Le Conflit (204) Balkans (38)

A l’aube, les evzones des 1er et 8ème bataillons prennent pied sur les rives des Golfes de Patras et de Corinthe. Ils doivent neutraliser les sonnettes déployées sur les rives pour faciliter le débarquement de l’infanterie grecque.

Embarqués sur des canots pneumatiques et des vedettes motorisées, les fantassins légers grecs tentent de surprendre les fante italiens. Selon les secteurs la réussite est variable, certains postes sont neutralisés à l’arme blanche et à la grenade, d’autres se défendent et rejettent à l’eau les evzones.

L’espoir de voir ces bataillons tenir quelques heures pour éviter un affrontement majeur dès le franchissement s’évanouit très vite.

Les alliés déclenchent sur les coups de 06.30 un terrifiant tir de barrage mêlant pièces d’artillerie lourde, pièces d’artillerie de campagne, lance-roquettes multiples et même canons antiaériens lourds en tir direct.

Les italiens courbent l’échine même si ici et là des cas de panique et de désertion sont signalés. Cela n’entame pas vraiment la combativité des troupes italiennes qui sont bien décidé à empêcher les grecs de libérer leur pays.

L’artillerie alliée pilonne le front de 06.30 à 09.15 sans discontinuer rendant justice aux logisticiens qui avaient prévu des stocks très abondants de munitions là où certains opérationnels pensaient qu’ils exagéraient alors qu’ils sont souvent les premiers à réclamer toujours plus de munitions !

Sous la protection de l’artillerie de campagne et des canons antiaériens lourds (l’artillerie lourde à allongé son tir), les fantassins grecs commencent à franchir le Golfe sur des embarcations rapides.

Ces ομάδες διέλευσης (omádes diélefsis) (groupes de franchissement) comprennent des fantassins de ligne, des evzones, des sapeurs, des observateurs d’artillerie et des sapeurs-transmetteurs.

Pour laisser les italiens dans l’incertitude, les différentes divisions vont toutes franchir en même temps les golfes mais avec un léger décalage pour également empêcher une division d’aider sa voisine.

Pour ne rien arranger la Force Ouest va bombarder la rive du Golfe de Patras et l’île de Céphalonie et simuler un débarquement soit sur l’île voisine de celle de Zakynthos ou alors sur la rive occidentale de la Grèce.

C’est la 1ère DI (H) qui ouvre le bal sur les coups de 09.30 en profitant d’un barrage d’artillerie flash et de l’usage de roquettes fumigènes. Les alliés espèrent beaucoup de ces écrans fumigènes à la fois pour un impact militaire (empêcher les troupes ennemies de repousser la traversée) et psychologique (créer une panique).

Les soldats hellènes retrouvent certains avant-postes occupés par les evzones du 1er bataillon qui s’accrochaient comme des diables sur la rive appuyés par l’artillerie et l’aviation en résistant aux contre-attaques de la 23ème division d’infanterie appuyés par des chars P-26. Fort heureusement les blindés italiens se coordonnent très mal avec l’infanterie ce qui sauve la mise des evzones.

Dire que les grecs étaient motivés était un doux euphémisme. Voilà plus de deux ans qu’ils attendaient cela, libérer leur territoire.

En face les italiens résistent espérant l’intervention de la 20ème DI venue d’Albanie voir de la Division Blindée «Littorio» mais ces deux divisions sont laissées sans ordre, devant se débrouiller par elles mêmes ce qui est tout sauf une bonne idée.

A la fin de la journée, les grecs sont solidement accrochés sur la rive nord du Golfe de Patras mais la situation est jugée toujours trop instable pour permettre la construction des ponts flottants destinés à favoriser le passage des véhicules, du matériel et de l’artillerie pour faciliter l’avancée de la division grecque.

Parallèlement donc les autres divisions grecques passent à l’action bien décidées à faire aussi bien que la 1ère DI. La 4ème DI (H) entame son franchissement à 10.15 avec l’appui de l’artillerie. Ne disposant pas de la présence d’evzones, ils doivent combattre dès qu’ils ont mis le pied sur la rive nord.

Les affrontements sont violents, se faisant au pistolet, au couteau et à la grenade plutôt qu’à l’arme longue ! La 28ème DI italienne réagit avec vigueur et jusqu’au lendemain matin peut espérer renvoyer les grecs chez eux.

