait adopté une posture agressive alors que la marine ottomane s’était résolue à une stratégie attentiste.

L’amiral Kountouriotis débarque des troupes à Lemnos et conquiert d’autres petites îles. Le 5 novembre 1912 (N.S), l’amiral grec n’hésite pas à envoyer un télégramme à l’amiral turc pour le pousser au combat !

Le 15 décembre 1912, la flotte ottomane quitte les Dardanelles. La bataille à lieu le lendemain et se termine par une victoire grecque décisive. En effet les grecs ont pu capturer les îles de Imbros, Tenedos, Lemnos, Samos, Chios, Lesbos, Thasos, Samothrace et le mont Athos.

La deuxième bataille majeure du conflit à lieu à peine un mois plus tard le 18 janvier 1913 (N.S), la Bataille de Lemnos avec toujours les mêmes protagonistes, les grecs alignant trois cuirassés, un croiseur cuirassé, sept destroyers contre trois cuirassés, un croiseur et cinq destroyers.

Cette bataille à été provoquée par la marine ottomane qui cherchait à reprendre le contrôle de la mer Egée perdu un mois plus tôt à la bataille d’Elli.

Elle tente d’attirer le Georgios Averoff loin du reste de la flotte en coulant un navire et en bombardant Syros mais Kountouriotis ne tombe pas dans le piège.

La flotte ottomane est repérée par les grecs au matin du 18 janvier sur les coups de 08.20 et à 09.45 la flotte grecque appareille de la baie de Moudros, les deux flottes se retrouvant à 12 miles au sud-est de Lemnos, en colonnes convergentes au sud-est. Les échanges de tir commencent à 11.34 à une distance de 8400m.

Aussitôt la colonne grecque tourne à gauche pour réduire à la distance. Peu après le Mecidiye et des destroyers mettent cap au nord-est direction les Dardanelles suivi peu après par le Mesûdiye après que ce dernier eut été sévèrement endommagé par l’Hydra et le Psara.

A 11.54 le Barbaros Hayreddin est touché par une salve de l’Averoff, les dégâts lui impose une prompte retraite. Il est bientôt suivit (12.00) par le Turgut Reis. L’Elli et le Georgia Averoff utilisant leur vitesse supérieure se lancent à la poursuite des navires ottomans pour achever le travail mais à 14.30 la flotte ottomane entre à l’abri des Dardanelles.

Les ottomans ont tiré plus de 800 coups mais leur précision à été calamiteuse avec seulement deux coups au but ! De leur côté les grecs ont été nettement plus adroits, matraquant durement la flotte ottomane.

Ce sera le dernier affrontement naval de la première guerre balkanique, la marine ottomane renonçant à affronter la marine grecque.

Suite à cette défaite la Sublime Porte et la Grèce se lancent dans une course aux armements avec la commande de deux cuirassés mais aucun ne sera livré à son client en raison du premier conflit mondial !

Le cuirassé Salamis ne dépassa pas le stade des étapes élémentaires de la construction

Côté grec le Salamis construit en Allemagne et le Vassilefs Konstantinos construit à Saint-Nazaire ne dépasseront le stade des premiers éléments de métal.

Le cuirassé Bretagne. Le Vassilefs Konstantinos aurait été semblable à nos seuls superdreadnought

En revanche côté ottoman ce sera plus difficile à avaler car les deux navires commandés en Grande-Bretagne seront achevés mais mis en service dans la Royal Navy (HMS Agincourt et HMS Erin).

Le futur HMS Agincourt alors connu sous le nom de Sultan Osmân-i Evvel

Les allemands vont sauter leur occasion en leur cédant le croiseur de bataille Goeben qui devient le Yavuz Sultan Selim et le croiseur léger Breslau qui devient le Midilli.

En 1914 une Ecole d’aviation navale est créée à San Stefano.

Le 29 octobre 1914 la marine ottomane mène un raid surprise sur les côtes russes de la mer Noire.

En 1915 les flottes alliées tentent de force le détroit des Dardanelles mais sont repoussées par les défenses côtières et les mines mouillées par les turcs, plusieurs cuirassés étant perdus (HMS Ocean HMS Irresistible Bouvet) ce qui poussa les alliés à débarquer pour une opération amphibie qui tourna au désastre.

Le 8 août 1915 le sous-marin HMS E-11 coule le cuirassé Barbaros Hayreddin.

Le Yavuz Sultan Sélim en

Le 20 janvierr 1918 le Yavuz Sultan Sélim et le Midilli bombardent le port de Mudros et parviennent à couler les monitors Raglan et M-28 mais au prix du croiseur léger (coulé) et d’un cuirassé sérieusement endommagé. A noter que durant le conflit l’ex-Goeben à bombardé les ports russes de la mer Noire et à engagé les cuirassés de classe Imperatritsa Mariya.

A la fin du conflit la marine ottomane est placée sous le contrôle allié. Une partie sera démolie le reste va servir au sein de la marine turque. Parmi les navires préservés on trouve le Yavuz Sultan Selim, le Turgut Reis, les croiseurs protégés TCG Hamidiye et Mecidiye, les croiseurs-torpilleurs Berk-i Satvet et Peyk-i Sevket, les destroyers Samsun Basra et Tasaz, les torpilleurs Burak Reis, Kemal Reis, Isa Reis et Sakiz

La marine ottomane est morte vive la marine turque !

Une marine entre déclassement et modernisation

Dans les premières années de la République de Turquie la marine n’est pas une priorité. Pire même en 1927 le ministère de la Marine est supprimé suite à des affaires de corruption qui ont provoqué de sérieux problèmes sur le croiseur de bataille Yavuz Sultan Selim. Ce ministère sera relégué au stade de secrétariat auprès du ministère de la Défense avant de redevenir un ministère en 1945.

Entre-temps la marine turque va connaître une longue période de vaches maigres avec un budget famélique incapable de maintenir une flotte digne de ce nom.

Il va falloir attendre la Pax Armada pour que cela change. En attendant en septembre 1939 la marine turque aligne les moyens suivants :

-Le fleuron de la Türk Deniz Kuvvetleri est le croiseur de bataille TCG Yavuz Sultan Selim devenu Yavuz en 1936.

Croiseur léger Hamidiye

-En ce qui concerne les croiseurs on trouve une flotte assez ancienne pour ne pas dire obsolète. On trouve d’abord les croiseurs protégés Hamidiye et Mecidiye. Le premier mis en service en avril 1904 est désarmé en 1944 tout comme le second mis en service en décembre 1903, ces deux navires sont démolis et leurs noms repris par des croiseurs lourds de construction et de fabrication américaine inspirés des Wichita.

Le troisième croiseur en service est une autre antiquité flottante, le Peyk-i Sevkiet mis en service en 1907, endommagé à plusieurs reprises durant le premier conflit mondial mais survivant à ce conflit qui aurait du être le dernier. Navire-école depuis 1938, il reprend brièvement du service durant la guerre de Pologne mais c’est le fin du cygne car il retourne à sa mission de formation jusqu’en 1944 quand il est désarmé puis démoli. Son sister-ship Berk-i Satvet est désarmé en 1943, ponton-école avant d’être démoli en 1947.

A ce navire de ligne et ces quatre croiseurs on trouve également des destroyers, des torpilleurs et des sous-marins.

Durant la Pax Armada la marine ottomane bénéficie enfin de budgets suffisants pour entrer de plein pied dans la marine moderne.

Si le rêve de porte-avions ne se concrétisera qu’après guerre avec le transfert du Natoma Bay de classe Independence, la construction d’unités modernes de surface va se concrétiser avec la construction d’un croiseur de bataille, de deux croiseurs lourds, de huit destroyers et de sous-marins.

Durant le second conflit mondial, la marine turque va participer à la préservation de la neutralité turque. Portant les marques de neutralité rouges-blanches-rouges avec le mot TURKIYE sur les flancs, les destroyers et les patrouilleurs vont mener des patrouilles, mouiller des champs de mines défensif qui préservaient le pré-carré turc en liaison avec des défenses côtières modernisées.

Des incidents ont parfois lieu mais ne dégénère pas en un conflit ouvert tout simplement parce que personne n’y à vraiment intérêt. Un destroyer et deux sous-marins sont coulés accidentellement durant le conflit.

Le conflit terminé la Turquie bascule clairement du côté occidental s’inquiétant clairement de la poussée soviétique. Elle bénéficie de l’aide américaine sous la forme de fonds mais aussi par la cession de navires de seconde main pour remplacer des unités usées par un usage intensif.

Outre le porte-avions léger Natoma Bay qui devient le Fathi Mehmet (Mehmet le Victorieux Mehmet II le conquérant de Constantinople), la marine turque bénéficie du transfert de cinq destroyers américains, trois destroyers de classe Fletcher et deux destroyers de classe Gearing.

C’est ainis que le USS Boyd (DD-532) devient le TCG Iskenderun (1959-1988), le USS Bradford (DD-533) devient le TCG Istanbul (1962-1987), le USS Brown (DD-534) devient le TCG Izmir (1963-1988).

Les USS Noa (DD-615) et USS Wodworth (DD-626) deviennent les TCG Tinaztepe et TCG Gayzet servant respectivement de 1960 à 1982 et de 1960 à 1981.

Sur ces cinq destroyers seul l’Istanbul à été préservé comme musée à Trebizonde.

Aux côtés de ces destroyers on trouve également deux sous-marins de classe Gato, les USS Hake (SS-256) et Harder (SS-257) rebaptisé TCG Preveze et TCG Cerbe qui vont servir jusqu’en 1977 date de leur désarmement et de leur démolition.

On trouve également quatre dragueurs de mines de classe Auk (Pilot Prevail Ptarnigan Pursuit) et huit escorteurs côtiers type PCC (PCC-34, PCC-36, PCC-38, PCC-40,PCC-41,PCC-43,PCC-45 et PCC-47).

La Grande-Bretagne va transférer des vedettes lance-torpilles et des chalutiers armés, la France elle transférant essentiellement des hydravions et quelques navires de servitude, le projet de transfert de sous-marins et de destroyers n’aboutissant visiblement sous la pression des américains qui il est vrai disposaient de moyens plus importants pour satisfaire les turcs.

Pologne et Pays Neutres (118) Turquie (8)

Histoire de l’armée de terre turque

Soldats turcs dans une tranchée durant la guerre gréco-turque

Parfois l’histoire donne des coups de pouce pour l’amateur d’uchronie que je suis. Si pour le tome précédent sur la Pologne j’ai été obligé de faire des choix arbitraires là c’est plus simple et après avoir parlé de l’histoire de l’armée (de terre) ottomane je vais enchainer par l’histoire de l’armée turque.

Issue de l’armée de Mustapha Kemal, l’armée de terre turque va devenir un pilier du régime au point d’intervenir dans la vie politique en réalisant plusieurs coups d’état quand la Harika Sessiz estimait l’oeuvre d’Atatürk en péril.

En 1934 l’armée turque comprend neuf corps d’armées avec dix-huit divisions d’infanterie et cinq divisions de cavalerie (trois d’active et deux de réserve). Chaque corps d’armée comprend de la cavalerie, un régiment d’artillerie de corps d’armée, un bataillon du génie, un bataillon de transmissions et un bataillon de transport motorisé.

