23-Armée de terre Ligne Maginot (31)

Secteur Fortifié de Haguenau

Comme souvent sur la Ligne Maginot, le Secteur Fortifié d’Haguenau à une double nature, c’est un véritable Janus avec une aile ouest puissante et une aile est qui l’est nettement moins.

Ainsi jusqu’à l’ouvrage du Schoenenbourg, on trouve parmi les ouvrages les plus puissants de la «Muraille de France» alors que passé cet ouvrage, le terrain moins tourmenté et un sol peu propice au creusement des galeries fait qu’on ne trouve jusqu’au Rhin que des casemates d’infanterie.

Le tracé initial qui prévoyait le raccordement au Rhin à hauteur de Mothern est modifié dès 1927 pour éviter la formation d’un saillant ennemi, le raccordementse se faisant finalement à quinze kilomètres plus au sud au niveau de Fort Louis.

Durant la guerre de Pologne, ce secteur dispose de quatre régiments d’infanterie de forteresse auquel dépend un sous-secteur. Le sous-secteur de Pechelbronn est gardé par le 22ème RIF, le sous-secteur d’Hoffen est gardé par le 79ème RIF, le sous-secteur de Soufflenhein est défendu par le 23ème RIF alors que le sous-secteur de Sessenheim est gardé par le 68ème RIF

A l’issue de la démobilisation, seuls les 23ème et 68ème RIF sont maintenus en ligne, le premier assurant la garde du secteur occupé par le 79ème RIF alors que le 68ème assure la garde du secteur occupé précédement par le 22ème RIF. La 6ème compagnie du 400ème régiment de pionniers participe aussi à l’entretien et à la garde des ouvrages.

Sous-secteur de Pechelbronn

Ce sous-secteur sous l’autorité du 22ème régiment d’infanterie de forteresse dispose des ouvrages suivants d’ouest en est :

Cloche GFM en position

Cloche GFM en position

-Une casemate double disposant de deux créneaux JM/AC 37, deux créneaux JM et deux cloches GFM

Ouvrage du Hochwald avec des créneaux pour canons de 75mm

Ouvrage du Hochwald avec des créneaux pour canons de 75mm

-L’ouvrage du Hochwald est l’un des plus puissants ouvrage de la Ligne puisqu’il s’agit d’un Ouvrage d’artillerie à onze blocs, neuf casemates et trois entrées. Il se compose d’un ouvrage ouest et d’un ouvrage est relié par un fossé antichar défendu par des casemates avec des installations annexes en arrière.

-L’ouvrage ouest dispose d’une casemate d’artillerie flanquant vers l’ouest avec deux canons de 75mm modèle 1929, une cloche GFM, une cloche obs./VDP; une casemate mixte flanquant vers l’ouest avec un créneau de 135, un créneau JM/AC 47, un créneau JM, deux cloches GFM et une cloche LG; le bloc 14 est armé d’une tourelle de 135, une cloche GFM et une cloche obs./VDP; le bloc 15 dispose d’une tourelle de mitrailleuses et d’une cloche GFM et enfin le bloc 16 ou coffre double de contrescarpe qui dispose de deux matériels de 75mm modèle 1932R, deux créneaux JM, deux créneaux de mortiers de 50mm et deux cloches GFM.

 

Canon antichar de 47mm en position. Le canon est mobile, pouvant être remplacé si nécessaire par un JM

Canon antichar de 47mm en position. Le canon est mobile, pouvant être remplacé si nécessaire par un JM

-Le Fossé antichar est defendu par neuf casemates avec deux casemates simples flanquant vers l’ouest (n°1 à 3) disposant d’un créneau JM/AC 47, d’un créneau JM et d’une cloche GFM (n°1), de deux créneaux JM, d’une cloche M et d’une cloche GFM (n°2), de quatre créneaux JM sur deux étages et une cloche GFM (n°3), cinq casemates simples flanquant vers l’est (5 à 9) disposant de deux créneaux JM, d’une cloche M et d’une cloche GFM (n°5 et 7), de quatre créneaux JM sur deux niveaux et une cloche GFM (n°6), ‘un créneau JM/AC 47, un créneau JM, une cloche M et une cloche GFM (n°9) et deux créneaux JM associés à deux cloches GFM (n°8). On trouve également une casemate double (n°4) armé de quatre créneaux JM, deux cloches M et une cloche GFM.

