Le Conflit (83) Europe Occidentale (49)

Combats à l’ouest (3) : Et la ligne Maginot céda : l’opération TIGER

Percer, déborder, envelopper

Plus haut j’ai parlé sommairement de l’opération TIGER dans le cadre de la manœuvre générale. Il est temps de rentrer plus dans les détails de cette opération que les allemands auraient bien aimé ne pas avoir à mener.

L’opération TIGER est lancée le 22 juin 1949. Comme pour l’opération FALL GELB, les allemands lancent à l’aube (04.45) des attaques aériennes massives. Menées par le XVI.Fliegerkorps dont c’est le baptême du feu elle obtient les mêmes résultats que celle menée le 10 mai 1949 à savoir des résultats très décevants.

Non seulement les unités aériennes alliées sont loin d’avoir été rayées du ciel mais certains lancent des attaques sur les aérodromes allemands, surprenant au sol des bombardiers parés au décollage provoquant un véritable massacre. Hélas cela se fait au prix des pertes extraordinairement lourdes, certaines unités de l’Armée de l’Air étant rayées de la carte (NdA voir plus haut).

Sur les coups de 07.00 du matin, le Heeresgruppe C lance le volet terrestre de l’opération TIGER. Elle commence par une préparation d’artillerie.

Toutes les unités d’artillerie du Groupe d’Armées C plus des unités d’artillerie issues de la Réserve d’Artillerie (Heeres-Artillerie dans la langue de Goethe) vont ouvrir le feu sur la Muraille de France, des canons d’un calibre allant de 150 à 406mm en passant par des lance-roquettes multiples.

Les «fantassins du béton» connaissent ce que leurs ainés ont connu à Douaumont, à Vaux, un déluge de feu avec l’impact de lourds obus sur le béton et les ouvrages métalliques, le bruit, la fumée, la sensation d’être coupés du monde.

Les allemands ont choisit ensuite d’attaquer avec des groupes d’assaut, des Stosstruppen en référence aux unités d’élité de l’armée allemande du premier conflit mondial (qui vidèrent l’armée impériale de sa substance, accélérant son déclin mais c’est un autre sujet).

Ces unités sont créées ex-nihilo au sein des unités avec les meilleurs éléments et/ou les plus motivés/préparés/entrainés.

Elles sont entrainées par des vétérans des troupes d’assaut du premier conflit mondial qui leur enseigne des tactiques d’assaut imprégnées également d’essais menés contre les ouvrages tchécoslovaques qui ressemblaient beaucoup aux ouvrages du type Maginot (sans pour autant être de simples copies).

Ces groupes d’assaut reçoivent des armes automatiques (pistolets mitrailleurs, fusils mitrailleurs, mitrailleuses légères) et des grenades supplémentaires, des charges creuses, des lance-flammes et des armes blanches.

Ils sont appuyés par des Sturmgeschütz III qui doivent réaliser des tirs directs contre les ouvrages au risque néanmoins d’être chaudement accueillis par les canons antichars de 37 et de 47mm des ouvrages et des intervalles. Un certain nombre de Stug III seront d’ailleurs détruits, entrainant l’apparition de nouveaux obstacles rendant le terrain encore plus hostile pour les allemands.

En face les français vont engager l’artillerie des Corps d’Armée des 3ème, 4ème et 6ème Armée (même si les unités en question avaient tendance à ménager leurs pièces en attendant d’appuyer les unités de combat des CA au moment où ces derniers allaient entrer au contact des unités du Heeresgruppe C), l’artillerie des ouvrages et surtout l’artillerie des Régiments d’Artillerie de Position (RAP) (mais aussi les Régiments d’Artillerie Mobile de Forteresse [RAMF] et les Régiments d’Artillerie de Région Fortifiée [RARF]), des pièces souvent anciennes mais qui peuvent encore faire mal.

Face aux Stosstrupen, les français vont d’abord fait le dos rond en utilisant mitrailleuses, fusils mitrailleurs et mortiers pour repousser les assauts avant de montrer que l’audace n’était pas une qualité militaire spécifique à l’Allemagne.

Les corps francs des RIF et des régiments de ligne vont ainsi mener des raids en profiter des hésitations et des atermoiements de certaines unités allemandes, histoire de faire baisser la pression et rendre les allemands encore plus prudents.

Très vite néanmoins la puissance de l’assaut allemande va rendre ces corps francs moins à l’aise et après de lourdes pertes le haut commandement français réduira drastiquement les sorties et les opérations coups de poing. Cela changera naturellement au moment du repli du GA n°2 laissant les ouvrages seuls sans troupes d’intervalles, leur donnant donc une précieuse mais précaire autonomie.

