B-Croiseurs lourds classe Suffren

Le croiseur lourd Suffren avec deux Gourdou-Lesseure sur catapultes
Avant-propos
Dans la marine nationale de l’entre-deux-guerre, la vitesse est sanctifiée ce qui explique l’absence de protection sur les Duquesne qui méritent plus que tout le surnom donné aux croiseurs type Washington «Thinclad Battleship» ou cuirassés en papier d’étain.
La rivalité franco-italienne voit les deux pays se marquer à la culotte, la réalisation des Duquesne suscitant une riposte italienne avec les Trento et Trieste.

Le croiseur lourd Trento en 1936
Les français avaient déjà prévu de construire de nouveaux croiseurs lourds. Ils financent ainsi la construction à la tranche 1925 du Suffren.
La marine nationale prend de l’avance avec le financement à la tranche 1926 du Colbert suivi à la tranche 1927 du Foch puis à la tranche 1929 du Dupleix souvent considéré comme le meilleur 10000 tonnes de la marine nationale hors de l’Algérie qui est un croiseur lourd avec une vraie protection.
Les italiens financent la construction au budget 1929 des Zara et Fiume, deux croiseurs d’un nouveau modèle puis au budget 1930 finance à la fois la construction du Bolzano, un croiseur lourd de type Trento amélioré et le troisième Zara baptisé Gorizia avant le Pola au budget 1931.
Bien que souvent regroupés en une seule classe, les croiseurs lourds Suffren Colbert Foch et Dupleix affichent un certain nombre de différences. Par rapport aux Duquesne, ces croiseurs lourds sont mieux protégés et propulsés par seulement trois hélices. Leurs chaudières peuvent fonctionner au mazout et au charbon.
Le Suffren dispose ainsi d’une protection améliorée avec une ceinture de 50mm, un pont blindé de 25mm et un bourrage de 640 tonnes de charbon pour la protection contre les torpilles. Sur le plan de l’armement, il conserve les canons de 75mm des Duquesne.
Il dispose d’une catapulte installée au même emplacement que pour les Duquesne. Il est reconnaissable à l’abri navigation installé au milieu du mât tripode.
Le Colbert à une protection semblable au Suffren mais son mat tripode est dépourvu de l’abri de navigation installé sur le Suffren. L’armement évolue, les canons de 75mm sont remplacés par huit canons de 90mm en affûts simples.
Le Foch à une protection améliorée avec un bordé de 20mm, un renforcement à 54mm de cloisons longitudinales et un pont blindé de 18mm au dessus des machines et 20mm au dessus des soutes à munitions. Le mat tripode à les jambes plus écartées (ce qui permet de l’identifier facilement) mais l’armement secondaire reste le même avec huit canons de 90mm en affûts simples.
Le Dupleix, dernier croiseur de type Suffren est considéré jusqu’à l’apparition de l’Algérie comme le meilleur croiseur lourd français notamment la protection qui représente près de 1500 tonnes. L’armement secondaire est toujours composé de huit canons de 90mm mais regroupés en quatre affûts doubles installés à l’avant de part et d’autre du bloc-passerelle pour les deux premiers et de part et d’autre du mat arrière pour les deux derniers.
Le Suffren

Le croiseur lourd Suffren en 1936
-Le Suffren est mis sur cale à l’Arsenal de Brest le 17 avril 1926, lancé le 3 mai 1927 et est admis au service actif le 8 mars 1930.
Comme la majorité des navires de la marine nationale construits à cette époque, le Suffren est affecté en Méditerranée au sein de la 1ère DL. Cette division va regrouper jusqu’à cinq croiseurs de 10000 tonnes au fur et à mesure de leur admission au service actif.
D’octobre 1930 à juillet 1931, le Suffren va servir de navire-école, faisant la jonction entre le croiseur cuirassé Edgar Quinet perdu sur les côtes algériennes et son remplaçant, le croiseur-école Jeanne d’Arc alors en construction à Saint-Nazaire. Il transporte des élèves officiers avec le Tourville et le Duquesne aux Antilles puis en Méditerranée orientale.