-L’ouvrage est dispose d’une casemate d’artillerie flanquant vers l’est ou bloc 1 disposant d’une tourelle de 135, un créneau de 135, une cloche GFM et une cloche obs./VDP, un bloc 2 disposant d’une tourelle de 81mm, d’une cloche M et d’une cloche GFM, un coffre double de contrescarpe ou bloc 3 disposant de deux matériels de 75 modèle 1932R, deux créneaux JM, deux créneaux mortiers de 50 et deux cloches GFM, un bloc 5 armé d’une tourelle de mitrailleuses, une casemate d’artillerie flanquant vers l’est ou bloc 6 disposant de trois matériels de 75 modèle 1929, une cloche M et une cloche GFM et un bloc 7bis disposant d’une tourelle de 75mm modèle 1933 ainsi qu’une cloche GFM.

-L’Entrée des Hommes Est ou Bloc 7 est une entrée en puits défendue par deux créneaux JM/AC 47 et deux cloches GFM, l’Entrée des Hommes Ouest ou Bloc 9 est une entrée en puits défendue par un créneau JM/AC 47, une cloche GFM et une cloche LG alors que l’Entrée des munitions ou bloc 8 est une entrée type A de plain pied est défendue par deux affûts JM/AC 47 et deux cloches GFM.

-On trouve également un observatoire ou bloc 20 disposant d’une cloche obs./VDP et d’une cloche GFM ainsi qu’un réduit inachevé.

Abri-caverne de la Ligne Maginot

Abri-caverne de la Ligne Maginot

-Entre le Hochwald et le Schoenenburg, on trouve successivement deux abri-caverne pour deux sections défendu par deux cloches GFM, une casemate simple flanquant vers le nord relié par une galerie souterraine à une casemate simple flanquant vers le sud, les deux casemates disposant d’un créneau JM/AC 37, d’un créneau JM et d’une cloche GFM, d’une casemate double disposant de deux créneaux JM/AC 37, de 2 créneaux JM et d’une cloche GFM relié par une galerie soutteraine par une casemate simple flanquant vers le sud disposant d’un créneau JM/AC 37, d’un créneau JM et d’une cloche GFM.

Entrée des Munitions (EM) de l'ouvrage du Schoenenbourg

Entrée des Munitions (EM) de l’ouvrage du Schoenenbourg

-Le Schoenenbourg est un ouvrage d’artillerie à six blocs et deux entrées. Le Bloc 1 est une casemate d’infanterie flanquant vers l’ouest avec un créneau JM/AC 47, un créneau JM et une cloche GFM, le bloc 2 dispose d’une tourelle de mitrailleuses et une cloche GFM, le bloc 3 dispose d’une tourelle de 75mm modèle 1932R et une cloche GFM, le bloc 4 dispose d’une tourelle de 75mm modèle 1932R, d’une cloche GFM et une cloche obs./VDP, le bloc 5 dispose d’une tourelle de 81mm, d’une cloche GFM, d’une cloche LG, le bloc 6 est une casemate d’infanterie flanquant vers l’est disposant d’un créneau JM/AC 47, d’un créneau JM et d’une cloche GFM.

L’Entrée des Hommes ou Bloc 8 en puits dispose d’un créneau JM/AC 47, une cloche GFM et d’une cloche LG alors que l’Entrée des Munitions ou Bloc 7 de type B en puits dispose d’un créneau JM/AC 47 et de deux cloches GFM.

-On trouve également un abri caverne défendu par deux cloches GFM, un abri de surface pour une section défendu par deux cloches GFM, une casemate simple flanquant vers l’est avec un créneau JM/AC 37, d’un créneau JM et une cloche GFM et enfin une casemate simple flanquant vers l’ouest équipée du même armement.
Sous-secteur d’Hoffen

Ce sous-secteur est défendu par le 79ème RIF puis à partir de la démobilisation par le 22ème RIF qui prend sous son aile des équipes de gardiennage assurant l’entretien des ouvrages et pouvant les armer en cas d’urgence.

