Pologne et Pays Neutres (9) Espagne (9)

FORCES ARMEES ESPAGNOLES

Armée de terre

Histoire de l’armée espagnole de la Reconquista à la guerre d’Espagne

Contrairement aux autres tomes je ne vais pas détailler l’histoire militaire de l’Espagne même si c’est diablement tentant. Je vais me contenter de quelques dates, de quelques événements saillants. Je renvoie également le lecteur à ma chronologie militaire située plus haut.

Statue du « Gran Capitan »

L’armée de terre espagnole voit le jour au 15ème siècle et s’illustre au cours des Guerres d’Italie (1494-1559) avec notamment El Gran Capitan Gonzalve de Cordoue qui va initier le processus aboutissant aux célèbres tercios. Ces derniers comprennent des piquiers, des hallebardiers et des arquebusiers.

L’armée espagnole est également engagée dans la Guerre de Quatre-Vingt Ans (1568-1648), lutte contre les raids ottomans, soutien les ligueurs français dans les différentes guerres de religion et combat les anglais durant la guerre anglo-espagnole (1585-1604).

Les effectifs ne cessent d’augmenter. On passe d’environ 20000 hommes dans les années 1470 à 300000 hommes dans les années 1630 alors que l’Espagne est engagée dans la Guerre de Trente Ans.

Les effectifs sont composés d’espagnols mais aussi d’italiens et de flamands. De 1703 à 1820 on trouve au sein de la Garde Royale espagnole une unité de Gardes Wallons (Guardia Valona). A cela s’ajoutait des régiments de ligne recrutés dans ce qui n’était pas encore la Belgique.

Viggo Mortensen dans « Capitaine Alatriste »

Souvent mal payés ou pas payés du tout (cf Capitaine Alatriste) ils vivent sur le pays, n’hésitant pas à saccager des villes (17000 morts à Anvers en 1576) ou à livrer des places fortes à l’ennemi.

La guerre de Trente Ans marque la fin de la supériorité militaire espagnole. Le tercio jadis roi des champs de bataille est sérieusement malmené par les néerlandais et les suédois avant que sa réputation d’invincibilité soit définitivement balayée par le duc d’Enghien à la bataille de Rocroi en 1643. Il faut dire que l’ennemi à appris, à mis au point des structures plus flexibles et plus souples que le tercio.

L’acte officiel de création du tercio peut être fixé à l’ordonance de Gênes de 1536. Initialement ils se composent de dix compagnies de piquiers et de deux d’arquebusiers, les premiers devant assurant la protection rapprochée des porteurs d’armes à feu. Cela représente en théorie 3000 hommes par tercio.

Ces unités tirent leur force de leur discipline, d’un sens de l’honneur exacerbé et d’une fidélité au roi et à la foi catholique, des éléments particulièrement utiles quand ces hommes combattaient ceux que l’Eglise catholique considéraient comme des hérétiques.

Les tercios se dispersent entre l’Espagne, la Flandre, l’Italie et l’Afrique. En 1685 l’effectif des tercios est réduit à environ un millier d’hommes. Plusieurs refontes ont ensuite lieu jusqu’en 1704 quand le terme disparaît.

L’armée espagnole participe également aux opérations outre-mer.

Avec l’arrivée des Bourbons à Madrid l’armée espagnole est réorganisée sur le modèle français. Les vieilles unités sont transformées en régiments.

En 1764 une première école militaire est créée en Espagne, l’Ecole Royale d’Artillerie à Ségovie.

En 1768 le roi Charles III publie l’ordonnance royale pour l’organisation, la discipline, l’obéissance et le service dans ses armées, un texte dont les grandes lignes seront encore appliquées en 1978 !

A la fin du 18ème siècle la menace terrestre et faible pour ne pas dire inexistante, l’Espagne délaissant son armée de terre au profit de la marine. Les officiers devaient davantage leur poste au patronage qu’à leur compétence, la troupe était composée de paysans peu instruits, peu entrainés et peu motivés. Comme souvent dans les armées de l’époque, les meilleures unités sont composées de volontaires étrangers qui y sont ici essentiellement irlandais, italiens, suisses et wallons. Les unités d’artillerie et du génie sont d’un bon niveau.

Si aux plus bas échelons le niveau tactique est bon en revanche aux échelons les plus élevés de la hiérarchie les tactiques sont démodées et ne prennent pas en compte la révolution tactique amorcée par les unités de la France républicaine, les espagnols n’étant ni les premiers ni les derniers à subir les conséquence de la Furia francese.

L’Espagne affronte la France de 1793 à 1795 puis le Portugal aux côtés de la France en 1804 dans la Guerre des Oranges. L’Espagne va ensuite participer à la guerre péninsulaire aux côtés des britanniques avec à la fois des unités régulières mais aussi un guérilla endémique qui va épuiser l’armée française.

A la fin des guerres napoléoniennes tout est à reconstruire notamment les infrastructures qu’il s’agisse des casernes, des dépôts ou des manufactures d’armes. Pour ne rien arranger le contexte politique est particulèrement compliqué.

Non seulement les colonies sud-américaines secouent le joug colonial espagnol mais l’Espagne métropolitaine doit faire face à une querelle entre le très réactionnaire Ferdinand VII et les libéraux.

Echaudée par les dernières expériences, l’armée espagnole tourne le dos aux volontaires et aux mercenaires au profit du conscrit. Si cela peut éliminer le problème de la discipline et réduire la charge financière cela ne résout pas tous les problèmes.

Ces réformes se heurtent à l’instabilité du pays, aux pronunciamento et aux guerres carlistes. Les militaires espagnols sont davantage préoccupés par la politique que par la capacité de l’armée à faire face à un adversaire digne ce nom.

En 1920 alors que l’armée espagnole s’enlise au Maroc les effectifs sont d’environ 500000 hommes.

En juillet 1936 si une majeure partie de l’armée rejoint par affinité idéologique le camp nationaliste une partie reste fidèle au gouvernement légal. A ces professionnels de la guerre pas toujours bien vu par les autres républicains vont s’ajouter des unités plus politisées venant aussi bien du parti socialiste que du parti communiste ou des différents mouvements anarchistes. A cela va s’ajouter des unités étrangères comme les Brigades Internationales qui quittent le conflit à la fin de 1938.

Soldats républicains

Après une période flottement, l’armée républicaine est réorganisée sous la forme d’une Ejercito Popular de la Republica très influencée par les communistes qui à la différence des anarchistes préféraient gagner la guerre avant de faire la révolution. Les différentes milices politiques sont dissoutes le 16 octobre 1936 et intégrées à la nouvelle armée populaire. Tous les hommes âgés de 20 à 45 ans sont appelés sous les drapeaux.

Aux colonnes et autres milices on préfère la brigade mixte, les six premières (dont deux brigades internationales) sont créées le 18 octobre 1936. Elles se composent chacune de quatre bataillons, chaque bataillon disposant d’un nombre variable de compagnies sachant que les effectifs ne devaient pas dépasser 3000 hommes.

