Italie (19) Cuirassés et croiseurs de bataille (1)

CUIRASSES ET CROISEURS DE BATAILLE

Une histoire des cuirassés italiens

Panorama

Comme nous l’avons à de nombreuses reprises le combat naval à d’abord ressemblé à une extension du combat terrestre sur des flots déchaînés avant de prendre son envol, son autonomie en adoptant un caractère nettement plus spécifique.

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Italie (13) Regia Marina (3)

Situation globale en septembre 1939 et son évolution jusqu’en septembre 1948

Avant-propos

Quand la guerre de Pologne éclate en septembre 1939 on peut dire que la Regia Marina est à la croisée des chemins. Elle construit des cuirassés modernes et puissants (les quatre Littorio), reconstruit quatre vétérans du premier conflit mondial et réfléchit déjà à de nouveaux cuirassés neufs.

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20-Ordre de bataille et programme de guerre (2)

Bilan : la marine nationale en septembre 1948

NdA : le tonnage est celui à pleine charge ou approchant

Cuirassés :  13 navires en service, 2 en construction et 1 dont la mise sur cale n’à pas encore eut lieu

-Cuirassés classe Bretagne : Bretagne Provence Lorraine 75000 tonnes

-Croiseurs de bataille Dunkerque et Strasbourg 62320 tonnes

-Cuirassés classe Richelieu Richelieu Jean  Bart Clemenceau 126177 tonnes

-Cuirassé Gascogne 40657 tonnes

-Cuirassés classe Alsace Alsace Normandie Flandre Bourgogne 168 400 tonnes

Les treize cuirassés en service représentent un tonnage cumulé de 472 464 tonnes

-Les trois cuirassés de classe Languedoc (Languedoc Moselle sur cale plus un troisième non nommé dont la mise sur cale n’à pas encore eut lieu quand éclate le second conflit mondial) doivent déplacer théoriquement 48000 tonnes.

Porte-Avions : Cinq navires en service, aucun sur cale mais des projets dans les cartons

-Porte-avions d’escadre classe Joffre Joffre et Painlevé 48400 tonnes

-Porte-avions lourd Commandant Teste 26200 tonnes

-Porte-avions léger classe Alienor d’Aquitaine Alienor d’Aquitaine et Henriette de France 17000 tonnes

Les cinq porte-avions en service répresentent un tonnage de 91600 tonnes

Croiseurs lourds : neuf croiseurs lourds en service plus un en construction

-Croiseur lourd classe Duquesne : le Tourville 12200 tonnes

-Croiseurs lourds classe Suffren Suffren Colbert Foch Dupleix 51120 tonnes

-Croiseur lourd Algérie 14341 tonnes

-Croiseurs lourds classe Saint Louis Saint Louis Henri IV Charlemagne 56280 tonnes

-Le quatrième Saint Louis baptisé Charles Martel est légèrement différent ce qui pourrait entrainer une augmentation de son déplacement à pleine charge.

Les neuf croiseurs lourds en service répresentent un déplacement total de 133941 tonnes

Croiseurs légers : dix sept croiseurs légers en service et trois en construction

-Croiseurs légers classe Duguay-Trouin Duguay-Trouin et Primauguet 17520 tonnes

-Croiseur-école Jeanne d’Arc 7893 tonnes

-Croiseur léger mouilleur de mines Emile Bertin 6530 tonnes

-Croiseurs légers classe La Galissonnière La Galissonnière, Jean de Vienne,La Marseillaise, Montcalm,La Gloire et Georges Leygues 46320 tonnes

-Croiseurs légers classe De Grasse De Grasse Chateaurenault Guichen Gambetta Condé Latouche-Treville 48000 tonnes

-Croiseur léger antiaérien Waldeck-Rousseau 7500 tonnes

-En construction : les trois croiseurs légers Dupuy de Lôme

Les dix-sept croiseurs légers représentent un déplacement de 133763 tonnes

Contre-torpilleurs :  35 navires en service et 6 en construction

-Classe Aigle : Aigle Gerfaut Vautour Albatros soit 10640 tonnes

-Classe Milan : Milan Epervier soit 5320 tonnes

-Classe Vauquelin : Vauquelin Tartu Chevalier-Paul Kersaint Cassard soit 13170 tonnes

-Classe Le Fantasque : Le Fantasque L’Audacieux Le Malin Le Terrible Le Triomphant L’Indomptable soit 17040 tonnes

-Classe Mogador : Mogador et Volta soit 8036 tonnes

-Classe Hoche : Hoche Desaix Kléber Marceau soit 16072 tonnes

-Classe Bayard :  Bayard Du Guesclin Turenne Bugeaud Du Chayla et Dupetit-Thouars soit 24804 tonnes

-Classe Bruix :  Bruix D’Assas La Tour d’Auvergne Magon Dunois et La Hire soit 24804 tonnes

-Les six unités de classe Guépratte ( Guépratte Ronar’ch Maillé Brézé D’Estaing Vautreuil et Aumale) qui devaient théoriquement remplacer les Aigle sont sur cale quand débute le second conflit mondial. Ils représenteront un 25344 tonnes.

Les trente-cinq contre-torpilleurs en service en septembre 1948 répresentent un tonnage de 119886 tonnes

Torpilleurs d’escadre :  39 en service et 4 en construction

-Classe Le Hardi :  Le Hardi, Le Fleuret, L’Epée, Le Mameluk, Le Casque, Le Lansquenet, Le Corsaire et Le Flibustier soit huit navires représentant 14376 tonnes

-Classe Intrépide : L’Intrepide,Le Téméraire,L’Aventurier,L’Opiniâtre,L’Inconstant,L’Eveillé,l’Alerte
La Rapière, L’Hallebarde,Le Bouclier, Le Cimeterre, Le Durandal, La Dague, L’Arquebuse, Le Sabre, Le Voltigeur, Le Claymore, Le Bombardier, Le Mousquet, Le Goumier, Le Hussard, Le Spahi et Le Tirailleur soit vingt-trois navires répresentant 41469 tonnes

-Classe Empire : Les huit navires en service en septembre 1948 (Le Berthier, Le Murat, Le Ney, Le Lannes, Le Davout et L’Augereau) représentent 14424 tonnes

Les torpilleurs d’escadre en service sont au nombre de trente-neuf navires en septembre 1948 pour un tonnage global de 70269 tonnes

Quatre autres sont en construction aux Etats-Unis (Bernadotte Kellerman Bessières Jourdan) pour un tonnage global de 7212 tonnes

Sous-marins : 82 sous-marins en service et 4 en construction

-Sous-marins classe Redoutable (type 1500 tonnes) douze encore en service :  Casabianca Sfax Centaure, L’Espoir, Agosta, Bévéziers, Ouessant, Sidi Ferruch, Le Glorieux, Le Heros, Le Conquerant, Le Tonnant représentant donc 18000 tonnes

-Sous-marins classe Rolland Morillot/La Praya (1800 tonnes) Rolland Morillot,La Praya,La Martinique,La Guadeloupe,La Réunion, Ile de France, Ile de Ré, Ile d’Yeu, Kerguelen, Crozet, Belle-Ile, Ile d’Oleron, Ile de Brehat, Ile d’Aix, Saint Marcouf; Ile de Molène; Aber Wrach; Ile de Batz; Ile de Porquerolles, Ile d’If, Mayotte,Nouvelle Calédonie,Tromelin Wallis et Futuna,Clipperton,St Pierre et Miquelon soit 26 submersibles représentant 46800 tonnes

-Sous-marins de 600 tonnes : six encore en service  : Venus Iris Pallas Minerve  Junon et Cerès réprésentant un tonnage de 3600 tonnes

-Sous-marins classe Aurore (800 tonnes) : Aurore, Créole, Antigone,La Bayadère, L’Astrée,La Favorite, La Gorgone,L’Africaine, l’Hermione,La Clorinde,L’Andromède, L’Andromaque, L’Amirde,L’Artemis,La Cornélie soit un total de quinze navires et 12000 tonnes

-Sous-marins classe Phenix (925 tonnes) : Phenix, Ventôse,Frimaire,Prairial, Vendémiaire, Nivôse,floréal,Messidor,Fructidor,Brumaire,Pluviose,Germinal et Thermidor soit treize navires représentant un tonnage de 12025 tonnes

-Sous-marins mouilleur de mines classe Saphir : Saphir Turquoise Nautilus Rubis soit quatre navires représentant 2676 tonnes

-Sous-marins mouilleur de mines classe Emeraude : Emeraude Agate Corail L’Escarboucle soit quatre navires représentant 3448 tonnes

-Sous-marins d’essais et d’expérimentation, les Roquebert et Laubeuf représentant un tonnage de 3400 tonnes

Les sous-marin en service sont au nombre de quatre-vingt deux pour un déplacement global de 101949 tonnes

-Quatre sous-marins sont en construction, quatre Rolland Morillot modifiés, des navires baptisés Jean Autric Jean Corre Rene Audry et Trinite Schillemans représentant un tonnage de 7600 tonnes

Avisos et canonnières

-Quelques avisos et canonnières anciennes sont encore en service en septembre 1948, généralement pour des missions secondaires (combat ou soutien) en l’occurence trois unités de classe Aisne (Marne Somme Yser) soit 1698 tonnes, cinq de classe Agile (L’Audacieuse La Dédaigneuse La Lurone L’Etourdi La Tapageuse) soit 1750 tonnes, deux de classe Diligente (La Diligente L’Engageante) soit 700 tonnes et onze avisos de classe Amiens (Amiens Arras Calais Coucy Ypres Lassigny Tahure Epinal Vauquois,Les Eparges et Nancy) représentant 9350 tonnes soit un total de vingt et navire et un déplacement de 13498 tonnes

-Dix avisos-coloniaux de classe Bougainville (Bougainville, Dumont d’Urville, Savorgnan de Brazza, D’Entrecasteaux, Rigault de Genouilly, Amiral Charner, D’Iberville, La Grandière, Beautemps-Beaupré, Lapérouse) représentant un tonnage global de 26000 tonnes.

