Dominions (7) Canada (7)

LA ROYAL CANADIAN NAVY (RCN) MARINE ROYALE CANADIENNE

 

 

Les origines

Au début du 20ème siècle l’Empire britannique est traversé par un débat sur le poids de la défense et le rôle que pourraient jouer les Dominions. Le domaine clé est le domaine naval, la Grande-Bretagne s’étant lancée dans une course aux armement avec l’Allemagne, une course coûteuse.

Deux écoles s’affrontent au Canada. Les premiers sont partisans d’une participation financière et humaine au renforcement de la Royal Navy (financement d’un ou plusieurs navires de ligne, complément des équipages britanniques par des marins canadiens) alors que les seconds sont partisans de la création d’une marine autonome.

Le 29 mars 1909, George Foster introduit une résolution à la chambre des Communes pour mettre sur pied un service naval canadien mais cette résolution ne rencontra pas le succès escompté.

C’est le gouvernement Laurier qui impose la création de cette marine de guerre via le Naval Service Bill. Ce Bill devient un Act par sanction royale le 4 mai 1910.

Ce Naval Service Act créé un département du service naval, département placé sous l’autorité du ministère de la Marine et des Pêches qui devient également ministère du Service Naval.

En 1910 est créé le Naval Service of Canada qui devient dès l’année suivante le 29 août 1911 la Royal Canadian Navy (RCN) suite à l’intervention du roi George V («His Majesty having been graciously pleased to authorize that the Canadian Naval Forces shall be designated the « Royal Canadian Navy, » this title is to be officially adopted, the abbreviation thereof being ‘RCN’ King George V, 29 August 1911»).

Le Naval Service Act créé une force permanente, une réserve pouvant être mobilisée en cas d’urgence, une réserve volontaire pouvant elle aussi être mobilisée en cas d’urgence, la création d’un Collège Naval.

Le premier commandant du Naval Service of Canada est le contre-amiral Charles Kingsmill, un officier retraité de la Royal Navy qui était auparavant en charge du service Marine du Département de la Marine et des Pêches.

Le 30 janvier 1911 une demande pour changer le nom en marine royale canadienne est transmise au roi George V qui donne donc son accord le 29 août 1911.

La même année, en 1911 est créé le Royal Naval College of Canada qui s’installe à Halifax en Nouvelle-Ecosse.

Les installations d’origine sont détruites en décembre 1917 lors de l’explosion du cargo français Mont Blanc. Le Royal Naval College of Canada s’installe sur la frégate HMCS Stone à Kingston (Ontario) sur le même site que le Royal Military College of Canada (RMCC). Le RNCC est transféré à Esquimalt (Colombie Britannique) en 1919 avant d’être fermé en 1922.

Pour former le noyau de la nouvelle marine et pour entraîner les équipages prévus pour armer les cinq croiseurs et les six destroyers, des navires sont armés. Le premier navire militaire canadien est le croiseur HMCS Rainbow mis en service le 4 août 1910, arrivant à Esquimalt le 7 novembre 1910. Déployé sur la côte ouest, il effectue des missions de police des pêches et l’entrainement des futurs marins.

CC HMCS Niobe.jpg

HMCS Niobe

Le 6 septembre 1910 est mis en service le HMCS Niobe un autre croiseur, qui quitte aussitôt Devonport, ralliant Halifax le 21 octobre 1910, le jour du Trafalgar Day.

En 1911 le premier ministre libéral Laurier est battu aux élections. Il est remplacé par Robert Borden, un conservateur.

Dans l’opposition ce dernier avait été opposé au Naval Service Act mais une fois au pouvoir, sur intervention urgente du premier lord de la mer de l’Amirauté, il accepte de finance la construction de trois cuirassés type Queen Elizabeth dont six navires avaient déjà été prévus par la Royal Navy (cinq seulement seront construits _Queen Elizabeth Barham Warspite Malaya Valiant_ le sixième baptisé Agincourt sera abandonné en 1914).

cuirassé HMS Queen Elizabeth 2.jpg

Au premier plan, le cuirassé HMS Queen Elizabeth

Ce plan est présenté le 5 décembre 1912 sous le nom de Canadian Naval Aid Bill. Il était pourtant bien plus coûteux que le projet Laurier et surtout n’allait entraîner aucune retombée pour l’industrie canadienne puisque les navires allaient être construits en Grande-Bretagne.