Comme souvent les allemands ont choisit un plan en tenaille : on perce, on encercle et on nettoie la poche. Un système efficace mais qui prend du temps et qui entraine de sérieuses dépenses en carburant et munitions (sans oublier les pertes bien entendu).

Le plan TIGER prévoit une pince nord passant par le Secteur Fortifié de la Sarre et une pince sud par le Secteur Fortifié d’Altkirch qui doivent se retrouver le plus loin possible à l’ouest pour encercler le maximum de troupes alliées.

Ensuite les allemands espèrent foncer vers le sud, franchir La Seine et pourquoi pas prendre à revers un GA n°1 mis sous pression par les Heeresgruppen A et B. Toujours cette obsession de la Entscheidungsschlacht (Bataille décisive) tellement peu adaptée à une guerre moderne et industrielle comme l’ont montré des penseurs soviétiques comme Svietchine ou Triantafilos.

L’opération TIGER est donc lancée le 22 juin 1949. Tous les secteurs de la Ligne Maginot sont concernés mais naturellement les deux secteurs concernés par les Schwerpunkt sont davantage assaillis, les autres SF étant maintenus sous pression par l’artillerie, l’aviation et quelques coups de main pour maintenir le doute au sein du haut-commandement (et éviter les transferts d’unités d’un secteur à l’autre). Comme souvent ce genre de diversions fait rapidement pschitt.

Le Secteur Défensif de la Sarre est un «secteur faible» de la Ligne Maginot pour la simple et bonne raison que jusqu’en 1935 le statut de la Sarre était incertain : indépendance ? annexion par la France ? Annexion par l’Allemagne ? Comme nous le savons le plébiscite de 1935 organise le retour de la province à l’Allemagne nazie.

Cette évolution géopolitique est une catastrophe pour la France qui voit s’ouvrir une nouvelle voie d’invasion, voie défendue par des…..inondations.

En 1935 l’ère des grands ouvrages est révolue et même si le CEZF effectua quelques travaux on ne peut pas dire que le SD de la Sarre soit capable de stopper une attaque allemande décidée. On trouve quelques rares ouvrages CORF et surtout des ouvrages type MOM (Main d’Oeuvre Militaire) et STG (Service Technique du Génie).

Ce Secteur Fortifié est tenu par plusieurs régiments, un régiment d’infanterie de forteresse (133ème RIF), trois régiments de mitrailleurs d’infanterie de forteresse (69ème 82ème 174ème RMIF) , deux régiments de mitrailleurs d’infanterie coloniale (41ème 51ème RMIC), deux régiments d’artillerie (166ème RAP et 49ème RAMRF) et un bataillon du génie (208ème BGF).

A cela s’ajoute le 24ème Corps d’Armée (24ème CA) qui comprend un régiment de pionniers (624ème RP), un groupement de reconnaissance de corps d’armée (24ème GRCA), un régiment d’artillerie lourde à tracteurs (103ème RALT), un groupe aérien d’observation (GAO-524), le 14ème GRDI, la 26ème DI, le 37ème GRDI et la 42ème DI.

A cela peut s’ajouter des moyens de la 3ème Armée ou de la Réserve Générale. Le 24ème CA va ainsi bénéficier du soutien du 403ème Régiment de Pionniers et de deux bataillons de chars de combat, les 13ème et 36ème BCC équipés respectivement de 45 Hotchkiss H-39 et de 45 AMX-44.

Très vite d’autres moyens vont être déployés à savoir le 184ème RALT (trois groupes de 194GPF sur affûts chenillés Rimailho), le 371ème RALVF ( 1er groupe avec huit obusiers de 400mm modèle 1915 en deux batteries de quatre pièces, 2ème groupe disposant de huit canons de 340mm en deux batteries de quatre pièces et un 3ème groupe avec huit canons de 320mm répartis en deux batteries de quatre pièces) et le 403ème RAAC (Régiment Antichar avec des canons de 47 et de 75mm).

Face au 24ème Corps d’Armée (24ème CA), les allemands alignent la 1.Armee qui comprend trois corps d’armée (23.AK 2.AK et 3.AK) mais cela ne veut pas dire que trois corps d’armée vont attaquer un corps d’armée français puisque les deux corps d’armée doivent également surveiller les autres CA de la 3ème Armée.

C’est essentiellement le 3.AK qui va donner l’assaut au SF de la Sarre, un corps d’armée composée de deux divisions, la 7ème division S.S et la 70.InfanterieDivision sans oublier un régiment d’artillerie lourde de corps d’armée, un bataillon du génie, un bataillon de soutien logistique et un bataillon de reconnaissance de corps d’armée.

