Dominions (47) Afrique du Sud (12)

L’Armée sud-africaine dans le second conflit mondial

Situation en septembre 1948

Quand l’Allemagne attaque la Norvège et le Danemark, la Grande-Bretagne et la France lui déclare immédiatement la guerre entraînant quasi-automatiquement l’entrée en guerre des dominions dans le camp allié.

Mis à part le Canada, les autres doivent surtout opérer dans leur zone d’influence, l’Afrique pour l’Union Sud-africaine, le Pacifique et l’Asie du Sud-Est pour l’Australie et la Nouvelle-Zélande même si des troupes «ANZAC» vont aussi opérer en Méditerranée.

La législation n’ayant pas évolué, l’emploi des UDF étant impossible en dehors du territoire sud-africain il faut créer une unité ad-hoc.

Cette unité ad-hoc est la South African Mobile Force (SAMF), la force mobile sud-africaine qui engerbe les unités opérant à l’étranger. Un état-major particulier est activé à Johannesburg le 17 septembre 1948.

Décision est alors prise d’activer l’échelon divisionnaire, chaque division d’infanterie devant disposer de trois brigades d’infanterie auxquelles il fallait ajouter des éléments de soutien et d’appui. La structure est identique à celle des Infantry Division de l’armée britannique.

Quatre divisions d’infanterie et une division blindée vont être mises sur pied auxquelles il faut ajouter des brigades d’infanterie indépendantes, des unités d’artillerie, du génie, des transmissions, des unités de chars et d’autos blindées.

Ces divisions vont opérer parfois sous le commandement d’un corps d’armée national (South African Army Corps) mais il n’y aura jamais d’armée sud-africaine autonome comme il y aura des armées canadiennes et australiennes, situation que la SAMF partage avec l’armée néo-zélandaise.

C’est ainsi que la 1st South African Infantry Division va regrouper les 1ère, 2ème et 5ème brigades d’infanterie plus des unités d’appui et de soutien, la 2nd South African Infantry Division va regrouper les 3ème, 4ème et 6ème brigades, la 3rd South African Infantry Division va regrouper les 7ème, 9ème et 11ème brigades alors que la 4th South African Infantry Division va regrouper les 8ème, 10ème et 12ème brigades soit la totalité des brigades d’infanterie disponibles mais comme les divisions ne vont pas être créées en même temps cela ne posera pas trop de problèmes puisque des brigades indépendantes (une par commandement soit des brigades numérotées 13 à 18) seront levées pour essentiellement des taches de sécurité intérieure.

La division blindée qui reçoit le numéro 6 pour une raison inconnue (création envisagée puis abandonnée d’une cinquième division d’infanterie ?) est créée à l’été 1949 le temps que le matériel et les cadres soient rassemblés, que les hommes soient entraînés.

Ce qui est certain c’est que l’Afrique du Sud à effectué un effort maximum et maximal au regard de ses possibilités et de ses contraintes notamment raciales.

L’Afrique du Nord

C’est un paradoxe qui n’en est peut être pas un mais la première division sud-africaine à être engagée est la plus récemment constituée en l’occurrence la 3rd South African Infantry Division créée le 2 janvier 1949 et opérationnelle au tout début de l’été 1949.

En dépit de certaines réserves et autres craintes, Pretoria souhaite l’engager dans l’opération BAYARD l’offensive franco-britannique contre l’Africa Septentrionnale Italiana (ASI), la Libye actuelle.

Transportée par voie maritime par un convoi très protégé (il passe par la mer Rouge sous la menace italienne), la division arrive en Egypte mais trop tard pour participer au gros des combats.

Au grand dam des afrikaners les plus farouches la division reçoit pour mission de renforcer les défenses de la base navale britannique d’Alexandrie.

Cela ne va heureusement pas durer en raison des protestation du gouvernement sud-africain et surtout de la méfiance des britanniques contre les descendants de ceux qu’ils combattent aujourd’hui et les descendants de ceux qu’ils ont combattu cinquante ans plus tôt.

Elle va assurer le service après vente sous commandement…..français en menant des opérations de nettoyage, de tri des prisonniers et de sécurisation des voies de communication.