Chaque division d’infanterie comprend trois régiments d’infanterie et un régiment d’artillerie à deux bataillons comme éléments majeurs.

Chaque division de cavalerie comprend trois ou quatre régiments montés et un escadron d’artillerie à cheval avec deux ou trois batteries.

Les 54 régiments d’infanterie comprennent trois bataillons à quatre compagnies, trois compagnies de combat et une compagnie de fusils mitrailleurs/mitrailleuses. Les 24 régiments de cavalerie comprennent trois escadrons et un bataillon de mitrailleuses. L’artillerie c’est vingt-sept régiments.

Les effectifs globaux représentent 198000 hommes en été et 133000 hommes en hiver. En pratique les effectifs ne dépassent pas 120 à 150000 hommes. 175000 conscrits sont normalement appelés chaque année. 5000 officiers encadrent ces appelés.

En 1939 l’armée turque est une armée de conscription comme la majorité des armées du monde, une armée de conscription reposant sur un service militaire sélectif de trois ans ce qui signifie que tous le contingent annuel n’était pas forcément appelé sous les drapeaux.

Quand la guerre de Pologne commence l’armée de terre turque comprend 195000 hommes dont 20000 officiers, des effectifs comparables à ceux des Etats-Unis sauf que la Turquie à une population dix fois moins nombreuse (la population turque en 1940 est de 17.8 millions d’habitants).

L’armée de terre dépend du ministère de la Guerre et de l’Etat-Major général implantés tous les deux à Ankara. On trouve sous cette double autorité trois inspections qui en temps de guerre doivent former des état-majors d’armée (Ordu).

La 1ère Armée dont l’état-major est implanté à Istanbul à pour mission de défense la Thrace orientale contre une attaque grecque ou bulgare ou combinant les deux voisins. A noter que la défense d’Istanbul est placée sous l’autorité d’un gouvernorat particulier.

La 2ème Armée dont l’état-major est implanté à Balikesir (535km à l’ouest d’Ankara et 280km au sud-ouest d’Istanbul) est chargée de couvrir l’ouest de l’Anatolie, les côtes de la mer Egée et le détroit des Dardanelles.

La 3ème Armée dont l’état-major est implanté à Erzincan (679km à l’est d’Ankara sur le fleuve Euphrate) doit couvrir l’est de l’Anatolie, le Kurdistan et l’Arménie.

Cela regroupe au total neuf corps d’armée qui elles mêmes regroupent vingt divisions d’infanterie, trois divisions de cavalerie plus des brigades autonomes dont trois de montagne.

Cela représente 124 régiments de combat (21 de cavalerie, 60 d’infanterie, 6 de montagne, 20 d’artillerie de campagne, 10 d’artillerie lourde et 7 d’artillerie de forteresse).

Au moment de la mobilisation de 1939, deux divisions de cavalerie sont levées avec huit régiments de cavalerie supplémentaires portant le total à 132 régiments de combat.

En ce qui concerne le matériel c’est l’hétérogénéité la plus complète avec des armes essentiellement héritées du premier conflit mondial.

L’armée turque possédait des MG-08

On trouve par exemple des fusils Mauser et des mitrailleuses MG-08, des fusils austro-hongrois Mannlicher, italiens Martini, russes Mosin-Nagant, des Lebel français, des Lee-Enfield britanniques.

Les lacunes sont très importantes notamment en terme de DCA et de défense antichar mais aussi en terme de motorisation et de mécanisation.

Certes pendant la Pax Armada il y aura des améliorations avec la rationalisation du parc en matière d’armes et de véhicules mais les lacunes seront encore importantes en septembre 1948 ce qui explique également pourquoi la Turquie s’est bien gardé de s’engager dans le second conflit mondial.

Un premier bataillon de chars est créé en 1934 suivit d’une brigade en 1937 et un 1er régiment blindé (Zirhli Alayi) est créé en 1940.

En septembre 1948 la mobilisation générale voit une nette augmentation des effectifs avec un 1.3 millions d’hommes sous les drapeaux.

Quatre corps d’armée supplémentaires sont mis sur pied les 12ème, 17ème, 18ème et 20ème portant le total à quatorze corps d’armée (dix-sept étaient visiblement prévus), quarante-sept divisions (43 d’infanterie, deux de cavalerie et deux divisions partiellement mécanisées).

Le Renault R-35 était l’un des chars de l’armée turque

Durant le second conflit mondial l’armée turque multiplie les manœuvres pour montrer les dents et dissuader les belligérants d’utiliser le territoire turc pour prendre l’avantage sur leur ennemi. Ces manœuvres montrent les nombreuses lacunes de l’armée turque ce qui limite l’impact d’une telle démonstration de forces.

De 1948 à 1950 l’Axe fournit des armes modernes à la Turquie aux côtés des alliés, Ankara faisant monter les enchères au risque d’indisposer l’un et l’autre le camp. Cela aggrave les contraintes logistiques en multipliant les modèles d’armes, de véhicules et de canons, nécessitant des dépôts et des ateliers.

Après 1950 les alliés ont clairement pris l’ascendant sur l’Axe et la Turquie se fournit uniquement auprès de la France, de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis. Elle simplifie sa logistique en réduisant les modèles d’armes, de canons et de véhicules en service.

Le second conflit mondial terminé l’armée turque rejoint clairement le camp occidental, réorganise et rééquipe son armée avec du matériel neuf et du matériel de surplus mais ceci est une autre histoire

Pologne et Pays Neutres (117) Turquie (7)

FORCES ARMEES TURQUES (1) : ARMEE DE TERRE

Une histoire militaire de l’Empire ottoman

L’acmé de la puissance militaire ottomane c’est le Siège de Vienne (1683), l’avancée maximale de la Sublime Porte en Europe, une armée de 100000 hommes composés de contingents musulmans (turcs, balkaniques, criméens et caucasiens) mais aussi de chrétiens (moldaves, valaques, transylvains et hongrois).

Le siège dure sept semaines, Vienne résiste mais l’arrivée d’une armée de secours la sauve de la chute, une armée dirigée par Charles de Lorraine et le roi de Pologne Jean III Sobieski.

Hussard ailé

Une première attaque de la coalition chrétienne (Sainte Ligue) est repoussée par les janissaires mais la charge de 20000 hussards polonais (les fameux hussards ailés) bouscule la cavalerie ottomane, le coup de grâce étant donné par une sortie de la garnison de Vienne. 15000 ottomans restent sur le terrain ainsi que toute leur artillerie. Début du recul des ottomans, l’empire entrant dans une phase de déclin, déclin qui se révélera impossible à contrer.

Bien entendu l’armée ottomane n’est pas née du jour au lendemain, elle est née, à évolué avant de disparaître dans les convulsions du premier conflit mondial. On peut diviser l’histoire de l’armée ottomane en cinq grandes périodes, un découpage totalement arbitraire bien entendu.

-Les bases (1299-1451)

-La période classique (1451-1606)

-La période des réformes militaires (1606-1826)

-La période moderne (1826-1861)

-Le déclin et la décadence (1861-1918)

Issu du monde de la steppe, l’armée ottomane à d’abord été essentiellement une armée composée de cavaliers et d’archers aussi redoutables que les mongols.

Longtemps les ottomans mènent des raids et des coups de main mais très vite doivent intégrer le concept de la bataille rangée. Ils utilisent des barricades et des retranchements.

Plus tard le réduit central sera renforcé par de l’artillerie et des chariots enchainés le Wagenburg (mur de chariot), l’infanterie devant et au centre, la cavalerie sur les ailes. Ils apprennent également la polieurcetique (guerre de siège). On assiste également à une utilisation croissante de mercenaires.

La puissance ottomane permet de tenir à l’ouest face aux habsbourgs et à Venise et à l’est contre la Perse des safavides. La guerre n’est pas le seul outil utilisé par les ottomans, la diplomatie étant également utilisée quand la guerre ne suffisait pas, ne suffisait plus.

Janissaires

L’empire ottoman met très tôt sur pied une armée de métier, une armée permanente soldée avec de la cavalerie et de l’infanterie, les noyaux durs étant composés des janissaires et des timariotes.

Les cavaliers ou timariotes sont titulaires d’une dotation en revenus fiscaux tirée de terres agricoles ou timar. Cela lui permet de financer son entrainement et ses campagnes. Ils sont équipés de casques et de côtes de maille mais aussi de lances et de masses d’armes.

Affectés dans les provinces, ils peuvent embarrquer sur les navires de la marine ottomane. Les fils peuvent hériter du timar. Le corps des timariotes décline à la fin du 16ème et au début du 17ème siècle.

Ils sont vites assoviés à de l’infanterie ou yaya mais ces derniers sont vite remplacés par les célèbres janissaires.

Aux côtés des timariotes on trouvait des unités de cavalerie retribuées par le sultan, les müsellems, des unités essentiellement composées de mercenaires étrangers.

Les sujets libres du Sultan forment des corps auxiliaires ou azab avec fantassins et cavaliers qui servent souvent comme éclaireurs. La cavalerie légère ou akinji déployée aux frontières mènent régulièrement des razzias en territoire autonome.

Cette cavalerie légère irrégulière non payée vivait donc sur le pays notamment sur le pays ennemi en menant des raids. En bataille rangée, ils harcelaient l’ennemi avec leur arc. Ils pouvaient également couvrir la retraite des unités amies. Les akinji disparaissent à la fin du 16ème siècle remplacés par d’autres irrégulières, les Deli et les Bashi-Bozouk.

Le corps le plus célèbre de l’armée ottomane est celui des janissaires (du turc yaniceri «nouvelle troupe») créé vers 1370. Il remplace les yaya qui n’ont pas donné satisfaction. Ils sont issus du devsirme, des chretiens enlevés enfants convertis de force à l’islam.

Coupés de la société ils forment un état dans l’état ce qui va poser de plus en plus de problèmes, la dernière levée étant datée de 1751.

Initialement c’est une avant-garde, une unité d’élite utilisant la fronde, l’arc, le sabre, la masse d’armes, la hache et la lance avant de passer également aux armes à feu ce qui entraine la création d’unités spécialisées : canonniers, train d’artillerie, armuriers, bombardiers et sapeurs-mineurs.

Les effectifs des janissaires passent entre la fin du 13ème et la fin du 15ème siècle de 3000 à 13000 hommes répartis en 196 sections très autonomes. Les janissaires sont 35000 en 1598, 70000 en 1683 et 100000 au 18ème siècle, le trésor ottoman peinant à suivre ce qui explique qu’une partie des janissaires sont davantage commerçants que militaires.

Ce corps d’élite (ou prétendu tel, l’augmentation constante des effectifs pas forcément compatible avec l’élitisme militaire), corporatiste voit sa discipline se relâcher. Les mutineries sont fréquentes, plusieurs sultans sont déposés et assasinés.

Après un premier échec en 1807, le corps qui se révolte à nouveau en 1826 est dissous, ses survivants massacrés, la dernière trace des janissaires étant enregistré à Alger en 1830 lors du débarquement du corps expéditionnaire du général Marmont.

En 1622 Osman II veut lever de nouvelles unités baptisées seklan. Non seulement il est renversé et assassiné par les janissaires mais en plus les nouveaux venus se taillent rapidement une sinistre réputation sur le modèle des écorcheurs de notre guerre de Cent Ans.