En octobre 1931, le Suffren effectue une mission aux Etats Unis avec le Duquesne avant d’être affecté définitivement en Méditerranée. Il est en travaux en 1933/34.
Le 1er novembre 1934, les «10000 tonnes» français sont réorganisés en deux divisions avec la 1ère DL composée de l’Algérie, du Colbert et du Dupleix et la 3ème DL composée du Foch, du Tourville, du Duquesne, le Suffren étant en réparations jusqu’à la fin de 1934.
La mise en service des croiseurs légers provoque la réorganisation des forces légères françaises avec en novembre 1937, la création de la 2ème DC avec les croiseurs lourds Duquesne Tourville et Suffren, les croiseurs Algérie Foch Colbert et Dupleix formant la 1ère DC.
Au printemps 1940, on décidé de clarifier le système, attribuant les numéros impairs aux croiseurs lourds et les numéros pairs aux croiseurs légers.
Les Tourville et Duquesne forment ainsi la 5ème Division de Croiseurs (5ème DC) basée à Toulon en compagnie de la 1ère DC formée des Dupleix et Suffren alors que la 3ème DC formée du Colbert et du Foch est basée à Brest. L’Algérie restant lui hors rang puisqu’il sert de navire-amiral de la Flotte de la Méditerranée.
Le Suffren lui rentrait d’un long déploiement en Indochine (juillet 1939-avril 1940), ce déploiement réussi d’un croiseur lourd réussit à convaincre les hautes autorités de la marine française à la faisabilité du déploiement d’un navire aussi important dans cette colonie.
Certains «Indochino-enthousiastes» réclament même le déploiement d’un cuirassé mais à l’époque, ce déploiement est utopique en l’absence d’une base bien outillée sans parler que le cuirassé était une ressource rare dans la Royale de l’époque.
Après un petit carénage dans le bassin Vauban n°8 jusqu’à la fin du mois d’août, le croiseur est en essais à la mer du 4 au 17 septembre puis en remise en condition avec son sister-ship Dupleix du 20 septembre au 14 octobre avant de rentrer à Toulon le 16 octobre 1940.
Le Suffren ressort le 2 novembre pour un exercice de défense aérienne à la mer au large de Toulon qui montre l’urgence de moderniser sa DCA, les travaux étant prévus au cours du prochain grand carénage en 1941/42.
Il fait ensuite escale à Port Vendres du 8 au 12 novembre 1940, participant aux commémorations du 11 novembre 1940, la compagnie de débarquement du croiseur (24 hommes), défilant dans la ville en compagnie d’une compagnie de tirailleurs sénégalais et d’un groupement de reconnaissance motorisé composé de motos avec side-car et d’autos blindés Panhard AMD178.
Il rentre à Toulon le 14 novembre puis est indisponible jusqu’au 2 décembre 1940 (problème de chaudières), sortant pour essais du 3 au 10 décembre avant de sortir d’entrainement du 12 au 23 décembre et du 26 au 31 décembre 1940.
Le Suffren participe aux manœuvres d’hiver de la flotte du 15 janvier au 5 mars 1941 avec des escales à Marseille du 27 janvier au 2 février et à Nice du 17 au 24 février notamment en compagnie du croiseur de bataille Dunkerque avec lequel le croiseur faillit entrer en collision. Il est de retour à Toulon le 7 mars 1941.
Le Suffren sort à nouveau avec le Dupleix du 12 mars au 14 avril pour différents exercices (défense aérienne à la mer, bombardement littoral, protection de convois) puis seul du 22 avril au 2 mai pour une évaluation de ses capacités militaires par le Centre d’Entrainement de la Flotte (CEF) qui note des «capacités militaires intéressantes mais qui ne pourraient qu’être améliorées après une véritable modernisation». Le Suffren sort pour entrainement au combat de nuit du 9 au 20 mai 1941.
Après une période d’indisponibilité du 23 mai au 16 juin 1941, le croiseur appareille de Toulon le 18 juin pour une mission de surveillance dans le Golfe de Gênes jusqu’au 5 août, mission entrecoupées d’escale de ravitaillement à Bastia tous les 4 ou 5 jours environ et d’une participation à la revue navale du 14 juillet 1941 en rade des vignettes. Il rentre à Toulon le 8 août 1941.
