Pologne et Pays Neutres (29) Portugal (9)

Une histoire militaire du Portugal (3) : les guerres de la Révolution et de l’Empire

Le Portugal participe aux combats de la Première Coalition (1792-1797) contre la France révolutionnaire. Le royaume lusitanien rentre en guerre au printemps 1793 mais l’armée lusitanienne ne participe à aucun combat majeur.

Le 17 octobre 1797 est signé le Traité de Campo-Formio surtout connu pour mettre fin aux combats entre la France et l’Autriche en Italie. Ce traité concerne également le Portugal mais pour une raison que j’ignore le volet portugais du traité est annulé par décret le 26 octobre 1797.

Du 20 mai au 9 juin 1801 à lieu la Guerre des Oranges entre l’Espagne soutenue par la France et le Portugal. Le casus belli est le refus du Portugal de participer au blocus destiné à ruiner l’économie britannique et donc d’empêcher Londres de financer les coalitions.

Manuel Godoy

Une armée espagnole de 30000 hommes dirigée par le favori du roi (et accessoirement amant de la reine) Manuel Godoy s’empare d’Olivence, étant opposée à une armée lusitanienne composée de 18000 hommes (16000 fantassins 2000 cavaliers).

En 1800 la France et l’Espagne signent le Deuxième Traité de San Ildefonso. Cette alliance franco-espagnole fait suite au premier traité du même nom signé le 18 août 1796 qui fait suite au traité de Bâle signé le 22 juillet 1795 et qui met fin au conflit entre les deux pays.

Un ultimatum est envoyé le 29 janvier 1801, la France exigeant du Portugal la fin de l’alliance anglaise, la cession de territoire et des indemnités.

C’est une véritable guerre éclair à tel point que les troupes françaises du général Leclerc n’ont pas le temps d’être engagées ! L’Espagne occupe le Haut-Alentejo.

Abandonné par son allié britannique, le Portugal signe le 6 juin 1801 le Traité de Badajoz qui ferme les ports aux navires britanniques, l’Espagne conserve Olivence et des territoires sur la marge orientale du Guadiana. La contrebande est interdite et des indemnités versées. Napoléon qui estime le traité trop doux exigera une version plus dure du traité le 29 septembre 1801. En revanche au Brésil les portugais occupent de nouveaux territoires.

A plusieurs reprises l’armée portugaise va s’ingérer dans la politique en menant des coups d’état, un équivalent lusitanien du pronunciamento.

C’est ainsi que les 24 et 25 juillet 1803 deux régiments portugais se soulèvent au camp d’Ourique près de Lisbonne, un régiment d’infanterie commandé par Gomes Freire de Andrade et la légion des troupes légères du Marquis d’Alorna. Ils affrontent la Garde Royale de Police mais ce soulèvement se termine par un échec pour les libéraux.

Si la majorité des portugais ont combattu la France certains ont combattu côté français. Le 22 décembre 1807 un mois après l’invasion française (voir ci-après) Napoléon avait ordonné le licenciement de l’armée portugaise.

Légion Portugaise

Le 18 janvier 1808 est créée la Légion Portugaise sous le commandement du Marquis d’Alorna. Elle comprend initialement 9000 hommes mais très vite les effectifs sont réduits de moitié en raison de nombreuses désertions, des soldats partant avec armes et bagages rejoindre la résistance portugaise. Elle sera dissoute le 5 mai 1814 alors que les effectifs étaient alors tombés à 1000 hommes.

Composée initialement de cinq régiments d’infanterie, un bataillon de chasseurs à pied, trois régiments de cavalerie, un escadron de chasseurs à cheval et un régiment d’artillerie, cette unité va s’illustrer à Wagram (1809) et durant la Campagne de Russie à Smolensk, Vitebsk et La Moskova.

Le Portugal va être en première ligne dans la Guerre Péninsulaire (1807-1814) avec pas moins de trois invasions françaises.

Le 20 novembre 1807 les troupes françaises du général Junot (choisit parce qu’il à été ambassadeur au Portugal par le passé) envahissent le Portugal. L’armée lusitanienne ne résiste guère. Junot s’empare de Lisbonne pendant que la famille royale et les élites s’enfuient au Brésil ce qui leur sera énormément reproché.

Tout va pour le mieux ? Non car suite à des exactions et des maladresses le pays comme son voisin hispanique se révolte, la guérilla provoquant le cycle infernal des exactions et de la répression.

Arthur Wellesley, duc de Wellington

Au mois d’août 1808 le général Wellesley futur duc de Wellington débarque au Portugal. Le 7 août 1808 les troupes britanniques retrouvent l’Armée des Opérations de l’Estremadure dans la région de Porto (6 à 10000 hommes). Cette armée est courageuse mais indisciplinée, mal équipée et mal entrainée.

Pour améliorer l’efficacité du dispositif allié, Wellington pratique ce que la révolution avait fait à savoir l’amalgame. Ici point question de volontaires et de soldats de métiers mais de soldats britanniques et portguais.

Si les relations anglo-espagnoles furent toujours houleuses, dans l’ensemble les relations luso-britanniques restèrent toujours cordiales. Si les hauts gradés britanniques n’avaient pas de mots assez durs pour critiquer l’incurie, la lacheté et la veulerie des unités espagnoles, ils ne tarissaient pas d’éloges sur les capacités des troupes portugaises qui après leur reprise en main par les britanniques se montrèrent à la hauteur de la mission.

C’est ainsi que les forces de Wellington reçoivent le renfort de trois régiments de cavalerie de 258 hommes chacun, 58 hommes de la cavalerie de la police de Lisbonne, un bataillon de chasseurs de 569 hommes et 1509 hommes de trois régiments d’infanterie. Cela représente 12592 hommes qui forment le Destacalento Portugues (Détachement portugais) qui servent d’éclaireurs et offrent un visage politiquement plus présentable.

L’armée luso-britannique ou plutôt anglo-portugaise (six brigades britanniques, le détachement portugais, 50 cavaliers à droite, trois compagnies de fusiliers et de l’artillerie à gauche alors que le centre du dispositif est occupé par des troupes portugaises, de l’artillerie et de la cavalerie) marche sur Lisbonne, longeant les côtes pour faciliter le ravitaillement (assuré par une Royal Navy qui n’à rien à craindre d’une intervention de la Royale), les autres unités portugaises assurant la couverture du flanc exposé.

Un corps d’armée français commandé par le général Delaborde marche contre les britanniques mais les renforts dirigés par le général Loison sont retenus par d’autres troupes portugaises. Des escarmouches ont lieu le 14 août 1808.

Le 17 août 1808 à lieu la Bataille de Rolico. Cette battaille oppose 4000 soldats français contre 14000 britanniques et 2592 portugais. Cela se termine par une victoire des anglo-portugais et donc par une défaite française.

Les combats sont furieux, les français sont surclassés en terme d’effectifs. Trois assauts furieux des anglo-portugais mais ces derniers manquent de cavalerie pour poursuivre les français qui peuvent se replier en bon ordre bien couverts par leurs propres unités montées. Ils doivent cependant laisser derrière eux de l’artillerie et des prisonniers.

