Le Conflit (150) Europe Occidentale (115)

Opération ECLIPSE : feu à volonté !

Si franchir le Rhin c’était facile cela se saurait : opérations CREPUSCULE et MAGELLAN

Préambule

Quand les alliés sont parvenus en Belgique et aux Pays-Bas la question se pose de savoir comment faire pour déboucher en Allemagne.

Pas vraiment d’alternatives à un franchissement du Rhin, les hypothèses de débarquement sur les côtes baltes ou sur les côtes de la mer du Nord étant rapidement écartées même pour une diversion.

Les alliés sont pourtant confiants. Ils ont réussit à franchir La Seine sous le feu ennemi avec des résultats contrastés comme nous l’avons vu même si le temps jouait en faveur des alliés bien supérieurs en nombre et en matériel.

Seulement voilà là on parle du Rhin, un fleuve mythique dans la mythologie allemande (et dans l’imaginaire nazi), la dernière «barrière naturelle» protégeant le Vaterland.

Autant dire que les allemands vont se défendre de manière acharnée pour éviter que les alliés ne s’emparent des villes allemandes.

Tout en renforçant le Westwall/ligne Siegfried, les allemands vont préparer leur territoire à se défendre même si ils vont être réticents à construire des lignes fortifiées de peur de démoraliser définitivement les allemands.

Il faut ensuite occuper la rive gauche du Rhin chose tout sauf aisée tant les allemands vont se battre avec acharnement.

Reste à savoir où franchir le Rhin ? Les britanniques militent naturellement pour la voie nord avant de s’emparer des différents ports de mer du Nord pour bloquer définitivement la flotte allemande qui serait alors obligée de se replier sur la Norvège avec des conséquences logistiques majeures : stocks et capacité d’entretien plus limités qu’en Allemagne. De plus eux peuvent arguer qu’ils sont déjà sur le Rhin et qu’il n’y à pas besoin d’opérations intermédiaires avant le franchissement proprement dit.

Les français eux sont partisan d’un franchissement dans leur secteur pour s’enfoncer le plus vite possible dans le territoire tout en confiant aux anglais et aux britanniques la couverture des ailes, les premiers pour neutraliser les ports, les seconds pour empêcher un réduit bavarois. Les britanniques et les américaines peuvent arguer que les français ne sont pas encore sur le Rhin sauf quelques rares secteurs où le franchissement est pour ne rien arranger compliqué.

Finalement l’opération ECLIPSE verra les trois groupes d’armées attaquer en même temps pour créer trois têtes de pont : une aux Pays-Bas, une deuxième en Rhénanie et une troisième entre Strasbourg et Bale.

Une fois les trois têtes de pont solidement établies, il s’agira de foncer le plus loin possible à l’est pour éviter que les soviétiques ne se rapprochent trop de l’ouest. Comme le dira le général Villeneuve «L’Elbe je prends mais si vous m’offrez l’Oder, la Neisse voir la Vistule je prends aussi».

Pour les opérations, la tactique utilisée lors d’AVALANCHE est reprise mais affinée et adaptée à un contexte géographique et tactique différent. Notamment la puissance aérienne allemande était réduite et surtout concentrée à l’est et dans la défense des villes contre les bombardiers lourds français, britanniques et américains. En revanche sur la ligne de contact, les chasseurs, les bombardiers et les avions de reconnaissance portant la Balkenkreuze se font de plus en plus rares.

Même chose pour l’artillerie lourde allemande, la Schwere Artillerie qui quand elle tire est impitoyablement châtiée par son homologue ennemie.

Les unités allemandes, les WestKampfer sont pour certaines encore très solides, d’autres plus friables mais toutes sont motivées à l’idée de défendre leur pays, se retrouvant dans la situation des belges, des néerlandais et des français presque quatre années plus tôt.

En ce qui concerne les unités motomécaniques, quelques «vieilles» Panzerdivisionen sont toujours là aux côtés de PanzerBrigade, des unités allégées jugées plus adaptées au caractère défensif des combats menés par les allemands.

En effet ces unités déployées sur le front ouest comme sur le front est disposent de peu de Panzergrenadiers, d’un peu d’artillerie automotrice et surtout de beaucoup de véhicules blindés de combat.

Pourquoi utiliser le terme «véhicule blindé de combat» et pas char ? Tout simplement parce que les PanzerBrigaden disposent de chars mais surtout d’une majorité de chasseurs de chars et de canons d’assaut aux qualités comme aux limites reconnues.

Plus que jamais les allemands utilisent davantage les Kampfgruppe, les «groupes de combat», des entités conçues pour une mission particulière plutôt que les unités constituées.

Cela avait l’avantage de la souplesse mais cela pouvait se payer au prix d’un manque de cohésion quand le niveau des unités était faible ou qu’elles n’avaient pas l’habitude de combattre ensembles.

Les alliés ont essayé d’imiter les allemands mais si les américains ont à la fin de la guerre organisé leurs Grandes Unités en Combat Command, les français et les britanniques n’ont pas systématisé le processus.

Cela s’explique en grande partie par des résistances intellectuelles que l’on peut aisement valider vu qu’au final ce sont les alliés et non les allemands qui ont gagné la guerre et pas uniquement par leur supériorité numérique et industrielle.

En bref l’opération ECLIPSE c’est quoi ?

Avant de franchir le Rhin, les français doivent rejoindre le fleuve et obtenir des zones aisées pour le franchissement. Dans le cadre de l’opération ECLIPSE, ils lancent deux offensives préliminaires, l’opération CREPUSCULE et l’opération MAGELLAN.

La première engagée le 11 janvier 1953 voit l’engagement de la 1ère Armée Française qui après de violents combats s’empare d’Aix la Chapelle, atteignant l’ancienne capitale de Charlemagne le 15 janvier 1953. Deux semaines plus tard, celle qui se considère comme la meilleure armée française atteint le Rhin, commençant immédiatement à préparer le franchissement du grand fleuve allemand.

La 2nd Army (UK) en profite pour pénétrer en Allemagne et éviter la création d’un saillant entre le 21st Army Group et le GAF-R qui pourrait être utilisé par les allemands pour contre-attaquer mais ces derniers ne sont pas aptes à le faire. Les troupes allemande préfèrent d’ailleurs se replier en combattant sur le Rhin. Ils ont cependant ordre de tenir Cologne le plus longtemps possible

La deuxième déclenchée le 25 janvier 1953 à pour objectif la Moselle, un affluent du Rhin. Les débuts sont compliqués et poussifs pour la 3ème Armée qui doit combattre un ennemi décidé qui à reçu des troupes fraiches (si si les allemands en possède encore à ce stade de la guerre) sur un terrain difficile avec de nombreux fleuves à franchir et sans moyens de pontage suffisants.

Finalement le poids numérique et matériel des alliés finit par l’emport et la Moselle est bordée à la mi-février soit avec un retard de dix jours sur le calendrier initial. Comme le général Villeneuve ne veut prendre aucun risque, il décide de repousser le franchissement du Rhin en espérant qu’un surcroit de préparation facilitera le franchissement et l’exploitation. On connait la suite…… .

Et le Rhin fût franchit (1) : préparatifs

Comme nous l’avons vu plus haut, les alliés ont beaucoup débattu pour savoir où franchir le Rhin, chaque pays militant pour sa zone de responsabilité avec de nombreuses impensées et de nombreuses arrières pensées.

Le général Villeneuve qui s’est finalement résolu à être tout autant un chef de guerre qu’un politicien décide de ménager les egos et les susceptibilitées nationales en offrant à chaque groupe d’armées une zone de franchissement.

Ensuite on pourra toujours privilégier le Commonwealth, la France ou les Etats-Unis pour l’axe principal de progression même si les buts de guerre sont tout autant variés que parfois contradictoires. On comprend dans ces conditions que le «Général Tornade» ait songé à plusieurs reprises d’être remplacé.

Initialement l’opération ECLIPSE était prévue le 5 mars mais le mauvais temps fait grossir le Rhin qui se met à charrier boue, troncs d’arbres et objets divers. Même les mines mouillées par les alliés pour bloquer les navires allemands sur le fleuve sont arrachées et ballotées.

L’opération est reportée le 7 mars puis suspendue tant la météo ne s’améliore pas, génant considérablement les préparatifs logistiques et surtout les opérations aériennes tactiques.

Finalement le jour J est fixé au 17 mars 1953. La légende raconte qu’avant de choisir le jour le général Villeneuve aurait scrupuleusement vérifié qu’il n’y avait aucune victoire anglaise sur la France.

Entre-temps les préparatifs ont été menés tambour battant avec plus ou moins de discrétion même si les allemands qui se savent acculés ne peuvent guère s’y opposer.

On construit et on reconstruit les infrastructures routières et ferroviaires, on remet en service nombre d’aérodromes d’avant guerre qui avaient été réutilisés et parfois modernisés par les allemands.

Des terrains de secours et des terrains tactiques sont également aménagés par des unités du génie pour disperser au maximum les forces aériennes et éviter une frappe dévastatrice sur des aérodromes surpeuplés.

Les routes sont remises en état tout comme les voies ferrées, certaines sont doublées. Les ponts sont renforcés pour supporter des chars, des convois lourds.

Des dépôts sont aménagés, certains existaient déjà avant guerre, d’autres ont été construits par les allemands.

La ligne Maginot est également mise à contribution, certains ouvrages étant utilisés comme dépôts et comme abris. Certains nostalgiques de la «Muraille de France» militent pour réarmer des ouvrages mais le «Général Tornade» leur fait vite comprendre qu’ils avaient une guerre de retard.

Une fois les infrastructures (re)construites, on peut accumuler les quantités incroyables de carburant, de munitions, de vivres, de pièces détachées nécessaires à la guerre moderne.

Les unités logistiques alliées travaillent d’arrache pied permettant aux unités de combat de se préparer à l’acmé de leur carrière militaire : le franchissement du Rhin et la ruée vers la plaine germano-russe, la prise des grandes villes.

Certains espèrent achever la guerre d’ici l’été 1953. En réalité il faudra presque un an de plus pour mettre à genoux les allemands. Était-il possible de faire mieux ? C’est un débat qui déchire la communauté historienne depuis près de 70 ans.

Et le Rhin fût franchit (2) «A côté Avalanche c’était une promenade de santé»

En dépit d’une préparation intense, méticuleuse voir maniaque, nul doute que les officiers, les sous-officiers et les hommes du rang n’en mènent pas large au moment de déclencher l’opération ECLIPSE.

Le 7 mars 1953, le temps s’améliore enfin, il pleut moins, le vent est tombé. C’est comme si la nature avait dit «Bon d’accord je vous laisse une période de calme pour vous mettre sur la tronche mais cela risque de ne pas durer».

Le général Villeneuve ordonne aux forces aériennes d’attaquer tout ce qui bouge et tout ce qui ne bouge pas sur le territoire allemand ou sur les territoires occupés par les fridolins.

Si quelques missions sont menées par des bombardiers lourds, l’immense majorité des missions sont menées par des chasseurs-bombardiers, des avions d’attaque, des bombardiers en piqué et des bombardiers bimoteurs.

Outre les cibles fixes (bases, postes de commandement, routes, ponts), on visait des cibles mobiles notamment les rares convois qui osaient se déplacer en pleine journée malgré les consignes.

Parfois certains convois sensibles se déplaçaient de jour mais sous très haute protection de la chasse allemande qui possédait encore de beaux restes. Cela générait de sérieux combats aériens qui parfois douchaient l’enthousiasme des jeunes pilotes persuadés de l’emporter sur une Luftwaffe très affaiblie.

Le 13 mars 1953, deux jours avant le déclenchement de l’opération ECLIPSE, la Luftwaffe mobilise ses rares moyens de bombardement pour attaquer les aérodromes alliés. Ces derniers sont surpris par cette opération BODENPLATTE.

Plusieurs dizaines d’avions alliés sont détruits et endommagés mais pour des pertes non négligeables en avions et pilotes. Si les alliés sont secoués, très vite, ils se rendent compte que cet assaut était plus spectaculaire que militairement efficace.

Le lendemain 14 mars 1953 l’artillerie donne de la voix. Les pièces lourdes dite de Réserve Générale bombardent les arrières du front, épargnant si l’on peut dire les troupes en première ligne.

L’aviation est également de la partie pour éclairer et couvrir les troupes se préparant au franchissement en attendant de devoir les appuyer. En revanche fort peu de missions de bombardement sont menées sur l’Allemagne pour des raisons de planification et de priorisation.

L’artillerie divisionnaire commence à ouvrir le feu de manière épisodique sur les troupes en première ligne le 15 mars, des bombardements aussi brefs que violents avec un mélange d’obus explosifs et fumigènes pour assommer et démanteler le dispositif allemand.

Le 16 mars 1953 des éclaireurs de combat, des commandos et des sapeurs commencent à franchir le fleuve en pleine nuit pour préparer la mise en place des ponts. Ils utilisent pour cela des embarcations pneumatiques à rame pour des questions de discrétion.

Leur mission est de neutraliser les avant-poste, de déminer des corridors et de priver les allemands de toute information pour leur permettre de réagir le plus vite possible.

Des combats violents ont lieu aussi bien en secteur britannique qu’en secteur français ou encore en secteur américain. Les résultats sont contrastés mais cela met la puce à l’oreille des allemands qui sont confortés dans leur idée qu’un gros truc se prépare. De toute façon les alliés savent depuis longtemps qu’une surprise totale et complète est impossible à obtenir.

17 mars 1953 : Jour J. Les alliés vont franchir ou tenter de franchir le terrain. Peuvent-ils échouer ? Bien sur mais les allemands savent que le temps jouent pour leurs ennemis. Comme jadis les alliés face aux japonais, nombre de soldats allemands, nombre de WestKampfer veulent emporter avec eux le plus de soldats ennemis.

En face les alliés savent les allemands vont être ultra-motivés car combattant à domicile. Ils le savent car il y à quelques années ils occupaient la situation inverse. Aucun risque de condescendance ou de sous-estimation du soldat allemand.

Les plans et les tactiques sont simples et éprouvées. A ce stade de la guerre on ne peut ou on ne veut plus expérimenter, on utilise des tactiques qui ont marché ailleurs, sur d’autres fleuves.

L’aviation et l’artillerie matraquent des cibles soigneusement répérées : postes de commandement, casernes, bunkers, routes, ponts, voies ferrées….. . Point de longs barrages mais des barrages flash, barrages inventés ironie de l’histoire par les allemands pendant le premier conflit mondial.

Es-ce à dire que les barrages massifs appartiennent au passé ? Non bien sur mais ils seront déclenchés quand les troupes au sol franchiront le Rhin pour faire baisser la tête aux Westkampfter.

Le franchissement va se faire avec des chalands de débarquement, des embarcations pneumatiques et des tracteurs amphibies.

La première vague comprend des éclaireurs de combat (pour la coordination des feux), des sapeurs (pour le déminage) et des «commandos» pour s’emparer des avant-postes et éviter d’être culbutés dans le Rhin.

Cette vague est couverte par l’artillerie via un tir de barrage, par l’aviation qui assure essentiellement couverture et éclairage, l’appui-feu étant provisoirement en retrait le temps d’en savoir plus. Des canons d’assaut assurent également des tirs directs pour notamment neutraliser des bunkers.

La deuxième vague concerne les Grandes Unités, des divisions d’infanterie qui pour beaucoup sont devenues entièrement motorisées. Les fantassins franchissent le fleuve sur des embarcations pneumatiques, des tracteurs amphibies et des chalands de débarquement.

Ils relèvent les «commandos» et vont étendre peu à peu les têtes de pont pour permettre la mise en place des ponts pour permettre le franchissement d’abord des chasseurs de chars et des canons d’assaut avant le passage des chars de combat au sein des unités motomécaniques.

Parallèlement, un volet aéroporté est prévu. Toutes les divisions aéroportées vont être engagées. Il était initialement prévu un largage concentré dans une zone précise (certains visaient rien de moins que l’Elbe !) avant de préférer un largage par zone, les britanniques dans leur zone, les français dans leur zone et les américains dans la leur.

Cela désolent certains qui estiment que c’est un gaspillage d’unités d’élite et va à l’encontre de l’unité de la 1ère Armée Aéroportée Alliée qui n’aura jamais l’occasion d’être employé en bloc pour faire basculer la guerre du bon côté.

Quand on connait la suite des événements, on peut se demander si un saut groupé par exemple à l’est du Rhin côté allemand n’aura pas éviter plusieurs mois d’enlisement et de guerre d’usure qui rappelait davantage le premier que le deuxième conflit mondial.

Une fois les têtes de pont consolidées, les unités motomécaniques doivent foncer dans la profondeur du Vaterland et des anciennes Provinces Unies pour tronçonner, découper le dispositif ennemi et ainsi faciliter la désintégration de l’Allemagne nazie.

Cela ne se fera pas en raison de problèmes de coordination, de doutes, d’hésitation et surtout d’une résistance allemande qui montre une surprenante vigueur pour un pays censé être à l’agonie.

C’est clairement cette résistance qui va léver les derniers doutes sur l’opération BOREALIS qui bien que décidée bien avant était toujours en sursis. Les opposants à cette opération auront néanmoins beau jeu de dire que les troupes réservées au débarquement en Scandinavie auraient été précieuses pour abréger le conflit en frappant bien plus vigoureusement l’Allemagne.

Comme à Fontenoy ce sont les anglais pardon les anglo-canadiens qui ouvrent le feu en premier pour libérer les Pays-Bas du joug allemand.

Le gouvernement néerlandais en exil avait demandé que des unités de l’ABL soient engagés mais comme l’Armée Belge Libre était sous commandement français cela se révélera impossible.