Les selkhan disparaissent dès 1718 soir un siècle avant les janissaires. L’arc est l’arme traditionnelle des janissaires, arcs complétés par des arbalètes utilisées depuis les forteresses. A cela s’ajoute des épées, des lances, des boucliers. Ils ont le monopole de l’arme à feu d’abord l’arquebuse puis le mousquet.

Les premiers fantassins ottomans disposant d’armes à feu sont les Peyade Topçu (littéralement «artillerie à pied» avec un pendant monté les Süvari Topçu Neferi («soldat artilleur monté») et d’autres unités comme les bombardiers (Humbaraci) lançant des projectiles explosifs appelés khimbara.

Ces derniers sont les premiers soldats de ce type en Europe voir dans le monde. Ils voient le jour au 16ème siècle, disparaissant en 1826 en même que toute l’ancienne armée ottomane.

Le corps des Humbaraci est officiellement créé en 1729 par Claude Alexandre de Bonneval qui créé également une école de humbara. En 1731 on compte un peu plus de 600 soldats répartis en équipes de 25 détachés aux différentes armées. Les humbara se repartissent en ceux lançant des projectiles à la main (Humbara-i dist) et ceux lançant des projectiles via une machine (Humbara-i Kebir).

Jusqu’au 18ème siècle, l’artillerie ottomane se maintient au niveau des européens. L’empire ottoman rate le virage du canon léger à tir rapide (où est donc le Gribeauval turc ?) et même de manière plus anecdotique la baïonnette.

Qu’es-ce qui à fait la puissance de l’armée ottomane ? Son nombre, la qualité de ses troupes d’élite et une bonne organisation notamment une bonne logistique, des dépôts ayant été mis en place sur la route en direction de la frontière.

Ce qui l’à fait décliner ? Un empire trop vaste à défendre, un poids financier trop important et un refus obstiné de toute réforme de la part des janissaires notamment.

A la période classique, on trouve les troupes régulières ou kapikulu («esclaves de la Porte») avec six «Divisions de Cavalerie» ou Kapikulu süvarileri (sipahis de la porte, Silahkdars, Sag Ulufeciler, Sol Ulfeciler, Sug Garipler et Sol Garipler).

Au côté des unités montées on trouve des «Divisions d’infanterie» avec les janissaires, les Solaklar (fantassins de droite), les Sakalar (fantassins de gauche), les Asceni (novices), les Topçu (tirailleurs), les Top Arabracilari (canonniers), les Cebeci (armuriers), les Humbaraci et les Legimci (mineurs).

On trouve également les divisions de garde à savoir les Botanci («jardiniers» gardes du serail de Topkapi) et les Baltadji («hommes à la hache» = gardes royaux).

Qui dit troupes régulières dit (ou pas) troupes irrégulières ou Yerlikulu (Azabs, Bachi-Bouzouks, Seklans, Tüfenkci, Icareli _artillerie_ ,Müsellem _génie_ , Serhat Kulu, Deliler _une cavalerie légère d’origine balkanique_ , Gönullü, Besli, Timarli Siphari ou timariotes, Akinci)

A la fin du 15ème siècle, l’armée ottomane regroupe environ 50000 cavaliers, 12000 fantassins et plusieurs milliers de janissaires.

A la fin du 18ème siècle alors que la Sublime Porte s’est enfoncé dans un déclin duquel elle ne sortira pas, Selim III tente de moderniser l’armée et pour cela fait appel à des conseillers militaires étrangers notamment français. Un certain capitaine Bonaparte fût pressenti mais retenu à Paris par le soulèvement royaliste de Vendémiaire il ne vit jamais les murailles de Constantinople.

En 1826 le corps des janissaires est supprimé à l’issue d’un nouveau soulèvement écrasé dans le sang, les sipahis disparaissent également. C’est la mise en place d’une nouvelle organisation militaire ou nizâm-i djedid.

C’est l’occasion pour Mahmoud II de créer enfin une armée moderne c’est-à-dire une armée organisée et équipée à l’européenne. Se méfiant de la France alliée du pacha d’Egypte Mehmet Ali, il confie cette tâche aux britanniques, aux prussiens et aux russes.

Le seraskir commande une armée dont l’uniforme allie l’Europe et l’Asie, le bleu de prusse pour l’uniforme et le fez comme couvre-chef. Les sujets ottomans doivent effecctuer cinq ans de service dans l’active et sept ans dans la réserve.

En 1834 une Ecole de guerre est créée (avec un enseignement inspiré de celui délivré à Saint-Cyr) suivie en 1838 d’une Ecole de Santé militaire. La même année un Conseil Militaire est créé pour coordonner la politique de défense ottomane. Un an plus tôt une Ecole d’Artillerie avait été créée.

En 1839 un corps de gendarmerie est créé sous le nom de Asâkir-i Muntazâma-i Hâssa. Le nom de Jandarma est adopté en 1879. En 1930 ce corps intègre l’armée même si depuis 1909 il dépendait du ministère de la Guerre.

En 1843 le sultan Abdulaziz réforme l’armée qui se rapproche du modèle occidental avec une armée d’active ou nizam et une armée de réserve ou redif, les sujets de la Sublime Porte passant comme nous le savons cinq ans dans la première et sept ans dans la seconde.

Ce firman met sur pied cinq armées permanentes : une armée pour la défense de Constantinople, une armée pour la défense de la Thrace orientale (Pachalik de Silistra), une armée pour la défense de la Roumélie, une armée pour la défense de l’Anatolie et une armée pour la défense des provinces arabes. Une 6ème armée est créée en 1848 pour assurer la défense de la Mésopotamie (eyalet de Bagdad).

Au moment de la guerre de Crimée l’armée ottomane est organisée en six corps d’armées (Ordous) commandé par un Muchir. Chaque corps d’armée comprend deux divisions à trois régiments d’infanterie, quatre régiments de cavalerie et un régiment d’artillerie.

Chaque régiment d’infanterie comprend quatre bataillons ce qui représente au moins sur le papier 3256 hommes.

Chaque régiment de cavalerie comprend six escadrons, les 1er et 6ème escadrons sont des escadrons de chasseurs ou de hussards alors que les quatre autres sont des escadrons de lanciers, les premiers servant pour l’éclairage, le flanquement le harcèlement, les seconds pour la charge et pour le choc.

A ces six escadrons s’ajoutent un état-major et une compagnie hors rang soit un total de 934 hommes (sachant que les six escadrons représentent 720 hommes).

Les régiments d’artillerie regroupent pas moins de onze batteries (3 à cheval et 8 à pied) avec un total de soixante-quatre pièces de campagne et quatre obusiers de montagne, le tout servit par 1765 hommes.

Au final chaque ordou comprend 21445 hommes et 68 canons. A cela il faut ajouter des garnisons et des unités du génie.

Au total on trouve trente-six régiments d’infanterie (100 800 hommes), vingt-quatre régiments de cavalerie (17280 hommes), six régiments d’artillerie (7800 hommes) et 40000 hommes pour les garnisons et les corps spéciaux.

En théorie le redif est organisé comme le nizam. A cela peuvent s’ajouter des corps auxiliaires comme la gendarmerie musulmane (zalties), les Tatars de la Dobroudja et les Bachi-Bouzouks.

En 1853 l’armée ottomane comprend 480000 hommes sur le papier. Les meilleures troupes sont 123000 hommes de l’armée d’active et notamment les douze bataillons de chasseurs (Sishaneci) armés du fusil français Minier tirant la balle du même nom.

En 1869 nouvelle réforme avec désormais quatre ans de service actif (nizâniye), six ans en réserve (redif) et huit ans dans la garde territoriale (Mustahfhiz). Les sujets non-musulmans en sont examptés en échange du paiement d’une taxe appelée bedel.

Les réformes successives peinent à produire les fruits espérés, les officiers formés au nouveau standard sont peu nombreux. L’organisation est très approximative, la corruption et la prévarication généralisée.

La guerre de Crimée terminée, la démobilisation sera menée en dépit du bon sens, gaspillant une expérience douloureusement acquise. De plus les milices tribales armées pour le conflit se garderont bien de rendre les armes distribuées ce qui constitue un facteur de désordre.

Vers 1870 l’armée ottomane compte 210000 hommes du nizâmiye, 190000 hommes du redif et 300000 hommes au sein du mustahfhiz.

En temps de paix l’armée ottomane comprend sept corps d’armée (NdA l’armée ottomane change souvent d’organisation non ?).

On trouve la garde impériale à Constantinople, le corps du Danube à Choumen, le corps d’armée de Roumélie à Monastir (Bitola), le corps d’armée d’Anatolie à Erzurum, le corps d’armée de Syrie à Damas, le corps d’armée d’Irak à Bagdad et le corps d’armée d’Arabie au Yémen.

En 1875 les Balkans se soulèvent. L’armée ottomane n’intervient pas directement en raison de graves problèmes financiers (la Sublime Porte connait une nouvelle banqueroute). La répression féroce est menée par les tcherkesses et les bachi-bouzouks.

Dans la foulée une nouvelle guerre russo-ottomane (1876-1878) se termine ô surprise par une nouvelle défaite de la Sublime Porte qui doit reconnaître une large autonomie, une quasi-indépendance de la Bulgarie (il faudra attendre 1908 pour cela). Le sultan Abdülaziz est renversé et retrouvé mort dans des conditions suspectes.

En 1877 l’Armée du Danube comprend cinq corps d’armée (état-major à Vidin, Roussé, Tutrakan, Silistre et Tulcea). Cela représente un total de 120 bataillons d’infanterie dont 30 de chasseurs, 64 escadrons de cavalerie régulière, 68 batteries d’artillerie à six pièces soit un total de 100000 réguliers et 400 plus canons 20000 hommes en réserve. A cela s’ajoute 50000 irréguliers.

Le Corps d’Armée de Bosnie-Herzégovine comprend 20000 hommes et 30 canons, le Corps d’Armée d’Albanie comprend 10000 hommes et 30 canons.

A Varna sont débarqués 9000 égyptiens (20000 sont attendus), 4000 tunisiens et tripolitains. En réalité l’Egypte renoncera à envoyer les renforts prévus, la Régence de Tunis enverra seulement quelques volontaires, la régence de Tripoli envoie un régiment d’infanterie, un régiment de cavalerie et un bataillon de chasseurs. Le Cherif de la Mecque envoie 4000 volontaires.

La Mustahfhiz doit mobiliser pour l’Armée du Danube 90 bataillons de 600 hommes (54000 hommes) et potentiellement 150000 «volontaires».

L’Armée d’Arménie comprend 90 bataillons d’infanterie dont 20 de chasseurs à pied, 18 escadrons de cavalerie, 23 batteries d’artillerie à six pièces (70000 hommes, 5000 chevaux et 138 canons) plus les garnisons des forteresses de Kars, de Trebizonde, de Batoumi, d’Erzurum et de Beyazit.

A l’issue du conflit une nouvelle organisation militaire est mise en place avec un service actif (nizâm) de quatre ans pour l’infanterie et de cinq ans pour la cavalerie et l’artillerie, deux ans en disponibilité (ichtiat), deux bans (convocations) dans le redif d’une durée de trois ans chacun et de huit ans de Mustahfhiz soit une durée totale de vingt ans pour l’infanterie et de vingt et un pour la cavalerie et l’artillerie.