Ce secteur dispose d’ouest en est les ouvrages suivants :

-Une casemate double disposant de deux créneaux JM/AC 37, deux créneaux JM et deux cloches GFM

-Un observatoire disposant d’une cloche obs./VDP et d’une cloche GFM

-Deux casemates simples flanquant vers l’ouest disposant d’un créneau JM/AC 47, d’un créneau JM, d’une cloche M (pour le premier) et d’une cloche GFM et une casemate simple flanquant vers l’est avec un créneau JM/AC 47, un créneau JM et une cloche GFM.

Dans l'ouvrage du Sentzich, un créneau AC 37 et un créneau JM.

Dans l’ouvrage du Sentzich, un créneau AC 37 et un créneau JM.

-Deux abris, un abri de surface pour une section et un autre pour deux sections défendus par deux cloches GFM

-Un casemate simple flanquant vers l’ouest disposant d’un créneau JM/AC 47, d’un créneau JM, d’une cloche M, d’une cloche GFM et deux créneaux pour mortiers de 81mm.

-Deux casemates simples flanquant vers l’est disposant pour le premier d’un créneau JM/AC 47, un créneau JM, une cloche GFM, une cloche M et un cloche obs/VDP alors que le second dispose d’un créneau JM/AC 47, un créneau JM, une cloche M et une cloche GFM.

-Une casemate simple flanquant vers l’ouest avec un créneau JM/AC 47, un créneau JM, une cloche M, une cloche GFM et une cloche LG.

-Deux casemates doubles disposant tous de deux créneaux JM/AC 47, de deux créneaux JM, d’une cloche M, de deux cloches GFM et pour le premier d’une cloche obs/VDP.

-Deux casemates doubles disposant pour le premier de deux créneaux JM/AC 37, d’un créneau JM et d’une cloche GFM alors que le second disposait de deux créneaux JM/AC 37, deux créneaux JM et deux cloches GFM

-Un observatoire disposant d’une cloche obs./VDP et une cloche GFM

Sous-secteur de Soufflenheim

Ce sous-secteur est défendu par le 23ème RIF puis à partir de septembre 1940 de la mobilisation par le 68ème RIF qui prend sous son aile la compagnie de gardiennage chargée de l’entretien et capable d’armer en urgence quelques ouvrages notamment cas d’attaque allemande surprise. Ce sous-secteur dispose des ouvrages suivants :

-Un casemate simple flanquant vers le nord armée d’un créneau JM/AC 47, un créneau JM, une cloche GFM et une cloche M.

-Un casemate simple flanquant vers le sud armée d’un créneau JM/AC 47, un créneau JM, une cloche GFM et une cloche M

-Une casemate double armée de deux créneaux JM/AC 37, deux créneaux JM et deux cloches GFM

-Un abri de surface pour deux sections et PC de compagnie défendu par deux cloche GFM

-Successivement, une casemate simple flanquant vers le sud, une casemate simple flanquant vers le nord, une casemate simple flanquant vers le sud et une casemate simple flanquant vers le nord avec un créneau JM/AC 37, un créneau JM et une cloche GFM.

-Une casemate simple flanquant vers le nord avec deux créneaux JM et un AC 37 adaptable aux deux créneaux + 2 cloches GFM.

-Successivement une casemate simple flanquant vers le sud, une casemate simple flanquant vers le nord et une casemate simple flanquant vers le sud chacune armée d’un créneau JM/AC 37, d’un créneau JM et d’une cloche GFM.

-Trois abris : un abri de surface pour trois sections + PC, un abri de surface pour deux sections + PC et un abri pour une section + PC tous défendus par deux cloches GFM.

-Une casemate simple flanquant vers l’est armée d’un créneau JM/AC 47, d’un créneau JM, d’une cloche M et d’une cloche GFM

-Un abri de surface pour une compagnie + PC avec une cloche GFM

-Une casemate double disposant de deux créneaux JM/AC 37, de deux créneaux JM et deux cloches GFM

-Une casemate simple flanquant vers le nord armée d’un créneau JM/AC 37, d’un créneau JM, d’une cloche M et d’une cloche GFM.

