Le Canada dans le second conflit mondial
Mobilisation
Comme nous venons de le voir, les premiers éléments de la 1ère division canadienne arrivent en France à la mi-septembre pour préparer l’arrivée du reste de la division.
Au même moment la 2ème division canadienne se préparer à passer en Europe. Il semble qu’à l’origine la division devait permettre de constituer un Corps d’Armée Canadien sous commandement français mais pour des raisons politiques, une seule division est envoyée en France sous commandement britannique. La 2nd Canadian Division rejoint donc l’East Anglia pour être capable soit de rejoindre la Norvège ou de passer sur le continent.
La situation se dégradant rapidement en Norvège, la 2ème division canadienne qui arrive début octobre 1948 en Grande-Bretagne doit être déployée en Scandinavie. Les éléments précurseurs arrivent mi-octobre dans les zones encore contrôlées par les alliés.
Après une réunion tendue entre britanniques, français, norvégiens et canadiens, décision est prise de conserver le reste de la division en Grande-Bretagne. Les éléments canucks déjà présents vont couvrir l’évacuation des troupes alliées en défendant les ports. Les allemands apprennent vite à respecter les fantassins canadiens.
Au Canada, l’appel aux volontaires permet de mettre sur pied initialement trois divisions supplémentaires logiquement baptisées 3rd, 4th,5th Canadian Division. Si les deux premières sont anglophones, la troisième est une division francophone.
Parallèlement le Corps Blindé Canadien/Canadian Armoured Corps est renforcé passant de deux divisions blindées à quatre avec l’apport de jeunes recrues et de réservistes. Les usines canadiennes tournent à plein régime même si les nouvelles divisions vont être longtemps sous-équipées.
La mobilisation concerne également la Royal Canadian Air Force (RCAF) qui met sur pied de nouvelles unités de chasse, de bombardement, de reconnaissance et de transport. Suite à un accord propre au Commonwealth, des unités de la RCAF vont être placées sous commandement de la RAF pour la défense de la Grande-Bretagne.
En revanche la Royal Canadian Navy concentre ses moyens au pays pour couvrir les convois contre les sous-marins et les raiders allemands.
Le Canada au combat (1) : Europe occidentale
La première unité canadienne à connaître le feu est donc la 2nd Canadian Division, la 2ème division canadienne ou plutôt les éléments précurseurs avec un état-major, un régiment d’infanterie, des éléments de reconnaissance, d’artillerie et du génie soit grosso modo 2500 hommes.

QF 25 Pounder en action. La Task Force Vimy déployé à Bodo disposait de quelques pièces qui jouèrent un rôle crucial pour appuyer les troupes au sol
Les combats sont violents sous un ciel dominé par l’ennemi. Il était prévu de déployer le reste de la division à Bodo _dernier port sous contrôle allié_ mais devant la dégradation de la situation, l’élément précurseur de la 2ème division canadienne reçoit pour mission avec des éléments français, britanniques, norvégiens et polonais de couvrir le port le plus longtemps possible pour évacuer le maximum d’hommes et de matériel.
Les combats en Norvège vont s’achever le 27 octobre 1948 même si il y aura des escarmouches jusqu’au 1er novembre. Les canadiens sont les derniers à rembarquer dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre sur un destroyer britannique. Sur les 2389 canadiens débarqués en Norvège, 277 ont été tués, 350 blessés et 125 faits prisonniers par les allemands.
La 2nd Canadian Division est regroupée en Ecosse pour recomplément des effectifs et surtout infusion de l’expérience norvégienne auprès des hommes restés en Grande-Bretagne.
En mai 1949, la division est envoyée sur le Continent dans le but de former un Corps d’Armée Canadien autonome sous commandement britannique avec la 1ère division mais avant même que cette réorganisation soit menée les allemands attaquent à l’ouest.
La 1ère division canadienne combat dans le nord de la France et en Belgique, subissant de lourdes pertes sous les coups des chars et de l’aviation allemande.
