Grande-Bretagne (8) Géopolitique (3)

Et avec les alliés ? Et avec les neutres ?

France

-Avec la France, les relations ont toujours été empreintes d’une certaine méfiance. Au traité de Versailles en 1919, Lloyd George s’oppose aux prétentions de Clemenceau. Cette position continue durant les années vingt et le début des années trente.

-Faute de volonté mais de moyens, Paris est obligé de suivre Londres dans sa politique funeste d’apaisement.

-Dans les années quarante, l’arrivée au pouvoir du PSF entraine un rééquilibrage entre Paris et Londres, beaucoup de malentendus sont aplanis, une nouvelle Entente Cordiale voit le jour destinée à maintenir la paix en Europe au prix éventuel d’une guerre contre l’Allemagne.

-Coopération politique, économique et militaire intense. Le 4 juin 1947, à lieu une réunion entre le général Villeneuve, commandant en chef des armées et le général Brooke, chef d’état-major impérial. C’est une réunion préparatoire pour prévoir la guerre qui menace chaque jour davantage.

-Cette réunion ne fait que confirmer une politique plus ancienne de coopération militaire avec fourniture de renseignements et de matériels comme des chars français contre des radars et des sonars.

-L’accord de Windsor est signé le 7 juin 1947 et politiquement entériné par une visite d’Etat du président de la République Française, Paul Reynaud reçu par le premier ministre Clément Atlee et par le roi George VI.

-Cet accord prévoit une fois la guerre déclarée la mise en place d’un état major combiné franco-britannique installé au château de Vincennes avec un généralissime français ou anglais (le général Villeneuve occupant ce poste en septembre 1948) et un adjoint de l’autre nationalité.

Cet état-major devra coordonner les opérations menés en Europe mais également sur les autres théâtres d’opérations.

Les zones de coopération géographique sont clairement identifiées notamment sur le plan naval. La Grande Bretagne reçoit l’autorité sur la mer du Nord, la Manche et l’Atlantique Nord alors que la France à autorité sur le Golfe de Gascogne, la zone Antilles-Guyane, l’Océan Indien et surtout la Méditerranée.

Sur le plan naval, chaque zone est dirigée par un état-major bi-national à dominante française ou anglaise avec des officiers liaison du pays non dominant et des pays alliés, essentiellement issus des Dominions (Australie, Nouvelle Zélande, Canada, Afrique du Sud) en attendant le basculement de certains neutres (Grèce, Norvège, Turquie……). Une stratégie d’ensemble est clairement définie pour faire face à chaque adversaire.

Etats-Unis

-Relations cordiales entre Londres et Washington ce qui n’exclut pas les tensions liées notamment aux limitations des armements navals.

-Les commandes britanniques et françaises permettent d’enclencher le réarmement des Etats-Unis et de réduire le chômage, chômage qui était reparti à la hausse en 1938 en dépit des mesures interventionnistes du New Deal.

Charles Linbergh

Charles Linbergh

-Cela change à partir de 1944 avec l’élection du président Linbergh. Ce républicain farouche isolationniste refuse de se laisser entrainer dans une future guerre européenne.

Ses sympathies pour le nazisme inquiètent et le projet d’une alliance germano-américaine est redoutée dans les chancelleries même si la révélation d’un accord informel en septembre 1945 se révéla être un mensonge monté de toutes pièces par un journaliste new-yorkais, Angus Mack, journaliste en mal de notoriété.

-Les relations entre Londres et Washington deviennent un poil plus fraiches mais restent cordiales. Il faudra attendre la montée des tensions à partir du printemps 1948 pour voir le président Linbergh se rapprocher des alliés même si souhaitant sa réélection, le premier homme à avoir officiellement traverser l’Atlantique en avion doit rester prudent.

URSS

-Relations inexistantes en raison d’un très fort anti-communisme régnant parmi les élites politiques britanniques et notamment chez les conservateurs.

-La Pologne est le principal point d’achoppement, l’URSS s’étant partagé le territoire polonais avec l’Allemagne. De plus, le gouvernement britannique avait reconnu le gouvernement polonais exil qui réclamait la libération du territoire dans ses frontières de 1939.

-La dénonciation du pacte germano-soviétique en avril 1945 permet de renouer des relations a minima entre les deux pays.

-Devant la menace allemande, on étudie une coopération militaire et navale mais cela ne dépasse pas le stade des notes sans accord concret, la faute à une méfiance réciproque, la paranoïa du régime stalinien s’opposa à la crainte du bolchévisme dans les élites politiques britanniques.

Espagne et Portugal

-Intérêt commun de la France et de la Grande-Bretagne de laisser la péninsule ibérique en dehors du conflit en les dissuadant de s’allier à l’Allemagne et à l’Italie. La France s’évite l’ouverture d’un troisième front et la Grande-Bretagne rend plus facile le contrôle de la Méditerranée.

