Le Conflit (16) Norvège (16)

Les Etats-Unis déjà très engagés dans le Pacifique vont néanmoins déployer des moyens limités en Mer du Nord et en Méditerranée. On trouve des cuirassés, des porte-avions, des croiseurs et des destroyers. Les unités sont généralement anciennes ce qui fait dire aux britanniques et en français que c’était plus politique et diplomatique que réellement militaire.

Le USS Pennsylvania (BB-38)

Trois cuirassés vont opérer en Mer du Nord, des trois «vieux cuirassés», les USS Pennsylvania (BB-38), Arizona (BB-39) et New Mexico (BB-40).

Deux d’entre-eux vont par exemple participer à l’opération BOREALIS, le New Mexico succombant une semaine plus tard le 18 octobre 1953 à une attaquée menée par l’aviation allemande.

Le BB-40 est sérieusement endommagé par deux torpilles, pris en remorque par le USS Wichita (BB-45) mais une alerte sous-marine entraine la rupture de la remorque. Un U-Boot le U-324 achève le cuirassé d’une torpille provoquant la mort de 245 marins. 175 ont été blessés dont 38 décéderont des suites de leurs blessures.

Le BB-39 lui survit au conflit, étant désarmé dans l’immédiat après guerre tout comme le BB-38. Si le premier est démoli, le second à été préservé comme musée à flot à Philadelphie.

En ce qui concerne les porte-avions ces derniers vont d’abord être engagés dans des escortes de convois à travers de l’Atlantique. Ce n’est qu’ultérieurement qu’ils vont opérer en mer du Nord notamment pour l’opération BOREALIS en ce qui concerne les USS Cowpens (CV-31) et Block Island (CV-34). Le USS Breton (CV-36) lui manque le débarquement allié en Norvège.

Des croiseurs lourds et des croiseurs légers sont également engagés dans l’Atlantique et en Mer du Nord.

Le USS Portland (CA-33)

Le USS Portland (CA-33) est déployé dans l’Atlantique de septembre 1948 à mars 1950 pour mener des patrouilles de Neutralité. Une fois Washington entré officiellement en guerre, le croiseur lourd va escorter plusieurs convois transatlantiques avant de rallier la mer du Nord pour différentes opérations. Il ne participe cependant ni à la Bataille du Cap du Nord ni à l’opération BOREALIS, la première parce qu’il était immobilisé pour réparations et la seconde parce qu’il avait quitté la zone pour rallier le Pacifique.

Le USS Minneapolis (CA-36) opère dans l’Atlantique puis en mer du Nord, participant à l’opération BOREALIS couvrant la mise à terre des troupes mais aussi leur appui-feu ainsi que la protection de la zone contre l’intervention de l’aviation allemande qui bien que très affaiblie pouvait infliger de solides coups de griffe. Il va rester déployé en Europe jusqu’à la fin du conflit et arrivera trop tard pour opérer dans le Pacifique.

Début 1953 un croiseur moderne de type Baltimore arrive en mer du Nord en l’occurrence le USS Toledo (CA-78) qui va ainsi participer à des escortes de convois et à l’opération BOREALIS.

Le croiseur léger USS Brooklyn (CL-40) déployé sur la côte est mène d’abord des patrouilles de neutralité puis des escortes de convois pour contrer les raiders allemands.

En septembre 1952, il rallie Scapa Flow pour escorter les convois à destination de l’URSS mais aussi se préparer à des opérations plus offensives. Il va ainsi participer à l’opération BOREALIS et rester en Europe jusqu’à la fin du conflit, ne participant donc pas aux combats dans le Pacifique.

Son sister-ship le USS Philadelphia (CL-41) opère lui aussi sur la côte est d’abord en menant des patrouilles de neutralité puis en escortant des convois à destination de la Grande-Bretagne et du continent, Brest, Saint-Nazaire et le Verdon devenant des escales courantes pour le croiseur américain.

A partir de mars 1952 il rallie la mer du Nord et va ainsi participer à la Bataille du Cap Nord même si il n’y joue qu’un rôle secondaire. Il manque également les premiers combats de l’opération BOREALIS en raison d’une avarie. Ses canons de 6 pouces se montrent cependant d’un précieux secours pour appuyer les troupes au sol en Norvège mais aussi au Danemark.

