Italie (58) Regio Esercito (8)

La deuxième guerre italo-abyssinienne ou la revanche d’Adoua

Prélude

Comme nous l’avons vu plus haut l’Italie une fois unifiée décide de se lancer dans des expéditions coloniales pour une volonté de grandeur mais également une volonté de trouver un échappatoire à la surpopulation rurale, aux problèmes du prolétariat italien.

Après avoir échoué en Tunisie, l’Italie parvient à s’emparer de la Tripolitaine et de la Cyrénaïque formant l’Africa Septentrionale Italiana (ASI), la future Libye. Ces deux provinces sont conquises au cours de la guerre italo-turque de 1911/12 mais conquête ne veut pas dire domination.

Il faudra attendre 1925 pour que les italiens décident de prendre le contrôle effectif de ces colonies. Il faudra neuf ans de durs de combat, une répression abominable pour que l’ASI devienne une véritable colonie.

Entre-temps l’Italie s’est intéressée à l’Afrique orientale et à la Corne de l’Afrique, d’abord en Érythrée puis en Somalie. Entre-temps Rome s’est intéressée à l’Abyssinie, le dernier état indépendant d’Afrique avec le Liberia.

 

Après plusieurs années de relations conflictuelles, les italiens décident de passer à la vitesse supérieure. Les moyens sont chichement comptés mais les italiens arrogants et surs d’eux sont persuadés de l’emporter rapidement.

Le 1er mars 1896 les deux armées s’affrontent à Adoua. L’armée italienne connait sa pire défaite avec celle de Caporetto. A cette lourde défaite (plusieurs milliers de morts, de nombreux prisonniers, artillerie capturée) s’ajoute l’humiliation d’une défaite contre une «race inférieure».

Pour l’Italie certains historiens estiment que l’humiliation d’Adoua va ruiner la démocratie et faire le lit du fascisme. Le traité d’Addis-Abeba signé le 23 octobre 1896 reconnaît l’indépendance de l’Ethiopie mais l’Italie n’oubliera jamais Adoua, prenant sa revanche quarante ans plus tard en 1935/36.

Dès 1925 le régime fasciste envisage une opération militaire contre Addis-Abeba mais il faut attendre 1932 pour qu’une opération militaire soit réellement envisagée.

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Situation de la Corne de l’Afrique au début des années trente

L’envoi en Erythrée d’Emilio de Bono, un quadriumvir de la Marche sur Rome montre que ce projet n’est pas un bluff. D’ailleurs au début 1935 les travaux d’infrastructure commencent : baraques, dépôts, routes.

Le corps expéditionnaire italien engagé sera le plus puissant jamais rassemblé pour une conquête coloniale. Il est vrai qu’il s’agit pas de mettre au pas quelques tribus mal équipées mais combattre l’armée d’un état constitué, un état quasiment médiéval mais un état, une armée mal équipée mais nombreuse pouvant profiter d’un terrain et d’un climat particulièrement difficile, les hauts-plateaux éthiopiens étant chauds et secs.

Pour ce conflit il faut un casus belli. Les italiens prennent prétexte d’un incident de frontière à Ual-Ual dans le désert de l’Ogaden où des guerriers abyssiniens attaquent des soldats italiens.

L’attaque italienne n’à cependant pas lieu immédiatement, la communauté internationale se mobilisant pour préserver l’indépendance de l’Abyssinie.

Mussolini fait fi des protestations de la SDN, de la mobilisation incertaine de Paris et de Londres bien embêtée par cette action italienne.

Entre le 5 et le 11 février, les divisions Gavinana et Peloritana sont mobilisées et envoyées en Afrique orientale, la première en Erythrée et la seconde en Somalie. 50000 ouvriers sont également envoyés pour agrandir le port de Massawa totalement saturé.

L’ordre d’attaquer est donné le 27 septembre, le jour J étant prévu le 3 octobre 1935. L’armée italienne bénéficie d’une supériorité matérielle écrasante face à une armée abyssinienne aux capacités limitées par l’arriération du royaume, l’indépendance d’esprit des seigneurs locaux, des ras particulièrement jaloux de leur indépendance. Seule la garde impériale (Kebur Zabagna) peut être considérée comme une unité fiable et dévouée au Négus.

