Le Conflit (20) Norvège (20)

Combined ! Bataille d’Heligoland et Bataille du Cap Nord

Dans cette partie je vais parler de deux grands événements survenus en mer du Nord entre la fin de la Campagne de Norvège et l’opération BOREALIS à savoir la Bataille d’Heligoland (18 juin 1951) en lien avec l’opération AVALANCHE sur le front occidental et surtout la Bataille du Cap Nord (17 juin 1952), le dernier grand affrontement naval entre alliés et allemands, la Kriegsmarine étant par la suite clairement sur la défensive.

Bataille d’Heligoland (18 juin 1951)

Cet affrontement est directement lié à l’opération AVALANCHE, le franchissement de La Seine par les alliés et le début de la libération de la France occupée depuis dix-huit mois puisque la Campagne de France s’est terminée en octobre 1949 après l’échec de l’opération HUBERTUS.

A noter que ce nom est impropre car la bataille à lieu hors de la baie d’Heligoland. Certains préfèrent le terme «Bataille de la mer du Nord» mais ce terme ne fait pas consensus et ne semble pas vraiment glamour.

Les deux camps ont des intérêts divergents dans cette bataille. Les alliés espèrent attirer de grandes unités de la marine allemande pour en faire un mauvais sort alors que les allemands veulent simplement alléger la pression de l’opération AVALANCHE en obligeant les alliés à disperser leurs efforts.

La bataille en question aurait pu avoir lieu en Manche mais il aurait fallu pour cela que les allemands franchissent le champ de mines qui barre le Détroit du Pas de Calais. Ce barrage n’était pas totalement étanche mais les sous-marins qui tentaient ce franchissement le faisait à leurs risques et péril.

Dès le 11 juin 1951 les allemands se doutent de quelque chose. Des informations parcellaires leur parvienne. Depuis la glaciation du front en octobre 1949 il y à eu des opérations locales, des coups de main, des opérations commandos mais ce qui se prépare là est d’une toute autre ampleur.

Certes les alliés ont essayé de masquer au maximum leurs préparatifs mais une telle offensive est impossible à totalement dissimuler aux yeux de l’ennemi.

Reste à savoir si les allemands vont être capables d’analyser finement les indices et en tirer les bonnes conclusions. Les expériences sur le front russe ont montré que le renseignement allemand bon dans la récolte l’était moins dans l’analyse.

Je ne vais pas rentrer dans les détails car ce serait sortir du thème de cette partie mais il est évident que l’offensive avec un grand O est une question de jours au mieux de semaines.

Que faire ? Une attaque préventive ? Tentant mais ce serait gaspiller une réserve stratégique accumulée pour faire face à ce type de situation.

Ce n’est de toute façon pas la solution choisit, les allemands ayant transformé la France occupée en gigantesque Festung avec une succession de lignes fortifiées (ALARIC, ATTILA, LOTHAR,WOLFGANG, GOTHIC et WAGNER). qui doivent encaisser l’énergie cinétique de l’offensive alliée dans l’espoir de décourager français britanniques, américains, belges et néerlandais.

L’aviation et l’artillerie pourraient être engagées mais là encore cela pourrait être contreproductif à savoir des pertes en avions et en pilotes sans compter que l’artillerie française aurait pu en profiter pour détruire des batteries allemandes qui pourraient ainsi se dévoiler.

Et si la solution venait des flots ? La Kriegsmarine bien qu’affaiblie possède encore de solides capacités et pourrait forcer les alliés à disperser leurs efforts et réduire la pression sur le front occidental.

C’est d’autant plus capital qu’à l’époque sur le front russe les meilleures unités allemandes sont profondément engagées dans le Caucase et les steppes russes. Gagner du temps voilà l’impératif.

Décision est prise de lancer une démonstration navale en mer du Nord dans l’espoir d’attirer le maximum d’unités alliées et de leur infliger une défaite sinon décisive du moins dissuasive.

Avec le recul on peut se demander l’intérêt de couler des cuirassés en mer du Nord pour contrer une attaque terrestre mais à l’époque cela ne semble pas heurter les allemands.

Après tout ces derniers étaient convaincus de pouvoir vaindre les soviétiques puis de se retourner contre les alliés donc bon…….. .

C’est l’origine de l’opération Räche del Walkuren (la vengeance des Valkyrie), une démonstration navale comparable aux raids de croiseurs menés par la Hochseeflot sur les côtes britanniques pendant la première guerre mondiale.

