Le Conflit (181) Balkans (15)

De furieux combats aériens ont également lieu au dessus du sol grec. Les grecs veulent surtout protéger Athènes et Thessalonique davantage que le front au grand dam des soldats grecs qui devaient se demander ce que faisaient leurs aviateurs (une rengaine universelle chez les troupiers qui s’entendaient sur cette antième «les aviateurs ? Tous des salauds et même les nôtres parce qu’on les voit jamais»).

Les grecs ne sont pas seuls, les alliés ayant déployé des unités de chasse, de bombardement et de reconnaissance pour appuyer leurs troupes au sol.

Sans qu’il y ait vraiment de séparation étanche, les grecs assuraient surtout la protection de leurs villes laissant aux alliés la protection des unités en ligne.

Qui dit combats dits pertes en vol et au sol. Comme souvent les allemands vont lancer avant l’engagement de leur corps de bataille une série de frappes aériennes sur les aérodromes, les gares, les sites stratégiques dans l’espoir de provoquer une telle confusion que cela rendrait la progression des troupes au sol presque facile.

Comme jadis en Scandinavie et en Europe occidentale, ces frappes ont un impact limité en raison d’une météo compliquée et d’un renseignement fort lacunaire. De plus les alliés savent comment les allemands vont opérer et se tiennent prêts.

Radars, guetteurs aériens et patrouilles de reconnaissance doivent permettre d’anticiper une opération massive que les allemands baptisent AlderTag («Jour de l’Aigle») dans leur jargon opérationnel.

Elle est déclenchée le 25 septembre 1949. Les bombardiers et les chasseurs-bombardiers allemands se jettent sur les aérodromes grecs, les gares, les ponts, bref tous les sites sensibles et stratégiques du dispositif ennemi.

Les pertes alliées sont sensibles et les pertes allemandes non négligeables, les alliés bien décidés à tenir le plus longtemps possible en Grèce ayant largement renforcé leurs positions de DCA sur tout le territoire grec.

Les unités de chasse ont eu le temps de connaître parfaitement leur théâtre d’opération et attendent les allemands et les italiens de pied ferme, les bulgares étant à l’époque considérés comme quantité négligeable (mais cela changera avec le temps).

Pendant plusieurs semaines le ciel grec va être le théâtre d’une incroyable dispute entre chasseurs allemands et alliés qui veillaient à protéger leur zone et surtout à empêcher l’ennemi d’y pénétrer.

Sans qu’il y ait de séparation étanche, les chasseurs lourds assuraient surtout une défense de zone en visant essentiellement les bombardiers et les avions de reconnaissance pendant que les chasseurs monomoteurs luttaient surtout contre leurs homologues. Une agressivité maximale est recherchée, les chasseurs alliés voulant anticiper et se mettre dans une position favorable sachant qu’en face les pilotes étaient tout sauf des manches.

Très vite les pilotes grecs et alliés sans appareils immédiatement disponibles sont évacués vers la Crète puis l’Afrique du Nord pour recréer des unités ou pour compléter des unités en sous-effectifs.

Si les pilotes étaient depuis longtemps en ligne, on les envoyaient d’abord au repos (par exemple à Chypre) pour leur permettre de se remettre en état physiquement et mentalement avant de rejoindre une unité avec parfois comme cadeau un modèle d’appareil plus moderne.

Peu à peu l’Axe va prendre le contrôle du ciel grec mais jusqu’au bout ce sera compliqué, les alliés n’ayant bientôt plus que le Péloponnèse à couvrir. Là où les pilotes allemandes, italiens et bulgares ne pouvaient réaliser qu’une ou deux missions par jour, les pilotes alliés pouvaient réaliser trois, quatre voir pour certains cinq missions quotidiennes !

Les pertes grecques sur le plan aérien vont être très lourdes mais fort heureusement ce sera moins le cas pour les pilotes ce qui explique la rapide renaissance de l’armée de l’air grecque, renaissance accélérée par le fait que des jeunes pilotes étaient en formation au printemps 1949.

Au début de la guerre il y avait seize Bloch MB-151 en service plus deux en réserve. Quatre sont perdus lors des bombardements préliminaires liés à l’opération CAESAR et trois en combat aérien contre les italiens.

Les sept appareils perdus à partir de l’automne 1949 l’ont été sous les coups de la DCA (trois) et de la chasse (quatre).

Il restait donc quatre appareils à la fin de la Campagne de Grèce, ces appareils servant à l’entrainement en Crète jusqu’en octobre 1951. A cette date ils sont usés au delà du raisonnable et il manque de pièces détachés. De plus ces appareils sont totalement obsolètes ce qui rend leur utilisation problématique.

En ce qui concerne le Grumman G-36A, huit appareils sont détruits (deux par la DCA, trois en combat aérien et un par accident à l’atterrissage) et huit autres endommagés plus ou moins sérieusement et plutôt plus que moins, la plupart étant cannibalisés pour remettre en état des appareils pouvant voler à nouveau. Trois avions seulement survivent à la Campagne de Grèce mais ils sont rapidement ferraillés car en trop mauvais état pour être à nouveau utilisés.

