Mitteleuropa Balkans (213) Slovaquie (7)

En bref : une histoire de l’armée tchécoslovaque

Une armée puissante vraiment ?

Infanterie tchécoslovaque en 1938

Comme l’armée tchécoslovaque n’à pas combattu avant la disparition du pays en mars 1939 il est difficile de se faire une idée précise de son niveau exact. Si elle disposait d’armes d’excellentes qualité, elle souffrait également de nombreuses carences notamment son caractère multinational ce qui faisait craindre au gouvernement de Prague des problèmes lors de la mobilisation et lors des combats contre notamment l’Allemagne.

En septembre 1938 au moment des accords de Munich elle possède 42 divisions ce qui en fait au moins sur le papier la sixième armée d’Europe et la huitième armée du monde.

Entre 1936 et 1938 Prague investit 24 milliards de couronnes pour sa défense soit la moitié du budget national. A cela s’ajoute 2.6 milliards de couronnes pour les fortifications et également un usage important de l’emprunt.

En octobre 1933 la Tchécoslovaquie avait créé le Nejvyssi rada Obrany statu ou conseil supérieur de défense national, une entité aux pouvoirs élargis en temps de guerre ce qui fait dire à certain qu’en cas de conflit la Tchécoslovaquie rare démocratie en Europe centrale et orientale serait devenu une véritable dictature.

En 1934 le service militaire passe de 18 mois à deux ans mais ultérieurement la France et la Grande-Bretagne refuse qu’il passe à trois ans. En 1936 une loi sur la défense nationale est votée.

Au moment de la crise des Sudètes l’armée tchécoslovaque aligne 42 divisions dont 33 sur la frontière tchéco-allemande, 2250 pièces d’artilerie, 418 chars et 600 avions.

Si les canons et les chars sont de bonne qualité les avions sont dans leur ensemble dépassés voir obsolètes. La motorisation est insuffisante, la DCA et la défense antichar idem.

Le 13 septembre 1938 les réservistes sont convoqués, la mobilisation étant assurée depuis un état-major installé à Klanovice près de Prague puis à Vyskov près de Brno.

Le 23 septembre 1938 le gouvernement de Prague décrète la mobilisation générale. Cela doit permettre la mise sur pied de 22 divisions d’infanterie dont une motorisée, 12 divisions de troupes de couverture et quatre divisions rapides (divisions qui disposent d’une brigade blindée, d’une brigade de cavalerie et d’unités d’artillerie motorisée). Cela donne au total 34 divisions d’infanterie, 4 divisions rapides, trois formations spéciales (deux de taille de la division et un de la taille des brigades).

8cm PL vz.37

On trouve également des régiments antiaériens médium au niveau de l’armée (NdA ou du corps d’armée ?) avec des canons 7.5cm PL vz.37 et de 8cm PL vz.37, des régiments d’artillerie lourde au niveau de l’armée ou du corps d’armée.

Le plan de mobilisation prévoit 970000 hommes sous les drapeaux dont 720000 slaves, presque 200000 allemands et 62000 hongrois. On compte 43500 officiers mais 37575 slaves, 140 allemands et 579 hongrois.

Pour les officiers d’active c’est encore pire avec 11820 officiers dont seulement 422 slovaques. Sur 8333 sous-officiers pas plus de 421 dont slovaques. Pour une centaine de généraux tchèques on trouve un général slovaque et un général allemand. On se pose la question du comportement des soldats germanophones face à l’Allemagne et des mesures sont prévues pour isoler d’éventuels mutins.

Soldats tchécoslovaques déployés dans la région des Sudètes au moment de la Crise du même nom

La mobilisation est achevée mais pour rien en raison des Accords de Munich. L’ordre de démobilisation arrive le 6 octobre 1938.

A partir de 1935 un système de fortification inspiré des ouvrages Maginot est construite dans les Monts Métallifères pour couvrir la frontière avec l’Allemagne.

Ouvrage d’infanterie avec un affût double de mitrailleuses et un canon de 47mm

En août 1934 une délégation tchécoslovaque se rend en France pour visiter les ouvrages de la ligne Maginot construits ou en cours de construction dans le Nord, l’Alsace, le Rhin et les Alpes.

En mai 1935 la France organise pour des officiers tchécoslovaques un stage à Strasbourg, une formation théorique doublée de la visite des ouvrages Maginot de Schiesseck et de Simserhof.

Le premier est situé dans le sous-secteur de Bitche (37ème RIF) dans le secteur fortifié de Rorbach, un secteur fortifié qui s’étend de l’ouest de Singling à l’est de l’ouvrage du Grand-Hohékirkel.

