23-Armée de terre Ligne Maginot (31)

Secteur Fortifié de Haguenau

Comme souvent sur la Ligne Maginot, le Secteur Fortifié d’Haguenau à une double nature, c’est un véritable Janus avec une aile ouest puissante et une aile est qui l’est nettement moins.

Ainsi jusqu’à l’ouvrage du Schoenenbourg, on trouve parmi les ouvrages les plus puissants de la «Muraille de France» alors que passé cet ouvrage, le terrain moins tourmenté et un sol peu propice au creusement des galeries fait qu’on ne trouve jusqu’au Rhin que des casemates d’infanterie.

Le tracé initial qui prévoyait le raccordement au Rhin à hauteur de Mothern est modifié dès 1927 pour éviter la formation d’un saillant ennemi, le raccordementse se faisant finalement à quinze kilomètres plus au sud au niveau de Fort Louis.

Durant la guerre de Pologne, ce secteur dispose de quatre régiments d’infanterie de forteresse auquel dépend un sous-secteur. Le sous-secteur de Pechelbronn est gardé par le 22ème RIF, le sous-secteur d’Hoffen est gardé par le 79ème RIF, le sous-secteur de Soufflenhein est défendu par le 23ème RIF alors que le sous-secteur de Sessenheim est gardé par le 68ème RIF

A l’issue de la démobilisation, seuls les 23ème et 68ème RIF sont maintenus en ligne, le premier assurant la garde du secteur occupé par le 79ème RIF alors que le 68ème assure la garde du secteur occupé précédement par le 22ème RIF. La 6ème compagnie du 400ème régiment de pionniers participe aussi à l’entretien et à la garde des ouvrages.

Sous-secteur de Pechelbronn

Ce sous-secteur sous l’autorité du 22ème régiment d’infanterie de forteresse dispose des ouvrages suivants d’ouest en est :

Cloche GFM en position

Cloche GFM en position

-Une casemate double disposant de deux créneaux JM/AC 37, deux créneaux JM et deux cloches GFM

Ouvrage du Hochwald avec des créneaux pour canons de 75mm

Ouvrage du Hochwald avec des créneaux pour canons de 75mm

-L’ouvrage du Hochwald est l’un des plus puissants ouvrage de la Ligne puisqu’il s’agit d’un Ouvrage d’artillerie à onze blocs, neuf casemates et trois entrées. Il se compose d’un ouvrage ouest et d’un ouvrage est relié par un fossé antichar défendu par des casemates avec des installations annexes en arrière.

-L’ouvrage ouest dispose d’une casemate d’artillerie flanquant vers l’ouest avec deux canons de 75mm modèle 1929, une cloche GFM, une cloche obs./VDP; une casemate mixte flanquant vers l’ouest avec un créneau de 135, un créneau JM/AC 47, un créneau JM, deux cloches GFM et une cloche LG; le bloc 14 est armé d’une tourelle de 135, une cloche GFM et une cloche obs./VDP; le bloc 15 dispose d’une tourelle de mitrailleuses et d’une cloche GFM et enfin le bloc 16 ou coffre double de contrescarpe qui dispose de deux matériels de 75mm modèle 1932R, deux créneaux JM, deux créneaux de mortiers de 50mm et deux cloches GFM.

 

Canon antichar de 47mm en position. Le canon est mobile, pouvant être remplacé si nécessaire par un JM

Canon antichar de 47mm en position. Le canon est mobile, pouvant être remplacé si nécessaire par un JM

-Le Fossé antichar est defendu par neuf casemates avec deux casemates simples flanquant vers l’ouest (n°1 à 3) disposant d’un créneau JM/AC 47, d’un créneau JM et d’une cloche GFM (n°1), de deux créneaux JM, d’une cloche M et d’une cloche GFM (n°2), de quatre créneaux JM sur deux étages et une cloche GFM (n°3), cinq casemates simples flanquant vers l’est (5 à 9) disposant de deux créneaux JM, d’une cloche M et d’une cloche GFM (n°5 et 7), de quatre créneaux JM sur deux niveaux et une cloche GFM (n°6), ‘un créneau JM/AC 47, un créneau JM, une cloche M et une cloche GFM (n°9) et deux créneaux JM associés à deux cloches GFM (n°8). On trouve également une casemate double (n°4) armé de quatre créneaux JM, deux cloches M et une cloche GFM.