Le Bill est voté à la troisième lecture le 15 mai 1913 mais deux semaines plus tard l’Act est rejeté par la majorité libérale au Sénat.

Le premier conflit mondial stoppe ce projet et surprend la RCN en mauvaise posture avec peu d’argent pour les opérations, deux croiseurs obsolètes et aucun navire neuf en commande.

Cela n’empêche pas les partisans d’une marine autonome de continuer leurs efforts notamment en mai 1914 quand est créé la Royal Naval Canadian Volunteer Reserve (RNCVR) composée à l’origine de 1200 hommes répartis en trois districts : Atlantique, Pacifique et Lacs.

Cette réserve volontaire connu une importante croissance avec la création d’une division outre-mer pour regrouper les marins canadiens volontaires pour servir dans la Royal Navy.

Juste avant le début du premier conflit mondial, le gouverneur de la Colombie Britannique procéda à l’acquisition de deux sous-marins, les CC-1 et CC-2.

Ces navires avaient été construits par un chantier américain pour la marine chilienne mais comme Santiago fût dans l’incapacité de payer, le gouverneur de Colombie Britannique se décida à les acheter. Le 7 août 1914, le gouvernement fédéral racheta ces navires qui furent immédiatement mis en service dans la toute jeune marine royale canadienne.

La Royal Canadian Navy (RCN) dans le premier conflit mondial

Quand le Canada entre en guerre le 5 août 1914 (entrée en guerre automatique en raison du statut de Dominion), la marine canadienne aligne deux navires gouvernementaux, les CGS Canada (rebaptisé HMCS Canada) et CGS Margaret, les deux vieux croiseurs Niobe et Rainbow et les deux sous-marins CC-1 et CC-2.

Cette entrée en guerre coupe court aux projets d’expansion de la marine canadienne. De manière pragmatique, Londres et Ottawa s’entendent pour permettre aux marins canadiens soit de s’engager dans la Royal Navy ou dans la Royal Canadian Navy, la majorité choisissant la deuxième option.

Le croiseur HMCS Rainbow passe la guerre sur la côte ouest, patrouillant le long des côtes de l’Alaska au canal de Panama. Ces patrouilles destinées à protéger le trafic commercial devinrent sans objet après l’élimination de l’escadre allemande d’Extrême-Orient commandé par l’amiral Von Spee aux Falklands. Le vieux croiseur est d’ailleurs retiré du service en 1917.

Son homologue sur la côte est, le HMCS Niobe assure des patrouilles de blocus au large des côtes américaines pour empêcher les allemands de continuer à s’approvisionner aux Etats-Unis. Sa carrière est plus courte puisqu’il est désarmé en juillet 1915, servant de bâtiment-base à Halifax. Il est sévèrement endommagé en décembre 1917 lors de l’explosion d’Halifax.

Les deux sous-marins CC-1 et CC-2 sont d’abord déployés sur la côte Pacifique mais l’absence de menace allemande entraîne leur redéploiement à Halifax.

Soutenu par le HMCS Shearwater, ils sont les premiers navires militaires frappés de la White Ensign à franchir le canal de Panama.

Arrivés à Halifax le 17 octobre 1917 ils sont déclarés inaptes au service actif et ne patrouilleront plus jusqu’à leur vente à la démolition survenue en 1920.

Le 5 septembre 1918 est mis sur pied le Royal Canadian Naval Air Service (RCNAS), l’aéronavale canadienne utilisée essentiellement pour traquer les sous-marins. Les hydravions utilisés opèrent depuis Halifax où l’USN avait mis en place une base aéronavale. Son existence est brève puisque le RCNAS est dissous après l’armistice du 11 novembre 1918.

De Rethondes à Coblence, une après guerre difficile pour la marine royale canadienne

L’immédiat après guerre est difficile pour la marine canadienne réduite à sa plus simple expression avec seulement 366 hommes !

HMS Aurora (1913).jpg

HMS Aurora futur HMCS Aurora

Son dernier croiseur le HMCS Aurora (classe Arethusa) est retiré du service en 1922 après seulement deux ans de service, ne laissant que deux destroyers cédés par la marine britannique, les HMCS Patriot et Patrician remplacés à la fin des années vingt par deux autres ex-destroyers de la marine britannique, les HMCS Champlain et Vancouver.

