Mitteleuropa Balkans (50) Bulgarie (14)

Une histoire militaire de la Bulgarie (2) : aux temps modernes (1878-1954)

Les prémices

Drapeau des opalchentsi

L’armée bulgare renait officiellement le 22 juillet 1878 (10 juillet selon le calendrier julien) quand douze bataillons d’opalchentsi qui venaient de participer à la guerre de Libération (appelée également neuvième guerre russo-ottomane) forment une armée nationale plus de quatre siècles après la fin de l’indépendance bulgare.

2011 : des passionnés d’histoire militaire célèbre le 133ème anniversaire de l’indépendance bulgare. Ils portent la tenue des opalchentsi qui s’illustrèrent durant la guerre russo-ottomane de 1877/78.

Les opalchentsi sont des volontaires bulgares qui décident d’aider la Russie dans sa guerre contre l’empire ottoman mais aussi prendre leur revanche sur l’écrasement de la révolte 1876, écrasement d’une violence telle que cela avait suscité l’écœurement de l’opinion publique européenne.

Ils sont regroupés à Samara et vont jouer un rôle majeur dans deux des quatre batailles du col de Skipka (deuxième bataille du 21 au 26 août 1877 et quatrième bataille du 5 au 9 janvier 1878).

Fusil Chassepot modèle 1866

Armés de fusils Chassepot (probablement pour maintenir l’illusion que la Russie n’étaient pas derrière eux), ils formèrent trois brigades numérotées 1, 2 et 3, chaque brigade disposant deux bataillons (druzhina) de cinq compagnies chacune. A ces trois brigades vont s’ajouter six druzhina indépendants numérotés 7 à 12.

Selon la Constitution de Tarnovo, tout les hommes âgés de 21 à 40 ans sont éligibles au service militaire et plus généralement aux obligations militaires.

En 1883 l’armée bulgare connait une première réorganisation. Les douze bataillons d’infanterie cités plus haut sont regroupés au sein de quatre brigades stationnées à Sofia, Pleven, Muse et Shumen. A cela s’ajoute une brigade de cavalerie.

La jeune armée bulgare ne tarde pas à connaître le baptême du feu puisque dès 1885 un conflit l’oppose à la Serbie.

Ce conflit est d’abord favorable à Belgrade mais la contre-attaque bulgare bouscule les troupes serbes qui doivent se replier sur leurs bases de départ et même battre en retraite devant la poussée des troupes de Sofia. Seule la menace d’une intervention austro-hongroise côté serbe stoppa l’avancée bulgare.

A l’époque l’armée de terre bulgare aligne un peu moins de 30000 hommes organisés en huit régiments à trois bataillons regroupés dans les quatre brigades vues plus haut. Comme chaque régiment possède environ 700 hommes on compte 5600 fantassins, le reste des effectifs étant composée de cavaliers (neuf escadrons) et d’artilleurs qui arment douze batteries à huit canons sans compter les services nécessaires.

Pour ce conflit elle peut également compter sur la milice de Roumélie Orientale unie par union personnelle à la principauté de Bulgarie. Cette milice mobilise d’abord ses unités de première ligne (douze bataillons d’infanterie, deux escadrons de cavalerie et quatre canons) bientôt suivies par ses unités de deuxième ligne soit douze autres bataillons.

Ces bataillons vont opérer avec le deuxième échelon bulgare composé de huit bataillons, vingt bataillons de volontaires et trois bataillons macédoniens.

L’armée de terre bulgare dans les guerres balkaniques.

L’armée bulgare dans la première guerre balkanique

Tableau représentant les soldats bulgares au combat durant les guerres balkaniques

Le commandant nominal de l’armée bulgare est le tsar Ferdinand 1er mais le commandement effectif est assuré par son adjoint, le Lieutenant-General Mihail Savorov, son chef d’état-major était le Major-General Ivan Fichev avec comme chef d’état-major adjoint le colonel Stefan Nerezov.

L’armée bulgare déploie 366029 hommes soit la moitié des forces terrestres de la Ligue Balkanique qui va combattre l’empire ottoman pour chasser les forces de la Sublime Porte du continent européen.

En Thrace, les bulgares déploient trois armées plus une division de cavalerie. Des forces sont également placées sous l’autorité de la 2ème armée serbe sur le théâtre d’opérations occidental. On trouve également un détachement déployé dans les monts du Rhodope.

La 1ère Armée Bulgare dispose de la 1ère Division d’Infanterie «Sofia» à deux brigades à deux régiments d’infanterie plus des unités d’appui (artillerie, génie), de la 3ème Division d’Infanterie «Balkan» à trois brigades à deux régiments d’infanterie plus des unités d’appui (artillerie, génie) et de la 10ème Division d’Infanterie composée de deux brigades à deux régiments d’infanterie.

La 2ème Armée Bulgare disposait de la 8ème Division d’Infanterie «Tundzha» à trois brigades à deux régiments d’infanterie plus des unités d’appui, de la 9ème Division d’Infanterie «Pleven» à trois brigades à deux régiments d’infanterie plus des unités d’appui, du détachement Haskovo avec une brigade d’infanterie, un détachement d’artillerie et une brigade de cavalerie à deux régiments.

La 3ème Armée Bulgare disposait de la 4ème Division d’Infanterie «Preslav» à trois brigades à deux régiments d’infanterie plus des unités d’appui, de la 5ème Division d’Infanterie «Danube» à trois brigades à deux régiments d’infanterie plus des unités d’appui et de la 6ème Division d’Infanterie «Bdin» avec deux brigades à deux régiments d’infanterie plus des unités d’appui.

La seule Division de Cavalerie de l’armée bulgare opère sur le théatre d’opérations de la Thrace avec deux brigades, la 1ère disposant de deux régiments alors que la 2ème dispose de trois régiments.

