Le Conflit (6) Norvège (6)

France

Marine Nationale

La Royale est la première à réagir à l’offensive allemande. Elle va envoyer des moyens conséquents pour transporter, appuyer et protéger le CEFAN.

Elle va engager son Aviation Navale mais aussi ses sous-marins pour répérer et freiner les moyens navals ennemis.

Les moyens sont placés sous commandement britannique mais forment une entité autonome, la 7ème Escadre placée sous l’autorité du contre-amiral Beaulieu.

Elle comprend des cuirassés, des porte-avions, des croiseurs, des contre-torpilleurs mais aussi des sous-marins et des navires de soutien et de transport.

Les premiers navires appareillent le 5 septembre 1948 dans la matinée, d’autres vont suivre dans les jours suivants. Au final la 7ème Escadre dite également Escadre du Nord et de l’Arctique va comprendre les moyens suivants :

Le porte-avions Painlevé

-Porte-avions Painlevé et Henriette de France, le premier devrant couvrir et appuyer les navires de combat, le second couvrir les transports amenant les troupes du CEFAN en Norvège, transports protégés par la 3ème Division d’Escorte Légère (3ème DEL) (L’Impétueuse La Capricieuse La Batailleuse La Boudeuse) et la 1ère Division d’Escorte Océanique (1ère DEO) (La Malouine La Dieppoise La Rémoise La Versaillaise).

-Cuirassés Lorraine (protection rapprochée du Painlevé) et Normandie

Le croiseur lourd Foch en 1931

-Croiseur lourd Foch

Le croiseur léger Montcalm en 1940

-Croiseurs légers La Gloire Montcalm Georges Leygues

-Croiseur léger antiaérien Waldeck Rousseau

Le Vautour à la mer durant la guerre de Pologne

-Contre-torpilleurs Kersaint Cassard (8ème DCT) Vautour Milan Epervier (6ème DCT)

-Torpilleurs d’escadre Intrepide et Temeraire (protection du Lorraine), Cimeterre et Arquebuse (protection du Painlevé), Sabre et Claymore (protection du Normandie), Murat et Ney (protection de l’Henriette de France)

-De nombreux «torpilleurs submersibles» vont être engagés en mer du Nord. Certains sont déjà sur zone quand la guerre éclate et reçoive l’ordre de «mener une guerre sous-marine sans restriction contre tout navire ennemi».

Le sous-marin Casabianca équipé du canon de 100mm modèle 1925

Le sous-marin L’Espoir est à Chatham après une patrouille en mer du Nord. Il se ravitaille et repart en mer dès le lendemain 6 septembre direction les côtes norvégiennes. Il doit être rejoint par Le Centaure qui appareille de Brest le 6 à l’aube en compagnie du Casabianca, les deux sous-marins arrivant sur zone quatre jours plus tard.

Le Sfax est lui en mer du Nord passant en quelques heures d’une patrouille du temps de paix à une patrouille du temps de guerre. Le Rolland Morillot est le 5 septembre à Rosyth pour se ravitailler et initialement rentrer à Brest mais le déclenchement du conflit entraine son retour en mer du Nord.

Le premier sous-marin de 1800 tonnes doit être rejoint par des sister-ship Martinique et Ile de France alors en Manche. L’Ile d’Yeu est lui en Mer du Nord en compagnie du Saint Pierre et Miquelon.

Le Kerguelen rentre à Brest le 6 septembre 1948 après une longue période d’exercices et d’essais. Il ne va reprendre la mer que le 13 après un entretien express et un ravitaillement tout aussi rapide, son arrivée sur zone étant prévue entre le 16 et le 18 septembre.

Le sous-marin Nouvelle-Calédonie est bien loin du Cailloux puisqu’il est stationné à Dunkerque en attendant de recevoir les ordres.

Le Mayotte est placé en état d’alerte à Brest.

Le sous-marin Pluviose est en mer attendant d’être rejoint par le Brumaire à quai à Dunkerque (il appareille le 7 septembre 1948).

Le PRE La Seine

-Le Pétrolier-ravitailleur La Seine accompagne le porte-avions Painlevé

-Le Pétrolier Var quitte Brest le 8 septembre 1948 pour transporter du carburant en direction de Rosyth où les navires français font régulièrement relâche.

Il doit à terme être rejoint par le ravitailleur rapide Lot tout comme le Jules Verne qui venait de mettre en place un détachement de sous-marins à Dakar. Même chose pour le cargo rapide Mers-El-Kébir voir également pour le Mostaganem.

-Le transport de la partie française du corps expéditionnaire est assurée par des paquebots, des paquebots mixtes et des cargos :

-Paquebot mixte Côte du Levant

-Paquebot Groix

-Cargos Jean LD Louis LD Fort Medine Garguanta Lillois Château Yquem Caudebec

-Bannanier Katiola Kilissi Fort Richepanse

-Pétrolier-caboteur Le Verdon et Arzew

-En ce qui concerne l’aviation navale, un commandement opérationnel de l’aviation navale en Norvège est mis sur pied le 8 septembre 1948 pour prendre sous son commandement des détachements d’unités qui rallient la côte orientale de la Grande-Bretagne pour opérer en mer du Nord pour des missions de reconnaissance, de couverture et de combat.

Bréguet Br790

On trouve un détachement de six Bréguet Br790 issu de l’escadrille 3R stationné en temps normal à Lanvéoc-Poulmic, un détachement de quatre Potez-CAMS 143 issu de l’escadrille 1E stationnée elle aussi à Lanvéoc-Poulmic, un détachement de six CAO-700M de l’escadrille 7E stationné à Lann-Bihoué, un détachement de six Bloch MB-175T de l’escadrille 11E elle aussi stationnée à Lann-Bihoué alors que l’escadrille 3B rallie au complet la Grande-Bretagne avec ses douze Lioré et Olivier Léo 456.

L’Aviation Navale c’est aussi les groupes aériens des porte-avions Painlevé et Henriette de France :

Le premier nommé qui portait le nom de 7ème flottille d’aviation navale comprenait un total de quarante appareils de combat auxquels il faut ajouter quatre appareils d’entrainement NAA-57 (utilisés pour les liaisons) et deux Bloch MB-221 pour le transport.

Schéma du Dewoitine D-790, version navalisée du D-520

Les appareils de combat sont les neuf avions de reconnaissance SNCAO CAO-610 de l’escadrille 15R, les seize chasseurs Dewoitine D-790 des escadrilles 7C et 9C, les neuf bombardiers en piqué Loire-Nieuport LN-420 de l’escadrille 9B et enfin les six avions-torpilleurs Latécoère Laté 299-5 de l’escadrille 11T.

Le second est la 11ème flottille d’aviation navale comprenait les douze Dewoitine D-795 des escadrilles 19C et 21C, les six Latécoère Laté 299-5 de l’escadrille 21T et les quatre Loire-Nieuport LN-420 de l’escadrille 13B.

