Mitteleuropa Balkans (130) Yougoslavie (18)

Une histoire des forces armées en Serbie (2) : guerres balkaniques et première guerre mondiale.

Généralités

Le Royaume de Serbie va participer aux deux guerres balkaniques. Ces deux conflits véritables répétition de la première guerre mondiale sont les deux faces d’une même pièce avec d’abord des nations balkaniques unies pour chasser l’empire ottoman d’Europe puis des alliés d’hier devenus des ennemis d’aujourd’hui.

Un traité d’alliance serbo-bulgare est signé en mars 1912, Belgrade et Sofia voulant se partager le Vardar macédonien. En mai la Serbie signe un traité similaire avec la Grèce et en octobre c’est autour du Monténégro de signer un traité d’alliance militaire avec la Serbie.

Durant ces deux guerres la Serbie va conquérir le Kosovo _considéré comme le berceau de la nation serbe_, la Macédoine, le Sandjak de Novi Pazar. Le traité de Londres signé après la première guerre permet à la Serbie de s’emparer du Kosovo et du nord-ouest de la Macédoine.

Après la deuxième guerre qui voit la Bulgarie attaquer ses anciens alliés serbes et grecs, le traité de Bucarest permet à la Serbie de récupérer tout le Vardar macédonien. Elle aurait souhaité pouvoir disposer d’une fenêtre maritime sur l’Adriatique mais les grandes puissances préfèrent créer un royaume d’Albanie. La Serbie gagne 81% de superficie et 1.6 millions d’habitants (passant de 2.9 à 4.5 millions).

Comme nous l’avons à propos de la Bulgarie, la Serbie est aux premières loges durant le premier conflit mondial. Attaquée par les Empires Centraux, elle fait mieux que se défendre mais finit par craquer.

Commence alors une terrible Anabase en plein hiver dans les montagnes albanaises.. 400000 militaires et civils entament un véritable périple direction les ports albanais où des navires italiens parviennent à les évacuer en direction de Corfou. Seuls 120000 soldats (sur 135000) et 60000 civils (sur 280000) parviennent sur l’île grecque. Cela n’est pas finit car 11000 soldats et civils finiront par succomber des conséquences de cette odyssée.

Ordre de bataille de l’armée royale serbe au moment de la 1ère guerre Balkanique.

1ère Armée

Le prince Alexandre de Serbie futur Alexandre 1er de Yougoslavie en tenue militaire serbe

Sous le commandement du prince héritier Alexandre (futur Alexandre 1er de Yougoslave), elle comprend les unités suivantes :

-Artillerie d’Armée : 1ère batterie d’obusiers, 6ème batterie de mortiers, 1ère, 2ème et 3ème batteries lourdes de 120mm

-Division de Cavalerie : 1er,2ème, 3ème et 4ème régiments de cavalerie + artillerie divisionnaire

-Division de 1ère ligne «Morava» : 1ère, 2ème, 3ème et 16ème RI, un régiment d’artillerie, une batterie d’artillerie de montagne et un régiment de cavalerie.

-Division de 1ère ligne «Drina» : 4ème, 5ème, 6ème, 17ème RI, un régiment d’artillerie et un régiment de cavalerie

-Division de 1ère ligne «Danube» : 7ème, 8ème, 9ème et 18ème RI, un régiment d’artillerie et un régiment de cavalerie

-Division de 2ème ligne «Danube» : 7ème RI (2ème ligne), 8ème RI (2ème ligne), 9ème RI (2ème ligne), 4ème régiment d’infanterie surnuméraire, trois batteries d’artillerie, cavalerie divisionnaire

-Division de 2ème ligne «Timok» : 13ème RI, 14ème RI, 15ème RI (tous régiments de 2ème ligne), trois batteries d’artillerie, cavalerie divisionnaire

2ème Armée

-Artillerie d’Armée : 1er régiment d’artillerie de montagne (moins une batterie détachée auprès de la division «Morava») et 2ème batterie d’obusiers

-Division de 1ère ligne «Timok» : 13ème, 14ème, 15ème et 20ème RI, un régiment d’artillerie et un régiment de cavalerie

-7ème DI «Rila» (Bulgarie) : 3 brigades

3ème Armée

Canon de 120mm Schneider-Canet modèle 1897 préservé en Serbie

-Artillerie d’Armée : 2ème bataillon d’artillerie de montagne, 3ème bataillon d’artillerie de montagne, 3ème batterie d’obusiers, 4ème batterie d’artillerie, 4ème batterie lourde (120mm)

-Cavalerie d’armée : deux escadrons d’armée

-Division de 1ère ligne «Sumadija» : 10ème, 11ème, 12ème et 19ème RI, un régiment d’artillerie, cavalerie divisionnaire

-Division de 2ème ligne «Morava» : 1er RI (2ème classe), 2ème RI (2ème classe), 3ème RI (2ème classe), trois batteries d’artillerie, cavalerie divisionnaire

-Brigade 1ère ligne «Morava» 1er et 2ème régiments surnuméraires 9ème batterie d’artillerie détachée du régiment d’artillerie de la division «Morava», Cavalerie divisionnaire

-Détachements de Chetnik : Medveda, Kursumlija, Lukovo et Kolasin

Armée d’Ibar

-Division de 2ème ligne «Sumadija» : 10ème, 11ème, 12ème RI (2ème classe), artillerie divisionnaire, cavalerie divisionnaire

-5ème régiment d’infanterie surnuméraire

-1er bataillon d’artillerie de montagne (2ème ligne)

-5ème batterie d’obusiers

-5ème batterie lourde

Brigade Javor

-3ème régiment d’infanterie surnuméraire, 4ème régiment d’infanterie (2ème classe), 3ème batterie (détaché de l’artillerie divisionnaire de la Division «Drina»), 4ème batterie d’artillerie de montagne (2ème classe), 1ère batterie d’artillerie de position Uzujcse, 6ème batterie lourde (120mm) et un escadron de cavalerie

Les batailles de l’armée serbe

Pour ce conflit les serbes ont mobilisé 230000 hommes. 5000 soldats serbes sont morts, 18000 sont blessés tandis que 6698 sont morts de maladie.

Du 3 au 5 novembre 1912 à lieu entre serbes et ottomans la bataille de Prilep. Les troupes serbes submergent les troupes ottomanes qui n’ont d’autre choix que de se replier. Les pertes serbes sont cependant très lourdes avec 2000 morts et blessés contre 1200 morts et blessés de l’autre côté.

Du 16 au 19 novembre 1912 à lieu la bataille de Monastir. Environ 100000 serbes affrontent 40000 ottomans. Après sa défaite à Kumanovo, les ottomans se replient et se regroupent autour de Bitola, objectif de la 1ère Armée serbe.

Cette dernière est durement accrochée par l’armée ottomane qui dispose d’une nette supériorité en artillerie ce qui compose son infériorité numérique.

Les serbes doivent attendre l’arrivée de leur propre artillerie pour contrebattre l’artillerie ottomane qui est neutralisée le 18. Bitola tombe le lendemain. Les serbes contrôlent alors tout le sud-ouest de la Macédoine dont la ville d’Ohrid.

Certains serbes auraient voulu poursuivre vers le sud et Thessalonique mais le commandant serbe, le général Pvanik refuse car il craint de provoquer l’Autriche-Hongrie qui n’avait pas vraiment envie d’une Serbie surpuissante ayant une fénètre sur la mer Egée et sur la mer Adriatique.

De toute façon les grecs et les bulgares étaient déjà là et nul doute qu’Athènes comme Sofia n’auraient pas vraiment voulu d’un troisième crocodile dans le marigot.

Du 3 novembre 1912 au 26 mars 1913 la forteresse d’Andrinople à été assiégée par les bulgares rejoint ensuite par les serbes. Sa chute va pousser l’Empire ottoman à demander la paix car incapable de poursuivre la lutte. 106425 bulgares et 47275 serbes vont affronter entre 50 et 70000 ottomans.

C’était donc la fin d’un siège de cinq mois marqué par deux attaques nocturnes infructueuses. La prise de cette forteresse fait sensation car elle avait été fortfiée par les allemands et était jugée imprenable.

Du côté des serbo-monténégrins, les monténégrins assiègent puis capturent la firme de Skohdra (auj. Skhoder sur le lac du même nom).

Comme nous le savons le partage des dépouilles ottomanes à dégénéré entrainant un nouveau conflit entre la Bulgarie et ses anciens alliés rejoints par des ottomans revanchards.

Le 1er juin 1913 est signé un traité entre la Grèce et la Serbie. Les deux pays disposent d’une frontière commune et signent un pacte d’assistance militaire mutuelle.

La Bulgarie attaque le 29 juin 1913 la Serbie et la Grèce. Le Monténégro, l’Empire ottoman mais aussi la Roumanie vont intervenir ultérieurement.

Sur le plan militaire, les troupes serbes et grecques sont encore fraiches. En effet elles n’ont pas eu à s’employer alors que les troupes bulgares ont combattu durement ce qui provoque de nombreuses pertes.

Belgrade mobilise 348000 hommes, perdant au fnal 9000 tués au combat, 5000 des suites de maladie et 36000 blessés.

Dans la nuit du 29 au 30 juin 1930, les bulgares attaquent l’armée serbe sur la rivière Bregalnica, un affluent majeur du Vardar mais aussi l’armée grecque à Nigrita. Les serbes tiennent bon et sont bientôt rejoints par les monténégrins. L’armée grecque l’emporte également dans ses propres affrontements contre les bulgares.

La bataille de Bregalnica est la première du conflit. Deux armées bulgares affrontent deux armées serbes (renforcées par quelques éléments monténégrins).

Sur le plan numérique cela nous donne 184000 bulgares (116000 pour la 4ème armée 68000 pour la 5ème armée) répartis entre 100 bataillons d’infanterie, 6 régiments de cavalerie et 63 batteries d’artillerie qui affrontent 191000 serbo-monténégrins répartis entre 104 bataillons d’infanterie, 24 escadrons de cavalerie et 62 batteries d’artillerie.

C’est la plus grande bataille de la guerre qui se termine par une défaite bulgare et de sérieuses pertes avec plus de 20000 morts et blessés côté bulgare et 16620 pertes dont 3000 tués côté serbo-monténégrin.

Du 4 au 7 juillet à lieu la bataille de Knjazevac entre environ 50000 bulgares appuyés par 108 canons et 40000 serbes appuyés par 68 «bouches à feu». C’est une victoire bulgare, les troupes de Sofia s’emparant de cette ville située à 250km au sud-est de Belgrade et 55km au nord-est de Nis.

Du 6 au 8 juillet la 3ème armée bulgare affronte la 2ème armée serbe dans la bataille de Pirot. Les bulgares qui avaient lancé l’offensive doivent se replier pour aider leur 1ère armée sérieusement accrochée par les roumains.

Avec cette défaite qui s’ajoute à celle survenue lors de la bataille de Bregalnica, les bulgares peuvent dire adieu à la conquête du sud-ouest de la Serbie.

Le 8 juillet 1913 à lieu la bataille de Bedogradchik entre les bulgares et les serbes qui se termine par une victoire serbe.

Du 12 au 18 juillet la ville de Vidin défendue par 4200 bulgares est assiégée 8500 serbes. Une première attaque serbe échoue mais la paix est signée avant que d’autres attaques d’où qu’elles viennent soient menées à bien.

Les 18 et 19 juillet 1913 à lieu la bataille de Kalimanci. Deux armées bulgares affrontent une armée serbo-monténégrine. Les bulgares repoussent les serbes qui cherchaient à les expulser de Macédoine et retrouver les grecs plus en aval sur la rivière Struma. C’est une importante victoire défensive pour les bulgares qui empêchent toute invasion de la Bulgarie par la Serbie.

Du 22 au 31 juillet à lieu la Bataille de Kresna qui est la dernière bataille majeure du conflit. Les bulgares avaient contre-attaqué les serbo-monténégrins le 19 juillet et tentent de faire pareil contre des grecs épuisés dont les lignes de communication sont sur le point de rompre. Pour ne rien arranger on se chamaille au sommet de l’état entre le premier ministre Venizelos partisan d’un armistice et le roi Constantin 1er qui voulait obtenir une grande victoire militaire.

Cette bataille manque de tourner à la catastrophe pour les grecs, les bulgares appuyant sur les flancs pour tenter de réitérer la célèbre bataille de Cannes (-216).

Les grecs demandent aux serbes de relancer l’attaque mais Belgrade refuse. A la même époque les roumains avancent vers Sofia. C’est ce qui va sauver les grecs d’un anhilation quasi-totale et aboutiront in fine au retour de la paix.

Ordre de bataille de l’armée royale serbe en 1914

Quand éclate le premier conflit mondial, la Serbie mobilise plusieurs armées pour faire face aux futures attaques des Empires Centraux et notamment de l’Autriche-Hongrie.

NdA dans cet ordre de bataille je n’ai que les régiments d’infanterie au sein des divisions. J’ignore si les divisions comprennent également des unités de cavalerie et d’artillerie mais cela semble probable.

1ère Armée

-Artillerie d’Armée

-Division de Cavalerie : 1er,2ème, 3ème et 4ème régiments de cavalerie

-Division de 1ère ligne «Timok» : 13ème, 14ème, 15ème et 20ème RI (1ère classe)

-Division de 2ème ligne «Timok» : 13ème, 14ème, 15ème RI (2ème classe)

-Division de 2ème ligne «Morava» : 1er, 2ème et 3ème RI (2ème classe)

-Détachement Branicevo (issu de la division de 2ème ligne «Dunav») avec des éléments des 7ème, 8ème, et 9ème RI (2ème classe) ainsi que du 9ème RI (1ère classe) sans oublier les 8ème et 9ème RI (3ème classe).

2ème Armée

-Artillerie d’Armée

-Division de 1er rang «Morava» : 1ère, 2ème, 3ème et 18ème RI (1er rang)

-Division Combinée de 1er rang : 1er, 2ème, 5ème et 6ème RI surnuméraires

-Division de 1er rang «Sumadija» : 10ème, 11ème, 12ème et 19ème RI

-Division de 1er rang «Dunav» : 7ème, 8ème et 18ème RI + 4ème RI surnuméraire

3ème Armée

-Artillerie d’Armée

-Division de 1er rang «Drina» 5ème, 6ème et 17ème RI (1er rang) 3ème RI surnuméraire (1)

-Division de 2ème ligne «Drim» 5ème et 6ème RI (2ème classe), 6ème RI (3ème classe), 1er bataillon du 5ème RI (3ème rang)

-Détachement Obrenovac : 7ème RI (3ème rang), deux bataillons du 5ème RI (3ème rang)

Détachement de Tchetnik Jadar

Groupe d’Armée Uzice

-Artillerie d’Armée

-Division de 2ème rang «Sumadija» 10ème, 11ème et 12ème RI (2ème rang), 4ème RI (1er rang)

-Brigade Uzice : 4ème RI (2ème rang), 4ème RI (3ème rang)

-Différents détachements : Détachement Lim, Détachement Chetnik Zlatigor, Détachement Tchetnik Gornjak

Les batailles de l’armée serbe durant le premier conflit mondial

La terrible anabase de l’armée serbe dans les montagnes albanaises

Epique tel pourrait être le mot pour définir les combats de l’armée serbe durant le premier conflit mondial. Après une brillante résistance l’épuisement provoque un effondrement du dispositif militaire serbe.