Il ressort du 22 août au 4 septembre 1941 pour un exercice de défense aérienne à la mer puis effectue deux transports rapides entre Toulon et Ajaccio, le premier du 8 au 15 septembre et le second du 20 au 30 septembre, transports de matériels spéciaux pour la construction de la base navale d’ Aspretto.
Il termine l’année par plusieurs exercices au large de la Provence, un premier du 5 au 15 octobre consacré au bombardement littoral (tirs simulés), un second de défense aérienne à la mer du 21 au 31 octobre et un troisième d’escorte de convois du 8 au 20 novembre avant une escale d’une semaine à Nice du 21 au 28 novembre, le croiseur lourd rentrant à Toulon le 29 novembre dans la soirée.
Le croiseur lourd sort encore deux fois pour entrainement, la première fois du 2 au 12 décembre et la seconde du 18 au 26 décembre, les deux sorties étant entrecoupées par une escale à Nice du 13 au 17 décembre.
Le Suffren appareille pour la croisière d’hiver de la flotte le 12 janvier 1942, faisant escale à Palma de Majorque le 16 janvier 1942, Carthagène du 18 au 22 janvier, Gibraltar du 25 au 27 janvier, Cadix du 30 janvier au 3 février, Lisbonne du 6 au 9 février, Casablanca du 13 au 16 février, Ajaccio du 18 au 21 février avant de rentrer à Toulon avec une grande partie de la flotte le 23 février 1942 dans la matinée.
Le croiseur lourd débarque ses munitions le 27 février 1942 et est échoué au bassin n°8. Il est au bassin jusqu’au 20 décembre 1943, perdant ses huit canons de 75mm remplacés par six canons de 90mm en affûts simples, recevant une DCA légère moderne avec douze canons de 37mm Schneider en six affûts doubles et huit canons de 25mm Hotchkiss en quatre affûts doubles. Son appareil propulsif est remis en état, ses hélices sont changées, sa catapulte est remplacée alors qu’un temps elle était menacée.
Le croiseur remis à l’eau, subit une période de travaux à quai jusqu’au 19 janvier 1943. Il subit une campagne d’essais à la mer du 20 au 31 janvier avant un stage de remise en condition avec son sister-ship Dupleix du 1er au 12 février.
Le Suffren sort pour entrainement aviation du 15 au 21 février avant une escale à Saint-Tropez du 22 au 27 février pour la signature de la charte de parrainage. Reprenant la mer le 28 février, le croiseur lourd subit un entrainement de défense aérienne à la mer jusqu’au 5 mars quand il arrive à Sète pour une escale qui s’achève jusqu’au 10 mars avant de rentrer à Toulon le 11 mars 1943.
Le Suffren reprend la mer pour un entrainement au combat antisurface du 15 au 23 mars avant de rentrer à Toulon le 27 mars 1943.
Après une période d’entretien à flot du 28 mars au 12 avril, le croiseur lourd sort pour essais du 13 au 18 avril avant de reprendre l’entrainement par un stage de remise en condition du 20 avril au 2 mai 1943.
Après un ravitaillement à Toulon le 3 mai, le croiseur lourd quitte le Var le 4 mai, relâche à Casablanca du 8 au 11 mai avant de gagner Dakar le 15 mai 1943 pour un important cycle d’entrainement.
Il commence par une école à feux au polygone de Rufisque du 16 au 30 mai avant une période d’entretien à Dakar du 31 mai au 2 juin avant un exercice de défense aérienne à la mer du 3 au 10 juin puis après un ravitaillement à Dakar le 11 juin, une deuxième école à feux au polygone de Rufisque du 12 au 30 juin avant de faire escale à Dakar du 1er au 5 juillet.
Il reprend la mer le 6 juillet, fait escale à Casablanca du 10 au 13 juillet avant de rentrer à Toulon le 16 juillet 1943. Il sort pour un entrainement aviation du 19 au 28 juillet 1943.