Les canucks de la 1ère division se montrent à la hauteur de leurs aînés de Vimy et de Paschendaele, s’attirant l’admiration mais aussi la haine des allemands, plusieurs cas de prisonniers canadiens abattus par les allemands étant signalés.
La 2ème division est engagée fin mai sur le théâtre d’opérations français en compagnie de la 3rd Canadian Division arrivée en France en janvier 1949. Formant le 1st Canadian Army Corps (1st CAC), les deux divisions canadiennes opèrent en Picardie, combattant sur la Seine, défendant le Havre jusqu’à son évacuation en direction de l’Angleterre pour reconstitution et surtout constitution d’une Canadian Army in France (CAF).
La décision d’autoriser la constitution d’une armée canadienne autonome sur le front européen fait suite aux lourdes pertes subies par les troupes françaises, britanniques, néerlandaises et belges.
Il faut d’urgence renforcer les effectifs. Initialement le Canada pensait devoir s’engager davantage en Méditerranée mais Paris et Londres souhaite le déploiement de davantage de divisions canadiennes en France.
L’Armée Canadienne en France (ACF) est officiellement créée le 7 février 1950 à Salisbury où est provisoirement installé le QG en attendant son passage en France qui à lieu en juin 1950, le nouveau quartier général canadien étant installé à Orléans.
La mise en place d’une armée complète ne se fait pas sans mal d’autant que les ports français doivent également accueillir à terme des troupes américaines. En dépit de travaux menés avant guerre, les ports de la côte Atlantique vont vite être saturés par l’afflux d’hommes, de véhicules et de matériels.
Cette armée va être composée de deux corps d’armées et d’un corps d’armée blindée soit six divisions plus différents services associés (artillerie, génie, transmissions, soutien).
Le 1er Corps d’Armée Canadien dispose ainsi de la 1ère et de la 3ème division canadienne (des divisions reconstituées directement en France), le 2ème Corps d’Armée Canadien des 2ème et 4ème divisions canadiennes (la première reconstituée en Bretagne avec des recrues venues du Canada et la seconde venue directement en France comme unité constituée et qui venait de s’entraîner dans les Landes avec des unités françaises ayant combattu sur le front français) et le 3ème Corps d’Armée Canadien (Blindé) composé des 1ère et 2ème divisions blindées canadiennes.

RAM II
Cette armée pleinement opérationnelle au printemps 1951 couvre la partie occidentale du front allié sur la Seine, ayant la Manche sur sa gauche et des unités françaises sur sa droite, le tout sous l’autorité du Groupe d’Armées n°1.
Ce dernier comprend l’Armée Canadienne en France, les 1ère, 2ème et 3ème Armées Françaises mais aussi la 1ère Armée britannique soit cinq armées, trois corps d’armées canadiens, neuf corps d’armée français et quatre corps d’armée britanniques soit seize corps d’armée et trente-six divisions qui forment l’aile marchante couverte à sa droite par les troupes américaines.
L’opération AVALANCHE (le franchissement de la Seine) à lieu le 18 juin 1951 (jour anniversaire de la bataille de Waterloo ce qui aurait fait tousser quelques officiers français admirateurs de l’empereur).
Les combats sont durs, violents, impitoyables mêmes. On à parlé des combats à mort sur le front de l’est mais sur le front occidental ce n’est pas moins violent.
Le territoire français souffre encore davantage que durant le premier conflit mondial, les populations locales (dont une partie renseigne les alliés) est l’objet de représailles violentes des allemands.
Les troupes canadiennes progressent le long des côtes de la Manche, ravitaillés par la RCN qui déploie davantage de navires en Europe au fur et à mesure que la menace sous-marine diminue dans l’Atlantique.
La RCAF déploie des unités depuis l’Angleterre mais aussi depuis la France. Ces unités forment une Composante Aérienne Canadienne en France (CACF)/Canadian Air Component in France avec des unités de chasse, de bombardement, de reconnaissance et de transport.
