Mitteleuropa Balkans (48) Bulgarie (12)

Patrouilleurs-dragueurs

Chasseurs de sous-marins classe Belomorets

Suite au traité de Neuilly-sur-Seine, la marine bulgare fût obligée de réduire ses moyens et passa d’une petite marine de combat à une simple force de garde-côtes avec des patrouilleurs puisque ne l’oublions pas que les torpilleurs de classe Druzki furent privés de leurs tubes lance-torpilles ne les retrouvant qu’à la fin des années trente.

Un chasseur de sous-marins

En 1921 la marine bulgare achera à la marine française deux chasseurs de sous-marins construits en 1917 aux Etats-Unis. Ces navires furent baptisés Belomorets et Chernomorets.

Il s’agissait de navires de 77 tonnes (87 à pleine charge) disposant d’un armement composé d’un canon de 75mm et d’un canon de 47mm auxquels on pouvait associer deux mitrailleuses de 7.92mm.

Ces navires étaient toujours en service en septembre 1939 mais en septembre 1948 ils n’étaient plus que des auxiliaires portuaires, étant trop usés pour rendre un quelconque service même comme patrouilleur côtier. Ils sont désarmés peu avant le second conflit mondial (dates exactes inconnues) et ont été visiblement démolis même si aucune preuve certaine n’à été retrouvée dans les archives bulgares.

Patrouilleurs-dragueurs type PD-1

Bien que le renouvellement et le renforcement des capacités de combat soit primordiale, la marine bulgare n’oublie pas la nécessité de sécuriser ses eaux et de protéger l’accès immédiat à ses ports contre des menaces du type navire léger de combat, mine ou même sous-marin (même si les submersibles censés infester les eaux côtières furent finalement des prédateurs d’eau profonde).

Pour cela elle décide de construire une classe de douze patrouilleurs-dragueurs, des navires simple à construire pouvant comme leur nom l’indique patrouiller les eaux littorales et les débarasser de mines ennemies mouillées par sous-marin, navire de surface ou avion.

Ces navires ne reçoivent pas de noms mais les lettres PD (PD = patruli draga patrouilleur-dragueur) suivit d’un chiffre ou d’un nom de 1 à 12.

Ces navires vont être construits essentiellement en bois avec de l’acier dans des endroits sensibles (salle des machines, soutes à munitions) avec des superstructures construites en alliage léger.

La propulsion s’effectue par des moteurs diesels moins gourmands que des turbines à engrenages alimentées par des chaudières à vapeur. L’armement se compose d’un canon de 76.2mm sous bouclier à l’avant, d’une DCA légère et de grenades ASM qui pouvaient être remplacées par un système de dragage de mines.

Les deux premiers de ces patrouilleurs-dragueurs sont mis en service en juin 1943 suivis de deux autres en septembre 1943 et des patrouilleurs-dragueurs n°5 et 6 en décembre 1943. Les six autres sont mis en service deux par deux en juin 1944, mars 1945 et janvier 1946.

Ils forment deux flottilles de six navires qui vont en temps de paix participer à des missions classique de police de mer et en temps à des missions de sécurisation des eaux littorales, d’escorte de convois et de dragage de mines.

Cette flotte subit de lourdes pertes puisqu’en janvier 1954 il ne reste plus que deux navires (PD-2 et 7) en service, les dix autres ayant été coulé par mine (deux les PD-1 et 4), par l’aviation (quatre PD-3, 5,9 et 11), par incendie d’origine accidentelle (un PD-8) et par des navires de surface ennemis (trois PD-6, 10 et 12). Les deux derniers ne savourent pas longtemps leur statut de miraculé puisqu’ils sont sabordés à Varna avec les restes de la marine bulgare le 25 janvier 1954.

Caracteristiques Techniques

Déplacement : standard 595 tonnes pleine charge 850 tonnes

Dimensions : longueur hors tout 47.20m largeur 8.40m tirant d’eau en charge 4.92m

Motorisation : deux moteurs diesels dévellopant 1000ch et entrainant une hélice

Vitesse maximale 13.5 noeuds

Armement : un canon de 76.2mm sous bouclier à l’avant avec 64 coups, quatre canons de 37mm en deux affûts doubles, quatre canons de 20mm en affûts simples, quatre mitrailleuses de 7.92mm et seize grenades ASM ou un équipement de dragage mécanique.

Equipage : 45 officiers et marins

Pétrolier-caboteur

Pour assurer son ravitallement en mazout, la marine bulgare en particulier et la Bulgarie en général entreprant à partir de 1944 la constitution de stocks stratégiques destinés à assurer son autosuffisance en cas de guerre, période où naturellement le réapprovisionnement était difficile surtout pour l’Axe.

Pour cela elle compte d’abord sur une marine marchande importante et sur l’affrétement de pétroliers étrangers qui livrent à Varna et à Burgas du pétrole venant aussi bien du Caucase que du Moyen-Orient ou du Venezuela voir du Texas.

Pour permettre le ravitaillement sur rade de ses navires, la marine bulgare passe commande en 1944 de deux petits pétroliers des navires qualifiés de «pétrolier-caboteur» car ne naviguant que rarement en haute-mer (mais sans pour autant en être incapable).

Ces navires sont baptisés Burgas et Varna, le premier étant mis en service en octobre 1946 et le second en mai 1947.

Durant le court moment les séparant de la seconde guerre mondiale, ces deux petits pétroliers vont servir à ravitailler sur rade les navires militaires bulgares mais aussi effectuer quelques transports pétroliers entre le port soviétique de Batoumi et Burgas toujours dans l’optique d’accumuler des stocks de pétrole.

Une fois le second conflit mondial débuté, les deux navires sont alterner entre ravitaillement sur rade (à notre connaissance la marine bulgare n’à jamais expérimenté le ravitaillement à la mer) et transport de pétrole qu’il soit brut ou déjà transformé.

Suite au déclenchement de l’opération BARBAROSSA, les deux pétroliers deviennent exclusivement des ravitailleurs, fournissant du mazout aux navires bulgares ou alliés, le Burgas comme le Varna ralliant souvent Odessa ou la Crimée après leur conquête pour ravitailler des navires avant de retourner en Bulgarie pour recharger leurs soutes et revenir faire le plein aux navires qui le demandait.

C’est au cours d’une de ses rotations que le Burgas est coulé le 14 mai 1952 visiblement par un sous-marin soviétique en maraude au large de Varna mais sans que l’on en soit sur faute de preuve écrite.

Ce qui est sur en revanche c’est que le Varna à survécu aux principales épreuves du conflit et ce jusqu’à son sabordage à Varna le 25 janvier 1954. L’épave relevée après guerre est envoyée à la démolition.

Caracteristiques Techniques

Déplacement : standard 800 tW pleine charge 2500 tonnes 1500 tonnes de port en lourd

Dimensions : longueur hors tout 73.50m longueur entre perpendiculaires 67.70m largeur 11.28m tirant d’eau 2.80m

Propulsion : deux moteurs diesels Siemens 2 temps dévellopant 1150ch et entrainant deux hélices

Performances : vitesse maximale 12 noeuds distance franchissable 6300 miles nautiques à 12 noeuds

Capacités : six soutes totalisant 1930 mètres cubes et 3 cales représentant 245 mètres cubes. Un mat de charge de 2 tonnes à 5m

Armement : trois canons de 20mm et quatre mitrailleuses de 7.92mm

Equipage : 6 officiers et 30 hommes

Autres navires

D’autres navires étaient également utilisés par la marine bulgare, des navires que l’on pourrait regrouper sous le vocable de «poussière navale» comme les navires d’entrainement Assan et Kamicia ou le patrouilleur Ganekura.