-L’ouvrage est dispose d’une casemate d’artillerie flanquant vers l’est ou bloc 1 disposant d’une tourelle de 135, un créneau de 135, une cloche GFM et une cloche obs./VDP, un bloc 2 disposant d’une tourelle de 81mm, d’une cloche M et d’une cloche GFM, un coffre double de contrescarpe ou bloc 3 disposant de deux matériels de 75 modèle 1932R, deux créneaux JM, deux créneaux mortiers de 50 et deux cloches GFM, un bloc 5 armé d’une tourelle de mitrailleuses, une casemate d’artillerie flanquant vers l’est ou bloc 6 disposant de trois matériels de 75 modèle 1929, une cloche M et une cloche GFM et un bloc 7bis disposant d’une tourelle de 75mm modèle 1933 ainsi qu’une cloche GFM.

-L’Entrée des Hommes Est ou Bloc 7 est une entrée en puits défendue par deux créneaux JM/AC 47 et deux cloches GFM, l’Entrée des Hommes Ouest ou Bloc 9 est une entrée en puits défendue par un créneau JM/AC 47, une cloche GFM et une cloche LG alors que l’Entrée des munitions ou bloc 8 est une entrée type A de plain pied est défendue par deux affûts JM/AC 47 et deux cloches GFM.

-On trouve également un observatoire ou bloc 20 disposant d’une cloche obs./VDP et d’une cloche GFM ainsi qu’un réduit inachevé.

Abri-caverne de la Ligne Maginot

Abri-caverne de la Ligne Maginot

-Entre le Hochwald et le Schoenenburg, on trouve successivement deux abri-caverne pour deux sections défendu par deux cloches GFM, une casemate simple flanquant vers le nord relié par une galerie souterraine à une casemate simple flanquant vers le sud, les deux casemates disposant d’un créneau JM/AC 37, d’un créneau JM et d’une cloche GFM, d’une casemate double disposant de deux créneaux JM/AC 37, de 2 créneaux JM et d’une cloche GFM relié par une galerie soutteraine par une casemate simple flanquant vers le sud disposant d’un créneau JM/AC 37, d’un créneau JM et d’une cloche GFM.

Entrée des Munitions (EM) de l'ouvrage du Schoenenbourg

Entrée des Munitions (EM) de l’ouvrage du Schoenenbourg

-Le Schoenenbourg est un ouvrage d’artillerie à six blocs et deux entrées. Le Bloc 1 est une casemate d’infanterie flanquant vers l’ouest avec un créneau JM/AC 47, un créneau JM et une cloche GFM, le bloc 2 dispose d’une tourelle de mitrailleuses et une cloche GFM, le bloc 3 dispose d’une tourelle de 75mm modèle 1932R et une cloche GFM, le bloc 4 dispose d’une tourelle de 75mm modèle 1932R, d’une cloche GFM et une cloche obs./VDP, le bloc 5 dispose d’une tourelle de 81mm, d’une cloche GFM, d’une cloche LG, le bloc 6 est une casemate d’infanterie flanquant vers l’est disposant d’un créneau JM/AC 47, d’un créneau JM et d’une cloche GFM.

L’Entrée des Hommes ou Bloc 8 en puits dispose d’un créneau JM/AC 47, une cloche GFM et d’une cloche LG alors que l’Entrée des Munitions ou Bloc 7 de type B en puits dispose d’un créneau JM/AC 47 et de deux cloches GFM.

-On trouve également un abri caverne défendu par deux cloches GFM, un abri de surface pour une section défendu par deux cloches GFM, une casemate simple flanquant vers l’est avec un créneau JM/AC 37, d’un créneau JM et une cloche GFM et enfin une casemate simple flanquant vers l’ouest équipée du même armement.
Sous-secteur d’Hoffen

Ce sous-secteur est défendu par le 79ème RIF puis à partir de la démobilisation par le 22ème RIF qui prend sous son aile des équipes de gardiennage assurant l’entretien des ouvrages et pouvant les armer en cas d’urgence.