-Un abri de surface pour deux sections + PC de compagnie défendu par deux cloches GFM.

Sous-secteur de Sessenheim (68ème RIF)

-Une casemate simple flanquant vers le sud relié à la casemate mentionnée plus haut par une galerie et disposant d’un créneau JM/AC 37, d’un créneau JM, d’une cloche M et d’une cloche GFM .

-On trouve également deux casemates simples flanquant vers le nord armées chacune d’un créneau JM/AC 37, d’un créneau JM, d’une cloche M et de deux cloches GFM.

Autres défenses du secteur fortifié d’Haguenau

-La Ligne du Rhin est défendue du nord au sud par une casemate double type M2F (deux créneaux JM/13.2, deux créneaux JM et une cloche GFM), deux abris, trois nouvelles casemate double type M2F, une casemate double équipée de deux créneaux JM/AC 47, deux créneaux JM, une cloche M et deux cloche GFM, deux casemate double type M2F et un abri type A Cl défendu par une cloche GFM.

-Une ligne d’avant-postes est réalisée de Climbach à Niederroeden

-Durant la guerre de Pologne est réalisée une deuxième position entre Losbann et Rittershoffen sous l’autorité de la CEZF avec un total de onze blockhaus type STG répartis entre cinq casemates flanquant à droite et six flanquant à gauche
-Sont également construites des maisons fortes au nombre de dix-sept.

Blockhaus type STG (Service Technique du Génie)

Blockhaus type STG (Service Technique du Génie)

23-Armée de terre Ligne Maginot (11)

Les ouvrages (1) : généralités et avant-propos

Si les casemates CORF sont impressionants que dire des ouvrages, un ensemble de plusieurs blocs de combat reliés entre eux par des galeries souterraines et disposant d’oeuvres vives communes. Ces ouvrages sont classés officiellement en cinq catégories :

Plan du Hackenberg l'un des plus gros ouvrages de la ligne Maginot

Plan du Hackenberg l’un des plus gros ouvrages de la ligne Maginot

-1ère classe : gros ouvrages comportant un armement mixte et un équipage moyen dépassant les 600 hommes (cas du Hackenberg).

-2ème classe : ouvrages moyens, armement mixte et un équipage compris entre 450 et 600 hommes (cas du Michelsberg)

-3ème classe : petits ouvrages comprenant un armement mixte ou ouvrages moyens d’infanterie avec en moyenne 150 hommes (cas de l’ouvrage de Ferme-Immerhof)

-4ème classe : petits ouvrages d’infanterie avec un équipage moyen de 80 hommes (cas de l’ouvrage de Teting)

-5ème classe : ouvrages d’infanterie monoblocs ou très petits (cas de l’ouvrage de La Ferté)

Dans la pratique, la distinction sera plus simple entre les ouvrages d’infanterie (petits ouvrages ou PO) et les ouvrages d’artillerie (gros ouvrages)

Chaque ouvrage est étudié en détail par le CORF. Après des levers topographiques et des sondages du sol, on réalise des plans de masse et des plans d’implantation, les premiers devant être approuvés par l’état-major de l’armée et les seconds par la direction du génie. Ce n’est qu’à ce moment que les travaux deviennent exécutoires et peuvent donc officiellement commencer.

Dans la mise au point des ouvrages, le CORF va adopter trois types, trois concepts d’ouvrages, les ensembles, les petits ouvrages d’artillerie et les petits ouvrages d’infanterie.

Canon-obusier de 75mm modèle 1929

Canon-obusier de 75mm modèle 1929

Les ensembles sont les héritiers directs des ouvrages puissants du général Fillonneau avec trois canons-obusiers par casemate de flanquement et des tourelles d’action frontale équipées de canons-obusiers de 75mm, de mortiers de 81mm ou encore de lance-bombes de 135mm. Ils devaient être équipés de fossés diamants mais mis à part pour certains ouvrages, ces travaux restent lettre morte.