-L’ouvrage du Schiesseck est un ouvrage d’artillerie à neuf blocs et deux entrées. Si le Bloc 1 est armé d’une tourelle de 81mm, d’une cloche M et d’une cloche GFM, le Bloc 2 est une casemate d’infanterie flanquant vers l’ouest disposant d’un créneau JM/AC 47, d’un créneau JM, de deux cloches M, d’une cloche GFM sans oublier un observatoire avec une cloche obs./VDP.

Le Bloc 3 est une casemate d’infanterie disposant de deux cloches M et d’une cloche GFM alors que le Bloc 4 combine une casemate de 81mm, deux créneaux de 81 en sous-sol, une cloche M et une cloche GFM. Le Bloc 5 est une casemate d’infanterie armée d’une cloche M et de deux cloches GFM alors que le Bloc 6 est armée d’une tourelle de mitrailleuses et d’une cloche GFM.

Les Bloc 7 et 8 sont des ouvrages d’artillerie, le premier disposant d’une tourelle de 75mm modèle 1932R, d’une cloche GFM et d’une cloche LG alors que le second dispose d’une tourelle de 135mm, une cloche GFM et une cloche obs./VDP. Le Bloc 9 est un bloc observatoire avec une cloche obs/VDP et une cloche GFM.

L’Entrée des Hommes en puit est défendue par un créneau JM/AC 47 et deux cloches GFM alors que l’Entrée des Munitions de type B de plain pied défendue par deux créneaux JM/AC 47 et deux cloches GFM.

-L’ouvrage du Simserhof est situé dans le sous-secteur du Légeret (153ème RIF) dans le même secteur fortifié que le précédent.

C‘est un ouvrage d’artillerie à huit blocs et deux entrées. Le Bloc 1 est un bloc mixte combinant une chambre de tir d’artillerie avec un créneau de 135, une chambre de tir infanterie avec un créneau JM/AC 47, un créneau JM flanquant vers l’ouest, une tourelle de mitrailleuses et une cloche GFM.

Le Bloc 2 est également un bloc mixte à une chambre de tir d’infanterie(un créneau JM/AC 47 et un créneau JM), une tourelle de 81mm, une cloche GFM et un observatoire avec une cloche obs./VDP tout comme le Bloc 3 qui combine une casemate d’infanterie armée d’un créneau JM/AC 37 et d’un créneau JM flanquant vers l’ouest, une tourelle de 81mm et deux cloches GFM.

Le Bloc 4 est un bloc mixte à une chambre de tir d’artillerie (un créneau de 135mm), une chambre de tir d’infanterie ( un créneau JM/AC 37 et d’un créneau JM) flanquant vers l’est, une tourelle de mitrailleuses et une cloche GFM.

Le Bloc 5 est une casemate d’infanterie flanquant vers l’ouest avec trois matériels de 75mm modèle 1932, deux cloches GFM, une cloche LG et une cloche obs./VDP alors que le Bloc 6 est une casemate d’infanterie flanquant vers l’est avec trois matériels de 75mm modèle 1932, deux cloches GFM, une cloche LG et une cloche obs./VDP.

Le Bloc 7 dispose d’une tourelle de 135mm et deux cloches GFM alors que le Bloc 8 est armée d’une tourelle de 75mm modèle 1933 et deux cloches GFM.

L’Entrée des Hommes en puit est défendue par deux créneaux JM/AC 47, deux cloches GFM et une cloche LG alors que l’Entrée des munitions type A de plain-pied est défendue par un créneau JM/AC 47 et deux cloches GFM.

Le 20 mars 1935 est créé la Reditelstvi opevnovacich proci (ROP) soit en français la direction des travaux de fortification. Pour la conseiller une mission militaire française permanente est envoyée en Bohème pour la conseiller.

Il est prévu qu’entre 1936 et 1941 on construise des fronts fortifiés puissants au nord face à l’Allemagne (Elbe et Oder) et au sud face à la Hongrie s’y ajoute également des défenses sur le Danube.

Entre 1941 et 1945, le système doit être étendu avec des fortifications plus allégée en Slovaquie du Sud et à l’ouest en Bohème. En 1946 les fortifications doivent voir le jour sur la frontière austro-tchécoslovaque. Les plus optimistes estiment que tout ne pourra être achevé qu’au début des années cinquante. On connait la suite………… .

La France conseille mais ne fournit aucun plan et aucun équipement qui sont 100% tchécoslovaques, des équipements souvent plus modernes que leurs équivalents français car les tchécoslovaques pouvaient tirer les leçons de l’utilisation par la France de ses ouvrages.

Au deuxième semestre 1938, 20% des ouvrages et des casemates sont réalisés tout comme 70% des fortifications légères.