Des conseilleurs prussiens arrivent pour réorganiser à nouveau l’armée ottomane, l’Ecole de Guerre étant réorganisée sur le modèle de la Kriegsakademie.

En 1891 une nouvelle unité de cavalerie est créée sur le modèle des cosaques russes. Les Hamidies recrutés chez les kurdes pour maintenir l’ordre sur les frontières et réprimer l’agitation arménienne.

Peu à peu l’armée se constitue une élite moderniste et nationaliste. C’est l’acte de naissance du mouvement Jeune-turc.

Les effectifs du temps de paix sont d’environ 100000 hommes auxquels il faut ajouter une gendarmerie. Le contingent annuel de conscrits censé être de 37000 hommes tombe à 11000 hommes pour des raisons budgétaires.

En temps de guerre les effectifs doivent passer à 350 à 400000 hommes avec 41 régiments turcs, 2 régiments bosniaques, 41 bataillons de chasseurs, 8 bataillons de garde-frontières, 26 régiments de cavalerie, 8 régiments d’artillerie de campagne, huit régiments d’artillerie de forteresse, deux régiments du génie et deux régiments d’ouvriers d’administration.

Un bataillon doit théoriquement aligner 1000 hommes mais en pratique les effectifs dépassent rarement 800 à 850. L’escadron de cavalerie censé regrouper 750 chevaux en aligne souvent dix fois moins. Seule l’artillerie est à effectifs à peu près complet.

En 1897 les ottomans remportent une guerre contre les grecs récupérant une partie de la Thessalie.

L’armée (re)devient un élément majeur de la vie politique ottomane avec la révolution de 1908 et la répression de la contre-révolution de 1909.

Les problèmes financiers sont constants. Il faut attendre 1884 pour qu’un budget prévisionnel soit mis en place. Le versement des soldes est très irrégulier, la corruption reste constante tout comme le détournement de fonds. Les officiers doivent davantage leur avancement à la faveur du sultan et de la cour qu’à leur compétence. De nombreuses mutineries ont lieu notamment aux périphéries de l’empire.

En 1908 au moment de la Révolution Jeune Turque l’armée ottomane est organisée en une 1ère Armée pour défendre Constantinople, le Bosphore et l’Asie Mineure, une 2ème Armée à Edirne, une 3ème Armée en Roumélie occidentale, une 4ème Armée dans le Caucase.

Les Jeunes-turcs n’ont pas plus de réussite dans leur volonté de réforme et de modernisation. En 1909 les sujets non-musulmans sont appelés pour la première fois et le service militaire en pays chaud (Yemen et Arabie notamment) est réduit de trois à deux ans.

Cette mobilisation des non-musulmans connait son épreuve du feu durant les deux guerres balkaniques. En dépit des vexations passés les kurdes comme les arméniens se montrent loyaux ce qui démonte le principal argument des organisateurs du génocide arménien.

Quand les guerres balkaniques commencent l’armée ottomane est organisée de la façon suivante :

-1ère Armée (Thrace) : 1er Corps d’Armée (1ère, 2ème et 3ème Divisions), 2ème Corps d’Armée (4ème, 5ème et 6ème Divisions), 3ème Corps d’Armée (7ème, 8ème et 9ème DI) et 4ème Corps d’Armée (10ème, 11ème et 12ème Divisions).

-2ème Armée (Balkans) : 5ème Corps d’Armée (13ème, 14ème et 15ème Divisions), 6ème Corps d’Armée (16ème, 17ème et 18ème DI) auxquelles s’ajoutent trois divisions en réseve d’armée les 22ème, 23ème et 24ème divisions.

-3ème Armée (Caucause) : 9ème Corps d’Armée (28ème et 29ème divisions), 10ème Corps d’Armée (30ème, 31ème et 32ème divisions) et 11ème Corps d’Armée (33ème et 34ème DI).

-4ème Armée (Mésopotamie) : 12ème Corps d’Armée (35ème et 36ème Divisions), 13ème Corps d’Armée (37ème et 38ème Divisions), 8ème Corps d’Armée (déployé en Syrie : 25ème, 26ème et 27ème Divisions) et le 14ème Corps d’Armée (Arabie ottomane et Yémen 39ème, 40ème 41ème et 43ème Divisions).

Le 12 mai 1914 la loi de recrutement abolit les divisions de réserve, les réservistes devant effectuer leurs périodes d’entrainement au sein des unités d’active. Cette réforme est à peine ébauchée quand le premier conflit mondial éclate.

Quand la première guerre mondiale éclate l’armée ottomane est loin d’être prête. Elle doit digérer les guerres balkaniques et doit faire face à d’insolubles problèmes financiers. En théorie elle peut aligner 36 divisions répartis en treize corps d’armée plus deux divisions indépendantes.

Les stocks de munitions sont faibles, on manque de cadres compétents en raisons des nombreux soubressauts politiques, on manque d’armes modernes, de chevaux, on manque de tout.

Cela n’empêche les ottomans d’attaquer dans le Caucase mais après quelques succès très vite l’offensive tourne au désastre. Même chose pour l’attaque mener contre le canal de Suez.

Durant la première campagne, les ottomans engagent la 2ème armée, la 3ème armée, l’armée islamique du Caucase et une armée azerbaïjanaise.

Durant la deuxième (campagne de Sinaï et de Palestine) on trouve sous le commandement du Djemal Pacha la 4ème armée ottomane avec notamment le 8ème Corps d’Armée du général Friedrich Kress von Kressenstein (oui un allemand pourquoi) qui comprend les 8ème, 10ème, 23ème, 25ème et 27ème DI mais aussi neuf batteries d’artillerie de campagne et une batterie d’obusiers de 150mm.

A noter que durant tout le conflit les pertes ottomanes seront supérieures en terme de maladie et de désertion qu’au combat comme si même à l’ère de la guerre industrielle, l’armée ottomane était restée bloquée à l’ère de Soliman le Magnifique.

La seule exception c’est la campagne des Dardanelles mais là les ottomans étaient en défensive ce qui facilitait le soutien logistique, le ravitaillement et les évacuations sanitaires. Au plus fort de la bataille les ottomans déploient 17 divisions dont la 19ème division commandée par le colonel Mustapha Kemal qui va refaire parler de lui.

En 1915/16 les troupes ottomanes participent à la déportation des arméniens, profitant de la situation pour voler, violer et piller.

En février 1916 les russes attaquent dans le Caucase. Les ottomans sont sérieusement bousculés et devront attendre les Révolutions Russes pour reprendre les territoires perdues puis conquérir une bonne partie du Caucase, entrant à Bakou en septembre 1918. Ai-je besoin de préciser qu’il s’agit d’une victoire sans lendemain ?

Les combats en Syrie, en Irak et en Palestine sont plus disputés. Les ottomans remportent une bataille à Kut-El-Amaea (décembre 1915-avril 1916).

Des troupes ottomanes sont également déployées en Europe aux côtés des allemands, trois corps d’armée (6ème, 15ème et 20ème CA), des unités qui seront rapatriées au pays en 1917 quand la situation allait devenir vraiment dramatique pour la Sublime Porte.

Au printemps 1917 les britanniques attaquent à Gaza. En dépit de l’usage de chars et de gaz de combat cette offensive est repoussée. Parallèlement une offensive est ménée en Perse par le 13ème Corps d’Armée mais c’est un échec. Là encore c’est moins la résistance perse que les épidémies qui poussent les chefs ottomans à se replier.

Bagdad tombe en mars 1917 et en décembre 1917 après la chute de Jérusalem un ordre de retraite général est lancé. En 1918 la supériorité aérienne totale des alliés aggrave la situation morale des troupes ottomanes. La Syrie est abandonnée à la fin du mois d’octobre pour se concentrer sur la défense du plateau anatolien, défense qui devient bientôt sans objet en raison de l’Armistice de Moudros signé le 30 octobre 1918.

Aux côtés des unités militaires on trouve également des unités de travailleurs (anila tuburu) avec six bataillons en 1914, trente en 1915. en 1916 les 28 bataillons survivants sur les 33 existants sont réorganisés en 17 bataillons à effectifs pleins ce qui donne une idée à effectifs pleins.

Une organisation spéciale est également mise en place pour le renseignement et le sabotage.

Au total sur 2.6 millions d’hommes qui ont été mobilisés, 325000 hommes sont morts, 400000 blessés, 202000 faits prisonniers et 1 million ont déserte. Il ne restait que 323000 sous les drapeaux au moment de l’Armistice.

L’armistice ne signifie pas la fin des combats. Ils se poursuivent sur tout le territoire de l’empire ottoman. Nombre de soldats ottomans vont rallier Mustapha Kemal par nationalisme.

Pologne et Pays Neutres (116) Turquie (6)

Histoire de la Turquie (1939-1954)

En septembre 1939 quand éclate la guerre de Pologne Ankara choisit immédiatement la neutralité et refuse de s’engager tant aux côtés des alliés que de l’Axe.

Il faut dire que le personnel politique turc à été durablement marqué par les conséquences de la première guerre mondiale sur un empire ottoman vieilli, usé et fatigué.

Certes ce n’est pas la défaite de 1918 qui à entrainé la chute de la Sublime Porte mais disons que cela à visiblement accéléré un processus de déclin entamé dès le début du 18ème siècle.

La Turquie se sait attirante pour les deux camps avec une position stratégique, des ressources minières (premier producteur mondial de chrome très utile pour durcir l’acier) et des ressources humaines. Ces atouts sont monnayables et à monnayer.

Dès la naissance de la République de Turquie ses élites veulent tout faire pour éviter de s’engager dans un nouveau conflit qu’il soit régional, continental ou mondial. Elle utilise la diplomatie pour apaiser les tensions génératrices de conflits.

En 1925 un traité d’amitié est signé avec l’URSS ce qui éloigne la menace soviétique sur les détroits, obsession russe depuis Pierre le Grand. En 1934 un pacte Balkanique est signé avec la Grèce, la Roumanie et la Yougoslavie.

En 1936 la Convention de Montreux permet à la Turquie de prendre le contrôle des détroits et en 1937 le traité de Saadabad la Turquie, l’Irak, l’Iran et l’Afghanistan coordonnent leur action contre les kurdes ce qui apaise les tensions régionales.

Quand la guerre de Pologne se termine la Turquie est restée neutre même si elle à signé un pacte d’assistance mutuelle avec la France et la Grande-Bretagne.

Que va-t-elle faire alors que nait la Pax Armada ? Eh bien elle va continuer son jeu de bascule entre les différentes puissances principalement l’Allemagne, l’URSS, la France et la Grande-Bretagne.

Si sur le plan économique la Turquie se tourne surtout vers l’Allemagne pour la sécurité, la diplomatie et la défense Ankara regarde davantage vers Paris et Londres.

A l’automne 1939 alors qu’on sait si la guerre va durer la France «achète» la neutralité turque en lui cédant le Sandjak d’Alexandrette qui initialement devait intégrer la Syrie.

Charles Huntziger

Une Mission Militaire Française en Turquie (MMFT) dirigée par le général Huntziger devait se rendre en Turquie en septembre 1939 pour aider les turcs à moderniser leur armée mais le déclenchement du conflit entraine le report de cette mission qui se rend finalement à Ankara en septembre 1943 et mars 1944 profitant d’une Allemagne en guerre civile et donc provisoirement hors service.