Les canucks opèrent sur les mêmes champs de bataille que leurs aînés, connaissant dans des circonstances bien différentes la boue et la pluie des Flandres. Ils sont les premiers à libérer le port d’Anvers ce qui va grandement faciliter la progression alliée en permettant d’augmenter les voies d’acheminement des hommes, des véhicules et du matériel.
Après avoir libérer la Belgique et les Pays-Bas, l’Armée Canadienne en France devenue en suite la 1st Canadian Army/1ère Armée canadienne opère dans le nord de l’Allemagne sous commandement britannique, le 21ème Groupe d’Armées disposant de la 1ère armée canadienne, des 1ère et 7ème Armées britanniques, de la 1ère Armée belge qui comprends deux corps belges et un corps néerlandais.
La mission du 21ème GA est de s’emparer des ports allemands de la mer du Nord et d’isoler les troupes allemandes déployées au Danemark et en Norvège, des troupes nombreuses qui sont bloquées là par un débarquement allié qui aura lieu en octobre 1953 (opération BOREALIS).
Il semble que l’engagement d’une division canadienne en Norvège à été étudié mais finalement rejeté laissant les américains, les britanniques et les français opérer seuls. Seule la marine canadienne va ainsi participer à l’opération BOREALIS avec des navires, des avions mais aussi ses fusiliers marins.
La 1ère armée canadienne franchit l’Elbe, chasse la Kriegsmarine de ses différentes bases avant de participer aux combats pour Berlin.
Dès l’automne 1954, les troupes canadiennes commencent à rentrer au pays mais un corps d’armée reste déployé en Saxe, l’un des nouveaux pays allemands qui fait suite à la décision alliée de procéder au démantèlement de l’Allemagne en échange du renoncement soviétique à une zone d’occupation en Allemagne.
Ce corps d’armée va rester jusqu’en 1995 quand suite à la réunification allemande, Ottawa prend la décision de retirer ses troupes d’Europe, leur présence ne se justifiant plus. Désormais les seules troupes canadiennes présentes en Europe le sont à titre temporaire pour des manœuvres.
Le Canada au combat (2) : Méditerranée et Pacifique
Comme nous l’avons vu plus haut les canadiens envisageaient d’abord la Méditerranée comme théâtre d’opération principal. La dégradation de la situation en Europe occidentale oblige Ottawa à envoyer davantage de troupes sur ce front.
D’autres théâtres d’opérations vont voir l’engagement de troupes canadiennes. Le premier c’est la Méditerranée. La 5th Canadian Division est ainsi envoyée en Afrique du Nord en septembre 1949.
Elle participe aux opérations dans les Balkans, les fantassins de la division francophone s’illustrant en Yougoslavie mais aussi en Grèce. Elle combat jusqu’à la fin de la campagne de Grèce en mars 1950, division renforcée par l’envoi de la 3ème division blindée canadienne ainsi que de la 6th Canadian Division levée fin 1949 et envoyée immédiatement en Méditerranée.
Ces trois divisions connaissent un sort différent. Si la 6ème division reste dans le Péloponnèse, les deux autres sont rapatriées en Libye pour être reconstituées afin d’être engagées sur un nouveau théâtre d’opérations.
La 5th Canadian Division participe ainsi à l’opération MARIGNAN, la libération de la Corse. Il est accompagné par un groupement de marche formé par la 3rd Canadian Armoured Division. Les combats terminés fin septembre 1951, la force canadienne regagne l’Afrique du Nord et la région de Bizerte pour préparer de nouvelles opérations en compagnie de la 7th Canadian Division arrivée sur place à l’été 1951.
La 7th Canadian Division est ainsi engagée aux côtés de la 2ème DINA (Division Nord-Africaine) et de la 1st New Zealand Division dans l’opération ACOLADE, une double opération destinée à s’emparer de Pantelleria et de Lampedusa, deux îles qui pouvaient toujours représenter une menace pour les convois alliés traversant la Méditerranée du détroit de Gibraltar au canal de Suez.