Armée de l’Air

Initialement l’armée de l’air à prévu l’engagement d’unités sur le sol norvégien mais va très vite y renoncer pour des questions logistiques et de crainte d’affaiblir son dispositif sur le territoire métropolitain.

Cela ne veut pas dire que les aviateurs français vont rester l’arme au pied. Ils vont faire leur part en montrant les dents sur le front occidental pour faire comprendre aux allemands qu’on y monte fermement la garde.

Ils vont mener des missions de reconnaissance pour alimenter les état-major en informations et surtout mener des opérations de bombardement sur les ports allemands pour bloquer l’envoi en Norvège de renforts et surtout d’armes, de munitions et de carburant.

B-24 Giant plus connu en France sous le nom de Consolidated modèle 32F Géant.

La principale unité engagée est la 15ème Escadre de Bombardement Lourd (15ème EBL) composée de trois groupes (1er groupe à Caen-Carpiquet, 2ème groupe à Avord et 3ème à Compiègne-Royallieu) de Consolidated modèle 32F Géant plus connu sous sa désignation américaine de B-24 Giant.

Celle-ci va frapper les ports allemands mais aussi les infrastructures de transport et les industries stratégiques.

Ces lourds bombardiers vont d’abord opérer de France puis de Grande-Bretagne en visant pour quelques opérations contre la Norvège et le Danemark.

Des escadres de bombardement moyen de réserve vont également être engagées :

Lioré et Olivier Léo 451 en vol

-La 31ème Escadre de Bombardement Moyen équipée de Lioré et Olivier Léo 451 est stationnée à Coulommiers-Voisin

-La 38ème Escadre de Bombardement Moyen équipée de Lioré et Olivier Léo 451 est stationnée à Laon-Chambry sur la base aérienne 148.

Amiot 356

-La 47ème Escadre de Bombardement Moyen équipée d’Amiot 356 (deux groupes) et d’Amiot 357 (un groupe) est stationnée à Troyes-Barberey sur la BA 152.

Armée de Terre

La partie française du Corps Expéditionnaire Franco-Anglais en Norvège (CEFAN) comprend deux grandes unités et des éléments mécanisés, d’artillerie et du génie.

-La première est la Division Légère d’Infanterie de Marche (DLIM) composée essentiellement de la 1ère DLI et d’éléments de la 11ème DLI (qui ne sera d’ailleurs jamais reconstituée).

Ce choix d’une division de marche s’explique par le fait que les deux divisions créées officiellement le 1er juin 1948 sont loin d’être opérationnelles alors que la 1ère DLI était orientée Scandinavie et la 11ème orientée vers les Balkans. La DLIM est organisée de la façon suivante :

-Un état-major divisionnaire

-Un Groupe d’exploitation divisionnaire (intendance)

-Un Groupe sanitaire divisionnaire

-Une Compagnie automobile de transport

-Une compagnie automobile de quartier général

-Deux régiments d’infanterie, le 14ème régiment de zouaves issu de la 1ère DLI et le 7ème

régiment étranger d’infanterie issu de la 11ème DLI

-8ème régiment d’artillerie légère issu de la 1ère DLI (avec des éléments venant du 9ème

RALg de la 11ème DLI)

-701ème compagnie antichar (1ère DLI)

-711ème compagnie antiaérienne (11ème DLI)

-53ème bataillon du génie (1ère DLI)

officier du 7ème BCA. Le 7ème Bataillon de Chasseurs Alpins (7ème BCA) à été engagé en Norvège au sein de la BHM.

-La seconde est la Brigade de Haute Montagne (BHM) future Division Alpine de Scandinavie, brigade puis division composée de deux demi-brigades, la 2ème DBCA (2ème Demi-Brigade de Chasseurs Alpins) composée des 9ème, 16ème et 20ème Bataillons de Chasseurs Alpins et la 5ème DBCA (5ème Demi-Brigade de Chasseurs Alpins) composée des 7ème, 13ème et 27ème Bataillons de Chasseurs Alpins.

Char léger modèle 1940R dit Renault R-40

-Deux compagnies de chars sont envoyés en Scandinavie, la 3500ème Compagnie Indépendante de Chars de Combat et la 3501ème CICC. La première ancienne 1ère compagnie du 7ème BCC va combattre sur des FCM-42 alors que la seconde ancienne 3ème compagnie du 43ème BCC va combattre sur des Renault R-40.

Canon de 155mm GPF

-De l’artillerie est également envoyée tout comme du génie. On trouve par exemple deux groupes d’artillerie lourde issus du 125ème RALT, un groupe de canons de 105mm long modèle 1941T et un groupe de canons de 155mm GPF-T. Sur le plan du génie un régiment de marche est créé dans l’urgence avec des éléments issus de nombreuses unités.

La France va envisager l’envoi de nouvelles unités mais préféra finalement envoyer des renforts sous la forme de rappelés, de recrues ou de volontaires issues d’unités déployées en France, une solution un poil batarde mais le général Villeneuve pas si impulsif que ça craignait que l’envoi de trop d’unités en Norvège aurait pu pousser Berlin à attaquer plus rapidement à l’ouest.

Pologne

brigade de chasseurs de Podhale

-Brigade des chasseurs de Podhale

Le Hotchkiss H-39

-Une compagnie de chars équipée de Hotchkiss H-39 issu de la 20ème Division Blindée

20-Ordre de bataille et Programme de guerre (3)

B-Programme de guerre du 15 janvier 1949

Avant propos

Le 5 septembre 1948, ce que le monde craignait depuis la fin de la guerre de Pologne se produit : la guerre déchire à nouveau le continent. Deux petits royaumes nordiques, la Norvège et le Danemark sont attaqués par l’Allemagne au mépris de la neutralité de Copenhague et d’Oslo.

De violents bombardements frappent Copenhague, Oslo, Bergen et d’autres villes suivis de raids aéroportés et de débarquements amphibies qui prennent les alliés aux dépourvus en dépit de signaux d’alerte convergents que Paris comme Londres n’ont pas su ou pas voulu voir.

Ce déclenchement de l’opération Weserübung entraine de violents affrontements sur mer, dans les airs, à terre et sous les océans entre l’Allemagne d’un côté et les alliés franco-anglo-polono-norvégiens qui se terminent par l’occupation de la Norvège par l’Allemagne.

Deux mois de violents combats qui ont provoqué des pertes qu’il faut combler. Il faut également envisager l’avenir, anticiper l’après conflit et le visage de la marine dans quinze ou vingt-ans.