Tout comme les MMFG et MMFY, la MMFT va infuser au sein de l’armée turque les tactiques françaises, promouvoir le matériel français, former les hommes du rang et sélectionner des officiers pouvant bénéficier de formations militaires en France notamment des formations d’officiers d’état-major au sein de la prestigieuse Ecole Supérieure de Guerre.

Parallèlement une politique d’influence culturelle, sportive, diplomatique est menée moins pour pousser la Turquie à rejoindre le camp allié à lui éviter de rallier le camp d’en face. Le territoire turc est aussi le théâtre d’une guerre de l’ombre entre espions des différents pays, une guerre moins glamour et moins «légendaire» que celle entre l’URSS et l’occident.

Quand le second conflit mondial éclate en septembre 1948 la Turquie réaffirme sa neutralité et sa volonté d’empêcher son territoire de servir de champ de bataille.

L’armée est mobilisée, les défenses côtières sont renforcées tout comme les fortifications couvrant les milliers de kilomètres de frontière. Bien entendu il est impossible et même inutile de couvrir tout le linéaire.

Seules les zones stratégiques sont couvertes notamment la Thrace orientale (la Turquie d’Europe) et la frontière turco-soviétique, les autres zones étant peu menacées ou permettait même cas d’attaque surprise d’échanger de l’espace contre du temps.

Les ports sont fortifiés, des champs de mines sont mis en place pour empêcher une démonstration de force d’une escadre ennemie pour faire pression sur Ankara.

Dans les premières semaines la marine turque montre les dents en mer Noire et en Méditerranée, ces navires portant des marques de neutralité, des bandes rouges et blanches sur les tourelles et le mot TÜRKIYE sur la coque.

Etonnement les navires marchands n’étaient pas obligés de porter ces marques ce qui peut expliquer la destruction de cargos, de pétroliers et autres chalutiers turcs par des avions et des sous-marins rarement identifiés.

Si en mer Noire il est peu vraisemblable que les auteurs ne soient pas soviétiques en revanche en Méditerranée c’est plus compliqué puisqu’un cargo torpillé peut l’avoir été par des sous-marins allemands (ceux qui ont réussi à forcer le détroit de Gibraltar), italiens, français et britanniques sans que l’on sache si il s’agit d’un acte de libéré, d’un coup de pression ou d’une méprise.

Dans les airs il y eut quelques incidents entre chasseurs turcs, bombardiers et avions de reconnaissance ennemis. Quelques appareils sont abattus mais cela dégénère pas en guerre ouverte probablement parce que personne n’y à intérêt.

Naturellement des plans d’invasion sont dressés par l’Allemagne (opération Gertrud) et par les alliés au cas où…… . Ces plans sont cependant assez nébuleux soit parce que les archives ont été détruites (dans le cas allemand) ou parce que du côté allié cela n’à pas dépassé la simple étude théorique.

A la fin du conflit la Turquie à échappé au conflit. Elle à certes déclaré la guerre à l’Allemagne le 1er mars 1954 mais il s’agit d’une déclaration symbolique, aucun soldat turc ne combattant une Allemagne nazie à l’agonie.

La Turquie va intégrer l’ONU et l’OTAN, une organisation de défense du bloc occidental contre l’URSS et ses alliés. Le pays va devenir un allié fidèle du triumvirat franco-anglo-américain, acquérant massivement des armes modernes, réorganisant et modernisant son armée.

Pologne et Pays Neutres (115) Turquie (5)

Les grands personnages de l’histoire turque

Skanderbeg (Georges Castriote dit) (Croia 6 mai 1405 Lezhe 17 janvier 1468)

Seigneur albanais, il est un héros national de l’Albanie pour sa résistance à l’empire ottoman. Son père devant payer un tribu aux ottomans et livrer ses fils en otage. En 1413, Georges et ses trois frères sont envoyés à la cour de Mehmet 1er. Il suit les cours de l’Ecole Militaire avec le futur Mourad II. Il s’illustre à la tête des armées ottomanes contres les byzantins, les perses et les syriens.

A la mort de son père Georges Castriote pense lui succéder mais le sultan préfère nommer un gouverneur à Croia. Il déclare son indépendance le 28 novembre 1443 hissant son drapeau rouge à aigle noir.

Surnommé Iskander Bey («Roi Alexandre» en référence à Alexandre le Grand) par les ottomans il forme la ligue de Lezhe en 1444, l’emportant à Touvioll le 29 juin 1444. Il repousse les armées de Mehmet II en 1450, 1466 et 1467. Il meurt en 1468 et ces successeurs vont résister jusqu’en 1480.

Mehmed II Fatih (Edirne 30 mars 1432 Gebze 3 mai 1481)

Septième sultan ottoman, il règne d’août 1444 à septembre 1446 et du 3 février 1451 au 3 mai 1481. 4ème fils de Mourad II, il prend le titre de Kaiser-i Rum (empereur des romains) après la prise de Constantinople le 29 mai 1453.

Prince cultivé, il est donc rentré dans l’histoire comme le conquérant de Constantinople ce qui lui vaut le surnom de fatih (victorieux). Ayant eut sept épouses, il eut une fille et quatre fils.

Son premier règne est agité ce qui oblige Mourad II à reprendre le pouvoir et à le conserver jusqu’à sa mort. Au printemps 1948 il participe à une campagne contre Skanderbeg.

Son deuxième avènement se fait dans un climat peu sur et peu serein. Il inaugure le don de joyeux avènement aux janissaires ce qui allait transformer ces soldats d’élite en unité politique sur le modèle des prétoriens romains. Il renouvèle les traités de paix avec Venise et la Hongrie. Dès le début il veut s’emparer de Constantinople. Il va ensuite conquérir la Serbie et la Bosnie.

Il échoue à conquérir l’Albanie en 1466 et 1467 en raison de la résistance de Skanderbeg. Ce dernier meurt de maladie en 1468 mais ses partisans vont tenir jusqu’en 1480.

En 1459/60, il conquiert le despotat de Morée puis l’empire de Trebizonde. En 1475 ses armées s’emparent des colonies génoises de Crimée. Il s’empare d’Otrante le 12 août 1480, la prise de cette ville stratégique entrainant le massacre de 12000 personnes.

Il meurt dans une campagne vers l’Orient vraisemblablement empoisonné.

Soliman le Magnifique (Trebizonde 6 novembre 1494 Szigetivar 6 septembre 1566)

Dixième sultan ottoman du 30 septembre 1520 au 6 septembre 1566, son règne marque l’apogée de la puissance ottomane, la Sublime Porte connait un âge d’or tant sur le plan militaire que politique, culturel ou économique.

Rompant avec une tradition séculaire, il épouse une fille de son harem, la troublante Roxelane qui devint Hürrem Sultan. Son fils Selim II lui succède à sa mort.

Au cours de ces études à Constantinople, il se lit d’amitié avec Pazgali Ibrahim Pacha, un esclave qui devint son plus proche conseiller.

Seul fils survivant il n’eut pas à s’imposer et à éliminer ses frères (l’empire ottoman n’à jamais mis en place de règle de succession claire). Il se lance dans une série de conquêtes en Europe après avoir réprimé la révolte du gouverneur ottoman de Damas (1521).

Il s’empare de Belgrade en août 1521 faisant mieux que son arrière grand-père Mehmet II qui avait échoué à prendre la capitale serbe. Il s’empare de Rhodes mais autorise les chevaliers à rallier Malte.

En Europe centrale les ottomans écrasent l’armée hongroise à Mohacs le 29 août 1526, Louis II Jagellon roi de Hongrie est tué. Buda tombe en 1541 (elle sera reprise par les habsbourgs en 1686). Il échoue cependant à s’emparer de Vienne mais s’empare de la Moldavie.

Il combat la Perse en 1534 et en 1548/49. Un traité est signé en 1554, Soliman s’emparant de Bagdad, de la Mésopotamie, des embouchures du Tigre et de l’Euphrate ce qui lui donne un accès au Golfe Persique puis à l’Océan Indien. La marine ottomane en disputant aux portugais le contrôle. En 1564 il soutien le sultanat d’Aceh contre les lusitaniens.

En 1535 les troupes de Charles Quint défait les ottomans à Tunis. La guerre contre Venise reprend en 1536. C’est l’époque de l’alliance avec le Roi Très Chrétien François 1er. En 1538, le corsaire barbaresque Barberousse défait la marine espagnole à Preveza, les chrétiens devront attendre Lepante en 1571 pour prendre leur revanche. L’AFN devient ottomane et sert de base de piraterie. Il échoue à Malte lors d’un siège de plusieurs mois (18 mai au 8 septembre 1565).

Si en occident il est surtout connu comme le magnifique en Turquie il est surtout connu comme le législateur.

Mahmoud II (Palais de Topkapi, Constantinople 20 juillet 1784 Constantinople 1er juillet 1839)

Sultan et calife du 28 juillet 1808 au 1er juillet 1839, il reprend les réformes de Selim III, il lance l’ère des Tanzimat. Il supprime l’ordre des Janissaires en 1826 puis créé une nouvelle armée sur le modèle européen. Cela lui vaut le surnom de «Pierre le Grand de Turquie». Il perd cependant le contrôle de l’Egypte et de la Grèce.

Menacée par son démi-frère et prédécesseur Moustapha IV, il échappe e peu à l’assassinat ordonné par Moustapha IV à la différence de Selim III.

En juin 1826 Mahmoud créé le corps des eskinci qui doit remplacer les janissaires. Ces derniers se révoltent le 15 juin. Le corps des artilleurs bombarde les casernes, les survivants sont traqués et exécutés. L’élimination des janissaires est officiellement appelé Heureux événement. Il confie la modernisation de l’armée de terre aux prussiens et de la marine aux britanniques.

Abdülhamid II (Constantinople 21 septembre 1842 – 10 février 1918)

Trente-quatrième sultan ottoman et vingt-septième calife, il règne du 31 août 1876 au 27 avril 1909 et promulgue la première et seule constitution ottomane, constitution qu’il suspend dès 1878 après la désastreuse guerre contre les russes (guerre qui allait aboutir à l’indépendance de la Bulgarie).

Fils de Abdülmécid 1er de Tirinüjgan Kadinefendi, c’est un prince cultivé qui se rend en 1867 avec son oncle le sultan Abdulaziz à Paris, Londres et Vienne. Héritier de Mourad V, il le remplace car ce dernier est instable mentalement. A son avènement il est vu comme un libéral.

Très vite son règne prend un tournant autoritaire avec notamment le massacre d’arméniens et son opposition au mouvement sioniste. Il est d’ailleurs victime d’un attentat le 21 juillet 1905, attentat mené par l’anarchiste Edouard Joris, un belge au service des arméniens. Il y à 26 morts mais le sultan est indemne.

En juin 1908 l’armée se mutine à Salonique, mutinerie qui s’étend en Macédoine. Les troupes envoyées pour réprimer ce soulèvement fraternisent avec les révoltés. Sous pression il doit rétablir la constitution (24 juillet) mais perd tout pouvoir effectif. Il renoue avec ses mânes libérales entre abolissant l’espionnage et la censure, ordonne la libération des prisonniers politiques.