Ce secteur dispose d’ouest en est les ouvrages suivants :

-Une casemate double disposant de deux créneaux JM/AC 37, deux créneaux JM et deux cloches GFM

-Un observatoire disposant d’une cloche obs./VDP et d’une cloche GFM

-Deux casemates simples flanquant vers l’ouest disposant d’un créneau JM/AC 47, d’un créneau JM, d’une cloche M (pour le premier) et d’une cloche GFM et une casemate simple flanquant vers l’est avec un créneau JM/AC 47, un créneau JM et une cloche GFM.

Dans l'ouvrage du Sentzich, un créneau AC 37 et un créneau JM.

Dans l’ouvrage du Sentzich, un créneau AC 37 et un créneau JM.

-Deux abris, un abri de surface pour une section et un autre pour deux sections défendus par deux cloches GFM

-Un casemate simple flanquant vers l’ouest disposant d’un créneau JM/AC 47, d’un créneau JM, d’une cloche M, d’une cloche GFM et deux créneaux pour mortiers de 81mm.

-Deux casemates simples flanquant vers l’est disposant pour le premier d’un créneau JM/AC 47, un créneau JM, une cloche GFM, une cloche M et un cloche obs/VDP alors que le second dispose d’un créneau JM/AC 47, un créneau JM, une cloche M et une cloche GFM.

-Une casemate simple flanquant vers l’ouest avec un créneau JM/AC 47, un créneau JM, une cloche M, une cloche GFM et une cloche LG.

-Deux casemates doubles disposant tous de deux créneaux JM/AC 47, de deux créneaux JM, d’une cloche M, de deux cloches GFM et pour le premier d’une cloche obs/VDP.

-Deux casemates doubles disposant pour le premier de deux créneaux JM/AC 37, d’un créneau JM et d’une cloche GFM alors que le second disposait de deux créneaux JM/AC 37, deux créneaux JM et deux cloches GFM

-Un observatoire disposant d’une cloche obs./VDP et une cloche GFM

Sous-secteur de Soufflenheim

Ce sous-secteur est défendu par le 23ème RIF puis à partir de septembre 1940 de la mobilisation par le 68ème RIF qui prend sous son aile la compagnie de gardiennage chargée de l’entretien et capable d’armer en urgence quelques ouvrages notamment cas d’attaque allemande surprise. Ce sous-secteur dispose des ouvrages suivants :

-Un casemate simple flanquant vers le nord armée d’un créneau JM/AC 47, un créneau JM, une cloche GFM et une cloche M.

-Un casemate simple flanquant vers le sud armée d’un créneau JM/AC 47, un créneau JM, une cloche GFM et une cloche M

-Une casemate double armée de deux créneaux JM/AC 37, deux créneaux JM et deux cloches GFM

-Un abri de surface pour deux sections et PC de compagnie défendu par deux cloche GFM

-Successivement, une casemate simple flanquant vers le sud, une casemate simple flanquant vers le nord, une casemate simple flanquant vers le sud et une casemate simple flanquant vers le nord avec un créneau JM/AC 37, un créneau JM et une cloche GFM.

-Une casemate simple flanquant vers le nord avec deux créneaux JM et un AC 37 adaptable aux deux créneaux + 2 cloches GFM.

-Successivement une casemate simple flanquant vers le sud, une casemate simple flanquant vers le nord et une casemate simple flanquant vers le sud chacune armée d’un créneau JM/AC 37, d’un créneau JM et d’une cloche GFM.

-Trois abris : un abri de surface pour trois sections + PC, un abri de surface pour deux sections + PC et un abri pour une section + PC tous défendus par deux cloches GFM.

-Une casemate simple flanquant vers l’est armée d’un créneau JM/AC 47, d’un créneau JM, d’une cloche M et d’une cloche GFM

-Un abri de surface pour une compagnie + PC avec une cloche GFM

-Une casemate double disposant de deux créneaux JM/AC 37, de deux créneaux JM et deux cloches GFM

-Une casemate simple flanquant vers le nord armée d’un créneau JM/AC 37, d’un créneau JM, d’une cloche M et d’une cloche GFM.

-Un abri de surface pour deux sections + PC de compagnie défendu par deux cloches GFM.

Sous-secteur de Sessenheim (68ème RIF)

-Une casemate simple flanquant vers le sud relié à la casemate mentionnée plus haut par une galerie et disposant d’un créneau JM/AC 37, d’un créneau JM, d’une cloche M et d’une cloche GFM .