D’où le vote d’un programme de guerre le 15 janvier 1949 par la Chambre des Députés destiné à combler les pertes présentes, à si possible anticiper les pertes et besoins futurs et ce qui est encore plus difficile, mettre sur pied les bases d’une marine puissante une fois ce conflit terminé car tout le monde pressent en cet automne 1948 que les allemands ne s’arrêteront pas là……….. .

De longues discussions

Dès le 12 octobre 1948, le commandant en chef de la marine nationale, l’amiral Ollive réclame le vote par le parlement d’un programme de guerre destiné à combler les premières pertes du conflit et ne pas se retrouver au pied du mur.

Les discussions sont paradoxalement assez longues. En dépit de la situation internationale tendue, les parlementaires rechignent à voter de nouveaux crédits pour les constructions navales. Un jeune député PSF, Michel Debré lance cette algarade célèbre «Messieurs auriez vous oublié que c’est la guerre et qu’il n’est pas  temps de mégoter sur les investissements ?».

La situation se débloque à la fin de l’année. Le projet est voté en première lecture le 14 décembre 1948 suivit d’un deuxième vote au Sénat le 19 décembre 1948. Après un amendement accroissant les commandes, le programme de guerre est définitivement voté le 27 décembre 1948 et sanctionné par le pouvoir exécutif le 15 janvier 1949 bien que dans la pratique, des premières commandes ont été passées.

Des navires, toujours plus de navires

Cuirassés et croiseurs de bataille

Le 17 septembre 1948, le porte-avions Painlevé lance un raid dévastateur sur Oslo en compagnie du porte-avions britannique Malta. L’aérodrome de la capitale norvégienne occupée par les allemands est particulièrement visé et la Luftwafe subit de lourdes pertes notamment en avions de transport.

Un raid de représailles est lancé dans l’après midi, coulant un destroyer britannique, le torpilleur d’escadre Le Téméraire  et endommageant le cuirassé Lorraine.

Le surlendemain, alors que le porte-avions français s’apprête à lancer un nouveau raid contre Trondheim au nord de la Norvège, d’inquiétantes gerbes éclatent alors que règne un brouillard à couper au couteau.

Cela signale l’arrivée du cuirassé Hindenburg et du croiseur lourd Tegetthoff bien décidés à chatier la Royale.

Le cuirassé Lorraine va alors se sacrifier en compagnie des torpilleurs d’escadre L’Intrepide et Arquebuse pour couvrir la retraite du Painlevé qui quand il sera en mesure de lancer ses avions contre les navires allemands, constatera qu’ils ont disparu tout comme le Lorraine et l’Arquebuse alors que l’Intrepide légèrement endommagé récupère les survivants au risque d’être torpillé ou victime de la Luftwafe.

La perte du Lorraine suivit quelques jours plus tard par les lourds dommages subis par le cuirassé Normandie pousse la marine à reconsidérer la construction des trois cuirassés type CR3 (Cuirassé Rapide de 3ème génération).

En septembre 1948, seuls les deux premiers baptisés Languedoc et Moselle avaient été mis sur cale respectivement à l’Arsenal de Brest et aux ACL de Saint-Nazaire mais les travaux avaient été menés sans empressement et même suspendus au moment de l’entrée en guerre de la France.

Ces travaux vont reprendre début octobre 1948, financés par le programme de guerre, les deux cuirassés de 47500 tonnes, 28 nœuds avec un armement principal composé de neuf canons de 406mm en trois tourelles triples étant mis en service en 1951 remplaçant numériquement le Lorraine et le Clemenceau coulé en Méditerranée.

-Le Languedoc est mis sur cale à l’Arsenal de Brest (forme n°11) le 14 mai 1948 lancé le 23 mars 1950 et mis en service au printemps 1951.

-Le Moselle est mis sur cale aux Ateliers et Chantiers de Saint-Nazaire-Penhoët le 15 août 1948 lancé le 4 septembre 1950 et mis en service en octobre 1951

Le troisième CR3 qui aurait du être mis sur cale après le lancement du Languedoc (survenu en mars 1950) ne le sera jamais, la marine connaissant des problèmes d’effectifs et ne voulant pas construire des navires qu’elle ne pourrait mettre en œuvre sereinement.
Caractéristiques Techniques de la classe Languedoc

Déplacement : standard 47500 tonnes pleine charge 51000 tonnes

Dimensions : longueur hors tout 272m largeur 37.50m tirant d’eau 11.50m

Propulsion :  4 turbines à engrenages Parson réparties en une salle des machines avant et une salle des machines arrières, alimentées par six chaudières Sural développant 170000ch et entrainant quatre hélices

Performances :  vitesse maximale : 29.5 noeuds distance franchissable : 8400 miles nautiques à 15 noeuds 2900 miles nautiques à 28 noeuds.

Protection : ceinture principale 390mm bulkhead avant 355mm bulkhead au dessus du pont blindé intermédiaire 235mm

pont blindé supérieur au dessus des soutes à munitions 190mm pont blindé supérieur au dessus des machines 170mm pont blindé intermédiaire 50/70mm (100mm au dessus des hélices et 150mm au dessus des lignes d’arbre)

Bloc passerelle : face avant et latérales 360mm arrière 280mm toit 170mm tube de communication 160mm

Tourelles triples de 406mm : face avant 430mm faces latérales 300mm toit 170 à 195mm face arrière 270mm (T.I) et 260mm (T.II) barbettes au dessus du PBS 405mm barbettes en dessous du PBS 80mm

Tourelles de l’artillerie secondaire : face avant 130mm côtés et toit 70mm face arrière 60mm barbette 100mm

Électronique : un radar de veille aérienne, un radar de veille surface, deux radars de conduite de tir pour l’artillerie principale, deux radars pour la conduite de l’artillerie secondaire
Armement : neuf canons de 406mm Mark IV répartis en trois tourelles triples (deux avant et une arrière), 24 canons de 130mm en douze tourelles doubles installées latéralement, 28 canons de 37mm groupés en quatre affûts quadruples ACAQ modèle 1941  et six  affûts doubles ACAD modèle 1935   et 12 canons de 25mm Hotchkiss modèle 1939-40 en six affûts doubles
Aviation : une catapulte et un hangar sous la poupe avec deux à quatre hydravions Dewoitine HD-731

Equipage : 1780 officiers et marins

Porte-avions

Quand éclate le second conflit mondial, la marine nationale dispose de cinq porte-avions dont quatre sont déployés en Europe. Le porte-avions montre son  utilité durant la campagne norvégienne mais le programme de guerre ne prévoit dans sa première version aucune commande.

Tout juste prévoit-il que la marine nationale ne peut disposer de moins de trois porte-avions pour en avoir un toujours opérationnel, un en entretien courant ou entrainement de son groupe aérien et un troisième immobilisé pour un grand carénage ou une modernisation. Ce n’est qu’en mai 1952 que les trois porte-avions type PA23 ou classe Clemenceau (Clemenceau Foch Joffre) sont commandés, des navires qui seront mis en service après la fin du conflit.