L’armée accompagné de la cour et des civils entame une véritable anabase à travers les montagnes albanaises, une retraite épique en plein hiver qui provoqua des dizaines de milliers de morts civils et militaires. Même après l’évacuation depuis les ports albanais en direction de Corfou entraina des morts supplémentaires, certains soldats et certains civils ne supportant pas les conséquences du froid, du manque de nourriture, du stress….. .

Du 28 juillet 1914 au 15 décembre 1915 à lieu la Campagne de Serbie. L’armée serbe mobilise 420597 hommes auxquels vont s’ajouter 50000 monténégrins. Ces effectifs vont tomber à 250/270000 et 48300 respectivement.

L’armée serbe n’est pas en très grande forme. Elle ne s’est pas encore remise des pertes durant les deux guerres balkaniques et manque d’armes modernes.

Le 29 juillet au lendemain de la déclaration de guerre de l’Autriche-Hongrie à la Serbie, Belgrade est bombardée par l’artillerie austro-hongroises. Il faudra attendre le 12 août pour que la rivière Drina soit franchie par les soldats de la Double-Monarchie.

L’Autriche-Hongrie avait prévu le déploiement de trois armées contre la Serbie (2ème, 5ème et 6ème) pour des effectifs globaux dépassant plus de 500000 hommes mais l’entrée en guerre plus rapide de la Russie avait contraint Vienne à redéployé à l’est la 2ème Armée, faisant retomber les effectifs à 285000 hommes. Comme ce redéploiement prenait des temps des éléments de la 2ème Armée on pu être engagés sur le front serbe.

La 5ème Armée austro-hongroise attaque la Serbie depuis la Bosnie avec le soutien d’éléments de la 2ème Armée venue de Syrmia. La 6ème Armée était déployée dans le sud de la Bosnie mais ne pouvait pas attaquer immédiatement.

Le commandant des troupes austro-hongroises, le général Potiorek veut aller vite mais commet deux erreurs principales : ne pas engager tous ces moyens et attaquer non pas par les plaines du Nord mais à l’ouest dans une région montagneuse nettement plus difficile.

Cela aurait pu néanmoins marcher puisque d’abord les serbes pensent à une attaque de diversion mais quand le maréchal Putnik comprend qu’il s’agissait de l’attaque avec un grand D il engage les 2ème et 3ème Armée qui après quatre jours de violents combats oblige les troupes austro-hongroises à se battre en retraite. Ces premiers combats ont valu à l’Autriche-Hongrie 23000 pertes (tués, blessés et prisonniers) et à la Serbie 16500 pertes.

Sous la pression des alliés, l’armée serbe va engager sa première armée dans une offensive limitée au delà de la Sava c’est à dire dans la région austro-hongroise de Syrmie. Il s’agit surtout de ralentir l’envoi sur le front russe de la 2ème armée.

Ce fût un échec avec 6000 pertes côtés serbes contre des pertes ennemies estimées à seulement 2000 hommes.

Le 7 septembre 1914 les austro-hongrois repassent à l’attaque depuis l’ouest en franchissant la Drina avec les 5ème et 6ème armées. C’est la 5ème attaque qui lança une première offensive mais elle est repoussée par la 2ème armée serbe provoquant 4000 pertes. En revanche cela se passa mieux pour la 6ème armée plus puissante qui parvint à prendre par surprise la 3ème armée serbe.

Des unités de la 2ème armée serbe ayant renforcé la 3ème, la 5ème armée austro-hongroise repassa à l’offensive dans l’espoir d’obtenir une tête de pont. Cette attaque obligea la 1ère Armée à stopper son offensive en Autriche-Hongrie pour engager une féroce contre-attaque contre la 6ème armée avec là encore des résultats mitigés des deux côtés. On enregistre de lourdes pertes des deux côtés.

Le front se stabilise mais les serbes manquent de tout et surtout d’artillerie lourde. Une offensive serbo-monténégrine est lancée en Bosnie pour soulager la pression sur le front principal mais cela est un échec.

Face à une armée serbe affaiblie, les austro-hongrois repassent à l’attaque le 5 novembre 1914, l’armée serbe se repliant en bon ordre, offrant une solide résistance sur les rives de la rivière Kolubara mais le manque de munitions d’artillerie poussa à une retraite qui obligea les serbes à abandonner la capitale Belgrade où les troupes de la Double-Monarchie entrent le 2 décembre 1914.

Les austro-hongrois sentant les serbes sur le point de craquer décident de déplacer la 5ème armée dans la région de Belgrade pour frapper le flanc droit serbe mais ce choix avait l’inconvénient de laisser la 6ème armée seule pendant quelques jours.

Les serbes ne laissent pas passer leur chance et lancent toutes leurs forces le 3 décembre contre la 6ème Armée. La 5ème armée austro-hongroise arrive trop, les 2ème et 3ème armées serbes submergeant la 6ème armée. Les austro-hongrois n’ont d’autre choix que se replier au delà des rivières. Belgrade est reprises le 15 décembre 1914 ce qui marque la fin de la première phase de la campagne de Serbie.

Cette première phase se termine par un retour à la situation d’avant conflit mais les pertes sont énormes, bien plus importantes que dans les conflits précédents avec près de 170000 pertes côté serbe alors que les austro-hongrois ont perdu environ 215000 hommes.

Il va falloir attendre près d’un an pour que l’offensive reprenne. Cette fois ce sont les austro-hongrois, les allemands et les bulgares qui passent à l’offensive. C’est le 7 octobre 1915 que les troupes germano-austro-hongroises franchissent les rivières Drina et Sava. Deux jours plus tard après d’intenses combats de rue la capitale serbe est prise.

Le 14 octobre 1915 les bulgares attaquent à leur tour, la 1ère Armée bulgare bat la 2ème armée serbe à la Bataille de Morava tandis que la 2ème armée bulgare l’emporte sur les serbes à la Bataille d’Ovche Pole.

Si les serbes n’avaient eu qu’à affronter les germano-austro-hongrois ils auraient pu s’en sortir mais avec les bulgares cela devenait impossible. Les troupes serbes tentèrent d’abord de rejoindre les troupes alliées présentes en Grèce mais cela ne pu se faire et les serbes n’eurent d’autre chois que d’entamer une terrible retraite, une terrible anabase en direction de l’Albanie.

Cette retraite se fit dans des conditions dantesques avec de nombreux civils, un temps épouvantable et l’attaque de bandes armées albanaises qui se vengeaient de massacrés menés durant les guerres Balkaniques.

Seuls 155000 serbes (beaucoup de militaires mais aussi des civils) ont réussi à atteindre les ports albanais. Avec l’aide des navires alliés ils ont pu être évacués vers Corfou et d’autres îles grecques où ils purent reprendre des forces avant d’être réengagés sur le front macédonien. Certains rescapés décédèrent des mois après la fin de l’évacuation le 10 février 1916, le maréchal Putnik succombant à l’épuisement 15 mois plus tard en France.

Cette campagne de Serbie se termine par de lourdes pertes avec 67000 pertes du côté des Empires Centraux contre 94000 tués et blessés côté serbe auxquels il faut ajouter 174000 prisonniers (dont 70000 blessés).

Une fois évacués les soldats serbes vont être réentrainés et rééquipés pour occuper le front de Macédoine.

Après l’offensive bulgare de l’été 1916, les alliés lancent une contre-attaque le 12 septembre 1916. C’est la Bataille de Kaymakchalan (12 au 30 septembre 1916) menée essentiellement par les serbes.

Cela se termine par une victoire tactique des serbes mais les pertes sont lourdes des deux côtés. Les bulgares et les allemands qui ont perdu 60000 hommes évacuent Bitola. Le front à clairement reculé de 40km.

Après un hiver 1916/17 calme, les opérations vont reprendre au printemps 1917. l’Armée alliée d’Orient voit ses effectifs portés à 24 divisions avec six divisions françaises, six divisions serbes, sept divisions britanniques, une division italienne, trois divisions grecques et deux brigades russes.

Tout comme sur le Chemin des Dames, l’offensive alliée lancée au printemps est un échec et après de lourdes pertes pour des gains minimes, le haut-commandement allié décide d’arrêter les frais le 21 mai 1917.

A l’automne 1918, les alliés alignent une Armée d’Orient composée de cinq divisions d’infanterie françaises, une division d’infanterie italienne et deux divisions grecques, deux Corps d’Armée serbes regroupant huit divisions d’infanterie dont deux françaises plus une division de cavalerie, Un groupe de divisions avec une division coloniale (française), une division grecque et une division britannique, une Armée britannique de Salonique avec deux corps d’armées regroupant trois divisions britanniques et deux divisions grecques et enfin l’Armée Grecque composée de deux corps d’armée soit un total de six divisions d’infanterie dont une à l’entrainement.

De leur côté les Empires Centraux alignent sur le front de Salonique la 11ème armée allemande (deux corps d’armées, sept divisions majoritairement bulgares), la 1ère armée bulgare (trois divisions d’infanterie et une brigade d’infanterie), la 2ème armée bulgare (trois divisions d’infanterie) et la 4ème armée bulgare qui dispose d’une division d’infanterie et d’une division de cavalerie.

La France veut lancer une offensive majeure mais il faut un accord politique avant de passer à l’action. Cela prend du temps et ce n’est qu’à l’automne 1918 que tout va se débloquer.

A cette époque les effectifs sont équilibrés (291 bataillons côté alliés contre 310 de l’autre côté) mais le conflit à clairement choisit le camp de l’Entente surtout depuis l’échec des offensives allemandes du printemps.

Du 15 au 18 septembre 1918 à lieu la bataille de Dobro Pole. Elle oppose deux divisions bulgares à trois divisions françaises, deux corps d’armées serbes et trois divisions grecques. C’est le début de l’offensive du Vardar qui allait aboutir à la rupture du front. La Bulgarie va capituler le 29 septembre 1918.

Disposant de 420000 hommes au début de la guerre, la Serbie tombe à tout juste 100000 hommes à la fin du premier conflit mondial. Selon des chiffres publiés en 1924 la Serbie à perdu au total 365164 soldats soit 26% du personnel mobilisé, plus du double des autres belligérants. On trouvait également 114000 gueules cassées et 500000 orphelins.

Mitteleuropa Balkans (52) Bulgarie (16)

L’armée bulgare dans l’entre-deux-guerre

Le traité de Neuilly-sur-Seine signé le 27 novembre 1919 comprend de sérieuses clauses militaires qui vont limiter la puissance de l’armée bulgare dont les effectifs sont limités à 20000 hommes en incluant les forces intérieures et les gardes frontières.

Les unités plus grande que la division sont interdites mais les trois inspectorats qui doivent mettre en place en temps de guerre autant d’état-major d’armées sont maintenus sous la désignation passe-partout de «Garnison de 1ère classe», garnisons installées à Sofia, Varna et Plovdiv. Naturellement l’armée de terre du tsar Boris III ne peut posséder ni chars ni artillerie lourde.

En 1928 la commission de contrôle alliée quitte le pays ce qui permet à la Bulgarie de prendre de plus en plus de libertés avec ces limitations. C’est ainsi qu’une quatrième garnison de 1ère classe voit le jour en 1928 à Pleven. De nouveaux plans de mobilisation sont mis au point, plans qui selon les époques prévoyaient la mise sur pied de quatre à cinq armées avec jusqu’à 30 divisions.

Après 1934 l’armée bulgare à pu déjà augmenter ses effectifs avec quatre armées (en réalité des corps d’armée) et huit divisions d’infanterie ce qui représente une force de combat de 40 régiments d’infanterie, de 19 régiments d’artillerie et de 10 régiments de cavalerie. Les effectifs atteignent déjà 103000 hommes.

Comme tous les vaincus elle va tenter de contourner ces interdictions mais il faudra attendre la signature de l’accord de Salonique le 31 juillet 1938 avec ses voisins pour que les limitations militaires du traité de paix soient définitivement abandonnées et que le réarmement déjà entame de facto le soit de jure.

En ce qui concerne l’équipement il est modernisé même si les moyens manqueront pour renouveler totalement l’équipement de l’armée bulgare.

Chenillette L-3

Cette dernière va s’équiper de chars et de véhicules blindés d’abord italiens (CV-33) et britanniques (Vickers type E) puis essentiellement tchèques et allemands.

Vickers type E

Ces moyens vont former deux brigades blindées mais le projet de les transformer en véritables divisions blindées ne verra jamais le jour faute de moyens (la Bulgarie ne possède qu’une faible industrie et dépend de manufacturiers étrangers pour s’équiper).

A partir de 1945 la Bulgarie investit massivement dans son outil militaire. Enfin tout est relatif et si une petite industrie militaire voit le jour elle ne peut couvrir tous les besoins de l’armée de Boris III qui dépend encore des importations notamment allemandes.

Ces derniers sont réticents à livrer le matériel demandé non seulement parce qu’ils doivent privilégier l’équipement de leur armée mais aussi et peut être surtout parce qu’on se méfie des bulgares.

Panzer IV Ausf G

Les demandes en matériel ne seront jamais satisfaites mais certaines étaient tellement extravagantes (500 Panzer IV et 300 Stug III par exemple) qu’on est en droit de se demander si il ne s’agissait pas de demander plus pour obtenir ce qu’on voulait vraiment. Le débat reste ouvert…… .

L’infanterie renouvèle son armement qui est dans l’ensemble assez moderne même si il reste ici ou là quelques armes utilisées par leurs ainés durant le premier conflit mondial.

Si on compare aux pays voisins la Bulgarska Armiya n’à pas à rougir de son équipement et les manœuvres estivales exécutées en 1946, 1947 et 1948 ont révélé certes des lacunes mais également un niveau acceptable voir bon dans certains domaines, une armée de format réduite ayant permis de créer de bons officiers et d’excellents sous-officiers. Certes en cas de guerre de masse cela peut aboutir à une armée à deux vitesses…… .

A l’été 1948 alors que les tensions ne cessent de croitrent en Europe, le gouvernement bulgare décide en toute discretion de rappeler des réservistes et de préparer les centres de mobilisation et ainsi gagner quelques jours.

Signe qui ne trompent pas les troupes reçoivent l’ordre dès le mois d’août de gagner les blockhaus et autres abris de Ligne Kubrat et de tenir fermement leurs positions pour protéger la mobilisation générale, mobilisation qui va tarder à venir comme nous allons voir dans la partie suivante.

L’armée de terre bulgare dans le second conflit mondial

Mobilisation et montée en puissance

Le 5 septembre 1948 l’Allemagne par son invasion du Danemark et de la Norvège propulse le monde dans une nouvelle guerre mondiale. La Bulgarie liée au pacte tripartite se déclare prête à toute évantualité.

La mobilisation générale n’est pas pour autant décidée mais on décide de maintenir sous les drapeaux les conscrits qui devaient être libérés d’ici fin 1948 et de rappeler de nouveaux réservistes sans compter que des volontaires se présentent spontanément et sont souvent incorporés aux unités notamment celles qui sont en déficit de personnel.

Ce n’est qu’en janvier 1949 que la mobilisation générale est ordonnée par un décret royal du 14 janvier 1949. Des dizaines de milliers de réservistes, les conscrits du contingent annuel affluent vers les casernes et les centres de mobilisation mis en place à l’automne 1948.

En janvier 1948 soit encore en temps de paix, l’armée bulgare possédait huit divisions d’infanterie, deux brigades blindées, une brigade de cavalerie, une brigade de gardes-frontières, un service aéronautique et différentes unités d’appui (artillerie, génie) et de soutien.