Malheureusement pour l’Aosta, le repli de la 23ème DI l’oblige à se replier pour ne pas être attaquée de face et sur les côtés. Le repli se fait en bon ordre en profitant de la fatigue des troupes grecques.

Le 23 septembre 1952 les italiens tentent une nouvelle et ultime contre-attaque mais elle est durement chatiée par l’aviation et par l’artillerie dont une partie à passé le golfe de Patras pour augmenter sa portée.

Pourtant les transalpins avaient engagé l’artillerie, l’aviation et même des chars de la division Littorio. Les italiens se replient en bon ordre, les grecs ne les poursuivant en dépit de la volonté de certaines unités qu’il faut freiner pour des questions de «cohérence tactique».

Les grecs soutenus par le génie britannique lancent dès le 24 les premiers ponts flottants pour faciliter l’arrivée du carburant, des munitions et du matériel sans oublier bien entendu le reste des 1ère et 4ème DI (H) qui peuvent passer plus tranquillement le Golfe de Patras.

En fin de matinée, les deux divisions d’infanterie du 2ème corps d’armée grec franchissent à leur retour le Golfe de Patras et le Golfe de Corinthe (même si dans les rapports de bataille, le Golfe de Patras s’étend jusqu’à l’isthme de Corinthe). Ils bénéficient de l’aide du 8ème bataillon d’evzones qui se sont emparés de la majorité des avant-postes.

Certains vont même réussir à atteindre la Ligne Principale de Résistance (LPR) mais ils sont rapidement repoussés par l’infanterie italienne qui fait preuve d’un mordant qui surprend des alliés persuadés que les italiens informés de la situation en Italie ne pouvaient que mener un simple baroud d’honneur avant de se rendre.

Reste à savoir pourquoi se battent-ils encore ? Solidarité de groupe ? Peur de décevoir les copains ? Répression et représaille en direction des familles ? Cynisme et désespoir ? Probablement un mélange de tout cela.

La 2ème DI grecque se heurte à la 29ème DI considérée comme la plus solide des divisions italiennes en Grèce.

Il lui faut pas moins de quatre assauts pour déborder le dispositif italien qui se replie en bon ordre en profitant de l’affaiblissement de la division grecque que reçoit comme une bénédiction l’intégration du 8ème bataillon d’evzones pour compenser les pertes au grand dam des fantassins légers grecs qui aimaient leur autonomie d’action.

La 5ème DI grecque est moins en difficulté face à la 30ème DI. Utilisant des tactiques plus hétérodoxes et moins classiques que sa consoeur, elle prend très vite le contrôle d’une tête de pont solide et quasiment impossible à réduire sauf en mettant des moyens que les italiens ne possédaient plus si tant est qu’ils les ont possédé un jour sur le front grec.

Les italiens contre-attaquent néanmoins le 22 et le 23 septembre. Les grecs se content de repousser sans avancer vers l’avant en utilisant une puissance de feu largement supérieure. Les italiens comprenant qu’ils n’auront ni gain de cause ni renforts allemands décident de se replier sur une nouvelle ligne de défense.

Le 24 septembre, les ponts flottants sont mis en place mais dans le secteur du 2ème Corps d’Armée, le mauvais temps et visiblement des problèmes de construction entrainent plusieurs ruptures. On soupçonne un temps un sabotage avant de se rendre compte qu’il s’agissait d’un manque d’expérience de jeunes pontonniers.

Le 26 septembre 1952, les deux têtes de ponts forment un bloc unique impossible à réduire sauf à mobiliser toute l’armée italienne. Les grecs décident de réorganiser leur dispositif avant d’entamer l’exploitation qui doit être menée notamment par le 3ème CA qui s’impatientait sur la rive sud du Golfe de Patras.

De toute façon les grecs devaient attendre que les britanniques et les sud-africains percent et s’ébrouent sur une zone nettement plus difficile que deux golfes larges et profonds ce qui laisse songeur.

Initialement l’axe principal de l’offensive alliée devait avoir lieu dans l’isthme de Corinthe en laissant aux grecs le soin de tenir le Golfe de Patras et le Golfe de Corinthe.