-Treize avisos-dragueurs classe Elan (Elan Commandant Bory Commandant Delage Commandant Duboc Commandant Rivière L’Impétueuse La Curieuse La Batailleuse La Boudeuse La Gracieuse La Moqueuse La Capricieuse Le Commandant Dominé) qui représentent un déplacement de 11635 tonnes

-Vingt-quatre aviso-dragueurs coloniaux classe Chamois (Chamois Chevreuil Gazelle Laotien Surprise _ex-Bambara_ Matelot Leblanc Rageot de la Touche Amiral Sénès Enseigne Ballande La Joyeuse La Trompeuse et La Furieuse Ambitieuse, Malicieuse, Sérieuse, Enseigne Bisson, Généreuse, Précieuse,Victorieuse, Amiral Duperré, Heureuse, Rieuse Alfred de Courcy et Amiral Gourdon) qui représentent un déplacement de 15528  tonnes.

-Chalutiers ASM : quatre de classe La Cancalaise ( La Cancalaise La Lorientaise L’Havraise La Nantaise ) répresentant un déplacement total de 2950 tonnes et la classe L’Ajacienne ( L’Ajacienne La Sétoise  La Toulonnaise La Bônoise) représentant un déplacement de 3600 tonnes

-Chalutiers armés (réquisitionnés en septembre 1939 mais ultérieurement achetés par la marine nationale) : L’Heureux Jutland L’Atlantique Patrie Notre Dame de France représentant un tonnage total de 6222 tonnes

Dans cette catégorie, nous trouvons donc 81 navires représentant un tonnage de 79433 tonnes

Canonnières, corvettes et vedettes lance-torpilles

-Canonnières fluviales : deux unités de classe My-Tho (My-Tho et Tourane) représentant 220 tonnes, la Francis Garnier qui déplace 690 tonnes, quatre unités de classe Ill (Ill Thur Emne Reuss) répresentant un déplacement de 3400 tonnes alors que celle de classe Son Hong (Song Hong Bassac Tonle Sap Song Do) plus petites ne représentent que 3200 tonnes. Le total atteint 7510 tonnes

-Corvettes : trente deux unités classe La Malouine ( La Malouine La Bastiaise La Dieppoise La Paimpolaise La Remoise La Dunkerquoise La Versaillaise L’Antillaise La Nimoise La Calaisienne La Calvaise La Troyenne La Rennaise La Rochellaise La Agenaise La Paloise La Parisienne La Rouennaise La Messine, La Nancéenne, La Strasbourgeoise La Lilloise La Caennaise La Clermontoise La Lyonnaise L’Algéroise L’Oranaise L’Aixoise La Sablaise La Quimperoise La Servannaise et La Cherbourgeoise.) représentant un tonnage total de 37120 tonnes.

-Chasseurs de sous-marins : 31 navires de différents types répresentant 4130 tonnes

-Vedettes lance-torpilles : Deux vedettes de 28 tonnes _utilisées pour le secours en mer_ , dix navires type 40K soit un tonnage total de 300 tonnes, huit vedettes type 23 tW représentant un déplacement total de 184 tonnes, dix-huit vedettes MTB représentant un déplacement de 882 tonnes et douze vedettes MTB améliorées représentant un déplacement de 600 tonnes soit un total de 50 navires et de 2022 tonnes.

-Dragueurs de mines : Douze navires de classe Ouistreham sont commanfés aux Etats-Unis mais seulement quatre (Ouistreham Avranches Pornic Saint-Brieuc) sont en service pour un déplacement total de 3480 tonnes. Huit autres sont à différents stades de fabrication (Frejus Menton Port-Vendres Sartène Arcachon Quimperlé Zuydcotte Porticcio)

Les navires en service dans cette catégorie sont au nombre de 122 pour un déplacement total de  54262 tonnes

Navires de soutien

-Pétroliers : Vingt-trois pétroliers sont en service en septembre 1948 répartis entre cinq pétroliers caboteurs (L’Aube de 2830 tonnes et les quatre de classe Nièvre _Nièvre Ardèche Lèze Blavet représentant un tonnage global de 10000 tonnes soit un total de 12830 tonnes ), Six pétroliers (Le Loing de 10138 tonnes, les quatre de classe Mékong _Mékong Niger Var Elorn_ représentant un tonnage global de 60600 tonnes et le Sèvre _ex-Nivôse_ de 16500 tonnes), six Pétroliers Ravitailleurs d’Escadre de classe La Seine (La Seine La Saône Le Liamone La Medjerda,Le Rhône La Garonne) représentant un tonnage global de 127200 tonnes et enfin six Ravitailleurs Rapides de classe L’Adour (L’Adour Le Lot La Charente La Mayene La Baïse Le Tarn) qui représentent un tonnage total de 72750 tonnes.

Les vingt-trois pétroliers de la Marine Nationale représentent un tonnage global 300018 tonnes

-Ravitailleur de sous-marins Jules Verne qui déplace 6340 tonnes

-Est en construction un deuxième ravitailleur de sous-marins L’Atlantide qui doit déplacer à terme 8150 tonnes

-Ravitailleurs d’hydravions classe Sans Souci (Sans Souci Sans Peur Sans Pareil Sans Reproche) oit un tonnage global de 8400 tonnes

-Cargos rapides classe Oranie (Mers-El-Kebir, Oran, Sidi-Bel-Abbès, Tlemcen Mostaganem  plus le Chelif en armement à flot le 5 septembre 1948) soit un tonnage de 105000 porté ensuite à 126000 tonnes.

-Mouilleur de filets Gladiateur 2293 tonnes

-Goelettes écoles Etoile et Belle-Poule soit 450 tonnes

-Cotre Mutin de 57 tonnes

-Transport littoral Golo 2239 tonnes

-Aviso-hydrographe Amiral Mouchez 719 tonnes

-Bâtiment-cible L’Impassible 2410 tonnes

-Hydrographes Astrolabe et Octant de 920 tonnes  La Perouse, La Chimère de 700 tonnes

-Navire-école et navire hydrographe Président Théodore Tissier de 1307 tonnes

-Hydrographes classe Goeland  (Goéland Pélican Cormoran Mouette Ibis Bengali) de 840 tonnes chacun soit un déplacement total de 5040 tonnes

La catégorie des navires de soutien regroupe au total de 51 navires pour un déplacement total de 436593 sans compter les navires en construction ou en achèvement en l’occurence un ravitailleur de sous-marin et un cargo rapide (29150 tonnes)

En septembre 1948, la marine nationale dispose de 454 navires de combat et de soutien représentant un tonnage de 1694160 tonnes.

6-Cuirassés et croiseurs de bataille (13)

Le Flandre

Blason de la Flandre

C’est à la tranche 1943 du programme naval voté en 1941 qu’est financée la construction des deux derniers cuirassés de classe Alsace, cuirassés qui reprennent pour le premier l’un des noms de cuirassés morts-nés de la classe Normandie à savoir le Flandre alors que son sister-ship est baptisé Bourgogne

Si le Flandre resté inachevé à été construit à l’Arsenal de Brest, son descendant des années 1940 est commandé aux Ateliers et Chantiers de Saint Nazaire-Penhoët qui ont déjà construit le Jean Bart, le Gascogne et surtout l’Alsace.

Les travaux préparatoires commencent peu après le lancement du cuirassé Alsace en novembre 1943.

La mise sur cale à lieu le 7 janvier 1944 sur la cale n°1 qui à vu passer notamment le paquebot Normandie, le croiseur de bataille Strasbourg et le porte-avions Joffre. Occupés avec l’armement de l’Alsace, les chantiers de Penhoët construisent assez lentement le cuirassé jusqu’au mois d’août 1944 où tout s’accélère.

Le cuirassé est lancé le 2 janvier 1946, un lancement délicat puisque la coque connait une gite aussi anormale qu’inexpliquée qui oblige les ouvriers du chantier à avancer le lancement d’une vingtaine de minutes et de voir la coque s’élancée alors que le préfet maritime entame son discours…….. . Le navire glisse lentement sur la cale mais se rétablit parfaitement en entrant dans l’eau.