En juillet 1954 il rallie les Etats-Unis en vue de travaux pour un engagement dans le Pacifique mais le conflit se termine avant que le redéploiement ait pu être effectif. Il sera d’ailleurs désarmé en 1955 mais connaitra une seconde carrière sous pavillon brésilien mais ceci est une autre histoire.

Le USS Pasadena (CL-101) était un croiseur léger antiaérien de classe Atlanta qui passa toute la guerre dans l’Atlantique et en mer du Nord.

Après des patrouilles de neutralité et des escortes de convois, le croiseur léger à canon de 127mm est envoyé en mer du Nord pour protéger des convois, appuyer des raids commandos et à terme aider à reconquérir la Norvège. Il rentre aux Etats-Unis en participant au volet européen de l’opération MAGIC CARPET.

Le USS Denver (CL-58)

Le USS Denver (CL-58), un croiseur léger de classe Cleveland va opérer dans l’Atlantique et en mer du Nord de septembre 1950 à décembre 1953. Si il manque la bataille du cap Nord, il participe à l’opération BOREALIS.

Son sister-ship le USS Flint (CL-64) effectue des patrouilles de neutralité et des escortes de convois avant de basculer en mer du Nord. Entre-temps il à été endommagé par une torpille d’un U-Boot en mer d’Iroise le 2 septembre 1952 ce qui va imposer un mois de réparations à Brest du 5 septembre au 18 octobre 1952.

Une fois à nouveau opérationnel le croiseur léger rallie la mer du Nord pour des patrouilles, des escortes de convois à destination de l’URSS, l’appui aux opérations commandos et bien entendu l’opération BOREALIS au cours de laquelle il assure la protection des transports et l’appui-feu au profit des troupes au sol. La guerre en Europe, il rentre aux Etats-Unis pour un carénage (juin 1954 à mars 1955).

Le USS Raleigh (CL-113) participe de septembre 1948 à mars 1950 aux Neutrality Patrol pour empêcher le conflit européen de déborder dans le Nouveau Monde. Une fois les Etats-Unis en guerre, le croiseur léger va mener des missions d’escorte à travers de l’Atlantique mais aussi des patrouilles contre les raiders et autres forceurs de blocus.

En mars 1952 il rallie Scapa Flow et les United States Naval Forces in Europe (USNAFE) (future 4ème flotte), participant le 17 juin 1952 à la Bataille du Cap Nord au cours de laquelle il est sérieusement endommagé puisque les réparations vont l’éloigner du champ de bataille jusqu’en mars 1953.

Il participe à l’opération BOREALIS au cours de laquelle il est légèrement endommagé par une batterie côtière mais les dégâts ne nécessite pas un passage prolongé par la case chantier.

Il est déployé en Baltique d’avril 1954 à mars 1955 avant de rentrer aux Etats-Unis pour entretien puis retours à une activité habituelle du temps de paix (il sera en grand carénage/refonte entre avril 1955 et février 1956, il est désarmé le 17 septembre 1968 et démoli).

Des destroyers américains sont également engagés comme le USS Farragut (DD-348) qui participe à l’opération BOREALIS tout comme le USS Worden (DD-352) qui connaissait bien les eaux norvégiennes pour avoir couvert plusieurs raids commandos qu’ils aient été menés par les Rangers, les Royal Marines Scout ou encore les fusiliers-marins commandos.

En revanche le USS Dale (DD-353) ne participe pas à BOREALIS, indisponible en raison d’une avarie de chaudière.

Même chose pour le USS Monaghan (DD-354) mais la raison est nettement plus dramatique puisqu’il est coulé le 4 septembre 1953. Alors qu’il venait de mener un raid antisurface au large des Lofoten il est tombé dans une embuscade de S-Boot. Sérieusement endommagé par deux torpilles mais encore miraculeusement à flot, il finit par couler après avoir été pris en remorque par un destroyer britannique.

Le USS Aylwin (DD-355) participe à des escortes de convois, à des opérations commandos et à l’opération BOREALIS.

USS Reid (DD-369)

Le USS Reid (DD-369) est redéployé en Europe en septembre 1953. Il participe à l’opération BOREALIS, une participation qui lui est fatale puisqu’il est coulé le 11 octobre 1953 en heurtant une mine magnétique au large de Bergen. Coupé en deux il coule rapidement ne laissant que fort peu de survivants.