Durant la guerre italo-grecque, dix Curtiss H-81 sont perdus. En fait seulement quatre sont irrémédiablement perdus (deux par la DCA et deux par la chasse) et les six autres ne sont pas réparés (car trop long à remettre en état). Il restait huit appareils à la fin de la Campagne de Grèce, trois servant à l’entrainement à la chasse, les autres étant envoyés à la ferraille. Les trois survivants ont été utilisés en Egypte jusqu’en septembre 1953 quand ils sont interdits de vol puis envoyés à la casse.

Les grecs possédaient trente-deux Hawker Hurricane en ligne et seize en réserve. Dix avions sont encore là au début de l’opération MARITSA. Il n’en reste plus que deux en mars 1950, appareils ayant été détruits au sol à Patras. Vingt-quatre appareils ont été perdus en combat aérien, douze sous les coups de la DCA, six au sol par des bombardements et les six derniers de cause accidentelle ou inconnue.

Trente deux Potez 633 et 637 sont en service dans l’armée de l’air royale grecque en l’occurence vingt-quatre Potez 633 et huit Potez 637 répartis en deux escadrilles (douze «633» et quatre «637»).

A la fin de la guerre italo-grecque, il reste seulement huit Potez 633 et six Potez 637 répartis au sein d’une unique unité. En mars 1950, il restait seulement deux «633» et 1 «637» qui sont feraillés.

Durant l’opération MARITSA, trois Potez 633 sont abattus par la chasse, un victime d’un accident à l’atterrissage et deux sous les coups de la Flak. Trois Potez 637 sont abattus par la Flak, un victime de la chasse et un autre victime d’un accident à l’atterrissage.

Je passe rapidement sur les six Fairey Battle utilisés pour l’entrainement et la liaison plus que pour le bombardement. Leur guerre est courte car ils sont détruits au sol par l’aviation allemande, servant bien malgré eux de leurres pour protéger des avions plus importants.

Les douze Bristol Blenheim sont tous détruits durant la guerre italo-grecque et durant l’opération MARITSA. Pas de jaloux, six sont détruits durant le premier conflit et les six autres durant les combats de l’automne 1949 et de l’hiver 1949/50.

La chasse italienne va abattre deux appareils au dessus de l’Albanie (en l’occurence le port de Vlora), deux sont victimes de la DCA et deux lors d’une collision en vol en raison du mauvais temps.

Durant la campagne de Grèce, un Blenheim est abattu par la chasse allemande, trois sont victimes par la Flak et deux au sol par des bombardiers allemands lors d’une attaque sur l’aérodrome de Larissa.

Lors de l’opération MARITSA, il restait seize Lioré et Olivier Léo 451, huit ayant été perdus sous les coups de l’ennemi (trois par la DCA et cinq par la chasse).

En mars 1950 il ne restait que trois appareils qui vont être utilisés pour l’entrainement et la propagande, les appareils étant feraillés au printemps 1952.

Six appareils ont été capturés par les allemands et cédés aux roumains avec quatre appareils ayant été utilisés par les yougoslaves (quatre appareils vont être remis en service _deux grecs et deux yougoslaves_ les autres ayant été envoyés à la casse avec cannibalisation). Le reliquat soit sept appareils ayant perdu sous les coups de la DCA (quatre) et de la chasse (trois).

En ce qui concerne la reconnaissance, il y avait en septembre 1948 soixante-quatre Henschel Hs-126K6.

Seize sont perdus durant la guerre italo-grecque (quatre sous les coups de la chasse, cinq sous les coups de la DCA et sept de causes diverses essentiellement suite à des accidents liés au mauvais temps et des aérodromes en mauvais état).

Dix-huit appareils sont perdus entre juillet et septembre 1949 (huit victimes de la chasse, six victimes de la DCA et quatre perdus par accident).

Ces appareils trop vulnérables de jour sont désormais utilisés pour le harcèlement nocturne, un impact plus psychologique que militaire.

Il existait neuf appareils à la fin de la Campagne de Grèce mais ils sont détruits sur un aérodrome près de Corinthe. Les vingt et un appareils perdus l’ont été sous les coups de la chasse (sept), de la DCA (huit) et au sol (six).

Les rares avions de transport grecs (quatre Junkers G.24he et quatre Ju-52/3m) ont tous été détruits lors de la Campagne de Grèce. Ils sont victimes de la chasse allemande (deux G.24he et un Ju-52/3m), de la Flak (deux G.24He), de la chasse italienne (un Ju-52/3m), d’un accident lors du décollage (un Ju-52/3m) et un détruit au sol lors d’un bombardement aérien sur Corinthe.

Italie (55) Regio Esercito (5)

Le Regio Esercito Italiano dans le premier conflit mondial (1915-1918)

En guise d’introduction

En août 1914 l’Europe s’embrase. Des années de tension explosent, le geste inconsidéré d’un étudiant serbe est la flamme qui allume la mèche du baril de poudre qu’était devenue l’Europe. Le mécanisme des alliances fait le reste.

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