Le navire est remorqué au quai d’armement pour entamer l’aménagement des superstructures et l’installation de l’armement qu’il s’agisse des imposants canons de 380mm ou ceux plus légers de 130mm. Il passe ensuite dans la forme Joubert pour recevoir gouvernails et hélices et subir quelques travaux de peintures sous la flottaison.

Le Flandre est armé pour essais le 25 mars 1947, toujours sous la responsabilité du chantier constructeur qui effectue une première campagne d’essais au point fixe (27-31 mars) puis en mer du 2 au 8 avril qui confirme le bon respect des termes contractuels.

Le 10 avril 1947, le cuirassé est remis solenellement à la marine nationale et appareille le même jour pour Brest où il arrive le surlendemain, une violente tempête l’ayant obligé à mouiller par précautions en baie de Douarnenez.

Les essais officiels ont lieu du 20 avril au 25 mai avant un passage au bassin n°11 du Laninon (inauguré en 1946 juste à côté du bassin n°8) du 26 mai au 18 juin pour démontages et modifications avant une nouvelle phase d’essais à la mer du 19 juin au 4 juillet 1947.

Il appareille de Brest le 22 juillet 1947 pour sa traversée longue durée. Il fait escale à Jacksonville en Floride du 28 juillet au 1er août, à Nassau aux Bermudes du 3 au 7 août, Pointe à Pitre du 9 au 12 août,Fort de France de 13 au 17 août, Port of Spain du 20 au 25 août,  Caracas du 27 au 31 août.

Le 1er septembre 1947, le cuirassé Flandre appareille pour Dakar où il arrive le 6 septembre. Il est échoué dans le bassin de radoub pour quelques menues réparations, étant remis à flot le 21 septembre 1947.

Il effectue un entrainement à Rufisque du 25 septembre au 9 novembre 1947 avant une escale à Dakar du 10 au 17 novembre avant de reprendre la mer le 21 novembre après un exercice de combat de nuit. Il fait escale à Casablanca le 24 novembre où il embarque la commission supérieure d’armement qui va évaluer le navire durant son transit jusqu’à Toulon, le cuirassé arrivant à destination le 29 novembre 1947. La Commission supérieure d’armement donne un avis favorable à l’admission au service actif le 1er décembre 1947.

Le 7 décembre 1947, le cuirassé Flandre est admis au service actif au sein de la Flotte de la Méditerranée, au sein du Groupement de Ligne de la 2ème escadre formant la 5ème DL avec son sister-ship l’Alsace.

Le Flandre sort pour une école à feux du 5 au 12 décembre, faisant escale à Nice du 13 au 17 décembre avant un entrainement à la défense aérienne à la mer du 18 au 24 décembre, rentrant à temps à Toulon pour les fêtes de fin d’année.

Le dernier né des cuirassés français sort pour entrainement aviation du 4 au 10 janvier avant un mouillage en baie d’Ajaccio du 11 au 15 janvier suivit d’un entrainement au combat antisurface du 16 au 24 janvier, le cuirassé et ses deux torpilleurs d’escadre faisant escale à Marseille du 25 au 30 janvier et rentrant à Toulon le 5 février après une école  feux du 1er au 4.

Il appareille le 12 février 1948 pour Tunis où il arrive le 16 février afin de participer à une opération de relation publique mais le surlendemain 18 février, de violentes émeutes éclatent à Beyrouth pour réclamer l’indépendance promise lors de la mise en place du mandat SDN.

Le cuirassé Flandre appareille en urgence le 19 février avec à bord 600 soldats, essentiellement des zouaves et des tirailleurs sénégalais pour la capitale du Liban mandataire, arrivant sur place le 22 février.

Il met ses troupes à terre le jour même pour sécuriser la ville pendant que les troupes déployées sur zone mènent des opérations de police. Le cuirassé patrouille au large des côtes et le 24 février doit tirer avec son artillerie secondaire pour dégager une patrouille motorisée tombée dans une embuscade (25 obus de 130mm tirés).

La révolte s’apaise à partir de la mi-mars 1948, le Liban et la Syrie obtenant l’indépendance promise pour 1943 mais les troupes françaises restent sur place en vertu d’un accord de défense signé le lendemain de la proclamation de l’indépendance le 17 mars 1948 et qui prévoit une rénégociation de la présence des troupes françaises sur place d’ici quinze ans, troupes qui occupent une station navale à Beyrouth, plusieurs garnisons terrestres et trois bases aériennes : Rayak, Damas-Mezzé, et Beyrouth.

Le cuirassé reste sur zone jusqu’au 24 mars 1948 avant de rentrer directement sur Toulon où il arrive le 29 mars. Il sort à nouveau pour entrainement du 5 au 12 avril pour une école à feux puis du 17 au 27 avril pour un entrainement au combat antisurface, le cuirassé mouillant ensuite aux salins d’Hyères du 28 avril au 3 mai, rentrant le lendemain 4 mai à Toulon.

Le cuirassé sort pour entrainement à la défense aérienne à la mer du 10 au 24 mai avant une escale à Bastia du 25 au 30 mai, rentrant à Toulon le 1er juin 1948.

Le cuirassé Flandre sort pour entrainement aviation du 2 au 10 juin puis pour un entrainement au combat antisurface du 12 au 24 juin après un ravitaillement à la mer auprès du ravitailleur Adour le 11 juin. Il rentre à Toulon le 28 juin après une escale à Nice du 25 au 27 juin.

Le 4 juillet 1948, il appareille pour Calais afin de célébrer son parrainage par la ville de Lille _sa ville marraine depuis septembre 1947_, faisant escale à Gibraltar le 8 juillet, à Brest le 12 juillet (où il doit débarquer deux marins victime d’une crise d’appendicite), au Havre le 13 juillet avant d’arriver à Calais le 14 juillet pour une semaine de festivités jusqu’au 21 juillet quand il appareille pour Toulon, faisant escale à Brest le 23 juillet, à Gibraltar le 27 juillet, à Ajaccio le 30 avant de rentrer à Toulon le lendemain 31 juillet 1948.

Il est indisponible pour entretien et permissions de l’équipage du 1er au 15 août, sortant pour essais du 16 au 18 août puis pour remise en condition à l’effectif de guerre du 20 au 30 août, mouillant aux salins d’hyères du 31 août au 3 septembre et rentrant à Toulon le lendemain 4 septembre.

6-Cuirassés et croiseurs de bataille (12)

Le Normandie

Blason du Duché de Normandie

En matière d’infrastructures d’entretien, la marine nationale à toujours été handicapée par l’absence de formes de radoub suffisamment grandes, l’obligeant à des «subterfuges» pour se dôter de cuirassés tenant la comparaison avec l’étranger comme le choix audacieux de la tourelle quadruple pour les cuirassés de classe Normandie.

Avec la construction des quatre premiers «35000 tonnes», les infrastructures françaises étaient à bout que l’on se rappelle de la façon dont l’Arsenal de Brest à construit les Richelieu et Clemenceau : une partie dans la forme 4 du Salou et l’assemblage finale dans les formes du Laninon.

Cette dernière atteignait également ces limites obligeant la France à investir massivement au risque de se voir déclasser dans la course aux cuirassés engagés depuis la décision italienne de 1934.

L’Arsenal de Brest est le principal site concerné par cet investissement. En 1938, d’importants travaux sont engagés pour augmenter les capacités de l’Arsenal de Brest. Une forme n°10 est aménagée au Laninon juste à côte du bassin n°8. Il mesure 360m de long sur 58m de large avec un tirant d’eau de 13m, largement suffisant pour accueillir un cuirassé de classe Alsace.

Cette forme est inaugurée en 1942 à 275m de long mais prolongée à 300m en 1948 quand la guerre éclata, stoppant une nouvelle extension qui devait porter cette forme à 360m de long. Le dévellopement de la préfabrication (ou du moins la volonté de) entraina le renforcement des capacités de levage de la forme qui sera équipée de quatre grues de 25 tonnes puis d’un portique de 150 tonnes.

A proximité de la forme n°10, un vrai complexe industriel est aménagée avec de nouveaux ateliers, de nouveaux magasins et deux plans inclinés, un de 220m et un autre de 175m pour la construction mais également pour le carénage d’unités légères.

Ces installations sont toutes inaugurées en 1944 et sont complétées par une forme n°11 qui est aménagée à proximité du bassin n°8. Inaugurée en 1946, ses dimensions sont similaires à celle de la forme n°10 avec une longueur portée à 320m. .

A l’origine, l’Arsenal de Brest devait être chargé de la construction du premier cuirassé de classe Province (le futur Alsace) mais des raisons de disponibilité on fait que le premier «45000 tonnes» à été construit à Saint Nazaire. L’Arsenal de Brest va donc être chargé de la construction de son sister-ship baptisé Normandie.

L’usinage commence en mars 1942 et les premiers éléments de la coque sont mis en place dans la forme n°10 du Laninon le 18 juin 1942.