Les alliés ne sont pas totalement pris au dépourvu. Non seulement ils connaissent les codes allemands et peuvent anticiper nombre de mouvements de la marine allemande met en plus dans le cadre de l’opération AVALANCHE, ils ont décidé de déployer de nombreux navires en mer du Nord pour empêcher la Kriegsmarine de se lancer dans une folle expédition en Manche même si il aurait fallu pour cela franchir un imposant champ de mines et surtout affronter dans un bras de mer étroit les batteries côtières britanniques, des avions, des navires de surface et des sous-marins. Autant dire pas vraiment une partie de plaisir.

Cette bataille d’Heligoland va opposer des navires français et britanniques aux navires allemands, un combat engageant cuirassés, porte-avions, croiseurs et destroyers.

Le cuirassé Jean Bart à la mer. Le sister-ship du Richelieu va égaler son ainé en coulant le Bismarck ce qui selon son équipage était bien plus difficile que de couler le Vittorio Veneto (ce que les marins du Richelieu démentent bien évidemment avec la dernière énergie)

Côté français on trouve les cuirassés Jean Bart et Gascogne, les porte-avions Painlevé et Anne de Bretagne, le croiseur lourd Foch, les croiseurs légers Sully et Duquesne, les contre-torpilleurs Milan et Epervier mais aussi les torpilleurs d’escadre Opiniâtre Aventurier Mameluk Casque Sabre Claymore

Vue aérienne du cuirassé King George V

Côté britannique on mobilise trois cuirassés en l’occurence le HMS King George V, le HMS Temeraire et le HMS Vanguard, les porte-avions HMS Formidable Ocean Pioneer, les croiseurs lourds HMS Cornwallis et Albermale, les croiseurs légers HMS Sheffield Belfast Minotaur Sirius et Black Prince, des destroyers Pakenham Paladin Obdurate Obedient Petard Porcupine Electra Esk pour ne citer que les principales unités.

Le Bismarck appareillant pour son ultime voyage (même si il ne le sait pas encore)

Face au déploiement de cinq cuirassés, cinq porte-avions, trois croiseurs lourds, sept croiseurs légers, deux contre-torpilleurs et des destroyers les allemands vont engager trois cuirassés (Bismarck Kaiser Wilhelm II), le porte-avions Peter Strasser, les croiseurs lourds Admiral Hipper et Admiral Scheer Admiral Graf Spee, les croiseurs légers Postdam et Magdeburg, des Zerstörer (Z.8 Bruno Heinemann et Z.9 Wolfang Zenker , Z.12 Erich Giese et Z.14 Friedrich Ihn, Z.21 Wilhelm Heidkamp et Z.22 Anton Schmitt, Z.37 et Z.38) et des sous-marins.

Es-ce le début d’une bataille de Jutland ? Pas vraiment car il s’agira d’une série d’affrontements confus étalés sur les journées des 17 et 18 juin 1951.

Si côté allié aucun navire n’est coulé (même si certains sont endommagés) les allemands perdent deux unités majeures, le cuirassé Bismarck et le croiseur lourd ex-cuirassé de poche Admiral Scheer mais aussi deux Zerstörer, les Z.8 et Z.12.

Le premier est surpris par le Jean Bart en début d’après midi le 18 juin 1951. Alors qu’il se repliait vers Wilhelmshaven après avoir échoué à retrouver la flotte alliée, il est encadré par le sister-ship du Richelieu.

Comme le dira un survivant le tir du français est tout de suite «inconfortablement précis» avec trois salves encadrantes qui provoquent des dégâts légers mais des dégâts tout de même, les radars étant par exemple mis hors service. Avec une météo qui se dégrade c’est clairement un handicap pour le Schlachtschift.

Si le Bismack place un coup au but sur le Jean Bart (qui ne provoque que des dégâts limités), ce dernier riposte en plaçant trois obus de 380mm qui vont désemparer le cuirassé. K.O debout le cuirassé allemand tente de se défendre mais encaisse six autres obus de 380mm.

Le navire chavire et coule rapidement pendant que le Jean Bart n’est que légèrement endommagé, deux coups encaissés n’ayant provoqué que de faibles dégâts au final. Il va néanmoins être immobilisé pour réparations jusqu’au début du mois de septembre, son retour au combat n’étant au final effectif qu’au début du mois d’octobre.