Après l’échec d’une contre-révolution monarchique en avril 1909 il est déployé et exilé à Salonique remplacé par son demi-frère Mehmed V. C’est le dernier souverain ottoman absolu, sa volonté de sauver l’empire ottoman se heurte à des problèmes qui semblent insolubles. En 1912 il est autorisé à revenir à Constantinople.

Mehmet VI (Constantinople 14 janvier 1861 San Remo 16 mai 1926)

36ème et dernier sultan ottoman (3 juillet 1918 au 1er novembre 1922), il est également calife de l’Islam. Il est prétendant au trône de Turquie du 19 novembre 1922 au 16 mai 1926.

Il succède à son frère Mehmet V dans un contexte trouble et signe l’armistice de Moudros le 30 octobre 1918. Il coopère avec les alliés et châtie les leaders Jeunes-turcs condamnés à mort par contumace, le parlement étant dissous le 22 décembre 1918.

Le 8 juillet 1919 il casse le grade de général de Mustapha Kemal. Il ordonne de ne plus lui obéir ce qui fait que deux pouvoirs concurrents se font face. De nouvelles élections sont organisées mais le 11 avril 1920 le sultan dissous l’assemblée. Le 23 avril, une Grande Assemblée Nationale est élue.

Une nouvelle armée est mise sur pied mais cette armée du calife se désintègre suite à la signature du traité de Sévres le 10 août 1920 qui fait perdre à Mehmet ses derniers soutiens.

Le sultanat est abolit le 1er novembre 1922. Le 17, Mehmet VI quitte Constantinople à bord du cuirassé HMS Malaya. Il se réfugie à Malte. Son cousin est élu au califat puis s’installe à San Remo en mai 1923. Il est enterré à Damas.

Djemal Pacha (Mytilène 6 mai 1872 Tbilissi 21 juillet 1922)

Militaire et homme politique ottoman, il est l’un des membres du triumvirat qui domine l’empire ottoman jusqu’à sa chute. Il dirige l’attaque ottomane contre le canal de Suez en 1915. Après cet échec il gouverne la Syrie ottomane.

Impliqué dans les génocides arméniens, assyriens et grec pontique, il s’exile en Afghanistan où il participe à la réorganisation de l’armée afghane. Il se rend ensuite en URSS où il est assassiné par les arméniens dans le cadre de l’opération Némésis.

Diplômé de l’école militaire de Kuleli en 1890 et de l’académie militaire de Constantinople en 1893, il rejoint les jeunes-turcs en 1905. En 1909 il est envoyé en Cilicie pour calmer le jeu après le massacre de 30000 arméniens, sinistre prologue du génocide. En 1911 il est gouverneur de Bagdad.

Il participe à la première guerre balkaniques avant de jouer un rôle majeur dans la révolution du 23 janvier 1913. Il est ministre de la Marine en 1914.

Il tente une alliance avec la France mais échoue. Les Trois Pachas décident de choisir le camp des Empires Centraux.

Ses relations avec les juifs sont ambigües et les nationalistes arabes connaissent le poids de sa férule au point qu’il est surnommé le boucher. A noter que sa responsabilité dans le génocide arménien est discutée par les historiens.

A la fin de la guerre il s’enfuit en Allemagne puis en Suisse. Condamné à mort par coutumace lors d’un procès qui à eu lieu du 28 avril au 5 juillet. Il est assassiné à Tbilissi par trois activistes arméniens.

Talaat Pacha (Kardjali 1er septembre 1874 Berlin 15 mars 1921)

Homme d’Etat ottoman, il termine grand vizir. C’est l’un des leaders du mouvement jeune-turc. C’est aussi le grand ordonnateur du génocide arménien. Condamné à mort par contumace, il est assassiné par des arméniens à Berlin.

Diplômé du collège d’Edirne, il est arrêté en 1893 mais relâché en 1895. Député après la révolution jeune-turque, il est ministre de l’Intérieur puis ministres des Postes. Depuis 1903 il est franc-maçon.

Ses positions politiques se radicalisent, il devient de plus en plus nationaliste et est favorable à l’idéologie panturquiste. Il forme le trio des Pachas qui domine la Turquie de 1908 à 1918.

Grand Vizir en 1917, il démissionne le 14 octobre 1918. Il est condamné à mort par contumace le 5 juillet 1919. Il est assassiné par Soghomon Tehlirian un rescapé du génocide arménien qui sera ensuite acquitté. Il est enterré à Berlin puis à Istanbul.

Mustapha Kemal Pacha (Salonique 19 mai 1881 Istanbul 10 novembre 1938)

Militaire et homme d’état turc, il est fondateur et premier président de la République de Turquie (29 octobre 1923 au 10 novembre 1938) après avoir été président de la Grande Assemblée Nationale de Turquie (24 avril 1920 au 29 octobre 1923). Il est premier ministre de Turquie du 3 mai 1920 au 21 janvier 1921).

Il suit des cours à l’école coranique puis à l’école laïque privée Sensi Efendi en 1886. Sa scolarité est turbulente et difficile. Il est diplômé du collège militaire de Salonique en 1896. Il est ensuite à l’Ecole des Cadets de Monastir où il hérite du surnom de Kemal (parfait) pour ses prouesses en maths. Il sort en 1899 2ème de sa promotion. Il entre le 13 mars 1899 à l’Ecole de Guerre d’Istanbul d’où il sort en 1902 avec le grade de lieutenant.

Diplômé de l’Académie Militaire le 11 janvier 1905, il s’inscrit dans le mouvement libéral et réformateur qui cherche à stopper le déclin de l’empire ottoman. Il créé un mouvement baptisé Patrie et Liberté. Il participe en spectateur à la Révolution Jeune-Turque car sceptique sur les chances de réussite du coup de force. Il est affecté à l’Etat-Major d’Istanbul en 1911.

Il participe à la guerre contre l’Italie dans la future Libye puis aux guerres balkaniques. Il s’illustre aux Dardanelles durant le premier conflit mondial («Je ne vous demande pas de combattre mais de mourir»).

Il aurait pu devenir Ministre de la Guerre mais Talaat Pacha devenu Grand Vizir met son veto car il n’à pas apprécié les critiques de Mustapha Kemal sur sa politique. Il dirige le 16ème CA puis la 2ème Armée dans le Caucase. Il est ensuite appelé en Syrie pour juguler l’avancée britannique mais le paludisme le met rapidement sur la touche. Il s’oppose à l’influence allemande.

De retour en Syrie en août 1918 il tente d’enrayer le déclin ottoman mais sans succès. Il décide d’abandonner la Syrie pour défendre l’Anatolie. Recevant le commandement de toutes les troupes ottomanes il refuse l’Armistice de Moudros mais il est au début très isolé.

Relevé par le Sultan le 8 juillet 1919, il organise un contre-pouvoir qui va peu à peu profiter de la dégradation de l’image du sultan. La signature du traité de Sèvres le 10 août 1920 est le point de bascule, l’armée du calife se désintègre très vite. Il repousse les arméniens, est soutenu par les soviétiques, Lenine et Trotski envoyant Frounze pour l’épauler. Les kurdes sont vite matés, la France, l’Italie et la Grande-Bretagne abandonnent vite le pays.

Les grecs s’obstinent ce qui aboutit à la guerre gréco-turque se terminant l’armistice de Mudanya le 11 octobre 1922, un triomphe turque et un désastre grec.

Il imprime très vite sa marque sur la Turquie avec une idéologie nationaliste, étatiste, laïque, la République Française servant de modèle. Un véritable culte de la personnalité se développe tout comme une lutte contre les minorités ethniques dans le but d’unifier le pays.

Très vite le régime devient très autoritaire avec un parti unique et une répression de toute forme d’opposition notamment suite au Complot de Smyrne en juillet 1926.

Il mène une politique de grands travaux financés sans capitaux étrangers pour éviter toute dépendance.

Il refuse tout antisémitisme en accueillant par exemple 150 universitaires juifs ayant perdu leur poste en Allemagne.

Le 24 novembre 1934 il reçoit le patronyme d’Atatürk «Turc ancètre» et «Turc père».

Il meurt le 10 novembre 1938 à 9.05 d’une cirrhose au palais de Dolmabahce. Il est enterré au musée ethnographique d’Ankara le 21 novembre 1938 puis au Antbakir.

Ismail Enver (Enver Pacha) (Constantinople 22 novembre 1881 – République soviétique populaire de Boukhara 4 août 1922)

Militaire et homme politique turc, c’est l’un des chefs de la Révolution Jeune-Turque. Ministre de la Guerre pendant le premier conflit mondial c’est l’un des instigateurs du génocide arménien.

Selon certaines sources il serait issu d’une famille gagaouze convertie à l’islam au 19ème siècle en Crimée. Il effectue une partie de ses études en Allemagne et ne tarde pas à choisir la carrière des armes.

Affecté en Macédoine en 1902 il rejoint les jeunes-turcs en 1906 et organise le soulèvement de juillet 1908. Il joue un rôle clé dans l’écrasement de la contre-révolution d’avril 1909. Attaché militaire à Berlin, il renforce les liens entre Berlin et Constantinople.

En 1911 il épouse Nadjré petite fille du sultan Abdulmejid et nièce du sultan Mehmed V. En 1911/12 il dirige la guérilla en Tripolitaine contre les italiens en utilisant son expérience dans la répression contre les maquisards grecs et bulgares.

Il participe aux guerres balkaniques reprenant la forteresse d’Andrinople (Edirne). Après le coup d’état de 1913, il fonde un triumvirat, le triumvirat des Trois Pachas avec Talaat Pacha et Djemal Pacha. Ils obtiennent les pleins pouvoirs ,dispersant le parlement, arrêtant les opposants dont certains sont pendus.

Nationaliste, il se fait le chantre du panturquisme qui souhaite regrouper tous les turcophones dans un seul état.

Son action durant le premier conflit mondial est plus contrastée avec des échecs en Egypte (offensive contre le canal de Suez) et dans le Caucase contre les russes. Il autorise Talaat Pacha à réaliser le génocide arménien.

Il démissionne et s’enfuit en Allemagne (2 novembre 1918). Il rejoint ensuite l’Asie centrale où il est d’abord allié des bolcheviks avant de les combattre. Il est tué le 4 août 1922 dans des circonstances peu claires.

Ismet Inonü (Smyrne 24 septembre 1884 Ankara 25 décembre 1973)

Militaire et homme politique turc, il est le Milli Sef (Chef national). Il poursuit d’abord l’autoritarisme de Mustapha Kemal avant de tenter une timide ouverture démocratique, ouverture fermée en 1947 et qui ne sera réouvert que par son successeur Celâl Bayar qui le remplace en mai 1950, le compagnon d’arme d’Ataturk ayant du démissionner pour raisons de santé.

Artilleur de formation, il intègre le mouvement Jeune-Turc en 1909, opérant au Yemen, dans les Balkans, en Palestine et contre les russes durant les derniers conflits de l’empire ottoman. Il participe à la guerre d’indépendance turque puis à la guerre gréco-turque .

Ministre des Affaires Etrangères en 1922, il dirige la délégation turque qui négocie le traité de Lausanne (1923). Il est premier ministre du 30 octobre 1923 au 8 novembre 1924 et du 4 mars 1925 au 25 octobre 1937.

Les relations avec Ataturk se dégradent rapidement, les idées d’Inonu étant jugées trop étatistes pour l’économie et trop passives sur le plan de la politique étrangère.