Le lendemain 18 août 1808 4000 britanniques ont débarqué ce qui explique que Wellesley renonce à poursuivre Delaborde. Ce dernier à réussit sa mission qui était de donner du temps à Junot pour réorganiser son dispositif.

Le 21 août 1808 à lieu la Bataille de Vimeiro, l’affrontement entre les troupes françaises du général Junot et les troupes anglo-portugaises des généraux Wellesley et Freire. Cela représente 13000 français appuyés par 23 canons contre 21350 anglo-portugais appuyés par dix-huit canons.

L’armée alliée comprend majoritairement des troupes britanniques avec 18760 britanniques et 18 canons répartis en huit brigades regroupant au total vingt-deux régiments d’infanterie, le 20ème régiment de dragons légers comme seule unité portugaise.

Le détachement portugais comprend trois régiments d’infanterie (12ème, 21ème et 24ème), les Caçadores (chasseurs) de Porto, trois régiments de cavalerie (6ème, 11ème et 12ème), la police montée de Lisbonne, le 4ème régiment d’artillerie portugaise.

En face la France c’est 8300 fantassins, 2100 grenadiers, 1950 cavaliers et 700 artilleurs répartis en deux divisions d’infanterie, quatre bataillons de grenadiers, un escadron de cavalerie de volontaires, un escadron de chasseurs à cheval, trois régiments provisoires de dragons et 23 canons.

Les français attaquent le flanc gauche britannique mais l’attaque est repoussée. Parallèlement Junot lance deux colonnes vers le centre britannique pour servir de bélier mais ils doivent se replier sous le feu nourri de la mousqueterie britannique. Éternel débat entre ordre mince et ordre profond.

Junot bat en retraite vers Torres Vedras. Le général Dalrymple refuse à Wellesley de poursuivre Junot. Ce dernier est prêt à capituler mais le général anglais offre des conditions généreuses qui font scandale en Grande-Bretagne. Grâce à la Convention de Sintra (30 août 1808), les français sont évacués par la Royal Navy jusqu’à Rochefort.

Les pertes sont lourdes avec 370 à 450 morts, 1630 à 1710 blessés et 13 canons côtés français alors que les alliés ont 720 pertes (tués et blessés anglais et portugais confondus).

Du 18 au 20 mars 1809 à lieu la Bataille de Braga. Quelques mois après la convention de Sintra, les français sont de retour sous l’autorité du général Soult. Une première bataille avait opposé 22000 français à 4000 portugais au défilé du Verin le 7 mars. Les portugais doivent se replier.

Nicolas Soult

Soult met ensuite le siège devant Chavès. Cette ville défendue par 5000 portugais est attaquée par 23000 soldats réguliers dont 3000 cavaliers. Le premier siège qui à lieu du 10 au 12 mars se termine par la prise de la ville mais la petite garnison française sera chassée par les anglo-portugais à lui d’un nouveau siège du 21 au 25 mars 1809.

le 17 mars le général Freire est assassiné car accusé de trahison pour avoir voulu se replier de Porto et c’est un hanovrien le baron d’Eben qui prend le commandement des 4000 hommes.

Après la prise de Chaves, les troupes de Soult marchent vers Braga. Une charge à la baïonnette permet la prise des défilés entre Ruivaes et Salamonde.

Toujours le 17 mars l’armée française prend position sur les hauteurs de Carvalho. Elle voit l’armée portugaise sur les montagnes en avant de Braga. Les portugais prennent le village de Linoso pour déborder l’aile droite française. Le village est reprit le 19 mars 1809.

Les français sont position le 20 mars. Au centre on trouve la division du général Delaborde appuyé par la Division de dragon du général Lorge couvert à sa gauche par la Division Mermet soutenu par la division de cavalerie légère de Francesqui et à sa droite par la Division Heudelet.

Les français avancent, les portugais tirent mais sans riposte française ce qui intimide les lusitaniens qui se debandent devant le choc. Poursuite et massacre des fuyards. Soult marche ensuite sur Porto.

Du 27 au 29 mars 1809 à lieu la Première Bataille de Porto (Bataille d’Oporto) qui oppose 21000 français (dont 3000 cavaliers) à 24000 portugais (4500 réguliers, 10000 ordenanças _miliciens_ et 9000 civils armés).

L’armée française comprend quatre divisions d’infanterie représentant 18 bataillons, deux divisions de cavalerie (douze régiments de cavalerie).

Soult arrive devant Porto le 26 mars 1809. La bataille commence le 29. Plus expérimenté que les portugais il profite de la trop grande dilution du dispositif lusitanien qui est donc moins résistant en cas de percée. Après la percée, les portugais se débandent.

Soult rentre à Porto. Il en est chassé le 12 mai 1809 par une force anglo-portugaise mais peut se replier au delà du Douro sans trop de mal direction St Yague de Rubias. Soult finira par se replier vers la Galice pendant que Wellington marche en Estremadure.

Le bilan est de 200 pertes dont 72 officiers côté français, 8000 soldats et civils côté lusitanien.

Du 25 juillet au 27 août 1810 une garnison de 5000 anglo-portugais et 100 canons est assiégée par le VIème Corps d’Armée commandé par le «Lion Rouge» le maréchal Ney. Cela représente 16000 hommes et 100 canons.

Ce Siège d’Almeida se termine par la chute de la ville. Il faut dire que la garnison à perdu très vite une bonne partie de ses munitions suite à l’explosion de son dépôt principal. Côté français 58 hommes ont été tués et 320 blessés. En face on compte 600 morts, 300 blessés et 4100 prisonniers.

Ce siège à lieu dans le cadre de la troisième invasion française menée par Ney et Massena. Pas moins de 65000 hommes sont engagés répartis en trois corps d’armée, une réserve de cavalerie, une réserve d’artillerie et des services.

On trouve le 2ème Corps d’Armée du Général Reynier (deux DI, une brigade cavalerie et des services soit 17718 hommes), le 6ème Corps d’Armée du maréchal Ney (trois DI, une brigade de cavalerie et des troupes de soutien soit 24306 hommes), le 8ème Corps d’Armée du général Junot (trois DI, une brigade de cavalerie et des troupes de soutien soit 16939 hommes).

A cela s’ajoute une réserve de cavalerie (trois brigades de cavalerie, une batterie d’artillerie à cheval), une réserve d’artillerie, un corps d’ingénieur, des gendarmes et un état-major.

En face on trouve les anglo-portugais avec 61425 hommes répartis en cinq divisions d’infanterie, une division légère, deux divisions portugaises, trois brigades indépendantes portugaises, quatre brigades de cavalerie britannique, une brigade de cavalerie portugaise. A cela s’ajoute 2230 hommes pour la réserve d’artillerie, 506 ingénieurs et un état-major.

A la veille du début du siège figure la Bataille de la Côa (24 juillet 1810), 5500 français affrontant 5300 anglo-portugais.

Les forces du brigadier général Robert Craufurd se retirent devant l’avancée du 6ème Corps d’Armée de Ney. Ce corps s’arrête sur la rive est de la rivière Côa pour assiéger la forteresse d’Almeida. Les anglo-portugais parviennent à se replier sur les lignes fortifiées de Torres Vedras.