Dès le déclenchement du second conflit mondial, la marine bulgare à réquisitionné des navires pour améliorer ses capacités de patrouille et de surveillance. C’est ainsi que quatre chalutiers et deux remorqueurs ont été réquisitionnés et armés pour la circonstance. Leur utilisation à semble-t-il pris fin en 1951.

Défenses côtières

Des défenses côtières sont aménagées pour couvrir les ports de Burgas et de Varna, les deux principaux ports bulgares. Il s’agit de couvrir les entrées des ports et éviter que les navires bulgares soit bloqués par un blocus vigoureux et agressif.

Néanmoins les réalisations sont en recul par rapport aux projets envisagés, projets qui étaient très voir trop ambitieux pour les moyens bulgares puisqu’il s’agissait ni plus ni moins que de réaliser une véritable ligne continue couvrant toutes les côtes bulgares.

Au final on se concentra sur quatre zones clés du littoral bulgare dont les ports sus-nommés avec des pièces médianes de 152mm (douze) et de 120mm (vingt-quatre) associés à des canons de 76.2mm ainsi que des canons légers à tir rapide de 20 et de 37mm. Ces armes étaient montés dans des positions en béton armé bien aménagées et bien camouflées.

La marine soviétique n’ayant pas eu la volonté de réaliser un blocus des côtes bulgares, cette panoplie ne servit guère, réalisant de nombreux tirs d’entrainement au profit souvent de visiteurs de marque.

Il y eu quelques tirs contre des troupes soviétiques en approche (les pièces pouvaient pointer sur 360°) mais sans que le résultat ne soit vraiment probant faute d’un système efficace de conduite de tir pour les tirs contre-terre.

Ces fortifications furent toutes démantelées suite au traité de paix mais en 2000 la batterie Ferdinand 1er qui défendait Burgas avec deux canons de 152mm et quatre de 120mm fût restaurée dans son aspect d’origine pour le plus grand bonheur des touristes amateurs d’histoire militaire.

Hydravions

Arado Ar-196A2

L’aéronavale bulgare se limite en septembre 1948 à huit Arado Ar196, un hydravion biplace monoplan monomoteur bi-flotteurs conçu initialement pour embarquer sur les croiseurs et les cuirassés de la Kriegsmarine.

A l’origine de cet appareil figure un appel d’offres du Reichluftministerium (RLM) (ministère de l’Air) pour un hydravion destiné à remplacer le Heinkel He-60 et le Heinkel He-114, deux appareils qui n’avaient pas donné satisfaction.

C’est le projet Arado qui triompha, le constructeur hambourgeois étant le seul à proposer un hydravion monoplan,le premier prototype effectuant son premier vol en mai 1937. Les premiers appareils de série furent livrés à l’automne 1938.

Cet appareil va progressivement remplacer durant la guerre de Pologne et la Pax Armada ses devanciers mais lui même va être peu à peu remplacé par une version améliorée baptisée Arado Ar198. C’est ainsi qu’il y avait à l’automne 1948 soixante Arado Ar196 et quarante Ar198.

Sur le plan tactique, outre les missions classiques de reconnaissance, d’observation et de réglage de tir, les Arado Ar196 participent à la couverture anti-sous-marine de la flotte. Ils pourront aussi participer au sauvetage des pilotes abattus.

La Bulgarie reçoit ses huit appareils à l’automne 1944. Ils vont être utilisés pour la surveillance côtière, la lutte anti-sous-marine littorale mais aussi l’éclairage au profit des navires de surface et des convois.

Deux appareils étaient encore en service à la fin du conflit. Oubliés de tous dans un hangar ils sont redécouverts en 1975, restaurés et exposés dans le musée d’histoire militaire de Sofia. C’est toujours le cas aujourd’hui.

Les six autres ont été perdus durant le second conflit mondial, deux abattus par la chasse soviétique, un par la DCA d’un convoi soviétique, deux lors d’une collision en vol et le dernier lors d’un bombardement allié de Varna en octobre 1953.

Caracteristiques Techniques de l’Arado Ar196A-2

Type : hydravion biplace embarqué de reconnaissance et d’observation

Poids : à vide 2990kg maximal au décollage 3720kg

Dimensions : longueur 11m envergure 12.40m hauteur 4.45m

Motorisation : un moteur radial BMW-132 de 947ch

Performances : vitesse maximale 311 km/h distance franchissable 1080km plafond opérationnel 7010m

Armement : deux canons de 20mm dans les ailes et une mitrailleuse MG-15 ou MG-17 de 7.92mm en poste arrière ; deux bombes de 50kg

Etats Unis (111) Armée de Terre (1)

ARMEE DE TERRE

Une histoire de l’armée de terre américaine

L’Armée Continentale (The Continental Army)

La guerre de Sept Ans (1756-1763) avait en apparence renforcé le lien entre les treize colonies et la mère-patrie britannique. En réalité, les tensions ne cessèrent de croître, la faute à deux forces antagonistes : la prise de conscience par les américains de leur spécificité et l’intransigeance de Londres qui ne voyaient dans les colonies qu’une source de revenus pour la Couronne.

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Etats-Unis (16) cuirassés et croiseurs de bataille (2)

Cuirassés classe Pennsylvania

Rassurés par l’effet de souffle d’une tourelle double sur une tourelle triple, les américains passent la vitesse supérieure en équipant leurs cuirassés de quatre tourelles triples de 14 pouces soit douze canons de 356mm.

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Etats-Unis (5) US Navy (1)

UNE HISTOIRE DE LA MARINE AMERICAINE
Les prémices
La marine américaine est paradoxalement plus vieille que l’état dont elle assure la défense. Si les Etats-Unis d’Amérique naissent avec la déclaration d’indépendance du 4 juillet 1776, la marine américaine connue sous le nom de Continental Navy voit le jour dès le 12 octobre 1775.
Cette marine est destinée à empêcher l’envoi par la Grande-Bretagne de renforts pour mater la rébellion. Il s’agit également de s’en prendre au commerce. En somme de frapper Londres où cela fait très mal.
Cette force est faite de navires britanniques capturés, de navires marchands armés. Point de guerre d’escadre mais une guerre de course.
Quand le conflit se termine, les seuls véritables navires de guerre sont deux frégates, deux bricks, deux sloops et deux goélettes, les autres navires étant des navires corsaires.
Suite au traité de Paris en novembre 1783, les relations entre les Etats-Unis et la Grande-Bretagne se normalisent rapidement et le Congrès continental qui à besoin de tous les fonds disponibles estime qu’une marine de guerre est superflue.
Les différents navires sont vendus à des armateurs privés et la Continental Navy disparaît le 1er août 1785 après seulement dix ans d’existence.
Seulement voilà un état possède des pouvoirs régaliens qu’il faut faire respecter. Parmi ces pouvoirs figurent les douanes. Or les américains habitués aux années de contrebande n’étaient guère pressés de respecter les droits de douane.

Pour mettre fin à cette anarchie qui fait désordre, décision est prise (4 août 1790) de créer un service naval qui allait devenir le United States Revenue Marine Service, l’ancêtre en ligne directe du United States Coast Guard. Ce service met en œuvre des cottres ou cutter et ce terme est toujours en usage de nos jours pour désigner les navires de haute-mer du corps des garde-côtes.