Plus au sud le Secteur Fortifié d’Altkirch est défendu par deux régiments d’infanterie de forteresse (171ème et 173ème RIF), deux groupes d’artillerie (III et IV./159ème RAP) disposant de canons de 75mm, de 155mm ainsi que de canons antichars de 47mm et le 208ème Bataillon du Génie de Forteresse (208ème BGF).

A cela s’ajoute les unités de campagne déployées dans le secteur fortifié, unités regroupées sous l’autorité du 28ème Corps d’Armée (28ème CA) avec le 628ème Régiment de Pionniers, le 28ème GRCA, le 120ème RALT, le 32ème GRDI, la 43ème DI, le 20ème GRDI et la 27ème DIAlp.

Le 28ème CA bénéficie également de moyens issus de la 6ème Armée (406ème régiment de pionniers, 6ème et 40ème BCC équipés respectivement de Renault R-40 et d’AMX-44). Si le 195ème RAL (quatre groupes de 220C16) est placé sous le commandement du 28ème CA, le 372ème RALVF et le 404ème RAAC dépendent de la 6ème Armée et non d’un corps d’armée stricto sensu.

En face les allemands vont mobiliser les 8. et 10.AK de la 9ème Armée (9.Armee) soit six divisions d’infanterie (71. 73. 75. 72. 74. et 76.InfanterieDivision) plus des moyens d’appui en attendant l’engagement possible/potentiel/probable du 4.Panzerkorps.

Curieusement les allemands semblent attendre davantage de la flèche sud que de la flèche nord mais c’est toujours difficile de faire ce genre de suppositions.

La première attaque lancée le 22 juin 1949. Les combats sont tout de suite très violents malgré la débauche de moyens. Les allemands persuadés que leurs tactiques vont l’emporter sont très vite déçus.

Si certains ouvrages sont neutralisés, d’autres résistent même une fois encerclés par les allemands qui parfois se concentent de couper l’ouvrage des autres pour le laisser «mourir». D’autres ouvrages sont brièvement repris dans une sorte du jeu du chat et de la souris.

Très vite néanmoins ces deux secteurs plient sous le poids de l’attaque allemande. En dépit de l’appui de l’aviation et de l’artillerie, les troupes françaises doivent se replier en laissant le champ libre aux allemands qui peuvent se tailler deux solides têtes de pont.

Il faudra néanmoins pour cela quatre autres assauts menés les 25 juin, 28 juin, 30 juin et 1er juillet 1949. Le 6 juillet 1949 les deux têtes de pont sont considérées comme impossibles à réduire.

Les 24ème et 28ème CA après neuf jours de violents de combat sont considérés comme en très mauvaise posture. Certes les unités sont encore en ligne mais elles ne peuvent que défendre et seraient bien incapables de passer à l’attaque pour rejeter les allemands sur leur base de départ.

De leur côté les allemands ont subit des pertes sensibles ce qui impose la relève de la 7ème division S.S par la 273.InfanterieDivision et de la 71.InfanterieDivision par la 277.InfanterieDivision, les divisions relevées étant mises au repos en Allemagne pour repos et reconstitution.

Dans les autres secteurs les combats sont moins violents pour la simple et bonne raison que les allemands ne voulaient que fixer les troupes de ligne et les troupes de forteresse pour empêcher que des éléments ne passent sur les secteurs attaqués.

Cette tactique manque de peu de se retourner contre les allemands car le 8 juillet 1949 les français engagent le 27ème Corps d’Armée (27ème CA) dans une vigoureuse contre-attaque dans l’espoir de reconquérir la région d’Altkirch.

Ce corps d’armée on s’en souvient avait été conservé pour éventuellement donner la main à la Confédération Helvétique en cas d’agression allemande.

Comme cette dernière hypothèse à beaucoup perdu de sa superbe, le haut-commandement allié décidé d’engager de corps d’armée dans une contre-attaque.

Es-ce le début de la fin pour l’opération TIGER ? Hélas non car après trois jours de violents combats entre le 10.ArmeeKorps (10.AK) et le 27ème CA (composé essentiellement de la 7ème DI et de la 28ème DIAlp), ce dernier doit se replier mais ce repli n’est pas contesté par les allemands (11 juillet 1949).

En dépit du fait que les deux têtes de pont soit solidement arrimées, les allemands peinent à avancer car harcelés à l’est et à l’ouest.

Les alliés fatiguent peu à peu et de toute façon sur le front nord le repli sur La Somme risque de provoquer un possible envellopement du GA n°2.

Décision est prise à la fin du mois de juillet de se replier vers l’ouest et de laisser les équipages d’ouvrage seuls face aux allemands avec la consigne de tenir le plus longtemps possible avant d’évacuer ou de se rendre.