La mobilisation générale permet d’augmenter les effectifs des unités existantes et surtout d’en créer des nouvelles. Résultat quand la mobilisation est terminée le 2 février 1949, l’armée bulgare affiche le visage suivant :

Soldats bulgares au repos. Date et lieu inconnus

-Douze divisions d’infanterie

-Une division de cavalerie

-Deux brigades blindées

-Une brigade du génie

-Une brigade d’artillerie

-Les troupes aériennes royales

Les douze divisions d’infanterie vont être déployées au sein de quatre armées, la 1ère armée défend la Bulgarie contre une potentielle action roumaine en Dobroudja du Sud, les 2ème et 3ème armées font face à la Yougoslavie et la 4ème Armée fait face à la Grèce.

L’unique division de cavalerie (une deuxième doit être mis sur pied ultérieurement) est maintenue en réserve stratégique en compagnie des deux brigades blindées, de la brigade du génie et de la brigade d’artillerie.

C’est avec ces capacités que la Bulgarie va entrer en guerre même si Sofia ne participera pas directement à l’opération MARITSA.

D’autres divisions vont être créées et c’est ainsi qu’au moment du déclenchement de l’opération BARBAROSSA, l’armée bulgare aligne seize divisions d’infanterie, deux divisions de cavalerie partiellement motorisées («pétrole-picotin»), deux brigades blindées, une brigade du génie, une brigade de gardes-frontières et trois brigades d’artillerie.

De nouvelles unités seront ultérieurement créées et à son apogée la Bulgarska Armiya atteindra le chiffre respectable de vingt deux divisions d’infanterie, deux brigades de chasseurs, deux divisions de cavalerie, deux brigades blindées, une brigade du génie, deux brigades de gardes-frontières et trois brigades d’artillerie.

Au combat !

L’armée bulgare est sur le pied de guerre au printemps 1949. Elle pourrait participer à l’opération MARITSA (l’invasion de la Yougoslavie et de la Grèce) mais s’abstient se contentant d’ouvrir son territoire aux allemands.

Selon certains historiens et amateurs de wargames si la Bulgarie était intervenue même avec des moyens limités, la Yougoslavie se serait effondrée en quelques jours et les alliés décidés à tenir en Grèce auraient vite été culbutés par les troupes germano-bulgaro-italiennes.

Une fois la Yougoslavie vaincue, la Bulgarie entre en Macédoine et en Thrace occidentale, des zones considérées comme bulgares et peuplées essentiellement d’ailleurs de bulgarophones. Cela n’empêchera pas la population d’être victimes d’exactions de la part de la soldatesque ce qui entrainera des révoltes vite écrasées.

Pour occuper cette région, la Bulgarie y déploie la 4ème Armée composée de trois divisions d’infanterie (5ème, 6ème et 11ème DI), la 1ère division de cavalerie, la 11ème brigade blindée et une brigade d’artillerie.

Dans un premier temps cette armée doit surtout lutter contre des unités de guerilla, plus ou moins bien entrainées, plus ou moins bien disciplinées. Des campagnes de «pacification» sont régulièrement menées avec son lot d’exactions et de massacres qui alimentent les guerillas rapidement encadrées par les services de renseignement alliés.

Après le retrait des troupes bulgares du dispositif BARBAROSSA suite à l’opération URANUS (contre-offensive de l’été 1951 pour repousser les allemands du Caucase), la 4ème Armée reçoit des renforts, une façon pour les bulgares de se faire pardonner par les allemands.

Le dispositif est réorganisé avec la création d’une 5ème Armée. Si la 4ème Armée reste déployée essentiellement en Macédoine, la 5ème Armée est surtout destinée à défendre la Grèce continentale aux côtés d’unités italiennes et allemandes.

La 4ème Armée dispose désormais de quatre divisions d’infanterie (2ème DI, 4ème DI, 6ème et 11ème DI), la 1ère division de cavalerie et la 1ère brigade de chasseurs plus destinée aux opérations anti-guerilla.

La 5ème Armée dispose de quatre divisions d’infanterie (1ère, 3ème, 5ème et 8ème DI), la 2ème division de cavalerie, la 11ème brigade blindée et la 2ème brigade de chasseurs.

Ces huit divisions d’infanterie vont affronter les alliés à partir de l’automne 1952. C’est à cette époque les alliés décident d’avancer dans les Balkans pour déstabiliser le dispositif global de l’Axe.

Informés de mouvements importants côté allié ce qui laisse présager une opération d’ampleur (sans que l’on sache si il s’agit d’une offensive ou d’une simple diversion) les bulgares demandent des renforts en hommes et en matériel de la part des allemands mais ces derniers ne sont pas pressés d’aider un allié en qui ils n’ont plus du tout confiance. Les renforcements seront minimaux et ne permettront probablement pas de repousser l’attaque alliée.

L’opération ANVIL est déclenchée le 21 septembre 1952. A partir du 14 septembre, l’aviation et l’artillerie alliées entament une intense préparation, frappant des cibles stratégiques et les positions ennemies pour faciliter des troupes engagées.

Les marines alliées effectuent également des bombardements sur la côte ouest de la Grèce et en Albanie pour attirer des forces dans ces régions et faciliter l’avancée depuis le Péloponnèse. Même situation en mer Egée avec des raids commandos dans le nord de la Grèce (attaque du port de Thessalonique le 15 septembre 1952) mais leur impact à été assez limité.

Comme le dira plus tard un officier allemand «C’était trop brouillon, trop étiré pour être vraiment crédible. Avec moins d’opérations on aurait pu y croire mais là le scepticisme était général même si dans les hautes sphères certains croyaient dur comme fer à un débarquement dans la région de Thessalonique en liaison avec les turcs»

Les alliés vont engager dix-sept divisions dans cette offensive avec la 8th Army (UK) (8ème Armée britannique) composée d’un corps armée britannique (deux DI et une DB) et un corps d’armée sud-africain (deux DI), la 10th Army (UK) composée d’un corps d’armée sud-africain (une DI et une DB) et deux corps d’armées britanniques (deux DI chacun) et l’Armée Grecque de Libération (trois corps d’armée à deux divisions, deux corps à deux DI et un corps d’armée à une DB et une DI).

Il était prévu l’engagement de divisions yougoslaves mais leur montée en puissance est plus longue que prévue en raison de problèmes d’équipements et d’encadrement entre des officiers majoritairement serbes et un corps de troupes composé essentiellement de monténégrins, de bosniens et de croates, ces derniers étant vus comme des traîtres en puissance et sont donc tenus en piètre estime.

En face le dispositif germano-italo-bulgare est moins puissant, leurs troupes sont moins entraînées mais l’équipement est assez bon et surtout le terrain habilement utilisé est un atout précieux dans leurs mains.

Les consignes du Heeresgruppe E (Groupe d’Armées E) qui chapeaute toutes les troupes de l’Axe dans les Balkans : user au maximum les troupes alliées, les faire douter, les allemands sachant que les moyens engagés si ils sont impressionnant sur le papier sont finalement limités en raison des besoins et des priorités sur les autres fronts.

Les combats sont durs et impitoyables. Les germano-italiens sont en première ligne pour empêcher la sortie des alliés du Péloponnèse. Les bulgares sont d’abord tenus en réserve officiellement parce qu’on craint un débarquement allié dans la région de Thessalonique mais il n’est pas impossible que Berlin ait pu craindre un manque de mordant des troupes de Sofia.

Ce n’est qu’alors qu’Athènes est menacé et que l’hypothèse d’un débarquement allié dans le nord de la Grèce soit devenu une chimère (aucune force navale présente en mer Egée, activité aérienne importante mais pas gigantesque non plus) que les troupes bulgares sont engagées.

Elles montrent un mordant et une vigueur qui surprend leurs alliés comme leurs ennemis. Les britanniques qui sont les premiers à entrer en contact doivent engager toute leur puissance de feu pour repousser de vigoureuses et tenaces attaques bulgares.

Es-ce à dire que les bulgares peuvent renverser la situation stratégique dans la région ? Hélas pour eux non. C’est ainsi qu’après de violents combats, Athènes détruit à 80% est libérée le 17 décembre 1952.

Symboliquement c’est le bataillon sacré, un bataillon para-commando grec qui entre le premier dans la ville, hissant sur l’Acropole le drapeau grec récupéré in extremis lors de la chute de la ville en 1950.

La quasi-totalité du territoire grec est libérée en février 1953 après de violents combats. Le territoire hellène est ravagé, une famine biblique frappe les habitants. L’impact est d’autant plus violent que les corps ont été affaiblis par les privations. A la famine s’ajoute différentes épidémies.

Les alliés vont procéder à des distributions de nourriture mais cela ne fera que compenser les privations. Il faudra attendre 1956/57 pour que la situation s’améliore durablement.

Les troupes bulgares ont subit de lourdes pertes. C’est ainsi que sur les quatre divisions d’infanterie de la 5ème Armée, deux ont été détruites et deux très affaiblies.

La 1ère et la 5ème DI sont ainsi retirées du front et remplacées par les 16ème et 22ème DI mais ces unités sont de création récente et manque non seulement d’expérience mais aussi de cohésion puisque leur recrutement mélange «bulgares de souche» et «bulgares de branche» issus de Macédoine et tous ne sont pas des adeptes passionnés de la Grande Bulgarie. Les 3ème et 8ème DI ont subi des pertes mais au final elles sont encore capables de tenir le front.

La 2ème division de cavalerie, une unité «pétrole-picotin» à été saignée à blanc en menant des raids sur les arrières de l’ennemi et en se sacrifiant pour permettre le repli des unités d’infanterie moins mobile. Résultat elle est retirée du front et en dépit de plusieurs projets ne sera jamais reconstruite et peut être considérée comme dissoute de facto et non de jure.

En revanche la 11ème brigade blindée et la 2ème brigade de chasseurs ont fait plus que tenir le coup. Combattant souvent ensemble ils ont pu associer habilement le choc et la manœuvre, posant des problèmes tactiques aux alliés.

Le manque de moyens empêche de profiter pleinement du basculement italien dans le camp allié en avril 1953.

Le 19 mai 1953 est déclenchée l’opération SLEDGEHAMMER avec les 8ème et 10ème armées britanniques, la 1ère Armée Grecque (ex-Armée Grecque de Libération) et la 1ère Armée Yougoslave qui comprend deux corps d’armée à deux DI plus une division blindée sous commandement direct de l’armée.

Face à cette nouvelle offensive d’ampleur, les bulgares déploient toujours les 4ème et 5ème Armées.

La 5ème Armée aligne donc quatre divisions d’infanterie (3ème DI, 8ème DI, 16ème et 22ème DI), la 11ème brigade blindée et la 2ème brigade de chasseurs.

La 4ème Armée aligne quatre divisions d’infanterie (2ème, 4ème, 6ème et 14ème DI), la 1ère division de cavalerie et la 1ère brigade de chasseurs.

Les bulgares alignent huit divisions d’infanterie, une division de cavalerie, une brigade blindée et deux brigades de chasseurs.

Si l’Albanie est occupée quasiment sans combats suite à la défection italienne (une partie se rend sans combattre, d’autres restent aux côtés des allemands) et parce que les allemands retraitent en bon ordre en pratiquant la politique de la terre brûlée, le reste du front est le théâtre de combats impitoyables où on ne se fait aucun cadeau.

A l’été 1953 le front suit grosso modo une ligne partant du nord de Durres (le port reste sous le feu de l’artillerie allemande qui pratique des tirs de harcèlement contre les navires venant y faire relâche), traverse le centre de la Macédoine avant de suivre à peu près la frontière bulgaro-grecque.

Les bulgares combattent avec énergie probablement parce qu’ils savent que leur pays est proche et qu’ils vont devoir défendre leur pays, leur patrie, leur terre. Cela motive n’importe quel corps de troupe comme les alliés s’en sont rendu compte quand sur le front occidental ils s’approchaient de la frontière allemande, du Vaterland.

Selon certains historiens l’engagement de moyens supplémentaires aurait permis de faciliter la progression vers le nord mais à cette époque les alliés vont donner la priorité au front occidental, au front scandinavie et même au front italien.

C’est ainsi qu’on laisse en ligne que la 8ème Armée Britannique avec deux corps sud-africains et un corps britannique, la 1ère Armée Grecque et la 1ère Armée Yougoslave, la 10ème Armée britannique (deux corps britanniques) ralliant le front italien en relève d’autres troupes qui vont être mises en repos en Afrique du Nord.

Cela nous laisse un total de quatre divisions sud-africaines, deux divisions britanniques, six divisions grecques et six divisions yougoslaves soit un total de dix-huit divisions même si toutes ne sont pas en ligne en raison d’un terrain défavorable et une logisitique qui connait parfois des ratés.

En face le Heeresgruppe E aligne six divisions allemandes réparties entre une 11ème et une 15ème Armée et deux armées bulgares, les 4ème et 5ème armées

Leur composition évolue avec une 4ème Armée composée des 2ème, 4ème et 14ème DI, de la 1ère division de cavalerie alors que la 5ème Armée est composée de la 8ème DI, de la 16ème et de la 22ème DI et de la 11ème brigade blindée soit six divisions d’infanterie, une division de cavalerie et d’une brigade de cavalerie.

Les deux brigades de chasseurs, des unités d’infanterie légère sont redéployées sur l’arrière du front pour des opérations anti-guerilla, la 1ère brigade de chasseurs opérant aux côtés des troupes de l’Etat croate indépendant alors que la 2ème brigade de chasseurs opère en Macédoine.

Les alliés repassent à l’offensive en novembre 1953 (opération SWORD) pour fixer le plus de troupes et éviter l’envoi de troupes sur un autre front alors qu’ils ont notamment pris pied en Scandinavie (opération BOREALIS).

L’avancée alliée est davantage ralentie par le mauvais temps et les contraintes logistiques que la résistance ennemie même si les bulgares se défendent avec acharnement pour empêcher leur invasion de leur pays notamment par les grecs.

Les alliés parviendront à prendre pied sur le territoire bulgare mais devant la poussée soviétique ils préféreront sanctuariser leur domination sur une Yougoslavie appelée à rester pro-occidentale et royaliste même si cela n’allait pas durer.

La situation militaire devient clairement critique début 1954. les troupes soviétiques envahissent le territoire bulgare le 9 janvier et huit jours plus tard le 17 janvier, un coup d’état crypto-communiste chasse Simeon II et son gouvernement au profit d’un gouvernement républicain qui déclare la guerre à l’Allemagne le 21 janvier 1954.

Les troupes bulgares se retournent contre leurs anciens alliés allemands ce qui provoque parfois des drames quand des soldats bulgares sont désarmés et froidement abattus par les allemands rapidement mis au courant de ce qu’on peut clairement qualifier de trahison.

Le nouveau gouvernement bulgare reprend la main sur son armée, l’épurant d’éléments jugés peu fiables. La nouvelle armée maintient la pression sur les allemands mais ses attaques manquent de mordant sans que l’on sache si cela est volontaire ou non.

Es-ce pour cela que les soviétiques refusent la proposition bulgare d’attaquer la Yougoslavie et de couper l’herbe sous le pied des alliés ? Cela est clairement un motif d’explication sans compter que ce grand paranoïaque de Josef Staline se méfiait de cet alliés de la dernière heure.