Néanmoins pour le symbole et pour la connaissance du terrain le commandant du 21st Army Group (UK) accepta que des éclaireurs néerlandais ou néerlandophones soient détachés auprès des unités de tête pour faciliter la progression une fois le Rhin franchit.

Ces éclaireurs étaient issus des divisions néerlandais ce qui fit craindre au commandement de l’ABL une saignée des effectifs mais fort heureusement ce ne fût pas le cas.

Après des frappes aériennes, l’artillerie lourde de corps d’armée et l’artillerie des groupes de réserve prend le relais pour des frappes ciblées afin d’accentuer les attaques aériennes. On cherche à démanteler, à désorganiser plus qu’à détruire.

Alors que les troupes de combat se préparent à franchir un fleuve énervé et tumultueux, les lance-roquettes multiples entrent en scène pour dresser un écran fumigène.

Les premiers à franchir le fleuve sont donc comme nous l’avons vu des éclaireurs de combat, des sapeurs et des «commandos» pour s’emparer des avant-postes.

Ce ne sont cependant pas les premières troupes engagées puisque quelques heures plus tôt entre chien et loup, la 1st Airborne (UK) ayant été larguée au nord du Rhin pour faciliter le franchissement avec un résultat mitigé.

En effet le mauvais temps à entraîné une forte dispersion et si les troupes aéroportées sont habituées à combattre seules, encerclées et par petits groupes, elles ne peuvent pas faire des miracles. Cela ne peut que donner du grain à moudre à ceux qui avaient milité pour un engagement groupé de la totalité de la 1ère Armée Aéroportée Alliée.

Le largage n’est cependant pas totalement improductif car il va forcer les allemands à monter ce qu’on pourrait appeler des groupes de chasse pour tenter de neutraliser les parachutistes anglais qui pour certains vont se planquer et attendre l’arrivée de la cavalerie qui comme chacun sait arrive toujours après la bataille (NdA ça va doucement les cavaliers c’est une vanne).

Le franchissement à lieu à l’est de Dordrecht. Il se passe sans problèmes les allemands sachant parfaitement qu’ils ne peuvent pas vraiment repousser une telle offensive. Ils laissent quelques groupes en arrière pour retarder la mise en place des ponts pour permettre le franchissement des unités motomécaniques canadiennes et britanniques.

L’artillerie allemande tente de contrer le travail des sapeurs et des pontonniers avec mine de rien quelques résultats, plusieurs ponts sont détruits, certains dépôts sont également détruits par les quelques avions allemands notamment un drôle d’engin appelé Mistel combinant un gros bimoteur bourré d’explosif (généralement un Ju-88) et un monomoteur chargé de le conduire jusqu’à destination. Son efficacité s’est révélé inversement proportionnelle à la peur et à la psychose suscitée.

Les premières troupes du 21st Army Group franchissent donc le Rhin le 17 mars, les combats pour s’ancrer fermement sur la rive nord ont lieu du 17 au 20 mars avec plusieurs contre-attaques allemandes qui sont certes repoussées mais cela génére incertitudes et pertes.

Les premiers pont sont mis en place dans l’après midi du 19 mars mais comme nous l’avons vu ils sont détruits ou endommagés par l’artillerie et les fameux Mistel. Après une brutale réaction de la chasse anglo-canadienne et de l’artillerie, les ponts sont (re)construits le lendemain.

La situation étant jugé suffisamment stabilisée, les chars vont pouvoir passer sur la rive nord et ainsi reconquérir le reste des Pays-Bas occupé depuis bientôt quatre ans.

Les britanniques de la 1st Army (UK) sont les premiers à être engagés. Ils forment le «poing d’acier» du 21st Army Group (UK), les autres armées doivent franchir le Rhin par la suite.

Pour cette opération, la 1ère Armée britannique aligne le 1st British Corps (52nd Lowland Infantry Division et 4th Infantry Division), le 2nd British Corps (2nd Infantry Division et 50th Northumberland Division) et le 3rd British Corps (6th Infantry Division et 48th South Middland Division) soit six divisions d’infanterie auxquelles il faut ajouter le 1st British Armoured Corps (2nd Armoured Division, 8th et 10th Independant Armoured Brigade) mais aussi des divisions en réserve d’armée (1st Infantry Division, 1st Armoured Division, 44th Home Counties Division et 3rd Infantry Division).

La 52nd Lowland Infantry Division est la première à franchir le fleuve suivit de la 2nd Infantry Division et de la 48th South Middland Division. Ces trois divisions doivent se battre avec acharnement contre les allemands du 7.Armee Korps (7.AK) qui ne laissent par leur part aux chiens si je peux parler familièrement.

Les divisions allemandes subissent de lourdes pertes mais leur résistance évite que la retraite se transforme en désastre. Les britanniques ayant besoin de reprendre leur souffle, les allemands se replient en bon ordre. Encore cette incapacité des alliés à profiter du flottement au sein des troupes allemandes pour porter un coup décisif.

Les autres corps d’armées allemands (5.AK et 9.AK) résistent également fermement bien soutenu par un 1.Pzk qui mènent de violentes et brève contre-attaques qui gènent considérablement les britanniques.

Le lendemain, les autres divisions en ligne (4th ID 50th Northumberland Division 6th ID) commencent à passer sur la rive nord du Rhin pour renforcer la tête de pont anglo-canadienne.

En revanche les blindés restent sur la rive sud à la fois parce qu’il faut construire les ponts et surtout pour éviter une thrombose logistique et opérationnelle.

Ce n’est que le 25 mars 1953 que le 1st British Armoured Corps (1st BAC) commence à passer le Rhin pour se préparer à exploiter les percées faites par les trois corps d’armées d’infanterie. En revanche les divisions en réserve d’armée restent sur la rive sud.

Cette partie des Pays-Bas à connu un hiver 1952-1953 particulièrement pénible et éprouvant avec un froid glacial, des pluies particulièrement abondantes rendant la vie des civils compliquée.

La nourriture vint à manquer et si les alliés vont larguer des vivres, ceux-ci étaient souvent détournés par les allemands. Voilà pourquoi l’hiver 1952/53 est resté dans les mémoires néerlandaises comme le Honger Winter (l’hiver de la faim).

Es-ce le début d’une folle chevauchée ? Encore une fois non car les alliés semblent manquer de punch, d’énergie pour décrocher un uppercut décisif dans la mâchoire allemande.

Encore aujourd’hui il est difficile de comprendre comment les britanniques ont pu mettre autant de temps pour libérer les derniers arpents du territoire néerlandais.

Certes le terrain était difficile _plaines gorgées d’eau, nombreux fleuves à franchir, villes transformées en forteresses_, la résistance allemande acharnée mais tout de même….. .

En face les allemands utilisent la défense totale, plus un pas en arrière. Nombre de soldats allemands se font tuer sur place ou lancent des charges désespérées ce qui revient pour ainsi dire au même.

Les différentes villes néerlandaises tombent les unes après les autres. Le territoire néerlandais est totalement libéré à l’été 1953 à une époque où le front occidental n’est pas bloqué mais gelé tant la résistance allemande à surpris les alliés par sa vigueur. L’image de la bête blessée qui se défend bien mieux qu’un animal en pleine forme prend ici tout son sens….. .

Successivement Rotterdam est reprise le 4 avril, La Haye le 8 avril 1953, Amsterdam le 15 avril, Utrecht le 24 avril, Arnhem le 1er mai, Zwolle le 14 mai 1953, Groninguen le 2 juin et après des opérations de nettoyage la frontière néerlando-allemande est entièrement bordée le 22 juin 1953.

A noter que tout le territoire néerlandais n’à pas été libéré après des combats, certains territoires notamment des îles ont été évacuées par les allemands et donc occupées par les anglo-canadiens sans combat. Tenir garnison dans ces îles de Frise allait devenir une affectation prisée pour certains soldats considérant avoir trop fait la guerre….. .

La 1st Army doit se préparer à foncer en Allemagne mais foncer à la mode britannique cela va s’en dire. De toute façon des divisions doivent être relevées pour permettre à leurs soldats de prendre un peu de repos.

C’est ainsi que la 1st ID «The French Division» va remplacer la 52nd Lowland Infantry Division, la 1st Armoured Division va remplacer la 2nd Armored Division, la 44th Home Counties Division va remplacer la 50th Northumberland Division et enfin la 3rd Infantry Division va remplacer la 6th Infantry Division.

Les Pays-Bas ne sont pas les seuls objectifs du 21ème Groupe d’Armées Britannique. En effet la limite entre le 21st Army Group (UK) et le Groupe d’Armées Françaises du Rhin (GAF-R) se situe au nord de Cologne.

Des territoires allemands sont donc visés par les anglo-canadiens. Néanmoins dans un premier temps les troupes déployées entre Nimégue et Cologne reçoivent comme ordres de fixer les troupes allemandes sans franchir le Rhin.

C’est le cas de la 1ère Armée Canadienne avec ses deux corps d’armées composés pour le premier de la 3ème Division d’Infanterie et la 2ème Division Blindée alors que la seconde disposait de la 1ère Division Blindée et de la 4ème Division d’Infanterie.

Comme pour la 1ère armée britannique, des divisions sont en réserve d’armée à savoir les 1ère et 2ème Division d’Infanterie.

C’est aussi le cas de la 2nd Army (UK) qui comprend trois corps d’armées, le 4th British Corps(58th Northumbrian Division 49th West Ridding Infantry Division), le 5th British Corps (55th West Lancashire et 42nd East Lancashire) et le 6th British Corps (5th Infantry Division et 46th North Middland Division). Elle dispose en réserve d’armée de trois divisions d’infanterie : 51st Highland Division, 54th East Anglian Infantry Division et la 38th (Welsh) Infantry Division.

L’artillerie bombarde copieusement les positions allemandes, les chasseurs-bombardiers volent en essaims en attaquant toute concentration de troupes et tout convoi surpris à découvert. Les troupes au sol simulent des franchissements pour encore et toujours fixer les troupes allemandes qui se demandent à quel jeu pervers jouent les troupes alliées de leur secteur. En effet certaines unités lançaient des barges avec mannequins pour simuler un franchissement obligeant les allemands à dévoiler leurs positions, positions bombardées par l’artillerie. De quoi rendre fou n’importe quel WestKampfer.

De toute façon il est peu probable que les allemands auraient pu déplacer des troupes vers le nord pour soutenir les troupes allemandes malmenées aux Pays-Bas car il ne fallait pas être un génie pour imaginer la réaction des alliés si des mouvements importants avaient été détectés en ce sens.

Dans la nuit du 18 au 19 mars, des soldats allemands s’infiltrent sur la rive gauche du Rhin au nord de Cologne. Contre-attaque ? Non pas vraiment mais un raid commando d’ampleur mené par la Brigade Valkyrie, une brigade commando de l’«Ordre Noir».

Ce raid surprend les troupes britanniques. Comme souvent dans ces moments là, c’est un panique à bord. On les voit partout et surtout on tire partout.

Des dépôts de carburant et de munitions sont détruits, des sentinelles sont égorgées, des prisonniers faits. Après quelques heures de panique, les britanniques se ressaisissent et capturent la majorité des assaillants qui heureusement pour eux vont être considérés comme prisonniers de guerre.

Cette opération va faire plus de mal que de bien pour les allemands qui dans les jours qui vont suivre vont tenter de nouvelles opérations avec des échecs cuisants à chaque fois….. .

Même chose pour l’aviation qui va tenter quelques coups d’épingle dans le dispositif allié dans l’espoir de semer la mort et la désolation.

Pour cela outre les chasseurs-bombardiers Fw-190 et les bombardiers bimoteurs Ju-288, on trouve quelques bombardiers à réaction comme l’Arado Ar-234 qui va mener des «attaques éclairs» contre des cibles d’importance.

Les alliés ne vont pas tarder à déployer leurs premiers chasseurs à réaction et les rares témoins au sol vont comprendre que le combat aérien est sur le point d’entrer dans une nouvelle ère. Il faut cependant reconnaître que les avions à réaction ne vont réaliser qu’une infime partie des opérations aériennes sur le front occidental, les avions à moteur à piston étant en quasi-position de monopole.

Le Conflit (137) Europe Occidentale (102)

Phase 3 : opération ARCHANGE (7 décembre 1951) : enfin la percée ?

Quelles opérations aéroportées pour la reconquête ?

Si l’opération ARCHANGE est la première opération aéroportée majeure en Europe, elle aurait pu être précédée d’autres puisque plusieurs projets ont été étudiés dans le cadre d’une manœuvre d’ensemble. Rendons à César ce qui est à César ce sont les français qui ont réalisé la première opération aéroportée alliée en sautant près de Dijon pour couvrir le repli du GA n°2.

Rappelons rapidement que l’Option A ne prévoyait pas d’opération aéroportée stricto sensu mais que la volonté de foncer le plus vite possible en se moquant de la sureté des flancs rendrait possible le déclenchement de sauts tactiques pour déstabiliser, fragmenter le dispositif allemand et favoriser la percée ultérieure.

Même chose pour l’option B qui prévoyait un double percée et un encerclement sur la Somme (NdA tiens tiens) des troupes allemandes. Nul doute qu’un tapis de troupes aéroportées sur cette rivière symbolisant la violence de la guerre aurait pu faciliter une telle opération surtout pour déborder la ligne fortifiée WOLFGANG.

Seule l’option C prévoyait une véritable opération aéroportée au nord de Paris. Il s’agissait de «sauter» la ligne fortifiée ALARIC (voir pour les plus gourmands la ligne ATTILA), de dégager Paris pour éviter une sorte d’«opération kamikaze» contre la capitale pour déstabiliser les alliés.

Comme nous le savons c’est l’option D qui à été retenue, option qui ne prévoit pas d’opération aéroportée majeure, laissant les paras français, britanniques et américains l’arme au pied au grand dam de ces derniers même si il est évident que ce n’était que partie remise….. .

Après la stabilisation du front sur la Somme les alliés sont bien décidé à forcer le destin en allant beaucoup plus vite. La question est de savoir comment et ça c’est tout sauf évident, six mois de durs combats avec une supériorité numérique, tout cela avait rendu les alliés prudents peut être trop.

L’audace est à l’ordre du jour voilà pourquoi au PC ATLANTIDE II cela phosphore sévère parmi les «grosses têtes» de l’état-major. Plusieurs options pour faire sauter le verrou sont envisagées :

-Un débarquement amphibie au nord de la Somme, une tête de pont solide, inexpugnable d’où partiraient des unités motomécaniques en direction du Rhin pendant que le reste du front maintiendrait les troupes allemandes sous pression en les grignotant.

-Une percée sur plusieurs zones du front avant l’introduction d’unités motomécaniques _probablement françaises_ pour que les pinces se referment le plus à l’est possible pour encercler le gros des forces armées allemandes. Ironie de l’histoire c’est un modus operandi très allemand.

-Une opération aéroportée majeure impliquant plusieurs divisions parachutistes pour créer une sorte de tapis sur lequel passeraient des unités motomécaniques puis des unités d’infanterie.

C’est ce dernier scénario qui va être choisit pour enfin engager la 1ère Armée Aéroportée Alliée y compris la 11ème DP qui avait été engagé avec le succès mitigé que l’ont sait.

En réalité seules la 11ème DP, les 82nd et 101st Airborne Division vont être engagées au grand dam des britanniques qui ne vont pas participer à la fête.

Le plan est simple : un largage à 20km au nord de la ligne WOLFGANG, la création de corridors au profit des unités motomécaniques alliées (françaises, britanniques et canadiennes) qui vont être chargées de tronçonner le dispositif allemand sans se préoccuper des flancs, laissant aux unités de ligne le soin de tout nettoyer.

L’objectif est de border non pas la ligne GOTHIC mais la ligne WAGNER qui suit la frontière belge avant de se connecter au Westwall (la ligne Siegfried) en revanche la percée n’est pas envisagée probablement pour éviter la déception d’objectifs trop grand non remplis. En revanche si une opportunité se présente…… .

Archange est déclenchée !

Le 3 décembre 1951 l’aviation alliée lance une série de raids aériens pour bloquer l’arrivée potentielle de renforts.

Les bombardiers, bombardiers en piqué et chasseurs-bombardiers qu’ils soient français, canadiens, belges, néerlandais, britanniques et américains se lancent dans une série de bombardements. Ils s’occupent principalement du front et de ses arrières immédiats.

Les bombardiers bimoteurs et quelques bombardiers quadrimoteurs mènent des opérations sur des cibles de grande taille avec notamment la pratique du carpet bombing dont l’efficacité est largement surestimée par les état-major.

Comme le dira un troupier anonyme «le carpet bombing est plus dangereux pour nous que pour l’ennemi. Faut dire que nos aviateurs et la précision ça fait deux». Les principaux intéressés apprécieront…… .

Les chasseurs-bombardiers eux même plutôt des opérations à la bombe légère et à la roquette. Ils visent des convois automobiles plus ou moins camouflés, des positions d’artillerie, des postes de commandement, des bunkers….. .

Les frappes aériennes sont particulièrement efficaces. Il faut dire que les officiers d’état-major ont bien calculé leur coup, ont tiré les leçons des opérations précédentes. De plus les aviateurs ont bénéficié de l’aide d’éclaireurs avancés voir d’éléments infiltrés derrière les lignes ennemies.

Après deux jours d’intenses opérations (3-4 décembre 1951), les alliés ont clairement pris le dessus et les allemands ne sont guère en mesure de s’opposer à une opération aéroportée d’envergure.