A la mi-août la majorité des ouvrages est neutralisée, certains sont totalement détruits d’autres vont pouvoir être récupérés par les allemands pour une réutilisation ultérieure comme abri antiaérien, poste de commandement et au moment de la défense du Vaterland comme blockhaus avec des armes allemandes ou françaises quand les munitions étaient disponibles.

Certains ouvrages ne sont neutralisés qu’à la fin du mois d’août et les derniers ouvrages ne vont se rendre qu’au début du mois de septembre !

Les hommes de ces derniers, digne des preux du commandant Raynal (commandant du fort de Vaux pendant la Bataille de Verdun) recevront les honneurs militaires et pourront gagner les camps de prisonniers allemands en défilant tout en conservant leurs armes. Rare exemple de respect quasiment chevaleresque dans un conflit où hélas les crimes de guerre ont été nombreux.

Comme par le passé, les replis sont assurés par les groupements de transport du train et quelques trains (malgré le fait que les gares étaient naturellement visées par les bombardiers allemands) couverts par les unités motomécaniques (GRCA, GRDI, DLM et DCui) souvent organisées en groupements occasionnels pour une mission particulière.

Pologne et Pays Neutres (31) Portugal (11)

Une histoire militaire du Portugal (5) : le Portugal dans le premier conflit mondial

Infanterie portugaise début du 20ème siècle.

Quand la première guerre mondiale éclate le Portugal décide de rester neutre. Cela ne va pas durer et outre les combats en Afrique que nous verrons ultérieurement les soldats lusitaniens vont combattre sur le front occidental.

Le 9 mars 1916 après plusieurs mois de tensions et de vexations mutuelles, l’Allemagne déclare la guerre au Portugal. Le 15 juillet 1916 les britanniques demandent une participation militaire effective.

Soldats du Corpo Expedicionario Portugues (CEP) armés d’une mitrailleuse Lewis

Une semaine plus tard le 22 juillet 1916 est créé le Corpo Expedicionario Portugues (CEP) fort de 55 à 60000 hommes selon les sources, le CEP devant être logiquement placé sous commandement britannique et plus précisément sous celui de la 1ère Armée britannique.

Parallèlement les portugais décident de soutenir la France en créant un corps d’artillerie lourde sur voie ferrée, le Corpo de Artilharia Pesada Independente (CAPI). Ce corps doit comprendre neuf batteries regroupés en trois groupes.

Initialement les portugais n’avaient prévu qu’une division d’infanterie renforcée mais finalement les divisions seront levées sur le modèle britannique. Le CEP va donc devenir un corps d’armée à deux divisions plus des unités d’appui et de soutien. Cela offre plus de souplesse dans l’organisation et l’utilisation.

Mortier Stokes de 75mm

La 1ère Division d’Infanterie du Corpo Expedicionario Portugues (CEP) est organisé de la façon suivante :

-1ère brigade (21ème, 22ème, 28ème et 34ème bataillons plus une batterie de mortiers de 75mm Stokes)

-2ème brigade (7ème, 23ème, 24ème et 25ème BI plus une batterie de mortiers de 75mm Stokes)

-3ème brigade (9ème, 12ème, 14ème et 15ème bataillons plus une batterie de mortiers de 75mm Stokes)

-Unités divisionnaires : trois bataillons de mitrailleuses lourdes, trois bataillons d’artillerie, trois batteries de mortiers de 152mm, une batterie de mortiers de 236mm, trois compagnies de sapeur-mineurs, une compagnie télégraphiste et un bataillon motorisé.

La 2ème Division d’Infanterie du Corpo Expedicionario Portugues (CEP) est organisé de la façon suivante :

-4ème brigade (3ème, 8ème, 20ème et 29ème bataillons plus une batterie de mortiers de 75mm Stokes)

-5ème brigade (4ème, 10ème, 13ème et 17ème bataillons plus une batterie de mortiers de 75mm Stokes)

-6ème brigade (1er, 2ème, 5ème et 11ème bataillons plus une batterie de mortiers de 75mm Stokes)

-Unités divisionnaires : trois bataillons de mitrailleuses lourdes, trois bataillons d’artillerie, trois batteries de mortiers de 152mm, une batterie de mortiers de 236mm, trois compagnies de sapeur-mineurrs, une compagnie télégraphiste et un bataillon motorisé.

Corpo de Artilharia Pesada Independente (CAPI)

Moins connu que le corps expéditionnaire portugais on trouve le Corpo de Artilharia Pesada Independente (CAPI) destiné à appuyer les unités françaises. Le CAPI comprend un état-major, trois groupes mixtes de la taille d’un bataillon et une batterie dépôt. Chaque groupe comprend trois batteries, une équipée de canons de 320mm et les deux autres de canons de 190 et de 240mm. Si le premier modèle est français, les deux autres sont d’origine britannique.