Ce n’est certes pas une bataille rangée mais ce n’est pas une promenade de santé non plus, certains détachements italiens nécessitant l’utilisation de l’artillerie et de l’aviation pour assurer leur complète et entière neutralisation.

Fin novembre 1949 après deux mois de combat et d’opérations, la division est regroupée à Alexandrie puis envoyée à Chypre pour préparer l’opération CATAPULT, la conquête alliée des îles du Dodécanèse qui appartenaient à l’Italie depuis 1912 et la guerre italo-turque.

Dodécanèse et Balkans

L’opération est lancée le 5 février 1950. Les alliés ont décidé de ne laisser aucune chance aux italiens en mobilisant trois divisions d’infanterie.

La 3rd South African Infantry Division est ainsi engagée aux côtés de la 87ème DIA (87ème Division d’Infanterie d’Afrique) et de la 66th Infantry Division britannique.

La division sud-africaine et la division française sont les premières engagées. Les combats sont parfois après mais les italiens sont clairement en infériorité numérique sans compter qu’ils ne peuvent compter sur l’envoi de renforts depuis l’Italie.

Le gros des opérations se termine au bout de dix jours et la division sud-africaine relevée par la division britannique retourne non pas à Chypre mais gagne la Crète d’où elle doit après repos être engagée dans les Balkans.

La campagne de Grèce s’était achevée fin mars 1950 (on fixe généralement la fin de cette campagne à la bataille du Golfe de Zanthe le 17 mars 1950 mais cela fait encore débat chez les historiens), laissant le Péloponnèse et la Crète aux mains des alliés.

Les allemands espéraient pouvoir reprendre l’offensive en mai avant le déclenchement de BARBAROSSA mais engager une nouvelle offensive aurait détourné trop de forces de la grande offensive contre les «judéo-bolcheviques». Quant à confier la tâche aux italiens………. .

Les alliés utilisent le front balkanique comme abcès de fixation, obligeant les allemands à mobiliser plus de troupes qu’initialement prévu sans compter que le Péloponnèse servait de base de départ pour des sous-marins alliés mais aussi pour des bombardiers frappant les Balkans et l’Italie du Sud.

Comme d’autres fronts sont prioritaires, l’offensive ne va être relancée qu’à l’automne 1952. Entre-temps les divisons sud-africaines ont rallier les Balkans pour y combattre. Le 1st SAAC est reconstitué en janvier 1952 quand la 2nd South African Infantry Division rallie le Péloponnèse en vue de participer à la future opération ANVIL.

ELLes y retrouvent la 3rd South African Infantry Division présente depuis septembre 1950 mais aussi la 1st South African Infantry Division arrivée sur place en juin 1951. En août, la 6th Armoured Division (South Africa) arrive en Crète, son déploiement au Péloponnèse étant repoussé en raison de contraintes logistiques qui mettent la région à rude épreuve.

Deux corps d’armées sud-africains sont ainsi créés, le 1st SAAC (1st & 2nd South African Infantry Division) et le 2nd SAAC (3rd South African Infantry Division et 6th Armoured Division [South African]) qui auraient pu former une armée sud-africaine mais ce ne sera pas le cas.

En effet les deux corps d’armées étaient placés pour le premier sous l’autorité de la 8ème Armée Britannique (qui dispose également d’un corps d’armée britannique à trois divisons dont une blindée) alors que le second est placé sous l’autorité de la 10ème armée britannique (qui dispose également de deux corps britanniques à deux divisions).

Les alliés engagent également une armée grecque (trois corps à deux divisions) en attendant une armée yougoslave dont la mise sur pied à été plus longue que prévue.

Ce sont donc dix-sept divisions alliées qui sont engagées dans cette opération, la première vague étant assurée par l’Armée Grecque de Libération suivie par la 8ème et la 10ème Armée. Les combats sont violents et impitoyables, les germano-italiens associés à des collaborateurs grecs résistent pied à pied.

Athènes après de violents combats est libérée en décembre 1952. L’Acropole est symboliquement pris par le «bataillon sacré», une unité aéroportée grecque qui lève le drapeau récupéré avant la prise de la ville par les allemands.