Ultérieurement l’armée républicaine se composa de régiments, de divisions, de corps d’armées et d’armée de campagne.

Sur le plan matériel la situation est très difficile jusqu’au printemps 1937. Si nombre de carences et de manques ont alors été résolues certaines unités vont manquer d’armes, de munitions et d’uniformes et ce jusqu’à la fin de la guerre.

L’armée républicaine est très influencée par les communistes espagnoles et les soviétiques ce qui provoque des tensions et des tiraillements avec les socialistes, les trotskistes et les anarchistes.

L’armée républicaine atteint son efficacité maximale à la bataille de l’Ebre (deuxième semestre 1938) mais c’est aussi au cours de cette bataille qu’elle est détruite et que le gouvernement républicain ne pourra la reconstituer faute de moyens et faute de temps.

Après la victoire franquiste les soldats républicains sont souvent fusillés ou emprisonnés dans des camps. D’autres parviennent à passer la frontière et à se réfugier en France. Nombre d’entre-eux vont s’engager dans la Légion Etrangère dans l’espoir d’une future guerre contre l’Espagne devenue franquiste mais comme on le sait jamais la France ne se lancera dans une expédition militaire au sud des Pyrénées.

En mai 1937, l’armée populaire était structuré en plusieurs armées, l’armée du Centre autour de Madrid, l’armée du Sud en Andalousie et en Extremadure, l’armée du Levant, l’armée de l’Est en Aragon, l’Armée du Nord dans le pays Basque isolé du reste de la zone républicaine.

A la fin de l’année on trouvait l’Armée du Centre, l’Armée d’Andalousie, l’Armée du Levant, l’Armée de l’Est et l’Armée de Manoeuvre.

En avril 1938 le territoire républicain est coupé en deux quand les franquistes atteignent la Méditerranée au sud de Valence. Deux groupes d’armées sont alors formés, le groupe d’armées de la région centrale et le groupe d’armées de la région orientale.

Le premier comprend l’Armée du Centre (six corps d’armée et quinze divisions), l’Armée d’Extremadure (deux corps d’armées et cinq divisions), l’Armée d’Andalousie (deux corps d’amées et cinq divisions) et l’Armée du Levant (sept corps d’armée et 17 divisions) soit un total de dix-sept corps d’armée et trente-sept divisions.

Le second comprend l’Armée de l’Est (trois corps d’armée et neuf divisions) et l’Armée de l’Ebre (quatre corps d’armée et quatorze divisions) soit un total de sept corps d’armée et de vingt-trois divisions.

Défilé à Paris le 14 juillet d’un détachement de la Légion espagnole

Durant la guerre d’Espagne l’armée se divise entre républicains et nationalistes. Les seconds bénéficiant de l’aide précieuse de l’Armée d’Afrique avec ses unités d’élite comme les regulares ou encore le Tercio la Légion Etrangère espagnole. L’apport de contingents allemands, italiens mais aussi irlandais et portugais à joué aussi un rôle important.

En juillet 1936 quand l’armée d’Afrique se révolte, l’armée se divise mais pas aussi nettement qu’on l’à écrit puisque en ce qui concerne les officiers on trouve 9294 côté nationaliste et 8929 côté républicain. On trouve 140604 soldats et sous-officiers côté nationaliste (dont 47127 hommes pour l’Armée d’Afrique) et 116051 côté républicain.

Si les hauts gradés restent majoritairement loyaux à la république, les officiers subalternes rallient majoritairement la rébellion ce qui va faire la différence sur le terrain. Durant le conflit le nombre d’officiers va augmenter côté nationaliste mais va chuter dans le camp d’en face.

Une fois qu’il devint évident que la guerre allait durer, les unités insurgées vont être réorganisées pour pouvoir durer. On trouve ainsi l’Armée du Nord sous le commandement du général Mola et l’Armée du Sud sous le commandement du général Queipo de Llano.

En avril 1937 les divisions organiques sont transformées en corps d’armée, la 5ème division organique devenant le corps d’armée d’Aragon, la 6ème le corps d’armée de Navarre, la 7ème le corps d’armée de Castille et la 8ème le corps d’armée de Galice. La zone de responsabilité de ces divisions sont reprises par des régions militaires recrées.

Défilé d’une unité des réquetes

A l’époque on trouve sous le pavillon national environ 300000 hommes contre 500000 côté républicain mais ce écart numérique est compensé par un meilleur niveau global des unités nationales (Armée d’Afrique, carlistes……). Outre les unités en ligne on trouve le commandement du général Orgaz une réserve composée de plus de 200 bataillons d’infanterie de 70 batteries d’artillerie. A la fin de 1938 les nationalistes alignent plus d’un million d’hommes.

Les différents divisions sont placées sous l’autorité de l’Armée du Sud (Queipo de Llano) en Andalousie, de l’Armée du Centre (Saliquet), de l’Armée du Nord (Davila) et de l’Armée du Levant (Orgaz).

Alors que la guerre touche à son terme, le camp nationaliste regroupe 1065941 hommes avec un total de 61 divisions (840000 hommes), 15323 cavaliers, 19013 artilleurs, 35000 hommes de l’Armée d’Afrique, 32000 italiens (Corpo Truppe Volontarie), 5000 allemands de la Legion Condor et 119594 auxiliaires.

A la fin du conflit on compte 850000 fantassins, 19000 artilleurs et un grand nombre d’unités de cavalerie, l’armée espagnole étant fort peu motorisée et fort peu mécanisée.

A l’été 1939 le général Franco décide de démobiliser, l’objectif étant de passer de 61 à 30 divisions pour permettre de libérer de la main d’oeuvre pour relancer une économique exsangue et sinistrée.

Le déclenchement de la guerre de Pologne entrainera une suspension de la démobilisation de crainte que la France ne profite pour envahir l’Espagne. Elle ne reprendra qu’au début de 1940 quand il devint évident que la Pax Armada allait durer.

L’armée d’Afrique (Ejercito de Africa) voit officiellement le jour en 1859 et va durant presque un siècle symboliser la présence espagnole en Afrique notamment au Maroc, le Sahara occidental, la Guinée Equatoriale ne représentant que des territoires très secondaires.

Cette armée d’Afrique peut puiser ses racines jusqu’au 16ème siècle quand l’Espagne dans la foulée de la Reconquista occupe des territoires en Afrique du Nord notamment les villes de Ceuta et de Melilla, de véritables avant-postes qu’il faut défendre. Cette défense est assurée par des unités faites de bric et de broc : marins, compagnies disciplinaires, infanterie de marine (le Tercio de Armada fondé en 1537 est la plus ancienne unité d’infanterie de marine du monde) et détachements d’unités métropolitaines.