Cette opération lancée le 11 mars 1952 se termine par la capitulation des deux divisions italiennes deux semaines plus tard. La 7th Canadian Division va rester à Pantelleria et Lampedusa comme division de garnison jusqu’au printemps 1953 quand elle sera envoyée sur la péninsule italique.
Le 15 juillet 1952, les alliés déclenchent l’opération HUSKY, l’invasion de la Sicile à laquelle participe un corps d’armée canadien sous commandement britannique, le 4th Canadian Army Corps (4th CAC) qui comprends la 6ème division d’infanterie, la 3ème division blindée et la brigade parachutiste canadienne larguée sur les différents aérodromes de l’île avec un succès mitigé.
Cette campagne va durer jusqu’au mois de décembre 1952. Les forces canadiennes subissent des pertes sérieuses qui les empêchent de participer aux premières opérations dans la péninsule italique.
Le 4ème Corps d’Armée Canadien reste en Sicile jusqu’en mars 1953 quand il est déployé en Italie péninsulaire, corps porté à deux DI (6th et 7th Canadian Division) et une DB. Le 4ème CANAC (Canadian Army Corps) termine le conflit dans le sud de l’Allemagne en avril 1954.
Si le conflit s’était prolongé, le corps d’armée canadien aurait été engagé dans le nord de l’Allemagne soit sous commandement britannique ou sous commandement français (cela n’à jamais été tranché).
La brigade parachutiste elle se déploie à Naples et se prépare à sauter sur des objectifs mais ne sera engagée qu’en janvier 1954 en sautant sur la Yougoslavie pour aider les maquisards royalistes à prendre de vitesse les maquisards communistes (opération WELCOME/BIENVENNUE).
La Royal Canadian Navy (RCN) engage des croiseurs mais aussi des porte-avions dans la Mare Nostrum tandis que la Royal Canadian Air Force (RCAF) effectue un effort non négligeable en déployant deux wings de chasse à trois squadrons, deux wings de bombardement à trois escadrons, un wing de reconnaissance à trois escadrons et un wing de transport lui aussi à trois escadrons soit dix-huit squadrons.
Il était initialement prévu vingt-quatre squadrons mais les six squadrons libérés vont former une Canadian Air Force in Balkans avec un wing de trois squadrons de chasse et un wing mixte composé d’un squadron de reconnaissance et deux squadrons d’attaque au sol.
Peu de troupes canadiennes vont être engagées dans le Pacifique à la fois parce que les américains ne le souhaite pas mais aussi parce qu’Ottawa fournit déjà un gros effort en Europe et en Méditerranée. On trouve au début du conflit deux bataillons canadiens déployés à Hong Kong au sein de la China Division, le 2ème Bataillon de Marines et une brigade d’infanterie du Pacifique.
La première unité est engagée aux Salomons sous commandement américain, en Indochine sous commandement français (notamment depuis la base Epervier de Dien-Bien-Phu) puis enfin en Chine sous commandement américain mais avec une certaine autonomie.
La brigade canadienne d’infanterie du Pacifique est engagée elle en Nouvelle-Guinée, aux Philippines puis à Okinawa. Elle participe brièvement à l’occupation du Japon, s’installant à Sapporo sur l’île d’Hokkaïdo et ce jusqu’en mars 1955.
L’engagement de la brigade parachutiste lors de l’opération PHENIX à été étudié mais l’unité manquait de recrues et de matériel pour servir utilement à la plus grande opération aéroportée de tous les temps.
Quelques unités canadiennes ont brièvement participé à l’occupation du Japon mais au printemps 1955 il ne restait plus un seul canuck au pays du Soleil Levant.
Au final le bilan global est mitigé. Le Canada à pris plus que sa part dans la lutte contre l’Axe mais les bénéfices politiques d’après guerre déçoivent les plus enthousiastes. Beaucoup rentrent amers au Canada, estimant avoir beaucoup sacrifié pour obtenir bien peu en retour.