Sur le Théâtre occidental, la Bulgarie déploie une division au sein de la 2ème Armée serbe, la 7ème Division d’Infanterie «Rila» composée de trois brigades à deux régiments d’infanterie plus des unités de cavalerie, de génie et d’artillerie. Elle opère en compagnie d’une division serbe composée de quatre régiments d’infanterie, d’un régiment d’artillerie et d’un régiment de cavalerie.

Le Détachement du Rhodope se compose de l’unique 2ème divisions d’infanterie de Thrace avec deux brigades à deux régiments d’infanterie plus des unités d’appui et de soutien.

Naturellement l’ordre de bataille évolue durant le conflit. Après la première bataille de Catalca, les gouvernements bulgares et ottomans signent un armistice le 3 décembre 1912 et se mettent d’accord pour attendre une conférence de paix à Londres.

Les pourparlers ont lieu au palais de St James et n’avaient pas beaucoup avancé quand le 23 janvier 1913 les Jeunes Turcs dirigés par Enver Bey lancent un coup d’état et s’emparent du pouvoir à Constantinople. Le nouveau gouvernement est déterminé à s’emparer d’Andrinople à tout prix ce que ne pouvait accepter la Bulgarie. L’armistice est dénoncé le 29 janvier 1913 et les combats vont reprendre.

Ce sont les ottomans qui prennent l’initiative. Laissant de petites forces en Epire et en Albanie, les ottomans engagent toutes leurs forces en Thrace avec une offensive combinant attaques terrestres et attaques amphibies.

Durant la période de l’Armistice, les bulgares réorganisent leur stratégie en Thrace. Au début du mois de décembre, ils réalisent que les arrières de la 2ème Armée à Adrianople mais aussi ceux des 1ère et 3ème Armées pouvaient être menacées par une offensive ottomane utilisant la péninsule de Gallipoli comme base de départ.

Pour contrer cette menace le haut commandement bulgare décida de transféré ses forces jadis déployées sur le front occidental dans une nouvelle 4ème Armée bulgare avec 93389 hommes sous le commandement du Major Général Stiliyan Kovachev.

Pendant ce temps à Adrianople, une nouvelle 11ème Division d’Infanterie est formée. Elle est accompagnée par deux divisions d’infanterie serbes ce qui permet aux bulgares de déployer d’autres forces sur la ligne Chataldzha.

Sur la ligne Chataldzha située en Thrace à 35km à l’oust d’Istanbul on trouve d’abord la 1ère Armée bulgare sous le commandement du Lieutenant-Général Vasil Kutinchev qui commandait également le dispositif combinant les 1ère et 3ème armées bulgares.

Cette armée dispose de la 1ère DI «Sofia» à deux brigades à deux régiments d’infanterie auxquels il faut ajouter des unités d’appui et de soutien, de la 3ème DI «Balkan» à trois brigades à deux régiments d’infanterie plus des unités d’appui et de soutien, la 6ème DI «Bdin» à deux brigades à deux régiments d’infanterie plus des unités d’appui et de soutien et la 10ème DI qui comprend deux brigades à deux régiments d’infanterie plus des unités d’appui et de soutien.

La 3ème Armée bulgare commandée par le Lieutenant-General Radko Dimitriez comprend la 4ème DI «Preslav» avec trois brigades à deux régiments d’infanterie plus des unités d’appui et de soutien, la 5ème DI «Danube» avec trois brigades à deux régiments d’infanterie plus des unités d’appui et de soutien et de la 9ème DI «Pleven» avec deux brigades à deux régiments d’infanterie plus des unités d’appui et de soutien.

La 4ème Armée bulgare déployée dans la péninsule de Gallipoli dispose de la 2ème DI de Thrace avec deux brigades à deux régiments d’infanterie plus des unités d’appui et de soutien, de la 7ème DI «Rila» à trois brigades (une à trois régiments, une à un seul régiment et une brigade à deux régiments) plus des unités d’appui dont un régiment de cavalerie et un bataillon de pionniers et de la division de cavalerie avec deux brigades à trois régiments montés, une brigade d’infanterie à deux régiments et des unités d’appui et de soutien.

Toujours dans la péninsule de Gallipoli, on trouve sous le commandement du Major-General Genev le Macedonian-Adrianpolitian Volunteer Corps composée de trois brigades à quatre bataillons d’infanterie plus des unités d’artillerie.

Dans la région d’Andrinople : on trouve la 2ème Armée Bulgare qui dispose de la 8ème DI «Tundzha» à trois brigades à deux régiments plus des unités d’artillerie et du génie, de la 11ème DI à deux brigades à deux régiments d’infanterie, d’une brigade indépendante à deux régiments d’infanterie et d’un détachement d’artillerie indépendant. A cela s’ajoute également deux divisions serbes, la 1ère DI «Timok» et la 2ème DI «Danube».

La division d’infanterie type de l’armée bulgare se compose de trois brigades d’infanterie à deux régiments d’infanterie disposant chacun de quatre bataillons d’infanterie soit un total de vingt-quatre bataillons pour la division. A cela s’ajoutait deux régiments d’artillerie, un régiment de cavalerie et un bataillon du génie.

Pour des raisons tactiques, les 1ère et 2ème division cédèrent chacune une brigade pour permettre la formation d’une 10ème division qui ne disposait donc que de seize bataillons d’infanterie.

Cette armée bulgare va jouer un rôle majeur durant ce conflit en participant à plusieurs batailles contre les armées ottomanes.

L’armée bulgare au combat. Un autre tableau dans un style plus « naïf »

Le premier affrontement est constitué par la bataille de Kardzhali le 21 octobre 1912, une bataille opposant des effectifs comparables (8700 bulgares et 42 canons contre 9000 ottomans qui ne disposaient que de 9 canons). Les bulgares l’emporte et attache définitivement au pays la ville de Kardzhali et la partie orientales du massif des Rhodopes. Si les bulgares n’ont que 9 morts et 42 blessés, les ottomans ont 200 tués et blessés et abandonnent aux bulgares 19 prisonniers.