Une querelle existe sur la date exacte de création. Certaines sources donnent 1859 mais d’autres disent 1893 avec la constitution du 1er régiment d’infanterie d’Afrique (Regimiento de Africa N°1).

Après la campagne de Melilla de 1909/1910 l’Espagne augmente sa zone d’influence sur le Maroc ce qui impose une sérieuse augmentation des effectifs. Comme souvent en pareilles circonstances, on recrute du personnel indigène sous la forme d’une police appelée Policia Indigena (Police Indigène).

En 1911 les espagnoles créés les Regulares, des unités d’infanterie et de cavalerie composées d’indigènes encadrées par des officiers espagnols.

Appelées officiellement Fuerzas Regulares Indigenas, ces unités sont crées quand l’Espagne à besoin de davantage de troupes pour pacifier sa zone d’influence au Maroc mais que l’envoi de conscrits métropolitains peut se révéler délicat voir explosif (cf la Semaine Sanglante en Catalogne en 1909).

Un premier bataillon indigène (batallon indigena) est créé et en 1914 on quatre groupes (Grupos d’une taille équivalente à un régiment). Des unités de cavalerie sont aussi mises sur pied.

Chaque groupe se composait d’un état-major, d’une compagnie de soutien, de deux tabors (bataillons) d’infanterie, d’un tabor (escadron) de cavalerie, d’une fanfare et d’un corps de trompettes rattaché à l’état-major.

En 1922 les groupes sont passés au nombre de cinq, groupes basés respectivement à Melilla, Tétouan, Ceuta, Alhucemas et Larache.

Unité de Regulares

Les regulares s’illustrèrent dans la guerre non-conventionnelle ce qui déplaisait souvent aux officiers espagnols (durant la guerre d’Espagne les Regulares s’infiltraient dans les lignes républicaines pour capturer des chars, exécutant l’équipage à l’arme blanche avant de ramener le char dans les lignes nationalistes). Parmi ces officiers promis à un brillant avenir, un certain Francisco Franco.

En 1923 un détachement de Regulares montra la garde au palais royal de Madrid. En 1934 les Regulares participent avec le Tercio à la répression du soulèvement des mineurs asturiens, une répression féroce.

Les Regulares jouèrent un rôle clé durant les premières phases de la guerre d’Espagne. Durant la guerre cinq autres groupes d’infanterie furent levés plus deux de cavalerie. Très à l’aise dans les campagnes espagnoles, ils le furent moins en milieu urbain. Jusqu’à la fin de la guerre ils furent surtout utilisés comme troupes de choc.

La guerre d’Espagne terminée les unités furent réduites à huit groupes d’infanterie et deux groupes de cavalerie sans compter un détachement d’honneur qui accompagnait le Caudillo.

On trouve également des unités moins connues comme les Tiradores de Ifni (Tirailleurs d’Ifni), une unité destinée à protéger le territoire d’Ifni, un territoire situé au sud du Maroc qui finira par intégrer le territoire chérifien en 1969.

Les tirailleurs d’Ifini sont créés en 1934 (décret du 9 juin 1934) sur le modèle des tirailleurs nord-africains de l’armée française. Les effectifs sont ceux d’un régiment avec 1235 hommes dont 31 officiers (dont 10 marocains), 38 sous-officiers et 1166 hommes du rang, l’unité étant organisée en trois tabors.

Durant la guerre d’Espagne six tabors sont envoyés en Espagne. Une bandera indépendante (Bandera de Ifni-Sahara) est aussi présente. Ces unités vont participé au défilé de la victoire à Madrid en 1939.

Les tirailleurs d’Ifni vont retourner dans leur région d’origine, servant jusqu’à la rétrocession du territoire au Maroc, l’unité étant alors dissoute, les cadres espagnoles retrouvant la métropole et les hommes de troupes marocains étant transférés dans la nouvelle armée royale marocaine.

On trouve également la Guardia Colonial de la Guinea Espanola (garde coloniale de la Guinée Espagnole), une unité militaire qui assurait la fonction de gendarmerie et de douane au sein de la Guinée Espagnole (Guinée Equatoriale), une unité créée en 1908 et qui à disparue en 1968 quand la Guinée espagnole est devenue indépendante.

Elle se compose à sa création de 430 hommes, des espagnols et des indigènes. Elle va mener des opérations de pacification notamment contre l’ethnie Fang dans le Rio Muni.

En 1926 le corps déploie des garnisons sur tout le territoire et en 1929 la Guinée Espagnole est considérée comme pacifiée.

Au moment de la guerre d’Espagne, le corps se rallie à la rébellion sauf quelques éléments qui vont être évacués vers Barcelone et réintégrer l’armée républicaine.

Le conflit terminé, la garde est réorganisée, ses effectifs augmentés passant à 750 hommes pour assurer des missions régulières de pacification.

Autre unité de l’armée d’Afrique la Légion Espagnole créée par un décret royal du roi Alphonse XIII en date du 28 janvier 1920, une unité modelée sur la Légion Etrangère à savoir un corps de volontaires plus facilement employable que les conscrits espagnols. Les premières recrues arrivent le 20 septembre 1920, une date célébrée chaque année que l’on peut comparer toutes proportions gardées au 30 avril pour la Légion (célébration de la mémoire de la bataille de Camerone).

Bien qu’il y eut la volonté de recruter de nombreux étrangers, l’idéologie très nationaliste de ce corps fit que les étrangers furent très peu nombreux (aujourd’hui les étrangers peuvent intégrer ce corps mais doivent avoir une résidence espagnole).

Créé sous le nom de Tercio de Extranjeros (Tercio des étrangers), il connait son baptême du feu dans la guerre du Rif. L’unité est ensuite rebaptisée en 1925 Tercio de Marueccos (Tercio des marocains), terme très vite abrégé en Tercio puis enfin La Legion en 1937.

A notez qu’il y eut un précédent dans l’histoire de l’armée espagnole puisqu’en 1835 le roi Louis-Philippe 1er offrit à Isabelle II les services de la Légion Etrangère pour combattre durant la première guerre carliste. 4000 hommes débarquent à Tarragone le 17 août 1835 et vont combattre jusqu’à sa dissolution le 8 décembre 1838. A cette époque il restait seulement 500 hommes ! Il y eu également une légion britannique (Legion Britanica) qui participa à ce conflit.

Clairement son créateur le Lieutenant-Colonel José Millan-Astray Terreros s’est inspiré de la Légion Etrangère pour créer ce corps de volontaire qui très vite à acquis une mentalité d’unité d’élite mais comme nous l’avons vu plus haut le recrutement fût très majoritairement hispanisant pour ne pas dire espagnol.

L’unité devint un creuset nationaliste, le choix des termes (Tercio, Banderas plutôt que bataillons) étant des plus explicites. En 1934 pour la première fois les légionnaires vont combattre en Espagne pour réprimer avec les regulares la révolte des mineurs asturiens.