Canons de 320mm sur voie ferrée

A son apogée le CAPI comprends 70 officiers et 1569 hommes mais au printemps 1918 il est tombé à 38 officiers et 553 hommes en raison de la réorganisation des forces portugaises, les deux derniers groupes devant intégrer le CEP, le premier groupe restant sous commandement français.

Le CAPI à été dissous le 30 novembre 1918 mais les soldats portugais ne sont rentrés qu’en avril 1919 après avoir participé au nettoyage du territoire français ravagé par les combats.

Après un entrainement au Portugal, les soldats lusitaniens rallient Brest par voie maritime. Le 6 novembre le CEP prend le contrôle d’un secteur de 18km organisé en trois lignes successives. Le secteur est divisé en quatre secteurs (niveau brigade), chaque secteur disposant de deux bataillons en ligne, un bataillon en soutien direct et un autre en réserve. Chaque division du CEP contrôle deux secteurs de niveau brigade, la troisième brigade de la division étant placée en réserve.

Soldats portugais en position. Ils portent la tenue standard de l’infanterie britannique.

Les soldats lusitaniens connaissent leur baptême du feu dès le 4 juin 1917 dans le secteur de Neuve-Chapelle. L’attaque allemande est repoussée par le 35ème bataillon d’infanterie arrivé seulement deux jours plus tôt. Dans la nuit du 12 juin, une attaque plus intense est repoussée par les 2ème, 3ème et 7ème bataillons.

Le 14 août 1917 le secteur tenu par les portugais subit une violente préparation d’artillerie. Elle est immédiatement suvit par l’infiltration des Stosstrupen, ces unités d’élite véritables précurseurs des commandos. L’assaut mené contre Neuve-Chapelle et Fauquissart est repoussé, des allemands sont faits prisonniers.

Un membre des Stosstrupen

Le 14 septembre 1917 les portugais lancent une contre-attaque locale qui aboutit à la capture de soldats allemands qui sont de précieuses sources pour les SR alliés. Signe qui ne trompe pas, l’ordre du jour de la 1ère Armée cite les faits d’armes des soldats lusitaniens.

Avant que les portugais ne prennent en charge seuls un secteur celui prévu est réduit de 18 à 12km , un secteur divisé en quatre secteurs (Fauquissart, Chapigny, Neuve-Chapelle et la Ferme du Bois).

A l’hiver 1917-1918, le moral des troupes lusitaniennes chute faute notamment de relève et aussi parce que certains se demandent clairement ce qu’ils font là.

Le 2 mars 1918 les allemands attaquent. Le 4ème bataillon d’infanterie recule puis contre-attaque avec l’aide des 12ème et 17ème bataillons. Cette attaque se termine par 146 pertes côté portugais contre 200 pour les allemands.

Les portugais lancent des attaques locales le 9 mars, le 18 mars et le 3 avril 1918. Le lendemain 4 avril 1918, le 7ème bataillon se mutine ce qui pousse les alliés à relever les unités portugaises pour leur permettre de se régénérer.

Le 6 avril 1918 la 1ère division est relevée par la 55th (West Lancashire) Division qui doit étendre son secteur tout comme la 2ème division portugaise. Cette dernière doit être relevée le 9 avril 1918 par deux divisions britanniques mais le matin même les allemands lancent l’opération Georgette. C’est la Bataille de la Lys (7-29 avril 1918).

Pour cette bataille les alliés alignent 118300 à 119040 hommes accompagnés de 118 canons et 60 avions alors que les allemands alignent 86000 à 109300 hommes.

La 6ème Armée Allemande lance huit divisions (35ème DI, 42ème DI, 1ère division bavaroise de réserve, 8ème division bavaroise de réserve qui constituent la 1ère vague, la 2ème vague se composait des 8ème et 117ème DI, 81ème division de réserve et 10ème division de remplacement) de qui frappent le secteur de la 2ème Division Portugaise qui doit se replier en combattant. Cela entraine le repli des unités à gauche et à droite. L’avancée de 15km de long sur 8km de large est bloquée par des divisions britanniques de réserve.

La 4ème brigade est sur le front au nord, la 6ème au centre et la 5ème brigade au sud. A cela s’ajoute la 3ème brigade (1ère division portugaise) qui est en réserve. Les 80 canons portugais doivent faire face à 1700 pièces allemandes.