Le USS Cassin (DD-372) est déployé dans l’Atlantique puis en mer du Nord mais manque l’opération BOREALIS après avoir été endommagé par une mine.

Le USS Preston (DD-379) arrive en mer du Nord en septembre 1952. Il participe à des patrouilles, des escortes de convois et le soutien à des raids commandos. Il participe à l’opération BOREALIS puis aux opérations qui suivent il est sérieusement endommagé par une mine le 27 février 1954. Les dégâts, l’usure et l’ancienneté du navire entraine son désarmement prématuré puis sa démolition.

Le USS Fanning (DD-385) effectue de nombreuses missions de patrouille et d’escorte avant de participer à l’opération BOREALIS couvrant les transports puis appuyant les troupes au sol en faisant taire les positions allemandes qui donnaient du fil à retordre aux fantassins alliés. Même chose pour le USS Gridley (DD-380).

Le USS Maury (DD-401) est d’abord déployé dans l’Atlantique pour des patrouilles de neutralité en attendant des escortes de convois. Le destroyer rallie ensuite la Mer du Nord pour des patrouilles, d’autres missions d’escorte en attendant l’opération BOREALIS au cours de laquelle il est légèrement endommagé par une batterie côtière récalcitrante.

Le USS Helm (DD-388) est déployé comme les autres unités de la classe Bagley dans l’Atlantique pour des patrouilles et des missions d’escorte. Il participe lui aussi à l’opération BOREALIS en couvrant notamment le déminage des approches de Trondheim.

Le USS Ralph Talbot (DD-390) est déployé dans l’Atlantique de septembre 1948 à septembre 1951 avant de rallier la Mer du Nord pour différentes opérations. Endommagé lors d’un affrontement avec des S-Boot le 4 mars 1953 le destroyer est réparé et remis en service pour participer à l’opération BOREALIS.

Si le USS Henley (DD-391) n’est déployé que dans l’Atlantique, son sister-ship le USS Patterson (DD-392) est engagé dans l’Atlantique et en mer du Nord mais manque l’opération BOREALIS.

Le USS Jarvis (DD-393) et le USS Rhino (DD-404) participent eux à l’opération BOREALIS en escortant les transports, en appuyant les troupes au sol…… .

Le USS Stack (DD-406) est déployé dans l’Atlantique puis en Méditerranée jusqu’en janvier 1953. Il rallie ensuite la mer du Nord pour participer à différentes opérations dont la plus célèbre est l’opération BOREALIS. En revanche le USS Sterett (DD-407) si il est bien déployé en mer du Nord ne participe pas à BOREALIS mais est engagé dans les combats suivent la phase de stabilisation.

Le USS Wilson (DD-408)

Le USS Wilson (DD-408) est déployé en Méditerranée de mars 1952 à septembre 1953 avant de subir un grand carénage puis de rallier la mer du Nord où le destroyer va opérer de janvier à septembre 1954. Il est désarmé à son retour aux Etats-Unis, désarmé puis ultérieurement démoli.

Le USS Kendrick (DD-453) opère dans l’Atlantique puis dans les Caraïbes à partir de mars 1952 pour sécuriser cette zone vitale. Il rallie la mer du Nord en décembre 1953 et va y opérer jusqu’à la fin du conflit.

Après la défaite les gouvernements danois et norvégiens décident de continuer la lutte depuis la Grande-Bretagne. Des marines en exil sont créées avec les navires ayant survécu à la Campagne de Norvège aux côtés de navires cédés par les alliés pour renforcer ou renouveler les moyens existants.

Commençons d’abord par la Norvège qui créé une Norwegian Task Force [Royal Navy] ce qui montre que la marine norvégienne en exil est une marie semi-autonome totalement dépendante de la Grande-Bretagne.

Le navire-amiral est le croiseur léger de classe Oslo, le Bergen qui va participer à des patrouilles, des raids de surface, l’appui aux opérations commandos en attendant l’opération BOREALIS.

Le 4 décembre 1953 il est cité à l’ordre du jour de la 27ème DIAlp (27ème Division Alpine) pour l’efficacité de son tir d’appui qui est parvenu à briser une contre-attaque allemande visant les hommes à la tarte.