A son apogée durant la guerre d’Espagne, la Légion comprennait 18 banderas plus une bandera de chars, un bandera de génie d’assaut et un groupe d’opérations spéciales.

La guerre d’Espagne terminée le nombre de tercio va être réduit à huit tous déployés au Maroc espagnol. Leur nombre passe à douze suite à la mobilisation de septembre 1948 mais retombe à huit à la fin du second conflit mondial puis à six en 1970 et quatre aujourd’hui, tous portant des noms de grands capitaines espagnols :

-1er Tercio «Gran Capitan Gonzalez Fernandez de Cordoue»

-2ème Tercio «Fernando Alvarez de Tolède, duc d’Albe»

-3ème Tercio «Don Juan de Austria»

-4ème Tercio «Alexandre Farnèse, duc de Parme»

Lors de la guerre du Rif, l’armée d’Afrique était composée de la Légion espagnole, des Regulares, des cazadores (infanterie légère métropolitaine), de l’artillerie, du génie et des unités de soutien soit environ 30000 hommes la plupart professionnels à comparer aux 100000 hommes du reste de l’armée espagnole majoritairement des conscrits.

D’autres unités vont être créés notamment une gendarmerie (Mehalas de la Mehalla’Jalifiana) qui vont intervenir en soutien des autres unités militaires.

A la fin de la guerre du Rif l’armée d’Afrique voit ses effectifs réduits. Aux unités déjà citées vont s’ajouter sept bataillons d’infanterie, six escadrons de cavalerie et six batteries d’artillerie venus de métropole. Ces unités n’étaient pas permanentes mais envoyées par rotation par les différents régiments métropolitains.

Le rôle de l’armée d’Afrique fût capital dans la guerre d’Espagne. Grâce à un pont aérien au dessus du détroit de Gibraltar 1500 hommes furent envoyés en Andalousie jouant un rôle clé dans le contrôle de Séville. D’autres hommes gagnèrent la péninsule par la mer, la marine républicaine affaiblie par l’arrestation et l’exécution de nombreux officiers. Sans l’armée d’Afrique les nationalistes auraient eu du mal à l’emporter.

Durant la Pax Armada les effectifs furent réduits mais politiquement elle fût importante. Des tirailleurs d’Ifni furent envoyés en garnison aux Canaries et une garde maure (Guardia Mora) servait d’unité de parade pour les grandes cérémonies.

En 1960 avec l’indépendance du Maroc les marocains de l’armée d’Afrique furent transférées à la nouvelle armée marocaine. Il ne restait que la Legion et les Regulares de nationalité espagnole ce qui entraina la dissolution de l’armée d’Afrique.

Quand la guerre d’Espagne se termine l’armée franquiste aligne plus d’un million d’hommes répartis en soixante divisions. Au début de 1940 les effectifs sont tombés à 250000 hommes avec une majorité de conscrits qui effectuent un service militaire de deux ans.

Le territoire métropolitain espagnol est divisé en huit régions militaires (Madrid, Barcelone, Seville, Valence, Saragosse, Burgos, Valladolid et La Corogne). En 1944 une neuvième région (Grenade) va s’ajouter et l’armée de l’air devient indépendante.

Après la mobilisation de septembre 1948 l’armée de terre aligne 750000 hommes. Le territoire métropolitain est défendu par huit corps d’armée disposant pour quatre d’entre-eux de trois divisions d’infanterie et pour les quatre autres de deux divisions soit un total de 20 divisions d’infanterie.

Il faut ajouter l’Armée d’Afrique (deux corps d’armée), un commandement général aux Canaries, un autre aux Baléares, une division de cavalerie et une réserve générale d’artillerie. Durant le conflit une réserve générale à trois DI est mise sur pied tout comme une division blindée, la division Brunete à l’équipement baroque. Des unités spécialisées sont également mises sur pied.

Le second conflit mondial terminé les effectifs sont réduits à 22000 officiers, 3000 sous-officiers et environ 300000 hommes du rang.

L’équipement qui n’à pu être vraiment renouvelé depuis la fin de la guerre d’Espagne est en grande partie obsolète. En clair si l’armée espagnole s’était engagée aux côtés des alliés ou de l’Axe, elle aurait davantage représenté un poids qu’un atout. Il faudra attendre 1960 pour que la situation évolue.

Pologne et Pays Neutres (7) Espagne (7)

Charles IV

Charles IV né à Portici (Naples) le 11 novembre 1748 et mort à Rome le 20 janvier 1819 est roi d’Espagne du 14 décembre 1788 au 19 mars 1808. Deuxième fils de Charles III et de Marie-Amélie de Saxe il ne devint l’héritier que suite aux troubles mentaux dont souffrait son frère Philippe-Antoine, ce dernier étant exclu de la succession en août 1759.

Son règne est marqué par l’impact sur l’Espagne de la Révolution Française, l’Espagne hésitant entre alliance et opposition. L’Espagne est ainsi en guerre avec la France (Guerre du Roussillon [1793-1795]) avant d’être alliée à elle.

Ce revirement total est piloté par Charles IV et son puissant ministre Manuel Godoy (accessoirement amant de la reine Marie-Louise de Bourbon-Parme) entraine l’Espagne dans une nouvelle guerre cette fois contre la Grande-Bretagne de 1796 à 1802. C’est une nouvelle défaite qui entraine une déroute financière. En 1805 la marine espagnole engagée aux côtés des français est mise en déroute à Trafalgar.

Cette nouvelle déroute entraina le complot d’El Escorial en novembre 1807 et le soulèvement d’Aranjuez en mars 1808 qui entraina la chute définitive de Godoy (qui avait été écarté du pouvoir de 1798 à 1800).

En mars 1808 il abdique en faveur de son fils Ferdinand VII mais deux mois plus tard convoqués par Napoléon 1er à Bayonne, Charles IV et Ferdinand VII doivent abdiquer au profit du frère de l’empereur des français Joseph devenu José 1er d’Espagne.

Cela entraina un soulèvement des espagnols qui luttèrent contre José 1er et ses alliés espagnoles appelés afrancesados (francisés, pas de besoin de préciser qu’il s’agit d’un terme péjoratif).

Charles IV ne retrouvera jamais son trône et c’est en exil qu’il meurt à Rome à l’âge de soixante-dix ans.

De son mariage avec Marie-Louise de Bourbon-Parme sont nés pas moins de quatorze enfants : Charles-Clément d’Espagne (1771-1774), Charlotte-Joachime d’Espagne (1775-1830), Marie-Louise d’Espagne (1777-1782), Marie-Amélie d’Espagne (1779-1798), Charles d’Espagne (1780-1783), Marie-Louise (1782-1784), Charles d’Espagne (1783-1784), Ferdinand VII (1784-1833), Charles de Bourbon (1788-1855), Marie-Isabelle d’Espagne (1789-1848), Philippe d’Espagne (1791-1794), Philippa d’Espagne (1792-1794) et François de Paule d’Espagne (1794-1865).