Il faut dire que tous les moyens de transport alliés vont être engagés qu’ils soient français, britanniques, américains ou même canadiens et belges. Toutes les autres opérations de transport sont d’ailleurs mis en sommeil comme les convois transatlantiques avaient été stoppés pour l’opération AVALANCHE.

L’opération aéroportée est d’abord prévue le 5 décembre 1951 à l’aube mais le mauvais temps va clouer les appareils de transport et de combat sur leurs aérodromes.

Pour éviter que les allemands ne relèvent trop la tête l’artillerie lourde alliée est chargée de maintenir les allemands sous pression.

L’opération est reportée de 24 puis de 48h. Elle est finalement déclenchée le 7 décembre 1951 à l’aube. Le largage est nocturne mais se passe dans l’ensemble plutôt bien. Dans la nuit des éclaireurs ont été largués pour installer des balises de guidage.

La première vague est larguée sur les coups de 04.45. La zone de largage ou Drop Zone est située à 20km au nord de la ligne WOLFGANG. Il y à une relative dispersion mais les allemands assommés ne sont pas en mesure de mener une contre-attaque décidée.

Pour qu’il n’y ait pas de jaloux, les différentes divisions sont engagées dans cette première vague, les français sautent en premier suivis des américains.

Selon la légende pour définir l’ordre de largage des différents régiments français, on organisa des combats de boxe anglaise entre les meilleurs puncheurs de chaque régiment. Voilà pourquoi le 3ème RCP va être largué en premier suivit du 4ème RCP, le 1er RCP fermant la marche.

Côté américain, la 82nd Airborne comprend quatre régiments d’infanterie, trois régiments parachutistes (504ème, 505ème et 507ème RIP) et un régiment d’infanterie aérotransporté par planeur (325ème) alors que la 101st Airborne comprend trois régiments d’infanterie aéroportée (501ème, 502ème et 506ème) et un régiment d’infanterie aérotransporté (327ème).

La deuxième vague est larguée à 07.30 alors que le jour commence à pointer le bout de son nez. Il est plus difficile que le premier mais la résistance allemande cesse rapidement.

La troisième vague est larguée à 11.30 avec notamment les armes lourdes. Des planeurs sont chargés de déposer les pièces d’artillerie du 8ème RAP et les chars légers M-24 Chaffee utilisés par les parachutistes français. Bien entendu des planeurs américains font pareil pour déposer des obusiers de 105mm légers et des M-24 Chaffee.

Ce saut aéroporté est considéré comme un modèle du genre : concentration des largages, faible dispersion, faible résistance au sol. «On n’à pas fait mieux jusqu’à l’apparition de l’hélicoptère» dira un officier planificateur.

Le haut-commandement allié ne perd pas de temps. Dès le lendemain 8 décembre, l’artillerie des corps d’armée en ligne ouvre un feu nourri et ciblé. Je vais peut être me répéter mais le temps des barrages interminables comme trente ans plus tôt est révolu. On frappe fort mais c’est bref, brutal et surtout ciblé. «Plutôt qu’anéantir on préférer démanteler, démantibuler» dira un officier d’artillerie anonyme. En dépit des précautions, les parachutistes alliés sont touchés par des «tirs amis».

Les unités en ligne passent à l’assaut mais leur rôle s’arrête à obtenir la percée pour permettre l’introduction des unités motomécaniques. Selon nombre d’historiens contemporains, l’opération ARCHANGE est la seule opération militaire alliée que l’on peut comparer à l’art opératif tel qu’il à été théorisé par les soviétiques.

L’ensemble du front est concerné y compris les unités alliées situées loin de la zone où les divisions aéroportées alliées ont été larguées. Comme toujours il s’agit de maintenir les allemands sous pression.

Sur l’ensemble du secteur couvert par le GA n°1 plusieurs percées sont obtenues, percées dans lesquelles le corps blindé canadien, le corps blindé britannique, les 1er et 2ème CCB vont s’engouffrer sur les arrières de l’ennemi qui est sérieusement bousculé. Les Landser vont cependant parvenir cahin caha à se replier sur la ligne WAGNER.

Une fois l’exploitation acquise, les troupes aéroportées vont être progressivement relevées par les unités en ligne avant de revenir sur leurs bases arrières pour préparer de nouvelles opérations majeures. On parle déjà d’un saut sur le Rhin voir carrément sur Berlin !

Ca c’est pour les grandes lignes. En détail cela va donner les combats suivants qui vont aboutir à la libération de la totalité du territoire français ou peu s’en faut !

Les canadiens tirent les premiers. Longeant les côtes de la Manche, les canucks traversent la Somme et libèrent enfin Abbeville le 10 décembre 1951, une ville détruite à 75%.

L’Armée Canadienne en France (ACF) engage très vite son corps blindé qui perce très vite vers le nord.

Les ordres sont clairs : foncer vers le nord tout droit sans se poser de question et ainsi couper les allemands de la Manche même si les historiens se demandent si cela avait un intérêt de priver les allemands d’un accès à la mer. Ce serait faire peu de cas de l’inconfort que connait tout soldat d’être attaqué sur son flanc.

Les allemands résistent pied à pied, certaines unités se faisant tuer sur place, d’autres résistant de manière plus «intelligente» en optant pour une défense élastique.

Es-ce à dire que les différents ports du nord vont tomber sans coup férir ? Hélas pour les alliés non et les allemands vont tenter de faire des ports de Boulogne sur Mer, de Calais et de Dunkerque des festung, des forteresses sur lesquelles les alliés vont buter. En réalité les canadiens vont se contenter de surveiller ses forteresses, de les noyer dans un torrent de feu au cas où elles se montreraient plus remuantes que prévues.

Finalement Boulogne sur Mer va se rendre le 21 décembre 1951, Calais le 4 janvier 1952 et Dunkerque le 12 janvier 1952.

Sur le flanc est des canadiens, on trouve l’Armée Belge Libre (ABL) qui va enfin être engagée après avoir passé des mois en réserve. Autant dire que les belgo-néerlandais sont particulièrement motivés d’autant qu’ils s’approchent de leurs pays d’origine.

En absence de corps blindés néerlando-belge, les trois corps d’armée de l’ABL doivent percer et ouvrir le chemin à un corps motomécanique français en l’occurrence le 1er CCB. Celui parvient à percer loin dans le dispositif ennemi mais plus il s’enfonce et plus il rencontre une résistance acharnée des allemands qui cherchent à se replier sur la ligne WAGNER.

A l’est des belges, on trouve la 2nd Army (UK) qui engage ses trois corps d’armée d’infanterie pour relever progressivement les unités parachutistes qui peuvent se replier vers l’arrière pour être régénérés et préparés à une nouvelle opération.

Ces trois corps vont ouvrir des brèches dans le dispositif allemand pour permettre l’introduction du 1st British Armoured Corps qui va encercler de nombreuses unités allemandes en faisant sa fonction le 15 décembre 1951 avec le 1er CCB.

Les grandes villes du nord sont libérées les unes après les autres : Lens tombe le 12 décembre, Valenciennes le 13 décembre, Lille le 15 décembre.

La 3ème Armée Française n’est pas directement concernée par l’opération ARCHANGE car les troupes aéroportées ont été larguées dans les zones de responsabilité canadiennes, belges et britanniques. Elle maintient les troupes allemandes sous pressions par de vigoureuses attaques pour empêcher tout transfert de troupes d’un secteur à l’autre.

Les allemands sous pression doivent se replier permettant à cette armée de libérer à la fin du mois de décembre les villes de Charleville-Mézières et de Sedan respectivement les 23 et 24 décembre 1951.

Les américains jouent le même rôle que la 3ème Armée Française en fixant les allemands et en profitant du repli allemand pour libérer les grandes villes du nord-est et de l’est.

Longwy tombe le 17 décembre 1951, Verdun le 21 décembre 1951, Thionville le 25 décembre et Metz le 27 décembre 1951.

Les deux armées américaines sont en compétition pour libérer le maximum de villes. Bien que novice la 7ème Armée se montre à la hauteur de la 3ème Armée plus expérimentée.

Couvrant le flanc oriental du dispositif américain, on trouve la 6ème Armée Française puis la 2ème Armée Française, ces deux armées vont d’abord maintenir les allemands sous pression avant de passer à l’assaut pour notamment libérer les grandes villes de l’est de la France, libérer les derniers arpents du territoire national.

Nancy tombe le 28 décembre 1951, Epinal le 30 décembre 1951, Belfort le 2 janvier 1952, Mulhouse le 3 janvier 1952, Colmar le 4 janvier 1952 et Strasbourg le 6 janvier 1952.

Pour la France, la guerre se termine pour ainsi dire le 7 janvier 1952 quand les derniers arpents du territoire national sont libérés. En réalité il faudra encore quelques jours de plus pour que le territoire française soit totalement sécurisé.

C’est le début d’une période tendue avec le déminage du territoire, les débuts de la reconstruction et la nécessité de maintenir l’ordre dans des territoires ou de pseudos-résistants veulent se venger de personnes accusées d’avoir collaboré avec l’ennemi.

Bilan d’une opération majeure (qui en appelera d’autres)

Quel bilan peut-on faire de l’opération ARCHANGE ? Il est plutôt positif car la percée à été obtenue et le territoire français entièrement libéré puisque les allemands se sont repliés sur le frontière belge, sur le Westwall et le Rhin.

En revanche encore une fois les alliés n’ont pu obtenir la «percée décisive» et ebranler suffisamment les allemands pour les empêcher de se rétablir sur un front cohérent et continu.

Les raisons sont encore et toujours la «friction» chère à Clausewitz et selon certains un manque de mordant de certaines unités mais aussi un manque de chance et un manque d’informations.

Les interrogatoires d’officiers allemands menés après guerre réveleront aux alliés qu’ils sont passés à un cheveu d’une victoire bien plus rapide et bien plus brillante.

En effet à plusieurs reprises il y eut une véritable panique au sein de l’état-major de l’Heeresgruppe Frankreich qui ne savait plus où axer son effort défensif.

Avec une morgue intacte, un colonel allemand dira à un capitaine français l’interrogeant «Si vous aviez été plus durs vous auriez été meilleurs» et le capitaine Villemoret de répondre «Dites moi her oberst qui à gagné la guerre vous ou nous ?».

Sur le plan tactique les alliés ont amélioré la coordination air-sol et surtout la tactique opérative chère aux soviétiques.

Sur le plan stratégique, les alliés se fixent comme prochains objectifs de libérer le Benelux d’ici la fin 1952 puis de basculer en Allemagne le plus vite possible pour aller jusqu’au cœur du Vaterland et ainsi éviter une troisième guerre mondiale.

Et côté allemand ? Face à la puissance de l’opération ARCHANGE les allemands ne peuvent qu’échanger de l’espace contre du temps. Ils mènent une politique de terre brulée, détruisant tout ce qu’ils ne pouvaient pas emporter.

Une partie des habitants est déportée, d’autres s’enfuient, certains sont massacrés après s’être rebellés. Des villages détruits ont ainsi été laissés en l’état comme souvenir des crimes allemands, crimes qui furent vengés avant et après guerre et pas toujours en passant par la case tribunal si vous voyez ce que je veux dire….. .

Sur le plan militaire, les divisions allemandes se replient sur la ligne WAGNER. Cette dernière est longtemps resté assez lâche, assez légère mais avec la destruction des lignes la précédant, la ligne W fût renforcée avec des obstacles, des positions supplémentaires, le déploiement de troupes pour couvrir le repli des unités présentes sur WOLFGANG et GOTHIC.

La question est de savoir si il faut défendre le Benelux ou se replier sur le Vaterland. Les deux écoles ont leurs arguments mais comme souvent le haut-commandement allemand décide de ne pas choisir.

En clair la décision est prise de défendre fermement mais pas trop sur la ligne WAGNER (en clair éviter de se consommer sur la frontière franco-belge) mais d’envisager déjà d’abandonner les conquêtes du printemps et de l’été 1949 pour défendre l’Allemagne et le Reich censé durer 1000 ans même si en cette fin 1951 c’est plutôt mal parti

Le Conflit (57) Europe Occidentale (23)

A l’ouest rien de nouveau ou presque

En guise d’avant-propos

Les deux ennemis vont-ils se sauter dessus immédiatement ? Non une «drôle de guerre» se trame sur le front occidental. En attendant la prochaine offensive majeure qu’elle vienne de l’est ou de l’ouest, des combats ont lieu sur terre mais aussi dans les airs.

Dans les airs les aviations des deux camps vont mener des bombardements pour fragiliser le dispositif ennemi en s’attaquant à son industrie, à ses infrastructures et bientôt à ses villes en espérant pousser les populations à demander la paix avec le succès qu’on connait.

Ces bombardements vont se heurter à la riposte de l’ennemi, riposte passant par la chasse et par la DCA. Les bombardements de jour se doublent très vite de bombardements de nuit imposant de nouvelles techniques et de nouvelles tactiques.

Certes la France possédait des unités de chasse de nuit mais en réalité tout restait à faire notamment la mise en place de radars, de systèmes de communication, la mise en place de tactiques adaptées…… .

Au sol français et allemands se regardent si l’ont peut dire en chien de faïence depuis leurs lignes fortifiées respectives, le Westwall ou Ligne Siegfried côté allemand, la Muraille de France ou Ligne Maginot côté français.

Entre les deux un gigantesque no-man’s land, une zone où les populations civiles ont été évacuées, zone où vont opérer agent de renseignement et surtout des petites unités connues en France sous le nom de Groupes puis de Corps Francs.

Ce sont les prémices d’une glorieuse histoire qui allait aboutir ultérieurement à la création d’unités aussi célèbres que le Corps Franc du Nord (CFN), le Corps Franc des Balkans (CFB), le Corps Franc d’Afrique (CFA) ou encore en Asie le Groupement Mixte Commando (GMC). N’oublions pas bien entendu le Bataillon de Choc.

Des combats sporadiques ont lieu avec parfois des duels d’artillerie mais il s’agit davantage de maintenir la pression que d’aboutir à l’offensive avec un grand O.

De toute façon les deux camps sont très occupés en Scandinavie et l’hiver arrive rapidement, annulant toute possibilité d’une offensive majeure à l’ouest.

Comme jadis les armées vont prendre leurs quartiers d’hiver (heureusement l’hiver 1948/49 va être bien moins rigoureux que l’hiver 1939/40) et attendre le printemps pour s’expliquer.

Et le ciel s’embrasa : combats aériens à l’ouest

Dès la déclaration de guerre les opérations aériennes commencèrent d’abord des missions de reconnaissance puis très vite des opérations plus offensives, des attaques limitées visant côté allemand à perturber la mobilisation générale et côté allié à empêcher les allemands d’attaquer trop rapidement.

Cette attitude offensive des aviations alliées tranchait avec l’attitude prudente pour ne pas dire pusillanime observée durant la guerre de Pologne neuf ans plus tard. Il faut dire qu’en neuf ans beaucoup de choses ont changé.

Ce basculement vers une attitude plus agressive s’explique aussi par le fait qu’en bombardement l’Allemagne les alliées espéraient freiner l’envoi de troupes et de matériel en Norvège et ainsi peu à peu paralyser la machine de guerre allemande.

Les opérations de reconnaissance tentaient de repérer les mouvements de troupes, l’appareillage et le retour des navires dans les ports et les bases navales de mer du Nord mais aussi servaient à alimenter les SR en clichés qui étaient ensuite analysés et interprétés.

Ces bimoteurs de reconnaissance qu’il s’agisse des MB-176 ou des MB-178 devaient jouer au chat et à la souris avec la chasse et la Flak.

Les bombardiers alliés menaient également des frappes sur les ports et les usines en dépit des craintes de voir les allemands en représaille viser les installations sidérurgiques et metallurgiques de Lorraine.

Quand à la chasse, elle aurait pu se contenter de combattre au dessus du territoire national pour le sanctuariser mais très vite des consignes sont données pour qu’autant que faire se peu les chasseurs français qu’ils soient mono ou bimoteurs aillent jouer à l’extérieur.

Dès le 5 septembre 1948 les premiers bombardiers français et anglais se lancèrent dans leurs premières opérations offensives contre l’Allemagne, visant les ports d’où partaient les navires de guerre et les navires de charge qui alimentaient les unités de l’opération WESERÛBUNG.

Le temps étant souvent mauvais, les équipages assez inexpérimentés le résultat fût pour le moins médiocre jamais les ports allemands ne furent empêchés d’envoyer des moyens en direction du Danemark et de la Norvège.

Sur le plan tactique, les bombardiers français devaient opérer à moyenne ou haute altitude mais le temps souvent mauvais au dessus de l’Allemagne et de la Norvège obligeait souvent les équipages à descendre à basse altitude devenant vulnérables à la Flak et à la chasse, double combo en quelques sorte.

La question de l’escorte fût longtemps une question irrésolue. Si la France avait été brièvement influencée par les écrits de Giulio Douhet (débouchant sur le catastrophique concept BCR Bombardement Combat Reconnaissance donnant naissance à des avions bons à rien et mauvais en tout comme le Potez 542 ou le Bloch MB-131) elle s’en était rapidement détourné mais sans pour autant choisir un concept clair d’escorte.

Plusieurs écoles tentèrent d’imposer leurs vues durant la Pax Armada : aucune escorte, escorte rapprochée, bombardiers utilisés comme appâts, emploi de monomoteurs et de bimoteurs…… .

Face aux premières pertes, l’Armée de l’Air tentera de trouver la meilleure solution mais encore une fois il y eu de nombreuses hésitations. Rien ne sera tranché avant la fin de la Campagne de France (1949).

Les pertes furent lourdes parmi les appareils et les équipages mais l’expérience acquise était naturellement irremplaçable.