Les petits ouvrages d’artillerie selon la note du 3 avril 1929 doivent occuper les intervalles entre les ensembles. Ils sont d’abord armés de mortiers de 75mm avant que l’on décide le 8 juin 1931 de les remplacer par des canons de 75R (R = Raccourci).

Les petits ouvrages d’infanterie n’ont comme armement que des jumelages de mitrailleuses, des canons antichars et des fusils-mitrailleurs. Des tourelles pour mortiers de 81mm étaient prévus mais elles furent systématiquement ajournées à l’exception du PO de l’Immerhof alors que celui du Bois-de-Bousse reçoit son puit et les locaux souterrains correspondants sans que la tourelle soit installée.

 Les ouvrages (2) : la physionomie des ouvrages d’artillerie

Comme pour les casemates CORF, on peut distinguer deux générations dans la catégorie des ouvrages d’artillerie.

-Les ouvrages de première génération sont peu nombreux avec seulement trois ouvrages construits selon un schéma en Y avec une galerie principale qui se scinde en deux branches pour accéder à deux demi-forts appelés aile. Sont concernés le Hochwald, le Hackenberg et le Simserhof, ce dernier étant la réalisation la plus aboutie du modèle théorique.

-Les ouvrages de seconde génération sont simplifiés car les budgets se réduisent et les projets initiaux du CORF s’étaient révélés tout aussi brillants que trop coûteux pour le budget de l’armée.

Ces ouvrages se composent donc d’une galerie principale sur laquelle se greffent les différents organes. Dans cette catégorie, nous pouvons distinguer les ouvrages à galerie longue (Fermont, Rochonvilliers……….) équipés d’une voie étroite de 60 à traction électrique (sauf au Chesnois) et les ouvrages à galerie courte (Galgenberg, Four-à-Chaux) qui creusés dans les collines ne purent recevoir de train souterrain.

Les ouvrages (3) : la physionomie des ouvrages d’infanterie

Théoriquement, ils se présentent sous trois formes mais comme souvent pour la Ligne Maginot, sur le terrain les différences n’apparaissent par toujours clairement.

-La première forme sont les petits ouvrages (PO) conçus dès l’origine comme tels. Ces ouvrages comme celui de Téting ont été réalisés tout ou en partie et auraient du comporter si les plans d’origine avaient été respectés deux casemates d’infanterie flanquant à droite et à gauche, une tourelle de mitrailleuses et pour un certain nombre, une tourelle de 81mm en retrait et une entrée arrière avec une usine et une casernement. Pour les ouvrages prévus sans tourelle de 81mm, l’entrée est d’un type plus réduit.

-La seconde forme sont les PO appartenant à des ouvrages d’artillerie non réalisés où l’entrée se fait par une casemate active, une sortie de secours étant aménagée dans l’autre casemate.

-La troisième forme sont des ouvrages monoblocs qui en raison du terrain cumulent deux chambres de tir et une tourelle mitrailleuse dans un seul bloc. Ils ressemblent à une casemate CORF en plus gros.

Les blocs de combat

C’est le coeur des ouvrages de la ligne Maginot c’est pour eux que fonctionnent toutes les installations souterrains que nous venons de voir. Ces blocs de combat se divisent en trois catégories à savoir les blocs casemates, les blocs tourelles et les blocs mixtes (casemates + tourelles).

Cette division théorique permet ensuite toutes les combinaisons : blocs d’infanterie sous tourelle ou casemate, blocs d’artillerie sous tourelle ou casemate, blocs mixtes d’infanterie ou d’artillerie, blocs d’artillerie sous casemate et d’infanterie sous tourelle ou d’infanterie sous casemate et d’artillerie sous tourelle. En revanche, on ne trouve nulle part trace de blocs ayant deux tourelles.

Ayant décidé de réserver le détail des ouvrages pour l’ordre de bataille de septembre 1948, je vais me contenter de quelques lignes directrices.