Manuel Godoy

Manuel Godoy y Alvarez de Faria, prince de la Paix et de Bassano, duc d’Alcudra et de Sueca (Badajoz 12 mai 1767 Paris 4 octobre 1851) est un courtisan et homme politique espagnol.

Issu d’une famille noble et pauvre, il s’engage dans la garde royale à 17 ans en compagnie de son frère.

Il devient l’ami du prince des Asturies futur Charles IV et accessoirement (ou pas) l’amant de la future reine Marie-Louise de Parme. Les honneurs pleuvent sur lui ce qui suscite jalousies et ragots. Il se murmure que Marie-Isabelle et François de Paule auraient le favori comme père biologique.

Il se marie deux fois. Il épouse Maria Teresa de Borbon y Vallabriga qui lui donne une fille prénommée Carlota Luisa de Godoy y Borba puis se marie avec Josefa de Tudor y Catalan (deux fils Manuel de Godoy y Tudo et Luis de Godoy y Tudo).

En 1792 il remplace le comte d’Aranda comme Secrétaire d’Etat (équivalent du premier ministre). Il tente de sauver Louis XVI cousin de Charles IV mais échoue. Une courte guerre oppose l’Espagne à la France (1793-1795) mais ce conflit se termine par une défaite espagnole.

Il démissione en 1798 mais revient aux affaires en 1801. Il tente d’abord de garder l’Espagne neutre avant de s’accrocher à la France. Cela conduit au désastre de Trafalgar (21 octobre 1805).

En mars 1808 Charles IV est renversé. Godoy est sauvé par Murat qui l’exfiltre vers la France. Il s’exile aux côtés du roi déchu et ne reverra jamais l’Espagne, Ferdinand VII le poursuit de sa vindicte et refusa jusqu’au bout de l’autoriser à rentrer en Espagne ou de lui verser une pension. Après un long exil italien il s’installe à Paris pensionné par Louis-Philippe. Il est mort et enterré à Paris.

Ferdinand VII

Ferdinand VII né à Madrid le 14 octobre 1784 et mort à Madrid le 29 septembre 1833 est roi d’Espagne du 19 mars 1808 au 6 mai 1808 et du 11 décembre 1813 au 29 septembre 1833.

Fils de Charles IV et de Marie-Louise de Bourbon-Parme il détrône son père lors du soulèvement d’Aranjuez en mars 1808 mais deux mois plus tard convoqué à Bayonne par Napoléon dans l’espoir que son coup de force soit validé mais en réalité arrivé dans la ville basque l’empereur des français impose une double abdication à son profit, Napoléon 1er transféra les droits ainsi acquis à son frère ainé Joseph qui quitte le royaume de Naples au profit d’un royaume qui ne tarde pas à se soulever contre José 1er et les afrancesados les libéraux partisans de la France.

Prisonnier au château de Valençay (propriété de Tayllerand), il est libéré en décembre 1813 après la déroute des armées napoléoniennes et l’expulsion de Joseph Bonaparte en juin 1813.

Ferdinand VII retrouve son trône en 1814. Très populaire au point d’être baptisé Le Désiré il dilapide ce précieux capital. En effet le fils de Charles IV comme les ultras de la Restauration en France n’avait «rien appris et rien oublié».

Ferdinand VII refuse de reconnaître la Constitution de Cadix et poursuit de sa vindicte les libéraux ce qui entraine un coup d’Etat. C’est le début du Trienno Libéral (1820-1823).

Ferdinand VII fit mine d’accepter le libéralisme tout en préparant le retour de l’absolutisme. Il fallut pour cela l’intervention d’un corps expéditionnaire français (les «100000 fils de Saint Louis») qui permis à la France de Louis XVIII de retrouver sa place dans le concert des nations.

Il doit faire face à l’indépendance des colonies sud-américaines. Il tente de les reconquérir mais échoue. La fin de son règne est marqué par une répression féroce mais paradoxalement par une certaine ouverture politique sous l’influence de sa quatrième épouse Marie-Christine qui lui donna deux filles, Isabelle et Louise-Fernande.

Il modifie la loi salique pour permettre à sa fille Isabelle de lui succéder au détriment de son frère Charles ce qui va provoquer la première guerre carliste.

A sa mort sa fille Isabelle n’ayant que deux ans c’est sa mère Marie-Christine qui va assurer la régence.

Isabelle II

Isabelle II (Madrid 10 octobre 1830 Paris 9 avril 1904) est reine d’Espagne de 1833 à 1868. Son règne est une succession de troubles et de désastres, l’Espagne sombrant dans le chaos et l’instabilité.

Elle devient reine parce que son père à aboli la loi salique introduite en Espagne par Philippe V en 1713. Ses opposants soutiennent son oncle Charles (Carlos) d’où le nom des opposants à savoir les carlistes.

Comme elle n’est âgée que de deux ans c’est sa mère Marie-Christine, nièce de feu Ferdinand VII son mari (NdA Ahem) qui assure la régence. C’est seulement en 1839 qu’elle est reconnue comme la reine légitime de toute l’Espagne.

En 1840 Marie-Christine abandone la régence au profit du général Espartero, rôle qu’il va assumer jusqu’à la majorité de la reine en 1843.

Elle épouse son cousin François d’Assise de Bourbon, duc de Cadix. Officiellement le couple à eu onze enfants dont cinq survivent. Comme le mari est notoirement homosexuel (il est surnommé Paquita) il y à de forts doutes sur la légitimité des enfants du couple royal. Comme son mari est le fils de François de Paule, le mari d’Isabelle II serait en réalité le fils de Manuel Godoy.

Son image au sein de l’opinion publique est absolument désastreuse : fanatique religieuse mais réputée nymphomane. Elle semble pourtant intelligente, généreuse décidée mais elle est mal conseillée et mal entourée. Très vite ce sont les généraux qui possèdent la réalité du pouvoir.

L’Espagne tente de se moderniser et de se développer sur le plan économique et culturel mais une corruption endémique ruine efforts et progrès réalisés.

En 1851 elle signe un concordat avec le Vatican ce qui coupe l’herbe sous le pied des carlistes. En 1852 elle est victime d’une tentative d’assassinat menée par un moine franciscain.

La fin de son règne est chaos complet. Le 30 septembre 1868 le général Prim se soulève et l’oblige à s’exiler en France. Elle abdique le 25 juin 1870, cédant ses droits à son fils Alphonse XII. Elle meurt en exil mais est enterrée à la nécropole de l’Escurial.

Alphonse XIII

Alphonse XIII né le 17 mai 1886 à Madrid et mort à Rome le 28 février 1941 est roi d’Espagne de sa naissance à son départ en exil (il n’à jamais formellement abdiqué) le 14 avril 1941. C’est le fils posthume d’Alphonse XII et de Marie-Christine d’Autriche. Il devient majeur à l’âge de 16 ans le 17 mai 1902 ce qui met fin à la régence de sa mère.