531 français sont tués et blessés côté français contre 333 tués, blessés ou prisonniers côté allié.

La Bataille de Bucaço (27 septembre 1810) est une victoire anglo-portugaise. Cette bataille avait opposé 65000 français à 50000 anglo-portugaises. 4500 français ont été mis hors de combat contre 1250 côté allié.

Après la victoire d’Almeida, l’Armée du Portugal marche vers Coïmbra. Wellington prend position sur les hauteurs de Bucaço, une crète de seize kilomètre qui forme un retranchement naturel. Les français avancent non sans mal en raison de la politique de terre brûlée menée par les anglo-portugais.

André Massena « L’enfant chéri de la victoire »

Massena attaque en ne sachant fort peu de choses du dispositif ennemi, dispositif installé à contre-pente pour le protéger du feu ennemi. Les troupes françaises lancent cinq assauts.

Massena ordonne un mouvement tournant pour prendre les britanniques de flanc. Wellington ordonne la retraite le 10 octobre 1810 mais à rempli son objectif à savoir achever les Lignes Fortifiées de Torres Vedras sur lesquelles les français vont s’écraser (11 octobre au 15 novembre 1810).

Ces lignes au nombre de quatre sont destinées à défendre Lisbonne. Leur construction est réalisée entre novembre 1809 et septembre 1810. Ironie de l’histoire Wellington s’est appuyé sur un rapport du colonel Vincent établit sur ordre de Junot.

C’est un système complet de fortifications avec des blockhaus, des redoutes, des demi-lunes, des terrassements. Les travaux vont continuer même après la retraite de Masséna puisqu’en 1812 34000 hommes travaillent encore sur le dispositif.

Les français vont mener de nombreux assauts mais surtout vont s’user. Massena arrive avec 61000 hommes mais quand il rallie l’Espagne il à perdu 25000 hommes.

La première ligne longue de 46km relie Alhandra à l’estuaire du Sizandro, la deuxième à 13km plus au sud s’étend de 39km entre Povoa de Santa Iria à Ribama, la troisième longue de 3km couvre St Julian et ainsi la possibilité d’une éventuelle évacuation et se situe à 27km au sud de la seconde ligne. La quatrième ligne située au sud du Tage dans les Altos d’Alamda est longue de 7.3km avec 17 redoutes et tranchées couvertes, 86 pièces d’artillerie avec 7500 hommes.

En sept mois 108 forts et 151 redoutes sont construites avec demi-lunes, batteries avancées. Les trois lignes regroupent 1067 pièces d’artillerie et 68665 hommes.

Cela permet à l’armée de campagne de 50000 hommes de pouvoir manoeuvrer sans risquer d’être surprise par l’ennemi. Cette armée passe ensuite à 66598 puis à 77690 hommes.

Après la Bataille de Pombal (11 mars 1811) les français et les anglo-portugais s’affrontent dans la Bataille de Medinha (12 mars 1811).

Michel Ney

7000 français vont affronter 25000 anglo-portugais. Le 6ème Corps d’Armée du maréchal Ney couvre la retraite du reste de l’armée. Wellington lance des assauts furieux ce qui génère des pertes supérieures (1800 contre 150). Les alliés doivent se reposer avant de reprendre l’avancée ce qui permet aux français de se replier en bon ordre.

On trouve ensuite une série de batailles de petite envergure : Bataille de Condeixa (14 mars) Bataille de Foz do Arouca (15 mars), Bataille de Ponte de Murcela (18 mars) et la Bataille de Guarda (29 mars 1811).

Le 3 avril 1811 à lieu la Bataille de Sabugal. Elle oppose 8800 français aux anglo-portugais (effectifs selon les sources compris entre 3200 et 13200 hommes). Les troupes françaises fatiguées et démoralisées doivent se replier sous les assauts alliés après avoir attaqué à plusieurs reprises. On compte 72 tués, 502 blessés et 186 prisonniers côté français alors que côté allié on compte 17 morts, 139 blessés et disparus.

Un mois plus tard c’est la Bataille de Fuentes de Onoro (3 au 5 mai 1811). la France aligne 38000 fantassins, 2200 cavaliers et 36 canons alors que les alliés disposent de 35000 fantassins, 1500 cavaliers et 48 canons.

Cette bataille à lieu sur le territoire espagnol et se termine par un bilan équilibre avec 2665 pertes côté français contre 1786 côté anglo-portugais.

Cette bataille se termine sur un résultat indécis mais les anglo-portugais ont pu faire la jonction avec les troupes espagnoles en guerre contre Napoléon.

Le premier jour voit l’attaque française être repoussée par les alliés. Le deuxième jour c’est la consolidation de part et d’autre alors que le 5 mai les français attaquent le flanc droit ennemi dégarni. Les anglo-portugais plient mais ne rompent pas. Un ultime effort français aurait pu permettre la victoire mais ce ne sera pas le cas en partie suite à des querelles entre maréchaux qui en l’absence du Patron passent leur temps à se chamailler et à se quereller.

Le 16 mai 1811 à lieu la Bataille d’Albuera à 20km au sud de Badajoz. Elle oppose 27000 français (23000 fantassins et 4000 cavaliers plus 40 canons) sous le commandement du maréchal Soult aux 29500 anglo-hispano-portugais (6500 britanniques 10000 portugais 13000 espagnols 38 canons). Le résultat est indécis ce qui se traduit par des pertes équivalentes (5916 pertes contre 5936).

Les français veulent retourner au Portugal. Soult veut dégager Badajoz pendant que Massena marche vers Almeida. Le 15 mai des escarmouches de cavalerie ont lieu, escarmouches favorables aux français. La bataille commence le lendemain par un assaut de flanc mené par les français. Les combats sont furieux et indécis avec comme on l’à vu de lourdes pertes de part et d’autres.

Auguste Marmont

Soult ne peut lever le siège de Badajoz qui sera levé uniquement quand les force de Marmont se joignent à lui. La ville ne tombera aux mains des alliés qu’en avril 1812.

Sur le plan plus militaire, les britanniques impressionnés par les lanciers polonais vont transformer des unités de cavalerie en lanciers. L’armée portugaise après sa réorganisation par les britanniques à montré sa valeur.

Le 25 septembre 1811 à lieu le Combat d’El Bodon, un combat, un affrontement, une escarmouche qui oppose 2500 cavaliers contre 1500 anglo-portugais. C’est un combat d’importance mineur mais les forces de Wellington doivent se replier sur le Portugal. Ce n’est que partie remise.

Du 8 au 19 janvier 1812 la ville de Ciudad Rodrigo est assiégée par les alliés, ville défendue par une garnison de 1900 hommes. La ville avait été prise deux ans plus tôt. Cela se termine par des pertes sensibles, 600 tués et blessés, 1300 prisonniers côté français, 1100 tués et blessés en face. A noter que durant cet affrontement les chasseurs portugais se sont illustrés. La prise de cette forteresse ouvre la route du nord aux alliés.