Son sister-ship le Narvik aura moins de chance car il à été torpillé par le U-325 le 19 mars 1952. La situation est identique pour le Trondheim qui saute sur une mine au large de Tromso le 4 septembre 1953.

Pour relayer l’action des puis du croiseur léger la marine norvégienne libre possédait des destroyers comme les quatre unités survivantes de la classe Sleipner.

L’Aeger survit six mois à la Campagne de Norvège car il est coulé par un Junkers Ju-188 le 4 mars 1949 alors qu’il escortait la Home Fleet lors d’une sortie.

L’Odin est lui torpillé par un sous-marin allemand le 8 octobre 1950 alors qu’il escortait un convoi à destination de l’URSS, le responsable étant le U-152. Le Balder est coulé par une batterie côtière le 11 octobre 1953 lors de l’opération BOREALIS. Seul le Tor survit au conflit, étant désarmé et démoli en 1959.

En ce qui concerne les unités de classe Fridjof Nansen, deux d’entre-elles sont coulées et deux survivent au second conflit mondial.

Le Fridjof Nansen est coulé par des chasseurs-bombardiers allemands au large de Bergen le 22 juillet 1952 alors que le Roald Admunsen est torpillé par le U-211 le 14 mars 1953. Leurs sister-ship Otto Sverdrup et Thor Heyrerdahl survivent au conflit, étant désarmés en mai 1955 en raison d’une usure prononcée.

La marine norvégienne disposait également de dragueurs de mines. Certains survivent au conflit (Rauma Julussa Latselvia) et d’autres sont perdus au cours de la seconde guerre mondiale.

Si l’Otra coulé durant la campagne de Norvège le 7 septembre 1948 par une mine, deux autres sont perdus durant la période post-campagne de Norvège que ce soit l’Abjora victime d’un destroyer attaquant un convoi à destination de l’URSS (14 septembre 1951) ou le Sana victime d’une mine le 7 mars 1952.

Après l’occupation du territoire la marine danoise évacue un croiseur léger de classe Tordenskjold, deux destroyers de classe Island, deux sous-marins, deux torpilleurs, des patrouilleurs, des navires légers sans compter comme on le verra des navires cédés par les alliés.

Le croiseur léger HDMS Herluff Trolle à survécu aux combats de l’automne 1948. Réfugié en Grande-Bretagne, il devient le navire-amiral officieux du Danish Naval Group (DNG). Il va survivre au conflit même si il à été endommagé à plusieurs reprises.

Il à été endommagé la première fois le 4 septembre 1951 lors d’une collision avec un cargo britannique ce qui nécessite six semaines de réparations. Il est à nouveau endommagé le 14 juillet 1952 quand il encaisse une torpille d’un S-Boote au large de Bergen. Cette fois il doit passer trois mois en réparations. Il termine la guerre ne participant pas au volet danois de l’opération BOREALIS. Il sera finalement désarmé en juin 1969 et démoli trois ans plus tard.

Les destroyers HDMS Zealand et Bornholm survivent eux aussi au second conflit mondial, participant également à l’opération BOREALIS. Ils sont endommagés à plusieurs reprises mais jamais sérieusement. Ils sont modernisés après guerre puis finalement désarmés en 1964 et 1966. si le premier est démoli le second est préservé comme musée à flot puis à sec.

Etats Unis (97) OdB et Programme de guerre (7)

Programme de guerre

Avant-propos

Durant la période de la Pax Armada, les américains continuent de moderniser leur flotte de guerre tout comme leur ennemi japonais. Les navires les plus anciens sont soit remplacés par des unités plus modernes ou profondément modernisés notamment quand leur construction prend beaucoup de temps comme pour les cuirassés.

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Etats Unis (91) OdB et Programme de guerre (1)

ORDRE DE BATAILLE ET PROGRAMME DE GUERRE

Ordre de bataille

Avant-propos

L’organisation de l’US Navy quand la guerre embrase l’Europe est classique avec trois flottes, une dans l’Atlantique, une seconde dans le Pacifique et une troisième pour couvrir l’Asie même si en pratique l’Asiatic Fleet s’occupe surtout de défendre les Philippines.