Pour des raisons politiques on transféra l’axe principal côté grec en laissant aux britanniques et aux sud-africains le soin de fixer les troupes germano-italiennes pour empêcher un transfert de forces vers l’ouest.

Quand les grecs attaquent le 21 septembre 1952, les unités du Commonwealth fixent les 47ème et 48ème DI qui tiennent solidement l’isthme. La zone est fortifiée et minée, les fante ayant travaillé d’arrache pied pour tenir le plus longtemps possible.

En ce qui concerne la 8ème Armée britannique, on compte en première ligne la 1ère division d’infanterie sud-africaine (1st SAAC), la 66th ID (13th AC), la 3ème division d’infanterie sud-africaine (2nd SAAC) et la 56th ID (14th AC), les autres unités (respectivement 2ème division d’infanterie sud-africaine, 4th Independent Armoured Brigade pour le premier corps d’amée sud-africain, 7th Armoured Division pour le 13ème corps d’armée, 6ème division blindée sud-africaine pour le 2ème corps d’armée sud-africain, 7ème division d’infanterie pour le 14ème corps d’armée) sont placés en arrière.

Pour faire face à toute éventualité, le 15ème Corps d’Armée (53rd Welsh Division et 12th Infantry Division) est placé en réserve générale, son engagement par exemple pour envahir l’île d’Eubée étant du domaine du possible.

Avec de tels moyens nul doute que les britannico-sud africains ont du regretter de ne pas avoir eu le premier rôle, probablement persuadés qu’ils auraient pu emporter facilement le dispositif ennemi bien plus facilement en tout cas que les grecs.

On retrouve le même débat qu’il y avait vu à propos de l’opération AVALANCHE sur le front occidental, certains officiers planificateurs militant pour un axe principal entre Paris et le lac Léman plutôt qu’entre Paris et l’estuaire de la Seine.

Du 21 au 24 septembre les unités du Commonwealth multiplient les coups de sonde contre les italiens qui résistent bien mieux que prévu. C’est d’ailleurs une désagréable surprise pour les état-majors alliés : les italiens se battent bien et sont loin de céder au désespoir.

Les combats sont violents entre unités de choc des deux camps, l’artillerie du Commonwealth et l’artillerie italienne se rendant coup pour coup. Dans les airs l’aviation italienne tente de disputer la maitrise du ciel aux britanniques et autres unités du Commonwealth mais doit très vite courber l’échine. A cela s’ajoute l’engagement d’unités aériennes de la Luftwaffe qui couvrent l’arrivée de renforts allemands.

Le 25 septembre 1952, les troupes des deux armées reçoivent l’ordre d’enfin avancer. Les italiens qui savent devoir se replier combattent de manière vigoureuse et profite de la désespérante lenteur des troupes britannico-sud africaines pour ne pas être trop «agressées». Le repli se fait par étapes avec quelques vigoureuses contre-attaques pour obliger les troupes du Commonwealth à baisser la tête et ce malgré un solide appui aérien et un appui-feu naval.

Il faut attendre le 28 septembre pour qu’enfin les 8th et 10th Army soient en mesure de véritablement avancer.

Le 1er octobre 1952, les sud-africains du 1st South African Army Corps prennent contact avec les grecs du 2ème Corps d’Armée. Le front occupe les rives nord des golfes de Patras et de Corinthe ainsi que le plan, n’étant qu’à 90km d’Athènes. Le plus dur est-il fait ? Humm pas vraiment.

Du 1er au 15 octobre 1952 le front balkanique est calme au moins à terre. Dans les airs et sur mer (voir la partie concernée) c’est moins le cas, les deux camps ayant néanmoins des objectifs différents : s’emparer du contrôle total de l’espace aérien pour les alliés et retarder l’inéluctable pour l’Axe.

En ce qui concerne les combats sur mer, les alliés sont totalement dominants, les navires de l’Axe étant rarissimes et surtout incapables de renverser la vapeur d’une domination absolue depuis au moins le printemps 1950 et une certaine bataille du Golfe de Zanthe.

Le front terrestre n’est pas non plus totalement congelé. On assiste à des duels d’artillerie et à des coups de main où on cherche à maintenir l’ennemi sous pression. Quelques raids sont menés par les evzones et signe qui ne trompent pas des prisonniers sont sommairement exécutés des deux côtés. Pour la «guerre de Gentleman» on repassera.