Trois jours après cet affrontement, 150000 soldats bulgares affrontent à la bataille de Kirk-Kilisse environ 100000 ottomans. Après une tentative ottomane de séparer les 1ère et 2ème armées ottomanes, la poussée bulgare oblige les troupes de la Sublime Porte à battre en retraite.

Les bulgares ont eu 887 tués et 4034 blessés sans oublier 824 portés disparus. De leur côté les ottomans ont subit des pertes deux fois plus importantes avec 1500 tués et blessés sans oublier 2 à 3000 prisonniers, 58 canons et 2 avions capturés par les bulgares.

Du 28 octobre au 2 novembre 1912 108000 bulgares (avec 116 mitrailleuses et 360 canons) affrontent 130000 ottomans (appuyés avec 300 canons) à la bataille de Lule-Burgas.

C’est la bataille la plus sanglante de la guerre, les ottomans devant se replier sur les monts Catalca où une puissante ligne fortifiée protège les approches de la capitale ottomane, Constantinople située à seulement 30km. Le bilan humain est terrible avec côté bulgare 2536 tués et 17000 blessés alors que du côté ottoman la note du boucher de nos «amis» anglais est encore plus élevée avec 22000 tués et blessés, 2800 prisonniers et 50 canons capturés.

Les 17 et 18 novembre 1912 à lieu la première bataille de Catalca. Cet affrontement indécis oppose 176430 bulgares contre 140571 ottomans.

Les bulgares subissent de très lourdes pertes ce qui leur impose d’arrêter toute progression ce qui permet aux ottomans de revendiquer la victoire (car même si ce n’est pas vrai en temps de guerre la communication et la propagande c’est presque aussi important que les manœuvres et les combats).

1506 soldats bulgares ont été tués auxquels il faut ajouter 9127 blessés et 1391 disparus soit un total de 12024 hommes hors de combat contre 5 à 10000 tués et blessés côté ottoman. Les pertes inférieures expliquent pourquoi les ottomans ont pu revendiquer la victoire même si cette victoire ne peut pas vraiment changer le cours de la guerre clairement dominé par la Ligue Balkanique.

Le 27 novembre 1912 à lieu la bataille de Merhamli entre bulgares et ottomans (effectifs exacts inconnus). Après une poursuite des bulgares, les ottomans doivent franchir la rivière Maritsa mais la majorité doit se rendre aux bulgares puisque sur les 10000 soldats ottomans engagés 9600 vont être faits prisonniers.

Le 26 janvier 1913 à lieu la bataille de Bulair. Environ 10000 bulgares affrontent quasiment 40000 ottomans (NdA chiffres incertains et contestés). Les ottomans tentent de dégager la forteresse d’Andrinople (aujourd’hui Edirne) assiégée par les bulgares depuis le début du conflit. L’attaque est rapidement contrée par les bulgares.

En ce qui concerne les pertes là aussi il y à contestation puisque l’unique source est bulgare et c’est ainsi que selon Sofia on trouve 114 tués et 416 blessés du côté bulgare et côté ottoman plus de 6000 morts et 10000 blessés.

Du 3 février au 3 avril à lieu la deuxième bataille de Catalca. C’est une bataille d’usure qui se termine de manière incertaine.

Du 9 au 11 février 1913 les bulgares affrontent les ottomans lors de la bataille de Sarkoy. Cet affrontement est la conséquence de la bataille de Bulair et comme la bataille de Bulair se termine par une victoire bulgare.

Là aussi les pertes sont très incertaines. Si du côté bulgare j’ignore les effectifs engagés et donc les pertes, côté ottoman on trouve près de 20000 hommes et 48 canons plus des navires (deux croiseurs et deux cuirassés) et au niveau des pertes on annonce 882 tués, 1842 blessés et 55 disparus.

Du 3 novembre 1912 au 26 mars 1913 la forteresse d’Andrinople à été assiégée par les bulgares rejoint ensuite par les serbes. Sa chute va pousser l’Empire ottoman à demander la paix car incapable de poursuivre la lutte. 106425 bulgares et 47275 serbes vont affronter entre 50 et 70000 ottomans.

C’était donc la fin d’un siège de cinq mois marqué par deux attaques nocturnes infructueuses. La prise de cette forteresse fait sensation car elle avait été fortfiée par les allemands et était jugée imprenable.

La première guerre balkanique se termine par la signature du traité de Londres le 30 mai 1913. Ce traité voit les grandes puissances européennes intervenir. Une Albanie indépendante voit le jour, les îles de la mer Egée sont cédées à la Grèce sauf celles de Imhos et de Tenedos qui commandent l’accès aux détroits turcs, la Crète appartient définitivement à la Grèce.

Tous les territoires européens de l’empire ottoman à l’ouest d’une ligne Enos-Midio sont cédés à la Ligue Balkanique qui doit en assurer le partage. C’est le début d’un processus qui allait conduire à la deuxième guerre Balkanique.

Mannlicher M1888

En ce qui concerne l’équipement de l’armée bulgare on trouve plusieurs modèles de pistolets et de revolvers comme le Frommer-Stop austro-hongrois, le Beholla et le Luger P-08, plusieurs modèles de fusil (Mauser modèle 1871/84, Peabody-Martini Henry, Mannlicher M1888 et M1895) mais aussi le fusil mitrailleur Madsen.

L’armée bulgare dans la deuxième guerre balkanique

Suite aux problèmes du partage des dépouilles entre les vainqueurs, la Bulgarie se retourne contre ses anciens alliés bientôt renforcés par l’empire ottoman. Le conflit sera bref se terminera par un désastre pour Sofia qui parviendra tout de même à conserver quelques territoires.

Durant la 1ère guerre Balkanique la Bulgarie avait mobilisé 599878 hommes sur une population masculine de 1914160. 33000 soldats sont morts sans compter les 50000 blessés ou malades (typhus et cholera).

En dépit de la mobilisation de nouveaux bulgares issus des territoires conquis en Thrace et en Macédoine, l’armée bulgare ne dispose que de 500491 hommes alors que les anciens bulgares pouvaient mobiliser 83% des effectifs présents durant la première guerre soit plus que la Bulgarie.