-Généralement les blocs d’artillerie peuvent comporter sous tourelle des canons de 75mm, des mortiers de 81mm et des lance-bombes de 135mm en jumelage. Sous casemate, on peut trouver un, deux ou trois canons de 75mm, la casemate type du Nord-Est disposant de trois canons de 75mm modèle 1929 ou modèle 1932.

En ce qui concerne les matériels de 135mm, on trouve généralement une pièce par casemate, la pièce étant généralement couplée avec d’autres matériels sous casemate ou sous tourelle.

En ce qui concerne les mortiers de 81mm, on les trouve généralement en sous-sol, soit en casemates spécifiques soit en casemates d’infanterie ou encore en casemates d’artillerie. Ces casemates agissent le plus souvent en flanquement, quelquefois en action frontale voir pour le bloc de Métrich en couverture des entrées.

-Le plus souvent les blocs d’infanterie comportent généralement sous tourelle des jumelages de mitrailleuses ou des armes mixtes (jumelage mitrailleuse + antichar à canon de 25mm), sous casemate, des jumelages mitrailleuses, des canons antichars et des fusils mitrailleurs et enfin sous cloche des jumelages de mitrailleuses ou d’armes mixtes.

Les tourelles de mitrailleuses sont destinées à généralement à effectuer le tir frontal mais elles effectuent parfois des tirs de flanquement. Dans quelques ouvrages, l’action flanquante de la tourelle est même renforcée par une cloche de mitrailleuses incrustée dans la dalle du bloc-tourelle.

L’organisation de chacun des blocs comportement généralement au niveau des galeries, divers locaux de service (magasin à munitions, local machinerie des monte-charge, PC, local de récupération des douilles).

Entre les galeries et la surface, un escalier et un ou deux monte-charges mais tous les blocs n’en disposent pas.

Au niveau du bloc, deux étages, l’étage inférieur qui comprend les locaux de repos et les filtres plus dans le cas des blocs-tourelles, le balancier et le contrepoids de la tourelle alors que l’étage supérieur est l’étage de combat.

Une organisation en profondeur

Indépendament, les différents ouvrages, blocs et autres casemates sont puissants mais pour tirer la quintescence de leur efficacité, il faut une véritable organisation en profondeur, encore un héritage du premier conflit mondial, la défense en profondeur des lignes allemandes expliquant en partie pourquoi la percée décisive espérée par les alliés n’eut jamais lieu.

La Ligne Maginot va donc s’organiser en profondeur, organisation en profondeur destinée à la fois à rendre efficace la défense mais aussi assurer le soutien nécessaire aux unités de combat.

Théoriquement, un secteur fortifié s’organise de la façon suivante :

-Une Ligne des Avant-postes

-Une Ligne Principale de Résistance (LPR)

-La Ligne des Abris

-Une 2ème Ligne ou Ligne CEZF (Commission d’Etudes de Zones Fortifiées)
-Les arrières consacrées notamment à la logistique mais également à l’Artillerie Lourde sur
Voie Ferrée (ALVF).

La LPR (Ligne Principale de Résistance) ne se situe pas immédiatement au contact de la frontière mais généralement à une dizaine de kilomètres de la frontières pour éviter que l’ennemi soit trop rapidement au contact mais aussi pour profiter de meilleurs observatoires et d’un meilleur glacis.

En dépit de remarques dans ce sens ce n’est que durant la guerre de Pologne qu’une ligne d’avant postes composées notamment de maisons fortes sera construite pour éviter les attaques surprises, faire jouer les destructions et jalonner l’avance ennemie. Ces positions n’ont naturellement pas vocation à résister plus de quelques heures ou de quelques jours.

*La Ligne Principale de Résistance (LPR) constitue le coeur de la Ligne Maginot et se compose de deux éléments : la ligne des organisations fortifiées et la ligne des obstacles composés de réseaux de barbelés, de rails, des inondations défensives, des piquets Ollivier (des piquets munis de charges explosives plus ou moins improvisées) sans oublier les différents obstacles de route.

*Les arrières de la position doivent répondre à une double fonction : donner de la profondeur à l’ensemble et desservir les organisations défensives. C’est donc un rôle à la fois de soutien et d’appui à la LPR.