Les travaux avancent relativement lentement dans un premier temps en raison de l’armement du cuirassé Clemenceau qui est considéré comme prioritaire par rapport à la construction d’un nouveau cuirassé. Ce n’est qu’à partir de novembre 1942 que les travaux s’accélèrent véritablement pour aboutir à la mise à flot du cuirassé le 18 mai 1944, le cuirassé étant alors achevé à environ 52%.

Le Normandie est armé pour essais le 16 novembre 1945, transféré directement à la marine nationale le 25 novembre. Mouillé en rade-abri, le Normandie effectue une campagne d’essais au point fixe du 27 novembre au 12 décembre notamment un spectacle fascinant, le pointage des canons de l’artillerie principale.

Le Normandie effectue une première sortie à la mer en mer d’Iroise du 20 au 31 décembre avant une période d’entretien et de modifications à flot du 1er au 17 janvier. Il effectue deux campagnes d’essais du 25 janvier au 12 février et du 15 au 25 février 1946 quand il repasse au bassin pour des démontages et des modifications et ce du 26 février au 17 mars 1946. Il effectue alors une troisième et dernière campagne d’essais à la mer du 22 mars au 12 mai 1946.

Après un court passage au bassin du 13 au 21 mai 1946, le cuirassé appareille pour une école à feu à Rufisque le 28 mai, arrivant à Dakar le 3 juin et entrainant des canonniers encore novices pour la plupart du 5 au 24 juin 1946.

Le 27 juin 1946, il appareille de Dakar avec l’aide de deux remorqueurs mais une aussière se prend dans ses hélices et le cuirassé doit passer au bassin pour de menues réparations et ce jusqu’au 4 juillet 1946.

Il quitte la capitale de l’Afrique Occidentale Française le 6 juillet 1946 pour sa traversée de longue durée, un trajet méditerranéen bien qu’à terme il soit prévu que le Normandie soit affecté à la Flotte de l’Atlantique.

Il fait escale à Casablanca le 9 juillet 1946, franchit le détroit de Gibraltar le 11 juillet, fait escale à Tanger du 13 au 15 juillet, à Mers-El-Kebir du 18 au 21 juillet, à Alger du 23 au 30 juillet, Tunis du 2 au 7 août, La Valette (Malte) du 8 au 12 août, Palma de Majorque du 13 au 17 août, Gibraltar du 19 au 22 août, franchissant le détroit le même jour.

L’escale suivante à Cadix du 23 au 26 août voit le Général Franco en déplacement dans la ville visiter le navire, soulignant l’amitié franco-espagnole et la lutte commune de Paris et de Madrid contre le bolchévisme non sans susciter l’embarras de Paris qui cherche à se concilier Moscou qui comprend bien vite que Paris n’est pas sur la même longueur d’onde que le Caudillo à pris ses désirs pour des réalités.

Le cuirassé repart le lendemain, 27 août 1946, faisant escale à Lisbonne du 28 au 31 août (pour ménager la susceptibilité du Portugal de Salazar qui à toujours une relation ambivalente avec son puissant voisin oriental) avant de rentrer directement sur Brest où il arrive le 4 septembre 1946 après plus de trois mois loin de son futur porte d’attache.

Le Normandie aurait du être mis en service au mois d’octobre mais le 20 septembre, il est victime d’un incendie qui provoque des dégâts assez sérieux, nécessitant une période de réparations du 23 septembre au 15 octobre avant essais à la mer du 16 au 23 octobre avant un stage de remise en condition du 24 octobre au 12 novembre avant une Ecole à feu à Rufisque du 17 novembre au 5 décembre.

Après une escale à Dakar du 6 au 12 décembre, il reprend la mer, faisant escale ensuite à Casablanca du 16 au 21 décembre, à Lisbonne du 24 au 30 décembre, à Bordeaux du 31 décembre au 6 janvier avant de rentrer à Brest le 8 janvier 1947 à l’aube.

Alors qu’il n’est toujours pas officiellement en service (problèmes administratifs), le cuirassé quitte Brest le 12 janvier pour gagner Rouen où il arrive le 15 janvier. Il signe la charte de parrainage entre la ville et le cuirassé, rentrant à Brest le 18 janvier avec une délégation de sa ville marraine qui rentrera de Brest en train.

Le 21 janvier 1947, le cuirassé Normandie est admis au service actif au sein de la Flotte de l’Atlantique. Il est placé hors rang au sein de la 1ère Escadre  de la flotte de l’Atlantique.

Ce GL est pour le moins hétérogène puisqu’il comprend les cuirassés Jean Bart, Gascogne et Lorraine, ce dernier étant le plus souvent détaché auprès du porte-avions Painlevé.

Le cuirassé Normandie appareille de Brest le 25 janvier pour un exercice de défense aérienne à la mer jusqu’au 9 février quand le cuirassé fait escale à Cherbourg jusqu’au 13 février. Reprennant la mer, il subit un entrainement au combat antisurface du 14 au 21 février avant une nouvelle escale au Havre du 22 au 27 février 1947, rentrant à Brest le 28 février.

Le cuirassé sort à nouveau du 1er au 12 mars, effectuant un entrainement aviation, soutenu par le ravitailleur La Charente, le cuirassé le navire de soutien et les deux torpilleurs d’escadre faisant escale à Saint Nazaire du 13 au 18 mars 1947. La petite force navale reprend la mer le 19 mars, s’entraine au combat antisurface jusqu’au 25 mars avant une nouvelle escale à La Pallice du 26 mars au 2 avril. Ils rentrent tous à Brest le 4 avril 1947.

Le cuirassé Normandie reprend la mer le 12 avril pour entrainer son détachement aviation (deux Dewoitine HD-731) jusqu’au 21 avril quand il mouille à l’entrée du port de Saint Malo jusqu’au 25 avril 1947. Il rentre à Brest le lendemain 26 avril.

Du 1er au 8 mai 1947, le cuirassé participe à l’entrainement des défenses côtières du secteur de Brest qui comme ailleurs ont été largement modernisées.

Le cuirassé Normandie appareille le 15 mai en compagnie du cuirassé Jean Bart, du croiseur lourd Foch, du croiseur léger Gloire, de trois contre-torpilleurs de la 3ème DCT (Bugeaud Du Chayla Dupetit-Thouars), dessous-marins Casabianca, Rolland Morillot et La Guadeloupe et du PRE La Seine direction Greenock où la division occasionnelle baptisée Force G arrive le 21 mai.

Elle reprend la mer le 24 mai 1947 et arrive à Scapa Flow le 28 mai où elle retrouve le cuirassé King George V et Vanguard (classe Hood, des Lion améliorés), le porte-avions Malta, les croiseurs légers Southampton et Gloucester et six destroyers.

Les deux escadres s’entrainent du 1er au 21 juin avec des attaques escadres contre escadres, des exercices de lutte ASM, de défense aérienne à la mer, de raids amphibies, de tir contre la terre…………. .

Les deux groupes font escale ensemble à Aberdeen du 23 au 27 juin puis à Newcastle du 29 juin au 1er juillet, Douvres du 4 au 7 juillet, Cherbourg du 10 au 13 juillet et Brest du 17 au 22 juillet 1947, date à laquelle les navires anglais rentrent au pays.

Le cuirassé Normandie est indisponible du 22 juillet au 12 août avant de reprendre son service, effectuant ses essais du 13 au 15 août puis pour remise en condition du 17 au 31 août, le cuirassé et les deux torpilleurs d’escadre rentrant à Brest le lendemain 1er septembre 1947.

Le cuirassé Normandie sort à nouveau pour une école à feux du 8 au 18 septembre puis pour entrainement au combat antisurface du 24 septembre au 2 octobre,faisant escale à Rouen du 3 au 7 octobre, à Cherbourg du 9 au 12 octobre avant de rallier Brest le lendemain 13 octobre 1947. Il participe ensuite à un entrainement aviation au profit de ses hydravions embarqués du 18 au 27 octobre, rentrant à Brest le lendemain 28 octobre 1947.

Le cuirassé ressort une dernière fois du 2 au 21 novembre pour un important exercice aéronaval en compagnie du porte-avions d’escadre Painlevé et du porte-avions léger Alienor d’Aquitaine en stage de mise en condition à l’époque (il doit être ensuite affecté aux Forces Navales Françaises en Extrême Orient FNFEO). Cet exercice voit le cuirassé couvrir alternativement les deux porte-avions pendant que le porte-avions non escorté tente d’attaquer le porte-avions et le cuirassé. On voit également l’aviation à terre simuler des attaques aériennes à la torpille, à la bombe et même les premiers essais à la roquette air-sol.

A l’issue de cet exercice, le Normandie subit son premier petit carénage du 2 décembre 1947 au 14 février 1948 avant des essais à la mer du 17 au 20 février puis un stage de remise en condition du 22 février au 18 mars, stage rendu nécessaire à la fois par les deux mois d’immobilisation mais également par le renouvelement de l’équipage (30% de nouveaux embarqués).