Durant l’été, le Suffren effectue plusieurs petits sorties au large de Toulon, allant aux Salins d’Hyères du 2 au 7 août, du 12 au 18 août et du 21 au 22 août. Orphelin du Dupleix alors en grand carénage, le Suffren effectue un exercice de défense aérienne à la mer au large de Port-Vendres du 25 août au 4 septembre avant de rentrer à Toulon le 7 septembre 1943.
Il ressort encore du 8 au 15 septembre pour un exercice de défense contre les sous-marins et des avions. Après une escale à Mers-El-Kebir jusqu’au 20 septembre, il fait escale à Bizerte du 21 au 27 septembre puis à Ajaccio du 28 au 30 septembre avant de rentrer à Toulon le 4 octobre après un mouillage aux Salins d’Hyères les 2 et 3 octobre 1943.
Indisponible du 4 au 20 octobre 1943, le Suffren ressort pour une sortie d’essais du 21 au 24 octobre avant de manœuvrer au large du Cap Corse avec d’autres navires de l’Escadre du 25 octobre au 10 novembre, faisant escale à Bastia du 11 au 15 novembre, sa compagnie de débarquement rendant les hommages aux morts du premier conflit mondial. Il fait ensuite escale à Nice du 16 au 21 novembre puis à Villefranche du 22 au 25 novembre avant de rentrer à Toulon le 26 novembre.
Mis à part une petite sortie du 6 au 9 décembre jusqu’aux Salins d’Hyères, le croiseur lourd reste à quai ou au mouillage à Toulon jusqu’à la fin de l’année, permettant aux marins et officiers de prendre leurs permissions.
Le Suffren ressort seul du 4 au 10 janvier, du 13 au 18 janvier et du 22 janvier au 3 février, mouillant aux Salins d’Hyères du 4 au 9 février 1944. Il participe ensuite à la remise en condition du Dupleix, sortant de grand carénage du 5 mars au 17 avril 1944.
Les deux croiseurs ressortant ensemble du 25 avril au 8 mai 1944, manœuvrant avec le groupement des contre-torpilleurs de la flotte de la Méditerranée, les 2ème (Guépard Lion Bison) et 5ème DCT (Aigle Albatros Gerfaut).
Les deux croiseurs commencent d’abord par simuler la présence d’un navire corsaire en Méditerranée, menaçant des convois entre l’Afrique du Nord et la métropole, convois protégés par les contre-torpilleurs avant que les deux croiseurs ne simulent des cargos rapides, cherchant à échapper à plusieurs groupes de ratissage formés par les contre-torpilleurs. Après une escale à Alger du 9 au 12 mai et à Ajaccio du 13 au 17 mai, les deux croiseurs rentrent à Toulon le 18 mai 1944.
Après une période d’entretien à flot du 19 au 31 mai, le Suffren quitte Toulon pour une mission de transport rapide à destination de la Tunisie. Il embarque deux compagnies d’infanterie qui sont mises à terre le 2 juin à Tunis et transportés ensuite en camions sur la ligne Mareth pour renforcer la présence française face à des mouvements de troupes en Libye italienne.
Ces mouvements en réalité ne concernaient qu’une relève. Les deux compagnies de renfort vont cependant rester en Tunisie pour s’entrainer au combat en milieu désertique jusqu’au 7 juillet. Le croiseur qui entre-temps avait effectué des exercices au large du Cap Bon les rembarque à Bizerte le 9 juillet pour les ramener en France le 11 juillet quand elles sont débarquées à Toulon.
Le croiseur lourd sort au large de Toulon du 15 au 20 juillet, mouille aux Salins d’Hyères du 20 au 27 juillet puis ressort du 28 juillet au 4 août avant de rentrer à Toulon le 5 août. Il est indisponible pour entretien et permissions d’été du 7 au 27 août 1944.