-On trouve également deux casemates simples flanquant vers le nord armées chacune d’un créneau JM/AC 37, d’un créneau JM, d’une cloche M et de deux cloches GFM.

Autres défenses du secteur fortifié d’Haguenau

-La Ligne du Rhin est défendue du nord au sud par une casemate double type M2F (deux créneaux JM/13.2, deux créneaux JM et une cloche GFM), deux abris, trois nouvelles casemate double type M2F, une casemate double équipée de deux créneaux JM/AC 47, deux créneaux JM, une cloche M et deux cloche GFM, deux casemate double type M2F et un abri type A Cl défendu par une cloche GFM.

-Une ligne d’avant-postes est réalisée de Climbach à Niederroeden

-Durant la guerre de Pologne est réalisée une deuxième position entre Losbann et Rittershoffen sous l’autorité de la CEZF avec un total de onze blockhaus type STG répartis entre cinq casemates flanquant à droite et six flanquant à gauche
-Sont également construites des maisons fortes au nombre de dix-sept.

Blockhaus type STG (Service Technique du Génie)

Blockhaus type STG (Service Technique du Génie)

23-Armée de terre Ligne Maginot (17)

La ligne CEZF

Carte de la Ligne CEZF

Carte de la Ligne CEZF

Généralités

Comme nous venons de le voir, la réalisation des ouvrages de campagne s’est faite souvent sans coordination ce qui sera un frein considérablement à leur efficacité.

Fort heureusement, dès le début de la guerre de Pologne, les autorités militaires conscientes du problème vont reprendre les choses en main. Le 6 septembre 1939 est mise sur pied la Commission d’Etudes des Zones Fortifiées (CEZF).

Dirigée par le général Belhague qui avait en son temps dirigé la CORF, elle doit améliorer l’organisation en profondeur des fronts fortifiés en insistant notamment sur le Nord, mal couvert faute à un allié belge qui rendait semble-t-il illusoire la construction d’ouvrages CORF entre les Ardennes et la Mer du Nord.

Le programme complet de la ligne CEZF prévoit une fortification de 600km composée d’une ligne principale de résistance et d’un ligne d’arrêt avec un blockhaus tous les kilomètres ce qui nécessite la construction de 1200 ouvrages fortifiés qui sont complétés par un fossé antichar et par un réseau de barbelés large de six mètres.

Dix régions militaires sont concernées. Le planning initial prévoyait une première tranche en 1939-40, deux tranches en 1940 et une tranche 1941 mais la fin prématurée de la guerre de Pologne et des hivers 1939-40 et 1940-41 très rigoureux vont considérablement ralentir la construction de cette ligne dont l’utilité est remise en cause par les partisans de la mécanisation. Résultat, la ligne CEZF ne sera vraiment considérée comme achevée qu’en 1945.

A cette époque, elle s’étend globalement de Cassel à Pontarlier, couvrant les secteurs occupés durant la guerre de Pologne par la 1ère armée, la 9ème armée, la 2ème armée, la 4ème armée et la zone de responsabilité de la 7ème région (régions de Morteau et de Pontarlier).

Le 27 septembre 1939, les commandes de cuirassement sont passés avec 900 cloches type C (une cloche type B simplifiée), 1300 créneaux pour fusils-mitrailleurs, 2800 trémies pour créneau de mitrailleuse, 2800 trémies pour canon de 25mm, 1200 portes et 1200 grilles soit de quoi équiper 1000 casemates doubles, 200 simples dont 300 démunis de cloches.

En mars 1942 alors que la ligne CEZF est achevée à environ 40%, des commandes complémentaires de matériel sont passés notamment 300 cloches pour équiper tous les casemates STG de la ligne de cloche mais également 300 mortiers de 60mm installés dans des encuvements en béton, les servants protégés par un bouclier ce qui permet d’équiper un blockhaus sur quatre.

A noter que contrairement aux ouvrages puissants de la Ligne Maginot, aucune unité n’est spécifiquement créée pour armer cette ligne entretenue en temps de paix par des unités de génie de la Région Militaire ou par des unités de travailleurs. En cas de conflit, il est prévu qu’y soient déployés des unités de campagne.