Dans ce dix-huitième siècle finissant, l’Afrique du Nord théoriquement sous souveraineté ottomane mais de faite indépendante est le siège de nombreux pirates. Si la France est surtout confrontée aux pirates algérois, les américains doivent ferrailler avec le bey de Tripoli.
Le besoin d’une marine de guerre permanente se fait sentir et le 27 mars 1794, le Congrès autorise l’achat ou la construction de six frégates dont l’USS Constitution toujours en service et pieusement conservée à Boston, trois étant armées de 36 canons et trois autres de 44 pièces.

La frégate USS Constitution en 2010

C’est l’acte de naissance de l’US Navy qui va peu à peu se structurer. En 1800, six arsenaux (Navy Yard) sont établis à Portsmouth, Boston, New-York, Philadelphie, Norfolk et Washington.
Sur ces six arsenaux historiques, seuls ceux de Portsmouth et de Norfolk sont encore actifs, les autres ayant été peu à peu fermés soit pour des raisons de surcapacité soit parce que les infrastructures n’étaient plus adaptées à l’entretien d’une marine moderne. A noter que le Washington Navy Yard à été reconverti comme centre administratif pour l’US Navy mais également pour des agences fédérales.
Si l’établissement d’un arsenal en Floride à Pensacola, le Pensacola Navy Yard en 1826 est important, plus important encore est la création de l’Académie Navale à Annapolis en 1845 où elle siège toujours aujourd’hui.
La jeune US Navy ne tarde pas à connaître l’odeur de la poudre avec la Quasi-Guerre entre les Etats-Unis et la France (1799-1800), les opérations de police contre le bey de Tripoli (1801-1805) et bien évidement la «deuxième guerre d’indépendance» entre 1812 et 1815.
La marine américaine se développe avec la construction de quatre vaisseaux de 74 canons et même d’un vaisseau de 136 canons construit entre 1821 et 1838.
En l’absence de conflits majeurs avec des nations majeures, l’US Navy mène une série d’opérations appartenant à la catégorie de la petite guerre pour reprendre la classification clausewitzienne à savoir la lutte contre la piraterie en Méditerranée et dans les Caraïbes, la lutte contre le trafic d’esclaves (assimilé à de la piraterie) mais également le soutien aux guerres indiennes sur les grands fleuves d’un pays absolument gigantesque aux infrastructures encore limitées, faisant du fluvial un moyen idéal pour le transport longue distance.
La guerre mexicano-américaine de 1846-1848 (13 mai 1846-2 février 1848) augmente significativement le territoire américain avec l’annexion de territoires qui allaient devenir les états de Californie, d’Arizona, du Nouveau-Mexique et du Nevada, le Texas les ayant précédés peu avant le début de ce conflit. Dès 1854, un arsenal est implanté sur la côte ouest, le Mare Island Navy Yard installé à San Pedro en Californie.

Le Commodore Perry

L’année précédente, le 8 juillet 1853, le commodore Perry avait forcé les portes du Japon pour ouvrir aux marchands américains de nouveaux débouchés. Les japonais hésitent entre la résistance et la soumission. L’exemple chinois les poussent à la résistance et une fois les forces réactionnaires écrasées, le nouvel empereur Mutsuhito lance la modernisation du pays à marche forcée, c’est le début de l’ère Meiji.
Parallèlement à ces grosses opérations, l’US Navy est engagée dans une multitude d’opérations pour protéger ses ressortissants des différentes menaces, une petite escadre, quelques Marines permettant généralement de ramener le calme.

La marine américaine et la guerre de Sécession (12 avril 1861-9 avril 1865)
Depuis le début de la décennie 1850, les tensions à propos de l’esclavage sont de plus en plus fortes, les compromis passés antérieurement sont peu à peu remis en question par les extrémistes des deux camps qu’ils soient esclavagistes ou abolitionnistes.
Chaque admission d’un nouvel état est l’objet d’une concurrence féroce pour l’imposer comme état libre ou esclavagiste. L’équilibre devient intenable et débouche sur le plus sanglant conflit de l’histoire des Etats-Unis, un conflit dont les stigmates sont encore présents aujourd’hui plus de 150 ans après la fin de la guerre.
Il n’est pas ici question de parler en détail de l’American Civil War appelée Guerre de Sécession en France mais de se concentrer sur le volet naval qui voit s’opposer l’US Navy et la Confederate State Navy, ces navires portant la marque CSS comme le plus célèbre d’entre-eux, le forceur de blocus CSS Alabama.
Quand le conflit éclate le 12 avril 1861 (bombardement de fort Sumter par la milice de Caroline du Sud), l’US Navy dispose de 44 navires, cinq vaisseaux à voile en réserve, huit frégates à voile, six frégates à hélice, trois corvettes à voile, quatre corvettes à roues (à aube), six corvettes à hélice, douze canonnières, trente unités de petite taille auxquelles il faut ajouter des stationnaires dispersés en Chine ou en Afrique pour protéger les ressortissants et le commerce.
Face à cette puissance, la marine confédérée fait feu de tous bois, mettant en œuvre treize navires aux performances variées ainsi que des forceurs de blocus dont le plus célèbre est bien évidement le CSS Alabama construit en Angleterre et qui sera coulé au large de Cherbourg par l’USS Kearsarge le 9 mars 1964.

Le sloop USS Kearsarge qui coula le CSS Alabama au large de Cherbourg

Dès le début du conflit, l’US Navy, la marine de l’Union assure un blocus des ports confédérés dans le cadre du plan Anaconda destiné à asphyxier la Confédération qui faute d’industrie dépend des exportations pour se procurer des devises (via le coton) et des importations pour les armes.
Les forceurs de blocus font ce qu’ils peuvent mais les mailles sont de plus en plus serrées et le temps va clairement jouer contre les sudistes qui comme jadis les spartiates vont avoir la hantise d’une révolte servile majeure.
Si la majorité des navires sont des voiliers, la vapeur est déjà présente. Ainsi le 8 mars 1862 à lieu au large d’Hampton Roads le premier combat entre cuirassés, le CSS Virginia opposé au USS Monitor, un combat qui restera indécis. Les premiers sous-marins sont également employés mais avec des résultats forts limités.
Les mines et les torpilles sont également employées même si à l’époque, elles se confondent. Ce n’est qu’avec l’apparition de la torpille automobile (Lupis/Whitehead) en 1868 que les deux armes vont prendre des trajectoires différentes.
Le volet naval de la guerre de Sécession c’est aussi la guerre fluviale notamment sur le Mississippi voie de communication royale pour l’Union qui en s’emparant de La Nouvelle-Orléans (avril 1862) puis de Mobile (mars 1864) asphyxie encore un peu plus la Confédération.
Quand le conflit se termine, l’US Navy à perdu 2260 hommes dont 148 marines mais aligne 671 navires dont une quarantaine de monitors, une quinzaine de frégates ou d’avisos à hélice et une bonne soixantaine de canonnières.
La New Navy
Bien évidement le conflit terminé, les effectifs et les moyens de l’US Navy chutent de manière importante. En dépit d’une volonté d’expansion commerciale, l’US Navy sombre dans une période de sous-investissement appelée par contraste avec la New Navy la Old Navy.
Chose impensable aujourd’hui mais en 1881, l’US Navy n’est que la douzième marine mondiale derrière la Chine, le Chili et le Danemark ! Si le premier cité dispose d’une marine plus que respectable, les deux derniers sont redevenus sur le plan naval en particulier et militaire en général des nains.
Un premier signal d’alerte avait été lancé en 1873 quand un incident avec l’Espagne avait montré l’inadaptation de l’US Navy à un conflit moderne. En dépit de cet incident qui faillit entraîner une guerre avec Madrid, la marine américaine ne sortit pas encore de sa léthargie.
Il faut attendre 1881 pour qu’un comité ne constate officiellement la décrépitude de la flotte. Deux ans plus tard, le 3 mars 1883 un Naval Act fait rentrer la marine américaine dans l’ère de la New Navy avec la commande de trois croiseurs, d’un aviso ainsi que l’abandon de l’entretien de quarante-six navires en bois.
La modernisation d’une flotte passant également par les infrastructures, un neuvième arsenal est implanté en 1891 à Bremerton (Etat de Washington) sous le nom de Puget Sound Navy Yard. Sept ans plus tôt, une base navale est implantée à Pearl Harbor aux îles Hawai, îles indépendantes mais pour encore peu de temps.
Les Etats-Unis commençant à rivaliser sur le plan économique avec l’Europe, l’US Navy commence à batir une flotte capable sinon de battre les puissances navales européennes du moins de faire peser une menace sur cette suprématie bien qu’on peut se demander si jusqu’en 1898, cette menace est vraiment prise au sérieux.
Il n’y à qu’à se rappeler les propos méprisants de Von Moltke sur la guerre de Sécession vue comme une bagarre d’amateurs alors qu’il annonçait les terribles guerres industrielles du 20ème siècle (cuirassés, sous-marins, rail, télégraphe….).