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Etats-Unis (16) cuirassés et croiseurs de bataille (2)

Cuirassés classe Pennsylvania

Rassurés par l’effet de souffle d’une tourelle double sur une tourelle triple, les américains passent la vitesse supérieure en équipant leurs cuirassés de quatre tourelles triples de 14 pouces soit douze canons de 356mm.

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Etats-Unis (15) Cuirassés et croiseurs de bataille (1)

CUIRASSES ET CROISEURS DE BATAILLE

Avant-propos

Sans la fougue de l’amiral Fisher, le cuirassé à artillerie monocalibre, le all big gun battleship aurait hérité du nom de Michigan, le Michigan (BB-27) et le South Carolina (BB-26) étant mis sur cale avant le HMS Dreadnought mais mis en service ultérieurement.

USS Michigan 4

Le USS Michigan (BB-27)

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Etats-Unis (6) US Navy (2)

La première guerre mondiale et la course aux armements avec le Japon

L’US Navy poursuit sa croissance avec la construction de cuirassés et de croiseurs, l’amélioration des infrastructures même si le successeur de Théodore Roosevelt, William Taft est moins attiré par la marine que le chef des Rough Rider chargeant sur la colline de San Juan.

Quand la première guerre mondiale éclate en Europe (août 1914), le corps de bataille de l’US Navy affiche le visage suivant :

Le cuirassé USS Kentucky (BB-6)

-Vingt-trois cuirassés type pré-dreadnought (BB-1 Indiana BB-2 Massachusetts BB-3 Oregon BB-4 Iowa BB-5 Kearsarge BB-6 Kentucky BB-7 Illinois BB-8 Alabama BB-9 Wisconsin BB-10 Maine BB-11 Missouri BB-12 Ohio BB-13 Virginia BB-14 Nebraska BB-15 Georgia BB-16 New Jersey BB-17 Rhode Island BB-18 Connecticut BB-19 Lousiana BB-20 Vermont BB-21 Kansas BB-22 Minnesota BB-25 New Hampshire)

USS Michigan (BB-27)

-Dix cuirassés type dreadnought et superdreadnought (BB-26 South Carolina BB-27 Michigan BB-28 Delaware BB-29 North Dakota BB-30 Florida BB-31 Utah BB-32 Wyoming BB-33 Arkansas BB-34 New-York BB-35 Texas), les deux derniers étant les premiers superdreadnought américains.

Le USS New York (BB-34)

-Quatre cuirassés type superdreadnought en construction en août 1914 en l’occurence les BB-36 Nevada BB-37 Oklahoma BB-38 Pennsylvania BB-39 Arizona, les deux premiers marquant l’introduction de la tourelle triple et la protection tout ou rien (all or nothing) privilégiant les zones sensibles plutôt qu’une protection homogène.

Comme les autres marines, l’US Navy dévellope la construction de destroyers qui prennent peu à peu du poids et intègrent également des sous-marins dont l’efficacité éclate aux yeux de tous dès le début du conflit avec les succès des U-Boot qui dès le mois d’août 1914 coulent trois croiseurs cuirassés de la Royal Navy.

Les cuirassés de classe New Mexico rassemblés

La construction des cuirassés se poursuit avec la commande des New Mexico (BB-40 New Mexico BB-41 Mississippi et BB-42 Idaho, ce dernier étant financé par la vente des deux derniers pré-dreadnought américains à la Grèce, les Mississippi et Idaho) ainsi que des Tennessee, version améliorée des précédents, les deux navires commandés étant baptisés BB-43 Tennessee et BB-44 California.

Le budget de 1916 finance la construction de quatre cuirassés issus des Tennessee mais qui abandonne le 356mm pour le nouveau calibre standard des cuirassés américains, le 16 pouces ou en bonnes mesures le 406mm. Ces navires sont les BB-45 Colorado BB-46 Maryland BB-47 Washington et BB-48 West Virginia.

Alors qu’ils sont encore neutres, les Etats-Unis s’inquiètent des ambitions japonaises. Le Japon est entré en guerre dès 1914, s’emparant notamment des colonies allemandes en Asie. Le pays participe ensuite à la guerre en Europe, envoyant des torpilleurs escorter la navigation alliée en Méditerranée et construisant notamment douze torpilleurs type Kaba pour la marine française.