Caractéristiques Techniques de la classe Clemenceau

Déplacement : standard 32500 tonnes pleine charge 41000 tonnes

Dimensions : longueur hors tout 275m longueur du pont d’envol 270m largeur à la flottaison 30m largeur du pont d’envol 47m tirant d’eau à pleine charge 9.80m

Propulsion : 4 turbines à vapeur Rateau-Bretagne alimentées en vapeur par 8 chaudières Penhoët dévellopant 170000ch et entrainant quatre hélices

Performances : vitesse maximale en service courant 32 noeuds distance franchissable 16000 miles nautiques à 15 noeuds

Protection : ceinture de 130mm pont d’envol 75mm pont du hangar 50mm

Armement : huit canons de 130mm en quatre tourelles doubles, quarante-huit canons de 37mm Schneider modèle 1941 ou ADAC/ADAQ et trente-six canons de 25mm en affûts simples et doubles
Installations aéronautiques : pont d’envol de 270m de long sur 47m de large équipé de deux catapultes hydrauliques axiales à l’avant

Hangar de 204m de long sur 24m de large et 5.40m de haut relié au pont d’envol par trois ascenseurs  (deux axiaux de 14.7 sur 13.5m et un latéral du 18.3 sur 10.4m) onze brins d’arrêts et une grue de 15 tonnes derrière l’ilôt

Groupe aérien : 90 appareils (chasseurs MB-159M, bombardiers en piqué Loire-Nieuport LN-420,Latécoère Laté 299-5, SNCAO CAO-610 en attendant des avions plus modernes)

Equipage : 2500 à 3000 hommes

La raison finit cependant par l’emporter et la version définitive du programme de guerre voit la commande de deux porte-avions légers, version agrandie des Alienor d’Aquitaine, des porte-avions baptisés Guillaume le Conquérant et Henri Plantagenêt.

Il faut dire que les «ponts plats» payent leur part de pertes avec la destruction du Joffre en Méditerranée et de l’Alienor d’Aquitaine en Indochine par les japonais.

Caractéristiques des porte-avions classe Guillaume Le Conquérant

Déplacement : standard 16000 tonnes pleine charge 19000 tonnes

Dimensions : longueur 215.30m largeur (flottaison) 24.50m tirant d’eau (en charge) 8.25m

Propulsion : turbines à engrenages Parson alimentées par quatre chaudières type Amirauté dévellopant une puissance totale de 43000ch et entrainant deux hélices

Performances : vitesse maximale 25 noeuds distance franchissable 12000 miles nautiques à 14 noeuds

Armement : 32 canons de 37mm Schneider modèle 1941 en seize affûts doubles et 16 canons de 25mm Hotchkiss modèle 1940 en huit affûts doubles.

Installations aéronautiques et Groupe aérien :

-Une catapulte à l’avant

-Deux ascenseurs axiaux

-Hangar de 138mx15.84×5.33m

-Dix brins d’arrêt.
Groupe aérien : encore non arrêté à l’époque mais devrait tourner entre 30 et 40 appareils

Equipage : encore inconnu à l’époque

Croiseurs lourds

En septembre 1948, la marine nationale dispose de neufs croiseurs lourds plus un dixième _le Charles Martel_ en construction à Lorient. Tous sont déployés en Europe à l’exception du Tourville déployé en Indochine comme navire-amiral des FNEO.

Jugeant ce type de croiseur inadapté aux missions à venir, la marine nationale décide de ne commander aucun croiseur lourd ou croiseur de 1ère classe.

Croiseurs légers

Quand le second conflit mondial éclate, la marine nationale dispose de dix sept-croiseurs légers plus  trois autres en construction (un en achèvement à flot et deux sur cale) soit un potentiel de vingt-croiseurs légers.

Il ne faut cependant pas s’arrêter sur un bilan strictement comptable. La flotte est en effet hétérogène avec les vénérables Duguay Trouin et Primauguet, le croiseur-école Jeanne d’Arc juste capable de traquer les raiders allemands, les modernes La Galissonnière et De Grasse (six de chaque côté) et l’étonnant Waldeck-Rousseau, un croiseur léger antiaérien.

Les tranches 1946 et 1948 avaient financé la construction de trois croiseurs légers baptisés  Dupuy de Lôme Sully et Louvois destinés à remplacer le Lamotte-Picquet (désarmé prématurément en 1946), le Duguay-Trouin et Le Primauguet.

La campagne de Norvège à prélevé sa part de la «note du boucher» comme dise les anglo-saxons puisque le Gloire est coulé au large d’Oslo par une attaque combinée de la Luftwafe et des sous-marins qui ne laisse aucun chance au croiseur léger. Le Waldeck-Rousseau est sévèrement endommagé et nécessitera de longues réparations avant de redevenir opérationnel.

Prévoyant des pertes sévères dans cette catégorie de croiseurs, la marine parvint à arracher aux députés la commande de neuf croiseurs légers type Dupuy de Lôme même si les retours d’expérience de la guerre se chargeront de modifier éventuellement l’armement et les capacités de ces navires.

11-Torpilleurs d’escadre (37)

Le Téméraire

Un portrait du duc de Lorraine Charles Le Téméraire ornait le carré des officiers du Téméraire. Cadeau d'une délégation de la ville de Nancy

Un portrait du duc de Bourgogne Charles Le Téméraire ornait le carré des officiers du Téméraire. Cadeau d’une délégation de la ville de Beaune

-Le Téméraire est mis sur cale aux Forges et Chantiers de la Méditerranée (FCM) installés à la La Seyne sur Mer  le 28 août 1939 et lancé le 2 février 1941 avant de subir une période d’armement à flot.

Le 23 mai 1941, le Téméraire quitte son chantier constructeur pour rallier Lorient son port d’armement, faisant escale à Casablanca du 26 au 29 mai avant de rallier Lorient le 2 juin où il retrouve son sister-ship L’Intrépide.

Le torpilleur d’escadre Le Téméraire est officiellement admis au service actif le 28 septembre 1941.

Deux jours plus tard, le 30 septembre 1941, le Téméraire et l’Intrépide quittent Lorient, font escale à Casablanca du 4 au 7 octobre avant de rallier Toulon le 11 octobre 1941.

Du 15 au 23 octobre, les deux torpilleurs sortent pour exercices en compagnie du cuirassé Lorraine pour prendre leurs marques à la fois avec leur protégé et à la fois avec la région dans laquelle il va évoluer.

Le Téméraire et l’Intrépide sortent pour entrainement du 23 février au 11 mars, les deux torpilleurs d’escadre faisant escale à Port Vendres du 12 au 16 mars avant de rentrer à Toulon le lendemain.