Après l’annexion des Sudètes, les allemands récupèrent 227 casemates (sur les 539 projetées), deux observatoires, plus de 10000 blocs légers réalisés plus cinq ouvrages sur les quatorze planifiés (gros œuvre terminé, armement non encore installé). En mars 1939 la proclamation du Protectorat de Bohême-Moravie permet aux allemands de récupérer l’armement évacué lors de la crise des Sudètes.

Les allemands vont démanteler les ouvrages, récupérant du matériel, des équipements, des armes pour leur Westwall et ainsi accélérer les travaux. Les ouvrages sont également utilisés pour tester des tactiques et des techniques de lutte anti-fortification, les allemands répétant des tactiques d’assaut qui se montrèrent efficaces contre les ouvrages belges et français.

Quand le cours de la guerre devint défavorable aux allemands certains ouvrages encore en relatif bon état vont être remis en ordre de marche pour offrir une barrière face à l’avancée soviétique mais comme la RKKA s’arrêta à la frontière tchécoslovaque ils furent utilisés ni contre les soviétiques ni contre les occidentaux.

Durant la guerre froide des ouvrages furent transformés en abris anti-atomique pour les autorités communistes tchécoslovaques et depuis l’an 2000 des ouvrages ont été restaurés et transformés comme musées.

La Légion tchécoslovaque en Pologne

La Legion Czechoslowacki est créée en 1939 par des tchécoslovaques qui souhaitent combattre les allemands aux côtés des polonais en dépit du fait Varsovie se joint à la curée après les désastreux accords de Munich.

C’est donc davantage par haine des allemands que par sympathie pour les polonais que des tchèques et des slovaques choisissent de passer en Pologne. Nul doute que le précédent des légions tchécoslovaques en Italie, en Russie et en France à également joué.

Des civils et des militaires tchécoslovaques trouvent refuge à l’ambassade de Tchécoslovaquie à Varsovie et au consulat à Cracovie. Les militaires de l’ancienne arrmée tchécoslovaque sont les seuls à vraiment vouloir rester en Pologne. De son côté le gouvernement polonais se montre réticent.

Plus de 4000 tchèques et slovaques quittent la Pologne via six transports du 22 mai au 21 août 1939 pour rejoindre la Légion Etrangère.

1000 décident de rester ce qui représente 700 fantassins et 200 aviateurs. Si les premiers tardent à être équipés, les seconds vont former un escadron de reconnaissance.

Quand les allemands attaquent le 1er septembre 1939, la Légion Tchécoslovaque n’est pas encore opérationnelle, la Legion Czechow i Slowakow devenant réalité si on peut dire le 3 septembre 1939 soit le jour où la France et la Grande-Bretagne déclare la guerre à l’Allemagne.

Elle ne dispose pas d’uniformes et manque d’armes. Elle n’est pas engagée au combat. En revanche les aviateurs combattent à bord de Potez 25, de RWD-8 et de PWS-26.

Les fantassins sont évacués de Bronowice (près de Cracovie) vers l’est. Plusieurs sont tués par des bombardements aériens. Si certains sont internés par les soviétiques le 19 septembre 1939, d’autres parviennent à franchir la frontière polono-roumaine avant d’être internés en Roumanie.

Leur situation est délicate car ils peuvent être considérés comme des traitres. Nombre d’entre-eux s’évadent de crainte d’être livrés aux allemands. Ils vont rallier la France soit seuls ou dans les bagages des soldats polonais évacués vers la France par la marine marchande roumaine.

Le 2 octobre 1939 l’Armée Tchécoslovaque en France est créée mais son existence réelle sera limitée puisque les divisions seront placées sous commandement français. En janvier 1940 les tchécoslovaques internés en URSS sont libérés et peuvent rallier l’ouest sauf les communistes qui demandent à rester en URSS.

L’Armée Tchécoslovaque en France

Si la mise sur pied d’une Armée polonaise en France ne fait guère de débat en revanche la mise sur pied d’une Armée Tchécoslovaque en France à été plus difficile, plus douloureuse. De nombreuses négociations politiques ont été nécessaires pour permettre la mise sur pied d’unités de combat tchécoslovaques.

Les premiers militaires tchèques et slovaques arrivent à l’automne 1939 et faute d’unités doivent s’engager dans la Légion Etrangère. Ils sont envoyés en Algérie où ils sont soumis à des vexations venant notamment de sous-officiers allemands.