Après un exercice de défense aérienne à la mer du 4 au 14 septembre et un exercice de protection de convois du 17 au 27 septembre, le Suffren subit un petit carénage. Il est échoué dans le bassin N°1 du Missiessy du 4 octobre 1944 au 20 janvier 1945. Après des travaux complémentaires à flot jusqu’au 2 février, le croiseur lourd effectue ses essais à la mer du 3 au 12 février avant un stage de remise en condition du 13 au 27 février 1945.
Il ressort le 7 mars 1945 en compagnie du Dupleix et du Saint Louis. Les trois croiseurs lourds vont effectuer une mission de présence en Adriatique, un an après celle du Joffre qui avait tellement enthousiasmé les marins yougoslaves que ceux-ci songèrent à en commander un !
Les trois croiseurs lourds quittent donc Toulon à l’aube le 7 mars, font escale à Ajaccio le 8 pour quelques heures (débarquement de matériel pour la base d’ Aspretto), se ravitaillent à Bizerte le 9 mars puis gagne l’Adriatique faisant escale à Corfou du 11 au 13 mars avant de pénétrer dans l’Adriatique, faisant escale à Kotor du 14 au 21 mars, à Split du 22 au 27 mars et à Zadar du 28 au 31 mars 1945.
Les trois croiseurs lourds participent à un exercice avec la marine yougoslave, exercice suivit attentivement par des avions et des sous-marins officiellement non identifiés mais que tout le monde sait italiens.
L’exercice qui se déroule du 1er au 12 avril voit les croiseurs simuler des bombardements contre la terre, des raids amphibies (mise à terre des compagnies de débarquement soit environ 200 hommes), de la défense aérienne à la mer, de protection et d’attaque de convois………… .
L’exercice terminé, la Division Navale Adriatique franchit le canal d’ Otrante et met cap à l’est, direction la Grèce. Elle fait escale à Patras du 14 au 20 avril, contourne la péninsule du Péloponnèse et arrive au Pirée le 23 avril et y restant jusqu’au 28 avril quand il appareille pour Thessalonique, le grand port du nord où la division fait escale du 29 avril au 4 mai. Pour ne pas mécontenter les turcs, la division fait escale à Istanbul du 5 au 9 mai, à Izmir du 10 au 12 mai et à Antalya du 13 au 16 mai.
La Division Navale Adriatique mène ensuite une mission de surveillance du Dodécanèse alors sous souveraineté italienne du 17 au 27 mai (ce qui suscite une protestation officielle de l’ambassade d’Italie à Paris), un exercice avec la Division Navale du Levant (DNL) du 28 mai au 4 juin avant une escale à Alexandrie du 4 au 7 juin, le roi d’ Egypte Farouk 1er visitant les trois croiseurs français en escale, se montrant impressionné par la modernité du Saint Louis.
La division quitte l’ Egypte le 7 juin, fait escale à Bizerte du 9 au 11 juin avant de rentrer à Toulon le 13 juin 1945.
Le Suffren est indisponible du 14 juin au 12 août 1945, passant au bassin n°1 du Missiessy du 20 juin au 8 juillet avant de terminer ses travaux à flot le 4 août. Il effectue ses essais à la mer du 5 au 8 août avant remise en condition du 12 au 25 août.
Le Suffren sort pour entrainement aviation du 30 août au 5 septembre, faisant escale à Sète du 6 au 10 septembre avant de rentrer à Toulon le lendemain 11 septembre.
Le croiseur lourd effectue quelques petites sorties à la mer du 17 au 21 et du 24 au 28 septembre, sorties qui le mène aux Salins d’Hyères. De retour à Toulon le 29 septembre, il reste au mouillage à l’entrée du port jusqu’au 3 octobre avant d’appareiller pour Mers-El-Kebir où le Suffren arrive le 5 octobre. Il participe à un exercice avec la 4ème escadre du 7 au 28 octobre avant de rentrer à Toulon le 31 octobre 1945.
Le Suffren sort entrainement aviation du 2 au 12 octobre, faisant escale à Saint Tropez du 13 au 19 octobre avant d’enchainer par un entrainement de combat de nuit du 20 au 28 octobre avant de rentrer à Toulon le 4 novembre après une escale à Bastia du 29 octobre au 3 novembre 1945.