La 4ème brigade portugaise (8ème et 20ème bataillons d’infanterie au front, 29ème bataillon en soutien et 3ème en réserve) est attaquée par la 42ème division. Les deux bataillons au front résistent mais vers 8h le flanc gauche est menacé d’être enveloppé en profitant de la brèche provoquée par l’effondrement de la 119ème brigade (40ème DI britannique). Les portugais sont obligés de se replier.

La 6ème brigade portugaise est elle assaillie par la 35ème DI allemande. La 8ème division division bavaroise submerge le 17ème bataillon (5ème brigade) en ligne et le 11ème bataillon (6ème brigade) qui était en soutien.

Le 10ème bataillon d’infanterie (5ème brigade) et le 4ème bataillon d’infanterie en soutien parviennent à bloquer et ralentir la progression de la 1ère division bavaroise de réserve. Elle atteint le QG de la 5ème brigade dont le chef le colonel Manuel Martins est tué en combattant.

A 10.30 les batteries d’artillerie sont à leur tour au contact de l’infanterie ennemie. Elles résistent jusqu’à 11.00 avant d’être mises hors de combat. La 2ème division portugaise cesse d’exister comme unité constituée ce qui n’empêche pas certains de s’illustrer.

Anibal Milhais couvre la retraite de ses camarades avec l’aide d’une mitrailleuse légère Lewis ce qui lui vaut le surnom de Soldado Milhoes (Le soldat plus fort qu’un million de soldats). Des renforts britanniques évitent que le repli ne se transforme en débâcle.

La principale brèche fût bloquée par le déploiement de deux divisons britanniques (la 50th [Northumbrian] Division et la 51st [Highland] Division).

Au final le corps expéditionnaire portugais à eu 400 tués et 6500 prisonniers soit un tiers des effectifs en ligne. Les restes du CEP sont regroupés à l’arrière, étant utilisé pour des missions de sécurité et de pionniers. Si pour la 2ème division la guerre est terminée, la 1ère division est de retour sur le front le 16 juin 1918.

En septembre 1918 le CEP est totalement réorganisé avec pour objectif de former trois brigades à neuf bataillons chacune. Fin octobre quatre bataillons sont opérationnels aux côtés d’unités d’artillerie, du génie et de mitrailleuses lourdes. Ces unités vont participer à l’Offensive des Cents Jours (8 août au 11 novembre 1918).

Le jour de l’entrée en vigueur de l’armistice (11 novembre 1918), la 4ème compagnie du 4ème bataillon (ex-23ème bataillon de la 1ère DI) attaque les allemands sur la rivière Scheldt.

La guerre se termine pour l’armée portugaise en Europe avec 2160 tués, 5224 blessés et 6678 prisonniers soit 14000 pertes sur 60000 hommes engagés.

Les soldats portugais ont ainsi combattu en Afrique. D’octobre 1914 à juillet 1915 les allemands présents dans l’actuelle Namibie occupent le sud de l’Angola portugais.

2000 soldats allemands affrontent 12000 soldats portugais avec un bilan de 16 tués et 30 blessés côté allemand, de 810 tués, 638 blessés et 268 prisonniers et disparus côté lusitanien.

La bataille majeure de cette campagne à lieu à Naulila le 18 décembre 1914 et se termine par une victoire allemande. Les portugais ont 69 tués, 76 blessés et 37 prisonniers (3009 hommes, neuf canons et six mitrailleuses engagées) alors que les allemands qui ont engagé 640 hommes, 6 canons et deux mitrailleuses ont 12 tués et 25 blessés.

Si la colonie portugaise est entièrement libérée en juillet, on note des escarmouches jusqu’en septembre 1915.

En novembre 1917 les allemands attaquent au Mozambique avec le 25 novembre la Bataille de Ngomano qui se termine par une victoire allemande.

L’armée portugaise termine le premier conflit mondial avec 7222 militaires tués ainsi que 13 civils dans les colonies mais pour ce dernier chiffre cela ne concerne que les morts liés directement au combat. 82000 civils portugais sont morts des conséquences du conflit. Cela porte le nombre de tués à 89235 soit 1.5% de la population. A cela s’ajoute 13751 militaires blessés.

Une histoire militaire du Portugal (6) : D’une guerre à l’autre

Le 28 mai 1926 l’armée portugaise renverse la première république. Dès le mois de juillet le nouveau régime se préoccupe de réorganiser l’armée en tirant les leçons du premier conflit mondial.

Le concept inspiré du système de milice suisse est abandonné au profit d’un système mixte pour améliorer la réactivité des forces.

Des unités territoriales doivent mailler le territoire avec des unités issues de l’infanterie, de l’artillerie, de la cavalerie du génie……. .