Du 16 mars au 6 avril 1812 à lieu le Siège de Badajoz. Les 5000 hommes de la garnison française sont assiégés par des troupes anglo-portugaises cinq fois plus nombreuses. Les alliés l’emporte mais c’est une victoire très coûteuse. Si les français ont 1500 tués et blessés, les anglo-portugais ont 5000 morts et blessés !

Après la reddition de la ville, celle-ci est comme jadis le théâtre de trois jours d’exactions : meurtres, vols et viols. Des officiers britanniques sont même abattus par leurs hommes alors qu’ils tentaient de les reprendre en main.

Cela s’explique en partie par les relations houleuses entre anglais et espagnols alors qu’entre anglais et portugais c’est nettement plus harmonieux. Une fois la situation reprise en main, Wellington peut marcher sur Salamanque à la rencontre du maréchal Marmont.

Les deux armées se rencontrent enfin le 22 juillet 1812 lors de la Bataille des Arpiles (Battle of Salamanca pour les britanniques). 50000 français affrontent 48500 alliés. C’est une défaite française qui se solde par de lourdes pertes de part et d’autres. Si les français ont 6000 pertes et 7000 prisonniers, les alliés ont 3129 britanniques, 2038 portugais et…..6 portugais hors de combat.

L’armée du maréchal Marmont engage pour l’occasion huit divisions d’infanterie, deux divisions de cavalerie et 78 canons (servits par 3300 artilleurs) sans oublier 1300 hommes du génie et des services.

De leur côté les alliés engagent huit divisions britanniques, deux brigades portugaises, cinq brigades de cavalerie (deux britanniques, la brigade de chevau-légers anglo-allemands, la brigade de dragons lourds de la King’s German Legion, la brigade des dragons portugais), neuf batteries d’artillerie dont une portugaise.

Les alliés l’emporte grpace à une succession d’attaques de cavalerie. Les français sont handicapés par la mort d’un chef (Thomières) et la blessure d’un autre (Marmont) ce qui provoque un flottement toujours préjudiciable au combat.

Le général Clauzel contre-attaque mais c’est un échec. Les français battent en retraite. Ils auraient pu être bloqués mais le bataillon espagnol chargé de cette mission s’est replié sans ordre !

Wellington va libérer Madrid deux mois plus tard. Cette victoire assied la réputation de bon stratége du général britannique (les historiens sont plus partagés, excellent tacticien oui stratége de génie peut être pas).

Du 18 septembre au 22 octobre 1812 à lieu le Siège de Burgos. 2000 français sont assiégés par 35000 anglo-portugais. Ce siège fait suite à la poussée de Wellington qui à obligé les français à évacuer Valladolid et se replier sur Burgos où se trouvait le dernier dépôt de l’Armée de Portugal.

Les combats sont féroces avec notamment le recours à la sape et à la mine, à la grenade. Une brèche est faite le 29 mais l’assaut échoue (brèche trop étroite et feu nourri = lourdes pertes pour les alliés). Les anglo-portugais doivent finalement se replier devant l’arrivée de l’armée française.

Le siège se termine ssur un bilan similaire dans les deux camps : 304 morts, 323 blessés et 60 prisonniers côté français, 550 tués et 1500 blessés pour les alliés.

Le 17 novembre 1812 à lieu le Combat de St Munoz, un combat d’arrière garde. Les français l’emporte contre l’armée de Wellington qui de Burgos se replie sur le Portugal. Les français pressent les anglo-portugais et manquent de les bloquer sur le Rio Huebra.

Soult refuse d’attaquer sachant que son adversaire est bien retranché. Dès qu’il voit le repli ennemi sur le Portugal il ordonne la retraite vers l’est (19 novembre 1812).

Sept mois plus tard le 21 juin 1813 à lieu la Bataille de Vitoria au pays basque espagnol. Les français mobilisent 58000 hommes et 140 canaons contre 78000 soldats alliés et 108 canons.

Cela se termine par 7500 pertes côté français et 5000 côté allié. Les alliés rompt le front au centre provoquant son effondrement. Les troupes françaises se débandent mais fort heureusement pour eux les alliés trop occupés à piller les bagages françaises ne les poursuivent pas.

Du 28 juillet au 1er août 1813 à lieu la Bataille de Sorauren près de Pampelune, les 30000 hommes du maréchal Soult affrontent 24000 soldats alliés. Les français ont 4000 pertes contre 2600 de l’autre côté.

Les alliés assiègent St Sebastien et Pampelune. Soult contre-attaque avec trois colonnes pour soulager les garnisons françaises assiégées. La colonne du centre attaque les alliés bien retranchés. Les combats sont sanglants et l’arrivée de renforts côté allié oblige Soult à ordonner la retraite. Des escarmouches suivent mais les français doivent définitivement abandonner l’Espagne.

Le 10 novembre 1813 c’est la Bataille de la Nivelle qui oppose 60000 français à 80000 soldats alliés, bataille qui est une défaite française avec 4251 pertes contre 2450. les alliés pénètrent en France et rien de sérieux ne peut leur être opposé.

Un mois plus tard c’est une nouvelle défaire française lors de la Bataille de la Nive (9 au 12 décembre 1813). 62000 français affrontent 64000 alliés. Si les français n’ont que trois cents pertes les alliés ont 2708 morts 2185 blessés et 209 disparus (britanniques), 409 tués, 1802 blessés et 287 disparus (portugais) 5 morts et 21 blessés (espagnols).

La dernière bataille de la guerre péninsulaire à lieu le 27 février 1814. C’est la Bataille d’Orthez qui voit 36000 soldats français s’opposer à 44000 anglo-portugais. 2500 soldats français sont tués et blessés et 1350 prisonniers contre 2300 tués et blessés dans l’autre camp.

Les alliés attaquent l’aile droite française qui repousse à cinq reprises les assauts alliés. Une nouvelle attaque est tentée au centre mais c’est à nouveau un échec. Il faudra une attaque conjointe au centre et à gauche pour que les alliés prennent le dessus. D’autres troupes situées au sud d’Orthez ayant franchit le Gavre de Pau, Soult n’à d’autres choix que d’ordonner la retraite.

Pologne et Pays Neutres (7) Espagne (7)

Charles IV

Charles IV né à Portici (Naples) le 11 novembre 1748 et mort à Rome le 20 janvier 1819 est roi d’Espagne du 14 décembre 1788 au 19 mars 1808. Deuxième fils de Charles III et de Marie-Amélie de Saxe il ne devint l’héritier que suite aux troubles mentaux dont souffrait son frère Philippe-Antoine, ce dernier étant exclu de la succession en août 1759.

Son règne est marqué par l’impact sur l’Espagne de la Révolution Française, l’Espagne hésitant entre alliance et opposition. L’Espagne est ainsi en guerre avec la France (Guerre du Roussillon [1793-1795]) avant d’être alliée à elle.

Ce revirement total est piloté par Charles IV et son puissant ministre Manuel Godoy (accessoirement amant de la reine Marie-Louise de Bourbon-Parme) entraine l’Espagne dans une nouvelle guerre cette fois contre la Grande-Bretagne de 1796 à 1802. C’est une nouvelle défaite qui entraine une déroute financière. En 1805 la marine espagnole engagée aux côtés des français est mise en déroute à Trafalgar.