Le croiseur lourd Suffren sort en compagnie du Dupleix pour un exercice du 10 au 21 novembre, faisant escale à Port-Vendres du 22 au 27 novembre avant un exercice de défense aérienne à la mer du 28 novembre au 7 décembre, rentrant à Toulon le 8 décembre 1945.
Les deux croiseurs lourds de la 1ère DC sortent à nouveau pour un entrainement combiné dans le Golfe du Lion du 13 au 27 décembre, rentrant à Toulon le 28 décembre 1945.
Il sort pour la première fois en 1946 du 9 au 12 janvier pour un entrainement à la mer (défense aérienne) puis du 18 au 25 janvier pour amariner les nouveaux appelés qui vont représenter jusqu’à 15% de l’effectif du croiseur.
Le 2 février 1946, il appareille de Toulon pour se rendre au Levant en compagnie de son sister-ship Dupleix, faisant escale à Ajaccio du 3 au 6 février, à Malte du 8 au 11 février, à Patras (Grèce) du 13 au 17 février, au Pirée du 19 au 25 février, à Antalya du 27 février au 1er mars, à Beyrouth du 3 au 7 mars, à Haïfa du 9 au 12 mars, à Alexandrie du 14 au 18 mars, à Bizerte du 21 au 25 mars avant de rentrer à Toulon le 28 mars et d’être en entretien à flot du 29 mars au 15 avril 1946.
Il sort pour essais du 15 au 20 avril avant remise en condition du 21 avril au 3 mai 1946. Il quitte Toulon le 5 mai, relâche à Casablanca du 8 au 10 mai avant d’arriver à Dakar le 14 mai. Il réalise une école à feux à du 15 mai au 5 juin, relâchant à Dakar du 6 au 10 juin avant de rentrer à Toulon le 17 juin après une escale de ravitaillement à Casablanca.
Le Suffren et le Dupleix sortent à nouveau pour entrainement du 24 juin au 2 juillet, entrainement suivi d’une escale à Ajaccio du 3 au 7 juillet. Les deux croiseurs effectuent ensuite un entrainement aviation du 8 au 13 juillet avant de relâcher à Bastia du 14 au 17 juillet puis à Nice du 18 au 21 juillet avant de rentrer à Toulon le 22 juillet 1946.
Après des travaux destinés à préparer une mission de représentation du 23 au 30 juillet, le Suffren effectue une sortie pour essais du 1er au 5 août. Il quitte Toulon le 17 août 1946 au matin en compagnie du croiseur léger Chateaurenault pour retrouver le Strasbourg, ses deux torpilleurs d’escadre et le pétrolier-ravitailleur La Baïse pour une mission de représentation dans les Caraïbes.
La jonction se fait le 19 août au large de l’Espagne, la petite escadre manœuvrant ensemble avant de faire une première escale à Casablanca le 24 août avant de traverser d’une traite l’Atlantique, arrivant à Fort de France le 2 septembre 1946.
Ils font escale à Pointe à Pitre du 7 au 12 septembre, Kingston (Jamaïque) du 14 au 17 septembre, Veracruz (Mexique) du 19 au 22 septembre, La Nouvelle Orléans du 25 au 28 septembre, Miami du 30 septembre au 3 octobre 1946 avant de traverser l’Atlantique faisant escale à Dakar le 7 octobre 1946 où ils se séparent, le croiseur de bataille et ses torpilleurs d’escadre rentrant directement à Mers-El-Kebir.
Le Suffren et le Chateaurenault appuyés par la Baïse vont prolonger cette croisière par un déploiement dans le Golfe de Guinée. Il quitte Dakar le 11 octobre, fait escale à Abidjan du 13 au 17 octobre, à Bioko (île de la Guinée Equatoriale alors colonie espagnole) du 19 au 21 octobre, à Libreville du 22 au 25 octobre, Abidjan à nouveau du 28 octobre au 2 novembre, Dakar du 4 au 8 novembre, à Casablanca du 11 au 14 novembre avant de rentrer à Toulon le 18 novembre après plus de trois mois loin de son port d’attache, Le PRE La Baïse rentrant lui à Mers-El-Kébir.