Après une école à feux commune du 24 mars au 2 avril, le Téméraire et l’Intrépide participent aux essais (5 au 8 avril) et à la remise en condition (10 au 17 avril) du cuirassé Lorraine.

Le Téméraire sort pour école à feux du 8 au 18 juin puis après ravitaillement à  Toulon le 19 juin effectue un entrainement au combat antisurface du 20 au 26 juin, rentrant à Toulon le lendemain.

Il est indisponible pour entretien et permissions de l’équipage du 28 juin au 18 juillet, sortant pour essais (19 au 22 juillet) et remise en condition (24 juillet au 7 août) en compagnie du cuirassé Lorraine et de son compère l’Intrépide.

A noter que durant cette immobilisation, les deux torpilleurs ont reçut une DCA moderne avec six canons de 37mm Schneider modèle 1941 en trois affûts doubles et deux canons de 25mm Hotchkiss modèle 1939-40 en affûts simples.

Du 25 février au 15 mars 1943, le torpilleur d’escadre Téméraire sort pour entrainement en compagnie du cuirassé Lorraine avant de participer aux essais (18 au 21 mars) et à la remise en condition (23 mars au 6 avril) de l’Intrépide, les trois navires mouillant aux salins d’Hyères du 7 au 15 avril avant de rentrer dans la journée à Toulon.

Le Téméraire sort pour entrainement au combat antisurface du 21 au 28 juillet puis pour un entrainement à la défense aérienne à la mer du 30 juillet au 6 août. Il est ensuite indisponible du 8 au 31 août, sortant pour essais (1er au 4 septembre) et à la remise en condition (6 au 20 septembre) en compagnie du cuirassé Lorraine et du torpilleur L’Intrépide.

Du 27 septembre  au 4 décembre 1943, les deux torpilleurs d’escadre Téméraire et Intrépide sont absents de Toulon, ayant accompagné le cuirassé Lorraine pour un entrainement au large de Dakar du 10 octobre au 15 novembre. Les trois navires terminent l’année par une période d’entretien à flot du 4 au 15 décembre, sortant pour essais du 16 au 19 décembre, rentrant à Toulon le lendemain 20 décembre et de rester au port jusqu’à la fin de l’année.
Le 15 mars 1944, l’Intrépide abandonne le cuirassé Lorraine pour prendre en charge la protection du porte-avions Painlevé, le cuirassé Lorraine ne conserve donc comme torpilleur d’escorte que le Téméraire.

Le Téméraire et le cuirassé Lorraine quittent Toulon le 20 mars pour un entrainement commun jusqu’au 25 avril avant des escales à Tunis du 26 au 30 avril, à Alger du 2 au 7 mai, à Tanger du 9 au 12 mai, à Ajaccio du 14 au 17 mai avant de rentrer à Toulon le 18.
Le torpilleur d’escadre et le cuirassé sortent à nouveau pour entrainement du 25 mai au 1er juin 1944, date à laquelle les deux navires rentrent à Toulon.

Le Téméraire est indisponible pour entretien et permissions de l’équipage du 2 au 23 juillet,  sortant pour essais du 24 au 27 juillet puis pour remise en condition du 29 juillet au 11 août en compagnie du cuirassé Lorraine , les deux navires faisant escale à Ajaccio du 12 au 16 août, à Alger du 17 au 21 août, à Tunis du 23 au 27 août, à La Valette du 28 août au 1er septembre, à Porto-Vecchio du 3 au 7 septembre, à Nice du 9 au 13 septembre avant de rentrer à Toulon le lendemain.
Après un dernier entrainement du 20 septembre au 3 octobre, le torpilleur d’escadre Téméraire quitte Toulon le 10 octobre en compagnie du cuirassé Lorraine pour rallier Brest où le cuirassé  de classe Bretagne allait être reconstruit sur le même modèle qu ses sister-ship.  Les deux navires font escale à Casablanca pour se ravitailler le 14 octobre avant de rallier Brest trois jours plus tard.
Du 24 octobre au 8 novembre 1944, le Téméraire sort en compagnie de l’Intrépide et du porte-avions Painlevé qui dispose désormais de deux torpilleurs d’escorte.

Du 5 au 17 février, le porte-avions Painlevé est indisponible suite à une avarie de ligne d’arbre ce qui permet au Téméraire et à l’Intrépide de sortir seuls pour entrainement du 7 au 15 février, rentrant à Brest le 16 février pour participer ensuite aux essais du porte-avions (19 au 21 février).
Le Téméraire et l’Intrépide vont assurer la protection du porte-avions Painlevé jusqu’au 18 mars 1945 quand leurs sister-ship Arquebuse et Cimeterre mis en service deux jours plus tôt prennent le relais, permettant à leurs deux ainés de subir leur premier grand carénage.

Le Téméraire sort pour une école à feux du 24 au 30 mars, faisant escale à Lorient du 31 mars au 4 avril avant un entrainement à la défense aérienne à la mer du 5 au 12 avril, une escale à La Pallice du 13 au 18 avril et un entrainement au combat antisurface du 19 au 26 avril, le Téméraire rentrant à Brest le lendemain.

Le Téméraire débarque ses munitions et vidange ses soutes le 5 mai avant d’être échoué au bassin Tourville du 6 mai au 30 juin 1945.
Il y subit une remise en état complète et une modernisation de ses capacités militaires qu’il s’agisse de l’électronique ou de l’armement.

Armé pour essais le 12 juillet 1945, le Téméraire sort pour ses essais officiels du 13 au 16 juillet puis pour remise en condition du 18 juillet au 4 août en compagnie de l’Intrépide, les deux torpilleurs rentrant à Brest le lendemain 5 août 1945.

Les torpilleurs d’escadre le Téméraire et l’Intrépide sortent pour entrainement commun du 14 août au 2 septembre, , le Téméraire et l’Intrépide faisant ensuite escale à Rouen du 3 au 6 septembre, au Havre du 7 au 11 septembre avant d’arriver à Dunkerque le 13 septembre à l’aube.

Les deux torpilleurs d’escadre enchainent par un entrainement commun avec les quatre torpilleurs légers de la 5ème DT du 14 au 21 septembre 1945, les six navires faisant escale à Anvers du 22 au 25 septembre, à Douvres du 26 au 30 septembre avant de se séparer, les torpilleurs d’escadre ralliant Brest le 1er octobre 1945.

Les deux torpilleurs d’escadre effectuent encore deux entrainements du 10 octobre au 28 novembre puis du 5 au 27 décembre

Après une période d’entretien à flot du 2 au 17 janvier 1946, l’Intrépide et le Téméraire sortent pour essais du 18 au 20 janvier puis pour remise en condition du 22 janvier au 2 février, les deux torpilleurs d’escadre faisant escale à Nantes du 3 au 8 février, à La Pallice du 9 au 12 février, à Bordeaux du 14 au 18 février et à Biaritz du 19 au 23 février avant de rentrer à Brest le 24 février 1946.