«Néanmoins, il n’est pas impossible qu’en cas de conflit, un ou plusieurs régiments d’infanterie de forteresse de mobilisation puissent être déployés dans certains ouvrages de la ligne CEZF» (note du général Villeneuve du 14 septembre 1946).

Les travaux en détail

Les différents tronçons de la ligne CEZF (souvent appelée ligne Belhague même si cette dénomination ne fût jamais officielle) s’établissent ainsi du nord à l’est :

-Secteur de la 1ère armée : la position de Cassel (forêt de Clairemarais à Tederghem) aligne 18 kilomètres d’obstacles antichars et 20 casemates type STG alors que la position de Cambrai aligne 24 kilomètres d’obstacles antichars et 27 casemates type STG.

-Secteur du Détachement d’Armée des Ardennes (future 9ème armée) : la position Réthel- Mézières aligne 18 kilomètres d’obstales antichars et 20 casemates type STG.

-Secteur de la 2ème armée : le Front Nord dit «Est du Chesne» dispose d’Omont à Stonne  pour barrer la trouée du canal des Ardennes de 15 kilomètres d’obstacles antichars et de 17 casemates; le Front Centre dit «Dun-sur-Meuse» aligne de la forêt de Belval à Brandeville un total de 16 kilomètres d’obstacles antichars et de 18 casemates et enfin le Front Est «Etain-Spincourt» déploie de la côte de Romagne à Boismont un total de vingt kilomètres d’obstacles antichars couverts par vingt-deux casemates.

-Secteur de la 4ème armée : le front «Nord de Morhange» de la corne nord de la forêt de Remilly au bois de Guessling 13 kilomètres d’obstacles et 14 casemates pour renforcer une zone d’étangs partiellement aménagée en 1936-37 alors que le front «Ouest de la Sarre- Union» dispose de treize kilomètres d’obstacles antichars et quatorze casemates.

Au final dans la zone de responsabilité de la 4ème armée, la position CEZF disposera au final d’une ligne principale de résistance équipée de 80 casemates STG alors que 1500m en arrière, la ligne d’arrêt dispose de 84 casemates STG.

-Secteur de la 7ème région : le front de Morteau dispose de treize kilomètres d’obstacles antichars et de quatorze casemates alors que le front de Pontarlier dispose de seulement six kilomètres d’obstacles antichars et six casemates.

Blocs Billote et PAL (Position Avancée de Longwy)

Comme nous l’avons vu plus haut, suite à la dissolution de la CORF, les régions militaires ont réalisé des ouvrages de campagne.

Outre ces ouvrages construits en temps de paix, d’autres ouvrages vont être construits, le plus souvent directement sur la frontière pour couvrir la manoeuvre des troupes de campagne et leur offrir une base de repli en cas de besoin.

Un cas particulier concerne la Position Avancée de Longwy, une fortification de campagne destinée à protéger cette ville industrielle et permettre à l’industrie de produire le plus longtemps possible. Néanmoins pour chaque cas, les travaux sont menés par les troupes déployées dans la région.

Les travaux du Groupe d’Armées n°1 : les blocs Billotte

Le groupe d’armées n°1 déploie ses unités de la mer du Nord à Longuyon. C’est l’aile marchante du dispositif allié, censé pénétrer en Belgique et aux Pays Bas pour tendre la main aux belges et aux néerlandais dès que ceux-ci le demanderait.

Ce cas de figure ne s’est pas produit ce qui n’empêcha pas le général Billote _commandant du GA1_ de planifier et de réaliser sur la frontière une ligne d’ouvrages fortifiés passés à la postérité sous le nom de Blocs Billotte ou blocs GA1 ou encore blocs FCR (Fortification de Campagne Renforcée).

Les blocs Billotte sont de gros casemates simples (une chambre de tir) ou doubles (deux chambres de tir) avec dans chaque chambre de tir un créneau pour arme antchar et un créneau pour mitrailleuse en échelon refusé mais sans cloche ce qui se révéléra ultérieurement problématique.

Ces blocs ont été essentiellement construits le long de la frontière belge (SD Lille, SF Escaut et SF Maubeuge), le long de la Meuse et de la Chiers avec dix-septs blocs GA1, dans le SF de Montmédy comme deuxième ligne de défense pour couvrir la tête de pont et dans le SD Marville pour renforcer la défense des bords de la Chiers.