Les bulgares vont déployer cinq armées contre la Grèce et la Serbie, ne laissant qu’un maigre rideau contre les ottomans et rien sur la frontière avec la Roumanie.

On trouve onze divisions d’infanterie, une division de cavalerie, le corps des volontaires macédonio-adrianopolitain. A cela s’ajoute en réserve sous l’autorité directe du haut-commandement deux divisions d’infanterie et une brigade d’infanterie indépendante.

La force de combat globale était donc de 297 bataillons d’infanterie, 47 escadrons de cavalerie et 186 batteries d’artillerie. Sur le plan matériel la situation s’est améliorée mais comme nous le verrons dans le récit du conflit cela ne va pas suffire.

Le commandant en chef est toujours nominalement assuré par le tsar Ferdinand 1er mais au quotidien le commandement est assuré par le Lieutenant-General Mikhail Savov avec comme adjoint en titre le chef d’état-major général, le Major-General Ivan Fichev mais comme ce dernier est opposé à une nouvelle guerre, il est suppléé sans être débarqué par son adjoint, le colonel stefan Nerezov.

Cette situation ne dure pas car peu après le début du conflit, le Lieutenant-General Savov est viré mais reprendra du service en assurant le commandement combiné des 2ème, 4ème et 5ème armée.

Pour le remplacer dans ses fonctions, Ferdinand 1er le remplace par le général Dimitriez nettement plus russophile, son adjoint le général Racho Petrov assurant le commandement de la 3ème Armée.

Ordre de Bataille des troupes opérant contre l’armée serbe

Face aux troupes de Belgrade, Sofia déploie tout d’abord la 1ère Armée placée sous le commandement du Lieutenant-General Vasil Kutinchev.

Elle comprend la 5ème Division d’Infanterie «Danube» composée de deux brigades d’infanterie à deux régiments plus des unités d’appui et de soutien, la 9ème Division d’Infanterie «Pleven» à deux brigades à deux régiments d’infanterie plus des unités d’appui de soutien et enfin d’une brigade d’infanterie indépendante à deux régiments également. Sous le commandement direct de l’armée on trouve escadrons de cavalerie pour l’éclairage.

La Troisième Armée commandée par le Lieutenant-General Radko Dimitriev comprend la 1ère DI «Sofia» à deux brigades à deux régiments d’infanterie plus des unités d’appui, la 13ème DI à trois régiments d’infanterie, une brigade d’infanterie à deux régiments, une division de cavalerie à deux brigades à deux régiments plus des unités d’appui et un régiment de cavalerie indépendant.

La Cinquième Armée commandée par le Major-General Stefan Toshev comprend la 4ème DI «Preslav» à deux brigades à deux régiments d’infanterie plus des unités d’appui, la 12ème DI à trois régiments d’infanterie, la Brigade Odrin à deux régiments d’infanterie, de l’artillerie d’armée et un régiment indépendant de cavalerie.

La Quatrième Armée commandée par le Major-General Stiliyan Kovachev comprend la 2ème DI thrace à trois brigades à deux régiments d’infanterie plus des unités d’appui, la 7ème DI «Rila» à trois brigades à deux régiments d’infanterie plus des unités d’appui, la 8ème DI «Tundzha» à trois brigades à deux régiments d’infanterie plus des unités d’appui et de soutien, deux brigades d’infanterie indépendante.

Elle dispose également du corps des volontaires macédonio-adrianopolitain composé de trois brigades à cinq bataillons d’infanterie plus des unités d’appui. Sous l’autorité directe de l’armée on trouve un régiment de cavalerie et un régiment d’Opalchenis.

Ordre de bataille des troupes engagées contre l’armée grecque

Face à l’armée grecque les bulgares déploient la Deuxième Armée commandée par le Lieutenant-General Nikola Ivanov. Elle comprend la 3ème DI «Balkan» à deux brigades à deux régiments d’infanterie plus des unités d’appui et de soutien mais aussi la 11ème DI à trois régiments d’infanterie plus des unités d’appui et de soutien, trois brigades indépendantes d’infanterie ainsi que des unités dépendant directement de l’armée à savoir un régiment d’infanterie, un régiment de cavalerie, des escadrons indépendants de cavalerie, un bataillon de garde-frontières et une section d’obusiers.

Forces déployées en Thrace orientale (face aux turcs)

Face aux turcs les bulgares ne déploient qu’un écran pour jalonner et freiner autant que faire se peut une poussée ottomane. On trouve d’abord une brigade d’infanterie issue de la 10ème DI (d’où sa désignation de 2/10) avec deux régiments d’infanterie, deux escadrons de cavalerie et une section d’artillerie. A cela s’ajoute un régiment d’infanterie et deux régiments de cavalerie, tous les trois indépendants.

Réserve du Haut-Commandement

Le haut-commandement bulgare conserve sous son autorité directe en réserve stratégique la 6ème DI «Bdin» à deux brigades à deux régiments d’infanterie plus une unité d’artillerie et un bataillon de pionnier.

Ce conflit est donc la conséquence du premier où les anciens alliés de la Ligue Balkanique vont se déchirer des territoires.

C’est la Bulgarie qui prend l’initiative en attaquant la Serbie et la Grèce le 29 juin 1913. Belgrade et Athènes vont être ultérieurement aidés par le Monténégro le fidèle allié de la Serbie mais aussi pour la Roumanie et l’empire ottoman ce qui fait que l’armée bulgare va devoir combattre en même sur tous les fronts. C’était déjà quasiment impossible pour armée de premier ordre alors l’armée bulgare vous pensez…… .

Sur le plan militaire, les troupes serbes et grecques sont encore fraiches. En effet elles n’ont pas eu à s’employer alors que les troupes bulgares ont combattu durement ce qui à provoqué de nombreuses pertes.

La bataille de Bregalnica (rivière alimentant le Vardar) est la première du conflit. Deux armées bulgares affrontent deux armées serbes (renforcées par quelques éléments monténégrins).