Epave du USS Maine. Son explosion (visiblement accidentelle) sert de prétexte à une guerre contre l’Espagne

Les cuirassés étant les maîtres étalons de la puissance navale, l’US Navy construit patiemment sa flotte, disposant en 1901 de onze cuirassés, un douzième, le Maine ayant sauté dans le port de La Havanne le 15 février 1898, le prétexte pour une guerre contre l’Espagne accusée d’avoir fait sauter le cuirassé alors qu’il semble que l’explosion soit interne et d’origine accidentelle.
La guerre hispano-américaine de 1898 est une véritable promenade de santé militaire pour les américains face à une Espagne qui s’enfonce dans le déclin et la décadence depuis la fin du 17ème siècle.
Les intellectuels de la «Génération 98» peuvent bien émettre un méprisant «Que inventen Ellos» (qu’ils inventent eux), force est de constater que l’Espagne est devenue une puissance secondaire, une puissance mineure dans le monde, Madrid perdant son empire colonial, ne conservant que des miettes en Afrique.

Théodore Roosevelt, Big Stick et Big Ships

Suite à l’assassinat de William McKinley en 1901,son vice-président Théodore Roosevelt accède à la présidence des Etats-Unis. Convaincu qu’une puissante marine est nécessaire pour accroître la puissance et le rayonnement des Etats-Unis, il va investir massivement dans les navires et les infrastructures, établissant deux nouveaux arsenaux à Charleston en Caroline du Sud et à Pearl Harbor.
C’est ainsi qu’entre 1902 et 1908, cinq classes de cuirassés sont construites : la classe Maine (Maine Missouri et Ohio) entrée en service entre 1902 et 1904, la classe Virginia (Virginia Nebraska Georgia New Jersey) entrée en service en 1906/07, la classe Connecticut (Connecticut, Lousiana Vermont Kansas Minnesota et New Hampshire) entrée en service entre 1906 et 1908 et la classe Mississippi (Mississippi et Idaho) entrée en service en 1908.
Ces cuirassés sont accompagnés de croiseurs (cuirassés et protégés) ainsi que de canonnières. Il est à noté la rareté des torpilleurs et des destroyers, leur taille réduite les rendant peu adaptés aux océans dans lesquels opèrent l’US Navy qui estime avoir besoin de navires plus gros.

Il faut néanmoins prouver au monde que la marine américaine est une marine puissante et efficace et pour cela, le président Roosevelt va impulser le premier tour du monde de l’US Navy connu sous le nom de «Grande Flotte Blanche» ou The Great White Fleet.
The Great White Fleet (1907-1909)
Cette opération d’une ampleur inédite à l’époque à un double rôle. Montrer la puissance nouvelle de l’US Navy mais également entrainer les équipages.
Du 16 décembre 1907 au 22 février 1909, la marine américaine impressionne les esprits en effectuant un tour du monde, exploit connu dans l’histoire sous le nom de «Great White Fleet» (la grande flotte blanche) en référence à la peinture employée à l’époque par l’US Navy : coque blanche et superstructure chamois .

Ce sont pas moins de 16 navires qui appareillent d’Hampton Roads le 16 décembre 1907 sous le commandement du contre-amiral Robert Evans repartis entre une première escadre (1ère division : Connecticut, Kansas, Vermont et Lousiana 2ème division : Georgia New Jersey, Rhode Island et Virginia) et une seconde escadre (3ème division : Minnesota, Maine, Missouri et Ohio 4ème division : Alabama, Illinois, Kearsarge et Kentucky) et accompagnés de six destroyers avec un ravitailleur et cinq autres auxiliaires. A part les Wisconsin et le Nebraska ce sont tous les cuirassés récents qui sont engagés dans cette opération.

Peu importe qu’à l’époque l’apparition du HMS Dreadnought ait rendu obsolètes ces navires, l’impact politique est fort. Le message est reçut fort et clair : L’US Navy n’est plus une marine secondaire que l’on peut regarder avec mépris et condescendance.

La flotte Blanche effectue une escale à Trinidad, à Rio de Janeiro, Punta Arenas (Chili), Callao (Pérou), Magdalena Bay (Mexique), la flotte arrivant à San Francisco le 6 mai 1908 où le Wisconsin va remplacer l’Alabama (problèmes de machines) et le Nebraska le Maine qui consomme beaucoup trop de charbon (la consommation atteint 1500 tonnes par jour !). Le contre-amiral Evans malade est remplacé par le contre-amiral Sperry qui commandait la 4ème division.

Les deux cuirassés remplacés vont rallier la côte est par leurs propres moyens passant par Honolulu, Manille,Singapour,Colombo,Suez,Naples et Gibraltar.

Quand au reste de la flotte après avoir multiplié sur les escales sur la côte ouest, elle appareille de San Francisco le 7 juillet sans les torpilleurs. Elle fait escale à Auckland, Sydney, Melbourne, Albany. Après une escale à Manille et à Yokohama, la 2ème escadre mouille à Amoy en Chine, le reste de la flotte retournant à Manille.

Quittant les Phillipines le 1er décembre 1908, la flotte fait escale à Colombo du 13 au 20 avant de mettre cap à l’est, franchissant le canal de Suez du 4 au 6 janvier 1909 avant de se disperser dans les différents ports de la Méditerranée (Athènes, Salonique, Smyrne, Naples, Messine, Tripoli, Alger), quelques navires participant aux secours suite au tremblement de terre de Messine survenu le 28 décembre 1908, les autres ralliant Marseille et Villefranche.

La flotte se rassemble à Gibraltar le 31 janvier 1909 pour se ravitailler, quittant le Rocher le 6 février pour rallier Hampton Roads le 22 février 1909, accueillis par le Maine, le New Hampshire, le Mississipi et l’Idaho peints en gris, couleur qui va remplacer le blanc et le chamois.

Etats-Unis (4) Géopolitique

GEOPOLITIQUE DES ETATS-UNIS

50 Etats ? Non 48

Si aujourd’hui, les Etats-Unis d’Amérique possèdent cinquante états plus le District de Columbia, quand éclate le second conflit mondial, il n’en possède que 48, Hawai et Alaska n’étant encore que des territoires, devenant respectivement les 49ème et 50ème Etat qu’en septembre 1954 soit à la fin du second conflit mondial.

La construction des Etats-Unis à été très progressive, s’étalant sur 171 ans des 13 colonies devenues les treize premiers états (et representés sur le drapeau par treize bandes rouges et blanches alternées) au quarante-huit états pour la période qui nous intéresse.