Le choix du général Billotte entre en contradiction avec la politique de petits blocs préconisés par le général Hutzinger commandant de la 2ème armée. Finalement, il est décidé de couvrir Sedan par de petits blocs et de construire des Blocs Billote en arrière de la ville, les premiers devant freiner l’ennemi et couvrir la Meuse alors que les seconds devant arrêter l’ennemi ayant franchit la Meuse.

Les travaux du Groupe d’Armées n°2 (1) : la Position Avancée de Longwy (PAL)

Bien que fortifiée au 17ème siècle par Vauban, Longwy ne fût pas intégrée au tracé de la ligne Maginot imaginée par la CORF, les études réalisées ayant montré qu’une meilleure position pouvait être trouvée derrière la ville.

Dès le début de la guerre de Pologne, la ville est évacuée de ses habitants, seuls restant sur place les ouvriers des usines et des troupes chargées de pénétrer au Luxembourg et en Belgique pour jalonner l’avancée allemande mais ces unités de cavalerie n’ont donc pas pour mission de défendre la ville.

A la mobilisation de septembre 1939, la ville de Longwy intégrée au Secteur Fortifié de Crusnes dépend de la 2ème armée mais peu avant la fin de la guerre de Pologne, le SF de Crusnes est rattaché à la 3ème armée (GA2) du général Condé, partisan d’une devance avancée à Longwy.

Ce n’est cependant qu’en mars 1940 que les travaux vont sérieusement commencer. La PAL se composera au final d’un fossé antichar continu battu par une vingtaine de casemates armés de mitrailleuses et de canons antichars de 25mm, casemates destinés à être occupés par des troupes de campagne ainsi que des casemates d’artillerie pour canons de 75mm modèle 1897.

 Les travaux du Groupe d’Armées n°2 (2) : la trouée de la Sarre

Quand éclate la guerre de Pologne en septembre 1939, la défense de la Sarre repose essentiellement sur des inondations battues par le feu mais il n’y à pas de véritable ligne de résistance. Pour renforcer une position assez faible, décision est prise de construire 31 casemates STG qui vont s’ajouter à quatre casemates pour canons de 75mm construits entre 1936 et 37. Non prioritaires, ces travaux ne seront achevés qu’en 1945.

Les travaux du Groupe d’Armées n°2 (3) : la Région Fortifiée de la Lauter

Les travaux réalisés dans cette région concernent essentiellement le renforcement du saillant que forme la ligne de casemates entre Schoenenbourg et le Rhin car une percée ennemie dans ce secteur menacerait d’encerclement tout la position de Bitche au Schoenenbourg. Ce renforcement se matérialise par une série de blockhaus STG.

Les travaux du Groupe d’Armées n°2 (4) : Les rives du Rhin on ne passe pas !

En dépit de la présence de solides défenses, l’hypothèse d’un franchissement allemand du Rhin pour envahir la France n’est pas à exclure totalement ce qui explique que dès le début de la guerre de Pologne, des travaux sont menés pour étoffer et étayer les défenses. Ces travaux sont les suivants :

Blockhaus Garchery

Blockhaus Garchery

-Achèvement des blocs Garchery

-Les villages présents dans les intervalles de la position sont organisés en point d’appui

-Des blockhaus sont construits sur la deuxième ligne pour tenir les débouchés de la forêt du Rhin

-Etablissement d’une bretelle sur la ligne Diebolsheim-Hilsenheim afin d’empêcher qu’un ennemi ayant percé dans le secteur de la 5ème armée n’enroule la position.

Il est également projeté une ligne de blockhaus STG sur la ligne des villages à deux ou trois kilomètres du canal mais aucun début d’éxecution n’est mené avant la démobilisation. L’idée n’est cependant pas abandonnée et entre juin 1947 et septembre 1948, ces blockhaus seront finalement construits.

23-Armée de terre Ligne Maginot (6)

Les Alpes

Comme dans le nord-est, la ligne Maginot alpine est divisée en secteurs défensifs et en secteurs fortifiés.

-Le Secteur Défensif du Rhône est long de 180km. Très accidenté, il est ignoré des programmes initiaux et n’est couvert que de quelques ouvrages au cours de la guerre de Pologne. Ce n’est qu’avec les travaux du CEZF que ce secteur va être réellement fortifié et protégé.