-Pressions diplomatiques associée à une aide économique pour permettre le développement du Portugal et la reconstruction d’une Espagne dévastée par une guerre de près de trois ans (juillet 1936-mars 1939).

-Des plans sont néanmoins dressés au cas où notamment la saisie des possessions coloniales de l’Espagne (Maroc espagnol, Guinée espagnole, Canaries), des îles Baléares et pour le Portugal, l’occupation des colonies africaines (Cap Vert, Guinée portugaise, Sao Tome et Principe, Angola, Mozambique) ainsi que ses possessions insulaires, Madère et les Açores.

-Des opérations contre les métropoles sont également envisagées mais vues comme compliquées en raison d’un terrain difficile et d’infrastructures ravagées (Espagne) ou quasi-inexistantes (Portugal) sans oublier le précédent historique de Napoléon qui s’englua dans une guérilla qui lui coûta cher.

Turquie

-Relations diplomatiques normales entre Londres et Ankara, pas de différents coloniaux entre les deux pays. L’action de la Grande-Bretagne en Turquie se limite à une action de propagande, diplomatique, culturelle et économique avec une aide au développement ainsi que la fourniture d’armes pour moderniser l’armée turque qui souhaite faire pièce à une URSS jugée menaçante, URSS qui fidèle à la tradition russe lorgne vers les mers chaudes.

Les autres puissances neutres

-Suisse : relations normales aucune aménité entre Londres et Berne, la neutralité de la Confédération Helvétique étant bien commode pour servir d’intermédiaire avec des pays avec qui on à pas de relations diplomatiques en bonne et due forme.

-Pays Scandinaves : Relations normales avec ces pays, puissances secondaires mais dont le positionnement stratégique est utile pour encercler l’Allemagne, la corseter. La Grande-Bretagne envisage ainsi une alliance poussée avec le Danemark et la Norvège avec le déploiement de troupes mais Oslo et Copenhague refusent de déroger à leur sacro-sainte neutralité.

En cas de menace allemande, il faudra attendre que Berlin face le premier pas avant d’envisager l’envoi de troupes, d’avions et de navires.

Quand à la Suède et à la Finlande, la première à des liens économiques très étroits avec l’Allemagne alors que la seconde envisage de prendre sa revanche sur l’URSS et pense s’appuyer davantage sur l’Allemagne que sur les alliés pour obtenir armes, conseillers militaires voir un appui sous la forme de troupes combattantes.

-Irlande : Les relations entre Dublin et Londres sont fraiches surtout depuis 1937 et l’indépendance complète de la partie sud de l’île, devenue la République d’Irlande en remplacement de l’Etat Libre d’Irlande (équivalent d’un dominion).

Elles sont d’autant plus fraiches que Dublin n’exclut pas de parvenir à la réunification de l’île en annexant les six comtés qui forment l’Irlande du Nord ou Ulster pour les loyalistes.

Si un conflit armé est exclu, cet objectif qui explique la tolérance du gouvernement irlandais vis à vis de l’IRA rend compliquées les relations entre irlandais et britanniques.

Des plans sont néanmoins dressés pour occuper le pays en cas de basculement de la verte Eirin dans le camp allemand ou en cas de menace allemande directe sur le pays, le positionnement de l’Irlande en faisant un tremplin rêvé pour mener une guerre au commerce dans l’Atlantique.

Comme ces deux menaces sont faibles voir inexistantes, ces plans ressemblent plus à des exercices de simulation (wargames) qu’à des plans de bataille en bonne et due forme.

Le plan le plus abouti (dont la publication dans le Times en 1974 provoqua une crise diplomatique entre Dublin et Londres dont les relations étaient déjà malmenées avec les Troubles en Irlande du Nord) prévoyait la saisie des ports de l’île comme Dublin, Galway et Cork, une opération aéroportée sur l’aéroport de Dublin suivit d’un raid motorisé mené depuis l’Ulster.

Inutile de préciser que la Royal Navy aurait établit un solide blocus de l’île avec ou sans le concours de la marine française.

16-Navires auxiliaires (7)

Les remorqueurs de 600cv

Comme pour les catégories supérieurs de remorqueurs, la catégorie des «600cv» comprend à la fois des constructions financées par la France et d’autres livrés par l’Allemagne au titre de réparations en nature. Le marché à été passé le 31 décembre 1928 avec la Deutsche Schiffe und Machinenbau A.G. Werk Seebeck de Brême.