Les deux premiers étaient des destroyers de classe M produits par Thornycroft, le Patriot ayant servit dans la marine britannique de juin 1916 à novembre 1919 puis dans la marine canadienne de septembre 1920 à décembre 1927 alors que le Patrician à servit sous les couleurs britanniques de 1916 à 1920 puis dans la marine royale du Canada de 1920 à 1928.

Les deux suivants acquis pour entraîner les futurs équipages des destroyers type A sont des unités de classe S (1917), le premier servant dans la Royal Navy de juillet 1919 à mars 1920 puis dans la marine canadienne de mars 1928 à novembre 1936 alors que le second à été mis en réserve un mois après sa mise en service (mai 1919) avant de servir le Canada de mars 1928 à novembre 1936.

Le 31 janvier 1923, la Royal Naval Canadian Volunteer Reserve est remplacée par la Royal Canadian Naval Volunteer Reserve (RCNVR) initialement composée de 1000 hommes.

Ces 1000 hommes étaient réparties entre quinze villes canadiennes, douze disposant d’une demi-compagnie d’environ 50 hommes (Calgary, Charlottetown, Edmonton, Halifax, Hamilton, Ottawa, Prince Rupert, Quebec City, Regina, Saint John, Saskatoon et Vancouver) et trois disposant d’une compagnie d’environ 100 hommes (Toronto, Montreal et Winnipeg).

HMCS Saguenay (D-79).jpg

HMCS Saguenay (D-79) (destroyer type A)

En 1931 la marine canadienne reçoit pour la première fois des navires neufs en l’occurrence deux destroyers, les HMCS Saguenay et HMCS Skeena. Ces deux destroyers étaient identiques aux type A de la marine britannique.

En janvier 1932, le Skeena et le Vancouver interviennent au Salvador pour protéger les ressortissants britanniques alors qu’une jacquerie avait éclaté. Une compagnie de débarquement est mise à terre à Acajutla mais sans combattre. Les «fusiliers marins» rembarquent mais les navires restent sur zone jusqu’à la fin du mois au cas ou.

En dépit de la livraison de ces deux navires, les années trente sont des années de vache maigre pour les marins canadiens tout comme d’ailleurs pour leurs camarades terriens et aviateurs.

Néanmoins avec la montée de la menace allemande et japonaise l’investissement reprend avec l’acquisition à la fin des années trente des cinq destroyers type C en service dans la marine britannique.

HMCS Assiniboine (I18) 6.jpg

HMCS Assiniboine ex-HMS Kempenfelt

Ces cinq navires rejoignent les deux type A formant le cœur de la puissance navale canadienne. Ils changent à cette occasion de nom, le HMS Kempenfelt devient le HMCS Assiniboine, le HMS Comet deveint le HMCS Restigouche, le HMS Crusader devient le HMCS Ottawa, le HMS Cygnet devient le HMCS St. Laurent et le HMS Crescent devient le HMCS Fraser.

En septembre 1939 quand éclate la guerre de Pologne, la marine canadienne dispose de sept destroyers de classe River (deux type A et cinq type C), un voilier-école le HMCS Venture, deux petits navires-écoles et cinq dragueurs de mines, navires stationnés à Halifax sur la côte est et Victoria sur la côte est pour 145 officiers et 1674 hommes.

Le Canada participe à la guerre de Pologne mais la marine n’à guère l’occasion de s’illustrer, patrouillant le long des côtes canadiennes et surtout dans les Caraïbes mais sans se distinguer.

La Royal Canadian Navy et la Pax Armada

Comme nous l’avons vu plus haut, le premier ministre William Lyon Mackenzie King augmente sérieusement les investissements militaires à la fin des années trente et surtout durant la décennie suivante.

Partisan de la politique d’apeasment, le premier ministre libéral en mesure les limites et accorde des budgets généreux pour faire de la marine canadienne non pas une marine de premier rang mais une marine capable de joueur plus qu’un rôle symbolique.

En matière de capital ship le cuirassé était encore prégnant dans l’imaginaire des amiraux. En 1913 le Sénat avait mis un terme à la volonté du Canada de financer la construction de trois cuirassés de classe Queen Elizabeth.