La guerre de Pologne ne permet pas la mise sur pied de grandes unités mais le gouvernement tchécoslovaque en exil à Londres avec une antenne à Lyon veut préserver l’avenir et après de longues et douloureuses négociations un accord est signé en septembre 1940 pour mettre sur pied des unités du temps de paix dont les effectifs doivent être augmentés avec la mobilisation de tchèques, de slovaques, de ruthènes vivant en France mais aussi de volontaires venus de la diaspora vivant notamment aux Etats-Unis.

Une infrastructure est nécessaire. Un premier camp est aménagé à Agde suivit d’un deuxième à Nimes, d’un troisième à Avignon et d’un quatrième à Chalons sur Saone, des camps cohabitant souvent avec des installations de l’armée française ce qui favorisait les synergies pour utiliser un terme moderne.

Dès l’été 1948 plusieurs grandes unités aériennes et terrestres vont être mises sur pied. Cette mise sur pied est délicate en raison de relations parfois houleuses entre les tchèques et les slovaques. Il faudra des pressions, une habile propagande et des sanctions pour que le gouvernement français et le général Villeneuve estime les unités tchécoslovaques capables de combattre.

On trouve d’abord la 1ère Division d’Infanterie Tchécoslovaque (1ère DIT) qui va intégrer le 10ème Corps d’Armée qui lui même dépendait de la 8ème Armée (Groupe d’Armées n°2) qui couvrait le secteur compris entre le Montbéliard et le lac Léman.

Cette division est organisée sur le modèle français avec trois régiments d’infanterie (1er régiment tchèque, 2ème régiment tchèque et 3ème régiment tchèque), deux régiments d’artillerie (1er et 2ème régiment d’artillerie tchèque, le 1er étant l’équivalent d’un RAD et le second l’équivalent d’un RALD), la 1ère Batterie Divisionnaire Antichar tchèque, le 1er Bataillon de défense antiaérienne tchèque, le 88ème bataillon du génie et diverses unités de soutien.

Un GRDI monté, le 1er groupe de cavalerie tchèque complète le dispositif, sa motorisation prévue n’à pas été réalisée avant septembre 1948.

La 2ème Division d’Infanterie Tchécoslovaque (2ème DIT) dépend du Détachement d’Armées du Sud-Ouest (DASO) _successeur du Détachement d’Armées des Pyrénées (DAP)_ et plus précisément du Secteur Opérationnel de l’Adour.

Cette division comprend trois régiments d’infanterie tchèques (4ème, 5ème et 6ème régiments tchèques), deux régiments d’artillerie (3ème et 4ème régiments d’artillerie tchèques _le premier étant un RAD et le second un RALD_), la 2ème Batterie Divisionnaire Antichar tchèque, le 2ème Bataillon de défense antiaérienne tchèque, du 96ème bataillon du génie et diverses unités de soutien. Un GRDI est prévu mais n’à pas le temps et/ou les moyens de voir le jour.

A la mobilisation, deux divisions de travailleurs sont levées, des divisions destinées à des travaux de fortification complémentaires et d’aménagement au Havre pour protéger ce port pétrolier mais également à Paris pour compléter la ligne Chauvineau.

Plan de la ligne Chauvineau

Ces travaux terminés, ces deux divisions sont transformées en 3ème et 4ème Divisions d’Infanterie Tchèque (3ème et 4ème DIT), divisions organisées sur le modèle des D.L.I avec un équipement français.

Concrètement elles comprennent deux régiments d’infanterie au lieu de trois, un régiment d’artillerie divisionnaire, une batterie divisionnaire antichar, une batterie de défense antiaérienne, un bataillon du génie et des unités de soutien.

La 3ème D.I.T est envoyée au Levant en novembre 1948 et la 4ème D.I.T sera envoyée dans le sud de la France comme réserve pour un renforcement des défenses de la Corse.

La 1ère DIT va participer à la Campagne de France notamment quand les allemands lancent l’opération TIGER, le franchissement en force du Rhin. Ils vont se montrer à la hauteur de leurs grands anciens du premier conflit mondial, la division se repliant en bon ordre sur la Seine mais est passablement affaiblie.

Elle est retirée du front une fois le front stabilisé. La 2ème DIT est transférée sur la Seine toujours sous commandement français.

Après avoir envisagé de fusionner les deux divisions, décision est prise de réorganiser les deux divisions sous la forme de DLI. Ces deux divisions légères vont combattre en France puis en Allemagne.

En septembre 1953 la 2ème DLIT (Division Légère d’Infanterie Tchécoslovaque) est dissoute pour compléter les effectifs de la 1ère qui va terminer la guerre en Bavière et ne va pas tarder à rentrer en Bohème-Moravie. Elle va participer après guerre à la reconstitution d’une armée tchécoslovaque digne de ce nom.