KMS Admiral Scheer

L’autre unité majeure qui est coulée est le croiseur lourd anciennement cuirassé de poche Admiral Scheer. Surpris par l’aviation embarquée française ayant décollé du porte-avions léger Anne de Bretagne, il est sérieusement endommagé par deux bombes de 500kg et une torpille.

Il tente de se replier cahin caha pour trouver un abri mais il n’en aura pas le temps. Il tombe en effet sur le sous-marin britannique HMS Safaris qui lance trois torpilles.

Une anguille se perd, une deuxième n’explose pas mais la troisième est suffisante pour provoquer le naufrage du pocket battleship.

Clairement cette bataille est une victoire alliée mais on ne peut pas dire que cela ait changé grand chose à l’opération AVALANCHE au grand dam des allemands et secondairement des alliés.

6-Cuirassés et croiseurs de bataille (8)

Le Jean Bart

Le cuirassé Jean Bart à la mer

-Le Jean Bart est mis sur cale aux Ateliers et Chantiers de la Loire (ACL) de Saint Nazaire le 12 décembre 1936 dans la forme Caquot rapidement connue sous le nom de forme Jean Bart. Comme pour le Richelieu, la construction du Jean Bart est menée sans priorité jusqu’au printemps 1939 quand elle s’accélère permettant la mise à flot du navire le 6 mars 1940.

Mise à l’eau du cuirassé Jean Bart

L’armement du navire va prendre près de huit mois jusqu’au 17 février 1941 quand il jette l’ancre dans l’estuaire de la Loire au moment de sa prise d’armement pour essais datée officiellement du 19 février. Il effectue une première campagne d’essais à la mer du 20 au 27 février 1941 avant quelques travaux dans la forme Joubert du 3 au 15 mars.

Après une deuxième campagne d’essais à la mer sous la responsabilité du chantier constructeur du 17 au 29 mars, le cuirassé est sollenement remis à la marine nationale le 3 avril 1941 et appareille le lendemain 4 avril pour Brest où il arrive le 6 avril 1941.

Le navire est échoué le jour même de son arrivé au bassin n°8 du Laninon, ayant pour voisin son sister-ship Clemenceau alors en construction. Les ouvriers en profitent pour améliorer la peinture, pour améliorer la fixation des lignes d’arbre et des hélices, pour calibrer les radars………. . Il est remis à flot le 4 mai 1941.

Il effectue une troisième campagne d’essais cette fois sous le contrôle de la marine nationale du 9 au 21 mai avec plusieurs écoles à feu en baie de Douarnenez pour l’artillerie légère (canons de 152mm, canons de 100mm et DCA légère).

Après une période de travaux à flot en rade-abri du 23 mai au 15 juin, le cuirassé appareille pour sa première école à feu à Rufisque. Quittant Brest le 17 juin 1941, il arrive à Rufisque le 25 juin où il est immobilisé pour avaries sur ses tourelles d’artillerie principale, avaries qui l’immobilise jusqu’au 12 juillet.

Le temps n’à cependant pas été perdu puisqu’au mouillage, les servants des canons de 152mm, de 100 et de 37mm (modèle 1933) ainsi que des mitrailleuses de 13.2mm en ont profité pour régler leurs armes notamment par rapport aux radars installés à Brest.

Les deux tourelles retrouvent de la voix le 14 juillet et l’école à feu à lieu du 15 juillet au 17 août sans véritables incidents. Après une escale à Dakar du 18 au 22 août, le Jean Bart rentre à Brest le 27 août pour quelques travaux aux bassins avant sa traversée de longue durée.

Le Jean Bart appareille pour Halifax le 12 septembre, arrivant à destination le 18 septembre pour une escale de trois jours jusqu’au 21 septembre. Le cuirassé fait ensuite escale à Norfolk du 24 au 27 septembre, Washington du 30 septembre au 2 octobre, Miami du 8 au 12 octobre, La Havane du 15 au 17 octobre, La Guaira au Vénézuela du 21 au 24 octobre, Dakar du 27 au 31 octobre, Casablanca du 1er au 3 novembre avant de rentrer à Brest le 7 novembre. Il est indisponible pour travaux à flot du 11 novembre au 21 décembre 1941.

Le 14 janvier 1942, le cuirassé Jean Bart est admis au service actif, affecté à la Flotte de l’Atlantique (1ère Escadre) où il est placé hors rang.

Le Jean Bart quitte Brest le 20 janvier pour entrainement dans le Golfe de Gascogne jusqu’au 8 février quand il arrive à Saint Nazaire, retrouvant son port constructeur pour une escale jusqu’au 15 février.