Le dispositif allié est réorganisé pour préparer à terme l’engagement des troupes yougoslaves dont la montée en puissance est d’une lenteur désespérante.

D’ouest en est, on trouve d’abord l’Armée Grecque Libre (AGL) qui aligne ses trois corps d’arrmée avec le 3ème CA qui s’insère entre les 1er et 2ème CA pour la simple raison qu’il dispose de l’unique division blindée grecque qui doit être la pointe de diamant du dispositif hellène.

Ensuite on trouve la 8th Army [UK] qui comprend tout d’abord le 1er Corps d’Armée sud-africain (1ère et 2ème divisions sud-africaines, 4th Independent Armoured Brigade) et le 13th Army Corps britannique (66ème division d’infanterie et 7ème division blindée).

Enfin on trouve la 10th Army [UK] qui comprend le 2ème Corps d’Armée sud-africain (3ème division d’infanterie sud-africaine et 6ème division blindée sud-africaine) et le 14ème Corps d’Armée (56ème et 7ème division d’infanterie).

A noter que le 15ème corps d’armée (53ème division galloise et 12ème division d’infanterie) est placé sous le commandement direct du Groupe d’Armées Allié des Balkans (GAAB) pour des opérations non liées directement à la libération de la Grèce. Le fait qu’il s’entraine intensivement aux opérations amphibies semble indiquer qu’on à des projets importants pour lui….. .

Très vite l’état-major du GAAB installé à Heraklion renonce à un coûteux combat frontal dans l’Attique pour un débordement du dispositif en Thessalie, une sorte de coup de faux version balkanique.

On essaye de déborder également à l’est. Le 15th Army Corps [UK] tente de débarquer le 16 octobre sur l’île d’Eubée mais échoue devant se replier sur le continent ! Heureusement pour les alliés et malheureusement pour l’Axe ce sera la dernière défaite alliée sur le front balkanique.

En janvier 1953 le 15ème Corps d’Armée débarque sur l’île d’Eubée suite à la chute d’Athènes mais ne rencontre que fort peu de résistance, les allemands se contentant de quelques combats retardateurs pour donner le change.

Le corps d’armée britannique reste sur l’île même si il sait qu’à terme il va devoir abandonner cette garnison plutôt agréable, l’île ayant été relativement épargnée par la guerre et la population se montrant accueillante.

Reste également la question des Cyclades. Les allemands hésitent ? Les conserver ou les abandonner ? La pression alliée rendant l’évacuation compliquée pour ne pas dire impossible.

En dépit de l’action des aviations et marines alliées, des troupes allemandes et des collaborateurs grecs parviennent à rallier la Grèce occupée pour renforcer les unités déployées, nombre d’entre-eux formant la garnison du Festung Athens.

Les Cyclades sont évacuées en novembre 1952. Les grecs manquant de troupes, ces îles ne vont pas être toutes occupées mais vont servir de bases aux unités de choc alliées qui pouvaient à la fois dissuader l’Axe d’une action militaire et permettre à ces soldats d’élite de se reposer.

C’est ainsi que la Bataillon Sacré s’installe à Amorgos, le Corps Franc des Balkans (CFB) à Anafi, le Bataillon des Hoplites de la Mer à Andros, le Bataillon d’infanterie de marine yougoslave à Folégrandros, le Special Boat Service (SBS) à Ios, le Special Air Service (SAS) à Kéa alors que le 10ème commando interallié est réparti entre les îles de Kimolos, Polyaigos, Milo et Sifnos.

Naturellement ces casernements sont des bases arrières, très vite ces soldats d’élite vont rallier le continent pour de nouvelles opérations de combat.

Mitteleuropa Balkans (185) Grèce (29)

L’armée grecque dans le second conflit mondial (2) : L’Armée Grecque de Libération (AGL) et la reconquête du pays

A la différence des yougoslaves, les grecs ne sont pas si pressés que cela de relancer l’offensive pour libérer le pays. Non pas qu’ils se satisfassent de cette situation mais probablement pas crainte de voir le pays dévasté par de violents combats. De plus l’Armée Grecque à besoin d’être sérieusement réorganisée après avoir subit de terribles pertes.