Il semble qu’au début des années quarante le Canada ait sondé la Grande-Bretagne mais aussi la France sur la possibilité pour la RCN d’acquérir un navire de ligne pour renforcer la position alliée contre une Kriegsmarine en pleine croissance.

Encore aujourd’hui on ignore jusqu’où le projet à été mené à bien. Simple sondage informel ? Projet plus abouti ? Construction neuve ou armement d’un cuirassé britannique en construction ?

L’absence d’archives abondantes semble indiquer que la première hypothèse (un simple sondage informel) est la plus sérieuse mais impossible de trancher fermement et définitivement.

Ce qui est certain en revanche c’est la Royal Canadian Navy (RCN) décide de recréer une véritable aéronavale, aéronavale qui n’avait que brièvement existé à la fin du premier conflit mondial.

Ce nouveau Royal Canadian Naval Air Service (RCNAS) va disposer tout d’abord d’hydravions destinés à patrouiller au large des côtes est et ouest du pays puis d’avions de surveillance maritime mais aussi d’avions torpilleurs capables d’attaquer une flotte ou plutôt un navire hostile.

HMCS Warrior (R-31) 2

Le porte-avions HMCS Bonaventure

La décision en septembre 1943 de commander deux porte-avions économiques de type Colossus entraine la création de deux groupes aériens embarqués composés de chasseurs Supermarine Seafire, d’avions-torpilleurs Fairey Albacore et Fairey Swordfish mais aussi de bombardiers en piqué Douglas Dauntless.

Ces deux porte-avions baptisés HMCS Bonaventure et Magnificent sont destinés à opérer principalement dans l’Atlantique même si un déploiement dans le Pacifique n’est pas à exclure.

En septembre 1948 seul le premier est en service, stationné à Halifax d’où il va couvrir les convois contre les sous-marins et les raiders allemands. Le second est mis en service en mars 1949.

En septembre 1939 les plus gros navires de la marine canadienne étaient des destroyers, sept destroyers type Fleet Destroyer (deux type A et cinq type C).

Après avoir envisagé l’acquisition de croiseurs (il faudra attendre le second conflit mondial pour cela), la marine canadienne préfère renforcer sa flotte de destroyers en commandant des Tribal en l’occurrence huit unités mises en service entre 1942 et 1946.

HMCS Huron (G-24) 2.JPG

Le destroyer HMCS Huron (G-24)

 

Ces navires sont regroupés à Halifax au sein du 1st Canadian Destroyer Flottilla, les autres destroyers ralliant la côte Pacifique pour former la 2nd Canadian Destroyer Flottilla. En théorie les Tribal doivent opérer avec les porte-avions.

Pour compléter les destroyers, la marine canadienne va commander également des corvettes de classe Flower et des frégates de classe River en l’occurrence huit et douze soit vingt navires d’escorte.

Ces navires vont être stationnés essentiellement sur la côte Atlantique pour couvrir les convois transatlantiques même si quatre River vont être détachées en Colombie Britannique.

Les moyens de dragage de mines et de soutien sont également renforcés pour permettre à la marine royale canadienne de disposer d’une certaine autonomie.

Une force d’infanterie est également mise sur pied en 1944 initialement pour renforcer la défense des bases contre des coups de main ennemis. Le 1st Bataillon Royal Canadian Marines (1st Bataillon-RCM) est créé en septembre 1944 suivi d’un 2nd Bataillon-Royal Canadian Marines (2nd Bataillon-RCM) en janvier 1947, le premier étant stationné sur la côte est, le second sur la côte ouest.

Ce sont de petites unités d’infanterie motorisées organisées en une compagnie de commandement et de soutien, trois compagnies à trois sections de combat et d’une section d’appui et une compagnie d’appui (mitrailleuses et mortiers).

2 réflexions sur “Dominions (7) Canada (7)

  1. L'amateur d'aéroplanes dit :

    Bonjour. Je signale un lapsus sur le destin des deux premiers sous-marins canadiens :
    Arrivés à Halifax le 17 octobre 1917 ils sont déclarés inaptes au service actif et ne patrouilleront plus jusqu’à leur « ventre » à la démolition survenue en 1920.

  2. clausmaster dit :

    Merci je vais modifier (je devais avoir faim quand j’ai écris)

Laisser un commentaire