Entre septembre 1948 et mai 1949 la 15ème Escadre de Bombardement Lourd (15ème EBL) à perdu douze de ses quatre-vingt un Consolidated modèle 32F Géant (plus connu sous le nom de Consolidated B-24 Giant) au dessus de l’Allemagne et de la Norvège.

Huit quadrimoteurs ont été perdus au dessus de l’Allemagne, quatre sous les coups de la chasse, deux sous les coups de la DCA et deux de manière accidentelle.

Un premier appareil est abattu par un Me-109 dès le 6 septembre 1948 au dessus d’Hambourg suivit d’un second appareil abattu par un Fw-190 le 9 septembre 1948 au dessus de Francfort.

Un troisième quadrimoteur est abattu par la chasse allemande le 11 octobre 1948 lors d’un raid contre le port de Brême. Le quatrième appareil abattu par la chasse l’est le 5 novembre 1948 alors qu’il venait de bombarder une usine près de Cologne.

Deux Géant sont abattus par la Flak, le premier le 4 janvier 1949 au dessus de Augsbourg et le second le 14 avril 1949 au dessus de Kiel.

Deux appareils de la 15ème EBL sont perdus de manière accidentelle, le premier endommagé (chasse ou Flak on l’ignore) s’écrase près de Verdun (six morts et cinq survivants) le 4 mars 1949 alors que le second victime d’un problème de moteur s’écrase à son retour à Evreux le 8 avril 1949.

Les quatre autres Géant sont perdus au dessus de la Norvège (un par la chasse, deux par la DCA et un par accident lié au mauvais temps).

Des bombardiers moyens sont également engagés contre l’Allemagne, des bombardiers destinés à cette mission et non à appuyer le corps de bataille. La 31ème Escadre de Bombardement Moyen (31ème EBM) perd douze appareils avec une répartition équilibrée : quatre par accident, quatre par la chasse et quatre par la Flak.

Un appareil est abattu par la DCA allemande au dessus de la Norvège le 9 septembre 1948, un appareil abattu alors qu’il bombardait Oslo. Les trois autres sont perdus au dessus de l’Allemagne à savoir le 8 octobre 1948 au dessus de Stuttgart, le 21 octobre 1948 au dessus d’Augsbourg et le 5 février 1949 au dessus de Brême.

Quatre Lioré et Olivier Léo 451 de la «31» sont abattus par la chasse allemande, un bimoteur au dessus de Bergen le 17 septembre 1948 les trois autres au dessus de l’Allemagne le 5 décembre 1948 au dessus de Munich, le 21 janvier 1949 au dessus d’Augsbourg et le 4 mars 1949 au dessus de Cologne.

Quatre autres appareils sont perdus de manière accidentelle. Le premier est perdu le 10 septembre 1948 au dessus de la Norvège. Forcé à voler à très basse altitude, il heurte les flots et se désintègre ne laissant aucune chance à son équipage.

Un appareil s’écrase en Allemagne dans la région de Nuremberg le 4 novembre 1948, l’appareil endommagé par la DCA s’écrase en tentant de rallier la France pour échapper à une longue et douloureuse captivité. Sur les quatre membres d’équipage deux sont tués et deux blessés sont faits prisonniers.

Les deux derniers Léo 451 perdus par accident le sont en France, le premier le 14 mars 1949 au décollage de sa base de Coulommiers-Voisin en région parisien suite à un problème moteur (un mort et trois blessés) et le second à l’atterrissage le 8 mai 1949 suite à une mission de bombardement au dessus de Cologne.

La 38ème Escadre de Bombardement Moyen (38ème EBM) à perdu huit appareils tous au dessus de l’Allemagne. Deux appareils sont abattus par la chasse allemande, le premier le 14 septembre 1948 au dessus d’Hanovre et le second le 30 janvier 1949 au dessus de Francfort, à chaque fois l’équipage est tué.

Pas moins de cinq Lioré et Olivier Léo 451 sont abattus par la DCA allemande, la Flak. Le premier est abattu le 8 septembre 1948 au dessus de la Frise Orientale, le second le 12 octobre 1948 au dessus de Stuttgart, le troisième le 24 novembre 1948 au dessus de Padeborn, le quatrième le 4 janvier 1949 au dessus de Hambourg et le cinquième le 9….mai 1949 au dessus de Duisbourg.

Un huitième appareil de l’escadre est considéré comme ayant été perdu par un accident, un Léo 451 endommagé par la chasse lors d’un raid au dessus de Cologne et qui s’écrasa à l’atterrissage tuant trois des quatre membres d’équipage, seul le pilote survivant au crash.

-La 47ème Escadre de Bombardement Médian (47ème EBM) qui volait sur Amiot 356 et 357 à perdu quatre Amiot 356 trois victimes de la chasse et un victime de la DCA. Les trois appareils victimes de la chasse sont perdus le 17 septembre 1948 au dessus de Francfort, le 4 décembre 1948 au dessus de Munich et le 7 mars 1949 au dessus de Nuremberg alors qu’il venait symboliquement de bombarder le lieu où se tenaient les grandes messes du parti nazi. Le 4 février 1949 un Amiot 356 attaquant un pont près de Cologne est abattu par la Flak et s’écrase dans le Rhin.

Le GB I/49 était un groupe indépendant disposant de vingt-sept Lioré et Olivier Léo 457, des bombardiers pressurisés attaquant à haute altitude. Ces appareils sont censés frapper en dehors de la chasse et de la DCA.

Les résultats vont être initialement décevants et il faudra du temps pour que cet investissement soit considéré comme rentable. Aucun appareil n’à été perdu avant le 10 mai 1949.

Si les différentes escadres de bombardement ont été engagées pleinement au dessus de l’Allemagne, les unités de bombardement des GRAVIA ont été engagés dans ces opérations non sans que l’armée de terre ne s’inquiète de perdre une partie de ses appuis au moment de l’offensive terrestre.

Certains un poil parano y ont même vu une vengeance mesquine des aviateurs frustrés de ne pas contrôler tout ce qui volait !

Naturellement les premiers GRAVIA engagés sont ceux du Groupe d’Armées n°2, ceux du GA n°1 étant préservés pour la future offensive dans les plaines belges.

Les pertes des GRAVIA furent au grand soulagement des terriens limités, les appareils souvent des bimoteurs légers n’étant engagés qu’à faible distance de la frontière allemande.

Le Groupement d’Aviation de la 3ème Armée engage ses deux groupes de bombardement moyen, les GB II/34 et GB III/34 volant sur Amiot 351 soit cinquante-quatre rutilants bombardiers moyens rapides qui visent essentiellement les villes de Rhénanie.

Au 10 mai sur les cinquante-quatre appareils disponibles au 5 septembre 1948 il restait quarante-huit appareils, six bimoteurs ayant été perdus répartis à égalité entre les deux groupes, le 1er groupe ayant perdu un appareil sous les coups de la DCA le 17 octobre 1948, un autre abattu par la chasse le 21 janvier 1949 et un autre s’écrasant lors d’un vol d’entrainement le 7 février 1949.

Le 2ème groupe à lui perdu ses trois appareils au combat, un premier appareil abattu le 30 novembre 1948 par la chasse au dessus du Rhin, le second victime de la DCA le 4 janvier 1949 au dessus de la Sarre et le troisième abattu par un chasseur allemand au dessus de la Forêt Noire le 14 avril 1949.

A noter qu’il existait des appareils de réserve stockés en France mais avant l’attaque allemande peut de GB ont reçu de nouveaux appareils.

Le Groupement d’Aviation de la 4ème Armée mobilise son escadre de bombardement moyen, la 21ème EBM qui dispose de 27 Amiot 354 et 54 Amiot 356. Cette escadre perd deux Amiot 354 abattus par la chasse (7 octobre 1948 et 21 décembre 1948), un Amiot 354 victime d’un accident lors d’un vol d’entrainement le 4 février 1949 et deux Amiot 356 perdus sous les coups de la Flak au dessus de Mannheim les 2 et 7 février 1949 respectivement. L’escadre ne dispose plus que de soixante-seize appareils au 10 mai 1949.

Le Groupement d’Aviation de la 6ème Armée engage ses deux Groupes de Bombardement Median, les GB I/11 et II/11 volant sur Lioré et Olivier Léo 458. Sur les cinquante-quatre appareils disponibles le 5 septembre 1948, dix sont perdus jusqu’en au 10 mai 1949.

Deux endommagés par la Flak doivent être rayés des cadres, les appareils étaient cannibalisés pour récupérer toutes les pièces afin d’abord de soutenir les appareils en service et économiser les stocks de pièces de rechange pour une guerre que l’on savait longue.

Quatre sont abattus par la chasse allemande respectivement les 17 septembre, 4 octobre, 21 octobre et 4 novembre 1948. Quatre sont victimes de la Flak au dessus du territoire allemande les 21 septembre, 7 octobre, 4 décembre et 17 janvier 1949.

Les deux groupes sont respectivement tombés début février vingt et un (GB I/11) et vingt-trois (GB II/11). Ce nombre va remonter respectivement à vingt-quatre et vingt-sept appareils soit 51 bombardiers Lioré et Olivier Léo 458 prêts à déclencher le feu de Wotan en soutien de la 6ème Armée qui rappelons le couvrait la frontière entre Colmar et Montbéliard soit les secteurs fortifiés de Colmar, de Mulhouse et d’Altkirch.

Le Groupement d’Aviation de la 8ème Armée utilise son unique groupe de bombardement médian le GB III/11 qui vole sur Lioré et Olivier Léo 458.

Sur les vingt-sept appareils disponibles le 5 septembre 1948, quatre sont perdus deux sous les coups de la DCA le 7 octobre et 30 novembre 1948 et deux sous les coups de la chasse le 14 janvier et le 21 février 1949. Ces appareils sont remplacés.

En ce qui concerne la reconnaissance tactique, les GRAVIA sont de la partie se penchant surtout sur le renseignement tactique pour alimenter les SR alliés en informations sur les troupes, les unités, l’évolution des fortifications, les exercices indiquant un axe ou un type de progression…… .

En revanche les avions de reconnaissance des Escadres de Reconnaissance s’interessaient surtout au renseignement stratégique et opératif.

Commençons d’abord par les unités de reconnaissance rattachés aux GRAVIA.

Le Groupement d’Aviation de la 3ème Armée disposait d’un groupe de reconnaissance tactique, le GR I/33 qui volait sur de rutilants bimoteurs, des Bloch MB-175. Ces derniers sont au nombre de trente-six. Au 10 mai 1949 ils ne sont plus que 32, deux appareils ayant été abattus par la chasse, un troisième par la DCA et un quatrième victime d’une panne moteur au décollage.

Le Groupement d’Aviation de la 4ème Armée disposait lui aussi d’un groupe de reconnaissance tactique, le GR II/33 qui comme le GR I/33 volait sur Bloch MB-175. Ce groupe perd quatre appareils durant la «drôle de guerre», un bimoteur abattu par la chasse, deux abattus par la Flak et un quatrième victime d’un accident.

Le Groupement d’Aviation de la 6ème Armée disposait du GR III/33 qui je vous le donne en mille volait sur Bloch MB-175. Sur les trente-six appareils disponibles au 5 septembre 1948, six ont été perdus (trois victimes de la chasse, deux victimes de la DCA et un dernier victime d’un accident lors d’un vol d’entrainement).

Le Groupement d’Aviation de la 8ème Armée disposait du GR IV/33 qui disposait de trente-six Bloch MB-175. Au 10 mai 1949 le groupe ne possède plus que vingt-huit des appareils d’origine ayant du rayer deux appareils victimes d’une collision en vol lors d’un vol d’entrainement, quatre abattus par la DCA et deux victimes de la chasse. L’unité à reçu quatre appareils de remplacement.

Deux Escadres de Reconnaissance _une Tactique et une Stratégique_ vont combattre au dessus de l’Allemagne.

La 55ème Escadre de Reconnaissance Tactique (55ème ERT) stationnée dans l’ouest de la France ne tardent pas à rallier l’est du pays pour savoir ce qui se passe de l’autre côté du terrain.

Sur ces 144 appareils, douze ont été perdus entre septembre 1948 et mai 1949 trois de manière accidentelle lors de vols d’entrainement, deux dans un incendie suspect d’un hangar de maintenance (un ressortissant espagnol Juan Pedro Alcaraz reconnu coupable sera fusillé avant qu’on se rende compte qu’il n’était pas là lors de l’incendie. Il à cependant fallu attendre 1979 pour que la France reconnaissent son tort et indemnise les descendants d’Alcaraz) et sept au dessus de l’Allemagne (trois sous les coups de la DCA et quatre sous les coups de la chasse).

La 14ème Escadre de Reconnaissance Stratégique (14ème ERS) disposait de soixante-douze Bloch MB-178 répartis en trois groupes de vingt-quatre.

Ces appareils initialement conçus comme bombardiers à haute altitude furent utilisés pour la reconnaissance stratégique. Ils volaient vite à très haute altitude essayant de prendre les meilleurs clichés possibles en échappant à la chasse allemande.

Quand les allemands attaquent le 10 mai 1949 l’escadre à perdu quatre appareils un de manière accidentelle lors d’un vol d’entrainement, un autre abattu par la DCA au dessus de Linz et deux victimes de la chasse au dessus de Munich et de Francfort respectivement.

En ce qui concerne la chasse, l’Armée de l’Air à adopté le principe d’une défense des zones stratégiques notamment les industries stratégiques concentrées dans le nord et dans l’est en dépit d’un effort mené depuis 1940 pour déplacer vers le sud, l’ouest et le sud-ouest des industries sensibles.

Cela passait par l’engagement d’escadres de chasse, d’escadres de chasse de nuit, d’escadrilles régionales de chasse et de batteries antiaériennes.

On comptait également quelques radars pardon quelques détecteurs électromagnétiques mais les projets imaginés par certains de lignes continues n’avaient pas dépassé le stade du projet à la fois par manque de moyens et par un scepticisme dans ce drôle d’engin.

Certains officiers pas vraiment clairvoyants parlant même de gadget voulant faire davantage confiance aux guetteurs (sic) et aux détecteurs sonores (re-sic).

Au tout début du conflit des patrouilles permanentes sont mises en place mais le système est énergivore et surtout jugé rapidement surdimensionnés les incursions allemandes étaient assez limitées. On remplace assez rapidement ce système par des décollages sur alerte pour intercepter avions de reconnaissance et bombardiers.

C’est ainsi que du 5 septembre 1948 au 10 mai 1949 122 avions allemands de tout type (chasseurs, bombardiers, avions de reconnaissance) sont abattus par la chasse et par la DCA.

En ce qui concerne les unités de chasse on voit l’engagement des unités rattachées aux groupements d’aviation (avec toujours les mêmes réserves que pour l’engagement des unités de bombardement), les escadres conservées par l’armée de l’air, l’escadrille régionale de chasse et la Défense Antiaérienne du Territoire (DAT).

L’unique ERC concernée est l’Escadrille Régionale de Chasse 503 qui depuis la base aérienne 244 de Strasbourg-Entzheim couvrait la capitale alsacienne avec douze Arsenal VG-36. Très vite engagée, elle fait taire les sarcasmes sur les « pilotes du dimanche» mais au prix de pertes sensibles.

En effet ce sont pas moins de six appareils qui sont perdus et quatre pilotes tués ou gravement blessés entre septembre 1948 et mai 1949. Fort heureusement l’unité reçoit de nouveaux avions et de jeunes pilotes très vite surnommés les «Marie-Louise» en référence à la deuxième épouse de Napoléon 1er et surtout aux jeunes soldats de la campagne de 1814, inexpérimentés mais plein d’ardeur.

Le Groupement d’Aviation de la 3ème Armée disposait de deux escadres de chasse pour couvrir les unités sous sa responsabilité et accessoirement défendre le territoire national.

On trouvait tout d’abord la 5ème Escadre de Chasse (5ème EC) qui comprenait trois groupes de trente-six appareils soit 108 chasseurs en l’occurrence 81 Curtiss H-81 (plus connu sous le nom de Curtiss P-40 Warhawk) et 27 Bréguet Br700C2, un chasseur lourd bimoteur issu de la prolifique famille du Bréguet Br690.

Cette escadre va mener une bataille acharnée au dessus de la terre de France contre les bombardiers, les chasseurs et les avions de reconnaissance allemands mais aussi au dessus du territoire allemand, titillant la chasse allemande ou tentant de protéger du mieux qu’elle pouvait les bombardiers français.

Sur les 108 appareils disponibles en septembre 1948, douze ont été perdus jusqu’en mars 1948 en l’occurrence quatre Bréguet Br700C2 (deux par la chasse et deux par la DCA) et huit Curtiss H-81 (un accident au décollage, trois sous les coups de la DCA et quatre sous les coups de la chasse).

Aux côtés de la 5ème EC, on trouve la 7ème Escadre de Chasse (7ème EC) qui comprend 81 Dewoitine D-520 et 27 Bréguet Br700C2 répartis en trois groupes, chaque groupe disposant de quatre escadrilles trois de monomoteurs et une de bimoteurs .

Cette escadre va perdre durant la drôle de guerre huit appareils, deux Bréguet Br700C2 (abattus par la chasse) et six Dewoitine D-520 (deux abattus par la DCA et quatre par la chasse).

Ces unités ont retrouvé une partie du potentiel perdu. Quand les allemands attaquent, la 5ème escadre qui était tombée à 96 appareils est remontée à 102 appareils (déficit de deux Br700C2 et de quatre Curtiss H-81). La 7ème escadre tombée à 100 appareils est remontée à 108 en récupérant des appareils stockés sur tout le territoire.