Cette nouvelle déroute entraina le complot d’El Escorial en novembre 1807 et le soulèvement d’Aranjuez en mars 1808 qui entraina la chute définitive de Godoy (qui avait été écarté du pouvoir de 1798 à 1800).

En mars 1808 il abdique en faveur de son fils Ferdinand VII mais deux mois plus tard convoqués par Napoléon 1er à Bayonne, Charles IV et Ferdinand VII doivent abdiquer au profit du frère de l’empereur des français Joseph devenu José 1er d’Espagne.

Cela entraina un soulèvement des espagnols qui luttèrent contre José 1er et ses alliés espagnoles appelés afrancesados (francisés, pas de besoin de préciser qu’il s’agit d’un terme péjoratif).

Charles IV ne retrouvera jamais son trône et c’est en exil qu’il meurt à Rome à l’âge de soixante-dix ans.

De son mariage avec Marie-Louise de Bourbon-Parme sont nés pas moins de quatorze enfants : Charles-Clément d’Espagne (1771-1774), Charlotte-Joachime d’Espagne (1775-1830), Marie-Louise d’Espagne (1777-1782), Marie-Amélie d’Espagne (1779-1798), Charles d’Espagne (1780-1783), Marie-Louise (1782-1784), Charles d’Espagne (1783-1784), Ferdinand VII (1784-1833), Charles de Bourbon (1788-1855), Marie-Isabelle d’Espagne (1789-1848), Philippe d’Espagne (1791-1794), Philippa d’Espagne (1792-1794) et François de Paule d’Espagne (1794-1865).

Manuel Godoy

Manuel Godoy y Alvarez de Faria, prince de la Paix et de Bassano, duc d’Alcudra et de Sueca (Badajoz 12 mai 1767 Paris 4 octobre 1851) est un courtisan et homme politique espagnol.

Issu d’une famille noble et pauvre, il s’engage dans la garde royale à 17 ans en compagnie de son frère.

Il devient l’ami du prince des Asturies futur Charles IV et accessoirement (ou pas) l’amant de la future reine Marie-Louise de Parme. Les honneurs pleuvent sur lui ce qui suscite jalousies et ragots. Il se murmure que Marie-Isabelle et François de Paule auraient le favori comme père biologique.

Il se marie deux fois. Il épouse Maria Teresa de Borbon y Vallabriga qui lui donne une fille prénommée Carlota Luisa de Godoy y Borba puis se marie avec Josefa de Tudor y Catalan (deux fils Manuel de Godoy y Tudo et Luis de Godoy y Tudo).

En 1792 il remplace le comte d’Aranda comme Secrétaire d’Etat (équivalent du premier ministre). Il tente de sauver Louis XVI cousin de Charles IV mais échoue. Une courte guerre oppose l’Espagne à la France (1793-1795) mais ce conflit se termine par une défaite espagnole.

Il démissione en 1798 mais revient aux affaires en 1801. Il tente d’abord de garder l’Espagne neutre avant de s’accrocher à la France. Cela conduit au désastre de Trafalgar (21 octobre 1805).

En mars 1808 Charles IV est renversé. Godoy est sauvé par Murat qui l’exfiltre vers la France. Il s’exile aux côtés du roi déchu et ne reverra jamais l’Espagne, Ferdinand VII le poursuit de sa vindicte et refusa jusqu’au bout de l’autoriser à rentrer en Espagne ou de lui verser une pension. Après un long exil italien il s’installe à Paris pensionné par Louis-Philippe. Il est mort et enterré à Paris.

Ferdinand VII

Ferdinand VII né à Madrid le 14 octobre 1784 et mort à Madrid le 29 septembre 1833 est roi d’Espagne du 19 mars 1808 au 6 mai 1808 et du 11 décembre 1813 au 29 septembre 1833.

Fils de Charles IV et de Marie-Louise de Bourbon-Parme il détrône son père lors du soulèvement d’Aranjuez en mars 1808 mais deux mois plus tard convoqué à Bayonne par Napoléon dans l’espoir que son coup de force soit validé mais en réalité arrivé dans la ville basque l’empereur des français impose une double abdication à son profit, Napoléon 1er transféra les droits ainsi acquis à son frère ainé Joseph qui quitte le royaume de Naples au profit d’un royaume qui ne tarde pas à se soulever contre José 1er et les afrancesados les libéraux partisans de la France.

Prisonnier au château de Valençay (propriété de Tayllerand), il est libéré en décembre 1813 après la déroute des armées napoléoniennes et l’expulsion de Joseph Bonaparte en juin 1813.

Ferdinand VII retrouve son trône en 1814. Très populaire au point d’être baptisé Le Désiré il dilapide ce précieux capital. En effet le fils de Charles IV comme les ultras de la Restauration en France n’avait «rien appris et rien oublié».

Ferdinand VII refuse de reconnaître la Constitution de Cadix et poursuit de sa vindicte les libéraux ce qui entraine un coup d’Etat. C’est le début du Trienno Libéral (1820-1823).

Ferdinand VII fit mine d’accepter le libéralisme tout en préparant le retour de l’absolutisme. Il fallut pour cela l’intervention d’un corps expéditionnaire français (les «100000 fils de Saint Louis») qui permis à la France de Louis XVIII de retrouver sa place dans le concert des nations.

Il doit faire face à l’indépendance des colonies sud-américaines. Il tente de les reconquérir mais échoue. La fin de son règne est marqué par une répression féroce mais paradoxalement par une certaine ouverture politique sous l’influence de sa quatrième épouse Marie-Christine qui lui donna deux filles, Isabelle et Louise-Fernande.

Il modifie la loi salique pour permettre à sa fille Isabelle de lui succéder au détriment de son frère Charles ce qui va provoquer la première guerre carliste.

A sa mort sa fille Isabelle n’ayant que deux ans c’est sa mère Marie-Christine qui va assurer la régence.

Isabelle II

Isabelle II (Madrid 10 octobre 1830 Paris 9 avril 1904) est reine d’Espagne de 1833 à 1868. Son règne est une succession de troubles et de désastres, l’Espagne sombrant dans le chaos et l’instabilité.

Elle devient reine parce que son père à aboli la loi salique introduite en Espagne par Philippe V en 1713. Ses opposants soutiennent son oncle Charles (Carlos) d’où le nom des opposants à savoir les carlistes.

Comme elle n’est âgée que de deux ans c’est sa mère Marie-Christine, nièce de feu Ferdinand VII son mari (NdA Ahem) qui assure la régence. C’est seulement en 1839 qu’elle est reconnue comme la reine légitime de toute l’Espagne.

En 1840 Marie-Christine abandone la régence au profit du général Espartero, rôle qu’il va assumer jusqu’à la majorité de la reine en 1843.

Elle épouse son cousin François d’Assise de Bourbon, duc de Cadix. Officiellement le couple à eu onze enfants dont cinq survivent. Comme le mari est notoirement homosexuel (il est surnommé Paquita) il y à de forts doutes sur la légitimité des enfants du couple royal. Comme son mari est le fils de François de Paule, le mari d’Isabelle II serait en réalité le fils de Manuel Godoy.