L’organisation de l’arrière fût longtemps négligée, la CORF ayant déjà pas mal de travail avec la LPR. L’initiative à été donc laissée aux autorités locales ce qui explique un manque d’homogénéité de l’ensemble même si la CEZF limitera les dégâts.

Chaque secteur fortifié dispose en théorie de casernements de sûreté, de postes de transformation électrique, de dépôts de munitions, de parc mobiles, d’un réseau routier spécifique et d’un réseau ferré auxquels s’ajoute dans le Sud-Est un téléphérique.

-Les casernements de sûreté sont destinés à abriter les troupes en temps de paix

-Les postes de transformation électriques implantées tardivement (1937) pour relier les ouvrages au réseau civil

-Les dépôts de munitions sont établis à l’air libre, en arrière de la position fortifiée, à proximité d’une voie ferrée. Les dépôts arrières sont situés à environ 40km de la LPR, les dépôts secondaires situés à environ 15km et les poudrières situées à proximité des casernements légers et plutôt réservés aux explosifs de dispositifs de mines.

-Les parcs mobiles sont destinés au stockage du matériel du génie pour établir des positions de circonstance. On trouve donc des piquets, des barbelés, du matériel de terrassement et de construction……. .

-Le réseau routier spécifique ou routes stratégiques est composé de tronçons de routes reliant les ouvrages au réseau civil. Ce sont des tronçons sinueux où on circule en sens unique.

-Le réseau ferré sert lui aussi au ravitaillement. Le réseau national dessert un certain nombre de dépôts situés très en arrière de la ligne de front. A partir de ces dépôts, un réseau extérieur sur voie de 60 dessert les ouvrages d’artillerie équipés d’une entrée type A

22-Armée de terre : armement et matériel (75) ordre de bataille (9)

2ème Armée

A la différence des trois armées que nous venons de voir, la 2ème armée n’est pas concernée par une éventuelle entrée en Belgique. Son rôle n’en est pas moins capital car il doit couvrir la région entre Sedan et Longuyon et faire la jonction entre le socle (GA 2) et l’aile marchante (7ème armée, BEF, 1ère et 9ème armée)

Comme le dira le regretté maréchal Pétain «Les Ardennes sont infrachissables. On les pincera à la sortie».

On aurait pu ainsi s’attendre à ce que le massif boisé mais aisément pénétrable grâce à la qualité du réseau routier soit couvert côté français par de puissants ouvrages fortifiés mais ce ne fût pas le cas pour deux raisons.

La première raison ce sont les dépassements de budgets qui font que des choix ont du être fait dans la construction de la Muraille de France.

La seconde est que jusqu’en 1936, la Belgique est notre alliée ce qui aurait rendu incompréhensible la construction de fortifications à la frontière.

Des ouvrages fortifiés sont bien réalisés mais il s’agit d’ouvrages de campagne et non de véritables fortifications comme en Alsace et en Lorraine, ouvrages qui au printemps 1940 étaient loin d’être opérationnels ce qui laisse passer un frisson retrospectif…….. .

Huit ans plus tard, la situation s’est nettement améliorée et si les fortifications du Secteur Fortifié de Montmédy ne sont pas aussi impressionantes que le Hochwald, elles peuvent jouer leur rôle d’appui à des troupes de campagne.

Au niveau opérationnel, la 2ème armée dispose comme la 9ème, de trois corps d’armée à deux divisions d’infanterie, des divisions de valeur inégale, des unités d’active cotoyant des unités de réservistes.

Néanmoins, l’organisation fait que chaque corps d’armée dispose d’une unité d’active et d’une unité de réserve de série B. On peut espérer que les divisions composées de réservistes se haussent à la hauteur des divisions d’active.

-La 2ème armée dispose elle aussi d’unités qui lui sont directement rattachées. On trouve ainsi deux régiments de pionniers (412ème et 422ème régiments de pionniers), les 2ème et 12ème compagnie de garde de quartier général.