Cela n’est pas sans poser de problèmes car si la Yougoslavie peut se permettre de rassembler tous ses moyens en Afrique du Nord pour reconstituer son armée, l’Armée grecque ne le peut ne serait-ce que pour des raisons politiques et diplomatiques, impensable de laisser le front grec tenu uniquement par les alliés (qui par ailleurs avaient d’autres préoccupations en tête).

Symboliquement et en solidarité avec les territoires occupés, l’Armée Royale Grecque devient l’Armée Grecque de Libération (AGL).

Sa reconstitution va se faire essentiellement en Egypte, la Crète étant jugée trop exposée et saturée de bases opérationnelles. Quelques unités seront également entrainées et rééquipées en Libye après la conquête franco-britannique de l’été 1949.

La nouvelle armée grecque va comporter six divisions de première ligne auxquelles vont bientôt s’ajouter trois divisions légères destinées davantage à des missions de sécurité. On trouve également trois régiments d’artillerie lourde (un par corps d’armée), trois régiments antichars, trois régiments antiaériens, huit bataillons d’evzones et le célèbre bataillon sacré.

Le 1er Corps d’Armée «Thessalie» comprend les 1ère et 4ème Divisions d’Infanterie, un bataillon de reconnaissance, un régiment d’artillerie lourde, un régiment antichar, un régiment antiaérien.

Le 2ème Corps d’Armée «Macédoine» comprend les 2ème et 5ème Divisions d’Infanterie, un bataillon de reconnaissance, un régiment d’artillerie lourde, un régiment antichar et un régiment antiaérien

Le 3ème Corps d’Armée «Epire» comprend la 3ème Division d’Infanterie et la 1ère Division Blindée appuyées par un bataillon de reconnaissance, un régiment d’artillerie lourde, un régiment antichar et un régiment antiaérien.

A cette armée destinée à libérer le territoire aux côtés des troupes alliées s’ajoute d’autres unités, des unités de sécurité et des unités de «forces spéciales».

Les unités de sécurité sont trois divisions légères, les 6ème et 7ème DLI ainsi que le 14ème DI, la première étant déployée dans le Dodécanèse, la seconde en Crète pour protéger le roi, le gouvernement et plus généralement les institutions et la troisième sur l’île de Zakynthos pour relever la 1ère DLI française et la brigade de montagne polonaise.

Du côté des unités spéciales, on trouve huit bataillons d’evzones qui serviront tantôt à des raids stratégiques tantôt comme des unités opératives en soutien direct de la manœuvre générale en menant les missions traditionnelles de l’infanterie légère à savoir éclairer, flanquer et harceler. Le Bataillon Sacré sera davantage employé au niveau stratégique.

Les divisions en ligne avant la reconstitution de l’armée grecque ne sont pas dissoutes mais sont repliées à l’arrière en Crète normalement pour une hypothétique reconstitution qui n’aura jamais lieu. Elles seront des divisions-cadres pour l’entrainement et la formation des nouvelles recrues.

Les divisions françaises sont retirées du front pour être employées dans les opérations vis à vis de l’Italie.

En face le dispositif à été d’abord confus et incohérent avant d’être réorganisé. Les unités de l’Axe sont placées sous l’autorité du Groupe d’Armées E (Heeresgruppe E) sans que cela élimine la méfiance et les tiraillements entre les italiens au nord et au nord-ouest, les allemands au centre et dans la région d’Athènes et de l’Eubée et les bulgares installés au nord-est.

Les italiens déploient six divisions d’infanterie avec la 30ème DI sur la côte occidentale, la 29ème DI sur la rive nord du Golfe de Patras, les 42ème et 48ème DI sur l’isthme de Corinthe, les 23ème et 28ème DI en Thessalie. Des unités montées et motorisées pourraient ensuite être déployées mais on préfère les garder en réserve en cas de besoin.

Les allemands déploient en Grèce la 15ème Armée composée de quatre divisions d’infanterie, une division de montagne, une division parachutiste et une division blindée.

On trouve les 31ème et 32ème Corps d’Armée soit le 31. ArmeeKorps (25. et 31. InfanterieDivision) et le 32. ArmeeKorps (72. et 25. InfanterieDivision), la 2. Gebirgjäger Division, la 3. Fallschirmjäger Division et la 12. Panzerdivision.