Ces unités formées essentiellement en temps de paix d’officiers et de sous-officiers de carrière doivent servir à l’entrainement du contingent appelé chaque année et en temps de guerre participer à la mobilisation générale.

Batalhoes de Cacadores

Des unités «d’intervention rapide» doivent permettre au gouvernement d’intervenir rapidement en cas de menace aux frontières. On trouve ainsi dix bataillons renforcés appelés Batalhoes de Cacadores (bataillons de chasseurs) et deux brigades de cavalerie.

Les divisions ne doivent être créées qu’en temps de guerre, les divisions territoriales sont supprimées au profit de quatre régions militaires et du gouvernorat militaire de Lisbonne.

En juillet 1936 la guerre d’Espagne éclate. Le Portugal soutien le camp nationaliste via notamment l’envoi de volontaires les Viriates qui vont combattre au sein des unités franquistes et non sous la forme d’unités constituées comme les allemands ou les italiens.

Parmi ces hommes on trouve un certain nombre d’officiers et de sous-officiers de l’armée portugaise (ndA j’ignore si ils étaient détachés ou en congé).

Une nouvelle réorganisation à lieu en 1937. Elle garde l’essentiel de la réforme précédente. Le nombre de régiments d’infanterie passe de 22 à 16. Des unités blindées avec des chars et des autos blindées sont mises sur pied.

La Légion Portugaise une milice politique est intégrée à l’armée. L’Aéronautique Militaire reçoit un commandement central ce qui la rend très autonome voir quasiment indépendante.

Une histoire m ilitaire du Portugal (7) : le Portugal dans le second conflit mondial

Durant le second conflit mondial le Portugal est officiellement resté neutre, une neutralité flexible et évolutive qui arrangeait tout le monde même si cela engendrait des situations baroques comme le déploiement d’avions de patrouille maritime alliés aux Açores pour traquer sous-marins et forceurs de blocus qui ont longtemps utilisé des ports lusitaniens pour un ravitaillement et un entretien sommaire.

Les forces coloniales indépendantes en temps de paix sont placées dès septembre 1948 sous l’autorité de l’armée. Des renforts sont envoyés en Angola et au Mozambique moins en raison d’une menace extérieure que pour éviter une agitation des populations colonisées.

Les moyens sont également renforcés aux Açores. Pas moins de 35000 hommes doivent assurer la défense d’un archipel qui en cas d’invasion du territoire métropolitain aurait du accueillir le gouvernement portugais.

La mobilisation générale de septembre 1948 permet la levée de nombreuses divisions pour défendre le Portugal et ses territoires d’outre-mer.

Une division est déployée pour défendre Porto et le nord du pays, une autre division est déployée pour défendre l’Algarve, une troisième division pour défendre l’Alentejo. Un corps d’armées de trois divisions est chargée de défendre le Campo entrincheirado de Lisboa (Camp retranché de Lisbonne) soit six divisions.

Renault R-35.

A cela s’ajoute six bataillons de chasseurs, deux brigades de cavalerie, des unités d’artillerie et du génie. On trouve également un groupement blindé mécanisé avec notamment deux bataillons de Renault R-35 alors que les autos blindées sont essentiellement déployées au sein des Divisions d’Infanterie et des brigades de cavalerie, une version portugaise de nos «divisions pétrole-picotin».

Aux Açores les 35000 hommes sont regroupés au sein d’une division et d’unités rattachées. En Angola on trouve 5000 hommes (essentiellement des indigènes), 2500 hommes au Mozambique, 1000 au Cap Vert et 1500 en Guinée portugaise.

Les frontières sont renforcées par des blockhaus de campagne entourées de tranchées avec barbelés et champs de mines pour protéger le pays d’une attaque surprise.

Es-ce à dire qu’aucun soldat portugais n’à combattu durant le second conflit mondial ? Non certains lusitaniens vont connaître l’odeur de la poudre durant la deuxième conflagration mondiale.

Soldat espagnol (ou portugais ?) de la Division Azul

Hors de l’armée portugaise stricto sensu on trouve des soldats parlant la langue de Camoes au sein de la Legion Etrangère (portugais exilés de longue date) et au sein de la Division Azul, ces derniers étant souvent des portugais partis durant la Pax Armada travailler en Allemagne et qui pour des raisons diverses ont rejoint une division de volontaires espagnols pour combattre sur le front de l’est mais cela n’à représenté que fort peu d’hommes.

En ce qui concerne l’armée portugaise, elle connait le feu contre l’Afrique du Sud et contre le Japon ce qui était plutôt inattendu. Passons rapidement sur les combats en Afrique qui ne sont que des incidents de frontière provoqués par les opérations de pacification menées par les troupes coloniales portugaises déployées dans la colonie, incidents qui dégénèrent pas en guerre ouverte tout simplement parce que personne n’y à intérêt.