Le Groupement d’Aviation de la 4ème Armée comprend lui aussi deux escadres de chasse soit 216 chasseurs (162 monomoteurs et 54 bimoteurs).

La 6ème Escadre de Chasse (6ème EC) dispose de 81 Dewoitine D-520 et de 27 Lockheed H-322 Eclair répartis comme dans les autres escadres en trois groupes de trente-six appareils (vingt-sept monomoteurs et neuf bimoteurs).

Entre le 5 septembre 1948 et le 10 mai 1949, l’escadre à perdu seize appareils mais heureusement pas autant de pilote.

Dix Dewoitine D-520 ont été perdus de manière accidentelle (deux), sous les coups de la chasse (quatre) et sous les coups d’une Flak particulièrement hargneuse (quatre). Ces appareils ont été partiellement remplacés puis six «520» sont arrivés soit un déficit de quatre appareils.

Six Lockheed H-322 Eclair ont également été perdus en raison d’accidents (deux), sous les coups de la chasse (deux) et enfin sous les coups de la DCA (deux). Ces appareils n’ont pas été remplacés réduisant donc l’efficacité des escadrilles de multimoteurs des trois groupes de chasse de l’escadre.

La 19ème Escadre de Chasse (19ème EC) comprend 81 Dewoitine D-551, 9 Lockheed H-322 Eclair et 18 Bréguet Br700C2 soit 108 appareils. Cette escadre perd douze appareils, six Dewoitine D-551 victimes d’accidents (deux), de la Flak (trois) et de la chasse (un), trois Lockheed H-322 Eclair (tous victimes de la Flak) et trois Bréguet Br700C2 (un par accident et deux par la chasse).

Cette escadre est en partie rééquipée recevant quatre D-551 pour six pertes, trois Lockheed H-322 Eclair et trois Bréguet Br700C2 soit 106 appareils en ligne.

Le Groupement d’Aviation de la 6ème Armée dispose d’une seule escadre de chasse, la 14ème Escadre de Chasse (14ème EC) qui dispose de cinquante-quatre Arsenal VG-33, de vingt-sept Arsenal VG-36 et de vingt-sept Bréguet Br700C2 soit un total de 108 appareils répartis en trois groupes de trente-six appareils (vingt-sept monomoteurs et neuf bimoteurs).

En l’espace de huit mois l’escadre moins exposée que les autres à tout de même perdu dix appareils à savoir quatre VG-33 (deux par la chasse et deux par la Flak), deux VG-36 (deux abattus par la chasse allemande) et quatre Bréguet Br700C2 (un perdu par accident, deux perdus sous les coups de la chasse et un par la Flak). Les appareils perdus n’ont pas été remplacés avant l’attaque allemande.

Le Groupement d’Aviation de la 8ème Armée dispose d’une seule escadre de chasse en l’occurrence la 15ème Escadre de Chasse (15ème EC) qui dispose de cinquante-quatre Arsenal VG-36, vingt-sept Arsenal VG-39 et vingt-sept Bréguet Br700C2.

Cette escadre perd entre le 5 septembre 1948 et le 10 mai 1949 quatre Arsenal VG-36 (deux sous les coups de la Flak et deux sous les coups de la chasse), deux Arsenal VG-39 (un par accident et un autre lors d’un duel contre la chasse allemande) et deux Bréguet Br700C2 victimes d’une collision en plein vol soit un perte totale de huit appareils qui sont partiellement remplacés (deux Arsenal VG-36 et deux VG-39 pas de Br700C2).

En septembre 1948 l’Armée de l’Air dispose de quatre Escadres de Chasse de Nuit (ECN) pour défendre la Métropole et l’Empire. Une seule est vraiment concernée par la drôle de guerre en l’occurrence la 25ème ECN qui est basée en temps de paix à Metz-Chambières.

Disposant le 5 septembre 1948 de 81 Hanriot NC-600, l’escadre opère finalement de jour comme de nuit perdant quatre appareils deux de manière accidentelle et deux victimes de la chasse allemande. Ces appareils n’ont pas encore été remplacés le 10 mai 1949.

Aux unités de chasse vont s’ajouter des batteries antiaériennes de la DAT la Défense Antiaérienne du Territoire (DAT). Pour la zone qui nous concerne on trouve des unités déployées à Strasbourg, Metz et Nancy.

La capitale alsacienne est protégée par une batterie antiaérienne lourde (huit canons de 75mm modèle 1936) et deux batteries antiaériennes légères (une disposant de douze canons de 25mm et une seconde de douze canons de 37mm). Ces pièces protègent essentiellement la base aérienne de Strasbourg-Entzheim.

La ville de Metz est protégée par une batterie lourde de 75mm et deux batteries antiaériennes légères de 37mm tout comme sa voisine la ville de Nancy.

Scandinavie (68) Finlande (6)

Guerre d’Hiver

Des relations compliquées

De 1809 à 1917 la Finlande à été une possession russe. Certes le Grand-Duché de Finlande était autonome mais les tsars successifs d’Alexandre 1er à Nicolas II ne manquaient jamais l’occasion de rappeler que cette autonomie était strictement limitée.

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Scandinavie (13) Norvège (13)

ARMEE DE TERRE

Histoire

Les origines

En 1611, la guerre de Kalmar éclate. Le roi de Danemark Fréderic II tente de réactiver l’ancienne milice volontaire appelée leidang mais cela faisait trois siècles que les norvégiens n’étaient plus entraînés au métier des armes et leur impact fût très limité puisque les soldats désertèrent ou furent capturés. Il s’agissait de soldats à temps partiel qui s’entraînaient quand ils n’étaient pas occupé par leur travail.

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Etats Unis (121) Armée de terre (11)

M2 Medium Tank

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Le char moyen M2 à été produit par le Rock Island Arsenal juste avant le déclenchement de la guerre de Pologne. Cent douze exemplaires (18 M2 et 94 M2A1) sont sortis des chaines de montage.

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Grande Bretagne (85) Armée de terre (10)

Infantry Tanks Mk I et Mk II Matilda

Le char d’infanterie : une fausse bonne idée

Comme nous l’avons vu en introduction, l’invention du tank répondait à la nécessité de casser la meurtrière trilogie Barbelés/Tranchées/Mitrailleuses en dégageant les obstacles, en détruisant les nids de mitrailleuses pour permettre à l’infanterie d’avancer sans perdre trop d’hommes durant la traversée du no-man’s land.

Le char devait donc être lent, bien protégé et bien armé, la mobilité n’étant pas vue comme essentielle au delà de la capacité à franchir le terrain bouleversé par les trous d’obus et de traverser les tranchées.

Deux modèles de chars furent dévellopés, un modèle Male équipé de canons et un modèle Female armé uniquement de mitrailleuses.

Cette idée du char d’infanterie perdura durant l’entre-deux-guerre que ce soit en Grande-Bretagne ou en France. De l’autre côté de la Manche, on voyait même deux armes concurrentes mettre en oeuvre des “chars”, la cavalerie qui utilisait des véhicules mobiles, bien armés et bien protégés (notamment le célèbre Somua S-35 qui aurait fait des merveilles si la guerre de Pologne s’était prolongée) et l’arme des chars de l’infanterie qui utilisait des chars lents, bien protégés et bien armés.

Après de longues années sans recherches, un rapport était enfin publié en 1934 pour définir doctrine et matériel pour les années à venir.

Hélas pour le Royal Tank Corps (RTC), ce rapport figeait la doctrine et surtout dessinait deux catégories de chars distinctes. D’un côté les chars d’infanterie lents, peu mobiles mais bien protégés destinés à suivre l’infanterie en éliminant les obstacles qu’elle rencontrait et de l’autre un char veloce, à la protection relativement légère et bien armé pour la percée et la poursuite, un vrai char de cavalerie.

De plus aussi étonnant que cela puisse paraitre, le rapport n’intégrait quasiment pas l’idée d’un affrontement contre des chars ennemis alors que tous les pays européens s’équipaient de chars !

Cette doctrine allait donc donner naissance à deux catégories de chars, d’un côté les Cruiser Tank et de l’autre les Infantry Tank avec successivement les Matilda I et II, les Valentine et le Churchill qui doit beaucoup à la coopération française.

Cette doctrine fût rapidement révisée et les chars produits par la Pax Armada revenaient à de plus sages mesures, les chars d’infanterie étaient toujours aussi bien protégés mais étaient devenus plus mobiles alors que de leur côté les chars croiseurs gagnaient en protection.

Paradoxalement durant le second conflit mondial, le char de soutien d’infanterie se révéla utile, les grandes unités blindées étant très utiles pour l’exploitation mais la percée nécessitait davantage une solide artillerie, une aviation puissante et une infanterie mordante bien soutenue par ses propres chars selon la théorie de l’appui-mutuel.

Néanmoins aucun char d’infanterie ne fût mis au point après le Churchill, la France et la Grande-Bretagne pour ne citer qu’eux préférant dévelloper un char médian capable d’effectuer la percée, l’exploitation comme le soutien d’infanterie, ce char étant l’ancètre du char de combat principal dévellopé dans les années soixante mais ceci est une toute autre histoire.

Infantry Tank Mk I Matilda I

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Suite au rapport de 1934, la Grande-Bretagne se lança dans le développement de nouveaux modèles de chars, l’appel d’offre ou plutôt l’appel à projets fût lancé début 1936. Dès le mois d’avril, Vickers pu présenter deux projets de chars d’infanterie.

Suivant le principe Male/Female du premier conflit mondial, le rapport de 1934 estimait nécessaire deux Infantry Tank, une version Female armée de mitrailleuse et une version Male armée d’un canon antichar.

L’Infantry Tank Mk I Matilda I est issu du A.9, un démonstrateur de technologie. Si le A.10 qui répondait au char d’infanterie Male ne fût pas retenu car trop onéreux, le projet Vickers de char d’infanterie Female ou Vickers A.11 est retenu pour être produit en série.

Le projet mené par John Carden dessine un char biplace de taille réduite pour des questions de coût avec l’utilisation de composants commerciaux dans la mesure du possible. Son armement est composé d’une unique mitrailleuse, une .303 Vickers ou une Vickers .50.

Si la caisse est protégée contre les armes antichars de l’époque, les chenilles n’étaient absolument protégées et vulnérables aux obus, à la feraille du champ de bataille. La tourelle ne disposait pas de panier et l’ouverture de la trappe du conducteur empêchait la rotation de la tourelle.

Appelé Matilda, il ne reçoit son appelation officielle (Infantry Tank Mark I) en juin 1940, plus de trois ans après la première commande de soixante exemplaires passée en avril 1937.

Elle est suivit de soixante véhicules dix jours plus tard et de dix-neuf en janvier 1939 avant qu’une ultime commande de soixante-dix chars ne soit passée en septembre 1939 portant le nombre de total de véhicules produits à 209 exemplaires, les derniers sortant des chaines au printemps 1940.

Ces chars quasiment dépassés dès leur conception sont remplacés par des Valentine qui marquait une tentative d’Infantry Tank aussi véloce qu’un Cruiser Tank. Les derniers Matilda I sont retirés des unités de première ligne en octobre 1941 et rélégués à l’instruction. Aucun pays n’à acquis le Matilda I.

Caracteristiques Techniques du Infantry Tank Mark I Matilda I

Poids : 12 tonnes

Longueur : 4.85m largeur 2.29m hauteur 1.87m

Motorisation : un moteur 8 cylindres Ford essence dévellopant 70ch à 3300 tours/minute

Performances : vitesse maximale 12/13 km/h sur route 9 km/h en tout-terrain autonomie 130km

Blindage : 10 à 65mm selon les endroits

Armement : tourelle monoplace avec une mitrailleuse Vickers .303 (7.7mm) avec 4000 coups ou une mitrailleuse .50 (12.7mm)

Infantry Tank Mk II Matilda II

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Le développement du Matilda II débuta à la même époque que le Matilda I. Et pour cause, l’Infantry Tank Mk II était le pendant Male du Mk I qui était l’élément Female du concept d’Infantry Tank.

Conçu par le Royal Arsenal Woolwich installé à Londres, l’Infantry Tank Mk II est issu du A-7, un char dévellopé à partir de 1929. Opposé au A-10 de Vickers, l’A-12 est sélectionné pour être le char d’infanterie lourd avec pour armement un canon de 2 livres et une mitrailleuse coaxiale de 7.92mm.

Le Matilda II était deux fois plus gros que le Matilda I. Le prototype est livré en avril 1938 avant d’être officiellement adopté en décembre 1938.

Après une série d’essais subits par les appareils de pré-série au printemps, le Matilda II est adopté en avril 1939, la production en série est aussitôt lancée alors que la guerre menace. Deux véhicules seulement sont en service quand éclate la guerre de Pologne.

La production qui fit appel à des technologies nouvelles ne fût pas aisée en raison également de la désindustrialisation dont à souffert l’Angleterre durant la période 1919/1939.

Le réarmement à été tardif et si la guerre de Pologne s’était prolongée, le Royal Tank Corps aurait été en grave difficulté, ne pouvant s’appuyer que sur des chars trop légers ou des chars véloces mais insuffisament protégés, les lacunes en matière d’armement étant également non négligeables.

Jusqu’à l’arrivée à partir de l’automne 1942 du Infantry Tank Mk III Valentine, le Matilda II (puis simplement Matilda quand le Matilda I à été retiré du service) à été le principal char britannique au sein des divisions blindées.

A la différence du Matilda I, le Matilda II à été exporté en Australie où il était encore en service en septembre 1948 bien que son remplacement par un nouveau char ait été engagé.

Plus de 400 Matilda II sont sortis des chaines de montage britanniques, servant dans l’armée britannique jusqu’en mars 1944 quand les derniers Matilda ont rejoint l’instruction.

Plusieurs modèles ont été produits se différenciant par des mitrailleuses différentes (Vickers puis Besa), des moteurs plus puissants (Mk III à Mk V).

Des variantes ont également été produites : appui-rapproché avec un obusier de 3 pouces (76mm), déminage à fléau, char-projecteur et char télécommandé de démolition mais seule la première variante à été produite en quantité.

Les australiens ont été plus inventifs avec leurs Matilda II. Outre la version appui-rapproché, ils ont mis au point et utilisé des variantes lance-flammes, poseurs de ponts et bulldozer. La mise au point d’une version char de démolition envisagée au printemps 1948 n’à pas débouché sur une acte concret.

Quand éclate le second conflit mondial en septembre 1948, quelques Matilda II sont sortis des stocks pour des missions anti-invasion, la Grande-Bretagne craignant un débarquement amphibie allemand surprise.

La menace passée, les Matilda II vont rejoindre progressivement la feraille, quelques tourelles étant réutilisées pour servir sur des blockhaus sur les côtes ou pour protéger des aérodromes contre un raid aéroporté allemand.

A noter qu’avant de s’appeler Churchill, le nouveau char lourd britannique à été connu sous le nom de Matilda III.

Caracteristiques Techniques du Infantry Tank Mark II Matilda II

Poids : 26.926 tonnes

Dimensions : longueur 5.61m largeur 2.59m hauteur 2.51m

Motorisation : Deux Leyland 6 cylindres essence de 95ch ou deux AEC diesels dévellopant 87ch

Performances : vitesse maximale 24 km/h vitesse maximale en tout-terrain 12.9 km/h autonomie sur route 157 km

Blindage : 20 à 78mm

Armement : tourelle biplace avec un canon de 2 livres de 41.7 ou de 50 calibres avec 69 à 93 coups associé à une mitrailleuse de 7.7mm Vickers avec 2925 coups puis une Besa de 7.92mm avec 3500 coups, une fusil-mitrailleur Bren en position antiaérienne

Equipage : quatre hommes

Infantry Tank Mark III Valentine

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Après des années de tergiversation, des années de sous-investissement comparable à beaucoup de pays (rappeler que le programme de remplacement des Renault FT n’est lancé qu’en 1933), la Grande-Bretagne se décide enfin en 1934 à développer des chars modernes, ignorant probablement que le chemin allait être long, semé d’embûches avec un grand nombre de culs de sac et de raccourcis piégeux.

Le rapport du Mechanization Board demandait que le char expérimental A-9 serve de base de départ au char-croiseur (Cruiser Tank) et au plus lourd des Infantry Tank. Ces deux types de chars devaient disposer du même armement (le canon de 2 livres), la différence se faisant sur le blindage plus faible sur le premier que sur le second.

Vickers mit au point l’A-9E1 qui allait déboucher le Cruiser Mk I ainsi que l’A-10 qui devait répondre à la catégorie char d’appui d’infanterie mais le Matilda II lui fût préféré et il fût reclassé comme char-croiseur devenant le Cruiser Mark II.

La même année que ce reclassement à savoir 1937, le Mechanization Board demanda à Vickers de proposer un nouveau modèle de char d’appui d’infanterie en raison des retards que connaissait le programme du Matilda II.

A l’origine, le “bureau de la mécanisation” avait demandé à Vickers-Armstrong de participer à la production du Matilda II mais ce projet ne fût se faire en raison de la surcharge de la firme, de la disparition prématurée de John Carden et surtout d’un modèle très différent de ces propres modèles. D’où le choix de dévelloper à partir du A-10, un char d’appui d’infanterie plus simple à produire que le Matilda II.

Outre l’avantage de disposer plus rapidement de chars “modernes”, une base technique commune faciliterait la production et le soutien logistique.

Le futur Infantry Tank Mk III Valentine reprend la caisse, le moteur, la transmission et la suspension de l’A-10 mais son blindage est plus épais avecun chassis réduit de 28cm en largeur et de 13cm en hauteur. La tourelle fût réduite et le tourelleau supprimé.

Le prototype est présenté en février 1938 mais le développement est perturbé par la surcharge de Vickers-Armstrong et des dissensions d’ordre technique notamment sur la tourelle.