La 3ème DIT est envoyée au Levant en novembre 1948 pour défendre les mandats. Elle mène des missions de police coloniale puis rallie l’Afrique du Nord pour assurer le «service après vente» de l’opération BAYARD.

En février 1949 l’opération MERKUR est lancée par les germano-italiens contre la Corse qui est conquise, la Sardaigne qui est reconquise mais Malte est préservée. La division tchèque est transférée à Malte et va combattre les parachutistes italiens. Elle s’illustre et voit son moral remonter en flèche.

De son côté la 4ème DIT va défendre la Corse où elle subit de lourdes pertes à tel point qu’elle est évacuée rapidement pour reconstitution en Algérie. Pour cela la 3ème DIT quitte Malte pour rallier également l’Algérie.

Pour ne fâcher personne, les deux divisions sont fusionnées pour devenir la 7ème Division Légère d’Infanterie Tchécoslovaque, la division à nouveau opérationnelle en décembre 1949 va participer à la libération de la Corse lors de l’opération MARIGNAN (août 1951).

La division reste déployée en Corse jusqu’en juin 1953 quand elle passe en Italie participant notamment à l’opération AURORE (11 janvier 1954), terminant la guerre dans le sud de l’Autriche.

Elle va rallier la Tchécoslovaquie dès le mois d’octobre 1954, la 7ème DLIT servant de creuser à une nouvelle division de la nouvelle armée tchécoslovaque.

Les forces armées du protectorat de Bohème-Moravie

Peloton d’honneur de la Vladni vojsko

Le 25 juillet 1939 est créée la Vladni vojsko ou armée gouvernementale. C’est le bras armé du protectorat de Bohème-Moravie. Sa création répond à trois critères principaux :

-Eviter une trop forte augmentation du chomage en raison de la dissolution de l’Armée Tchécoslovaque

-Légitimer leur occupation en faisant croire aux crédules et aux naïfs que rien n’avait vraiment changé

-Protéger le président Hacha, un «président fainéant» au sens où les historiens l’entendait pour les derniers mérovingiens (c’est les maires du palais comme Charles Martel qui possédaient la réalité du pouvoir).

Les allemands qui connaissaient les avantages d’une armée réduite avaient fixé à 7000 hommes les effectifs maximum de l’armée gouvernementale. En septembre 1948 les effectifs ont péniblement atteint les 6500 hommes répartis en douze bataillons avec un armement léger mais tout de même 40 généraux !

Le 1er bataillon était destiné à protéger le président Hacha, son gouvernement et garder avec des troupes allemandes le château de Prague. Ces bataillons dépendaient de trois inspections générales : Prague, Brno et Hradec-Kralove.

Dans un premier temps les soldats, sous-officiers et officiers venaient de la défunte armée tchécoslovaque mais pour des raisons politiques ils sont peu à peu remplacées par de nouvelles recrues.

Elles étaient recrutées chez les tchèques âgés de 18 à 24 ans, d’ethnie aryenne, 1.65m comme taille minimum, en bonne santé et sans casier judiciaire.

Les allemands n’ont jamais vraiment eu confiance dans cette arme ce qui explique les sérieuses limites en matière d’armement. Ces limites sont levées à partir de septembre 1948 avec quelques pièces d’artillerie, des véhicules blindés mais les demandes pour l’acquisition de chars seront retoquées par les allemands.

Au printemps 1949 les douze bataillons sont fusionnés en six régiments répartis en trois brigades avec un peu d’artillerie et quelques unités de soutien.

Le projet de créer des unités montées se heurta au manque de chevaux et seule la première brigade recevra une compagnie montée qui lors de son engagement contre la résistance tchèque passa avec armes et bagages à l’ennemi !

Même chose pour le projet de créer une unité S.S. La Compagnie de St Wenceslas créée en juillet 1953 ne fût jamais engagée au combat faute de moyens humains et matériels.

Cette armée gouvernementale va se dissoudre au printemps 1954, des hommes ralliant les allemands d’autres la résistance, combattant notamment à Prague et accueillant les troupes de la RKKA lui servant de guide.

A la différence de la Garde Hlinka cette force armée ne fût pas considérée comme une force armée collaborationiste et leurs chefs ne furent pas inquiétés par le gouvernement Benes une fois ce dernier revenu au pays.

Mitteleuropa Balkans (212) Slovaquie (6)

ARMEE DE TERRE SLOVAQUE

Une histoire militaire des tchèques et des slovaques

Si l’armée tchécoslovaque voit le jour en 1918 cela ne signifie pas que l’histoire martiale des tchèques et des slovaques à commencé à la fin du premier conflit mondial, elle est bien plus ancienne. Comme je manque de sources ce sera forcément un balayage très grossier.