Sur le plan numérique cela nous donne 184000 bulgares (116000 pour la 4ème armée 68000 pour la 5ème armée) répartis entre 100 bataillons d’infanterie, 6 régiments de cavalerie et 63 batteries d’artillerie qui affrontent 191000 serbo-monténégrins répartis entre 104 bataillons d’infanterie, 24 escadrons de cavalerie et 62 batteries d’artillerie. C’est la plus grande bataille de la guerre qui se termine par une défaite bulgare et de sérieuses pertes avec 20000 tués côté serbo-monténégrin et 30000 côté bulgare.

Du 2 au 4 juillet 1913, les grecs remportent la bataille de Kilkis-Lachanas. 75000 bulgares (57 bataillons d’infanterie et 10 escadrons de cavalerie) appuyés par 175 canons affrontent 117000 grecs (73 bataillons d’infanterie et 8 escadrons de cavalerie). Cette bataille fait suite à la bataille précédente

Les serbes tiennent le choc et les grecs parviennent de leur côté à contre-attaquer, infligeant aux bulgares une sérieuse défaite, la pire de ce conflit. Les bulgares ont 6971 tués et blessés plus 2500 prisonniers et 19 canons perdus alors que les grecs ont perdu 8828 tués et blessés.

La ville une fois prise est vidée de sa population bulgare. L’armée grecque divise alors ses forces, une partie met cap à l’est et la Thrace occidentale, le reste avance la vallée creusée par la rivière Struma, les grecs battant les bulgares à la bataille du lac Doiran (5/6 juillet 1913).

Cette bataille oppose deux brigades bulgares issus de la 2ème armée à deux divisions grecques (3ème et 10ème DI).

Conséquence de la bataille de Kilkis-Lachanas, cette bataille voit les bulgares qui avaient détruit les ponts sur le Styrmon et la ville de Serres être sérieusement malmenés ce qui entraîne une retraite vers le nord. Les grecs s’emparent de plusieurs villes et menacent la capitale bulgare. A cela s’ajoute un débarquement amphibie grec à Kavala.

Les pertes traduisent le déroulement des combats. La moitié des troupes bulgares est tuée, blessée ou capturée alors que les grecs n’ont que des pertes minimes avec 252 tués et 755 blessés.

Du 4 au 7 juillet à lieu la bataille de Knjazevac entre environ 50000 bulgares appuyés par 108 canons et 40000 serbes appuyés par 68 «bouches à feu».

C’est une victoire bulgare, les troupes de Sofia s’emparant de cette ville située à 250km au sud-est de Belgrade et 55km au nord-est de Nis. Si les pertes serbes sont inconnues, les bulgares perdent plus de 1000 hommes (280 tués et 820 blessés).

Du 6 au 8 juillet la 3ème armée bulgare affronte la 2ème armée serbe dans la bataille de Pirot. Les bulgares qui avaient lancé l’offensive doivent se replier pour aider leur 1ère armée sérieusement accrochée par les roumains.

Avec cette défaite qui s’ajoute à celle survenue lors de la bataille de Bregalnica, les bulgares peuvent dire adieu à la conquête du sud-ouest de la Serbie.

Le 8 juillet 1913 à lieu la bataille de Bedogradchik entre les bulgares et les serbes qui se termine par une victoire serbe.

Peu après les bulgares remportent la bataille de Demir Hisar les 9 et 10 juillet toujours contre les grecs.

Du 12 au 18 juillet la ville de Vidin défendue par 4200 bulgares est assiégée 8500 serbes. Une première attaque serbe échoue mais la paix est signée avant que d’autres attaques d’où qu’elles viennent soient menées à bien.

Les 18 et 19 juillet 1913 à lieu la bataille de Kalimanci. Deux armées bulgares affrontent une armée serbo-monténégrine. Les bulgares repoussent les serbes qui cherchaient à les expulser de Macédoine et retrouver les grecs plus en aval sur la rivière Struma. C’est une importante victoire défensive pour les bulgares qui empêchent toute invasion de la Bulgarie par la Serbie.

Cette bataille se termine par des pertes assez élevées avec 2400 tués et 4620 blessés côté bulgare, 2500 tués et 4850 blessés côté serbe, 107 tués et 570 blessés côté monténégrin.

Du 22 au 31 juillet à lieu la Bataille de Kresna qui est la dernière bataille majeure du conflit. Les bulgares avaient contre-attaqué les serbo-monténégrins le 19 juillet et tentent de faire pareil contre des grecs épuisés dont les lignes de communication sont sur le point de rompre.

Euletherios Venizelos

Pour ne rien arranger on se chamaille au sommet de l’état entre le premier ministre Venizelos partisan d’un armistice et le roi Constantin 1er qui voulait obtenir une grande victoire militaire.

Cette bataille manque de tourner à la catastrophe pour les grecs, les bulgares appuyant sur les flancs pour tenter de réitérer la célèbre bataille de Cannes (-216).

Les grecs demandent aux serbes de relancer l’attaque mais Belgrade refuse. A la même époque les roumains avancent vers Sofia. C’est ce qui va sauver les grecs d’un anhilation quasi-totale.

Les roumains ? Oui les roumains qui déclarent la guerre le 10 juillet 1913 suite à un désaccord frontalier avec Sofia. Quand les grecs acceptent la proposition bulgare d’un armistice les troupes roumaines sont à Vrazhebdria à onze kilomètres du centre de Sofia.

Les troupes de Bucarest vont envahir la Doubroudja du sud mais également franchir le Danube dans la région de Corabia.

Les ottomans vont également se joindre à la curée à partir du mois de juillet. Pas moins de 200 à 250000 turcs vont envahir la Thrace occidentale. Les bulgares en sous-effectifs évacuent Adrianople (Edirne) en catastrophe le 19 mais comme les turcs ne l’occupe pas, ils reviennent le lendemain pour l’abandonner définitivement cette fois le 21.