Les combats sont plus violents contre le Japon. Si la petite garnison de Macau résiste pour la forme et dépose vite les armes (les hommes seront internés jusqu’à la fin de la guerre et rapatriés au Portugal à l’automne 1954 non sans que certains aient succombé à la faim, aux mauvais traitements, aux maladies voir à des bombardements alliés) celle défendait Timor résiste plus longtemps pour comme le dira un soldat «pour l’honneur des armes de notre pays». Ils seront eux aussi internés mais certains s’évaderont pour combattre aux côtés des alliés.

En septembre 1954 l’armée portugaise n’à pas vraiment combattu. Très vite l’armée est démobilisée puis réorganisée avec une armée territoriale maillant le territoire à la fois pour des raisons militaires et des raisons politiques.

Une armée dite d’intervention est mise sur pied pour défendre le pays et plus généralement l’Europe en cas d’invasion de l’Europe par les forces soviétiques. Des divisions d’infanterie, une division blindée et différentes unités légères sont ainsi mises sur pied mais c’est une autre histoire.

Dominions (76) Australie (20)

Armes et Véhicules de l’armée australienne

Armes de l’infanterie

Armes individuelles (1) : pistolets et revolvers

revolver Enfield N°2 Mk I.jpg

Enfield n°2 Mk I

La principale arme de poing du soldat australien est le revolver Enfield n°2 Mk I. C’est un revolver de conception classique issu du Mk I qui tirait une lourde cartouche de 11.6mm (.476 Enfield), arme en service de 1880 à 1911 avant d’être remplacée par le n°2 Mk I qui tirait une cartouche plus légère en calibre .38. L’arme mesurait 292mm de long dont 146 pour le canon, pouvait tirer à 22m dix-huit coups par minute sachant que l’alimentation se faisait par un barillet de 6 coups.

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Dominions (49) Afrique du Sud (14)

Armes et Véhicules de l’Armée Sud-Africaine

En dépit de relations souvent conflictuelles et ambivalentes avec Londres, la quasi-totalité des armes de l’Armée de Terre sud-africaines sont d’origine et de fabrication britannique.

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Dominions (25) Canada (25)

Armes et Véhicules de l’Armée Canadienne

Armes de l’infanterie

Les armes de l’infanterie canadienne sont quasi-exclusivement britanniques mais quelques armes américains ont parfois joué les intruses. Il y à des pistolets automatiques et des revolvers, quelques pistolets mitrailleurs, des fusils à répétition, des fusils-mitrailleurs, des mitrailleuses et des mortiers. On trouve également des grenades et des lanceurs antichars PIAT.

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URSS (76) Armée de Terre (24)

Les véhicules de l’armée rouge (1) : les chars de combat

T-34 model 85 2

Maquette d’un T-34/85

Avant-propos

Printemps 1916 voilà dix-huit mois que deux camps se font face à face sur le front occidental, un double réseau de tranchées de 700km allant de la mer du Nord à la frontière suisse. Entre ses deux réseaux, un territoire sinistre et désolé, couvert de trous d’obus et de barbelés, balayés par les mitrailleuses, le no man’s land (le lieu où l’homme n’est pas).

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Italie (55) Regio Esercito (5)

Le Regio Esercito Italiano dans le premier conflit mondial (1915-1918)

En guise d’introduction

En août 1914 l’Europe s’embrase. Des années de tension explosent, le geste inconsidéré d’un étudiant serbe est la flamme qui allume la mèche du baril de poudre qu’était devenue l’Europe. Le mécanisme des alliances fait le reste.

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Italie (51) Regio Esercito (1)

REGIO ESERCITO (ARMEE ROYALE)

Avant-propos

Si vous demandez à une personne lambda quel est le meilleur soldat du second conflit mondial il est peu probable qu’il réponde «le soldat italien» tant colle à la peau du fante une réputation de mauvais soldat.

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Italie (10) Géopolitique & R.I (1)

GEOPOLITIQUE DE L’ITALIE

Réflexions géopolitiques

Si la Méditerranée n’est plus le cœur du monde depuis le 15ème siècle elle reste une zone stratégique pour le commerce, pour la circulation des hommes et des marchandises.

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Italie (7) Histoire (6)

Italie unie Italie unitaire ? (1870-1919)

Politique intérieure et politique extérieure la difficile naissance d’une nation

Cavour

Cavour

En décédant, Cavour aurait murmuré «L’Italie est faite». Elle est faite sur le plan politique même si certains esprits chagrins vont rappeler que des populations italophones étaient toujours sous domination étrangère.

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