Devant la dégradation de la situation internationale, les discussions sont rapidement abrégées et un accord de principe de mise en production est obtenu du War Office en avril 1939.

Un calendrier de production est décidé en juillet 1939 mais en dépit d’une volonté d’aller vite, l’engin encore techniquement non-mature doit être perfectionné avant d’être industrialisé.

Résultat quand la guerre de Pologne s’achève l’industrialisation n’à pas encore commencé. Une première commande de 160 Infantry Tank Mk III Valentine est passée en mars 1940 pour remplacer au plus vite les Maltida I totalement inaptes à la guerre modernes et pour ainsi dire dépassés dès leur conception.

Bien que plus rapide et mieux armé, le Valentine est lui aussi considéré comme un char limité en terme notamment d’armement, le canon de 2 livres étant en voie de déclassement.

Aussi après la livraison des 160 exemplaires (livraison effectuée entre juillet 1940 et mai 1941), le programme est suspendu.

La coopération franco-anglaise se met en place dans le domaine des chars et le Mechanization Board est informé plus en détail du programme du char G1, un char de 35 tonnes avec un canon de 75mm en tourelle, un char bien protégé et rapide, le char idéal en quelque sorte.

Certes les britanniques n’ont jamais été tenté de copier purement et simplement le char français mais ce projet et d’autre alimente la réflexion et donne des arguments aux partisans d’un char-croiseur bien protégé et bien armé ou un char d’infanterie rapide et bien armé.

Alors que le dévellopement du Matilda III (futur Churchil) à été entamé pour donner un char lourd de la classe du B1 français et que l’on planche sur les successeurs des Tank Cruiser Mk I II et III, le Mechanization Board prend la décision de relancer en août 1942 le Valentine sous la forme d’un Infantry Tank Mk V (l’Infantry Tank Mk IV n’est autre que le Churchill) avec un moteur plus puissant et un armement renforcé.

Baptisé Infantry Tank Mk V Valentine II, ce nouveau char est armé d’un canon de 6 pouces (57mm) dans une tourelle biplace ce qui lui donne des performances approchant celle du Somua S-35 armé d’un canon de 47mm.

Ce char est produit en grande série, le futur Cromwell ( Tank Cruiser Mk VII) ayant du retard. Il va devenir le principal char des quatre divisions blindées et des six brigades blindées indépendantes. Il est ainsi produit à près de 500 exemplaires en version combat, appui-rapproché (obusier de 3 pouces), dépannage, poseur de pont, char lance-flammes.

Une chaine de montage est installée au Canada et une autre en Australie, les deux pays souhaitant s’équiper de véritables chars de combat.

Tout en planchant sur des modèles nationaux plus ou moins inspirés de modèles étrangers, ces deux Dominions souhaitent pouvoir faire face aux menaces extérieures notamment l’Australie face au Japon, le Canada souhaitant simplement pouvoir être autre chose qu’un contributeur à l’armée de l’Empire.

Ce char équipe encore la division blindée stationnée en Egypte (7th Armoured Division) ainsi que deux brigades blindées indépendantes.

Un temps et pour éviter un nouveau retard du Cromwell (les premiers Cromwell ne sont livrés qu’au printemps 1946), on envisage un Valentine III armé d’un canon de 75mm dévellopé au Canada pour le char Ram II qui combine le chassis du M-3 américain avec une tourelle armée d’un canon de 75mm.

Deux prototypes et cinq véhicules de pré-série sont bien produits mais cela ne va pas plus loin, le Canada et l’Australie un temps préssenti pour produire ce char préfèrent concentrer leurs moyens sur le Ram II pour Ottawa et sur le Sentinel pour Canberra, ce dernier char reprennant néanmoins de nombreux composants des Valentine avec un canon de 17 livres en tourelle.

Des Valentine II sont engagés en Norvège où ils vont se comporter honorablement face aux Panzer III allemands, en détruisant plusieurs.

A l’automne 1949 cependant, tous les Valentine II ont été remplacés par des Cromwell. Des Valentine seront transformés en véhicules de soutien (dépannage, poseurs de ponts, chars lance-flammes……), d’autres réservés à l’instruction mais la majorité sera stockée ou directement féraillée.

Caracteristiques Techniques du Infantry Tank Mk III Valentine

Poids : 16 tonnes

Dimensions : longueur hors tout 5.85m longueur de la caisse 5.32m largeur 2.59m hauteur 2.24m

Motorisation : moteur essence 6 cylindres de 130ch

Performances : vitesse maximale 24 km/h sur route 12.9 km/h en tout-terrain Autonomie 145km

Blindage : 8 à 65mm

Armement : tourelle biplace avec un canon de 2 livres (40mm) alimenté à 79 coups associé à une mitrailleuse Besa de 7.92mm avec 3150 coups

Equipage : 3 ou 4 hommes

Caracteristiques Techniques du Infantry Tank Mk V Valentine II

Poids : 19 tonnes

Dimensions : longueur hors tout 5.95m longueur de la caisse 5.41m largeur 2.62m hauteur 2.24m

Motorisation : moteur diesel de 210ch

Performances : vitesse maximale 45 km/h sur route 17 km/h en tout-terrain Autonomie 145km

Blindage : 8 à 60mm

Armement : tourelle biplace avec un canon de 6 livres (57mm) alimenté à 54 coups associé à une mitrailleuse Besa de 7.92mm avec 3150 coups

Equipage : 4 hommes

Infantry Tank Mk IV Matilda III/Churchill

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Quand la guerre de Pologne éclate, les Infantry Tank en service se résumaient aux Matilda I et à seulement deux malheureux Matilda II. Le futur Valentine ou Infantry Tank Mk III était encore en développement ce qui n’empêcha pas le Mechanization Board de plancher sur un nouveau char d’infanterie.

La première guerre mondiale est en cours dans toutes les têtes et on suppose que le conflit qui s’annonce n’en sera qu’une réplique. Point une réplique affadie mais une réplique encore plus pénible et sanglante avec notamment la nécessité de percer une ligne Siegfried magnifiée par une habile propagande.

Le nouveau char d’infanterie devait être lent (maximum 15 km/h) pour suivre un fantassin au pas, une protection plus importante pour faire face à l’augmentation de puissance des pièces antichars et un armement capable de faire face aux positions fortifiées.

Les blockhaus et autres fortins étant souvent bas, il faut un canon capable de pointer en site négatif ce qui peut être délicat avec une tourelle.

Pour détruire un bunker, il faut envoyer un obus explosif lourd ce qui implique un canon d’un certain calibre difficilement intégrable dans une tourelle de taille réduite.

La France qui s’était équipé d’un char semblable avec le B1 avait choisit la solution techniquement la plus accessible avec un canon lourd en casemate et un canon plus léger en tourelle pour lutter contre les chars à l’époque encore peu protégés.

Vickers-Armstrong était tout indiqué pour dévelloper le futur Infantry Tank Mk IV mais elle est surchargée par la production des autres blindés et l’appel d’offres A.20 est remis au chantier naval Harland & Wolff Limited de Belfast.

Le chantier naval nord-irlandais remet un prototype à l’automne 1940 après un dévellopement particulièrement lent et compliqué en raison du manque d’expérience de l’entreprise dans les chars de combat.

Le prototype testé à l’automne 1940 est une véritable calamité, trop lourd et trop peu fiable à tel point que certaines personnes ont pu croire que H&W avaient fait exprès pour se débarasser d’un projet qui lui avait été un peu imposé.

Les britanniques ne se découragèrent pas, croyant encore à l’époque au “Tout-Infanterie”, les rares voies dissonantes étant marginales.

Après une réévaluation du concept mené notamment par la Royal Ordnance Factory de Woolwich, le projet A.20 devient A.22 et est confié à Vauxhall Motors Ltd qui à l’origine devait fournir un nouveau moteur plus puissant mais qui devient le maitre d’oeuvre du projet.

Le projet A.22 va bénéficier de l’étude approfondie des B1bis et ter livrés par la France dans le cadre des accords franco-anglais sur la coopération militaire. Si le concept de base est le même, on serait bien en peine d’imaginer un lien de parenté entre le A.20 et le A.22.

Le concept du “blockhaus mobile” évolue un peu. Certes il n’est pas décidé d’en faire un pur-sang mais le nouveau char devient plus un char lourd qu’un char d’infanterie chargeant au pas au soutien de fantassins harassés par leur tache.

Le projet A.22 est officiellement lancé en octobre 1941 avec la commande deux prototypes et de cinq exemplaires de présérie pour accélérer la mise au point de ce char lourd officieusement connu comme Infantry Tank Mk IV Matilda III.

Les deux prototypes sont présentés aux services officiels en juin 1942. Par rapport au A.20, le A.22 est dôté d’un moteur plus puissant, d’une transmission plus fiable et surtout d’un armement revu.

Si l’obusier de 3 pouces (76.2mm) était bien présent en caisse, la tourelle accueillait désormais un canon de six pouces (57mm) en remplacement d’un canon de 2 pouces en voie de déclassement.

Détail important, la tourelle était surdimensioné par rapport au canon qu’elle devait abriter pour permettre d’intégrer un canon plus puissant dans les années à venir.

Les cinq exemplaires de présérie sont livrés entre septembre 1942 et janvier 1943, la petite flotte subissant une série de tests très éprouvant, le prototype n°2 subissant de multiples agression : incendie accidentel, mines, canons antichars de différents calibres, fusils antichars, cocktails Molotov avant d’être féraillé, le prototype n°1 lui est préservé dans un musée alors que trois exemplaires de pré-série (deux trop usés ont été réformés) ont été modifiés aux standards de série et livrés à des unités régulières.

Le véhicule est officiellement adopté en décembre 1943 sous l’appelation officielle de Infantry Tank Mk IV Churchill I en hommage au premier ministre Winston Churchill.

Sur le plan de l’organisation, les Churchill vont équiper huit régiments de chars lourds à raison d’un par brigade blindée, chaque division blindée disposant de deux brigades blindées.

A cela s’ajoute six bataillons pour les six Independent Armoured Brigade déployées en Grande-Bretagne mais également outre-mer.

Chaque régiment dispose de cinquante et un chars de combat alors que les bataillons n’en disposent que de trente-quatre (deux squadrons au lieu de trois).

Ce sont donc 655 Infantry Tank Mk IV Churchill I qui vont être commandés auxquels il faut ajouter deux véhicules en version dépannage par squadron soit soixante-douze Churchill ARV (Armoured Recovery Vehicle).

Les premiers véhicules de série sont livrés dans le courant 1944. Les premières livraisons sont lentes en raison de défauts de jeunesse à corriger mais en juillet 1946 les quatre divisions blindées sont entièrement équipées, les brigades blindées l’étant en septembre 1947.

Suite à l’apparition des Panther et surtout des Tiger, le Mechanization recommande la mise au point d’une nouvelle version du Churchill.

C’est là que le choix d’une tourelle spacieuse prit tout son sens puisqu’elle permis d’intégrer un canon de 17 livres (76.2mm) en remplacement du canon de 6 pouces (57mm) du Churchill I, l’Infantry Tank Mk VI Churchill II perdant son obusier de 3 pouces au bénéfice d’une mitrailleuse de caisse.

Quand le second conflit mondial éclate, la production du Churchill II à tout juste démarré et le début des opérations rend peu probable un rééquipement immédiat des divisions blindées et des brigades blindées indépendantes.

Quand le second conflit mondial éclate, la seule variante en service est la variante dépannage, les autres projets (poseur de ponts, lance-flammes, appui-rapproché) n’ont pas (encore ?) débouchés.

Caractéristiques Techniques du Infantry Tank Mk IV Churchill I

Poids : 38 tonnes

Dimensions : longueur 7.44m largeur 2.49m hauteur 3.25m

Motorisation : moteur essence Bedford/Vauxhall Twin Six HQ refroidi par eau 12 cylindres 355ch

Performances : vitesse maximale 30 km/h sur route 12 km/h en tout terrain autonomie 205km

Blindage : 15 à 102mm

Armement : un obusier de 3 pouces (76.2mm) en caisse, une tourelle biplace avec un canon de 6 pouces (57mm) associé à une mitrailleuse Besa 7.92mm

Equipage : Cinq hommes

Grande Bretagne (82) Armée de terre (7)

Armement de l’armée britannique (3) artillerie lourde

Avant-Propos

Bien que l’infanterie soit la reine des batailles, sans l’artillerie, le fantassin était totalement impuissant surtout avec le trilogie mortelle tranchée/mitrailleuse/barbelée qui déboucha sur l’invention du char de combat qui permettait d’espérer une percée.

Après les tueries des premières années du conflit, l’armée française sous l’impulsion du général Petain changea de paradigme avec un “artillerie conquiert l’infanterie occupe” ce qui imposait une artillerie nombreuse et diversifiée.

L’artillerie britannique n’échappe pas à la règle, utilisant les mêmes expédients que l’artillerie française avec des pièces issues de la marine, d’anciennes pièces de siège et de canons sur voie ferrée.

Sur le plan tactique,l’artillerie de Sa Majesté utilisa différentes méthodes d’abord la longue préparation d’artillerie destinée à tout écraser (qui n’était pas toujours efficace comme à Verdun en 1916 où la terrible préparation d’artillerie allemande n’anéantit pas l’armée française) puis de plus en plus la technique du barrage roulant suivant la progression de l’infanterie.

Comme pour l’artillerie de campagne, l’artillerie lourde britannique évolue peu durant l’entre-deux-guerre.

D’ailleurs où commence l’artillerie lourde et où s’arrête l’artillerie de campagne ? J’ai pris une limite arbitraire mais justifiable.

Si l’artillerie britannique divisionnaire se limite à un calibre (25 livres soit environ 84mm), l’artillerie divisionnaire française et allemande dispose de canons de 75mm, de 77mm, de 105mm, de 150 et de 155mm.

J’ai donc décidé de fixer la limite haute de l’artillerie de campagne à 155mm, les pièces plus lourdes (170mm côté allemand, 194mm côté français) étant intégrée à la “Réserve Générale” au niveau du corps d’armée avec souvent des pièces de 150 et de 155mm.

BL 8 Inch Howitzer Mk VI VII VIII

BL 8 Inch Howitzer Mk VI

BL 8 Inch Howitzer Mk VI

Pour faire face aux puissants retranchements allemands, il fallait prévoir une artillerie puissante, l’artillerie de siège qui semblait devoir appartenir au passé revint en force, une fois le front stabilisé après l’échec de la Course à la mer.

Après avoit utilisé des pièces de 8 pouces issues de la marine avec des affûts improvisés (mark I à V), l’artillerie britannique mit en service en 1916 des canons de conception neuve.

Le Mark VI fût produit à 80 pièces, cet obusier de 14.7 calibres permettant d’envoyer un obus à 9825m. Mise en service au printemps 1916, il est complété par l’obusier Mark VII disposant d’un tube plus long (17.3 calibres) permettant d’augmenter la portée à 11250m. Le Mark VIII était une version très proche de la version Mark VII.

La mise au point fût assez longue pour cet obusier, un problème de stabilité dont la résolution nécessita l’envoi en France d’une commission spéciale.

Quand le premier conflit mondial s’arrêta, les obusiers de 203mm étaient fort présents sur le front occidental avec deux batteries canadiennes, une batterie australienne et trente-sept batteries britanniques soit un total de 240 pièces en service.

Si le front occidental absorba une grande partie des ressources, les autres théâtres d’opérations n’étaient pas oublié, une batterie étant présente en Grande-Bretagne pour l’instruction et les essais, les Balkans virent le déploiement d’une batterie réduite à 4 canons alors que la Palestine alors sous domination turque vit le déploiement de deux canons (issus de la batterie déployée en Macédoine ?).

Outre les pays déjà cités, ce puissant obusier à été exporté en Afrique du Sud et en Russie.

Cet obusier était encore en service en septembre 1939, certaines pièces gagnant le continent au sein du BEF même si l’arrêt rapide du conflit bloqua la majorité des obusiers sur les îles britanniques. Des obusiers ex-américains furent achetés par la Finlande dans le cadre de la guerre d’Hiver mais arrivèrent trop tard pour participer au conflit.

Le parc de cet obusier fût sensiblement réduit durant la période de Pax Armada en raison de l’usure des pièces et de la mise en service de pièces de 183mm (7.2 inch) à la portée acccrue.

Néanmoins sur les seize régiments de siège (192 pièces) des Royal Artillery Support Group (RASG), quatre étant encore équipés de ces obusiers quand éclate le second conflit mondial en septembre 1948 soit un total de 48 canons disponibles.

Ce calibre s’étant révélé efficace, l’artillerie britannique demande la reprise de la fabrication de canons de ce calibre. La mise au point d’un nouveau canon prennant trop de ressources et de temps, décision est prise de fabriquer sous licence le M-1 américain.

Caracteristiques Techniques du Ordnance BL 8 Inch Howitzer

Calibre : 8 pouces (203mm)

Poids total : 8.74 tonnes Poids du projectile : 91kg

Longueur du tube : 2.972m pour le Mk VI 3.505m pour les Mk VII et VIII

Elevation : -4° à +50° (Mk VI) 0° à +45° (Mk VII et VIII)

Champ de tir horizontal : 4° de part et d’autre de l’autre

Portée maximale : 9825m pour le Mk VI 11200m pour le Mk VII et VIII

Ordnance BL 9.2 Inch Howitzer

BL 9.2 Inch Howitzer

BL 9.2 Inch Howitzer

A l’origine de ce canon de siège figure l’achat en 1900 d’obusiers austro-hongrois de 9.45 Inch pour combattre en Afrique du Sud. Cette arme étant perfectible, les britanniques décidèrent de dévelloper un nouvel obusier qui entra en service en 1915. Ce canon était transporté en trois lots.