Le 23 juillet 1913 Edirne est occupée par les ottomans. C’est symboliquement très importante car cette ville capturée par Murad 1er dans les années 1360 avait été la première capitale européenne des ottomans, statut qu’elle conservera jusqu’à la prise de Constantinople en 1453.

L’invasion ottomane de la Bulgarie provoque la panique chez les paysans de la région qui se réfugient dans la montagne. Les troupes ottomanes n’ont pas eu à souffrir de pertes au combat mais ont perdu 4000 hommes des suites du choléra.

Les russes menacent alors Constantinople d’intervenir dans le Caucase et envoient la flotte de la mer Noire menacer la capitale ottomane. C’est alors la Grande-Bretagne soucieuse de ne pas trop laisser de place à Saint-Pétersbourg dans la région qui décide d’intervenir.

De toute façon les différents belligérants sont épuisés, éreintés par neuf mois d’un conflit qui annonce tristement les horreurs du premier conflit mondial.

La deuxième guerre Balkanique se termine par le Traité de Bucarest signé le 10 août 1913. Les ottomans demandent à participer mais les anciens alliés de la Ligue Balkanique refusent. Cette fois les Grandes Puissances vont intervenir pour éviter qu’une nouvelle paix insatisfaisante ne provoque une troisième guerre.

Mitteleuropa Balkans (40) Bulgarie (4)

La Bulgarie moderne

Généralités

Suite au traité de Berlin qui corrige le traité de San Stefano, la Bulgarie devient une principauté en théorie autonome sous l’autorité de la Sublime Porte mais dans la pratique indépendante.

Alexandre de Battenberg, premier knyaz (prince) de Bulgarie

En 1879, Alexandre de Battenberg, un prince allemand est élu prince de Bulgarie. Il va rester à ce poste jusqu’à son abdication en 1886 suite à un coup de force militaire d’officiers bulgares pro-russes.

Un an auparavant en 1885 il avait prit le contrôle de la Roumélie orientale, possession ottomane sous le régime de l’union personnelle (NdA pour ménager les susceptibilités ?).

Ferdinand 1er de Bulgarie, knyaz puis tsar de Bulgarie de 1908 à 1918

Après l’abdication du premier prince de Bulgarie, une assemblée bulgare élit Ferdinand de Saxe-Cobourg-Gotha comme prince de Bulgarie (1887). En 1908 la Bulgarie proclame son indépendance et le prince Ferdinand devient le tsar Ferdinand 1er de Bulgarie.

En 1912/13 ont lieu deux guerres balkaniques. La première oppose les bulgares et leurs alliés grecs, serbes et monténégrins face à l’Empire ottoman. La coalition balkanique l’emporte mais les vainqueurs se disputent sur la répartition des territoires conquis. La seconde oppose la Bulgarie face aux serbes et aux grecs ce qui entraine la perte de la majeure partie des territoires conquis.

Quand éclate la première guerre mondiale la Bulgarie reste d’abord en dehors du conflit et ne va s’engager aux côtés des Empires centraux qu’en 1915. Les troupes bulgares vont combattre les serbes sur le front serbe et les alliés sur le front de Salonique.

La situation reste longtemps figée mais à l’automne 1918 les alliés percent enfin le front qui s’écroule comme un château de carte. Le 3 octobre 1918 Ferdinand 1er abdique en faveur de son fils qui devient Boris III. Le traité de Neuilly sur Seine signé le 27 novembre 1919 se charge de punir la Bulgarie pour son alliance avec les empires centraux.

Boris III tsar de Bulgarie de 1918 à 1951

La période 1919/1939 sera assez difficile pour la Bulgarie entre crise économique et crispations politiques.

Si la guerre de Pologne voit le pays rester neutre, le second conflit mondial verra la Bulgarie s’engager du côté allemand aboutissant non seulement à une défaite mais aussi à un basculement dans l’orbite communiste.

La mise en place d’un nouvel état : la constitution de Tarnovo et l’indépendance

De 1878 à 1908 la Bulgarie est une principauté (Knyazhostvo Balgariya) dirigée par un prince élu en l’occurrence Alexandre de Battenberg de 1879 à 1886 puis le prince Ferdinand de Saxe-Cobourg-Gotha de 1887 à 1908 quand suite à l’indépendance de la Bulgarie (de jure car elle l’était déjà de de facto) il devient le tsar Ferdinand 1er de Bulgarie, la Bulgarie devenant un royaume.

En théorie la principauté de Bulgarie est autonome sous l’autorité du sultan ottoman mais dans la pratique le prince de Bulgarie opère comme un souverain indépendant.

La capitale est pendant une très courte période Plovdiv avant que Sofia ne lui succède. A noter qu’une administration russe provisoire gère le pays au quotidien jusqu’en juin 1879. L’assemblée bulgare constituante s’installe à Tarnovo en 1879 d’où le nom de la constitution que nous allons découvrir plus tard.

Carte du traité de San Stefano puis du traité de Berlin. La Bulgarie de 1908 regroupe l’ancienne principauté de Bulgarie et la Roumélie orientale qui depuis 1885 étaient unies par un lien personnel ce qui ménageait nombre de susceptibilités

Le traité de San Stefano avait été très généreux avec la Bulgarie puisqu’elle regroupait quasiment tous les bulgarophones de la région et débordait donc largement des frontières bulgares actuelles.

Très vite le traité de Berlin signé à la suite d’une conférence tenue le 13 juillet 1878 réduit la taille du nouvel état à la portion congrue. Il le divise également en deux en rendant à l’empire ottoman la Roumélie orientale.

Le 28 avril 1879 (16 avril 1879 calendrier julien) la constitution de Tarnovo est promulguée. Ce texte inspiré de la charte belge de 1831 est considérée comme avancée pour l’époque.

Elle met en place la séparation des pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire), la responsabilité ministérielle, l’immunité des députés et rend la propriété privée inviolable.

L’Eglise orthodoxe bulgare est faite religion d’Etat même si les autres croyances sont reconnues ou du moins les croyants ne sont pas juridiquement discriminés.