Son image au sein de l’opinion publique est absolument désastreuse : fanatique religieuse mais réputée nymphomane. Elle semble pourtant intelligente, généreuse décidée mais elle est mal conseillée et mal entourée. Très vite ce sont les généraux qui possèdent la réalité du pouvoir.

L’Espagne tente de se moderniser et de se développer sur le plan économique et culturel mais une corruption endémique ruine efforts et progrès réalisés.

En 1851 elle signe un concordat avec le Vatican ce qui coupe l’herbe sous le pied des carlistes. En 1852 elle est victime d’une tentative d’assassinat menée par un moine franciscain.

La fin de son règne est chaos complet. Le 30 septembre 1868 le général Prim se soulève et l’oblige à s’exiler en France. Elle abdique le 25 juin 1870, cédant ses droits à son fils Alphonse XII. Elle meurt en exil mais est enterrée à la nécropole de l’Escurial.

Alphonse XIII

Alphonse XIII né le 17 mai 1886 à Madrid et mort à Rome le 28 février 1941 est roi d’Espagne de sa naissance à son départ en exil (il n’à jamais formellement abdiqué) le 14 avril 1941. C’est le fils posthume d’Alphonse XII et de Marie-Christine d’Autriche. Il devient majeur à l’âge de 16 ans le 17 mai 1902 ce qui met fin à la régence de sa mère.

Il accède au pouvoir dans un contexte difficile, les tentatives d’assassinat se multiplient menées notamment par les anarchistes.

Le 31 mai 1906 il épouse Victoire-Eugénie de Battenberg, fille du prince Henri de Battenberg et de Béatrice du Royaume-Uni et accessoirement du roi Edouard VII. De cette union sont nés sept enfants : Alphonse (1907-1938), Jacques-Henri (1908-1975), Béatrice (1909-2002), Ferdinand (1910-1910), Marie-Christine (1911-1996) Juan (1913-1993) et Gonzalve (1914-1934). Alphonse XIII à également eut plusieurs enfants naturels.

Durant la première guerre mondiale l’Espagne reste neutre ce qui permet au pays de jouer un rôle précieux d’intermédiaire notamment pour connaître le sort des prisonniers avec l’Oficina pro-cautivos (bureau des prisonniers de guerre), un organisme géré par le roi pour ne pas mettre le gouvernement dans l’embarras. En 1917 il tente d’accueillir la famille impériale russe déchue mais sans succès.

L’agitation sociale est quasiment permanente, aggravée par les mauvaises nouvelles venues du Maroc où l’Espagne essayait de contrôler la région du Rif. Suite à la désastreuse défaite d’Anoual en 1921, l’Espagne demandera l’aide de la France pour aboutir à la victoire contre Abd-El-Krim en 1927.

Le 13 septembre 1923 le capitaine général de Catalogne Miguel Primo de Rivera organise un coup d’état validé par le roi. Cela va aggraver la situation, Miguel Primo de Rivera finissant par être démis du gouvernement le 19 janvier 1930. Cela ne parviendra à sauver le sort de la monarchie qui doit faire face à l’agitation des républicains et plusieurs coups d’état.

Les élections municipales du 12 avril 1931 aboutissent à la victoire des républicains dans les grandes villes même si à la campagne les monarchistes restent majoritaires. Cela n’empêche pas les républicains de proclamer la république.

Deux jours plus tard le roi décide de quitter le pays pour dit-il éviter la guerre civile. Il n’abdique cependant pas. Il rallie Carthagène embarquant sur un navire de la marine espagnole direction Marseille puis la région parisienne avant de rallier Rome.

Le 26 novembre 1931 une loi des Cortès accusent Alphonse XIII de haute trahison et le déclare déchu (cette loi sera annulée par Franco le 15 décembre 1938)

Durant la guerre d’Espagne, Alphonse XIII soutient ouvertement la cause nationaliste espérant que le plus jeune général espagnol n’imite le général Monk, le restaurateur des Stuarts. Il fût vite déçu du refus de Franco de restaurer le roi déchu.

Le 15 janvier 1941 Alphonse XIII abdique en faveur de son fils cadet Juan, comte de Barcelone. Il meurt le 28 février 1941 des suites d’une angine de poitrine. Il est enterré dans l’église Sainte-Marie de Montserrat des espagnols avant que sa dépouille ne soit enterré à l’Escurial en 1980 aux côtés de ses ancêtres bourbons.

Miguel Primo de Rivera

le général Primo de Rivera et le roi Alphonse XIII

Miguel Primo de Rivera (Jerez de la Frontera 8 janvier 1870 Paris 16 mars 1930) est un général et homme d’Etat espagnol.

Issu d’une famille d’aristocrates andalous de tradition militaire, Miguel Primo de Rivera suit des études d’histoire et d’ingéniérie avant d’accéder à l’Académie militaire de Madrid.

Il obtient son premier poste au Maroc en 1893. Deux ans plus tard il est affecté au Cuba puis aux Philippines. Il est aux premières loges pour la guerre hispano-américaine (1898) qui provoque la quasi-fin de l’empire colonial espagnol.

Compétent et patriote, il est cependant réservé sur la possibilité pour l’Espagne de conserver le Maroc que Madrid partage avec la France.

En 1902 il épouse Casilda Saenz de Heredia qui lui donne six enfants avant de décéder en 1908.

Gouverneur militaire de Cadix en 1915 il est observateur sur le front occidental. Il est ensuite capitaine général à Valence en 1919, à Madrid puis à Barcelone en 1922.

Le 13 septembre 1923 il réalise un pronunciamento depuis Barcelone. Il est soutenu uniquement par les garnisons de Saragosse et de Bilbao et ne l’emporte uniquement par l’indécision du gouvernement et par la neutralité bienveillante du roi Alphonse XIII.

Il reçoit les pleins pouvoirs du roi le 15 septembre. C’est la période du Directoire militaire avec notamment un Etat de guerre en vigueur jusqu’au 16 mars 1925. Il créé un parti unique (Union Patriotique). Si il est initialement bien accueillit par les autonomistes ces derniers doivent vite déchanter.

Plus que fasciste le régime est conservateur et autoritaire avec la mise en place d’un système corporatif, d’un protectionisme et d’une politique de grands travaux. Avec l’aide de la France, il défait les rifains d’Abd-El-Krim.

Le Directoire Militaire s’ouvre aux civils dans le but de passer la main à un nouveau régimen politique toujours autoritaire et conservateur mais sans le soutien des militaires. En 1927 une assemblée nationale consultative est mise sur pied dans le but de créer une nouvelle constitution mais cela ne dépassera pas le statut de l’avant projet.

La crise de 1929 ruine les bons résultats obtenus dans les années vingt. Lâché par ses confrères inquiets de ses projets de réforme et de réduction du nombre d’officiers, lâché par le roi qui craint l’impact de la dictature sur la monarchie, Miguel Primo de Rivera démissione le 28 janvier 1930, s’exile à Paris où il meurt six semaines plus tard.

Francisco Largo Caballero

Francisco Largo Caballero (Madrid 15 octobre 1869 Paris 23 mars 1946) est un syndicaliste et un homme d’Etat espagnol. Il est membre du PSOE (Parti Socialiste Ouvrier Espagnol) et de l’UGT (Union Générale des Travailleurs).