Sauf rares exceptions, dès qu’une zone était suffisament colonisée, elle devenait un territoire avant de se métamorphoser en état après un delai plus ou moins long.

Certains territoires ont été arrachés après une guerre comme la guerre avec le Mexique, annexés sur demande des habitants (Texas) ou achetés (Alaska). Certains états sont issus de partition comme la Virginie Occidentale abolitioniste qui se détacha de la Virginie esclavagiste.

-Les treize premiers états sont donc les treize colonies qui proclamèrent leur indépendance le 4 juillet 1776 devenue la fête nationale américaine (Independence Day), tous situés sur la côte est.

Ce sont les états du Delaware de Pennsylvanie, du New Jersey, de Géorgie, du Connecticut, du Massachusetts, du Maryland, de Caroline du Sud, du New Hampshire, de Virginie, de New York, de Caroline du Nord et de Rhode Island.

La fin du 18ème siècle voit l’admission de trois nouveaux Etats, les Etats du Vermont (ex-république créée en 1777), du Kentucky (qui se sépare de la Virginie) et du Tennessee qui lui s’était séparé de la Caroline du Nord.

La première moitié du dix-neuvième siècle, pas moins de quatorze états intègrent l’Union à savoir l’Ohio (1803), la Louisiane (1812), l’Indiana (1816), le Mississippi (1817), l’Illinois (1818), l’Alabama (1819), le Maine (1820 qui se sépare du Massachusetts), le Missouri (1821), l’Arkansas (1836), le Michigan (1837), la Floride (1845), le Texas (1845), l’Iowa (1846), le Wisconsin (1848) et la Californie (1850 qui intègre l’Union sans passer par la case territoire) portant à trente et un le nombre d’états.

Durant les années séparant l’Union de la déchirure de la guerre de Sécession, trois nouveaux états intègrent les EUA à savoir le Minnesota (1858), l’Oregon (1859) et le Kansas (1861).

Durant le conflit, la Virginie-Occidentale qui se sépare de la Virginie intègre l’union en juin 1863 suivit du Nevada le 31 octobre 1864.

Le rythme décroit ensuite avec l’intégration du Nebraska en 1867 puis du Colorado en 1876.

L’année 1889 est particulièrement riche puisque sont admis les 39ème, 40ème,41ème et 42ème soit le Dakota du Nord, le Dakota du Sud, le Montana et l’Etat de Washington. Deux nouveaux états sont admis en 1890, l’Idaho et le Wyoming.

L’Utah est admis en 1896 suivit onze ans plus tard par l’Oklahoma qui est suivit cinq ans plus tard en 1912 par le Nouveau-Mexique et l’Arizona, les 47ème et 48ème Etats en attendant l’arrivée dans l’Union de l’Alaska et Hawaï. Régulièrement Porto Rico est considéré comme un potentiel 51ème état mais sans que le processus ne soit mené à son terme.

Territoires colonies et protectorats

-En excluant le statut très particulier du District de Columbia, siège du pouvoir fédéral, les Etats-Unis possèdent en 1948 un certain nombre de territoires, protectorats et colonies.

-On trouve tout d’abord Hawai et Alaska, des territoires qui attendent leur admission dans l’Union comme Etats mais leur éloignement tout comme leur poids démographique faible n’incite guère à une admission rapide.

-Ce sont également les «produits» de la guerre contre l’Espagne avec la possession de Porto-Rico, territoire associé aux Etats-Unis, de Guam et des Phillipines, l’immense archipel devenant indépendant en 1945 avec une défense comme on l’à vu assurée par les américains en attendant que l’armée phillipine soit en mesure de le faire ce qui ne sera pas le cas avant le début du second conflit mondial.

-Cette volonté d’expansion coloniale répond à la fois au crédo de la Destinée Manifeste (Manifest Destiny) mais également au besoin d’une soupape de sécurité, la fermeture de la frontière en 1890 faisant craindre à certains une recrudescence des tensions sociales et le risque de troubles en l’absence de terres vierges à cultiver et à mettre en valeur.

-Ce n’est pas un hasard si en 1883 le New Navy Act marque l’entrée de l’US Navy dans la modernité et que sept ans plus tard, Alfred T. Mahan publie «The influence of sea power upon history 1660-1783» qui est considéré comme la base intellectuelle et théorique de la future thalassocratie américaine.

-Tout comme les britanniques, leurs cousins, les acquisitions américaines répondent à des besoins stratégiques et non à une volonté d’acquérir des territoires pour des territoires. L’achat de l’Alaska et l’annexion de Midway en 1867 en est la preuve tout comme le contrôle du canal de Panama, l’intégration de la République d’Hawai comme territoire en 1898 ou encore l’achat des Iles Vierges au Danemark en 1917.

L’Isolationisme

James Monroe (1758-1831), cinquième président des Etats-Unis (1817-1825)

-La doctrine Monroe de 1823 était destinée à empêcher la reconquête par l’Espagne et le Portugal de leurs colonies révoltées d’Amérique Latine. En échange, les américains renoncent à intervenir dans les affaires européennes ce qui est un état de fait lié à la puissance limitée des jeunes Etats-Unis.

-Fort occupés avec la Conquête de nouveaux territoires, les Etats-Unis s’occupent peu des affaires européennes.

-L’engagement des Etats-Unis dans le premier conflit mondial est une véritable parenthèse causée par la guerre sous-marine à outrance déclenchée par l’Allemagne.

-Certes le président Wilson participe à la Conférence de Paris aboutissant au traité de Versailles, propose un mode de résolution des conflits (déclaration des quatorze points janvier 1918) mais échoue à convaincre les Etats-Unis de participer à la Société des Nations.

-Les Etats-Unis retournent à leur splendide isolement qui va durer près de trente ans avec de timides ouvertes vis à vis de l’Europe.

Avec les alliés

-Relations particulières avec la Grande-Bretagne, l’ancienne puissance coloniale. Il y eut certes la guerre de 1812 (1812-1815) mais passée cela, il y à une véritable relation spéciale entre Washington et Londres, la capitale britannique dans les moments de tension avec Paris rappelant qu’elle préférerait toujours le grand large au continent.

Il y eut également des tensions au moment des discussions concernant les limitations des armements navals.

-En dépit de l’isolationisme, des discussions ont lieu pour anticiper un possible conflit et une alliance américano-britannique.

-Des équipes d’inspection américaines visitent ainsi des bases britanniques et françaises pour préparer le possible déploiement de navires américains.

-Avec la France, les relations sont sans chaleur et sans aménités même si le personnage de La Fayette rappelle à Washington le concours décisif de la France dans son indépendance.

-Les commandes militaires françaises participent grandement à la montée en puissance du Complexe Militaro-Industriel (CMI), de nouvelles usines sont construites, des technologies nouvelles sont également dévellopées, les historiens estiment que les commandes françaises et britanniques ont fait gagner un à deux ans à l’armée américaine.

-Sur le plan plus militaire, les travaux de la base navale de Fort de France-Schoelcher sont d’abord vus avec méfiance par Washington avant que Paris ne réussisse à convaincre Washington de l’utilité de cette base pour sécuriser les approvisionements pétroliers ainsi que la défense lointaine du canal du Panama.

-Même chose en Nouvelle-Calédonie où le port de Nouméa et la base aéronavale de Nouméa-Tantouta pourraient accueillir avions et navires américains destinés à défendre les communications avec l’Australie et la Nouvelle-Zélande, une division d’infanterie pouvant aussi renforcer les moyens de défense du caillou.