Il aurait du ensuite participer à la cinquième édition de l’exercice Entente Cordiale mais sa participation est au final annulé en raison d’une indisponibilité accidentelle (problèmes de chaudières et de diesels-alternateurs) du 20 avril au 8 mai 1948. Après des essais concluant du 9 au 12 mai, le cuirassé est déclaré de nouveau disponible le 13 mai 1948.

Il sort pour un entrainement à la défense aérienne à la mer du 15 au 21 mai avant une escale à Lorient du 22 au 25 mai avant un exercice de combat antisurface du 26 au 31  mai, rentrant à Brest le lendemain 1er juin.

Le 4 juin 1948, il quitte Brest avec à son bord 25 tonnes d’or de la Banque de France. Escorté par deux torpilleurs d’escadre, il navigue en silence radio et tous feux éteints, à vitesse élevée (27 noeuds de moyenne) direction Halifax où il arrive le 8 juin. Cet or est destiné à garantir des achats aux Etats-Unis et au Canada.

L’or est aussitôt débarqué et le cuirassé repart pour Brest où il rentre le 12 juin. Le cuirassé Normandie effectuera deux autres voyages, le premier du 20 au 29 juin avec 10 tonnes d’or et le second du 4 au 12 juillet avec 9 tonnes d’or de la Banque de France mais également 5 tonnes de la Banque de Belgique.

Le cuirassé Normandie est indisponible pour entretien et permissions de l’équipage du 14 juillet au 4 août, sortant pour essais du 5 au 7 août puis pour remise en condition du 9 au 23 août, date à laquelle il passe aux effectifs de guerre avec rappel des réservistes.

Le cuirassé Normandie sort pour entrainement du 25 au 30 août et la seconde du 1er au 5 septembre.

Alors qu’ils se trouvaient en mer au large d’Ouessant, le cuirassé et ses deux torpilleurs apprennent l’attaque allemande sur le Danemark et la Norvège. Aussitôt, les trois navires rentrent à Brest, se ravitaillent en carburant, munitions, vivres et équipements grand froid puis reprennent aussitôt la mer, direction Rosyth où ils doivent renforcer la Home Fleet conformément aux accords passés avant-guerre. Ils doivent être rejoints par le groupe de combat du Painlevé accompagné du PRE La Seine.

6-Cuirassés et croiseurs de bataille (11)

F-Cuirassés classe Alsace

Avant-propos

L’un des projets initiaux des cuirassés de classe Alsace : douze canons de 380mm en trois tourelles quadruples

 

Le Traité de Londres du 25 mars 1936 limitait le déplacement des cuirassés à 35000 tonnes et un calibre maximum de 356mm. Cependant une clause imposée par l’US Navy permettait d’armer les cuirassés de canons de 406mm au cas où les japonais ne signeraient le traité.

L’US Navy invoqua cette clause le 31 mars 1937 permettant aux North Carolina d’être armés de neuf canons de 406mm à la place des 12 canons de 356mm.

Au printemps 1938, un protocole franco-américano-anglais permettait la construction de cuirassés de 45000 tonnes. La France était cependant gênée par l’absence d’infrastructures pour construire et entretenir de tels géants des mers.

La découverte des cuirassés de type H de la Kriegsmarine de 56000 tonnes (même si le 2ème bureau l’estimait à seulement 40000 tonnes) poussa l’amiral Darlan à demander l’étude de nouveaux cuirassés au STCN le 20 juillet 1939 et de nouveaux canons de 400,406 et 420mm à la Direction des Armes Navales (DAN).A la fin de 1939, le STCN dessina différentes études pour des navires de 40000, 42500 et 45000 tonnes (déplacement standard).

Le projet A dessinait un navire de 252m de long sur 35m de large, un déplacement de 40000 tonnes standard, une vitesse de 31 noeuds et un armement composé de 9 canons de 380mm en trois tourelles triples (deux avant et une arrière), 9 canons de 152mm en trois tourelles triples (une avant et deux arrières, installées derrière les tourelles II et III de 380mm), de 16 canons de 100mm en huit tourelles doubles groupées deux par deux et installées latéralement plus une DCA légère composée de canons de 37 et de 25mm.

Le projet B dessinait un navire de 256m de long sur 35.5m de large, un déplacement de 42500 tonnes standard, une vitesse de 31 noeuds et un armement composé de 9 canons de 406mm en trois tourelles triples (deux avant et une arrière), 9 canons de 152mm en trois tourelles triples (une avant et deux arrières, installées derrière les tourelles II et III de 406mm), de 16 canons de 100mm en huit tourelles doubles groupées deux par deux et installées latéralement plus une DCA légère composée de canons de 37 et de 25mm.

Le projet C dessinait un navire de 265m de long sur 35.5m de large, un déplacement de 45000 tonnes standard, une vitesse de 32 noeuds et un armement composé de 12 canons de 380mm en trois tourelles quadruples (deux avant et une arrière), 9 canons de 152mm en trois tourelles triples (une avant et deux arrière, derrière les tourelles II et III de 380mm), 24 canons de 100mm en douze tourelles doubles installées latéralement plus une DCA légère composée de canons de 37 et de 25mm.

Le projet A resta rapidement le seul en piste car le projet C était trop gros pour les infrastructures françaises et le projet B introduisait un quatrième calibre d’artillerie principale après le 340 des Bretagne, le 330 des Dunkerque et le 380 des Richelieu.

Les deux premiers navires sont commandés comme nous avons pu le voir par le décret-loi du 1er avril 1940, leur construction étant attribuée pour le premier aux chantiers navals de Penhoët et celle du deuxième à l’Arsenal de Brest qui à pour l’occasion s’est dôté d’une forme n°10 et d’une forme n°11 aptes à recevoir de tels «monstres».

Quatre noms sont proposés pour baptisés ces deux premiers cuirassés : Alsace Normandie Flandre et Bourgogne. Le ministre de la marine Jules Belley choisit les deux premiers en dépit des réserves de certains de ces conseillers pour le second nom déjà porté par un paquebot de la CGT.

L’annonce par l’Italie en 1941 de la construction de deux Littorio améliorés entraine le financement par la tranche 1943 du programme naval de deux nouveaux cuirassés de classe Alsace qui sont baptisés Flandre et Bourgogne, la construction du premier étant attribué aux Ateliers et Chantiers  de Saint Nazaire-Penhoët et celle du second à l’Arsenal de Brest.

A noter que l’inaptitude des canons de 152mm à tirer antiaérien poussa le STCN à revenir sur l’armement secondaire des nouveaux cuirassés qui aux canons de 152 et de 100mm initialement envisagés allaient embarquer 20 canons de 130mm en cinq tourelles doubles et une DCA légère composée de vingt-huit canons de 37mm en quatre affûts quadruples ACAQ modèle 1943  et six affûts doubles ACAD modèle 1935 et de douze canons de 25mm en affûts doubles.

Les installations d’hydraviation sont maintenues avec une catapulte à la poupe et un hangar pour deux hydravions type Dewoitine HD-731, nombre qui peut être doublé en cas de guerre.

L’Alsace

En temps de paix, la tourelle II de 380mm portait fièrement le blason de l’Alsace

La commande du premier cuirassé du décret du 1er avril 1940 est passé auprès des Ateliers et Chantiers Navals de Saint Nazaire-Penhöet le 27 juin 1940 et baptisé le 5 septembre 1940 par décret du ministre de la Marine.

Le 20 avril 1941, le porte-avions Joffre est lancé en présence des plus hautes autorités de l’Etat. Il est remorqué au quai d’armement et la cale n°1 préparée pour recevoir le cuirassé Alsace.

-L’Alsace est officiellement mis sur cale le 16 juin 1941 avec la pose des premiers éléments du fond du navire. La construction est menée à un bon rythme _préfabrication et soudure oblige_, l’Alsace est lancé le 22 février 1943 après vingt-mois de travaux et remorqué au quai d’armement pour recevoir son artillerie, ses équipements radars avant de passer dans la forme Joubert pour recevoir notamment ses hélices.

Il est armé pour essais le 7 août 1944 mais toujours sous la responsabilité du chantier constructeur pour des premiers tests destinés à valider les dispositions contractuelles. Les essais ont lieu du 12 au 17 août 1944 avant que le cuirassé ne soit remis à la marine nationale le 27 août 1944.

Le cuirassé Alsace appareille de Saint-Nazaire le 5 septembre direction Brest où il arrive le lendemain. Il échoué le 8 septembre dans le bassin n°10 pour des travaux complémentaires et différents réglages.

Remis à flot le 21 septembre, il entame ses essais officiels le 25 septembre pour près de deux mois jusqu’au 18 novembre. Il est ainsi à la mer du 25 septembre au 3 octobre, du 7 au 15 octobre, du 18 au 23 octobre, du 24 octobre au 5 novembre (avec plusieurs ravitaillement à la mer), du 8 au 12 novembre et enfin du 14 au 18 novembre.

Après un nouveau passage au bassin n°10 du 22 novembre au 7 décembre 1944, le cuirassé appareille pour de nouveaux essais à la mer du 15 au 24 décembre 1944 avant de passer les fêtes de fin d’année à Brest.