Après une période d’entretien à flot du 19 novembre au 12 décembre, le croiseur lourd sort pour essais du 13 au 19 décembre avant remise en condition du 20 au 30 décembre 1946.
Il sort à nouveau du 2 au 7 janvier et du 10 au 17 janvier pour entrainement de base au profit de ces nouveaux marins. Le croiseur lourd fait escale à Sète du 18 au 21 janvier avant de rentrer à Toulon le 22 janvier 1947.
Il reprend la mer le 27 janvier pour entrainement à la protection d’un convoi et ce jusqu’au 9 février, faisant ensuite escale à Nice du 10 au 15 février puis à Villefranche du 16 au 19 février avant de rentrer à Toulon le 21 février 1947.
Il effectue un entrainement aviation du 23 février au 3 mars 1947 puis pour un entrainement à la défense antiaérienne du 6 au 12 mars, rentrant à Toulon le 13 mars.
Il reprend la mer le 15 mars 1947 pour un exercice de combat de nuit entre Toulon et Marseille. Les conditions météo sont exécrables et l’exercice est annulé moins de deux heures après son déclenchement.
Cela est insuffisant pour empêcher la collision du croiseur lourd Suffren avec le paquebot Sampiero Corso. Naviguant tous feux éteints, le croiseur ne voit que trop tard le paquebot arrivant à bâbord et l’étrave du croiseur s’enfonce profondément dans la coque du paquebot.
L’accident qui à lieu près de la côte laisse craindre le pire mais fort heureusement, à l’aube les deux navires sont encore à flot, lié l’un à l’autre. Plusieurs navires arrivent rapidement sur zone et permettent l’évacuation des passagers du paquebot ce qui permet au croiseur de se dégager puis de prendre en remorque le paquebot pour le ramener à Marseille où il sera réparé.
Le croiseur assez sérieusement endommagé à bâbord rentre à 7 nœuds à Toulon, escorté par plusieurs torpilleurs et remorqueurs. Il est mis au bassin (bassin n°1 du Missiessy) le 18 mars 1947 pour des réparations doublé d’un grand carénage avancé de six mois.
Il est remis à flot le 20 décembre 1947 et la fin des travaux à lieu à flot jusqu’au 20 janvier 1948 quand il est de nouveau déclaré disponible bien qu’il ne soit jugé pleinement opérationnel que le 5 mars après les essais à la mer et la remise en condition en compagnie du Dupleix qui du attendre la disponibilité de son sister-ship pour subir un grand carénage.
Après un exercice de défense aérienne à la mer du 10 au 18 mars 1948 , le Suffren quitte Toulon le 20 mars, se ravitaille à Casablanca du 25 au 27 mars avant d’arriver à Dakar le 31 mars. Il effectue une Ecole à feux à Rufisque du 2 au 15 avril, quittant Dakar le 17 avril pour rentrer à Toulon le 25 avril 1948.
Après une indisponibilité accidentelle du 27 avril au 2 mai, il reprend la mer le 5 mai pour une mission de surveillance dans le Golfe de Gênes jusqu’au 12 juin, le croiseur effectuant de rapides ravitaillement à Bastia, quelques heures pour ravitailler les soutes et la cambuse avant de reprendre la mer. Il opère entre Vintimille, l’ile d’Elbe et Gênes en compagnie d’avions basés en Corse.
De retour à Toulon le 16 juin, il reste à Toulon, à quai ou au mouillage jusqu’au 12 juillet, reprenant brièvement la mer du 17 au 21 juillet et du 28 juillet au 5 août. Une partie de l’équipage prend ses permissions le 7 août mais dès le 20, l’équipage est rappelé , rappel qui se double de la mobilisation des réservistes. Il sort alors pour entrainement du 21 au 28 août et du 30 au 3 septembre.
A l’annonce des bombardements allemands sur la Norvège et le Danemark le 5 septembre 1948, le Suffren appareille en urgence pour Nice pour contrer une possible action italienne. Il arrive à destination le lendemain 6 septembre.