La constitution est suspendue de 1881 à 1883 offrant au prince des pouvoirs illimités. Le texte est amendé en 1893, 1908 et 1911. Elle va rester en vigueur jusqu’en 1956 quand elle est remplacée par une constitution communiste. Elle à été suspendue également en 1934 suite à un coup d’état.

La constitution de Tarnovo fait de la Bulgarie une monarchie constitutionnelle héréditaire. Le prince doit être en théorie de confession orthodoxe mais pour le premier prince Alexandre de Battenberg un luthérien une exception législative serait faite.

Le prince peut initier un projet législatif, coordonne l’activité du premier ministre et de son cabinet, les actes du prince doivent être contresignés par le ministre compétent et la loi n’entre en vigueur qu’après la signature du prince.

Le texte constitutionnel bulgare impose l’égalité de tous devant la loi, refuse toute promotion des titres aristrocratiques. La censure est en théorie prohibée mais cet article sera suspendu à plusieurs reprises. Tous les citoyens sont soumis à l’impôt à l’exception du prince. La liberté d’association et la liberté d’action politique sont garanties.

Le 18 septembre 1885 la Roumélie orientale est unie à la principauté de Bulgarie sous la forme d’une union personnelle, le prince de Bulgarie Alexandre de Battenberg devenant gouverneur général de la province de Roumélie orientale.

Cette unification n’est pas sortie de nulle part. Dès la signature du traité de Berlin la Russie à considéré comme cette division entre la Bulgarie et la Roumélie orientale était artificielle et n’avait aucun sens.

William Gladstone

En 1880 William Gladstone devient premier ministre de Grande-Bretagne. En 1876 il s’était montré très enthousiaste pour la cause bulgare et le Comité Central Secret Revolutionnaire Bulgare espère voir sa cause avancer avec l’appui britannique.

Seulement voilà si dans l’opposition Gladstone pouvait se permettre d’être enthousiaste pour la cause bulgare (surtout si le premier ministre en poste était son grand rival Disraeli) au pouvoir il devait tenir compte de la diplomatie britannique qui voulait éviter une position trop forte de la Russie dans les Balkans.

Toujours le sacro-saint équilibre et éviter que la marine russe puisse franchir à sa guise les détroits turcs et menacer les communications britanniques notamment la liaison vitale entre le détroit de Gibraltar et le canal de Suez.

Au printemps 1885 une campagne de presse prépare l’opinion à l’union. A la mi septembre, la milice rumélienne est mobilisée pour des manœuvres automnales. Le plan d’unification doit être annoncé le 27 septembre 1885 (calendrier gregorien 15 septembre pour le calendrier julien) mais le 14 septembre une émeute éclate à Panagyuristhe (91km à l’est de Sofia).

Si la police ottomane réprime l’émeute et reprend le contrôle de la ville, d’autres émeutes éclatent un peu partout.

Le 18 septembre 1885 (6 septembre calendrier julien) la milice rumélienne et des groupes armés unionistes entrent à Plovdiv et prennent le contrôle de la résidence du gouverneur. Garril Krastervich lui même unioniste ne résiste pas.

Un gouvernent provisoire est mis en place et la mobilisation générale est décidée pour contrer une éventuelle offensive ottomane.

Le 20 septembre 1885 le gouvernement provisoire envoie un télégramme au prince de Bulgarie qui accepte l’unification en se rendant en personne à Plovdiv le lendemain.

Les grandes puissances finissent par accepter le fait accompli y compris par l’empire ottoman qui était pieds et poings liés puisque Constantinople ne pouvait envoyer des troupes en Roumélie orientale que sur demande du gouverneur de la province. Naturellement Garril Krastervich s’abstient de le demander.

Le 5 avril 1886 l’Empire ottoman et la Bulgarie signe l’accord de Tophane qui reconnaît le prince de Bulgarie comme gouverneur-général de la province de Roumélie orientale. C’est donc une union personnelle.

Cette union augmente la superficie de la Bulgarie de 63752 à 95223 km² (+33%) et la population de 2 007 919 habitants en 1880 à 4 215 000 habitants en 1908 soit un doublement.

La Grèce et la Serbie veulent des compensations territoriales pour accepter cette union. Si Athènes renonce rapidement à la guerre en l’absence de frontière commune avec Sofia, Belgrade va aller jusqu’au conflit armé. C’est la guerre serbo-bulgare.

Ce conflit dure du 14 au 28 novembre 1885 (2 au 16 novembre calendrier julien). A l’époque au moins sur le plan juridique, la Bulgarie est vassale de l’empire ottoman mais Constantinople n’intervient pas dans cette guerre.

C’est la Serbie qui prend l’initiative de la guerre mais cela tourne très vite à la catastrophe. L’Autriche-Hongrie comme nous le verront interviendra pour stopper l’avancée bulgare en Serbie.

Des négociations aboutiront au traité de Bucarest signé le 3 mars 1886, traité qui ne verra aucun changement de frontière.

Suite à l’union de la Bulgarie avec la Roumélie orientale, la Serbie craint que la Macédoine peuplée en grande partie de bulgarophones ne soit le prochain objectif de Sofia qui retournerait aux frontières du traité de San Stefano.

Milan 1er

De plus Milan 1er (1868-1889) le roi de Serbie était sous pression de l’opposition pro-russe dont les leaders étaient réfugiés en Bulgarie après l’échec d’une rébellion armée.

La Serbie propose une action militaire conjointe avec la Grèce mais Athènes qui ne possède pas de frontière commune avec la Bulgarie refuse. La Serbie persuadée d’être soutenue par l’Autriche-Hongrie décide de s’engager seule.

La Serbie déclare la guerre à la Bulgarie le 14 novembre 1885. Comme les bulgares craignent une intervention ottomane, ils ont mobilisé leurs troupes à la frontière bulgaro-ottomane laissant la frontière avec la Serbie assez dégarnie.