Il reprend la mer pour un exercice de défense aérienne du 16 au 24 février avant une escale à Hendaye du 25 février au 2 mars. Il est de retour à Brest le 4 mars et subit une période d’entretien à flot jusqu’au 12 avril. Il sort pour essais du 13 au 20 avril avant remise en condition en Manche du 21 avril au 4 mai, faisant escale à Plymouth du 5 au 11 mai avant de rentrer le lendemain à Brest.

Le 15 mai 1942, le cuirassé Jean Bart quitte Brest pour une nouvelle école à feu à Rufisque. Arrivé à Dakar le 21 mai, il entraine ses cannoniers et in fine tout son équipage du 24 mai au 15 juin, quittant Dakar le 17 juin pour rentrer à Brest le 23 juin 1942. Indisponible du 24 juin au 15 juillet (entretien à flot et permissions de l’équipage), le Jean Bart sort pour essais du 16 au 21 juillet puis pour remise en condition du 24 juillet au 12 août.

Le 15 août 1942, la ville de Calais devient ville-marraine du cuirassé, Dunkerque _ville natale de Jean Bart_ ayant déjà le croiseur de bataille éponyme comme filleul.

Il reprend l’entrainement collectif le 17 août par un entrainement à la défense aérienne à la mer jusqu’au 30 août quand il fait escale au Havre jusqu’au 4 septembre. Rentré à Brest le 6 septembre, il effectue un entrainement au combat de nuit du 9 au 15 septembre avant une nouvelle escale normande mais à Cherbourg du 16 au 21 septembre 1942.

Le 28 septembre 1942, il quitte Brest en compagnie de ses torpilleurs d’escadre L’Opiniâtre et l’Aventurier pour un exercice en Manche mené en compagnie de la 8ème DCT. Composée des contre-torpilleurs Kersaint et Cassard, elle est la principale unité de l’Escadre Légère du Nord (ELN).

Le cuirassé, les torpilleurs d’escadre et les contre-torpilleurs manoeuvrent ensemble du 29 septembre au 5 octobre, se séparant le 9 octobre après une escale commune à Cherbourg. Le Jean Bart et ses deux torpilleurs rentrent à Brest le lendemain 10 octobre.

Après un entrainement au combat de nuit du 12 au 15 octobre, le Jean Bart et ses torpilleurs quittent Brest le 17 octobre, participant à un exercice binational en compagnie de la Royal Navy et ce du 20 octobre au 4 novembre, premice aux futurs exercices «Entente Cordiale».

Au cours d’une escale à Rosyth du 5 au 8 novembre, le cuirassé à l’honneur et le privilège de recevoir la visite du roi George VI et de son épouse, la reine Elisabeth. . Le cuirassé est de retour à Brest le 10 novembre 1942.

Après avoir participé aux commémorations de l’armistice de 1918, le cuirassé appareille le 12 novembre pour un nouvel exercice dans le golfe de Gascogne, exercice à dominante antiaérienne avec des attaques simulées de l’armée de l’air, les aviateurs revendiquant avoir coulé deux fois le cuirassé qui «encaissa» quatre torpilles et six bombes. Le Jean Bart fait ensuite escale au Verdon du 16 au 18 novembre et à Saint-Nazaire les 18 et 19 novembre avant de rentrer à Brest le 20 novembre 1942.

Le Jean Bart sort à nouveau pour entrainement du 27 novembre au 2 décembre, tentant d’échapper au sous-marin Agosta, protégé par ses torpilleurs d’escadre et des hydravions basés à terre. Il rentre à Brest le 6 décembre après une escale à Quiberon (au mouillage) du 3 au 5 décembre 1942.

Il termine sa première année de service actif par un exercice de défense aérienne à la mer du 10 au 17 décembre avant un exercice de combat de nuit du 19 au 25 décembre. Il rentre à Brest le 26 décembre, restant à quai jusqu’à la fin de l’année.

Le cuirassé reprend la mer pour des essais de vitesse du 4 au 8 janvier 1943 avant d’appareiller pour Dunkerque, la ville natale de Jean Bart le 10 janvier. Il fait escale à Cherbourg le 12 janvier, au Havre le 14 janvier avant d’arriver à Dunkerque le lendemain 15 janvier.