Parachutiste canadien détaché auprès de ses homologues britanniques en tenue standard

Les alliés peuvent lancer l’opération WELCOME en larguant la brigade parachutiste canadienne sur Belgrade pour favoriser l’action des maquisards royalistes qui reprennent la capitale et permettre le rétablissement du royaume de Yougoslavie même si à l’époque personne ne peut savoir ce que cela n’est que temporaire.

Les troupes bulgares se replient sur le pays et vont être désarmées sans ménagement par les troupes soviétiques qui occupent le pays et vont y rester jusqu’au début des années soixante le temps qu’une nouvelle armée bulgare ne soit mise en place, une armée sure politiquement, la Bulgarie devenant le plus fidèle allié de Moscou au sein du bloc des «Démocraties Populaires».

Ce n’est pas un hasard si nombre d’historiens comparent l’évolution de la Bulgarie et de la Thaïlande. Autre pays vaincu du second conflit mondial, la Thaïlande allait devenir le plus fidèle allié des occidentaux dans la région au point qu’on à pu parler un temps de quasi-servitude.

La Bulgarie va également participer à l’opération BARBAROSSA. Enfin participer c’est vite dit car le tsar Boris III est très réticent à engager des troupes sur le front russe.

Certes une partie de son armée veut en découdre avec les bolchéviques mais pour beaucoup de bulgares l’URSS communiste reste la Russie éternelle, la «Troisième Rome», protectrice des slaves et des orthodoxes.

L’armée bulgare va engager des moyens assez limités qui ne vont pas faire preuve d’un zèle extraordinaire au point qu’un colonel allemand dira désabusé «On aurait du laisser les bulgares combattre aux côtés des russes cela aurait été moins hypocrite» Sans commentaire…… .

C’est effectivement exagéré car quand les bulgares attaquaient ou étaient attaqués ils n’étaient pas moins bons que les hongrois, les roumains ou les italiens.

Les deux divisions (13ème et 15ème DI) bulgares vont combattre dans le sud de l’URSS, opérant sous commandement allemand en Crimée puis sur les côtes de la mer Noire, participant de manière secondaire à l’opération FRIEDRICH, en fixant des troupes soviétiques pour empêcher ces dernières de renforcer le front visé par l’offensive stratégique de l’Axe du printemps 1951.

Ces deux divisions vont combattre dans les premiers contreforts du Caucase avec certes un certain professionnalisme et une certaine discipline mais sans enthousiasme, nombre d’entre-eux se demandant ce qu’ils faisaient si loin de chez eux.

Soldat de la Waffen S.S. Certains soldats bulgares préféreront déserter plutôt que de rentrer en Bulgarie en dépit de l’ordre personnel de Boris III. Après un temps de méfiance, les allemands accepteront l’intégration de ces hommes qui n’avaient plus rien à perdre au sein de la S.S de combat. Ils feront preuve d’une telle férocité que dans certaines régions d’Ukraine, le mot bulgare va devenir synonyme de Diable. Sans commentaires.

Ces troupes doivent brutalement battre en retraite en direction de la Crimée au moment d’URANUS sur ordre personnel de Boris III avant d’être évacués par voie maritime en direction de la Bulgarie suscitant le courroux des allemands mais aussi de certains soldats qui plutôt que de rentrer en Bulgarie vont préférer déserter pour rejoindre la Waffen S.S voir des maquis anti-communistes souvent composés de nationalistes ukrainiens.

Comme nous l’avons vu pour se faire pardonner les bulgares décideront d’engager davantage de forces en Macédoine et sur le front grec ce qui permet aux allemands de transférer plusieurs divisions sur le front russe ce qui fait qu’au final les allemands vont être plutôt gagnants.

Mitteleuropa Balkans (51) Bulgarie (15)

L’armée bulgare dans le premier conflit mondial

Préparation et mobilisation

A la fin de la deuxième guerre Balkanique, la Bulgarie doit démobiliser pour rendre à son armée son visage du temps de paix et permettre le redémarrage de son économie.

Cette démobilisation se fait dans un contexte difficile puisque qu’au sud l’armée ottomane menace la frontière et que la Roumanie occupe le nord du pays. Peu à peu les divisions retournent à leur format du temps de paix puis sont massées sur la frontière bulgaro-ottomane.

Une fois la paix signée, les divisions retournent dans leurs régions d’origine. Du moins pour les neuf premières car la 10ème initialement levée pour combattre sur la côte Egéenne doit se redéployer sur les territoires que la Bulgarie à réussi à conserver à savoir une partie des monts Rhodope et une partie de la Thrace occidentale. La 11ème DI elle devient une division cadre pour permettre l’entrainement des recrues.

Le processus de démobilisation s’achève le 8 décembre 1913 et peu de gens en Bulgarie imagine remettre ça dans moins de deux ans. L’armée bulgare du temps de paix comprend alors 66887 hommes (36976 issus de la Bulgarie «historique» et 36976 hommes issus des territoires récemment acquis).

En temps de paix l’armée bulgare est organisée en trois armées, dix divisions d’infanterie, quarante régiments d’infanterie, dix-neuf régiments d’artillerie, onze régiments de cavalerie, cinq bataillons du génie, un bataillon de chemin de fer, un bataillon télégraphique et un bataillon technique.

Le Royaume de Bulgarie est divisée en trois inspectorat d’armes, dix districts divisionnaires et quarante districts régimentaires. Les hommes qui arment ces entités de commandement forment en temps de guerre avec des rappelés trois état-major d’armées, dix état-majors divisionnaires et quarante état-majors régimentaires.

Comme quasiment toutes les armées européennes de l’époque, l’armée bulgare est une armée de conscription (A ma connaissance seule l’armée britannique est une armée de volontaires mais la situation insulaire du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande la dispense de posséder une armée de terre aussi nombreuse que sa marine).

Les sujets bulgares de sexe masculin sont astreints à un service militaire de deux ans dans l’infanterie mais de trois ans dans les autres armes. Ils sont appelés à l’âge de vingt ans et restent donc sous les drapeaux jusqu’à 22 voir 23 ans (NdA je n’ai pas les informations à ce sujet mais il n’est pas idiot de penser qu’il y à des possibilités d’aménagement).

A l’issue de ce service les obligations militaires ne sont pas terminées. Ils passent ensuite 18 ans dans la Réserve quand ils ont servit dans l’infanterie (16 ans pour les autres armes) soit en théorie jusqu’à l’âge de 39/40 ans soit pour l’époque un âge relativement avancé.

Les hommes âgés entre 40 et 48 ans rejoignent alors la Navodno Opalchenie (Milice Nationale) avec un premier cercle composé d’hommes âgés de 41 à 44 ans et un deuxième cercle composé des plus âgés (45 à 48 ans). A 48 ans révolus donc l’homme bulgare n’à plus d’obligations militaires.

Suite à l’expérience des deux guerres balkaniques, décision est prise de ne plus envoyer en première ligne les hommes âgés de plus de 45ans. Cela ne signifie pas la fin des obligations militaires mais les quadragénaires âgés de 45 à 48 ans vont servir uniquement à l’arrière.

Début 1915 alors que la Bulgarie est toujours en dehors du conflit un rapport précise que l’armée du tsar Ferdinand 1er peut mobiliser 577626 hommes entraînés âgés entre 20 et 48 ans. A cela s’ajoute un réservoir de 231572 hommes non entraînés. Les effectifs approchent ceux des deux guerres balkaniques.

L’armement n’à pas vraiment évolué et la petite aviation bulgare peine à renouveler un matériel rapidement obsolète, la faute à des voisins qui font barrage pour priver Sofia d’un accès aux avions les plus modernes. Ce n’est donc clairement pas dans le ciel que la Bulgarie pourra tirer son épingle du jeu.

Le 22 septembre 1915 le gouvernement bulgare publie un décret ordonnant la mobilisation générale. Il fallait falloir presque trois semaines pour mobiliser tout le monde, mobilisation qui rencontre un certain nombre de difficultés matérielles et surtout se fait sans aucun enthousiasme de la part de l’opinion publique. Nul doute que l’expérience récente des deux guerres balkaniques à refroidit nombre de bulgares à entrer en guerre.

Au début du mois d’octobre 616080 bulgares sont mobilisés soit 12% de la population totale et un quart de la population masculine.

Selon les conventions signées avec les Empires Centraux, la Bulgarie devait fournir cinq divisions mais elle va parvenir à en mobiliser onze plus une division de cavalerie sans oublier des unités de volontaires et de milice. Un effort conséquent donc.

Deux armées doivent être principalement engagées, la 1ère armée sous l’autorité du Groupe d’Armées Mackensen en Serbie et la 2ème Armée sous commandement national bulgare en direction du Vardar macédonien. Ces deux armées doivent être engagées contre la Serbie alors que la 3ème Armée doit surveiller les agissements de la Roumanie dont on ignore l’attitude dans cette guerre.

Tout comme durant les guerres balkaniques, le tsar Ferdinand 1er est commandant en chef de l’armée bulgare mais en pratique il délègue son pouvoir à l’ancien ministre de la Défense, le très germanophile Nicola Zhekov.

Ce dernier aura une interprétation extensive de ses pouvoirs pas clairement définis ce qui provoquera un certain nombre de frictions avec le gouvernement et notamment avec son successeur, le major-general Kalin Naydenov.

L’action de Zhekov sera relayé par son chef d’état-major, le lieutenant-general Klement Bayadzhiev qui est remplacé à la tête de la 1ère Armée par le major-general Konstantin Zhostov.

Une fois la mobilisation terminée l’armée bulgare aligne 232 bataillons d’infanterie et onze bataillons de pionniers au sein de onze divisions d’infanterie soit un total de 469140 hommes. A cela s’ajoute 75 bataillons indépendants (86444 hommes) mais aussi une «armée de l’intérieur» avec 31 bataillons de Milice et 41 bataillons dits supplémentaires soit un total de 64845 hommes.

Canon de 75mm Schneider-Canet M.1904

Si la cavalerie mobilise 62 escadrons, l’artillerie peut mettre en ligne 219 batteries d’artillerie réparties entre la 1ère Armée (94 batteries et 409 pièces), la 2ème Armée (44 batteries avec 182 canons), la 3ème Armée (50 batteries et 401 canons) et au sein de trois divisions d’artillerie indépendantes (31 batteries avec 130 canons).

Cette puissance de feu apparente (1122 pièces) est obérée par les faibles stocks de munitions puisqu’on compte en moyenne 500 coups par pièce.

Quand on sait que français et allemands se sont envoyés 37 millions d’obus de tous calibres en dix mois à Verdun cela laisse songeur…… .

Le déficit concerne également les fusils avec 372603 fusils disponibles contre 521509 prévus dans les plans de mobilisation.

Les DI bulgares sont de grosses unités. Toutes sauf une possédant trois brigades, les effectifs dépassent 40000 hommes ce qui en fait l’équivalent d’un corps d’armée dans d’autres armées.

A l’issue de la mobilisation l’ordre de bataille de l’armée bulgare ressemble à cela :

-1ère Armée : 1ère DI «Sofia» 6ème DI «Bdin» 8ème DI «Tundzha» et 9ème DI «Pleven»

-2ème Armée : 3ème DI «Balkan» 7ème DI «Rila» 1ère Division de Cavalerie

-3ème Armée : 4ème DI «Preslav» 5ème DI «Danube» 2ème DI «Thrace» 10ème DI «Egéenne» et 11ème DI «Macédonienne»

La mobilisation terminée, le haut-commandement bulgare se retrouve avec des réservistes entrainés mais non affectés. Pour ne pas manquer de futurs soldats, ces réservistes vont servir d’instructeurs au sein de nouvelles écoles militaires créées pour entrainer les différents contingents qui sont appelés sous les drapeaux en 1915, 1916,1917 et 1918. 214343 vont ainsi rejoindre les tranchées du front de Salonique remplaçant les 181515 soldats mis hors de combat.

Au final on estime à 1.2 millions le nombre d’hommes mobilisés par l’armée bulgare qu’ils soient issus du territoire bulgare en 1915 ou des territoires conquis durant la guerre.

L’armée (de terre) bulgare au combat

Comme nous avons vu dans la partie historique, le poids de la Bulgarie dans le dispositif de la Triplice dans la région ne va cesser de croître, Berlin comme Vienne n’accordant à ce front qu’une place secondaire dans la stratégie générale, le front de l’ouest et le front russe pour les allemands le front italien pour les austro-hongrois étant les seuls qui importaient à leurs yeux. C’est d’ailleurs un peu la même chose côté allié où le front macédonien ou front de Salonique n’à jamais bénéficié d’une immense priorité.

La mobilisation bulgare ne passe bien entendu pas inaperçue côté serbe. Il est probable que Belgrade s’attendait à un engagement bulgare du côté des germano-austro-hongrois. Voilà pourquoi face à l’armée bulgare, l’armée serbe va déployer des effectifs conséquents en l’occurrence 145 bataillons d’infanterie, 25 escadrons de cavalerie et 316 canons.

Quand on sait que l’armée serbe disposait alors de 288 bataillons, de 40 escadrons de cavalerie et de 678 canons on voit l’effort engagé contre les troupes de Sofia. L’armée bulgare sera d’ailleurs dans une situation inconfortable craignant une offensive surprise serbe pour stopper la mobilisation et gagner du temps pour faire face à une offensive venue du nord.

Obusier de 120mm Schneider-Canet utilisé par l’armée bulgare durant le premier conflit mondial

La 1ère Armée Bulgare doit être engagée aux côtés de la 11ème Armée allemande (sept divisions allemandes) et de la 3ème Armée austro-hongroise (quatre divisions austro-hongroises et trois divisions allemandes) mais avec un décalage de quelques jours mais cela n’allait pas se passer comme prévu.

Le 6 octobre 1915, les empires centraux déclenchent une terrible préparation d’artillerie contre le dispositif serbe implantée sur la Sava et le Danube. Ces deux fleuves sont franchis le lendemain.

Normalement les bulgares devaient attaquer le 11 octobre mais ils sont en retard ce qui va permettre aux serbes de prélever des moyens pour renforcer leur dispositif face aux troupes germano-austro-hongroises.

Enfin le 14 octobre 1915 les 1ère et 2ème Armées bulgares passent à l’attaque avec pour objectif pour la 1ère Armée les villes de Nis et d’Aleksinac. L’avancée est d’abord rapide mais très vite les choses se corsent. Le mauvais temps est de la partie ce qui ajouté au relief et à la résistance serbe rend l’avancée bulgare aussi lente que difficile.

Résultats les quatre divisions d’infanterie de la 1ère Armée sont bloquées devant les forteresses de Pirot et de Zapecan situées à seulement quinze kilomètres de la frontière. Es-ce le début d’un long et éprouvant siège ? Heureusement non pour les bulgares puisque suite à une brèche au centre, ils sont obligés d’évacuer les deux forteresses le 26 octobre 1915 permettant aux bulgares de reprendre leur avancée.

Paradoxalement (ou pas) c’est la 2ème Armée moins puissante (seulement deux divisions d’infanterie et une division de cavalerie) qui va avancer plus vite. Elle s’empare de la ville de Vranje et coupe les communication entre la Serbie et le Vardar macédonien. Une partie de la 2ème Armée met ensuite cap au nord pour aider la 1ère armée à couper la retraite des serbes. Le 20 octobre les bulgares s’emparent des villes de Vebes et de Kumanovo.

C’est alors que se produit le premier affrontement entre les bulgares et les troupes alliées au cours de la bataille de Krivolak (21 octobre au 22 novembre 1915). Cette bataille oppose la 11ème DI bulgare à trois divisions d’infanterie françaises (57ème, 122ème et 156ème DI). L’échec de deux divisions serbes à s’emparer de Skopje oblige les troupes françaises à se replier.