Armée Noire

Les armées permanentes apparaissent à la fin du Moyen-Age. Parmi les pionniers nous trouvons la France de l’universelle aragne (Louis XI) et la Hongrie de Mathias Corvin et son Armée Noire car portant des armures sombres.

Cette armée à l’existence éphémère (1458-1494) comprenait à l’origine 6 à 8000 mercenaires puis 15 à 2000, les effectifs maximum étant atteint en 1485 avec 20000 cavaliers et 8000 fantassins. Elle était composée essentiellement de tchèques, d’allemands, de serbes, de polonais et de hongrois.

Armée du Saint-Empire

L’Armée du Saint-Empire en version originale Reichsheer voit le jour en 1422 et disparaît en 1803 quand le Saint Empire Romain Germanique disparaît au profit de l’Empire d’Autriche. Elle est composée de contingents du Saint-Empire dont la mobilisation doit être votée par la Diète Impériale. A noter que l’empereur possédait sa propre armée (Kaiserliche Armee).

En 1681 le Cercle d’Autriche qui incluait la Bohème devait fournir 2522 cavaliers et 5507 fantassins.

La mobilisation de cette armée est difficile car les Etats membres de l’Empire qui depuis la paix de Westphalie (1648) peuvent lever leurs propres unités renaclent à les laisser à l’empire et quand c’était le cas les unités étaient de piètre qualité.

En 1702 à la Diète de Ratisbonne dans le contexte de la Guerre de Succession d’Espagne le projet d’une armée impériale permanente est rejettée.

Armée commune, armées territoriales autrichiennes et hongroises

Armée territoriale hongroise en 1918

Jusqu’à l’implosion de l’Autriche-Hongrie il n’existait pas d’unités tchèques ou d’unités slovaques spécifiques probablement pour éviter qu’ils ne servent de creuset à une révolte nationale. Les tchèques et les slovaques servaient donc dans l’armée commune ou dans les armées territoriales de Transleithanie et de Cisleithanie.

La Gemeinsanne Armee (Armée Commune) voit le jour le 15 mars 1867 suite au compromis austro-hongrois. Elle est aussi connue après sa disparition sous le nom de KüK Armee et de Csaszari es kiralyi hadsereg.

Les tchèques et les slovaques font partie sans nul doute des 57 régiments allemands pour les premiers et des 45 régiments hongrois pour les seconds. Même topo au sein des 15 régiments de dragons impériaux et royaux, des 16 régiments de hussards impériaux et royaux et des 11 régiments de uhlans impériaux et royaux.

En juin 1914 l’armée commune c’est seize corps d’armée, quarante-neuf divisions d’infanterie représentant 76 brigades d’infanterie et 14 brigades de montagne, huit divisions de cavalerie soit seize brigades montées.

L’armée commune c’est un total de 102 régiments d’infanterie à quatre bataillons chacun, quatre régiments bosniens à quatre bataillons, quatre régiments de fusiliers du Tyrol à quatre bataillons chacun, trente deux bataillons de fusiliers et un bataillon de fusiliers bosniens.

L’artillerie c’est quarante-deux régiments d’artillerie de campagne, onze régiments d’obusiers de campagne, onze bataillons d’artillerie hippomobile, quatorze bataillons d’obusiers lourds, onze régiments d’artillerie de montagne, six régiments d’artillerie de forteresse, huit puis dix bataillons indépendants d’artillerie de forteresse.

La langue de commandement est l’allemand mais comme les régiments sont rarement pour ne pas dire jamais homogènes les officiers et surtout les sous-officiers doivent connaître les langues des hommes du rang.

On trouve également des tchèques et des slovaques au sein de l’armée territoriale hongroise ou Honved ainsi que dans l’armée territoriale impériale-royale autrichienne (K.k Landwehr).

L’armée royale hongroise complétait l’armée commune. En dépit de son caractère territorial elle était mieux équipée que l’armée commune pour la simple et bonne raison que si les hongrois étaient réticents à financer la Gemeinsanne Armee en revanche l’armée territoriale succédané d’une armée hongroise indépendante c’était différent…… .

Cette armée s’appuie sur six districts dont deux nous concernent plus particulèrement, le troisième district qui couvre la région de Kosice et le quatrième qui couvre la région de Bratislava.

Elle comprend deux divisions d’infanterie à deux brigades chacune, deux divisions de cavalerie à deux brigades chacune, douze brigades indépendantes d’infanterie ce qui représente au total trente-deux régiments d’infanterie, dix régiments de hussards, huit régiments d’artillerie de campagne et un bataillon d’artillerie hippomobile.