-Guère de relations avec l’URSS

Avec les ennemis potentiels

-Bien que Roosevelt soit conscient du danger nazi, la priorité en matière de défense c’est le Japon, le concurrent des Etats-Unis pour le contrôle du Pacifique.

-Cette rivalité remonte en 1905 quand l’élimination de la Russie laisse le Japon et les Etats-Unis seuls pour le contrôle de cet immense océan.

-Le traité anglo-japonais de 1902 rendait de toute façon quasi-impossible un conflit entre Washington et Tokyo.

-A cette rivalité géographique s’ajoutait la rancoeur nippone vis à vis des Etats-Unis qui étaient accusés d’avoir limité les fruits politiques de la victoire dans la guerre russo-japonaise, Théodore Roosevelt ayant servit de médiateur entre le tsar et l’empereur.

-Une course aux armements navals est lancée en 1916, course aux armements stoppée par le traité de Washington en 1922 qui consacre la suprématie anglo-saxone et minore la puissance japonaise, Londres sacrifiant son alliance de 1902 de toute façon plus aussi utile qu’avant.

-La guerre n’est qu’une question de temps, une guerre essentiellement navale avec une «bataille décisive» censée se dérouler entre Okinawa et les Phillipines.

-Avec l’Allemagne, les Etats-Unis passe d’une neutralité stricte à une neutralité plus souple liée à l’arrivée au pouvoir de Charles Linbergh.

Ce républicain farouche isolationiste refuse de se laisser entrainer dans une future guerre européenne.

Ses sympathies pour le nazisme inquiètent et le projet d’une alliance germano-américaine redoutée dans les chancelleries même si la révélation d’un accord informel en septembre 1945 se révéla être un mensonge monté de toutes pièces par un journaliste new-yorkais, Angus Mack, journaliste en mal de notoriété.

Avec les neutres

-Les Etats-Unis envisagent une Ligue des Neutres en cas de conflit pour maintenir une liberté de navigation du commerce en cas de conflit en Europe. Ce projet ne va cependant pas dépasser le stade du projet.

15-Pétroliers et ravitailleurs rapides (4)

D-Pétroliers classe Mékong

Une vraie politique d’approvisionnement nécessite de vrais pétroliers

Comme nous l’avons mentionné plus haut, la marine nationale adopte clairement la chauffe au mazout après le premier conflit mondial mais faute de zones de production nationales, elles doit importer son mazout et son gazole des Etats Unis, du Mexique, du Vénezuela mais également de la Mer Noire et même d’Iran.

Pour cela il faut des pétroliers mais jusqu’en 1926, aucune politique clairement définie ne régit le ravitaillement en combustible, effectué un peu au petit bonheur la chance. Cela change à partir de cette année 1926 quand est fixée la norme de neuf mois de stock de temps de guerre, les marchés étant passés chaque semestre après accord du Quai d’Orsay et de l’Office des Combustibles Liquides.

Côte pratique, la marine obtient la commande de quatre pétroliers de 8000 tonnes. Si les deux premiers financés à la tranche 1926 et baptisés Mékong et Niger sont construits en France, ceux de la tranche 1929 sont financés par l’Allemagne au titre des prestations en nature du plan Dawes. Ils sont baptisés Var et Elorn.

Le Mékong

Le Mékong

Le Mékong

-Le Mékong est mis sur cale aux Ateliers et Chantiers de Saint Nazaire-Penhoët le 7 octobre 1927 lancé le 31 août 1928 et admis au service actif le 12 juillet 1929.

Affecté en Méditerranée, il charge principalement en mer Noire (Constanza Batoum) mais se rend occasionnellement en Amérique et notamment au Texas. Il assure aussi le ravitaillement des navires de la 1ère Escadre engagés lors de nombreuses manoeuvres.

Il subit un grand carénage à Cherbourg de mars à septembre 1938 puis à La Pallice du 15 novembre 1939 au 15 février 1940. Il quitte le port charentais le 16 février, charge du mazout au Verdon le 17 puis rallie Bizerte le 24 février 1940.
Le 15 mars 1940, le Mékong ravitaille à la mer le contre-torpilleur Milan, c’est une première pour la marine nationale.

Avec la réorganisation de septembre 1940, il devient l’un des deux pétroliers de la 6ème Escadre Légère en compagnie du vénérable Dordogne (1913). Il continue à assurer des transports pétroliers mais va de plus en plus souvent ravitailler les navires de la 6ème EL d’abord à flot puis de plus en plus souvent en couple à la mer et en route.

Il accompagne ainsi la 3ème DCT (Guépard Verdun Valmy) pour un entrainement de division au large de Dakar.

Il les ravitaille à flot sur rade à Mers-El-Kébir le 21 octobre puis à Casablanca le 24 octobre, les quatre navires ralliant Dakar le 28 octobre 1940.

Le Mékong ravitaille à nouveau les contre-torpilleurs les 6 et 18 novembre. Les quatre navires quittent Dakar le 19 novembre, font escale à Casablanca le 23 novembre avant de rentrer à Bizerte le 28 novembre 1940.

Au printemps 1942, le pétrolier Mékong est équipé d’un système primitif de ravitaillement à la mer qui n’est pas encore au point mais permet au Mékong de ravitailler à la mer le croiseur léger La Galissonnière engagé dans un entrainement en solitaire du 11 au 28 septembre 1942.

Le Mékong devait subir un grand carénage au printemps 1943 mais le 12 novembre 1942, le Mékong est victime d’une sérieuse avarie, si sérieuse que son désarmement prévu pour 1946 (une note du 7 mars 1939 prévoit la commande en 1946 d’un transport pétrolier de 8600 tonnes pour le remplacement) est un temps envisagé avant finalement d’avancer le grand carénage.

Du 15 novembre 1942 au 5 janvier 1943, le Mékong est échoué au bassin n°2 de l’Arsenal de Sidi-Abdallah pour un grand carénage qui outre une remise en état complète, voit l’installation d’un véritable système de ravitaillement à la mer performant.

Après des travaux complémentaires à quai, il est armé pour essais le 21 janvier 1943, sortant pour essais les 22 et 23 janvier puis pour remise en condition du 25 janvier au 3 février 1943. Dès le lendemain 4 février 1943, il appareille pour un transport pétrolier entre Haïfa et Bizerte.

Le Mékong participe à partir du 30 juin 1945 à un exercice de combat antisurface où il simule un croiseur auxiliaire ennemi. Repéré par un hydravion basé à terre, il est pourchassé par les croiseurs légers La Galissonnière et La Marseillaise qui finissent par le «couler» le 4 juillet 1945 au large de Bizerte où les trois navires rentrent en fin de journée.

Du 2 juillet au 11 août 1946, il est échoué au bassin n°2 de l’Arsenal de Sidi-Abdallah pour un nouveau grand carénage. Il subit une remise en état complète pour lui permettre de tenir pendant encore cinq ans quand il doit être remplacé par un nouveau pétrolier.

Après des travaux complémentaires à quai, il est armé pour essais le 27 août, sortant pour ses essais réglementaires les 28 et 29 août puis pour remise en condition du 31 août au 12 septembre, date à laquelle il rentre à Bizerte pour préparer une série d’exercices.

Le 24 septembre 1946, le Mékong appareille en compagnie du croiseur léger Emile Bertin, des torpilleurs légers de la 3ème DT ( L’Alsacien Le Breton Le Corse et Le Tunisien), des contre-torpilleurs de la 11ème DCT (Mogador Volta Hoche) et du transport Golo.