Le SD-Rhône est subdivisé en trois sous-secteurs, le sous-secteur de la Faucille, le sous-secteur du Chablais et enfin celui de l’Avre supérieur.

L’infanterie y à déployé la 230ème demi-brigade alpine de forteresse (230ème DBAF) qui dispose de deux bataillons alpins de forteresse, les 179ème et 189ème BAF ainsi que le 199ème BCHM (Bataillon de Chasseurs de Haute-Montagne). A cela s’ajoute la 2ème compagnie du 440ème régiment de pionniers.

Canon de 105L modèle 1913S

Canon de 105L modèle 1913S

L’artillerie du SD-Rhône est représentée par la 1ère batterie du 164ème Régiment d’Artillerie de Poisition (164ème RAP) qui dispose de quatre canons de 95mm modèle 1888, trois canons de 105 L13 et quatre canons de 155L modèle 1917. On y trouve également deux sections de génie.

-Le Secteur Fortifié de Savoie est situé au sud du SD-Rhône. Il est subdivisé en six sous-secteurs appelés Beaufortin, Tarentaise, Palet-Vanoise, Haute-Maurienne, Moyenne-Maurienne et Basse-Maurienne.

Le SF Savoie dispose de troupes nombreuses avec pour l’infanterie, deux demi-brigades alpines de forteresse, la 16ème DBAF qui dispose de trois bataillons (70ème 80ème BAF 6ème BCM) et la 30ème DBAF qui dispose elle aussi de trois bataillons (71ème 81ème et 91ème BAF) auxquelles s’ajoutent deux compagnies de pionniers (2ème et 3ème compagnie du 440ème régiment).

L’artillerie est représentée par quatre groupes du 164ème RAP (équipés de canons de 75mm, de 105mm, de 120mm,de 155mm plus des canons de 65mm et des canons de tranchée de 150mm) et le génie par le 214ème bataillon de sapeurs mineurs plus des unités de soutien.

-Le Secteur Fortifié du Dauphiné est connu à l’origine sous le nom de Secteur fortifié des Hautes Alpes (1924-33) et s’étend du camp des Rochilles (limite avec le SF-Savoie) à Bayasse au camp des Fourches/Le Pra qui sert de limite avec le Secteur Fortifié des Alpes Maritimes (SFAM). Il couvre ainsi les vallées de la Haute-Durance, du Guil et de l’Ubaye.

De 1935 à 1939, le SFD est commandé par le général commandant la 27ème DIAlp mais à la mobilisation générale de septembre 1939, le gouverneur militaire de Briançon le remplace.

Comme le secteur fortifié de la Savoie, le SF-Dauphiné dispose de deux DBAF, la 75ème DBAF qui dispose de quatre bataillons alpins de forteresse, les 72ème 82ème 92ème et 102ème alors que la 157ème DBAF ne dispose que de deux bataillons, les 73ème et 83ème BAF. A cela s’ajoute les 4ème et 5ème compagnie du 440ème régiment de pionniers.

L’artillerie est présente avec les 154ème et 162ème RAP alors que le génie à déployé le 216ème bataillon de génie de forteresse plus quelques unités de soutien.

Le Secteur Fortifié des Alpes-Maritimes (SFAM) s’étend sur plus de cent kilomètres de la région de Restefond-Les Fourches jusqu’à la Méditerranée. Son rôle est capital car il doit couvrir Nice revendiquée comme terre irrédente par Mussolini et le régime fasciste.

Créé par décret le 24 octobre 1924, le SFAM dispose au printemps 1940 de nombreuses unités d’infanterie avec trois demi-brigades alpines de forteresse, la 40ème DBAF à trois bataillons alpins de forteresse numérotés 75ème 85ème et 95ème, la 58ème DBAF à trois bataillons (76ème 86ème et 96ème) et enfin la 61ème DBAF qui dispose des 74ème 84ème et 94ème BAF. On peut y ajouter le 450ème régiment de pionniers à trois bataillons et les 9ème et 10ème bataillons de mitrailleurs.

L’artillerie est elle aussi présente en force avec les 157ème 158ème et 167ème régiments d’artillerie de position (RAP) alors que le génie à déployé trois compagnies du 251ème bataillon de génie de forteresse.