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Hailé Sélassié

Les effectifs de l’armée abyssinienne sont inconnus mais on estime le nombre de soldats à 350000 dont un quart bénéficie d’une véritable instruction militaire, 400000 fusils de tous calibres et tous âges, entre quelques centaines et 2000 mitrailleuses, une cinquantaine de canons antiaériens, une quinzaine d’automitrailleuses Ford, quelques chars Fiat 3000 (une version fabriquée sous licence du Renault FT), 300 camions, 14 avions (huit opérationnels mais sans arme). L’armée abyssinienne est mobilisée le 28 septembre 1935. Aucune stratégie d’ensemble n’est décidée, il s’agit simplement de combattre avec vaillance.

Côté italien le recours à la conscription est nécessaire. Les conscrits sous les drapeaux sont maintenus, on rappelle les réservistes et les spécialistes.

70000 hommes sont mobilisés pour la seule armée de terre. Entre février 1935 et janvier 1936, sept divisions sont envoyées, les divisions «Gavinana», «Sabauda», «Gran Sasso», «Sila», «Cosseria», «Assietta» et la division alpine «Pusteria».

A ces divisions s’ajoutent cinq divisions de «chemises noires», cinq divisions portant les noms de dates importantes pour la «révolution fasciste». Ces unités sont mal équipées, mal encadrées et leur «ferveur idéologique» compense mal de nombreuses carences.

On trouve donc la 1ère division «23 Marzo» (23 mars 1919 fondation du Fasci Italiani di Combattimento), la 2ème division «28 ottobre» (28 octobre 1922 la Marche sur Rome), la 3ème division «21 aprile» (21 avril 1925 publication du Manifeste Fasciste), la 4ème division «3 gennaio» (3 janvier 1925 : les pouvoirs dictatoriaux sont accordés à Mussolini) et la 5ème division «1 febbraio» (1er février 1923 : création de la Milice des Volontaires pour la Sécurité Nationale), une sixième division («Tevere») composée de vétérans du premier conflit mondial étant expédiée en Somalie.

Enfin on trouve deux divisions erythréennes et 25 à 30000 combattants somalis. Composées essentiellement d’ascaris, elles ne sont pas mises en avant par la propagande fasciste mais le haut commandement espère beaucoup de leur efficacité sur un terrain difficile. En janvier 1936 une division libyenne sera engagée pour porter l’estocade.

Au final ce sont 560000 hommes et 3 millions de tonnes d’armement et d’équipement qui sont envoyés en Afrique Orientale. Au 1er octobre 1935 on compte en Erythrée 5700 officiers, 6300 sous-officiers, 99200 soldats italiens et 53200 Ascari armés de 4200 armes automatiques, 580 pièces d’artillerie, 400 chenillettes et automitrailleuses, 3700 véhicules et 35560 animaux de trait.

En Somalie, le général Graziani qui s’est «illustré» en Libye dispose de 1650 officiers, 1550 sous-officiers, 21150 soldats italiens, 29500 soldats coloniaux, le tout doté de 1600 armes automatiques, 117 canons, 7900 animaux de trait, 2700 véhicules et 38 avions.

Un conflit de sept mois (octobre 1935-mai 1936)

Le 3 octobre 1935, les forces italiennes franchissent la frontière séparant l’Erythrée de l’Abyssinie, l’avancée se faisant sans plan clairement défini tout comme en 1895/96 sauf que cette fois les forces italiennes étaient vingt fois supérieures. On trouve là une faiblesse majeure de l’armée italienne : l’absence d’une stratégie, d’un plan global avec des phases successives.

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Emilio de Bono

La progression est davantage ralentie par des considérations logistiques et par la prudence de De Bono hanté par le souvenir d’Adoua. Mussolini le limoge le 14 novembre 1935 et remplace par le maréchal d’Italie (maresciallo d’Italia) Pietro Badoglio.