La portée du Mark I se révélant limitée, un modèle Mark II est mis en service en décembre 1916 avec une portée accrue à 12742m au prix d’une réduction de la durée de vie du tube de 6000 à 3500 coups.

Cet obusier n’à servit que sur le front occidental au sein de trente-six batteries britanniques, une australienne et deux canadiennes. Ces batteries disposaient de quatre puis de six canons.

Cet obusier était encore en service en septembre 1948, équipant deux des seize régiments d’artillerie de siège soit vingt-quatre canons qui restèrent en Grande-Bretagne à la différence d’autres régiments d’artillerie lourde.

Ces canons vont être rapidement déclassées et remplacées par des canons d’un calibre voisin en l’occurence 240mm avec la fabrication sous licence du M1 américain.

Cet obusier à été exporté également aux Etats-Unis, en Russie avec des obusiers utilisés durant la guerre d’Hiver contre la ligne Mannerheim.

Caracteristiques Techniques du Ordnance BL 9.2 Inch Howitzer

Calibre : 9.2 Inch (234mm)

Poids : 16460kg Poids du projectile : 130kg

Longueur du tube : 3m (Mk I) 4m (Mk II)

Elevation : de 15° à 55° pour le Mk I de 15° à +50° pour le Mk II

Champ de tir horizontal : 30° de part et d’autre de l’axe

Portée maximale : 9200m pour le Mk I 12742m pour le Mk II

Ordnance BL 7.2 Inch Howitzer

BL7.2 Inch Howtizer

BL7.2 Inch Howtizer

En septembre 1939, l’artillerie lourde britannique était essentiellement composée de canons de 203 et de 234mm, des pièces héritées du premier conflit mondial.

Ces canons bien adaptés à la première guerre mondiale, à un front fixe étaient peu mobiles et d’une portée insuffisante.

En attendant la mise au point d’une pièce moderne, on étudia la mise au point d’une pièce interimaire réutilisant des éléments existants. C’est l’acte de naissance du Ordnance BL 7.2 Inch Howitzer, un obusier qui est en réalité un canon-obusier de 183mm, la réduction du calibre et du poids de l’obus devant permettre une augmentation de la portée.

Le Ordnance BL 7.2 Inch Mk I apparait sous forme de pièces prototypes en septembre 1940 et après une mise au point compliquée est adoptée en mars 1942, le Mk I reprennant l’affût de la pièce de 8 inch avec un tube repris de ce dernier canon, un véritable bricolage qui donna des résultats médiocres.

Le Mk II et le Mk III sont des pièces de conception neuves aux différences minimes, pièces mises en service en 1943 et 1945 pour équiper dix régiments à trois batteries de quatre pièces soit 120 canons avec 24 Mk I, 56 Mk II et 40 Mk III.

Ces canons sont également exportés au Canada et en Australie.

Caracteristiques Techniques du Ordnance BL 7.2 Inch Mk III

Calibre : 7.2 Inch (183mm)

Poids : 17500kg Poids de l’obus 92kg

Longueur totale : 7.42m Longueur du tube : 4.34m Largeur 2.7m Hauteur 1.30m

Elevation : 0° à 45°

Champ de tir horizontal : 4° à gauche et à droite de l’axe

Cadence de tir : un à trois coups/minute

Portée maximale : 15500m

Equipe de pièce : dix à douze hommes

Matériel de l’Armée Britannique (4) : Artillerie sur voie ferrée

Avant-Propos

Avec l’augmentation du calibre des pièces d’artillerie, la traction à cheval puis la traction mécanique à atteint les limites du supportable. Le démontage en deux ou trois fardeaux rendait la tache plus facile mais qui dit démontage dit remontage ce qui provoquait une perte de temps et de souplesse.

L’apparition du chemin de fer et de la propulsion vapeur permet d’envisager de déplacer sur de longues distances des pièces lourdes sans avoir à la démonter. C’est l’acte de naissance de l’artillerie sur voie ferrée appelée Artillerie Lourde sur Voie Ferrée (ALVF) en France, Railway Artillery pour la Grande-Bretagne ou encore Eisenbahn Artillerie pour l’Allemagne.

Cette artillerie utilisée aussi bien pour la défense côtière ou pour la frappe à la longue distance était en voie de déclassement en septembre 1948 en raison de la présence massive de l’aviation qui rend ses mastodontes particulièrement vulnérables à une frappe aérienne.

Peu de pièces lourdes sont dévellopées durant la Pax Armada, les différents pays se contentant de moderniser les affûts sans chercher à dévelloper de nouveaux affûts plus modernes.

Ordnance BL 9.2 Inch Railway Gun

BL 9.2 Inch Railway Gun

BL 9.2 Inch Railway Gun

En 1900, durant la guerre des Boers, les britanniques démontent une pièce de 9.2 pouces des défenses côtières de CapeTown, l’installe sur un affût ferroviaire pour participer aux sièges de la ville boer de Belfast au nord-est de Johannesburg. Le siège s’achève avant que le canon soit utilisé et les boers préférant la guérilla aux batailles rangées, cette innovation militaire n’aura pas l’occasion d’être utilisée.

Quinze ans plus tard au moment où le premier conflit mondial passe du statut de guerre fraîche et joyeuse à celui d’une immonde boucherie, l’artillerie ferroviaire fait sa réapparition sur le front occidental.

Des canons de 234mm en surplus issus aussi bien de navires que de batteries côtières sont adaptées sur des affûts pour être utilisés en France et en Belgique.

En juin 1916, un modèle plus perfectionné est mis au point avec également des canons plus modernes. A la fin du premier conflit mondial, seize canons sont encore en service, tous étant des Mk III, les autres étant déclarés obsolètes et ferraillés dans les années vingt.

Ces canons sont encore en service en septembre 1939 et même en septembre 1948, équipant un régiment d’artillerie super-lourde, le régiment du 1st Royal Artillery Support Group (RASG), trois batteries de quatre pièces, les quatre derniers canons étant conservés en réserve.

Déployés sur les côtes pour contrer une très hypothétique invasion allemande, ces canons vont davantage servir d’outil de propagande plutôt que d’armement opérationnel. Ils vont d’ailleurs être rapidement déclassés, permettant de récupérer du personnel pour équiper d’autres unités d’artillerie.

Caracteristiques Techniques du Ordnance BL 9.2 Inch Railway Gun

Calibre : 234mm

Longueur du tube : 8.509m

Poids du projectile : 88400kg Poids du projectile : 172.37kg

Elevation : + 28° puis +40°

Champ de tir horizontal : 10° de part et d’autre de l’axe pour les premiers modèles, 360° pour les derniers modèles

Portée effective : 20760m pour le Mk XIII seul modèle encore en service en septembre 1948

Ordnance BL 12 Inch Railway Howitzer

BL 12 Inch Railway Howitzer

BL 12 Inch Railway Howitzer

Suite au succès des pièces de 9.2 Pouces, les britanniques décidèrent de développer un modèle plus puissant d’un calibre de 12 pouces (305mm), calibre longtemps standard pour les cuirassés britanniques avant qu’il ne soit supplanté par le 343mm,ce changement marquant le passage du dreadnought au superdreadnought.

Le premier modèle introduit en mars 1916 et logiquement baptisé Mark I ne permettait pas une utilisation optimale et il fût rapidement remplacé par un Mark III au tube plus long et un affût permettant théoriquement perpendiculairement à l’axe de la voie même si en pratique on limitait l’angle à 20°.

La dernière version est le Mark V mise en service en juillet 1917 avec un affût mieux organisé pour permettre un tir efficace jusqu’à 120° par rapport à l’axe de la voie.

En septembre 1939 seuls les Mk 3 et les Mk 5 étaient encore en service. Vingt-quatre pièces équipaient en septembre 1948 les régiments d’artillerie super-lourde des 2nd et 3rd Royal Artillery Support Group (RASG).

Déployés pour la défense des côtes, ces pièces furent peu à peu déclassées durant le conflit, les seules pièces d’artillerie lourde sur voie ferrée britanniques allant sur le continent étant les pièces les plus lourdes dans l’idée de frapper la ligne Siegfried.

Caracteristiques Techniques des Ordnance BL 12 Inch Howitzer

Calibre : 305mm

Longueur du tube : 3.7m pour le Mark I 5.26m pour les Mk III et V

Poids de l’affût : 61976 kg pour le Mk 3 72220kg pour le Mk 5

Poids de l’obus : 340kg

Elevation : 40 à 65° pour le Mk I et le Mk III 20° à 65° pour le Mk V

Champ de tir horizontal : 20° à gauche et à droite de l’axe (Mk I et III) 120° pour le Mk V

Portée maximale : 10179m pour le Mk I 14000m pour le Mk III et 13120m pour le Mark V

Ordnance BL 13.5 Inch Railway Gun

Quand les cuirassés sont entrés dans leur phase moderne (ultérieurement connue sous le nom de cuirassés pré-dreadnought), le calibre standard quasi-universel était le 305mm plus connu dans les pays anglo-saxon comme le canon de 12 pouces.

Des canons de ce calibre équipèrent le HMS Dreadnought premier cuirassé à artillerie monocalibre (All Big Gun Battleship) et tous les cuirassés jusqu’à la décision prise par les britanniques de choisir un calibre plus puissant en l’occurence le 13.5 Inch ou 343mm, les navires disposant de ce canon devenant des superdreadnought.

En 1916, l’artillerie sur voie ferrée britannique était en voie d’être déclassée par l’ALVF française qui disposait de canons d’une portée supérieure.

Pour faire face à cet affront intolérable à l’orgueil anglo-saxon, décision est prise d’utiliser le canon de 343mm comme nouvelle pièce d’artillerie lourde sur voie ferrée. Trois ensembles (affût+canons) furent ainsi produits, l’un des trois recevant ultérieurement un canon de 356mm commandé par le Japon, les deux affûts n’opérant en France que pour les derniers mois du conflit.

Le premier conflit mondial terminé, les affûts et les pièces furent séparées et stockées chacune de leur côté, restant dans la naftaline pendant plus de vingt ans.

Ressortis de leur sommeil en septembre 1939, ils reçurent trois nouveaux canons de 343mm ayant appartenus aux Iron Duke et servirent de pièces de défense côtière au sein du régiment d’artillerie super-lourde du 4th Royal Artillery Support Group (RASG) en compagnie de pièces plus importantes de 356mm et de 381mm.

Ces canons étaient toujours en service en septembre 1948 (quoique d’utilisation restreinte) et à la différence des canons de 234 et de 305mm, les canons de 343mm vont rallier le continent pour participer avec les canons français aux frappes préliminaires contre la ligne Siegfried. Ce transport est entouré d’une grande publicité à des fins de propagande.

Caracteristiques Techniques du Ordnance BL 13.5 Inch Railway Gun

Calibre : 13.5 Inch (343mm)

Longueur du tube : 15.90m

Poids total de l’affût : 244590kg

Poids de l’obus : 567kg

Elevation : 0 à +40°

Portée maximale : 37120m

Ordnance BL 14 Inch Railway Gun

BL 14 Inch Railway Gun

BL 14 Inch Railway Gun

Dans l’artillerie comme dans bien des domaines, c’est le toujours plus qui règne. Il faut des canons toujours plus puissants ayant une portée toujours plus grande.

Aussi après le canon de 343mm (13.5 Inch), l’artillerie britannique mis en service deux canons de 356mm (14 inch) un calibre non standard pour l’armée britannique, les canons étant issus d’une commande japonaise.

Ces deux affûts opérèrent à la fin du premier conflit mondial à un moment où la guerre de position avait cédé la place à une guerre mouvement voyant les alliés prendrent irrémédiablement le dessus sur une Allemagne épuisée par une guerre sur deux fronts et qui avait échoué dans son coup de poker du printemps 1918 (gagner avant l’arrivée massive des troupes américaines).

Durant le conflit, la marine britannique avait décidé la construction de trois croiseurs de bataille légers pour un débarquement en mer Baltique. Ces navires devaient être armés de canons de 381mm et pour le Furious d’un monstrueux canon de 18 pouces (457mm).

Le Furious fût finalement transformé en porte-avions et les cinq canons furent stockés car sans emploi durant l’entre-deux-guerre.

Quand en septembre 1939 on décida de les sortir de leur sommeil, ces canons se révélèrent si usés qu’on préféra les férailler. Même chose pour les canons de 356mm qui avaient été feraillés dès 1926.

Il restait cependant deux affûts-truck qui reçurent deux canons de 356mm Mk VII identiques à ceux des King George V.

Ces deux affûts furent intégrés au régiment d’artillerie super-lourde du 4th Royal Artillery Support Group (RASG) au sein du group II, le group I disposant des pièces de 343mm et le group III de pièces de 381mm comme nous l’avons le voir maintenant.

Caracteristiques Techniques du Ordnance BL 14 Inch Railway Gun

Calibre : 14 Inch (356mm)

Longueur du tube : 15.90m

Poids total de l’affût : 242290kg

Poids de l’obus : 721kg

Elevation : 0 à +40°

Portée maximale : 39000m

Ordnance BL 15 Inch Railway Gun

Durant la période dite de la Pax Armada, de nombreux cuirassés sont désarmés (Le Hood, les Revenge) libérant un grand nombre de canons de 381mm pardon de 15 pouces.

Ces canons vont certe pouvoir servir de réserve pour les “QE” encore en service mais le nombre permet d’envisager la mise au point de nouvelles pièces d’artillerie sur voie ferrée.

Non sans polémiques sur cet investissement, la Royal Artillery décide d’activer au sein du régiment d’artillerie super-lourde du 4th Royal Artillery Support Group (RASG) un Group III avec quatre canons de 15 pouces sur un affût-truck inspiré de ceux des 13.5 et des 14 pouces avec néanmoins des modifications liées aux améliorations techniques et technologiques.

Ces trois pièces sont mises en service en septembre 1947, déployés dans le nord de l’Angleterre pour anticiper sur un possible raid de cuirassés allemands contre la côte est de l’Angleterre. Une fois cette menace estompée, on étudie l’envoi de ces canons sur le Continent pour la grande offensive franco-britannique contre le Westwall.

Caracteristiques Techniques du Ordnance BL 15 Inch Railway Gun

Calibre : 15 Inch (381mm)

Longueur du tube : 15.90m

Poids total de l’affût : 245320kg

Poids de l’obus : 870kg

Elevation : 0 à +40°

Portée maximale : 40500m

Allemagne (66) Armée de terre (23)

Fortifications

Westwall (Ligne Siegfried)

Carte du Westwall appelée Ligne Siegfried par les alliés

Carte du Westwall appelée Ligne Siegfried par les alliés

L’un des objectifs majeurs des vainqueurs du premier conflit mondial était d’empêcher l’Allemagne de provoquer un nouveau conflit.

Outre la limitation des effectifs et de l’équipement, une partie du territoire allemand en l’occurrence la Rhénanie, la fameuse “rive gauche du Rhin” était démilitarisé, mesure interdisant le stationnement temporaire et permanent de troupes allemandes et bien entendu l’interdiction de toute fortification.

En mars 1936, l’Allemagne fait pénétrer 3000 hommes légèrement armés en Rhénanie en violation du traité de Versailles sans réaction des français et des anglais au grand soulagement des généraux allemands.

Une fois la Rhénanie remilitarisé, se pose la question de sa défense contre une attaque franco-britannique.

Des projets sont lancés dès 1934 et des travaux sont même entamés mais ces premières tentatives ne sont pas menées à bien.

De nouveaux travaux sont menés officiellement à partir de 1938 (en réalité deux ans plus tôt) mais ces premières constructions sont vulnérables à l’artillerie ennemie.

Ce n’est qu’en 1937 qu’un programme plus cohérent est lancé, le Pionier-Program qui dessine une ligne continue de blockhaus, de fossés antichars, de réseaux barbelés de la frontière suisse jusqu’au Luxembourg. En 1938, la frontière belge et la frontière néerlandaise sont également couvertes.

A l’automne 1938, le “Limes-Program” succède au “Pionier-Program” pour obtenir un dispositif de protection cohérent.

Ce dispositif est considéré comme achevé en septembre 1939 après l’exécution des programmes « Aachen-Saar » et « Bruggen-Kleve« . Elle couvre la frontière allemande de Kleve sur la frontière germano-néerlandaise à Weil am Rhein sur la frontière entre la Confédération Helvétique et l’Allemagne.

Il se compose de 18000 ouvrages, de dents de dragons antichars. Pour accélérer les travaux, des modèles standardisés (Regelbau) sont dessinés qu’il s’agisse des blockhaus ou des obstacles antichars. Il existe cependant des différences entre les différentes du programme ayant présidé à la naissance du « Mur de l’Ouest ».

Les premiers ouvrages construits dans le cadre du Pioneering Program étaient des petites constructions avec une épaisseur de 50cm, les parois étant percées de trois embrasures orientées en direction de l’ennemi, les ouvrages les plus exposés ayant également des cloches d’observation et de tir.

Bunker type 10

Bunker type 10

Dans le cadre du Limes Programm, des ouvrages plus puissants sont construits. L’épaisseur des parois passe à 1.5m. 3471 Bunkers Type 10 sont construits sur les 630km. L’armement permet une couverture tous azimut.

Les ouvrages du Aachen-Saar Program sont similaires à ceux du précédents mais l’épaisseur des murs passe à 3.5m et les embrasures sont installées sur les côtés et non sur la face avant de l’ouvrage même si comme souvent dans la fortification il y à des exceptions. Ce programme planifie aussi la protection des villes de Sarrebruck et d’Aix-la-Chapelle, ville qui à l’origine étaient à l’ouest du tracé retenu.