Il reste amarré dans le grand port du département du Nord jusqu’au 22 janvier avant d’appareiller pour Douvres où il arrive le 23 janvier. Il y dépose M. Alexandre VanKerck, nouvel ambassadeur de France en Grande Bretagne qui avait effectué son service militaire à bord de l’ancien Jean Bart de 1920 à 1922. Il quitte Douvres le 25 janvier et rentre à Brest le 29 janvier 1943.

Après une période d’entretien à flot du 4 au 15 février, le Jean Bart part pour une croisière en Amérique Centrale, croisière dont l’idée à germé après le succès de la croisière en Amerique du Sud menée par le Richelieu et la DNF l’année précédente.

Le cuirassé accompagné par les torpilleurs d’escadre Opiniâtre et Aventurier  et par le pétrolier Var appareillent de Brest le 20 février 1943, traversant l’Atlantique direction Jacksonville aux Etats Unis où il arrive le 28 février 1943, faisant une courte escale jusqu’au 2 mars avant de repartir direction La Havane où il arrive le 5 mars, passant trois jours avant d’appareiller pour Kingston (Jamaïque) faisant escale dans la colonnie britannique du 9 au 14 mars.

Reprennant la mer le 15 mars, le Jean Bart, les deux torpilleurs d’escadre et le pétrolier arrivent à Veracruz le 21 mars où ils font escale jusqu’au 25 mars quand il reprend la mer, direction Colon (Panama).

Arrivé le 27 mars, il reste mouillé à proximité de l’entrée du canal jusqu’au 2 avril quand il reprend la mer pour rentrer en métropole, faisant une escale de ravitaillement à Fort de France les 8 et 9 avril avant de rentrer à Brest le 16 avril 1943.

Après une période d’indisponibilité du 20 avril au 7 mai 1943, il reprend la mer pour un exercice de défense aérienne à la mer dans le golfe de Gascogne du 9 au 20 mai 1943 avant de rentrer à Brest le 25 mai 1943.

Le Jean Bart sort à nouveau pour une école à feux du 2 au 10 juin, faisant escale à Saint Nazaire du 11 au 15 juin avant un entrainement au combat antisurface du 16 au 23 juin, rentrant à Brest le lendemain 24 juin 1943.

Le Jean Bart est en petit carénage du 4 juillet au 20 décembre 1943. Echoué dans le bassin n°8 du Laninon, il bénéficie de travaux d’entretien de son appareil propulsif, de grattage et de peinture de la coque et surtout de modifications de l’armement, recevant dix tourelles doubles de 130mm (six latérales et quatre axiales à l’arrière), La DCA légère se composant désormais de douze canons de 37mm en six affûts doubles ACAD modèle 1935 et seize canons de 25mm Hotchkiss modèle 1939-40 en huit affûts doubles.

Après des essais à la mer du 3 au 10 janvier 1944, il effectue sa remise en condition avec d’abord une phase menée dans le golfe de Gascogne du 11 au 21 janvier.

Après un ravitaillement au Verdon le 22 janvier, le cuirassé et ses deux torpilleurs d’escadre mettent cap sur Dakar où ils arrivent le 27 janvier. Il effectue une école à feu à Rufisque du 28 janvier au 10 février, étant de nouveau disponible le 13 février 1944, formant la 2ème Division de Ligne avec le cuirassé Gascogne récément mis en service bien qu’il ne rentre à Brest que le 17 février.

Le Jean Bart sort à nouveau pour entrainement à la défense aérienne à la mer du 25 février au 3 mars avant une escale à Cherbourg du 4 au 7 mars. Il s’entraine au combat de nuit du 8 au 18 mars, rentrant à Brest le 25 mars après une escale au Havre du 19 au 24 mars.

Le 4 avril 1944, il appareille de Brest direction Portsmouth la grande base britannique. Il n’est pas seul puisque l’accompagne le croiseur léger Georges Leygues, les trois contre-torpilleurs de la 1ère DCT ( Jaguar Chacal Léopard) et ses deux torpilleurs d’escadre L’Opiniâtre et l’Aventurier.

La petite force navale appelée force Y arrive dans la grande base navale britannique le lendemain 5 avril pour une opération publique d’une semaine où les navires français (et dit-on leurs équipages) ont connu un grand succès.

La force repart le 13 avril, fait escale à Douvres du 15 au 17 puis à Newcastle du 22 au 25 avril, escale improvisée en raison d’un problème mécanique sur plusieurs navires de la force Y.