La Nihon Kaïgun possède de grosses ambitions notamment en matière de cuirassés. Se sachant condamnée à une guerre courte en raison de l’absence de ressources sur le sol métropolitain, le Japon encore imprégné de l’idéal du bushido envisage une bataille décisive, une Entscheidungsschlacht censée décider du conflit alors que l’expérience des conflits précédents avaient montré que les armées modernes ont une formidable résilience.

Ne pouvant jouer sur la quantité faute d’une industrie plus ou au moins aussi puissante que l’industrie américaine, les japonais jouent sur la qualité, essayant de construire des navires qui unitairement surpassent tous les navires américains.

Après une formidable croissance sous Roosevelt, le corps de bataille de l’US Navy avait stagné, le rythme de deux cuirassés par an peinant à suivre le rythme imposé par la Grande-Bretagne et l’Allemagne qui construisaient trois à quatre navires par an. Pire pour l’orgueil américain, la France et son programme de 1912 menaçait de déclasser l’US Navy puisqu’il prévoyait la construction de 2,4 navires par an.

Il fallait réagir mais il fallut attendre la révélation du programme japonais pour que l’US Navy se retrousse les manches et lance une nouvelle course aux armements navals qui comme un symbole délaissait l’Europe pour le Nouveau Monde et l’Orient mystérieux.

Le 21 juillet 1915, le président Wilson demande à Josephus Daniels, le Secrétaire à la Marine un programme naval. Celui qui à interdit l’alcool à bord des navires de l’US Navy _interdiction toujours en vigueur en 2017_ rend une première copie à la fin du mois d’août demandant huit cuirassés, cinq croiseurs, soixante-cinq destroyers et sous-marins.

Ce programme est doublé en octobre avec seize navires de ligne (dix cuirassés et six croiseurs de bataille) accompagnés par 140 autres navires (croiseurs, destroyers, sous-marins et auxiliaires).

Le programme est voté le 16 août 1916 et valide par le président le 29 août, donnant donc seize navires de ligne, dix croiseurs, cinquante destroyers, soixante-sept sous-marins et treize auxiliaires. Une force aéronavale est créée en août 1916 sous le nom de Naval Flying Corps.

Schéma de la classe South Dakota abandonnée au moment du traité de Washington

Les cuirassés concernés par ce programme sont les quatre Colorado, six South Dakota _version améliorée des précédents avec douze canons de 406mm au lieu de huit_ et six croiseurs de bataille classe Lexington, les premiers battle cruiser de l’US Navy.

A ce programme répond un programme japonais décidé en juillet 1917, programme dit «8+8» puisqu’il décide la construction de huit croiseurs de bataille et de huit cuirassés.

Nous verrons plus tard le sort de ces puissants et magnifiques navires qui auraient donné une place de premier plan aux marines américaines et japonaises, réduisant les autres marines à l’impuissance.

Le premier conflit mondial de la marine américaine ne se résume pas à la constitution d’un corps de bataille de premier plan.

Ce sont aussi d’ingrates missions d’escorte pour protéger l’envoi en Europe des sammies, escorte qui doivent faire face aux sous-marins ainsi qu’aux corsaires de surface rendus célèbre par l’épopée aux antipodes du croiseur SMS Emden.

La gestion des transports et leur protection est assurée par la Cruiser & Transport Force. Placée sous le commandement du contre-amiral Gleaves qui pose sa marque sur le croiseur cuirassé USS Seattle (ACR-11), cette puissante escadre rassemble vingt-quatre croiseurs américains et les six croiseurs cuirassés français de la Division de l’Atlantique du contre-amiral Grout (Montcalm Dupetit-Thouars Desaix Gloire Conde La Marseillaise), quarante-cinq transports américains dont 15 ex-allemands, six italiens, quatre britanniques, trois français et un brésilien. Aucun soldat ne sera perdu durant la traversée en direction de l’Europe.

Outre la protection directe des convois, l’US Navy envoie sous-marins et destroyers pour traquer les sous-marins allemands qui opèrent au large des côtes européennes et pas vraiment en plein océan en raison d’une endurance limitée.