A ces lignes de fortification s’ajoute des positions antiaériens, une zone occidentale de défense aérienne ou dans la langue de Goethe Luftverteidigungszone West (LVZ West). Elle se compose de positions antiaériennes fixes et de nids de mitrailleuse pour protéger les batteries contre un assaut terrestre.

Le programme « Bruggen-Kleve » voit la ligne Siegfried ou Westwall être prolongée vers le nord, le long de la frontière germano-néerlandaise. Les ouvrages sont similaires à celles du programme précédent.

La protection contre les chars est assurée par des obstacles appelés « dents de dragon » mais également par des hérissons, un assemblage de morceaux de métal dont la paternité doit être attribuée aux tchèques. Des inondations défensives sont également construites.

Si la propagande allemande à fait du Westwall le pendant oriental de notre Muraille de France, la réalité est différente. La ligne Siegfried est nettement moins solide et son rôle est différent.

Alors que la Ligne Maginot doit empêcher l’ennemi de percer notre frontière nord-est, la ligne Siegfried n’est vu que comme une ligne provisoire.

Un signe ne trompe pas, à la différence de la ligne Maginot, la ligne Siegfried ne dispose de troupes affectées en permanence. Point d’infanterie de forteresse au sein de la Heer, les ouvrages devant être occupées par des divisions d’infanterie classiques ce qui impose un certain délai.

La guerre de Pologne s’achevant rapidement sans attaque à l’ouest, le Westwall censé être provisoire devient une fortification semi-permanente.

La création d’unités de forteresse est semble-t-il étudié sérieusement par les généraux allemands mais au final on préfère affecter des compagnies d’infanterie des divisions déployées dans la région, une compagnie par régiment se spécialisant dans le combat sous béton. Autant dire des amateurs face à l’infanterie de forteresse française.

Sur le plan technique, les ouvrages sont comparables à des P.O français ou à des blockhaus type CEZF avec des créneaux de tir, des cloches d’observation, des cloches à mitrailleuses, des cloches à mortier et même des lance-flammes.

Il n’existe pas d’ouvrages d’artillerie capable de prendre à partie l’ennemi avant qu’il n’arrive à portée de tir.

Durant la Pax Armada, quelques travaux sont menés, des ouvrages supplémentaires sont construits avec un armement antichar (canon de 50mm) associé à des mitrailleuses. Des emplacements pour de l’artillerie sont également construits mais en dépit de ces efforts le Westwall semble bien incapable de s’opposer à une offensive franco-britannique décidée.

Ostwall et Neue Ostwall

Cloches blindées du Ostwall

Cloches blindées du Ostwall

Si l’Allemagne à interdiction absolue de fortifier sa frontière occidentale, elle à l’autorisation de protéger sa nouvelle frontière orientale en établissant une ligne d’ouvrage fortifié la protégeant d’une hypothétique attaque de la Pologne qui renait après plus d’un siècle de disparition.

Les études sont lancées en 1927, les travaux commençant en 1932 et s’achevant en 1938. Cette ligne couvre l’espace compris entre l’Oder et la Warthe, un espace de 150km d’où le nom de Festungfront Oder-Warthe-Bogen qui lui est aussi attribué.

A la différence du Westwall, le Ostwall est une ligne fortifiée comparable à la Ligne Maginot avec une centaine d’ouvrages s’appuyant sur le relief, les rivières et les marécages. Ces ouvrages disposent de coupoles blindées abritant de l’artillerie, des casemates pour de l’artillerie antichar, des mitrailleuses et des lance-flammes fixes. Les ouvrages sont reliés entre-eux par des tunnels où circulent un chemin de fer permettant de transporter rapidement hommes, munitions et matériels.

Il est prolongé au nord par le Pommernwall ou mur de Poméranie construit entre 1930 et 1935. La construction est plus légère que le Ostwall et se rapproche du Westwall même si les ouvrages sont équipés de créneaux mitrailleuses, de casemates antichars, de mortiers, d’observatoires pour l’artillerie, d’abris pour l’infanterie.

La conquête de la Pologne et le partage du pays avec l’URSS rend « obsolète » le Ostwall. Le pacte germano-soviétique rendant hypothétique un conflit entre Berlin et Moscou (du moins à court terme), la nouvelle frontière n’est pas couverte pas une fortification.

La dénonciation de ce pacte en mars 1945 change la donne. Un Neue Ostwall (nouveau mur de l’est) est réalisé le long de la nouvelle frontière entre l’Allemagne et l’URSS.

La Prusse Orientale étant protégée par d’anciennes forteresses, priorité est donnée à la défense du gouvernement général dont la frontière est protégé par des barbelés, des champs de mines et des ouvrages comparables non pas à ceux du Ostwall mais plutôt à ceux du Westwall.

Il s’agit là bien davantage d’une ligne de contrôle que d’une fortification imprenable. L’objectif est d’éviter une attaque surprise de l’armée rouge que d ’empêcher une invasion du gouvernement général.

Les ouvrages sont armés d’un ou deux créneaux de mitrailleuse, d’une coupole d’observation et pour certains soit d’un canon antichar de 50mm ou d’un mortier de 8cm.

Manquant de profondeur, cette position n’aurait pas opposé de grande résistance à une attaque décidée. Cette attaque ne se produisant pas lors du déclenchement de Weserubung, des travaux de renforcement sont menés au printemps 1949 pour lui donner de la profondeur et ainsi rendre la tache de l’ennemi plus complexe.

Allemagne (54) Armée de terre (11)

Armement (3) : Artillerie lourde

17cm Kanone 18  

17cm Kanone 18

17cm Kanone 18

La mise en œuvre de pièces d’artillerie lourde rencontrait plusieurs écueils dont le principal était le recul. Sans frein, la pièce bougeait ce qui nécessitait de la remettre en place entre chaque tir, réduisant la cadence (déjà réduite en raison du poids des obus qui étaient souvent en deux charges) et obligeant les servants à refaire leurs calculs.

Entre la première guerre mondiale et la guerre de Pologne, la firme Krupp développa un nouvel affût destiné à mettre en œuvre de façon efficace des pièces lourdes. Outre le frein classique, le recul était absorbé par un système de rail intégré au train de roulement. Une plate-forme de tir pivotante facilitait le pointage.

Cet affût allait être utilisé par deux armes, un canon de 17cm que nous allons voir maintenant et un mortier de 21cm que nous verrons ultérieurement.

La priorité ayant été donné au mortier de 21cm (entré en service en 1939), ce n’est qu’en 1942 que le 17cm Kanone 18 entre en service dans l’artillerie allemande. Il va équiper neuf des treize régiments d’artillerie lourde et va rapidement supplanter le mortier de 21cm en raison d’une portée supérieure.

La production se poursuit après le début du second conflit mondial, le 17cm Kanone 18 devant à terme remplacer le 21cm Mörser 18 dont le rapport coût/performance à été jugé décevant.

Caractéristiques Techniques du 17cm Kanone 18 (K18)

Calibre : 172.5mm Longueur de la pièce : 8.52m Poids en ordre de route 23275kg Poids en batterie 17520kg Poids de l’obus (HE) 68kg Champ de tir vertical 0° à +50° Champ de tir horizontal 16° sur l’affût mais 360° sur plate-forme Cadence de tir : nc Portée maximale 29600m

21cm Mörser 16

21cm Mörser 16

21cm Mörser 16

Bien que désigné comme mortier, cette pièce d’artillerie lourde est un obusier. Mis en service au sein de l’armée impériale en 1916, il est issu d’une arme plus ancienne, le 21cm Mörser 10, la différence la plus visible étant un tube plus long.

Utilisé jusqu’à la fin du conflit, ce “mortier” fût également vendu à la Suède qui en céda quatre à la Finlande lors de la Guerre d’Hiver (novembre 1939-février 1940) mais ces canons ne furent d’aucune utilité car il n’y avait pas de véhicules assez puissants pour remorquer les pièces ! On peut toutefois admettre que leur intervention n’aurait pas changé grand chose.

Côté allemand, le 21cm Mörser 16 resta en service jusqu’en 1940 quand il fût définitivement remplacé par le 21cm Mörser 18. Les canons retirés du service furent alors utilisés pour l’instruction, l’expérimentation de nouveaux projectiles et stockés au cas où même si l’usure des tubes et des affûts rendait peu rentable une remise en service qui ne saurait être que provisoire.

Caractéristiques Techniques du 21cm Mörser 16

Calibre : 210mm Longueur du tube : 2.67m (14.5 calibres) Poids : 6680kg Poids de l’obus : 113kg pour l’obus explosif 121kg pour l’obus perforant Champ de tir horizontal 4° Champ de tir vertical -6° à +70° Cadence de tir : 1 à 2 coups/minute Portée maximale 11100m

21cm Mörser 18

21cm Mörser 18

21cm Mörser 18

L’obusier de 21cm Mörser 16 était une arme tout à fait convenable mais il vieillissait et devait être remplacé par une arme plus moderne.  C’est la firme Krupp d’Essen qui étudia un nouveau mortier (Mörser) de 210mm. Le 21cm Mörser entre en production en septembre 1939 pour équiper quatre régiments d’artillerie lourde regroupés dans l’équivalent de notre Réserve Générale.

Ce canon était efficace mais ses performances se révélèrent décevantes notamment par comparaison avec le 17cm K18 qui rappelons-le utilisait le même affût.

Aussi sa production finit par s’interrompre au profit du K18 qui devait à terme le remplacer (après l’abandon du calibre de 210mm jugé selon les usages trop léger ou trop lourd) même si cela n’avait pas commencé quand le second conflit mondial éclata.

Au cours du conflit, les Mörser 18 allaient être peu à peu relégués à la défense côtière ou le renforcement des places fortes à la manière de notre Artillerie Mobile de Forteresse, couvrant aussi bien le Westwall ou Ligne Siegfried voir le Neue Ostwall construit sur la nouvelle frontière germano-soviétique.

Caractéristiques Techniques du 21cm Mörser 18

Calibre : 210.9mm Longueur de la pièce : 6.51m Poids en ordre de route 22700kg en batterie 16700kg Poids de l’obus 121kg Champ de tir vertical : -0° à +50° Champ de tir horizontal : 16° sur l’affût 360° sur la plate-forme Portée maximale : 16700m

21cm Kanone 38 et 39

21cm Kanone 39

21cm Kanone 39

L’obusier de 210mm utilisant le même affût que le K18 s’était révélé  décevant ce qui n’empêcha pas l’Allemagne de continuer à développer des pièces de ce calibre.

Le premier baptisé Kanone 38 était étroitement dérivé du Mörser 18. Les différences étaient minimes et la production limitée à seize exemplaires quand la Heer préféra poursuivre la construction d’un canon d’origine tchèque. Ces canons étaient toujours en service en septembre 1948 mais dans un rôle d’artillerie de forteresse et d’artillerie côtière.

Ce canon à été exporté au Japon (quatre exemplaires) plus huit produits sous licence, ces pièces devant être utilisées pour neutraliser les puissantes forteresses américaines aux Philippines.

Caractéristiques Techniques du 21cm Kanone 38

Calibre : 210.9mm Poids : 25300kg Poids de l’obus : 121kg (projectile et gargousse séparées) Longueur du tube : 11.62m Champ de tir vertical : 0° à +50° Champ de tir horizontal : 17° sur l’affût, 360° sur la plate-forme Cadence de tir : un coup/minute Portée maximale : 33900m

Le 21cm Kanone 39 était à l’origine une pièce tchèque de la firme Skoda destinée à la Turquie et baptisée K52. Deux exemplaires seulement avaient été livrés quand la Tchécoslovaquie fût dépecée et absorbée par l’Allemagne.

Le contrat avec Ankara fût honorée (seize canons) et la production se poursuivit à cadence réduite pour l’Allemagne avec trente-deux pièces produites jusqu’en juin 1944 quand la production est suspendue.

Ces canons furent mis en oeuvre par des bataillons indépendants appelés en cas d’offensive à l’ouest à détruire les fortifications françaises voir à assurer des missions de défense côtière. Huit de ces canons furent cédés à la Suède pour servir à la défense côtière, réduisant le parc à vingt-quatre canons.

Caractéristiques Techniques du 21cm Kanone 39

Calibre : 210mm Poids : 39.800kg Poids de l’obus : 135kg Longueur du tube : 9.53m Champ de tir vertical : -4° à +45° Champ de tir horizontal : 360° Cadence de tir : 3 coups en deux minutes portée maximale 33000m

24cm Kanone 3 et 4

24cm Kanone 3

24cm Kanone 3

Ces deux modèles de canons de 240mm furent conçus respectivement par Rheinmetall et par Krupp.

Détail savoureux, le K3 conçu par Rheinmetall fût produit par Krupp suite à une erreur dans la planification. N’étant pas impressionnés par les performances du K3, les ingénieurs de la firme d’Essen produisirent leur propre canon qui en dépit d’un calibre identique ne partageait pas de pièces en commun !

Les premières pièces sortent d’usine en 1938 et quatre canons sont en service quand éclate la guerre de Pologne. Varsovie n’offrant guère de forteresses puissantes, les K3 restent déployés à l’ouest où ils auraient inévitablement participés à l’offensive à l’ouest en matraquant les fortifications néerlandaises, belges et surtout françaises.

Au final ce sont quatorze pièces type K3 et K4 (les sources divergent sur la répartition entre les deux modèles) qui vont être produites. Ils vont équiper un régiment d’artillerie avec quatre batteries de trois pièces, deux canons étant généralement conservés en réserve et utilisés soit pour l’instruction ou l’expérimentation de projectiles spéciaux (stabilisés ou super-lourds).

Ces canons sont toujours en service en septembre 1948. Ils sont déployés à l’ouest pour couvrir le Westwall plus connu côté allié sous le nom de Ligne Siegfried.

Caractéristiques Techniques du 24cm Kanone 3

Calibre : 238mm Poids en ordre de route (six chargements) 84636kg Poids en batterie 54000kg Poids de l’obus 152.3kg Longueur de la pièce : 13.10m Champ de tir horizontal 6° sur l’affût 360° sur la plate-forme de tir Cadence de tir : un coup toutes les cinq minutes Portée maxumale 37500m

24cm Haubitze 39 (24cm Houfnice vz39)

Le 24cm Haubitze 39 est lui aussi une arme d’origine tchèque conçue à l’origine pour la Turquie qui n’en reçut que deux exemplaires, annulant la livraison de six autres canons.

La production de cet obusier au fonctionnement semblable à son petit frère de 210mm continua pour l’Allemagne et équipa un régiment de la “Réserve Générale” allemande avec une mission de contre-batterie mais surtout de destruction des points fortifiés ennemis.

Il équipa ce régiment en compagnie de pièces plus anciennes, des 24cm Kanone M.16 qui furent remplacés par des Haubitze 39/40, une version améliorée du précédent.

Au total ce sont douze Haubitze 39 et huit Haubitze 39/40 qui furent produits soit un total de vingt pièces.

Caractéristiques Techniques du 24cm Haubitze 39

Calibre : 240mm Poids : 27000kg Poids du projectile 166kg Longueur totale : 6.765m Champ de tir vertical : -4° à +70° Champ de tir horizontal : 360° Cadence de tir : 1 coups toutes les deux minutes Portée maximale : 18000m

24cm Kanone M.16

24cm Skoda M16

24cm Skoda M16

L’histoire de ce canon résume à lui tout seul l’évolution de l’Europe Centrale entre le premier conflit mondial et la guerre de Pologne.

En 1916, l’armée austro-hongroise passe commande à la firme Skoda d’un nouveau mortier de siège d’une portée supérieure au canon de 420mm qu’elle utilisait sur le front italien.

Neuf canons furent commandés mais seulement deux furent achevés et mis en service avant l’armistice qui provoqua la disparition de la Double-Monarchie.
Quatre autres canons étaient encore en fabrication et l’armée tchécoslovaque prit la décision de les acheter, Skoda ayant prit l’initiative des les achever.

Ces canons furent rachetés par les allemands après les accords de Munich, devenant des 24cm Kanone (t), équipant un régiment d’artillerie lourde en compagnie d’autres canons tchèques de même calibre.

Ces canons restèrent en service jusqu’en septembre 1941 quand ils furent remplacés par des Haubitze 39/40 plus modernes.

Caractéristiques Techniques du 24cm Kanone 16

Calibre : 240mm Poids total : 86000kg Poids du projectile : 198kg Longueur du tube : 9.6m (40 calibres) Champ de tir vertical : -10° à +41.30° Champ de tir horizontal : 360° Cadence de tir : un coup par minute Portée maximale 26300m

35.5cm Haubitze M.1

35.5cm Haubitze M.1

35.5cm Haubitze M.1

En 1935, l’armée allemande demanda à Rheinmetall de développer un nouvel obusier de siège d’une puissance plus importante que le 24cm K3. La firme de Dusseldörf dessina un puissant obusier de 355mm reprenant les technologies de la pièce de 240mm.

Huit obusiers seulement furent construits pour équiper un unique régiment qui aurait été engagé contre la Ligne Maginot en cas d’attaque frontale à l’ouest.

Ces obusiers sont encore en service en septembre 1948.

Caractéristiques Techniques du 35.5cm Haubitze M.1

Calibre : 355mm Poids : 75000kg pouds du projectile : 575kg  Longueur du tube : 8.05m  Champ de tir  vertical : +45° à +75° Champ de tir horizontal 6° sur l’affût 360° sur la plate-forme Cadence de tir : un coup toutes les quatre minutes Portée maximale : 20850m