La Bataille de Kosturino (6 au 12 décembre 1915) est la conséquence de la précédente. Elle voit toujours l’engagement côté bulgare de la 11ème DI mais en face on trouve la 10ème DI britannique (division de recrutement irlandais) et la 156ème DI. C’est une nouvelle victoire bulgare et les alliés n’ont plus d’autre choix que de se replier sur la Grèce.

De leur côté les serbes n’ont pas renoncé à percer vers le sud pour rejoindre la Grèce espérant un soutien ferme des alliés mais ce soutien est chichement mesuré en raison de moyens insuffisants (ou jugés suffisants pour un front secondaire ce qui revient un peu ou même).

Le 5 novembre 1915 la 1ère Armée bulgare s’empare de Nis faisant 5000 prisonniers. Elle fait le même jour sa jonction avec la 11ème Armée allemande ce qui élimine le spectre d’une contre-offensive serbe enfonçant un coin entre ces deux armées.

Bien qu’affaiblie l’armée serbe représente toujours une menace qui ne peut et ne doit pas être sous-estimée. Voilà pourquoi les Empires Centraux décident d’éliminer cette menace en lançant une offensive en direction du Kosovo.

La 1ère Armée bulgare doit attaquer depuis l’est, la 2ème Armée bulgare depuis le sud, les allemands par le nord et les austro-hongrois par le nord-ouest.

Les serbes sont-ils condamnés ? Non car la lenteur des mouvements et notamment du franchissement de la Morava leur permet de retraiter en bon ordre.

La chute de Pristina le 23 novembre 1915 enterre toute possibilité de replier vers la Grèce. Il faut donc se replier vers l’Albanie pour éviter l’anéantissement. C’est l’autre donné par le haut-commandement serbe. C’est le début d’une véritable anabase à travers les montagnes eneigées et un froid polaire. Civils et militaires succombent par milliers.

De leur côté les bulgares continuent leur avancée en s’emparant des villes de Prizren, de Debard, de Strugea, d’Ohrid et de Bitola. La prise de cette dernière le 4 décembre 1915 marque la fin de la campagne de Serbie.

Le 3 décembre 1915 les bulgares s’étaient lancés contre les alliés mais trop tard pour empêcher leur repli vers Salonique où un puissant camp retranché va voir le jour. Le 11 décembre 1915 les troupes bulgares atteignent la frontière grecque mais reçoivent l’ordre de ne surtout pas la franchir.

Au 31 décembre 1915 après un peu plus de deux mois de conflit l’armée bulgare à perdu 37000 hommes (tués, blessés, malades) sur les 424375 hommes engagés soit 8.72% des effectifs.

Comme jadis le front se fige durant l’hiver, les conditions météos ne permettant pas une offensive majeure.

Constantin 1er de Grèce roi de 1913 à 1917 et de 1920 à 1922

Il faut attendre le 17 août 1916 pour que les bulgares repassent à l’attaque devançant de trois jours une offensive alliée. Les territoires à l’est de la rivière Struma sont facilement conquis (17 au 23 août) et pour cause, le roi de Grèce Constantin 1er à ordonné de ne pas résister ce que ne peut admettre nombre d’officiers grecs qui ne comprennent pas une telle attitude alors que ces territoires ont été durement conquis durant les guerres balkaniques. Cela provoquera un coup d’état pro-allié en faveur d’Euletherios Venizelos.

Du 12 au 30 septembre 1916 à lieu la Bataille de Kaymakchalan. Cette bataille se termine par une retraite bulgaro-allemande et l’évacuation de Bitola. 60000 hommes ont été mis hors de combat côté Empires Centraux (50000 côté allié) et la front à reculé de 40km ce qui est tout sauf négligeable.

Peu à peu le front macédonien ou front de Salonique va se figer. Une véritable guerre d’usure oppose les deux camps qui ne disposent pas de suffisament de moyens pour obtenir la percée tant recherchée.

Il va falloir attendre 1918 pour que la situation se débloque alors que telles deux courbes la force des alliés ne cesse d’augmenter pendant que celle des empires centraux ne cesse de décliner au point que chaque offensive de la Triplice ressemble à chaque fois à un coup de Poker plus risqué que le précédent. Le temps joue clairement en faveur des alliés et les allemands, les austro-hongrois et les bulgares le savent parfaitement.

Les alliés vont ainsi remporter au printemps 1918 la bataille de Skia-Di-Leger (29 au 31 mai 1918) puis celle de Dobro-Polje (15 au 18 septembre 1918), bataille qui marque le début de l’offensive du Vardar qui allait aboutir à la rupture du front puis à son exploitation.

Cela ne veut pas dire que les bulgares sont en déroute. Ils remportent quelques succès comme la Bataille de Dorian (18 septembre 1918) mais il s’agit à chaque fois de victoires locales et tactiques qui ne changent pas le cours de la guerre.

Résultat le 24 septembre 1918 la Bulgarie demande un armistice aux alliés. L’armée bulgare se désintègre certains éléments exploités par les agrariens proclament même la Bulgarie. Les alliés acceptent le 29 septembre 1918. C’est l’Armistice de Thessalonique.

Outre le front macédonien, les bulgares vont également combattre contre la Roumanie. Bucarest entre en guerre en août 1916.

L’offensive roumaine remporte d’abord de brillants succès mais ces succès sont en trompe l’œil, les roumains étant 200000 contre 25000 austro-hongrois. L’arrivée rapide de renforts germano-austro-hongrois stabilise la situation et permet une contre-offensive à laquelle participe la Bulgarie en Dobroudja du Sud. Cela aboutira à l’occupation des deux tiers de la Roumanie (dont la capitale Bucarest) et à l’impossibilité pour la Roumanie de continuer la guerre après l’effondrement russe (NdA plus de détails dans le volume 3 consacré à la Roumanie).

Mitteleuropa Balkans (50) Bulgarie (14)

Une histoire militaire de la Bulgarie (2) : aux temps modernes (1878-1954)

Les prémices

Drapeau des opalchentsi

L’armée bulgare renait officiellement le 22 juillet 1878 (10 juillet selon le calendrier julien) quand douze bataillons d’opalchentsi qui venaient de participer à la guerre de Libération (appelée également neuvième guerre russo-ottomane) forment une armée nationale plus de quatre siècles après la fin de l’indépendance bulgare.

2011 : des passionnés d’histoire militaire célèbre le 133ème anniversaire de l’indépendance bulgare. Ils portent la tenue des opalchentsi qui s’illustrèrent durant la guerre russo-ottomane de 1877/78.

Les opalchentsi sont des volontaires bulgares qui décident d’aider la Russie dans sa guerre contre l’empire ottoman mais aussi prendre leur revanche sur l’écrasement de la révolte 1876, écrasement d’une violence telle que cela avait suscité l’écœurement de l’opinion publique européenne.

Ils sont regroupés à Samara et vont jouer un rôle majeur dans deux des quatre batailles du col de Skipka (deuxième bataille du 21 au 26 août 1877 et quatrième bataille du 5 au 9 janvier 1878).

Fusil Chassepot modèle 1866

Armés de fusils Chassepot (probablement pour maintenir l’illusion que la Russie n’étaient pas derrière eux), ils formèrent trois brigades numérotées 1, 2 et 3, chaque brigade disposant deux bataillons (druzhina) de cinq compagnies chacune. A ces trois brigades vont s’ajouter six druzhina indépendants numérotés 7 à 12.

Selon la Constitution de Tarnovo, tout les hommes âgés de 21 à 40 ans sont éligibles au service militaire et plus généralement aux obligations militaires.

En 1883 l’armée bulgare connait une première réorganisation. Les douze bataillons d’infanterie cités plus haut sont regroupés au sein de quatre brigades stationnées à Sofia, Pleven, Muse et Shumen. A cela s’ajoute une brigade de cavalerie.

La jeune armée bulgare ne tarde pas à connaître le baptême du feu puisque dès 1885 un conflit l’oppose à la Serbie.

Ce conflit est d’abord favorable à Belgrade mais la contre-attaque bulgare bouscule les troupes serbes qui doivent se replier sur leurs bases de départ et même battre en retraite devant la poussée des troupes de Sofia. Seule la menace d’une intervention austro-hongroise côté serbe stoppa l’avancée bulgare.

A l’époque l’armée de terre bulgare aligne un peu moins de 30000 hommes organisés en huit régiments à trois bataillons regroupés dans les quatre brigades vues plus haut. Comme chaque régiment possède environ 700 hommes on compte 5600 fantassins, le reste des effectifs étant composée de cavaliers (neuf escadrons) et d’artilleurs qui arment douze batteries à huit canons sans compter les services nécessaires.

Pour ce conflit elle peut également compter sur la milice de Roumélie Orientale unie par union personnelle à la principauté de Bulgarie. Cette milice mobilise d’abord ses unités de première ligne (douze bataillons d’infanterie, deux escadrons de cavalerie et quatre canons) bientôt suivies par ses unités de deuxième ligne soit douze autres bataillons.

Ces bataillons vont opérer avec le deuxième échelon bulgare composé de huit bataillons, vingt bataillons de volontaires et trois bataillons macédoniens.

L’armée de terre bulgare dans les guerres balkaniques.

L’armée bulgare dans la première guerre balkanique

Tableau représentant les soldats bulgares au combat durant les guerres balkaniques

Le commandant nominal de l’armée bulgare est le tsar Ferdinand 1er mais le commandement effectif est assuré par son adjoint, le Lieutenant-General Mihail Savorov, son chef d’état-major était le Major-General Ivan Fichev avec comme chef d’état-major adjoint le colonel Stefan Nerezov.

L’armée bulgare déploie 366029 hommes soit la moitié des forces terrestres de la Ligue Balkanique qui va combattre l’empire ottoman pour chasser les forces de la Sublime Porte du continent européen.

En Thrace, les bulgares déploient trois armées plus une division de cavalerie. Des forces sont également placées sous l’autorité de la 2ème armée serbe sur le théâtre d’opérations occidental. On trouve également un détachement déployé dans les monts du Rhodope.

La 1ère Armée Bulgare dispose de la 1ère Division d’Infanterie «Sofia» à deux brigades à deux régiments d’infanterie plus des unités d’appui (artillerie, génie), de la 3ème Division d’Infanterie «Balkan» à trois brigades à deux régiments d’infanterie plus des unités d’appui (artillerie, génie) et de la 10ème Division d’Infanterie composée de deux brigades à deux régiments d’infanterie.

La 2ème Armée Bulgare disposait de la 8ème Division d’Infanterie «Tundzha» à trois brigades à deux régiments d’infanterie plus des unités d’appui, de la 9ème Division d’Infanterie «Pleven» à trois brigades à deux régiments d’infanterie plus des unités d’appui, du détachement Haskovo avec une brigade d’infanterie, un détachement d’artillerie et une brigade de cavalerie à deux régiments.

La 3ème Armée Bulgare disposait de la 4ème Division d’Infanterie «Preslav» à trois brigades à deux régiments d’infanterie plus des unités d’appui, de la 5ème Division d’Infanterie «Danube» à trois brigades à deux régiments d’infanterie plus des unités d’appui et de la 6ème Division d’Infanterie «Bdin» avec deux brigades à deux régiments d’infanterie plus des unités d’appui.

La seule Division de Cavalerie de l’armée bulgare opère sur le théatre d’opérations de la Thrace avec deux brigades, la 1ère disposant de deux régiments alors que la 2ème dispose de trois régiments.

Sur le Théâtre occidental, la Bulgarie déploie une division au sein de la 2ème Armée serbe, la 7ème Division d’Infanterie «Rila» composée de trois brigades à deux régiments d’infanterie plus des unités de cavalerie, de génie et d’artillerie. Elle opère en compagnie d’une division serbe composée de quatre régiments d’infanterie, d’un régiment d’artillerie et d’un régiment de cavalerie.

Le Détachement du Rhodope se compose de l’unique 2ème divisions d’infanterie de Thrace avec deux brigades à deux régiments d’infanterie plus des unités d’appui et de soutien.

Naturellement l’ordre de bataille évolue durant le conflit. Après la première bataille de Catalca, les gouvernements bulgares et ottomans signent un armistice le 3 décembre 1912 et se mettent d’accord pour attendre une conférence de paix à Londres.

Les pourparlers ont lieu au palais de St James et n’avaient pas beaucoup avancé quand le 23 janvier 1913 les Jeunes Turcs dirigés par Enver Bey lancent un coup d’état et s’emparent du pouvoir à Constantinople. Le nouveau gouvernement est déterminé à s’emparer d’Andrinople à tout prix ce que ne pouvait accepter la Bulgarie. L’armistice est dénoncé le 29 janvier 1913 et les combats vont reprendre.

Ce sont les ottomans qui prennent l’initiative. Laissant de petites forces en Epire et en Albanie, les ottomans engagent toutes leurs forces en Thrace avec une offensive combinant attaques terrestres et attaques amphibies.

Durant la période de l’Armistice, les bulgares réorganisent leur stratégie en Thrace. Au début du mois de décembre, ils réalisent que les arrières de la 2ème Armée à Adrianople mais aussi ceux des 1ère et 3ème Armées pouvaient être menacées par une offensive ottomane utilisant la péninsule de Gallipoli comme base de départ.

Pour contrer cette menace le haut commandement bulgare décida de transféré ses forces jadis déployées sur le front occidental dans une nouvelle 4ème Armée bulgare avec 93389 hommes sous le commandement du Major Général Stiliyan Kovachev.

Pendant ce temps à Adrianople, une nouvelle 11ème Division d’Infanterie est formée. Elle est accompagnée par deux divisions d’infanterie serbes ce qui permet aux bulgares de déployer d’autres forces sur la ligne Chataldzha.

Sur la ligne Chataldzha située en Thrace à 35km à l’oust d’Istanbul on trouve d’abord la 1ère Armée bulgare sous le commandement du Lieutenant-Général Vasil Kutinchev qui commandait également le dispositif combinant les 1ère et 3ème armées bulgares.

Cette armée dispose de la 1ère DI «Sofia» à deux brigades à deux régiments d’infanterie auxquels il faut ajouter des unités d’appui et de soutien, de la 3ème DI «Balkan» à trois brigades à deux régiments d’infanterie plus des unités d’appui et de soutien, la 6ème DI «Bdin» à deux brigades à deux régiments d’infanterie plus des unités d’appui et de soutien et la 10ème DI qui comprend deux brigades à deux régiments d’infanterie plus des unités d’appui et de soutien.

La 3ème Armée bulgare commandée par le Lieutenant-General Radko Dimitriez comprend la 4ème DI «Preslav» avec trois brigades à deux régiments d’infanterie plus des unités d’appui et de soutien, la 5ème DI «Danube» avec trois brigades à deux régiments d’infanterie plus des unités d’appui et de soutien et de la 9ème DI «Pleven» avec deux brigades à deux régiments d’infanterie plus des unités d’appui et de soutien.

La 4ème Armée bulgare déployée dans la péninsule de Gallipoli dispose de la 2ème DI de Thrace avec deux brigades à deux régiments d’infanterie plus des unités d’appui et de soutien, de la 7ème DI «Rila» à trois brigades (une à trois régiments, une à un seul régiment et une brigade à deux régiments) plus des unités d’appui dont un régiment de cavalerie et un bataillon de pionniers et de la division de cavalerie avec deux brigades à trois régiments montés, une brigade d’infanterie à deux régiments et des unités d’appui et de soutien.