La quasi-totalité du territoire grec est libérée en février 1953. Le manque de moyens empêche de profiter pleinement du basculement italien dans le camp allié en avril 1953. Le 19 mai 1953 est déclenchée l’opération SLEDGEHAMMER avec les 8ème et 10ème armées britanniques, la 1ère Armée Grecque (ex-Armée Grecque de Libération) et la 1ère Armée Yougoslave.

L’Albanie est occupée quasiment sans combats. En effet une partie des troupes italiennes se rendent sans combattre avant de rallier le nouveau gouvernement et de reprendre la lutte (après un tri sévère des SR alliés) et les allemands se replient en combattant pied à pied, rétablissant un front cohérent au nord de Durres pour la partie albanophone du front, en Macédoine avant que la frontière bulgare soit un obstacle infranchissable aux troupes alliées (juillet 1953).

Les alliés donnent alors la priorité au front occidental voir même au front scandinave voir au front italien.

C’est ainsi qu’on laisse en ligne que la 8ème Armée Britannique avec deux corps sud-africains et un corps britannique, la 1ère Armée Grecque et la 1ère Armée Yougoslave, la 10ème Armée britannique (deux corps britanniques) ralliant le front italien en relève d’autres troupes.

Cela nous laisse un total de quatre divisions sud-africaines, deux divisions britanniques, six divisions grecques et six divisions yougoslaves soit un total de dix-huit divisions même si toutes ne sont pas en ligne en raison d’un terrain défavorable et une logistique qui connait parfois des ratés et comme en plus l’ennemi n’alignait qu’un nombre limité de troupes en face.

Les alliés repassent à l’offensive en novembre 1953 (opération SWORD) pour fixer le plus de troupes et éviter l’envoi de troupes sur un autre front. L’avancée alliée est davantage ralentie par le mauvais temps et les contraintes logistiques que la résistance ennemie.

En janvier 1954, la brigade parachutiste canadienne est parachutée dans la région de Belgrade pour aider les maquisards royalistes à s’emparer de la capitale yougoslave. Les alliés qui étaient rendus dans le sud de la Yougoslavie relancent l’offensive avec l’opération SWORD II déclenchée en février 1954.

Les sud-africains se montrent finalement à leur aise dans le terrain montagneux des Balkans. Ils montrent un véritable allant, un véritable mordant alors que certains officiers alliés avaient eut des craintes de désertion massives face aux allemands voir un manque d’allant.

Les unités sud-africaines terminent le combat dans l’actuelle Slovénie. Elles sont rapidement regroupées en Grèce continentale puis en Crète avant d’être rapatriées en Afrique du Sud en septembre 1954, trop tard pour un éventuel engagement dans le Pacifique.

Birmanie, Thaïlande et Indochine

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char Crusader dans le désert égyptien 

Le dernier front sur lequel est engagé l’armée sud-africaine est le front birman. La 4th South African (Infantry) Division est déployée en mai 1952 en Inde pour renforcer la défense de la perle de l’empire britannique en compagnie des deux bataillons indépendants de chars toujours équipés de Crusader (les Sherman se font attendre).

Officiellement la division est placée sous commandement indien mais dans la pratique ce sont bien les britanniques qui commandent.

Cette division va connaître son baptême du feu sur le front birman. La guerre en Asie-Pacifique à commencé en mars 1950. Un véritable tourbillon japonais balaye la région, l’Indochine, les Philippines, les Indes Néerlandaises et Singapour tombent aux mains des soldats du Mikado.

La Birmanie est l’étape suivante de l’offensive japonaise (qui à néanmoins échoué à s’emparer du Laos faute de temps et de moyens).

L’armée de terre impériale échoue dans sa volonté de s’emparer de la totalité du pays en raison d’un manque de moyens, de problèmes logistiques et de la résistance des troupes alliées composée d’un mélange de birmans (jugés peu surs), de britanniques, d’indiens et de chinois.