Le 4 janvier 1945, il appareille de Brest pour Dakar afin de mener sa première école à feu à Rufisque. Il arrive sur place le 8 janvier 1945, l’école à feux ayant lieu du 9 au 25 janvier 1945 avant que le cuirassé ne rentre en métropole, arrivant à Brest le 31 janvier 1945, passant au bassin jusqu’au 9 février.

Il effectue alors sa traversée longue durée en Amérique du Nord. Il quitte Brest le 12 février pour Halifax où il arrive le 17 février, étant ouvert au public jusqu’au 21 février, le gouverneur général du Canada, Sir Alexander Cambridge, comte d’Athon et oncle du roi George VI visitant le navire le 20 février.

Reprennant la mer, le cuirassé fait successivement escale à Boston du 23 au 25 février, New York du 27 février au 1er mars, Philadelphie du 3 au 6 mars, Washington du 8 au 12 mars et enfin Norfolk du 15 au 19 mars avant de rentrer à Brest le 25 mars. Il passe au bassin du 26 mars au 4 avril 1945.

Le 7 avril 1945, le cuirassé Alsace est admis au service actif au sein de la Flotte de la Méditerranée avec Toulon pour base.

Avant de gagner la Mare Nostrum, le dernier fleuron de la marine nationale va participer à l’exercice franco-britannique Entente Cordiale. Les 14 et 15 avril, il sort avec ses torpilleurs d’escadre Basque et Forbin (classe L’Adroit) qui vont l’escorte en attendant la mise en service de navires plus modernes.

L’Alsace appareille ainsi de Brest le 16 avril 1945 en compagnie du cuirassé Gascogne, du porte-avions Painlevé, de trois contre-torpilleurs de la 6ème DCT (Vautour Milan Epervier), de  six torpilleurs d’escadre (Basque, Forbin, Dague, Durandal, Arquebuse Cimeterre), des sous-marins Ajax Pasteur Antiope Sibylle ainsi que du pétrolier-ravitailleur La Seine.

La force N fait escale à Liverpool du 25 au 28 avril puis à Greenock du 30 avril au 3 mai où il retrouve la force M composée du porte-avions Victorious, du cuirassé Anson, des croiseurs légers Dido et Southampton, de quatre destroyers et de quatre sous-marins.

L’exercice «Entente Cordiale 1945» commence le 5 mai par un affrontement aéronaval entre Painlevé et le Victorious jusqu’au 7 mai avant une série d’écoles à feu et d’entrainement au combat antisurface du 8 au 10 mai. Après un entrainement anti-sous-marin le 11 mai, les navires français et anglais sont engagés le 13 mai dans un exercice de défense aérienne à la mer.

Les deux escadres se séparent le 17 mai 1945 après une revue navale à Rosyth. Les navires français font ensuite escale à Dunkerque du 19 au 22 mai, Cherbourg du 24 au 26 mai avant de rentrer à Brest le 27 mai dans la soirée.

Le cuirassé quitte Brest le 1er juin 1945, fait escale au mouillage à Bayonne du 5 au 8 juin, franchit le détroit de Gibraltar le 11 juin, fait escale à Ajaccio le 14 juin avant d’arriver à Toulon le 15 juin 1945.

Il est affecté au Groupement de Ligne de la Flotte de la Méditerranée. Placé hors rang, il en devient le navire-amiral quelques jours plus tard.

Il sort pour entrainement dans le golfe du Lion du 21 juin au 4 juillet avant une escale à Marseille du 5 au 12 juillet. Après un ravitaillement auprès du PRE La Saône, le cuirassé et ses deux torpilleurs d’escorte subissent un entrainement de défense aérienne à la mer du 14 au 25 juillet, rentrant à Toulon le 1er août après une escale à Nice du 26 au 30 juillet 1945.

Après une période d’indisponibilité (permissions de l’équipage) du 2 au 22 août, le cuirassé Alsace sort pour essais du 23 au 27 août avant remise en condition au large du cap Corse du 28 août au 12 septembre, rentrant à Toulon le 13 septembre 1945.

Le 17 septembre 1945, le cuirassé Alsace appareille de Toulon avec ses deux anges-gardiens pour une école à feu à Rufisque, fait escale à Mers-El-Kébir du 19 au 22 septembre, franchit le détroit de Gibraltar le 24 septembre avant d’arriver à Dakar le 28 septembre 1945.

Le cuirassé effectue une première école à feux du 30 septembre au 9 octobre avant de manoeuvrer avec ses torpilleurs d’escadre dans un exercice de combat après que ces torpilleurs eurent manoeuvrer de leur côté avec lancement de torpilles et entrainement au tir antiaérien.

Après un ravitaillement à Dakar le 10 octobre 1945, le cuirassé Alsace et ses torpilleurs effectuent une nouvelle école à feu du 11 au 31 octobre avant une nouvelle escale à Dakar du 1er au 5 novembre 1945.

Ils reprennent la mer le 6 novembre, font escale à Port Etienne du 7 au 10 novembre, à Casablanca du 12 au 16 novembre avant de rentrer à Toulon le 22 novembre 1945 à l’aube.

Après une période d’entretien à flot du 23 novembre au 4 décembre, le cuirassé sort pour essais du 5 au 8 décembre avant de mouiller aux salins d’hyères du 9 au 13 décembre, date à laquelle il reprend la mer pour entrainement.

C’est ainsi que du 14 au 19 décembre, le cuirassé est en entrainement aviation pour son détachement embarqué (deux Dewoitine HD-731) avant d’enchainer par un entrainement de défense aérienne à la mer du 20 au 27 décembre avant de rentrer à Toulon le 28 décembre 1945.

L’Alsace sort pour la première fois en 1946 du 5 au 15 janvier pour un entrainement à la lutte ASM, le cuirassé utilisant ses hydravions pour couvrir ses deux torpilleurs d’escorte chargés de traquer les sous-marins L’Astrée et La Favorite. Après une escale à Ajaccio du 16 au 20 janvier, le cuirassé rentre à Toulon le lendemain 21 janvier 1946.

En 1946, la France et l’URSS en dépit de régimes politiques diamétralement opposés se rapprochent, inquiets de la montée en puissance de l’Allemagne qui à retrouvé les accents menaçants de l’époque hitlérienne.

Pour célébrer ce rapprochement, une escadre russe rend visite à la flotte de la Méditerranée à Toulon, renouant avec la visite de l’escadre tsariste en octobre 1893.

Le 4 février 1946 arrive dans le port varois le cuirassé Sovietskaya Ukrainia, le croiseur lourd Kirov et quatre destroyers. Ils sont ouverts au public du 5 au 8 février avant de repartir le 15 février après des exercices avec la marine française.

Le cuirassé Alsace sort pour entrainement au combat de nuit du 18 au 25 février avant une escale à Nice du 26 février au 1er mars. Rentré à Toulon le 3 mars, il subit un entrainement de défense aérienne à la mer du 5 au 15 mars avant de rentrer à Toulon le 16 mars 1946.

Quelques semaines après la visite de l’escadre soviétique à Toulon, la France rend la pareille à l’URSS. Le cuirassé Alsace appareille le 20 mars 1946 en compagnie du croiseur lourd Saint Louis, des torpilleurs d’escadre Mameluk et Casque, des sous-marins La Réunion et L’Ile d’Oleron du pétrolier ravitailleur Liamone.

La petite force navale fait escale à Bizerte le 23 mars, en baie de la Sude le 26 mars, franchit le détroit des Dardanelles le 29 mars, le Bosphore le lendemain 30 mars avant de mettre cap sur Sebastopol où la petite escadre arrive le 4 avril 1946.

Elle va participer à des exercices avec la marine soviétique du 7 au 25 avril 1946 avant de faire escale en Turquie, à Trabzon du 27 au 30 avril et Istanbul du 2 au 5 mai. Il retrouve la Méditerranée, fait escale au Pirée du 8 au 11 mai, à Haïfa du 12 au 14 mai, Bizerte du 16 au 19 mai avant de rentrer à Toulon le 21 mai 1946 après deux mois loin du port.

L’Alsace subit un petit carénage à Toulon du 25 mai au 4 juillet 1946 avant des essais du 5 au 8 juillet puis pour remise en condition du 10 au 24 juillet. Il est ensuite à Rufisque pour une école à feu, quittant Toulon le 27 juillet pour Dakar où il arrive le 2 août. Il s’entraine au polygone de Rufisque du 4 au 25 août 1946 avant de rentrer à Toulon le 2 septembre 1946.

Le cuirassé Alsace sort à nouveau pour un entrainement antisurface du 7 au 15 septembre avant une escale à Marseille du 16 au 20 septembre au cours de laquelle est signée la charte de parrainage entre le cuirassé et une délégation de la ville de Colmar.

Reprennant la mer le 21 septembre, il subit un entrainement de défense aérienne à la mer jusqu’au 30 septembre, rentrant à Toulon  le 5 octobre après un mouillage aux salins d’Hyères du 1er au 4 octobre. Il sort pour un entrainement aviation du 8 au 12 octobre au profit de son détachement embarqué, rentrant à Toulon le 14 octobre à l’aube.