Elu à la mort d’Ataturk, il poursuit la politique autoritaire de créateur de la république turque mais se montre un peu plus souple probablement parce qu’il n’à pas le charisme de Mustapha Kemal.

Sur le plan de la politique étrangère il décide de maintenir la Turquie dans une position de neutralité, le souvenir de l’empire ottoman ayant sombré dans le premier conflit mondial étant dans tous les esprits. Les alliés comme l’Axe tentent d’amadouer la Turquie mais Ankara se contentant de prendre sans (trop) donner.

Démissionnant pour raisons de santé en mai 1950, il est mis en résidence surveillée suite au coup d’état de 1960 mais il n’est pas inquiété jusqu’à sa mort treize ans plus tard.

Pologne et Pays Neutres (114) Turquie (4)

Sultans ottomans et chef de l’Etat turc

Sultans

-Osman 1er (1299-1326)

-Orhan (1326-1362)

-Mourad 1er (1362-1389)

-Bajazet 1er (1389-1402).

Suite à la capture de Bajazet par Tamerlan après la défaite ottomane à la bataille d’Ankara, ses fils Soliman, Isa, Mehmed, Moussa et Moustafa se disputent le trône.

-Mehmed 1er (1413-1421)

-Mourad II (1421-1444) (1446-1451)

-Mehmed II (1444-1446) (1451-1481)

-Bajazet II (1481-1512)

-Selim 1er (1512-1520). Premier sultan ottoman à prendre le titre de calife

-Soliman 1er (1520-1566)

-Selim II (1566-1574)

-Mourad III (1574-1595)

-Mehmed III (1595-1603)

-Ahmed 1er (1603-1617)

-Moustapha 1er (1617-1618). Déposé en faveur de son neveu Osman II

-Osman II (1618-1622) Déposé et assassiné par les janissaires

-Moustapha 1er (1622-1623)

-Mourad IV (1623-1640)

-Ibrahim 1er (1640-1648) Déposé puis assassiné par les janissaires

-Mehmed IV (1648-1687) Déposé par l’armée et les janissaires

-Soliman II (1687-1691)

-Ahmed II (1691-1695)

-Moustapha II (1695-1703) Abdique en faveur de frère Ahmed III

-Ahmed III (1703-1730) Doit abdiquer après une révolte des janissaires

-Mahmoud 1er (1730-1754)

-Osman III (1754-1757)

-Moustapha III (1757-1774)

-Abdülhamid 1er (1774-1789)

-Selim III (1789-1807). Renversé puis assassiné par les janissaires

-Moustapha IV (1807-1808). Déposé suite à l’insurrection menée par Mustapha Beiraktar. Exécuté par son demi-frère Mahmoud II

-Mahmoud II (1808-1839)

-Abdulmecid 1er (1839-1861)

-Abdülaziz (1861-1876) Déposé par ses ministres et retrouvé mort cinq jours plus tard vraisemblablement assassiné

-Mourad V (30 mai au 31 août 1876) Déposé il termine sa vie cloitré au palais Cinagan où il meurt le 29 août 1904.

-Abdülhamid II (1876-1909). Déposé. Il meurt le 10 février 1918 par neuf années de réclusion au palais de Beylerbeyi

-Mehmed V (1909-1918)

-Mehmed VI (1918-1922)

-Abdülmécid II. Elu calife par la Grande Assemblée Nationale de Turquie le 18 novembre 1922. Après l’abolition du califat le 3 mars 1924 il s’exile en France où il meurt le 23 août 1944.

Présidents de la République

-Mustafa Kemal Atatürk du 29 octobre 1923 au 10 novembre 1938 date de sa mort.

Interim de Mustafa Abdülhalik Renda

-Ismet Inönu du 11 novembre 1938 au 22 mai 1950. Démissione pour raisons de santé

-Celâl Bayar du 22 mai 1950 au 27 mai 1960 date de son renversement par un coup d’état militaire

Pologne et Pays Neutres (113) Turquie (3)

Chronologie militaire

1071 (26 août) : Les byzantins sont écrasés par les turcs seljoukides à Mantzikert. L’Asie Mineure est perdue.

1389 (15 juin) : Bataille de Kosovo-Polje. Victoire stratégique des ottomans

1391-92 : premier siège de Constantinople par les ottomans

1394-1402 : deuxième siège de Constantinople par les ottomans

Bayezid 1er

1396 (25 ou 28 septembre) : Bataille de Nicopolis. Le sultan Bayezid 1er écrase en Bulgarie (Nikopol) une croisade menée par Sigismond de Luxembourg, roi de Hongrie

1402 (20 juillet) : Tamerlan écrase les ottomans à Ankara. Cette défaite donne un répit de quelques années aux byzantins

1422 (juin-août) : Troisième siège de Constantinople par les ottomans et nouvel échec

1444 (10 novembre) : Bataille de Varna. Les ottomans de Mourad II écrasent les troupes chrétiennes menées par Ladislas III Jagellon

1448 (17 au 20 octo) : Deuxième bataille de Kosovo-Polje. Victoire des ottomans de Mourad II sur les troupes chrétiennes de Jean Hunyadi et de Vladislav II de Valachie.

1480 (28 juillet) : invasion ottomane d’Otrante et de l’Apulie. La mort de Mehmet II le 3 mai 1481 met fin à la volonté ottomane de marcher sur Rome

1522 : Conquête de Rhodes

Tableau représentant la mort de Louis II de Hongrie à la bataille de Mohacs

1526 (29 août) : Bataille de Mohacs. Victoire ottomane et mort du roi de Hongrie Louis II Jagellon

1529 : premier siège de Vienne par les ottomans

1532 : Les ottomans tentent à nouveau de s’emparer de Vienne mais sont repoussés à Guns (97km au sud de Vienne)

1551 : Conquête de Tripoli

1565 : échec ottoman à Malte

Tapisserie du Vatican représentant la bataille de Lepante

1571 (7 octobre) : la marine ottomane est écrasée à Lepante par une escadre chrétienne

1593-1606 : Longue Guerre avec l’Autriche

1735-1739 : guerre russo-ottomane

1768-1774 : Guerre russo-ottomane qui se termine par une défaite ottomane et le traité de Kücük-Kaynardji

1821-1830 : guerre d’indépendance grecque

1853-1856 : Guerre de Crimée

1877-1878 : guerre russo-ottomane. La victoire russe enterise l’indépendance de la Bulgarie

1897 (18 avril) début de la guerre gréco-turque qui se termine le 20 mai par une déroute des forces grecques mais qui l’emporte sur le plan politique et diplomatique

1912 (8 octobre) : Début de la première guerre balkanique entre l’empire ottoman et la Ligue Balkanique (Bulgarie, Serbie, Grèce et Monténégro)

1912 (3 décembre) : Armistice entre les ottomans et les bulgares. Cet armistice expire le 3 février 1913 et les combats reprennent

1912 (16 décembre) : Victoire grecque à la bataille navale d’Elli

1913 (18 janvier) : Victoire grecque à la bataille navale de Lemnos

1913 (20 février) : Contre-offensive ottomane

1913 (11 mars) : Adrinople tombe aux mains des troupes de la Ligue Balkanique

1913 (30 mai) : Traité de Londres qui met fin à la première guerre balkanique

1913 (29 juin) : La Bulgarie déclenche la deuxième guerre Balkanique. Sofia se retrouve seule face à la Serbie, la Roumanie, la Grèce, le Monténégro et l’empire ottoman

1913 (20 juillet) : les troupes ottomanes envahissent la Bulgarie

1913 (23 juillet) : Edirne/Andrinople est reprise ou plutôt réoccupée par les ottomans

1913 (30 septembre) : Traité de Constantinople entre l’empire ottoman et la Bulgarie

1913 (14 novembre) : Traité d’Athènes entre la Grèce et l’empire ottoman

1914 (14 mars) : Traité signé à Constantinople entre la Serbie et l’empire ottoman

1914 (2 novembre) : La Russie déclare la guerre à l’empire ottoman. La France et la Grande-Bretagne suivent le lendemain

1915 (19 février) : Tentative de forcement des détroits par une escadre franco-britannique. Début de la campagne des Dardanelles.

1915 (25 avril) : le corps expéditionnaire allié débarque à Gallipoli

1916 (9 janvier) : Fin officielle de la Campagne des Dardanelles

1916 (juillet) : Début de la révolte arabe du Hedjaz

1919 (19 mai) : début de la guerre d’indépendance turque (Kurtulus Sascasi/Guerre de Libération)

1922 (9 septembre) : Reconquête de Smyrne par les turcs

1922 (11 octobre) : Armistice de Moudanya entre les turcs, les britanniques, les français et les italiens. Les grecs s’y rallient trois jours plus tard. Fin de la Kurtulus Sascasi.

1922 (11 novembre) : les grecs évacuent la péninsule de Gallipoli

Chronologie économique et culturelle

1453 : Création de l’université d’Istanbul

Palais de Topkapi

1461 : début de la construction du palais de Topkapi

1481 : création du lycée de Galatasaray

1568-1574 Construction à Edirne de la mosquée de Sélim

1609-1616 : construction à Constantinople de la Mosquée Bleue

1773 : création de l’université technique d’Istanbul

1844 : Le drapeau ottoman est adopté. Il à été conservé par la Turquie kémaliste

1847 : Abolition de l’esclavage

1854 (4 août) : l’empire ottoman lance son premier emprunt à l’étranger

1856 : Inauguration de la première ligne de chemin de fer de l’empire entre Le Caire et Alexandrie

Palais de Dolmabahce

1856 : inauguration du palais de Dolmabahce qui remplace Topkapi comme résidence principale des sultants ottomans

1875 : premier match de football dans l’empire ottoman. Il à lieu à Salonique mais avec uniquement des joueurs étrangers, les sujets ottomans ayant longtemps eu l’interdiction de jouer à ce jeu

1889 : inauguration à Constantinople de la gare de Sirkeci située sur la rive européenne de la future Istanbul

1889 (14 juillet) : Naissance du mouvement Jeune Turc

1902 (février) : le premier congrès des Jeunes Turcs est organisé à Paris

1903 : création du club de Besiktas JK, l’un des trois grands clubs d’Istanbul

1904 : création du championnat d’Istanbul. Il faudra attendre 1959 pour qu’un championnat national de Turquie voit le jour.

1905 (1er octobre) : Création du Galatasaray SK, l’un des trois grands clubs de football d’Istanbul

1907 (3 mai) : création du Fenerbache SK, l’un des trois grands clubs de football d’Istanbul

1908 : Après avoir participé aux jeux olympiques intercalaires de 1906, l’empire ottoman participe aux jeux olympiques de 1908 à Londres sous le nom de TURQUIE. Les athlètes ottomans ne remportent aucune médaille tout comme quatre ans plus tard à Stockholm.

1909 : inauguration à Constantinople de la garde de Haydarpasa, gare située sur la rive asiatique de la future Istanbul

1922 (13 septembre) : Grand Incendie de Smyrne dont les origines sont encore aujourd’hui disputées

1923 (21 mai) Création de la Türkiye Futbol Federanyonu (TFF), la fédération turque de football. Elle est affiliée dans la foulée à la FIFA.