Il accède au pouvoir dans un contexte difficile, les tentatives d’assassinat se multiplient menées notamment par les anarchistes.

Le 31 mai 1906 il épouse Victoire-Eugénie de Battenberg, fille du prince Henri de Battenberg et de Béatrice du Royaume-Uni et accessoirement du roi Edouard VII. De cette union sont nés sept enfants : Alphonse (1907-1938), Jacques-Henri (1908-1975), Béatrice (1909-2002), Ferdinand (1910-1910), Marie-Christine (1911-1996) Juan (1913-1993) et Gonzalve (1914-1934). Alphonse XIII à également eut plusieurs enfants naturels.

Durant la première guerre mondiale l’Espagne reste neutre ce qui permet au pays de jouer un rôle précieux d’intermédiaire notamment pour connaître le sort des prisonniers avec l’Oficina pro-cautivos (bureau des prisonniers de guerre), un organisme géré par le roi pour ne pas mettre le gouvernement dans l’embarras. En 1917 il tente d’accueillir la famille impériale russe déchue mais sans succès.

L’agitation sociale est quasiment permanente, aggravée par les mauvaises nouvelles venues du Maroc où l’Espagne essayait de contrôler la région du Rif. Suite à la désastreuse défaite d’Anoual en 1921, l’Espagne demandera l’aide de la France pour aboutir à la victoire contre Abd-El-Krim en 1927.

Le 13 septembre 1923 le capitaine général de Catalogne Miguel Primo de Rivera organise un coup d’état validé par le roi. Cela va aggraver la situation, Miguel Primo de Rivera finissant par être démis du gouvernement le 19 janvier 1930. Cela ne parviendra à sauver le sort de la monarchie qui doit faire face à l’agitation des républicains et plusieurs coups d’état.

Les élections municipales du 12 avril 1931 aboutissent à la victoire des républicains dans les grandes villes même si à la campagne les monarchistes restent majoritaires. Cela n’empêche pas les républicains de proclamer la république.

Deux jours plus tard le roi décide de quitter le pays pour dit-il éviter la guerre civile. Il n’abdique cependant pas. Il rallie Carthagène embarquant sur un navire de la marine espagnole direction Marseille puis la région parisienne avant de rallier Rome.

Le 26 novembre 1931 une loi des Cortès accusent Alphonse XIII de haute trahison et le déclare déchu (cette loi sera annulée par Franco le 15 décembre 1938)

Durant la guerre d’Espagne, Alphonse XIII soutient ouvertement la cause nationaliste espérant que le plus jeune général espagnol n’imite le général Monk, le restaurateur des Stuarts. Il fût vite déçu du refus de Franco de restaurer le roi déchu.

Le 15 janvier 1941 Alphonse XIII abdique en faveur de son fils cadet Juan, comte de Barcelone. Il meurt le 28 février 1941 des suites d’une angine de poitrine. Il est enterré dans l’église Sainte-Marie de Montserrat des espagnols avant que sa dépouille ne soit enterré à l’Escurial en 1980 aux côtés de ses ancêtres bourbons.

Miguel Primo de Rivera

le général Primo de Rivera et le roi Alphonse XIII

Miguel Primo de Rivera (Jerez de la Frontera 8 janvier 1870 Paris 16 mars 1930) est un général et homme d’Etat espagnol.

Issu d’une famille d’aristocrates andalous de tradition militaire, Miguel Primo de Rivera suit des études d’histoire et d’ingéniérie avant d’accéder à l’Académie militaire de Madrid.

Il obtient son premier poste au Maroc en 1893. Deux ans plus tard il est affecté au Cuba puis aux Philippines. Il est aux premières loges pour la guerre hispano-américaine (1898) qui provoque la quasi-fin de l’empire colonial espagnol.

Compétent et patriote, il est cependant réservé sur la possibilité pour l’Espagne de conserver le Maroc que Madrid partage avec la France.

En 1902 il épouse Casilda Saenz de Heredia qui lui donne six enfants avant de décéder en 1908.

Gouverneur militaire de Cadix en 1915 il est observateur sur le front occidental. Il est ensuite capitaine général à Valence en 1919, à Madrid puis à Barcelone en 1922.

Le 13 septembre 1923 il réalise un pronunciamento depuis Barcelone. Il est soutenu uniquement par les garnisons de Saragosse et de Bilbao et ne l’emporte uniquement par l’indécision du gouvernement et par la neutralité bienveillante du roi Alphonse XIII.

Il reçoit les pleins pouvoirs du roi le 15 septembre. C’est la période du Directoire militaire avec notamment un Etat de guerre en vigueur jusqu’au 16 mars 1925. Il créé un parti unique (Union Patriotique). Si il est initialement bien accueillit par les autonomistes ces derniers doivent vite déchanter.

Plus que fasciste le régime est conservateur et autoritaire avec la mise en place d’un système corporatif, d’un protectionisme et d’une politique de grands travaux. Avec l’aide de la France, il défait les rifains d’Abd-El-Krim.

Le Directoire Militaire s’ouvre aux civils dans le but de passer la main à un nouveau régimen politique toujours autoritaire et conservateur mais sans le soutien des militaires. En 1927 une assemblée nationale consultative est mise sur pied dans le but de créer une nouvelle constitution mais cela ne dépassera pas le statut de l’avant projet.

La crise de 1929 ruine les bons résultats obtenus dans les années vingt. Lâché par ses confrères inquiets de ses projets de réforme et de réduction du nombre d’officiers, lâché par le roi qui craint l’impact de la dictature sur la monarchie, Miguel Primo de Rivera démissione le 28 janvier 1930, s’exile à Paris où il meurt six semaines plus tard.

Francisco Largo Caballero

Francisco Largo Caballero (Madrid 15 octobre 1869 Paris 23 mars 1946) est un syndicaliste et un homme d’Etat espagnol. Il est membre du PSOE (Parti Socialiste Ouvrier Espagnol) et de l’UGT (Union Générale des Travailleurs).

Il participe à la grève générale révolutionnaire de 1917. Il est condamné à la prison à perpétuité mais est libéré en 1918 après avoir élu député.

Plutôt modéré au début, il était par exemple partisan de la collaboration avec la dictature de Primo de Rivera.

De 1931 à 1933 il est ministre du Travail et mène une politique progressiste. Il se radicalise alors avec l’arrivée au pouvoir de la CEDA. Il est condamné à 30 ans de prison mais il est rapidement libéré.

Il est surnommé le «Lenine espagnol». Par un savoureux tour de passe-passe le radical Caballero s’oppose au modéré Prieto alors que sous la dictature de Primo de Rivera c’était l’inverse.