A Kassa sont stationnées la 77ème brigade indépendante d’infanterie ainsi que la 24ème brigade de cavalerie de la 11ème division de cavalerie et le 3ème régiment d’artillerie. A Pozsony (Presbourg/Bratislava) est stationnée la 73ème brigade d’infanterie.

Les légions tchécoslovaques

Sous ce terme figure différentes unités composées de volontaires et d’anciens prisonniers de guerre qui ont combattu aux côtés des alliés que ce soit sur le front français, sur le front italien et surtout sur le front russe. Leur but ultime est d’obtenir un Etat Tchéco-Slovaque. Les effectifs ne sont pas négligeables puisqu’on tourne autour de 100000 hommes.

La Légion tchécoslovaque en Russie

Commençons par la plus importante, la légion tchécoslovaque en Russie. Le 5 août 1914 la Stavka autorise la création d’une unité composée de tchèques et de slovaques vivant dans l’Empire russe, cette unité étant appelée les Compagnons Tchèques soit en version originale Ceska Druzina.

L’unité est opérationnelle en octobre 1914 et rattachée à la 3ème Armée. Elle est utilisée comme unité de choc en menant des patrouilles, en capturant des prisonniers pour interrogatoires et au nettoyage des tranchées.

Pour augmenter les effectifs de l’unité, la Russie autorise le recrutement dans les camps de prisonniers avant de finalement rétropédaler du moins officiellement car localement c’était une tout autre histoire.

Début 1916 la Druzina devient le 1er régiment de fusiliers tchéco-slovaque. Toujours en 1916 deux autres régiments sont créés permettant la mise sur pied d’une Brigade de fusiliers Tchéco-Slovaques soit en version originale Ceskoslovenska strelecka brigada. Cette unité se distingue durant l’offensive Kerensky au cours de la Bataille de Zborov (1er-2 juillet 1917).

La brigade tchéco-slovaque est ici engagée pour la première fois en unité constituée. Elle parvient à percer le dispositif germano-autrichien mais si ce succès à été militairement limitée en revanche sur le plan politique, diplomatique et de propagande les bénéfices ont été énormes.

C’est cet événement qui permet officiellement le recrutement des tchèques et des slovaques au sein des camps de prisonniers. Un quatrième régiment s’ajoute à la brigade, brigade qui devient la 1ère Division du Corps Tchécoslovaque en Russie (Ceskoslovensky sbor na Rusi) aussi connue sous le nom de Ceskoslovenska legie (Légion Etrangère). Une deuxième division à quatre régiments est créé en octobre 1917 portant les effectifs en 1918 à environ 40000 hommes.

En novembre 2017 à lieu la Révolution d’Octobre. Le président du Conseil National Tchécoslovaque Tomas Masaryk présent en Russie décide d’évacuer la Légion Tchécoslovaque de Russie pour qu’elle continue à combattre en France. L’évacuation doit se faire depuis Vladivostok ce qui impose de traverser toute la Russie !

Les bolchéviques donnent leur accord en février 1918 mais le 18 février les allemands lancent l’opération FAUSTCHLAG, l’ultime offensive à l’est, une véritable promenade de santé. Les tchécoslovaques doivent combattre les allemands pour évacuer.

Un accord est trouvé avec le gouvernement bolchévique le 25 mars 1918 mais doivent céder une partie de leurs armes. Des tensions réciproques se font jour, les partisans de Lénine soupçonnant les tchécoslovaques d’aider les Blancs alors que les tchécoslovaques soupçonnent les bolcheviques d’envoyer des communistes tchèques pour semer la zizanie. En mai 1918 ils traversent la Russie entre Penza et Vladivostok.

Le 14 mai 1918 ont lieu à Tchelyabinsk des affrontements entre tchécoslovaques qui allaient vers l’est et anciens prisonniers de guerre magyars qui allaient vers l’ouest. Trortsky ordonne le désarmement des légionnaires tchéco-slovaques mais ces derniers refusent et vont tailler leur chemin à coup de fusil, parvennant à contrôler Vladivostok à la fin du mois de juin.

A la mi-juillet ils contrôlent la portion Samara-Irkutsk du Transsibérien. En septembre tous les bolcheviques ont été chassés du Transsibérien. Approchant Iekaterinbourg, ils provoquent indirectement l’exécution de la famille impériale.

Les alliés interviennent à Vladivostok pour permettre l’évacuation des tchèques et des slovaques non sans arrières pensées. 70000 japonais, 829 britanniques, 1400 italiens, 5002 américains et 107 français.

Les victoires tchécoslovaques vont clairement contribuer à la reconnaissance d’un Etat Tchéco-Slovaque indépendant même si on peut se demander si il y avait une autre alternative.