Toujours dans la péninsule de Gallipoli, on trouve sous le commandement du Major-General Genev le Macedonian-Adrianpolitian Volunteer Corps composée de trois brigades à quatre bataillons d’infanterie plus des unités d’artillerie.

Dans la région d’Andrinople : on trouve la 2ème Armée Bulgare qui dispose de la 8ème DI «Tundzha» à trois brigades à deux régiments plus des unités d’artillerie et du génie, de la 11ème DI à deux brigades à deux régiments d’infanterie, d’une brigade indépendante à deux régiments d’infanterie et d’un détachement d’artillerie indépendant. A cela s’ajoute également deux divisions serbes, la 1ère DI «Timok» et la 2ème DI «Danube».

La division d’infanterie type de l’armée bulgare se compose de trois brigades d’infanterie à deux régiments d’infanterie disposant chacun de quatre bataillons d’infanterie soit un total de vingt-quatre bataillons pour la division. A cela s’ajoutait deux régiments d’artillerie, un régiment de cavalerie et un bataillon du génie.

Pour des raisons tactiques, les 1ère et 2ème division cédèrent chacune une brigade pour permettre la formation d’une 10ème division qui ne disposait donc que de seize bataillons d’infanterie.

Cette armée bulgare va jouer un rôle majeur durant ce conflit en participant à plusieurs batailles contre les armées ottomanes.

L’armée bulgare au combat. Un autre tableau dans un style plus « naïf »

Le premier affrontement est constitué par la bataille de Kardzhali le 21 octobre 1912, une bataille opposant des effectifs comparables (8700 bulgares et 42 canons contre 9000 ottomans qui ne disposaient que de 9 canons). Les bulgares l’emporte et attache définitivement au pays la ville de Kardzhali et la partie orientales du massif des Rhodopes. Si les bulgares n’ont que 9 morts et 42 blessés, les ottomans ont 200 tués et blessés et abandonnent aux bulgares 19 prisonniers.

Trois jours après cet affrontement, 150000 soldats bulgares affrontent à la bataille de Kirk-Kilisse environ 100000 ottomans. Après une tentative ottomane de séparer les 1ère et 2ème armées ottomanes, la poussée bulgare oblige les troupes de la Sublime Porte à battre en retraite.

Les bulgares ont eu 887 tués et 4034 blessés sans oublier 824 portés disparus. De leur côté les ottomans ont subit des pertes deux fois plus importantes avec 1500 tués et blessés sans oublier 2 à 3000 prisonniers, 58 canons et 2 avions capturés par les bulgares.

Du 28 octobre au 2 novembre 1912 108000 bulgares (avec 116 mitrailleuses et 360 canons) affrontent 130000 ottomans (appuyés avec 300 canons) à la bataille de Lule-Burgas.

C’est la bataille la plus sanglante de la guerre, les ottomans devant se replier sur les monts Catalca où une puissante ligne fortifiée protège les approches de la capitale ottomane, Constantinople située à seulement 30km. Le bilan humain est terrible avec côté bulgare 2536 tués et 17000 blessés alors que du côté ottoman la note du boucher de nos «amis» anglais est encore plus élevée avec 22000 tués et blessés, 2800 prisonniers et 50 canons capturés.

Les 17 et 18 novembre 1912 à lieu la première bataille de Catalca. Cet affrontement indécis oppose 176430 bulgares contre 140571 ottomans.

Les bulgares subissent de très lourdes pertes ce qui leur impose d’arrêter toute progression ce qui permet aux ottomans de revendiquer la victoire (car même si ce n’est pas vrai en temps de guerre la communication et la propagande c’est presque aussi important que les manœuvres et les combats).

1506 soldats bulgares ont été tués auxquels il faut ajouter 9127 blessés et 1391 disparus soit un total de 12024 hommes hors de combat contre 5 à 10000 tués et blessés côté ottoman. Les pertes inférieures expliquent pourquoi les ottomans ont pu revendiquer la victoire même si cette victoire ne peut pas vraiment changer le cours de la guerre clairement dominé par la Ligue Balkanique.

Le 27 novembre 1912 à lieu la bataille de Merhamli entre bulgares et ottomans (effectifs exacts inconnus). Après une poursuite des bulgares, les ottomans doivent franchir la rivière Maritsa mais la majorité doit se rendre aux bulgares puisque sur les 10000 soldats ottomans engagés 9600 vont être faits prisonniers.

Le 26 janvier 1913 à lieu la bataille de Bulair. Environ 10000 bulgares affrontent quasiment 40000 ottomans (NdA chiffres incertains et contestés). Les ottomans tentent de dégager la forteresse d’Andrinople (aujourd’hui Edirne) assiégée par les bulgares depuis le début du conflit. L’attaque est rapidement contrée par les bulgares.

En ce qui concerne les pertes là aussi il y à contestation puisque l’unique source est bulgare et c’est ainsi que selon Sofia on trouve 114 tués et 416 blessés du côté bulgare et côté ottoman plus de 6000 morts et 10000 blessés.

Du 3 février au 3 avril à lieu la deuxième bataille de Catalca. C’est une bataille d’usure qui se termine de manière incertaine.

Du 9 au 11 février 1913 les bulgares affrontent les ottomans lors de la bataille de Sarkoy. Cet affrontement est la conséquence de la bataille de Bulair et comme la bataille de Bulair se termine par une victoire bulgare.

Là aussi les pertes sont très incertaines. Si du côté bulgare j’ignore les effectifs engagés et donc les pertes, côté ottoman on trouve près de 20000 hommes et 48 canons plus des navires (deux croiseurs et deux cuirassés) et au niveau des pertes on annonce 882 tués, 1842 blessés et 55 disparus.

Du 3 novembre 1912 au 26 mars 1913 la forteresse d’Andrinople à été assiégée par les bulgares rejoint ensuite par les serbes. Sa chute va pousser l’Empire ottoman à demander la paix car incapable de poursuivre la lutte. 106425 bulgares et 47275 serbes vont affronter entre 50 et 70000 ottomans.

C’était donc la fin d’un siège de cinq mois marqué par deux attaques nocturnes infructueuses. La prise de cette forteresse fait sensation car elle avait été fortfiée par les allemands et était jugée imprenable.

La première guerre balkanique se termine par la signature du traité de Londres le 30 mai 1913. Ce traité voit les grandes puissances européennes intervenir. Une Albanie indépendante voit le jour, les îles de la mer Egée sont cédées à la Grèce sauf celles de Imhos et de Tenedos qui commandent l’accès aux détroits turcs, la Crète appartient définitivement à la Grèce.

Tous les territoires européens de l’empire ottoman à l’ouest d’une ligne Enos-Midio sont cédés à la Ligue Balkanique qui doit en assurer le partage. C’est le début d’un processus qui allait conduire à la deuxième guerre Balkanique.

Mannlicher M1888

En ce qui concerne l’équipement de l’armée bulgare on trouve plusieurs modèles de pistolets et de revolvers comme le Frommer-Stop austro-hongrois, le Beholla et le Luger P-08, plusieurs modèles de fusil (Mauser modèle 1871/84, Peabody-Martini Henry, Mannlicher M1888 et M1895) mais aussi le fusil mitrailleur Madsen.

L’armée bulgare dans la deuxième guerre balkanique

Suite aux problèmes du partage des dépouilles entre les vainqueurs, la Bulgarie se retourne contre ses anciens alliés bientôt renforcés par l’empire ottoman. Le conflit sera bref se terminera par un désastre pour Sofia qui parviendra tout de même à conserver quelques territoires.

Durant la 1ère guerre Balkanique la Bulgarie avait mobilisé 599878 hommes sur une population masculine de 1914160. 33000 soldats sont morts sans compter les 50000 blessés ou malades (typhus et cholera).

En dépit de la mobilisation de nouveaux bulgares issus des territoires conquis en Thrace et en Macédoine, l’armée bulgare ne dispose que de 500491 hommes alors que les anciens bulgares pouvaient mobiliser 83% des effectifs présents durant la première guerre soit plus que la Bulgarie.

Les bulgares vont déployer cinq armées contre la Grèce et la Serbie, ne laissant qu’un maigre rideau contre les ottomans et rien sur la frontière avec la Roumanie.

On trouve onze divisions d’infanterie, une division de cavalerie, le corps des volontaires macédonio-adrianopolitain. A cela s’ajoute en réserve sous l’autorité directe du haut-commandement deux divisions d’infanterie et une brigade d’infanterie indépendante.

La force de combat globale était donc de 297 bataillons d’infanterie, 47 escadrons de cavalerie et 186 batteries d’artillerie. Sur le plan matériel la situation s’est améliorée mais comme nous le verrons dans le récit du conflit cela ne va pas suffire.

Le commandant en chef est toujours nominalement assuré par le tsar Ferdinand 1er mais au quotidien le commandement est assuré par le Lieutenant-General Mikhail Savov avec comme adjoint en titre le chef d’état-major général, le Major-General Ivan Fichev mais comme ce dernier est opposé à une nouvelle guerre, il est suppléé sans être débarqué par son adjoint, le colonel stefan Nerezov.

Cette situation ne dure pas car peu après le début du conflit, le Lieutenant-General Savov est viré mais reprendra du service en assurant le commandement combiné des 2ème, 4ème et 5ème armée.

Pour le remplacer dans ses fonctions, Ferdinand 1er le remplace par le général Dimitriez nettement plus russophile, son adjoint le général Racho Petrov assurant le commandement de la 3ème Armée.

Ordre de Bataille des troupes opérant contre l’armée serbe

Face aux troupes de Belgrade, Sofia déploie tout d’abord la 1ère Armée placée sous le commandement du Lieutenant-General Vasil Kutinchev.

Elle comprend la 5ème Division d’Infanterie «Danube» composée de deux brigades d’infanterie à deux régiments plus des unités d’appui et de soutien, la 9ème Division d’Infanterie «Pleven» à deux brigades à deux régiments d’infanterie plus des unités d’appui de soutien et enfin d’une brigade d’infanterie indépendante à deux régiments également. Sous le commandement direct de l’armée on trouve escadrons de cavalerie pour l’éclairage.

La Troisième Armée commandée par le Lieutenant-General Radko Dimitriev comprend la 1ère DI «Sofia» à deux brigades à deux régiments d’infanterie plus des unités d’appui, la 13ème DI à trois régiments d’infanterie, une brigade d’infanterie à deux régiments, une division de cavalerie à deux brigades à deux régiments plus des unités d’appui et un régiment de cavalerie indépendant.

La Cinquième Armée commandée par le Major-General Stefan Toshev comprend la 4ème DI «Preslav» à deux brigades à deux régiments d’infanterie plus des unités d’appui, la 12ème DI à trois régiments d’infanterie, la Brigade Odrin à deux régiments d’infanterie, de l’artillerie d’armée et un régiment indépendant de cavalerie.

La Quatrième Armée commandée par le Major-General Stiliyan Kovachev comprend la 2ème DI thrace à trois brigades à deux régiments d’infanterie plus des unités d’appui, la 7ème DI «Rila» à trois brigades à deux régiments d’infanterie plus des unités d’appui, la 8ème DI «Tundzha» à trois brigades à deux régiments d’infanterie plus des unités d’appui et de soutien, deux brigades d’infanterie indépendante.

Elle dispose également du corps des volontaires macédonio-adrianopolitain composé de trois brigades à cinq bataillons d’infanterie plus des unités d’appui. Sous l’autorité directe de l’armée on trouve un régiment de cavalerie et un régiment d’Opalchenis.

Ordre de bataille des troupes engagées contre l’armée grecque

Face à l’armée grecque les bulgares déploient la Deuxième Armée commandée par le Lieutenant-General Nikola Ivanov. Elle comprend la 3ème DI «Balkan» à deux brigades à deux régiments d’infanterie plus des unités d’appui et de soutien mais aussi la 11ème DI à trois régiments d’infanterie plus des unités d’appui et de soutien, trois brigades indépendantes d’infanterie ainsi que des unités dépendant directement de l’armée à savoir un régiment d’infanterie, un régiment de cavalerie, des escadrons indépendants de cavalerie, un bataillon de garde-frontières et une section d’obusiers.

Forces déployées en Thrace orientale (face aux turcs)

Face aux turcs les bulgares ne déploient qu’un écran pour jalonner et freiner autant que faire se peut une poussée ottomane. On trouve d’abord une brigade d’infanterie issue de la 10ème DI (d’où sa désignation de 2/10) avec deux régiments d’infanterie, deux escadrons de cavalerie et une section d’artillerie. A cela s’ajoute un régiment d’infanterie et deux régiments de cavalerie, tous les trois indépendants.

Réserve du Haut-Commandement

Le haut-commandement bulgare conserve sous son autorité directe en réserve stratégique la 6ème DI «Bdin» à deux brigades à deux régiments d’infanterie plus une unité d’artillerie et un bataillon de pionnier.

Ce conflit est donc la conséquence du premier où les anciens alliés de la Ligue Balkanique vont se déchirer des territoires.

C’est la Bulgarie qui prend l’initiative en attaquant la Serbie et la Grèce le 29 juin 1913. Belgrade et Athènes vont être ultérieurement aidés par le Monténégro le fidèle allié de la Serbie mais aussi pour la Roumanie et l’empire ottoman ce qui fait que l’armée bulgare va devoir combattre en même sur tous les fronts. C’était déjà quasiment impossible pour armée de premier ordre alors l’armée bulgare vous pensez…… .

Sur le plan militaire, les troupes serbes et grecques sont encore fraiches. En effet elles n’ont pas eu à s’employer alors que les troupes bulgares ont combattu durement ce qui à provoqué de nombreuses pertes.

La bataille de Bregalnica (rivière alimentant le Vardar) est la première du conflit. Deux armées bulgares affrontent deux armées serbes (renforcées par quelques éléments monténégrins).

Sur le plan numérique cela nous donne 184000 bulgares (116000 pour la 4ème armée 68000 pour la 5ème armée) répartis entre 100 bataillons d’infanterie, 6 régiments de cavalerie et 63 batteries d’artillerie qui affrontent 191000 serbo-monténégrins répartis entre 104 bataillons d’infanterie, 24 escadrons de cavalerie et 62 batteries d’artillerie. C’est la plus grande bataille de la guerre qui se termine par une défaite bulgare et de sérieuses pertes avec 20000 tués côté serbo-monténégrin et 30000 côté bulgare.

Du 2 au 4 juillet 1913, les grecs remportent la bataille de Kilkis-Lachanas. 75000 bulgares (57 bataillons d’infanterie et 10 escadrons de cavalerie) appuyés par 175 canons affrontent 117000 grecs (73 bataillons d’infanterie et 8 escadrons de cavalerie). Cette bataille fait suite à la bataille précédente

Les serbes tiennent le choc et les grecs parviennent de leur côté à contre-attaquer, infligeant aux bulgares une sérieuse défaite, la pire de ce conflit. Les bulgares ont 6971 tués et blessés plus 2500 prisonniers et 19 canons perdus alors que les grecs ont perdu 8828 tués et blessés.

La ville une fois prise est vidée de sa population bulgare. L’armée grecque divise alors ses forces, une partie met cap à l’est et la Thrace occidentale, le reste avance la vallée creusée par la rivière Struma, les grecs battant les bulgares à la bataille du lac Doiran (5/6 juillet 1913).