Quand éclate la guerre de Pologne, ces remorqueurs financés par le gouvernement allemand mais livrés directement à la France sont les suivants  :

-A Cherbourg, la Direction du Port dispose des remorqueurs Barfleur et Roule

-A Brest, la Direction du Port dispose des remorqueurs  Penfeld, Plougastel,Portzic (arrivés à Brest le 01/07/1930) et Aixois (ex-Provençal) (un temps basé à Toulon où il était arrivé le 5 décembre 1930).

-A Toulon, la Direction du Port dispose des remorqueurs Cargese (ex-Corse), Faron et Mont Caume (arrivés à Toulon le 09 août 1930)

-A Bizerte, nous trouvons les remorqueurs  Kairouan (ex Sfax) et Sousse (arrivés à mi-août 1930)

-A Mers el Kebir : on trouve le remorqueur Estérel (qui était jusque là déployé à Toulon où il était arrivé le 5 décembre 1930)

-A Dakar, est en service le remorqueur Cap Vert

-A Fort de France, est en service le Lamentin

Tous ces remorqueurs sont encore en service en septembre 1948.

Caractéristiques Techniques des remorqueurs «allemands»

Déplacement : 333 t

Dimensions : longueur : 28,50 pp largeur 7,20m  tirant d’eau 3,16 m

Propulsion : une machine alternative verticale à triple expansion Deschimag alimentée en vapeur par une chaudière cylindrique Deschimag dévellopant 600ch et entrainant une hélice

Performances : Vitesse maximale 9 noeuds autonomie 900 miles à 9 noeuds

Equipement : – 2 mâts – 1 baleinière – 1 youyou de 5 m  1 pompe d’épuisement de 400 t/h – 1 pompe incendie de 20 t/h

Equipage : nc

D’autres ont été construits dans les chantiers français pour compléter les remorqueurs construits à Brême.

-Le Palmier est construit aux Anciens Chantiers Dubigeon de Nantes et lancé le 11 mars 1940. Il est mis en service le 4 septembre 1940 et affecté à Mers-El-Kébir pour accompagner la montée en puissance de la base oranaise.

-Le Tatihou est construit aux  Anciens Chantiers Dubigeon de Nantes et lancé le 22 mars 1940. Il est mis en service le 7 octobre 1940 et affecté lui aussi à Mers-El-Kébir.

-Le Lavandou est construit par la Societé Provencale de Construction Navale (SPCN) de La Ciotat. Il est lancé le 12 avril 1940 et affecté à Casablanca qui sans être une base navale de premier plan est le passage quasiment obligé des navires ralliant la Méditerranée depuis Cherbourg, Brest ou Lorient.

-Le Menez Hom mis sur cale en même temps que le Morbihan aux Ateliers et Chantiers de Bretagne (ACB) de Nantes le 4 mars 1940 lancé le 17 septembre 1940 et mis en service le 14 mars 1941. Il est affecté à Brest pour renforcer les moyens du port du Ponnant.

-Le Morbihan mis sur cale en même temps que le Menez Hom aux Ateliers et Chantiers de Bretagne (ACB) de Nantes le 4 mars 1940 lancé le 17 septembre 1940 et mis en service le 14 mars 1941. Il est affecté à Lorient.
-Le Tulear est mis sur cale en même temps que le Padaran  aux chantiers de la Societé Provencale de Construction Navale (SPCN) de La Ciotat le 15 février 1940 lancé le 20 août 1940 et mis en service le 17 février 1941.

Le Tulear est affecté à Diego Suarez rejoignant son affectation sur un cargo en pontée en même que le Padaran qui lui est déployé à Saïgon puis à Cam-Ranh.

-Le Varella est mis sur cale aux chantiers de la Societé Provencale de Construction Navale (SPCN) le 7 octobre 1940 lancé le 4 mai 1941 et mis en service le 21 septembre 1941. Il rejoint lui aussi Saïgon sur le cargo en pontée.

Caractéristiques des remorqueurs «français» de 600cv

Déplacement : standard 383,20 t

Dimensions : longueur hors tout : 32,30 longueur entre perpendiculaires 29,50m largeur :8,068m  Tirant d’eau : 3,58m  Creux : 3,75 m

Propulsion : une machine alternative à triple expansion SPCN alimentée par une chaudière Prudhon Capus développant 600 CV et entrainant une hélice.

Vitesse maximale : 10 noeuds Autonomie : 900 miles à 10 noeuds

Equipements : – 2 mâts – H : 14,00 AV -11,00 AR – écartement : 10,00 m – 1 corne de charge de 3 t – 2 ancres Marell de 450 kg – 1 ancre à jas de 175 kg – 2 youyous de 5 m  – 1 drague
type DC –  1 pompe d’épuisement de 200 t/h – 1 pompe incendie de 20 t/h. et 1 de 400 t/h

Equipage : 14 hommes