Quittant Bizerte le 24 septembre 1946, les navires de combat vont s’entrainer dans un triangle Malte-Tunisie-Libye jusqu’au 2 octobre pour entrainement au combat antisurface de jour comme de nuit, se ravitaillant en mer auprès du pétrolier Mekong.

Ils font escale à La Valette du 3 au 6 octobre pour se ravitailler en munitions et en vivres auprès du Golo qui les soutes vides regagna Bizerte pour un nouveau chargement. Le croiseur léger, les torpilleurs légers et les contre-torpilleurs reprennent la mer le lendemain pour un exercice de défense aérienne à la mer du 7 au 12 octobre au large de la Tunisie.

L’Emile Bertin fait ensuite escale à Patras du 13 au 16 octobre pendant que les torpilleurs légers et les contre-torpilleurs sont à Zanthe.

Le 17 octobre, l’escadre française se réunit à la mer pour se ravitailler en carburant auprès du Mékong avant de gagner Le Pirée où ils font escale du 21 au 25 octobre avant un exercice avec la marine grecque jusqu’au 30 octobre quand les navires français sont à Thessalonique jusqu’au 5 novembre.

La compagnie de débarquement de l’Emile Bertin et des détachements des différents navires rendent hommage à l’Armée d’Orient en déposant une gerbe devant le monument aux morts.

Il reprend la mer pour une escale à Istanbul du 6 au 10 novembre puis à Iskenderun du 13 au 17 novembre et à Beyrouth du 20 au 24 novembre. Après un exercice avec la DNL, la petite escadre fait escale à Haïfa en Palestine mandataire du 30 novembre au 3 décembre avant de rentrer à Bizerte le 7 décembre 1946.

Le 12 avril 1948, le Mékong ravitaille successivement, l’Emile Bertin et les contre-torpilleurs Vauquelin Tartu Chevalier Paul Mogador Volta et Hocha, permettant à cette puissante escadre  de durer à la mer.

Du 15 mai au 20 juin 1948 ont lieu en Méditerranée, d’importantes manoeuvres aéronavales auxquelles participent le porte-avions Commandant Teste, le cuirassé Bretagne, le croiseur de bataille Strasbourg, les torpilleurs d’escadre L’Eveillé L’Alerte (protecteurs du Bretagne), Lansquenet Fleuret (protecteurs du Strasbourg) Hussard et Spahi (protecteurs du Commandant Teste) et la 11ème DCT (Mogador Volta Hoche).

Le Mékong aidé du Tarn vont assurer le ravitaillement de cette flotte, des Ravitaillements A la Mer (RAM) tous les 3-4 jours, les deux pétroliers effectuant d’incessants aller et retours entre l’escadre et Bizerte.

La force navale rentre à Bizerte le 21 juin et si les contre-torpilleurs restent en Tunisie puisque Bizerte est leur port d’attache, le porte-avions, le cuirassé, le croiseur de bataille, les six torpilleurs d’escadre plus le Tarn rentrent à Mers-El-Kebir le 28 juin 1948.

Le 5 septembre 1948, le Mékong était à Gabès pour ravitailler le dépôt pétrolier de Tunisie avec du mazout venu d’Haïfa. Il reçoit l’ordre de rester dans cette baie à l’abri des raids aériens (le dépôt est puissamment défendu par la DCA avec douze canons de 90mm modèle 1939 et une multitude de pièces légères de 25 et 37mm sans oublier un camouflage soigné, seuls étant visibles depuis les airs les quatres postes de déchargement avec leurs navires).

Le Niger

Le Niger

Le Niger

-Le Niger est mis sur cale aux Ateliers et Chantiers Maritimes du Sud-Ouest & de Bacalan Réunis de Bordeaux le 31 décembre 1927 lancé le 14 mars 1930 et admis au service actif le 4 octobre 1930.

Affecté en métropole, le Niger effectue des rotations en direction des Antilles mais également de la mer Noire pour des transports pétroliers, servant également de ravitailleur lors des manoeuvres de la 1ère Escadre. Il est en grand carénage à Brest du 3 janvier au 6 avril 1936. Il est affecté en métropole jusqu’à l’été 1938 quand il est envoyé en Indochine pour relever le Loing redéployé aux Antilles.

Affecté au sein des FNEO, il est basé à Saïgon, assurant le ravitaillement en rade et à couple des navires affectés aux Forces Navales Françaises en Extrême Orient mais surtout des transports pétroliers, chargeant du pétrole venant des puits des Indes Néerlandaises et raffinés sur place pour permettre à l’Indochine d’avoir six à neuf mois de réserve en cas de rupture des lignes d’approvisionnement.

Du 25 avril au 5 juin 1940, il est échoué au bassin de l’Arsenal d’Indochine pour un grand carénage qui permet au navire d’être totalement remis en état. Il sort pour essais les 20 et 21 juin puis pour remise en condition du 23 juin au 6 juillet 1940.

La mise en place d’une base avancée à Haïphong oblige le Niger à effectuer plusieurs rotations entre Saïgon et Haïphong pour remplir les réservoirs de mazout et de gazole implantés dans la partie militaire du port tonkinois.

Du 6 juin au 2 août 1943, il est à nouveau échoué au bassin de l’Arsenal d’Indochine à Saïgon pour un nouveau grand carénage pour une remise en état complète. Il reçoit à cette occasion un système de ravitaillement à la mer, permettant le ravitaillement à couple en route.

Après des travaux complémentaires à quai, il est armé pour essais le 20 août, effectuant ses essais à la mer les 21 et 22 août puis sa remise en condition du 24 août au 4 septembre 1943, reprenant son rôle opérationnel de ravitailleur et de transport pétrolier.

Le 5 septembre 1944, le Niger quitte définitivement Saïgon pour rallier Cam-Ranh le lendemain, la nouvelle base des forces françaises en Extrême Orient, une base bien mieux outillée que ne l’est la capitale de la Cochinchine.

Du 5 juin au 8 août 1946, il est échoué dans la forme n°1 de l’Arsenal de Cam-Ranh pour un nouveau grand carénage. Après des travaux complémentaires à quai, il est armé pour essais le 21 août, sortant pour essais les 22 et 23 août puis pour remise en condition du 25 août au 4 septembre 1946.

Le 11 novembre 1946, le pétrolier ravitailleur d’escadre Le Rhône arrive à Cam-Ranh. L’arrivée de ce navire de classe La Seine entraine une nouvelle répartition des rôles, répartition assez théorique : le nouveau venu va se charger du ravitaillement à la mer des navires des FNEO alors que le Niger lui va être davantage un transport pétrolier.

Il va ainsi effectuer au printemps et à l’été 1948 cinq rotations entre Cam-Ranh et Balikpapan : la première du 21 mai au 12 juin, la seconde du 14 juin au 5 juillet, la troisième du 7 juillet au 1er août, la quatrième  du 3 au 25 août et la cinquième du 27 août au 14 septembre 1948.

14-Navires légers (2) avisos coloniaux classe Bougainville (1)

B-Avisos coloniaux classe Bougainville

Montrez le pavillon aux quatre coins de l’Empire

Notre marine ressort du premier conflit mondial épuisée. Tout est à refaire, il faut restaurer des infrastructures, une flotte et des équipages. La priorité est donnée à la reconstruction d’unités légères type croiseurs, contre-torpilleurs, torpilleurs et sous-marins.

La police dans l’Empire Colonial à également besoin de navires modernes spécialement adaptés, des navires appelés «avisos pour campagnes lointaines» bien vite rebaptisés «avisos coloniaux» baptisés du nom de grands explorateurs. La vitesse étant sacrifiée, les avisos coloniaux sont propulsés par des moteurs diesels, une première pour des navires de ce tonnage ce qui leur donne une vitesse faible (19 nœuds) mais un appréciable rayon d’action (13000 miles nautiques à 8.5 nœuds).