Après un entrainement commun du 3 mars au 2 avril 1946, les torpilleurs d’escadre Intrépide et Téméraire participe à l’exercice «Entente Cordiale 1946» du 10 avril au 31 mai, les deux forces navales qui avaient terminé l’exercice au large de Dakar quittant l’AOF le 2 juin pour se séparer au large de Brest, les navires français retrouvant la Rade-Abri le 7 juin 1946.

Après un exercice avec l’Intrépide du 14 juin au 3 juillet 1946, le Téméraire sort pour une école à feux du 10 au 17 juillet puis pour un entrainement au combat antisurface du 19 au 25 juillet, date du retour du torpilleur d’escadre à Brest.

Le Téméraire est indisponible pour entretien et permissions de l’équipage du 26 juillet au 16 août, sortant pour essais (17 au 19 août) et pour remise en condition (21 août au 3 septembre) en compagnie de l’Intrépide.

Le Téméraire et l’Intrépide sortent pour entrainement du 10 au 17 septembre avant de participer aux essais et à la remise en condition du cuirassé Lorraine du 21 septembre au 5 novembre. Le cuirassé et ses deux torpilleurs d’escorte effectuent ensuite une école à feux au polygone de Rufisque du 12 au 27 novembre, rentrant à Brest le 3 décembre 1946, deux jours avant la remise en service officielle du cuirassé.

Les torpilleurs Le Téméraire et l’Intrépide sont indisponibles en compagnie du Lorraine du 10 juin au 2 juillet, les trois navires sortant pour essais du 4 au 7 juillet puis pour remise en condition du 9 au 24 juillet, faisant escale à Cherbourg du 25 au 30 juillet et au Havre du 31 juillet au 5 août, rentrant le lendemain 6 août 1947 à Brest.

Le Téméraire sort pour une école à feux du 20 au 28 mai 1948, rentrant à Brest le 29 mai alors que l’Intrépide est en grand carénage et que le cuirassé Lorraine subit une période d’entretien à flot à Brest en compagnie du porte-avions Painlevé.

Il accompagne ensuite le cuirassé Lorraine et le porte-avions Painlevé sortant pour essais du 3 au 7 juin puis pour entrainement ans le golfe de Gascogne du 10 au 17 juin avant de rentrer à Brest pour subir à son tour un grand carénage.

Le Téméraire est ainsi échoué au bassin Tourville du 22 juin au 20 juillet 1948 pour subir les mêmes travaux que son compère l’Intrépide.

Après avoir effectué ses essais à la mer du 23 au 27 juillet, il quitte Brest en compagnie de l’Intrépide, du cuirassé Lorraine, du porte-avions Painlevé et de ses torpilleurs d’escorte Arquebuse et Cimeterre ainsi que du PRE La Seine pour un entrainement au large de Dakar du 9 au 23 août, les sept navires rentrant à  Brest le 30 août 1948.

Après une sortie d’entrainement avec le cuirassé Lorraine du 1er au 4 septembre 1948, les torpilleurs Le Téméraire et L’Intrépide qui devaient sortir à nouveau avec le cuirassé et le Painlevé se préparent aux opérations de guerre dès l’annonce des bombardements allemands sur la Norvège et le Danemark.

11-Torpilleurs d’escadre (36)

D-Torpilleurs d’escadre classe Intrépide

Avant-propos

La construction des huit torpilleurs de classe Le Hardi avait marqué une nette rupture qualitative par rapport aux Bourrasque et aux L’Adroit qui s’étaient révélés rapidement limités notamment en raison d’un rayon d’action médiocre et d’une artillerie principale dont l’efficacité avait été corsetée par de trop nombreuses sécurités.

Les huit navires de classe Le Hardi avaient amélioré les deux premiers points mais ils étaient encore largement perfectibles notamment au niveau des capacités ASM et antiaériennes, l’artillerie principale n’était en effet pas à double action et l’artillerie légère antiaérienne était médiocre. Quand à l’armement ASM, il patissait du faible nombre de grenades ASM et de l’absence d’Asdic.

Tous ces handicaps n’allaient pas être résolus du jour au lendemain mais progressivement, les différents navires de classe Intrepide allaient peu à peu éliminer ces tares, chaque tranche apportant des modifications et des améliorations par rapport à la précédente.

En effet, ce sont pas moins de vingt-trois torpilleurs de classe Intrepide vont ainsi être construits, leur financement étant répartis entre la tranche 1938 (trois navires), la tranche 1938bis (un) au décret-loi du 1er avril 1940 (trois), à la tranche 1941 (quatre), à la tranche 1942 (trois), à la tranche 1943 (trois) et à la tranche 1944 (six).

L’Intrépide

L'Intrépide en construction

L’Intrépide en construction

-L’Intrépide est mis sur cale aux Forges et Chantiers de la Méditerranée (FCM) de la Seyne sur Mer le 16 août 1939 et lancé le 12 février 1941.

La période d’achèvement à flot est fort courte puisque dès le 24 mai, le torpilleur d’escadre quitte son chantier constructeur pour rallier Lorient où il arrive le 1er juin après un rapide escale de ravitaillement à Casablanca.

Le lendemain 2 juin, il est rejoint dans le port morbihanais par son compère Le Téméraire avec qui il va escorter le vénérable cuirassé Lorraine (25 ans de service).

Le torpilleur d’escadre L’Intrépide est officiellement admis au service actif le 27 septembre 1941

Trois jours plus tard, le 30 septembre 1941, l’Intrépide et le Téméraire quittent Lorient, font escale à Casablanca du 4 au 7 octobre avant de rallier Toulon le 11 octobre 1941.

Du 15 au 23 octobre, les deux torpilleurs sortent pour exercices en compagnie du cuirassé Lorraine pour prendre leurs marques à la fois avec leur protégé et à la fois avec la région dans laquelle il va évoluer. Les deux torpilleurs d’escadre vont donc accompagner le cuirassé Lorraine dans tous ses déplacements, lui offrant une protection antiaérienne, anti-sous-marine et antisurface.

L’Intrépide et le Téméraire sortent pour une école à feu du 23 au 27 février 1942, faisant escale à Sète du 28 février au 3 mars avant un entrainement au combat antisurface du 4 au 11 mars, les deux torpilleurs d’escadre faisant escale à Port-Vendres du 12 au 16 mars avant de rentrer à Toulon le lendemain. Après une école à feux commune du 24 mars au 2 avril, l’Intrépide et le Téméraire participent aux essais (5 au 8 avril) et à la remise en condition (10 au 17 avril) du cuirassé Lorraine.