La première guerre mondiale étant en passe de se terminer, la Légion Tchécoslovaque va participer officiellement à la guerre civile russe aux côtés des Blancs avec des effectifs qui sont passés à 61000 hommes.

Le 28 octobre 1918 l’indépendance tchécoslovaque est officiellement proclamée à Prague ce qui donne envie aux légionnaires de rentrer au pays. Ils sont d’autant plus impatients que le 18 novembre 1918 le gouvernement provisoire de toutes les russies à été renversé par l’amiral Kolchak.

Durant l’hiver 1918/1919 ils défendent le Transsibérien vital pour le ravitaillement des armées blanches. Cette mission est menée par les tchécoslovaques appuyés par d’anciens prisonniers de guerre polonais, roumains et yougoslaves.

Le 14 novembre 1919 Omsk la capitale de l’amiral Kolchak tombe aux mains des bolcheviques. C’est alors une fuite éperdue vers l’est de tous ceux qui ont à craindre des nouvelles autorités. Les tchécoslovaques sont neutres, refusant de protéger l’amiral Kolchak et le livrant même aux SR (Socialistes Révolutionnaires).

Un armistice est signé entre les tchécoslovaques et la 5ème armée Rouge le 7 février 1920. les tchèques et les slovaques peuvent rallier Vladivostok en laissant l’or impérial. Le même jour l’amiral Kolchak est exécuté.

Les tchécoslovaques sont enfin évacués entre mars et septembre 1920. Au total 67739 personnes sont évacuées dont 56455 soldats, 3004 officiers, 6714 civils 1716 femmes 717 enfants 1935 étrangers et 198 autres. Ces hommes vont former le cœur de la nouvelle Armée Tchécoslovaque. 4112 tchécoslovaques ont été tués (première guerre mondiale et guerre civile russe) sans compter les disparus et les déserteurs.

Légion Tchécoslovaque en France

Les tchèques et les slovaques souhaitent s’engager le font au travers de la Légion Etrangère. Le 31 août 1914, la 1ère compagnie du 2ème Régiment Etranger d’Infanterie est créée à Bayonne avec essentiellement des tchèques. Elle se distingue à Arras en 1915 mais suite à de lourdes pertes elle est dissoute et les effectifs dispersés.

De nouvelles unités sont créées par un décret du gouvernement français le 19 décembre 1917. En janvier 1918 le 21ème régiment de fusiliers tchécoslovaque voit le jour à Cognac avec d’anciens prisonniers de guerre et des volontaires venus des Etats-Unis. En mai le 22ème régiment est créé, ces deux régiments intégrant la 53ème division d’infanterie qui va combattre d’abord en Haute-Alsace puis en Champagne et en Argonne. Au total 650 tchéco-slovaques sont morts au combat sous uniforme français.

Légion Tchécoslovaque en Italie

Les tchèques et les slovaques ont aussi combattu sur le front italien. En janvier 1918 le quartier général de la 6ème Armée donne son accord pour créer des escadrons de reconnaissance en recrutant parmi les prisonniers de guerre slaves et plus généralement tchèques et slovaques. Ce sont les Esploratori Cecoslovacchi (Explorateurs Tchécoslovaques).

Ces escadrons d’éclaireurs sont regroupés en septembre 1918 au sein du 39ème régiment de la Légion Tchécoslovaque d’Italie.

Entre-temps (avril/mai 1918), cinq régiments sont créés le 31ème RI à Pérouse, le 32ème RI à Assisi, le 33ème RI à Foligno, le 34ème RI à Spaleto et le 35ème RI formé en octobre 1918.

Les unités forment deux divisions, la VI. Division avec les 31ème, 32ème et 35ème alors que la VII. Division avec les 33ème, 34ème et 39ème RI soit un total de 25000 hommes.

Les unités tchécoslovaques vont combattre sur la Piave mais sont en réserve lors de la bataille de Vittorio Veneto.

Le 8 décembre 1918 Tomas Masaryk, le roi Victor-Emmanuel III, le président du conseil Orlando et le commandant en chef Armando Diaz passent en revue les unités tchécoslovaques avant leur rapatriement qui à lieu en 1919, l’unité ralliant la Slovaquie pour combattre les hongrois dans un après-guerre aussi trouble qu’incertain.

En juillet 1919 le général Pellé à la tête d’une mission militaire française remplace le général Piccione. Cette mission doit organiser l’armée tchécoslovaque en combinant unités locales et unités ayant combattu à l’étranger.

Ces unités vont se montrer instables et source de troubles, combattant les socialistes, les allemands des Sudètes et les juifs. Ils dégradent les monuments habsbourgeois et réclament la dictature de Masaryk.