Le 15 octobre 1946, des violentes émeutes touchent la ville de Philipeville et sa région, le meurtre d’une famille pied-noir ayant provoqué des représailles vis à vis des autochtones et un cercle infernal d’exactions et de représailles

Le cuirassé quitte Toulon en urgence le 18 octobre avec à son bord plus de 400 gendarmes mobiles qu’il débarque le lendemain 19 octobre avant d’opérer au large du port, menaçant la ville de tirs contre la terre.

Le cuirassé mouille au large du port le 24 octobre après la fin d’émeutes qui ont fait plus de 130 morts chez les pieds-noirs comme chez les autochtones. Le cuirassé rembarque les gendarmes mobiles le 26 octobre et rentre à Toulon le lendemain 27 octobre.

Le cuirassé Alsace est en entretien à flot du 28 octobre au 12 novembre avant de sortir pour essais du 13 au 18 novembre avant un stage de remise en condition du 19 au 30 novembre. Après s’être ravitaillé à Toulon le 1er décembre, le cuirassé quitte Toulon le 2 décembre pour Dakar où il arrive le 10 décembre 1946. Son école à feux à lieu du 11 au 26 décembre avant de mettre cap sur Toulon où il arrive le 2 janvier 1947.

Après plusieurs sorties pour instruction des écoles installées à Toulon (4-8 et 17-21 janvier, 14-18 février), le cuirassé appareille pour Malte le 12 mars 1947 en compagnie du porte-avions Joffre du croiseur lourd Henri IV, des croiseurs légers De Grasse et Jean de Vienne, de trois contre-torpilleurs de la 12ème DCT (Desaix Kleber Marceau), de quatre torpilleurs d’escadre, de trois sous-marins Nivôse Floréal Ile de Brehat et de deux pétroliers les Elorn et Liamone, arrivant sur l’île le 15 mars. Tous ces navires avaient auparavant manoeuvrés ensemble du 3 au 10 mars pour parfaire leurs automatismes.

Cette escadre baptisée Force T va participer à des exercices avec la Mediterranean Fleet sur le modèle des exercices Entente Cordiale qui engage la flotte de l’Atlantique et la Home Fleet. Cet exercice est baptisé «Cordial Agreement» en guise de clin d’oeil Pour cette première, la flotte britannique de la Méditerranée à mobilisé les cuirassés Nelson et Rodney, le porte-avions Indomitable, les croiseurs légers Belfast et Newcastle, six destroyers et quatre sous-marins.

L’exercice commence par un exercice à terre le 16 mars pour s’accorder sur les règles lors des exercices et faire travailler la théorique. Les choses sérieuses commence le lendemain 17 mars par un exercice de lutte ASM.

Les sous-marins anglais et français vont ainsi tenter des attaques contre les navires français anglais selon plusieurs scénarios : soit des attaques contre des navires naviguant seuls ou des groupes occasionnels par exemple celui formé par les porte-avions Joffre et Indomitable, le cuirassé Alsace, les croiseurs légers De Grasse Jean Vienne et Belfast et plusieurs destroyers.

Le 18 mars, c’est un exercice de défense aérienne à la mer avec le matin, les deux groupes nationaux attaqués par des chasseurs bombardiers Supermarine Spitfire et des bombardiers torpilleurs Bristol Beaufort basés à Malte mais l’après midi, la force navale britannique attaque avec des bombardiers en piqué Douglas Dauntless et des avions torpilleurs Fairey Albacore les navires français.

Les 19 et 20 mars, c’est un combat d’escadre qui oppose la force T à son homologue britannique, à tour de rôle les deux forces cherchant à défendre Malte d’un raid amphibie.

Le 21 mars, les deux escadres gagnent la Tunisie, des îlots désertiques de la côte tunisienne servant de cible aux canons de 406,380, 203,152,130 et 120mm dans un bruyant concert sans parler des avions embarqués qui utilisent bombes et roquettes.

Les trois cuirassés, les deux porte-avions, les quatre croiseurs légers, le croiseur lourd, les neuf destroyers, les pétroliers et les sous-marins font ensuite escale à Bizerte où ils sont passés en revue par le résident général en Tunisie avant de se séparer le lendemain 22 mars, les navires français rentrant à Toulon le 24 mars 1947 au matin  sauf le Jean de Vienne resté à Bizerte son port d’attache.

Après une période d’entretien à flot du 30 mars au 6 avril, le cuirassé Alsace appareille pour faire le tour de la Corse, une réponse à un discours de Mussolini du 5 avril revendiquant la Corse comme appartenant à la nation italienne.

Le cuirassé appareille le 8 avril à l’aube en compagnie de deux torpilleurs d’escadre, fait escale à Bastia du 9 au 12 avril, mouille dans le Golfe de Saint Florent du 13 au 16 avril, Ile Rousse les 17 et 18 avril, Calvi du 19 au 21 avril, Cargèse du 23 au 26 avril, Ajaccio du 27 avril au 1er mai, Propriani les 2 et 3 mai, Bonifacio du 5 au 7 mai et Porto Vecchio à partir du 8 mai 1947.

Le 10 mai alors qu’il allait appareiller pour Bastia, l’Alsace est victime d’une avarie majeure de propulsion, l’immobilisant dans un port bien entendu pas outillé pour ce travail. Cette immobilisation forcée est mise à profit par l’équipage du cuirassé.

La compagnie de débarquement est mise à terre pour des manoeuvres avec les unités de l’armée de terre en Corse et des officiers supérieurs et des officiers mariniers du cuirassé participent aux périodes de rafraichissement des officiers de réserve du département.

Le cuirassé est prit en charge par le remorqueur de haute mer Centaure le 15 mai avec un équipage réduit de 60% (les seuls marins indispensables) escorté par deux torpilleurs d’escadre.

Il arrive à Bizerte le 20 mai 1947 et immédiatement mis au bassin pour changement de deux lignes d’arbre et des hélices. Remis à flot le 5 juin, il est en essais du 7 au 10 juin avec un stage de remise en condition du 12 au 26 juin avant de rentrer à Toulon le 29 juin 1947.

Ce tour de Corse censé contrer les prétentions italiennes s’est donc terminé en queue de poisson ce que ne manquera pas de souligner la propagande italienne.

Réponse du berger à la bergère, le cuirassé Alsace effectue un nouveau tour de Corse cette fois sans problèmes, faisant escale à l’Ile Rousse du 12 au 15 juillet, Calvi du 17 au 20 juillet, Cargèse du 21 au 23 juillet, Ajaccio du 25 au 27 juillet, Bonifacio du 28 au 30 juillet, Porto Vecchio du 2 au 5 août, Bastia du 7 au 12 août avant de rentrer à Toulon le 14 août.

Après une période d’indisponibilité du 15 août au 22 septembre, le cuirassé reprend la mer pour essais du 23 au 27 septembre avant un stage de remise en condition dans le Golfe du Lion du 28 septembre au 13 octobre 1947.

Le 16 octobre, le cuirassé quitte Toulon, fait escale à Mers-El-Kébir du 18 au 22 octobre, franchit le détroit de Gibraltar le 24 octobre, relâche à Casablanca du 25 au 28 octobre avant d’arriver à Dakar le 2 novembre 1947.

L’Ecole à feux à Rufisque à lieu du 5 novembre au 2 décembre avant une nouvelle escale à Dakar du 2 au 6 décembre. Il reprend la mer le 7 décembre, fait escale à Casablanca du 11 au 15 décembre, franchit le détroit de Gibraltar le 16 décembre avant de rentrer à Toulon le 23 décembre, restant à quai jusqu’à la fin de l’année.

Le 7 décembre 1947, l’Alsace forme une nouvelle 5ème DL en compagnie de son sister-ship Flandre

Le cuirassé Alsace sort pour entrainement au combat antisurface du 5 au 11 janvier, rentrant à Toulon le 18 janvier après un mouillage aux salins d’Hyères du 12 au 17 janvier 1948.

Le cuirassé Alsace est en petit carénage du du 20 janvier au 4 juin 1948 à l’Arsenal de Sidi-Abdallah, passant au bassin du 20 janvier au 12 mai 1948 avant des travaux à quai, le cuirassé effectuant ses essais à la mer du 7 au 10 juin avant un stage de remise en condition du 12 au 26 juin 1946. Le cuirassé et les deux torpilleurs d’escadre rentrant à Toulon le 29 juin 1948.

Le cuirassé Alsace sort pour une école à feux du 6 au 16 juillet, rentrant à Toulon le 17 juillet 1948 avant d’enchainer par un entrainement de défense aérienne à la mer du 21 au 29 juillet, rentrant à Toulon le lendemain 30 juillet 1948. Il participe à des manoeuvres aéronavales en compagnie du porte-avions Joffre du 4 au 20 août 1948.

L’Alsace passe au régime de guerre le 21 août, sortant pour amarriner ses réservistes du 22 au 29 août, rentrant à Toulon le lendemain 30 août, restant à quai jusqu’au 5 septembre 1948 quand il appareille pour sa première sortie de guerre, une mission de présence entre Corse et continent.