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Pietro Badoglio photographié en 1921

Ce changement est un changement de caractère (dynamisme contre immobilisme) et de style, le remplacement d’un quadrumvir opportuniste par le vainqueur de Vittorio-Veneto marquant la reprise main du Regio Esercito.

Néanmoins les opérations ne sont pas menées par un rythme beaucoup plus élevé, Badoglio étant conscient des limitations techniques et tactiques de troupes entraînées à la va-vite.

Si le sort final de la guerre ne fait aucune doute, les abyssins remportent quelques succès tactiques, quelques batailles locales. La situation italienne est délicate ce qui explique probablement pourquoi Badoglio va employer les gaz de combat contre les troupes abyssiniennes.

En janvier 1936 alors que les italiens sont sur le point de passer à l’offensive, l’armée abyssinienne prend l’initiative. Le plan est simple : fixer une partie des forces italiennes pendant que le reste de l’armée surgira sur ses arrières pour attaquer Adoua et débouler en Érythrée. Hélas ce plan est trop ambitieux pour une armée aussi arriérée que celle du Negus.

Cette offensive échoue et les italiens reprennent le contrôle des opérations. Les combats sont particulièrement durs à cause du climat, du terrain mais également de la férocité des deux adversaires.

On ne compte plus les exactions commises de part et d’autre. Par exemple le 21 janvier au col d’Uarieu, les chemises noires de la 2ème division sont sur le point d’être chassés des ouvrages fortifiés et anéantis à l’arme blanche. Ils ne doivent leur salut qu’à l’utilisation par l’aviation italienne de gaz de combat, arme contre laquelle les guerriers abyssiniens sont impuissants.

Après cette victoire, l’armée italienne se regroupe avant de repasser à l’offensive. Les combats sont toujours aussi violents mais les pertes abyssiniens sont abominablement lourdes. Clairement l’initiative appartient aux italiens qui font parler leur puissance de feu supérieure. On considère qu’à la fin février l’armée abyssinienne cesse d’être une force constituée.

Le 3 mars 1936 la route de la capitale Addis-Abeba est ouverte. Ce n’est plus qu’une question de temps avant que les italiens ne vengent définitivement le désastre d’Adoua.

La bataille finale oppose à partir du 31 mars 1936 30000 soldats abyssins contre la division «Pusteria» et deux divisions érythréennes dans la cuvette de Mai Ceu. Ce sont les abyssins qui prennent l’initiative, les combats sont violents, les soldats du Negus se montrent habiles mais encore et toujours l’artillerie et l’aviation italiennes rétablissent la situation. En fin d’après-midi Hailé Sélassié ordonne la retraite.

La marche sur Addis-Abeba ne commence cependant que le 24 avril. Le 5 mai 1936 à 16h00, les troupes italiennes s’emparent de la capitale impériale.

Quatre jours plus tard, le 9 mai 1936, Victor-Emmanuel III est proclamé impero italiano d’Etiopia mais le nouvel empereur d’Ethiopie ne mettra jamais les pieds dans son nouveau royaume. Il est représenté sur place par le maréchal Badoglio qui devient vice-roi.

Le front erythréen n’à pas été le seul front concerné par la deuxième guerre italo-abyssinienne. Le front somalien à aussi connu l’odeur de la poudre. Les troupes sont menées par un fasciste fervent, Rodolfo Graziani qui ne s’entend guère avec Badoglio, monarchiste plus que fasciste.

Sur le front somalien sont engagées la division de l’armée «Peloritana», la division de chemises noires «Tevere», la division «Libia», quatre bataillons de mitrailleurs, 27 automitrailleuses et 30 chenillettes L3. Au total ce sont 30000 hommes qui sont engagés, leurs objectifs étant Harar et Dire Daua sur la ligne de chemin de fer Djibouti-Addis Abeba.

Les distances à parcourir sont immenses et sans l’appoint ultérieurement de plusieurs milliers de camions, la tache de Graziani aurait été nettement plus difficile.

Le général Graziani est un général tempétueux, bouillonant mais les colonnes envoyées en profondeur sont soumises à des attaques bien organisées ce qui calme ses ardeurs.