Dix unités au total vont être construites. Les deux premiers sont financés par la tranche 1927, les deux suivant à la tranche 1929, deux à la tranche 1930, un à la tranche 1931, deux à la tranche 1937 et le dixième à la tranche 1938bis. Tous affectés dans l’empire sauf une unité déployée à Brest comme navire hydrographique.

Etudiés par l’ingénieur Antoine, le chef de la Section des petits bâtiments du Service Technique des Constructions Navales (STCN), les avisos coloniaux sont des navires de 2000 tW, des navires élégants, élégance liée aux passavents qui prolongent la teugue.

Navires de présence, la vitesse est sacrifiée au profit de l’autonomie d’où le choix d’une propulsion diesel. Bien armés, ils reçoivent des installations pour la mise en oeuvre d’un hydravion mais cette capacité vue comme un progrès se révéléra difficile à mettre en oeuvre.

Le Bougainville

Le Bougainville

Le Bougainville

-Le Bougainville est mis sur cale aux Forges et Chantiers de la Gironde (FCG) à Bordeaux le 25 novembre 1929 lancé le 21 avril 1931et admis au service actif le 15 février 1933.

A sa mise en service, le premier aviso-colonial est affecté en Indochine au sein des Forces Navales  en Extrême Orient (FNEO) mais en 1934/35 il est détaché dans l’Océan Indien (Station Navale de l’Océan Indien SNOI) avant de rallier la Division Navale du Levant en 1935/36.

De retour en Indochine en 1936/37, il passe deux ans au sein de la SNOI jusqu’en septembre 1939 quand il rallie les Antilles pour intégrer le dispositif allié des West Indies avec pour port d’attache Fort de France.

Il devient en septembre 1940 le navire-amiral des Forces Navales Françaises aux Antilles (FNFA), une force de souveraineté ayant pour mission la protection des Antilles françaises.

Depuis la station navale de Fort de France, il rayonnait dans toutes les Caraïbes à la fois pour des missions de souveraineté mais également des missions de représentation dans les ports étrangers de la région.

Du 14 mai au 2 août 1941, il est échoué au bassin à Fort de France pour un premier grand carénage destiné à le remettre totalement en état. Il était prévu de moderniser la DCA et de débarquer les installations d’hydraviation mais ces travaux sont reportés sine die. Le Potez 452 est de toute façon de moins en moins souvent embarqué (il est remplacé courant 1943 par un Loie 130C non rembarquable).

Après des travaux complémentaires à flot, il est armé pour essais le 17 août, sortant pour essais les 17 et 18  avant remise en condition du 19 au 31 août 1941.

Le 1er mai 1942, le patrouilleur (ex-torpilleur) Baliste arrive à Fort de France pour renforcer les moyens des FNFA.

L’aviso colonial Bougainville participe également à des exercices avec des navires venus de métropole. Par exemple du 19 au 24 janvier 1944, l’aviso colonial effectue un exercice bilatéral avec le contre-torpilleur Desaix qui effectuait sa traversée de longue durée avant son affectation en Méditerranée.

Le 9 février 1944, le Bougainville et le pétrolier Loing accueillent à Fort de France les contre-torpilleurs Milan Epervier et Vautour de la 6ème DCT accompagnés du pétrolier Var, les quatre navires venant de Brest.

Après un entrainement de base du 11 au 15 février, l’aviso colonial et la 6ème DCT subissent un entrainement de défense aérienne à la mer du 16 au 23 février, faisant ensuite escale à Pointe à Pitre du 24 au 27 février.

Ils enchainent par un exercice de protection, les trois contre-torpilleurs devant protéger le Loing et le Var contre le Bougainville qui symbolisait un croiseur auxiliaire allemand et ce du 28 février au 4 mars 1944. La 6ème DCT et le Var quittent Fort de France le 5 mars pour Cayenne (Guyane).

Le 26 mai 1944, le croiseur léger Primauguet devient navire-amiral des Forces Navales Françaises aux Antilles (FNFA) avec Fort de France comme port d’attache remplaçant le Bougainville. L’aviso colonial participe à la remise en condition du Primauguet du 9 au 25 juin, faisant escale à Pointe à Pitre du 26 au 30 juin 1944.

L’exercice de défense aérienne à la mer exécuté du 1er au 8 juillet 1944 permet au Bougainville d’étrenner sa nouvelle DCA. Aux quatre canons de 37mm modèle 1925 et aux six mitrailleuses de 13.2mm en trois affûts doubles, le Bougainville à préféré quatre canons de 37mm modèle 1941 en deux affûts doubles et six canons de 25mm modèle 1939-40 en trois affûts doubles.

Après une nouvelle escale à Pointe à Pitre du 9 au 12 juillet, les deux navires rentrent le lendemain à Fort de France. Le 14 juillet 1944, une mini-revue navale est organisée au large de Fort de France avec le croiseur léger, l’aviso colonial et le pétrolier qui dans la foulée prend la mer pour le Texas afin de charger du mazout.

Le Bougainville est mis au bassin du 15 juillet au 5 août 1944 pour un nouveau grand carénage qui voit le navire être totalement remis en état (changement des hélices notamment), les installations d’hydraviation débarquées et la DCA installée précédemment revue et corrigée notamment au niveau de l’emplacement des pièces.
Armé pour essais le 20 août 1944, le Bougainville effectue ses essais officiels du 21 au 23 août puis sa remise en condition du 25 août au 8 septembre 1944, faisant escale à Miami du 9 au 12 septembre et à La Havane du 14 au 20 septembre avant de rentrer à Fort de France le 22 septembre 1944.

Du 11 au 30 janvier 1945, le Bougainville participe à un entrainement avec le croiseur léger  puis participe à la remise en condition du Primauguet du 21 juillet au 3 août, les deux navires faisant ensuite escale à Oranjestad (Aruba) du 4 au 8 août, à Wilhelmstad (Curacao) du 9 au 14 août, à Caracas (Venezuela) du 16 au 19 août avant de rentrer à Fort de France le 22 août 1945.

Le Bougainville subit un nouveau grand carénage à Fort de France, étant échoué du 1er juillet au 15 septembre 1947. Après des travaux complémentaires à flot, il est armé pour essais le 1er octobre, effectuant ses essais officiels du 2 au 4 octobre avant remise en condition du 6 au 20 octobre 1947.

Le 21 décembre 1947, le cuirassé Gascogne et ses torpilleurs d’escorte Durandal et Dague arrivent à Fort de France, faisant escale cinq jours avant un exercice avec l’aviso colonial du 27 décembre 1947 au 2 janvier 1948.

Le 2 mars 1948 arrivent à Fort de France les croiseurs légers Gloire et Montcalm venus de Brest qui font escale jusqu’au 8 mars avant de reprendre la mer pour exercices de surveillance, de manoeuvre aviation, de bombardement littoral et d’escorte/attaque de convois en compagnie de l’aviso-colonial Bougainville qui joue alternativement le rôle d’un cargo rapide à  protéger ou d’un croiseur auxiliaire. Les croiseurs légers font escale à Fort de France du 24 au 27 mars 1948 avant de quitter la Martinique.

Quand éclate le second conflit mondial le 5 septembre 1948, le Bougainville est à la mer. Il reçoit l’ordre d’augmenter sa vigilance contre de possibles raiders allemands dans les Caraïbes et dans l’Atlantique en liaison notamment avec le Lapérouse basé à Cayenne en attendant le croiseur léger Jeanne d’Arc.