6-Cuirassés et croiseurs de bataille

6°) Cuirassés et croiseurs de bataille

 Panorama

Maquette de la frégate cuirassée La Gloire

 

Si la France à créé le cuirassé avec La Gloire de 1856, elle n’à pas pour autant dôté sa marine de cuirassés modernes et puissants à même de rivaliser avec ses homologues étrangers. Tout cela à cause de la Jeune Ecole qui ne jura plus que par le torpilleur et ne cessa de dénigrer le cuirassé considéré comme dépassé. Cette défiance ne pouvait qu’avoir des conséquences sur les cuirassés français qui vont se révéler systématiquement inférieurs à leurs homologues étrangers.

Le cuirassé Hoche alias le « Grand Hôtel »

La Royale va ainsi se dôter de cuirassés construits si lentement qu’ils étaient dépassés dès leur mise en service qu’il s’agisse du Hoche (1891), des MarceauNeptune et du Magenta (classe Marceau en service en 1891 pour le premier et 1892 pour les deux suivants), le Brennus (1893), les cuirassés de la flotte d’échantillon Charles Martel Jaureguiberry Carnot (1896), Masséna et Bouvet (1897), les trois navires de classe Charlemange (Charlemagne Gaulois Saint Louis) mis en service en 1897 pour le premier et 1898 pour les deux autres, le Iena (1901) et le Suffren qui admis en 1903 est le dernier cuirassé clairement influencé par la Jeune Ecole.

Le cuirassé Suffren disparu en 1916 sous les coups d’un sous-marin allemand

La crise de Fachoda où Londres et Paris furent à deux doigts d’une guerre pour un modeste village du Soudan met en lumière la décrépitude de la flotte. Le programme de 1900 voté par le gouvernement radical de Waldeck-Rousseau permet la construction de cuirassés plus modernes, les six de la classe République (République Patrie Liberté Justice Vérité Démocratie) mis en service entre 1906 et 1908 et les six de classe Danton (Danton Mirabeau Voltaire Vergniaud Dideront Condorcet) mis en service en 1911 à une époque le dreadnought à faire une apparition fracassante qui ringardise à défaut de surclasser les prédreadnought.

Le cuirassé Patrie

Le 24 juillet 1909, l’amiral Boué de Lapeyrère est nomé ministre de la Marine et s’attache aussitôt à préparer les instruments nécessaires à la formidable montée en puissance de la marine nationale, montée en puissance rendue nécessaire par la course aux armements navals entre la Grande Bretagne et l’Allemagne.

Le cuirassé Danton, leader de la dernière classe de prédreadnought de la marine nationale

Quittant le ministère le 3 novembre 1910, c’est en temps que commandant en chef de l’Armée Navale (août 1911-1916) que l’amiral allait voir le vote le 30 mars 1912 de la loi-programme qui définissai le format que la Royale devait atteindre au début des années vingt : 28 cuirassés d’escadre

10 éclaireurs d’escadre, 52 torpilleurs de «haute mer» 10 bâtiments pour divisions lointaines et 94 sous marins.

Sur les 28 cuirassés d’escadre (chiffre qui aurait pu être porté à 36 si l’amendement d’un député M. de Lanessan avait été accepté), 11 étaient déjà en service, de tous de type prédreadnought : les deux Patrie, les quatre Liberté et les six Danton. Il restait donc 17 cuirassés type dreadnought à construire : deux dévaient être mis en chantier en 1910 et 1911, trois en 1912, deux en 1913 et 1914, quatre en 1915 et deux en 1917.

Très vite, les tensions internationales et la crainte d’un déclassement poussa les autorités politiques à accélerer la construction de ces navires. C’est ainsi qu’en 1913, la marine fût autorisé à mettre en chantier quatre cuirassés et si un seul navire devait être mis en chantier en 1914, il le serait dès le 1er janvier et non le 1er octobre.

4 cuirassés auraient été mis en chantier en 1915, 2 en 1917, 2 en 1919, 2 en 1920, 4 en 1921 et 2 en 1922 ce qui aurait donné en 1925, une marine composée de 24 cuirassés type superdreadnought (3 Bretagne, 5 Normandie, 4 Lyon soit 12 navires plus cinq navires d’un type non identifié) auxquels se seraient ajoutés les quatre dreadnought type Courbet.

Le cuirassé Courbet

La première guerre mondiale à raison de ce magnifique programme. Les Courbet (Courbet Jean Bart France Paris) sont mis en service peu avant le début du conflit (1913 et 1914) tout comme les Bretagne qui rejoignent les rangs de l’Armée Navale en 1915 (Bretagne Provence) et 1916 (Lorraine) mais les Normandie (Normandie Languedoc Flandre Gascogne Béarn) sont abandonnés à l’exception du dernier nommé qui est transformé en porte-avions et je ne parle même pas des Lyon (Lyon Lille Duquesne Tourville) qui ne sont même pas mis sur cales.

Le cuirassé Bretagne

La marine nationale entre donc dans l’après guerre avec une flotte de cuirassés de premier ligne fort réduite avec quatre Courbet et trois Bretagne. Outre la crise économique et le profond sentiment pacifiste, le traité de Washington limite les ambitions françaises, la France se voit ainsi alouer 175000 tonnes de cuirassés et 60000 tonnes de porte-avions mais en raison de la vétusté de ces navires de ligne, elle se voit autoriser la construction de deux cuirassés durant la «battleship holiday» en 1927 et 1929 et se voit autorisé la reconstruction des Courbet et des Bretagne mais cette hypothèse est rapidement exclue : leur design dessiné au plus juste ne laissant aucune marge de manoeuvre.

La rivalité franco-italienne va donc s’exprimer dans le domaine des unités légères, croiseurs lourds et contre-torpilleurs essentiellement, la réalisation de l’un répondant à la réalisation de l’autre. Des projets sont étudiés mais il faut attendre l’apparition du cuirassé de poche allemand Deutschland pour que les choses bougent réellement.

En effet le dernier né des chantiers navals allemands ringardise les cuirassés français en service avec sa coque entièrement soudée et sa propulsion diesel. De plus son armement original (6 canons de 280mm en deux tourelles triples) embarasse les marines britanniques et françaises car le Deutschland est trop faible pour s’attaquer à des cuirassés orthodoxes à l’armement et à la protection plus importantes (mais la vitesse moins importante) mais il surclasse les croiseurs Washington peu protégés et armés de canons de 203mm.

Le croiseur de bataille Dunkerque

La France passe alors commande de deux croiseurs de bataille baptisés Dunkerque et Strasbourg qui se singularisent par la disposition de l’armement principal concentré sur la plage avant avec deux tourelles quadruples qui sont en réalités deux tourelles doubles accollées.

L’annonce de la construction de ces deux navires entraine aussitôt une riposte italienne, l’Italie décidant de construire deux cuirassés de 35000 tonnes, déclenchant une nouvelle course aux cuirassés puisque la commande des Littorio et Vittorio Veneto entraina celle des Richelieu et Jean Bart, premiers «35000 tonnes» français.

Design original de la classe Richelieu

Les italiens commandèrent deux autres cuirassés de type Littorio, des navires baptisés Roma et Impero en riposte aux deux Richelieu, cette commande étant suivit d’une réponse française avec la commande des Clemenceau et Gascogne.

Schéma originel du cuirassé Gascogne qui restera unique

Le Gascogne marqua une rupture dans l’architecture des nouveaux cuirassés français. Les Dunkerque Strasbourg Richelieu Jean Bart et Clemenceau partagaient une configuration d’armement principal hétérodoxe avec ce dernier concentré à l’avant.

Le Gascogne lui choisit de revenir à une conception plus orthodoxe avec une tourelle quadruple à l’avant et une tourelle quadruple à l’arrière.

En avril 1940, la marine nationale annonce la commande de deux cuirassés de 45000 tonnes destinés à l’origine à remplacé les Bretagne et Provence mais parallèlement la volonté italienne de construire des cuirassés armés de canons de 406mm pousse l’Amirauté à décider de reconstruire les Bretagne Provence et Lorraine en escorteurs de porte-avions.

Schéma de la classe Alsace. En rouge les tourelles doubles de 130mm et en violet les canons de 37mm antiaériens

Les deux cuirassés commandés au printemps 1940 sont baptisés Alsace et Normandie et vont ainsi renforcer le corps de bataille.

Déplaçant plus de 45000 tonnes à pleine charge, ils sont armés de neuf canons de 380mm en trois tourelles triples (deux avant et une arrière). Ils sont suivis par deux autres sister-ship, baptisés Flandre et Bourgogne financés à la tranche 1943 du programme naval et qui seront les derniers cuirassés construits en France, les projets étudiés ensuite (CR3 et CB2) ne connaissant aucune suite concrète.

Résultat, quand la guerre éclate, notre marine dispose de trois cuirassés reconstruits , de deux croiseurs de bataille et de huit cuirassés rapides qui ont tous sauf à rougir des réalisations étrangères.