Il remporte une victoire majeure à Dolo le 12 janvier 1936 mais en dépit de sa volonté et de celle de Mussolini les problèmes logistiques et les conditions météo se liguent à la résistance ennemie pour ralentir sa progression. Le 9 mai Badoglio et Graziani font leur jonction à Dire Daua.

Au final quelles leçons peuvent être tirées de ce conflit ? L’Italie l’à emporté moins par sa supériorité tactique et stratégique que par sa supériorité matérielle. L’effort logistique à été considérable et va avoir un impact sur les capacités ultérieures du Regio Esercito Italiano.

Certes les stocks de carburant, de munitions et de véhicules vont être reconstituées avant septembre 1948 mais cette victoire va rendre les commandants italiens trop confiants, la supériorité matérielle italienne ayant compensé des erreurs tactiques et une sous-estimation chronique de l’adversaire, adversaire handicapé par un sous-développement du pays, des rivalités ethniques et culturelles.

No Pasaran ! L’engagement italien dans la guerre d’Espagne (1936-1939)

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Carte de la Guerre d’Espagne

Prélude

Après quasiment deux siècles d’âge d’or (XVème-XVIème siècle), l’Espagne s’enfonce dans un interminable déclin, une interminable agonie qui la voit rater le train des Lumières et mis à part quelques régions excentrées (Pays Basque, Catalogne) celui de la Révolution Industrielle.

Ce déclin se poursuit au XIXème siècle, un siècle particulièrement mouvementée avec plusieurs guerres civiles, des pronunciamiento, une expérience républicaine, un roi italien vite dépassé…… .

Incapable de trancher entre deux visions de la société, incapable de choisir clairement entre la modernité et la réaction, la monarchie des Bourbons d’Espagne se discrédite totalement par une politique coloniale désastreuse au Maroc et en métropole l’expérience dictatoriale du général Primo de Rivera (13 septembre 1923-30 janvier 1930).

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Alphonse XIII et le général Miguel Primo de Rivera

Le 12 avril 1931 ont lieu des élections municipales dont les résultats montrent une nette fracture entre les villes (où les républicains l’ont emporté) et la campagne où l’influence des caciques à préservé le vote monarchiste. Deux jours plus tard pourtant la IIème République Espagnole est proclamée.

Cette république veut visiblement bien faire, veut sortir l’Espagne du sous-dévellopement et de l’arriération mais ces projets menés tambour battant sont combattus par l’autre Espagne bien décidé à préserver un mode de vie et de pensée traditionnel.

Les événements tragiques se succèdent entre tentatives de coup d’état, révoltes, grèves insurrectionnels, un magma imbuvable qui mijote à feu doux jusqu’au moment où tout explose.

Le 17 juillet 1936 un coup d’état militaire est mené par une partie de l’armée contre le gouvernement républicain. Ce coup d’état était censé rééditer l’action de Primo de Rivera, c’était un pronunciamiento comme l’Espagne en à connu tant au cours du siècle passé.

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Francisco Franco en 1964

La réussite est partielle, les putschistes échouant notamment à Madrid et à Barcelone. C’est le début d’une guerre abominable qui va durer quasiment trois ans jusqu’en mars 1939, un conflit opposant les nationalistes où émerge rapidement la figure du général Franco (qui profite des décès prématurés des généraux Sanjurjo et Mola) aux républicains c’est à dire essentiellement la gauche avec des anarchistes, des communistes et des socialistes.

Cette guerre civile espagnole ne tarde pas à s’internationaliser avec l’intervention côté républicain des Brigades Internationales et de l’URSS (et de manière clandestine de la France) alors que du côté nationaliste on trouvait le soutien de l’Italie, de l’Allemagne, du Portugal mais également de volontaires étrangers français et irlandais notamment.

Le Regio Esercito Italiano dans la guerre d’Espagne

Alors que la France et la Grande-Bretagne hésitent et tergiversent sur l’attitude à adopter vis à vis de la guerre civile espagnole, Berlin et Rome décident très rapidement d’intervenir mais pour des raisons différentes.

Si l’Allemagne ne s’intéresse qu’à des concessions minières vitales pour un futur conflit (et accessoirement tester ses nouvelles armes, ses nouvelles tactiques), l’Italie à des ambitions bien plus élevées notamment en terme de conquêtes.