Panzer V Panther dans un camouflage tardif

Les bulgares déploient la 4ème Armée (2ème, 4ème, 6ème et 11ème DI, 1ère Division de Cavalerie et 1ère brigade de chasseurs) et la 5ème Armée (1ère, 3ème, 5ème et 8ème DI, 2ème division de cavalerie, 11ème brigade blindée et 2ème brigade de chasseurs).

Es-ce à dire que les opérations vont reprendre immédiatement ? Non et ce pour plusieurs raisons qu’elles viennent de l’Axe (priorité donnée au nouveau front russe et au front occidental) ou des alliés (le front français est prioritaire sur les autres). De plus on se querelle pour savoir quel plan adopté.

Faut-il partir du Péloponnèse et forcer l’isthme de Corinthe ? Faut-il être plus audacieux en débarquant du côté de Thessalonique voir d’effectuer un double débarquement en Albanie et en Italie péninsulaire ? Pas moins de quinze avant-projets différents ont été retrouvés dans les archives militaires britanniques signe des hésitations du moment.

Finalement c’est le plan le plus logique qui est attendu avec une fixation des forces ennemies dans l’isthme de Corinthe, des diversions entre Athènes et Thessalonique et un axe principal avec le franchissement du Golfe de Patras sous le feu ennemi.

L’isthme de Corinthe est tenu côté allié par la 8ème Armée britannique (8th Army [UK]) composé d’un corps d’armée britannique et d’un corps d’armée sud-africain

Fantassins britanniques

Le 13ème Corps d’Armée (13th British Corps) comprend deux divisions d’infanterie, les 4thet 6th Infantry Division et une division blindée, la 7th Armoured Division plus des unités d’appui

Le 1st South African Army Corps (1st SAAC) comprend deux divisions d’infanterie, les 1stet 2nd South African Infantry Division plus des unités d’appui.

Entre Kiato et Egio, on trouve l’Armée Grecque de Libération (AGL) avec trois corps d’armée.

Le 1er Corps d’Armée «Thessalie» comprend les 1ère et 4ème Divisions d’Infanterie, un bataillon de reconnaissance, un régiment d’artillerie lourde, un régiment antichar, un régiment antiaérien.

Le 2ème Corps d’Armée «Macédoine» comprend les 2ème et 5ème Divisions d’Infanterie, un bataillon de reconnaissance, un régiment d’artillerie lourde, un régiment antichar et un régiment antiaérien

Le 3ème Corps d’Armée «Epire» comprend la 3ème Division d’Infanterie et la 1ère Division Blindée appuyées par un bataillon de reconnaissance, un régiment d’artillerie lourde, un régiment antichar et un régiment antiaérien.

Au moment de l’opération ANVIL, les 1er et 3ème Corps d’Armée sont en ligne avec le 2ème Corps d’Armée en seconde ligne prêt à soutenir l’un des deux CA en cas d’attaque.

Entre Egio et le cap Kyllini, on trouve la 10ème Armée britannique (10th Army [UK]) composé d’un corps d’armée sud-africain et de deux corps d’armée britanniques.

Le 2nd South African Army Corps comprend la 3ème division d’infanterie sud-africaine et la 6ème division blindée sud-africaine

Le 2nd British Corps comprend deux divisions d’infanterie, les 5thet 56th Infantry Division plus des unités d’appui

Le 3rd British Corps comprend deux divisions d’infanterie, les 52ndet 61st Infantry Division plus des unités d’appui.

L’opération ANVIL voit aussi l’engagement d’importants moyens navals et aériens pour éclairer, appuyer et flanquer le dispositif. Sur le plan naval on mobilise également des navires amphibies, la traversée du Golfe de Patras ressemblant à une opération amphibie avec tir de barrage, usage massif de fumigènes, débarquement sous le feu ennemi……. .

Initialement il était prévu que les grecs tiennent l’isthme de Corinthe et laisse aux britanniques et aux sud-africains la manœuvre la plus délicate mais le gouvernement grec estimait non sans raison que les soldats héllènes devaient être en première ligne pour libérer le territoire et ne pas donner le sentiment aux populations fraichement libérées qu’une nouvelle occupation étrangère même amicale se préparait.

Les alliés acceptent et renforcent même les moyens d’appui allouées aux grecs avec notamment plus d’artillerie lourde et des lance-roquettes multiples.