Le 18 juillet 1952, les alliés lancent l’opération VAMPYR qui coïncide avec le début de la campagne de Nouvelle-Guinée. C’est tout sauf un hasard car il s’agit d’éviter l’envoi de renforts japonais dans la région qu’ils viennent de Chine ou d’Insulinde.

La division sud-africaine est en première ligne au sein d’un corps d’armée britannique avec une division d’infanterie et des éléments de soutien. Il opère au sein de la 14ème Armée qui comprend deux autres corps d’armée, un corps d’armée britannique à trois division et un corps d’armée indien à deux divisions soit un total de huit divisions.

La 4ème division d’infanterie sud-africaine va ainsi opérer le long de la côte birmane, bénéficiant du soutien d’un bataillon de marines et de la marine sud-africaine qui assure l’appui-feu, le ravitaillement et le soutien logistique étant davantage du ressort de la British Eastern Fleet et de la Royal Indian Navy.

Les combats sont durs et âpres mais la Birmanie finit par être libérée ce qui facilite le ravitaillement de la base française de Dien-Bien-Phu, les avions pouvant décoller du nord de la Birmanie plutôt de l’Inde pour ravitailler ce point d’appui, véritable caillou dans la chaussure nippone.

A plusieurs reprises l’armée japonaise à voulu lancer une offensive décisive pour supprimer cet irritant problème mais à chaque fois les moyens nécessaires étaient envoyés dans des régions où ils étaient stratégiquement plus nécessaires.

La division sud-africaine subit des pertes assez sérieuses en Birmanie, imposant l’envoi de recrues depuis l’Afrique du Sud.

La division ainsi remplumée participe à l’opération OVERLORD, l’offensive franco-britannique en direction de la Thaïlande et de la Cochinchine. Il s’agit de punir Bangkok mais aussi d’isoler les troupes japonaises présentes en Malaisie, aux Indes Néerlandaises et à Singapour.

Cette opération est lancée en même temps que les offensives américaines aux Philippines et dans le Pacifique occidental. La 4th South African (Infantry) Division mène de durs combats dans le sud de la Cochinchine et dans le delta du Mékong, apprenant sur le tas les subtilités et les impondérables du combat en milieu lacunaire.

Saigon est prise en juillet 1953 et si officiellement il s’agit d’une unité française qui est entrée la première dans la grande ville du sud du futur Vietnam,il semble qu’une section d’infanterie de la 4ème division sud-africaine l’ait précédée de quelques heures mais sans pouvoir s’y maintenir.

Les combats vont se poursuivre pour l’Annam et le Tonkin avec une série de débarquements tactiques, les alliés usant les troupes japonaises en les débordant constamment en fixant les unités par une offensive de diversion pour les attaquer dans le dos, reprenant la tactique utilisée par Tokyo au printemps 1950.

La campagne d’Indochine se termine pour le gros des combats à la fin du mois d’octobre 1953 mais l’Union Indochinoise est loin d’être pacifiée.

Les troupes sud-africaines vont devoir s’employer pour éliminer des groupements improbables de soldats japonais isolés, de collaborateurs vietnamiens mais aussi de déserteurs alliés sans compter les voleurs et opportunistes de tout bord qui ne se sentent jamais aussi bien que dans le chaos.

Les combats sont violents imposant l’utilisation de l’aviation et de l’artillerie. Ces combats assez peu connus sont hélas marqués par des crimes de guerre et des exactions que l’on retrouvera durant les deux guerres du Vietnam (1960-1967 et 1970-1977).

La division sud-africaine est regroupée à Saigon en novembre 1954. La majorité des hommes est démobilisée, l’armée sud-africaine ne conservant que les cadres, l’unité devant devenir à son retour au pays une unité de réserve à réactiver en cas de conflit.

Les hommes démobilisés eurent le choix entre rentrer au pays ou rester en Indochine. La majorité choisit la première solution mais un nombre pas négligeable choisit de rester en Indochine soit comme civil (essentiellement dans l’agriculture en récupérant des plantations laissées à l’abandon par des propriétaires en fuite ou décédés et sans héritiers) ou comme militaire, certains s’engageant dans la Légion Étrangère, participant au retour de l’autorité française puis à la première guerre du Vietnam.

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