L’Intrépide est indisponible en compagnie du cuirassé Lorraine du 6 au 27 juin, sortant pour essais du 28 juin au 1er juillet puis pour remise en condition du 3 au 17 juillet, l’Intrépide participant ensuite avec le Lorraine aux essais (19 au 22 juillet) et à la remise en condition (24 juillet au 7 août) du Téméraire.

A noter que durant cette immobilisation, les deux torpilleurs ont reçut une DCA moderne avec six canons de 37mm Schneider modèle 1941 en trois affûts doubles et deux canons de 25mm Hotchkiss modèle 1939-40 en affûts simples.

Du 25 février au 17 mars, l’Intrépide est indisponible suite à une avarie mécanique. Réparé, il sort pour essais du 18 au 21 mars puis pour remise en condition du 23 mars au 6 avril, à chaque fois en compagnie du cuirassé Lorraine et de son compère le Téméraire.

Le Lorraine étant indisponible pour entretien et permissions de l’équipage du 17 juillet au 31 août 1943, les deux torpilleurs vont se partager les six semaines d’indisponibilité du  cuirassé, l’Intrépide étant ainsi indisponible du 17 juillet au 7 août, sortant pour essais du 8 au 11 août puis pour remise en condition du 13 au 28 août. Il participe ensuite aux essais communs du cuirassé Lorraine et du torpilleur le Téméraire (1er au 4 septembre) et à leur remise en condition (6 au 20 septembre).

Du 27 septembre 1943 au 4 décembre, les deux torpilleurs d’escadre Intrépide et Téméraire sont absents de Toulon, ayant accompagné le cuirassé Lorraine pour un entrainement au large de Dakar du 10 octobre au 15 novembre. Les trois navires terminent l’année par une période d’entretien à flot du 4 au 15 décembre, sortant pour essais du 16 au 19 décembre, rentrant à Toulon le lendemain 20 décembre et de rester au port jusqu’à la fin de l’année.
Le 15 mars 1944, l’Intrépide abandonne le cuirassé Lorraine pour prendre en charge la protection du porte-avions Painlevé, le cuirassé Lorraine ne conserve donc comme torpilleur d’escorte que le Téméraire.
L’Intrépide fait escale à Casablanca pour se ravitailler le 19 mars avant de rallier Saint-Nazaire le 22 mars alors que le porte-avions Painlevé s’apprête à sortir pour ses essais et sa mise en condition. Le torpilleur d’escadre sort ainsi pour les essais constructeurs du 24 mars au 3 avril.
Alors que le Painlevé est au sec dans la forme Joubert pour des travaux complémentaires, l’Intrépide sort au large de Saint-Nazaire pour une école à feux du 11 au 19 avril, rentrant à Saint-Nazaire le lendemain 20 avril.

Le 26 avril 1944, l’Intrépide quitte Saint-Nazaire en compagnie du Painlevé avec lequel il rallie Brest le lendemain 27 avril pour effectuer les essais officiels qui ont lieu du 30 avril au 14 mai et du 1er juin au 8 juillet.

Durant le passage au bassin du porte-avions Painlevé du 15 au 31 mai, l’Intrépide sort pour entrainement au combat antisurface du 17 au 25 mai, rentrant à Brest le lendemain 26 mai.

L’Intrépide quitte Brest en compagnie du porte-avions Painlevé pour la traversée de longue durée du sister-ship du Joffre le 15 juillet 1944, les deux navires faisant escale à Fort de France le 20 juillet, est à Kingston du 22 au 24 juillet, Panama du 25 au 27 juillet, Corpus Christi du 30 juillet au 2 août,  La Nouvelle Orléans du 4 au 8 août, à Miami du 10 au 13 août avant de mettre cap sur Brest où il arrive le 18 août.

L’Intrépide est indisponible pour entretien et permissions de l’équipage du 20 août au 4 septembre, sortant pour essais du 5 au 7 septembre avant de participer aux essais à la mer du porte-avions (qui venait de subir une période de démontages et de modifications) du 13 au 17 septembre 1944 avant de l’escorter durant l’exercice «Prométhée» du 20 septembre au 15 octobre 1944.

Du 24 octobre au 8 novembre 1944, l’Intrépide sort en compagnie du Téméraire et du porte-avions Painlevé qui dispose désormais de deux torpilleurs d’escorte.

Du 5 au 17 février 1945, le porte-avions Painlevé est indisponible suite à une avarie de ligne d’arbre ce qui permet à l’Intrépide et au Téméraire de sortir seuls pour entrainement du 7 au 15 février, rentrant à Brest le lendemain pour participer ensuite aux essais du porte-avions (19 au 21 février).

L’Intrépide et le Téméraire vont assurer la protection du porte-avions Painlevé jusqu’au 18 mars 1945 quand leurs sister-ship Arquebuse et Cimeterre mis en service deux jours plus tôt prennent le relais, permettant à leurs deux ainés de subir leur premier grand carénage.

L’Intrépide débarque ses munitions et vidange ses soutes avant d’être échoué dans le bassin Tourville du 21 mars au 5 mai 1945.

Il y subit une remise en état complète (coque et superstructures, appareil propulsif et évaporatoire, changement des hélices) et une modernisation de ses capacités militaires avec l’embarquement d’un Asdic plus moderne que celui installé d’origine ainsi que d’une série de radars : un radar de veille combinée, un radar de navigation et un radar de conduite de tir.

Au niveau de l’armement, la DCA légère est modernisée et augmentée avec à la sortie du carénage dix canons de 37mm Schneider modèle 1941 en cinq affûts doubles modèle 1943 tandis au niveau ASM, des grenades plus légères (et donc plus nombreuses) sont embarquées.

Armé pour essais le 12 mai 1945, l’Intrépide sort pour essais du 13 au 16 mai puis pour remise en condition du 18 mai au 2 juin, rentrant à Brest le lendemain 3 juin 1945.

L’Intrépide sort à nouveau pour entrainement à partir du 10 juin quand il franchit le goulet séparant la rade de Brest de la haute mer pour entamer une école à feux qui s’achève le 17 juin quand le torpilleur fait escale à Saint-Malo. Il reprend la mer le 25 juin pour un exercice de défense aérienne à la mer qui l’occupe jusqu’au 4 juillet, rentrant à Brest le lendemain.

L’Intrépide participe ensuite aux essais (13 au 16 juillet) et à la remise en condition (18 juillet au 4 août) du Téméraire, les deux torpilleurs rentrant à Brest le lendemain 5 août 1945.

Le 14 août, l’Intrépide et le Téméraire quittent Brest pour un entrainement en commun. Après une école à feux du 14 au 21 août, les deux torpilleurs effectuant une escale à Saint-Malo du 22 au 25 août avant un entrainement à la défense aérienne à la mer du 26 août au 2 septembre, l’Intrépide et le Téméraire faisant ensuite escale à Rouen du 3 au 6 septembre, au Havre du 7 au 11 septembre avant d’arriver à Dunkerque le 13 septembre à l’aube.