Cette bataille oppose deux brigades bulgares issus de la 2ème armée à deux divisions grecques (3ème et 10ème DI).

Conséquence de la bataille de Kilkis-Lachanas, cette bataille voit les bulgares qui avaient détruit les ponts sur le Styrmon et la ville de Serres être sérieusement malmenés ce qui entraîne une retraite vers le nord. Les grecs s’emparent de plusieurs villes et menacent la capitale bulgare. A cela s’ajoute un débarquement amphibie grec à Kavala.

Les pertes traduisent le déroulement des combats. La moitié des troupes bulgares est tuée, blessée ou capturée alors que les grecs n’ont que des pertes minimes avec 252 tués et 755 blessés.

Du 4 au 7 juillet à lieu la bataille de Knjazevac entre environ 50000 bulgares appuyés par 108 canons et 40000 serbes appuyés par 68 «bouches à feu».

C’est une victoire bulgare, les troupes de Sofia s’emparant de cette ville située à 250km au sud-est de Belgrade et 55km au nord-est de Nis. Si les pertes serbes sont inconnues, les bulgares perdent plus de 1000 hommes (280 tués et 820 blessés).

Du 6 au 8 juillet la 3ème armée bulgare affronte la 2ème armée serbe dans la bataille de Pirot. Les bulgares qui avaient lancé l’offensive doivent se replier pour aider leur 1ère armée sérieusement accrochée par les roumains.

Avec cette défaite qui s’ajoute à celle survenue lors de la bataille de Bregalnica, les bulgares peuvent dire adieu à la conquête du sud-ouest de la Serbie.

Le 8 juillet 1913 à lieu la bataille de Bedogradchik entre les bulgares et les serbes qui se termine par une victoire serbe.

Peu après les bulgares remportent la bataille de Demir Hisar les 9 et 10 juillet toujours contre les grecs.

Du 12 au 18 juillet la ville de Vidin défendue par 4200 bulgares est assiégée 8500 serbes. Une première attaque serbe échoue mais la paix est signée avant que d’autres attaques d’où qu’elles viennent soient menées à bien.

Les 18 et 19 juillet 1913 à lieu la bataille de Kalimanci. Deux armées bulgares affrontent une armée serbo-monténégrine. Les bulgares repoussent les serbes qui cherchaient à les expulser de Macédoine et retrouver les grecs plus en aval sur la rivière Struma. C’est une importante victoire défensive pour les bulgares qui empêchent toute invasion de la Bulgarie par la Serbie.

Cette bataille se termine par des pertes assez élevées avec 2400 tués et 4620 blessés côté bulgare, 2500 tués et 4850 blessés côté serbe, 107 tués et 570 blessés côté monténégrin.

Du 22 au 31 juillet à lieu la Bataille de Kresna qui est la dernière bataille majeure du conflit. Les bulgares avaient contre-attaqué les serbo-monténégrins le 19 juillet et tentent de faire pareil contre des grecs épuisés dont les lignes de communication sont sur le point de rompre.

Euletherios Venizelos

Pour ne rien arranger on se chamaille au sommet de l’état entre le premier ministre Venizelos partisan d’un armistice et le roi Constantin 1er qui voulait obtenir une grande victoire militaire.

Cette bataille manque de tourner à la catastrophe pour les grecs, les bulgares appuyant sur les flancs pour tenter de réitérer la célèbre bataille de Cannes (-216).

Les grecs demandent aux serbes de relancer l’attaque mais Belgrade refuse. A la même époque les roumains avancent vers Sofia. C’est ce qui va sauver les grecs d’un anhilation quasi-totale.

Les roumains ? Oui les roumains qui déclarent la guerre le 10 juillet 1913 suite à un désaccord frontalier avec Sofia. Quand les grecs acceptent la proposition bulgare d’un armistice les troupes roumaines sont à Vrazhebdria à onze kilomètres du centre de Sofia.

Les troupes de Bucarest vont envahir la Doubroudja du sud mais également franchir le Danube dans la région de Corabia.

Les ottomans vont également se joindre à la curée à partir du mois de juillet. Pas moins de 200 à 250000 turcs vont envahir la Thrace occidentale. Les bulgares en sous-effectifs évacuent Adrianople (Edirne) en catastrophe le 19 mais comme les turcs ne l’occupe pas, ils reviennent le lendemain pour l’abandonner définitivement cette fois le 21.

Le 23 juillet 1913 Edirne est occupée par les ottomans. C’est symboliquement très importante car cette ville capturée par Murad 1er dans les années 1360 avait été la première capitale européenne des ottomans, statut qu’elle conservera jusqu’à la prise de Constantinople en 1453.

L’invasion ottomane de la Bulgarie provoque la panique chez les paysans de la région qui se réfugient dans la montagne. Les troupes ottomanes n’ont pas eu à souffrir de pertes au combat mais ont perdu 4000 hommes des suites du choléra.

Les russes menacent alors Constantinople d’intervenir dans le Caucase et envoient la flotte de la mer Noire menacer la capitale ottomane. C’est alors la Grande-Bretagne soucieuse de ne pas trop laisser de place à Saint-Pétersbourg dans la région qui décide d’intervenir.

De toute façon les différents belligérants sont épuisés, éreintés par neuf mois d’un conflit qui annonce tristement les horreurs du premier conflit mondial.

La deuxième guerre Balkanique se termine par le Traité de Bucarest signé le 10 août 1913. Les ottomans demandent à participer mais les anciens alliés de la Ligue Balkanique refusent. Cette fois les Grandes Puissances vont intervenir pour éviter qu’une nouvelle paix insatisfaisante ne provoque une troisième guerre.

Mitteleuropa Balkans (43) Bulgarie (7)

La Bulgarie dans le premier conflit mondial

Du 14 octobre 1915 au 30 septembre 1918 la Bulgarie va participer au premier conflit mondial du côté des Empires Centraux. Clairement Sofia veut prendre sa revanche sur les deux guerres balkaniques qui l’avait vue passer du statut de puissance vainqueur à celui de puissance défaite.

Clairement quand le premier conflit mondial éclate à l’été 1914 la Bulgarie est isolée et entourée de voisins hostiles. Pour ne rien arranger, Sofia ne peut compter sur le soutien d’une ou plusieurs grandes puissances.

C’est le cas notamment de la France et de la Russie qui la blâme pour avoir provoqué la dissolution de la Ligue Balkanique.

Pas étonnant que la politique étrangère bulgare soit marquée par des sentiments profondément revanchards.

Néanmoins à l’été 1914 la Bulgarie préfère rester neutre à la fois pour susciter le désir des deux camps en position mais aussi pour récupérer des conséquences des deux guerres balkaniques, la Bulgarie ayant perdu plusieurs dizaines de milliers de soldats dans ces deux conflits qui annonçaient les horreurs du premier conflit mondial. De plus 120000 réfugiés doivent être intégrés à la vie économique et sociale bulgare.

Neutralité ne veut pas dire inaction. Une loi permet l’établissement de la loi martiale sur le territoire bulgare et une autre loi permet l’organisation d’un prêt national de 50 millions de leva pour les besoins de l’armée.

Un traité secret est signé entre la Bulgarie et l’Empire ottoman le 6 août 1914. C’est un pacte mutuel de défense si jamais un état balkanique attaquait l’un des deux signataires. La Bulgarie s’engage à informer Constantinople de tout processus de mobilisation. Les allemands ne sont informés qu’en décembre 1914. En octobre 1914 l’empire ottoman entre en guerre mais la Bulgarie décide de rester neutre.

Cela n’empêche pas les Empires Centraux de travailler la Bulgarie au corps pour un accord militaire voir une entrée en guerre pleine et entière. L’Entente tente également une approche mais semble ne pas mettre la même énergie et le même enthousiasme.

La guerre devant durer l’opinion publique bulgare est moins encline à soutenir l’entrée en guerre du pays tant aux côtés des alliés que du côté des empires centraux.

Il semble acquis que début 1915 la Bulgarie n’à pas définitivement choisit dans quel camp entrer en guerre. En mai 1915 après l’entrée en guerre de l’Italie, l’Entente tente d’attirer la Bulgarie de son côté pour soutenir la Serbie et faire peser une nouvelle menace sur l’empire ottoman.

Des propositions alléchantes sont faites à Sofia mais comme la Serbie et la Grèce sont tenues à l’écart, Sofia se méfie des réelles intentions alliées. Les Empires Centraux reviennent alors à la charge alors que militairement ils sont en meilleur position que l’Entente.

Pour ne rien arranger les membres de l’Entente peinent à faire une proposition commune en raison d’intérêts divergents. Clairement à l’été 1915 l’Entente à laissé passer sa chance.

Carte postale célébrant l’alliance bulgaro-allemande avec le tsar Ferdinand 1er

Le 6 septembre 1915 la Bulgarie formalise son adhésion aux Empires Centraux en signant un traité d’amitié avec l’Allemagne, un traité valable cinq ans.

Une annexe secrète spécifie les futures acquisitions bulgares en l’occurence le Vardar macédonien et une partie de la Serbie à l’est de la rivière Morava.

Si la Grèce et la Roumanie attaquent sans provocation bulgare, Sofia récupérera les territoires perdus au traité de Bucarest en 1913 plus la rectification de la frontière bulgaro-roumaine selon celle prévue par le traité de Berlin de 1878.

L’Allemagne et l’Autriche-Hongrie garantissent à la Bulgarie un prêt de 200 millions de francs et dans le cas où la guerre durerait plus de quatre mois, Berlin et Vienne se porteront garant d’un prêt supplémentaire.

Un troisième texte est également signé en l’occurence une convention militaire planifiant la défaite de la Serbie.

Toujours le 6 septembre 1915 une convention militaire est signée entre la Bulgarie et l’empire ottoman.

Le 22 septembre 1915 les bulgares décrètent la mobilisation générale et le 5 octobre 1915 les alliés renoncent à attirer la Bulgarie dans leur camp.

Le premier ministre britannique Asquith fait porter le chapeau de l’échec sur la Russie et la Serbie qui auraient fait preuve d’un manque de volonté (NdA c’est sûrement ça le fair-play britannique).

NdA Je ne vais pas rentrer dans les détails de l’organisation de l’armée de terre bulgare que j’aborderai dans la partie idoine. Je vais me contenter de parler de l’engagement militaire de la Bulgarie dans le premier conflit mondial.

A l’époque le Royaume de Bulgarie couvre 144 424 km² pour 4.9 millions d’habitants dont 2.4 millions d’hommes mais tous ne sont naturellement pas mobilisables.

La mobilisation se fait dans des conditions difficiles avec un manque d’enthousiasme, un manque d’armement et un manque d’équipements. Néanmoins au début du mois d’octobre 616680 hommes sont sous les drapeaux soit 12% de la population et de 25% des hommes.

La convention militaire demandait aux bulgares cinq divisions mais Sofia parvient à mobiliser onze divisions d’infanterie et une division de cavalerie sans compter des unités auxiliaires, des unités de soutien et des unités de Milice. Ces moyens doivent être répartis en trois armées, deux sur le front serbe et une sur la frontière roumaine.

La 1ère armée bulgare dépend du Groupe d’Armées Mackensen (du fedlmarshall Mackensen, le commandant en chef allemand de ce groupe) en compagnie de la 11ème armée allemande et de la 3ème armée austro-hongroise. Cette première armée bulgare comprend quatre divisions d’infanterie et d’une brigade de cavalerie.

En revanche la 2ème armée qui doit être engagée dans le Vardar Macédonien reste sous le contrôle direct du haut-commandement bulgare.

La mobilisation bulgare ne passe naturellement pas inaperçue du côté serbe. Belgrade déploie sur la frontière serbo-bulgare 145 bataillons d’infanterie, 25 escadrons de cavalerie et 316 canons soit la moitée de l’armée serbe qui comprend 288 bataillons, 40 escadrons de cavalerie et 678 canons.

Belgrade espère le renfort de 150000 soldats alliés pour défendre le Vardar Macédonien mais l’Entente n’en à ni les moyens ni visiblement la volonté de renforcer le dispositif serbe.

Les futurs « jardiniers de Salonique » (troupes françaises à Thessalonique en 1915)

Les Empires Centraux continuent leurs préparatifs en vue d’une offensive décisive en Serbie, l’Autriche-Hongrie ne pouvant fournir les six divisions demandées, l’Allemagne est obligée d’engager des unités supplémentaires.

On trouve donc la 11ème armée allemande avec sept divisions allemandes, la 3ème armée austro-hongroise avec quatre divisions austro-hongroises et trois allemandes et la 1ère armée bulgare.

Le 6 octobre 1915 les allemands et les austro-hongrois passent à l’attaque. Un barrage d’artillerie frappe les positions serbes le long de la Sava et du Danube. Le franchissement à lieu le lendemain.

Les bulgares doivent normalement attaquer cinq jours plus tard mais suite à des retards les serbes prélèvent des troupes faisant face aux bulgares pour renforcer le front nord. Cela permet aux bulgares de terminer leur processus de mobilisation avec deux armées soit 300000 hommes, 195820 pour la 1ère armée et le reliquat pour la 2ème armée qui ne comprend que deux divisions d’infanterie et une division de cavalerie, ces moyens devant être engagés sur un front de 300km.

Le 14 octobre 1915 le Royaume de Bulgarie déclare la guerre au Royaume de Serbie. L’engagement de la Българска армия (Bŭlgarska armiya) permet de débloquer la situation sur le front serbe. Cela va permettre également aux allemands de sécuriser les approvisionnements en direction de la Sublime Porte.

Le jour même de la déclaration les troupes bulgares franchissent la frontière sur un front de 140km de long et 15km de profondeur. La 1ère Armée bulgare doit envahir la vallée de la Morava et prendre les villes de Nis et de Aleksinac pour faire la jonction avec la 11ème armée allemande.

L’avancée initiale est d’abord rapide mais très vite elle est contrariée par le mauvais temps qui endommage les routes. La résistance serbe et le relief montagneux de la région n’arrangent rien.

Résultat la 1ère armée bulgare doit stopper son avance avant les forteresses de Pirot et de Zapecar situées à seulement quinze kilomètres de la frontière. Une brèche au centre force les serbes à évacuer et les deux villes susnommées le 26 octobre 1915.

Paradoxalement la 2ème armée bulgare moins forte remporte de plus grands succès. Le 16 octobre 1915 elle s’empare de Vranje dans le sud de la Serbie et coupent les lignes de communication entre la Serbie et le Vardar macédonien.

Une partie de cette armée met cap sur Nis pour aider la 1ère armée à couper la retraite des forces serbes, le gros de cette force mettant cap à l’ouest, s’emparant de Vebes et de Kumanovo (dans l’actuelle Macédoine du Nord) le 20 octobre 1915.

Des troupes bulgares situées autour de Krivolak et de Strumitsa rencontrent pour la première fois les troupes françaises qui avançaient vers le nord pour aider les serbes. C’est le début de la bataille de Krivolak qui va durer du 21 octobre au 22 novembre 1915.

Cette bataille oppose la 11ème division bulgare à trois divisions françaises (57ème, 122ème et 156ème DI). L’échec de deux divisions serbes à s’emparer de Skopje oblige les français à se replier.

Cela provoque la Bataille de Kosturino (6 au 12 décembre 1915) qui oppose la 11ème division bulgare à deux divisions alliées, la 10ème division britannique (division de recrutement irlandais) et la 156ème DI.