1923 (13 octobre) Ankara devient capitale de la Turquie

1923 (13 octobre) Premier match officiel de l’Equipe nationale de football turque (match nul 2-2 contre la Roumanie)

1925 (4 mars) : loi pour le maintien de l’ordre public

1928 : L’alphabet latin remplace l’alphabet ottoman d’origine arabe

1928 (18 avril) : La Turquie devient un état laïc, cessant d’avoir l’islam comme religion d’état

1930 (28 mars) : Constantinople est rebaptisée Istanbul

1934 (5 décembre) : Les femmes turques reçoivent le droit de vote

1937 (5 février) : Une loi confirme la laïcisation de l’état turc

1944 : début de la construction de l’Anitkabir, le mausolée où repose encore aujourd’hui Mustapha Kemal. Le monument est inauguré en 1953.

Pologne et Pays Neutres (112) Turquie (2)

CHRONOLOGIE

Chronologie générale

-1081 : mise en place du sultanat de Roum ayant pour capitale Nicée (1081-1097) puis Iconiun (1097-1307)

1299 : Naissance du beylicat ottoman, cette date correspondant à la prise de la ville de Mocadène (aujourd’hui Bilecik) par Osman 1er

-1307 : Fin du sultanat de Roum

1347 : Conquête de Gallipoli par les ottomans qui prennent ainsi pied en Europe

1363 : naissance du sultanat ottoman

1369 : Edirne (Andrinople) devient la capitale du sultanat ottoman en remplacement de la ville de Bursa

1403-1413 : Interrègne ottoman (Fetret Derri). Période de lutte dynastique entre les descendants de Bayazet 1er. Mehmed 1er finit par triompher sur ses frères

-1430 : Thessalonique tombe aux mains des ottomans

Mehmed II entrant à Constantinople

-1453 (29 mai) : Après cinquante trois jours de siège (6 avril au 29 mai) Constantinople tombe aux mains des ottomans. Mehmet II prend le titre de Kayser-i-Rûm (empereur romain).

1459 : Suite à la chute de Smederevo, la Serbie est annexée.

1461 : Chute de Trebizonde et fin de l’empire byzantin du même nom

1517 : Conquête de l’Egypte. Fin du sultanat mamelouk. Les sultans ottomans deviennent califes

1521 : Prise de Belgrade

Soliman le Magnifique

1566 : Mort de Soliman le Magnifique

1570 : Conquête de Chypre

1648-1656 : «Sultanat des femmes» période où les sultants jeunes et inexpérimentés gouvernent sous l’influence de leurs mère, le pouvoir du Harem Impérial est dominant.

1669 : Conquête de la Crète

1683 : Siège de Vienne. Les troupes ottomanes sont écrasées par l’armée de Jean III Sobieski et de Charles de Lorraine

1699 (26 janvier) : Traité de Karlowitz. Premier traité défavorable aux ottomans

1718 (21 juillet) : Traité de Passarowitz

1718 (21 juillet) : Début d’une ère de réformes appelée Ere des Tulipes. Elle prend fin le 28 septembre 1730.

1739 (18 septembre) : Traité de Belgrade. Les ottomans perdent Azov mais récupèrent Belgrade et d’autres territoires au détriment de l’Autriche.

1774 : Traité de Kutchuk-Kaïnardji

Janissaires

1807 : Révolte des janissaires. Destitution de Selim III remplacée par Mustafa IV. Selim III est assassiné en 1808

1826 (16 juin) : Le sultan Mahmoud II décide de supprimer le corps des janissaires. Sur 200000 hommes de ce corps jadis pilier de l’Empire, 120000 sont massacrés par l’armée régulière et la population civile.

1829 : l’empire ottoman reconnaît l’indépendance de la Grèce

1839 (3 novembre) : Edit de réforme. Début de l’époque de réforme dit époque du Tanzimat

1875 : La Grande-Bretagne prend le contrôle de l’administration de l’île de Chypre

1876 (23 novembre) : Première constitution. Elle est supprimée par le sultan Abdülhamid II deux ans plus tard

1878 : l’Autriche-Hongrie occupe la Bosnie-Herzégovine qu’elle annexera en 1908.

1882 : La Grande-Bretagne prend le contrôle de l’Egypte

1894-1896 : massacres hamidiens. C’est la «répétition» du génocide arménien de 1915/16. Les massacres sont menés par les kurdes. Ils cessent en octobre 1896 suite à la menace d’une intervention anglo-russe.

1908 (24 juillet) : Les Jeunes Turcs s’emparent du pouvoir pour tenter d’enrayer le déclin de la Sublime Porte

1909 (14 au 27 avril) : Massacres de Cilicie par des milices, des détenus de droit commun libérés et même des troupes régulières venues à l’origine pour mettre fin aux massacres

1909 (13 avril) : Tentative de contre-révolution contre les Jeunes Turcs. La garnison de Constantinople se soulève. Les troupes venues de Macédoine écrasent la rébellion dans le sang, pénétrant dans la capitale ottomane le 24 avril 1909.

1909 (août) : Révision constitutionnelle qui dépose le nouveau sultan Mehmet V au pouvoir depuis le 27 avril 1909

1911 : guerre italo-turque. L’empire ottoman perd la Libye qui devient une colonie italienne

1912-1913 : Guerres Balkaniques

1913 (23 janvier) : Coup d’Etat d’Enver Pacha

1914 : L’empire ottoman s’engage dans le premier conflit mondial aux côtés des Empires Centraux

1914 (5 novembre) : suite à l’entrée en guerre de l’Empire ottoman aux côtés des empires centraux, la Grande-Bretagne annexe Chypre et l’Egypte.

1915 (avril) : Début du génocide arménien. Dans la nuit du 24 au 25 avril, des intellectuels arméniens sont massacrés à Constantinople. Le génocide arménien prend fin en juillet 1916.

1916-1923 : génocide greco-pontique

1918 (30 octobre) : Armistice de Moudros

1918 (13 novembre) : Les français et les britanniques occupent Constantinople. Cette occupation prend fin le 23 septembre 1923.

1920 (23 avril) : La Grande Assemblée Nationale de Turquie est créée à Ankara

1920 (10 août) : Traité de Sèvres. Ce traité qui dépèce l’empire ottoman ne sera jamais appliqué

1921 (13 octobre) : Traité signé entre la Turquie kémaliste et les républiques soviétiques de la Transcaucasie

1922 : Abolition du sultanat. Mehmed VI quitte le pays à bord du cuirassé britannique HMS Malaya

1923 (24 juillet) : Traité de Lausanne qui entre en vigueur le 6 août 1924

1923 (29 octobre) : Proclamation de la République de Turquie

1924 ( 3 mars) : abolition du califat. Le sultan et sa famille déjà en exil sont déclarées persona non grata en Turquie.

1925 : traité d’amitié turco-soviétique

1925 : les kurdes se révoltent

1930 : nouvelle révolte kurde

1932 (juillet) : La Turquie est admise à la SDN

1936 (20 juin) : Convention concernant le régime des détroits dite Convention de Montreux déterminant l’exercice de la libre circulation dans les détroits des Dardanelles et du Bosphore

1937 : nouvelle revolte kurde

1937 (8 juillet) : Traité de Sa’dabad. La Turquie, l’Irak, l’Iran et l’Afghanistan coordonnent leur action contre les kurdes.

1938 (2 septembre) : Constitution de la République autonome de Hatay qui sera annexée par la Turquie le 2 juin 1939

Mustapha Kemal Ataturk

1938 (10 novembre) : Mort de Mustafa Kemal Ataturk. Il est remplacé par Ismet Inönu

Pologne et Pays Neutres (111) Turquie (1)

UNE AUTRE SECONDE GUERRE MONDIALE

T.12 : POLOGNE ET PAYS NEUTRES

F.S.7 TURQUIE

AVANT-PROPOS

En ce 30 octobre je commence la dernière partie du dernier tome de présentation du conflit puisque le Tome 13 sera le premier où je raconterai par le détail mon second conflit mondial tel que je l’ai imaginé depuis maintenant dix ans.

Je vais donc ajouter quelques dizaines pages à une somme colossale qui comprends à ce jour 10290 pages !

Mehmet II entrant à Constantinople après la chute de la ville

Ces dizaines de pages vont être consacrée à la Turquie et à son avatar médiéval à savoir l’empire ottoman qui en s’emparant de Constantinople en 1453 met fin selon certains au Moyen-Age même si la date canonique de la fin de l’époque médiévale est toujours fixée à 1492.

La structure de ce tome sera proche des précédents puisque comme vous le savez chers lecteurs la Turquie est restée neutre durant le second conflit mondial.

Après la chronologie générale, on trouve la chronologie militaire puis si les informations le permette une chronologie économique et culturelle.

Mustafa Kemal Atatürk

Je parlerai ensuite des monarques ottomans et des deux présidents de la république de Turquie notamment un certain Mustafa Kemal dit Ataturk (père de tous les turcs) avant de parler de la Turquie dans la Pax Armada et le second conflit mondial, une partie qui sera moins importante que pour la Pologne faute d’engagements de troupes turques aux côtés de l’Axe ou des alliés.

Je terminerai par la partie que je préfère la partie militaire avec d’abord une partie consacrée à l’armée de terre où j’aborderai l’histoire militaire dans ces grandes lignes, l’histoire de l’armée turque après la chute de l’empire ottoman, son organisation et son équipement.

Ce sera ensuite le tour de l’armée de l’air avec son histoire, son organisation et son équipement avant de boucler la boucle avec la marine.

La Turquie pose un épineux problème : es-ce un pays d’Asie ou d’Europe ? Cela s’explique par ses liens anciens avec l’Europe (les ottomans ont été proches de s’emparer de Vienne ce qui aurait sûrement changé le court de l’histoire) et par sa position géographique avec le détroit du Bosphore qui est considéré par certain comme une des frontières entre l’Europe et l’Asie avec le Caucase et l’Oural. Cela se ressent dans l’histoire et les relations tumultueuses entre le croissant et la croix.

Les ottomans apparaissent dans l’histoire dès le 11ème siècle. En écrasant l’armée byzantine à Manzikert en 1071 il prive le successeur de l’empire romain de l’accès à l’Asie mineure. Byzance ne le sait pas encore mais il est à terme condamné.

Ce terme ce sera 1453 avec la prise de Constantinople par les troupes de Mehmet II qui marque la fin de l’empire romain d’orient même si Byzance n’avait plus rien de romain depuis très longtemps.

Les ottomans poursuivent sur leur lancée, en balayant les Balkans n’étant stoppé que sous les murs de Vienne en 1683. C’est le début du reflux ottoman, le début de la crise qui va faire de la Sublime Porte «l’homme malade de l’Europe», une proie pour les autres puissances européennes.

Engagé aux côtés des empires centraux, l’empire ottoman ne survivra pas au premier conflit mondial. Suite à l’humiliant traité de Sèvres, les patriotes turcs menés par un certain Mustafa Kemal se soulèvent, chassant les grecs (les autres puissances avaient vite abandonné toute prétention territoriale) et obtenant à Lausanne un traité nettement plus favorable.

Mustafa Kemal se comportant comme un despote éclairé décide de moderniser, d’occidentaliser le pays pour le sortir de l’ornière. Avertie par le premier conflit mondial, la Turquie veilla à rester neutre durant la guerre de Pologne tout comme le second conflit mondial.