Les réparations assurées par l’équipage et les ouvriers de plusieurs chantiers de la Tyne terminées, les navires français font escale à Rosyth pour ravitaillement avant de cingler direction Scapa Flow où ils arrivent le 30 avril 1944.

La force Y retrouve alors une partie de la Home Fleet en l’occurence le porte-avions HMS Illustrious, le cuirassé HMS Lion, le croiseur lourd HMS London et huit destroyers, formant la force X. Les force X et Y reprennent la mer le 3 mai 1944 pour quinze jours d’exercices intensifs en mer du Nord et plus précisément au large de l’Ecosse.

Les navires de la Royale et de la Royal Navy vont ainsi simuler un classique combat d’escadre, répéter les procédures de défense aérienne à la mer et de défense anti-sous-marine avant plusieurs écoles à feu sur des ilôts désertiques de la côte écossaise.

Après une escale à Greenock dans l’estuaire de la Clyde du 21 au 26 mai, la force Y reprend la mer pour rentrer à Brest le 30 mai. Après une période d’entretien à flot du 1er juin au 5 juillet, il sort pour essais du 6 au 10 juillet avant remise en condition du 15 juillet au 2 août.

Le 3 août, il quitte Brest pour une école à feu à Rufisque, arrivant à Dakar le 8 août. L’Ecole à feu à lieu du 10 au 27 août avant une nouvelle escale à Dakar du 28 août au 1er septembre. Après un nouvel exercice de combat du 2 au 10 septembre, il quitte l’Afrique noire, faisant escale à Casablanca du 14 au 19 septembre, à Lisbonne du 21 au 25 septembre, à Bordeaux du 27 au 30 septembre, rentrant à Brest le lendemain 1er octobre 1944.

Il est à nouveau en mer pour un exercice de défense aérienne à la mer du 7 au 16 octobre avant une escale à Saint Nazaire du 17 au 22 octobre. Il ressort pour un exercice de combat de nuit en compagnie de la 6ème DCT (Vautour Milan Epervier) du 23 octobre au 4 novembre quand le cuirassé et les contre-torpilleurs rentrent à Brest.

Le Jean Bart sort à nouveau en mer d’Iroise pour entrainement du 10 au 15 novembre puis du 18 au 27 novembre. Après une indisponibilité accidentelle du 28 novembre au 7 décembre, le cuirassé sort pour essais du 8 au 11 décembre avant remise en condition du 13 au 26 décembre 1944.

Le 5 janvier 1945, le Jean Bart appareille de Brest pour une croisière dans le Golfe de Gascogne en compagnie du croiseur lourd Dupleix venu de Toulon et de deux torpilleurs d’escadre.

La force occasionnelle fait escale à Quiberon le 9 janvier, à Saint-Nazaire du 12 au 14 janvier, à La Pallice du 16 au 18 janvier, au Verdon du 21 au 23 janvier et enfin à Biaritz du 25 au 28 janvier. La division rentre à Brest le 5 février, Le Dupleix repartant le lendemain pour Toulon où il arrive le 12 février 1945.

Le Jean Bart débarque à flot ses munitions et vidange ses soutes avant d’être échoué dans le bassin n°8 du Laninon le 19 février 1945 pour subir son premier grand carénage. Comme à chaque fois la coque est grattée et repeinte, les hélices changées, les chaudières retubées, certaines ailettes de turbine remplacées. Les soutes sont curées et des travaux de peinture sont menés. En ce qui concerne l’armement, certaines pièces usées sont retubées, l’électronique est révisée…………. .

Le passage au bassin s’achève le 23 novembre 1945 et des travaux complémentaires sont menés à flot du du 23 novembre au 30 décembre 1945, étant armé pour essais le 5 janvier 1946, sortant du 5 au 12 janvier puis pour remise en condition dans le Golfe de Gascogne du 14 au 31 janvier 1946.

Déclaré disponible le 3 février 1946, le cuirassé sort avec ses deux torpilleurs d’escadre pour entrainement du 7 au 20 février, faisant escale à Saint Nazaire du 21 au 25 février avant un nouvel entrainement du 26 février au 15 mars, date à laquelle les trois navires rentrent à Brest.

Victime d’une avarie de chaudière, le Jean Bart est indisponible du 17 mars au 1er avril, sortant pour essais et remise en condition du 2 au 10 avril 1946.