Alors que la seconde guerre italo-abyssienne vient tout juste de se terminer (mai 1936), Mussolini décide d’envoyer de puissants moyens en soutien des troupes du général Franco.

Ce sont ainsi des avions italiens et allemands qui organisant le premier pont aérien de l’histoire au dessus du détroit de Gibraltar permettent le passage en Espagne de l’Armée d’Afrique, des soldats de métiers aguerris qui vont jouer un rôle décisif dans le conflit face à des milices de gauche et une armée républicaine démobilisée et surtout jugée peu sure par le gouvernement légitime.

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Colonne du corps expéditionnaire italien durant la funeste bataille de Guadalajara 

Les soldats italiens envoyés en Espagne aux côtés de Franco sont officiellement des volontaires regroupés au sein d’un corps expéditionnaire appelé Corpo Truppe Volontarie (CTV) soit en français le Corps des Troupes Volontaires. C’est le pendant terrestre de l‘Aviazione Legionaria, l’élément aérien envoyé en Espagne par la Regia Aeronautica.

Le CTV est déployé en Espagne à partir de décembre 1936. Il va opérer en soutien des nationalistes jusqu’à la fin de la guerre d’Espagne soit avril 1939. Composé quasi-exclusivement d’infanterie, le CTV est un corps d’armée de 50000 hommes soit grosso-modo l’équivalent de trois à quatre divisions.

L’appui italien aux troupes franquistes à d’abord été aérien. La guerre semblait tourner rapidement à l’avantage des nationalistes il ne semblait pas utile d’envoyer des troupes au sol. C’est l’échec devant Madrid («No Pasaran») qui pousse Mussolini à décider d’envoyer des troupes au sol dans la péninsule ibérique (12 décembre 1936).

3000 hommes débarquent à Cadiz dès le 23 décembre. Officiellement il s’agit de conseillers militaires et pas de troupes régulières. Cela change très vite et en janvier on compte déjà 44000 hommes déployés.

Le CTV est officiellement créé à la fin février (auparavant les troupes italiennes étaient simplement regroupés au sein d’un corps expéditionnaire) avec quatre divisions, une division de l’armée régulière (4ème DI «Littorio») et trois divisions de chemises noires, la 1ère division «Dio lo Vuole» (Dieu le veut), la 2ème division «Flamme Nere» (Flamme Noire) et la 3ème division «Penne Nere» (plumes noires).

On trouvait également un groupe d’infanterie indépendant (Groupe du 23 mars), un groupe de chars légers et d’automitrailleuses, dix régiments d’artillerie et quatre batteries d’artillerie antiaérienne.

Le CTV connait son baptême du feu lors de la bataille de Malaga du 3 au 8 février 1937 une bataille menée par les troupes nationalistes et par la 1ère division de chemises noires. La ville est prise le 8, 74 soldats italiens étant tués, 221 blessés et deux disparus.

Les italiens ont moins de chance lors de la bataille de Guadalajara du 8 au 23 mars 1937. Cette offensive est la quatrième visant Madrid. Tout le CTV est engagé mais les italiens subissent une cuisante défaite et de sérieuses pertes, les chenillettes L3/35 se révélant être de véritables cercueils roulant pour leurs équipages.

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Chenillette L-3/35 

 

Les pertes sont telles que les trois divisions de chemises noires doivent être réorganisées en deux divisions. La division «Littorio» n’à pas subit des pertes très lourdes explicables peut être par le niveau de préparation supérieur à celles des divisions de miliciens dont l’enthousiasme ne compense que très imparfaitement les lacunes en terme d’entrainement, de commandement et d’équipement.

Cet échec marque également la fin des ambitions italiennes de mener une guerre en relative autonomie. Désormais le CTV sera sous la direction de généraux espagnols tout comme l’Aviazione Legionaria qui dépendra de la Légion Condor.

D’avril à août 1937 des divisions mixtes italo-espagnoles sont mises sur pied, les italiens fournissant les officiers et le personnel technique, les espagnols le gros des troupes. La première brigade mixte est baptisée «Flechas Azules» (flèches bleues) suive des «Flechas Negras» (flèches noires), la première opérant en Extrémadure et la seconde en Biscaye.