Les trois bases majeures sont Queenstown (auj. Cobh dans le comté de Cork), Brest et Gibraltar, les autres ports accueillant yacht et autres canonnières anti-sous-marines.

La mobilisation des Etats-Unis mais également industrielle, un programme de guerre permet à l’US Navy de disposer de 316 destroyers en 1922. Connus sous le nom de «flush-decker» (pont-ras), ces navires ne participent qu’à la fin des opérations en Europe. Beaucoup sont mis en réserve dès leur achèvement formant la Moothballing Fleet (Flotte Naphtaline) et certains vont être cédés aux garde-côtes pour lutter contre le trafic d’alcool après la mise en place de la prohibition.

Comme nous l’avons vu les américains déploient une division de cuirassés, la 9th Battleship Division au sein de la Home Fleet mais faute de sortie de la Hochseeflot, les cuirassés américains n’auront pas l’occasion de participer à une bataille navale.

Ils assurent la couverture de convois en mer du Nord et couvrent la mise en place du barrage de la mer du Nord destiné à empêcher le passage des sous-marins allemands dans l’Atlantique en contournant les îles britanniques, le passage par La Manche étant déjà bloqué par des champs de mines au niveau du détroit du pas de Calais.

Quand le premier conflit mondial se termine, l’US Navy déplore la mort de 431 hommes tandis que 819 ont été blessés. Les Marines engagés sur le front français ont connu des pertes nettement plus importantes avec 2461 tués et 9510 blessés, pertes liées aux combats terrestres.

Comme les autres puissances occidentales, les Etats-Unis participent au soutien des Armées Blanches dans la guerre civile russe, des soldats et des Marines étant présents en Mandchourie et dans la région de Vladivostok de juin 1918 à janvier 1920, d’autres soldats américains étant présents à Arkhangelsk de septembre 1918 à juin 1919, 5000 hommes tentant de soutenir la rébellion aristocratique contre le nouveau régime issu de la Révolution d’Octobre avec le succès que l’on sait puisque Lénine et ses séides finissent par triompher en juin 1923.

Le Traité de Washington et les autres traités de limitation navale

Comme nous l’avons vu, les lendemains du premier conflit mondial ne sont pas des lendemains qui chantent. La reconversion des industries de guerre et le retour sur le marché du travail des anciens combattants entraînent une crise économique qui se doublent dans certains pas d’affrontements idéologiques, des mouvements communistes rêvant d’imiter la Russie bolchévique.

Dans ce contexte économique, les dépenses somptuaires engagées dans les programmes navals américains, japonais et dans une moindre mesure britanniques et français.

Les opinions publiques réclament une baisse des dépenses militaires, exigence liée à la fois au contexte économique difficile mais également au profond pacifisme, conséquence de cette boucherie insensée qui envoya ad patres 9.5 millions d’hommes sans compter les blessés.

Une conférence se réunie en novembre 1921 à Washington. Des négociations serrées ont lieu entre la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, le Japon, la France et l’Italie. Londres sacrifie son alliance avec le Japon _moins nécessaire par l’élimination de la menace allemande sans oublier sa volonté de limiter la puissance d’une France victorieuse (comme dira Paul Cambon «Le problème des anglais c’est qu’ils ne savent pas que Napoléon est mort»)_ pour une solidarité anglo-saxonne.

Résultat, l’US Navy et la Royal Navy obtiennent une primauté sur le Japon, l’Italie se retrouvant sur un pied d’égalité avec la France.

Si Paris et Rome ne se plaignent guère ayant parfaitement compris leur déclassement à l’issu du premier conflit mondial, Tokyo s’estime floué même si le terrible tremblement de terre de Tokyo de septembre 1923 l’oblige à réduire la voilure en termes de dépenses militaires.

Ce traité de Washington signé le 6 février 1922 impose un contingent de construction navales par pays ainsi que des limites unitaires, les porte-avions ne pouvant faire plus de 27000 tonnes (même si chaque pays peut disposer de deux porte-avions de 33000 tonnes) avec un armement limité à des canons de 203mm alors que les cuirassés déplacent entre 10 et 35000 tonnes avec une artillerie d’un calibre maximal de 406mm. Sauf exception, la construction de cuirassés est proscrite jusqu’en 1931, c’est la battleship holiday.