Il appareille le 12 avril 1946 avec deux torpilleurs d’escadre pour une école à feu à Rufisque. Arrivé à Dakar le 17 avril 1946, il doit mettre à terre sa compagnie de débarquement (120 hommes) pour soutenir la police locale alors que des émeutes secouent la ville. Le calme revient quelques jours plus tard et l’Ecole à feu peu se dérouler sans incidents du 24 avril au 5 mai 1946 avant un retour à Brest le 12 mai.

Il quitte son port d’attache le 15 mai, fait escale au Havre du 18 au 20 mai avant d’arriver à Dunkerque le 21 mai et d’y rester jusqu’au 2 juin 1946, connaissant un vrai succès populaire lors de son ouverture au public. Après une escale à Ostende en Belgique du 4 au 6 juin, le cuirassé rentre à Brest le 11 juin 1946.

Indisponible du 15 juin au 7 juillet pour entretien et permissions de l’équipage, le Jean Bart sort pour essais du 8 au 11 juillet avant de reprende la mer le 18 juillet pour entrainement. C’est ainsi que le 20 juillet des avions du Painlevé simulent des attaques contre le cuirassé.

Le Jean Bart s’entraine encore à la défense aérienne à la mer du 22 juillet au 3 août avec mission pour la DCA de repousser les attaques des Bloch MB-175T et des Lioré et Olivier Léo 456 de la marine mais également d’avions de l’armée de l’air qui s’abattaient sur le cuirassé comme de véritables nuées.

Un entrainement de très haute intensité jugé excessif par certains officiers, officiers qui durent procéder à des révisions déchirantes après les premiers affrontements en mer de Norvège et en Méditerranée.

Après une escale à Lorient du 4 au 11 août, le cuirassé sort pour entrainement au combat de nuit du 12 au 16 août avant de mouiller au pied de la citadelle de Quiberon jusqu’au 17 août quand il reprend la mer pour un nouvel entrainement DAM avec les avions du Painlevé qui faute de plate-forme (le Painlevé était alors en grand carénage) avaient décollé de la terre ferme. Cet exercice terminé, le cuirassé rentre à Brest le 20 août 1946.

Le Jean Bart quitte Brest le 27 août pour un entrainement en solitaire dans l’Atlantique Sud en compagnie notamment de la marine brésilienne. Le cuirassé fait escale à Dakar du 31 août au 2 septembre avant une Ecole à feu à Rufisque du 3 au 12 septembre.

Traversant l’Atlantique, le Jean Bart arrive à Rio de Janeiro le 27 septembre après treize jours de traversée. Le cuirassé bien plus moderne que ces homologues brésiliens fait forte impression chez les officiers brésiliens qui se montrent curieux à tel point que circulera dans les milieux autorisés la rumeur d’une commande d’un cuirassé semblable par la marine auriverde.

L’exercice «Tricolor» à lieu du 30 septembre au 15 octobre, le Jean Bart participe à toutes les phases de l’exercice qu’il s’agisse de simulation de bombardement littoral, d’écoles à feux en mer, de défense aérienne à la mer, de lutte ASM, d’escorte et d’attaque de convois.

Le succès de cet exercice poussera le gouvernement brésilien à proposer à la France un exercice plus ambitieux. Les négociations aboutissant au printemps 1948 pour un exercice planifié pour octobre 1948. On sait ce qu’il en advint…….. .

Pour la bonne bouche, la France avait prévu d’y envoyer une véritable flotte pompeusement appelée «Flotte de l’Atlantique Sud» avec le porte-avions Painlevé, les cuirassés Lorraine et Jean Bart, deux divisions de contre-torpilleurs, un croiseur léger, des torpilleurs d’escadre, des sous-marins.

Quittant le Brésil le 16 octobre, la France ménage la susceptibilité argentine en faisant escale à Buenos Aires du 19 au 25 octobre avant de rentrer en France, faisant escale à Dakar du 2 au 5 novembre, à Lisbonne du 8 au 12 novembre, escale marquée par une émouvante cérémonie au monument au mort du parc Edouard VII le 11 novembre, cérémonie au cours de laquelle un détachement de la marine portugaise, du Jean Bart et des torpilleurs d’escadre L’Opiniâtre et L’Aventurier rendit les honneurs militaires. Le Jean Bart rentre ensuite à Brest le 15 novembre 1946.

Le Jean Bart sort encore deux fois, du 21 au 27 novembre et du 30 novembre au 5 décembre pour des sorties dites de routine au large de Brest et dans le Golfe de Gascogne.