L’opération est l’objet d’une préparation minutieuse, préparation tout aussi minutieusement camouflée par l’utilisation habile de l’intoxication : faux déserteurs, faux prisonniers, faux messages radios…… .

Pour détourner l’attention de l’Axe du Péloponnèse, des opérations de diversion sont menées notamment un raid sur le port de Thessalonique, raid qui voit l’engagement du 10ème bataillon commando allié, du bataillon sacré, du Corps Franc des Balkans (CFB) et du Special Air Service (SAS),

Une opération de plusieurs jours destinée à neutraliser le port et à faire croire aux allemands que les alliés veulent débarquer au nord pour atteindre le plus rapidement possible la Bulgarie et la Roumanie.

D’autres opérations de diversion ont lieu ailleurs en Méditerranée mais le résultat est incertain car comme le dira un officier allemand «C’était trop brouillon trop dispersé, sans véritable cohérence pour que cela soit véritablement crédible».

Cet officier allemand va être plus clairvoyant que le haut-commandement qui mettra plusieurs jours à se rendre compte que l’opération ANVIL déclenchée le 21 septembre 1952 est l’opération principale et non une opération de diversion.

A l’aube de ce premier jour d’automne, les aviations alliées se jettent sur toutes les cibles ennemies qu’il s’agisse de ponts, de routes, des postes de commandement, des aérodromes, des casernements.

En mer des navires mènent des missions de bombardement littoral qu’il s’agisse de cuirassés, de croiseurs ou des destroyers.

Les unités de la «poussière navale» harcèlent la navigation ennemie, attaquant à la mitrailleuse et à la torpille, en posant des mines…… .

Peu après comme durant le premier conflit mondial l’artillerie entre en action. Cependant ce n’est plus la préparation d’artillerie durant des jours dans le candide espoir de tout écraser et de faciliter le passage de l’infanterie mais une préparation ciblée, brutale mais courte, préparation qui cède vite la place à un barrage simple voir un double-barrage qui précède l’infanterie. Nous sommes cependant loin des milliers de bouche à feu du front russe.

La 8ème Armée britannique est la première à entrer en action pour fixer les troupes ennemis avec toujours la possibilité que la diversion devienne l’axe principal de progression si jamais la situation offrait de meilleures perspectives.

La 10ème Armée britannique effectue aussi des manœuvre de diversion et surveille d’éventuels mouvements ennemis.

L’Armée Grecque de Libération (AGL) est donc chargée de la mission principale et quelle mission puisqu’elle doit traverser le golfe de Patras dont la largeur varie entre 8.4 et 32km. C’est donc une véritable opération amphibie que doit mener l’armée grecque reconstituée. L’entrainement à été intense mais tout le monde sait que l’entrainement même poussé ne remplacera jamais la guerre.

Les combats sont violents, les italiens ne laissant pas leur part aux chiens en résistant pied à pied, les allemands assurant l’appui aérien des troupes italiens, la Regia Aeronautica passablement affaiblie manquant de moyens.

L’objectif principal est la reprise de la capitale Athènes solidement tenue par les allemands et par les collaborateurs grecs. Des fortifications doivent permettre à la Festung Athens de tenir le plus longtemps possible, de fixer le maximum de troupes alliées le temps que le dispositif soit réorganisé pour tenir le plus longtemps possible, le Heeresgruppe E devant protéger le flanc méridional du dispositif de l’Axe en URSS.

Athènes est finalement prise le 17 décembre 1952 après de violents combats qui ont ravagé la ville qu’elle soit moderne ou ancienne. Symboliquement c’est le Bataillon Sacré, les «thébains» qui entre le premier dans la ville.

Ils hissent le drapeau grec sur l’acropole, drapeau qui avait été évacué in extremis au nez et à la barbe des allemands au moment de la chute de la ville deux ans plus tôt (17 janvier 1950).

Le territoire grec est quasiment entièrement libéré en février 1953. Certains territoires sont occupés sans combat comme les Cyclades rapidement évacuées direction l’Eubée, l’île bordant l’Attique étant évacuée en janvier 1953.

La situation de l’Axe devient très difficile notamment en raison du fait que les troupes italiennes sont de plus en plus démotivées car la guerre se passe mal. En effet en janvier les alliés ont pris pied dans la péninsule italique (opération SKYLOCK) ce qui est le début de la fin pour le régime de Mussolini (destitué et tué en mars 1953).