Du 14 au 21 septembre 1945, les deux torpilleurs d’escadre effectuent un exercice commun avec les torpilleurs légers de la 5ème DT, les six navires faisant escale à Anvers du 22 au 25 septembre, à Douvres du 26 au 30 septembre avant de se séparer, les torpilleurs d’escadre ralliant Brest le 1er octobre 1945.

L’Intrépide et le Téméraire sortent à nouveau pour entrainement le 10 octobre, effectuant une école à feux du 10 au 17 octobre, école à feux qui est suivie par une escale à Saint-Nazaire du 18 au 21 octobre et par un entrainement au combat antisurface du 22 au 28 octobre.

Après une escale à Royan du 29 octobre au 2 novembre, l’Intrépide et le Téméraire subissent un entrainement à la défense aérienne à la mer du 3 au 10 novembre, faisant escale à Hendaye du 11 au 15 novembre puis effectuant un entrainement anti-sous-marin avec comme plastron le sous-marin Rolland Morillot (16 au 23 novembre), les trois navires faisant escale à Lorient du 24 au 27 novembre avant de rallier Brest le lendemain.

Les deux torpilleurs d’escadre sortent à nouveau pour entrainement du 5 au 15 décembre pour un entrainement au combat antisurface, l’Intrépide et le Téméraire s’affrontant dans une série de duels singuliers. Après une escale à Lorient du 16 au 18 décembre, les deux navires effectuent un entrainement à la défense aérienne à la mer du 19 au 26 décembre, rentrant à Brest le lendemain.

Après une période d’entretien à flot du 2 au 17 janvier 1946, l’Intrépide et le Téméraire sortent pour essais du 18 au 20 janvier puis pour remise en condition du 22 janvier au 2 février, les deux torpilleurs d’escadre faisant escale à Nantes du 3 au 8 février, à La Pallice du 9 au 12 février, à Bordeaux du 14 au 18 février et à Biaritz du 19 au 23 février avant de rentrer à Brest le 24 février 1946.

Le 3 mars 1946, l’Intrépide quitte Brest en compagnie du Téméraire pour une nouvelle sortie d’entrainement qui commence par une école à feux du 3 au 11 mars, se poursuit par une escale à Lorient du 12 au 17 mars, un entrainement au combat antisurface du 18 au 27 mars, une escale à Quimper du 28 mars au 1er avril et se termine par un retour à Brest le 2 avril 1946.

Le 8 avril 1946 arrive à Brest une escadre britannique destinée à l’exercice «Entente Cordiale 1946», escadre composée du cuirassé Howe, du croiseur lourd Kent, des croiseurs légers antiaériens Dido et Bellona, de six destroyers et de trois sous-marins.

La Flotte de l’Atlantique engage elle le porte-avions Painlevé le cuirassé Gascogne, le croiseur lourd Foch, les contre-torpilleurs de la 3ème DCT (Bugeaud du Chayla Dupetit-Thouars classe Bayard), six torpilleurs d’escadre (Arquebuse Cimeterre Durandal Dague Intrépide et Téméraire), et quatre sous-marins.

Après un exercice ASM le 10 avril, les navires français et britanniques se livrent à un entrainement aéronaval les 12 et 13 avril suivit d’un exercice de défense aérienne à la mer les 14 et 15 avril. Le 17 avril, les deux forces navales appareillent pour Rufisque afin d’effectuer une école à feu commune. Les deux escadres sont rassemblées dans la rade de Brest avant d’appareiller sans les sous-marins qui restent à Brest.

Ces deux forces vont manoeuvrer ensemble durant le transit jusqu’à Dakar où elles arrivent le 22 avril. Le groupe Gascogne est le premier à utiliser les installations du polygone de Rufisque du 23 avril au 14 mai avant de laisser la place au groupe Howe du 15 au 31 mai, le groupe Gascogne durant ce laps de temps manœuvrant entre Dakar et Port-Etienne.

Les deux forces navales appareillent le 2 juin, font route ensemble jusqu’aux atterrages immédiats de Brest où les navires anglais quittent leurs homologues français et rentrent dans leurs ports respectifs, les navires français retrouvant la Rade-Abri le 7 juin 1946.

L’Intrépide et le Téméraire sortent à nouveau pour entrainement à partir du 14 juin, effectuant une école à feux du 14 au 20 juin puis un entrainement au combat antisurface du 22 juin au 2 juillet, les deux torpilleurs d’escadre rentrant à Brest le lendemain 3 juillet 1946.

L’Intrépide est indisponible pour entretien et permissions de l’équipage du 4 au 25 juillet, sortant pour essais du 26 au 28 juillet puis pour remise en condition du 30 juillet au 14 août, rentrant à Brest le lendemain. Il participe ensuite aux essais (17 au 19 août) et à la remise en condition (21 août au 3 septembre) de son compère le Téméraire.

L’Intrépide et le Téméraire sortent pour entrainement du 10 au 17 septembre avant de participer aux essais et à la remise en condition du cuirassé Lorraine du 21 septembre au 5 novembre.

Le cuirassé et ses deux torpilleurs d’escorte effectuent ensuite une école à feux au polygone de Rufisque du 12 au 27 novembre, rentrant à Brest le 3 décembre 1946, deux jours avant la remise en service officielle du cuirassé.

Les torpilleurs L’Intrépide et le Téméraire sont indisponibles en compagnie du Lorraine du 10 juin au 2 juillet, les trois navires sortant pour essais du 4 au 7 juillet puis pour remise en condition du 9 au 24 juillet, faisant escale à Cherbourg du 25 au 30 juillet et au Havre du 31 juillet au 5 août, rentrant le lendemain 6 août 1947 à Brest.

Après avoir participé à l’exercice «Entente Cordiale 1948» du 5 au 10 mai 1948, l’Intrépide va subir un grand carénage, étant échoué pour remise en état dans le bassin Tourville du 17 mai au 21 juin 1948, sortant ensuite pour essais du 22 au 25 juin puis pour remise en condition du 27 juin au 11 juillet 1948.

Après un exercice commun avec le cuirassé Lorraine et le porte-avions Painlevé du 15 au 27 juillet, l’Intrépide et le Téméraire quittent Brest le 3 août pour un entrainement au polygone de Rufisque et dans les environs de Dakar du 9 au 23 août en compagnie du Lorraine, du Painlevé et du PRE La Seine, les sept navires rentrant à Brest le 30 août 1948.

Après une sortie d’entrainement avec le cuirassé Lorraine du 1er au 4 septembre, les torpilleurs L’Intrépide et le Téméraire qui devaient sortir à nouveau avec le Lorraine et le Painlevé se préparent aux opérations de guerre dès l’annonce des bombardements allemands sur la Norvège et le Danemark.