Cela oblige l’US Navy à désarmer certains cuirassés de manière anticipée (comme ses premiers dreadnoughts de classe Michigan qui n’auraient probablement pas connu une longue carrière après guerre), de stopper l’achèvement du USS Washington et d’abandonner sur cale la construction des six South Dakota et de quatre des six Lexington, les Lexington et Saratoga étant achevés comme porte-avions. Le traité de Washington est ratifié aux Etats-Unis le 14 août 1923

Le traité de Washington de février 1922 ne sera pas le seul traité de limitations des armements navals, la période séparant la fin du premier conflit mondial de la guerre de Pologne étant marquée par une volonté de réduire les dépenses militaires, de réduire la puissance des armées, réduction considéré comme nécessaire pour maintenir la paix et éviter un nouveau conflit mondial. Dans ce contexte de profond pacifisme, l’heure n’est de toute façon guère aux investissements militaires.

Une réunion américano-britannico-japonaise échoue à Genève en juillet 1927, les frères siamois anglo-saxons n’arrivant pas à s’entendre sur les croiseurs, la Royal Navy demandant beaucoup de navires pour patrouiller sur d’interminables routes commerciales alors que l’US Navy à besoin de navires plus puissants pour la future bataille décisive contre la marine japonaise, bataille censée décider du conflit.

Une nouvelle conférence se réunit le 21 janvier 1930 à Londres avec les cinq participants de la conférence de Washington (Etats-Unis, Grande-Bretagne, Japon,France et Italie) qui aboutit à un traité signé le 22 avril 1930. Les britanniques échouent à obtenir l’abolition du sous-marin.

Le remplacement des navires de ligne est repoussé à 1936 (quand expirera le traité de Washington si un pays décide de le dénoncer deux ans avant soit 1934), l’US Navy devant déclasse les Florida Utah Arkansas et Wyoming.

L’artillerie des porte-avions est limitée à 155mm pour mettre fin aux projets des croiseurs et cuirassés porte-avions (on à longtemps cru que les Nelson britanniques étaient des cuirassés porte-avions), les sous-marins ne peuvent déplacer pas plus de 2000 tonnes avec un canon de 130mm mais chaque pays peut conserver des navires plus gros (maximum 2800 tonnes) en l’occurence trois, l’US Navy conservant les Narwhal Nautilus et Argonaut, la marine américaine devant désarmer 16000 tonnes de submersibles.

La catégorie croiseur est précisée, étant croiseur un navire de 1850 à 10000 tonnes avec une artillerie de 130 à 203mm, l’US Navy pouvant disposer de 323500 tonnes (180000 tonnes armés de canons de plus de 155mm, 143500 tonnes de canons d’un calibre inférieur) de croiseurs et 150000 tonnes de destroyers.

L’impossibilité de construire des cuirassés avait entrainé une course au croiseur lourd, un navire de 10000 tonnes, peu ou pas protégé avec une artillerie composée de six à dix canons de 8 pouces ou en vraies mesures 203mm.

Le traité de Washington expirait le 31 décembre 1936 à condition que deux ans auparavant au moins un pays signataire ne le dénonce ce qui est chose faite fin 1934 par le Japon et par la France.

Une nouvelle conférence se réunit à Londres à partir du 9 décembre 1935, aboutissant à la signature du second traité de Londres le 25 mars 1936, traité que ne signe pas le Japon, l’Italie ne le signant que le 16 novembre 1938.

Ce traité limite les caractéristiques des cuirassés à 35000 tonnes avec des canons de 356mm, les porte-avions à 23000 tonnes et des canons de 155mm et les sous-marins à 2000 tonnes avec des canons de 130mm.

Ce traité qui doit rester en vigueur jusqu’au 31 décembre 1942 est muni d’une clause de sauvegarde signée par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France qui permet la construction de cuirassés de 45000 tonnes avec une artillerie de 16 pouces (406mm). Cette clause est activée dès le 30 juin 1938. Dénoncé le 15 décembre 1940 par la Grande-Bretagne et la France, le Second Traité de Londres expire comme prévu le 31 décembre 1942.

Aucun traité de limitation des armements navals ne sera signé, les différents pays préférant reprendre leur liberté face au conflit qui s’annonce. Les seules limites seront donc techniques et financières.