Les bulgares l’emporte à nouveau et les alliés doivent se replier sur la Grèce. Les Empires centraux peuvent continuer les travaux de la ligne de chemin de fer Berlin-Constantinople. Les serbes décident de résister face à Mackensen tout en retraitant vers le Kosovo pour échapper à l’anhiliation. Le 1er novembre 1915, la ville de Kragujevac tombe aux mains des allemands.

Retraite de l’armée serbe en 1915

Le 5 novembre 1915 la ville de Nis tombe aux mains de la 1ère Armée bulgare, 5000 soldats serbes étant faits prisonniers. Le même jour cette même armée fait sa jonction avec la 11ème armée allemande, évitant par exemple que les serbes n’attaquent dans l’espace laissé entre les deux armées alliées. Les objectifs de guerre de l’armée bulgare sont atteints après moins d’un mois de combat.

Concentrée au Kosovo l’armée serbe envisage de forcer le passage et de retrouver les alliés en Macédoine. D’autres penchent plutôt pour un repli sur la côte adriatique pour échapper à l’encerclement.

L’armée serbe est certes affaiblie mais elle représente encore une menace. Voilà pourquoi les Empires Centraux décident de la détruire totalement. Le premier objectif est d’atteindre Pristina dans le nord du Kosovo.

La 1ère Armée bulgare doit attaquer depuis l’est, le groupe renforcé de la 2ème Armée bulgare doit attaquer depuis le sud, des éléments de la 11ème armée allemande doivent attaquer au nord et la 3ème armée austro-hongroise depuis le nord-ouest.

Ce plan parfait sur le papier est contré par le franchissement trop lent de la rivière Morava. Les serbes concentrent des moyens importants contre la 2ème armée bulgare car c’est le principal obstacle entre l’armée serbe et les alliés mais aussi parce qu’elle menace les routes d’une potentielle retraite vers l’Albanie.

La tentative de percée est un échec et l’armée serbe doit battre en retraite. Les bulgares tentent de couper leur mouvement depuis le sud. Suite à la prise de Pristina le 23 novembre 1915, le haut-commandement serbe ordonne la retraite générale vers l’Albanie pour éviter une totale annihilation.

La poursuite est essentiellement menée par les bulgares et les austro-hongrois. C’est ainsi que la 3ème division bulgare s’empare de la ville de Prizren dans le sud-ouest du Kosovo, accentuant la pression sur les serbes.

D’autres villes tombent aux mains des bulgares comme Debard (sur l’actuelle frontière macédono-albanaise), Struga (sud-ouet de l’actuelle Macédoine du Nord sur les rives du lac Ohrid) et Ohrid.

Le 4 décembre 1915 les bulgares prennent Bitola (actuellement dans le sud de la Macédoine du Nord) ce qui marque la fin de la campagne militaire pour la Serbie.

La retraite serbe tourne à l’anabase digne de Xénophon mais dans un contexte climatique bien plus difficile

Les serbes eux continuent leur éprouvante anabase qui va provoquer la mort de 55000 soldats. 150000 soldats serbes sont évacués par des navires alliés (essentiellement français et italiens) en direction de Corfou mais ils sont dans un tel état qu’il faudra du temps avant d’en refaire une armée cohérente et capable de combattre.

La veille le 3 décembre 1915 la 2ème armée bulgare avait entamé son avance contre les alliés mais trop tard pour empêcher les divisions alliées de se replier sur Salonique.

Le 11 décembre 1915 les troupes bulgares atteignent la frontière grecque mais reçoivent l’ordre de ne surtout pas la franchir. L’année 1915 se termine et pour l’armée bulgare il s’agit de faire les comptes avec 37000 pertes (tués, blessés, malades) sur 424375 engagés soit 8.72% des effectifs.

Clairement en cette fin 1915 le bloc des Empires Centraux (Allemagne, Autriche-Hongrie, Bulgarie et Empire ottoman) sort renforcé des dernières opérations surtout si on compare la situation de l’Entente qui doit digérer les échecs en Artois, en Champagne, dans les Flandres mais aussi aux Dardanelles.

La conquête de la Serbie à été dure par ses combats mais aussi par l’occupation qui en découle, de nombreux crimes de guerre ont été commis par les troupes bulgares en dépit des dénégations de Sofia.

Des révoltes éclateront, l’une d’elle la Révolte de Toplica (21 février au 25 mars 1917) étant marquée par une répression impitoyable équivalente à celle des turcs face aux bulgares en 1877.

Voilà pourquoi quand les alliés parviendront à percer le front, ils refuseront une offensive en direction de la Bulgarie de crainte que les troupes serbes qui représentaient un élément incontournable du dispositif allié ne se vengent sur la population civile bulgare.

Après des succès initiaux, la guerre devient une guerre d’usure. Ce front est jugé secondaire par les allemands et les moyens engagés seront toujours insuffisant pour débloquer la situation (ce qui sera la même chose côté allié).

Le front de Salonique fin 1915

Le front en question est baptisé le plus souvent front macédonien. Du côté des Empires Centraux, on trouve deux ensembles, l’Army Group Scholz composé de la 11ème armée allemande, des 1ère et 2ème armées bulgares et du 20ème Corps d’Armée ottoman plus l’Army Group Albania qui comme son nom l’indique couvre l’Albanie.

Du côté des alliés nous trouvons l’Armée alliée d’Orient avec l’Armée d’Orient (France), des 1ère,2ème et 3ème Armées serbes (après leur reconstitution), l’Armée britannique de Salonique, l’Armée de Défense Nationale (Grèce), la 35ème DI italienne, une Force Expéditionnaire Russe et le 16ème Corps d’Armée italien.

Appelé également front de Salonique, il s’étend donc de la côte albanaise à la Struma. C’est une éprouvante guerre d’usure où la situation reste longtemps figée ce qui n’est au final pas si différent du front occidental.

Tranchées du front de Salonique

La principale différence c’est que les troupes qui y sont déployées ont le sentiment d’être oubliés au point qu’ils se baptiseront eux-mêmes «les jardiniers de Salonique». Aux combats s’ajoute le climat difficile et les épidémies qui préleveront leur lot de morts et d’invalides.

Le 5 janvier 1916 les austro-hongrois attaquent le Monténégro alliés de la Serbie. La petite armée monténégrine résiste bravement mais le rapport de force est trop déséquilibré ce qui aboutit le 25 janvier à la signature d’un armistice qui fait sortir le Monténégro de la guerre.

A noter que le roi Nicolas 1er réfugié en Italie s’oppose à cet armistice mais le gouvernement passe outre. Un gouvernement militaire est mis en place le 1er mars.

Dans la foulée l’Albanie est envahie, les ports de Scutarri et de Durazzo tombent à la fin février mais heureusement pour alliés l’évacuation sur Corfou de l’armée serbe s’est achevée le 10 février 1916.

A la fin de l’hiver 1915/16, les austro-hongrois contrôlent quasiment toute l’Albanie. A l’époque les britanniques veulent quitter la région mais les français refusent et Londres finit par s’incliner.

Les alliés décident de s’enterrer à Salonique et de s’y maintenir fermement. L’armée serbe reconstituée à Corfou va être transportée par des navires français sur ce front.

Aux problèmes militaires s’ajoute des problèmes politiques avec une Grèce divisée entre un roi pro-allemand et un premier ministre Euletherios Venizelos pro-allié. Comme la Roumanie est sur le point d’entrer en guerre, le général Sarrail, commandant des troupes alliés sur ce front veut lancer une offensive contre les bulgares.

Il n’en aura pas le temps puisque les Empires Centraux attaquent le 17 août 1916. En réalité les bulgares représentent l’immense majorité des troupes engagées, les allemands étant peu présents (une division) et les austro-hongrois sont surtout engagés en Albanie.

A l’est du front les bulgares conquièrent facilement les territoires grecs à l’est de la rivière Struma (17-23 août 1916) et pour cause, le roi de Grèce, le très germanophile Constantin 1er ordonne au 4ème Corps d’Armée de ne pas résister. Il y à cependant des combats de la part d’officiers qui ne peuvent admettre que ces territoires durement acquis durant les deux guerres balkaniques soient abandonnés si facilement.

Cela entraine le 29 août un coup d’état avec l’établissement de l’Etat de Défense Nationale ou gouvernement de Thessalonique sous la direction de Venizelos. A l’ouest même succès du moins initialement car les alliés parviennent après deux semaines de combat à contenir l’offensive bulgare après deux semaines.

Les alliés lancent une contre-attaque le 12 septembre 1916. C’est la Bataille de Kaymakchalan (12 au 30 septembre 1916) menée essentiellement par les serbes. Cela se termine par une victoire tactique des serbes mais les pertes sont lourdes des deux côtés. Les bulgares et les allemands qui ont perdu 60000 hommes évacuent Bitola. Le front à clairement reculé de 40km.

Pour affermir leur position, les alliés et les vénizélistes occupent la Thessalie et l’isthme de Corinthe, coupant les territoires royalistes en deux. Ils échouent à Athènes (1er au 3 décembre 1916). Les alliés reconnaissent officiellement le gouvernement Venizelos et mettent en place le blocus des côtes.

Après un hiver 1916/17 calme, les opérations vont reprendre au printemps 1917. l’Armée alliée d’Orient voit ses effectifs portés à 24 divisions avec six divisions françaises, six divisions serbes, sept divisions britanniques, une division italienne, trois divisions grecques et deux brigades russes.

Tout comme sur le Chemin des Dames, l’offensive alliée lancée au printemps est un échec et après de lourdes pertes pour des gains minimes, le haut-commandement allié décide d’arrêter les frais le 21 mai 1917.

Entre-temps le 14 mai 1917 le roi Constantin 1er s’est exilé remplacé par son fils Alexandre. Venizelos devient premier ministre et aussitôt la Grèce déclare la guerre aux Empires Centraux, une déclaration qui entraine la mise sur pied d’une nouvelle armée grecque capable de tenir son rang aux côtés des alliés.

A l’automne 1918, les Empires Centraux alignent sur le front de Salonique la 11ème armée allemande (deux corps d’armées, sept divisions majoritairement bulgares), la 1ère armée bulgare (trois divisions d’infanterie et une brigade d’infanterie), la 2ème armée bulgare (trois divisions d’infanterie) et la 4ème armée bulgare qui dispose d’une division d’infanterie et d’une division de cavalerie.

De leur côté les alliés alignent une Armée d’Orient composée de cinq divisions d’infanterie françaises, une division d’infanterie italienne et deux divisions grecques, deux Corps d’Armée serbes regroupant huit divisions d’infanterie dont deux françaises plus une division de cavalerie, Un groupe de divisions avec une division coloniale (française), une division grecque et une division britannique, une Armée britannique de Salonique avec deux corps d’armées regroupant trois divisions britanniques et deux divisions grecques et enfin l’Armée Grecque composée de deux corps d’armée soit un total de six divisions d’infanterie dont une à l’entrainement.

Du 29 au 31 mai 1918 à lieu la Bataille de Skra-Di-Leger entre trois divisions grecques plus une brigade française contre une brigade bulgare. Sans surprise les alliés l’emporte et cette défaite bulgare entraine la démission du premier ministre en exercice, Vassil Radoslatov (21 juin 1918).

Il est remplacé par Aleksander Molinar qui entame des négociations secretes avec les alliés mais ces négociations buttent sur la volonté bulgare de conserver sous son autorité l’est de la Macédoine ce que ne peut accepter Athènes et comme Paris et Londres ne veulent pas aller contre les volontés grecques……. .

La France veut lancer une offensive majeure mais il faut un accord politique avant de passer à l’action. Cela prend du temps et ce n’est qu’à l’automne 1918 que tout va se débloquer. A cette époque les effectifs sont équilibrés (291 bataillons côté alliés contre 310 de l’autre côté) mais le conflit à clairement choisit le camp de l’Entente surtout depuis l’échec des offensives allemandes du printemps.

Du 15 au 18 septembre 1918 à lieu la bataille de Dobro Pole. Elle oppose deux divisions bulgares à trois divisions françaises, deux corps d’armées serbes et trois divisions grecques. C’est le début de l’offensive du Vardar qui allait aboutir à la rupture du front.

Le 18 septembre 1918 à lieu la bataille de Dorian entre d’un côté une division britannique et deux divisions grecques contre une division bulgare renforcée des éléments d’une autre Grande Unité de la Bulgarskaya Armiya.

Après la préparation d’artillerie, les britannico-grecs attaquent les positions bulgares situées près du lac Dorian mais c’est un échec en raison d’un manque d’appui-feu, de problèmes de coordination entre britanniques et grecs et en raison visiblement du manque d’entrain des troupes grecques.

Quelques jours plus tard les positions évacuées sont occupées sans combat par les britannico-grecs. Ils donnent la chasse aux troupes bulgares en retraite mais à un train de sénateur ce qui permet aux soldats de Sofia de se replier en bon ordre.

Le 24 septembre 1918 la Bulgarie demande un armistice aux alliés. Ces derniers acceptent cinq jours plus tard soit le 29 septembre 1918.

Le même jour les alliés occupent Skopje mais une vigoureuse contre-attaque germano-bulgare les obligent à abandonner la ville aux troupes des Empires Centraux.

Si la Bulgarie demande un armistice c’est que l’armée bulgare épuisée s’effondre. De nombreuses mutineries ont lieu et certains mutins proclament même la république à Radomir. Ce putsch républicain est un pétard mouillé qui prend fin le 2 octobre 1918.

Entre-temps l’armistice de Thessalonique à été signé le 29 septembre 1918 et entre en vigueur le lendemain à minuit.

Pour sauver ce qui peut l’être, Ferdinand 1er décide d’abdiquer le 3 octobre 1918 en faveur de son fils qui devient le tsar Boris III.

L’armée bulgare à aussi été engagée contre la Roumanie à l’automne 1916 quand celle-ci entre en guerre aux côtés de l’Entente. Son offensive en Dobroudja du Sud oblige les roumains à détacher des troupes ce qui réduit leur potentiel offensif face aux Empires Centraux qui après une vigoureuse contre-offensive vont occuper quasiment tout le pays même si l’aide russe et celle de conseillers militaires français dirigés par le général Berthelot va permettre à Bucarest d’éviter l’occupation de tout le pays.

Le 27 novembre 1919 est signé le Traité de Neuilly sur Seine. On trouve d’un côté la Bulgarie et de l’autre côté les alliés qu’ils soient importants ou secondaires. En effet la France, la Grèce, l’Italie, le Japon, la Roumanie, la Serbie, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, la Belgique, la Chine, Cuba, le Hejaz, la Pologne, le Portugal, le Siam et la Tchécoslovaquie ont signé ce traité qui peut être résumé ainsi :

-La Thrace occidentale est cédée à l’Entente qui va la rétrocéder à la Grèce (Conférence de San Remo 19 au 26 avril 1920)

-La Bulgarie doit signer une convention d’échange de populations avec la Grèce

-La Bulgarie doit céder 2563 km² sur sa frontière occidentale au Royaume des Serbes, Croates et Slovènes

-Retour à la Roumanie de la Dobrudja du Sud

-Armée de 20000 hommes

-100 millions de livres sterling de dommages de guerre

-Reconnaissance obligatoire du Royaume des Serbes, Croates et Slovènes

Pour la majorité de l’opinion publique bulgare, ce traité est la Deuxième Catastrophe Nationale après celle survenue à peine cinq ans plus tôt à la fin de la deuxième guerre balkanique.