Il est président du conseil des Ministres d’Espagne du 4 septembre 1936 au 17 mai 1937. Tout en acceptant l’aide soviétique il veille à limiter l’influence de Moscou. Les soviétiques n’oublieront jamais et obtiendront sa tête. Il sera remplacé par Juan Negrin, un socialiste comme lui mais nettement plus accommodant avec les communistes.

Il s’exile en France en 1939. A plusieurs reprises Franco réclame son extradition mais Paris refuse sachant parfaitement le sort qui l’attend.

Le 16 mars 1946 il est victime à Paris d’une nébuleuse tentative d’assassinat (services franquistes ? Communistes ?) qui le blesse grièvement. Il décède une semaine plus tard. Enterré à Paris, sa dépouille à été transférée en Espagne après la mort de Franco.

Manuel Azana

Manuel Azana Diaz (Alcala de Henares 10 janvier 1880 Montauban 3 novembre 1940)

Juriste (licence de droit en 1897 et doctorat en 1900) et homme d’Etat espagnol, il est membre du Congrès des Députés du 14 juillet 1931 au 9 octobre 1933, du 8 décembre 1933 au 7 janvier 1936 et du 16 mars 1936 au 31 mars 1939.

Il est ministre de la Guerre du 14 avril 1931 au 12 septembre 1933, premier ministre du 14 octobre 1931 au 12 septembre 1933 et du 19 février au 12 septembre 1933 et enfin président de l’Espagne du 10 mai 1936 au 3 mars 1939.

Durant le premier conflit mondial il est pro-allié. Dans ses écrits il critique la «Génération de 98» qui magnifie l’histoire espagnole, lui préférant les Lumières et la Troisième République française.

Sa politique violement anti-cléricale lui aliène nombre de modérés. A la chute de la République, il s’exile en France s’installant à Montauban où il bénéficie d’une immunité diplomatique offerte par le Mexique où nombre de républicains espagnols se sont exilés au printemps 1939.

Lluis Companys

Lluis Companys y Rover (El Tarros 21 juin 1882 Barcelone 15 octobre 1940) est un avocat et un homme politique catalan. Il est président de la Généralité de Catalogne du 31 décembre 1933 au 15 octobre 1940, président du parlement de Catalogne du 6 décembre 1932 au 12 juin 1933. Il est ministre de la Marine du 20 juin au 12 septembre 1933. Politiquement il appartient à la Gauche Républicaine de Catalogne (ERC).

Il effectue des études de droit à l’université de Barcelone. Son activité politique le conduit en prison à plusieurs reprises. Il est gouverneur civil de Barcelone le 16 avril 1931 mais il est remplacé dès le mois de mai.

Elu député de Barcelone le 28 juin 1931 il vote le statut d’autonomie de la Catalogne (Estatut de Nuria). Après la mort de Francesc Macia, il le remplace le 1er janvier 1934 comme président du gouvernement catalan.

Le 6 avril 1934 il proclame la République catalane mais c’est un échec. Arrêté pour rébellion en octobre 1934 il est condamné à trente ans de réclusion.

En 1936 après la victoire Frente Popular la Généralité de Catalogne est rétablie et Companys est libéré.

Après la victoire des franquistes il s’exile en France. Installé à Montpellier, il tente de relancer la cause catalane dans l’Espagne franquiste. Manquant de prudence il est piégé par un militant catalaniste retourné et enlevé.

Le gouvernement français proteste mais ne peut faire grand chose. Jugé pour rébellion militaire (sic), il est condamné à mort et fusillé. Son corps est enterré dans une tombe anonyme d’un cimetière de Barcelone. Ce n’est qu’après la mort de Franco qu’il reçoit une sépulture digne de ce nom.

José Antonio Primo de Rivera

José Antonio Primo de Rivera y Saenz de Heredia (Madrid 24 avril 1903 Alicante 20 novembre 1936) est un avocat et homme politique espagnol. Fils de Miguel Primo de Rivera, il est le fondateur de la Phalange espagnole. Il est exécuté par les républicains au début de la guerre d’Espagne.

Bachelier en 1917, il obtient sa licence de droit en 1922 avant de faire son service militaire en 1923/24 comme lieutenant de cavalerie. Il devient avocat en avril 1925, devenant très vite un avocat connu et apprécié.

Baignant dans un milieu conservateur, il est attiré par le libéralisme politique. Il se lance en politique pour défendre la mémoire de son père récemment décédé. Il fonde l’Union Monarquica Nacional mais est battu aux élections à la constituante en 1931.

Arrêté en 1932 après la Sanjurjada il est cependant rapidement libéré faute de preuves. Il fonde peu après le Movivmiento Sindicalista Espanol, l’embryon de la future phalange espagnole qui est fondée le 29 octobre 1933.

Il est député aux Cortès (circonscription de Cadix) du 30 novembre 1933 au 7 janvier 1936 et premier chef national de la Phalange Espagnole du 6 octobre 1934 au 20 novembre 1936.

Le 15 février 1934 elle fusionne avec les Juntas de Ofensiva Nacional Sindicalista donnant naissance à la Falanga Espanola de las JONS. Il est battu aux élections le 16 février 1936 avec 0.7%. Elle est inerdite par les républicains le 12 mars 1936.

Emprisonné à la prison Modelo de Madrid le 14 mars 1936, il est transéfé à Alicante le 5 juin 1936.

Il est jugé pour rébellion militaire le 17 novembre 1936. Condamné à mort, il est fusillé trois jours plus tard.

Il devient un martyr de la cause franquiste (El Ausente _l’absent_) mais selon certains historiens si il avait survécu on peut se demander si il aurait été un franquiste de choc.

Son corps est exhumé le 30 novembre 1939 et enterré au monastère de l’Escorial. Vingt ans plus tard son corps est finalement inhumé dans le monument de la Valle de Los Caidos.

Buenaventura Durutti

Buenaventura Durutti Dumangue (Leon 14 juillet 1896 Madrid 20 novembre 1936) est un militant anarchiste espagnol.

Après avoir déserté de l’armée, il s’exile en France avant d’alterner exils, séjours en prisone et tentatives de renversement de la monarchie mais aussi de la deuxième république, le futur commandant de la Colonne Durutti étant partisan de la ligne insurrectionnelle.

Lors du pronunciamento du 17 juillet 1936, il organise la résistance aux putschistes à Barcelone avant de montrer sur le front d’Aragon avec ses 3000 hommes.

Le 13 novembre 1936 il reçoit l’ordre de rallier la capitale espagnole pour la défendre contre l’offensive nationaliste. Il est tué au combat dans des circonstances troubles le 20 novembre 1936 soit ironie du sort le même jour que l’exécution de José Antonio Primo de Rivera.

Si l’hypothèse privilégiée est une mort sous les balles franquistes d’autres hypothèses ont rapidement émergé comme un tir accidentel d’un de ses lieutenants, une arme défectueuse ou encore une exécution ordonnée par le PCE voir par les anarchistes eux-mêmes, certains ne supportant pas l’autoritarisme de Durutti.