Il participe à la grève générale révolutionnaire de 1917. Il est condamné à la prison à perpétuité mais est libéré en 1918 après avoir élu député.

Plutôt modéré au début, il était par exemple partisan de la collaboration avec la dictature de Primo de Rivera.

De 1931 à 1933 il est ministre du Travail et mène une politique progressiste. Il se radicalise alors avec l’arrivée au pouvoir de la CEDA. Il est condamné à 30 ans de prison mais il est rapidement libéré.

Il est surnommé le «Lenine espagnol». Par un savoureux tour de passe-passe le radical Caballero s’oppose au modéré Prieto alors que sous la dictature de Primo de Rivera c’était l’inverse.

Il est président du conseil des Ministres d’Espagne du 4 septembre 1936 au 17 mai 1937. Tout en acceptant l’aide soviétique il veille à limiter l’influence de Moscou. Les soviétiques n’oublieront jamais et obtiendront sa tête. Il sera remplacé par Juan Negrin, un socialiste comme lui mais nettement plus accommodant avec les communistes.

Il s’exile en France en 1939. A plusieurs reprises Franco réclame son extradition mais Paris refuse sachant parfaitement le sort qui l’attend.

Le 16 mars 1946 il est victime à Paris d’une nébuleuse tentative d’assassinat (services franquistes ? Communistes ?) qui le blesse grièvement. Il décède une semaine plus tard. Enterré à Paris, sa dépouille à été transférée en Espagne après la mort de Franco.

Manuel Azana

Manuel Azana Diaz (Alcala de Henares 10 janvier 1880 Montauban 3 novembre 1940)

Juriste (licence de droit en 1897 et doctorat en 1900) et homme d’Etat espagnol, il est membre du Congrès des Députés du 14 juillet 1931 au 9 octobre 1933, du 8 décembre 1933 au 7 janvier 1936 et du 16 mars 1936 au 31 mars 1939.

Il est ministre de la Guerre du 14 avril 1931 au 12 septembre 1933, premier ministre du 14 octobre 1931 au 12 septembre 1933 et du 19 février au 12 septembre 1933 et enfin président de l’Espagne du 10 mai 1936 au 3 mars 1939.

Durant le premier conflit mondial il est pro-allié. Dans ses écrits il critique la «Génération de 98» qui magnifie l’histoire espagnole, lui préférant les Lumières et la Troisième République française.

Sa politique violement anti-cléricale lui aliène nombre de modérés. A la chute de la République, il s’exile en France s’installant à Montauban où il bénéficie d’une immunité diplomatique offerte par le Mexique où nombre de républicains espagnols se sont exilés au printemps 1939.

Lluis Companys

Lluis Companys y Rover (El Tarros 21 juin 1882 Barcelone 15 octobre 1940) est un avocat et un homme politique catalan. Il est président de la Généralité de Catalogne du 31 décembre 1933 au 15 octobre 1940, président du parlement de Catalogne du 6 décembre 1932 au 12 juin 1933. Il est ministre de la Marine du 20 juin au 12 septembre 1933. Politiquement il appartient à la Gauche Républicaine de Catalogne (ERC).

Il effectue des études de droit à l’université de Barcelone. Son activité politique le conduit en prison à plusieurs reprises. Il est gouverneur civil de Barcelone le 16 avril 1931 mais il est remplacé dès le mois de mai.

Elu député de Barcelone le 28 juin 1931 il vote le statut d’autonomie de la Catalogne (Estatut de Nuria). Après la mort de Francesc Macia, il le remplace le 1er janvier 1934 comme président du gouvernement catalan.

Le 6 avril 1934 il proclame la République catalane mais c’est un échec. Arrêté pour rébellion en octobre 1934 il est condamné à trente ans de réclusion.

En 1936 après la victoire Frente Popular la Généralité de Catalogne est rétablie et Companys est libéré.

Après la victoire des franquistes il s’exile en France. Installé à Montpellier, il tente de relancer la cause catalane dans l’Espagne franquiste. Manquant de prudence il est piégé par un militant catalaniste retourné et enlevé.

Le gouvernement français proteste mais ne peut faire grand chose. Jugé pour rébellion militaire (sic), il est condamné à mort et fusillé. Son corps est enterré dans une tombe anonyme d’un cimetière de Barcelone. Ce n’est qu’après la mort de Franco qu’il reçoit une sépulture digne de ce nom.

José Antonio Primo de Rivera

José Antonio Primo de Rivera y Saenz de Heredia (Madrid 24 avril 1903 Alicante 20 novembre 1936) est un avocat et homme politique espagnol. Fils de Miguel Primo de Rivera, il est le fondateur de la Phalange espagnole. Il est exécuté par les républicains au début de la guerre d’Espagne.

Bachelier en 1917, il obtient sa licence de droit en 1922 avant de faire son service militaire en 1923/24 comme lieutenant de cavalerie. Il devient avocat en avril 1925, devenant très vite un avocat connu et apprécié.

Baignant dans un milieu conservateur, il est attiré par le libéralisme politique. Il se lance en politique pour défendre la mémoire de son père récemment décédé. Il fonde l’Union Monarquica Nacional mais est battu aux élections à la constituante en 1931.

Arrêté en 1932 après la Sanjurjada il est cependant rapidement libéré faute de preuves. Il fonde peu après le Movivmiento Sindicalista Espanol, l’embryon de la future phalange espagnole qui est fondée le 29 octobre 1933.

Il est député aux Cortès (circonscription de Cadix) du 30 novembre 1933 au 7 janvier 1936 et premier chef national de la Phalange Espagnole du 6 octobre 1934 au 20 novembre 1936.

Le 15 février 1934 elle fusionne avec les Juntas de Ofensiva Nacional Sindicalista donnant naissance à la Falanga Espanola de las JONS. Il est battu aux élections le 16 février 1936 avec 0.7%. Elle est inerdite par les républicains le 12 mars 1936.

Emprisonné à la prison Modelo de Madrid le 14 mars 1936, il est transéfé à Alicante le 5 juin 1936.

Il est jugé pour rébellion militaire le 17 novembre 1936. Condamné à mort, il est fusillé trois jours plus tard.

Il devient un martyr de la cause franquiste (El Ausente _l’absent_) mais selon certains historiens si il avait survécu on peut se demander si il aurait été un franquiste de choc.

Son corps est exhumé le 30 novembre 1939 et enterré au monastère de l’Escorial. Vingt ans plus tard son corps est finalement inhumé dans le monument de la Valle de Los Caidos.

Buenaventura Durutti

Buenaventura Durutti Dumangue (Leon 14 juillet 1896 Madrid 20 novembre 1936) est un militant anarchiste espagnol.

Après avoir déserté de l’armée, il s’exile en France avant d’alterner exils, séjours en prisone et tentatives de renversement de la monarchie mais aussi de la deuxième république, le futur commandant de la Colonne Durutti étant partisan de la ligne insurrectionnelle.

Lors du pronunciamento du 17 juillet 1936, il organise la résistance aux putschistes à Barcelone avant de montrer sur le front d’Aragon avec ses 3000 hommes.