Char léger modèle 1940R dit Renault R-40

Char léger modèle 1940R dit Renault R-40

On trouve également un groupement de chars, le groupement de bataillons de chars n°502 avec le 2ème BCC disposant de 45 Renault R-40, le 10ème BCC alignant 45 FCM-42, le 18ème BCC équipé de 45 FCM-42 et le 35ème BCC équipé de 45 Renault R-40, ces deux derniers bataillons étant des bataillons de mobilisation.

Si le 35ème BCC dispose des chars prévus, le 18ème BCC reçoit des Hotchkiss H-39 en attendant la disponibilité de FCM-42.

On trouve le 2ème Groupement Antiaérien de Campagne (2ème GAAC) disposant d’un état-major, d’une batterie hors rang et de quatre batteries, deux batteries équipées de canons de 75mm et deux batteries équipées de canons de 37mm Schneider, canons remorqués par des véhicules tout-terrains Laffly.

-Dans le domaine du soutien, on trouve des unités dépendant de l’artillerie (parc de réparations d’artillerie n°2, parc de réparation des équipages et des ferrures n°2, le parc de réparation automobile n°2, le parc d’essence et ingrédients d’armée n°2 et le parc de munitions d’armée n°2).

-Le génie aligne diverses unités de sapeurs mineurs et de sapeurs routiers, une compagnie d’électro-mécaniciens et un parc de génie d’armée.

-En ce qui concerne les transmissions, on trouve le 802ème bataillon de sapeurs télégraphistes d’armée, le 817ème parc de transmissions d’armée et diverses unités associées.

-Le train soutien la deuxième armée avec sept compagnies hippomobiles et six compagnies automobiles dont deux sanitaires ainsi qu’une compagnie citerne.

-L’intendance, le service de santé, le service vétérinaire, le service des remontes dispose également d’unités intervenant en soutien de la 2ème Armée.

-La gendarmerie déploie pour maintenir l’ordre sur l’arrière et gérer les prisonniers un commandement de la gendarmerie et forces prévôtales de la 2ème armée.

-L’armée de l’air déploie plusieurs unités de chasse, de reconnaissance et d’appui tactique en soutien de la 2ème armée en l’occurence le Groupement d’Aviation de la 2ème Armée (GRAVIA-IIA) et les Groupes Aériens d’Observation (GAO) rattachés théoriquement aux différents Corps d’Armée.

Le Groupement d’Aviation de la 2ème Armée (GRAVIA-IIA) dispose des moyens suivants :
-4ème Escadre de Chasse (4ème EC) stationnée sur la base aérienne de Suippes avec pour équipement le Curtiss H-81 (81 appareils plus connus sous le nom de P-40 Warhawk) et le Lockeed H-322 Eclair (27 appareils plus connus sous le nom de P-38 Ligthning).

Douglas DB-7

Douglas DB-7

-Deux groupes de bombardement léger, les GB I/32 et II/32 stationnés à Challerange et disposant pour équipement du Douglas DB-7D.

-Un groupe de bombardement moyen, le GB I/34 stationné à Vitry le François avec pour équipement l’Amiot 351.

-Un groupe de reconnaissance tactique, le GR IV/35 stationné à Vitry le François avec pour équipement le Bloch MB-176.

Le GRAVIA II-A dispose de 108 chasseurs, de 81 bombardiers et 36 avions de reconnaissance soit un total de 227 avions.

A ce total peut s’ajouter les trois Groupes Aériens d’Observation des trois corps d’armée de la 2ème armée :

-Le GAO-505 équipé de huit Bloch MB-175, de douze Dewoitine D-720 et de quinze ANF-Les Mureaux ANF-123 stationné sur la base aérienne d’Etain.

-Le GAO-506 déployé sur la base aérienne de Spincourt  dispose de  huit Bloch MB-176, de douze Dewoitine D-720 et de quinze ANF-Les Mureaux ANF-123

-Le GAO-522 déployé sur la base aérienne de Stenay dispose de huit Bloch MB-176, de douze Dewoitine D-720 et de quinze ANF-Les Mureaux ANF-123

Au final, le GRAVIA II-A peut compter sur 332 appareils de disponible pour mener à bien sa mission.