Les serbes sont donc persuadés de l’emporter rapidement. Le prétexte est un incident de frontière,un poste de douane sur la frontière Timok occupé par les serbes alors qu’il était côté bulgare. Les troupes bulgares chassent les serbes et Belgrade décide de contre-attaquer.

Du 17 au 19 novembre 1885 les bulgares l’emportent à Slivtsina puis dégagent Vidin assiégée par les serbes. Le 27 novembre 1885, les bulgares envahissent la Serbie et s’emparent de la ville de Pirot.

C’est à ce moment là que l’Autriche-Hongrie menace d’intervenir contre la Bulgarie. Naturellement Sofia n’est pas en mesure de résister à la Double-Monarchie et accepte de négocier avec la Serbie ce qui aboutit au traité de Bucarest qui ne voit aucun changement de frontière. Ce qui est certain c’est que les relations bulgaro-serbes sont durablement dégradées.

Le premier premier ministre bulgare est un libéral Stéfan Stambolov. Les débuts avec Alexandre de Battenberg plus conservateur sont délicats. Ce dernier réaliste sait s’adapter à la vie politique de son nouveau pays et soutient son premier ministre libéral.

Le 9 août 1886 à lieu un coup d’état pro-russe. Saint-Pétersbourg n’est pas satisfait par la politique menée par le prince bulgare qui était le neveu d’Alexandre II (assassiné en 1881) et le cousin de son successeur Alexandre III.

La Russie n’à pas non plus apprécié l’unification de 1885 et va même jusqu’à retirer les conseillers militaires qui organisaient la jeune armée bulgare alors que la guerre menaçait avec la Serbie.

Les russes sont clairement irrités par l’unification. Les bulgares pro-russes accusent Alexandre de Battenberg d’être responsable de la détérioration des relations bulgaro-russes.

A l’aube du 9 août, Alexandre est arrêté dans son palais de Sofia. On la force à signer un décret d’abdication. Il est expulsé en Russie.

Un gouvernement provisoire dirigé par Kliment de Tarnovo est mis en place. Le coup d’état n’est pas suivit et un contre coup d’état est organisé à Plovdiv. Les putschistes sont très vite isolés et le 17 août 1886 Alexandre est de retour en Bulgarie.

Il finit cependant par abdiquer le 7 septembre 1886 pour améliorer les relations entre Sofia et Saint-Pétersbourg.

Le 7 juillet 1887 Ferdinand de Saxe-Cobourg-Gotha est élu prince de Bulgarie. Les relations bulgaro-russes restent glaciales puisque le nouveau prince est le neveu de François-Joseph et officier de l’armée austro-hongroise. Le futur tsar Ferdinand 1er fait donc figure de «candidat autrichien».

En mai 1894 Stambolov démissione. Il est assassiné en juillet 1895. La politique intérieure bulgare prend un tournant clairement conservateur. Les relations avec la Russie sont peu à peu restaurées.

D’août à novembre 1903 à lieu la révolte d’Illinden-Preobrazhénie en Macédoine et en Thrace, une révolte qui menace de dégénérer en guerre entre Sofia et Constantinople. Inutile de préciser que la répression ottomane à été terrible.

Le 5 octobre 1908 Ferdinand prince de Bulgarie déclare l’indépendance de la Bulgarie qui devient un royaume. Lui même troque le titre de knyaz (prince) pour celui de tsar, la Bulgarie passant du statut de principauté à celui de royaume.

Symboliquement la déclaration est fait en la Sainte Eglise des Quarante Martyrs de Tarnovo, l’ancienne capitale bulgare.

Si cette déclaration à eu lieu à l’automne 1908 c’est pour profiter de l’instabilité de l’empire ottoman secoué depuis juillet par la révolution Jeune Turque qui impose le retour du parlement et le rétablissement de la constitution de 1876.

Les grandes puissances approuvent cette indépendance (internationalement reconnue au printemps 1909) qui se faisait que confirmer juridiquement une situation existante de facto.

L’Autriche-Hongrie en profite pour annexer la Bosnie (elle l’administrait depuis 1878) et la Grèce la Crète (annexion reconnue seulement en 1913).

Le nouveau royaume de Bulgarie va former avec ses voisins orthodoxes une Ligue Balkanique. Le 13 mars 1912 la Serbie et la Bulgarie signent une alliance initialement tournée contre l’Autriche-Hongrie avec tout de même un article secret pour se prémunir d’une éventuelle attaque ottomane.

Parallèlement une alliance est signée entre la Serbie et le Monténégro et une autre alliance unit la Bulgarie et la Grèce (mai 1912). Les alliés promettent de se partager la Macédoine et la Thrace mais les lignes sont vagues ce qui allait poser ultérieurement bien des problèmes.

Le 8 octobre 1912 la ligue Balkanique entre en guerre contre la Sublime Porte. C’est la première guerre Balkanique qui se termine le 30 mai 1913 par une nette défaite ottomane.

Seulement voilà les vainqueurs se disputent les dépouilles notamment la Macédoine revendiquée aussi bien par la Bulgarie (la population est majoritairement bulgarophone), par la Grèce (au nom de l’histoire avec la dynastie des Argéades dont le répresentant le plus illustre est Alexandre le Grand) et la Serbie (Belgrade considérant que la Macédoine fait partie de sa sphère d’influence).

Les territoires conquis par les différents pays (dans une nuance plus foncée que celle du territoire de départ)

Les alliés d’hier deviennent les ennemis d’aujourd’hui. Une deuxième guerre Balkanique à lieu du 29 juin au 10 août entre la Bulgarie d’un côté et une alliance improbable de la Serbie, de la Roumanie, de la Grèce, du Monténégro et de l’empire ottoman.

Cela se termine par un désastre pour la Bulgarie ce qui va grandement influer son attitude durant le premier conflit mondial (NdA plus de détails sur ces deux guerres anonciatrices de la boucherie de la première guerre mondiale dans la partie idoine).

Limites territoriales suite au traité de Bucarest de 1913