Le 13 novembre 1936 il reçoit l’ordre de rallier la capitale espagnole pour la défendre contre l’offensive nationaliste. Il est tué au combat dans des circonstances troubles le 20 novembre 1936 soit ironie du sort le même jour que l’exécution de José Antonio Primo de Rivera.

Si l’hypothèse privilégiée est une mort sous les balles franquistes d’autres hypothèses ont rapidement émergé comme un tir accidentel d’un de ses lieutenants, une arme défectueuse ou encore une exécution ordonnée par le PCE voir par les anarchistes eux-mêmes, certains ne supportant pas l’autoritarisme de Durutti.

Dolores Ibarruri «La Passionaria»

Dolores Ibarruri Gomez surnommée La Passionaria est né à Gallarta le 9 décembre 1895 et morte à Madrid le 12 novembre 1989.

Issue d’une famille de mineurs de Biscaye, elle la huitième d’une famille de onze enfants. Sa famille est profondément catholique et son père est un militant carliste actif. Elle épouse un mineur militaire socialiste Julian Ruiz Gabina avec lequel elle aura six enfants.

Elle participe à la fondation du parti communiste espagnol en avril 1920. Il fusionne le 14 novembre 1921 avec le parti communiste ouvrier espagnol pour donner naissance au PCE. Elle intègre le comité central en 1930 puis le bureau politique en 1932. En 1933 elle est à Moscou comme délégué auprès du Komintern. En février 1936 elle est élue députée des Asturies. Elle est soupçonné d’avoir été à l’origine de l’assassinat du député monarchiste José Calvo Sotelo.

Elle devient une figure de proue du camp républicain mais elle est loin de faire l’unanimité dans son camp, certais communistes espagnols la jugeant comme trop rigide, trop pro-soviétique et semble prendre plaisir à épurer.

A la fin de la guerre d’Espagne, elle s’exile en URSS. Son fils Ruben va s’engager dans l’armée rouge et sera tué en 1951 lors de l’opération FRIEDRICH. Son étoile palie durant l’exil où son attitude est particulièrement critiquée et critiquable. Elle est secrétaire générale du PCE de 1942 à 1960 puis présidente.

Rentrée en Espagne après la mort de Franco en 1975 elle s’engage à nouveau en politique mais pour peu de temps. Après sa mort on apprendra qu’elle était revenue à la foi catholique de sa jeunesse.

Francisco Franco

Francisco Franco Bahamonde (Ferrol 4 décembre 1892 Madrid 20 novembre 1975) est un militaire et homme politique espagnol. Il à deux frères (Nicolas et Ramon) et deux sœurs (Maria del Pilar et Maria de la Paz)

Issu d’une famille de petit noblesse d’origine andalouse mais installée depuis plusieurs générations en Galice, il souhaite s’engager dans la marine pour suivre les traces de son père mais suite à la défaite de 1898 l’Académie Navale du Ferrol ferme ses portes pendant plusieurs années.

Au grand dam de son père (qui en 1906 abandonne sa famille pour en fonder une autre à Madrid) le jeune Francisco choisit de s’engager dans l’armée de terre.

Il est cadet à l’Académie d’infanterie de Tolède de 1907 à 1910 où il ne s’illustre guère mais est plutôt moqué pour sa petite taille.

En 1913 il intègre les Regulares, une unité comparable aux goumiers et tabors de l’armée française, ces volontaires marocains encadrés par des officiers espagnols servant de troupes de choc. Cela explique de nombreuses pertes. En 1916 Franco est grièvement blessé au ventre mais survit ce qui pour ses hommes est un signe de baraka (protection divine). Il est promu major et sert en Espagne de 1917 à 1920. En 1920 il participe avec José Milan Astray à la création de la Legion Etrangère.

En 1923 il épouse Carmen Polo. De cette union est née une fille prénomée Maria del Carmen.

Il s’illustre au Maroc participant au débarquement d’Alhucémas en 1925 devenant en 1926 le plus jeune général d’Espagne à l’âge de seulement trente-trois ans.

En 1928 il prend la tête de l’académie militaire interarmes de Saragosse, académie qui va être un vivier de cadres pour le mouvement nationaliste puisque 95% des cadets passés par le creuset aragonais ont rallié la rébellion militaire.

Monarchiste et conservateur, il regrette le départ d’Alphonse XIII mais reste loyal à la République même si cette dernière ferme l’académie officiellement pour des raisons budgétaires.

Après l’arrivée de la droite au pouvoir en 1933 il reçoit la direction de la répression de la révolte des mineurs asturiens (4 au 19 octobre 1934).

Nommé chef d’état-major de l’armée de terre en 1936 avant les élections de février, il est envoyé aux Canaries par des républicains qui ont oublié cet adage «Garde tes amis près de toi et tes ennemis encore plus près».

Il participe au pronunciamento du 17 juillet 1936 qui dégénère en conflit militaire d’ampleur, une guerre civile qui devient une guerre européenne. Il s’impose comme chef du camp nationaliste après la mort providentielle de ses principaux concurrents que ce soit Sanjurjo, Mola ou encore José Antonio Primo de Rivera.

Le 21 septembre 1936 Franco est fait commandant en chef et le 1er octobre 1936 il est publiquement proclamé Generalissime de l’Armée Nationale (Generalissimo) et Chef de l’Etat (Jefe del Estado).

Sur le plan militaire Franco n’est pas un génie militaire mais c’est un organisateur efficace et methodique. Les nationalistes possédant de meilleures troupes ils vont souvent l’emporter contre des troupes républicaines pas toujours compétentes et pas toujours disciplinées.

Dans les premières années qui suivent la victoire nationaliste la répression est féroce, impitoyable avec plusieurs dizaines de milliers d’exécution, des milliers de prisonniers politiques qui sont notamment condamnés à construire un monument expiatoire la Valle de los Caidos (la vallée de ceux qui sont tombés).

En 1942 Franco met en place les Cortes Espagnoles une chambre consultative élue par le système corporatiste.

Durant la Pax Armada Franco doit reconstruire un pays dévasté. L’économie espagnole va se relever peu à peu mais en septembre 1948 le pays est encore convalescent.

Cela explique pourquoi l’Espagne va rester neutre en dépit des pressions de l’Axe qui espéraient une aide espagnole pour s’emparer de Gibraltar.

Comme rien n’est simple l’Espagne va ravitailler des sous-marins allemands et italiens durant la guerre, les alliés fermant les yeux pour la simple et bonne raison qu’une péninsule ibérique neutre était bien plus intéressante pour eux qu’une Espagne et un Portugal ayant rallié l’Axe mais aussi le camp allié.

A la fin du second conflit mondial les républicains espagnols qui pour beaucoup ont rejoint le Mexique espèrent une intervention alliée pour renverser Franco mais Paris et Londres vont rapidement doucher les ardeurs des exilés : Franco ne sera pas renversé.

Le Caudillo va donc rester au pouvoir jusqu’à sa mort le 20 septembre 1975 des suites d’un choc sceptique après une opération qui à mal tourné. Il est enterré dans un mausolée de la Valle de los Caidos.