Le 19 mai 1953 les alliés lancent l’opération SLEDGEHAMMER qui voit l’engagement de mêmes forces que pour ANVIL avec en plus l’engagement de la 1ère Armée Yougoslave (quatre divisions d’infanterie et une division blindée).

Les troupes grecques continuent de combattre en Yougoslavie en dépit des réticences de Pierre II qui sera rassuré par une rencontre avec Paul 1er qui lui confirmera que la Grèce n’avait comme volonté que de reconquérir son territoire de 1948 et non de s’agrandir au dépent de l’ancien royaume des serbes, croates et slovènes.

A l’été 1953 après les succès de l’opération marteau-pilon et la «digestion» tant par les alliés que par l’Axe de la défection italienne, le front balkanique suit globalement une ligne Durrès-Macédoine centrale-frontière gréco-bulgare.

Les alliés adaptent leur dispositif, la 10ème armée britannique est envoyée sur le front italien en relève d’autres troupes, laissant en ligne la 8th Army [UK] avec les deux corps d’armée sud-africains et le 13ème corps d’armée britannique. On trouve également la 1ère Armée yougoslave et la 1ère Armée grecque (ex-Armée Grecque de Libération).

Cela représente un total de cinq divisions sud-africaines (quatre DI et une DB), trois divisions britanniques (deux divisions d’infanterie et une division blindée), six divisions grecques (cinq d’infanterie et une division blindée) et cinq divisions yougoslaves (quatre d’infanterie et une blindée) soit un total de dix-neuf divisions qui font face à treize divisions allemandes et bulgares.

Sous l’autorité du Heeresgruppe E on trouve quatre armées, les 11ème et 15ème armées allemandes mais aussi les 4ème et 5ème armées bulgares.

La 11ème armée allemande comprend la 1. Panzerdivision, la 35. InfanterieDivision et la 1. Gebirgjäger Division alors que la 15ème armée allemande comprend la 5. Panzerdivision, les 14. et 25. InfanterieDivision.

Les bulgares alignent sept divisions et une brigade, la 4ème Armée bulgare alignant les 2ème, 4ème et 14ème DI, la 1ère division de cavalerie alors que la 5ème Armée bulgare aligne les 8ème, 16ème et 22ème DI appuyées par la 11ème brigade blindée.

Le 15 novembre 1953 les alliés lancent leur troisième offensive majeure, l’opération SWORD qui permet de libérer le reste de l’Albanie, de pénétrer au Monténégro, de chasser les allemands de Macédoine et de pénétrer en Serbie en soutien des maquisards royalistes et des partisans communistes.

Les troupes grecques vont essentiellement combattre en Albanie, au Monténégro et en Croatie, terminant la guerre en Slovénie.

Peu à peu les combats font place à des opérations de nettoyage qui ne sont pas sans risque. Un vétéran du conflit dira que ces dernières opérations allait leur donner un avant-goût de la guerre civile grecque à laquelle il allait participer.

Les troupes grecques sont rassemblées en mai dans le nord de la Croatie. Certains soldats en ligne depuis 1948 sont rapidement démobilisés. Certains refuseront de rentrer au pays et préféront s’installer soit en Europe de l’ouest soit rejoindre les Etats-Unis.

On verra certains soldats grecs qui n’avaient plus rien qui les attendaient en Grèce s’engager dans la Légion Etrangère pour continuer une carrière militaire dans laquelle ils s’étaient révélés. En juillet 1954 les derniers soldats grecs quittent la Yougoslavie pour rentrer au pays, certains seront démobilisés et d’autres resteront au sein de l’armée.

Dominions (48) Afrique du Sud (13)

Organisation des unités de l’UDF

Divisions d’infanterie

Logiquement les divisions d’infanterie sud-africaines sont organisées sur le modèle des Infantry Division britanniques avec un équipement comparable pour ne pas dire identique.

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Dominions (47) Afrique du Sud (12)

L’Armée sud-africaine dans le second conflit mondial

Situation en septembre 1948

Quand l’Allemagne attaque la Norvège et le Danemark, la Grande-Bretagne et la France lui déclare immédiatement la guerre entraînant quasi-automatiquement l’entrée en guerre des dominions dans le camp allié.

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