En août et septembre 1937 la division de chemises noires «23 de marzo» est envoyée en Espagne pour participer aux combats au pays Basque, jouant un rôle clé dans la bataille de Santander. Cette division est ensuite engagé sur le front de l’Aragon.

En octobre 1937 les divisions de chemises noires sont à nouveau réorganisées, les deux divisions présentes depuis le début sont amalgamées avec la division du 23 mars formant la division «23 de marzo-Llamas Negras»

En mars 1938 la brigade des Flèches Noires est portée au niveau de la division, devenant la division «Flèches», cette division participant à l’offensive d’Aragon et à la marche à la mer qui permettra à terme de couper la zone républicaine en deux.

En novembre, la division est rebaptisée «Flechas Negras» tandis que de leur côté les «Flechas Azules» passent également au statut de division, créant même une deuxième division baptisée «Flechas Verdes» (flèches vertes). Le CTV participe ensuite à l’offensive contre Barcelone.

Le 28 mars 1939, Madrid est prise par les nationalistes du général Franco. Quatre jours plus tard, la guerre d’Espagne est officiellement terminée. Les troupes italiennes repartent quelques jours plus tard.

Au final ce sont 78500 italiens qui ont été envoyés en Espagne, entre 2989 et 3819 ont été tués, 12000 blessés. Ils y ont laissé 3400 mitrailleuses, 1400 mortiers, 1800 canons, 6800 véhicules, 160 chars et 760 appareils.

Si ces pertes matérielles n’avaient pas un impact (trop) important car le matériel était obsolète, le coût financier était plus problématique avec une dépense entre 6 et 8.5 billion de lires soit 14 à 20% du budget. Si la guerre s’était déclenchée en 1940/41, le handicap aurait pu être fâcheux….. .

Heureusement pour l’armée italienne le second conflit mondial n’allait éclater qu’en 1948….. .

L’Expédition d’Albanie

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Printemps 1939 : l’Italie remporte une glorieuse victoire contre la redoutable Albanie 

Comme nous l’avons vu plus haut, l’Italie à toujours cherché à contrôler l’Albanie. La raison est bassement géographique et stratégique : verrouiller le canal d’Otrante, empêcher une marine puissante de se déployer en Adriatique et in fine peser sur la Yougoslavie voisine.

Durant le premier conflit mondial les troupes italiennes déployées en Albanie pour affronter les austro-hongrois étaient quatre fois supérieures à celles déployées en Macédoine (quatre divisions contre une) ce qui est tout sauf innocent.

C’était un changement par rapport à l’avant guerre qui avait vu Vienne et Rome œuvrer de concert pour aboutir en 1913 à la création d’une Albanie «indépendante»

Dans l’immédiat après guerre, la crise économique, la lassitude d’une Italie épuisée par la guerre et la résistance albanaise douchent les ambitions de Rome dans la région.

Comme dans d’autres projets «coloniaux» c’est l’arrivée au pouvoir de Mussolini qui relance l’intérêt et l’appétence italienne pour le «pays des Aigles».

A partir de 1925 les italiens investissent massivement dans l’économie albanaise, s’emparant notamment des ressources minérales. En 1926 et 1927 deux traités signés à Tirana lient les deux pays par une alliance défensive.

Des prêts concédés par des banques italiennes permettent la modernisation de l’économie, l’armée est entrainée et instruite par des militaires italiens, des colonies de peuplement italiennes sont installées. Ce sont autant de de chevaux de troie qui augurent mal de l’avenir.

Pourtant en 1931 le roi Zog 1er refuse de renouveler le traité signé en 1926. Mieux même, Tirana signe des accords commerciaux avec la Yougoslavie et la Grèce en 1934.

L’Italie fulmine, menace mais engagée en Ethiopie puis en Espagne n’à visiblement pas les moyens de mettre au pas un pays devenu un véritable protectorat italien.