Dolores Ibarruri «La Passionaria»

Dolores Ibarruri Gomez surnommée La Passionaria est né à Gallarta le 9 décembre 1895 et morte à Madrid le 12 novembre 1989.

Issue d’une famille de mineurs de Biscaye, elle la huitième d’une famille de onze enfants. Sa famille est profondément catholique et son père est un militant carliste actif. Elle épouse un mineur militaire socialiste Julian Ruiz Gabina avec lequel elle aura six enfants.

Elle participe à la fondation du parti communiste espagnol en avril 1920. Il fusionne le 14 novembre 1921 avec le parti communiste ouvrier espagnol pour donner naissance au PCE. Elle intègre le comité central en 1930 puis le bureau politique en 1932. En 1933 elle est à Moscou comme délégué auprès du Komintern. En février 1936 elle est élue députée des Asturies. Elle est soupçonné d’avoir été à l’origine de l’assassinat du député monarchiste José Calvo Sotelo.

Elle devient une figure de proue du camp républicain mais elle est loin de faire l’unanimité dans son camp, certais communistes espagnols la jugeant comme trop rigide, trop pro-soviétique et semble prendre plaisir à épurer.

A la fin de la guerre d’Espagne, elle s’exile en URSS. Son fils Ruben va s’engager dans l’armée rouge et sera tué en 1951 lors de l’opération FRIEDRICH. Son étoile palie durant l’exil où son attitude est particulièrement critiquée et critiquable. Elle est secrétaire générale du PCE de 1942 à 1960 puis présidente.

Rentrée en Espagne après la mort de Franco en 1975 elle s’engage à nouveau en politique mais pour peu de temps. Après sa mort on apprendra qu’elle était revenue à la foi catholique de sa jeunesse.

Francisco Franco

Francisco Franco Bahamonde (Ferrol 4 décembre 1892 Madrid 20 novembre 1975) est un militaire et homme politique espagnol. Il à deux frères (Nicolas et Ramon) et deux sœurs (Maria del Pilar et Maria de la Paz)

Issu d’une famille de petit noblesse d’origine andalouse mais installée depuis plusieurs générations en Galice, il souhaite s’engager dans la marine pour suivre les traces de son père mais suite à la défaite de 1898 l’Académie Navale du Ferrol ferme ses portes pendant plusieurs années.

Au grand dam de son père (qui en 1906 abandonne sa famille pour en fonder une autre à Madrid) le jeune Francisco choisit de s’engager dans l’armée de terre.

Il est cadet à l’Académie d’infanterie de Tolède de 1907 à 1910 où il ne s’illustre guère mais est plutôt moqué pour sa petite taille.

En 1913 il intègre les Regulares, une unité comparable aux goumiers et tabors de l’armée française, ces volontaires marocains encadrés par des officiers espagnols servant de troupes de choc. Cela explique de nombreuses pertes. En 1916 Franco est grièvement blessé au ventre mais survit ce qui pour ses hommes est un signe de baraka (protection divine). Il est promu major et sert en Espagne de 1917 à 1920. En 1920 il participe avec José Milan Astray à la création de la Legion Etrangère.

En 1923 il épouse Carmen Polo. De cette union est née une fille prénomée Maria del Carmen.

Il s’illustre au Maroc participant au débarquement d’Alhucémas en 1925 devenant en 1926 le plus jeune général d’Espagne à l’âge de seulement trente-trois ans.

En 1928 il prend la tête de l’académie militaire interarmes de Saragosse, académie qui va être un vivier de cadres pour le mouvement nationaliste puisque 95% des cadets passés par le creuset aragonais ont rallié la rébellion militaire.

Monarchiste et conservateur, il regrette le départ d’Alphonse XIII mais reste loyal à la République même si cette dernière ferme l’académie officiellement pour des raisons budgétaires.

Après l’arrivée de la droite au pouvoir en 1933 il reçoit la direction de la répression de la révolte des mineurs asturiens (4 au 19 octobre 1934).

Nommé chef d’état-major de l’armée de terre en 1936 avant les élections de février, il est envoyé aux Canaries par des républicains qui ont oublié cet adage «Garde tes amis près de toi et tes ennemis encore plus près».

Il participe au pronunciamento du 17 juillet 1936 qui dégénère en conflit militaire d’ampleur, une guerre civile qui devient une guerre européenne. Il s’impose comme chef du camp nationaliste après la mort providentielle de ses principaux concurrents que ce soit Sanjurjo, Mola ou encore José Antonio Primo de Rivera.

Le 21 septembre 1936 Franco est fait commandant en chef et le 1er octobre 1936 il est publiquement proclamé Generalissime de l’Armée Nationale (Generalissimo) et Chef de l’Etat (Jefe del Estado).

Sur le plan militaire Franco n’est pas un génie militaire mais c’est un organisateur efficace et methodique. Les nationalistes possédant de meilleures troupes ils vont souvent l’emporter contre des troupes républicaines pas toujours compétentes et pas toujours disciplinées.

Dans les premières années qui suivent la victoire nationaliste la répression est féroce, impitoyable avec plusieurs dizaines de milliers d’exécution, des milliers de prisonniers politiques qui sont notamment condamnés à construire un monument expiatoire la Valle de los Caidos (la vallée de ceux qui sont tombés).

En 1942 Franco met en place les Cortes Espagnoles une chambre consultative élue par le système corporatiste.

Durant la Pax Armada Franco doit reconstruire un pays dévasté. L’économie espagnole va se relever peu à peu mais en septembre 1948 le pays est encore convalescent.

Cela explique pourquoi l’Espagne va rester neutre en dépit des pressions de l’Axe qui espéraient une aide espagnole pour s’emparer de Gibraltar.

Comme rien n’est simple l’Espagne va ravitailler des sous-marins allemands et italiens durant la guerre, les alliés fermant les yeux pour la simple et bonne raison qu’une péninsule ibérique neutre était bien plus intéressante pour eux qu’une Espagne et un Portugal ayant rallié l’Axe mais aussi le camp allié.

A la fin du second conflit mondial les républicains espagnols qui pour beaucoup ont rejoint le Mexique espèrent une intervention alliée pour renverser Franco mais Paris et Londres vont rapidement doucher les ardeurs des exilés : Franco ne sera pas renversé.

Le Caudillo va donc rester au pouvoir jusqu’à sa mort le 20 septembre 1975 des suites d’un choc sceptique après une opération qui à mal tourné. Il est enterré dans un mausolée de la Valle de los Caidos.

Italie (58) Regio Esercito (8)

La deuxième guerre italo-abyssinienne ou la revanche d’Adoua

Prélude

Comme nous l’avons vu plus haut l’Italie une fois unifiée décide de se lancer dans des expéditions coloniales pour une volonté de grandeur mais également une volonté de trouver un échappatoire à la surpopulation rurale, aux problèmes du prolétariat italien.

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