Après un petit carénage du 15 décembre 1946 au 24 mars 1947, le cuirassé effectue un stage de remise en condition du 27 mars au 15 avril et une école à feu à Rufisque du 20 avril au 5 mai 1947 avant de rentrer à Brest le 10 mai 1947.

Il participe ensuite à la quatrième édition de l’exercice «Entente Cordiale» avec la marine britannique. Le cuirassé Jean Bart appareille le 15 mai en compagnie du cuirassé Normandie, du croiseur lourd Foch, du croiseur léger Gloire et des trois contre-torpilleurs de la  de la 3ème DCT (Bugeaud Du Chayla Dupetit-Thouars), les quatre torpilleurs d’escadre L’Opiniâtre L’Aventurier Sabre Claymore, les trois sous-marins Casabianca,  Rolland Morillot et La Guadeloupe et le PRE La Seine direction Greenock où la division occasionnelle baptisée Force G arrive le 21 mai.

Elle reprend la mer le 24 mai 1947 et arrive à Scapa Flow le 28 mai où elle retrouve les cuirassés King George V et Vanguard (classe Hood, des Lion améliorés), le porte-avions lourd Malta, les croiseurs légers Southampton et Gloucester et six destroyers.

Les deux escadres s’entrainent du 1er au 21 juin avec des attaques escadres contre escadres, des exercices de lutte ASM, de défense aérienne à la mer, de raids amphibies, de tir contre la terre…………. .

Les deux groupes font escale ensemble à Aberdeen du 23 au 27 juin puis à Newcastle du 29 juin au 1er juillet, Douvres du 4 au 7 juillet, Cherbourg du 10 au 13 juillet et Brest du 17 au 22 juillet 1947, date à laquelle les navires anglais rentrent au pays.

Le Jean Bart est indisponible du 22 juillet au 21 août (entretien et permissions d’été) avant essais du 22 au 25 août puis de reprendre l’entrainement. Après un entrainement individuel du 29 août au 5 septembre, le cuirassé appareille avec deux torpilleurs d’escadre pour la Méditerranée le 12 septembre, franchissant le détroit de Gibraltar le 18 septembre et arrivant à Mers-El-Kebir le 25 septembre.

Ce déploiement répond à une montée de tension entre la France et l’Italie à propos notamment de la Tunisie et des émeutes contre la communauté italienne, Rome accusant Paris de laisser faire voir d’être à l’origine de ce «pogrom» qui fit quatre morts. Le Jean Bart appareille de Mers-El-Kebir le 30 septembre 1947 et arrive à Bizerte le 5 octobre, mouillant au milieu du lac du 7 au 10 octobre 1947. Initialement, il était prévu que ce déploiement soit temporaire mais devant le renforcement de la flotte italienne à Tarente, il est décidé d’intégrer le Jean Bart à la 4ème Escadre. Cette décision prise le 15 novembre 1947 entraine la dissolution de la 2ème DL, le Gascogne devenant cuirassé hors rang.

Le Jean Bart est affecté officiellement à la 4ème escadre le 2 décembre 1947 et en devient le navire-amiral. Il est placé hors rang.

Il reprend la mer le 4 janvier 1948 pour des manoeuvres en Méditerranée orientale avec la Mediterranean Fleet jusqu’à la fin du mois et une escale à Alexandrie du 31 janvier au 5 février 1948. Il est de retour à Mers-El-Kebir le 12 février et indisponible du 15 février au 2 mars avant de gagner Toulon pour un petit carénage du 12 mars au 16 juin 1948.

Il quitte Toulon le 18 juin, fait escale à Mers-El-Kebir les 23 et 24 juin pour charger ses munitions avant de reprendre la mer le 25 juin pour Dakar où il arrive le 2 juillet 1948.

Il effectue une Ecole à feu au polygone de Rufisque du 4 au 12 juillet avant de rentrer à Mers-El-Kebir le 17 juillet et de ne reprendre la mer que pour des sorties locales jusqu’en septembre 1948, plus précisément du 21 au 27 juillet, du 4 au 12 août et du 16 au 21 août.

Le 22 août 1948, il passe au régime de guerre avec amélioration de la discrétion visuelle et incorporation de réservistes et reste en alerte à Mers-El-Kébir, sortant tout de même du 30 août au 2 septembre.

Le 5 septembre 1948, il était en alerte à 6h, prêt à appareiller pour soutenir le croiseur de bataille Strasbourg.