Il faut attendre l’Anschluss entre l’Allemagne et l’Autriche pour que l’Italie commence à réfléchir à des mesures plus drastiques. Il s’agit à la fois de rehausser le prestige du régime fasciste mais également de mettre définitivement la main sur les ressources agricoles et minières albanaises et ainsi aboutir au rêve d’une totale autarcie en vue de la guerre qui s’annonce.

Les dernières hésitations sont balayées au printemps 1939 par plusieurs événements directs et indirects. Il y à une tentative d’empoisonnement du couple royal mené par un ressortissant italien ce qui pousse le roi Zog 1er à démanteler tous les groupements pro-fascistes et pro-italiens mais également l’invasion de ce qui restait de la Tchécoslovaquie par les allemands.

Un ultimatum est envoyé le 6 avril 1939, un ultimatum que le roi Zog 1er refuse. Le lendemain, Mussolini donne le feu vert à l’invasion de l’Albanie par un puissant corps expéditionnaire italien.

Ce corps expéditionnaire se compose de la manière suivante :

-Le 1er Groupe d’Invasion engagé dès le 7 avril pour établir les têtes de pont nécessaires au débarquement du groupe des forces se compose d’une première colonne ayant pour objectif Scutari avec trois bataillons de Bersaglieri (3ème, 6ème et 28ème bataillon) et la 2ème compagnie du Bataillon San Marco.

La 2ème colonne doit débarquer à Durazzo avant de foncer ultérieurement sur Tirana. Elle se compose de cinq bataillons de Bersaglieri (2ème,10ème,14ème,17ème,27ème bataillons), du 1er bataillon du 47ème régiment d’infanterie, des 8ème et 10ème escadrons de chars légers,des 1er et 2ème bataillons de Grenadiers aérotransportés, d’une batterie d’artillerie et d’une batterie de DCA.

Enfin la 3ème colonne de ce premier groupe d’invasion à pour objectif Santi Quaranta et Argirocustro avec deux bataillons de Bersaglieri (20ème et 33ème bataillons), du 3ème groupe Rapide de chars San Giorgio et de la 1ère compagnie du bataillon San Marco.

-Le 2ème Groupe d’Invasion qui est mis à terre le 8 avril regroupe essentiellement des unités d’appui avec l’état-major et le 2ème bataillon du 47ème régiment d’infanterie, le 9ème bataillons de mitrailleurs, des escadrons de cavalerie du 6ème régiment de lanciers «Aosta» et du 4ème régiment de cavalerie «Genova» ainsi que des 15ème et 17ème batteries d’artillerie lourde.

-Enfin le 3ème Groupe débarqué le 9 avril est destiné à gérer l’occupation du pays et regroupe donc l’état-major de la 23ème division d’infanterie, le 97ème bataillon de Chemises Noires et le 14ème régiment d’artillerie de campagne.

Face à ce déploiement de force que peut faire l’Ushtria Kambetare, l’armée de terre albanaise, rien ou si peu.

Non seulement ces effectifs sont modestes (13780 hommes répartis en une garde royale, six bataillons de garde frontière, douze bataillons d’infanterie, deux escadrons d’infanterie motorisée, quelques unités de gendarmerie et de police) mais en plus les italiens connaissent parfaitement ses qualités et ses carences puisqu’ils l’ont formée.

Le seul cas connu d’affrontements concerne le port de Durrës/Durazzo où des gendarmes et des marins albanais vont résister 36h avant que la dite résistance soit brisée par l’engagement d’automitrailleuses contre lesquelles les albanais n’avaient aucune arme efficace.

Le 9 avril les parachutistes italiens sautent sur Tirana et s’emparent de la capitale après quelques combats qui font tout de même douze morts et 87 blessés côté italien.

Tout le royaume est rapidement conquis. Un nouveau gouvernement appuyé par une assemblée constituante favorable aux italiens est nommé le 10 avril 1939, un gouvernement sans réels pouvoirs.

Le 17 avril 1939 la couronne d’Albanie est offerte à Victor-Emmanuel III qui roi d’Albanie sous la forme d’une union personnelle même si dans les faits on peut parler d’annexion. Quant aux réactions internationales elles sont négligeables et strictement diplomatiques.

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